Cours Hydrologie Des Bassin Versants
Cours Hydrologie Des Bassin Versants
Cours Hydrologie Des Bassin Versants
: HYDROLOGIE ET HYDROGEOLOGIE
ENVIRONNEMENTALES
H2E-01. HYDROLOGIE DES BASSINS VERSANTS (24 HEURES)
I. Composantes du cycle de l’eau et enjeux actuels du problème de l’usage de l’eau
II. Précipitations mesure, variabilité spatio-temporelle et modélisation stochastique
III. Interception, Evapotranspiration, Infiltration : mesures et limites de la modélisation
IV. Techniques de mesures des débits à l’exutoire d’un bassin versant
V. Presentation de models hydrologiques:
Modèles de transfert à l’échelle d’un bassin versant : modèles conceptuels tels que GR
(Cemagref), semi-distribués à base physique (TOPMODEL) ou distribués à base physique
5SHE, CEQUEAU, …) ;
Modèles de transfert à l’échelle de grands bassins versants : modèle SAFRAN-ISBA-
MODCOU.
VI. Perspectives sur les changements climatiques et leur impact en hydrologie
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COURS D’HYDROLOGIE DES BASSINS BERSANTS
L'hydrologie de surface est la science qui traite essentiellement des problèmes qualitatifs et
quantitatifs des écoulements à la surface des continents. Ces problèmes se ramènent généralement
à des prévisions (associer à une date une certaine grandeur) ou des prédéterminations (associer à
une grandeur une certaine probabilité) de débits ou de volume en un point ou sur une surface.
Parallèlement à l'évolution des besoins, les progrès des techniques ont transformé les
méthodes de travail en hydrologie pour prendre en compte tous les aspects liés à la question de
l’eau et de son utilisation.
Les domaines d'application de l'hydrologie de surface sont très variés parmi les plus importants et
les plus classiques, on notera :
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L’agriculture : irrigation, drainage ;
L’étude des ressources en eaux : eau potable, eau pour l'industrie ;
La lutte contre la pollution : étude des débits d'étiage évacuant les effluents, les calories ;
L’énergie hydraulique ;
Le transport solide (érosion ou dépôt) ;
La navigation ;
La sécurité des biens et des personnes : protection contre les crues, …
II – Le cycle de l’eau
Le cycle de l'eau, appelé aussi cycle hydrologique, est l'ensemble des cheminements que
peut suivre une goutte ou particule d'eau aussi bien dans l’atmosphère qu’à la surface du sol ou dans
le sous-sol. Les océans et les mers forment la plus grande réserve d’eau à la surface du globe, eau
qui peut rejoindre l’atmosphère sous forme de vapeur sous l’action du rayonnement solaire : cela
traduit des changements d’état lors des mouvements de l’eau (liquide, solide et gaz ou vapeur).
Chaque particule ne parcourt qu’une partie du cycle avec des durées de séjour variables.
Exemple : une goutte d’eau (sous forme liquide) retourne dans l’océan après quelques jours
alors que sous forme de neige, le retour à l’océan peut prendre des dizaines d’années.
gr
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Figure II.1 – Schéma du cycle de l’eau
Pour des précipitations qui tombent directement sur les océans et retournent dans
l’atmosphère par évaporation, on dirait que le cycle est bouclé. Par contre lorsque les nuages sont
poussés par les vents et provoquent des précipitations sur le continent, l’eau subit les différents
sorts suivants :
a) Elle s’évapore à partir du sol, de la végétation, des lacs, des rivières, … et retourne dans
l’atmosphère après un séjour plus ou moins long sur le continent : on aboutit à un cycle
court car l’eau retourne directement dans l’atmosphère avec possibilité de retomber de
nouveau sous forme de précipitation.
b) Elle ruisselle à la surface du sol, s’écoule dans les petites rigoles, puis dans les ruisseaux,
dans les rivières, dans les fleuves avant de se terminer dans les mers et océans.
c) Elle s’infiltre dans le sol, rejoint les nappes aquifères avant rejoindre les océans soit par un
cheminement entièrement souterrain, soit par l’intermédiaire d’un cours d’eau qui est
aliment au moins en partie par les sources ou par les nappes d’eau souterraines.
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II.2 - Volumes
Les terres émergées ne représentent que 146 106 km2 sur une surface totale de la planète
de 510 106 km2 (soit sensiblement 1/4). Cette disparité entre océans et terres est beaucoup plus
accentuée entre eaux douces et eaux salées.
Le volume total des eaux douces est d'environ 36 106 km3, soit 2,8% des réserves totales en
eau. Par ailleurs, les eaux se répartissent à peu près ainsi, exprimées en épaisseur uniformément
réparties sur la terre :
Mers et Océans : 2500m ;
Glaciers : 50 à 100m ;
Eaux continentales : 350 à 700mm ;
Eaux souterraines : 300 à 600mm ;
Eaux atmosphériques : 20 à 30mm ;
Matières vivantes : négligeables.
Il faut noter que l’eau qui circule dans les rivières ne représente qu’une infime partie du
volume total.
II.3 – Flux
Les échanges d’eau se font à des vitesses variables au cours de l’année. Au cours des mouvements
de l’eau, celle-ci peut connaitre des changements d’état ; toutefois cette dynamique est plus
importante entre les états liquide et gazeux.
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Figure II.3 – Différentes composantes du cycle hydrologique
Les précipitations : eaux météoriques qui tombent sur la surface de la terre, sous forme
liquide (bruine, pluie, averse) et/ou solide (neige, grésil, grêle) ainsi que les précipitations
déposées ou occultes (rosée, gelée blanche, givre,).
L’évaporation : passage de la phase liquide à la phase vapeur, il s'agit de l'évaporation
physique.
L’évapotranspiration : qui englobe à la fois les processus d’évaporation et de transpiration
de la végétation.
L’interception : processus selon lequel la pluie (ou dans certains cas la neige) est retenue par
la végétation, puis redistribuée en une partie qui parvient au sol et une autre qui s'évapore.
Le ruissellement ou écoulement de surface : mouvement de l’eau sur le sol (ruissèlement)
ou dans les premiers horizons du sol (écoulement de subsurface), consécutif à une
précipitation.
Le stockage dans les dépressions : processus au cours duquel l’eau est retenue dans les
creux et dépressions du sol pendant une averse.
L’infiltration : mouvement de l'eau pénétrant dans les couches superficielles du sol.
La percolation : mouvement de l’eau en profondeur dans les sols faisant suite à l’infiltration.
Les précipitations ;
Le ruissèlement ou écoulement de surface et écoulement souterrain ;
Evaporation.
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L’estimation des quantités d’eau passant par chacune des étapes du cycle hydrologique peut se faire
à l’aide de l’équation du bilan appelée "bilan hydrologique » qui représente en fait le bilan des
quantités d’eau entrant et sortant du système qui est défini dans l’espace (bassin versant naturel en
général) et dans le temps (année hydrologique qui est le plus souvent différente de l’année civile).
C’est ainsi que le bilan hydrologique est donné sur la base de l’équation de continuité suivante pour
une période et un espace donnés :
P+ S=R + E+ ( S+∆ S )
Avec :
Il est possible de simplifier ce bilan pour une période donnée (mois, année) et on obtient
l’expression suivante :
E=I −O± ∆ S
Avec :
E : évaporation [mm] ;
I : flux d’eau entrant [mm] ;
O : flux d’eau sortant [mm] ;
∆ S : variation de stock (positive ou négative) [mm].
Lorsque ∆ S ≅ 0 (bassin versant naturel relativement imperméable), la différence les débits entrant
et sortant correspond au déficit d’écoulement qui correspond essentiellement aux pertes par
évaporation. On peut l’estimer par des mesures pluie et débit ou par la méthode de calcul à l’aide de
la formule de Turc et de Coutagne.
Dans le Système Universel, cette hauteur de précipitation est exprimée en millimètres (mm) et
dixièmes de millimètre.
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D≥4 H
Précipitations directes : c’est la part des précipitations qui tombe directement à la surface
libre du cours d’eau ("direct précipitation") ;
Ecoulement souterrain ("ground water flow") : c’est l’écoulement qui se fait dans les nappes
d’eau souterraine ;
Ecoulement de surface ("Overland flow") : encore appelé ruissellement de surface. Le terme
ruissellement traduisant mal le processus physique de génération de l’écoulement, il est de
plus en plus abandonné au profit de la notion d’écoulement. Cette notion peut être
décomposée en :
o Ecoulement par dépassement de la capacité d’infiltration ou ruissellement hortonien
("ruissellement") : ou "Excess infiltration Overland flow" ou " Hortonian Overland
flow " ;
o Ecoulement par saturation ("Excess saturation Overland flow") : qui constitue
l’écoulement de surface des précipitations tombées sur une surface saturée (cf. fig.
1.1).
Ecoulement de subsurface ("subsurface flow" ou "throughflow" ou "inter flow") : c’est ce
qu’on appelle aussi "écoulement rapide interne".
De tous ces éléments, les plus importants qui génère la crue sont les écoulements de surface
et de subsurface ; les précipitations directes et l’écoulement souterrain ne participant que pour une
faible part.
Figure II.4 – Ecoulements par dépassement de la capacité d’infiltration (Ra) et écoulement par saturation (Rb)
Dunne (1978) a proposé la classification suivante des processus essentiels comme nous pouvons le
voir dans le schéma suivant (Fig. 1.2) :
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Figure II.5 – Chemins de l’écoulement de l’eau sur le versant (d’après Dunne, 1978)
Chemin 1 : écoulement de surface de type hortonien (écoulement par dépassement de la capacité
d’infiltration).
Chemin 2 : écoulement de base ou écoulement souterrain.
Chemin 3 : écoulement de subsurface.
Chemin 4 : écoulement sur surface saturée (ruissellement par saturation).
Chemin 5 : précipitations directes à la surface des cours d’eau.
Il peut arriver que la résurgence soit existante et que la contribution de la nappe à l’écoulement du
cours d’eau soit nulle : c’est le cas dans les zones de climat semi-aride à aride qui ont des modules
pluviométriques très faible. Il s’ensuit dans ce cas que le toit de la nappe n’atteint pas la base ou le
fond de la rivière : la nappe draine la rivière. Tandis qu’on assiste à une situation inverse lorsque le
niveau de la nappe est suffisamment élevé : la rivière draine les eaux de la nappe.
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Figure II.6 – Contribution de la nappe à l’écoulement de la rivière (à gauche), et drainage de la rivière par
nappe (à droite) (source : Fetter, 1993)
A la fin des années soixante, les premières applications en hydrologie visaient à identifier l’origine des eaux
durant les crues. La Suisse a été d’un grand apport dans ces études notamment dans l’analyse de la crue
associée à la fonte de la neige.
Parmi les traceurs environnementaux utilisés, les traceurs isotopiques ont été privilégiés (deutérium D et
oxygène 18). Ces deux traceurs sont des éléments constitutifs de l’eau naturelle et par conséquent sont des
bons éléments pour l’analyse du cheminement de l’eau.
Le traçage isotopique est basé sur le fait que la composition isotopique de l’eau contenue dans le sol est
différente de celle de l’eau de pluie et celle de l’eau des rivières. L’eau du sol est une eau " ancienne" tandis
que l’eau de pluie est une eau "nouvelle". Le système équations ci-dessous à deux inconnues permet de
déterminer pour un débit Q donné mesuré, la contribution due à l’eau ancienne Qa et celle due à l’eau
nouvelle Qn.
{
Q=Q a+ Q n
¿ (1)
δQ=δ a Q a+ δ n Q n
Où :
δ −δ n
Q a=Q.( ) (2)
δ a−δ n
Qn=Q−Qa (3)
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Du point de vue opérationnel, on peut déterminer les teneurs en isotopes de l’eau de pluie ( δ n), de l’eau du sol
(δ a) et de l’eau de la rivière (δ ) en effectuant un échantillonnage répété. Etant donné que le débit de la rivière
peut être mesuré, les seules inconnues sont les contributions apportées par l’eau ancienne et par l’eau
nouvelle.
Si les processus dominants de génération des crues sont les écoulements sur des surfaces saturées ou
par dépassement de la capacité d’infiltration, une décomposition de l’hydrogramme montrera une
forte contribution de l’eau nouvelle.
Si au contraire les processus dominants sont les écoulements souterrains, la décomposition des
hydrogrammes montrera une forte contribution de l’eau ancienne.
Lors d’une averse, le processus d’infiltration se fait en deux phases qui sont :
a) Au début de l’averse, la capacité d’infiltration est en général supérieure à l’intensité de la pluie : cette
dernière s’infiltre presque totalement. La teneur en eau et la charge hydraulique en surface croissent
jusqu’à ce que la teneur en eau à saturation et la pression atmosphérique soient atteintes. On définit
alors le temps de submersion (ts) comme la durée écoulée entre le début de la précipitation et le
début de l’écoulement. Pour un sol donné, le temps de submersion est d’autant plus cours que
l’intensité de la pluie est grande et que humidité initiale du sol est importante.
b) Lorsque la pluie se poursuit et que la capacité maximale d’infiltration est atteinte, l’écoulement
subsuperficiel apparait ; il est constitué par la différence entre ces deux termes.
Figure II.7 – Processus de génération d’écoulement par dépassement de la capacité d’infiltration ainsi que
sur les surfaces saturées (source : Musy, 1998)
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NB : dans ces deux processus d’écoulement par saturation, la saturation intervient par le haut
(écoulement hortonien) et par le bas (écoulement sur surface saturée).
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