Décret 8 Février 1958 Services Médicaux
Décret 8 Février 1958 Services Médicaux
Décret 8 Février 1958 Services Médicaux
Le Président du Conseil,
Vu le dahir n° 1-56-093 du 10 hija 1376 (8 juillet 1957) relatif à l'organisation des services médicaux du travail,
Décrète :
Article Premier : Doivent disposer d'un service médical du travail, lorsqu'ils occupent au moins cinquante
salariés :
les établissements commerciaux, y compris les succursales d'entreprises commerciales de vente au détail ;
les sociétés civiles, syndicats et associations et groupements de quelque nature que ce soit ;
Sont dispensés provisoirement de cette obligation, les chantiers visés au 2e alinéa de l'article 28 du dahir du 13
chaabane 1366 (2 juillet 1947) et des textes qui l'ont modifié, portant réglementation du travail pour lesquels le
chef d'entreprise n'est pas tenu de s'assurer le concours à temps complet d'un médecin.
Article 2 : Le temps minimum que le ou les médecins du travail doivent consacrer au personnel de ces
établissements est fixé comme suit :
a) dans les établissements ne présentant aucun risque spécial pour la santé des salariés, une heure par mois pour :
25 employés ou assimilés ;
15 ouvriers ou assimilés ;
b) dans les établissements nécessitant une surveillance médicale particulière : une heure par mois pour 10
salariés exposés.
Article 3 : Lorsque le temps que doit consacrer le médecin du travail à un établissement déterminé est au moins
de 175 heures par mois, cet établissement doit disposer d'un service médical autonome, comprenant un médecin
à temps complet. Au-dessous de cette limite, les employeurs organiseront soit un service autonome soit un
service interentreprises.
Article 4 : La compétence territoriale et professionnelle des services interentreprises doit être approuvée, avant
toute constitution, par le ou les agents chargés de l'inspection du travail, après accord du médecin-inspecteur du
travail.
Article 5 : Le service médical est administré par l'employeur ou par le président du service interentreprises.
Article 6 : Les frais d'organisation et de fonctionnement du service médical ainsi que la rémunération du ou des
médecins du travail sont à la charge de l'entreprise ou du service interentreprises.
Article 7 : L'employeur ou le président du service interentreprises doit établir chaque année un rapport sur
l'organisation, le fonctionnement et la gestion financière du service médical.
Ce rapport est adressé en triple exemplaire à l'inspecteur du travail dont dépend l'entreprise ou le service
interentreprises, au médecin-inspecteur du travail ainsi qu'à l'organisme visé à l'article 5.
Article 8 : Le médecin du travail doit être inscrit au tableau de l'ordre et avoir l'autorisation d'exercer la médecine
au Maroc.
Le médecin du travail est lié par un contrat passé avec l'employeur ou le président du service interentreprises.
Ce contrat est conclu dans les conditions prévues par l'article 45 du code de déontologie des médecins, approuvé
par l'arrêté du 25 ramadan 1372 (8 juin 1953).
Un service interentreprises ne pourra, sauf dérogation accordés par le ministre de la santé publique, employer
plus de cinq médecins
Article 9 : Le médecin du travail est consulté sur toutes les questions d'organisation technique du service
médical. Il établit chaque année, un rapport qui est transmis en double exemplaire à l'agent chargé de l'inspection
du travail et au médecin-inspecteur du travail.
Article 10 : Dans les établissements soumis à l'application du présent décret, tout salarié fera obligatoirement
l'objet d'un examen médical avant l'embauchage, ou au plus tard avant l'expiration de la période d'essai qui suit
l'embauchage. L'examen comportera une radioscopie pulmonaire.
1° S'il n'est pas atteint d'une affection dangereuse pour ses camarades de travail ;
3° Les postes auxquels du point de vue médical il ne doit pas être affecté et ceux qui lui conviendraient le mieux.
Article 11 : Tous les salariés seront obligatoirement tenus à un examen médical au moins une fois par an. Les
sujets de moins de dix-huit ans le seront tous les trois mois.
En outre, le médecin se conformera aux différentes prescriptions relatives aux travaux dangereux, à l'hygiène, la
sécurité des travailleurs et aux établissements où le personnel est exposé à certains dangers.
De plus, les sujets exposés à un travail dangereux quelconque, les femmes enceintes, les mères d'un enfant de
moins de deux ans, les mutilés et les invalides, feront l'objet d'une surveillance spéciale, le médecin restant juge,
pour ces cas spéciaux, de la fréquence des examens
Article 12 : Après une absence pour cause de maladies professionnelles, après une absence de plus de trois
semaines pour cause de maladies non professionnelles ou en cas d'absences répétées pour raison de santé, les
salariés devront subir obligatoirement lors de la reprise du travail une visite médicale ayant pour seul but de
déterminer les rapports qui peuvent exister entre les conditions de travail et la maladie et de pouvoir apprécier
leur aptitude à reprendre leur ancien emploi ou la nécessité d'une réadaptation.
Article 13 : En cas de nécessité, le médecin pourra demander des examens complémentaires lors de
l'embauchage.
Lors des examens périodiques, il pourra en être de même, mais seuls les examens complémentaires nécessités
par le dépistage des maladies professionnelles seront à la charge de l'employeur.
Article 14 : Le temps nécessité par les examens médicaux des agents sera, soit pris sur les heures de travail des
salariés sans qu'il puisse, de ce fait, être procédé à une réduction du salaire, soit rémunéré comme temps de
travail normal s'il est pris en dehors de ces heures à l'exception du temps nécessaire par la première visite
d'embauchage, et, le cas échéant, les visites sollicitées par les salariés.
Article 15 : Le médecin du travail est le conseiller de la direction, des chefs de service et du service social, en ce
qui concerne notamment :
2° L'hygiène des ateliers et la protection des ouvriers contre les poussières et les vapeurs dangereuses, et contre
les accidents ;
4° L'amélioration des conditions de travail, notamment les constructions et aménagements nouveaux, l'adaptation
de techniques de travail à la physiologie humaine, l'élimination de produits dangereux, l'étude des rythmes de
travail.
D'une part, donner des soins aux travailleurs victimes d'un accident du travail quand l'accident n'entraîne pas une
interruption du travail ;
D'autre part, dans les autres cas, donner des soins d'urgence nécessités par l'état du travailleur.
En aucun cas cependant, la liberté pour le salarié de prendre un médecin de son choix, ne doit être entravée.
Article 16 : Le médecin sera obligatoirement consulté pour l'élaboration de toutes nouvelles techniques de
production.
Le chef d'entreprise devra mettre le médecin du travail au courant de la composition des produits employés dans
son établissement.
Le médecin du travail sera tenu au secret des dispositifs industriels et techniques de fabrication et de la
composition des produits employés ayant un caractère confidentiel, mais ce fait ne saurait entraver la déclaration
obligatoire des cas de maladies professionnelles.
Article 17 : Le chef d'entreprise sera tenu de prendre en considération les avis qui lui seront présentés par le
médecin, notamment en ce qui concerne les mutations de postes et les améliorations des conditions d'hygiène du
travail.
Article 18 : Le médecin du travail est tenu de déclarer tous les cas de maladies professionnelles dont il aura
connaissance dans les conditions prévues par la législation en vigueur.
Article 19 : Les services médicaux d'entreprises ou interentreprises devront s'assurer à temps complet le
concours d'assistants ou d'assistantes sociales, d'infirmiers ou d'infirmières diplômés d'Etat ou ayant obtenu
l'autorisation d'exercer du ministère de la santé publique, à raison de au moins :
1° Pour les établissements commerciaux, les sociétés civiles, les syndicats professionnels, les associations de
quelque nature que ce soit et les exploitations agricoles :
En outre, un assistant ou une assistante sociale par fractions de 1.500 au-dessus de 1.000 ouvriers ;
Un assistant ou une assistante sociale et deux infirmiers ou infirmières pour 800 à 2.000 salariés.
Au-dessus de 2.000 salariés, un assistant ou une assistante sociale et un infirmier ou une infirmière
supplémentaire par tranche de 1.500 salariés.
Dans les services autonomes, les heures de travail des infirmiers ou infirmières seront réparties de telle façon
qu'au moins un infirmier ou une infirmière soit toujours présent pendant les heures du travail normales du
personnel.
Article 20 : Au-dessous de 500 salariés, pour les entreprises non industrielles, de 200 salariés pour les entreprises
industrielles, un infirmier ou une infirmière diplômé ou ayant l'autorisation d'exercer pourra être adjoint au
service médical si l'inspecteur du travail le décide sur proposition du médecin du travail.
Article 21 : Lorsqu'un établissement comportera un travail de jour et de nuit, un service de garde sera assuré
pendant la nuit
Article 22 : Dans chaque atelier où sont effectués des travaux dangereux, un membre du personnel recevra
obligatoirement l'instruction nécessaire pour donner les premiers secours en cas d'urgence. Les secouristes ainsi
formés ne pourront pas être considérés comme tenant lieu d'infirmiers prévus à l'article 20.
1° Lorsque les visites ont lieu dans l'entreprise, que celle-ci dispose ou non d'un service autonome, au-dessus de
500 salariés : 2 pièces de 16 mètres carrés chacune ; entre 500 et 1.000 salariés 3 pièces de 16 mètres carrés
chacune. Pour 1.000 salariés et au-dessus une salle d'attente, un cabinet médical, une salle de pansements
(chacune de ces pièces de 16 mètres carrés) ; 3 cabines de déshabillage (ensemble 4 mètres carrés), une petite
salle de repos de 8 mètres carrés ;
Lorsque le service sera suffisamment important pour occuper deux médecins à temps plein, il devra y avoir un
second cabinet médical ;
Les locaux devront comporter une installation d'eau courante, avoir un éclairage et un chauffage suffisants et être
aménagés de telle sorte qu'aucun bruit ne puisse gêner les examens médicaux ;
2° Lorsque les visites ont lieu dans un centre commun à plusieurs entreprises, ce centre comportera au moins
l'ensemble prévu plus haut pour 1.000 salariés et au-dessus.
En outre, dans chaque entreprise, une pièce sera réservée à l'usage d'un poste de secours.
Les examens pourront avoir lieu dans des camions dispensaires aménagés suivant les indications du ministère de
la santé publique
Pour l'application des dispositions du présent article, l'agent chargé de l'inspection du travail pourra accorder des
dérogations, après avis du médecin-inspecteur du travail.
Article 24 : Les médecins-inspecteurs du travail sont désignés par le ministre du travail et des questions sociales,
après accord du ministre de la santé publique.
Ils travaillent en liaison avec le ministère de la santé publique sur le plan médical et en reçoivent des directives
pour tout ce qui concerne les questions sanitaires d'ordre général.
a) assister les services de l'inspection du travail dans la surveillance de l'application de la législation relative à
l'hygiène du travail et à la protection de la santé des travailleurs ;
b) appuyer l'action continue du médecin du travail en vue de la protection des travailleurs au lieu de leur travail.
Cette action porte, en outre, sur le contrôle du fonctionnement des services médicaux du travail institués par le
dahir n° 1-56-093 du 10 hija 1376 (8 juillet 1957).
Article 26 : Les dispositions du dahir du 13 chaabane 1366 (2 juillet 1947) relatives aux pouvoirs et obligations
des inspecteurs du travail sont étendues aux médecins-inspecteurs dans les limites compatibles avec leurs
spécialités.
En vue de la prévention des maladies professionnelles, les médecins-inspecteurs du travail sont autorisés à
examiner les travailleurs et à faire ou faire effectuer aux fins d'analyse, tous prélèvements portant notamment sur
les matières mises en oeuvre et les produits utilisés.
Article 27 : Un conseil consultatif de la médecine du travail est chargé de fixer les règles générales d'action de
l'inspection médicale du travail.
Ce conseil est composé comme suit :
Les représentants ouvriers et patronaux sont désignés par le ministre du travail et des questions sociales, après
avis des organisations intéressées, qui devra être formulé dans un délai d'un mois, à compter de la demande de ce
dernier.
Toutefois, après le délai imparti, il sera passé outre à cette consultation et les représentants seront nommés
d'office par le ministre du travail et des questions sociales.
Le conseil pourra, en outre, s'adjoindre toute personnalité qui en raison de sa compétence particulière, serait
susceptible de participer utilement à ses travaux.
Il se réunira au moins une fois par an. Toutes les questions qui lui seront soumises feront l'objet d'un rapport
écrit.
Article 28 : Le certificat d'études supérieures de médecin hygiéniste du travail prévu par le dahir n° 1-56-093 du
10 hija 1376 (8 juillet 1957) relatif à l'organisation des services médicaux d'entreprises (Article 3, 1er alinéa) ne
sera exigible que dans un délai de cinq ans à partir de la publication du présent décret.
Article 29 : Un délai de six mois à partir de la date de publication du présent texte au Bulletin officiel, est laissé
aux établissements et employeurs assujettis à l'organisation des services médicaux du travail, pour se conformer
aux prescriptions du dahir n° 1-56-093 du 10 hija 1376 (8 juillet 1957) et du présent décret.
Article 30 : Les conditions d'application du présent texte aux exploitations agricoles seront déterminées par
décret.
Article 31 : Les ministres du travail et des questions sociales et de la santé publique sont chargés, chacun en ce
qui le concerne, de l'application du présent décret.