La Marseillaise
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ISLG – Master Professionnel en Français langue étrangère (FLE)
Module de Cultures et Interculturel en Classe de FLE – Civilisation et Culture françaises
1ère Année – S1
Meriem AHMED
Le Figaro.fr
À l'heure où nos rues et nos maisons s'emplissent de l'hymne national, Le Figaro revient
sur son histoire aussi méconnue qu'invraisemblable.
Allons Enfants de la patrie, Le jour de gloire est arrivé, Le drapeau tricolore est levé! Alors
que les Bleus défendront demain l'honneur de la France au stade de Moscou que les chars
défilent aujourd'hui sur les Champs-Elysées. Qui d'entre nous se souvient encore de l'histoire
de La Marseillaise, apprise innocemment sur les bancs de l'école? Si l'on chante avec fierté les
deux premiers couplets, l'origine de notre hymne est tout aussi inconnue que les cinq suivants
(parce qu'il y en a sept?). Et pourtant, elle a de quoi vous surprendre.
● La création de La Marseillaise
L'un des hymnes les plus intemporels de l'Histoire n'est pas né à Marseille. Contrairement à ce
que l'on croit souvent, et encore moins en 1789. S'il est bien l'œuvre d'un Français (c'est déjà
ça), c'est en Alsace qu'il prend naissance pendant la guerre contre l'Autriche. Alors que le roi
voit le pouvoir lui échapper, Louis XVI espère qu'une défaite militaire française lui permettra
de restaurer son autorité et il déclare la guerre au roi de Bohême et de Hongrie le 20 avril
1792. Il ne savait pas encore qu'elle lui serait fatale, ni qu'elle engendrerait le chant de
ralliement des Français pour les générations à venir. Après deux mois de combats
désorganisés, le Baron de Dietrich et maire de Strasbourg réalise que les troupes françaises
manquent d'un chant fédérateur et se tourne vers son ami, l'officier Rouget de Lisle, musicien
aux heures perdues. Ce dernier s'y attelle dans la nuit du 25 juin 1792, et le lendemain, «Le
Chant de guerre pour l'armée du Rhin» voit le jour.
Un chant interdit par Napoléon sous l'Empire
À la fin du mois de juillet, les troupes sont forcées de reculer devant la Prusse, venue en aide à
l'Autriche. Des volontaires français sont alors appelés de toute la France pour renforcer les
rangs. En août, les fédérés de Marseille débarquent à Paris, emportant avec eux ce chant
désormais révolutionnaire, rebaptisé quelque temps plus tard «La Marseillaise». Sa genèse
correspond donc à celle - non moins importante - de la République, puisque le 10 août ceux-ci
envahissent les Tuileries et font enfermer le roi et sa famille, ce qui met fin à presque un
millénaire de monarchie absolue.
Le succès de La Marseillaise est tel qu'elle est reconnue le 14 juillet 1795 comme l'un des
«airs et chants civiques qui ont contribué au succès de la Révolution», avant d'être interdite
par Napoléon pendant près de trente ans! La deuxième révolution de 1830 la remet sur le
devant de la scène, avant qu'elle ne soit décrétée hymne national sous la troisième République
(1879). Son passage à la postérité était assuré. Et pourtant, il n'existait encore aucune version
officielle de La Marseillaise, ce qui provoquait régulièrement de jolis désordres musicaux lors
de son exécution.
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ferait de La Marseillaise un hymne autrichien. On vous met toutefois au défi de la
reconnaître...
Le chant n'eut pas plus tôt fait le tour de France qu'il fut remanié, modifié, allongé d'un
septième couplet (aujourd'hui connu comme «le couplet des enfants»), probablement coécrits
par le dramaturge Marie-Joseph Chénier (le frère du célèbre poète) et du juriste Jean-Baptiste
Dubois. Déjà, La Marseillaise ne cessait d'être reprise et réécrite, dans des buts aussi
éclectiques que lutter contre le cléricalisme aux élections législatives de 1881 («Aux urnes
citoyens, Contre les cléricaux, Votons, votons, et que nos voix dispersent les corbeaux»),
commémorer la victoire russe sur les troupes napoléoniennes en 1812 («L'Ouverture
solennelle» pour orchestre de Tchaïkovski, 1882), ou plus simplement lancer un single en
devenir (le très fameux «All You Need Is Love» des Beatles).
Quoi qu'il en soit, Rouget de Lisle termina sa vie ruiné, emprisonné pour dettes et oublié de
tous. La France ne rendit justice à son héros que bien tard, en 1915, quand ses cendres furent
transférées aux Invalides lors d'une procession grandiose, dans l'espoir de renforcer l'élan
patriotique nécessaire à la victoire. Il fut déposé au caveau des gouverneurs, «où il restera
jusqu'à ce que soit votée la loi qui permettra de le transférer au Panthéon» écrit Le Figaro du
15 juillet 1915. Rouget de Lisle y repose encore, tous les présidents qui se sont essayés au
transfert ayant échoué.
● Un hymne national très controversé
Aujourd'hui, La Marseillaise n'en finit pas de déchaîner les passions les plus contradictoires.
Entre ceux qui veulent imposer son apprentissage à tous, ceux qui la sifflent pour signifier
leur aversion envers la France et ceux qui veulent la faire interdire, on ne sait plus quoi
penser. Rendue obligatoire à l'école primaire par Charles de Gaulle, elle a été immunisée
contre les sifflements en 2003, un délit passible de 6 mois d'emprisonnement et de 7500 euros
d'amende. Les supporters n'ont qu'à bien se tenir.
Il est vrai que ses paroles sont quelque peu datées, qu'elles correspondent au temps où de
féroces soldats venaient piller et tuer jusque dans nos campagnes. S'il n'en est plus rien, ce
chant n'en reste pas moins un hymne à la liberté, une résistance à l'oppression et à l'esclavage,
que l'on trouve encore malheureusement trop sous d'autres cieux que les nôtres.
Longtemps critiqué sans jamais être modifié, ce refrain patriotique est solidement ancré dans
la culture et l'histoire françaises. On ne change pas un patrimoine en un claquement de doigts,
même si bon nombre d'artistes ont essayé. De Serge Gainsbourg à Léo Ferré, en passant par
George Brassens, chacun y est allé de son couplet. Et Pierre Desproges d'ajouter: «Si les
ministères concernés m'avaient fait l'honneur de solliciter mon avis, quant aux paroles de la
Marseillaise, j'eusse depuis longtemps déploré que les soldats y mugissent et préconisé
vivement que les objecteurs y roucoulassent, que les bergères y fredonnassent et que les
troubadours y complussent», s'amuse-t-il en 1986. Mais La Marseillaise tient bon, elle a
traversé les âges, elle tiendra encore un temps. Au moins jusqu'à demain.
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Le 25 avril 1792, lors d'une soirée où il reçoit des militaires, le baron Philippe-Frédéric de
Dietrich, maire de Strasbourg, regrette l'absence d'hymne de guerre pour galvaniser les soldats
français. En effet la France révolutionnaire, isolée en Europe, est en guerre: elle l'a déclarée à
l'Autriche cinq jours auparavant. Et sera bientôt en conflit avec les monarques européens
coalisés. Il faut donc un chant pour mobiliser et rassurer les soldats français, qui sont des
volontaires.
Ce soir-là parmi les convives du baron de Dietrich, se trouve un habitué: Claude Joseph
Rouget de Lisle, monarchiste constitutionnel et capitaine de génie, stationné à Strasbourg. Il
est également poète et musicien, et a déjà créé des œuvres pour son hôte. Aussi dans la nuit
compose-t-il une chanson pour motiver les troupes, baptisée le Chant de guerre pour l'armée
du Rhin, qu'il interprète dès le lendemain au baron.
Du Chant de guerre pour l'armée du Rhin à La Marseillaise
Pour les paroles, l'auteur s'inspire d'une affiche de propagande et des mots employés à
l'époque par les clubs politiques strasbourgeois. En ce qui concerne la musique, il compose un
air énergique et rythmé en puisant dans de nombreux airs connus. Ces emprunts et
inspirations suscitèrent parfois des doutes quant à la paternité réelle de l'œuvre, d'autant plus
que Rouget de Lisle ne l'a pas signée.
Sa création, sous forme manuscrite ou imprimée, se diffuse d'abord en Alsace. Elle sera
ensuite reprise par des éditeurs parisiens. Mais au XVIIIe siècle la culture orale est encore très
présente en France car seule la moitié de la population sait lire. Ainsi, la chanson créée à
Strasbourg, arrive à Paris véhiculée par les gens du Midi: elle est chantée devant la foule
aux Tuileries en juillet 1792, par les volontaires marseillais. Les Parisiens rebaptisent alors
le chant de Rouget de Lisle «Hymne des Marseillais», puis «La Marseillaise».
Un hymne universel de la liberté
Mais ce chant est avant tout un hymne des combattants de la liberté, il appelle à lutter contre
la tyrannie des monarques, l'esclavage. En effet la Révolution française se veut universelle:
elle a vocation à s'exporter chez d'autres peuples. Le thème de la chanson de Rouget de Lisle
est la défense de la patrie en danger, c'est-à-dire la terre de la liberté, qu'elle se trouve en
France ou en Europe.
Aussi ce chant, symbole de la Révolution française, est repris au cours de l'Histoire sur
différents continents par de nombreux révolutionnaires. Ainsi lors de la révolution russe de
1917 La Marseillaise est chantée; ensuite les Bolchevicks lui préfèreront l'Internationale . En
1989 lors «du Printemps de Pékin», les étudiants et intellectuels qui manifestent place
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Tian'anmen pour demander plus de liberté et moins de corruption, chantent également
l'hymne français.
Un chant révolutionnaire devenu hymne national
La composition de Rouget de Lisle est un tel succès que le 14 juillet 1795 elle est déclarée
chant national par décret. Interdite sous l'Empire et la Restauration, La Marseillaise est remise
à l'honneur au moment de la révolution de 1830. Mais Il faut attendre le 14 février 1879, sous
la IIIe République, pour que la chambre des députés l'adopte définitivement comme hymne
national.
Comme il n'existe pas de version officielle, ni de version unique de l'hymne -car dès le début
il est mis en musique de diverses façons, avec ou sans les paroles- cela créé une certaine
confusion musicale lorsque différentes formations doivent le jouer ensemble. Aussi en 1887, à
la suite des travaux d'une commission -composée de musiciens qui retravaillent le texte et
l'harmonie- une version officielle est adoptée par le ministère de la Guerre. Dans les
constitutions de 1946 et 1958 La Marseillaise est à nouveau maintenue comme hymne
national (article2).
Un des hymnes les plus réécrits et modifiés