Manual F
Manual F
Manual F
clinique
du
sang
en
Médecine interne
Obstétrique
Pédiatrie
Chirurgie et
anesthésie
Traumatologie et
soins aux brûlés
L’utilisation
clinique
du
sang
en
Médecine interne
Obstétrique
Pédiatrie
Chirurgie et
anesthésie
Traumatologie et
soins aux brûlés
Table des matières
Préface
Remerciements
Introduction 1
3 Anémie 42
3.1 Définitions 44
3.2 Mesure du taux d’hémoglobine et de l’hématocrite 45
3.3 Anémie cliniquement importante 48
3.4 Interprétation des taux d’hémoglobine 48
3.5 Causes de l’anémie 50
3.6 Adaptation à l’anémie 52
3.7 Anémie due à une perte de sang aiguë 52
3.8 Anémie due à des pertes de sang chroniques 56
3.9 Anémie chronique due à d’autres causes 58
3.10 Principes du traitement de l’anémie 59
3.11 Principes de la prévention de l’anémie 60
5 Produits sanguins 78
5.1 Définitions 80
5.2 Sang total 80
5.3 Composants du sang 81
5.4 Séparation des composants sanguins par aphérèse 84
5.5 Production de dérivés du plasma 88
(fractionnement du plasma)
5.6 Produits sanguins : caractérisqiques 88
10 Obstétrique 230
10.1 Modification physiologiques et hématologiques 232
pendant la grossesse
10.2 Anémie chronique pendant la grossesse 234
10.3 Hémorragie obstétricale majeure 239
10.4 Maladie hémolytique du nouveau-né 247
Glossaire 354
Index 360
Préface
Dr Jean C. Emmanuel
Directeur du département Sécurité
transfusionnelle et technologie clinique
Organisation mondiale de la Santé
Remerciements
L’Organisation mondiale de la Santé remercie vivement les nombreux spécialistes de médecine clinique
et de transfusion sanguine qui ont contribué à la préparation de ces matériels pédagogiques.
1
INTRODUCTION
Le module
Le module constitue un guide complet de l’utilisation du sang et des
produits sanguins et indique notamment les moyens de réduire les
transfusions non indispensables. Il se divise en trois parties.
2
INTRODUCTION
But du module
Le présent module a pour but de vous aider à :
1 Mettre à jour vos connaissances sur le sang, les produits
sanguins et les alternatives à la transfusion sanguine.
Points clés
Chaque section s’ouvre sur une liste des points importants à retenir
lorsqu’il faut prendre une décision concernant l’utilisation du sang et des
produits sanguins.
3
INTRODUCTION
Objectifs pédagogiques
Au début de chaque section figure une liste d’objectifs pédagogiques qui
résume ce que vous devrez être capable de faire après avoir terminé cette
section. Cette liste constitue un fil conducteur pour votre apprentissage
et vous aidera à évaluer vos propres progrès.
Activités
A mesure que vous avancerez à l’intérieur de chaque section, il vous sera
demandé de réaliser un certain nombre d’activités destinées à vous aider
à appliquer les principes de l’utilisation appropriée du sang dans votre
propre environnement clinique. Certaines sont basées sur des études de
cas afin de renforcer votre aptitude à prendre des décisions cliniques.
Utilisez ces activités comme base de discussion avec les membres de
votre équipe clinique, peut-être comme point de départ pour l’élaboration
de directives locales sur les pratiques transfusionnelles, et comme prétexte
à des activités pédagogiques.
D’autres activités vous suggéreront d’évaluer divers aspects de l’utilisation
clinique du sang dans votre hôpital et de chercher comment les approches
et procédures pourraient être modifiées ou améliorées en vue de réduire
les transfusions non indispensables. Comme les activités sont directement
axées sur votre propre environnement clinique, vos réponses seront
largement déterminées par les besoins et circonstances locaux. Utilisez
ces activités comme base de discussion avec vos collègues au sujet de
toutes les mesures qui seraient nécessaires dans votre hôpital pour
améliorer l’utilisation clinique du sang, notamment par le recours, si
possible, à des alternatives simples à la transfusion.
La dernière section, la section 15 : Mise en pratique : que puis-je faire ?
regroupe vos travaux sur les activités des sections précédentes. Elle
indique comment réaliser un examen des registres transfusionnels et
propose d’envisager la création d’un comité hospitalier de sécurité
transfusionnelle et l’élaboration de directives sur les pratiques
transfusionnelles s’il n’en existe pas encore. A mesure que vous avancerez
dans le module, vous pourrez trouver utile de conserver les notes que
vous aurez prises lors de votre travail sur les activités et de les utiliser
pour préparer un plan d’action pour l’utilisation appropriée du sang dans
votre hôpital.
4
INTRODUCTION
Bibliothèque de Santé génésique, OMS. Revue électronique axée sur les solutions
reposant sur des bases factuelles aux problèmes de santé génésique dans les
pays en développement. Disponible sur CD-ROM auprès du département Santé
et recherche génésiques, Organisation mondiale de la Santé, 1211 Genève 27,
Suisse. www.who.int
5
Partie 1
Principes, produits et
procédures
1
L’utilisation appropriée du
sang et des produits
sanguins
Points clés
1 L’utilisation appropriée du sang et des produits sanguins signifie la
transfusion de produits sanguins sûrs, uniquement pour le traitement
d’affections entraînant une morbidité et une mortalité importantes et
dont la prévention ou la prise en charge efficaces ne peuvent être
réalisées autrement.
2 La transfusion comporte un risque de réactions indésirables et de
transmission d’agents infectieux. Le plasma peut transmettre la plupart
des infections présentes dans le sang total et sa transfusion n’est
indiquée que dans de très rares cas.
3 Le sang provenant de dons familiaux ou de compensation comporte un
risque plus élevé d’infections transmissibles par transfusion que le
sang de donneurs volontaires non rémunérés. C’est chez les donneurs
rémunérés que l’incidence et la prévalence des infections transmissibles
par transfusion sont en général les plus élevées.
4 Seul du sang obtenu de donneurs soigneusement sélectionnés, ayant
fait l’objet d’un dépistage des infections transmissibles par transfusion
et de tests de compatibilité entre les globules rouges du donneur et les
anticorps présents dans le plasma du patient, conformément aux
exigences nationales, pourra être transfusé.
5 Il est souvent possible, par les moyens suivants, d’éviter de devoir
recourir à la transfusion :
Prévention ou diagnostic précoce et traitement de l’anémie et de
ses causes
Correction de l’anémie et reconstitution des réserves martiales
avant toute intervention chirurgicale programmée
Utilisation d’alternatives simples à la transfusion, comme les solutions
de remplissage vasculaire, qui sont plus sûres, moins chères et
peuvent être tout aussi efficaces
Bonne prise en charge anesthésique et chirurgicale.
9
SECTION 1
Introduction
La transfusion sanguine peut être une intervention salvatrice. Cependant,
comme tout traitement, elle peut entraîner des complications immédiates
ou retardées et comporte un risque de transmission d’agents infectieux
comme le VIH, les virus des hépatites et les agents de la syphilis, du
paludisme et de la maladie de Chagas.
Du fait de la transmission d’agents infectieux par le sang et les produits
sanguins, les risques associés à la transfusion ont fait l’objet d’études
particulièrement attentives. La sécurité et l’efficacité de la transfusion
dépendent de deux facteurs clés :
Un approvisionnement en sang et en produits sanguins sûrs,
accessibles à un coût raisonnable et en quantité suffisante
pour répondre aux besoins nationaux
L’utilisation clinique appropriée du sang et des produits sanguins
Ces conditions ne peuvent être réunies que par une approche coordonnée
supposant une collaboration étroite entre le service de transfusion sanguine
et les cliniciens dans la gestion des divers éléments du processus
transfusionnel incombant à chacun.
La section 1 explique pourquoi le sang est souvent utilisé sans raison
impérative et expose les risques potentiels associés à la transfusion
ainsi que les facteurs qui déterminent si l’utilisation appropriée du sang
est possible.
Objectifs pédagogiques
Après avoir terminé cette section, vous devrez être capable :
1 D’expliquer quels sont les risques potentiels associés à la
transfusion.
2 D’évaluer la sécurité du sang et des produits sanguins
disponibles dans votre hôpital.
3 D’identifier les conditions préalables à l’utilisation appropriée
du sang.
4 D’identifier les moyens de réduire les besoins transfusionnels.
10
L’UTILISATION APPROPRIÉE DU SANG ET DES PRODUITS SANGUINS
11
SECTION 1
Transfusion de plasma
1 Le plasma peut transmettre la plupart des infections présentes
dans le sang total.
2 Le plasma peut également provoquer des réactions
transfusionnelles.
3 Il n’existe que peu d’indications formelles pour la transfusion
de plasma. Les risques l’emportent très souvent sur les
bénéfices.
12
L’UTILISATION APPROPRIÉE DU SANG ET DES PRODUITS SANGUINS
Donneurs de sang
La résolution 28.72 de l’Assemblée mondiale de la Santé a établi le
principe du don de sang volontaire et non rémunéré. Cette politique a été
adoptée par de nombreux pays pour la collecte de sang total. Dans
certains pays, toutefois, la fourniture de plasma pour la fabrication de
dérivés du plasma repose encore sur des programmes commerciaux
dans lesquels les donneurs reçoivent une rémunération pour le don
régulier de plasma par plasmaphérèse.
Un système basé sur le don de sang et de plasma volontaire et non
rémunéré est plus sûr car l’incidence et la prévalence des infections
transmissibles par transfusion est invariablement plus faible chez les
donneurs volontaires non rémunérés que chez les donneurs familiaux ou
de compensation et chez les donneurs rémunérés. Il permet également
d’appliquer des procédures d’éducation et de sélection des donneurs qui
encouragent les donneurs inaptes à reporter le don ou à s’en auto-
exclure. On pourra ainsi utiliser avec le meilleur rapport coût-efficacité les
ressources limitées dont on dispose car on aura moins d’unités de sang
à éliminer du fait de la découverte de marqueurs de maladies infectieuses
lors du dépistage.
13
SECTION 1
14
L’UTILISATION APPROPRIÉE DU SANG ET DES PRODUITS SANGUINS
3 La famille peut faire pression pour que le sang fourni par les
donneurs de compensation soit transfusé au patient, même si
en fin de compte la transfusion ne s’avère pas nécessaire, car
elle peut estimer que le sang ainsi fourni ne doit servir que pour
un de ses proches.
2 Informer les donneurs que leur sang sera utilisé pour renouveler
le stock de la banque de sang et ne sera pas nécessairement
transfusé au membre de leur famille ou à tout autre patient désigné.
15
SECTION 1
16
L’UTILISATION APPROPRIÉE DU SANG ET DES PRODUITS SANGUINS
17
SECTION 1
A la rare exception près des urgences vitales, seul du sang obtenu de donneurs
soigneusement sélectionnés et ayant fait l’objet d’un dépistage des agents
infectieux transmissibles par transfusion, conformément aux exigences
nationales, pourra être délivré en vue de la transfusion.
ACTIVITÉ 1
Cette première activité a pour but de vous aider à évaluer la sécurité des
produits sanguins disponibles pour la transfusion dans votre hôpital et de
peser les bénéfices et les risques de la transfusion pour chaque patient.
Renseignez-vous auprès du personnel de la banque de sang pour rassembler
le plus d’informations que vous pourrez sur les questions suivantes.
1 Prévalence des agents infectieux
Quelle est la prévalence du VIH, de l’hépatite B, de l’hépatite C, de la
syphilis et de toutes autres infections transmissibles par transfusion
importantes dans votre pays, parmi :
La population de donneurs de sang
La population générale ayant la même structure d’âge ?
2 Types de donneurs de sang
Quelle est la proportion du sang fourni à votre hôpital qui provient de :
Donneurs volontaires non rémunérés
Donneurs familiaux ou de compensation
Donneurs rémunérés ?
3 Dépistage des infections transmissibles par transfusion
Quelle est l’efficacité des procédures de contrôle du sang fourni à votre
hôpital ?
Quels sont les tests de recherche des marqueurs de maladies
infectieuses pratiqués sur les dons de sang fournis à votre hôpital ou
collectés par la banque de sang de l’hôpital ?
Ces tests sont-ils systématiquement pratiqués ?
Existe-t-il des facteurs susceptibles de nuire à l’efficacité du dépistage
des agents infectieux, comme un approvisionnement irrégulier ou
insuffisant en tests ou de mauvaises conditions de stockage des tests ?
18
L’UTILISATION APPROPRIÉE DU SANG ET DES PRODUITS SANGUINS
4 Tests de compatibilité
Le sang est-il systématiquement soumis à des tests de compatibilité
avant d’être délivré en vue de la transfusion ?
5 Autres facteurs influant sur la sécurité de l’approvisionnement en sang
Existe-t-il un approvisionnement suffisant et régulier en matériel stérile
jetable, en particulier seringues, aiguilles et dispositifs de perfusion ?
Existe-t-il des moyens d’élimination sans risque du matériel jetable
par incinération pour éviter qu’il soit volé et réutilisé ?
19
SECTION 1
20
L’UTILISATION APPROPRIÉE DU SANG ET DES PRODUITS SANGUINS
ACTIVITÉ 2
Dans quelle mesure l’utilisation clinique appropriée du sang et des produits
sanguins est-elle possible dans votre hôpital ? Reportez-vous à la liste des
éléments nécessaires pour y parvenir.
Tous ces éléments sont-ils en place dans votre district de santé ? Sinon,
identifiez tous les éléments manquants.
ACTIVITÉ 3
Existe-t-il dans votre hôpital des directives nationales ou locales sur l’utilisation
clinique du sang ? Si oui, les utilisez-vous pour vous aider dans vos décisions
concernant la prescription de sang ?
21
SECTION 1
S’il n’existe pas de directives, essayez de savoir s’il en a été établi ailleurs
dans votre pays, qui pourraient être utilisées ou adaptées dans votre hôpital.
22
2
Sang, oxygène et
circulation sanguine
Points clés
1 Le sang est composé de :
Globules rouges, qui contiennent de l’hémoglobine dont la principale
fonction est de stocker l’oxygène et de le transporter vers les tissus
Globules blancs, dont le principal rôle est d’identifier, de détruire et
d’éliminer tout matériel étranger ayant pénétré dans l’organisme
Plaquettes, qui jouent un rôle majeur dans le mécanisme de
coagulation du sang.
2 Pour assurer une oxygénation constante des tissus et des organes,
quatre étapes sont nécessaires.
Transfert de l’oxygène des poumons vers le plasma.
Stockage de l’oxygène sur la molécule d’hémoglobine dans les
globules rouges.
Transport de l’oxygène vers les tissus par la circulation sanguine.
Relargage de l’oxygène du sang dans les tissus, où il pourra être
utilisé.
3 L’apport global d’oxygène aux tissus dépend des facteurs suivants :
Taux d’hémoglobine
Degré de saturation de l’hémoglobine en oxygène
Débit cardiaque.
23
SECTION 2
Introduction
Cette section souligne certains aspects de la physiologie circulatoire et
respiratoire qui présentent un intérêt direct en ce qui concerne l’utilisation
clinique des produits sanguins. Ce n’est qu’en possédant bien les principes
et mécanismes physiologiques qui interviennent dans la santé que l’on
pourra prendre en toute connaissance de cause des décisions
thérapeutiques correctes.
La section 2 n’est pas un cours de physiologie, et il vous est donc
conseillé de compléter les informations qui y sont données par la lecture
de manuels classiques. On trouvera cependant ici les informations servant
de base à la compréhension des questions exposées dans les autres
sections.
Objectifs pédagogiques
Après avoir terminé cette section, vous devrez être capable :
1 De décrire comment les différents liquides de l’organisme sont
organisés et distribués.
2 D’expliquer la composition et les fonctions du sang.
3 De décrire les processus en cause et le rôle du sang dans le
maintien d’un apport constant d’oxygène aux tissus.
24
SANG, OXYGÈNE ET CIRCULATION SANGUINE
Liquides
L’eau est un constituant majeur de l’organisme et représente environ
60 % du poids du corps chez l’adulte et 70 – 80 % chez l’enfant. Le reste
du corps humain est constitué de protéines, de graisses, de sucres et
d’éléments minéraux qui, lorsqu’ils sont répartis dans la fraction aqueuse,
constituent les liquides de l’organisme.
Compartiments
Les liquides de l’organisme sont contenus dans deux compartiments :
A l’intérieur des cellules, dans le compartiment liquidien
intracellulaire
A l’extérieur des cellules, dans le compartiment liquidien
extracellulaire.
Le compartiment extracellulaire se divise en deux parties :
Le plasma sanguin circulant, qui est contenu dans le système
vasculaire
et
Le liquide interstitiel, qui se trouve en dehors des vaisseaux
sanguins et baigne les cellules.
Les différents compartiments liquidiens sont séparés les uns des autres
par des membranes formées soit par les parois cellulaires, qui séparent
les liquides intracellulaire et interstitiel, soit par les parois des capillaires,
qui séparent le plasma du liquide interstitiel. Dans la peau, le tube
digestif, les reins et les poumons, des parois capillaires spécialisées
séparent en outre le plasma du milieu extérieur. Voir figure 2.1.
Figure 2.1 Compartiments Milieu extérieur
liquidiens de l’organisme via la peau, le tube
digestif,
les poumons et les reins
Plasma sanguin
(5 % du poids du corps)
Liquide extracellulaire Paroi des capillaires
Liquide interstitiel
(15 % du poids du corps)
Paroi cellulaire
Liquide intracellulaire
(40 % du poids du corps)
25
SECTION 2
Flux de liquides
La composition des liquides de chaque compartiment varie
considérablement, comme on peut le voir sur la figure 2.2. Cependant,
bien que la composition de chaque liquide soit rigoureusement constante,
il existe un flux continu de grandes quantités d’eau et d’autres substances
entre les compartiments.
Le type et la quantité de toute substance se déplaçant d’un compartiment
à l’autre dépendent de la nature de la membrane qui les sépare et des
forces qui s’exercent sur cette substance.
Forces
Diverses forces régissent les déplacements de substances à travers les
membranes :
1 La diffusion, dans laquelle une substance passe d’une zone où
elle est fortement concentrée à une zone où elle est plus
faiblement concentrée.
2 La filtration, dans laquelle le liquide est forcé sous pression à
travers une membrane.
3 Le transport actif, dans lequel certaines substances sont
spécifiquement « pompées » à travers une membrane.
4 L’osmose, processus dans lequel les substances qui se
déplacent librement, comme l’eau, sont transportées à travers
une membrane vers une zone où il existe une plus forte
concentration de molécules auxquelles la membrane est
imperméable. Ces molécules sont dites douées d’activité
osmotique. Dans l’organisme, il s’agit de molécules comme les
électrolytes (ions sodium, potassium et chlorure) et les protéines.
C’est la concentration relative de particules ayant une activité
osmotique de part et d’autre de la membrane qui influence les
déplacements d’eau dus à l’osmose.
26
SANG, OXYGÈNE ET CIRCULATION SANGUINE
Composition
Le plasma et le liquide interstitiel ont une composition en électrolytes très
voisine ; les principaux électrolytes extracellulaires sont les ions sodium
et chlorure. Mais la teneur de ces liquides en protéines est très différente,
le plasma contenant une quantité de protéines beaucoup plus grande que
le liquide interstitiel. Ces protéines sont appelées protéines plasmatiques.
Elles se composent de toute une variété de grosses molécules auxquelles
les membranes sont normalement imperméables et dont la plus abondante
est l’albumine.
Le liquide intracellulaire contient également de fortes concentrations de
protéines, mais à la différence du plasma et du liquide interstitiel, son
principal électrolyte est l’ion potassium, comme le montre la figure 2.2.
Régulation
Le plasma contient beaucoup plus de protéines douées d’activité osmotique
que le liquide interstitiel. L’eau a donc fortement tendance à se déplacer
par osmose du liquide interstitiel vers le plasma. C’est ce qu’on appelle
la pression oncotique.
Cependant, l’eau a également tendance à passer en sens inverse, du
plasma vers le liquide interstitiel, sous l’effet de la pression sanguine
dans les capillaires, qui provoque la filtration de l’eau à travers la membrane.
C’est ce qu’on appelle la pression hydrostatique.
L’équilibre entre ces deux forces opposées, la pression oncotique et la
pression hydrostatique, détermine le flux net d’eau à travers la paroi
capillaire et a donc une influence majeure sur le volume du plasma,
comme le montre la figure 2.3.
123456
123456
123456 Plasma
123456
123456
123456
123456
123456
123456
123456
123456
123456 Liquide interstitiel
27
SECTION 2
2.2 Le sang
Le sang se compose de plasma dans lequel se trouvent en suspension
des cellules hautement spécialisées (voir figure 2.4) :
Globules rouges (érythrocytes ou hématies)
Globules blancs (leucocytes)
Plaquettes (thrombocytes).
Toutes les cellules sanguines, aussi appelées éléments figurés du sang,
se développent à partir de cellules précurseurs ou cellules souches,
essentiellement produites dans la moelle osseuse.
Le plasma contient des protéines, des substances chimiques, des facteurs
de coagulation et de nombreuses substances issues du métabolisme. Il
peut coaguler.
123456789012345678
123456789012345678
Figure 2.4 : Composition du 123456789012345678
123456789012345678
123456789012345678
123456789012345678
sang 123456789012345678
123456789012345678
123456789012345678
Plasma
123456789012345678
123456789012345678
123456789012345678
123456789012345678
123456789012345678
123456789012345678
123456789012345678
Globules blancs et 123456789012345678 Volume sanguin
plaquettes total
Globules
rouges
ACTIVITÉ 4
1 Calculez le volume sanguin chez des adultes pesant :
40 kg
50 kg
60 kg
70 kg
80 kg
90 kg
100 kg
2 Répétez cet exercice pour des enfants pesant de 10 à 40 kg.
28
SANG, OXYGÈNE ET CIRCULATION SANGUINE
Nouveau-nés 85 — 90 ml/kg
Enfants 80 ml/kg
Adultes 70 ml/kg
Globules rouges
Les globules rouges (ou érythrocytes ou hématies) sont produits dans la
moelle osseuse sous le contrôle de l’érythropoïétine, une hormone rénale.
Une fois entrés dans la circulation sanguine, ils ont une durée de vie
d’environ 120 jours avant d’être détruits dans le système réticulo-
endothélial. Ils contiennent un pigment riche en fer, l’hémoglobine, dont
la principale fonction est d’assurer le stockage et le transport de l’oxygène.
α chaîne β
Globules blancs
Les globules blancs (ou leucocytes) sont une famille de cellules composée
de :
29
SECTION 2
Granulocytes
Lymphocytes
Monocytes.
Ils sont produits dans la moelle osseuse et le tissu lymphatique. Dans
le sang, leur principale fonction est d’identifier, de détruire et d’éliminer
tout matériel étranger ayant pénétré dans l’organisme. Ces cellules jouent
donc un rôle important dans la lutte contre les infections et dans le
développement d’une résistance à l’infection en réponse à une exposition
naturelle ou à une vaccination. Ils occupent moins de 1 % du volume
sanguin total.
Plaquettes
Les plaquettes (ou thrombocytes) sont de petits fragments de cellules
(mégacaryocytes) qui sont produits dans la moelle osseuse et contiennent
des enzymes et autres substances biologiquement actives (médiateurs).
Elles ont pour fonction de répondre à tout dommage de la paroi vasculaire
en se rassemblant sur le site de la lésion pour former d’abord un clou
plaquettaire temporaire puis en libérant leur contenu dans le sang.
Le contenu des plaquettes libéré dans le sang est en grande partie
responsable du processus de coagulation en activant le mécanisme qui
entraîne le dépôt d’un caillot de fibrine sur le site de la lésion, empêchant
ainsi le saignement de se poursuivre.
Coagulation
Hémostase normale
Une hémostase normale est nécessaire pour que le sang reste contenu
à l’intérieur du système vasculaire. Elle passe par l’interaction entre les
vaisseaux, les plaquettes et les facteurs de coagulation, et enfin par la
limitation du caillot de fibrine et la fibrinolyse. Les troubles de l’hémostase
et de la coagulation sont dus à une défaillance des mécanismes
hémostatiques.
Hémostase primaire
La paroi vasculaire est la première ligne de défense pour l’hémostase
normale. Dans les petits vaisseaux, l’hémostase est assurée en premier
lieu par la vasoconstriction. Lorsque l’endothélium vasculaire est lésé,
les plaquettes adhèrent au collagène, aux microfibrilles et à la membrane
basale qui se trouvent exposés.
Une fois que les plaquettes adhèrent au tissu sous-endothélial, elles
libèrent divers médiateurs. Certains de ces médiateurs favorisent la
vasoconstriction et tous attirent les autres plaquettes qui vont former un
agrégat appelé clou plaquettaire. Le facteur plaquettaire III est exposé
pendant la formation du clou plaquettaire et accélère la formation de la
thrombine (caillot).
Hémostase secondaire
La coagulation sanguine consiste en une série de réactions enzymatiques
dans lesquelles interviennent les protéines plasmatiques, les
30
SANG, OXYGÈNE ET CIRCULATION SANGUINE
fibrinogène : Principale Deux cascades distinctes impliquant des facteurs de coagulation différents,
protéine coagulante les voies intrinsèque et extrinsèque, peuvent être déclenchées séparément
présente dans le plasma. au cours du processus de coagulation, mais conduisent toutes deux à la
Convertie en fibrine transformation d’une protéine soluble, le fibrinogène, en caillot de fibrine
(insoluble) sous l’action de (voir figure 2.7).
la thrombine.
Coagulation Fibrinolyse
Voie intrinsèque Voie extrinsèque Activateurs
Fibrinolyse
produits de dégradation Dans l’hémostase normale, le processus de limitation du caillot peut faire
de la fibrine : Fragments intervenir plusieurs mécanismes, dont les plus importants sont :
de la molécule de fibrine 1 L’élimination, par le flux sanguin au-delà du caillot, des facteurs
formés par l’action des de coagulation activés.
enzymes fibrinolytiques.
Des taux sanguins élevés 2 L’inactivation des facteurs de coagulation par des inhibiteurs
indiquent une coagulation circulants.
intravasculaire disséminée.
3 La consommation des plaquettes et des facteurs de coagulation
par le processus de coagulation lui-même.
4 La dégradation du caillot par une enzyme fibrinolytique, la
plasmine (fibrinolyse). La fibrinolyse repose sur l’activation
séquentielle de protéines plasmatiques spécifiques conduisant
à la formation de plasmine, une enzyme protéolytique. La fonction
de la plasmine est de dissoudre le caillot de fibrine qui s’est
formé dans le vaisseau.
Ces mécanismes contrebalancent le processus de coagulation et
empêchent une coagulation incontrôlée du sang. S’ils sont défectueux,
il se produit une coagulation anormale (thrombose).
31
SECTION 2
Ventilation
Lorsque nous respirons, l’air inspiré s’humidifie dans les voies aériennes
supérieures puis est transféré par la ventilation vers les alvéoles
pulmonaires. Ces deux effets font baisser la pression partielle de l’oxygène
de 160 mmHg (21 kPa) au niveau de la bouche à environ 100 mmHg
(13,3 kPa) dans les alvéoles. Cette baisse est principalement due à la
diffusion du dioxyde de carbone, un déchet produit par le métabolisme,
du sang vers le poumon, ce qui a pour effet de diluer l’oxygène présent
dans les alvéoles et donc d’abaisser sa pression partielle.
Diffusion
La pression partielle de l’oxygène dans les alvéoles constitue la « force
motrice » qui provoque le transfert de l’oxygène vers le sang par diffusion.
Les gaz diffusent des zones de haute pression vers les zones de faible
pression. Comme on l’a déjà vu, la pression partielle de l’oxygène dans
les alvéoles est de 100 mmHg (13,3 kPa), mais elle n’est plus que de
40 mmHg (5,3 kPa) dans les capillaires pulmonaires qui ramènent le
sang en provenance des tissus. L’oxygène diffuse donc selon un gradient
de pression rapide à travers la membrane séparant les alvéoles des
capillaires pour se dissoudre dans le plasma du sang pulmonaire.
Chez un sujet en bonne santé, l’équilibre est pratiquement atteint entre
la pression partielle dans les alvéoles et dans le plasma, et la pression
partielle d’oxygène normale dans le sang artériel sera d’environ 98 mmHg
(13 kPa). Voir figure 2.8.
32
SANG, OXYGÈNE ET CIRCULATION SANGUINE
Troubles
Dans certaines circonstances et certains processus pathologiques, la
pression partielle d’oxygène dans le sang artériel peut baisser de façon
hypoxie d’origine anormale. Ce phénomène est parfois appelé hypoxie d’origine respiratoire.
respiratoire : Réduction Il peut être dû à :
de l’apport d’oxygène aux
Une faible pression partielle d’oxygène dans l’air inspiré, ce qui
tissus due à un transfert
insuffisant de l’oxygène des se produit quand le gaz qu’on respire contient moins de 21 %
poumons vers les globules d’oxygène
rouges. Une ventilation insuffisante, comme dans la dépression
respiratoire induite par les opiacés ; le dioxyde de carbone
s’accumule dans les poumons, ce qui réduit la pression partielle
d’oxygène dans les alvéoles et par voie de conséquence dans
le sang
Un déséquilibre important entre la ventilation et la circulation
pulmonaire, comme il peut s’en produire en cas de collapsus
respiratoire ou de pneumonie (shunt)
Un problème au niveau de la diffusion de l’oxygène à travers la
membrane séparant les alvéoles des capillaires, par exemple
en cas d’œdème pulmonaire.
33
SECTION 2
Plasma
Le plasma ne transporte que 0,3 ml d’oxygène dissous par 100 ml,
lorsqu’on respire de l’air. Mais si la concentration d’oxygène est augmentée
dans le mélange inspiré, la quantité d’oxygène transportée par le plasma
augmentera aussi.
90
80
pO2 p O 2 % saturation
70 (mmHg) (kPa) de Hb
60 10 1.3 13.5
20 2.7 35.0
50 30 4.0 57.0
40 5.3 75.0
40 50 6.6 83.5
60 8.0 89.0
30 70 9.3 92.7
80 10.6 94.5
20 90 12.0 96.5
100 13.3 97.5
10
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110
Pression partielle de l’oxygène dans le plasma (pO2 mmHg)
34
SANG, OXYGÈNE ET CIRCULATION SANGUINE
Troubles
La capacité de transport de l’oxygène du sang dépend par conséquent de :
La quantité d’hémoglobine présente dans le système vasculaire
Son degré de saturation en oxygène.
Une réduction du taux d’hémoglobine, comme il s’en produit en cas
hypoxie par anémie : d’anémie, réduira de façon significative la capacité totale de transport de
Réduction de l’apport
l’oxygène du sang. Ce phénomène est parfois appelé hypoxie par anémie.
d’oxygène aux tissus due à
la faible teneur en De plus, une saturation incorrecte de l’hémoglobine, due à une perturbation
hémoglobine des globules de son affinité pour l’oxygène, réduira aussi la capacité de transport de
rouges du sang. l’oxygène ; c’est le cas par exemple dans la méthémoglobinémie, la
carboxyhémoglobinémie et certaines hémoglobinopathies héréditaires.
35
SECTION 2
Retour veineux
Outre les modifications locales du flux sanguin, le maintien d’un retour
veineux suffisant dépend de nombreux autres facteurs, dont :
Un volume de sang circulant suffisant
Les effets de la gravité
L’effet de pompage des muscles et de la cage thoracique
La mobilisation des réservoirs veineux par stimulation des nerfs
sympathiques.
Le facteur le plus important est le volume de sang circulant, qui doit être
suffisant. S’il baisse de façon importante (par exemple en cas
d’hémorragie), le retour veineux diminuera également et le cœur parviendra
plus difficilement à maintenir ou à augmenter le débit cardiaque.
Troubles
Malgré la complexité globale de la circulation sanguine et de ses systèmes
hypoxie d’origine de régulation, deux éléments sont vitaux pour assurer son fonctionnement :
circulatoire : Réduction de Un volume de sang circulant suffisant
l’apport d’oxygène aux
tissus due à une diminution Une « pompe » efficace pour générer le flux sanguin.
du débit sanguin
Sans l’un ou l’autre de ces éléments, le sang stagne dans les vaisseaux
(diminution de la perfusion
tissulaire). et le transport de l’oxygène se fait moins bien. C’est ce qu’on appelle
l’hypoxie d’origine circulatoire.
36
SANG, OXYGÈNE ET CIRCULATION SANGUINE
0RESSION PARTIELLE DANS LAIR
MM(G K0A
/
"OUCHE
#/
(/
.
0RESSION PARTIELLE DANS LES ALV£OLES
MM(G K0A
/
#/
(/
.
DE SATURATION
SATURATION
Figure 2.11 : Le relargage de
l’oxygène
P/ MM(G
37
SECTION 2
Dissociation de l’oxygène
Comme l’oxygène est continuellement utilisé dans les cellules, sa pression
partielle dans les tissus est considérablement plus faible que dans le
sang artériel qui pénètre dans les capillaires. L’oxygène diffuse donc le
long de son gradient de pression des capillaires vers les tissus, ce qui
entraîne une baisse de sa pression partielle dans le plasma des capillaires.
On peut voir d’après la courbe de dissociation de l’oxygène qu’une baisse
de la pression partielle de l’oxygène dans le plasma réduit la saturation
de l’hémoglobine. Par conséquent, l’oxygène stocké par l’hémoglobine
est libéré dans le plasma des capillaires, d’où il peut diffuser vers les
tissus.
Troubles
La position de la courbe de dissociation de l’oxygène, et par conséquent
l’affinité de l’hémoglobine pour l’oxygène, est affectée par les pathologies
qui modifient les caractéristiques suivantes du sang :
Température
pH
Dioxyde de carbone
2,3-DPG.
Par exemple, dans l’anémie et dans diverses maladies qui entraînent une
hypoxie chronique, le taux de 2,3-DPG s’élève, ce qui facilite le relargage
de l’oxygène dans les tissus. Inversement, dans le sang conservé dans
une banque de sang, le taux de 2,3-DPG tombe, ce qui réduit l’aptitude
de l’hémoglobine à libérer son oxygène.
38
SANG, OXYGÈNE ET CIRCULATION SANGUINE
Saturation en O2 (%)
60 m pH
50
i CO2
40
i Température
30
20 i 2,3 DPG
10
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110
pO2 (mmHg)
La petite fraction de l’oxygène transportée par le plasma a été omise. La valeur 1,36
représente la quantité d’oxygène qu’un gramme d’hémoglobine peut transporter.
39
SECTION 2
ACTIVITÉ 5
Quels autres membres du personnel médical et infirmier de votre hôpital
auraient besoin de connaître les questions de physiologie exposées dans
cette section ? Testez leurs connaissances, vérifiez qu’ils savent pourquoi
ces connaissances sont importantes et identifiez leurs éventuelles lacunes.
Organisez un cours à l’intention de tous les membres du personnel qui, à
votre avis, n’ont pas une connaissance suffisante du rôle du sang dans le
maintien d’un apport constant d’oxygène aux tissus et organes.
40
SANG, OXYGÈNE ET CIRCULATION SANGUINE
Apport d’oxygène
123456
123456
123456
123456
123456
123456
123456
123456
Apport d’oxygène
12345
12345
12345
12345
12345
Apport d’oxygène
12345
12345
12345
12345
12345
12345
12345
12345
41
3
Anémie
Points clés
1 La prévention, le diagnostic précoce et le traitement de l’anémie et de
ses causes sont l’un des moyens importants de réduire les besoins
transfusionnels.
2 L’anémie se développe sous l’effet d’un ou plusieurs des facteurs
suivants :
Augmentation de la perte de globules rouges
Diminution de la production de globules rouges normaux
Augmentation de la destruction des globules rouges
Besoins accrus en globules rouges.
3 L’anémie devient cliniquement importante lorsqu’elle diminue
l’oxygénation des tissus au point que celle-ci ne suffise plus aux besoins
du patient.
4 Les principes du traitement de l’anémie sont les suivants :
Traiter la cause de l’anémie
Optimiser tous les éléments du système de transport de l’oxygène
de façon à améliorer l’oxygénation des tissus.
5 La transfusion ne doit être envisagée que lorsque l’anémie est susceptible
de provoquer, ou a déjà provoqué, une réduction de l’oxygénation des
tissus au point que celle-ci ne suffise plus aux besoins du patient.
42
ANÉMIE
Introduction
Lorsqu’une personne devient anémique, il se produit diverses modifications
physiologiques, dont la principale est la mise en place de mécanismes
compensateurs en réponse à l’anémie et qui, dans certaines limites,
aideront l’organisme à préserver l’oxygénation des tissus.
Cette section a pour principal objectif d’explorer ces mécanismes
compensateurs qui, lorsqu’ils sont renforcés par un traitement approprié
de l’anémie, peuvent suffire à éviter le recours à la transfusion.
Objectifs pédagogiques
43
SECTION 3
3.1 Définitions
Anémie
Au niveau individuel, l’anémie se définit par un taux d’hémoglobine (Hb) dans
le sang inférieur à la valeur attendue lorsque l’âge, le sexe, la grossesse et
certains facteurs environnementaux tels que l’altitude ont été pris en compte.
Cette définition exige donc une comparaison entre le taux d’hémoglobine
du sujet et la valeur attendue. Pour déterminer la valeur attendue chez un
patient, il est nécessaire de se rapporter à l’un ou l’autre des intervalles
suivants :
L’intervalle des valeurs normales du taux d’hémoglobine
Un intervalle de référence.
44
ANÉMIE
Valeurs et intervalles
Les taux d’hémoglobine, comme les autres variables biologiques telles
que les taux plasmatiques de sodium ou d’albumine, sont naturellement
variables même parmi les sujets en bonne santé. C’est pourquoi les
valeurs normales et les valeurs de référence sont exprimées sous forme
d’intervalles, par exemple 9,5 – 13,5 g/dl. Par convention, cet intervalle
comprend 95 % de l’ensemble des sujets testés, comme le montre la
figure 3.3.
Taux d’hémoglobine
Même si un patient présente des signes cliniques d’anémie, ceux-ci ne
reflètent souvent pas avec une grande fiabilité la gravité de l’affection.
45
SECTION 3
Hémoglobinomètres
à lecture directe
46
ANÉMIE
Hématocrite
Une autre méthode pour estimer la teneur du sang en globules rouges
hématocrite : Valeur
consiste à mesurer l’hématocrite (Ht).
dérivée des indices
globulaires par analyse L’hématocrite s’obtient à partir des indices globulaires par analyse
automatisée. On centrifuge automatisée. Sinon, on centrifuge un petit volume de sang dans un tube
un petit volume de sang capillaire avec anticoagulant et on mesure le volume du culot globulaire
dans un tube capillaire
en pourcentage du volume total.
avec anticoagulant et on
mesure le volume du culot La relation entre l’hématocrite et le taux d’hémoglobine dans un échantillon
globulaire en pourcentage est influencée par la taille des globules rouges et leur teneur en
du volume total. hémoglobine. Pour simplifier, on peut considérer que l’hématocrite (en %)
est égal à environ trois fois le taux d’hémoglobine. Les valeurs de
l’hématocrite sont données à la figure 3.1.
47
SECTION 3
hémodilution : Baisse de Une variation de l’un ou l’autre de ces facteurs influera sur le taux
l’hématocrite. Hémodilution d’hémoglobine. Pendant la grossesse, par exemple, il peut y avoir une
aiguë provoquée par la anémie apparente du simple fait de l’augmentation du volume plasmatique,
perte de globules rouges et sans réduction de la quantité totale d’hémoglobine présente dans la
leur compensation par une circulation sanguine. Ce phénomène est appelé hémodilution. Comme la
perfusion de cristalloïdes ou capacité globale de transport de l’oxygène par le sang est inchangée, il
de colloïdes. ne s’agit pas nécessairement d’un état pathologique.
hémoconcentration : Inversement, lorsqu’il y a réduction du volume plasmatique sans
Augmentation de changement de la quantité totale d’hémoglobine présente dans la
l’hématocrite due à une
circulation sanguine, on peut observer un taux d’hémoglobine supérieur
réduction du volume de
plasma. aux valeurs attendues. On parle alors d’hémoconcentration, comme cela
se produit, par exemple, en cas de déshydratation sévère.
48
ANÉMIE
ACTIVITÉ 6
Quelle méthode le laboratoire de votre hôpital utilise-t-il pour mesurer le
taux d’hémoglobine ou évaluer d’une quelconque autre manière la teneur
en hémoglobine du sang ?
Demandez au personnel du laboratoire si les résultats sont exacts et
reproductibles et si des contrôles de la qualité sont réalisés. Si oui, quels
sont les contrôles réalisés et selon quelle périodicité ?
Si vous pensez qu’une méthode plus exacte et plus fiable pourrait être
utilisée ou que les procédures de contrôle de la qualité pourraient être
renforcées, parlez au responsable technique du laboratoire des améliorations
qui pourraient être nécessaires.
49
SECTION 3
ACTIVITÉ 7
Existe-t-il un intervalle des valeurs de référence pour le taux d’hémoglobine
dans votre pays ou votre région ? Si oui, comparez-le avec l’intervalle des
valeurs normales.
Dans votre localité, quels sont les troubles les plus fréquents, parmi ceux
qui affectent les taux d’hémoglobine, qui pourraient expliquer les différences
éventuelles entre les deux intervalles ?
50
ANÉMIE
Métabolisme du fer
Le fer est un élément nutritif essentiel, indispensable à toutes les cellules
du corps humain. La majeure partie du fer présent dans l’organisme se
trouve dans l’hémoglobine. Le fer est absorbé par l’intestin, transporté
dans le sang par une protéine porteuse, la transferrine, et stocké sous
forme de ferritine. Dans l’espèce humaine, il n’existe pas de mécanisme
efficace d’excrétion du fer si l’on excepte les pertes de sang et la perte
de petites quantités avec les cellules de la peau et les cellules intestinales.
L’ajustement physiologique du bilan martial au niveau individuel repose
sur de petites modifications de l’absorption intestinale et sur un apport
alimentaire suffisant (voir figure 3.8).
ACTIVITÉ 8
Tenez un registre simple des 25 prochains patients que vous verrez. Combien
sont anémiques ? Quelle est la cause de l’anémie pour chaque patient ?
51
SECTION 3
Renseignez-vous auprès de vos collègues pour savoir si ces cas sont typiques
du tableau de l’anémie dans la population générale.
Certains groupes sont-ils plus exposés au risque d’anémie que le reste de
la population ? Existe-t-il un programme efficace de prévention ?
52
ANÉMIE
53
SECTION 3
Compensation circulatoire
Stimulation de la ventilation
Modification de la courbe de dissociation de l’oxygène
Modifications hormonales
Synthèse de protéines plasmatiques
Compensation circulatoire
Pendant une hémorragie aiguë, les nerfs sympathiques agissent également
sur les vaisseaux qui irriguent les tissus et les organes. Ils provoquent une
vasoconstriction des artérioles, en particulier dans les tissus et organes
non immédiatement indispensables à la survie comme la peau, l’intestin
et les muscles, ce qui réduit le flux sanguin à leur niveau, avec pour effets :
La préservation du flux sanguin pour les organes vitaux : cerveau,
reins et cœur
La restauration de la pression artérielle.
En outre, les nerfs sympathiques provoquent une constriction des veines
(veinoconstriction), ce qui fait passer le sang veineux dans la circulation
générale. Comme la veinoconstriction augmente le retour veineux vers le
cœur, il s’agit aussi d’un mécanisme important de restauration du débit
cardiaque pendant une hémorragie.
Stimulation de la ventilation
La baisse du flux sanguin et la privation d’oxygène conduisent de nombreux
tissus et organes à passer à un métabolisme anaérobie, avec production
de grandes quantités d’acide lactique. L’acidose métabolique qui s’ensuit,
associée à la diminution de la pression partielle de l’oxygène dans le
sang, est détectée par des chimiorécepteurs dans l’aorte et la carotide.
Ces chimiorécepteurs stimulent le centre respiratoire situé dans le cerveau,
avec comme effet une augmentation de la fréquence et de la profondeur
de la ventilation pour restaurer la pression partielle de l’oxygène dans le
sang.
54
ANÉMIE
Réponses hormonales
La sécrétion de plusieurs hormones augmente en réponse à une hémorragie
mais, contrairement aux autres mécanismes compensateurs, les effets
n’en sont en général apparents qu’au bout de plusieurs heures à plusieurs
jours.
1 La vasopressine (hormone antidiurétique ou ADH) est produite
par l’hypophyse en réponse à une baisse du volume sanguin.
Elle a pour principal effet de réduire la quantité d’eau excrétée
par le rein : l’urine est plus concentrée et l’eau reste dans
l’organisme. La vasopressine provoque également une
vasoconstriction qui peut aider à augmenter la pression artérielle.
2 La production d’aldostérone par la surrénale augmente également
pendant une hémorragie et est déclenchée par le système rénine-
angiotensine. L’aldostérone agit sur le rein et provoque une
rétention du sodium dans l’organisme. Avec la rétention d’eau
favorisée par la vasopressine, ce mécanisme aide à restaurer
le volume de liquide extracellulaire et en particulier à augmenter
le volume de sang circulant.
3 La production d’érythropoïétine par le rein augmente en réponse
à l’hypoxie provoquée par l’hémorragie. Cette hormone stimule
la production de globules rouges dans la moelle osseuse. Cette
réponse n’est pas immédiate mais peut conduire en quelques
jours au remplacement des globules rouges perdus.
4 D’autres hormones sont également libérées pendant une
hémorragie grave :
Corticostéroïdes
Catécholamines, par exemple adrénaline, noradrénaline.
Toutes ces hormones jouent un rôle important en permettant à l’organisme
de faire face à une situation de risque vital.
55
SECTION 3
La capacité des patients à compenser une perte de sang donnée est variable,
et le tableau clinique peut donc aussi varier d’un sujet à l’autre.
56
ANÉMIE
Compensation cardio-vasculaire
A mesure que la capacité de transport de l’oxygène du sang diminue, la
quantité d’oxygène disponible pour les tissus diminue également. Les
tissus réagissent par une vasodilatation de leurs vaisseaux pour augmenter
le flux sanguin et maintenir un apport d’oxygène suffisant. L’augmentation
du flux sanguin dans les tissus augmente à son tour le retour veineux,
lequel augmente le débit cardiaque selon la loi de Starling (voir figure 2.10).
Les pertes de sang chroniques, et les anémies chroniques en général,
sont donc largement compensées par l’augmentation du débit cardiaque.
Cependant, dans les anémies chroniques sévères, le cœur peut être
incapable de soutenir le débit nécessaire et une insuffisance cardiaque
peut s’installer.
Réponses hormonales
La plupart des réponses hormonales à une perte de sang aiguë s’observent
également dans les pertes de sang chroniques, même si le degré de
57
SECTION 3
58
ANÉMIE
59
SECTION 3
L’un des moyens les plus importants pour parvenir à l’utilisation clinique
appropriée du sang et des produits sanguins consiste à mettre en œuvre des
programmes efficaces de santé publique pour la prévention des affections
susceptibles de nécessiter une transfusion.
60
ANÉMIE
ACTIVITÉ 9
Quelles sont les mesures prises dans votre pays au niveau national et local
pour identifier, prévenir et traiter l’anémie dans des groupes sensibles au
sein de la population ?
Les trouvez-vous efficaces ? Pouvez-vous suggérer des moyens d’améliorer
leur efficacité ?
61
4
Solutions de remplissage
vasculaire
Points clés
1 Les solutions de remplissage vasculaire sont utilisées pour compenser
les pertes anormales de sang, de plasma ou d’autres liquides
extracellulaires, essentiellement pour :
Le traitement des patients en hypovolémie déclarée, par exemple
en cas de choc hémorragique
Le maintien de la normovolémie chez les patients perdant du sang,
par exemple pendant une intervention chirurgicale.
2 Les solutions de remplissage vasculaire sont le traitement de première
intention en présence d’une hypovolémie. Un traitement initial par ces
solutions peut sauver la vie du patient et laisse le temps de juguler
l’hémorragie et de se procurer du sang pour une transfusion si celle-
ci s’avère nécessaire.
3 Les solutions d’entretien à base de cristalloïdes, qui contiennent du
dextrose, ne conviennent pas comme solutions de remplissage
vasculaire. Seules les solutions de cristalloïdes dont la concentration
de sodium est similaire à celle du plasma (sérum physiologique ou
solutions salines équilibrées) sont des solutions de remplissage
vasculaire efficaces. Elles doivent être disponibles dans tous les hôpitaux
où des solutions de remplissage vasculaire sont utilisées.
4 Les solutions de cristalloïdes doivent être perfusées à raison d’au
moins trois fois le volume perdu pour corriger l’hypovolémie.
5 Toutes les solutions de colloïdes (albumine, dextrans, gélatines et
hydroxyéthylamidons) peuvent être utilisées comme solutions de
remplissage vasculaire. Il n’est toutefois pas démontré qu’elles soient
supérieures aux solutions de cristalloïdes pour la réanimation.
6 Les solutions de colloïdes doivent être perfusées en volume égal au
volume perdu.
7 Le plasma ne doit jamais être utilisé pour le remplissage vasculaire.
8 L’eau pure ne doit jamais être perfusée par voie intraveineuse. Elle
provoquerait une hémolyse avec des conséquences probablement mortelles.
9 Outre la voie intraveineuse, on peut utiliser les voies intra-osseuse,
orale, rectale ou sous-cutanée pour administrer des liquides.
62
SOLUTIONS DE REMPLISSAGE VASCULAIRE
Introduction
Les solutions de perfusion ont des utilisations diverses. Elles servent en
particulier :
A répondre aux besoins normaux en liquides d’entretien lorsque
la voie orale ne peut pas être utilisée
A assurer la compensation de pertes anormales de liquides du
fait d’une intervention chirurgicale, de blessures ou de toute
autre pathologie
A corriger les troubles hydro-électrolytiques ou l’hypoglycémie
Comme véhicule pour l’administration de certains médicaments.
Cette section traite essentiellement des solutions de remplissage
vasculaire. Elle décrit les deux types de solutions, cristalloïdes et colloïdes,
avec leurs propriétés, leurs indications, leurs avantages et leurs
inconvénients.
Objectifs pédagogiques
Après avoir terminé cette section, vous devrez être capable :
1 D’expliquer la différence entre une solution d’entretien et une
solution de remplissage vasculaire et de connaître les
caractéristiques des solutions de cristalloïdes et de colloïdes
d’usage courant.
2 De prescrire les solutions de remplissage vasculaire les plus
appropriées dont vous disposez pour les patients
hypovolémiques.
3 De contribuer à établir une politique visant à assurer que votre
hôpital dispose des solutions de remplissage indispensables.
63
SECTION 4
4.1 Définitions
Solutions d’entretien
Les solutions d’entretien sont utilisées pour remplacer les pertes
solutions d’entretien :
Solutions de cristalloïdes physiologiques normales qui se produisent chez un patient par la peau,
utilisées pour compenser les poumons, les selles et l’urine. Comme ces pertes sont en grande
les pertes physiologiques partie constituées d’eau, les solutions d’entretien sont principalement
normales par la peau, les constituées d’eau sous forme de solution de dextrose. Elles peuvent
poumons, les selles et également contenir des électrolytes.
l’urine.
Toutes les solutions d’entretien sont des solutions de cristalloïdes. Par
exemple, les solutions suivantes peuvent convenir comme solutions
d’entretien :
Dextrose à 5 %
Dextrose à 4 % dans une solution de chlorure de sodium à
0,18 %.
Le volume de solution d’entretien nécessaire pour un patient donné est
variable, notamment en cas de fièvre ou si la température ou l’humidité
ambiante sont élevées, tous facteurs qui augmentent les pertes de liquides.
La figure 4.1 indique les besoins en liquides et en électrolytes chez
l’adulte et l’enfant dans des circonstances normales.
Enfant
1ère tranche de 10 kg 100 (4*) 3 2
2e tranche de 10 kg 50 (2*) 1,5 1
kg suivants 20 (1*) 0,75 0,5
Adulte
Tous poids (kg) 35 (1,5*) 1 0,75
* Les chiffres entre parenthèses représentent les besoins en liquides en
ml/kg par heure
ACTIVITÉ 10
Calculez les besoins normaux en liquides d’entretien chez un enfant de 16
kg pour une période de 24 heures. Quels sont les besoins en sodium et en
potassium de ce même enfant pour une période de 24 heures ?
64
SOLUTIONS DE REMPLISSAGE VASCULAIRE
65
SECTION 4
D’entretien
De remplissage vasculaire
66
SOLUTIONS DE REMPLISSAGE VASCULAIRE
pression oncotique : Les solutions dont la pression oncotique est supérieure à celle du plasma
Pression osmotique exercée ont la capacité de faire passer l’eau du compartiment interstitiel vers le
par les solutions de sang. L’augmentation du volume sanguin peut donc être supérieure au
colloïdes. volume perfusé (voir figure 4.3).
67
SECTION 4
Les colloïdes nécessitent un plus faible volume de perfusion que les cristalloïdes.
Le volume à perfuser est en général égal au volume sanguin perdu.
Danger : Ne jamais perfuser d’eau pure par voie intraveineuse. Elle provoquerait
une hémolyse.
La controverse cristalloïdes/colloïdes
Il a beaucoup été dit sur la controverse au sujet de l’utilisation des cristalloïdes
ou des colloïdes, mais on peut résumer la situation comme suit. La plupart
des cliniciens admettent que, chez un patient en hypovolémie, il est indis-
pensable de restaurer le volume sanguin avec des solutions de remplissage
vasculaire, mais ils ne sont pas d’accord sur le type de solution à utiliser.
Les cristalloïdes et les colloïdes ont tous deux des avantages et des
inconvénients, comme le montre la figure 4.4. Cependant, le plus important
68
SOLUTIONS DE REMPLISSAGE VASCULAIRE
Avantages Inconvénients
Figure 4.4 : Avantages et Cristalloïdes Peu d’effets secondaires Courte durée d’action
inconvénients des cristalloïdes
Faible coût Peuvent provoquer un œdème
et des colloïdes
Largement disponibles Poids et volume importants
Sécurité
Avant de commencer une perfusion :
1 Vérifier que la capsule de garantie du flacon ou de la poche de
perfusion est intacte.
2 Véri fier que la solution est limpide et ne contient pas de particules
visibles.
3 Vérifier que la solution est limpide et ne contient pas de particules
visibles.
69
SECTION 4
Voie intra-osseuse
La voie intra-osseuse peut constituer l’accès le plus rapide à la circulation
sanguine chez un enfant en état de choc lorsque la pose d’une voie veineuse
est impossible. Les liquides, le sang et certains médicaments peuvent être
administrés par cette voie (voir section 13.6 : Prise en charge chez l’enfant).
Concentrations obtenues :
Na+ 90 mmol/l Cl– 80 mmol/l K+ 20 mmol/l Glucose 110 mmol/l
Voie rectale
Le rectum peut être utilisé pour l’administration de liquides. Il absorbe
facilement les liquides, et l’absorption s’arrête et le liquide excédentaire
est expulsé lorsque la réhydratation est complète. Les solutions pour la
voie rectale sont administrées par une canule rectale en plastique ou en
caoutchouc reliée à un flacon ou une poche de solution. Le débit peut être
réglé si nécessaire au moyen d’un dispositif goutte-à-goutte.
Les liquides utilisés ne doivent pas nécessairement être stériles. On obtient
une solution efficace et sans danger pour la réhydratation par voie rectale en
dissolvant une cuillerée à café de sel de table dans un litre d’eau potable.
Voie sous-cutanée
Les liquides peuvent parfois être perfusés par voie sous-cutanée lorsque
les autres voies d’administration de liquides ne sont pas accessibles.
Après insertion d’un cathéter ou d’une aiguille dans le tissu sous-cutané
(de préférence au niveau de la paroi abdominale), les solutions stériles
sont administrées de façon classique.
70
SOLUTIONS DE REMPLISSAGE VASCULAIRE
ACTIVITÉ 11
Vérifiez que vos connaissances sur les cristalloïdes et les colloïdes sont
complètes et que vous possédez bien leurs caractéristiques et leurs utilisations.
Organisez une séance de cours à l’intention des personnels concernés pour
mettre à jour leurs connaissances sur l’utilisation et les effets des solutions
de remplissage vasculaire.
ACTIVITÉ 12
Etablissez une liste des solutions de remplissage vasculaire disponibles
dans votre hôpital. Pensez-vous que d’autres solutions devraient être
disponibles en complément ou en remplacement de celles déjà utilisées ?
L’approvisionnement en solutions de remplissage est-il inapproprié, insuffisant
ou irrégulier ? Si oui, pour quelles raisons ?
Politique nationale ou locale
Coût
Problèmes de transport.
Demandez-vous comment vous pourriez influencer la politique de votre hôpital
en matière de solutions de remplissage vasculaire. Parlez-en à vos collègues
et élaborez un plan pour assurer un meilleur approvisionnement et une
utilisation efficace des solutions de remplissage que vous jugez indispensables.
ACTIVITÉ 13
Existe-t-il dans votre hôpital des directives écrites sur l’utilisation des solutions
de remplissage vasculaire ? Si oui, sont-elles régulièrement et correctement
appliquées ?
S’il n’existe pas encore de directives, élaborez-en avec vos collègues.
Organisez une séance de cours à l’intention des personnels concernés et
suivez la mise en œuvre des directives.
71
SECTION 4
Cristalloïdes
Sérum physiologique 154 0 0 154 0 0
(solution de chlorure de
sodium à 0,9 %)
Solutions salines 130 — 140 4—5 2—3 109 — 110 28 — 30 0
équilibrées (Ringer-lactate
ou solution de Hartmann)
Colloïdes
Gélatine à pont d’urée 145 5,1 6,25 145 Traces 27
p. ex. Haemaccel
Gélatine succinylée 154 <0,4 <0,4 125 Traces 34
p. ex. Gélofusine
Dextran 70 (6 %) 154 0 0 154 0 58
Dextran 60 (3 %) 130 4 2 110 30 22
Hydroxyéthylamidon 154 0 0 154 0 28
450/0,7 (6 %)
Albumine à 5 % 130 — 160 <1 V V V 27
Composition ionique 135 — 145 3,5 — 5,5 2,2 — 2,6 97 — 110 38 — 44 27
du plasma normal
72
SOLUTIONS DE REMPLISSAGE VASCULAIRE
Solutions de cristalloïdes
Description Ces solutions ont une composition plus proche de celle du liquide
extracellulaire (voir figure 4.6) et peuvent par conséquent être
perfusées en grands volumes sans perturber l’équilibre électrolytique
Exemples Ringer-lactate
Solution de Hartmann
Présentation Poches de 500 ml ou 1000 ml
Risque infectieux Nul
Conservation Dans un endroit frais
Posologie Au moins 3 fois le volume de sang perdu
Demi-vie plasmatique Courte, d’environ 45 minutes : rapidement distribuées dans la totalité
ducompartiment extracellulaire
Indications Remplacement des pertes de sang et d’autres liquides extracellulaires
Précautions d’emploi Utiliser avec prudence dans les cas où un œdème local peut
aggraver la pathologie, p. ex. traumatisme crânien
Peuvent précipiter une surcharge volémique et une insuffisance
cardiaque
Contre-indications Ne pas utiliser chez l’insuffisant rénal
73
SECTION 4
Note
Le dextrose à 2,5 % dans une solution de Darrow diluée à 1:2 est couramment utilisé pour
corriger la déshydratation et les troubles hydro-électrolytiques chez l’enfant atteint de gastro-
entérite.
Plusieurs produits sont commercialisés pour cet usage, mais tous ne conviennent pas. Vérifiez
que la préparation que vous utilisez contient :
Dextrose 2,5 %
Sodium 60 mmol/l
Potassium 17 mmol/l
Chlorure 52 mmol/l
Lactate 25 mmol/l
Les colloïdes dérivés du plasma sont tous préparés à partir de dons de sang ou de plasma. Ils
comprennent :
Plasma
Plasma frais congelé
Plasma liquide
Plasma lyophilisé
Albumine
Ces produits ne doivent pas être utilisés comme de simples solutions de remplissage
vasculaire. Ils comportent le même risque infectieux, notamment en ce qui concerne la
transmission du VIH et de l’hépatite, que le sang total. Ils sont en outre généralement plus
coûteux que les solutions de cristalloïdes ou les solutions de colloïdes de synthèse.
On trouvera une description de ces produits dans la section 5 : Produits sanguins.
74
SOLUTIONS DE REMPLISSAGE VASCULAIRE
Colloïdes de synthèse
75
SECTION 4
DEXTRAN 60 ET DEXTRAN 70
Description Consistent en chaînes macromoléculaires de glucose, avec un poids
moléculaire moyen de 70 000
Composition Dextran 60 à 3 % dans une solution de chlorure de sodium à 0,9 %
Dextran 70 à 6 % dans une solution de chlorure de sodium à 0,9 %
Dextran 70 à 6 % dans une solution de dextrose à 5 %
Présentation Flacons ou poches de 500 ml
Risque infectieux Nul
Conservation A température ambiante ne dépassant pas 25°C
Posologie Dextran 60 : ne pas dépasser 50 ml/kg par 24 heuresDextran 70 : ne
pas dépasser 25 ml/kg par 24 heures
Pression oncotique Environ 58 mmHg. L’expansion volémique est supérieure au volume
perfusé
Demi-vie plasmatique Environ 12 heures
Elimination Principalement par excrétion rénale
Indications Restauration de la volémie
Prévention de la thrombose veineuse post-opératoire
Précautions d’emploi Des troubles de la coagulation peuvent survenir
Inhibition de l’agrégation plaquettaire
Certaines préparations peuvent interférer avec les tests de
compatibilité pratiqués sur le sang
Contre-indications Ne pas utiliser en cas de troubles préexistants de l’hémostase et de la
coagulation
Effets secondaires Réactions allergiques mineures
Une augmentation passagère du temps de saignement peut survenir
Des réactions d’hypersensibilité peuvent survenir y compris, dans de
rares cas, des réactions anaphylactiques graves. Il est possible de
les prévenir en injectant 20 ml de Dextran 1 immédiatement avant
la perfusion, lorsqu’on en dispose
76
SOLUTIONS DE REMPLISSAGE VASCULAIRE
PENTASTARCH
Similaire à l’Hetastarch, mais se compose d’une solution à 10 % avec un poids moléculaire
moyen de 280 000
Demi-vie plus courte, de 10 heures
La pression oncotique est d’environ 40 mmHg ; l’expansion volémique est donc supérieure
au volume perfusé
77
5
Produits sanguins
Points clés
1 Des produits sanguins sûrs, utilisés correctement, peuvent sauver la
vie. Cependant, même lorsque les normes de qualité sont très élevées,
la transfusion comporte certains risques. Si la qualité est médiocre ou
irrégulière, la transfusion peut être extrêmement dangereuse.
2 Seuls du sang et des produits sanguins ayant donné des résultats négatifs
dans tous les tests exigés au niveau national peuvent être administrés.
3 Chaque unité de sang devra être testée et étiquetée avec son groupe
ABO et Rh D.
4 Du sang total peut être transfusé pour remplacer les globules rouges
en cas d’hémorragie aiguë lorsqu’il est également nécessaire de corriger
l’hypovolémie.
5 La préparation des composants sanguins permet de traiter deux ou
trois patients à partir d’un seul don de sang et évite de transfuser des
éléments du sang total dont le patient n’a pas nécessairement besoin.
Les composants peuvent également être recueillis par aphérèse.
6 Le plasma peut transmettre la plupart des infections présentes dans le
sang total et sa transfusion n’est indiquée que dans de très rares cas.
7 Les dérivés du plasma sont préparés dans l’industrie pharmaceutique
à partir de grands volumes de plasma provenant de nombreux dons
individuels. Ils doivent être testés afin de réduire le risque de transmission
d’infections.
8 Les facteurs VIII et IX et les immunoglobulines sont également obtenus
par recombinaison génétique et sont alors souvent préférables car ils
ne comportent aucun risque de transmission d’infections au receveur.
Leur coût est cependant élevé et quelques cas de complications ont
été rapportés.
78
PRODUITS SANGUINS
Introduction
Le terme « produit sanguin » désigne toute substance à usage thérapeutique
préparée à partir de sang humain.
Le sang peut être séparé en divers composants correspondant à différentes
indications cliniques. Toutefois, de nombreux pays ne disposent pas des
installations de fractionnement nécessaires et, dans la plupart des pays
en développement, le sang total reste le produit le plus largement utilisé.
Le sang total peut représenter le moyen le plus sûr et dont
l’approvisionnement est le plus assuré à long terme pour répondre à la
plupart des besoins transfusionnels urgents mais, lorsqu’on dispose de
ressources suffisantes, l’utilisation de composants du sang présente
certains avantages.
Cette section décrit les méthodes d’obtention de divers produits sanguins
et résume leurs caractéristiques et leurs indications. Vous devez bien
connaître chacun des produits sanguins utilisés dans votre hôpital, qu’il
s’agisse de sang total, de composants du sang ou de dérivés du plasma.
Comme la transfusion sanguine implique une transplantation de tissu
entre le donneur et le receveur, il existe chez ce dernier un risque d’infection
post-transfusionnelle et de réaction immunitaire aux cellules ou protéines
plasmatiques étrangères (voir section 7 : Effets indésirables de la
transfusion).
Vous ne devrez prescrire de produits sanguins que s’ils répondent à une
indication formelle. Utilisés correctement, ils peuvent sauver la vie. Utilisés
de façon incorrecte, ils peuvent la mettre en danger.
Objectifs pédagogiques
Après avoir terminé cette section, vous devrez être capable :
1 De décrire les principales caractéristiques de chacun des produits
sanguins actuellement en usage dans votre hôpital.
2 De prescrire les produits sanguins les plus appropriés dont vous
disposez pour chaque patient nécessitant une transfusion.
3 D’expliquer les principaux facteurs susceptibles d’influencer la
disponibilité et l’utilisation des produits sanguins.
79
SECTION 5
5.1 Définitions
Lorsque le terme « sang » est utilisé dans le présent module, il désigne
tout composant sanguin dans lequel l’élément principal est constitué de
globules rouges (sang total, concentrés de globules rouges, suspension
de globules rouges), sauf mention contraire. La figure 5.1 définit les
principaux produits sanguins.
80
PRODUITS SANGUINS
Le sang total doit être recueilli, testé et traité selon des normes de
sécurité élevées, comme indiqué à la figure 5.4.
Avantages
Ne nécessite que des poches de prélèvement simples et peu
coûteuses
Aucun équipement spécial n’est nécessaire pour le traitement
des dons
Chez les patients victimes d’hémorragie, le sang total apporte
les globules rouges, les facteurs de coagulation stables et un
complément volumique.
Inconvénients
Chez les patients à risque de surcharge circulatoire, le sang
total apporte un volume plus grand que le concentré de globules
rouges.
81
SECTION 5
Test : marqueurs de
maladies infectieuses
Mise en quarantaine Négatif Positif
au réfrigérateur
Destruction de l’unité
Libération
Réfrigérateur de la
banque de sang
Test de compatibilité
Unité compatible
Patient
Un agent infectieux présent dans un seul don de sang peut être transmis à
tous les receveurs des composants préparés à partir de ce don.
Lorsque le plasma est éliminé du sang total, les globules rouges peuvent
être utilisés sous forme de concentré ou être remis en suspension dans
une solution additive.
82
PRODUITS SANGUINS
Ponction veineuse
Thrombaphérèse Plasmaphérèse
Sang total
Globules rouges
83
SECTION 5
Transfert
du plasma
Après centrifugation, le
plasma est enlevé Globules Plasma
rouges
Avantages
Simple et peu coûteux à préparer.
Inconvénients
Forte proportion de globules rouges par rapport au plasma
(hématocrite élevé), ce qui augmente la viscosité et allonge la
durée de la transfusion si on utilise une aiguille ou un cathéter
de petit diamètre.
Les globules blancs peuvent provoquer des réactions
transfusionnelles fébriles non hémolytiques chez certains
patients.
Avantages
Hématocrite plus faible, ce qui réduit la viscosité et facilite la
perfusion
84
PRODUITS SANGUINS
Inconvénients
Coût : un nécessaire de recueil spécial, à trois poches reliées
entre elles, est nécessaire
Un équipement coûteux (centrifugeuse réfrigérée) est nécessaire.
La figure 5.8 indique le volume de composants du sang (globules rouges)
qui peuvent être préparés à partir d’un don de 450 ml de sang total.
Figure 5.8 : Volume de
composants du sang (globules Composition Sang total Concentré de Suspension de
rouges) préparés à partir d’un globules rouges / globules
don de 450 ml
culot rouges en
érythrocytaire solution additive
ACD = acide-citrate-dextrose
CPD = citrate-phosphate-dextrose
CPDA = citrate-phosphate-dextrose-adénine
85
SECTION 5
Avantages
Les globules rouges sont conservés et ne contiennent plus
qu’environ 10 % des globules blancs présents dans le concentré
de globules rouges
Risque plus faible de réactions transfusionnelles dues aux
anticorps antileucocytaires et de transmission d’infections
intracellulaires lors de la transfusion de globules rouges
La couche leucocytaire peut être utilisée pour la préparation de
concentrés de plaquettes.
Inconvénients
Coût : des poches de sang et un équipement spéciaux sont
nécessaires
La technique nécessite davantage de compétences et une
formation plus poussée des opérateurs.
Avantages
Réduit le développement d’une immunité vis-à-vis des leucocytes
Réduit les réactions transfusionnelles aiguës, mais l’élimination
de la couche leucocytaire est beaucoup moins coûteuse et est
habituellement efficace
Le sang filtré contenant moins de 1 × 106 leucocytes par poche
ne transmet pas l’infection par le cytomégalovirus (CMV).
Inconvénients
Coût : des poches de sang et un équipement spéciaux sont
nécessaires
La technique nécessite davantage de compétences et une
formation plus poussée des opérateurs.
Plasma
Le plasma est séparé du sang total par centrifugation ou par gravité,
c’est-à-dire en laissant sédimenter le sang placé dans un réfrigérateur de
86
PRODUITS SANGUINS
la banque de sang. Il peut aussi être prélevé directement chez les donneurs
par plasmaphérèse (voir section 5.4 ci-dessous).
Le plasma est principalement indiqué pour le traitement des troubles de
la coagulation entraînant des saignements dus à des taux insuffisants de
plusieurs facteurs de coagulation. Dans ces cas, il faut utiliser du plasma
frais congelé. Le plasma est séparé du sang total et congelé à –25 °C ou
au-dessous dans les 6 – 8 heures suivant le don afin de conserver les
facteurs de coagulation labiles (facteur V et facteur VIII).
Le plasma frais congelé peut être conservé pendant une année au moins
s’il peut être maintenu à basse température. S’il est stocké à 2 – 6 °C,
l’activité coagulante du facteur V et du facteur VIII ne sera plus que de
10 – 20 % au bout de 48 heures.
Si on dispose de l’équipement nécessaire, on fractionnera le plasma issu
des dons de sang pour obtenir des dérivés du plasma viro-inactivés sûrs.
Concentrés de plaquettes
Les plaquettes séparées du plasma de 4 – 6 unités de sang total sont
souvent regroupées pour donner une dose thérapeutique de plaquettes
pour adulte. Les directives nationales exigent en général que la quantité de
plaquettes contenue dans une telle dose soit d’au moins 240 × 109/l.
Le regroupement à partir de plusieurs dons augmente le risque de
transmission d’infections. Une dose de plaquettes recueillie chez un seul
donneur par aphérèse (voir section 5.4) évite l’exposition à plusieurs
dons.
87
SECTION 5
88
PRODUITS SANGUINS
ACTIVITÉ 14
Vérifiez que vos connaissances sur les produits sanguins sont complètes et
que vous possédez bien leurs caractéristiques et leurs utilisations.
Organisez une séance de cours à l’intention des personnels concernés pour
mettre à jour leurs connaissances sur l’utilisation des produits sanguins.
ACTIVITÉ 15
Etablissez une liste des produits sanguins disponibles dans votre hôpital.
Existe-t-il des critères spécifiques pour la commande de certains composants
sanguins, comme les concentrés de plaquettes ou les globules rouges
déleucocytés ? Par exemple, la demande doit-elle émaner d’un spécialiste
ou est-il nécessaire de demander l’avis de la banque de sang ?
Figure 5.9 : Les dérivés du Donneur Donneur Donneur Donneur Donneur Donneur
plasma exposent de
nombreux receveurs au
plasma de nombreux
donneurs
89
SECTION 5
Sang total
Les données correspondent à un don de sang de 450 ml (10 %). Le sang total peut contenir une
autre solution anticoagulante/additive.
Description Volume total jusqu’à 510 ml (variable selon la politique locale en
matière de don de sang)
450 ml de sang de donneur
63 ml de solution anticoagulante
Hémoglobine : environ 12 g/dl
Hématocrite 35 — 45 %
Pas de plaquettes fonctionnelles
Pas de facteurs de coagulation labiles (V et VIII)
Présentation 1 poche (« unité » ou « don »)
Risque infectieux Non stérilisé, donc capable de transmettre tout agent infectieux présent
dans les éléments figurés ou dans le plasma et qui n’aurait pas été
détecté lors du dépistage de routine des infections transmissibles par
transfusion, comme
Infections à VIH-1 et VIH-2
Hépatites B et C
Autres hépatites virales
Syphilis
Paludisme
Maladie de Chagas
Conservation Entre +2°C et +6°C dans un réfrigérateur de la banque de sang
approuvé pour cet usage, muni d’un enregistreur de température et
d’une alarme
Stock age possible jusqu’à 35 jours si le sang est recueilli sur un
anticoagulant approprié tel que le citrate-phosphate-dextrose avec
adénine (CPDA-1) (voir figure 5.2)
Pendant le stockage entre +2°C et +6°C, la composition du sang se
modifie sous l’effet du métabolisme des globules rouges (voir figure
5.3)
La transfusion doit débuter dans les 30 minutes qui suivent la sortie
du réfrigérateur
Indications Remplacement des globules rouges en cas d’hémorragie aiguë avec
hypovolémie
Exsanguino-transfusion
Chez les patients ayant besoin d’une transfusion de globules rouges
lorsqu’on ne dispose pas de concentrés ou de suspensions de
globules rouges
Contre-indications Risque de surcharge volémique en cas de :
Anémie chronique
Insuffisance cardiaque débutante
Administration Le sang total doit être ABO et Rh D compatible avec le receveur
Réaliser la transfusion complète en 4 heures au maximum
Ne jamais ajouter de médicament dans une poche de sang
90
PRODUITS SANGUINS
Composants du sang
91
SECTION 5
92
PRODUITS SANGUINS
Description Une unité provenant d’un don unique doit contenir, dans 50 – 60 ml de
plasma :
Au moins 55 × 109 plaquettes
<1,2 × 109 globules rouges
<0,12 × 109 leucocytes
Présentation Il existe deux possibilités :
Don unique : plaquettes obtenues à partir d’un seul don
Unités regroupées : plaquettes obtenues à partir de 4 à 6 dons
uniques et regroupées dans une poche pour donner une dose pour
adulte contenant au moins 240 × 109 plaquettes
Risque infectieux Comme pour le sang total, mais une dose normale pour adulte
suppose l’exposition à 4 à 6 donneurs
Environ 1 % des unités regroupées subissent une contamination
bactérienne
Conservation Jusqu’à 5 jours entre 20°C et 24°C (sous agitation) dans des poches
spéciales pour plaquettes, mais certains centres de transfusion
utilisent des poches en plastique ordinaires qui limitent la durée de
conservation à 72 heures
Un stockage de plus longue durée augmente le risque de prolifération
bactérienne et de septicémie chez le receveur
Indications Traitement des saignements dus à :
— Une thrombopénie
— Un dysfonctionnement plaquettaire
Prévention des saignements dus à une thrombopénie, comme dans
l’insuffisance médullaire
Contre-indications Non indiqué de façon générale pour la prévention des saignements
chez les opérés sauf en cas de déficit plaquettaire pré-opératoire
connu
Déconseillé dans les cas de :
— Purpura thrombopénique auto-immun idiopathique
— Purpura thrombopénique thrombotique
— Coagulation intravasculaire disséminée non traitée
— Thrombopénie associée à une septicémie, tant que le traitement
n’a pas été mis en route ou en cas d’hypersplénisme
Posologie 1 unité de concentré de plaquettes/10 kg ; chez un adulte de
60 — 70 kg, 4 à 6 unités issues de dons uniques (contenant au moins
240 × 109 plaquettes) devraient augmenter le nombre de plaquettes de
20 — 40 × 109/litre
L’augmentation sera plus faible en cas de :
— Splénomégalie
— Coagulation intravasculaire disséminée
— Septicémie
Administration Après avoir été regroupés, les concentrés de plaquettes devront être
perfusés sans délai, en général dans les 4 heures, en raison du
risque de prolifération bactérienne
Ne pas réfrigérer avant la perfusion, car cela diminuerait la fonction
plaquettaire
93
SECTION 5
94
PRODUITS SANGUINS
Description Poche contenant le plasma séparé d’un don de sang total dans les 6
heures suivant le prélèvement et rapidement congelé à –25°C ou au-
dessous
Contient des taux plasmatiques normaux de facteurs de coagulation
stables, d’albumine et d’immunoglobulines
Taux de facteur VIII au moins égal à 70 % du taux normal dans le
plasma frais
Présentation Le volume habituel d’une poche est de 200 — 300 ml
Il existe des poches de plus petit volume pour l’usage pédiatrique
(unités enfant)
Risque infectieux Si le plasma n’est pas traité, comme pour le sang total
Risque très faible si le plasma est soumis à une inactivation par le
bleu de méthylène et la lumière ultraviolette (voir plasma viro-inactivé)
Conservation A –25°C ou au-dessous, jusqu’à un an
Indications Remplacement, dans des déficits multiples en facteurs de
coagulation, par exemple en cas de :
— Maladie hépatique
— Surdosage en antivitamines K (warfarine)
— Déficit en facteurs de coagulation chez les receveurs de
transfusions de grands volumes
Coagulation intravasculaire disséminée
Purpura thrombopénique thrombotique
Posologie Dose initiale de 15 ml/kg
Administration Doit normalement être ABO compatible pour éviter le risque
d’hémolyse chez le receveur
Tests de compatibilité non indispensable
Avant l’emploi, décongeler dans un bain-marie à 30 — 37°C. Une
température plus élevée détruirait les facteurs de coagulation et les
protéines
Après décongélation, conserver au réfrigérateur entre +2°C et +6°C
Perfuser au moyen d’un appareil à transfusion standard, aussitôt que
possible après la décongélation
Les facteurs de coagulation labiles se dégradent rapidement ; utiliser
dans les 6 heures qui suivent la décongélation
Précautions d’emploi Les réactions allergiques aiguës ne sont pas rares, surtout si la
perfusion est rapide
On observe parfois des réactions anaphylactiques graves, mettant en
danger la vie du patient
L’hypovolémie seule ne constitue pas une indication
PLASMA LIQUIDE
Plasma séparé d’une unité de sang total et conservé à +4°C. Ne contient pas de facteurs de
coagulation labiles (facteurs V et VIII)
95
SECTION 5
Plasma provenant de plusieurs donneurs et regroupé en mélange avant congélation. Pas d’étape
d’inactivation virale ; le risque de transmission d’infections est donc multiplié de nombreuses
fois. Il s’agit d’un produit dépassé qui ne doit plus être utilisé
Plasma dont la moitié environ du fibrinogène et du facteur VIII ont été extraits sous forme de
cryoprécipité, mais qui contient tous les autres constituants du plasma
PLASMA VIRO-INACTIVÉ
Plasma soumis à une inactivation par le bleu de méthylène et la lumière ultraviolette pour
réduire le risque de transmission du VIH et des virus des hépatites B et C. L’inactivation d’autres
virus, comme le virus de l’hépatite A et le parvovirus B19 humain, est moins efficace. Le coût de
ce produit est considérablement plus élevé que celui du plasma frais congelé classique.
CRYOPRÉCIPITÉ
96
PRODUITS SANGUINS
Dérivés du plasma
Les procédés de traitement par la chaleur ou de traitement chimique des dérivés du plasma pour
réduire le risque de transmission de virus sont actuellement très efficaces contre les virus
possédant une enveloppe lipidique tels que :
VIH-1 et VIH-2
Virus des hépatites B et C
HTLV-I et HTLV-II.
L’inactivation des virus ne possédant pas d’enveloppe lipidique, comme le virus de l’hépatite A et
le parvovirus B19 humain, est moins efficace.
97
SECTION 5
FACTEURS DE COAGULATION
98
PRODUITS SANGUINS
Du facteur IX recombinant, produit in vitro par génie génétique, sera bientôt disponible pour le
traitement de l’hémophilie B. Il présentera les mêmes avantages que le facteur VIII recombinant.
99
SECTION 5
IMMUNOGLOBULINES
La prévention des infections peut avoir des répercussions importantes sur la santé et même
réduire les besoins transfusionnels.
L’immunoglobuline humaine normale et les immunoglobulines dites spécifiques, qui contiennent
des taux plus élevés d’anticorps contre des agents pathogènes déterminés, sont utilisées
(immunisation passive), souvent en association avec des vaccins (immunisation active), pour
protéger contre les infections. De plus amples informations sur l’utilisation des vaccins et des
immunoglobulines devraient être disponibles auprès de votre Ministère de la santé.
Les préparations d’immunoglobulines sont obtenues par fractionnement par l’éthanol à froid à
partir de dons de plasma humain.
IMMUNOGLOBULINE ANTI-D
Description Préparée à partir de plasma contenant des taux élevés d’anticorps anti-
Rh D chez des personnes déjà immunisées
Indications Prévention de la maladie hémolytique du nouveau-né lorsque la mère
est Rh D négatif (voir section 10 : Obstétrique)
100
6
Procédures
transfusionnelles
Points clés
1 Tout hôpital doit disposer de procédures écrites pour chacune des
étapes du processus transfusionnel. Tous les membres du personnel
doivent apprendre à suivre ces procédures.
2 Une bonne communication et une bonne coopération entre le personnel
des services cliniques et des banques de sang sont indispensables
pour assurer la sécurité du sang délivré en vue de la transfusion.
3 La banque de sang ne délivrera du sang en vue de la transfusion que
si l’étiquette du tube échantillon et le formulaire de demande de sang
sont correctement remplis. Le formulaire de demande de sang doit
spécifier le motif de la transfusion de façon que le produit le plus
adapté puisse être choisi en vue des tests de compatibilité.
4 Les produits sanguins doivent être maintenus dans les conditions de
conservation correctes pendant leur transport et dans le service clinique
avant la transfusion, afin d’éviter toute perte fonctionnelle ou
contamination bactérienne.
5 La transfusion d’un composant sanguin incompatible est la cause la
plus fréquente de réactions transfusionnelles immédiates, qui peuvent
être mortelles. La sécurité de la transfusion repose sur les facteurs
suivants :
Identification exacte du patient
Etiquetage correct de l’échantillon de sang en vue des tests pré-
transfusionnels
Contrôle ultime de l’identité du patient et de l’unité de sang pour
assurer que le bon produit sanguin est administré au bon patient.
6 Pour toute unité de sang transfusée, le patient doit être surveillé par
un membre du personnel qualifié, avant, pendant et après la transfusion.
101
SECTION 6
Introduction
Cette section traite des aspects pratiques de la commande et de
l’administration des produits sanguins et souligne un certain nombre de
domaines dans lesquels les cliniciens et la banque de sang doivent
joindre efficacement leurs efforts pour répondre aux besoins du patient.
Elle souligne également l’importance de procédures systématiques pour
éviter la transfusion de sang incorrect, qui peut entraîner une réaction
transfusionnelle mettant en danger la vie du patient.
Objectifs pédagogiques
Après avoir terminé cette section, vous devrez être capable :
1 De comprendre les rôles et responsabilités respectifs du
personnel des services cliniques et du personnel de la banque
de sang dans l’assurance de la sécurité et de la disponibilité
des produits sanguins destinés à la transfusion
2 D’expliquer l’importance d’assurer que seuls des produits
sanguins compatibles sont transfusés.
3 D’identifier toutes les améliorations qui pourraient être apportées
aux procédures en usage dans votre hôpital pour la commande,
la collecte, le stockage, le transport et l’administration des
produits sanguins ainsi que pour la surveillance du patient
transfusé.
102
PROCÉDURES TRANSFUSIONNELLES
103
SECTION 6
104
PROCÉDURES TRANSFUSIONNELLES
Cliniciens
Tout le personnel clinique impliqué dans la prescription et l’administration
de sang doit connaître le fonctionnement de la banque de sang et suivre
les procédures agréées pour la commande, la collecte et l’administration
des produits sanguins. Le personnel doit être entraîné à suivre ces
procédures, et tous les éléments de base d’un système qualité doivent
être en place.
Les cliniciens doivent bien connaître les aspects suivants de la fourniture
de sang et de produits sanguins sûrs.
1 De quelle manière la banque de sang de l’hôpital se procure le
sang, avec les différents types de donneurs et les risques
potentiels de transmission d’agents infectieux présents dans le
sang destiné à la transfusion.
2 La responsabilité du clinicien, qui doit aider le personnel de la
banque de sang à assurer que le sang est délivré au bon
moment et au bon endroit, en :
Remplissant un formulaire de demande de sang pour chaque
patient ayant besoin d’une transfusion
Commandant le sang à l’avance, si possible
105
SECTION 6
106
PROCÉDURES TRANSFUSIONNELLES
ACTIVITÉ 16
Quelle est la procédure adoptée dans votre hôpital pour les demandes de
sang et de produits sanguins en urgence ?
Est-il déjà arrivé dans votre service clinique que du sang ou des produits
sanguins commandés à la banque de sang n’arrivent pas à l’heure ou au
lieu prévus ? Pour quelles raisons cela s’est-il produit ?
107
SECTION 6
Information du patient
Une fois que la décision concernant la nécessité de transfuser a été prise,
il est important de donner si possible au patient ou à sa famille des
explications sur la transfusion proposée. Notez dans le dossier du patient
que cette démarche a été effectuée.
Les patients ou leur famille peuvent être inquiets des risques de la
transfusion et souhaitent en savoir plus à ce sujet, ainsi que sur la
nécessité de la transfusion et sur les alternatives possibles, comme la
transfusion autologue ou le recours à des médicaments comme
l’érythropoïétine (qui stimule la production des globules rouges). Pour des
motifs religieux, les Témoins de Jéhovah ne sont pas autorisés à recevoir
des composants sanguins, mais ils peuvent envisager d’accepter des
fractions plasmatiques ou des traitements de remplacement. Dans certains
cas, des patients d’autres religions ou cultures peuvent avoir des objections
quant au don ou à l’administration de sang, et ces questions doivent être
abordées avec tact dans l’intérêt du patient.
Il est à noter que dans de nombreux pays, la loi considère comme un
crime grave le fait de transfuser quelqu’un contre sa volonté, même si l’on
108
PROCÉDURES TRANSFUSIONNELLES
estime que la transfusion est le seul moyen de lui sauver la vie. Dans de
nombreuses parties du monde, les Témoins de Jéhovah disposent de
personnes spécialement formées pour rechercher des solutions
constructives avec les patients, la famille et le personnel hospitalier dans
de tels cas.
Des recherches ont montré que dans bien des cas, les patients n’ont
aucun souvenir d’avoir été informés sur les options de traitement ou
estiment qu’ils n’ont pas reçu de réponse satisfaisante aux questions qui
les préoccupaient. Dans certains pays, il ressort des dispositions légales
qu’un document écrit spécifiant que le patient a été informé et qu’il a été
répondu à ses questions a davantage de valeur en cas de litige médico-
légal qu’une signature sur un formulaire de consentement éclairé.
Cependant, les lois et règlements diffèrent selon les pays et il importe
donc de bien connaître les règles locales.
Identité du patient
Chaque patient doit être identifié au moyen d’un bracelet d’identification
ou tout autre système de marquage solidement fixé portant un numéro
d’identification unique attribué par l’hôpital. Ce numéro doit toujours être
utilisé sur le tube échantillon, sur le formulaire de demande de sang et
sur le dossier médical pour identifier le patient
Lorsqu’un patient ne peut être identifié avec certitude au moment de son
admission, ce numéro d’identification doit toujours être utilisé en attendant
que des informations correctes et complètes aient été obtenues et dûment
communiquées à la banque de sang de l’hôpital.
109
SECTION 6
110
PROCÉDURES TRANSFUSIONNELLES
111
SECTION 6
112
PROCÉDURES TRANSFUSIONNELLES
n’est donné qu’à titre indicatif. Il pourra être adapté aux besoins locaux
au cas où votre hôpital n’utiliserait pas encore un tel formulaire. Souvenez-
vous qu’il est absolument indispensable que toute demande de sang
ainsi que l’échantillon de sang qui l’accompagne soit clairement étiquetés
et portent au minimum les indications suivantes :
Le numéro d’identification du patient (numéro unique attribué
par l’hôpital)
Le type et le nombre d’unités de produits sanguins nécessaires
La date, l’heure et le lieu de livraison.
Le personnel de la banque de sang se comporte correctement en refusant
une demande de tests de compatibilité lorsque le formulaire de demande
de sang ou l’échantillon de sang du patient sont insuffisamment identifiés
ou lorsque les informations ne concordent pas. Tout non-respect des
procédures correctes peut conduire à une transfusion incompatible,
potentiellement mortelle.
ACTIVITÉ 17
Votre hôpital utilise-t-il un formulaire de demande de sang ? Si oui, ce
formulaire contient-il tous les éléments énumérés ci-dessus ? Comparez-le
avec l’exemple de la figure 6.4 et parlez à vos collègues de toute amélioration
qui pourrait être apportée au formulaire ou à la façon de l’utiliser.
Si votre hôpital n’utilise pas encore de formulaire de demande de sang,
parlez aux responsables des services cliniques et de la banque de sang de
l’importance de mettre en place un tel formulaire, de son contenu et de ses
modalités d’application. Expliquez aussi les éventuelles activités de formation
qui seraient nécessaires pour qu’un tel formulaire soit utilisé efficacement.
Il est d’une importance vitale que l’échantillon de sang du patient soit recueilli
dans un tube correctement étiqueté qui ne puisse être rattaché qu’à ce seul
patient.
113
SECTION 6
ANTÉCÉDENTS
Diagnostic Anticorps irréguliers Oui/Non
Motif de la transfusion Transfusions antérieures Oui/Non
Taux d’hémoglobine Réactions transfusionnelles Oui/Non
Antécédents notables Grossesses antérieures Oui/Non
DEMANDE
Groupage, recherche des agglutinines irrégulières et mise en attente
Livraison du produit Sang total unités
Date de livraison demandée Globules rouges unités
Heure de livraison demandée Plasma unités
Délivrer à Autres unités
IMPORTANT : Ce formulaire de demande ne sera accepté que s’il est signé et si toutes les sections sont remplies.
RÉSERVÉ AU LABORATOIRE
Patient ABO
Typage du donneur Test de compatibilité RhD
Sérum
physiologique Date de Heure de
Poche de température Date Heure sortie du sortie du
sang N° ABO Rh D AHG ambiante du test du test sang sang
Signature of tester:
114
PROCÉDURES TRANSFUSIONNELLES
ACTIVITÉ 18
Existe-t-il dans votre hôpital des procédures écrites pour le prélèvement
d’échantillons de sang pour les tests pré-transfusionnels ? Comparez-les
avec l’exemple de la figure 6.5.
La procédure de prélèvement d’échantillons de sang est-elle correctement
suivie par l’ensemble du personnel concerné ?
115
SECTION 6
ACTIVITÉ 19
Comparez les procédures de commande du sang suivies dans votre hôpital
avec celles décrites dans cette section. Pouvez-vous suggérer des
améliorations qui pourraient être apportées à certaines de ces procédures ?
En particulier, si votre hôpital n’utilise pas encore de protocole transfusionnel
pour la commande de sang en obstétrique et en chirurgie, parlez aux
responsables des services cliniques et de la banque de sang de l’importance
d’élaborer un tel protocole pour pouvoir déterminer les besoins en sang.
116
PROCÉDURES TRANSFUSIONNELLES
117
SECTION 6
Les réactions hémolytiques aiguës graves sont presque toujours dues à une
transfusion de globules rouges incompatibles avec le type ABO du patient.
Ces réactions peuvent être mortelles.
Elles sont le plus souvent dues à des erreurs d’identification du patient lors
du prélèvement des échantillons de sang ou lors de l’administration du sang.
118
PROCÉDURES TRANSFUSIONNELLES
Note : Les concentrés de globules rouges, dont le plasma a été séparé, sont
préférables en cas de transfusion de sang non isogroupe.
119
SECTION 6
Rh : Rh C, c, E, e
Kell
Duffy
Lewis.
Problèmes de compatibilité
Si l’échantillon de sang du patient contient un anticorps anti-érythrocytaire
cliniquement important, d’autres tests sont en général nécessaires pour
identifier cet anticorps afin de pouvoir fournir un sang de type approprié.
Le laboratoire peut avoir besoin d’un nouvel échantillon de sang pour
réaliser ces tests.
Le personnel de la banque de sang fera toujours son possible pour trouver
un sang compatible dans le but d’éviter le risque de réaction
transfusionnelle hémolytique ou de production d’un taux élevé d’anticorps.
Ces tests sont parfois compliqués et peuvent retarder considérablement
la fourniture des unités de globules rouges.
Dans de tels cas et lorsqu’il n’y a pas urgence, les transfusions et les
interventions chirurgicales susceptibles de nécessiter une transfusion
doivent être différées jusqu’à ce qu’on ait trouvé du sang approprié, cela
afin d’éviter des risques pour le patient.
Cependant, si la transfusion est urgente et qu’il est difficile de trouver des
unités de globules rouges compatibles, le médecin responsable de la
banque de sang devra donner son avis sur les risques de réaction
potentiellement mortelle en cas de transfusion de sang non entièrement
compatible.
Ce risque devra être pesé par rapport à celui de l’attente de sang compatible
lorsque la vie du patient est mise en danger par une perte de sang qui
exige d’urgence la restauration de la capacité de transport de l’oxygène
du sang.
120
PROCÉDURES TRANSFUSIONNELLES
121
SECTION 6
Conditions de stockage
Globules rouges et sang total
Les globules rouges et le sang total doivent toujours être conservés à une
température comprise entre +2 °C et +6 °C. Ils ne doivent jamais geler.
Il est indispensable que la température maximale de stockage ne dépasse
pas +6 °C afin de réduire au minimum le développement de toute
contamination bactérienne dans l’unité de sang. Il est également
indispensable que la température minimale de stockage ne descende
pas au-dessous de +2 °C car les globules rouges, s’ils gèlent, s’hémolysent.
S’ils sont ensuite transfusés, la présence de fragments de paroi cellulaire
et d’hémoglobine libre peut provoquer des troubles hémorragiques mortels
ou une insuffisance rénale.
La solution présente dans la poche de sang contient à la fois un
anticoagulant (citrate de sodium) pour empêcher le sang de coaguler et
du dextrose (glucose) pour « nourrir » les globules rouges pendant le
stockage. Il est indispensable que la température de conservation se
122
PROCÉDURES TRANSFUSIONNELLES
Le sang total et les globules rouges doivent être perfusés dans les 30 minutes
qui suivent leur sortie du réfrigérateur.
Les unités de globules rouges et de sang total qui ne sont plus dans les
conditions de stockage optimales depuis plus de 30 minutes ne doivent
jamais être remises au réfrigérateur pour un usage ultérieur en raison du
risque de contamination bactérienne et de la perte de fonction des cellules
sanguines.
Concentrés de plaquettes
Les concentrés de plaquettes doivent être maintenus à une température
comprise entre 20 °C et 24 °C sous agitation afin de maintenir la fonction
plaquettaire. En raison du risque de prolifération bactérienne, la durée de
stockage est limitée à 3 ou 5 jours, selon le type de poche de sang utilisé.
Les plaquettes conservées à une température plus basse perdent leurs
propriétés coagulantes.
Les concentrés de plaquettes devront être délivrés par la banque de sang
dans une boîte de transport isotherme qui maintiendra la température
entre 20 °C et 24 °C environ.
Les concentrés de plaquettes doivent être transfusés dans les plus brefs
délais. Ils ne doivent jamais être mis au réfrigérateur.
123
SECTION 6
124
PROCÉDURES TRANSFUSIONNELLES
ACTIVITÉ 20
Vérifiez que le sang est transporté et stocké correctement dans votre hôpital.
Si ce n’est pas le cas, identifiez les changements qui seraient nécessaires
dans le système de stockage et de transport, y compris des procédures pour
contrôler et enregistrer la température toutes les quatre heures dans tous
les réfrigérateurs utilisés pour stocker le sang. Parlez-en avec le personnel
de la banque de sang et avec toute personne responsable de l’utilisation
du sang et des produits sanguins dans les autres services de l’hôpital.
Organisez une séance de formation à l’intention du personnel du service
dans lequel vous travaillez sur l’importance de maintenir les produits sanguins
dans les conditions de stockage correctes avant la transfusion. Vérifiez si
le sang est stocké correctement et complétez la formation si nécessaire.
Etiquette de compatibilité
Pour chaque unité de sang délivrée, la banque de sang doit fournir un
document spécifiant :
Les nom et prénom du patient
Le groupe ABO et Rh D du patient
Le numéro de don de la poche de sang
Le groupe sanguin de la poche de sang.
Une étiquette de compatibilité, comme celle donnée en exemple à la
figure 6.9, doit être solidement fixée à chaque unité de sang.
125
SECTION 6
Une coloration anormale ou des signes de fuites peuvent être les seuls indices
d’une contamination bactérienne et du risque de réaction grave et même
mortelle si le sang était transfusé.
126
PROCÉDURES TRANSFUSIONNELLES
Figure 6.10 : Recherche des La soudure ou le clip Y a-t-il des fuites ? Avez-
signes de détérioration dans de fermeture de la vous vérifié l’étanchéité de
le sang ou le plasma tubulure de la poche en la comprimant ?
prélèvement sont-ils Recherchez des traces de
bien étanches ? sang à ces endroits
127
SECTION 6
ACTIVITÉ 21
Existe-t-il dans votre hôpital une procédure écrite pour le contrôle ultime de
l’identité du patient immédiatement avant l’administration de sang ou de
produits sanguins ? Si oui, comparez-la avec l’exemple de la figure 6.11.
S’il n’existe pas de procédure écrite ou si vous estimez que la procédure
existante pourrait être améliorée, parlez à vos collègues de l’importance
d’assurer que l’ensemble du personnel vérifie systématiquement l’identité
du patient par rapport au produit sanguin avant de commencer la transfusion.
Organisez une séance de formation pour tout le personnel concerné et
vérifiez si la procédure est correctement suivie.
128
PROCÉDURES TRANSFUSIONNELLES
Délais de perfusion
Concentrés de plaquettes
Les concentrés de plaquettes doivent être administrés dès leur réception.
La perfusion de chaque unité de concentré doit être achevée dans les 20
minutes environ.
129
SECTION 6
Concentrés de plaquettes
Pour perfuser les concentrés de plaquettes, on utilisera un appareil à
transfusion de sang ou de plaquettes neuf, en l’amorçant avec du sérum
physiologique.
Pédiatrie
Chez l’enfant, on utilisera si possible un appareil à transfusion pour usage
pédiatrique. Avec un tel appareil, le sang ou autre liquide perfusé passe
d’abord dans un récipient gradué. Cela permet de contrôler de façon
simple et précise le volume et le débit de la perfusion. Voir page xx les
appareils à transfusion destinés aux nourrissons.
Filtres à déleucocyter
Les filtres à déleucocyter sont très coûteux et d’autre part leurs indications
réfractaire (patient) :
Faible réponse à la sont très limitées et font encore l’objet de recherches. Ils retardent effica-
transfusion de plaquettes. cement l’apparition de réactions transfusionnelles fébriles chez les patients
La numération plaquettaire recevant des transfusions répétées de globules rouges et peuvent empêcher
ne remonte pas d’au moins les réactions à des transfusions ultérieures, si des alternatives moins
10 × 109/l dès le coûteuses échouent (voir section 7 : Effets indésirables de la transfusion).
lendemain d’une
transfusion de plaquettes. L’utilisation de globules rouges et de plaquettes déleucocytés peut réduire
Etat habituellement dû à un la production d’anticorps antileucocytaires chez les patients recevant des
facteur clinique tel que transfusions répétées, mais seulement si tous les composants sanguins
fièvre, infection, CIVD, transfusés sont filtrés. De nombreux cliniciens estiment que l’on peut
splénomégalie, prise ainsi empêcher, au moins temporairement, le patient de devenir réfractaire
d’antibiotiques. Survient au traitement par administration de plaquettes, mais on ignore encore si
également si les plaquettes les résultats cliniques sont améliorés par l’utilisation de composants
transfusées sont sanguins déleucocytés dans d’autres circonstances que pour éviter la
défectueuses. transmission du CMV.
Réchauffage du sang
Rien ne montre que le réchauffage du sang soit bénéfique pour le patient
lorsque la perfusion est lente. Du sang froid peut provoquer un spasme
veineux. On peut appliquer localement des linges chauds et secs, mais
130
PROCÉDURES TRANSFUSIONNELLES
il faut veiller à ne pas brûler la peau. Dans certains cas, il a été observé
que si le débit de la perfusion dépasse 100 ml par minute, la transfusion
de sang non réchauffé peut contribuer à un arrêt cardiaque. Il est toutefois
probablement plus important de veiller à ce que le patient ne se refroidisse
pas plutôt que de réchauffer le sang perfusé.
Du sang réchauffé est le plus souvent nécessaire dans les cas suivants :
Transfusion rapide de grands volumes :
Adulte : volume supérieur à 50 ml/kg par heure
Enfant : volume supérieur à 15 ml/kg par heure
Exsanguino-transfusion chez le nourrisson
Patients possédant un taux cliniquement important d’agglutinines
froides.
Le sang ne doit être réchauffé qu’au moyen d’un réchauffeur de sang.
L’appareil doit avoir un thermomètre visible et une alarme audible et doit
être tenu en bon état de marche. Les anciens types de réchauffeurs de
sang peuvent ralentir le débit de la perfusion.
Le sang ne doit jamais être réchauffé dans un bol d’eau chaude car cela
pourrait entraîner une hémolyse des globules rouges et une libération de
potassium susceptibles de provoquer la mort du patient.
Enregistrement de la transfusion
Les informations suivantes doivent être enregistrées dans le dossier du
patient :
1 Indiquer si le patient et/ou sa famille ont été informés sur le
traitement transfusionnel proposé.
2 Motif de la transfusion.
3 Signature du médecin prescripteur.
4 Contrôles pré-transfusionnels :
Identité du patient
Poche de sang
131
SECTION 6
Etiquette de compatibilité
Signature de la personne ayant effectué le contrôle d’identité
pré-transfusionnel.
5 Transfusion :
Type et volume de chaque produit transfusé
Numéro de don de chaque unité transfusée
Groupe sanguin de chaque unité transfusée
Date et heure de début de la transfusion de chaque unité
Signature de la personne ayant administré le produit sanguin
Toutes réactions transfusionnelles.
132
PROCÉDURES TRANSFUSIONNELLES
133
SECTION 6
ACTIVITÉ 22
Existe-t-il une procédure écrite pour la surveillance des patients avant,
pendant et après la transfusion ? Pouvez-vous suggérer des moyens de
l’améliorer ? Le personnel la suit-elle correctement ? Par exemple, contrôle-
il systématiquement l’état du patient 15 minutes après le début de chaque
unité transfusée ? Les transfusions sont-elles toujours faites dans un secteur
où il est facile d’observer les patients ?
Identifiez toute modification qui serait nécessaire pour assurer que tous les
patients sont systématiquement surveillés pendant la transfusion de façon
à pouvoir identifier et traiter rapidement toute réaction indésirable. Parlez-
en avec vos collègues et avec le comité hospitalier de sécurité transfusionnelle
s’il en existe un dans votre hôpital.
Aphérèse thérapeutique
L’aphérèse thérapeutique consiste à prélever du sang ou un composant
du sang dans l’intérêt du patient. La méthode la plus simple est la
ponction veineuse à visée thérapeutique (ou saignée), dans laquelle on
prélève périodiquement 200 – 450 ml de sang total. La saignée peut être
un des éléments du traitement chez certains patients atteints
d’hémochromatose ou de polyglobulie.
Un bon accès veineux est indispensable ainsi qu’un débit rapide pour le
traitement du sang. Certains appareils d’aphérèse peuvent fonctionner
sur une seule veine, mais il faut en général deux cathéters séparés pour
le prélèvement et la restitution du sang.
134
PROCÉDURES TRANSFUSIONNELLES
Echange plasmatique
Associé à d’autres traitements médicaux, l’échange plasmatique
thérapeutique est un élément efficace de la prise en charge des affections
mentionnées dans la figure 6.14.
135
SECTION 6
136
7
Effets indésirables de la
transfusion
Points clés
1 Toute suspicion de réaction transfusionnelle précoce doit être
immédiatement signalée à la banque de sang et au médecin responsable
du patient. Demander de l’aide auprès de collègues expérimentés.
2 Une réaction immédiate peut survenir chez 1 à 2 % des patients
transfusés. Il peut être vital de reconnaître et prendre en charge
rapidement une telle réaction. Une fois les mesures immédiates prises,
il est indispensable de procéder à des évaluations cliniques approfondies
et répétées pour identifier et traiter les principales conséquences de
la réaction.
3 Les erreurs et le non-respect des procédures correctes sont la cause
la plus fréquente de réactions transfusionnelles hémolytiques aiguës
mettant en danger la vie du patient.
4 La contamination bactérienne des globules rouges ou des concentrés
de plaquettes est une cause souvent méconnue de réactions
transfusionnelles immédiates.
5 Les patients qui reçoivent des transfusions régulières sont
particulièrement exposés au risque de réactions fébriles aiguës. Avec
l’expérience, on peut reconnaître ces réactions et éviter de stopper ou
de différer inutilement les transfusions.
6 Les infections post-transfusionnelles sont les plus graves des
complications retardées de la transfusion. Comme une réaction
transfusionnelle retardée peut survenir des jours, des semaines ou des
mois après la transfusion, le lien avec cette dernière peut facilement
passer inaperçu. Il est donc indispensable de noter exactement toutes
les transfusions dans le dossier du patient et d’en tenir compte dans
le diagnostic différentiel.
7 La perfusion de grands volumes de sang et de solutions de remplissage
vasculaire peut entraîner des perturbations de l’hémostase ou des
troubles métaboliques.
137
SECTION 7
Introduction
La transfusion sanguine peut être associée à divers effets indésirables.
Certaines réactions peuvent être immédiates et survenir pendant la
transfusion ou peu après, tandis que les effets cliniques d’autres réactions
sont retardés et ne se manifestent quelquefois que des mois ou des
années plus tard.
La sécurité du sang et des produits sanguins est très variable d’une
région du monde à l’autre. Cependant, même avec les normes les plus
élevées en matière de sélection des donneurs, de collecte, de contrôle,
de préparation et de stockage du sang, il reste un risque de transmission
d’infections et d’autres effets indésirables.
La décision de transfuser doit donc reposer sur une évaluation soigneuse
des risques et bénéfices pour le patient et sur l’existence des
connaissances et compétences requises pour reconnaître et traiter toutes
réactions indésirables ou complications qui pourraient survenir.
En plus de cette section, lire la section 1 : L’utilisation appropriée du sang
et des produits sanguins et la section 6 : Procédures transfusionnelles, où
l’on trouvera un exposé plus détaillé des facteurs qui influent sur la
sécurité transfusionnelle.
Objectifs pédagogiques
Après avoir terminé cette section, vous devrez être capable :
1 D’identifier les différents types de réactions transfusionnelles.
2 De reconnaître, prendre en charge et traiter différents types de
réactions transfusionnelles.
3 De procéder aux investigations sur les réactions transfusionnelles
et rapporter les cas.
4 De prendre les mesures préventives appropriées pour éviter
certaines réactions transfusionnelles.
138
EFFETS INDÉSIRABLES DE LA TRANSFUSION
Infections post-transfusionnelles
VIH-1 et VIH-2
HTLV-I et HTLV-II
Hépatites virales B et C
Syphilis
Maladie de Chagas
Paludisme
Cytomégalovirus
Autres infections rares : p. ex. parvovirus humain B19 et hépatite A
139
SECTION 7
140
EFFETS INDÉSIRABLES DE LA TRANSFUSION
Figure 7.1 : Directives pour la reconnaissance et la prise en charge des réactions transfusionnelles immédiates
Note : En cas de réaction transfusionnelle immédiate, vérifier d’abord l’étiquette de la poche de sang et l’identité
du patient. S’il y a la moindre discordance, arrêter immédiatement la transfusion et consulter la banque de sang.
Chez un patient inconscient ou sous anesthésie générale, l’hypotension et une hémorragie incontrôlée peuvent
être les seules manifestations d’une transfusion incompatible.
Chez un patient conscient présentant une réaction transfusionnelle hémolytique sévère, les signes et symptômes
peuvent apparaître très rapidement, dans les quelques minutes qui suivent la perfusion de quantités aussi
faibles que 5 — 10 ml de sang. Il est indispensable d’exercer une surveillance étroite au début de la perfusion de
chaque unité de sang ou de produits sanguins.
141
SECTION 7
142
EFFETS INDÉSIRABLES DE LA TRANSFUSION
8 Envoyer l’unité de sang avec la tubulure de perfusion, un échantillon d’urine fraîchement recueilli et deux
nouveaux échantillons de sang veineux (1 coagulé et 1 recueilli sur anticoagulant) prélevés du côté opposé à
la perfusion, avec le formulaire de demande approprié, à la banque de sang pour analyses.
9 Contrôler visuellement un échantillon d’urine fraîchement recueilli pour rechercher des signes
d’hémoglobinurie.
10 Commencer un recueil des urines de 24 heures et un enregistrement du bilan liquidien et noter tous les
apports et les pertes de liquides. Maintenir l’équilibre liquidien.
11 Rechercher des signes de saignement aux points d’injection ou au niveau de plaies. En cas de signes
cliniques ou biologiques de CIVD (voir section 9.11), donner des plaquettes (adulte : 5 — 6 unités) et soit du
cryoprécipité (adulte : 12 unités) soit du plasma frais congelé (adulte : 3 unités). Utiliser si possible des
produits plasmatiques viro-inactivés.
12 Réévaluer l’état du patient. En cas d’hypotension :
Refaire une perfusion de sérum physiologique à raison de 20 — 30 ml/kg en 5 minutes
Donner si possible un inotrope.
13 En cas de diminution de la diurèse ou de signes biologiques d’insuffisance rénale aiguë (augmentation de K+,
de l’urée, de la créatinine) :
Maintenir strictement l’équilibre liquidien
Donner une nouvelle dose de furosémide
Envisager une perfusion de dopamine, si possible
Consulter un spécialiste : une dialyse rénale peut être nécessaire
En cas de suspicion de bactériémie (frissons, fièvre, collapsus, absence de signes de réaction hémolytique),
commencer une antibiothérapie à large spectre par voie IV contre Pseudomonas et les germes Gram positif.
ACTIVITÉ 23
Recherchez dans les registres de l’hôpital ou auprès de la banque de sang
quels étaient l’incidence et le type des réactions transfusionnelles immédiates
enregistrées l’année précédente.
ACTIVITÉ 24
Comparez toutes directives en usage dans votre hôpital sur la prise en
charge initiale des réactions transfusionnelles immédiates avec l’exemple
donné à la figure 7.1.
S’il n’existe pas de telles directives ou si vous pensez qu’elles pourraient
être améliorées, préparez un projet de directives et parlez-en avec vos
collègues. Une fois vos directives agréées, organisez une séance de cours
à l’intention de tous les personnels concernés. Observez si les directives
sont correctement suivies. Complétez la formation si nécessaire et continuez
à examiner les pratiques.
143
SECTION 7
La figure 7.2 indique quels sont les médicaments et les doses qui peuvent
être nécessaires lors de la prise en charge des réactions transfusionnelles
immédiates.
Figure 7.2 : Médicaments qui peuvent être nécessaires lors de la prise en charge des réactions transfusionnelles
immédiates
Solution de Expansion volémique Sérum En cas d’hypotension, Eviter les solutions de colloïdes
remplissage Voir section 4.2 physiologique 20 — 30 ml/kg en 5
vasculaire minutes
Antipyrétique Réduit la fièvre et la Paracétamol Voie orale ou rectale Eviter les produits contenant de
réaction inflammatoire 10 mg/kg l’aspirine en cas de numération
plaquettaire faible
Bronchodilatateur Inhibe le bronchospasme à Adrénaline 0,01 mg/kg (en La dose peut être répétée
médiation immunitaire (épinéphrine) solution à 1:1000) toutes les 10 minutes, en
par injection IM lente fonction de la pression
artérielle et du pouls, jusqu’à
amélioration
Envisager le En nébulisations
salbutamol
Aminophylline 5 mg/kg
144
EFFETS INDÉSIRABLES DE LA TRANSFUSION
145
SECTION 7
Signes et symptômes
Les réactions cutanées localisées (urticaire et rash), souvent
accompagnées de prurit (démangeaisons intenses), surviennent dans les
minutes qui suivent le début de la transfusion. Les symptômes
disparaissent en général lorsqu’on ralentit la transfusion et qu’on donne
un antihistaminique.
Prise en charge
1 Ralentir la transfusion.
2 Administrer un antihistaminique, p. ex. chlorphénamine 0,1 mg/
kg par voie intramusculaire.
3 Poursuivre la transfusion au débit normal s’il n’y a pas
d’aggravation des symptômes au bout de 30 minutes.
4 En l’absence d’amélioration clinique dans les 30 minutes ou
si les signes et symptômes s’aggravent, traiter comme une
réaction de catégorie 2.
Prévention
Si le patient a déjà eu des réactions urticariennes répétées, donner un
antihistaminique comme la chlorphénamine 0,1 mg/kg IM ou IV 30 minutes
avant de commencer la transfusion, si possible.
Signes
Bouffées vasomotrices
Urticaire
146
EFFETS INDÉSIRABLES DE LA TRANSFUSION
Frissons
Fièvre
Agitation
Tachycardie
Symptômes
Anxiété
Prurit
Palpitations
Dyspnée légère
Céphalées
Prise en charge
1 Stopper la transfusion. Remplacer la tubulure de perfusion et
conserver la voie veineuse avec du sérum physiologique.
2 Avertir immédiatement le médecin responsable du patient et la
banque de sang.
3 Envoyer l’unité de sang avec la tubulure de perfusion, un
échantillon d’urine fraîchement recueilli et deux nouveaux
échantillons de sang veineux (1 coagulé et 1 recueilli sur
anticoagulant) prélevés du côté opposé à la perfusion, avec le
formulaire de demande approprié, à la banque de sang pour
analyses (voir figure 7.3 page xx).
4 Administrer un antihistaminique IV ou IM (p. ex. chlorphénamine
0,1 mg/kg ou équivalent) et un antipyrétique par voie orale ou
rectale (p. ex. paracétamol 10 mg/kg : 500 mg – 1 g chez
l’adulte). Eviter l’aspirine chez les patients thrombopéniques.
5 Donner des corticoïdes IV et des bronchodilatateurs en cas de
signes anaphylactoïdes (p. ex. bronchospasme, stridor).
6 Recueillir les urines des 24 heures suivantes pour rechercher
une hémolyse, et les envoyer au laboratoire.
7 En cas d’amélioration clinique, redémarrer lentement la
transfusion avec une nouvelle unité de sang et observer
soigneusement le patient.
8 En l’absence d’amélioration clinique dans les 15 minutes ou
si les signes et symptômes s’aggravent, traiter comme une
réaction de catégorie 3.
Les réactions fébriles sont courantes, mais la fièvre est également associée
à d’autres réactions transfusionnelles indésirables et il importe d’exclure
ces autres causes, en particulier l’hémolyse aiguë et la contamination
bactérienne, avant de conclure à une réaction fébrile. La fièvre peut aussi
être due à la maladie sous-jacente, par exemple le paludisme.
Prévention
Si le patient reçoit des transfusions régulières ou a déjà présenté au
moins deux réactions fébriles non hémolytiques lors de transfusions
antérieures :
147
SECTION 7
Signes
Frissons
Fièvre
Agitation
Choc
Tachycardie
Hémoglobinurie
Saignement inexpliqué (CIVD)
Symptômes
Anxiété
Douleur thoracique
Détresse respiratoire/essoufflement
Lombalgie/dorsalgie
Céphalées
Dyspnée
148
EFFETS INDÉSIRABLES DE LA TRANSFUSION
Prise en charge
1 Stopper la transfusion. Remplacer la tubulure de perfusion et
conserver la voie veineuse avec du sérum physiologique.
2 Perfuser du sérum physiologique (en commençant par 20 – 30
ml/kg) pour maintenir la TA systolique. En cas d’hypotension,
perfuser en 5 minutes et surélever les jambes du patient.
3 Maintenir la liberté des voies aériennes et donner de l’oxygène
à haut débit avec un masque.
4 Donner de l’adrénaline (épinéphrine) 0,01 mg/kg (en solution à
1:1000) par injection intramusculaire lente.
5 Donner des corticoïdes IV et des bronchodilatateurs en cas de
signes anaphylactoïdes (p. ex. bronchospasme, stridor).
6 Donner un diurétique : p. ex. furosémide 1 mg/kg IV ou équivalent.
7 Avertir immédiatement le médecin responsable du patient et la
banque de sang.
8 Envoyer l’unité de sang avec la tubulure de perfusion, un
échantillon d’urine fraîchement recueilli et deux nouveaux
échantillons de sang veineux (1 coagulé et 1 recueilli sur
anticoagulant) prélevés du côté opposé à la perfusion, avec le
formulaire de demande approprié, à la banque de sang pour
analyses.
9 Contrôler visuellement un échantillon d’urine fraîchement recueilli
pour rechercher des signes d’hémoglobinurie.
10 Commencer un recueil des urines de 24 heures et un
enregistrement du bilan liquidien et noter tous les apports et les
pertes de liquides. Maintenir l’équilibre liquidien.
11 Rechercher des signes de saignement aux points d’injection ou
au niveau de plaies. En cas de signes cliniques ou biologiques
de CIVD (voir section 9.11), donner :
Des concentrés de plaquettes (adulte : 5 – 6 unités)
et
Soit du cryoprécipité (adulte : 12 unités) soit du plasma frais
congelé (adulte : 3 unités).
Utiliser si possible des produits plasmatiques viro-inactivés.
12 Réévaluer l’état du patient. En cas d’hypotension :
Refaire une perfusion de sérum physiologique à raison de
20 – 30 ml/kg en 5 minutes
Donner un inotrope.
13 En cas de diminution de la diurèse ou de signes biologiques
d’insuffisance rénale aiguë (augmentation de K+, de l’urée, de
la créatinine) :
Maintenir strictement l’équilibre liquidien
Donner une nouvelle dose de furosémide
149
SECTION 7
Signes
Fièvre
Frissons
Tachycardie, hypotension
Essoufflement
Hémoglobinurie, oligurie
Signes d’une tendance accrue aux saignements due à une
coagulation intravasculaire disséminée (CIVD)
Chez un patient conscient, les signes et symptômes apparaissent en
général dans les minutes qui suivent le début de la transfusion, quelquefois
lorsque moins de 10 ml ont été transfusés.
150
EFFETS INDÉSIRABLES DE LA TRANSFUSION
Symptômes
Douleur ou sensation de chaleur dans le membre où la perfusion
est posée
Anxiété
Lombalgie ou dorsalgie.
Prise en charge
1 Stopper la transfusion. Remplacer la tubulure de perfusion et
conserver la voie veineuse avec du sérum physiologique.
2 Maintenir la liberté des voies aériennes et donner de l’oxygène
à haut débit.
3 Soutenir la circulation sanguine :
Donner des solutions de remplissage vasculaire pour maintenir
le volume sanguin et la pression artérielle
Il peut être nécessaire de donner un inotrope, p. ex. dopamine,
dobutamine ou adrénaline (épinéphrine) 0,01 mg/kg (en
solution 1:1000) par voie intramusculaire.
4 Prévenir l’insuffisance rénale en provoquant la diurèse :
Maintenir le volume sanguin et la pression artérielle
Donner un diurétique, p. ex. furosémide 1 – 2 mg/kg
Donner une perfusion de dopamine 1 microgramme/kg par
minute.
5 En cas de survenue d’une CIVD :
Donner des composants sanguins en fonction de l’état du
patient et des résultats des tests de coagulation (voir section
9 : Médecine interne)
Faire régulièrement des tests de coagulation.
6 Investigations :
Revérifier l’étiquetage de l’unité de sang par rapport à l’identité
du patient
Envoyer un échantillon de sang au laboratoire pour :
— Numération-formule sanguine
— Facteurs de coagulation
— Test direct à l’antiglobuline (Coombs direct)
— Urée
— Créatinine
— Electrolytes
Le test direct à l’antiglobuline doit être positif et la bilirubine
sérique doit être augmentée
151
SECTION 7
Prévention
S’assurer que :
1 Les tubes échantillons et les formulaires de demande sont
correctement marqués.
2 L’échantillon de sang du patient est prélevé dans le tube
échantillon correct.
3 Le sang est vérifié par rapport à l’identité du patient avant la
transfusion.
152
EFFETS INDÉSIRABLES DE LA TRANSFUSION
Surcharge volémique
En cas de transfusion d’un volume excessif de liquide, de transfusion trop
rapide ou d’altération de la fonction rénale, la surcharge volémique peut
entraîner une insuffisance cardiaque et un œdème pulmonaire. Elle risque
particulièrement de se produire chez les patients présentant une anémie
chronique sévère et également en cas de maladie cardio-vasculaire sous-
jacente, par exemple une cardiopathie ischémique.
Réaction anaphylactique
Il s’agit d’une complication rare de la transfusion de composants sanguins
ou de dérivés du plasma. Le risque est accru en cas de perfusion rapide,
notamment lorsque du plasma frais congelé est utilisé comme liquide
d’échange dans l’échange plasmatique thérapeutique. Les cytokines
présentes dans le plasma peuvent être une cause de bronchoconstriction
et de vasoconstriction chez certains patients transfusés. Le déficit en IgA
chez le receveur est une cause rare d’anaphylaxie gravissime. Celle-ci
peut survenir avec n’importe quel produit sanguin car la plupart d’entre
eux contiennent des traces d’IgA.
La réaction anaphylactique survient dans les minutes qui suivent le début
de la transfusion et se caractérise par un collapsus cardio-vasculaire et
une détresse respiratoire, sans fièvre. Elle risque d’être mortelle en
l’absence de prise en charge rapide et énergique.
153
SECTION 7
154
EFFETS INDÉSIRABLES DE LA TRANSFUSION
La « fenêtre sérologique »
Avec les tests actuels de dépistage, les anticorps anti-VIH deviennent
détectables environ 21 jours après l’exposition à l’infection. L’ADN du
virus et une protéine virale, appelée antigène p24, peuvent être détectés
7 jours avant les anticorps.
La période pendant laquelle le sujet est virémique alors que les anticorps
ne sont pas encore détectables est souvent appelée « fenêtre sérologique »
ou « période muette ». Le sang prélevé pendant cette période est en
général infectieux, mais le virus ne peut être détecté au moyen des tests
actuels de dépistage sérologique du VIH. L’intérêt d’un test complémentaire
de recherche de l’antigène p24 du VIH n’a pas été démontré, même si
un tel test pourrait permettre de détecter le VIH quelques jours plus tôt
lorsqu’il existe une forte incidence de nouvelles infections dans une
population de donneurs qui ne sont pas soigneusement sélectionnés.
Epidémiologie
La prévalence de l’infection par le VIH varie largement d’un pays à l’autre
et à l’intérieur d’un même pays, voire d’une zone très localisée. Une
estimation globale du nombre de sujets positifs pour le VIH ne présente
guère d’utilité lorsqu’il s’agit d’évaluer le risque de transmission par
transfusion dans une localité ; il faut déterminer la prévalence de l’infection
dans chaque population de donneurs potentiels.
Prévention
La prévention repose d’abord sur la sélection de donneurs de sang
volontaires, à faible risque et non rémunérés et sur l’exclusion des donneurs
inaptes au don. Des tests de dépistage du VIH doivent être réalisés pour
identifier et éliminer les unités de sang infectées. La confidentialité ainsi
que la prise en charge des donneurs séropositifs au moyen d’une
consultation de conseil sont indispensables.
HTLV-I et HTLV-II
La prévalence de l’infection par le HTLV-I est élevée dans certaines parties
du monde, notamment dans le sud du Japon et dans certains secteurs
des Caraïbes. Le virus peut provoquer des troubles neurologiques et une
forme rare de leucémie à cellules T de l’adulte. Il s’écoule habituellement
de nombreuses années entre l’infection et l’apparition de la maladie,
155
SECTION 7
mais il est probable que celle-ci ne touche qu’une faible proportion des
personnes infectées. Le HTLV-I se transmet par transfusion de cellules
sanguines.
Le lien entre le HTLV-II et la maladie est moins clair.
Prévention
Les dons de sang doivent être soumis à un dépistage lorsqu’il existe des
indices épidémiologiques de la présence de l’infection par le HTLV-I ou
des indices de maladie.
Hépatite B
Le portage de l’hépatite B a une forte prévalence dans de nombreuses
parties du monde en développement, allant jusqu’à 10 % de la population
de donneurs potentiels dans certaines régions. La transmission par le
sang peut être suivie par une hépatite aiguë, qui guérit spontanément ou
évolue en hépatite chronique. Les conséquences tardives de l’infection
sont la cirrhose et le cancer primitif du foie.
La transmission du virus de l’hépatite B peut conduire à une infection
clinique ou infraclinique. On estime que, parmi les cas infracliniques,
jusqu’à 25 % des enfants et 5 – 10 % des adultes deviennent des porteurs
chroniques de l’antigène de surface de l’hépatite B (AgHBs).
Prévention
Tous les dons de sang doivent être soumis à un dépistage de l’AgHBs
avant la transfusion.
Les personnes qui reçoivent régulièrement des produits sanguins doivent
être vaccinées contre l’hépatite B.
Hépatite C
Des tests de dépistage sérologique de l’infection par le virus de l’hépatite
C ont été introduits en 1991 et ont été progressivement améliorés. Ils
restent cependant coûteux et des tests différents peuvent parfois donner
des résultats contradictoires. Comme tous les autres tests de dépistage
sur les dons de sang, ces tests devront être validés dans chaque pays
avant d’être mis en pratique.
L’infection par le virus de l’hépatite C est habituellement asymptomatique.
Chez la moitié environ des sujets atteints, elle évolue en hépatite chronique
et peut aller, dans une proportion notable de cas, jusqu’à une atteinte
hépatique grave.
Prévention
Tous les dons de sang doivent si possible être soumis à un dépistage de
l’hépatite C.
156
EFFETS INDÉSIRABLES DE LA TRANSFUSION
Syphilis
La syphilis est due à une infection par une bactérie, Treponema pallidum.
Il s’agit essentiellement d’une maladie sexuellement transmissible, mais
elle peut aussi se transmettre par contact avec une muqueuse lésée et par
transfusion. Si un test positif pour la syphilis n’est pas en soi l’indication
d’une infection par le VIH, il montre que le donneur de sang peut avoir un
risque élevé d’exposition à d’autres maladies sexuellement transmissibles,
dont le VIH, et ne doit pas être accepté pour le don de sang.
Prévention
Tous les dons de sang doivent être soumis à un dépistage sérologique
de l’infection par Treponema pallidum. Le fait que le stockage du sang
pendant 72 heures à 2 – 6 °C élimine pratiquement tout risque d’infection,
car le tréponème est très sensible aux basses températures, constitue
une garantie supplémentaire.
Maladie de Chagas
La maladie de Chagas, due à Trypanosoma cruzi, est transmissible par
transfusion. D’après des estimations actuelles, environ 18 millions de
personnes sont infectées dans les pays d’Amérique latine.
Le trypanosome est transmis par des triatomes comme Triatoma infestans
et aussi par d’autres insectes hématophages. Le vecteur vit dans les
habitations pauvres des zones urbaines et rurales.
La transfusion sanguine est la deuxième cause de transmission et jusqu’à
50 % des unités de sang dont la sérologie est positive transmettent
l’infection. Celle-ci est infraclinique pendant la phase d’incubation, puis
passe à la phase chronique avec des altérations irréversibles telles que :
Myocardiopathie
Méga-œsophage
Mégacôlon.
Prévention
Les efforts en vue d’éliminer la maladie de Chagas ont permis de réduire
les infections de 83 % dans les tranches d’âge les plus jeunes, grâce à
la lutte antivectorielle et au dépistage des dons de sang pour éliminer les
unités infectées. Toutefois, les divers tests de dépistage peuvent donner
des résultats discordants et il peut être nécessaire d’utiliser plus d’un
test. La plupart des pays d’Amérique latine utilisent au moins deux
méthodes différentes pour le dépistage sérologique de la maladie de
Chagas.
Une alternative efficace consiste à ajouter 125 mg de violet cristallisé
(violet de gentiane) dans chaque unité de globules rouges conservés,
157
SECTION 7
Paludisme
Tous les composants sanguins peuvent contenir le parasite Plasmodium
et sont donc capables de transmettre le paludisme. Dans les pays exempts
d’endémie, le paludisme transfusionnel est rare (moins d’un cas par
million d’unités de sang transfusées), mais entraîne une mortalité élevée,
souvent parce que le lien avec la transfusion n’est pas suspecté.
Prévention
Dans les zones d’endémie, l’examen de la totalité des dons de sang à
la recherche des parasites du paludisme n’est guère réalisable en pratique.
La prévention repose donc sur :
1 La prophylaxie antipaludique chez le receveur, si l’indice de
suspicion est élevé.
2 Le traitement préalable du donneur par des antipaludiques, s’il
y a lieu.
Dans de nombreux cas, ni l’une ni l’autre de ces options n’est très
réalisable. Par conséquent, en l’absence de prophylaxie systématique, il
importe de conserver un fort indice de suspicion et de traiter sans délai
les symptômes de paludisme chez les receveurs de sang selon le schéma
antipaludique recommandé au niveau local.
Dans les régions exemptes d’endémie, des critères stricts de sélection
des donneurs devront être appliqués pour exclure les donneurs ayant
récemment séjourné en zone d’endémie ou ayant été atteints de paludisme.
Cytomégalovirus (CMV)
A l’échelle mondiale, une très forte proportion de donneurs de sang
possèdent des anticorps contre le CMV. Le CMV transmis par transfusion
n’est en général préoccupant que chez les patients immunodéprimés et
a des répercussions cliniques connues chez :
Les prématurés, surtout ceux qui pèsent moins de
1200 – 1500 g et dont la mère est négative pour le CMV
Les receveurs de moelle osseuse séronégatifs pour le CMV et
qui reçoivent des greffes CMV-séronégatives.
Prévention
Les unités destinées aux patients immunodéprimés, aux prématurés et
aux receveurs de moelle osseuse séronégatifs pour le CMV et qui reçoivent
des greffes CMV-séronégatives ne doivent pas contenir d’anticorps anti-
CMV décelables.
Les composants sanguins déleucocytés, le plasma frais congelé et le
cryoprécipité ne transmettent pas le CMV.
158
EFFETS INDÉSIRABLES DE LA TRANSFUSION
Prévention
La prévention repose sur la sélection soigneuse des donneurs afin d’exclure
ceux qui sont inaptes au don.
Prévention
Les personnes atteintes des affections suivantes devront être
définitivement exclues du don de sang :
Maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) et sa variante
Syndrome de Gerstmann-Sträussler-Scheinker (GSS)
Insomnie familiale fatale (IFF)
Démence.
Compte tenu des données scientifiques actuelles, il est également
indispensable d’exclure du don de sang les groupes suivants :
Donneurs traités par des extraits hypophysaires d’origine humaine
(hormone de croissance et gonadotrophine)
Donneurs ayant des antécédents familiaux de MCJ, GSS ou IFF
Donneurs ayant reçu une greffe de cornée ou de dure-mère.
159
SECTION 7
Signes et symptômes
Les signes d’une réaction transfusionnelle hémolytique retardée
apparaissent 5 à 10 jours après la transfusion :
Fièvre
Anémie
Ictère
Parfois hémoglobinurie.
Les réactions hémolytiques retardées sévères, mettant en jeu le pronostic
vital, avec choc, insuffisance rénale et CIVD sont rares.
Prise en charge
1 Aucun traitement n’est normalement requis. Cependant, en cas
d’hypotension et d’insuffisance rénale, traiter comme une
hémolyse intravasculaire aiguë.
2 Investigations :
Revérifier le groupe sanguin du patient
Le test direct à l’antiglobuline est en général positif
Augmentation de la bilirubine non conjuguée.
160
EFFETS INDÉSIRABLES DE LA TRANSFUSION
Prévention
Il est possible d’éviter les réactions hémolytiques retardées en procédant
à des examens de laboratoire pour rechercher les anticorps anti-
érythrocytaires dans le plasma du patient et en sélectionnant des globules
rouges compatibles avec ces anticorps. Cependant, certaines réactions
sont dues à des antigènes rares (par exemple, les anticorps contre les
antigènes de groupes sanguins Jka, très difficiles à détecter avant la
transfusion).
Purpura post-transfusionnel
Cause
Le purpura post-transfusionnel est une complication rare mais
potentiellement mortelle de la transfusion de globules rouges ou de
concentrés de plaquettes, qui s’observe le plus souvent chez les sujets
de sexe féminin. Elle est due à la présence d’anticorps antiplaquettaires
chez le receveur, et provoque une thrombopénie aiguë sévère survenant
5 – 10 jours après la transfusion.
161
SECTION 7
Signes et symptômes
Signes hémorragiques
Thrombopénie, définie par une numération plaquettaire inférieure
à 100 × 109/l.
Prise en charge
La prise en charge du purpura post-transfusionnel devient cliniquement
importante lorsque la numération plaquettaire tombe au-dessous de
50 × 109/l, avec un risque de saignement occulte à 20 × 109/l.
1 Corticoïdes à haute dose.
2 Immunoglobulines IV à haute dose, 2 g/kg ou 0,4 g/kg pendant
5 jours.
3 Echange plasmatique.
4 Investigations :
Surveiller la numération plaquettaire : les valeurs normales
sont comprises entre 150 × 109/l et 440 × 109/l
Donner des concentrés de plaquettes du même type ABO
que le patient.
Une transfusion de plaquettes non compatibilisées est en général
inefficace. La remontée du taux plaquettaire intervient habituellement au
bout de 2 – 4 semaines.
Prévention
Il est indispensable de prendre l’avis d’un spécialiste et seuls des
concentrés de plaquettes compatibles avec les anticorps du patient doivent
être utilisés.
Signes et symptômes
La réaction du greffon contre l’hôte survient classiquement 10 – 12 jours
après la transfusion et se caractérise par :
Fièvre
Eruption cutanée et desquamation
Diarrhée
Hépatite
Pancytopénie.
162
EFFETS INDÉSIRABLES DE LA TRANSFUSION
Prise en charge
La maladie est habituellement mortelle. Le traitement est essentiellement
symptomatique ; il n’existe pas de traitement spécifique.
Prévention
La prévention consiste en une irradiation par rayons gamma des éléments
figurés du sang pour arrêter la prolifération des lymphocytes transfusés.
Surcharge martiale
Cause
Il n’existe pas de mécanisme physiologique pour éliminer le fer en excès
et les patients recevant des transfusions régulières peuvent avec le
temps accumuler du fer et présenter une hémosidérose.
Signes et symptômes
Le dépôt de quantités excessives de fer dans les tissus peut provoquer
des insuffisances organiques, surtout au niveau cardiaque et hépatique.
Immunosuppression
La transfusion sanguine agit de plusieurs façons sur le système immunitaire
du receveur et on s’est posé la question des risques liés à
l’immunosuppression dans deux domaines :
1 Risque d’augmentation des taux de récidive des tumeurs : des
essais cliniques prospectifs n’ont pas montré de différence de
pronostic entre les patients transfusés et non transfusés ni
entre les receveurs de sang autologue et de sang homologue.
2 Risque d’augmentation des infections post-opératoires du fait
de la diminution de la réponse immunitaire : jusqu’à maintenant,
la plupart des essais cliniques n’ont rien révélé de tel.
163
SECTION 7
Acidose
Pendant le stockage du sang, le métabolisme des globules rouges produit
des acides qui provoquent une baisse faible mais significative du pH
sanguin. Si une acidose apparaît chez un patient recevant une transfusion
de grand volume, elle résulte beaucoup plus probablement d’un traitement
inadéquat de l’hypovolémie que des effets de la transfusion elle-même.
Prise en charge
Dans des circonstances normales, l’organisme peut facilement neutraliser
la charge acide de la transfusion et l’utilisation systématique de bicarbonate
ou d’un autre alcalinisant, en fonction du nombre d’unités transfusées,
n’est pas nécessaire.
Hyperkaliémie
Le stockage du sang entraîne une légère augmentation de la concentration
de potassium extracellulaire en fonction de la durée de stockage. Cette
augmentation n’a que peu de signification clinique sauf en cas
d’exsanguino-transfusion chez le nouveau-né.
164
EFFETS INDÉSIRABLES DE LA TRANSFUSION
Prise en charge
Pour l’exsanguino-transfusion chez le nouveau-né, voir section 11 : Pédiatrie
et néonatologie.
Prévention
Utiliser le sang le plus frais qui soit disponible à la banque de sang, et
datant en tout cas de moins de 7 jours.
Prise en charge
Après la transfusion, le citrate utilisé comme anticoagulant est en général
rapidement métabolisé en bicarbonate. Il est donc inutile de chercher à
neutraliser la charge acide de la transfusion. Il n’y a que très peu de
citrate dans les concentrés et les suspensions de globules rouges.
L’utilisation prophylactique systématique de sels de calcium, comme le
chlorure de calcium, est déconseillée. Leur emploi devra toutefois être
envisagé en présence de signes cliniques ou biologiques d’une diminution
des ions calcium.
165
SECTION 7
Déplétion plaquettaire
La fonction plaquettaire diminue rapidement pendant le stockage du sang
total et disparaît presque entièrement au bout de 48 heures.
Prise en charge
Ne donner de concentrés de plaquettes que lorsque :
Le patient présente des signes cliniques de saignements
microvasculaires, c’est-à-dire des saignements et suintements
au niveau de muqueuses, de plaies, d’écorchures et aux points
d’injection
La numération plaquettaire tombe au-dessous de 50 × 109/l.
Donner suffisamment de concentrés de plaquettes pour arrêter le
saignement microvasculaire et pour maintenir une numération plaquettaire
adéquate.
Envisager une transfusion de plaquettes lorsque la numération plaquettaire
tombe au-dessous de 20 × 109/l, même en l’absence de signes cliniques
de saignement, car il existe un risque de saignement occulte, par exemple
dans le tissu cérébral.
Prévention
L’utilisation prophylactique de concentrés de plaquettes chez des patients
recevant des transfusions de grands volumes est déconseillée.
Prise en charge
Le traitement doit s’adresser à la cause initiale de la transfusion et
ensuite corriger les problèmes de coagulation lorsqu’ils se produisent.
Hypothermie
L’administration rapide de grands volumes de sang ou de solutions de
remplissage sortant directement du réfrigérateur peut entraîner une baisse
notable de la température corporelle. Cette hypothermie peut avoir divers
effets indésirables (voir Prévention de l’hypothermie dans la section 12.3).
Prise en charge
En présence de signes d’hypothermie, il faut réchauffer le sang ou les
solutions de remplissage vasculaire lors de la transfusion de grands
volumes.
166
EFFETS INDÉSIRABLES DE LA TRANSFUSION
Micro-agrégats
Les leucocytes et les plaquettes peuvent s’agglutiner et former des micro-
agrégats pendant le stockage du sang total. Pendant la transfusion,
surtout lorsqu’il s’agit d’une transfusion massive, ces micro-agrégats
peuvent provoquer des embolies dans les vaisseaux pulmonaires et ont
été impliqués dans l’apparition du syndrome de détresse respiratoire de
l’adulte (SDRA). Lorsqu’il survient à la suite d’une transfusion, ce syndrome
est toutefois très probablement dû d’abord aux lésions tissulaires résultant
du choc hypovolémique.
Prise en charge
Il existe des filtres pour éliminer les micro-agrégats, mais rien ne montre
vraiment que leur utilisation empêche le syndrome de détresse respiratoire.
L’utilisation de concentrés de globules rouges appauvris en couche
leucocytaire (buffy coat) réduit le risque de SDRA.
167
Partie 2
La transfusion dans la
pratique clinique
8
Décisions cliniques en
matière de transfusion
La partie 2 est axée sur les situations cliniques qui peuvent nécessiter
la transfusion de sang total ou de produits sanguins :
Section 9 Médecine interne
Section 10 Obstétrique
Section 11 Pédiatrie et néonatologie
Section 12 Chirurgie et anesthésie
Section 13 Traumatologie et chirurgie d’urgence
Section 14 Soins aux brûlés
La section 8 est une brève introduction à la deuxième partie de ce module
et indique de façon simple comment évaluer et confirmer la nécessité
d’une transfusion.
Points clés
1 Utilisée correctement, la transfusion peut sauver la vie. Mal utilisée,
elle peut la mettre en danger.
2 La décision de transfuser du sang ou des produits sanguins doit toujours
être fondée sur une évaluation soigneuse des indications cliniques et
biologiques de la nécessité de cette intervention pour la survie du
patient ou la prévention d’une morbidité importante.
3 La transfusion n’est qu’un des éléments de la prise en charge du
patient.
4 Les décisions de prescription doivent reposer sur les directives nationales
en matière d’utilisation clinique du sang en tenant compte des besoins
particuliers du patient. La décision de transfuser incombe toutefois en
dernier ressort au prescripteur.
171
SECTION 8
172
DÉCISIONS CLINIQUES EN MATIÈRE DE TRANSFUSION
173
SECTION 8
174
9
Médecine interne
Points clés
1 Les patients atteints d’anémie chronique peuvent ne présenter que peu
de symptômes, mais l’anémie augmente le besoin transfusionnel si le
patient perd soudainement une grande quantité de globules rouges du
fait d’une hémorragie ou d’une hémolyse, ou pendant la grossesse ou
l’accouchement.
2 L’anémie ferriprive est la cause la plus fréquente d’anémie chronique.
L’anémie chez un même patient peut cependant avoir plusieurs causes,
par exemple carence nutritionnelle, paludisme, infection à VIH,
parasitose, hémoglobinopathie ou affection maligne.
3 La transfusion est rarement nécessaire en cas d’anémie chronique. De
nombreuses transfusions n’apportent aucun bénéfice au patient, peuvent
être nocives et auraient pu être évitées. Des mesures préventives
simples et l’administration de fer par voie orale peuvent réduire
considérablement la prévalence de l’anémie ferriprive et par conséquent
réduire les besoins transfusionnels.
4 Traiter en urgence toute suspicion de paludisme. La mise en route
précoce du traitement peut sauver le patient. Dans les zones d’endémie,
il existe un risque élevé de transmission du paludisme par transfusion.
Il est donc important de donner au patient transfusé un traitement
antipaludique de routine.
5 Si l’approvisionnement en sang est sûr, le taux d’hémoglobine en cas
de b-thalassémie majeure doit être maintenu à 10 – 12 g/dl au moyen
de transfusions régulières de faible volume. Des précautions particulières
devront être prises contre les infections et la surcharge martiale.
6 En cas de coagulation intravasculaire disséminée, le traitement ou
l’élimination rapides de la cause sont indispensables en plus du
traitement symptomatique. La transfusion peut être nécessaire tant
que la cause de la CIVD n’a pas été traitée.
175
SECTION 9
Introduction
Ceci est la première d’une série de six sections axées sur les situations
cliniques susceptibles de nécessiter une transfusion de sang total ou de
toute substance à usage thérapeutique préparée à partir de sang total.
Vous devez avoir déjà étudié les sections 1 à 8 et il est recommandé,
avant d’aborder la présente section, de revoir la section 3 : Anémie, qui
couvre les sujets suivants :
3.1 Définitions
3.2 Mesure du taux d’hémoglobine et de l’hématocrite
3.3 Anémie cliniquement importante
3.4 Interprétation des taux d’hémoglobine
3.5 Causes de l’anémie
3.6 Adaptation à l’anémie
3.7 Anémie due à une perte de sang aiguë
3.8 Anémie due à des pertes de sang chroniques
3.9 Anémie chronique due à d’autres causes
3.10 Principes du traitement de l’anémie
3.11 Principes de la prévention de l’anémie.
La section 9 n’est pas destinée à remplacer les manuels classiques de
médecine et d’hématologie, mais a pour but de vous aider à :
Prendre en charge les patients de façon à éviter si possible le
recours à la transfusion
Savoir quand une transfusion est nécessaire.
Objectifs pédagogiques
Après avoir terminé cette section, vous devrez être capable :
1 De reconnaître les manifestations cliniques de l’anémie chronique
et ses principales causes.
2 Reconnaître les manifestations cliniques de l’anémie aiguë qui
indiquent qu’une transfusion peut être nécessaire.
3 Choisir les tests de diagnostic appropriés parmi ceux dont vous
disposez et savoir comment et quand les utiliser pour faciliter
la mise en évidence d’une anémie.
4 Décider de la nécessité et de l’urgence d’une transfusion, en
tenant compte des risques associés aux produits sanguins
disponibles.
5 Choisir le produit sanguin le plus approprié parmi ceux qui sont
disponibles, et établir la posologie correcte.
176
MÉDECINE INTERNE
9.1 Anémie
Un patient atteint d’anémie peut présenter des symptômes, mais l’anémie
peut aussi être détectée par exemple lors d’un programme de dépistage
ou à l’occasion d’analyses faites pour une autre affection.
La présence d’une anémie indique une carence nutritionnelle et/ou une
indices globulaires : pathologie. L’anémie ferriprive est de loin la cause la plus fréquente
Volume globulaire d’anémie dans le monde. C’est la principale cause d’anémie, mais non
moyen (VGM) la seule, dans laquelle tous les indices globulaires sont diminués et
Teneur globulaire l’examen d’un frottis sanguin au microscope montre des globules rouges
moyenne en
petits (microcytose), souvent de taille variable (anisocytose) et avec une
hémoglobine (TGMH)
Concentration teneur réduite en hémoglobine (hypochromie).
globulaire moyenne en La cause de l’anémie devra être recherchée et traitée. Il importe de retenir
hémoglobine (CGMH).
les points suivants :
microcytose : Présence de
1 Le diagnostic et la prise en charge devront être basés sur la
globules rouges plus petits
que la normale. Indique connaissance de l’épidémiologie locale de l’anémie et d’autres
une anémie ferriprive. Voir affections en rapport avec l’anémie.
aussi Hypochromie.
2 L’approche du diagnostic et de la prise en charge devra être
anisocytose : Variabilité planifiée de manière à utiliser le plus efficacement possible les
anormale de la taille des ressources sanitaires disponibles et à pouvoir traiter un maximum
globules rouges observés de patients.
sur un frottis sanguin.
3 Le type d’anémie est souvent révélateur de la cause sous-
hypochromie : jacente et également du traitement correcteur nécessaire.
Insuffisance de fer dans les
globules rouges, qui se Aspects cliniques
traduit par un défaut de La vitesse à laquelle évolue l’anémie détermine habituellement la gravité
coloration. Indique une des symptômes.
anémie ferriprive. Voir
Microcytose. L’anémie modérée peut ne provoquer aucun symptôme, notamment
lorsqu’elle est due à une affection chronique. Néanmoins, elle réduit les
réserves du patient pour faire face à un événement tel qu’hémorragie,
infection ou accouchement.
L’anémie sévère, qu’elle soit aiguë ou chronique, est un facteur important
de baisse de l’oxygénation des tissus jusqu’à des niveaux critiques. Dans
de tels cas, un traitement d’urgence s’impose et il faut s’interroger sur
la nécessité d’une transfusion.
177
SECTION 9
Anémie chronique
Si les mécanismes compensateurs sont efficaces, l’anémie chronique
peut ne provoquer que de rares signes et symptômes jusqu’à un taux
d’hémoglobine très bas. Les manifestations cliniques de l’anémie peuvent
cependant apparaître plus tôt lorsqu’il existe :
Une capacité limitée à mettre en route des mécanismes
compensateurs, par exemple en cas de maladie cardio-vasculaire
ou respiratoire
Une augmentation de la demande d’oxygène, par exemple en
cas d’infection, de douleur, de fièvre ou d’exercice
Une réduction supplémentaire de l’apport d’oxygène, par exemple
en cas de perte de sang ou de pneumopathie.
Examen clinique
L’examen clinique devra déterminer le type d’anémie, sa gravité et sa ou
ses causes probables. La figure 9.2 montre les signes et symptômes qui
peuvent être révélés par l’anamnèse et l’examen physique.
Anamnèse
L’examen des antécédents du patient peut révéler des anomalies :
1 Dues à l’anémie.
2 Liées à la cause de l’anémie.
Par exemple, des antécédents familiaux d’anémie, ou des antécédents
personnels indiquant que le patient a peut-être été anémique depuis
l’enfance, doivent vous faire penser à une hémoglobinopathie (voir section
9.8). Le lieu de résidence du patient, son alimentation, la parité et les
178
MÉDECINE INTERNE
EXAMEN PHYSIQUE
179
SECTION 9
Examen physique
Lors de l’examen physique, recherchez :
1 Les signes d’anémie et de décompensation clinique.
2 Les signes de la maladie sous-jacente.
L’examen du patient peut révéler des signes de malnutrition, une stomatite
angulaire et une koïlonychie associés à une anémie ferriprive, un ictère
dû à une hémolyse, des troubles neurologiques dus à une carence en
vitamine B12, de la fièvre et des sueurs profuses accompagnant un
paludisme ou des ecchymoses et des hémorragies évoquant des troubles
de l’hémostase.
Ne pas oublier que, chez un même patient, l’anémie peut avoir plusieurs
causes telles que carence nutritionnelle, VIH, paludisme, maladie parasitaire,
hémoglobinopathie ou affection maligne.
Examens de laboratoire
Une fois le diagnostic d’anémie posé, on pourra dans la plupart des cas
en déterminer la cause d’après la numération-formule sanguine, l’examen
d’un frottis sanguin et les indices globulaires (voir figure 9.3).
1 Les globules rouges microcytaires et hypochromes sont
macrocytose : Présence caractéristiques à la fois de l’anémie ferriprive et de la
de globules rouges plus thalassémie. Les globules de forme elliptique sont beaucoup
grands que la normale. plus fréquents dans l’anémie ferriprive.
Aspect des globules rouges
dans, par exemple, l’anémie 2 Un frottis sanguin montrant des globules rouges anormaux, de
due à une carence en acide taille et de forme très variables, en particulier des hématies en
folique ou en vitamine B12. cible, indique une thalassémie. On peut également trouver des
microcytes de forme anormale, des macrocytes hypochromes
et des fragments de globules rouges ainsi que des granulations
basophiles. On observe souvent des globules rouges nucléés,
nombreux chez les patients splénectomisés.
3 La présence de neutrophiles hypersegmentés est caractéristique
de la carence en vitamine B12 et en acide folique.
4 La présence de globules rouges macrocytaires peut être due
à une production rapide de globules rouges par la moelle osseuse,
à une carence en vitamine B12 et en acide folique (moelle
osseuse mégaloblastique) ou à une production réduite de
globules rouges. On les observe également en cas de maladie
hépatique.
180
MÉDECINE INTERNE
Déterminer hémoglobine/hématocrite
Contrôler
l’hémoglobine au bout
de 4 – 8 semaines
181
SECTION 9
182
MÉDECINE INTERNE
183
SECTION 9
ANÉMIE MACROCYTAIRE :
INVESTIGATIONS ET DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
184
MÉDECINE INTERNE
185
SECTION 9
Transfusion
Chez certains patients atteints d’anémie sévère ou engageant le pronostic vital,
la transfusion de globules rouges peut être un traitement primordial. Mais :
A la sortie de l’hôpital
1 Une fois les problèmes aigus traités et la cause de l’anémie
déterminée, donner au patient des instructions claires sur la
dose et la durée du traitement nécessaire. Pour la carence en
fer, on donnera du fer par voie orale (sulfate ferreux 200 mg
trois fois par jour) pendant trois mois pour reconstituer les
réserves martiales. Si on suspecte une carence en acide folique,
donner une préparation combinée fer + acide folique.
186
MÉDECINE INTERNE
Anémie décompensée
L’état du patient peut se dégrader rapidement, avec des signes cliniques de
décompensation en cas, par exemple, de fièvre, d’infection ou de toute
nouvelle baisse du taux d’hémoglobine.
187
SECTION 9
188
MÉDECINE INTERNE
Aspects cliniques
Outre les aspects cliniques communs à toutes les anémies, l’anémie
ferriprive peut être spécifiquement associée à :
Une koïlonychie
Une stomatite angulaire
Une glossite.
Examens de laboratoire
Voir les figures 9.3, 9.4 et 9.5. La carence martiale se caractérise par une
anémie hypochrome microcytaire visible sur un frottis de sang périphérique.
Les mesures indirectes du bilan martial, comme le fer sérique et la
saturation de la transferrine, manquent de spécificité.
Le dosage de la ferritine plasmatique est utile pour détecter la carence
martiale : des taux inférieurs à 12 mg/l indiquent que les réserves de fer
sont inexistantes. En présence d’une infection, on peut observer un taux
de ferritine plus élevé (jusqu’à 50 mg/l) même en cas d’anémie ferriprive.
La carence martiale est la seule affection qui entraîne une anémie
hypochrome microcytaire avec diminution des réserves de fer dans la
moelle osseuse (anémie ferriprive). La recherche du fer dans la moelle
osseuse par coloration est un test très utile.
Prise en charge
Les principes de la prise en charge de l’anémie ferriprive sont :
1 Restauration des réserves de fer.
2 Elimination ou traitement de la cause de l’anémie.
La réponse au fer (par exemple, sulfate ferreux 200 mg trois fois par jour)
permet de confirmer le diagnostic d’anémie ferriprive. On observe une
augmentation du nombre de réticulocytes dès 3 – 5 jours, avec un pic au
bout de 8 –10 jours de traitement, et une élévation du taux d’hémoglobine
189
SECTION 9
Transfusion
La transfusion de globules rouges est rarement indiquée pour la prise en
charge de l’anémie ferriprive, même si elle peut être envisagée pour des
patients présentant une anémie sévère avec des signes d’insuffisance de
l’oxygénation.
190
MÉDECINE INTERNE
Aspects cliniques
Outre les manifestations classiques de l’anémie, des symptômes
neurologiques tels qu’ataxie, sensation de picotements et sensation de
brûlure au niveau des pieds peuvent s’observer dans la carence en
vitamine B12, mais ne sont pas caractéristiques d’une carence isolée en
acide folique.
Examens de laboratoire
Voir figure 9.5.
L’examen d’un frottis de sang périphérique ne permet pas de distinguer
une carence en vitamine B12 d’une carence en acide folique. Dans les
deux cas on observe des macrocytes, avec une augmentation du volume
globulaire moyen, des globules rouges fragmentés et des neutrophiles
hypersegmentés. Les réticulocytes sont peu nombreux. Comme la vitamine
B12 et l’acide folique sont nécessaires pour la synthèse de l’ADN par
toutes les cellules, les carences graves sont souvent associées à une
diminution du nombre de leucocytes et de plaquettes (pancytopénie).
Prise en charge
Les doses recommandées de vitamine B12 et d’acide folique sont les
suivantes.
Vitamine B12
1 mg IM deux fois par semaine pendant 3 semaines
Puis 1 mg IM tous les 3 mois, à vie.
Acide folique
5 mg par voie orale par jour pendant 3 mois
Une dose plus forte (5 mg 3 fois par jour) peut être nécessaire
en cas de malabsorption.
191
SECTION 9
Transfusion
Comme l’anémie associée à ces carences évolue lentement, sur des
mois ou des années, et que le traitement permet de faire remonter le taux
d’hémoglobine en quelques semaines, elle est généralement bien tolérée.
La transfusion est donc rarement indiquée.
En cas d’anémie mégaloblastique, la transfusion peut être dangereuse
car la fonction myocardique défaillante peut faire courir le risque d’une
insuffisance cardiaque.
192
MÉDECINE INTERNE
Aspects cliniques
Outre les manifestations classiques de l’anémie, les anémies hémolytiques
peuvent être associées à un ictère et à des signes de l’affection sous-
jacente. Par exemple, une hémolyse auto-immune peut être associée aux
lymphomes et aux maladies du tissu conjonctif, et une CIVD à une
septicémie ou une éclampsie.
Les anémies hémolytiques chroniques peuvent également se compliquer de
calculs biliaires, d’ulcères de jambe et de crises aplastiques induites par le
parvovirus. Des antécédents familiaux d’anémie hémolytique peuvent évoquer
un défaut héréditaire de la membrane érythrocytaire ou une hémoglobinopathie.
Les principales manifestations cliniques et complications de l’anémie
hémolytique sont exposées à la figure 9.10. Elles comprennent :
Anémie
Ictère
Calculs biliaires
Caractéristiques de l’affection sous-jacente.
Examens de laboratoire
Une chute du taux d’hémoglobine accompagnée d’une réticulocytose et
d’une élévation de la bilirubine conjuguée sont les signes majeurs de
l’anémie hémolytique. L’examen du frottis sanguin montre des réticulocytes
et, dans les cas graves, des globules rouges nucléés.
D’autres observations pourront être des indicateurs de la cause de
l’hémolyse, par exemple :
Agglutination des globules rouges dans l’hémolyse d’origine
immunitaire
Hématies en casque et hématies dépigmentées dans le déficit
en G6PD ou une intoxication par des produits chimiques.
Sphérocytes dans la sphérocytose héréditaire
Globules rouges fragmentés dans la CIVD.
Le cas échéant, des investigations supplémentaires aideront à confirmer
le diagnostic :
Test direct à l’antiglobuline (Coombs direct)
Dosage de la G6PD
Electrophorèse de l’hémoglobine
Hémocultures.
Prise en charge
De nombreux types d’anémie hémolytique n’abaissent pas le taux
d’hémoglobine jusqu’à des niveaux critiques. L’hémolyse cessera d’elle-
même si l’affection sous-jacente est traitée, par exemple :
193
SECTION 9
Transfusion
Les critères de transfusion sont les mêmes que pour les autres formes
d’anémie sévère, c’est-à-dire que la transfusion ne doit être envisagée
que lorsque l’hémolyse est associée à une anémie sévère engageant le
pronostic vital.
Les patients atteints d’anémie hémolytique d’origine immunitaire posent
souvent de difficiles problèmes de recherche d’un sang compatible du fait
de la présence d’anticorps et/ou de complément liés aux globules rouges.
Ces anticorps sont détectés par le test direct à l’antiglobuline. Ils interfèrent
avec les techniques de laboratoire normalement utilisées pour le typage
des globules rouges et pour identifier les anticorps présents dans le
sérum du patient et qui pourraient hémolyser les globules rouges
transfusés.
Il est quelquefois possible d’utiliser des techniques spéciales (élution
des anticorps) pour éliminer les anticorps liés aux globules rouges de
façon à pouvoir déterminer le groupe sanguin du patient.
Si le laboratoire n’est pas en mesure d’effectuer ces tests spéciaux, la
seule option peut être de tester toutes les unités ABO et Rh compatibles
dont on dispose et de choisir celles qui semblent réagir le moins fortement.
194
MÉDECINE INTERNE
Chez ces patients, la transfusion doit être limitée aux cas d’anémie
engageant le pronostic vital car les globules rouges transfusés peuvent
être eux-même hémolysés, ce qui ne procurera au patient qu’un bénéfice
de courte durée, et la transfusion risque d’aggraver la destruction des
propres globules rouges du patient.
9.4 Paludisme
Le paludisme humain est provoqué par quatre espèces de parasites :
Plasmodium falciparum
Plasmodium vivax
Plasmodium malariae
Plasmodium ovale.
P. falciparum et P. vivax sont responsables de la grande majorité des cas
et se rencontrent en proportions variables dans différents pays. P.
falciparum est l’espèce dominante en Afrique, en Asie du Sud-Est et en
Océanie. Le paludisme à falciparum est une maladie grave et provoque
la mort s’il n’est pas reconnu et traité rapidement.
On compte environ 300 millions de cas de paludisme chaque année,
avec au moins un million de décès. A la phase symptomatique, le
parasite se développe dans les globules rouges dont il provoque la
rupture, ce qui entraîne une hémolyse. Le paludisme, souvent associé
à d’autres affections, est l’une des causes majeures d’anémie chronique
et aiguë.
En Afrique, en Asie et en Amérique latine, les efforts en vue d’éradiquer
le paludisme ont largement échoué. La plupart des cas de paludisme
observés dans les pays développés ont été contractés sur ces continents.
Les méthodes qui permettent de lutter contre la transmission (épandage
de larvicides, pulvérisation d’insectides à effet rémanent dans les
habitations, moustiquaires imprégnées d’insecticide) doivent être
appliquées en permanence. Les insecticides perdent de leur efficacité à
mesure que la résistance se développe. Les vaccins candidats se sont
jusqu’à maintenant montrés inefficaces lors d’essais sur le terrain.
195
SECTION 9
Aspects cliniques
Le paludisme se présente comme une maladie fébrile aiguë non spécifique
et ne se distingue pas facilement des nombreuses autres causes de
fièvre d’après le seul examen clinique. Les symptômes classiques sont :
Fièvre
Céphalées
Myalgies
Frissons
Tremblements
Sueurs profuses.
Le paludisme doit être diagnostiqué et traité de toute urgence car les
formes dues à une espèce en particulier, P. falciparum, peuvent être
rapidement mortelles.
Le diagnostic différentiel doit tenir compte des autres infections et causes
de fièvre. Les manifestations cliniques du paludisme peuvent être modifiées
par l’immunité partielle acquise lors d’une précédente atteinte ou à la
suite d’un traitement antipaludique pris à dose insuffisante. Comme la
fièvre est souvent irrégulière ou intermittente, il importe de connaître son
évolution au cours des dernières 48 heures. L’anémie, la splénomégalie,
l’ictère et l’hypoglycémie sont fréquents. Diarrhée et toux s’observent
parfois.
P. falciparum est l’espèce responsable des complications graves mais,
contrairement à P. vivax et à P. ovale, il n’occasionne pas de rechutes
pouvant s’étendre sur plusieurs années. Le neuropaludisme est la plus
importante complication mortelle du paludisme à falciparum et ne touche
que les personnes non immunes.
Le paludisme est aggravé pendant la grossesse et est dangereux pour la
mère et l’enfant. Les femmes enceintes partiellement immunisées,
notamment les primigestes, sont également sensibles à l’anémie sévère
due au paludisme.
Examens de laboratoire
Les examens suivants doivent être demandés :
1 Examen microscopique d’un frottis sanguin et d’une goutte
épaisse
196
MÉDECINE INTERNE
Prise en charge
La prise en charge du paludisme repose sur le diagnostic et le traitement
précoces de l’infection et de toute complication, car la mort peut survenir
dans les 48 heures chez les sujets non immuns (voir figure 9.11). Du fait
de la variabilité du tableau de la résistance du paludisme dans le monde,
le schéma thérapeutique doit correspondre à un traitement d’efficacité
connue contre les souches locales de parasites.
197
SECTION 9
1 Traiter dans les plus brefs délais l’infection et toute Adulte, y compris femme enceinte
complication, en suivant les schémas thérapeutiques en Envisager une transfusion en cas
usage localement. d’hémoglobine <7 g/dl (voir figure 10.3
2 En cas de suspicion de paludisme, traiter d’urgence pour la transfusion en cas d’anémie
d’après le seul examen clinique, si les analyses de chronique pendant la grossesse)
laboratoire risquent de prendre du temps. Enfant
3 Corriger la déshydratation et l’hypoglycémie : éviter une Transfuser en cas d’hémoglobine
surcharge volémique qui pourrait précipiter un œdème <4 g/dl
pulmonaire. Transfuser en cas d’hémoglobine
4 Traitement spécifique des complications graves : 4 – 6 g/dl avec signes cliniques de :
Transfusion pour corriger une anémie mettant en — Hypoxie
danger la vie du patient — Acidose
Hémofiltration ou dialyse en cas d’insuffisance rénale — Troubles de la conscience
Anticonvulsivants. — Hyperparasitémie (>20 %)
PRÉVENTION
Un diagnostic et un traitement précoces peuvent empêcher Toutes mesures qui réduisent le risque
un paludisme sans complications d’évoluer en maladie grave d’inoculation du parasite, par exemple
voire mortelle. Chez l’enfant, la maladie peut évoluer très moustiquaires imprégnées d’insecticide,
rapidement. pulvérisations à l’intérieur des habitations,
Chimioprophylaxie épandage de larvicides, pose d’écrans
grillagés aux portes et fenêtres
198
MÉDECINE INTERNE
Transfusion
L’anémie due au paludisme est multifactorielle et peut se surimposer à
d’autres causes. Il peut en résulter une baisse sévère du taux
d’hémoglobine due à l’hémolyse, engageant le pronostic vital.
Les situations cliniques conduisant à prescrire une transfusion chez l’adulte
et l’enfant atteints de paludisme sont différentes (voir figures 9.11, 10.3
et 11.7).
9.5 VIH/SIDA
D’après les estimations de l’OMS, il y aura en l’an 2000 au moins
30 millions de personnes infectées par le VIH et 5 – 6 millions atteintes
de SIDA.
Du fait de l’immunosuppression qui accompagne l’infection à VIH, de
nombreux patients ont d’autres infections qui touchent tous les systèmes,
avec de multiples signes et symptômes. Ces maladies sont souvent dues
à des micro-organismes qui infectent rarement les personnes dont
l’immunité est normale.
199
SECTION 9
Anémie hémolytique
Suppression de la production de globules rouges induite par le
parvovirus
Saignements dus à une thrombopénie
Modifications mégaloblastiques induites par la zidovudine et la
stavudine
Infections opportunistes avec infiltration de la moelle osseuse,
par exemple tuberculose, leishmaniose, infections mycosiques
Affections malignes associées, par exemple lymphome, sarcome
de Kaposi.
200
MÉDECINE INTERNE
Transfusion
Une transfusion sanguine peut être nécessaire en cas d’anémie sévère
lorsque les autres mesures ont échoué. Chez un patient atteint d’infection
à VIH et présentant une anémie symptomatique sévère, la décision de
transfuser reposera sur les mêmes critères que pour tout autre patient.
Le sang transfusé devra répondre aux normes nationales de sécurité,
notamment en ce qui concerne le dépistage des infections transmissibles
par transfusion. Il ne faut pas oublier que dans certaines régions, la
transfusion de produits sanguins peut être une cause importante d’infection
par le VIH.
Aspects cliniques
Le déficit en G6PD est le plus souvent asymptomatique ; il peut favoriser
l’apparition d’un ictère et d’une anémie qui seront déclenchés par :
Une infection
Des médicaments
Des produits chimiques (voir figure 9.13).
Un grand nombre des médicaments indiqués à la figure 9.13 peuvent être
prescrits chez tous les patients à l’exception des plus gravement touchés
par le déficit en G6PD. Il peut être plus dangereux de ne pas donner un
médicament que d’exposer le patient au risque d’hémolyse (souvent sans
gravité) induite par ce médicament.
Le déficit en G6PD est également une cause courante d’ictère néonatal.
La forme de déficit en G6PD qui s’observe sur le pourtour du bassin
méditerranéen peut être très grave et peut avoir pour origine l’ingestion
de fèves. Elle peut provoquer une hémolyse massive et conduire à :
Une anémie marquée
Une hémoglobinurie
Dans certains cas, une insuffisance rénale.
201
SECTION 9
Antipaludiques
Pamaquine (plasmoquine) Chloroquine
Pantaquine Quinine
Primaquine Quinacrine
Quinocide
Sulfamides
Cotrimoxazole
Sulfanilimide
Sulfones
Dapsone
Sulfasalazine
Autres
Fèves Acide ascorbique
Acide nalidixique Chloramphénicol
Naphtaline Procaïnamide
Probénécide
Pyriméthamine
Examens de laboratoire
La numération sanguine et le frottis sanguin peuvent être normaux lorsque
l’état du patient est stable mais, lors d’une crise hémolytique, des hématies
en casque apparaissent. Des corps de Heinz (hémoglobine dénaturée)
peuvent être observés sur une préparation de réticulocytes. Des tests de
dépistage du déficit en G6PD (par exemple dosage de la méthémoglobine
réductase) ou de dosage de cette enzyme sont nécessaires pour confirmer
le diagnostic.
Prise en charge
Cette affection s’améliore spontanément et l’hémolyse cesse lorsque les
globules rouges les plus déficients en G6PD ont été détruits. Il importe
d’éliminer ou de traiter toute cause identifiée.
Transfusion
Dans la plupart des cas de déficit en G6PD, la transfusion n’est pas
nécessaire. Elle peut cependant sauver le patient en cas d’hémolyse
sévère avec chute rapide du taux d’hémoglobine.
L’exsanguino-transfusion est indiquée chez les nouveau-nés à risque
d’ictère nucléaire qui ne répondent pas à la photothérapie (voir section
11.6 : Transfusion néonatale).
202
MÉDECINE INTERNE
Aspects cliniques
L’anémie, l’infection et les saignements dépendent du degré de réduction
de la production de globules rouges, de leucocytes et de plaquettes.
Examens de laboratoire
Outre les modifications observables au niveau du sang périphérique décrites
ci-dessus, l’examen de la morphologie et de l’histologie de la moelle
osseuse permet habituellement de confirmer le diagnostic.
Prise en charge
Les principes de la prise en charge de l’insuffisance médullaire sont
résumés à la figure 9.15 et un aperçu général est donné à la figure 9.16.
203
SECTION 9
Transfusion de plaquettes
On peut faire une transfusion de plaquettes (voir section 5 : Produits sanguins)
pour empêcher ou pour contrôler les saignements dus à une thrombopénie.
La dose pour adulte doit contenir au moins 2,4 × 1011 plaquettes. On peut
l’atteindre en perfusant les plaquettes issues de 4 – 6 unités de sang total
ou obtenues par aphérèse à partir d’un seul donneur.
204
MÉDECINE INTERNE
Autres
investigations
Nécessitent des avis
et équipements
spécialisés
205
SECTION 9
206
MÉDECINE INTERNE
Drépanocytose
La drépanocytose (ou anémie falciforme) est la plus courante des
hémoglobinopathies. Elle concerne plus de 150 000 naissances par an,
dont 80 % en Afrique et la plupart des autres sur le pourtour de la
Méditerranée, au Moyen-Orient et en Inde.
Aspects cliniques
Les enfants atteints de drépanocytose ne présentent pas de symptômes
avant l’âge de 6 mois. A ce moment, la majeure partie de l’hémoglobine
fœtale (HbF) a été remplacée par l’hémoglobine anormale (HbS). Les
symptômes d’anémie sont habituellement moins graves que ne pourrait
207
SECTION 9
Crises aiguës
Les crises aiguës consistent en :
Crises vaso-occlusives, avec douleur et infarctus
Crises de séquestration dans la rate
Crises aplastiques dues à des infections, par exemple à
parvovirus, ou à une carence en acide folique
Crises hémolytiques (rarement).
Complications chroniques
Les complications chroniques sont le résultat des ischémies répétées,
qui conduisent à des infarctus des tissus touchés. Elles consistent en :
Anomalies du squelette et retard pubertaire
Déficit neurologique dû aux accidents vasculaires cérébraux
Hyposplénisme
Insuffisance rénale chronique
Priapisme suivi d’impuissance
Perte de fonction pulmonaire
Perte de vision.
Examens de laboratoire
Les examens de laboratoire servent à détecter l’anémie, les anomalies
caractéristiques des globules rouges et la présence d’hémoglobine
anormale.
1 Hémoglobine : Hb de 5 – 11 g/dl (en général faible par rapport
aux symptômes d’anémie)
2 Frottis sanguin pour détecter les hématies falciformes
(drépanocytes), les hématies en cible et la réticulocytose
3 Solubilité des hématies falciformes ou tests sur lame pour les
identifier
4 Dosage de l’HbF à la recherche d’une élévation qui pourrait
modifier la gravité de la maladie
5 Electrophorèse de l’hémoglobine pour identifier les profils
anormaux. Dans la forme HbSS homozygote, aucune HbA normale
n’est détectable.
Prise en charge
La prise en charge vise principalement à éviter les crises et à limiter les
séquelles lorsqu’une crise se produit, comme le montre la figure 9.19.
208
MÉDECINE INTERNE
209
SECTION 9
Crise de séquestration
En l’absence de tout facteur déclenchant manifeste, le sang se concentre
soudainement au niveau de la rate, ce qui entraîne temporairement une
splénomégalie importante.
Le patient présente l’équivalent d’un choc hypovolémique car une partie
du sang circulant est séquestrée dans la rate. Il faut restaurer d’urgence
la volémie à l’aide de solutions de remplissage vasculaire. La transfusion
est habituellement nécessaire.
Crise aplastique
La crise aplastique est en général déclenchée par une infection, par
exemple à parvovirus. Elle consiste en une insuffisance médullaire aiguë
passagère, et des transfusions peuvent être nécessaires en attendant la
restauration de la moelle osseuse.
210
MÉDECINE INTERNE
Trait drépanocytaire
Les patients porteurs du trait drépanocytaire (HbAS) sont asymptomatiques,
peuvent avoir un taux d’hémoglobine normal et des globules rouges
d’aspect normal sur un frottis. Mais la proportion d’HbS peut aller de
25 % à 40 %, et les crises peuvent être déclenchées par la déshydratation
et l’hypoxie. L’anesthésie, la grossesse et l’accouchement doivent être
prises en charge avec prudence chez les porteurs connus.
Hémoglobine D
L’hémoglobine D se rencontre en Inde et est symptomatique à la fois
dans le trait et dans la forme homozygote. La forme double hétérozygote
avec l’hémoglobine S provoque une drépanocytose particulièrement grave.
Hémoglobine E
L’hémoglobine E se rencontre couramment en Asie du Sud-Est. Le trait
donne lieu à une microcytose et une hypochromie légères sans anémie.
La form e homozygote provoque une anémie et une splénomégalie peu
marquées avec hypochromie et hématies en cible visibles sur le frottis
sanguin. La forme double hétérozygote avec l’hémoglobine S provoque
une drépanocytose modérée, sans crises.
Lorsqu’elle est associée à une mutation â-thalassémique, l’hémoglobine
E provoque un syndrome thalassémique. La plupart des patients peuvent
211
SECTION 9
Thalassémies
La thalassémie est un problème de santé publique majeur dans de
nombreuses régions du monde, particulièrement dans le bassin
méditerranéen, au Proche-Orient et en Asie du Sud-Est. Le coût du
traitement est très élevé et impose une lourde charge au système
d’approvisionnement en sang. Il est souvent inaccessible à ceux qui en
auraient le plus besoin.
Les β-thalassémies se classent cliniquement en fonction de leur gravité.
1 Thalassémie majeure : contrairement à ce qui se passe dans
la drépanocytose, les patients ne peuvent maintenir l’oxygénation
de leurs tissus et doivent recevoir des transfusions régulières
pour assurer un taux d’hémoglobine suffisant.
2 Thalassémie intermédiaire : cette appellation recouvre un
éventail plus large que la thalassémie majeure. Elle s’applique
aux patients atteints de thalassémie avec anémie et avec des
manifestations cliniques de causes et de gravité très diverses,
indépendamment du besoin transfusionnel.
Des événements tels qu’une infection ou une grossesse peuvent
motiver une transfusion chez les patients ne recevant pas de
transfusions régulières, ou augmenter le besoin transfusionnel
chez ceux qui en reçoivent.
3 Thalassémie mineure : généralement asymptomatique, avec un
taux d’hémoglobine normal ou légèrement diminué et des
globules rouges microcytaires et hypochromes.
On classe également les thalassémies en fonction de l’anomalie génétique
et moléculaire. La figure 9.20 présente ces deux classifications et la
façon dont elles sont liées.
Il est indispensable de distinguer d’emblée la thalassémie intermédiaire
de la thalassémie majeure afin de déterminer le traitement approprié.
Malheureusement, l’identification exacte de ces deux phénotypes est
souvent difficile lors de l’apparition des symptômes. Néanmoins, une
analyse attentive des données cliniques, hématologiques, génétiques et
moléculaires (voir figure 9.21) peut être utile pour planifier le traitement.
La figure 9.21 récapitule les paramètres diagnostiques et les manifestations
cliniques qui aident à établir le diagnostic différentiel des syndromes
thalassémiques.
Aspects cliniques
Thalassémie majeure
La â-thalassémie homozygote (thalassémie majeure) est la plus importante
sur le plan clinique. La production de globules rouges est inefficace et
l’hémolyse des globules rouges anormaux entraîne une anémie sévère.
212
MÉDECINE INTERNE
Les taux de HbA2 et de HbF sont augmentés, mais cela ne compense pas
le manque de HbA. Les patients ont donc besoin de transfusions répétées
pour maintenir leur taux d’hémoglobine à un niveau suffisant pour assurer
l’oxygénation des tissus.
La β-thalassémie majeure apparaît avant l’âge d’un an, avec des difficultés
de croissance et une anémie. Sans traitement efficace, elle est
généralement mortelle avant l’âge de 10 ans.
213
SECTION 9
Examens de laboratoire
Voir figure 9.5.
Thalassémie majeure
Chez les patients atteints de β-thalassémie majeure, les examens de
laboratoire donnent les résultats suivants :
1 Anémie microcytaire hypochrome sévère.
2 Frottis sanguin : les globules rouges sont microcytaires et
hypochromes avec présence d’hématies en cible, de granulations
basophiles et d’hématies nucléées.
3 Electrophorèse de l’hémoglobine : HbA absente, HbF et HbA2
augmentées
Thalassémie intermédiaire
Chez les patients atteints de β-thalassémie intermédiaire, de β-thalassémie
mineure ou de trait β-thalassémique, les examens de laboratoire donnent
les résultats suivants :
1 Anémie microcytaire hypochrome : fer normal, capacité totale
de liaison du fer normale
2 Electrophorèse de l’hémoglobine : dépend du variant.
214
MÉDECINE INTERNE
Allo-immunisation
Jusqu’à 50 % des patients qui reçoivent des transfusions répétées élaborent
des anticorps contre les globules rouges transfusés ; ces anticorps peuvent
provoquer des réactions transfusionnelles immédiates ou retardées (voir
section 7 : Effets indésirables de la transfusion). Si possible, les patients
doivent recevoir dès le début des globules rouges compatibilisés au niveau
des phénotypes, notamment Kell, Rh D et RhE, qui stimulent facilement la
production d’anticorps hémolytiques chez le receveur.
215
SECTION 9
Hyperviscosité
La viscosité du sang augmente de façon exponentielle lorsque le taux
d’hémoglobine dépasse 12 g/dl. Chez les patients atteints de drépanocytose,
une viscosité excessive peut précipiter l’occlusion vasculaire.
Il est donc important de :
1 Maintenir le volume liquidien circulant.
2 Ne transfuser que jusqu’à un taux maximum d’hémoglobine de
12 g/dl.
Une exsanguino-transfusion de globules rouges peut être nécessaire pour
obtenir une baisse suffisante des globules rouges HbS sans augmenter
la viscosité
Surcharge martiale
Les transfusions répétées finissent par conduire à une accumulation du
fer avec des effets nocifs sur le cœur, le système endocrinien et le foie.
On peut réduire ces risques en ne faisant que les transfusions
déféroxamine : Chélateur indispensables. On donnera de la déféroxamine, qui augmente l’excrétion
du fer, qui augmente du fer (voir figure 9.23).
l’excrétion du fer. Aussi
appelée desferrioxamine. Infections
Toutes les unités de sang et de produits sanguins doivent faire l’objet
d’un dépistage des infections transmissibles par transfusion, dont le VIH-
1 et le VIH-2, les hépatites B et C, la syphilis et d’autres agents infectieux.
Si vous avez des doutes quant à la sécurité du sang dans vos conditions
locales, il importe de peser les risques de transmission d’infections par
rapport au bénéfice de la transfusion pour le patient.
Les patients qui ne sont pas immunisés contre l’hépatite B devront
recevoir un vaccin anti-hépatite B. On administrera un vaccin anti-hépatite
A à tous les sujets thalassémiques positifs pour les anticorps anti-VHC.
Accès veineux
Les transfusions répétées comportent un risque de thrombose des veines
périphériques et de difficultés par la suite lorsque de nouvelles transfusions
seront nécessaires. Les veines du patient sont d’une importance vitale
car elles signifient l’accès au traitement. Voir section 13.2 : Evaluation et
réanimation initiales sur les moyens de préserver l’accès veineux.
Splénectomie
La splénectomie réduit la destruction des globules rouges et les besoins
transfusionnels (en fréquence et en quantité). Elle ne doit toutefois pas
216
MÉDECINE INTERNE
217
SECTION 9
Aspects cliniques
Le diagnostic des troubles de l’hémostase s’appuie sur :
L’évaluation clinique :
— Antécédents
— Examen physique
La connaissance des causes probables
Le choix des examens de laboratoire et l’interprétation des
résultats
Dans certains cas, la réponse à un essai thérapeutique.
Les manifestations cliniques des troubles de l’hémostase sont résumées
à la figure 9.24.
Les antécédents cliniques sont peut-être l’élément le plus important de
l’investigation de la fonction hémostatique. Lorsque les antécédents
familiaux évoquent un trouble héréditaire, établir si possible l’arbre
généalogique.
Examens de laboratoire
Des examens de laboratoire doivent être réalisés lorsqu’on soupçonne un
trouble de l’hémostase. Ce point est particulièrement important si une
intervention chirurgicale est prévue.
L’investigation du trouble de l’hémostase doit être aussi méthodique que
possible. On trouvera à la figure 9.25 un diagramme d’interprétation des
trois tests de routine utilisés en présence de troubles de l’hémostase.
218
MÉDECINE INTERNE
EXAMEN PHYSIQUE
INTERPRÉTATION
219
SECTION 9
Traitement par
Héparine
Maladie de
CIVD
Willebrand
Maladie
hépatique
Hémophilie B
massive
fibrinolytiques
Hémophilie A
Transfusion
Antivitamines K
Numération
Normal Normal Normal/ Normal/ Normal Normal Normal
plaquettaire
Temps de
céphaline activé Normal Normal Normal/
Temps de
thrombine Normal Normal Normal Normal Normal Normal Normal/
Taux de
fibrinogène Normal Normal Normal Normal Normal Normal Normal Normal/
Produits de
dégradation de Normal Normal Normal Normal Normal/ Normal Normal Normal Normal/
la fibrine
220
MÉDECINE INTERNE
Examens de laboratoire
Les déficits en facteur VIII et en facteur IX provoquent tous deux un
allongement du temps de céphaline activé (TCA), avec un temps de Quick
normal. Le temps de céphaline activé se corrige avec l’addition de plasma
normal. Le dosage du facteur en cause confirmera la gravité du déficit,
mais cette technique nécessite un laboratoire spécialisé.
Prise en charge
Prise en charge d’un saignement aigu
1 Eviter les antiplaquettaires comme l’aspirine et les anti-
inflammatoires non stéroïdiens.
221
SECTION 9
Note
* Cryoprécipité contenant 80 — 100 UI de facteur VIII, en général obtenu à
partir de 250 ml de plasma frais congelé.
222
MÉDECINE INTERNE
Note
1 Répéter au bout de 24 heures si le saignement persiste.
2 Le concentré de facteur VIII et le cryoprécipité ne sont pas utiles en cas
d’hémophilie B. Un diagnostic exact est donc nécessaire.
3 Comme appoint à la transfusion de facteurs de coagulation :
Acide tranexamique par voie orale : 500 — 1000 mg 3 fois par jour,
comme dans l’hémophilie A.
Desmopressine (DDAVP)
La desmopressine libère le facteur VIII et le facteur Willebrand endogènes
et peut être utile en cas d’hémophilie A légère ou modérée. Elle n’est pas
indiquée en cas de déficit en facteur IX.
Maladie de Willebrand
Aspects cliniques
Le facteur Willebrand (vWF) est une protéine impliquée dans l’adhésion
des plaquettes aux autres plaquettes et au sous-endothélium. Il sert
également de protéine porteuse pour le facteur VIII. Le déficit en facteur
Willebrand est une affection héréditaire qui se transmet sur le mode
autosomique dominant. Il touche les sujets des deux sexes. Sur le plan
clinique, il se manifeste principalement par des hémorragies cutanéo-
muqueuses, par exemple :
Epistaxis
Tendance aux ecchymoses
Ménorragies
Saignement prolongé après extraction dentaire
Saignement post-traumatique.
Examens de laboratoire
L’anomalie de la fonction plaquettaire se détecte le mieux par la mise en
évidence d’un allongement du temps de saignement (mesuré par la
223
SECTION 9
Prise en charge
Le but du traitement est de normaliser le temps de saignement, soit en
augmentant les taux endogènes de vWF par la desmopressine, soit en
remplaçant le vWF par un facteur VIII de pureté intermédiaire connu pour
contenir une certaine quantité de vWF ou par du cryoprécipité, qui contient
également du vWF.
Posologie
Traiter comme pour le saignement léger ou modéré dans l’hémophilie A,
sauf que la dose hémostatique ne doit pas être répétée toutes les 12
heures mais au bout de 24 – 48 heures, car le facteur Willebrand a une
demi-vie plus longue que le facteur VIII.
1 Desmopressine (DDAVP)
Une dose de 0,3 – 0,4 mg/kg IV dure 4 – 8 heures et évite de
devoir recourir à des dérivés du plasma.
La dose peut être répétée toutes les 24 heures, mais son effet
diminue après quelques jours de traitement.
2 Facteur VIII
A réserver aux patients qui ne répondent pas au traitement par
la desmopressine. Il est indispensable d’utiliser un produit viro-
inactivé contenant du vWF. Ces produits sont dits « concentrés
de facteur VIII de pureté intermédiaire » (voir section 5 : Produits
sanguins).
3 Cryoprécipité
Le cryoprécipité est efficace, mais dans la plupart des pays il
n’est pas disponible sous forme viro-inactivée.
224
MÉDECINE INTERNE
Traumatismes
Leucémie aiguë
Eclampsie
Abruptio placentae
Embolie amniotique
Rétention des produits de conception
Rétention de fœtus mort.
Aspects cliniques
Dans la CIVD sévère, le saignement est excessif et incontrôlé. Le manque
de plaquettes et de facteurs de coagulation provoque :
Hémorragies
Ecchymoses
Saignement continu aux points de ponction veineuse.
Les thrombus microvasculaires peuvent provoquer de multiples
dysfonctionnements organiques conduisant à :
Détresse respiratoire
Coma
Insuffisance rénale
Ictère.
Examens de laboratoire
La CIVD se caractérise par :
Baisse de la numération plaquettaire (thrombopénie)
Allongement du temps de Quick
Allongement du temps de céphaline activé
Allongement du temps de thrombine
Baisse du taux de fibrinogène
Décomposition des produits du fibrinogène : produits de
dégradation de la fibrine.
Dans les formes moins aiguës, une quantité de plaquettes et de facteurs
de coagulation suffisante pour maintenir l’hémostase peut être produite,
mais les examens de laboratoire montrent l’existence d’une fibrinolyse.
Prise en charge
Il est impératif de traiter rapidement ou d’éliminer l’affection sous-jacente.
La plupart des patients présentant des saignements dus à une CIVD sont
dans un état critique et doivent recevoir un traitement symptomatique.
1 Surveiller :
Temps de Quick
Rapport normalisé international (INR)
Temps de céphaline activé
Numération plaquettaire
Fibrinogène.
225
SECTION 9
Transfusion
On fera une transfusion pour aider à juguler l’hémorragie en attendant de
traiter la cause et pour maintenir un taux de plaquettes et de facteurs de
coagulation suffisant. Voir figure 9.27.
Note
Les doses indiquées sont basées sur la préparation de plasma frais congelé,
de cryoprécipité et de concentrés de plaquettes à partir de dons de 450 ml.
226
MÉDECINE INTERNE
Aspects cliniques
Cliniquement, ces troubles se manifestent par des saignements au niveau
des voies digestives ou génito-urinaires.
Examens de laboratoire
Le temps de Quick est allongé, souvent de façon importante. Chez les
patients atteints d’une maladie hépatique, une thrombopénie et des
anomalies du fibrinogène et de la fibrinolyse compliquent souvent le
diagnostic et le traitement.
Prise en charge
Voir figure 9.28 pour la prise en charge des déficits en facteurs de
coagulation vitamine K-dépendants.
227
SECTION 9
Hémorragies digestives
Les hémorragies digestives sont courantes et comportent un risque de
mortalité non négligeable.
Aspects cliniques
1 Une hémorragie digestive haute peut se manifester par une
anémie due au saignement chronique, une hématémèse
(vomissement de sang) ou un méléna (émission rectale de sang
noir, décomposé).
2 Une hémorragie digestive basse se manifeste par une anémie
avec recherche positive de sang occulte dans les selles ou
émission de sang frais sur ou dans les selles.
3 Ulcère gastro-duodénal.
4 Varices œsophagiennes.
5 Cancer gastrique.
Les patients atteints de varices œsophagiennes, qui sont généralement
dues à une maladie hépatique chronique, peuvent aussi présenter des
ulcères gastro-duodénaux ou des érosions de la muqueuse gastrique.
Prise en charge
Les principes de la prise en charge des hémorragies digestives sont :
1 Réanimer le patient (voir figure 9.29).
2 Trouver la source du saignement (si possible par endoscopie).
3 Donner des inhibiteurs H2 (par exemple Tagamet, cimétidine).
4 Stopper le saignement persistant ou récidivant par endoscopie
ou par chirurgie.
Chez la plupart des patients, le saignement cesse sans intervention. La
reprise du saignement est associée à une mortalité élevée et s’observe
surtout chez les patients :
Agés
En état de choc lors de leur hospitalisation
Présentant une hémorragie aiguë visible à l’endoscopie
Qui ont des ulcères gastriques plutôt que duodénaux
Qui ont une maladie hépatique.
Transfusion
La figure 9.29 présente un guide de la transfusion dans les hémorragies
digestives.
ACTIVITÉ 25
Etablissez la liste des affections courantes vues dans votre service médical
(adultes et enfants).
Quelles sont les raisons les plus fréquentes qui conduisent à transfuser ces
patients ? Certaines transfusions pourraient-elles être évitées par une
prévention ou un traitement plus appropriés de la maladie sous-jacente ?
228
MÉDECINE INTERNE
ACTIVITÉ 26
Existe-t-il dans votre hôpital des directives sur les indications cliniques de
la transfusion pour les patients des services de médecine interne ? Sont-
elles précises et complètes ?
S’il n’existe pas de directives ou si vous pensez qu’elles pourraient être
améliorées, parlez-en avec les membres du comité hospitalier de sécurité
transfusionnelle ou avec les responsables des services cliniques et de la
banque de sang.
Une fois vos directives agréées, organisez une séance de cours à l’intention
de tous les personnels concernés. Observez si les directives sont correctement
suivies. Complétez la formation si nécessaire et continuez à examiner les
pratiques.
229
10
Obstétrique
Points clés
1 L’anémie de la grossesse est définie par un taux d’hémoglobine inférieur
à 11 g/dl aux premier et troisième trimestres et à 10,5 g/dl au deuxième
trimestre.
2 Le diagnostic et le traitement efficace de l’anémie chronique pendant
la grossesse sont un bon moyen de réduire le besoin de transfusions
ultérieures. La décision de transfuser ne doit pas reposer uniquement
sur le taux d’hémoglobine mais également sur les besoins cliniques de
la patiente.
3 Les pertes de sang pendant un accouchement normal par voie basse
ou par césarienne ne nécessitent habituellement pas de transfusion
tant que le taux d’hémoglobine chez la mère dépasse 10,0 – 11,0 g/
dl avant l’accouchement. Ce taux doit revenir à la normale dans les
deux semaines qui suivent l’accouchement. Dans le cas contraire, des
investigations sont nécessaires.
4 Une hémorragie obstétricale peut être imprévisible et massive. Tout
service d’obstétrique doit avoir un protocole de prise en charge des
hémorragies obstétricales majeures et tout le personnel doit être formé
à son application.
5 Si on suspecte une coagulation intravasculaire disséminée, ne pas
attendre les résultats des tests de coagulation pour commencer le
traitement.
6 L’administration d’immunoglobuline anti-D à toutes les mères Rh D
négatif dans les 72 heures suivant l’accouchement est la méthode la
plus couramment appliquée de prévention de la maladie hémolytique
du nouveau-né.
230
OBSTÉTRIQUE
Introduction
Les pertes de sang aiguës et l’anémie chronique pendant la grossesse
sont des causes majeures de morbidité et de mortalité partout dans le
monde. L’anémie de la grossesse augmente aussi le risque de retard de
croissance intra-utérin, de prématurité et de mort fœtale.
L’anémie de la grossesse et ses effets sur la morbidité et la mortalité
maternelles et périnatales peuvent être évités grâce à une prévention et
un traitement efficaces. Il est donc indispensable de diagnostiquer l’anémie
et de la corriger sans retard. On réduira ainsi les risques pour la mère et
l’enfant ainsi que la nécessité de recourir à la transfusion en cas
d’hémorragie obstétricale.
Objectifs pédagogiques
Après avoir terminé cette section, vous devrez être capable :
1 De décrire les modifications hématologiques qui surviennent
pendant la grossesse.
2 D’évaluer correctement l’état d’une patiente enceinte et de
pouvoir diagnostiquer une anémie chronique.
3 De promouvoir les mesures de prévention pour réduire l’anémie
chronique chez les femmes enceintes.
4 De donner un traitement approprié aux patientes enceintes
présentant une anémie chronique.
5 De donner un traitement approprié aux patientes enceintes
ayant des pertes de sang aiguës.
6 D’identifier les fœtus à risque de maladie hémolytique et de
prendre les mesures préventives pour éviter la maladie
hémolytique du nouveau-né.
231
SECTION 10
Volume plasmatique
On observe une augmentation de 40 – 50 % du volume plasmatique, qui
atteint son maximum vers la 32e semaine de la grossesse, avec
augmentation du même ordre du débit cardiaque. Ces modifications :
Augmentent l’irrigation sanguine de l’utérus
Augmentent la capacité d’excrétion du rein
Aident à dissiper la chaleur produite par l’augmentation du
métabolisme pendant la grossesse
Protègent le fœtus contre la diminution de la perfusion placentaire
due à la compression de l’aorte et de la veine cave par l’utérus
gravide.
Globules rouges
Le volume globulaire de la mère augmente d’environ 18 – 25 % pendant
la grossesse. Cette augmentation est plus lente toutefois que celle du
volume plasmatique. La différence entre la vitesse d’augmentation du
volume plasmatique et du volume globulaire entraîne une baisse
physiologique du taux d’hémoglobine pendant la grossesse (voir figure
3.6 page xx). Un taux d’hémoglobine normal ou élevé peut indiquer une
pré-éclampsie avec diminution du volume plasmatique.
Métabolisme du fer
Les besoins en fer de la mère augmentent pendant les deux derniers
trimestres de la grossesse du fait de la demande du fœtus et de
l’augmentation du volume globulaire de la mère. Plus de 80 % de
l’accroissement des besoins se situent au troisième trimestre.
Le total des besoins en fer pendant la grossesse se monte à environ
1300 mg, répartis comme suit :
300 mg pour le fœtus
50 mg pour le placenta
450 mg pour l’augmentation du volume globulaire chez la mère
250 mg pour les pertes normales de fer chez la mère
250 mg pour les pertes de sang pendant un accouchement
normal par voie basse (500 ml).
232
OBSTÉTRIQUE
Ces pertes de sang nécessitent rarement une transfusion tant que le taux
d’hémoglobine chez la mère dépasse 10,0 – 11,0 g/dl avant l’accouchement.
233
SECTION 10
ACTIVITÉ 27
Identifiez vos lacunes dans la connaissance des modifications physiologiques
et hématologiques de la grossesse, qui pourraient nuire à votre évaluation
et à votre prise en charge des patientes enceintes.
Carence martiale
La cause la plus courante d’anémie ferriprive pendant la grossesse est
un apport alimentaire insuffisant. L’ankylostomiase et la schistosomiase
(bilharziose) peuvent rapidement provoquer une anémie ferriprive chez les
personnes dont l’apport alimentaire de fer est faible et dont les réserves
de l’organisme sont déjà appauvries. Cette situation est courante pendant
la grossesse du fait de l’augmentation des besoins en fer.
L’anémie ferriprive chez la mère est associée à des scores plus faibles dans
les tests de développement moteur et mental réalisés chez le jeune enfant.
Naissances rapprochées
En l’absence de supplémentation en fer, il faut jusqu’à deux ans pour que
la femme retrouve son statut martial d’avant la grossesse. Les naissances
234
OBSTÉTRIQUE
Carence en vitamine B 12
Infection à VIH
Si une patiente présente une anémie avec leucopénie, thrombopénie,
adénopathies et candidose buccale, il faut envisager la possibilité d’une
infection à VIH.
Paludisme
L’hémolyse due au paludisme est une cause importante d’anémie sévère
de la grossesse. Lorsqu’on suspecte le paludisme chez une femme
enceinte, il est indispensable de le diagnostiquer et le traiter sans retard
pour réduire le risque de morbidité et de mortalité maternelles et les
besoins transfusionnels (voir figure 9.11 page xx).
La chloroquine, la quinine et l’association sulfadoxine-pyriméthamine sont
considérées comme sans danger pendant toute la durée de la grossesse.
Cependant, le paludisme à falciparum chloroquinorésistant est répandu
et un paludisme à falciparum multirésistant est également présent dans
certains pays. Il est indispensable de connaître le tableau local de sensibilité
du paludisme à falciparum pour décider du traitement optimal. Certains
médicaments (méfloquine, halofantrine et dérivés de l’artémisinine) sont
actuellement contre-indiqués pendant le premier trimestre de la grossesse
en raison de l’anxiété qu’ils peuvent provoquer. La méfloquine doit être
évitée aux deuxième et troisième trimestres sauf s’il n’existe aucune
alternative. Les données sur l’utilisation de l’artésunate et autres
235
SECTION 10
artémisinines sont rares. Leur emploi est toutefois justifié chez les patientes
dont le traitement a échoué ou qui font un paludisme grave.
Drépanocytose
L’anémie est en général grave et peut être exacerbée par la séquestration
des drépanocytes dans la rate ou, plus souvent, par la crise aplastique
qui survient lorsque la production de globules rouges dans la moelle
osseuse est ralentie pendant une infection aiguë. La carence en acide
folique est courante dans la drépanocytose en raison de la production
accrue de globules rouges. Comme l’organisme n’excrète pas le fer et
réutilise celui des globules rouges, la carence martiale n’est pas plus
fréquente chez les patients atteints de drépanocytose que dans la
population générale.
La prévention ou le traitement précoce des infections, par exemple des
voies urinaires, et l’administration d’acide folique sont des éléments
importants de la prise en charge de la drépanocytose pendant la grossesse.
On conseillera aux femmes enceintes d’éviter si possible les séjours en
haute altitude, afin d’assurer une oxygénation suffisante. Voir section
9.8 : Hémoglobinopathies héréditaires. Pour la drépanocytose chez le
nouveau-né, voir section 11.3 : Transfusion dans des situations cliniques
particulières.
Examens de laboratoire
Voir section 9.1 : Anémie pour les examens de laboratoire dans l’anémie
chronique.
236
OBSTÉTRIQUE
EXAMEN PHYSIQUE
237
SECTION 10
ACTIVITÉ 28
Reportez-vous à la section 3 : Anémie. Quels sont les facteurs qui peuvent
provoquer une anémie pendant la grossesse ?
Examinez les dossiers des 25 dernières patientes vues en obstétrique dans
votre hôpital. Notez les taux d’hémoglobine mesurés pendant la grossesse.
Combien de femmes ont eu une mesure de l’hémoglobine ou de
l’hématocrite pendant le dernier trimestre de la grossesse ?
Combien étaient anémiques ?
Combien ont reçu une prescription de fer ?
Vos observations indiquent-elles une prise en charge appropriée des femmes
pendant la grossesse ? Sinon, parlez à vos collègues de toutes mesures qui
pourraient être prises pour améliorer la situation.
Transfusion
Il importe de se souvenir que le fait de transfuser une patiente anémique
ne traite pas la cause de l’anémie et ne corrige pas les efffets non
238
OBSTÉTRIQUE
ACTIVITÉ 29
Existe-t-il dans votre hôpital des directives sur l’évaluation et la prise en
charge de l’anémie chronique de la grossesse ? Sont-elles précises et
complètes ? Sont-elles systématiquement utilisées par l’ensemble des
personnels de santé impliqués dans les soins anténatals ?
S’il n’existe pas de telles directives ou si vous pensez qu’elles pourraient être
améliorées, préparez un projet de directives et parlez-en avec vos collègues.
Une fois vos directives agréées, organisez une séance de cours à l’intention
de tous les personnels concernés.
Observez si les directives sont correctement suivies. Complétez la formation
si nécessaire et continuez à examiner les pratiques.
239
SECTION 10
CÉSARIENNE PROGRAMMÉE
Note
Ce guide ne constitue qu’un exemple de la façon d’établir des directives
locales. Les indications précises de la transfusion en cas d’anémie chronique
de la grossesse devront être basées sur les directives nationales, modifiées en
fonction de la situation locale.
240
OBSTÉTRIQUE
241
SECTION 10
Hémorragie primaire du post-partum : hémorragie des voies génitales supérieure à 500 ml survenant dans
les 24 heures suivant l’accouchement
Les causes peuvent être : Atonie utérine
Rétention des produits de conception
Lésions traumatiques
Adhérence anormale du placenta : par exemple
placenta accreta
Défaut de coagulation
Inversion utérine aiguë
Hémorragie secondaire du post-partum : toute hémorragie des voies génitales survenant entre 24 heures et
6 semaines après l’accouchement
Les causes peuvent être : Infection puerpérale
Rétention des produits de conception
(membranes ou tissu placentaire)
Lésions tissulaires après accouchement
dystocique (qui peuvent intéresser le col, le
vagin, la vessie ou le rectum)
Rupture de la cicatrice utérine après césarienne
242
OBSTÉTRIQUE
Figure 10.6 : Directives pour la prise en charge en urgence de l’hémorragie obstétricale majeure
RÉANIMER
SURVEILLER/CONTRÔLER
1 Envoyer un échantillon de sang à la banque de sang pour épreuve de compatibilité croisée sur des unités de
sang supplémentaires, mais ne pas attendre d’avoir du sang compatibilisé si l’hémorragie est grave.
2 Demander une numération-formule sanguine.
3 Demander une recherche des facteurs de coagulation.
4 Surveiller en continu le pouls et la pression artérielle.
5 Poser une sonde urinaire et mesurer la diurèse horaire.
6 Surveiller la fréquence respiratoire.
7 Surveiller l’état de conscience.
8 Surveiller le temps de remplissage capillaire.
9 Poser une voie veineuse centrale, si possible, et surveiller la pression veineuse centrale.
10 Continuer à surveiller l’hémoglobine ou l’hématocrite.
243
SECTION 10
STOPPER L’HÉMORRAGIE
1 Identifier la cause.
2 Examiner le col de l’utérus et le vagin à la recherche de déchirures.
3 En cas de rétention des produits de conception et de saignement incontrôlé, traiter comme une coagulation
intravasculaire disséminée (voir figure 10.9).
4 En cas d’hypotonie et d’atonie utérines :
S’assurer que la vessie est vide
Donner de l’ocytocine IV 20 unités
Donner de l’ergométrine IV 0,5 mg
Donner de l’ocytocine en perfusion (40 unités dans 500 ml)
Masser le fond utérin pour stimuler la contraction
Faire une compression bimanuelle de l’utérus (voir figure 10.7)
Si le saignement continue, injecter par voie intramusculaire profonde ou via le myomètre de la
prostaglandine (par exemple Carboprost 250 ìg) directement dans l’utérus (diluer 1 ampoule dans 10 ml
de sérum physiologique stérile).
5 Envisager un traitement chirurgical précoce plutôt que tardif.
6 Envisager une hystérectomie précoce plutôt que tardive.
ACTIVITÉ 30
Existe-t-il dans votre hôpital des directives sur la prise en charge de
l’hémorragie obstétricale majeure ? Sont-elles précises et complètes ? Sont-
elles systématiquement utilisées par l’ensemble des personnels de santé
impliqués dans les soins obstétricaux ? Les médicaments nécessaires sont-
ils facilement disponibles ?
244
OBSTÉTRIQUE
Si ces tests ne sont pas disponibles, on peut utiliser le test simple suivant
pour mettre en évidence une CIVD :
1 Prélevez 2 — 3 ml de sang veineux dans un tube à essais propre en verre
(10 × 75 mm).
2 Tenez le tube dans le creux de la main pour le réchauffer à la température
du corps.
3 Au bout de 4 minutes, inclinez doucement le tube pour voir s’il se forme
un caillot. Puis inclinez-le de nouveau toutes les minutes jusqu’à ce que le
sang soit coagulé et que vous puissiez retourner complètement le tube.
Le caillot se forme normalement entre 4 et 11 minutes, mais dans la CIVD, le
sang reste liquide au-delà de 15 à 20 minutes.
245
SECTION 10
Si on suspecte une CIVD, ne pas attendre les résultats des tests de coagulation
pour commencer le traitement.
246
OBSTÉTRIQUE
247
SECTION 10
Echographie
L’échographie montrera également des signes physiques d’apparition
d’une anémie avant que l’anasarque ne se développe.
248
OBSTÉTRIQUE
Prophylaxie sélective
Si un événement sensibilisant (voir figure 10.10) intervient pendant la
période anténatale, on donnera 250 mg d’immunoglobuline anti-D jusqu’à
20 semaines de grossesse et 500 mg d’immunoglobuline anti-D entre 20
semaines de grossesse et le terme.
Prophylaxie anténatale
Comme tous les cas d’hémorragie fœto-maternelle ne sont pas détectés
pendant la grossesse, il existe encore un risque de sensibilisation
maternelle aux globules rouges Rh D positif du fœtus. C’est pourquoi
certains pays recommandent maintenant une prophylaxie de routine par
l’immunoglobuline anti-D chez toutes les femmes enceintes Rh D-négatif.
Il existe deux options de traitement par voie intramusculaire, d’efficacité
égale :
1 500 mg à 28 et 34 semaines de grossesse.
2 Une seule dose de 1200 mg au début du troisième trimestre.
Transfusion in utero
Si des anticorps sont détectés dès le début de la grossesse, envoyer si
possible la patiente dans un centre tertiaire pour évaluation et prise en
charge.
249
SECTION 10
ACTIVITÉ 31
Quel est le protocole local de suivi des femmes enceintes porteuses
d’anticorps anti-D ou d’autres anticorps de groupes sanguins ? Est-il
systématiquement et correctement utilisé ? L’immunoglobuline anti-D est-
elle facilement disponible dans votre service d’obstétrique ?
Si vous pensez que les procédures sont insuffisantes ou inefficaces, discutez
avec le personnel des moyens d’améliorer le système de suivi. Elaborez un
nouveau protocole avec les personnels impliqués dans les soins anténatals
et organisez les activités de formation nécessaires pour assurer que ce
nouveau protocole sera appliqué.
250
11
Pédiatrie et néonatologie
Points clés
1 La prévention de l’anémie et son traitement précoce sont un élément
essentiel de la stratégie de réduction des besoins transfusionnels en
pédiatrie.
2 Si une hypoxie survient malgré les mécanismes normaux de
compensation de l’anémie, il faut immédiatement instituer un traitement
symptomatique. Si l’instabilité clinique se poursuit, une transfusion
peut être indiquée.
3 La décision de transfuser ne doit pas reposer uniquement sur le taux
d’hémoglobine, mais également sur une évaluation clinique soigneuse
de l’état de l’enfant.
4 Lorsqu’il existe un risque de surcharge circulatoire, il est préférable de
transfuser des globules rouges plutôt que du sang total. On utilisera si
possible des poches de sang à usage pédiatrique afin de réduire le
nombre de donneurs auquel l’enfant sera exposé.
5 Dans certaines affections, comme les hémoglobinopathies
(drépanocytose et thalassémies), des transfusions répétées de globules
rouges peuvent être indiquées.
6 Il n’existe que très peu d’indications pour la transfusion de plasma frais
congelé. Son utilisation inappropriée et inefficace peut transmettre le
VIH et les hépatites et doit être évitée.
251
SECTION 11
Introduction
L’incidence de l’anémie sévère chez le jeune enfant varie largement selon
les régions. Dans celles où les carences nutritionnelles, le paludisme, les
helminthiases et les hémoglobinopathies sont courantes, les jeunes
enfants sont fortement exposés au risque d’anémie sévère, avec pour
conséquence un recours fréquent à la transfusion. Des études réalisées
dans des hôpitaux d’Afrique orientale et d’Afrique de l’Ouest ont montré
que 45 – 60 % de l’ensemble des transfusions sont pratiquées sur des
enfants et que près de 30 % de l’ensemble des hospitalisations en
pédiatrie sont motivées par une anémie sévère.
Dans de nombreuses régions, la prévalence des infections transmissibles
par transfusion comme le VIH, les hépatites et la maladie de Chagas est
élevée parmi les donneurs de sang. Du fait du recours fréquent à la
transfusion dans ces mêmes régions, la transfusion est devenue une
cause majeure d’infection à VIH chez l’enfant. Une étude réalisée dans
un grand hôpital africain un an après la mise en œuvre du dépistage du
VIH a montré que 25 % des infections pédiatriques à VIH étaient encore
imputables à la transfusion. L’utilisation appropriée de sang sécurisé, de
qualité assurée, permet de réduire la transmission du VIH et d’autres
agents infectieux.
La présente section est principalement axée sur l’anémie pédiatrique.
Voir section 3 : Anémie et section 9 : Médecine interne pour les questions
plus générales. Voir aussi section 12 : Chirurgie et anesthésie et section
13 : Traumatologie et chirurgie d’urgence pour ce qui concerne la chirurgie,
les traumatismes et les pertes de sang aiguës.
Objectifs pédagogiques
Après avoir terminé cette section, vous devrez être capable :
1 D’identifier les principales causes d’anémie pédiatrique dans
votre localité.
2 De choisir les tests diagnostiques appropriés parmi ceux dont
vous disposez, et de savoir comment et quand les utiliser pour
évaluer une anémie chez l’enfant.
3 De reconnaître les signes cliniques des mécanismes
compensateurs normaux dans l’anémie chronique de l’enfant
et les signes de décompensation qui peuvent indiquer qu’une
transfusion est nécessaire.
4 De reconnaître les principales indications cliniques de la
transfusion et de savoir quand et comment prescrire une
transfusion.
5 De suggérer des moyens d’améliorer l’utilisation des produits
sanguins en pédiatrie dans votre hôpital ou dispensaire.
252
PÉDIATRIE ET NÉONATOLOGIE
Chez l’enfant atteint d’anémie sévère associée à une autre maladie (par
exemple une infection aiguë), le risque de mortalité est élevé. En plus du
253
SECTION 11
Carences nutritionnelles
Même lorsqu’elles sont suffisamment graves pour provoquer une anémie,
les carences nutritionnelles ne nécessitent généralement pas le recours
à la transfusion. Elles peuvent cependant diminuer l’aptitude de l’enfant
à compenser une nouvelle baisse du taux d’hémoglobine due par exemple
à une hémolyse aiguë ou à une hémorragie.
Anémie ferriprive
254
PÉDIATRIE ET NÉONATOLOGIE
Dans les régions d’endémie, le paludisme est une cause importante d’anémie
pédiatrique sévère.
255
SECTION 11
256
PÉDIATRIE ET NÉONATOLOGIE
ACTIVITÉ 32
Quels sont les programmes de prévention de l’anémie pédiatrique sévère
dans votre communauté ? Quelle est leur efficacité ?
Identifiez les personnes qui devraient être impliquées dans la planification
de nouvelles stratégies de prévention de l’anémie et discutez avec elles de
la façon de renforcer ces stratégies.
Evaluation clinique
L’évaluation clinique de la gravité de l’anémie doit être complétée par une
mesure fiable de l’hémoglobine ou de l’hématocrite.
Examens de laboratoire
Il est indispensable de disposer d’une méthode peu coûteuse, fiable et
rapide de dépistage de l’anémie pédiatrique en ambulatoire. Les tests
diagnostiques simples indiqués à la figure 11.3 peuvent être très utiles
pour déterminer la cause de l’anémie. Voir aussi section 9.1 : Anémie.
Figure 11.3 : Examens de
laboratoire pour le diagnostic Examens de laboratoire But
de l’anémie pédiatrique
Mesure du taux d’hémoglobine ou Diagnostiquer l’anémie et évaluer la
de l’hématocrite réponse au traitement
ACTIVITÉ 33
Etude de cas
Un garçon de 2 ans vient d’être hospitalisé dans votre service, envoyé par
le service de consultations externes avec un diagnostic d’ « anémie ». Ce
service était si débordé qu’il a fait hospitaliser l’enfant sans examens de
laboratoire.
257
SECTION 11
ACTIVITÉ 34
258
PÉDIATRIE ET NÉONATOLOGIE
Pouls : 150
Fréquence respiratoire : 30
Pression artérielle : 90/60
Température : 38,6°C
Remplissage capillaire rapide
Pas de geignement expiratoire, de battement des ailes du nez ni de
tirage intercostal
Pas de cyanose
Foie non palpable
Muqueuses sèches.
1 Quels examens demanderiez-vous ?
2 Que feriez-vous ensuite ?
Anémie décompensée
De nombreux facteurs peuvent provoquer une décompensation de l’anémie
chez l’enfant et conduire à une hypoxie des tissus et des organes mettant
en jeu le pronostic vital. La figure 11.5 résume les aspects cliniques et
les causes possibles de la décompensation.
Un traitement symptomatique d’urgence doit être mis en route chez tout
enfant atteint d’anémie sévère et présentant :
Détresse respiratoire
Difficulté pour s’alimenter
Insuffisance cardiaque
Altération de l’état mental.
Les enfants gravement anémiques sont rarement, contrairement à ce que
l’on croit souvent, en insuffisance cardiaque et la dyspnée est due à
l’acidose. Plus l’état de l’enfant est grave, plus la transfusion doit être
mise en route rapidement.
La figure 11.6 résume la prise en charge de l’anémie pédiatrique sévère
décompensée.
Transfusion
Des études prospectives réalisées en Afrique sur des enfants gravement
anémiques ont montré que la transfusion n’était associée à une
amélioration de la survie que chez les enfants ayant un taux d’hémoglobine
au-dessous de 5 –6 g/dl et présentant des signes cliniques de défaillance
cardiaque ou respiratoire.
Mais, avec ou sans transfusion, les enfants atteints d’anémie chronique
sévère ont un risque vital élevé. Dans une étude réalisée au Kenya sur
des enfants hospitalisés, 30 % des enfants ayant un taux d’hémoglobine
inférieur à 5,0 g/dl mouraient dans les deux mois suivant leur
hospitalisation.
La décision de transfuser ne doit pas reposer uniquement sur le taux
d’hémoglobine, mais également sur une évaluation clinique soigneuse de
l’état de l’enfant.
259
SECTION 11
Causes de décompensation
1 Augmentation de la demande d’oxygène :
Infection
Douleur
Fièvre
Exercice
2 Réduction supplémentaire de l’apport d’oxygène :
Perte de sang aiguë
Pneumonie.
Anémie décompensée
Signes précoces de décompensation
Respiration difficile, rapide, avec rétraction et tirage intercostal, sous-costal
et suprasternal (détresse respiratoire)
Augmentation de l’utilisation des muscles abdominaux pour respirer
Battement des ailes du nez
Difficultés pour s’alimenter
260
PÉDIATRIE ET NÉONATOLOGIE
RÉÉVALUATION
261
SECTION 11
ACTIVITÉ 35
2 Que feriez-vous ?
Quatre heures plus tard, la transfusion est en route, le patient paraît mieux
et les signes vitaux sont stabilisés, à l’exception d’une légère tachycardie.
Il est tard, vous êtes très fatigué et vous avez hâte d’aller vous coucher.
L’infirmière vous dit qu’il y a quelque temps qu’elle n’a pas fait de transfusion
et qu’elle appréhende de surveiller une transfusion sans recevoir
d’instructions.
262
PÉDIATRIE ET NÉONATOLOGIE
PRÉCAUTIONS
263
SECTION 11
Systèmes de perfusion
Les nourrissons et les jeunes enfants ont besoin de faibles volumes de
liquides et peuvent facilement présenter une surcharge circulatoire si la
perfusion n’est pas bien contrôlée.
Si possible, utiliser un système qui permette de contrôler facilement le
débit et le volume de la perfusion. La figure 11.10 en montre deux
exemples.
264
PÉDIATRIE ET NÉONATOLOGIE
Drépanocytose et thalassémie
Pour plus de détails, voir section 9.8 : Hémoglobinopathies héréditaires.
Drépanocytose
Les enfants atteints de drépanocytose ne manifestent les premiers
symptômes que vers l’âge de six mois. La plus grande partie de
l’hémoglobine fœtale (HbF) a alors été remplacée par l’hémoglobine
anormale (HbS). Les transfusions ne sont pas nécessaires pour corriger
le taux d’hémoglobine, car la courbe de dissociation de l’oxygène est
déplacée vers la droite, l’affinité pour l’oxygène est faible et le relargage
de l’oxygène vers les tissus est suffisant en dehors des crises
drépanocytaires (voir figure 2.12). A partir de six mois, les malades ont
de longues périodes de calme entrecoupées de crises.
Le but principal de la prise en charge est d’éviter les crises drépanocytaires,
au moyen des mesures indiquées à la figure 11.11.
L’exsanguino-transfusion est indiquée pour le traitement des crises vaso-
occlusives et du priapisme qui ne répondent pas au traitement par
remplissage vasculaire seul (voir figure 11.16 pour le calcul des quantités
nécessaires pour l’exsanguino-transfusion).
Thalassémie
La thalassémie est l’un des principaux problèmes de santé publique dans
le bassin méditerranéen, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est. Il est
très difficile d’assurer aux enfants thalassémiques un état de santé
optimal et, souvent, le traitement n’est pas disponible là où la maladie
est la plus répandue.
Contrairement à ce qui se passe dans la drépanocytose, chez les enfants
atteints de thalassémie, l’oxygénation des tissus ne peut être maintenue
265
SECTION 11
266
PÉDIATRIE ET NÉONATOLOGIE
Affections malignes
Voir section 9 : Médecine interne. La leucémie et d’autres affections
malignes peuvent provoquer une anémie et une thrombopénie. Si un
enfant a de nouveau besoin de transfusions au bout de quelques mois,
il faut envisager le diagnostic d’affection maligne ; le premier examen à
effectuer est la numération-formule sanguine.
La chimiothérapie provoque souvent une anémie et une thrombopénie
sévères. Des transfusions répétées de sang et de plaquettes peuvent
être nécessaires pendant plusieurs semaines pendant et après la
chimiothérapie, jusqu’à récupération de la moelle osseuse.
Troubles congénitaux
Voir section 9.10 : Troubles congénitaux de l’hémostase et de la coagulation
pour l’hémophilie A, l’hémophilie B et la maladie de Willebrand.
Troubles acquis
Déficit en vitamine K chez le nouveau-né
Une baisse passagère des facteurs de coagulation vitamine K-dépendants
(II, VII, IX, X) survient normalement chez le nouveau-né 48 – 72 heures
après la naissance, avec un retour progressif à la normale vers 7 – 10
jours. L’administration IM prophylactique de 1 mg de vitamine K liposoluble
à la naissance prévient le syndrome hémorragique du nouveau-né chez
267
SECTION 11
11.5 Thrombopénie
Chez le nouveau-né normal, la numération plaquettaire est de
80 – 450 × 109/l. Après 7 jours, elle atteint les valeurs adultes, c’est-à-
dire 150 – 400 × 109/l. La thrombopénie se définit comme toute valeur
située au-dessous de cet intervalle.
La figure 11.12 indique les causes de thrombopénie chez le nourrisson
et l’enfant.
Traitement de la thrombopénie
Un enfant ayant des saignements dus à une thrombopénie présente
habituellement des pétéchies, des hémorragies rétiniennes, des
saignements des gencives et des saignements persistants aux points de
ponction veineuse.
268
PÉDIATRIE ET NÉONATOLOGIE
269
SECTION 11
270
PÉDIATRIE ET NÉONATOLOGIE
Exsanguino-transfusion
La principale indication de l’exsanguino-transfusion néonatale est la préven-
ictère nucléaire : Atteinte
des noyaux gris centraux tion des complications neurologiques (ictère nucléaire) dues à une élévation
due à la bilirubine rapide de la bilirubine non conjuguée. Celle-ci se produit lorsque le foie
liposoluble. Provoque des encore immature ne parvient pas à métaboliser les produits de dégradation
altérations du tonus de l’hémoglobine. La cause sous-jacente est habituellement une hémolyse
musculaire. Peut être due aux anticorps dirigés contre les globules rouges du nouveau-né.
provoqué par la maladie
hémolytique du nouveau- Ictère
né. La maladie hémolytique est la cause la plus fréquente d’ictère néonatal
et la plus importante sur le plan clinique. Dans de nombreux pays où la
271
SECTION 11
272
PÉDIATRIE ET NÉONATOLOGIE
Sang total 35 — 45 %
Concentré de globules rouges 55 — 75 %
Suspension de globules rouges 50 — 70 %
PROCÉDURE TRANSFUSIONNELLE
273
SECTION 11
PRÉCAUTIONS
COMPLICATIONS DE L’EXSANGUINO-TRANSFUSION
1 Cardio-vasculaires
Thrombo-embolie ou embolie gazeuse
Thrombose de la veine porte
Troubles du rythme cardiaque
Surcharge volémique
Arrêt cardio-respiratoire
2 Hydro-électrolytiques
Hyperkaliémie
Hypernatrémie
Hypocalcémie
Hypoglycémie
Acidose
3 Hématologiques
Thrombopénie
Coagulation intravasculaire disséminée
Surdosage en héparine (peut nécessiter 1 mg de protamine par 100
unités d’héparine dans le sang du donneur)
Réaction transfusionnelle
4 Infectieuses
Hépatite
VIH
Sepsis
5 Mécaniques
Dommages aux globules rouges du donneur (notamment par chauffage
excessif)
Dommages aux vaisseaux sanguins
Perte de sang
274
PÉDIATRIE ET NÉONATOLOGIE
275
SECTION 11
276
PÉDIATRIE ET NÉONATOLOGIE
277
SECTION 11
Erythropoïétine recombinante
L’érythropoïétine recombinante est coûteuse, mais stimule efficacement
et sans danger la production de globules rouges. Son rôle dans la prise
en charge de l’anémie néonatale est encore à l’étude.
Polycythémie et hyperviscosité
On utilise souvent l’exsanguino-transfusion partielle pour le traitement de
la polycythémie symptomatique. Il n’y a pas d’unanimité chez les cliniciens
sur les nouveau-nés susceptibles de souffrir d’effets indésirables pendant
la période néonatale. La controverse porte sur la nécessité de dépister
tous les nouveau-nés dans les heures qui suivent la naissance et sur
l’influence du traitement précoce des nouveau-nés asymptomatiques sur
l’incidence d’effets tardifs par exemple sur la coordination motrice ou le
quotient intellectuel.
Le seuil de dépistage généralement admis est un hématocrite veineux
central de 65 % ou plus. En cas de suspicion d’hyperviscosité, il est
fortement recommandé de déterminer l’hématocrite par microcentrifugation,
car la plupart des praticiens ne disposent pas de tests de viscosité. Les
278
PÉDIATRIE ET NÉONATOLOGIE
ACTIVITÉ 36
Existe-t-il dans votre hôpital des directives sur la transfusion néonatale ?
Sont-elles précises et complètes ? Sont-elles systématiquement utilisées
par l’ensemble des personnels de santé impliqués dans les soins néonatals ?
S’il n’existe pas de telles directives ou si vous pensez qu’elles pourraient
être améliorées, préparez un projet de directives et parlez-en avec vos
collègues.
Une fois vos directives agréées, organisez une séance de cours à l’intention
de tous les personnels impliqués dans les soins néonatals. Observez si les
directives sont correctement suivies et procédez à des contrôles réguliers.
Complétez la formation si nécessaire et continuez à examiner les pratiques.
279
12
Chirurgie et anesthésie
Points clés
1 Dans la plupart des cas, les interventions chirurgicales programmées
n’entraînent pas une perte de sang suffisante pour qu’une transfusion
soit nécessaire.
2 Une évaluation et une prise en charge attentives avant l’intervention
permettent de réduire la morbidité et la mortalité. Elles devront comprendre :
Diagnostic, investigation et traitement de l’anémie
Diagnostic et optimisation de toute affection cardio-respiratoire
concomitante
Détection pré-opératoire des troubles de la coagulation et de la
fonction plaquettaire.
3 Il n’est que rarement justifié de faire une transfusion pré-opératoire
dans le seul but de faciliter une intervention programmée.
4 Il est possible de réduire sensiblement les pertes de sang peropératoires
par :
Une technique chirurgicale soigneuse
Une position optimale du patient
L’utilisation de vasoconstricteurs
L’utilisation de garrots
Les techniques anesthésiques
L’utilisation d’antifibrinolytiques.
5 Le patient peut souvent supporter une perte de sang non négligeable
pendant l’opération avant qu’une transfusion soit nécessaire, si la
normovolémie est maintenue au moyen de solutions de remplissage
vasculaire.
6 La transfusion de sang autologue est une technique efficace, aussi
bien en chirurgie programmée qu’en chirurgie d’urgence, pour réduire
ou éviter le besoin de sang de donneur. Cette possibilité ne doit toutefois
être envisagée que lorsqu’il est prévisible que l’intervention entraînera
des pertes de sang qui justifieraient une transfusion de sang homologue.
7 La perte de sang et l’hypovolémie peuvent se poursuivre après
l’intervention. Une surveillance attentive des signes vitaux et du site
opératoire est un élément essentiel de la prise en charge du patient.
280
CHIRURGIE ET ANESTHÉSIE
Introduction
Les pratiques transfusionnelles accompagnant la chirurgie programmée
sont extrêmement variables, y compris pour une même intervention. Ces
différences s’observent non seulement d’un pays à l’autre, mais aussi
d’un hôpital à l’autre et même d’une équipe chirurgicale à l’autre dans
un même établissement. Cette situation est due à de nombreux facteurs,
y compris des différences au niveau de l’état clinique des patients admis
en chirurgie, des techniques anesthésiques et chirurgicales, des attitudes
et préoccupations des cliniciens et des patients vis-à-vis de la transfusion,
et du coût et de la disponibilité du sang et des produits sanguins.
De plus, la décision de transfuser un patient admis en chirurgie peut dans
bien des cas être délicate. Il n’existe pas de signe ni de mesure, y compris
celle du taux d’hémoglobine, qui puisse indiquer exactement que
l’oxygénation des tissus devient insuffisante. Il faut se baser sur une
évaluation attentive de divers facteurs et signes cliniques, qui peuvent
eux-mêmes être masqués ou atténués par l’anesthésie générale. En
outre, la réponse individuelle des patients à la perte de sang est très
variable, souvent à cause de l’âge ou d’une affection cardio-respiratoire.
Dans la plupart des cas, les interventions chirurgicales programmées
n’entraînent pas une perte de sang suffisante pour qu’une transfusion
soit nécessaire.
Il existe cependant des interventions pour lesquelles on peut prévoir des
pertes sanguines importantes, et il y a toujours le risque de perte sanguine
inattendue pendant n’importe quel type d’intervention.
Cette section a pour but de montrer comment il est souvent possible de
limiter en toute sécurité l’utilisation du sang en chirurgie programmée, ou
même d’éviter totalement le recours à la transfusion. Elle indique aussi
les circonstances dans lesquelles une transfusion est indiquée.
Objectifs pédagogiques
Après avoir terminé cette section, vous devrez être capable :
1 D’évaluer et de traiter avant toute intervention programmée les
patients atteints d’anémie, d’affections cardio-respiratoires et
de troubles de la coagulation afin de réduire à la fois les risques
chirurgicaux potentiels et les besoins transfusionnels.
2 D’appliquer correctement les techniques permettant de réduire
les pertes de sang peropératoires.
3 D’évaluer correctement les besoins du patient en solutions de
remplissage vasculaire ou en transfusion sanguine.
4 D’utiliser correctement les techniques de transfusion sanguine
autologue.
5 D’assurer les soins appropriés pendant la période post-opératoire.
281
SECTION 12
Anémie et chirurgie
Risques liés à l’anémie
Il est courant de détecter une anémie chez les patients admis pour une
intervention chirurgicale programmée. Même si les mécanismes
compensateurs décrits à la section 3 : Anémie permettent souvent au
patient de tolérer des taux d’hémoglobine relativement bas, il est
indispensable de rechercher et de traiter la cause de l’anémie pendant
la période qui précède l’intervention. Il existe de bonnes raisons cliniques
pour procéder ainsi.
1 La découverte d’une anémie chez un patient n’est pas un
diagnostic en soi mais une indication de l’existence d’une
affection sous-jacente. Le traitement de cette affection ou de
l’anémie associée améliorera l’état général du patient avant
l’intervention.
2 Les mécanismes compensateurs qui permettent normalement
de préserver l’oxygénation des tissus peuvent devenir insuffisants
pendant une intervention chirurgicale. Chez un patient déjà
anémique, toute nouvelle réduction de la capacité de transport
de l’oxygène due aux pertes sanguines opératoires ou à l’effet
282
CHIRURGIE ET ANESTHÉSIE
Traitement de l’anémie
Les carences nutritionnelles, surtout en fer et en acide folique, de même
que les maladies parasitaires et les helminthiases, contribuent de façon
importante à la prévalence de l’anémie dans une population. Ces causes
d’anémie, et d’autres causes courantes, sont faciles à identifier et à
traiter. De plus, les traitement médicaux sont souvent bon marché et ne
comportent que peu ou pas de risques pour le patient.
Le dépistage et le traitement de l’anémie doivent donc être un élément
clé de la prise en charge pré-opératoire des patients admis en chirurgie
programmée, même s’il faut parfois différer l’intervention jusqu’à ce que
le taux d’hémoglobine soit suffisant. (Voir sections 9, 10 et 11 les
directives concernant le traitement de l’anémie).
Il est peu justifié de faire une transfusion pré-opératoire dans le seul but de
faciliter une intervention programmée, sauf circonstances exceptionnelles.
283
SECTION 12
Troubles cardio-respiratoires
Toute maladie concomitante chez un patient, et en particulier celles qui
touchent les fonctions cardiaques ou respiratoires, peut avoir un impact
sensible sur l’oxygénation des tissus. En traitant et en stabilisant ces
maladies avant une intervention chirurgicale programmée, on pourra :
Améliorer l’apport global d’oxygène aux tissus
Réduire le risque de devoir recourir à la transfusion pendant
l’intervention.
Troubles de la coagulation
Chez un patient opéré, tout trouble de la coagulation non diagnostiqué et
non traité entraînera très vraisemblablement une perte de sang
peropératoire excessive. Ces troubles risquent également de conduire à
des hémorragies incontrôlées et d’entraîner la mort du patient.
Les troubles de la coagulation et les troubles de la fonction plaquettaire
peuvent se classer comme suit :
Coagulopathies acquises, dues à une maladie ou à un traitement
médicamenteux, par exemple maladie hépatique,
dysfonctionnement plaquettaire induit par l’aspirine ou
coagulation intravasculaire disséminée
Coagulopathies congénitales, par exemple hémophilie A ou B,
maladie de Willebrand.
Bien que le diagnostic spécifique puisse exiger des investigations détaillées,
les antécédents sont à eux seuls presque toujours suffisants pour attirer
l’attention du médecin sur un problème potentiel. Il est donc indispensable
de procéder avant l’intervention à des investigations poussées devant
toute tendance anormale aux saignements chez le patient ou dans sa
famille, ainsi qu’à une recherche des antécédents de prise de médicaments.
284
CHIRURGIE ET ANESTHÉSIE
Non Oui
285
SECTION 12
Chirurgie et thrombopénie
Diverses affections peuvent être à l’origine d’une diminution du nombre
de plaquettes. Il est dans tous les cas nécessaire de prendre des mesures
préventives et de disposer de concentrés de plaquettes pour transfusion
avant toute intervention chirurgicale chez ce groupe de patients, par
exemple en cas de splénectomie chez un patient atteint de purpura
thrombopénique idiopathique (voir section 9).
On fera une transfusion de plaquettes en présence de signes cliniques
saignement de saignement microvasculaire sévère si la numération plaquettaire est
microvasculaire : au-dessous de 50 – 100 × 109/l.
Saignement des
muqueuses ; écoulement Chirurgie et anticoagulants
sanguin au niveau des sites Chez les patients traités par anticoagulants (par voie orale ou parentérale),
de cathétérisation, ne il faudra tenir compte du type d’intervention et du risque de thrombose
disparaissant pas après pour planifier le contrôle de l’anticoagulation pendant la période
compression ; écoulement
périopératoire.
sanguin continu au niveau
de plaies chirurgicales et de Pour la plupart des interventions chirurgicales, l’INR (rapport normalisé
tissus exposés ; pétéchies international) et/ou le temps de céphaline activé (TCA) doivent être inférieurs
généralisées ou extension à 2,0 avant le début de l’intervention. La figure 12.3 indique les moyens
des ecchymoses. Indique de parvenir à cette valeur.
un trouble grave de
l’hémostase. Voir Autres médicaments et saignement
Coagulation intravasculaire
Plusieurs médicaments interfèrent avec la fonction plaquettaire, mais les
disséminée.
plus courants sont l’aspirine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens.
En les arrêtant 10 jours avant l’intervention, on peut ainsi réduire de façon
sensible les pertes de sang peropératoires.
ACTIVITÉ 37
Existe-t-il dans votre hôpital des directives sur l’évaluation et la prise en
charge des patients devant être opérés ? Sont-elles à la disposition des
cliniciens qui envoient les patients en chirurgie ? Sont-elles systématiquement
utilisées par l’ensemble du personnel ? Les médicaments nécessaires sont-
ils facilement disponibles ?
S’il n’existe pas de telles directives ou si vous pensez qu’elles pourraient
être améliorées, cherchez s’il en existe ailleurs, par exemple auprès du
ministère de la santé, et tâchez de vous en procurer un exemplaire. S’il n’en
existe pas, préparez un projet de directives et parlez-en avec vos collègues.
Une fois vos directives agréées, organisez une séance de cours à l’intention
de tous les personnels concernés. Observez si les directives sont correctement
suivies et complétez la formation si nécessaire.
286
CHIRURGIE ET ANESTHÉSIE
Intervention en urgence
1 Donner de la vitamine K à raison de 0,5 — 2,0 mg par perfusion IV lente.
2 Donner du plasma frais congelé à raison de 15 ml/kg. Cette dose peut
devoir être répétée pour amener les facteurs de coagulation dans un
intervalle de valeurs acceptable.
3 Contrôler l’INR immédiatement avant l’intervention.
4 Commencer l’intervention si l’INR et le TCA sont <2,0.
Chirurgie programmée
1 Arrêter l’héparine 6 heures avant l’intervention.
2 Contrôler le TCA immédiatement avant l’intervention.
3 Commencer l’intervention si le TCA est <2,0.
4 Redonner l’héparine le plus tôt possible après l’intervention.
Intervention en urgence
Envisager une neutralisation par le sulfate de protamine IV : 1 mg de
protamine neutralise 100 UI d’héparine.
287
SECTION 12
Technique chirurgicale
La formation, l’expérience et l’habileté du chirurgien sont les facteurs
déterminants de la réduction des pertes de sang peropératoires. On
n’insistera jamais trop sur l’importance de la technique chirurgicale, de
la surveillance méticuleuse des points de saignement, de l’utilisation
appropriée de la diathermie, si possible, et de l’utilisation d’hémostatiques,
par exemple collagène, colle biologique à base de fibrine ou coussins
thermiques réchauffés.
Position du patient
Le positionnement du patient de façon à faciliter le drainage veineux au
niveau du site opératoire peut non seulement réduire les pertes de sang
veineux mais aussi améliorer les conditions de l’intervention.
Le site opératoire doit être légèrement surélevé par rapport au cœur. Pour
les opérations des membres inférieurs, du bassin et de l’abdomen, la
position tête en bas (de Trendelenburg) est la plus appropriée. Pour les
opérations de la tête et du cou, adopter la position tête en haut.
Si une grosse veine située plus haut que le niveau du cœur doit être
ouverte et exposée à l’air libre pendant l’intervention, il y a un risque de
pénétration de l’air dans la circulation générale et d’embolie gazeuse. Il
s’agit d’une complication rare, qui peut être évitée par une technique
chirurgicale soigneuse. Il faut toutefois toujours garder ce risque à l’esprit
lors de tout changement de position du patient.
Vasoconstricteurs
L’infiltration du site opératoire avec un vasoconstricteur permet de limiter
le saignement cutané après l’incision. Si le vasoconstricteur contient un
anesthésique local, cette technique permet en outre de contribuer à
l’analgésie post-opératoire.
On peut également limiter le saignement des sites de prélèvement de
greffes cutanées, d’excision d’escarres et d’excisions tangentielles en
appliquant directement un tampon imbibé de sérum physiologique
additionné d’un vasoconstricteur.
L’un des vasoconstricteurs les plus efficaces et les plus largement utilisés
est l’adrénaline (épinéphrine), une catécholamine, mais il existe plusieurs
288
CHIRURGIE ET ANESTHÉSIE
Garrots
Lors d’interventions sur les extrémités, on peut réduire considérablement
les pertes de sang par la pose d’un garrot. Pour avoir un champ opératoire
dépourvu de sang et tirer le meilleur parti de l’utilisation du garrot, il faut
d’abord vider le membre de son sang au moyen d’un bandage ou en le
surélevant, avant de poser un garrot pneumatique de taille adaptée et bien
ajusté. La pression du garrot doit dépasser d’environ 100 – 150 mmHg la
pression artérielle systolique du patient.
Vers la fin de l’intervention, dégonfler temporairement le garrot pour
rechercher d’éventuels points de saignement résiduels et assurer
l’hémostase complète avant de suturer la plaie.
Ne pas utiliser de garrots chez des patients atteints de drépanocytose ou
de trait drépanocytaire (HbSS, HbAS, HbSC) en raison du risque accru de
falciformation, ni lorsque l’irrigation du membre est déjà faible, par exemple
en cas d’athérosclérose sévère.
Techniques anesthésiques
La technique anesthésique peut contribuer de façon importante à réduire
les pertes de sang peropératoires.
On peut empêcher les épisodes d’hypertension et de tachycardie dus à
une hyperactivité sympathique en assurant une anesthésie et une analgésie
suffisantes. De même, on évitera la toux, les efforts et les manœuvres
sur le patient qui augmentent la pression veineuse.
La rétention excessive de dioxyde de carbone (hypercapnie) peut provoquer
une vasodilatation étendue et augmenter les pertes de sang peropératoires,
et doit donc être évitée, si nécessaire par une ventilation contrôlée. Pour
certaines interventions, le recours approprié à une anesthésie régionale,
notamment péridurale et sous-arachnoïdienne, peut réduire sensiblement
les pertes de sang peropératoires.
L’anesthésie sous hypotension peut sans aucun doute réduire les pertes
de sang peropératoires mais, en raison des risques que comporte cette
technique, elle n’est pas recommandée si l’on ne dispose pas d’un
anesthésiste expérimenté ni des appareils de monitorage nécessaires.
289
SECTION 12
ACTIVITÉ 38
Evaluez les techniques utilisées dans votre hôpital pour réduire les pertes
de sang peropératoires et comparez-les à celles qui sont recommandées ci-
dessus. Préparez un projet de directives s’il n’en existe pas ou si vous
pensez qu’elles pourraient être améliorées et parlez-en avec vos collègues.
Une fois vos directives agréées, organisez une séance de cours pour
l’ensemble des chirurgiens et anesthésistes. Observez si les directives sont
correctement suivies et complétez la formation si nécessaire.
290
CHIRURGIE ET ANESTHÉSIE
Nouveau-né 85 — 90 ml/kg
Enfant 80 ml/kg
Adulte 70 ml/kg
291
SECTION 12
292
CHIRURGIE ET ANESTHÉSIE
Il faut donc se tenir prêt à s’écarter des directives et à faire une transfusion
plus tôt si la situation l’exige.
Précautions
Quelle que soit la méthode utilisée pour déterminer le stade auquel il
devient nécessaire de faire une transfusion, il faut établir soit le pourcentage
293
SECTION 12
du volume sanguin qui pourra être perdu sans danger, soit le taux
d’hémoglobine (ou l’hématocrite) le plus faible qui puisse être toléré.
Cette décision devra être fondée dans chaque cas sur l’état clinique du
patient. L’aptitude d’un patient à compenser la baisse de l’apport d’oxygène
sera limitée par :
Des signes de maladie cardio-respiratoire
Un traitement par des médicaments comme les bêta-bloquants
Une anémie préexistante
L’âge.
Un adulte en bonne santé peut tolérer une perte de sang allant jusqu’à
30 % en volume ou un taux d’hémoglobine aussi bas que 9 g/dl sans
avoir besoin d’une transfusion, pour autant que le volume sanguin soit
maintenu. En revanche, un patient anémique avec des antécédents de
cardiopathie ischémique et perdant 20 % de son volume sanguin, ou dont
le taux d’hémoglobine tombe au-dessous de 10 g/dl, peut faire une
décompensation malgré le maintien de la normovolémie.
Il est donc vital de s’assurer que le volume de sang perdu calculé ou la
valeur de l’hémoglobine choisie comme limite inférieure reflètent bien la
perte de sang que le patient peut tolérer sans danger. La figure 12.7
donne quelques indications à ce sujet.
Hémodilution
Valeur de l’hémoglobine 9 g/dl 10 g/dl 11 g/dl
(ou de l’hématocrite) la (Ht 27 %) (Ht 30 %) (Ht 33 %)
plus faible acceptable
Maintien de la normovolémie
Il est indispensable de maintenir le volume sanguin en tout temps. Même
si la perte de sang acceptable est dépassée et qu’on ne peut disposer
rapidement de sang pour la transfusion, continuer à perfuser des
cristalloïdes ou des colloïdes pour assurer le maintien de la normovolémie.
294
CHIRURGIE ET ANESTHÉSIE
Prévention de l’hypothermie
Une baisse de la température corporelle peut avoir des effets indésirables,
par exemple :
Une diminution des mécanismes normaux de compensation de
l’hypovolémie
Une augmentation du saignement peropératoire
Une augmentation de la demande d’oxygène post-opératoire
lorsque la température remonte à la normale, avec risque
d’hypoxie
Une augmentation du risque d’infection de la plaie.
Tout doit donc être entrepris pour maintenir la température normale du
corps pendant toute la période périopératoire, y compris en réchauffant
les solutions de perfusion (voir figure 12.8). Ne pas oublier que la
déperdition de chaleur survient plus facilement chez l’enfant.
Planification
Quelle que soit la méthode utilisée pour estimer le volume des pertes
sanguines acceptables, il faut faire les calculs nécessaires avant
l’intervention et avoir une idée précise des volumes dès le début.
Le personnel de soins doit savoir que les techniques utilisées pour le
maintien de la normovolémie entraînent une hémodilution et une anémie
prévisibles, notamment pendant la période post-opératoire.
295
SECTION 12
Enfant
1ère tranche de 10 kg 100 (4*) 3 2
2e tranche de 10 kg 50 (2*) 1,5 1
kg suivants 20 (1*) 0,75 0,5
Adulte
Tous poids (kg) 35 (1,5*) 1 0,75
* Besoins en liquides en ml/kg par heure
Pertes continues
S’il existe des pertes liquidiennes continues, par exemple en cas
d’aspiration naso-gastrique ou de drainage, il faut les mesurer et ajouter
leur volume à celui de la solution de remplissage.
La figure 12.10 récapitule les besoins en solutions de remplissage et
d’entretien au cours d’une intervention chirurgicale chez l’adulte.
ACTIVITÉ 39
Quels liquides de remplissage vasculaire sont utilisés dans votre hôpital et
selon quelle posologie pour assurer le maintien de la normovolémie chez
les patients opérés ? Comment les patients sont-ils évalués et suivis pour
assurer que le schéma posologique est correct ?
S’il n’existe pas de schéma posologique pour les liquides de remplissage
vasculaire, en établir un avec vos collègues.
De même, établissez en commun des directives sur la surveillance de
l’hypovolémie et organisez une séance de formation pour assurer que
l’ensemble du personnel sache comment les appliquer correctement.
ACTIVITÉ 40
Quelles sont les méthodes utilisées dans votre hôpital pour déterminer le
stade auquel une transfusion sanguine est nécessaire chez un patient
opéré ? Quelles sont les limites de ces méthodes ?
296
CHIRURGIE ET ANESTHÉSIE
Parlez avec vos collègues des moyens auxquels vous pensez pour les
améliorer et préparer quelques directives. Organisez une séance de formation
pour assurer que l’ensemble du personnel sache comment les appliquer
correctement.
Stratégies transfusionnelles
Protocoles transfusionnels pour la commande de sang
Les protocoles transfusionnels, qui aident le clinicien à déterminer la
quantité de sang à compatibiliser (ou à soumettre à un groupage et à une
recherche des agglutinines irrégulières) pour un patient qui va subir une
intervention chirurgicale, sont largement utilisés (voir section 6.2 :
Commande de produits sanguins). Bien qu’utiles pour déterminer les besoins
transfusionnels potentiels, ils sont souvent établis uniquement en fonction
de l’intervention elle-même et ne tiennent que rarement compte d’autres
facteurs tels que la compétence et l’expérience du chirurgien et de
l’anesthésiste et la disponibilité de sang sécurisé.
Les protocoles transfusionnels pour la commande de sang doivent toujours
être établis localement et n’ont qu’une valeur indicative pour les quantités
de sang normalement prévues. Chaque comité hospitalier de sécurité
transfusionnelle doit se mettre d’accord sur une procédure autorisant le
clinicien à dépasser la quantité standard quand il est prévisible que le
patient aura besoin de plus de sang que ne le prévoit le protocole, par
exemple si l’intervention s’annonce plus complexe que d’habitude ou si le
patient présente un trouble de la coagulation. Dans de tels cas, des unités
supplémentaires doivent être compatibilisées à la demande du clinicien.
297
SECTION 12
Contrôle du saignement
Lorsque la décision est prise d’augmenter la capacité de transport de
l’oxygène du patient par transfusion, on tirera le maximum de bénéfice de
celle-ci en ne transfusant, si possible, qu’après contrôle du saignement
opératoire.
ACTIVITÉ 41
En suivant les instructions de la page xx, examinez les besoins transfusionnels
normaux des patients subissant une intervention chirurgicale dans votre
hôpital, en fonction du type d’intervention. En collaboration avec vos collègues
et le comité hospitalier de sécurité transfusionnelle s’il en existe un, utilisez
ces informations pour préparer un protocole transfusionnel pour la
commande de sang dans votre hôpital. Ce protocole diffère-t-il de l’exemple
donné à la figure 12.11 et pour quelles raisons ?
Souvenez-vous que le protocole transfusionnel de votre hôpital doit tenir
compte de facteurs tels que les conditions cliniques locales, la sécurité de
l’approvisionnement en sang et l’expérience des chirurgiens et des
anesthésistes.
Organisez une séance de formation pour l’ensemble des chirurgiens et
anesthésistes pour assurer qu’ils sachent comment utiliser le protocole
transfusionnel pour la commande de sang. Etablissez un système simple
pour surveiller l’application du protocole, réexaminez périodiquement celui-
ci et si nécessaire révisez-le.
298
CHIRURGIE ET ANESTHÉSIE
Figure 12.11 : Exemple de protocole transfusionnel pour la commande de sang : guide des quantités de sang
normalement prévues en cas d’intervention chirurgicale chez l’adulte
Chirurgie générale
Cholécystectomie G+A Néphrolithotomie ouverte XM 2
Laparotomie (exploration prévue) G+A Prostatectomie ouverte XM 2
Biopsie hépatique G+A Prostatectomie transurétrale G+A
Hernie hiatale XM 2 Transplantation rénale XM 2
Gastrectomie partielle G+A Gynécologie-Obstétrique
Colectomie XM 2 Interruption de grossesse G+A
Mastectomie simple G+A Accouchement normal G+A
Mastectomie radicale XM 2 Césarienne G+A
Thyroïdectomie partielle/totale XM 2 (+2) Placenta praevia, délivrance artificielle XM 4
Chirurgie cardio-thoracique Hémorragie ante- ou postpartum XM 2
Angioplastie G+A Dilatation du col et curetage G+A
Chirurgie à cœur ouvert XM 4 (+4) Hystérectomie par voie abdominale ou G+A
Bronchoscopie G+A vaginale, simple
Biopsie pulmonaire/pleurale ouverte G+A Hystérectomie par voie abdominale ou XM 2
vaginale, étendue
Lobectomie/pneumonectomie XM 2
Myomectomie XM 2
Chirurgie vasculaire Môle hydatiforme XM 2
Endartériectomie ilio-aortique XM 4 Ovariectomie radicale XM 4
Endartériectomie fémorale G+A
Chirurgie orthopédique
Pontage fémoro-poplité G+A
Chirurgie des disques G+A
Pontage ilio-fémoral XM 2
Laminectomie G+A
Résection d’anévrisme de l’aorte XM 6 (+2)
abdominale Retrait de plaque ou de clou fémoral G+A
Remplacement total de la hanche XM 2 (+2)
Neurochirurgie
Ostéectomie, biopsie osseuse en dehors G+A
Craniotomie, craniectomie G+A de l’extrémité supérieure du fémur
Méningiome XM 4 Enclouage du col du fémur G+A
Traumatisme crânien, hématome extradural G+A Pose de fixateur interne du fémur XM 2
Chirurgie vasculaire (anévrismes, XM 3 Pose de fixateur interne du tibia ou de la G+A
malformations artério-veineuses) cheville
Urologie Arthroplastie totale de la hanche XM 3
Urétérolithotomie G+A Fusion du rachis (scoliose) XM 2
Cystotomie G+A Décompression de la moelle épinière XM 2
Urétérolithotomie et cystotomie G+A Chirurgie des nerfs périphériques G+A
Cystectomie XM 4
299
SECTION 12
300
CHIRURGIE ET ANESTHÉSIE
Récupération du sang
La récupération du sang est le recueil du sang provenant d’une plaie,
d’une cavité corporelle ou d’un espace articulaire et sa reperfusion ultérieure
au même patient. On peut y recourir aussi bien en chirurgie programmée
(par exemple lors d’une intervention cardio-thoracique) qu’en chirurgie
d’urgence et en traumatologie (par exemple en cas de rupture de grossesse
extra-utérine ou de rupture de la rate).
Comme pour les autres techniques de transfusion autologue, la
récupération ne doit être envisagée que lorsqu’une perte sanguine justifiant
une transfusion a déjà eu lieu ou est prévisible.
La récupération du sang est contre-indiquée lorsqu’il y a contamination du
sang par du contenu intestinal, des bactéries, des graisses, du liquide
amniotique, de l’urine, des cellules malignes ou des solutions d’irrigation.
Cependant, en cas d’urgence vitale, ces risques doivent être pesés par
rapport au bénéfice pour le patient.
Il importe également de ne pas reperfuser du sang perdu depuis de 6
heures, car les globules rouges seront probablement hémolysés.
Les méthodes de récupération du sang sont :
La filtration sur gaze
Les systèmes de recueil par aspiration manuelle
Les systèmes de recueil par aspiration automatisée.
301
SECTION 12
ACTIVITÉ 42
Evaluez les différentes techniques de transfusion autologue utilisées dans
votre hôpital. En collaboration avec vos collègues, préparez des directives
sur leur utilisation s’il n’en existe pas encore.
Organisez une séance de formation à l’intention du personnel concerné et
surveillez si ces techniques sont correctement utilisées.
302
CHIRURGIE ET ANESTHÉSIE
Oxygène en post-opératoire
Surveillance des signes vitaux et du site opératoire, y compris
les drains
Equilibre liquidien
Analgésie.
On peut être amené à envisager les options suivantes :
Réexploration chirurgicale
Transfusions post-opératoires
Antianémiques.
Oxygène en post-opératoire
Au début de la période post-opératoire, l’hypoxie est un problème courant,
surtout après une anesthésie générale. Les effets de l’hypoxie (voir section
2 : Sang, oxygène et circulation sanguine) s’additionnent chez un patient
ayant un taux d’hémoglobine déjà réduit et chez qui une hypovolémie peut
être présente.
Il est souhaitable de donner de l’oxygène supplémentaire à tous les
patients venant de subir une anesthésie générale.
Surveillance du patient
La surveillance du patient doit se poursuivre après l’intervention, en
recherchant particulièrement les signes cliniques d’hypovolémie et de
perte de sang. On contrôlera régulièrement la plaie opératoire et les
drains pour rechercher un hématome et un saignement, et il pourra être
utile de mesurer le périmètre abdominal.
Equilibre liquidien
Il est indispensable d’assurer la normovolémie chez tout patient opéré. Le
remplissage vasculaire, comme on l’a déjà vu, doit compenser à la fois les
pertes mesurées après l’intervention et les besoins liquidiens du patient.
La perfusion devra être maintenue jusqu’à ce que le patient puisse
prendre des liquides par voie orale et que le risque d’hémorragie post-
opératoire soit pratiquement écarté.
Analgésie
Une analgésie post-opératoire insuffisante est une cause majeure
d’hypertension et d’agitation et peut aggraver le saignement. Il faut donc
assurer une analgésie suffisante pendant toute la période post-opératoire.
Lorsque l’intervention porte sur un membre, le surélever après l’opération
pour réduire l’œdème, limiter la perte de sang veineux et soulager la douleur.
Réexploration chirurgicale
On envisagera une réexploration chirurgicale précoce lorsque la perte de
sang reste importante pendant la période post-opératoire et qu’il n’existe
pas de trouble curable de la coagulation.
303
SECTION 12
Transfusions post-opératoires
Le personnel chargé des soins post-opératoires doit savoir qu’une certaine
hémodilution est prévisible chez les patients ayant perdu du sang au
cours d’une intervention chirurgicale. C’est pourquoi le taux d’hémoglobine
mesuré pendant la période post-opératoire sera très probablement plus
bas que le taux pré-opératoire. A lui seul, cet effet n’est pas une indication
de transfusion, et la décision de transfuser ne sera prise qu’après une
évaluation soigneuse de l’état du patient.
On tiendra compte de l’état général du patient et en particulier à toute
maladie cardio-respiratoire concomitante, aux signes d’oxygénation
insuffisante des tissus et à la poursuite du saignement.
Antianémiques
Donner des suppléments de fer (sulfate ferreux 200 mg trois fois par jour)
en fin de période post-opératoire pour optimiser la réponse érythropoïétique
et aider à restaurer plus rapidement le taux d’hémoglobine.
ACTIVITÉ 43
Existe-t-il dans votre hôpital des directives concernant les soins post-
opératoires ? En collaboration avec vos collègues, préparez des directives
sur leur utilisation s’il n’en existe pas ou si vous pensez qu’elles pourraient
être améliorées.
Organisez une séance de formation à l’intention du personnel concerné et
surveillez si ces techniques sont correctement utilisées.
304
CHIRURGIE ET ANESTHÉSIE
Pendant l’opération, le patient n’a en fait perdu que 500 ml de sang, que l’anesthésiste
remplace par un volume égal de colloïdes. Comme la perte sanguine acceptable n’est
pas dépassée et que l’état du patient reste stable, il n’est pas nécessaire de faire une
transfusion sanguine. L’anesthésiste veille également à maintenir la normovolémie en
donnant du sérum physiologique en volume suffisant pour couvrir les besoins du patient
en liquides d’entretien (1,5 ml/kg par heure), le déficit liquidien étant dû au jeûne pré-
opératoire (1,5 ml/kg pour chaque heure de jeûne). Le patient se rétablit sans
complications et il lui est conseillé de continuer à prendre les suppléments de fer.
305
13
Traumatologie et chirurgie
d’urgence
Points clés
1 La prise en charge immédiate de tous les patients se trouvant dans un
état grave doit être réalisée en trois phases.
Phase 1 : Evaluation et réanimation
Phase 2 : Réévaluation
Phase 3 : Prise en charge définitive.
2 Dans la phase 1, l’objectif est d’évaluer et de traiter les affections
engageant le pronostic vital et de réanimer le patient admis en chirurgie
d’urgence et en traumatologie.
3 Dans la phase 2, l’objectif est d’évaluer la réponse à la réanimation,
prévoir une stratégie de prise en charge et procéder à un examen
détaillé.
4 Dans la phase 3, l’objectif est d’appliquer la stratégie de prise en
charge et de préparer le patient pour le traitement définitif, en général
chirurgical.
5 Les principes de base de la réanimation et de la prise en charge
s’appliquent également chez l’enfant.
306
TRAUMATOLOGIE ET CHIRURGIE D’URGENCE
Introduction
Les patients admis pour une urgence chirurgicale, et en particulier les
polytraumatisés, peuvent exercer une demande considérable sur les
compétences et les moyens dont dispose l’hôpital. L’hypovolémie, le plus
souvent consécutive à une hémorragie, est une cause majeure de mortalité
chez ces patients. De nombreux décès pourraient être évités, surtout
parmi les blessés, qui sont souvent jeunes, en bonne santé et qui répondent
bien à un traitement approprié.
La qualité et la rapidité de l’évaluation et de la prise en charge initiales
de ces patients en état grave ont une influence majeure sur leur devenir.
Les experts en traumatologie et en réanimation estiment que la première
heure est cruciale, car c’est de la prise en charge efficace dans l’heure
qui suit un accident que dépend la survie du blessé. De nombreux pays
ont par conséquent adopté des programmes de formation du personnel
axés sur la réduction de la morbidité et de la mortalité grâce à une
stratégie de prise en charge précoce et systématique. La réussite de ces
programmes repose sur :
La concentration des ressources au moment où elles sont le
plus nécessaires, souvent pendant la première heure
d’hospitalisation
Le développement d’une approche de soins pluridisciplinaire,
avec une équipe de soins aux blessés
L’utilisation de protocoles de prise en charge, qui réduisent le
risque d’erreur de diagnostic.
Cette section a pour but de donner une approche structurée de la prise
en charge initiale des hypovolémies de diverses origines, mais en insistant
sur les hémorragies survenant chez les blessés.
Objectifs pédagogiques
Après avoir terminé cette section, vous devrez être capable :
1 D’évaluer et de traiter les affections engageant le pronostic vital
et de réanimer un patient dans un état grave vu en chirurgie ou
en traumatologie.
2 D’évaluer la réponse à la réanimation et de prévoir une stratégie
de prise en charge.
3 De mettre en œuvre la stratégie de prise en charge et de
préparer le patient pour le traitement définitif.
4 D’appliquer les principes de réanimation et de prise en charge
à l’enfant.
307
SECTION 13
A Voies aériennes
Il est vital de s’assurer que les voies aériennes du patient sont libres et
non obstruées. Une respiration bruyante ou difficile, ou des mouvements
respiratoires paradoxaux, indiquent une obstruction des voies aériennes,
qu’il faut lever. Débarrasser la bouche des vomissements, du sang ou de
tout corps étranger.
Si le patient est inconscient, il suffit parfois de basculer la tête en arrière
pour empêcher la langue d’obstruer les voies aériennes, tout en prenant
308
TRAUMATOLOGIE ET CHIRURGIE D’URGENCE
les autres mesures nécessaires pour libérer les voies aériennes, telles
que subluxation du maxillaire inférieur en avant, mise en place d’une
sonde oro- ou naso-pharyngée, intubation endotrachéale, ponction
cricothyroïdienne ou trachéotomie.
Immobiliser le cou avec un collier cervical rigide si l’on suspecte des lésions
des vertèbres cervicales, ou maintenir la tête du patient en position neutre,
notamment lorsque des manœuvres visant à assurer la liberté des voies
aériennes sont effectuées.
B Respiration
Rechercher la présence de lésions thoraciques et mesurer la fréquence
respiratoire. Mettre en place une ventilation assistée si le patient ne
respire pas ou respire insuffisamment. Donner de l’oxygène à haut débit.
Il est indispensable d’examiner rapidement mais complètement l’appareil
respiratoire pour exclure une affection engageant le pronostic vital comme
un pneumothorax suffocant ou un hémothorax. Ces deux affections doivent
être traitées immédiatement par drainage pleural sous dépression d’eau.
Dans un premier temps, fermer toute plaie thoracique ouverte avec un
pansement compressif.
Evaluation
On fera ensuite un contrôle rapide de l’appareil cardio-vasculaire :
Pouls
Temps de remplissage capillaire (délai de recoloration du bout
du doigt ou du lit de l’ongle après une brève compression : un
temps supérieur à 2 secondes est anormal)
État de conscience
Pression artérielle.
Etendue de l’hypovolémie
Estimer les pertes de sang ou de liquides d’après l’état clinique du
patient et la nature des lésions ou de l’indication chirurgicale. Les
hémorragies internes peuvent être très difficiles à évaluer et ne doivent
pas être sous-estimées : par exemple, une fracture fermée du fémur peut
provoquer une perte de sang allant jusqu’à 1000 ml, une fracture du
bassin jusqu’à 3000 ml et, en cas de rupture de la rate ou d’une grossesse
extra-utérine, le ou la patiente peut perdre très rapidement tout son sang.
309
SECTION 13
Les traumatismes provoquent aussi des lésions des tissus mous avec
éventuellement apparition d’un œdème tissulaire important, ce qui peut
s’ajouter à l’hypovolémie due à la perte de sang.
La figure 13.1 classe l’hypovolémie en quatre catégories en fonction de
l’état clinique du patient et en supposant un volume sanguin total chez
l’adulte de 70 ml/kg. Il s’agit d’un guide utile, mais il faut noter que les
patients ne rentrent pas nécessairement dans une catégorie précise et
que leur état peut varier.
La réponse à l’hypovolémie est influencée par divers facteurs comme
l’âge, les affections médicales préexistantes et la prise de médicaments.
Les sujets jeunes et en bonne santé supportent bien l’hypovolémie,
tandis que les personnes âgées et handicapées la supportent mal.
Accès veineux
Poser rapidement une voie veineuse au moyen de deux cathéters de gros
calibre (16 G ou 14 G chez l’adulte ou de calibre approprié chez l’enfant)
dans la fosse antécubitale ou dans toute autre veine périphérique de gros
diamètre (voir figure 13.2).
Ne pas poser de voie veineuse sur un membre blessé. Si on suspecte un
risque d’infection transmissible par le sang chez le patient ou si l’opérateur
a des écorchures aux mains, le port de gants est nécessaire lors de la
pose du cathéter.
310
TRAUMATOLOGIE ET CHIRURGIE D’URGENCE
311
SECTION 13
Réanimation volémique
La réanimation volémique a pour but de restaurer rapidement le volume
sanguin circulant afin de maintenir l’irrigation des organes. Dans l’idéal,
un patient dans un état grave devrait recevoir une perfusion dans les
minutes qui suivent son hospitalisation.
Le choix de la solution de remplissage initiale n’a guère d’importance et
dépend souvent de la politique et des disponibilités locales. On peut
utiliser des cristalloïdes ou des colloïdes, à condition de tenir compte des
points suivants :
1 Choisir des solutions de cristalloïdes qui augmentent
principalement le volume extracellulaire, comme le sérum
physiologique (solution de chlorure de sodium à 0,9 %) ou le
Ringer-lactate. Ne pas utiliser de solutions ne contenant que du
dextrose sauf si on n’en a pas d’autre à disposition.
2 Comme les solutions de cristalloïdes quittent rapidement la
circulation, les perfuser à raison d’au moins trois fois le volume
perdu.
3 Donner des solutions de colloïdes en volume égal au volume
perdu car elles restent plus longtemps dans la circulation.
4 Si une transfusion d’urgence paraît vitale, ne pas attendre d’avoir
du sang entièrement compatibilisé, mais utiliser du sang non
compatibilisé de groupe O négatif et/ou du sang non compatibilisé
de même groupe ABO et Rh D que le patient.
Le volume à perfuser dépendra de l’état clinique du patient et des pertes
estimées. Donner les liquides en bolus initial de 10 – 20 ml/kg pour les
colloïdes ou 20–30 ml/kg pour les cristalloïdes chez tout patient montrant
des signes de perte sanguine supérieure à 15 % (hypovolémie de classe
2 et plus).
Ce volume doit être administré rapidement, sur cinq minutes environ. Si
possible, on réchauffera les solutions pour éviter une hypothermie.
Observer soigneusement la réponse du patient au bolus initial, car elle
servira de guide pour la poursuite de la perfusion.
312
TRAUMATOLOGIE ET CHIRURGIE D’URGENCE
Veine saphène
externe
3 Dénuder la veine.
8 Refermer l’incision.
313
SECTION 13
Veine antécubitale
Veine fémorale
Veine sous-clavière
Ligament inguinal
Veine axillaire Nerf fémoral
Veine céphalique Artère fémorale
Veine fémorale
Veines humérales
Veine basilique
Veine antécubitale médiane
La veine basilique suit un trajet plus direct Introduire l’aiguille sous un angle de 45° à
que la veine céphalique et constitue 3 cm au-dessous du ligament inguinal et à
souvent le meilleur abord. 1 cm du côté interne par rapport à l’endroit
du pouls artériel maximum.
314
TRAUMATOLOGIE ET CHIRURGIE D’URGENCE
D Troubles neurologiques
Une perte de sang supérieure à 30 % réduit l’irrigation du cerveau et
provoque une perte de conscience. Il faut donc contrôler rapidement l’état
de conscience et le réflexe pupillaire.
A ce stade, on peut évaluer l’état de conscience en classant simplement
le patient comme suit :
A Alerte (Alert)
V Répond à la voix (Voice)
P Répond à un stimulus douloureux (Painful)
U Ne répond pas (Unresponsive)
Un examen neurologique plus détaillé sera réalisé plus tard, au moment
de procéder à l’examen complet du patient.
13.3 Réévaluation
Après l’évaluation et la réanimation initiales, la réévaluation permet de :
1 Evaluer la réponse à la réanimation.
2 Planifier la prise en charge.
3 Procéder à un examen détaillé.
Signes cardio-vasculaires
Les signes de retour à la normovolémie sont la normalisation du pouls,
des pouls périphériques et de la pression artérielle. D’autres signes
positifs de la stabilisation de la circulation sanguine sont ceux qui indiquent
une normalisation de la perfusion tissulaire, comme l’amélioration de
l’état de conscience et la diminution du temps de remplissage capillaire.
Diurèse
Comme la fonction rénale est extrêmement sensible aux modifications
circulatoires, la surveillance de la diurèse est un élément très important
315
SECTION 13
Equilibre acido-basique
L’apparition d’une acidose métabolique chez un patient est due au
métabolisme anaérobie et indique une perfusion tissulaire insuffisante.
La restauration de la normovolémie et par conséquent l’amélioration de
la perfusion tissulaire feront remonter le pH à des valeurs normales (7,36
– 7,44). Des mesures en série du pH artériel peuvent donc constituer un
guide utile pour la réanimation volémique.
La figure 13.5 indique les signes de restauration de la normovolémie.
316
TRAUMATOLOGIE ET CHIRURGIE D’URGENCE
317
SECTION 13
Examen détaillé
Dès que son état est stabilisé, demander tous renseignements utiles au
patient lui-même ou à sa famille et examiner entièrement le patient, de
la tête aux pieds. Procéder ensuite aux investigations appropriées, et
vacciner contre le tétanos et donner une prophylaxie antibiotique si
nécessaire.
Ce deuxième examen a pour objectif l’établissement du diagnostic, en
évitant toute erreur. Chez certains patients, il n’est parfois possible de le
réaliser qu’après l’intervention chirurgicale d’urgence destinée à stopper
une hémorragie potentiellement fatale.
ACTIVITÉ 44
Un homme de 60 kg, jusque-là en bonne santé, est admis aux urgences
après avoir fait une chute de 9 mètres du toit qu’il était en train de réparer.
Après évaluation et réanimation initiales, l’examen détaillé a montré les
blessures suivantes :
Fracture du calcanéum gauche
Fracture ouverte du tibia et du péroné gauches
Fracture par tassement des 1ère et 2ème vertèbres lombaires
Fracture des 7ème, 8ème et 9ème côtes gauches
Plaie profonde du cuir chevelu sur 6 cm.
1 A combien estimez-vous le volume sanguin normal de ce patient ?
2 A combien estimez-vous le volume de sang perdu ?
3 Quelles lésions abdominales associées rechercheriez-vous ?
318
TRAUMATOLOGIE ET CHIRURGIE D’URGENCE
hémorragie est chirurgicale, et le but est d’intervenir dans l’heure qui suit
l’admission du patient.
Un grand nombre des techniques de prévention et de prise en charge des
pertes sanguines peropératoires décrites dans la section 12 : Chirurgie
et anesthésie sont également applicables aux patients admis en chirurgie
d’urgence ou en traumatologie. De plus, l’administration de grands volumes
de sang et de solutions de perfusion peut par elle-même entraîner un
certain nombre de problèmes. Ces complications et leur prise en charge
sont exposées en détail dans la section 7.6 : Transfusions sanguines
massives et de grands volumes.
319
SECTION 13
320
TRAUMATOLOGIE ET CHIRURGIE D’URGENCE
321
SECTION 13
Envisager la voie
intra-osseuse
En présence de signes
Le volume sanguin est de 80 d’hypovolémie, faire un
ml/kg chez l’enfant et remplissage initial avec 20 ml/
85 — 90 ml/kg chez le kg de cristalloïdes
nouveau-né
EXEMPLE DE CAS N° 1
Un homme de 36 ans est impliqué dans une rixe au cours de laquelle il reçoit plusieurs
blessures profondes aux bras, au thorax et à l’abdomen infligées avec une machette. La
plaie la plus grave est une ouverture béante de la paroi abdominale. L’ami de la victime
applique une compression sur les plaies hémorragiques et couvre l’abdomen d’un linge
humide propre. L’homme est conduit à l’hôpital le plus proche à l’arrière d’un véhicule
de type pick-up. Le voyage dure 14 heures.
A l’arrivée, l’évaluation initiale montre des voies aériennes libres, avec une fréquence
respiratoire de 40 par minute. Les champs pulmonaires sont clairs et, malgré les plaies
apparentes, aucune ne traverse la paroi thoracique. Le patient présente tous les signes
d’une hypovolémie de classe 3, avec confusion, n’ouvrant les yeux et ne bougeant qu’en
réponse à un stimulus douloureux.
Le patient est rapidement réanimé avec de l’oxygène au masque à 6 litres/minute ; deux
aiguilles intraveineuses de gros calibre sont mises en place (l’hôpital étant à court de
cathéters) et 2500 ml de sérum physiologique réchauffé sont perfusés en 10 minutes.
Un prélèvement de sang est effectué pour les tests de compatibilité et une sonde urinaire
est posée. La vessie est vide. Le patient répond bien à la réanimation initiale et au bout
de 30 minutes sa pression artérielle est de 90 mmHg, il émet 50 ml d’urine, reprend
conscience et peut parler de façon cohérente.
Un examen complet révèle que la blessure à l’abdomen n’a pas touché l’intestin, mais
que la perte de sang se poursuit. Une réévaluation à ce stade montre une reprise de la
détérioration des paramètres circulatoires et le patient reçoit une nouvelle perfusion de
1500 ml de sérum physiologique et deux unités de sang compatibilisé sur 30 minutes.
Ce traitement permet de stabiliser le patient, qui est conduit en salle d’opération.
L’anesthésie et l’intervention chirurgicale se passent bien et le patient se rétablit sans
complications.
322
TRAUMATOLOGIE ET CHIRURGIE D’URGENCE
EXEMPLE DE CAS N° 2
Une fillette de 9 ans est hospitalisée après un grave accident de voiture dans lequel deux
personnes ont été tuées. L’évaluation initiale montre une tachypnée, bien que les voies
aériennes soient libres. Il n’y a pas de pénétration d’air dans le poumon gauche, qui est
mat à la percussion. La trachée n’est pas déviée. L’enfant est hypovolémique, avec un
pouls de 150 par minute, une pression artérielle non mesurable et un allongement du
temps de remplissage capillaire. Son état de conscience est altéré et elle ne répond
qu’aux stimuli douloureux par des geignements. Le réflexe pupillaire est normal des deux
côtés. On note également une distension abdominale. Le poids est estimé à 30 kg.
De l’oxygène est immédiatement donné au masque à 8 litres/minute. Un prélèvement
de sang est effectué pour les tests de compatibilité et deux cathéters veineux sont
posés. Un bolus initial de 20 ml/kg (600 ml) de sérum physiologique est donné. Comme
il n’y a pas d’amélioration, cette dose est répétée. La pression artérielle s’améliore
pendant un bref moment, puis redevient non mesurable.
L’enfant reçoit une nouvelle perfusion de 20 ml/kg de sérum physiologique, suivie de
deux unités de sang de groupe O négatif non compatibilisé. Pendant la réanimation, le
chirurgien procède à un examen détaillé et décide de faire immédiatement une laparotomie
précédée de la pose d’un drain dans le poumon gauche pour drainer l’hémothorax. Une
rupture de la rate est réséquée lors de la laparotomie.
L’enfant doit recevoir deux autres bolus de 20 ml/kg de sérum physiologique et une
nouvelle unité de sang avant que son état ne se stabilise. Elle se rétablit ensuite sans
complications et peut être renvoyée chez elle.
ACTIVITÉ 45
Préparez une affiche simple montrant la prise en charge globale des patients
dans un état grave admis dans votre hôpital. A part le secteur des admissions,
où cette affiche serait-elle utile dans votre hôpital ?
ACTIVITÉ 46
Préparez un diagramme de réanimation volémique chez l’adulte et l’enfant,
d’après les indications données dans cette section et en tenant compte du
type de solutions de remplissage vasculaire disponibles dans votre hôpital.
ACTIVITÉ 47
Dressez une liste de tout le matériel nécessaire pour la prise en charge
immédiate des patients dans un état grave admis dans votre hôpital. Tous
ces articles sont-ils disponibles dans votre hôpital et sont-ils facilement
accessibles dans le secteur principal des admissions ? Le matériel de
réanimation peut-il être facilement transporté d’un secteur à l’autre de votre
hôpital ?
323
14
Soins aux brûlés
Points clés
1 La prise en charge initiale des grands brûlés est similaire à celle des
autres blessés.
2 L’objectif principal du traitement est la restauration de la masse sanguine
afin de maintenir l’irrigation et l’oxygénation des tissus.
3 Donner des liquides intraveineux si la surface brûlée dépasse 15 % chez
l’adulte et 10 % chez l’enfant.
4 L’utilisation de cristalloïdes seuls est efficace et sans danger pour la
réanimation des brûlés. L’utilisation d’un volume correct de liquide chez
un grand brûlé est beaucoup plus importante que le choix du liquide.
5 L’indicateur le plus utile pour la réanimation volémique des brûlés est
la diurèse.
6 N’envisager la transfusion que lorsqu’il existe des signes d’insuffisance
de l’apport d’oxygène aux tissus.
324
SOINS AUX BRÛLÉS
Introduction
Les brûlures sont une cause majeure de morbidité et de mortalité partout
dans le monde. La prise en charge rapide et appropriée des grands brûlés
est un facteur important d’amélioration de la survie. La réanimation
volémique et, si nécessaire, le recours aux produits sanguins sont des
éléments importants de cette prise en charge.
Objectifs pédagogiques
Après avoir terminé cette section, vous devrez être capable :
1 D’évaluer et de traiter toute affection engageant le pronostic
vital chez un brûlé.
2 D’évaluer la gravité des brûlures chez l’adulte et l’enfant.
3 D’assurer une réanimation volémique appropriée chez les brûlés.
4 D’assurer des soins continus appropriés pour les brûlés.
325
SECTION 14
326
SOINS AUX BRÛLÉS
Surface brûlée
La morbidité et la mortalité augmentent avec la surface brûlée. Elles
augmentent aussi avec l’âge, et des brûlures même peu étendues peuvent
être mortelles chez une personne âgée.
Sont considérées comme graves les brûlures dont l’étendue dépasse
15 % de la surface cutanée chez l’adulte et 10 % de la surface cutanée
chez l’enfant, et les brûlures survenant chez un enfant très jeune ou une
personne âgée.
Adulte
La « règle des 9 » est habituellement utilisée pour estimer la surface brûlée
chez l’adulte. Le corps est divisé en régions anatomiques qui représentent
chacune 9 % (ou un multiple de 9 %) de la surface corporelle totale, comme
le montre la figure 14.2. La surface de la main, paume ouverte et doigts
écartés, représente environ 1 % de la surface corporelle. Si la surface
brûlée est faible, compter combien il faut de mains pour la couvrir.
Enfant
La « règle des 9 » est trop imprécise pour estimer la surface brûlée chez
l’enfant car la tête et les membres inférieurs n’ont pas les mêmes
proportions chez le nourrisson et le jeune enfant que chez l’adulte. Utiliser
les schémas de la figure 14.3 pour calculer la surface brûlée chez l’enfant.
327
SECTION 14
18% 18%
1%
9% 9% 9% 9%
A D
2% 2% 2% 2%
13% 13%
2% 2% 2% 2%
1% 1% 1% 1%
1%
B B E E
C C F F
2% 2% 2% 2%
Tête (A/D) 10 % 9% 7% 6%
Cuisse (B/E) 3% 3% 4% 5%
Jambe (C/F) 2% 3% 3% 3%
328
SOINS AUX BRÛLÉS
Autres considérations
En plus de la surface brûlée et de la profondeur des brûlures, leur localisation
est aussi un facteur déterminant de leur gravité. Les brûlures de la face,
du cou, des mains, des pieds, du périnée et les brûlures circulaires (qui
entourent un membre, le cou, etc.) sont considérées comme graves.
Les lésions d’inhalation, les lésions traumatiques associées et les maladies
préexistantes augmentent également le risque. Voir figure 14.5.
Critères d’hospitalisation
Brûlures couvrant plus de 15 % de la surface corporelle chez l’adulte
Brûlures couvrant plus de 10 % de la surface corporelle chez l’enfant
Figure 14.5 : Critères de Toute brûlure chez un très jeune enfant, une personne âgée ou une
gravité des brûlures
personne handicapée
nécessitant une
hospitalisation Toute brûlure touchant toute l’épaisseur de la peau
Brûlures de certaines régions : face, cou, mains, pieds, périnée
Brûlures circulaires
Lésions d’inhalation
Lésions traumatiques associées ou maladie préexistante, p. ex. diabète
ACTIVITÉ 48
Etude de cas
329
SECTION 14
ACTIVITÉ 49
Quelle est la procédure d’estimation de la surface brûlée utilisée dans votre
hôpital ? Existe-t-il des schémas ? Sont-ils utilisés correctement ?
S’il n’existe pas de schémas dans votre hôpital, faites des copies de ceux
des figures 14.2 et 14.3.
Organisez une séance de cours à l’intention de tout le personnel impliqué
dans l’évaluation et le traitement des brûlés sur la façon d’utiliser ces
schémas pour estimer la gravité des brûlures. Observez si les schémas sont
correctement utilisés et complétez la formation si nécessaire.
330
SOINS AUX BRÛLÉS
L’utilisation d’un volume correct de liquide chez un grand brûlé est beaucoup
plus importante que le choix du liquide. La figure 14.7 donne un exemple
de calcul des besoins liquidiens depuis le moment de l’accident chez un
adulte de 60 kg brûlé sur 20 % de la surface corporelle.
EXEMPLE DE BESOINS LIQUIDIENS DEPUIS LE MOMENT DE
L’ACCIDENT :
Patient adulte pesant 60 kg et ayant une surface brûlée de 20 %
331
SECTION 14
Adulte
Première période de 24 heures
Besoins en liquides du fait de la brûlure (ml) = 3 × poids (kg) × % de surface
brûlée
plus
Besoins en liquides d’entretien (ml) = 35 × poids (kg)
Donner la moitié de ce volume sur les 8 premières heures et l’autre moitié sur
les 16 heures suivantes
Deuxième période de 24 heures
Besoins en liquides du fait de la brûlure (ml) = 1 × poids (kg) × % de surface
brûlée
plus
Besoins en liquides d’entretien (ml) = 35 × poids (kg)
Donner ce volume sur 24 heures
Note
La limite supérieure de la surface brûlée est parfois fixée à 45 % chez l’adulte
pour éviter une surcharge volémique. Cette limite peut être dépassée en
fonction de l’état du patient.
Enfant
Première période de 24 heures
Besoins en liquides du fait de la brûlure (ml) = 3 × poids (kg) × % de surface
brûlée
plus
Besoins en liquides d’entretien (ml) :
Première tranche de 10 kg = 100 × poids (kg)
Deuxième tranche de 10 kg = 75 × poids (kg)
kg suivants = 50 × poids (kg)
Donner la moitié de ce volume sur les 8 premières heures et l’autre moitié sur
les 16 heures suivantes
Notes
1 La limite supérieure de la surface brûlée est parfois fixée à 35 % chez
l’enfant pour éviter une surcharge volémique. Cette limite peut être
dépassée en fonction de l’état du patient.
2 Chez l’enfant, on peut estimer approximativement le poids par la formule :
Poids (kg) = (Age en ans + 4) × 2
On peut aussi utiliser un tableau ou une courbe poids/taille.
3 Les enfants compensent très bien le choc, mais risquent ensuite un
collapsus rapide.
332
SOINS AUX BRÛLÉS
Surveillance
Toutes les formules données pour le calcul des besoins liquidiens n’ont
qu’une valeur indicative. Il est indispensable de surveiller et de réévaluer
régulièrement l’état clinique du patient et d’ajuster si nécessaire le volume
de liquide perfusé afin de maintenir la normovolémie.
La figure 14.8 indique les aspects cliniques à surveiller. La pression
artérielle peut être difficile à mesurer chez un grand brûlé et sa valeur
risque de ne pas être fiable.
Surveillance
Pression artérielle
Figure 14.8 : Surveillance des Entrées et sorties de liquides (hydratation)
brûlés État de conscience et anxiété
Pouls
Température
Fréquence respiratoire et profondeur de la respiration
ACTIVITÉ 50
ACTIVITÉ 51
333
SECTION 14
Existe-t-il dans votre hôpital des directives sur la réanimation volémique des
brûlés ? Sont-elles appropriées et sont-elles correctement utilisées par tout
le personnel concerné ?
S’il n’existe pas de directives ou si vous pensez qu’elles sont insuffisantes,
préparez un projet de directives et parlez-en avec vos collègues.
Une fois vos directives agréées et approuvées, organisez une séance de
cours à l’intention de tous les personnels impliqués dans le traitement des
brûlés. Observez si les directives sont correctement utilisées et complétez
la formation si nécessaire.
Anatoxine tétanique
La vaccination antitétanique (anatoxine tétanique) est indispensable chez
les brûlés.
Analgésie
Les grands brûlés doivent recevoir des analgésiques. Pour le traitement
initial de la douleur, donner une dose de 50 mg/kg de morphine en bolus
intraveineux, et continuer par paliers de 10 – 20 mg/kg toutes les 10
minutes jusqu’à obtention de l’analgésie.
Note : Ne pas donner d’analgésiques par voie intramusculaire pendant
36 heures après que le patient a été réanimé.
On peut également atténuer la douleur en surélevant les membres brûlés
et en couvrant les brûlures du deuxième degré avec des linges propres
pour les protéger des courants d’air.
Sonde naso-gastrique
Insérer une sonde naso-gastrique si le patient a des nausées ou des
vomissements, s’il présente une distension abdominale ou s’il est brûlé
sur plus de 20 % de la surface cutanée. Cette sonde pourra être utilisée
pour l’alimentation au bout de 48 heures si le patient ne peut pas
absorber de nourriture par la bouche, et pour administrer des antiacides
afin de protéger la muqueuse gastrique.
Il est souvent nécessaire de donner des antiacides, surtout si les brûlures
sont étendues. On peut habituellement les donner par voie orale, par
exemple un mélange de trisulfate de magnésium et de cimétidine ou de
ranitidine.
Sonde urinaire
Il faut mettre rapidement en place une sonde urinaire pour mesurer la
diurèse.
Température
334
SOINS AUX BRÛLÉS
Nutrition
Les brûlures graves se caractérisent par une augmentation du métabolisme
et du catabolisme des protéines, associée à une perte de poids et à une
mauvaise cicatrisation. La morbidité et la mortalité peuvent être
sensiblement réduites par un régime hyperprotéiné et hypercalorique.
L’alimentation par voie orale ou par sonde naso-gastrique est la méthode
la plus sûre.
Les besoins nutritionnels quotidiens chez un grand brûlé sont d’environ
3 g de protéines par kg et 90 calories par kg.
Divers régimes ont été décrits pour couvrir ces besoins. Un exemple
parlant est celui du régime « œufs » : un œuf contenant environ 6 g de
protéines et 70 calories, un patient pesant 70 kg aurait besoin de 35
œufs par jour pour couvrir ses besoins nutritionnels.
Anémie
Une anémie et une hypoprotéinémie apparaissent souvent à la suite de
brûlures étendues. On peut les réduire par un régime hyperprotéiné et
hypercalorique, avec suppléments de vitamines et d’antianémiques.
Chirurgie
Le débridement de la plaie et les greffes de peau sont souvent nécessaires
chez les grands brûlés ; ces interventions peuvent donner lieu à des
pertes sanguines importantes. On peut réduire ces pertes en limitant la
zone à débrider lors de chaque intervention et en utilisant des techniques
permettant de réduire les pertes de sang peropératoires, par exemple au
moyen de garrots (voir section 12.2 : Techniques permettant de réduire les
pertes de sang peropératoires).
On donnera des antianémiques entre les interventions chirurgicales
Escarrotomie
Une escarrotomie, qui consiste en une incision longitudinale des brûlures
circulaires profondes pour réduire l’œdème et la pression et restaurer la
circulation distale (dans les membres et les doigts), peut également être
nécessaire en urgence pour supprimer la compression des voies aériennes
en cas de brûlures circulaires du thorax. Cette intervention est indolore
et peut si nécessaire être réalisée en salle dans des conditions stériles.
335
SECTION 14
Transfert
Les grands brûlés ont souvent besoin de soins spécialisés de longue
durée et seront pris en charge dans les meilleures conditions dans un
service spécialisé de soins aux brûlés, si possible. Ne faire le transfert
qu’après stabilisation du patient, en général pas avant 36 heures.
Physiothérapie
La physiothérapie est particulièrement importante pour empêcher les
pneumopathies, l’incapacité et les contractures. Elle doit être démarrée
dès que possible.
ACTIVITÉ 52
1 Quelles sont les causes les plus fréquentes de brûlures dans votre localité ?
2 Parlez à vos collègues des moyens qui vous permettraient de contribuer
à réduire l’incidence des brûlures, par exemple la formation d’agents de
santé communautaires en vue d’organiser un programme de premiers
secours dans les écoles locales.
336
Partie 3
L’utilisation appropriée du
sang: mise en pratique
15
Mise en pratique : que puis-
je faire ?
Points clés
1 A n’importe quel niveau du système de soins de santé, les personnels
de santé peuvent prendre l’initiative d’élaborer des stratégies efficaces
pour améliorer l’utilisation clinique du sang.
2 Les informations doivent être recueillies de façon systématique afin
d’évaluer l’utilisation clinique du sang à l’hôpital.
3 Un comité hospitalier de sécurité transfusionnelle est un élément
essentiel de toute stratégie destinée à assurer l’utilisation clinique
appropriée du sang.
4 Des directives sur l’utilisation clinique du sang sont indispensables
pour réduire les transfusions inutiles et promouvoir l’utilisation appropriée
du sang et des produits sanguins. Les directives doivent reposer sur
l’examen systématique des preuves d’efficacité clinique. Leur préparation
suppose la participation du personnel de différents services, spécialités
médicales et niveaux du système de soins de santé.
5 La mise en œuvre efficace des directives sur l’utilisation clinique du
sang repose sur l’éducation et la formation de l’ensemble des personnels
impliqués dans le processus transfusionnel.
339
SECTION 15
Introduction
Les défis qui vous attendent maintenant en tant que prescripteur de sang
consistent à trouver des moyens d’améliorer la disponibilité et l’utilisation
efficace de produits sanguins sûrs et d’alternatives à la transfusion, de
tests de diagnostic essentiels et de traitements de l’anémie et de
l’hypovolémie.
A n’importe quel niveau du système de soins de santé, les personnels
de santé peuvent prendre l’initiative d’élaborer des stratégies efficaces
pour promouvoir l’utilisation clinique appropriée du sang. Le but est
d’améliorer les services de transfusion sanguine et l’utilisation du sang
et des produits sanguins dans le cadre des politiques et procédures en
vigueur dans votre pays ou votre région.
Objectifs pédagogiques
Après avoir terminé cette section, vous devrez être capable :
1 De rassembler des informations sur les moyens qui permettraient
d’améliorer l’utilisation clinique du sang dans votre hôpital, en
vous appuyant sur les registres existants et en parlant avec vos
collègues de leur expérience et des problèmes qu’ils ont
rencontrés.
2 D’élaborer un plan pour améliorer les pratiques transfusionnelles
dans votre hôpital.
3 De promouvoir la création d’un comité de sécurité transfusionnelle
dans votre hôpital.
4 De promouvoir l’élaboration, la mise en œuvre et la surveillance
de directives locales sur l’utilisation clinique du sang et d’y
contribuer activement.
5 De préparer, en collaboration avec vos collègues, un plan
d’information sur l’utilisation clinique du sang, à l’intention des
personnels concernés dans votre hôpital.
340
MISE EN PRATIQUE : QUE PUIS-JE FAIRE ?
341
SECTION 15
Vous vous serez toutefois rendu compte que vous aurez besoin du soutien
de vos collègues cliniciens ainsi que du laboratoire, de la pharmacie et
de l’administration de l’hôpital, et que vous devrez peut-être aussi faire
appel aux programmes de santé publique impliqués dans la prévention
et le traitement de l’anémie.
La première étape consistera à identifier d’après votre expérience ce qui
serait nécessaire pour limiter les transfusions non indispensables et réduire
les risques que la transfusion fait courir aux patients. Votre travail sur les
activités devrait vous avoir donné une bonne base de départ. Des discussions
formelles et informelles avec vos collègues apporteront des éclairages
supplémentaires sur les problèmes à traiter. Des informations importantes
sur l’utilisation des transfusions peuvent également être tirées des registres
existants, par exemple les formulaires de demande de sang.
Les problèmes et leur solution en ce qui concerne la prévention de
l’anémie et l’utilisation appropriée du sang varient largement d’un pays
à l’autre et d’un niveau à l’autre du système de soins de santé. Vous
trouverez ci-dessous une liste de quelques-unes des questions que vous
pourrez être amené à examiner :
Disponibilité d’un approvisionnement adéquat en sang sécurisé
pour les transfusions immédiates
Disponibilité de personnel de la banque de sang et de réactifs
pour compatibiliser le sang du patient et pour apporter le sang
dans le secteur clinique au moment voulu
Disponibilité de solutions de remplissage vasculaire
Disponibilité de médicaments pour la prévention et le traitement
des causes d’anémie dans votre région, par exemple fer,
antipaludiques, anthelminthiques
Disponibilité de moyens de laboratoire pour rechercher l’anémie
chez les patients ambulatoires et hospitalisés
Utilisation appropriée des services de diagnostic disponibles
par les cliniciens
Disponibilité de matériel stérile à usage unique pour les
prélèvements de sang, les injections et les perfusions de
solutions de remplissage vasculaire
Disponibilité de personnel qualifié pour assurer le transport
rapide des échantillons de et vers la banque de sang, pour
l’administration correcte des produits sanguins et pour la
surveillance des patients transfusés.
ACTIVITÉ 53
Identifiez les principales spécialités médicales et catégories de personnel
impliquées dans le processus transfusionnel dans votre hôpital.
Dans le cadre de discussions formelles ou informelles, parlez avec divers
représentants de ces catégories et spécialités au sujet de leurs approches
de la prescription ou de l’administration de sang et de produits sanguins et
identifiez tous problèmes auxquels ils doivent faire face pour utiliser le sang
de façon appropriée.
342
MISE EN PRATIQUE : QUE PUIS-JE FAIRE ?
343
SECTION 15
ACTIVITÉ 54
Dressez une liste de quelques exemples de critères cliniques et biologiques
d’utilisation appropriée du sang qui pourraient être utilisés pour un examen
des pratiques transfusionnelles dans votre hôpital. Identifiez les registres de
l’hôpital qui pourraient être utilisés pour estimer la proportion de transfusions
qui satisfont à ces critères.
Puis identifiez les autres sources d’information que vous auriez besoin
d’examiner pour évaluer les pratiques transfusionnelles dans votre hôpital.
344
MISE EN PRATIQUE : QUE PUIS-JE FAIRE ?
345
SECTION 15
346
MISE EN PRATIQUE : QUE PUIS-JE FAIRE ?
ACTIVITÉ 55
Revenez sur votre travail sur les activités proposées dans le présent module
et identifiez les domaines dans lesquels vous pensez que des mesures sont
nécessaires pour améliorer les pratiques transfusionnelles.
Dressez une liste de toutes les mesures que vous jugez nécessaires et
classez vos suggestions en deux catégories.
Mesures que vous pouvez prendre vous-même. Choisissez les points que
vous jugez les plus importants et classez-les par ordre de priorité. Notez les
mesures que vous pensez prendre et les résultats que vous en attendez.
Mesures qui nécessitent une collaboration avec d’autres personnes au sein
de l’hôpital ou ailleurs. Identifiez les personnes ou les services dont l’appui
sera nécessaire et notez vos suggestions de mesures à prendre, en les
classant par ordre de priorité et selon un ordre logique.
Préparez un calendrier réaliste pour la planification et la mise en œuvre de
vos idées et identifiez les ressources qui seraient nécessaires.
347
SECTION 15
348
MISE EN PRATIQUE : QUE PUIS-JE FAIRE ?
ACTIVITÉ 56
Identifiez les personnels clés qui devront être représentés dans un comité
de sécurité transfusionnelle s’il n’en existe pas encore dans votre hôpital.
Expliquez aux personnes concernées l’intérêt d’avoir un comité hospitalier
de sécurité transfusionnelle pour surveiller et évaluer les pratiques cliniques
en matière de transfusion. Exposez le rôle d’un tel comité et proposez d’en
établir officiellement un dans votre hôpital.
349
SECTION 15
350
MISE EN PRATIQUE : QUE PUIS-JE FAIRE ?
local, prend du temps. Les directives doivent si possible être basées sur
les meilleures preuves disponibles d’efficacité clinique. Il faut cependant
tenir compte, lorsqu’on définit les normes de soins aux patients, des
différences de points de vue, d’expérience et de formation des personnes
appartenant à différentes spécialités et différents niveaux du système de
soins de santé. Si on ne dispose pas des données voulues, on peut
établir les directives sur la base d’un consensus en attendant d’avoir de
plus amples informations.
Les directives doivent être réexaminées à intervalles réguliers et révisées
en fonction des nouvelles informations disponibles.
Les directives doivent être établies avec la participation des autorités
sanitaires locales et/ou nationales. Leur approbation par ces autorités
aidera à s’assurer de l’engagement des pouvoirs publics et des
organisations non gouvernementales, indispensable pour une mise en
œuvre réussie.
Les directives doivent couvrir toutes les activités nécessaires pour optimiser
les pratiques transfusionnelles. Elles pourront contenir des sections sur :
1 La prévention de l’anémie et des affections qui conduisent à
devoir recourir à la transfusion, par les moyens suivants :
Mesures de santé publique
Diagnostic précoce
Traitement efficace (les directives peuvent inclure une liste
des médicaments essentiels).
2 Le formulaire de demande de sang.
3 Le protocole transfusionnel pour la commande de sang.
4 Les procédures écrites (modes opératoires normalisés) pour
toutes les étapes du processus transfusionnel, y compris pour
les services de laboratoire essentiels et les services de la
banque de sang.
5 Les critères cliniques et biologiques de recours à la transfusion
et aux alternatives à la transfusion dans toutes les grandes
spécialités médicales.
6 Les plans de mise en œuvre : stratégies de diffusion, d’application
et de suivi des directives.
ACTIVITÉ 57
Revenez sur votre travail sur les activités proposées dans le présent module
qui évoquent l’élaboration de directives en rapport avec les divers aspects
de la pratique transfusionnelle. Dressez une liste des domaines pour lesquels
vous estimez que des directives seraient nécessaires ou que les directives
existantes auraient besoin d’être améliorées.
Identifiez les personnels clés au sein de votre hôpital et/ou de votre région
qui pourraient jouer un rôle important dans la préparation des directives.
Organisez une réunion pour planifier le processus de développement, de
mise en œuvre et de suivi des directives sur l’utilisation clinique du sang.
351
SECTION 15
352
MISE EN PRATIQUE : QUE PUIS-JE FAIRE ?
ACTIVITÉ 58
Avec les membres de votre équipe, identifiez les domaines dans lesquels
une formation continue serait jugée utile en rapport avec l’utilisation clinique
du sang.
Puis, avec les responsables d’autres services, identifiez les priorités de
formation en rapport avec la pratique transfusionnelle. Quelles seraient
dans votre hôpital les occasions d’organiser une formation sur l’utilisation
clinique du sang ? Proposez au comité hospitalier de sécurité transfusionnelle
de prévoir un programme de formation structuré, à l’intention de tous les
personnels concernés, pour appuyer la préparation et la mise en œuvre des
directives cliniques sur la transfusion.
Suggérez également que le comité hospitalier de sécurité transfusionnelle
prenne contact avec les écoles et facultés de médecine et les écoles de
soins infirmiers pour encourager l’introduction de la médecine
transfusionnelle dans les programmes d’enseignement professionnel et
supérieur.
Maintenant que vous avez atteint la fin de ce module et que vous avez
eu l’occasion de réfléchir sur la pratique transfusionnelle dans votre
secteur clinique et dans les différents services de votre hôpital, vous
devez être à même de reconnaître le rôle que vous pouvez jouer dans la
promotion de l’utilisation appropriée du sang et des produits sanguins.
Souvenez-vous que même de petits changements au niveau des systèmes,
des procédures et des pratiques peuvent avoir des effets non négligeables
sur la réduction des transfusions non indispensables et la diminution des
risques pour les patients qui ont besoin d’une transfusion.
Au début, il vous paraîtra peut-être difficile de convaincre certaines
personnes que des changements sont nécessaires, surtout lorsque les
ressources humaines et financières sont limitées. Soyez réaliste lors de
la préparation et de la mise en œuvre de votre plan d’action, et soyez
conscient de l’importance de vous assurer la coopération et l’appui du
personnel à tous les niveaux en partageant l’information et en tenant
compte de son expérience, de ses idées et des problèmes auxquels il est
confronté. Même si les progrès sont lents au début, un examen régulier
et systématique des pratiques transfusionnelles devrait démontrer
l’efficacité des changements et indiquer les domaines dans lesquels des
améliorations supplémentaires pourraient être nécessaires.
353
Glossaire
Albumine
Principale protéine présente dans le plasma humain.
Anémie décompensée
Anémie sévère à retentissement clinique important : le taux d’hémoglobine
est si faible que le transport d’oxygène est insuffisant même lorsque tous
les mécanismes compensateurs normaux sont en place.
Anisocytose
Variabilité anormale de la taille des globules rouges observés sur un
frottis sanguin.
Aphérèse
Procédure qui consiste à prélever le sang, à séparer un composant ex vivo
(par exemple le plasma et les plaquettes) et à reperfuser les autres
composants au patient. Voir Plasmaphérèse.
Coagulation intravasculaire disséminée (CIVD)
Activation des systèmes de coagulation et de fibrinolyse, conduisant à
des déficits en facteurs de coagulation, en fibrinogène et en plaquettes.
Le sang contient des produits de dégradation de la fibrine. Peut également
provoquer des lésions tissulaires dues à l’obstruction des petits vaisseaux.
Se caractérise cliniquement par des saignements microvasculaires.
Couche leucocytaire (buffy coat)
Couche de leucocytes qui se forme à l’interface entre les globules rouges
et le plasma lorsque le sang est centrifugé.
Courbe de dissociation de l’oxygène
Graphique exprimant la relation entre la teneur en oxygène de l’hémoglobine
et la teneur en oxygène du plasma (pression partielle). Voir figure 2.9.
Déféroxamine (Desféral)
Chélateur du fer, qui augmente l’excrétion du fer. Aussi appelée
desferrioxamine.
Dérivé du plasma
Protéine plasmatique humaine préparée dans l’industrie pharmaceutique.
Comprend l’albumine, les immunoglobulines et les facteurs VIII et IX de
la coagulation.
354
GLOSSAIRE
Dextran
Macromolécule consistant en une solution de glucose, utilisée dans
certaines solutions de colloïdes de synthèse.
Donneur familial ou de compensation
Donneur qui donne son sang à la demande d’un membre de la famille ou
de la communauté. Il peut exister un système de rémunération cachée
dans lequel le donneur est payé par la famille du patient.
Donneur professionnel ou rémunéré
Donneur qui donne son sang contre une somme d’argent ou une autre
forme de rémunération.
Donneur volontaire non rémunéré
Donneur qui donne son sang librement et volontairement, sans recevoir
aucune rétribution, financière ou autre.
Fenêtre sérologique
Période qui s’écoule entre l’infection par un virus (par exemple le VIH) et
la formation d’anticorps décelables.
Fibrinogène
Principale protéine coagulante présente dans le plasma. Convertie en
fibrine (insoluble) sous l’action de la thrombine.
Frottis sanguin dimorphique
Frottis sanguin qui contient à la fois des globules rouges microcytaires
hypochromes et des globules rouges macrocytaires, ce qui évoque une
carence en fer et en acide folique (ou en acide folique et vitamine B12).
Gélatine
Polypeptide d’origine bovine utilisé dans certaines solutions de colloïdes
de synthèse.
Globules rouges
Aussi appelés hématies, érythrocytes.En transfusion, tout produit sanguin
contenant des globules rouges (produit sanguin érythrocytaire), par exemple
concentré de globules rouges, suspension de globules rouges.
Hématocrite (Ht)
Valeur dérivée des indices globulaires par analyse automatisée. On
centrifuge un petit volume de sang dans un tube capillaire avec
anticoagulant et on mesure le volume du culot globulaire en pourcentage
du volume total.
Hémoconcentration
Augmentation de l’hématocrite due à une réduction du volume de plasma.
Hémodilution
Baisse de l’hématocrite. Hémodilution aiguë provoquée par la perte de
globules rouges et leur compensation par une perfusion de cristalloïdes
ou de colloïdes.
HLA (human leucocyte antigen)
Antigènes d’histocompatibilité portés par les leucocytes.
Hydroxyéthylamidons (HEA)
Macromolécules fabriquées à partir d’amidon, utilisées dans certaines
solutions de colloïdes.
355
GLOSSAIRE
Hypertonique
Se dit d’un liquide qui exerce une pression osmotique plus élevée que
celle des liquides biologiques normaux.
Hypochromie
Insuffisance de fer dans les globules rouges, qui se traduit par un défaut
de coloration. Indique une anémie ferriprive. Voir Microcytose.
Hypovolémie
Diminution du volume sanguin circulant.
Hypoxie d’origine circulatoire
Réduction de l’apport d’oxygène aux tissus due à une diminution du débit
sanguin (diminution de la perfusion tissulaire).
Hypoxie d’origine respiratoire
Réduction de l’apport d’oxygène aux tissus due à un transfert insuffisant
de l’oxygène des poumons vers les globules rouges.
Hypoxie par anémie
Réduction de l’apport d’oxygène aux tissus due à la faible teneur en
hémoglobine des globules rouges du sang.
Hypoxie tissulaire
Privation d’oxygène au niveau des tissus et organes.
Ictère nucléaire
Atteinte des noyaux gris centraux due à la bilirubine liposoluble. Provoque
des altérations du tonus musculaire. Peut être provoqué par la maladie
hémolytique du nouveau-né.
IgG, IgM, IgA, IgE
Voir Immunoglobuline.
Immunoglobuline (Ig)
Protéine produite par les lymphocytes B et les éléments figurés du plasma.
Tous les anticorps sont des immunoglobulines. Les principales classes
d’immunoglobulines sont les IgG, les IgM (essentiellement dans le plasma),
les IgA (qui protègent la surface des muqueuses) et les IgE (qui provoquent
les réactions allergiques).
Immunoglobuline anti-D
Préparation d’immunoglobuline G humaine contenant un taux élevé
d’anticorps dirigés contre l’antigène D du système Rhésus.
Incidence
Proportion d’une population donnée nouvellement infectée par un agent
infectieux pendant une certaine période.
Indices globulaires
Volume globulaire moyen (VGM)
Teneur globulaire moyenne en hémoglobine (TGMH)
Concentration globulaire moyenne en hémoglobine (CGMH).
Infection post-transfusionnelle
Infection qui a été transmise à l’occasion d’une transfusion sanguine.
356
GLOSSAIRE
357
GLOSSAIRE
358
GLOSSAIRE
359
Index
A Angine de poitrine 173, 283
Antianémiques
Accès veineux 310
carence 189
enfant 319
pendant la grossesse 238
ACD 85
traitement post-opératoire 304
Acide folique 255
Anticoagulation
carence pendant la grossesse 235
antivitamines K 287
suppléments 235
chirurgie 286
traitement de la carence 185, 190
Antifibrinolytiques 288, 290
Acide tranexamique 290
Antivitamines K 287
Acidose 164 et troubles hémorragiques 227
Adénine 80 Aphérèse 19, 80, 87
ADH (hormone antidiurétique) 55 cytaphérèse 135
Agents infectieux transmissibles par le leucophérèse 135
sang 16, 153, 216 plasmaphérèse 88
AINS 286 prélèvement de cellules précurseurs 136
Albumine 27, 88, 270 thérapeutique 134
Aldostérone 55 complications 136
Allo-immunisation 215 indications 135
Analgésie 303 thrombaphérèse 88, 135
enfant 321 Appareil cardio-vasculaire
Anémie 177, 183 évaluation 309
anamnèse et examen physique 178, 180 Aprotinine 290
aplastique 203 Aspirine 286
aspects cliniques 177
brûlures 335
causes 50, 253 B
chirurgie et anémie 282
Besoins en sodium 64
chronique 178
Bêta-bloquants 294
apport d'oxygène 40
Bilirubine chez le nouveau-né 275, 276
traitement 182
Bolus liquidien
décompensée 185, 259
adulte 312
définition 44
enfant 321
dépistage 283
Brucellose 159
enfant et nouveau-né. Voir aussi section 11
Brûlures 68, 324
évaluation clinique 178
" règle des 9 " 327
examens de laboratoire 180
anémie 335
ferriprive 254
besoins liquidiens 330
frottis sanguin 183
critères de gravité 329
hémolytique 192
estimation de la gravité 327
aspects cliniques 193
lésions des voies aériennes 326
mécanismes compensateurs 40, 282
mégaloblastique 190 lésions d'inhalation 326
normocytaire normochrome 192 phosphore 327
pendant la grossesse 210 – 230, 234 – 241 prévention 336
perte de sang aiguë 52 profondeur 329
pertes de sang chroniques 56 réanimation volémique 330
prévention 60 solutions de remplissage 327
signes et symptômes 237 surface brûlée 327
surajoutée 59, 178 transfusion sanguine 331, 335
traitement 59, 188, 193 Buffy coat. Voir Couche leucocytaire
VIH 199
Anémies hémolytiques 192 C
Anesthésie
techniques pour réduire les pertes sanguines 288 Cell-savers 302
360
INDEX
361
INDEX
362
INDEX
363
INDEX
M troubles de l'hémostase et de la
coagulation 222
Maladie de Chagas 16, 157 chroniques
Maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) 159 aspects cliniques 58
Maladie de Lyme 159 mécanismes compensateurs 57
Maladie de Willebrand 223 estimation 291
Maladie hémolytique du nouveau-né 247, 271, 272 Phosphate 80
Méthode au sulfate de cuivre 46 Plaquettes 28, 30
Morsures de serpent 68 déplétion 166
Myélofibrose 203 fonction dans les unités de sang 81
groupées en mélange 87
risque d'infections post-transfusionnelles 87
N séparation par aphérèse 88
Normes nationales pour les produits sanguins 13 Plasma 34, 74, 86
Normovolémie 65, 291, 294, 315 composition 26
signes de restauration 316 dérivés
Nourrisson. Voir Enfant définition 80
Nouveau-né. Voir Enfant production 88
Numération plaquettaire 286 fractionnement 88
nouveau-né 268 frais congelé 74, 87, 223, 226, 227, 287
lyophilisé 74
risques 12
O risques d'infections post-transfusionnelles 88
volume
Osmose 26
pendant la grossesse 232
Oxygène
restauration 54
apport 32, 53
Plasma frais congelé 74, 87, 223, 226, 227, 287
amélioration 60
Plasmaphérèse 13, 88
calcul 39
Plasmine 31
dans l'anémie chronique 40
Politique nationale en matière d'utilisation clini 20
courbe de dissociation 34, 38
Polycythémie
déplacements 38, 55, 57, 208, 277
nourrisson 278
diffusion 32
Ponction veineuse 134
équation de flux 39 Position de Trendelenburg 288
extraction 38 Potassium
libération 35, 37 besoins 64
relargage 37 concentration dans les unités de sang 81
saturation 34 Pré-éclampsie 232
stockage 33, 53 Prélèvement de sang pré-opératoire 300
supplémentation post-opératoire 303 Pression différentielle 310, 321
transfert 32, 53 Pression partielle 32
transport 32, 35, 39, 53 Pression veineuse centrale 316
Prévalence des infections 17
P Prévention
anémie
Paludisme 16, 158, 173, 195, 235, 255 pendant la grossesse 236, 238
Pancytopénie 203 principes 60
Pédiatrie. Voir Enfant anémie pédiatrique 256
Pentastarch 77 maladie hémolytique du nouveau-né 248, 272
Perfluorocarbones 77 paludisme 197
Perte sanguine acceptable Produits sanguins de synthèse 77
estimation 293 Prothrombine 99
exemple 304 Protocole transfusionnel pour la commande de
Pertes de sang. Voir aussi Hémorragie sang 297
acceptables 293 Purpura post-transfusionnel 161
aiguës 52 Purpura thrombopénique idiopathique 286
aspects cliniques 56 Purpura thrombopénique thrombotique 135
CIVD 224
déficit en vitamine K 226
gastro-intestinales 228
R
mécanismes compensateurs 53 " Règle des 9 " 327
364
INDEX
365
INDEX
366