Mecanique Des Fluide
Mecanique Des Fluide
Mecanique Des Fluide
OMM-N° 1150
Directives de l’OMM sur les services
de prévision et d’alerte multidanger
axées sur les impacts
2015
OMM-N° 1150
NOTE DE L’ÉDITEUR
Le Programme des services météorologiques destinés au public (PSMP) de l’OMM remercie les auteurs
qui ont contribué à la présente publication: Gerald Fleming (Met Éireann, Service météorologique
irlandais); David Rogers (Banque mondiale/Dispositif mondial de réduction des effets des catastrophes
et de relèvement); Paul Davies (Met Office, Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord);
M. Elliott Jacks (Service météorologique national relevant de l’Administration américaine pour les océans
et l’atmosphère); Jennifer Ann Milton (Environnement Canada); Cyrille Honoré (Météo-France);
Lap Shun Lee (Observatoire de Hong Kong; Honk Kong, Chine); John Bally (Service météorologique
australien); WANG Zhihua (Administration météorologique chinoise); Vlasta Tutis (Service météorologique
et hydrologique de la Croatie) et Premchand Goolaup (Services météorologiques de Maurice).
OMM-N° 1150
L’OMM se réserve le droit de publication en version imprimée ou électronique ou sous toute autre forme et
dans n’importe quelle langue. De courts extraits des publications de l’OMM peuvent être reproduits sans
autorisation, pour autant que la source complète soit clairement indiquée. La correspondance relative au
contenu rédactionnel et les demandes de publication, reproduction ou traduction partielle ou totale de
la présente publication doivent être adressées au:
ISBN 978-92-63-21150-7
NOTE
Les appellations employées dans les publications de l’OMM et la présentation des données qui y figurent n’impliquent,
de la part de l’Organisation météorologique mondiale, aucune prise de position quant au statut juridique des pays,
territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.
La mention de certaines sociétés ou de certains produits ne signifie pas que l’OMM les cautionne ou les recommande
de préférence à d’autres sociétés ou produits de nature similaire dont il n’est pas fait mention ou qui ne font l’objet
d’aucune publicité.
Les constatations, interprétations et conclusions exprimées dans les publications de l’OMM portant mention d’auteurs
nommément désignés sont celles de leurs seuls auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles de l’OMM ou de ses
Membres.
TABLE DES MATIÈRES
Page
RÉSUMÉ����������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������v
Cette contradiction apparente tient au décalage entre les prévisions et alertes et la compréhension
des impacts potentiels de ces phénomènes, tant par les autorités chargées de la protection civile
et de la gestion des urgences qu’au sein de l’ensemble de la population. En termes simples, on
anticipe ce que pourrait être le temps mais on anticipe rarement ce qu’il pourrait causer.
Pour combler ce fossé, il est nécessaire d’instaurer une approche globale de l’observation, de
la modélisation et de la prévision des conditions hydrométéorologiques extrêmes et des
phénomènes naturels dangereux qui en découlent, ainsi que de leurs impacts. Il faut pour cela
déployer des efforts pluridisciplinaires concertés et ciblés, essentiels pour donner accès aux
connaissances scientifiques les plus pointues et aux meilleurs services, afin de faire face aux
phénomènes multidanger d’aujourd’hui et de disposer des données les plus probantes pour
prévoir les coûteuses infrastructures qui serviront demain à protéger la population dans la
perspective du changement climatique.
Par souci d’exhaustivité, les directives incluent également la toute dernière étape de prévision
des impacts réels, bien qu’il soit reconnu qu’il s’agit d’un exercice très complexe, nécessitant
une étroite collaboration avec les organismes partenaires et des recherches approfondies sur
l’exposition et la vulnérabilité. Pour de nombreux Membres de l’OMM, cette étape incombe
non aux SMHN mais à certains partenaires tels que les organismes de protection civile et de
prévention des catastrophes.
Pour un grand nombre de SMHN, passer des prévisions et alertes météorologiques aux services
de prévision et d’alerte multidanger axées sur les impacts implique de réformer complètement
la prestation de services, ce qui est cependant entièrement en accord avec le plan de mise en
œuvre de la Stratégie de l’OMM en matière de prestation de services adopté en 2013. Afin d’aider
les Membres à suivre ce processus, les présentes directives contiennent maints exemples visant à
illustrer les changements décrits, ainsi qu’une section sur une méthode possible de gestion
du changement.
CHAPITRE 1. JUSTIFICATION DE LA PRÉVISION AXÉE SUR LES IMPACTS
Il ne suffit plus de fournir des prévisions et alertes météorologiques de qualité – les populations
exigent désormais des informations sur ce qu’il convient de faire pour assurer leur sécurité et
protéger leurs biens.
Les progrès scientifiques réalisés dans le domaine de la prévision météorologique permettent aux
Membres de l’OMM de diffuser à l’avance des alertes fiables et précises concernant les multiples
phénomènes hydrométéorologiques dangereux, ce qui devrait correspondre à ce que l’on attend
des SMHN, à savoir: diffuser des avis de phénomènes hydrométéorologiques dangereux afin
d’assurer la sécurité des personnes et d’atténuer les dommages matériels. Afin de pouvoir prendre les
mesures qui conviennent, les gouvernements, les secteurs économiques et le public doivent savoir
dans quelle mesure de multiples phénomènes hydrométéorologiques dangereux peuvent avoir des
répercussions sur la vie des personnes, leurs moyens de subsistance et leurs biens et sur l’économie.
Les pertes en vies humaines dues à des phénomènes hydrométéorologiques dangereux sont
encore nombreuses et les coûts socio-économiques générés par ces phénomènes continuent
d’augmenter, notamment parce que les incidences et les conséquences de ces phénomènes sur
le bien-être des populations sont mal appréciées et mal comprises.
Quels changements les Membres de l’OMM devraient-ils apporter aux méthodes qu’ils appliquent
pour résoudre ce problème? Et comment peuvent-ils contribuer à la croissance économique en
s’appuyant sur la science, la technologie, les données et d’autres ressources disponibles au sein
de la communauté météorologique et ailleurs, pour renforcer les capacités des sociétés face aux
multiples phénomènes hydrométéorologiques dangereux?
Les services et alertes ne sont utiles que si les populations sont capables d’utiliser les informations et
de prendre des mesures concrètes. Par conséquent, le renforcement institutionnel et l’amélioration
des systèmes d’observation et de prévision ainsi que la qualité des alertes hydrométéorologiques
sont une condition nécessaire mais pas suffisante pour réduire les effets néfastes. En résumé, une
alerte hydrométéorologique exacte et diffusée suffisamment à l’avance ne garantit pas la sécurité
des personnes et n’évite pas les bouleversements économiques majeurs (voir l’encadré à la page 2).
Les SMHN doivent travailler plus efficacement avec les organismes de protection civile et de
prévention des catastrophes, ainsi qu’avec le public et les parties prenantes, afin d’aider les
populations à comprendre l’effet que les phénomènes dangereux peuvent avoir sur elles et
garantir ainsi que des mesures adéquates sont prises. En prenant en compte la vulnérabilité de
l’infrastructure par rapport aux multiples phénomènes hydrométéorologiques dangereux et le
comportement probable des personnes en situation d’urgence, les SMHN pourraient contribuer
à minimiser les effets néfastes autrement dit, les pertes en vies humaines et les dégâts matériels
associés à ces phénomènes dangereux.
Tout en reconnaissant que l’accent doit être mis en priorité sur la sécurité des personnes et des
biens, les SMHN doivent aussi répondre aux besoins des entreprises qui doivent pouvoir disposer
de services efficaces, capables de garantir la croissance économique et le développement durable,
autrement dit une croissance reposant sur l’exploitation des effets positifs du temps tout en
évitant ses effets néfastes.
2 DIRECTIVES DE L’OMM SUR LES SERVICES DE PRÉVISION ET
D’ALERTE MULTIDANGER AXÉES SUR LES IMPACTS
Il existe de multiples exemples où le phénomène météorologique dangereux a été bien prévu mais où
l’impact a été mal pris en compte ou sous-estimé et la réponse inadéquate. Les deux exemples ci-après
montrent qu’il convient d’aller au-delà des alertes météorologiques.
L’exemple récent le plus probant est le cyclone tropical Haiyan (Yolanda), tempête de catégorie 5, qui a
frappé les Philippines le 7 novembre 2013. Au 14 janvier 2014, on dénombrait 6 201 morts, 28 626 blessés
et 1 785 disparus. Le cyclone a touché plus de seize millions de personnes et, d’après les estimations, les
dommages causés aux infrastructures et à l’agriculture s’élèvent à plus de 827 millions de dollars des
États-Unis d’Amérique*. Un grand nombre de pertes en vies humaines ont été causées par l’onde de
tempête générée par le vent, la vitesse maximale du vent soutenu sur dix minutes ayant atteint 275 km/h.
Est-ce que l’on aurait pu sauver des vies si l’on avait eu une meilleure connaissance des incidences
spécifiques de cette tempête? Il est très probable que oui. L’Administration des services atmosphériques,
géophysiques et astronomiques des Philippines (PAGASA) – le Service météorologique philippin –
avait diffusé en temps utile des alertes précises concernant de fortes pluies et des vents violents, et le
Gouvernement avait déployé des avions et des hélicoptères dans les régions qui risquaient le plus d’être
touchées. Mais cela n’a pas suffi. Si l’on avait eu une meilleure connaissance des risques, en particulier
de l’onde de tempête, il est probable que les zones touchées auraient pu être évacuées plus tôt et dans
de plus grandes proportions**.
Le cyclone tropical Fitow a frappé la Chine continentale le 6 octobre 2013, causant des dommages et des
perturbations majeurs. Entre le 7 octobre à 20 h 00 et le 8 octobre à 14 h 00 (heures locales), Shanghai a
reçu au total 156 mm de précipitations, soit les plus fortes précipitations enregistrées en 18 heures depuis
1961. L’impact a été considérable: 97 routes recouvertes par les eaux; inondations dans 900 localités, où
de nombreux parkings souterrains et véhicules ont été endommagés; et destruction, partielle ou totale, de
certains des murs de protection contre les inondations. Des rivières en crue ont inondé quatre districts. Le
11 octobre, on comptait plus 1,2 million de personnes directement touchées. On déplorait une victime et
près de 28 millions d’hectares de terres agricoles inondés. Les pertes économiques directes sont estimées à
890 millions de renminbis (RMB). Dans la province du Zhejiang, sept victimes ont été recensées et les pertes
économiques directes sont estimées à plus de 33 milliards de renminbis.
Mais leur réaction a été la suivante: «Pourquoi les alertes sont-elles arrivées aussi tardivement?»
L’alerte orange pour les précipitations a été diffusée le 8 octobre à 5 h 36 et l’alerte rouge à 7 h 38 (heures
locales). Cette date correspondait au premier jour d’école et de travail après la fête nationale chinoise.
L’heure de diffusion des alertes les plus graves correspondait à l’heure de pointe: la période de trajet du
matin était bien entamée quand une grande partie de la population a été informée de la gravité de la
situation. Des embouteillages empêchaient les gens d’atteindre leur destination ou bien de rentrer chez eux.
Comme la plupart des pays, la Chine fonde son système d’alerte principalement sur des seuils
météorologiques. Chaque niveau d’alerte comprend également un résumé des mesures à prendre au
moment où l’alerte est diffusée. Ces mesures sont de nature relativement générale et ne donne aucune
indication spécifique pour une circonstance particulière. Le prévisionniste ne tient généralement pas compte
de la vulnérabilité ni de l’exposition de la population au phénomène dangereux. Dans le cas du cyclone
tropical Fitow, cela signifie que le plus haut niveau d’alerte n’a été diffusé qu’une fois la période de pointe du
matin largement entamée, lorsque les seuils météorologiques correspondants avaient déjà été dépassés.
_____________
* National Disaster Risk Reduction and Management Council, 2014.
** OMM, mission d’experts conduite aux Philippines (Manille et Tacloban, 7–12 avril 2014) suite au passage du
typhon Haiyan (Yolanda), rapport de la mission (2014).
DIRECTIVES DE L’OMM SUR LES SERVICES DE PRÉVISION ET 3
D’ALERTE MULTIDANGER AXÉES SUR LES IMPACTS
Il s’agit ici d’indiquer l’impact qu’un ou plusieurs phénomènes dangereux pourraient avoir sur un
individu ou une communauté à risque. On citera par exemple l’impact éventuel de chutes de
pluie sur les usagers de la route aux heures de pointe ou l’impact sur les passagers de la fermeture
d’un aéroport pour cause de vents violents. Ces prévisions peuvent être établies de manière
subjective en collaboration avec les usagers des transports ou de manière objective à partir d’un
modèle d’impacts fondé sur des ensembles de données de vulnérabilité et d’exposition ainsi
que des informations météorologiques. Comprendre les risques de catastrophes et prévoir
les incidences hydrométéorologiques ne relèvent généralement pas des compétences des
météorologues et des hydrologues. Cependant, les risques et les incidences découlant souvent de
phénomènes hydrométéorologiques extrêmes, on peut affirmer que les SMHN sont les mieux
équipés pour prévoir leur impact en partenariat avec d’autres organismes. Dans certains cas, les
SMHN peuvent contribuer à cette tâche en fournissant des informations hydrométéorologiques
permettant à leurs partenaires de prévoir les impacts.
Pour porter ses fruits, la prévision axée sur les impacts requiert une collaboration avec d’autres
entités disposant des compétences, ressources et connaissances supplémentaires nécessaires
(par exemple: données démographiques, techniques de production participative, systèmes
d’information géographique (SIG), interopérabilité et intégration et utilisation de données de
tiers) afin de fournir des services de prévision d’impacts que les SMHN ne peuvent pas assurer
seuls. Du point de vue des utilisateurs des services, les communautés les plus vulnérables aux
catastrophes pourraient contribuer au système d’information. En travaillant étroitement ensemble,
les fournisseurs et les bénéficiaires de ces services parleraient d’une seule voix qui ferait autorité et
trouverait son écho auprès de tous et qui, en échange, permettrait de prendre des mesures
efficaces.
Les présentes directives ont pour objectif d’aider les Membres de l’OMM à développer leurs
services de prévision et d’alerte de façon que les utilisateurs comprennent bien les conséquences
des phénomènes météorologiques dangereux et qu’ils prennent des mesures d’atténuation
appropriées. Dans cette optique, plusieurs étapes sont définies. Les défis et les impératifs de
chacune d’elles sont détaillés avec soin. En effet, la complexité de ces étapes va croissant et
celles-ci nécessitent davantage de collaboration avec les partenaires compétents et une
intégration plus poussée des données.
Les directives sont destinées à aider les Membres de l’OMM à passer des services de prévision et
d’alerte météorologiques aux services de prévision et d’alerte multidanger axées sur les impacts,
conformément à la Stratégie de l’OMM en matière de prestation de services et plan de mise en œuvre
(OMM-N° 1129). Elles visent à aider les SMHN à être plus proches des réalités et plus réactifs à
l’évolution des besoins des sociétés pour qu’ils remplissent leur rôle en s’exprimant d’une voix
faisant autorité, que les populations souhaitent entendre et qu’elles comprennent, et qu’ils
encouragent des investissements durables de la part du secteur privé et de donateurs.
CHAPITRE 2. PRINCIPALES NOTIONS RELATIVES AUX SERVICES DE
PRÉVISION ET D’AVIS D’IMPACTS ET AXÉS SUR LES IMPACTS
Historiquement, tous les SMHN ont placé la prévision du temps au centre de leur mission.
La plupart d’entre eux diffusent des alertes météorologiques lorsque des phénomènes dangereux
sont attendus. Les prévisions, comme les alertes météorologiques, s’attachent essentiellement à ce
que le temps sera. Or les présentes directives préconisent de passer d’une conception basée sur le
temps à une conception axée principalement sur l’impact du temps. Autrement dit, on devrait
s’intéresser plutôt à ce que le temps fera.
Certains concepts sous-tendant la prévision des impacts vont au-delà des termes utilisés
traditionnellement pour la prévision du temps. On trouvera ci-après les principaux termes définis
pour les besoins des présentes directives.
2.3 EXPOSITION
L’exposition se rapporte aux personnes et aux choses pouvant être touchées par les phénomènes
dangereux dans la zone où ces derniers sont susceptibles de se produire. Si les personnes et les
ressources économiques ne se trouvaient pas dans des milieux potentiellement dangereux, ou n’y
étaient pas exposées, il n’y aurait pas de risque de catastrophe. L’exposition est un élément nécessaire
mais pas suffisant pour déterminer le risque. Il est possible d’être exposé sans être vulnérable, par
exemple en vivant dans une plaine inondable mais en ayant les moyens suffisants de modifier la
structure des constructions et les comportements afin d’atténuer les pertes potentielles. En revanche,
pour être vulnérable, il faut être exposé. L’exposition est fonction du temps (t) et de l’espace (x).
Pour illustrer l’exposition liée à la situation géographique, on peut prendre comme exemple un
véhicule qui traverse un pont pendant une tempête de vent. Dans les mêmes conditions, une grue
sera beaucoup plus exposée qu’une voiture dans la rue. L’exposition liée au temps peut varier selon
les échelles de temps. Par exemple, une tempête de vent frappant une zone urbaine en pleine heure
de pointe entraînera un facteur d’exposition beaucoup plus élevé que la même tempête traversant
une zone rurale inhabitée au milieu de la nuit.
2.4 VULNÉRABILITÉ
La vulnérabilité désigne la mesure dans laquelle les éléments exposés tels que les êtres humains, leurs
moyens de subsistance et leurs biens matériels peuvent pâtir des conséquences néfastes d’un
DIRECTIVES DE L’OMM SUR LES SERVICES DE PRÉVISION ET 5
D’ALERTE MULTIDANGER AXÉES SUR LES IMPACTS
phénomène dangereux. La vulnérabilité est liée aux prédispositions, aux sensibilités, fragilités,
faiblesses et insuffisances, ou à l’absence de capacités qui favorisent les effets néfastes sur les éléments
exposés. La vulnérabilité est spécifique à la situation, elle s’associe au phénomène dangereux pour
générer un risque. La vulnérabilité peut donc aussi dépendre du temps et de l’espace.
Par exemple, les ouvrages de protection contre les inondations protègent la population dans les
zones de basse altitude. Autre exemple: aux États-Unis, la Floride a instauré des normes de
construction plus strictes après le passage de l’ouragan Andrew en 1992.
2.5 RISQUE
Pour les besoins des présentes directives, le risque est défini comme la probabilité et l’amplitude
des dommages causés aux personnes, à leurs moyens de subsistance et à leurs biens en raison de
leur exposition et de leur vulnérabilité à un phénomène dangereux. L’amplitude des dommages
causés peut varier en fonction des mesures prises pour réduire l’exposition pendant l’événement
ou pour réduire la vulnérabilité aux phénomènes dangereux en général.
où U est l’élément qui relie le niveau d’incertitude des prévisions hydrométéorologiques, le degré
de vulnérabilité et le niveau d’exposition. Les risques:
• Peuvent être liés entre eux et leurs effets peuvent se combiner; plusieurs risques ou un grand
nombre d’entre eux peuvent se produire simultanément dans la même zone; il est donc
nécessaire de pouvoir les comparer et de procéder à des compromis en évaluant
l’importance relative d’un risque par rapport à un autre qui ne sera pas forcément de nature
hydrométéorologique;
• Ne sont pas toujours faciles à identifier, à quantifier et à classer; il arrive que des risques
soient identifiés bien après que des conséquences néfastes graves ont été ressenties;
• Sont évalués différemment d’un point de vue social; un risque considéré grave à un endroit
peut être considéré moins grave dans un autre ou bien il existe une certaine souplesse quant
à l’acceptation du risque.
Pour plus de clarté, nous avons défini trois schémas de prévisions qui se distinguent de manière
subtile:
Exemple 1: «Des boras sont attendues ce soir avec des vitesses de 20 mètres par seconde.»
Exemple 2: «De violents orages sont attendus aujourd’hui avec des rafales de vent dépassant les 60 mph.»
6 DIRECTIVES DE L’OMM SUR LES SERVICES DE PRÉVISION ET
D’ALERTE MULTIDANGER AXÉES SUR LES IMPACTS
Exemple 1: «Des boras sont attendues ce soir, pouvant entraîner des retards ou annulations dans
les services de ferries.»
Exemple 2: «De violents orages avec des rafales dépassant les 60 mph endommageront les arbres et
les lignes électriques.»
Exemple 1: «Les services de ferries pour l’île de Brač seront fort probablement annulés ce soir pour cause
de boras.»
Exemple 2: «D’importants retards dans la circulation sont à prévoir à Kensington en raison du risque de
chutes d’arbres sur les lignes électriques et sur les routes suite à de violents orages.»
Il est important de noter que pour formuler des prévisions d’impacts, il est indispensable de
connaître l’exposition locale (par exemple: les itinéraires des ferries et les endroits où des arbres
particulièrement hauts ont des branches qui surplombent des lignes électriques).
Les partenariats pour la prestation de services désignent les échanges qui doivent être établis
entre les SMHN, les organismes de protection civile et de prévention des catastrophes et d’autres
acteurs, au sein des gouvernements locaux, municipaux ou nationaux, pour mettre en place un
système de prévision et d’avis d’impacts. Dans certains pays, les SMHN sont habilités non
seulement à prévoir le temps qu’il fera mais également à en décrire les impacts. Dans d’autres
pays, en revanche, les prévisions et avis d’impacts sont réservés aux organismes de protection
civile et de prévention des catastrophes. Dans ces cas de figure, de solides partenariats doivent
être établis pour tirer pleinement parti des services de prévision et d’alerte axées sur les impacts.
CHAPITRE 3. ÉVOLUTION VERS LA PRÉVISION D’IMPACTS
Dans le cadre de leurs tâches fondamentales, tous les SMHN sont responsables de l’élaboration
de prévisions générales pour les domaines relevant de leur responsabilité. Ces prévisions sont
des énoncés de l’évolution attendue de variables atmosphériques sensibles comme le vent, la
température, l’humidité et les précipitations. Les prévisions peuvent être fournies de manière
déterministe ou probabiliste. L’approche probabiliste a de plus en plus tendance à s’imposer avec
l’avènement des systèmes de prévision d’ensemble. La diffusion des prévisions a évolué: elles ne
sont plus fournies à un rythme régulier (par exemple: actualisation quatre fois par jour), mais
elles sont actualisées presque en permanence et se présentent sous la forme de textes écrits, de
graphiques, de messages radio et – grâce aux technologies sans fil – de messages textes, courriers
électroniques et applications mobiles.
Un grand nombre de SMHN ont mis en place des alertes activables en cas de phénomènes
dangereux susceptibles de mettre des vies en danger ou de causer des dégâts matériels. Ce
niveau supérieur d’information comprend des messages fournis à titre exceptionnel et selon les
besoins. Ces produits impliquent en général la diffusion de messages spécifiques, un système de
numérotation ou à codes de couleurs et/ou l’activation de systèmes de transmission de messages
publics spécialisés, utilisés uniquement en cas d’événements extrêmes. Les phénomènes
hydrométéorologiques faisant l’objet de ce type d’alertes sont notamment les suivants:
inondations, tempêtes hivernales, phénomènes convectifs violents, températures extrêmes et
mauvaise qualité de l’air.
Tandis que les messages figurant dans les alertes décrivent souvent les impacts attendus pour
le public et les organismes de protection civile et de prévention des catastrophes , l’élément
motivant ces alertes précoces est souvent basé uniquement sur des paramètres météorologiques
(par exemple: vents d’au moins x km/h, chutes de neige d’au moins y cm) et peut souvent
être exprimé comme la probabilité d’atteindre ou de dépasser un seuil donné (par exemple:
probabilité de 60 % que les vents atteignent des vitesses d’au moins x km/h).
8 DIRECTIVES DE L’OMM SUR LES SERVICES DE PRÉVISION ET
D’ALERTE MULTIDANGER AXÉES SUR LES IMPACTS
74–95 mph
1 64–82 nœuds
119–153 km/h
96–110 mph
2 83–95 nœuds
154–177 km/h
111–129 mph
3
96–112 nœuds
(impact majeur)
178–208 km/h
130–156 mph
4
113–136 nœuds
(impact majeur)
209–251km/h
Aujourd’hui, certains SMHN travaillent avec d’autres entités ne relevant pas du secteur
météorologique: entreprises, secteurs de la sécurité et de la finance, organismes de santé et
de sécurité, pour déterminer les valeurs seuils et fournir sur cette base des alertes ciblées.
Ces seuils sont souvent établis en fonction de la probabilité d’occurrence d’un phénomène
dangereux donné et aident ainsi ces organismes à prendre des décisions et à gérer leurs activités.
Par exemple, on développe des critères pour des alertes destinées à un aérodrome, avec des seuils
prédéfinis, convenus avec le client.
À ce stade de l’évolution vers des alertes axées sur les impacts, les seuils ne sont plus
prédéfinis; ils peuvent varier en fonction de la situation dans l’espace et dans le temps,
selon les vulnérabilités.
DIRECTIVES DE L’OMM SUR LES SERVICES DE PRÉVISION ET 9
D’ALERTE MULTIDANGER AXÉES SUR LES IMPACTS
Exemple de Météo-France
Les seuils des vagues de chaleur ont été établis en coopération avec l’Institut de veille sanitaire (InVS),
établissement placé sous la tutelle du Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes.
Pour ce phénomène dangereux en particulier, des études de mortalité ont été réalisées et comparées
à des données climatologiques, ce qui a permis de créer un indicateur biométéorologique, basé sur
une combinaison de températures extrêmes. Des seuils ont été déterminés ensuite d’après les résultats
des enquêtes et adaptés dans l’ensemble du pays, les résultats variant considérablement entre le
nord-ouest du pays et les régions du pourtour méditerranéen au sud-est du pays, par exemple.
Comme son nom l’indique, ce service a été conçu pour établir le risque à court terme de crues éclair
de petits cours d’eau et bassins. Il a été développé par le Centre de recherche hydrologique de
San Diego, en Californie.
Le système d’indications relatives aux crues éclair a pour but de fournir une valeur diagnostique
(appelée indication de crue éclair). Cette valeur est une estimation de la quantité de précipitations
nécessaire dans un bassin versant pendant une période déterminée pour causer des inondations.
Le système met à jour ses valeurs et «garde en mémoire» les précipitations qui sont déjà tombées
dans le bassin versant. Il tient compte ainsi des conditions précédentes et peut calculer la quantité
de précipitations supplémentaires nécessaire pour provoquer des inondations. Lorsque ces valeurs
sont appliquées en temps réel avec des prévisions immédiates ou dans le cadre d’une prévision, elles
peuvent être utilisées pour générer une alerte de crue éclair.
Ce système est utilisé depuis de nombreuses années par le Service météorologique national américain.
C’est un bon exemple d’alerte météorologique, déclenchée par des seuils de précipitations variables,
non fixes.
Seuils de température pour la qualification d’une vague de chaleur dans huit villes de Croatie
Dans la phase suivante du processus évolutif vers des services de prévision et d’avis d’impacts, il
est recommandé que tous les SMHN se penchent sur les avantages que des alertes axées sur les
impacts pourraient apporter au public et aux organismes de protection civile et de prévention des
catastrophes. La différence fondamentale entre une alerte météorologique générale et une alerte
axée sur les impacts est que la seconde intègre la vulnérabilité de la population, des moyens de
subsistance et des biens matériels dans la prévision du phénomène météorologique dangereux.
Le message d’alerte est donc axé sur les impacts du phénomène plutôt que sur le phénomène en
lui-même.
Le passage à un schéma fondé sur les impacts fait intervenir un certain nombre de paramètres
complexes. Par exemple, la prévision du dépassement d’un certain niveau de température et
d’humidité relative à la fois peut déclencher un avis de vague de chaleur. Cependant, s’il est axé sur
les impacts, l’avis de vague de chaleur tient compte non seulement du phénomène proprement dit
mais également de sa situation géographique et du moment où il se produit. Dans certains cas, les
SMHN peuvent souhaiter délivrer un message d’alerte différent, si la canicule intervient très tôt dans
la saison ou au milieu de l’été, ou si les crues prévues touchent une zone très peuplée – ce qui aura
beaucoup plus d’impact – ou une zone rurale (facteur de vulnérabilité).
Les évaluations de la vulnérabilité, souvent effectuées pour créer des dispositifs de transfert des
risques tels que les régimes d’assurance, peuvent constituer une source idéale de données sur la
vulnérabilité des infrastructures physiques. Citons par exemple l’Initiative d’évaluation et de
financement des risques de catastrophes dans le Pacifique (PCRAFI), qui a permis le recueil
systématique de données au niveau des ménages dans de nombreux pays insulaires du Pacifique.
Exemple de la Chine
Voici un exemple d’avis de typhon axé sur les impacts: le 10 août 2013, un violent typhon, Jutte,
s’est formé au-dessus de la mer des Philippines. Le 11 août, Jutte avait atteint la force d’un super
typhon. Il a touché terre à Guangzhou le 14 août. L’Administration météorologique de la province
du Guangdong avait placé Jutte sous haute surveillance, notamment à partir du 11 août. Elle avait
prévu l’arrivée du typhon, les précipitations et la vitesse des vents à l’aide du modèle de typhon. Ces
informations lui ont permis d’établir la carte des impacts à partir du modèle d’évaluation des impacts
du typhon. Ce modèle répartit les impacts selon sept degrés de gravité, exprimés par des couleurs: le
rouge exprime un impact grave et le vert un impact mineur, par exemple. Ces cartes d’impacts ont
été transmises aux organismes de protection civile et de prévention des catastrophes, au ministère
des transports et à d’autres services du gouvernement de la province, lesquels ont pris les mesures de
prévention et de réduction des risques de catastrophe d’après les cartes d’impacts.
Dans les services de prévision et d’avis d’impacts, l’exposition est prise en compte de manière
explicite avec le phénomène dangereux et la vulnérabilité. Ce type de prévision et d’avis est
destiné à fournir des informations détaillées sur les personnes ou les éléments exposés.
Pour pouvoir fournir ce type d’avis, les SMHN (ou l’organisme gouvernemental responsable)
doivent disposer d’informations détaillées sur la vulnérabilité et l’exposition au phénomène
DIRECTIVES DE L’OMM SUR LES SERVICES DE PRÉVISION ET 11
D’ALERTE MULTIDANGER AXÉES SUR LES IMPACTS
dangereux ainsi que sur les entités individuelles auxquelles les prévisions sont destinées. Les
services de prévision et d’avis d’impacts ne peuvent être fournis que lorsque les SMHN ont
instauré des partenariats solides avec d’autres organismes compétents ou avec des groupes
d’utilisateurs.
Pour que le service d’alerte soit efficace, il est indispensable, comme indiqué précédemment, que
les SMHN et les organismes de protection civile et de prévention des catastrophes entretiennent
d’étroites relations; ainsi seulement les alertes pourront être aussi pertinentes et utiles que
possible. De fait, on pourrait affirmer, surtout au vu de la fiabilité accrue de la prévision
numérique du temps et de la prolifération des bases de données directement rattachées aux
modèles de prévision numérique du temps, que les prévisionnistes devraient consacrer de plus en
plus de leur temps au renforcement de cette collaboration et de ces relations.
Les SMHN devront consacrer des ressources à l’étude des liens qui existent entre les variations
spatiale et temporelle de la vulnérabilité et de l’exposition aux différents phénomènes dangereux.
Ils pourront alors diffuser des messages d’alerte contenant des informations utiles sur les impacts
pour leurs clients.
Après avoir exposé ci-dessus le passage de prévisions météorologiques générales à des avis
d’impacts, on indique dans le tableau suivant comment la formulation des messages évolue, en
prenant comme exemple un épisode de fortes pluies.
Paramètres pris
Évolution du schéma d’alerte pour un épisode de fortes pluies
en compte
Prévision générale Demain, temps froid, venteux et humide avec des épisodes de Phénomène
précipitations très intenses l’après-midi et en soirée. dangereux
Alertes avec des Fortes pluies attendues demain après-midi avec possibilité de Phénomène
seuils définis par précipitations d’une hauteur de 3 mm en 10 minutes, entraînant dangereux,
les utilisateurs un débordement du réseau d’évacuation. (Il convient de noter vulnérabilité
qu’en principe, ce type d’alerte est diffusé aux autorités municipales
uniquement.)
Avis d’impacts Prévoir des temps de trajet prolongés probablement d’une heure sur Phénomène
l’A111 en raison d’importantes perturbations de la circulation dans dangereux,
le sud-est, demain après-midi, dues à des inondations localisées qui vulnérabilité,
devraient se produire suite à de fortes pluies. exposition
12 DIRECTIVES DE L’OMM SUR LES SERVICES DE PRÉVISION ET
D’ALERTE MULTIDANGER AXÉES SUR LES IMPACTS
Environnement Canada a mis en place un système de prévision axée sur les impacts dans son programme
relatif à la qualité de l’air (http://weather.gc.ca/airquality/pages/index_f.html). Grâce à des partenariats
avec les autorités fédérales, provinciales et municipales en matière de santé et d’environnement, les
prévisions et alertes de la Cote air santé sont basées sur les niveaux relevés de risque pour la santé et sur
les impacts que cela peut avoir sur les personnes à risque. Ces produits comprennent des consignes de
sécurité afin de réduire le risque lié aux niveaux prévus de pollution de l’air.
Choisissez un sommaire provincial Conditions actuelles dernières 24 heures | CAS par station
AB | BC MB NB | NL | NS ON | PE | QC SK
Calculées à: 13 h 00 HAE jeudi 18 avril 2013
3
Ce tableau vous offre un sommaire des prévisions les plus récentes de la Cote air santé dans
un grand nombre de villes au Canada.
Ville Valeur 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 +
Risque faible Risque modéré Risque élevé Risque
Calgary 3 - Risque faible (1–3) (4–6) (7–10) très
Charlottetown 2 - Risque faible élevé
Le cote air santé est une initiative à laquelle participent les partenaires suivants:
Environnement Canada, Santé Canada, la province de l’Ontario, le ministère de la Santé et
des Soins de longue durée de l’Ontario, Toronto Public Health et Clean Air Partnership.
DIRECTIVES DE L’OMM SUR LES SERVICES DE PRÉVISION ET 13
D’ALERTE MULTIDANGER AXÉES SUR LES IMPACTS
Avant de passer à la prévision d’impacts ou à la prévision axée sur les impacts, il est important
que le SMHN comprenne quels sont les modèles conceptuels possibles à l’origine du schéma
choisi, ainsi que les approches opérationnelles utilisées actuellement.
Schéma conceptuel
La figure 1 représente les relations entre les éléments clés d’un système de prévision d’impacts.
Il existe trois méthodes possibles pour estimer l’impact d’un phénomène hydrométéorologique
dangereux donné:
1. Les flèches pleines représentent l’approche de modélisation où chaque élément est calculé
de manière explicite. Pour ce faire, on a besoin de données détaillées sur la vulnérabilité et
l’exposition, qu’il faudra peut-être obtenir auprès d’autres organismes.
2. La flèche en pointillé orange représente une approche plus subjective selon laquelle les
informations sur la qualité sont recueillies auprès de partenaires spécialisés. Ces informations
reflètent leur expérience et permettent d’estimer l’impact directement à partir de l’ampleur
du phénomène dangereux.
3. Les flèches rouges représentent une approche plus traditionnelle où l’ampleur de l’impact
probable est directement liée à l’ampleur du phénomène météorologique dangereux. Cette
approche permet d’identifier et de réduire le risque, mais elle ne tient pas compte de
manière explicite de l’exposition ni de la vulnérabilité, elle ne prend en considération que
l’ampleur du phénomène météorologique dangereux proprement dit.
Extrêmes
météorologiques
et climatiques
Exposition
Phénomène Impact
géophysique économique
dangereux et social
Vulnérabilité
Quantification et réduction
de l’impact
Incertitude principale
Circuit secondaire
Figure 1. Relations entre les éléments clés d’un système de prévision d’impacts
14 DIRECTIVES DE L’OMM SUR LES SERVICES DE PRÉVISION ET
D’ALERTE MULTIDANGER AXÉES SUR LES IMPACTS
Approche opérationnelle
Il est recommandé aux SMHN de collaborer avec les organismes de protection civile et de
prévention des catastrophes en vue de déterminer comment il est possible d’associer la
probabilité d’occurrence d’un phénomène dangereux et sa gravité potentielle pour créer une
«matrice des risques». La figure 2 illustre une proposition d’application opérationnelle d’un
dispositif d’avis d’impacts, combinant impact et probabilité en vue de créer une «matrice des
risques» qui indique le risque en utilisant un simple codage couleur de type «feux de
signalisation». Il convient de rappeler que l’impact comprend une évaluation de la vulnérabilité et
de l’exposition.
Contrairement au système d’alerte météorologique basé sur des seuils ou de type oui/non,
l’approche illustrée par la matrice ci-dessous, représente:
Cette approche est utilisée par le Met Office du Royaume-Uni et par plusieurs autres SMHN
européens qui contribuent au système Meteoalarm (www.meteoalarm.eu).
La mise en place de dispositifs d’avis d’impacts et les systèmes y afférents reposent sur une étroite
collaboration entre les SMHN et différents organismes, notamment les organismes de protection
civile et de prévention des catastrophes. Ces partenariats présentent de multiples avantages et
garantissent, grâce à la mise en commun des connaissances et de l’expertise qu’ils impliquent,
ÉLEVÉE
MOYENNE
FAIBLE X
PROBABILITÉ
TRÈS
FAIBLE
Vert: Pas de phénomène
hydrométéorologique TRÈS FAIBLE MOYEN ÉLEVÉ
dangereux FAIBLE
Rouge: Prenez des Attribuez une couleur à l’alerte qui prenne en compte
mesures l’impact potentiel et la probabilité d’occurrence
(Source: Met Office, Royaume-Uni)
que les messages portant sur l’impact sont adaptés aux besoins des utilisateurs. Plus précisément,
le processus de mise en place d’un cadre d’évaluation de l’impact aboutit aux résultats suivants:
• Une meilleure planification des différents scénarios basés sur les seuils, les impacts et les
combinaisons d’impacts différents;
• Une meilleure planification des urgences (le meilleur scénario, le pire scénario et le scénario
le plus probable);
• Des informations sur le niveau de confiance dans les prévisions, lesquelles transmettent des
informations supplémentaires pour une meilleure prise de décision (une évaluation des
risques plus éclairée);
• Une base pour l’analyse a posteriori des impacts des multiples risques naturels qui facilite la
planification, les interventions et l’atténuation des impacts;
Les prévisions et les avis d’impacts relaient un message très important qui permet aux personnes
à risque de prendre des mesures appropriées en vue d’atténuer les effets négatifs globaux des
phénomènes hydrométéorologiques dangereux.
CHAPITRE 4. ÉLÉMENTS RECOMMANDÉS POUR LA MISE EN PLACE DE
SERVICES DE PRÉVISION ET D’AVIS D’IMPACTS
Afin de tirer avantage des services de prévision et d’avis d’impact, comme on l’a vu au chapitre 3,
les SMHN devront mettre en place des systèmes et former le personnel nécessaire en partenariat
avec de nombreux autres organismes. Certains des éléments à prendre en compte à cette fin sont
décrits ci-après.
4.1 PARTENARIATS
Des partenariats clés doivent être créés avec les organismes directement responsables de la
sécurité des populations. À cet égard, les organismes de protection civile et de prévention des
catastrophes sont des partenaires essentiels et des utilisateurs. Ils peuvent aider à évaluer les
vulnérabilités, les impacts potentiels et les mesures d’atténuation nécessaires pour contrer ces
impacts. En fonction des politiques nationales suivies, ces organismes pourraient être en mesure
de superviser la mise au point des alertes axées sur les impacts, même si celles-ci restent du
ressort des SMHN.
Les Directives pour l’élaboration d’un mémorandum d’accord entre un Service météorologique ou
hydrométéorologique national et un organisme partenaire et pour la mise au point de procédures
d’exploitation normalisées (OMM-N° 1099, PWS-26), donnent des exemples qui permettent
d’identifier certaines étapes clés dans le développement de ces partenariats et accords. Pour
permettre le partage des données et des meilleures pratiques et un appui entre les SMHN et les
partenaires concernés, une compréhension commune et collective des processus décisionnels
impliqués dans l’atténuation des incidences des catastrophes, depuis la première alerte au
phénomène météorologique jusqu’à l’intervention et l’aide au relèvement, est nécessaire.
Dans le cadre du développement de partenariats avec des organismes éventuels, les éléments
suivants devront être pris en compte:
• Identifier les organismes gouvernementaux et les autres parties prenantes qui devraient
appuyer, ou qui appuient déjà la prévision des impacts;
• Définir une gouvernance claire entre les parties, y compris les comités directeurs et les
groupes consultatifs;
• Veiller à ce qu’un cadre juridique approuvé par les parties concernées soit mis en place pour
permettre le partage de la propriété intellectuelle et l’échange de bonnes pratiques;
• Mettre en place une gestion des programmes qui définisse les rôles et responsabilités en
matière d’élaboration, de mise en œuvre, de fourniture et de vérification des produits et
services axés sur les impacts;
• Élaborer une stratégie de communication visant à identifier les services attendus, le(s) rôle(s)
respectif(s) des parties (y compris des populations locales), et les activités de sensibilisation;
DIRECTIVES DE L’OMM SUR LES SERVICES DE PRÉVISION ET 17
D’ALERTE MULTIDANGER AXÉES SUR LES IMPACTS
En 2011, le Natural Hazards Partnership (Partenariat dans le domaine des risques naturels – NHP) a
été créé au Royaume-Uni pour améliorer la cohérence et la qualité de la gestion des risques par les
pouvoirs publics, ainsi que la planification, la préparation, les alertes et les interventions en cas de
phénomènes naturels dangereux. Le NHP est un partenariat entre les principales organisations au
Royaume-Uni concernées par l’étude des phénomènes naturels dangereux et la recherche dans ce
domaine (voir la figure 3).
Le NHP vise à fournir des évaluations, des résultats de recherche et des conseils coordonnés sur
les phénomènes naturels dangereux aux gouvernements et à l’ensemble des acteurs œuvrant en
faveur de la résilience au Royaume-Uni.
Une fois les partenariats créés par les SMHN, l’étape suivante consiste à tirer parti de ces relations
pour élaborer et mettre en place, ensemble, un cadre axé sur l’impact. Ceci permettra de lier les
Ces critères seront déterminés à partir d’un ensemble de facteurs, y compris à partir
d’informations sur les risques, la vulnérabilité et l’exposition basées sur des paramètres
météorologiques déterminés, l’évaluation et la cartographie des risques et des données
socio-économiques. Il est aussi nécessaire de mettre en place des mécanismes qui permettent
de surveiller l’évolution des situations et d’y faire face via un certain nombre de moyens,
y compris via les médias sociaux, afin de veiller à ce que les avis mis à jour parviennent à tous
les utilisateurs.
Cet aspect nécessitera un examen plus approfondi étant donné qu’une véritable mise en commun
des observations portant sur les impacts requiert une capacité d’intégrer, de classer et de gérer
les observations des tiers d’une manière jamais réalisée auparavant; de convenir des formes de
présentation des données et des normes y relatives; de déterminer les principes selon lesquels les
données peuvent être échangées et partagées; de mettre au point des systèmes qui peuvent
fonctionner ensemble; et de parvenir à des accords conjoints de gestion de la propriété
intellectuelle d’aval1 et d’amont2.
Des services seront ensuite mis au point pour répondre aux besoins des utilisateurs, en gardant à
l’esprit que le but ultime est de réduire les effets néfastes des phénomènes hydrométéorologiques.
Par conséquent, des prescriptions comme la rapidité, la clarté du message et la mise à jour des
calendriers seront aussi importantes que les prescriptions scientifiques ou techniques avec
lesquelles les météorologues sont plus familiers.
1 La nouvelle propriété intellectuelle qui est développée dans le cadre d’une relation entre deux organismes qui
collaborent ensemble.
2 La propriété intellectuelle qui est développée séparément par chaque organisme avant de conclure un accord
de collaboration.
DIRECTIVES DE L’OMM SUR LES SERVICES DE PRÉVISION ET 19
D’ALERTE MULTIDANGER AXÉES SUR LES IMPACTS
• Les plates-formes de diffusion, les protocoles et formats tels que XML/CAP, les graphiques à
codage couleur et les systèmes d’information géographique;
• L’archivage.
Les éléments fonctionnels au sein des agences de coopération et entre ces dernières doivent être
définis de manière à prévoir:
Comme indiqué dans les sections précédentes, l’élaboration des prévisions d’impacts et axées
sur les impacts suppose l’identification des besoins, la mise en place de l’infrastructure, le
développement des moyens techniques, la mise en place des processus de fonctionnement et de
communication et la définition des rôles et des responsabilités de tous les partenaires impliqués.
Cela nécessitera un travail considérable, mais le succès du développement et de la mise en œuvre
ultérieure de cette initiative dépendra essentiellement des ressources humaines au sein des
organisations. L’évolution vers des prévisions d’impacts et axées sur les impacts exigera, pour de
nombreux SMHN, un changement de culture ainsi qu’une évolution des relations qu’ils
entretiennent avec les partenaires existants.
Afin que leur personnel puisse mener à bien cette nouvelle tâche, les organisations doivent veiller
à fournir les moyens de développer les aptitudes et les compétences requises, ainsi que les
connaissances sur la manière dont les partenaires utilisent mutuellement les informations
disponibles pour s’acquitter de leur mandat. Cela suppose de comprendre les concepts
hydrométéorologiques mais surtout de comprendre comment ceux-ci sont intégrés dans le
processus de prise de décisions des partenaires. Il convient d’envisager les activités suivantes:
Une fois que les rôles et les responsabilités sont définis au sein des organisations, un cadre
de compétences professionnelles doit être établi pour les compétences fonctionnelles et
20 DIRECTIVES DE L’OMM SUR LES SERVICES DE PRÉVISION ET
D’ALERTE MULTIDANGER AXÉES SUR LES IMPACTS
Le personnel des SMHN et des partenaires devrait avoir une compréhension commune des
caractéristiques du système et des limites potentielles des outils et de l’interprétation en vue
d’interpréter de manière appropriée les informations et données qui seront échangées. Il est
recommandé d’effectuer des exercices de simulation et d’organiser des ateliers conjoints
entre les SMHN et les partenaires pour réaliser cette formation.
Les média, le public et les usagers particuliers doivent savoir comment tirer le meilleur parti
des informations contenues dans les alertes pour atténuer les impacts des phénomènes
météorologiques.
4.5 VALIDATION
La validation est considérée ici en termes de gestion de la qualité dans le but de démontrer ce qui
fonctionne bien et ce qui doit être amélioré dans le système.
Il ne s’agit pas seulement d’une vérification objective et d’un calcul des indices comme le font
habituellement les SMHN (vérification des prévisions numériques du temps par exemple), mais de
l’évaluation de la performance d’ensemble du système de prévision et d’avis d’impacts ou axés sur
les impacts.
Le processus de validation devrait être organisé et faire l’objet d’un accord lors de la phase de mise
en place du partenariat étant donné qu’il est essentiel que l’évaluation porte sur l’ensemble du
système et qu’elle soit effectuée de manière concertée entre les parties.
Le succès du processus de validation d’un système de prévision d’impacts ou axée sur les impacts
dépendra de la capacité des SMHN et des partenaires à recueillir, stocker et partager autant
d’informations que possible sur l’incidence réelle d’un phénomène hydrométéorologique, ainsi
que des exercices de simulation qui permettent de valider les procédures.
• De mettre au point des outils, des moyens et des réseaux de surveillance axés sur les impacts
pour vérifier les prévisions et les alertes axées sur les impacts;
• De procéder à une évaluation systématique pour les phénomènes significatifs (selon des
modalités à définir et convenir, voir la section 4.1 ci-dessus);
• D’organiser régulièrement des réunions avec les parties prenantes afin d’entreprendre une
analyse complète des phénomènes portant aussi bien sur les alertes que sur les mesures
prises et les conséquences du point de vue des utilisateurs/parties prenantes;
DIRECTIVES DE L’OMM SUR LES SERVICES DE PRÉVISION ET 21
D’ALERTE MULTIDANGER AXÉES SUR LES IMPACTS
• De planifier les améliorations, de les tester et de les adopter définitivement en fonction des
évaluations et du retour d’information des utilisateurs;
• D’utiliser les cas de réussite comme exemples de bonnes pratiques et pour valider les
principes adoptés auprès des partenaires, des parties prenantes et du public.
CHAPITRE 5. APPROCHE GLOBALE DES SERVICES DE PRÉVISION ET D’AVIS
D’IMPACTS ET AXÉS SUR LES IMPACTS
La mise en œuvre des services de prévision et d’avis d’impacts et axés sur les impacts nécessite
des changements de comportement importants de la part du personnel des SMHN et de leurs
partenaires. Il est recommandé d’adopter un cadre conceptuel pour la gestion du changement
qui permette un passage en douceur de la prévision météorologique à la prévision des impacts.
Ce chapitre donne des indications sur la façon dont un tel cadre pourrait être mis en place, sur la
base d’une approche en cinq étapes connue sous le nom de modèle ADKAR (awareness, desire,
knowledge, ability and reinforcement) (sensibilisation, souhait, connaissances, capacités et
renforcement).3
• Lancer une discussion pour sensibiliser le personnel aux questions posées et à la nécessité
d’adopter des services de prévision et d’avis d’impacts et/ou axés sur les impacts au sein
des SMHN et entre les SMHN et les organismes de protection civile et de prévention des
catastrophes ou l’organisme gouvernemental équivalent (voir la section 4.1 ci-dessus);
• Étendre les consultations parmi les parties prenantes, y compris les organismes
gouvernementaux et le monde universitaire;
• Collaborer avec ces organismes en vue de faire mieux connaître l’importance des services de
prévision et d’avis d’impacts et axés sur les impacts, et leurs avantages;
• Définir, d’un commun accord, des communications initiales et des messages destinés à
l’usage interne et externe;
• Réunir les partenaires et les experts dans le cadre d’un atelier, organisé de préférence dans
un lieu neutre, en vue:
– De présenter les avantages des prévisions d’impacts et axées sur les impacts;
3 Jeffrey M. Hiatt, ADKAR: A Model for Change in Business, Government and Our Community (Loveland, CO,
États-Unis d’Amérique, Prosci Inc., 2006).
DIRECTIVES DE L’OMM SUR LES SERVICES DE PRÉVISION ET 23
D’ALERTE MULTIDANGER AXÉES SUR LES IMPACTS
• Examiner, hiérarchiser et évaluer les risques et les impacts importants pour le pays ou la
région en question;
• Faire le point sur la situation actuelle s’agissant de l’évaluation de la vulnérabilité aux aléas
météorologiques classés par ordre d’importance; identifier les lacunes en matière de
connaissances; et élaborer un plan pour combler ces lacunes;
• Mettre au point, pour les activités humaines, des informations sur l’exposition en fonction de
la durée de cette dernière et de l’aléa considéré;
• Innover en appliquant le principe de la science axée sur les services pour créer des services
axés sur l’impact ou améliorer ou supprimer des services existants.
– Élaborer un plan opérationnel comprenant une vision, une mission, des objectifs, des
étapes clés, un modèle et des essais de financement, un plan pour l’exploitation des
avantages, un registre des risques, etc., définis d’un commun accord;
– Créer des groupes de travail, désigner leurs présidents et définir leurs mandats;
• Former les prestataires et les utilisateurs des services, en fonction d’un référentiel de
compétences;
• Développer des outils de suivi et d’évaluation en vue d’évaluer les progrès et les
améliorations des services.
• Mettre en place les services de prévision et d’avis d’impacts et/ou axés sur les impacts;
• Préparer des mises à jour régulières en utilisant les informations fournies par les partenaires
et les usagers et les diffuser à l’aide, par exemple, des moyens suivants:
• Créer un groupe de base formé des parties prenantes et des bailleurs de fonds partenaires
pour encourager, appuyer et faciliter le développement et la mise en œuvre d’un modèle de
fonctionnement et de financement durable;
• Mettre au défi les scientifiques de développer la recherche sur les impacts et les risques et
la recherche en sciences sociales;
• Mettre au défi les spécialistes des technologies de fournir des couches application
(par exemple, des systèmes d’information géographique) pour regrouper les données
en vue de diffuser l’information;
• Créer des capacités de surveillance axées sur les impacts et des bases de données pour
rendre compte des impacts.
Étape 5: Renforcement
• Rendre opérationnels et mettre en exploitation les services mis à l’essai qui se sont révélés
rentables et qui ont présenté le plus d’intérêt pour les clients;
Courriel: [email protected]
JN 142037
www.wmo.int