Patte Doie
Patte Doie
Patte Doie
DIPLOME INTER-UNIVERSITAIRE DE
MESOTHERAPIE
Professeur PERRIGOT
LES TENDINOPATHIES DE LA
PATTE D’OIE
Traitement par mésothérapie à propos de 19 cas
I. INTRODUCTION
- Rappel anatomique
- Pathogénie
- Clinique
- Diagnostic différentiel
- Imagerie
- Traitement
II. OBJECTIF
V. DISCUSSION
VI. CONCLUSION
LES TENDINOPATHIES DE LA PATTE D’OIE
Traitement par mésothérapie à propos de 19 cas
I. INTRODUCTION
L’existence d’une pathologie tendineuse d’hypersollicitation des muscles de la patte d’oie est
un problème depuis longtemps débattu. En effet, si les douleurs au niveau de cette région sont
très fréquentes, les causes en sont multiples mais rarement d’origine tendineuse. Chez le
sportif, les tendinopathies vraies semblent rares, comparativement à l’extrême fréquence des
autres atteintes tendineuses du genou. Elle sont rarement décrites et n’ont fait à notre
connaissance l’objet d’aucune série publiée. L’apport de l’imagerie moderne a permis de
démembrer les « syndromes de la patte d’oie ».
Malgré tout, il semble que de véritables lésions tendineuses aient été rapportées dans certaines
disciplines sportives de pratique intensive : courses de haies, cyclisme, tennis, équitation, ski,
danse.
RAPPEL ANATOMIQUE
La patte d’oie (pes anserinis) doit son nom à l’aspect évocateur de l’insertion de trois tendons
issus de trois muscles bi-articulaires appartenant à trois loges différentes de la cuisse : le
sartorius, le semi-tendinosus et le gracilis. Tous participent à la flexion du genou.
Les trois insertions sont groupées et se situent à la face antéro-interne de la métaphyse tibiale,
en avant du ligament collatéral tibial (LCT), 5 cm environ au-dessous de l’interligne :
¾ actions
Elles sont au nombre de quatre :
- il fléchit la jambe sur la cuisse
- il fléchit la cuisse sur le bassin (mais ne s’accomplit qu’avec une certaine énergie)
- il applique un mouvement de rotation vers le dehors à la cuisse
- il tend la partie antéro-médiale de l’aponévrose fémorale.
¾ Innervations
Elle se réalise par des branches issues du nerf fémoral (anciennement nerf crural).
• le gracilis s’insère en proximal sur le bord inférieur du pubis, et en distal en arrière du
sartorius et au-dessus du semi-tendinosus
¾ Actions
Elles sont au nombre de trois :
- il porte la cuisse en adduction
- il fléchit la jambe sur la cuisse
- la jambe étant fléchie, il imprime à la cuisse un mouvement de rotation médiale.
¾ Innervation
Elle est réalisée par des branches issues du nerf obturateur.
¾ Actions
Elles sont au nombre de trois :
- il réalise une extension de la cuisse sur le bassin
- il fléchit la jambe sur la cuisse
- la jambe étant fléchie, il imprime à la cuisse un mouvement de rotation médiale
- il est en réalité le principal rotateur interne du segment jambier.
¾ Innervation
Elle est réalisée par des branches issues du nerf sciatique.
On distingue le plan superficiel représenté par le sartorius et le plan profond constitué par les
tendons des muscles semi-tendinosus et gracilis.
Il existe à ce niveau deux bourses : l’une assure le glissement entre les deux plans tendineux
et l’autre, entre les tendons et l’os. Au-dessus des tendons se trouve le tissu sous-cutané,
parfois abondant et dystrophique : zones électives des dermoneurodystrophies (MREJEN).
Bien que l’action classique de ces muscles décrite ci-dessus soit souvent apprise, leur fonction
globale s’exerce, en réalité, le plus souvent en appui au sol et donc en chaîne cinétique fermée
où le pied représente le point fixe. Cette fonction est alors tout autre : ils stabilisent le genou
par leur action anti-valgisante, anti-recurvatum et anti-rotatoire externe, ils participent ainsi à
la chaîne d’extension du membre inférieur en co-contraction avec le quadriceps.
PATHOGENIE
Certains facteurs favorisants ont été invoqués : genu valgum, laxité chronique en valgus par
lésion traumatique du LCT, traumatisme direct initial de la patte d’oie ? Microtraumatismes
répétés lors du franchissement de la haie ?
Plus connues sont les bursites se développant chez les patients souffrant de gonarthroses
valgisantes.
CLINIQUE
Les douleurs sont très localisée à la face interne du genou. Elles peuvent parfois irradier vers
la face interne de la cuisse, suivant un horaire évocateur d’un « rythme tendineux ». On ne
retrouve pas de notion de traumatisme récent, pas de signe de coincement articulaire. La
douleur peut entraver la vie quotidienne : marche, descente des escaliers, port de charge.
L’examen cherche à mettre en évidence la classique « triade tendineuse », ce qui, dans ce cas,
n’est pas simple compte tenu des différentes fonctions de ces trois muscles.
L’étirement en élévation jambe tendue et abduction de hanche n’est pas utilisé, car freiné par
la mise en tension des autres muscles et fascias, notamment le semi-membranosus.
- la flexion contrariée du genou dans les premiers degrés, en rotation externe de jambe ;
- la flexion contrariée du genou dans les premiers degrés associée à la rotation interne de
jambe contrariée.
→ Pour le muscle gracilis : adduction contrariée avec une résistance distale sur la jambe.
La palpation d’un point exquis douloureux, à deux travers de doigt sous l’interligne interne,
en avant de l’insertion distal du LCT, est le signe le plus fréquemment retrouvé.
Elle peut mettre en évidence une tuméfaction signant en général l’existence d’une bursite. Il
s’agit de palper soigneusement les structures avoisinantes (LCT, interligne fémoro-tibial) et la
patte d’oie controlatérale du fait d’une fréquente sensibilité naturelle de cette zone. Le palper-
rouler recherche une cellulalgie qui rendra prudente l’interprétation des signes palpatoires.
DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
Dans des circonstances particulières (cyclisme, sprint, haies), le praticien doit rester très
prudent vis-à-vis du diagnostic de bursite qui pourrait s’accompagner de véritables lésions
intratendineuses.
Faire le diagnostic différentiel d’une tendinopathie de la patte d’oie revient à démembrer les
douleurs de la face interne du tibia à son tiers supérieur.
Elle se caractérise par une douleur au pincer-rouler de la face interne de la jambe qui est
extrêmement fréquente dans cette zone. Sur le plan topographique, elle correspond à une
douleur projetée sur le trajet du nerf saphène interne (racine L3). Elle est souvent due à une
cellulite par infiltration du tissu sous-cutané mais peut aussi être en rapport avec un
dérangement interapophysaire postérieur L3-L4.
Lésions fémoro-tibiales internes
• En fait, un diagnostic essentiel doit être retenue, c’est celui de kyste du ménisque interne.
Il peut prendre un volume considérable déformant la face interne du tibia et descendant
jusqu’au bord supérieur des tendons de la patte d’oie, sans jamais les dépasser.
Il faut rapprocher ces lésions kystiques méniscales des bursites de la patte d’oie.
• L’anatomie montre que les tendons sont appliqués à la crête postéro-interne du tibia par
l’intermédiaire d’une bourse séreuse. Celle-ci peut s’enflammer sous le fait de facteurs
mécaniques répétés.
• Les lésions synoviales des tendons de la patte d’oie peuvent se manifester de façon
exceptionnelle sous la forme d’un angiome de la patte d’oie qui a bénéficié d’une exérèse
chirurgicale avec un excellent résultat, ou sous la forme d’une synovite villo-nodulaire
hémopigmentée, extra-articulaire.
• La fracture de fatigue du quart supérieur du tibia est une affection bien connue chez les
coureurs de fond. On chiffre son taux à 12 %.
• Reste encore les douleurs d’origine ligamentaire comme une entorse du ligament latéral
interne négligé donnant lieu quelques semaines après sa survenue à un syndrome de
Pellegrini-Stieda, avec tuméfaction pseudo-inflammatoire de la région condylienne
interne, limitation et calcification paracondylienne interne caractéristique.
IMAGERIE
L’IRM permet facilement d’éliminer d’autres diagnostics : lésion méniscale interne, kyste
méniscal, kyste synovial ou poplité à développement très interne, lésion ligamentaire interne,
fracture de fatigue du plateau tibial interne, arthrose fémoro-tibiale interne. La synovite villo-
nodulaire pigmentée a été décrite au niveau des tendons de la patte d’oie, les dépôts
d’hémosidérine qui sont fréquents dans cette pathologie et qui sont bien visibles en IRM
permettent de faire le disgnostic.
TRAITEMENT
Le traitement médical ne présente aucune spécificité par rapport aux autres tendinopathies. Il
comprend le repos sportif, la prescription d’AINS, la mésothérapie. Quant aux infiltrations
chez le sportif compétiteur, même en cas de bursite avérée, il faut rester très prudent du fait
d’une possible fragilisation tendineuse . En effet, compte tenu de la situation des bourses sous
ou entre les tendons, le risque d’infiltrer les corps des tendons en même temps que la bourse
semble très probable. Parfois nécessité d’utiliser les ondes de chocs dans les cas rebelles et
chroniques.
Il n’existe pas de traitement chirurgical décrit pour des lésions tendineuses de la patte d’oie.
II. OBJECTIF
Nous avons démarré une étude avec l’aide des membres du C.E.R.M. Alsace-Lorraine pour
voir si le protocole choisi dans le traitement des tendinopathies de la patte d’oie était efficace.
Grâce à la collaboration d’une dizaine de médecins, nous avons pu recruter un nombre
relativement important de cas (19 cas).
Le mélange des produits a été choisi d’une façon consensuelle. Il est le reflet de la pratique
usuelle pour ce type de pathologie dans notre CERM.
Piroxicam ½ cc
Indication : méso
Poussées arthrosiques, inflammations intra ou péri-articulaires arthrosiques accessibles
à la mésothérapie locale, traumatologie sportive, douleurs d’origine inflammatoire
surtout localisées
- Fréquence
J1 – J8 et si besoin J15
- Mesures associées
Exemples : Traitement par voie générale
Kinésithérapie
Repos
- Evaluation
Utilisation de l’échelle visuelle analogique (E.V.A.)
Elle se présente sous la forme d’une ligne horizontale de 100 mm. A l’extrémité gauche
de cette ligne figure l’inscription « douleur absente », alors que l’extrémité opposée porte
la mention « douleur maximale imaginable ». Cette échelle a été validée uniquement dans
une présentation horizontale chez l’adulte et pour une longueur de trait supérieure ou
égale à 100 mm. Le patient évalue globalement sa douleur en plaçant un trait ou une croix
sur la ligne. L’intensité de la douleur est donnée en mesurant la distance entre l’extrémité
gauche de la ligne (absence de douleur) et le trait du patient. Elle est exprimée en mm.
On définit une douleur faible pour une EVA comprise entre 10 et 30 mm, une douleur
moyenne pour une EVA comprise entre 40 et 60 mm et une douleur forte pour une EVA
supérieure à 70 mm.
Tendinopathie de la patte d’oie
Matériel et méthode
Age : sexe : M F
Sportif : + ++ +++ ∅
Mélange : Piroxicam ½ cc
Mésocaïne 1 % 2 cc
Calcitonine pharmy II 100 UI ½ cc
Etude : - Age
8 cas entre 20 et 49 ans : 20 –30 ans = 4 cas
31 – 40 ans = 2 cas
41 – 50 ans = 2 cas
- Sport
13 cas sportif + / ++ / +++ /
6 cas non sportif ou pas d’antécédents sportifs
Nous avons pris comme critère d’efficacité l’échelle E.V.A. avec un score à 5 limite.
on s’aperçoit aussi que c’est dans les cas mauvais qu’existe le plus souvent des traitements
associés.
TABLEAU RECAPITALITF
Variables/individus 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Age 61 37 64 27 23 54 64 74 61 51
Sexe F F F M F F F F F M
Résultat final + - - + - - - + + -
Variations en% -66 -25 -33 -71 -38 +07 -14 -56 -57 -44
entraînement
Arrêt mésothérapie ;
Arrêt de travail15j
traitement voies
générales
Arrêt mésothérapie,
Repos
n
Résultats insuffisants
; infiltration chez
spécialiste
Kinésithérapie +
choc
repos puis ondes de
Diminution
Kinésithérapie,
antalgiques
repos
Mesures associées
TABLEAU RECAPITULATIF (suite)
Variables/individus 11 12 13 14 15 16 17 18 19
Age 71 38 55 29 66 47 70 20 40
Sexe F M F F M M F M M
Résultat final + + + + + + - + +
Variations en % -81 -72 -58 -75 -40 -40 -50 -75 -66
associées
Mesures
repos
repos
n
n
Répartition par Sexe
hom m es
37%
Fem m es
63%
Âge
11
13
Ancienneté des Lésions
21%
42%
1/2-3 ans
1-3 mois
8-15 jours
37%
Évaluation Finale
5
évaluation
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
Individus
Résultats après traitement
37%
Bon résultats
Mauvais / pas de Résultats
63%
V. DISCUSSION
Les résultats sont globalement moyens, avec un peu plus de 1/3 d’échec.
2. le mélange choisi
Si la Mésocaïne et la Calcitonine ne posent pas de problème, il semblerait d’après d’autres
études (BIGARRA E.) que le Piroxicam ou tout autre AINS ne sont pas adaptés à cette
pathologie et que les vasodilatateurs (type Buflomédil ou Pentoxifylline) auraient une
action de créer une hypervascularisation et seraient donc susceptibles d’améliorer le
métabolisme local, car le tendon n’est pratiquement pas vascularisé à sa jonction
périostée. Cette zone de mauvaise vascularisation correspondrait donc à une zone de
faiblesse et de fragilisation du tendon vis-à-vis des microtraumatismes.
D’autre part, on sait maintenant que les AINS ne répondent qu’imparfaitement au
problème car la composante inflammatoire d’une tendinopathie est très limitée voire
absente.
L’utilisation des AINS n’aurait qu’un rôle antalgique.
On peut émettre l’hypothèse que les cas qui ont été correctement améliorés par notre
mélange contenant des anti-inflammatoires n’étaient pas des tendinites pures mais des
lésions neuroarticulaires mécaniques dégénératives en poussée aiguë.
Il semble difficile d’établir un protocole avec un seul mélange pour une pathologie telle
qu’une tendinopathie car il existe une chronophysiopathologie qui doit entraîner un
traitement adapté pour chaque phase.
- en aiguë avec œdème : nécessité d’associer de l’Etamsylate
- en chronique avec hypovascularisation du tendon : nécessité d’associer un vasodilatateur
VI. CONCLUSIONS
Les tendinopathies de la patte d’oie représentent une pathologie assez rare, trop souvent
évoquée devant une douleur de cette région qui est, par ailleurs, très fréquente. Il s’agit
souvent d’une zone de souffrances multiples de nature cellulo-téno-myalgique.
La mésothérapie occupe maintenant une place importante dans les stratégies du
traitement. Elle est d’autant plus importante que nous avons pu voir qu’il existe une
intrication de différentes causes à ces douleurs et que seul la mésothérapie peut s’adapter
par ces mélanges et ces techniques d’injection.
Elle est utilisée en première intention, bien avant une infiltration surtout chez un sportif,
ou encore avant les prescriptions médicamenteuses par voie générale qu’il faut limiter aux
situations où leurs efficacité est patente et durable, pour limiter, entre autres, les risques
d’effets secondaires.
BIBLIOGRAPHIE
• LE COZ J.- CHOS D., Mésothérapie et Traumatologie Sportive, Masson, PARIS, 2ème
édition revue et corrigée, 1986, p.110-119