La Mobilité Urbaine À Marrakech
La Mobilité Urbaine À Marrakech
La Mobilité Urbaine À Marrakech
Abdelghani Nakhli
La mobilité urbaine à
Marrakech : enjeux et
perspectives
Abdelghani NAKHLI
Membres du Jury :
M. François BART, Professeur émérite de géographie, université Bordeaux Montaigne.
M. Michel LESOURD, Professeur émérite de géographie, université Rouen. Rapporteur.
M. Jean-Luc PIERMAY, Professeur émérite de géographie, université Strasbourg. Rapporteur.
M. Bernard CALAS, Professeur de géographie, université Bordeaux Montaigne.
M. Patrice PERROGON, Expert, entreprise EREA, Bordeaux.
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Université Bordeaux Montaigne
La mobilité urbaine à
Marrakech : enjeux et
perspectives
Abdelghani NAKHLI
Membres du Jury :
M. François BART, Professeur émérite de géographie, université Bordeaux Montaigne.
M. Michel LESOURD, Professeur émérite de géographie, université Rouen. Rapporteur.
M. Jean-Luc PIERMAY, Professeur émérite de géographie, université Strasbourg. Rapporteur.
M. Bernard CALAS, Professeur de géographie, université Bordeaux Montaigne.
M. Patrice PERROGON, Expert, entreprise EREA, Bordeaux.
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AVANT-PROPOS
Plusieurs approches ont été menées concernant la mobilité urbaine de Marrakech, que ce soit
par les collectivités, l’agence urbaine ou les bureaux d’études. Malgré quelques améliorations,
aucune réelle stratégie de déplacements urbains n’a encore vu le jour. Plusieurs problèmes
persistent : stationnement, circulation, nuisances etc. Ces questionnements méritent notre
attention. Cet ouvrage apparaît donc comme une synthèse réalisée sur la mobilité urbaine de
Marrakech et propose des pistes de réflexion afin d’améliorer la qualité du réseau urbain et de
répondre aux problèmes posés par les déplacements urbains.
Ce travail de réflexion s’est déroulé en parallèle d’activités professionnelles d’architecture.
Les contraintes de temps et d’accès aux documents concernant la mobilité à Marrakech ont
constitué les inconvénients majeurs de cette recherche.
Parmi les satisfactions apportées par ce travail de thèse, le fait d’apporter un travail de
synthèse et des pistes de réflexion sur la mobilité en tant que chercheur et architecte, dans
l’espoir de nourrir un meilleur travail de cohésion entre tous les acteurs de l’urbain à
Marrakech.
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REMERCIEMENTS
Je remercie Feu monsieur Jean-Claude BRUNEAU, professeur des Universités, pour son
soutien et ses conseils, qui a d'abord dirigé ma thèse. Ce travail de thèse m’a permis de
connaître un homme très bien et très généreux ainsi qu’un professeur attentif et bienveillant
doté d’un grand savoir. Je lui dédie ce travail. A sa mémoire.
Je remercie également toute la famille de Feu monsieur Jean-Claude BRUNEAU, à savoir
madame Tina BRUNEAU ainsi que Christian, Olivier, Eric, Marc et Sébastien, pour leur
soutien.
Mes remerciements s’adressent aussi à mon ami, le docteur Bertrand LAUGERI, pour son
dynamisme et ses encouragements. Je remercie également mon ami Omar CHENOUR pour
son soutien.
Enfin, je remercie mes frères et sœurs pour leur solidarité. Je remercie mes parents pour leur
soutien et pour être toujours à mes côtés pendant les moments difficiles. Leurs
encouragements m’ont aidé à faire aboutir ce travail de recherche.
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SOMMAIRE
AVANT-PROPOS ......................................................................................................................................4
REMERCIEMENTS ...................................................................................................................................5
SOMMAIRE .............................................................................................................................................6
INTRODUCTION GENERALE ....................................................................................................................7
PARTIE I. LA MOBILITE URBAINE A MARRAKECH : DIAGNOSTIC URBAIN CONCERNANT LE CONCEPT
DES DEPLACEMENTS. ...........................................................................................................................14
CHAPITRE I. Le concept de mobilité urbaine. ...................................................................................15
CHAPITRE II. Généralités sur les déplacements et les infrastructures ..............................................40
PARTIE II. LA MOBILITE URBAINE A MARRAKECH : LA GESTION DES DEPLACEMENTS EST DIFFICILE. 113
CHAPITRE III. Marrakech et les enjeux de la mobilité urbaine........................................................114
CHAPITRE IV. Les stratégies que Marrakech a mis en place ...........................................................166
PARTIE III. LA MOBILITE URBAINE A MARRAKECH : COMMENT ENVISAGER UN AVENIR MEILLEUR ?195
CHAPITRE V. Des méthodes efficaces pour gérer la mobilité urbaine ............................................196
CHAPITRE VI. Comment devenir une ville positive ? ......................................................................228
CONCLUSION GENERALE ....................................................................................................................281
BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................................................288
TABLE DES ILLUSTRATIONS .................................................................................................................299
ANNEXES ............................................................................................................................................305
TABLE DES MATIERES .........................................................................................................................334
6
INTRODUCTION GENERALE
7
Ville ocre, les principales artères suffisaient aux déplacements des habitants ; aujourd’hui la
question de la mobilité urbaine tend à étouffer la ville et à diminuer sa qualité de vie. La
congestion du trafic, le manque de stationnement et l’insécurité routière sont de nouveaux
problèmes à résoudre. Penser la question de la mobilité implique de penser celle de
l’urbanisme. Par conséquent, Marrakech doit anticiper et préparer sa planification urbaine à
moyen et à long terme, pour continuer à être une ville attractive.
Les défis de demain –surpopulation, réchauffement climatique– mettent en évidence l’intérêt
de réfléchir à un aménagement urbain cohérent et à une architecture de qualité. En plus de ces
enjeux, les villes, pour se démarquer les unes des autres, se concurrencent par leur stratégie de
communication. Toutes cherchent à dire qui elles sont, où elles sont et ce qu’elles font. Attirer
travailleurs et investisseurs est un gage d’attractivité. Pour cela, plusieurs critères d’évaluation
des villes sont à prendre en considération : l’habitat, l’emploi ou encore la qualité de vie.
Cette qualité de vie se traduit, entre autres, par l’accès à la santé, à l’éducation et aux
transports. Or, une ville de la taille de Marrakech (équivalente à celle de Lyon en termes
d’habitants) ne sait pas répondre à ces thématiques.
Pour le bénéfice de ses habitants et de son économie, Marrakech a besoin de transports qui
allient simplicité, efficacité et enjeux du développement durable. Ma thématique de recherche
s’articule autour de la gestion difficile de la mobilité urbaine à Marrakech. Ce manque de
gestion pose problème dans la ville. En tant qu’architecte et urbaniste, je me suis interrogé de
savoir pourquoi la ville ne semble rien faire pour endiguer la congestion urbaine qui la
caractérise ? Est-il possible que la ville de Marrakech ne cherche pas à résoudre les problèmes
de mobilité urbaine de son territoire ? Est-il possible qu’il y ait un laisser-aller volontaire ?
Est-il possible que la ville ne sache pas comment faire pour résoudre ce problème ?
La question des déplacements quotidiens permet de mettre en évidence les lieux et les réseaux
d’infrastructure existants, leur potentialité et leur devenir à Marrakech. Ce questionnement
soulève également plusieurs problématiques. Tout d’abord celle de la voirie, à travers son
partage, sa signalisation, sa sécurisation et son accessibilité géographique et économique. Se
posent également les questions de la disponibilité des espaces piétons, des espaces de
stationnement et de dégagement.
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La mobilité est un bon indicateur du comportement d’une société ou d’une ville. En
comprenant comment la ville change, il est possible d’anticiper son devenir. Au fil des ans, la
ville de Marrakech voit sa population croître. Ce phénomène d’expansion démographique se
traduit par une expansion géographique à la fois horizontale et verticale. La ville s’étend sur
une surface de plus en plus grande mais aussi de plus en plus disparate. Pour faire face à cet
accroissement démographique, la ville construit de plus en plus d’immeubles en hauteur. Par
ailleurs, Marrakech connaît une situation paradoxale : sur l’ensemble de tous les
déplacements dans la ville, 15% seulement se font en voiture et 60 % à pied. Or, si la marche
reste le moyen de transport le plus utilisé dans la ville, l’utilisation des transports motorisés
pose déjà des problèmes : congestion urbaine du trafic, insécurité routière et pollution
atmosphérique. Par ailleurs, la commodité et le confort de l’automobile priment face à
l’inexistence d’un maillage efficace et encadré et face à l’inexistence d’un réseau multimodal
de transports collectifs. De surcroît, l’évolution des comportements sociaux et le
développement économique de Marrakech ont modifié autant les modes de vie que les
trajectoires des habitants. La situation de la ville en matière de mobilité urbaine pose de
nombreux problèmes encore irrésolus. En effet, malgré quelques améliorations, aucune réelle
stratégie de déplacements urbains n’a encore vu le jour.
Ce travail de chercheur m’amène donc à m’interroger sur les recommandations à transmettre à
la ville de Marrakech en matière de transports urbains et de mobilité. Il est dans l’intérêt de la
ville d’élaborer des propositions d’amélioration de la qualité de vie, en termes de transports,
de stationnement et de voirie. Il est nécessaire d’intégrer ces enjeux à différentes échelles :
locale, régionale et nationale, et à différents niveaux : social, économique et politique. Les
questions de la dynamique démographique, de la mobilité spatiale et de la maîtrise du
développement urbain se posent maintenant à Marrakech comme à d’autres villes, d’égale ou
de plus grande ampleur. Toutefois, elles nécessitent une réponse plus urgente que d’autres
villes.
Pour répondre à ces questions, Marrakech doit disposer de capital humain et financier ainsi
que d’une volonté d’anticiper et d’améliorer son devenir (projet de ville positive) en
s’appuyant sur l’utilisation de ses ressources climatiques favorables (énergie solaire et
biomasse).
L’ensemble des thématiques soulevées ci-dessus dans cette posture de recherche nous conduit
par conséquent, à dégager la problématique suivante : « Dans un contexte d’expansion
géographique et démographique, Marrakech peut-elle améliorer la gestion de ses
déplacements urbains et donner naissance à un concept de ville positive exemplaire ? »,
posture qui soulève plusieurs hypothèses.
9
HYPOTHESES DE RECHERCHE
10
développement durable en matière de transports ? Est-il envisageable de concilier les objectifs
des autorités organisatrices de transport, ceux des politiques et ceux des usagers ? Est-il
nécessaire de repenser la planification urbaine de la ville dans sa globalité ? Marrakech
dispose-t-elle d’un capital humain pour penser et mettre en œuvre une nouvelle gestion de la
mobilité urbaine ? Est-elle capable d’anticiper son devenir ? Existe-t-il des facteurs qui
freinent la gestion, l’organisation et le développement de la mobilité urbaine ?
Première hypothèse. Nous émettons une première hypothèse selon laquelle un manque de
financement et de subventions pourrait être à l’origine d’un laisser-aller en matière de gestion
de la mobilité urbaine. D’autres secteurs de l’économie marrakchie seraient alors prioritaires
quant à la répartition des financements et subventions disponibles. Les collectivités
mèneraient des pistes de réflexion et d’actions uniquement à court terme pour répondre aux
problèmes de mobilité urbaine, car elles manqueraient de financements et de subventions.
Deuxième hypothèse. Nous émettons une deuxième hypothèse selon laquelle un manque de
professionnalisme, de personnel qualifié et de coordination entre les différentes instances en
charge de la mobilité urbaine expliquerait la situation d’ingérence que connaît Marrakech. Le
cloisonnement des acteurs de la mobilité urbaine et le manque de personnel compétent
seraient alors deux des facteurs expliquant l’ingérence existante de la mobilité urbaine.
Troisième hypothèse. Nous émettons une troisième hypothèse selon laquelle l’absence de
véritables documents d’urbanisme serait la cause des dysfonctionnements de la mobilité
urbaine à Marrakech. Les documents d’urbanisme existants seraient insuffisamment pensés et
détaillés et ne s’inscriraient dans aucune planification territoriale à long terme, élément
nécessaire pour gérer les services proposés en termes de transports, de stationnement et de
pollution.
METHODE DE TRAVAIL
Nous avons tout d’abord effectué des recherches sur notre thématique de la mobilité urbaine
vue sous l’angle de l’aménagement de territoire. Nous avons collecté des données et lu des
travaux similaires sur le sujet. Nous avons fait des reportages photos et pendant deux ans,
nous avons effectué une analyse de terrain. Nous avons interrogé différents groupes d’usagers
(piétons, cyclistes, automobilistes, usagers des autobus) à travers des questionnaires que nous
avons établis. Nous avons également analysé le trafic urbain. Nous nous sommes postés à des
croisements, des giratoires et le long des principales artères de la ville, à différents horaires de
11
la journée et en soirée. Nous l’avons fait pendant plusieurs jours. Nous avons rencontré des
élus et des spécialistes de la mobilité urbaine mais la plupart des collectivités n’ont pas voulu
répondre à nos questionnements. Lorsqu’il nous a été proposé d’être entendus, les
problématiques que nous avons soulevées n’ont pas été prises en considération. Nous nous
sommes entretenus avec des confrères architectes et urbanistes mais personne n’ose
officiellement dire ce qui ne va pas bien que les problèmes soient évidents. Lorsque des
séminaires et colloques ont été menés à Marrakech, les axes de réflexion sur la mobilité
urbaine soulèvent théoriquement les problèmes rencontrés par la ville mais concrètement, rien
n’a été fait. Chaque collectivité est cloisonnée et aucune interaction réelle n’existe entre elles
concernant la mobilité urbaine. Il est en de même des documents d’urbanisme censés être
accessibles à des urbanistes. Aucun ne l’est. Ce phénomène de cloisonnement a posé de
réelles contraintes à notre démarche de chercheur. Ce travail de chercheur est essentiel pour
inciter les acteurs locaux à changer leur ville d’une meilleure manière. Il s’agit d’une première
pierre à l’édifice qui en constitue les fondations. Nous espérons que les personnes ayant une
conscience professionnelle, chercheront réellement à poursuivre la construction de cet édifice
de la meilleure manière possible. Ce travail, en tant que premier axe de réflexion dans ce
domaine est amené à se développer davantage. Cela ne pourra se faire qu’avec la participation
collective de l’ensemble des acteurs locaux et régionaux.
Lorsque nous avons interrogé des usagers à l’appui de questionnaires, nous avons analysé
leurs comportements et nous avons rendu compte de leurs réponses. Cette méthodologie a
permis de confirmer nos hypothèses. Les personnes interrogées sont toutes insatisfaites de la
mauvaise gestion de la mobilité urbaine à Marrakech. Beaucoup d’hommes viennent travailler
à Marrakech mais ils n’y habitent pas. Ils vivent dans des villages proches de Marrakech et
leur situation est donc instable. Ils laissent femmes et enfants à la campagne et ne les voient
que lorsqu’ils ont des jours de congés. Beaucoup de ces villageois aimeraient que des moyens
de transports permettent à leurs enfants de se rendre facilement à l’école mais tous préfèrent
habiter leur village plutôt que Marrakech. La situation est tellement critique dans la Ville ocre
que beaucoup de personnes n’y voient qu’insécurité routière et mauvaise qualité de vie. Il
n’est pas possible d’y marcher tranquillement ou d’y rester en bonne santé. Les automobilistes
et surtout les conducteurs de mobylettes roulent trop vite. Les espaces verts et piétons sont
rares. Les allées de promenade principales jouxtent les larges boulevards de la ville où le
trafic est continu et dense, ce qui est source d’insécurité pour les piétons.
En plus des réponses fournies par nos questionnaires et nos analyses de terrain, nous avons lu
des ouvrages et des revues sur le Maroc et l’aménagement de territoire. Nous avons cherché
des mémoires, des thèses et des dossiers en rapport avec notre travail de chercheur. Nous
12
avons lu des articles scientifiques et des rapports de recherche sur la mobilité urbaine. Nous
avons également écrit des billets concernant la mobilité urbaine à Marrakech sur la plateforme
de carnets de recherche Hypotheses, plateforme consacrée à l’ensemble des disciplines en
sciences humaines et sociales1. Nos écrits ont été soulignés et relatés dans le journal marocain
Le Matin2. En effet, Si d’autres travaux ont été menés sur la ville de Marrakech, le nôtre est le
premier concernant la mobilité urbaine vue sous l’angle de l’aménagement de territoire. La
mobilité urbaine qui intéresse ici notre travail, s’articule autour de deux nécessités : améliorer
l’offre de transports dans la ville et penser l’aménagement du territoire à long terme. En effet,
ce laisser-aller de la part de la ville de Marrakech, volontaire ou non, a des répercussions sur
les déplacements liés à l’exercice professionnel et ceux liés aux activités de la vie
quotidienne. Cela a également des conséquences sur les flux financiers, d’informations ou de
marchandises.
Notre travail de chercheur s’articule à mettre en lumière les problématiques posées à la ville
afin de savoir comment répondre aux enjeux de demain et quelles solutions préconiser en
matière de planification territoriale pour améliorer la mobilité urbaine dans la Ville ocre.
Marrakech est passée en quelques décennies du statut de ville à celui d’aire urbaine. Penser la
ville d’aujourd’hui et de demain, c’est concevoir la planification urbaine et la mobilité de
façon étroitement liée. Pour ce faire, il est nécessaire de définir ce qu’est le concept de la
mobilité urbaine (Chapitre I) et d’établir un diagnostic urbain de la situation actuelle de
Marrakech en termes d’infrastructures et de transports (Chapitre II). Pour répondre aux enjeux
et problématiques de la mobilité urbaine à Marrakech (Chapitre III), il est nécessaire de
connaître les missions déjà menées par les acteurs en place depuis plusieurs années (Chapitre
IV). Enfin, des pistes de réflexion seront émises ainsi que des propositions d’amélioration, se
basant sur ce qui fonctionne pour d’autres villes (Chapitre V), en particulier les villes
positives (Chapitre VI).
1 Http://mobilite.hypotheses.org/author/mobilite
2 BENMALEK Samir (2014) Projet « Marrakech, cité du renouveau permanent ». Le Matin, rubrique Nation, 12
janvier.
13
PARTIE I. LA MOBILITE
URBAINE A MARRAKECH :
DIAGNOSTIC URBAIN
CONCERNANT LE CONCEPT DES
DEPLACEMENTS.
Lorsque des usagers se rendent pour la première fois dans une ville qu’ils ne connaissent pas,
ils cherchent à la connaître. Bien souvent, les individus auront à se déplacer et chercheront à
savoir quels modes de transports sont disponibles dans la ville, leur localisation, leur prix et
leur fréquence horaire. A Marrakech, plusieurs modes de déplacement et services de transport
sont à la disposition des habitants, des usagers et des touristes. Au fil des années, la ville s’est
agrandie sur le plan géographique et le plan démographique. A côté des principales artères se
sont installés riverains et entrepreneurs. Les bouleversements socio-économiques ont
nécessité la construction de nouvelles routes, de nouveaux réseaux et la modernisation des
pôles d’échange de la ville.
Les changements de la société marocaine ont eu des répercussions sur les déplacements, les
trajectoires individuelles et collectives et de manière plus générale, sur la mobilité urbaine.
Pourquoi les individus se déplacent-ils ? Se déplacent-ils de façon uniforme ? Où et quand les
Marrakchis se déplacent-ils ? Quels motifs animent leurs trajectoires dans l’espace et dans le
temps ? (Chapitre I). Quelles transformations urbaines a connu la ville pour répondre à ces
nouveaux besoins de mobilité ? Quels modes et services de transport sont à la disposition des
habitants et des touristes ? (Chapitre II). Ce sont les questions auxquelles nous répondrons
dans les deux chapitres suivants.
14
CHAPITRE I. Le concept de mobilité
urbaine.
Utilisé par les scientifiques et les urbanistes, le terme de mobilité urbaine ne se réfère plus
seulement aux transports mais à de nombreux termes de la morphologie urbaine : espace et
paysage urbains, infrastructures, tissu urbain, planification urbaine, maillage etc. C’est en cela
que ce concept est nouveau : il ne s’intéresse plus uniquement à la dimension technique
(transports) mais à d’autres champs disciplinaires.
Petit à petit, les ingénieurs se sont intéressés à la dimension sociale de la mobilité urbaine et à
la valeur culturelle du déplacement. Actuellement, au vu de la multiplication mondiale des
échanges d’information, au vu de l’accroissement démographique global (sept milliards
d’humains) et au vu de la nature de l’Homme l’amenant à se déplacer, les villes d’aujourd’hui
doivent répondre à plusieurs enjeux. Outre les questionnements sur les problématiques de
l’habitat ou de l’emploi, la question des transports et de la mobilité fait elle aussi débat. Pour
les usagers comme pour les collectivités, les transports sont souvent associés à un coût élevé,
à des nuisances sonores ou olfactives mais paradoxalement, ils sont aussi considérés comme
nécessaires pour se déplacer.
Si la mobilité urbaine est un concept nouveau, c’est que pour en comprendre les pratiques, il
est nécessaire de dépasser la dimension technique de la mobilité et de prendre en
15
considération les pratiques sociales dans la ville (société urbaine), l’organisation des activités
dans la ville (structure urbaine) et la qualité des espaces (paysages urbains).
C’est à travers ces trois axes que les métropoles d’aujourd’hui sont amenées à aborder la
question de la mobilité urbaine (Figure 01).
METROPOLES
MOBILITE
URBAINE
Cela implique de repenser la façon dont la mobilité urbaine est gérée afin d’apporter une
constante qualité de vie et de bien être aux citadins en matière de sécurisation et fluidité des
déplacements, de partage de la voirie, de réduction des émissions polluantes, de réduction des
nuisances sonores et d’accessibilité des transports urbains (fréquence, tarifs).
Toutefois au sein d’une même ville, la mobilité urbaine des habitants diffère selon l’âge, le
sexe, le statut social ou encore le lieu d’habitation. Dans l’absolu, nous pouvons dire que
l’accroissement géographique et démographique des villes a donné naissance à des
phénomènes de mobilité urbaine sensiblement identiques dans plusieurs métropoles du monde
entier.
16
1.1.2. L’évolution des déplacements urbains dans l’espace et
dans le temps
Dans un quotidien de plus en plus ancré sur la notion de temps, les ménages sont de plus en
plus nombreux à disposer d’un moyen de transport personnel. Dans la ville de Marrakech,
plusieurs modes de transport individuel existent : voiture, mobylette, petits et grands taxis,
bus, minibus, truck, charrette, calèche, vélo, vélo électrique et animaux (cheval, âne,
chameau.
Si certains individus ne disposent pas d’un moyen de transport personnel, il peut s’agir d’un
choix ou d’une contrainte. Pour les ménages les moins aisés, c’est bien souvent une contrainte
tandis que pour les catégories sociales les plus aisées, il s’agit d’un choix écologique. Si le
choix du mode de transport pose la question de la préservation de l’environnement, il pose
également la question du coût. Utiliser un transport individuel ou collectif engendre un coût.
Il concerne le prix de l’énergie utilisée (pétrole, charbon, électricité) et les frais annexes
(assurance, réparations, entretien etc.). Les transports, individuels ou collectifs, engendrent
également un coût pour la ville.
Ainsi, au fil des années, les urbanistes se sont intéressés, sur le plan socio-économique, à
minimiser les coûts de transports et leurs infrastructures en optimisant les lieux d’activité dans
la ville. De nos jours, la gare ferroviaire d’une grande ville dispose de boutiques, d’espaces de
détente et de restauration. Cette configuration permet aux voyageurs de pratiquer plusieurs
activités en un même lieu, sans utiliser d’autre mode de transport. Les individus économisent
alors du temps et de l’argent pour effectuer ces activités, tout en évitant de multiplier les
trajets et les modes de transport.
Dans la Ville ocre comme dans d’autres villes, cette notion de mobilité urbaine s’inscrit dans
le temps et dans l’espace. Au 19ème siècle, l’espace marocain se caractérise par un grand
nombre de pistes enchevêtrées les unes aux autres ; il n’existe pas de routes. Les pistes sont
dangereuses en montagne mais commodes en plaine. Le nomadisme et la transhumance
caractérisent la société tandis que l’habitat sous la tente est le plus répandu. Deux catégories
de voies se distinguent alors : les routes du Sultan ou chemins publics et les routes
secondaires ou chemins muletiers.
Les routes du Sultan sont sécurisées par l’Etat tandis que les routes secondaires nécessitent
l’aide d’une escorte qu’il faut payer. Le voyage en caravane permet d’en répartir le coût sur
17
l’ensemble des voyageurs. Au 19ème siècle, Marrakech et Fès occupent une place
d’importance dans les axes commerciaux transsahariens et maritimes.
Les nombreux gîtes d’étape des caravanes témoignent de l’essor du trafic le long des axes
suivants : ceux reliant Marrakech à Safi, El Jadida et Essaouira et ceux reliant Fès à Rabat et
Tanger (Carte 01). La vitesse moyenne d’une caravane est de 7 km/h avec des étapes
inférieures à 50 km. Les voyages sont lents car les voyageurs se déplacent le plus souvent à
pied et rarement sur une monture ou une chaise à porteur. Le voyage qui reliait Tanger à Fès
en dix jours en saison d’été durait alors un mois à la saison des pluies.
Au début du 20ème siècle, l’utilisation de la roue et des charrettes est encore rare. Le
transport de marchandises à dos d’animaux est plus commode que la charrette qui peut
s’ensabler ou s’embourber dans les pistes. Les mulets peuvent porter jusqu’à 200 kg et les
chameaux jusqu’à 300 kg. A la même période en France, les carrioles et les chevaux sont
remplacés par les automobiles.
Au commencement des protectorats français et espagnol (1912-1956), l’Administration des
Travaux Publics prévoit la construction de 1400 km de routes en cinq ans. Dix ans plus tard,
le premier tronçon relie Casablanca à Rabat et l’empire chérifien dispose alors de 2700 km de
routes. Dès les années 1920 les routes principales sont bitumées. En 1954, le Royaume
compte près de 11500 km de chaussées construites et revêtues. Le programme routier a
supplanté le programme ferroviaire. Initialement lancé en 1911, ce dernier est retardé en
raison de la première guerre mondiale. Entre les deux guerres, les routes nationales et
départementales françaises sont goudronnées.
Au Maroc, pendant la seconde moitié du 20ème siècle, avec l’apparition de la navigation à
vapeur, le commerce maritime supplante le commerce transsaharien. Les villes de la façade
atlantique du Maroc se développent. Le Maroc redevient indépendant en 1956. Le roi du
Maroc, Mohamed V, entreprend de résoudre deux problématiques majeures dans le domaine
routier. Il développe les liaisons entre le nord et le reste du pays et multiplie les dessertes des
provinces éloignées. En 1960, l'État français lance la création des autoroutes et quinze ans
plus tard, l’Etat marocain fait de même.
Les progrès que connaissent les systèmes de transport pendant leur histoire permettent
aujourd’hui à la plupart des populations des grandes métropoles de se déplacer de dix à cent
fois plus rapidement qu’il y a deux siècles.
18
Carte 01. Le Maroc (2014). Réalisation : A. NAKHLI.
19
Une meilleure organisation des transports va développer la spécialisation des secteurs
(courrier, marchandises, personnes), permettant d’accroître les gains de temps dans
l’acheminement des biens et dans les déplacements des citoyens. Cette mobilité physique va
également aller de pair avec la mobilité sociale. Acquérir une voiture devient alors l’apanage
des classes aisées. Désormais, l’automobile n’est plus considérée uniquement comme un
moyen de transport mais comme un moyen de reconnaissance sociale.
La mobilité devient virtuelle puisqu’elle fait référence aux échanges d’informations via des
terminaux fixes ou portables. Les vidéo-conférences, l’utilisation de messagerie instantanée
via les ordinateurs portables et les téléphones mobiles réduisent considérablement les
distances physiques dans la répartition des activités journalières. Il est alors possible, grâce à
Internet, de voyager virtuellement dans le monde entier, pour des motifs personnels ou
professionnels (webcams, réseaux sociaux) tout en restant chez-soi.
Chacun est alors en mesure de connaître instantanément l’actualité de sa ville, de sa région, de
son pays ou du reste du monde grâce à l’utilisation d’Internet. Des collectivités développent
également des plateformes locales hybrides et multifonctionnelles, qui permettent aux
citoyens de trouver à la fois des informations locales, des services privés et publics de
proximité et des contenus plus universels3.
Cela permet aux individus de connaître les informations en temps réel concernant, entre
autres, les horaires de transports, la fluidité du trafic automobile, le transport de marchandises
et de colis. Les courses au quotidien vont pouvoir s’effectuer de plus en plus via Internet.
D’où moins de déplacements pour ce motif mais pas moins au total, car ils profiteront
désormais aux balades et aux loisirs, et ils augmenteront au niveau des livraisons de
proximité4. Par ailleurs, Michel HERVE souligne que les individus utilisent le cybermarché
Quant aux entreprises, elles peuvent ainsi multiplier les échanges professionnels et financiers
via le web et les vidéo-conférences, et réduire ainsi les coûts de déplacements de leurs
salariés. Les administrations peuvent multiplier auprès des citoyens, la disponibilité des télé-
procédures telles que solliciter des prestations aux services municipaux, comme des
réparations de voirie ou des réservations de salle, inscrire ses enfants à l’école, à la garderie, à
la cantine ou à des activités de loisir extra-scolaires6.
Pour effectuer l’ensemble de ces activités, il suffit que tous les citoyens aient accès de façon
égale et démocratique aux réseaux électroniques, en multipliant par exemple les espaces
numérisés publics. Il est également nécessaire d’enseigner aux individus comment s’en servir.
Pourtant, la mobilité physique reste essentielle. C’est elle qui assure les échanges agro-
alimentaires, le déplacement des personnes ou des biens de consommation. Même si les
systèmes d’échanges virtuels se développent, la mobilité physique reste encore une condition
de la participation à la vie sociale et à l’échange avec les autres.
Les entreprises ont par exemple besoin d’être approvisionnées en biens de consommation ou
en courrier postal et l’ensemble de ces échanges nécessite l’utilisation de moyens de
transports et de moyens humains. En résumé, la mobilité physique et la mobilité virtuelle sont
complémentaires et se caractérisent donc par quatre principaux flux : les flux d’informations,
les flux de personnes, les flux de monnaie et les flux de marchandises.
Quant à l’intensité de la mobilité, elle dépend des moyens techniques permettant d’utiliser les
réseaux suivants : Internet, TNT, réseau postal et téléphonique ; réseaux monétaires et
financiers et enfin, réseaux routiers, maritimes, aériens et portuaires.
Les motifs qui animent les comportements des individus évoluent ainsi que les trajectoires
qu’ils forment. Celles-ci ne convergent plus uniquement vers la ville-centre. Elles deviennent
périphériques ou transverses : habiter un lieu, travailler dans un autre etc. Néanmoins, pour de
nombreux ménages marrakchis, cette transversalité est moindre, souvent pour des raisons
financières ou culturelles. Ainsi, il est commun qu’un propriétaire ouvre un commerce au rez-
Pendant deux ans, nous avons mené un travail d’enquête et d’observation dans la ville de
Marrakech concernant les déplacements des usagers (Annexe 01). Nous avons interrogé des
piétons, des cyclistes, des usagers des autobus et des automobilistes. Notre travail
d’observation fait ressortir de grandes tendances des déplacements des individus. L’analyse
de ce travail de terrain sous-tend l’importance du facteur professionnel dans la réalisation du
déplacement. C’est le principal motif qui conduit les Marrakchis à se rendre d’un point B à un
point C. Quels sont les moments particuliers du jour et de la nuit, de l’été ou de l’hiver, de la
semaine ou du mois où les Marrakchis se déplacent ? Quel est le second motif de déplacement
des Marrakchis d’après notre analyse de terrain ? Il ressort qu’après les motifs professionnels,
ce sont les motivations quotidiennes qui animent les usagers (achats alimentaires et
vestimentaires). Enfin, en quatrième position, les déplacements des Marrakchis sont d’ordre
cultuel (aller à la mosquée) ou personnel (raisons de santé).
22
Nous avons également rendu compte des motivations, du contexte et des conditions
structurelles qui expliquent un ou plusieurs déplacements, de jour comme de nuit, une fois ou
plusieurs fois par jour, par semaine, par mois ou par année ; selon l’âge, le genre et la
catégorie sociale mais aussi selon la saison et le contexte géographique ou politique,
économique ou social des Marrakchis à un instant T. Nous avons choisi d’expliquer les
trajectoires des Marrakchis en les distinguant selon leurs motivations, leur contexte ou les
conditions structurelles qui les entourent afin d’en faciliter la compréhension. Nous sommes
conscients que ces mouvements sont souvent la résultante de la combinaison de plusieurs
éléments et non d’un seul.
En effet, il est généralement reconnu que les gens se déplacent en fonction de plusieurs
facteurs. Leurs déplacements peuvent ainsi dépendre de raisons professionnelles (nouvel
emploi, missions, métiers saisonniers), de raisons culturelles (mariage, fête de famille,
vacances) et cultuelles ou de raisons personnelles (cadre et qualité de vie, quotidien, loisirs).
Intéressons-nous à présent aux motivations professionnelles des Marocains et des Marrakchis.
Les villes intérieures (Fès, Meknès, Marrakech) ont vu leur population grandir en raison de
l’exode rural. Suite aux épisodes de sécheresse des années 1980, la recherche d’un autre
travail que le travail agricole motivait la venue de ces nouveaux arrivants. Comme le souligne
l’historien Pierre VERMEREN, des villes comme Fès et Marrakech atteignent le million
d’habitants car elles ont drainé des populations des campagnes avoisinantes (du Haouz et de
l’Atlas pour Marrakech, du Moyen-Atlas et du Rif pour Fès (Carte 02). Seules les grandes
villes de la côte ont un bassin migratoire véritablement national, à commencer par
Casablanca7.
Les villes côtières offrent en effet des perspectives économiques plus intéressantes et plus
nombreuses. Toutefois à Marrakech, les secteurs de l’artisanat (38%), du commerce (24%
avec l’hôtellerie) et du tourisme8. sont florissants. La ville joue un rôle de pôle d’attractivité et
de bassin d’emplois dans les secteurs de l’administration et du BTP, ce qui a conduit une
main-d’œuvre qualifiée à venir travailler dans la Perle du sud. Dans la Ville ocre, les
déplacements les plus nombreux sont ceux de la vie quotidienne, c’est-à-dire à l’échelon
Une autre caractéristique de ces déplacements concerne les jeunes Marocains. Quelle que soit
leur catégorie sociale, ils rêvent de partir à l’étranger. En 1998, d’après un sondage publié par
Le Journal, plus de 70% d'entre eux souhaitent s’expatrier9.
Le décalage du niveau de vie entre le Nord et le Sud de la planète, véhiculé de plus en plus
par les médias, les incite à partir. À ces motivations économiques s’ajoute le sentiment que la
vie est courte et que la dynamique de changement engagée au Maroc risque d’être trop longue
pour qu’ils puissent en recueillir les fruits10.
Diplômés des grandes écoles et bilingues (français/ arabe), leur niveau d’études les incite à
s’installer définitivement à l’étranger. D’autres partent et reviennent quelques années après
leur réussite. D’autres encore s’expatrient mais gardent un lien avec le Maroc : ils reviennent
chaque été, mais aussi pendant les fêtes religieuses et les vacances scolaires. Ces expatriés
choisissent d’étudier et de travailler majoritairement en Europe, aux Etats-Unis et en Arabie
Saoudite.
La recherche d’un emploi, un nouvel emploi obtenu, une opportunité saisonnière ou une
mission (militaires) conduisent les Marrakchis à se déplacer au quotidien. Les navettes sont
les trajectoires qui représentent la plus grande part dans la répartition des mobilités
quotidiennes. Salariés, employeurs, commerçants, artisans, professions libérales, cadres,
enseignants, professionnels de la santé ou employés de l’administration se déplacent chaque
jour, plusieurs fois par jour entre leur domicile et leur lieu de travail. Outre les motivations
professionnelles, les facteurs culturels animent également les déplacements des Marocains et
des Marrakchis.
Les fêtes de famille, les mariages et la visite des proches sont autant de motivations de
voyager.
Un mariage ou une naissance font l’objet de plusieurs jours de fêtes. Il n’est pas rare de voir
s’installer dans le quartier du lieu du mariage, des chapiteaux qui abritent tables et buffets.
Des chanteurs et des musiciens sont également conviés. Lorsqu’il s’agit d’une grande fête,
elle se célèbre dans le quartier. C’est l’occasion de se réunir, ce qui implique des
déplacements des individus.
En plus du pilier que constitue la famille, le rituel du corps fait partie des éléments majeurs de
la société marocaine. Généralement, les femmes Marrakchies se rendent à pied au hammam
du quartier avec d’autres femmes et/ou leurs enfants. Les hommes aussi se rendent au
hammam. Les établissements ne sont pas mixtes. A chaque robinet, une personne s’installe et
se douche en remplissant d’eau son seau. C’est l’occasion pour beaucoup d’apprécier
l'utilisation de l’eau. En effet, tous les ménages marrakchis ne disposent pas de l’eau courante
chez eux. Il est également possible de pratiquer des soins supplémentaires tels que les
massages ou bien les gommages au ghassoul et savon noir.
Les hommes et les femmes de classe sociale plus élevée (CSP +) vont dans les spas et les
hammams des hôtels luxueux. Enfin, les Marocains aiment se rendre dans les stations
thermales. Celle de Moulay Yacoub voit ses hôtels et ses restaurants afficher complets
pendant les fins de semaines et les vacances scolaires. En dehors de ces périodes, il devient
alors possible de visiter la station. La renommée et l’appréciation de cette station thermale
sont telles qu’il est prévu de construire une voie express entre Fès et Moulay Yacoub pour en
faciliter l’accès.
25
Carte 02. Morphologie géographique du Maroc (2014). Réalisation : A.
NAKHLI.
26
Concernant les femmes, elles ont développé de nouvelles attitudes (travail, études, conduite
de véhicules). La plupart d’entre elles se déplacent avec leur mari, leurs enfants, la famille ou
d’autres femmes. Dans la citadinité arabe, l’espace public est celui des hommes tandis que
l’espace privé est celui des femmes. Cette barrière est visible dans la construction des
bâtiments de la médina. L’espace privé doit être protégé : les maisons sont orientées autour
d’une cour ou d’un patio et les fenêtres extérieures sont cachées par des moucharabiehs.
Actuellement, l’espace public laisse place à une majorité d’hommes et à un pourcentage de
femmes qui travaillent. Toutefois, pour des raisons de convention et de mœurs, il est
dangereux ou mal vu pour une femme, de se promener seule, qu’elle soit autochtone ou
touriste. La plupart des
femmes autochtones
marchent en groupe
pour acheter des
denrées alimentaires et
raccompagner les
enfants aux sorties
d’école. Il est également
courant de voir des
enfants acheter
quelques provisions (à
la demande de leurs
parents) chez l’épicier
du quartier.
27
Jemaa-el-Fna (Figure 02) est d’ailleurs un lieu de rassemblement très prisé des habitants et
des touristes, de jour comme de nuit.
Ainsi, certains quartiers de Marrakech sont animés de façon continue. Les habitants vont et
viennent pour acheter du lait, du pain ou pour discuter. Boire le thé ou le café sert également
de prétexte à se rassembler pendant plusieurs heures. Les raisons culturelles animent les
déplacements des Marrakchis et des Marocains mais ce ne sont pas les seules. Les
motivations cultuelles influencent aussi leurs trajectoires.
Un autre élément important est la grande fête du mouton. Lors de semaine précédant cette fête
de l’Aïd-el-Kébir, il est coutume de voir les Marrakchis transporter leur mouton sur leur
mobylette. Le jour même de cette grande fête, les Marrakchis se rendent très tôt à la mosquée
pour prier. Ces afflux de personnes vers des lieux identiques et pendant un créneau horaire
similaire donnent souvent lieu à un trafic routier intense. A ce moment de l’année, il est
coutume de voir des personnes en surnombre, prier à l’extérieur de chaque mosquée.
Pendant les moussem, les Marocains sont également nombreux à visiter les mausolées de
leurs aïeux. Ainsi la petite ville de Moulay Brahim compte un grand nombre de visiteurs
réunis pendant plusieurs jours lors de ces fêtes.
Avant la période de Ramadan ou à l’approche des grandes fêtes religieuses, les Marrakchis se
bousculent dans les commerces, les épiceries et les étals des souks pour s’approvisionner en
denrées alimentaires (farine, semoule, lait, œufs, viande, légumes, fruits secs). Ce sont des
périodes festives où les familles achètent plus qu’habituellement. Beaucoup se privent de ces
denrées une grande partie de l’année pour pouvoir acheter davantage lors des fêtes. Pendant la
28
période du Ramadan, les rythmes de vie sont calqués sur les horaires de prière, plus qu’à
l’accoutumé. Les Marrakchis travaillent alors en horaire continu de 9h à 15h. Les horaires des
banques, des administrations et des entreprises sont aménagés. Les habitants se reposent
l’après-midi. A la rupture du jeûne, ils sont nombreux à se rendre à la mosquée, à nourrir les
pauvres, à manger en famille puis à sortir le soir. Pendant les grandes fêtes religieuses
musulmanes, les déplacements terrestres (bus, train et grands taxis) sont complets. Il devient
difficile de voyager. Les Marrakchis le savent et anticipent ce phénomène en se déplaçant
moins ou pas ou en pratiquant le co-voiturage.
Le Maroc étant un pays musulman, les appels à la prière rythment quotidiennement la vie des
habitants. Il n’est pas rare de voir une épicerie fermer le temps de la prière et ouvrir à nouveau
15 minutes après. Beaucoup de Marrakchis prient sur leur lieu de travail ou à proximité. Sur
les trottoirs très larges, il est possible de voir plusieurs personnes se réunir pour la prière dans
une partie de cet espace. Des entreprises ont même aménagé des lieux de prière dans leur
enceinte. Enfin, la plupart des restaurants disposent d’une mosquée, tout comme les pôles
d’échange (gare, aéroport) de la ville. Le vendredi est le jour le plus important de la semaine :
la prière médiane rassemble davantage de fidèles dans les mosquées. Les commerces, banques
et administrations restent fermées le vendredi après-midi. Il s’agit du jour de repos des
Marrakchis, et des Marocains en général. Si les déplacements des Marrakchis relèvent du
domaine cultuel, ils peuvent également faire l’objet de motivations personnelles.
Les différents services qu’offre la ville, incitent la population à se déplacer vers Marrakech.
Cet effet de polarisation de la ville sur une large aire urbaine s’explique par deux
phénomènes. D’une part, Marrakech exerce un effet de centralité à travers les phénomènes de
polarisation, de concentration et de spécialisation fonctionnelle 11 qui s’y opèrent. D’autre part,
cette notion de centralité est renforcée par la volonté de la ville d’attirer des activités et de
créer de l’animation urbaine12. En effet, les villes existent à cause des avantages économiques
et sociaux de proximité13. La Ville ocre dispose en effet de structures et d’équipements divers,
Toutefois, suite au recensement intitulé Santé, éducation, niveau de vie concernant dix
grandes villes au Maroc, Rabat figure en première place et Marrakech en dixième place. La
Ville ocre doit donc améliorer son cadre de vie. Le cadre et la qualité de vie peuvent motiver
les déplacements des habitants mais d’autres conditions influencent leurs déplacements
comme les conditions conjoncturelles et contextuelles.
La Perle du sud compte peu de jours de pluie annuels et quelques jours très venteux (vent
Chergui), le reste de l’année étant ensoleillé. Néanmoins, dès l’arrivée de fortes chaleurs en
juillet et en août (50°C) et afin d’éviter l’insolation, les habitants ne sortent que si cela est
nécessaire, pour des raisons professionnelles, médicales ou pour assurer les besoins primaires
(boire/ manger). Il est coutume de voir les habitants sortir à pied ou à mobylette le soir, dès
que les températures sont plus clémentes, vers la place Jemaa-el-Fna ou le long de l’avenue
Mohammed VI. À cet endroit, nombreuses sont les familles qui se reposent, mangent et
boivent le thé sur des couvertures étendues à même le sol. En dehors de la période estivale, le
climat ensoleillé favorise les sorties et les déplacements des Marrakchis. Ils sortent souvent en
famille durant le week-end. Le contexte climatique joue en effet un rôle influent sur les
déplacements, tout comme le contexte géographique.
Selon que les Marocains habitent en ville ou à la campagne, les trajectoires peuvent être
différentes. Par exemple à la campagne, les femmes vont chercher les enfants à l’école et les
raccompagnent à dos d’âne. D’autres enfants se rendent seuls à l’école. Ils reviennent à la
maison en autostop car l’école étant éloignée de leur village, il n’existe pas de bus scolaire. A
défaut, un homme du village peut faire office de chauffeur scolaire au volant d’un pick-up à
l’arrière duquel montent les enfants. Officiellement, cette méthode n'est pas tolérée par les
autorités car elle est considérée comme dangereuse. De manière générale, les habitants des
campagnes ont plus d’efforts à fournir pour les tâches et trajectoires quotidiennes puisqu’il est
encore rare d’avoir accès à l’eau et à l’électricité ou aux deux à la fois. Ils se déplacent surtout
à pied et chargent leur monture pour transporter des marchandises. Il est courant de voir les
femmes porter sur leur dos de grandes quantités d’herbes qui serviront pour le thé. Quant aux
habitants du désert, ils sont moins nomades qu’auparavant. Ils deviennent sédentaires et
habitent des maisons en dur plutôt que des tentes car l’école oblige leurs enfants à suivre des
cours.
En ville, les enfants se rendent à l’école à pied, en voiture ou en bus. Ils peuvent suivre un
parcours scolaire plus long que les enfants des campagnes puisque les structures disponibles,
publiques et/ou privées, vont de la crèche à l’université en passant par le collège et le lycée.
Toutefois, les enfants des communes rurales avoisinant Marrakech sont de plus en plus
nombreux à rester en internat. Ils rentrent alors chez eux pendant les vacances scolaires.
D’autres enfants, en ville, ne vont pas à l’école et se déplacent d’un carrefour à un autre pour
vendre de l’eau ou des mouchoirs aux automobilistes. Les jeunes filles des campagnes sont
également nombreuses à venir travailler en ville comme femme de ménage. S’il existe des
différences dans les trajectoires entre habitants de la campagne et de la ville, il en existe
également entre les quartiers de Marrakech.
L’afflux croissant de population à Marrakech ainsi que la surdensité de la médina ont conduit
la Ville ocre à résoudre les déséquilibres engendrés par cette métropolisation. De ce fait, la
commune urbaine de Marrakech a choisi de créer de toutes pièces une ville nouvelle appelée
Tamansourt (Figure 03). Sortie de terre en 2005, elle est située à 10 km au nord-ouest de
Marrakech. Actuellement, Tamansourt compte 50000 habitants et le projet prévoit une
population de 200000 à 300000 habitants. Des villas, des riads et des appartements s’y
construisent ainsi que des logements sociaux et des villas économiques, au cœur
d’infrastructures et de superstructures qui seront novatrices.
D’une part, les motivations économiques animent les trajectoires des Marrakchis : la
recherche d’un travail ou le prix plus attractif de l’immobilier en zone péri-urbaine sont autant
d’exemples qui conduisent les habitants ou les travailleurs à se déplacer. D’autre part, les
motivations sociales sont une des causes de la mobilité des Marrakchis : ils sont de plus en
plus nombreux à préférer habiter un logement neuf et moderne, symbole d’ascension sociale,
plutôt qu’un dar16 ou un riad de la médina. Ce sentiment est renforcé par le fait que plus de
24% des logements occupés ont plus de 50 ans et que 17% des Marrakchis n'ont accès ni à
l’électricité ni à l'eau1718.
Dans les années 1990, le boom immobilier des riads a engendré des changements de
trajectoires des autochtones et des étrangers. L’engouement des Européens pour l’achat et la
rénovation de dars et de riads à l’abandon, engendre alors une spéculation des prix de ces
biens immobiliers. Cette inflation se répercute sur les valeurs foncières, entraîne le départ de
populations et l’arrivée de nouveaux habitants : le phénomène de gentrification exogène de la
médina prend forme. Les catégories sociales moyennes marrakchies migrent alors vers les
zones péri-urbaines (Figure 04).
Suite à cette inflation des prix dans la médina, un constat s’impose : plus le quartier est
éloigné du centre-ville et plus les prix des logements sont abordables. De surcroît, ces CSP
(Catégories Socio Professionnelles) privilégient les nouveaux quartiers car ils disposent de
16 Maison.
17 Recensement Santé, éducation, niveau de vie. Le top 10 de nos villes. Http://www.telquel-
online.com/217/maroc2_217.shtml.
18 Extrait du magazine d’information Telquel, 2011.
33
logements neufs et salubres. Par conséquent, les déplacements toujours plus nombreux vers la
périphérie impliquent de répondre aux besoins des habitants en termes de logements mais
aussi en termes de mobilité. En outre, 23% de la population de la préfecture de Marrakech vit
dans les zones périphériques de la ville. Ces zones présentent d’ailleurs une croissance plus
élevée que celle de la ville (+2,78% par an contre +2,01%). Près de 240000 personnes
résident en zone périphérique : cette population a des liens de travail et d’accès aux services,
localisés à Marrakech.
INVESTISSEURS
ETRANGERS Achat de riads
Dans cette logique de périurbanisation, l’habitat (Figure 05) supplante les zones d’activités
qui sont peu présentes ou pas. Les ménages s’installent dans un environnement fait
d’immeubles isolés, de lotissements et de collectifs récents. Toutefois, les commerces et
services de proximité de base y sont disponibles. (Figure 06). Les éléments de la culture et de
la citadinité arabe sont ancrés dans le quotidien des Marrakchis : mosquée, four à pain,
hammam, souk et médersa19 font partie du paysage urbain de chaque quartier. Néanmoins,
certains achats se font uniquement au souk de la médina où la qualité de l’artisanat est
présente (Figure 07).
19 Ecole coranique.
34
Figure 05. Immeubles et collectifs récents, quartier Mabrouka, Marrakech.
Cliché : A.NAKHLI, 2014.
35
Figure 07. Souk des tapissiers, médina de Marrakech. Cliché A.NAKHLI,
2010.
Cela est également vrai pour les ménages insolvables de la médina. Ils ne peuvent guère se
hasarder à quitter les abords de la zone centrale car la médina reste encore le seul espace au
diapason de leur système d’échange et de fabrication ou de leur pouvoir d’achat. Leur
mobilité est se caractérise par des déplacements dans une zone géographique proche de leur
lieu d’habitat.
Depuis l’attentat à la bombe en avril 2011 sur la place Jemaa-el-Fna, d’autres trajectoires ont
vu le jour. Les Européens installés depuis plusieurs années à Marrakech ont alors vendu leurs
riads et opté pour un retour volontaire et définitif en Europe.
Actuellement, l’inflation des prix de l’immobilier concerne désormais les programmes neufs
situés en périphérie. Destinés au départ à des catégories sociales modestes, beaucoup
d’appartements situés en périurbain ont été vendus à des spéculateurs. La plupart de ces
programmes restent alors inhabités, ce qui amène les Marrakchis à ne pas déménager ou bien
à habiter encore plus loin pour acquérir des biens immobiliers à des prix plus attractifs.
Comme nous venons de le souligner, les déplacements des Marocains et des Marrakchis
peuvent résulter d’un ou de plusieurs évènements, qu’ils soient politiques ou sociaux (Attentat
à Marrakech en 2011, Printemps arabe en 2011), climatiques (séisme d’Agadir en 1960,
36
tsunami à Casablanca en 2014), sanitaires (pollutions des eaux et de l’air), économiques
(fermeture du Groupe Léoni en 2013) ou financier (hyperinflation). Tout comme il existe
plusieurs facteurs qui peuvent influencer les déplacements des individus, il existe également
plusieurs types de déplacements.
Tous les déplacements ne sont pas porteurs du même sens et des mêmes valeurs selon les
individus. Les déplacements peuvent être choisis ou imposés. Toutefois, dans des conditions
extrêmes, la limite entre les deux est floue. Plusieurs types de déplacements peuvent être
catégorisés : ceux des pratiques, ceux des capacités et ceux des obligations. Les déplacements
des pratiques concernent le travail, les études et les divertissements. Les déplacements des
capacités concernent ce que les individus peuvent faire. Par exemple, une personne valide
peut se déplacer et un individu disposant d’une voiture peut accéder à un large éventail
d’offres et de services par rapport à un individu non motorisé. Enfin, les déplacements des
obligations concernent ce que les individus doivent faire : se déplacer en raison d’événements
climatiques, sanitaires ou politiques.
Tout déplacement est motivé par un objectif. Comme le souligne le rapport sur les transports
urbains du Commissariat Général du Plan, les déplacements ne sont pas un objectif en soi. On
ne se transporte pas par plaisir ou par devoir moral mais pour satisfaire des besoins et
atteindre des fins individuelles ou collectives. Il n’y a pas d’action sans mobile, de mobilité
sans motifs, de déplacement sans objet, de transport sans activité sociale associée. Les
transports sont des facteurs de liaison, des moyens de contact et de mise en relation, des
vecteurs d’échange et d’intégration sociale. Ces caractères sont encore plus marqués en milieu
urbain, plus dense et actif que les autres contextes de vie.
La mobilité implique un changement par rapport à l’espace quotidien ou par rapport au
territoire qu’un individu connaît. Certains sont sédentaires et d’autres, nomades. Le
sédentarisme concerne les émigrations et les déménagements. Ces migrations sédentaires se
caractérisent aussi par les mouvements des individus qui fuient la pauvreté, les catastrophes
naturelles et les conflits. Le nomadisme concerne les communautés transfrontalières, les
nomades, les voyages d’affaires et le tourisme.
37
En France, le ministère du tourisme définit comme touristiques les déplacements donnant lieu
à au moins une nuit hors du domicile. Pour les transporteurs, un déplacement à longue
distance est un déplacement de plus de 160 km. Pour l’organisation mondiale du tourisme, il y
a excursion internationale lorsqu’on franchit une frontière pour un autre motif que le travail
habituel (comme le font les travailleurs transfrontaliers), et tourisme international lorsqu’on
franchit une frontière et qu’on passe au moins une nuit dans le pays d’accueil. Si la mobilité
urbaine permet souvent de réduire les distances-temps entre les individus, elle peut aussi
parfois être un facteur d’exclusion sociale.
En effet, cette relation entre mobilité sociale et mobilité spatiale pose la question de savoir si
un changement de position dans l’échelon social conduit un individu à des déplacements
géographiques et/ou à des mobilités différenciées.
Il est vrai que tout le monde n’a pas la capacité de se déplacer. Les conditions économiques
d’un ménage ou d’un individu peuvent être un frein à la mobilité. Comme l’indique le
professeur en aménagement et urbanisme, Sylvie FOL,
« se déplacer ou être ancré dans un quartier bien desservi permet d’augmenter ses chances de
trouver un emploi»20.
Parfois, ce sont les conditions de santé d’une personne qui ne lui permettent pas de se
déplacer comme elle le souhaite : handicap moteur, visuel ou intellectuel et parfois ce sont les
conditions matérielles : les transports ne sont pas adaptés au handicap ou bien la voirie21 est
non réglementaire.
Au Maroc, deux équations se posent. D’une part, la pluralité des langues existantes - berbère,
arabe et français- nécessite une traduction dans le domaine des transports collectifs. D’autre
part, des solutions peuvent être aménagées pour lutter contre l’analphabétisme. En effet,
48,4% d'adultes marocains n'ont aucun niveau d'instruction (Source HCP). Des sigles de
couleur et de formes ou encore des sons pourraient servir d’éléments indicateurs dans les
Nous pouvons donc dire que chaque trajectoire est unique mais qu’il existe des tendances et
des similitudes de l’ensemble des déplacements. Intéressons-nous à présent aux généralités
sur les déplacements et les infrastructures de la ville de Marrakech.
22 D’après le résumé du colloque Mobilité sociale – mobilité géographique : les enjeux socio-spatiaux de la
mobilité ?, Strasbourg III.
39
CHAPITRE II. Généralités sur les
déplacements et les infrastructures
A Marrakech, les habitants se déplacent chaque jour. Pour ce faire, des modes de transport et
des réseaux d’infrastructures sont à leur disposition. Habitants et entrepreneurs, femmes et
familles nombreuses peuvent privilégier un mode de transport plus qu’un autre, selon le tarif,
l’accessibilité du site ou la fréquence horaire proposée.
Dans la Perle du sud, il est possible de se déplacer en voiture, en taxi, en bus, à pied, à vélo, à
moto, en charrette et en calèche. Il est possible de louer différents types de véhicules :
voitures, motos, 4x4 et vélos électriques. Le site de Marrakech est un site géographique plat,
favorisant ainsi l’utilisation des deux-roues. Le déplacement en calèche et en charrette est une
caractéristique de Marrakech qui compte également une grande mobilité pédestre.
Le déplacement à pied est le seul moyen de visiter la médina. C’est aussi le moyen le plus
commode car les ruelles sont étroites et encombrées. Beaucoup de Marrakchis et de touristes
se déplacent à pied dans la ville pour des raisons de praticité, en particulier dans la ville
ancienne qui dispose d’une trame urbaine aux rues étroites et enchevêtrées. Toutefois, pour
les uns, la faiblesse du niveau des revenus et la baisse du pouvoir d'achat ne laissent d’autre
40
alternative que la marche sur de longues distances. Pour d’autres, il s’agit du prix élevé du
carburant ou de celui des véhicules à l’achat.
Quant au déplacement en charrette, il est surtout utilisé pour la vente de fruits et légumes dans
les différents quartiers ou bien pour le transport de matériaux à l’intérieur de la médina
(Figure 08). Les charrettes sont utilisées au maximum de leur volume pour desservir les
différents quartiers de la ville sur une grande amplitude horaire journalière. Des trucks sont
également customisés et adaptés avec le système-D pour transporter des volumes importants
de marchandises. Il est également courant de transformer l’usage initial d’un véhicule :
l’utilisation des trucks à ciel ouvert devient un transport de personnes avec cinq ou six
personnes à l’arrière du véhicule.
Concernant les calèches, elles font partie du folklore marrakchi pour faire le tour des
remparts, visiter la médina (Figure 09) ou découvrir le quartier huppé de la Palmeraie. Rares
sont les villes au Maroc à avoir conservé la calèche comme mode de transport. Toutefois, son
utilisation est appréciée des Marrakchis comme des visiteurs. Les calèches sont stationnées à
l’ouest de la place Jemaa-el-Fna, à l’intérieur de Bab Doukkala et aux abords des grands
hôtels. L'arrêt principal des calèches se trouve face au Club Med, au niveau du square
Foucauld, ou place de la Liberté, à la jonction du quartier de l'Hivernage et du quartier Guéliz
(Carte 03).
Marrakech compte 150 calèches environ. Elles doivent satisfaire au contrôle du bureau des
voitures chaque matin. Le cocher peut la louer pour 1500 Dhs (Dirhams) mensuels ou
l’acheter (prix allant jusqu’à 300000 Dhs). Toute calèche est tenue d’acheminer ses voyageurs
de la place Jemaa-el-Fna jusqu’à la gare routière pour 15 Dhs. Il s’agit de l’ancienne ligne
créée sous le protectorat français. Les prix sont affichés. La course coûte 20 Dhs. Le tarif
horaire varie de 60 à 80 Dhs voire 100 Dhs et il est possible de monter à quatre personnes. Il
faut compter 120 Dhs pour une durée de 30 à 40 min de calèche pour aller du Mellah à
Majorelle avec le tour des remparts. Pour un grand tour, le prix approximatif est de 200 Dhs
(18,20 €). D’autres modes de transports sont également disponibles, tels que la voiture, la
motocyclette ou le taxi.
41
Figure 08. Transport de marchandises en charrette, place Jemaa-el-Fna.
Cliché A. NAKHLI, 2010.
42
Carte 03.Ville de Marrakech, moyens et réseaux de transport (2014). Source : plan de Marrakech. Réalisation : A. NAKHLI.
43
2.1.1.2. En voiture, à moto et en taxi
En voiture, il est possible de parcourir le reste de la ville. Il y a souvent des embouteillages les
vendredis et samedis soirs, surtout depuis la mise en service de l'autoroute de Casablanca.
Louer un véhicule est une solution envisageable pour se déplacer dans la Ville ocre. Plus de
400 agences de location de voitures sont installées à Marrakech: grands loueurs
internationaux (Avis, Europcar, Holiday Autos) tout comme agences locales (Raid Evasion,
Mexicana Tours, Fun Burn, Moda Car, Loc 2 Roues, Chevalier Cars, Sky Car). Il est possible
de louer une voiture, un 4x4, une moto, un scooter ou un deux-roues. La location de voiture
au Maroc est assez onéreuse, surtout en haute saison : environ 400 Dhs/jour pour un véhicule
de catégorie A, avec l’assurance. La location d’une voiture de catégorie moyenne coûte 500 €
pour la semaine mais le prix peut être moins cher par un voyagiste 23. L’agence de location
Auto-Escape réserve auprès des loueurs de gros volumes de location et propose ainsi des
tarifs très compétitifs.
Les voitures de location sont disponibles pour les personnes d'au moins 21 ans. La plupart des
permis de conduire européens sont reconnus au Maroc. Toutefois, un permis de conduire
international est recommandé. L'agence a le droit de vérifier les dossiers de conduite pour les
violations avant d'approuver la location. Dans la médina, il faut savoir que la place Jemaa-el-
Fna est interdite aux voitures dès 13h. Outre la voiture, le deux-roues est très utilisé dans la
Perle du sud.
Le deux-roues est en effet le moyen de déplacement le plus utilisé à Marrakech et le plus prisé
des habitants (Figure 10) : la ville compte 500000 engins dont 140000 motos. De nombreux
parkings pour les mobylettes et les motos existent dans plusieurs quartiers de la ville.
Ce peut être un moyen de transport pratique pour découvrir les environs de Marrakech. Il est
recommandé de s'adresser à un loueur qui a pignon sur rue, car la plupart d'entre eux n'ont pas
d'assurance. Pour deux personnes, le prix journaliser varie de 400 à 600 Dhs (36 à 54 €),
quasiment le prix d’une location de voiture de catégorie A. Des motocycles peuvent
également se louer dans les quartiers Guéliz, Hivernage et Assif (Carte 03 p. 43).
Quant aux parkings, le principal lieu de stationnement est celui de Bab-el-Jedid. Il existe
d’autres petits parkings : dans la ville, vers la place Youssef-ben-Tachfine ou à proximité de
la mosquée de la Koutoubia (Carte 03 p. 43). Les panneaux d’interdiction de stationner ne
sont pas toujours visibles. Toutefois, il est recommandé de bien les identifier au risque de voir
son véhicule emmené à la fourrière, ce qui est relativement fréquent en ville. Le remorquage,
la taxe communale et l’amende coûtent dans ce cas 500 Dhs. Pour la plupart des places de
stationnement, des gardiens qui dépendent de la municipalité surveillent les véhicules. Ils ne
perçoivent pas de rémunération et les habitants ont coutume de leur donner un à deux Dhs de
l’heure en journée et cinq Dhs le soir ; dix Dhs pour la surveillance toute la journée, le double
pour la surveillance toute la nuit (environ 2 €). Quelques places de stationnement disposent
d’horodateurs depuis 2011. Les parcmètres coûtent 25 Dhs de l’heure, du lundi au samedi, de
7h à 23h. S’il y a un dépassement de durée, un gardien équipe le véhicule d’un sabot (Figures
11 et 12). Pour éviter tout désagrément avec une voiture, il existe un moyen très commode de
se déplacer à Marrakech : il s’agit des petits taxis.
45
Figure 11. Stock de sabots à côté d’un horodateur, quartier Guéliz à
Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2010.
Figure 12. Mise en place d’un sabot sur un véhicule, quartier Guéliz à
Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2010.
46
Les petits taxis (Fiat Uno ou 205) sont de couleur ocre à Marrakech (Figure 13). Ils sont
identifiables à leur enseigne et à leur numéro de taxi. Ils se déplacent partout en restant dans
les limites du périmètre urbain et prennent trois passagers maximum. Ils sont munis de
compteurs, avec une prise en charge de six Dhs.
Le tarif moyen de la course dans la zone touristique est de 10 Dhs à 20 Dhs et le tarif moyen
de la course en ville varie de 8 à 12 Dhs. Pour la traversée de la ville, il faut compter 40 Dhs
et 80 Dhs après 20h. Le trajet aéroport-ville coûte entre 50 et 100 Dhs. Les tarifs sont plus
chers pour la Palmeraie et vers la périphérie de la ville. Il est important de tenir compte d'une
majoration de 50% en hiver de 20h00 à 06h00 (du 1er octobre au 30 avril), et en été de 21h00
à 05h00 (1er mai au 30 septembre). Il existe 2000 taxis stationnés principalement vers la place
Jemma-el-Fna, la gare routière et l’avenue Mohammed V (Carte 03 p. 43). Ce sont les
véhicules les plus nombreux.
Il est également possible d’utiliser des taxis verts. Il suffit d’appeler une centrale 24 et de
préciser le trajet souhaité. Le prix est fixé à l’avance sur la base du tarif du compteur, majoré
de 10 Dhs le jour et de 15 Dhs le soir. Le taxi vient ensuite chercher le client à l’heure et au
lieu convenus. Chaque taxi à son numéro pour être identifiable par la police.
Les petits taxis effectuent les trajets dans le périmètre de la commune urbaine. Pour sortir de
la ville, il faut utiliser les grands taxis (anciennes Mercedes) qui disposent d’un plus grand
confort (Figure 14).
Dotés de six places, ils ne partent que lorsqu’ils sont pleins et conduisent les passagers vers
les villes et villages de la région du Tensift al Haouz dont Marrakech fait partie (Carte 04).
Beaucoup sont situés derrière la gare routière. De nombreux départs se font à destination
d’Essaouira et d’Agadir chaque jour. Pour les liaisons interurbaines, les tarifs proposés sont
légèrement supérieurs à ceux des bus. Il existe également des minibus, intermédiaire entre le
grand taxi et le bus. Le prix est à définir au départ. Les grands taxis n’ont pas de compteur.
Pour une course dans un rayon de 15 à 20 km du centre-ville, le tarif est d’environ 120 Dhs.
La course coûte 30 Dhs pour se rendre dans la périphérie de la ville. Après 20h, le tarif est
majoré de 50%.
48
Carte 04. Régions administratives du Maroc (2014). Réalisation : A.
NAKHLI.
49
Les tarifs des grands taxis depuis l’aéroport varient selon les lieux de destination (Tableau
01).
Guéliz 60
Semlalia 65
Grands et petits taxis permettent de se déplacer dans et en dehors de Marrakech. Pour mieux
organiser ces déplacements, il serait bien que plusieurs centrales de taxis soient créées. C’est-
à-dire des centrales de taxis fonctionnant sur le même principe que celle des taxis verts. En
contactant la centrale, il est alors possible pour l’usager de réserver l’heure, le lieu et la date à
laquelle il souhaite utiliser les services d’un taxi.
25 Une des nombreuses portes de l'enceinte de la médina de Marrakech. Chaque porte a un nom. Celle de Bab-
er-Robb est située au sud de la médina, à proximité du Palais royal.
50
Carte 05. Découpage administratif de la région du Tensift al Haouz (2014). Réalisation : A. NAKHLI.
51
Actuellement à Marrakech, pour les habitants ou les travailleurs des entreprises et des
administrations dans les quartiers où les taxis circulent peu, il est nécessaire de connaître les
numéros de téléphones portables personnels d’un ou de plusieurs chauffeurs de taxi. Parmi les
inconvénients de ce type de fonctionnement, nous pouvons citer les délais trop longs tant pour
le taxi (trajet) que pour le client (attente) et la préférence des habitants pour la marche à pied.
En effet, le chauffeur de taxi aurait pu accepter une autre course plus proche du lieu où il se
trouvait, ce qui aurait été plus rentable pour lui. Quant au client, il est amené à anticiper
l’appel du taxi plusieurs heures auparavant, prenant le risque que le taxi oublie de venir. Les
habitants préfèrent donc marcher mais le trajet est plus long et plus fatigant. Par ailleurs, le
taxi perd des clients potentiels.
La création d’une centrale engendrerait des économies financières et des gains de temps pour
tous. Elle serait également plus pratique. En effet, le taxi ne fait pas de détour pour venir
chercher un client. Il est orienté vers les clients les plus proches de sa trajectoire et il
économise des frais d’essence. Le client, lui, est assuré qu’un taxi à proximité de son lieu de
départ, réponde à sa demande (délai d’attente d’un quart d’heure maximum par exemple). Le
taxi sait qu’il aura plusieurs courses à effectuer dans la journée, la soirée et/ou la nuit, grâce
au principe de relation avec la centrale.
Selon la demande du client, le gabarit du taxi est adapté au nombre de personnes à transporter.
Le client est satisfait de la ponctualité du taxi, et arrive ainsi à l’heure à l’endroit souhaité.
Cela favorise la diffusion d’une bonne image de la centrale et engendre des retombées
économiques favorables.
Par ailleurs, tous les quartiers de la ville peuvent être desservis. Les taxis sont répartis
équitablement avec l’instauration d’un principe d’alternance journalier dans leur rotation.
Exemple : taxi n°1 dessert les quartiers A et B le lundi, les quartiers C et D le mardi etc.
Enfin, ce système de centrale permet de réduire les nuisances olfactives. Les taxis
consomment moins d’essence puisqu’ils n’effectuent pas de longs trajets entre chaque course.
Toutefois, la création d’une centrale de taxis suppose au préalable une très bonne coordination
logistique entre elle et les taxis, l’équipement des véhicules et enfin leur entretien, pour ce
type de prestation. Si les taxis sont nombreux à Marrakech, ils ne sont pas les seuls moyens de
locomotion dans la ville. Des autobus permettent également de parcourir la Perle du sud.
52
2.1.1.3. En autobus
Quant aux transports collectifs, des bus climatisés ALSA desservent la ville (Figure 15).
Depuis 1999, la compagnie espagnole ALSA CITY gère le transport urbain et périurbain de
Marrakech par l’intermédiaire de 35 lignes dont 20 en ville (Carte 06) et 15 en périphérie. Elle
compte un parc de 210 véhicules. Le contrat de l’exploitant actuel à Marrakech qui avait été
décroché pour 15 ans a été prolongé de cinq ans en contrepartie d’un rajeunissement du parc.
En 2007, la société des transports urbains a traité un trafic de 45 millions de passagers pour un
chiffre d’affaires de 160 millions de dirhams. En 2008, Marrakech a été récompensée pour la
26 Http://vivreaumaroc.wordpress.com.
53
performance réalisée par son réseau d’autobus. La société de transport urbain ALSA fut
distinguée par son équipementier allemand ZF pour ses prouesses techniques. Les bus du
transporteur marrakchi auraient couvert un million de kilomètres sans jamais enregistrer de
panne au niveau des boîtes de vitesse.
Pour appuyer son image de bon gestionnaire des transports collectifs, la société espagnole
prend en considération les plaintes des usagers. Avant le rajeunissement du parc d’autobus,
les usagers se plaignaient de leur manque de confort (vétustes, climatisation ou chauffage trop
fort). Globalement, en comparaison avec la situation d’avant 1999, les usagers se disent
satisfaits de l’offre actuelle proposée car l’ensemble des lignes dessert la plupart des quartiers
de la ville. Sans comparaison avec la situation d’avant 1999, les usagers constatent que cette
desserte de l’ensemble des quartiers reste toutefois relative. Ainsi, faute d’autobus dans leurs
quartiers, notre enquête de terrain révèle que les usagers utilisent principalement le vélo, puis
la moto, le grand taxi, le bus et enfin, le covoiturage.
Certains d’entre eux ont écrit à la société ALSA lorsque leur quartier n’était pas encore
desservi par les autobus. La société espagnole prend en considération les réclamations et les
observations qui ont été faites et cherche en tout cas à améliorer son offre de transports
collectifs. Depuis, les quartiers comme Asli (ligne 14) sont desservis par les autobus.
Par ailleurs, place Jemaa-el-Fna, des contrôleurs veillent à la bonne gestion et aident à
l’organisation de la circulation des bus. Ils renseignent les usagers et s’assurent que les bus
arrivent à l’heure.
Les tickets s’achètent soit au siège de la société qui est situé à Marrakech, soit auprès des
buralistes ou soit auprès du chauffeur de bus. Le prix du ticket est de 3,5 Dhs pour les trajets
en centre-ville. Les tarifs des trajets périurbains sont croissants de la distance à parcourir. Les
tarifs s’étendent de 4,5 Dhs le ticket pour les destinations les plus proches jusqu’à 18 Dhs
pour les plus lointaines. Pour un usager qui envisage de se déplacer en autobus pendant une
durée de cinq jours ou plus, il existe une carte magnétique vierge Ikhlas à 50 Dhs qui s’achète
dans les bus. Il faut ensuite charger la carte du nombre de trajets que l’usager souhaite
effectuer. Le prix du ticket revient alors à 2,80 Dhs, ce qui est plus avantageux que l’achat
d’un ticket pour chaque voyage.
L’amplitude moyenne horaire des autobus, toutes lignes confondues, s’étend de 6h à 22h, en
semaine et durant les week-ends. La fréquence moyenne des bus est de 10 à 20 minutes.
Quant aux lignes d’autocar à destination des grandes villes, leur départ s’effectue depuis la
gare routière de Bab Doukkala ou bien de la gare ferroviaire ou depuis les agences CTM et
54
Supratours (Carte 03 p.43). Les bus de ville sont souvent bondés, tout comme les bus
panoramiques, dont le succès ne se dément pas.
Avec l’essor touristique que connaît Marrakech, les bus panoramiques facilitent en effet les
déplacements dans la ville (Figure 16). Ils sillonnent la ville et sont la propriété de la filiale de
l’exploitant actuel des transports de Marrakech : ALSA CITY. En 2008, 150000 clients ont
emprunté les bus panoramiques de Marrakech Tour. Mis en service en 2005, les bus
panoramiques permettent de découvrir la ville selon trois circuits (Tableau 02 et Carte 07).
55
Carte 06. Plan du réseau urbain de l’agglomération deMarrakech (2012). Source :www.alsa.ma.Réalisation : A. NAKHLI.
56
Circuit 1 : Historique Circuit 2 : Agdal Circuit 3 : Oasis
1 Office du tourisme
3 Opéra La Palmeraie
12 Jardins de la Koutoubia
14 Palais de la Bahia
16 Hôtel de Ville
17 Place de la Liberté
18 Place du 16 Novembre
Tableau 02. Les trois circuits des bus panoramiques de Marrakech, 2013.
Source : www.alsa.ma. Réalisation : A. NAKHLI.
57
Carte 07. Circuits des bus panoramiques de Marrakech (2014).
Réalisation : A. NAKHLI.
58
Le service est assuré par quatre autobus rouges décapotables équipés d’un système audio
multilingue qui permet aux passagers de découvrir l’histoire de chaque monument. Le tour de
ville dure 1h20. Il fonctionne sur le principe du hop-on, hop-off : pendant 24 ou 48h, les
touristes descendent où ils veulent et remontent dans n'importe quel autre bus suivant. Le prix
d’un circuit panoramique 24h est de 145 Dhs pour les adultes et de 65 Dhs pour les enfants.
Le Pass 48h coûte 190 Dhs. Les quatre bus font chacun 25 arrêts sur un parcours traversant
les principaux monuments historiques et points d'attraction de la ville. La Ville ocre est la
70ème ville du monde à offrir ce service à ses touristes.
L’offre proposée par Marrakech Tour bénéfice de l’expérience acquise par le plus important
opérateur de circuits panoramiques, la société City Sightseeing, filiale du groupe ALSA,et
implantée dans plus de 80 pays. Elle entend investir 7,75 millions d’euros dans ce créneau et
développer des circuits similaires à Casablanca, Rabat et Fès. Cet investissement contribue à
la création de 120 postes d’emplois directs et indirects. City Sithtseeing entend désormais
conquérir 400 000 touristes annuels avec ses bus panoramiques. Toutefois, l’usage du vélo est
plébiscité par de plus en plus de touristes et de marrakchis.
2.1.1.4. A vélo
A vélo, le site de Marrakech est en effet idéal pour l’utilisation de ce mode de transport.
Plusieurs loueurs et certains hôtels proposent des locations de vélos pour découvrir l’intérieur
de la médina. Le tarif est de 100 Dhs (9,10 €) la journée. Les loueurs se trouvent sur l’avenue
du Président Kennedy, dans le quartier Hivernage et devant les hôtels (Carte 03 p. 43). Les
Marrakchis en sont de fervents utilisateurs : la ville en compte 40000. C’est le mode de
transport le plus accessible au niveau financier : étudiants, ouvriers, petits fonctionnaires et
même cadres moyens de l’administration l’utilisent.
Des pistes cyclables assez sûres conduisent aux jardins de la Menara, traversent un bout de la
Palmeraie et font le tour des remparts. Hors de cette zone, circuler à vélo est dangereux.
Des vélos électriques sont également disponibles via l’agence Rentbee, située près de la
mosquée de Guéliz. Celle-ci propose 25 vélos électriques pour découvrir la région par des
balades sur mesures et des sorties à thèmes : rencontre avec les autochtones des villages
alentours, nuit chez l’habitant etc. Ce moyen de transport permet de réduire les émissions de
59
gaz à effet de serre. C’est plus écologique que d’utiliser une moto ou une voiture et
l’utilisateur a moins d’efforts à fournir pour avancer puisque c’est électrique. Les locations à
la demi-journée coûtent 100 Dhs de 9h à 13h et de 14h à 18h. Pour la journée complète, le
prix revient à 150 Dhs.
Il est difficile de connaître le nombre total de vélos à Marrakech car le marché du vélo est
accessible à toutes sortes de transactions non contrôlées. Beaucoup de bicyclettes arrivent par
la voie de la contrebande et de nombreuses transactions individuelles sont effectuées au souk
de Bab Doukkala, sans passer par des concessionnaires. Si l’usage du vélo est plébiscité par le
plus grand nombre à Marrakech, celui de l’avion ou de l’hélicoptère l’est par un petit nombre.
Les modes de transport aérien tels que l’hélicoptère ou l’avion sont plutôt considérés comme
des activités de loisirs onéreuses. Toutefois, certains hommes d’affaires les utilisent comme
taxi aérien. A Marrakech, cinq entreprises permettent de découvrir la Perle du sud et sa région
depuis le ciel.
Néanmoins, ce mode de transport reste onéreux puisque le prix de départ est de l’ordre de
1500 Dhs sur la base de trois personnes. Il est prisé des hommes d’affaires et des entreprises
internationales. Cependant, le mode de transport qui connaît une demande de plus en plus
croissante reste la voiture.
60
2.1.2. Une demande croissante pour l’achat de voitures
Considéré comme un bien d’équipement durable par les Marocains, ce symbole d’ascension et
de réussite sociale permet à un individu de circuler où et quand il veut, sans dépendre des
transports publics.
En 2001, environ 1700000 véhicules sont en circulation (motos, tourisme, utilitaires) contre
800000 en 1990 (Graphique 01). Le parc automobile marocain, qui s’élève à 1,8 million de
véhicules en 2003, augmente de 36% en 10 ans. Son taux annuel moyen de croissance est
passé de 4,7% à 7,5% entre 1950 et 1990. Il se compose à 75% de véhicules particuliers et à
25% de véhicules utilitaires. En 2004, 54928 véhicules neufs ont été vendus (soit une
progression de +10% par rapport à 2003) dont 15000 montés à la SOMACA (Société
Marocaine de Construction Automobile28). En décembre 2007, la conjoncture chez les
distributeurs automobiles est des plus favorables et ce, bien que le taux de pénétration soit de
1 véhicule pour 80 ménages, que le taux de véhicules diesel soit de 70% et que la moyenne
d’âge du parc automobile avoisine les 15 ans.
Selon l’ancien président de l’AIVAM, l’importation de voitures30 par des particuliers ne peut
concurrencer le marché marocain puisque les véhicules disponibles sur place disposent
aujourd’hui des mêmes prix que ceux pratiqués en Europe. Le volume des véhicules
d’occasion importés avoisine les 20000 unités, soit près de 20% du marché global et concerne
essentiellement les véhicules haut de gamme (voiture de luxe, 4x4).
62
Avec une concession de 30 ans sur la zone franche du port de Tanger Med, le constructeur
RENAULT NISSAN, entend quant à lui, développer les exportations (à terme, 1200 voitures
au quotidien) et les importations de véhicules en direction de l’Europe. L’acheminement des
voitures Renault se fera en train depuis Tanger vers l’ensemble des villes du Royaume.
En avril 2009, la demande pour de nouvelles voitures est en hausse : les ventes enregistrent
une croissance de plus de 26% comparativement à la même période de l’année précédente.
71362 unités sont vendues au cours de cette période tandis que 49329 voitures sont importées
(soit une croissance de près de 24 %). Plusieurs facteurs expliquent le développement de la
demande croissante pour l’achat de voitures.
Plusieurs facteurs impulsent l’achat de voitures neuves au Maroc. Tout d’abord, nous pouvons
constater une meilleure adaptation sur le marché entre l’offre et la demande ainsi que
l’introduction de voitures low-cost ou à un prix inférieur à 100000 dirhams. D’autres
événements ont renforcé l’achat de voitures neuves comme l’accroissement de la concurrence
entre les concessionnaires et la multiplicité des offres et des prix de la part des importateurs.
Enfin, les mesures incitatives des sociétés de production et des banques ainsi que la baisse du
coût du crédit à la consommation ont également joué un rôle important dans l’accroissement
de l’achat de voitures neuves.
Suite au succès rencontré, l’Etat lance un cyclomoteur économique à 5000 Dhs ainsi qu’un
véhicule utilitaire léger économique à moins de 1000 Dhs.
Puis le Ministère du Commerce propose le vélo économique et le triporteur économique. Des
triporteurs de 500 kg de charge utile avec des motorisations de 50 cc et de 150 cc sont
construits tandis que Mondial Motors lance un scooter commercialisé à partir de 9000 Dhs.
Les triporteurs se déclinent en trois catégories : les triporteurs publicitaires, frigorifiques ou
de personnes. Quatre modèles de vélos économiques existent : un modèle standard à 650 Dhs
et trois autres modèles VTT de 22, 24 et 26 pouces.
En juillet 2005, les achats de voitures de particuliers ont connu le plus de succès avec le
lancement de la voiture Dacia Logan du groupe RENAULT (Figure 17), ce qui a d’ailleurs
dopé les ventes de voitures neuves. Les meilleures ventes concernent ensuite les véhicules
utilitaires et enfin les véhicules de luxe de type 4x4.
L’émergence d’une classe moyenne engendre également une hausse des achats de voitures
neuves. Au Maroc, 30% des foyers bénéficient d’un pouvoir d’achat susceptible d’intéresser
les producteurs et les distributeurs de biens de consommation moderne : 15% ont un revenu
mensuel supérieur à 15000 Dhs et 15% entre 8000 et 14000 Dhs (Ils résident essentiellement
dans les grandes villes)33.
Toutefois, le nombre total de véhicules vendus entre 2008 et 2009 ne dépasse pas les 30000
unités. Ce phénomène s’explique en partie par le grand taux de pauvreté du pays et par
l’application de prix qui restent élevés, malgré les efforts cités précédemment par les
différents acteurs du secteur de l’automobile. Par ailleurs, les données de la CNSS en 2009
indiquent que les salariés sont peu rémunérés. Le salaire moyen déclaré est de 3000 Dhs et un
salarié assuré sur deux perçoit entre 1842 Dhs et 6000 Dhs. Seulement 10 % ont un salaire
égal ou supérieur à 6000 Dhs tandis que dans la Fonction publique, le traitement moyen est de
l’ordre de 7000 Dhs mensuels. Ainsi, l’achat d’une voiture reste un acte onéreux pour de
nombreux ménages marocains.
En effet, l’achat d’une voiture reste un acte onéreux pour beaucoup de ménages. Sachant que
le SMIC 2010 au Maroc est de 10,64 Dhs de l’heure et que les Marrakchis travaillent en
moyenne 44 heures par semaine, le revenu mensuel des ménages les plus modestes est de
moins de 1900 Dhs (171€). En 2005, le revenu annuel par habitant s’élève à seulement 1330€.
Au Maroc, la part de la population vivant en-dessous du seuil de pauvreté absolue est passée
65
de 13% à 19% (soit 3,2 à 5,3 millions de personnes sur les 31 millions d’habitants du pays) 34.
La ville compte près de 8% de pauvres et 16% des Marrakchis vivent dans une situation
précaire.
Certains ménages n’achètent donc pas de voiture bien qu’ils en aient besoin, d’autres achètent
à crédit et d’autres encore économisent des années pour effectuer cet achat. En 1999 au
Maroc, le nombre de voitures pour 1000 habitants oscillait entre 50 et 100 pour la partie nord,
et entre 0 et 50 pour la partie sud et le désert. Cela signifie qu’en moyenne, 75 personnes sur
1000 disposent d’une voiture dans la partie nord du Maroc et 25 pour 1000 dans la partie sud
et le désert. En Europe et aux Etats-Unis, plus d’une personne sur deux dispose d’une
automobile. Au Maroc, le taux d’équipement automobile est donc faible en comparaison avec
celui d’Europe ou des Etats-Unis. Notons que parmi les ménages marocains, seulement 2,2%
d’entre eux possèdent un garage.
Si la demande pour des voitures neuves est croissante, l’augmentation générale du taux de
motorisation s’explique également par le taux d’urbanisation croissant, l’accroissement
démographique et l’émergence de nouveaux modes de vie au Maroc.
En 2013, la conurbation de Rabat compte plus de trois millions de personnes incluant les
villes de Salé, Skhirat et Temara. La même année, Casablanca compte plus de quatre millions
de personnes dont 96% de population urbaine.
Cet accroissement s’explique par des raisons économiques et conjoncturelles. Les quatre
cinquièmes des Marocains vivent d’une agriculture sous-productive40, ce qui les oblige à
multiplier les emplois pour gagner un salaire convenable. L’artisanat, le BTP et l’industrie
agro-alimentaire sont des secteurs porteurs à Marrakech. Ainsi, de nombreuses personnes
habitant la région du Tensift al Haouz viennent travailler et résider à Marrakech. La ville
compte une population active de plus de 37%.
39 La ville étant bordée au nord et à l’est par l’oued Issil et la Palmeraie, et au sud par de nombreux jardins ; ces
contraintes naturelles conduisent l’extension de Marrakech vers l’ouest. Nous aborderons cet aspect de manière
plus détaillée dans le chapitre IV.
40 Histoire du Maroc depuis l’indépendance, p.12.
68
Carte 08 : ville de Marrakech : deux communes urbaines (2014).
Réalisation : A. NAKHLI.
69
Ce pourcentage est majoré en tenant compte des personnes qui occupent plusieurs emplois à
la fois, des personnes qui travaillent sans être déclarées, des personnes qui utilisent le système
D pour travailler. Par exemple, un citoyen marrakchi s’improvise guide touristique car il n’a
trouvé d’autre moyen pour subvenir à ses besoins. Cet accroissement démographique
s’explique par l’attractivité économique qu’exerce Marrakech sur la région du Tensift al
Haouz mais est aussi la résultante d’événements historiques et climatiques.
En effet, l’épisode de sécheresse qu’a connu le pays dans les années 1980 a contribué à
l’accroissement de l’exode rural. Comme le souligne Pierre VERMEREN, le pays subit de
1980 à 1984 sa première grande vague de sécheresse, phénomène structurel durant les 20
dernières années du siècle. Habitués à tenir trois années sur une bonne récolte dans ce pays
semi-aride, les fellahs ne peuvent plus faire face quand la sécheresse excède cette durée. Ils
tombent dans le surendettement tandis que des milliers de jeunes et de familles entières
quittent les campagnes pour s’installer dans les ceintures de bidonvilles des grandes villes41.
A Marrakech, cette population s’est installée dans les douars et le quartier Sidi Youssef Ben
Ali (SYBA).
En 2004, 39 % des habitants de la région du Tensift al Haouz résident en milieu urbain soit
environ 1200000 personnes. La population de la région a connu un accroissement global de
14% entre 1994 et 2004, dates respectives des recensements effectués. Pendant cette décennie,
la population urbaine connaît un accroissement global de 28 % et la population rurale, un
accroissement global de 6 %42.
En plus de l’exode rural, le nombre d’habitants à Marrakech n’a cessé de croître. Cet
accroissement s’explique, d’une part, par l’attractivité qu’exercent les différents services et
infrastructures que propose la ville, et d’autre part, par la hausse de l’indice de fécondité.
Les familles vivent dans des maisons ou des appartements de taille plus modeste, avec un
niveau de confort plus élevé. Elles privilégient l’achat plutôt que la location. Avec la hausse
des revenus, l’accès à l’automobile s’est étendu à un plus grand nombre de ménages. La
mobilité motorisée a donc augmenté.
Par rapport à la génération précédente, les femmes sont également plus nombreuses à occuper
un emploi Elles sont plus mobiles et conduisent des vélos, des mobylettes, des scooters ou des
automobiles. En effet, le transport non motorisé, comme la bicyclette, est souvent inabordable
et, lorsqu’un moyen de transport mécanique est disponible dans le ménage, il est
généralement monopolisé par le chef de famille masculin. L’utilisation des bicyclettes par les
femmes peut être jugée inconvenante.
72
Néanmoins, lorsque suffisamment de femmes commencent à l’utiliser et que les avantages
pour l’ensemble du ménage deviennent évidents, la pratique bénéficie rapidement de
l’approbation sociale44. Cette mobilité des femmes a des répercussions dans la société. Les
ménages les plus aisés achètent un ou plusieurs véhicules motorisés pour rendre leurs
déplacements plus pratiques.
Par ailleurs, les flux de migration vers les zones péri-urbaines augmentent car les prix de
l’immobilier et ceux du foncier y sont plus attractifs que dans le centre de la ville. A cela
s’ajoute le caractère non maîtrisé de l'urbanisation -extensive et consommatrice- qui provoque
un allongement généralisé des distances à parcourir. Or, l’offre de transport collectif n’est ni
coordonnée ni proportionnelle avec la transformation urbaine, ce qui contribue également à
l’accroissement de l’achat de véhicules individuels motorisés et à l’augmentation du nombre
de déplacements motorisés.
46 Le taux de motorisation est de 350 à 550 en Europe, 89 en Turquie, 554 en Espagne et 585 en France.
Http://maroc2007.net : indicateurs qualitatifs du Maroc. Source : HCP.
74
A l’appui de ses nombreuses infrastructures, Marrakech propose plusieurs catégories de
transports. Pour l’ensemble de la région Tensift al Haouz, les cinq secteurs de transports qui
enregistrent le plus de concurrence par ordre d’importance, sont le transport touristique, les
transports de messagerie47, les transports internationaux, les transports de commissionnaires et
le transport de marchandises et transitaires. Marrakech propose également d’autres catégories
de transport telles que le transport en commun48, le transport de loisirs49, le transport de
personnel, le transport de fonds, les transports sanitaires internationaux, les transports
spécialisés50 et le transport funéraire.
Dans une logique d’efficacité et de compétitivité, ces catégories de transport nécessitent des
réseaux d’infrastructures adaptés. La Ville ocre agit en ce sens afin de concurrencer les autres
villes telles que Rabat, Tanger et Casablanca et d’offrir des prestations de qualité à ses
habitants. Elle entend également favoriser la compétitivité des entreprises implantées sur son
sol, accroître les échanges commerciaux et développer l’image d’une ville attractive et
moderne. Pour atteindre ces objectifs, Marrakech a considérablement modernisé ses
infrastructures de transport urbain51.
Marrakech dispose en effet, d’une gare ferroviaire et d’un aéroport entièrement nouveaux.
Elle dispose également d’une gare routière et de compagnies de transport régionales et
nationales. Ces pôles d’échange sont principalement situés le long des grands axes routiers,
dans la médina (gare routière, calèches) et la ville nouvelle (gare ferroviaire, bus CTM et
Supratours) (Carte 03 p.43). L’aéroport est situé en périphérie de la ville tout comme le sera
la future gare routière. Le nouvel emplacement de cette dernière a d’ailleurs fait l’objet d’un
Les déplacements des biens et des personnes avec les régions et pays limitrophes ou vers le
bassin méditerranéen, sont plus fréquents, plus rapides et parfois moins coûteux. Marrakech a
également développé des liens avec le reste du monde via des jumelages et des accords de
coopération (Carte 10). D’autre part, les réseaux d’infrastructures permettent de dépasser les
contraintes du relief qui ne sont alors plus un obstacle aux déplacements. Si Marrakech ne
dispose pas de port, ses infrastructures routières et ferroviaires la relient directement aux ports
d’Essaouira et de Safi.
76
Figure 18. Plan masse de la nouvelle gare routière de Marrakech (concours 2009). Source : agence Nakhli Architecture,
3ème lauréat du Maroc. Réalisation : A. NAKHLI.
77
Carte 09. Infrastructures routières, ferroviaires et aéroportuaires du Maroc
(2014). Réalisation : A. NAKHLI.
78
Carte 10. Accords de coopération et jumelages de Marrakech dans le monde (2014). Source : www.d-maps.com.
Réalisation : A. NAKHLI.
79
2.2.1. L’aéroport de Marrakech-Menara
Sur les quinze aéroports que compte le Maroc, deux sont implantés dans la région du Tensift :
celui de Marrakech et celui d’Essaouira.
L’aéroport d’Essaouira est situé à 16 km du centre de la ville éponyme. Il offre une capacité
d’accueil de 96000 passagers par an. En 2008, ce sont près de 29000 passagers qui ont transité
à travers cet aéroport. En 2013, les vols directs vers Essaouira étaient en augmentation.
L’Office Marocain du Tourisme (OMT) souhaite développer les liaisons directes avec la
Pologne, l'Angleterre, la Suisse (Genève) et la France (Bordeaux, Lyon).
Quant à l’aéroport de Marrakech-Menara, c’est le deuxième aéroport d’importance au Maroc
après celui de Casablanca. Situé à trois km du centre-ville, l’aéroport de Marrakech-Menara
(Figure 19) est accessible par un bus navette et par les petits et les grands taxis.
Le bus navette propose des dessertes toutes les heures de 6h à 00h25 au départ de l’aéroport,
et de 6h40 à 23h40 au départ du centre-ville. Le tarif aller coûte 20 Dhs et l’aller-retour coûte
30 Dhs.
Des petits et des grands taxis sont disponibles à l’aéroport (parking 1, terminal 1, 24h/24 et
7j/7). Les tarifs des petits taxis depuis l’aéroport sont de 50 Dhs pour aller jusqu’à la médina
et de 60 Dhs pour rejoindre Guéliz. En soirée, le tarif passe à 150 Dhs pour rejoindre le
quartier Targa52.
81
Le bus-navette disponible depuis l’aéroport a été créé récemment. Il dessert 16 points d’arrêt
répartis entre les quartiers Hivernage et Guéliz, la place Jemaa-el-Fna, la gare routière de Bab
Doukkala et la gare ferroviaire ONCF (Carte 11). Le trajet du centre-ville vers l’aéroport
(navette direction Essaouira) dure 25 min tandis que le trajet de l’aéroport vers le centre-ville
(navette direction Centre-ville Marrakech) dure 15 min. Certains hôtels disposent d’un
véhicule avec chauffeur qui vient accueillir les touristes directement à l’aéroport. Il est
également possible de louer un véhicule auprès des onze agences de location de voitures de
l’aéroport53.
53 Les agences de location de voiture situées à l’aéroport sont : Sixit, National car, Hertz, Morocco Rent a car,
Avis, Europe car, Shark limousine, Ada, Budget, First car, Tourist car.
82
Carte 11. Itinéraire de la navette de l’aéroport Marrakech-Menara (2014).
Réalisation : A. NAKHLI.
83
Figure 21. Terminal 1 (intérieur) de l’aéroport de Marrakech-Menara.
Cliché : A. NAKHLI, 2015.
L’autorité aéroportuaire gestionnaire est l’Office National Des Aéroports (ONDA) associé
aux Forces Royales Air (FRA). L’aéroport dispose de pistes longues de 3100 m et larges de
45m, qui peuvent recevoir le B747. Le parking avions s’étend sur une superficie de 125000
m². Les terminaux (aérogares 1 et 2) disposent d’une surface de 42000m² pour une capacité de
2,5 millions de passagers par an.
Le terminal fret s’étend sur 340 m². En novembre 2010, environ 2900 mouvements passagers,
299000 voyageurs et 124 tonnes de fret ont été enregistrés pour l’aéroport Marrakech-Menara.
Le transport aérien à la carte est également disponible au départ de Marrakech via des
compagnies comme Palm Air Aviation (taxi aérien).
L’aéroport Marrakech-Menara, aéroport international, est la 2ème plateforme aéroportuaire et
la 1ère destination charter du royaume, avec un volume de trafic de près de trois millions de
passagers en 2009, soit 24% du trafic passager et 20% du trafic avion au niveau national. Le
trafic charter vers le Maroc se répartit essentiellement vers Marrakech (48%) et Agadir (41%).
Ce phénomène s’explique par l’implantation des compagnies aériennes low-cost telles que
Jetairfly, Easyjet (2006), Transavia, ou encore Ryanair (2008). Le développement de
84
compagnies à bas prix s’explique en partie par l’augmentation de la taille des avions et de la
densité du trafic. Cela permet de développer l’offre touristique, le secteur économique
(création d’emplois) et le secteur financier (apport de devises) et par conséquent, le secteur
des transports de Marrakech. En effet, le transport est l’un des éléments essentiels et
nécessaires à toute pratique touristique. Les transports urbains doivent permettre la fluidité
des déplacements pour favoriser la venue à plusieurs reprises des touristes, des investisseurs
ou des cadres.
Des vols à moins de 100 € favorisent ainsi le voyage impulsif et les week-ends touristiques
vers la Ville ocre. Les compagnies les plus anciennes telles qu’Aigle Azur Maroc et Royal Air
Maroc (RAM) doivent désormais partager ce marché avec les compagnies à bas prix.
Pour rebondir, la RAM a créé en 2004 sa propre compagnie charter Atlas Blue. Vendu sur
Internet, un billet aller-retour avec cette compagnie charter coûte alors 180 € HT 54.
En 2010, la majeure partie des passagers à destination de Marrakech n’est pas nationale mais
française (environ 104000) et européenne (environ 32000). Toutefois, d’après le ministère de
l’Equipement et du Transport, les principales routes aériennes internationales au départ du
Maroc (Carte 12) se répartissent entre Marrakech, Casablanca, Rabat et Agadir.
Au niveau national, le CRT (Conseil Régional du Tourisme) développe les offres
promotionnelles à destination de Marrakech auprès des villes marocaines. Ainsi plus de 9100
passagers marocains ont voyagé par l’aéroport de Marrakech-Menara en 2010.
86
Ces services concernent l’accessibilité et la fluidité des déplacements, avec des
aménagements et des équipements spéciaux pour passagers à mobilité réduite (PMR) 55 et un
parc de stationnement de 363 places (Terminal 1)56.
Toutefois, selon nous, deux points nécessiteraient une amélioration. D’une part, il serait
essentiel de rendre plus accessible la station essence à proximité de l’aéroport. Actuellement,
la station essence la plus proche est située avenue Guemassa, à 1 km de l’aéroport. D’autre
part, il serait nécessaire de mettre en place les équipements nécessaires et d’instaurer les
normes régissant la voirie pour éviter que l’eau ne submerge l’aéroport lors de crues
importantes. En effet, cet incident a déjà eu lieu au terminal 1 et il serait préférable que cela
ne se réitère pas. Ceci afin de favoriser le confort des voyageurs et afin de présenter une
image d’entreprise positive de la société gérant l’aéroport. Si l’aéroport de Marrakech-Menara
a été rénové, un autre pôle d’échange a également été modernisé. Il s’agit de la gare
ferroviaire.
La gare de Marrakech compte parmi les principales gares ferroviaires marocaines avec un
trafic de plus de trois millions de voyageurs par an. Inaugurée en septembre 2008, elle se situe
à l’emplacement de l’ancienne gare. Implanté à l’angle de deux grandes artères principales la
ville (Av Hassan II et Bd Mohammed VI), le Marrakech Rail Center est situé en plein centre-
ville dans le quartier Guéliz (Carte 03 p. 43). Cette nouvelle gare, d’un investissement de 120
milliards de Dirhams, se caractérise par une architecture avant-gardiste qui allie tradition et
modernité tout en offrant à ses visiteurs un espace convivial, fonctionnel et attractif (Figure
22).
Les pôles d’échanges tels que les gares, deviennent de plus en plus des lieux stratégiques.
Comme le souligne Lucie TORTEL, chargée de mission au Grand Lyon, ces espaces se
transforment, s’embellissent et se diversifient. Ils disposent de véritables galeries
commerciales (Figure 23) et de multiples services tels que restaurants, poste ou banque. Les
gares pourraient développer encore d’autres fonctions.
« Dès lors naît un autre défi : celui de rendre la ville plus accessible, de faire gagner du temps. Ne
s’agit-il pas alors d’inciter la population à emprunter plus massivement les transports en commun ?
Pourquoi certaines réticences ? Parce que l’automobile autorise un multi-usage du territoire ; elle rend
service, elle est pratique. Si l’on fournit au citadin, sur les lieux d’interconnexions et sur sa trajectoire
habituelle, l’accès facile à des services quotidiens […] il sera possible de capter un grand nombre de
« résistants » aux transports collectifs, pour s’adapter davantage à la nouvelle mobilité, plus variée,
plus occasionnelle, liée à la ville de demain »58
souligne Lucie TORTEL. La mobilité, telle qu’elle est décrite par cette chargée de mission, ne
correspond qu’en partie à celle de Marrakech. En effet, les transports en commun y étant peu
développés (par rapport à ceux des pays industrialisés), les individus se déplacent la plupart
du temps à pied ou à vélo.
Au départ de Marrakech, toutes les deux heures dans la journée, un train se rend à Casablanca
et à Rabat. Le trajet jusqu’à la capitale politique coûte 80 Dhs en tarif réduit et 120 Dhs en
plein tarif pour une durée d’environ cinq heures. Il existe également des lignes express à
destination de Rabat, Tanger, Fès et Casablanca.
L’axe Marrakech-Casablanca est l’un des trajets ferroviaires les plus fréquentés et
congestionnés. L’ONCF (Office National des Chemins de Fer) prévoit de doubler l’intégralité
de la voie reliant Settat à Marrakech (140 km). L’achèvement des travaux prévu en 2017
permettra de relier la Ville ocre à la ville blanche en 2h30 min au lieu de 3h15 min
L’ONCF envisage de relier des villes telles que Beni Mellal et Nador par le TGV tandis que
d’autres nouveautés verront le jour. Ainsi en 2014, une billetterie en ligne devrait être mise en
place. Entre 2017 et 2022, un nouveau pôle urbain multi-services pour la gare sera installé.
Sur une surface de 465000 m², il proposera des bureaux, des commerces, des résidences, des
hôtels et des espaces verts.
90
Carte 13. Réseau ferroviaire du Maroc (2014). Source : www.oncf.ma.
Réalisation : A. NAKHLI.
91
L’ONCF n’a d’ailleurs cessé d’améliorer ses prestations auprès des voyageurs, ce qui s’est
traduit par une augmentation de la fréquentation du transport ferroviaire. Ainsi, le nombre de
passagers ferroviaires annuels est passé de 10 millions en 1994 à 18 millions en 2004 pour
atteindre 34 millions en 2011. Les navettes60 ferroviaires, elles, représentent un nombre de
trois millions de voyageurs par jour, entre Casablanca et Rabat. Au fil des années, et face à la
concurrence des bus et des compagnies aériennes, l’ONCF a mis en place de nouvelles
stratégies commerciales. Elle a développé des partenariats avec des agences de voyage qui
proposent des excursions en train dans le désert entre Oujda et Bouarfa (Carte 13 p. 91) via le
Désert Oriental Express. Par ailleurs, l’ONCF a beaucoup développé plusieurs aspects comme
la ponctualité, les tarifs variés, le matériel roulant modernisé, l’accroissement du nombre de
trains et les liaisons plus nombreuses (Annexe 04).
Marrakech se situe à un point géographique d’importance majeur pour relier les villes du nord
autant que les villes du sud du Maroc. Afin de développer ce rôle stratégique sur le plan
national et sur le plan local, la Perle du Sud entend poursuivre sa logique d’agrandissement et
de la modernisation de ses pôles d’échange. Marrakech veut ainsi créer une nouvelle gare
routière qui bénéficiera d’un emplacement aux abords de la périphérie de la ville.
En effet, la nouvelle gare routière de Marrakech sera située dans le quartier Azzouzia, dans la
direction de la route de Safi61 (Carte 14). Afin de construire un projet d’envergure, une grande
emprise foncière était nécessaire. Elle sera desservie par les bus de ville et les taxis. Elle
disposera de restaurants, de boutiques, d’une billetterie, d’espaces verts, de parkings et d’un
hôtel. La mairie de Marrakech est toujours en attente d’un budget de 60 millions de Dhs pour
la construction de cet édifice.
L’actuelle gare routière de Bab Doukkala (Figure 25 et carte 14) est située place El-
Mourabiten, devant la porte des remparts de Bab Doukkala, à 20 minutes de la place Jemma-
el-Fna. La gare routière couvre une superficie de 10900 m² et dispose de 40 quais pour le
stationnement des autocars et l’embarquement des passagers. Chaque jour, 300 autocars
quittent la gare routière de Marrakech ou y terminent leur course tandis que 170 y sont en
Les compagnies d’autocars privées Supratours et CTM sont présentes à Bab Doukkala et
disposent chacune également de leur propre agence en centre-ville (Carte 14) où elles
proposent des départs en autocar vers plusieurs
destinations du Royaume.
La compagnie d’autocars Supratours (Figure 26),
filiale de l’ONCF, est située à proximité de la gare
ferroviaire. Les liaisons vers les principales villes
du Royaume sont nombreuses, les départs sont
fréquents et le réseau est bien desservi (Carte 15).
Chaque jour, un à dix départs à destination
d’Agadir et d’Essaouira sont proposés. Il est
nécessaire de réserver son billet la veille du jour du
voyage.
93
Carte 14. Emplacements desgares routières de Marrakech (2014). Source : plan deMarrakech. Réalisation : A. NAKHLI.
94
Carte 15. Réseau marocain desservi par les compagnies Supratours et
CTM (2014). Réalisation : A. NAKHLI.
95
La compagnie d’autocars CTM est présente à Guéliz (Figure 27). Le nombre de départs
journaliers est de l’ordre de 1 à 10, à destination des grandes villes et de 1 à 3, vers les régions
les moins fréquentées. Des départs ont lieu tous les jours vers Agadir, Casablanca, Essaouira,
Fès, Meknès, Ouarzazate, Rabat et Tanger (Carte 14 p.94 et Tableau 03).
96
A titre d’exemple, un aller Marrakech-Essaouira coûte 55 Dhs pour une durée de 3h30. Pour
les liaisons vers les cols, il existe un bus « Express Tichka » au départ de Bab Aghmat à
destination de Telouet tous les après-midis. Le retour se fait le lendemain matin aux mêmes
horaires ou en taxi collectif.
Les tarifs sont facturés par passager et leurs montants doivent être versés directement au
conducteur. Comme alternative, la réservation du billet peut s’effectuer la veille du voyage à
la gare routière principale. Le tarif est plus élevé, mais cette réservation garantit d’avoir un
siège, ce qui est particulièrement utile sur les routes qui disposent d’un service journalier
limité ou lors des heures de pointe.
Les gares routières sont accessibles depuis la navette de l’aéroport en 20 minutes : via le bus
n°19 (Bab Doukkala) et le bus n°11 situé au rond-point de l’aéroport (dessert la gare routière
97
et la gare ferroviaire). En taxi, les gares routières sont accessibles depuis l’aéroport en 10 min
moyennant 25 à 50 Dhs.
A Marrakech, le réseau d’autocars est assez dense mais le parc est vétuste dans l’ensemble.
Selon la presse locale, 60% des bus ne rempliraient pas les conditions minimales de sécurité.
Pour l’améliorer, le parc d’autocars et de bus pourrait être rénové. Les bus de ville seraient
alors moins polluants et disposeraient de ceintures de sécurité. Les bus de ville et les autocars
pourraient utiliser l’énergie électrique ou photovoltaïque pour préserver les ressources
naturelles et générer des économies.
Les bus des compagnies privées peuvent effectuer des arrêts supplémentaires, soit dans les
marchés locaux pour faire du shopping, soit pour déposer des enfants à l’école. Beaucoup
n’ont pas la climatisation. Plus de 95% des passagers sont des locaux.
Les bus Supratours sont rapides, directs et climatisés. Plus de 90% des passagers sont des
touristes étrangers. Les passagers des bus CTM se répartissent entre 70% de locaux et 30%
d’étrangers. Ces bus sont eux aussi rapides, directs et climatisés.
Pour un trajet entre Marrakech et Ouarzazate avec un bus CTM, le tarif est de 70 Dhs. Pour un
trajet entre Marrakech et Essaouira avec un bus Supratours, il est de 65 Dhs. Les compagnies
Supratours et CTM demandent cinq Dhs supplémentaires pour chaque bagage lourd.
Les bus CTM proposent un départ pour Madrid et un départ pour Paris chaque mardi,
mercredi et samedi. Pour Madrid, la durée du trajet est de 36 heures et le tarif est de 800 Dhs.
Pour Paris, le trajet dure 48 heures et le prix du billet est de 900 Dhs. Les départs se font
uniquement depuis Guéliz là où se situe la compagnie CTM.
Avec la compagnie CTM, des voyages en direction d’Essaouira, Casablanca et Laâyoune sont
proposés. Pour Essaouira, le billet coûte 60 Dhs pour trois heures de trajet tandis que le tarif
pour Casablanca est de l’ordre de 80 Dhs pour quatre heures de parcours. Pour se rendre à
Laâyoune, le billet coûte 285 Dhs pour 14 heures de trajet.
Ce faible écart entre les tarifs des compagnies de transport s’explique par la présence d’une
forte concurrence. CTM et Supratours sont les compagnies qui proposent une flotte de bus
relativement récents et correctement entretenus. Compte tenu de l'étroitesse des routes
marocaines et de la conduite approximative de certains automobilistes, ces deux compagnies
offrent un confort appréciable pour les voyageurs.
98
Par ailleurs, le voyage en bus est le moyen de transport de plus en plus plébiscité par une
majorité de Marocains mais il est devancé par celui en grand taxi, en raison de son coût
modique. Pour les étrangers, il s’agit également d’un mode de transport incontournable pour
visiter le sud du Maroc sans avoir recours à la location d’une voiture. Il a donc été nécessaire
d’agrandir et de moderniser le réseau routier et autoroutier afin de pallier au manque de
liaisons ferrées mais aussi afin de favoriser les relations économiques entre les villes.
Le réseau de voies express (Carte 16), moins coûteuses que les autoroutes, devrait lui aussi
être agrandi. Il passerait de 631 km de voies en service à 1400 km d’ici 2015. Les voies
express sont constituées de deux fois deux voies, sans péage et de statut variable (route
nationale, régionale ou provinciale). La vitesse est limitée à 100 km/h. Ce réseau de voies
express donnerait naissance à une connexion plus harmonieuse du réseau urbain aux
échangeurs, pour toutes les villes desservies directement par l’autoroute ; et une amélioration
du service de la route menant vers les grands centres qui ne seront pas directement desservis
par une infrastructure autoroutière.
99
Le réseau routier est amené à s'étendre. Vu le rôle important que joue l’infrastructure routière
dans le transport de personnes et des marchandises, le Conseil régional a consacré deux
enveloppes budgétaires. L’une de 1,202 milliards de dirhams (Dhs), a pour objectif la mise en
œuvre d’un programme de désenclavement du monde rural sur une distance de 1902
kilomètres. Par ailleurs, le taux de revêtement du réseau routier devra atteindre 77% en 2012.
L’autre, de 251 millions de dirhams, a pour objectif le renforcement et l’élargissement des
axes routiers de la région du Tensift.
Au fil des années, le maillage urbain de la région de Marrakech s’est articulé autour des
principales artères économiques desservies par un réseau de voies hiérarchisées : les axes
primaires, secondaires et tertiaires (Carte 03 p.43).
Les axes primaires concernent toutes les liaisons vers les grandes villes du Royaume. Ce
réseau s’est construit de manière radiale avec des axes comme Marrakech-Casablanca ou
Marrakech-Agadir.
100
Carte 16. Réseau routier et voies express du Maroc (2014). Réalisation :
A. NAKHLI.
101
Les axes secondaires desservent les quartiers de la ville tels que Ménara, Guéliz, ou Annakhil
etc. Ce réseau est très structuré. Ses axes sont disposés en quadrilatère ou en étoile autour de
places (Figure 28). Les axes principaux sont les avenues Mohamed VI, Mohamed V et Hassan
II (Figures 29, 30, 31 et Carte 17). Les axes secondaires desservent également les quartiers de
Marrakech-Medina, Méchouar-Kasbah et Sidi Youssef Ben Ali (SYBA). Les axes de ce
réseau sont alors moins structurés et plus étroits. Des rues principales s’étend un réseau de
ruelles couvertes, en impasse ou tortueuses (Carte 18 et Annexe 05).
Les axes tertiaires concernent toutes les routes inter-quartiers. Le réseau est inexistant entre la
zone ouest et le nord de Guéliz. Le manque de routes transversales oblige les automobilistes à
passer par le centre-ville, ce qui accentue l’effet de congestion du trafic.
102
Figure 29. Avenue Mohammed VI à Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2014.
103
Figure 31. Avenue Hassan II à Marrakech. Cliché A. NAKHLI, 2014.
104
Carte 18. Maillage urbain de la médina de Marrakech (2014). Source :
Présent et avenir des médinas, p. 75.
Le réseau autoroutier a été multiplié par 30 en près de 20 ans. Le Maroc a procédé depuis le
milieu des années 1980 à la définition et à la mise en œuvre d’un plan de développement
permettant de relier les principaux pôles économiques et les villes de plus de 400000 habitants
au réseau autoroutier.
Bien qu’il soit encore onéreux pour beaucoup d’utilisateurs, le réseau autoroutier permet de
gagner du temps pour relier les grandes villes marocaines. Cet agrandissement résulte aussi
des nombreux investissements effectués. Entre 1933 et 1994, les investissements ont
quadruplé, passant de 176 à 689 millions de dirhams (Dhs) et n’ont cessé de croître jusqu’en
106
1999. Entre 2004 et 2005, les investissements ont doublé, passant de 1207 à 2343 millions de
Dhs. Ils ont continuellement progressé pour atteindre 6209 millions de Dhs en 2009 64.
Ce réseau permet de faciliter la mobilité des personnes et des biens à l’intérieur du pays et
d’améliorer les conditions de trafic routier et remédier aux situations de congestion de certains
axes vitaux du pays. Il permet également de favoriser les échanges économiques avec les pays
africains et européens via les réseaux terre-terre/ terre-mer/ terre-air, d’améliorer le service
des transports et de développer l’image de modernisation du Maroc.
Le réseau autoroutier enregistre un nombre de véhicules par jour, qui varie d’un tronçon à un
autre. Ainsi le tronçon qui enregistre le plus grand nombre de véhicules par jour en 2008
comme en 2009 est celui de Casablanca-Rabat (Tableau 04 et carte 20) : 39500 véhicules en
2008 et 42000 en 2009. Le tronçon qui connaît la plus forte progression de son trafic entre
2008 et 2009 est celui du contournement de Casablanca, avec un accroissement de 24% en un
an. Quant au tronçon reliant Berrechid à Marrakech, il enregistre une progression faible
pendant cette période (9%) et un nombre moyen de 8500 véhicules par jour.
108
Carte 20. Activités du réseau autoroutier du Maroc (2014). Réalisation : A.
NAKHLI.
109
Achevée en 2007, l’autoroute reliant Marrakech à Casablanca est longue de 219 km (Figure
32). Quant au tronçon de 233 kilomètres en direction d’Agadir, la première tranche de 50 km
a été mise en service le 5 janvier 2009, suite au chantier commencé en janvier 2006. Huit
milliards de Dhs et quatre millions d’heures de travail répartis sur quatre ans auront été
nécessaires pour réaliser l’ensemble du chantier.
Inaugurée en juin 2010, l’autoroute reliant Marrakech à Agadir est restée gratuite jusqu’au
mois suivant. Désormais, il est possible de rejoindre la Perle du sud et la station balnéaire de
la région du Souss en 2h30 (au lieu des 4h30 nécessaires auparavant). A plus grande échelle,
ce tronçon d’autoroute met en liaison Agadir avec Tanger via Rabat et Casablanca. Dans cet
axe Nord-Sud, les liaisons se répartissent comme suit (Carte 20 p. 109) : Casablanca-Rabat-
Tanger pour le lien Afrique-Europe et Agadir-Marrakech-Settat-Casablanca pour les zones
économiques en expansion.
110
Fnideq qui véhicule l'échange avec l'Europe, écoule un intense trafic local et contribue au
développement touristique de la zone. C’est un maillon de la rocade méditerranéenne. Le
quatrième concerne l’axe Agadir-Taroudant (voie express) qui dessert une grande région
agro-industrielle et touristique.
112
PARTIE II. LA MOBILITE
URBAINE A MARRAKECH : LA
GESTION DES DEPLACEMENTS
EST DIFFICILE.
113
CHAPITRE III. Marrakech et les
enjeux de la mobilité urbaine
A Marrakech, la circulation est anarchique. Comme d’autres grandes villes, la Perle du sud
est confrontée à des enjeux de mobilité urbaine tels que : les pollutions, l’insécurité routière,
la circulation, la congestion urbaine et l’aménagement de la voirie.
Depuis quelques années, circuler à Marrakech est un véritable défi ainsi qu’un calvaire
quotidien pour les usagers. Le trafic automobile enregistre en moyenne une croissance de 5 à
10% par an. L’augmentation du parc automobile (rythme de 4% par an), l’intensité du
processus d’urbanisation, les infrastructures inadéquates (manque de voies transversales entre
certains quartiers, absence de voie de contournement du centre-ville) sont, entre autres, à
l’origine de la congestion urbaine que connaît Marrakech.
Ce phénomène s’explique lorsque les infrastructures font face à une demande supérieure à
leur capacité (Figures 33 et 34) : les flux ralentissent, les usagers s’entassent dans les
transports publics et la circulation se congestionne le long des artères principales et aux
abords des ronds-points.
Par ailleurs, le nombre de véhicules croît durant les week-ends (5000 véhicules
supplémentaires), et double pendant les périodes de fêtes et les vacances scolaires. En outre,
Marrakech développe son secteur touristique et se fait une réputation de ville festive : les
clubs, restaurants et discothèques y sont de plus en plus nombreux. Ces domaines
économiques renforcent l’attractivité de la ville et par conséquent le nombre de visiteurs et de
touristes à Marrakech.
114
Figure 33. Congestion urbaine à Marrakech. Cliché A. NAKHLI, 2014.
115
Enfin, depuis l’arrivée de l’autoroute Casablanca-Marrakech, il est possible de rallier la
capitale économique à la Perle du sud en 2h30. Ces raisons expliquent en partie pourquoi de
plus en plus de Marocains viennent passer leur fin de semaine dans l’ancienne cité impériale.
Aux heures de pointe, le poids de la circulation peut atteindre 2400 véhicules par heure.
Chaque jour des milliers d’unités véhicules66 (UV) circulent le long des grandes artères. Les
axes les plus fréquentés du transit interne sont ceux du centre-ville (Carte 21) avec 57000
UV/jour sur l’avenue Abdelkrim Khattabi, 54000 UV/jour sur l’avenue du 11 Janvier, 51000
UV/jour sur l’avenue Allal el Fassi et 41000 UV/jour sur l’avenue Hassan II.
L’étude du cabinet d’ingénieurs spécialisés, TRANSITEC, souligne d’ailleurs qu’en 2004, sur
les 5,6 millions de déplacements quotidiens à Marrakech, plus de deux millions sont des
déplacements mécaniques. Le taux de motorisation dans la ville est de 120 véhicules légers
pour 1000 habitants (12%) et de 240 deux roues pour 1000 habitants (24%). dans l'étude du
plan de déplacements urbains, 170000 motos et 40000 vélos ont été dénombrés. Comme nous
l’avons souligné dans la première partie de notre travail, l’utilisation du deux-roues est très
plébiscitée à Marrakech, pour des raisons à la fois d’ordre pratique et d’ordre financier.
Toutefois, le manque de couloirs de circulation spécifique conduit tous les types de véhicules
à emprunter les mêmes voies. Ce phénomène engendre des embouteillages et contribue à
accroître les risques de collisions et d'accidents. Il est donc nécessaire de recalibrer la voirie.
Au Maroc et en particulier à Marrakech, force est de constater que les routes intra-urbaines
doivent être développées. La capacité est généralement limitée. La majorité des routes ont une
seule voie dans chaque direction et lorsque les routes sont plus larges, les piétons et les
voitures garées occupent souvent l’espace d’une voie. Les croisements sont proches les uns
des autres et sont mal conçus pour les changements de direction67.
Pour réguler le trafic, le cabinet spécialisé TRANSITEC indique également qu’il est important
de prendre en considération le calibrage de la voirie. En effet, à Marrakech, les changements
de direction sont mal conçus car il existe peu de voies de stockage permettant de tourner à
gauche ou à droite.
117
Figure 35. Une même voie pour tous les modes de transports, Mar,
Marrakech. Cliché A. NAKHLI, 2014.
Lorsqu’un véhicule souhaite changer de direction, cela crée un embouteillage pour les
véhicules suivants. Si la voie est large, cela met en danger les usagers et accroît le risque de
carambolage car les autres conducteurs doublent le véhicule stationné au milieu de la voie.
Sur ce point, l’agence TRANSITEC estime que le nombre de voies doit optimiser l’utilisation
de la capacité offerte à chaque mouvement68.
Par ailleurs, le calibrage concerne également la capacité à accueillir un nombre donné de
véhicules. A Marrakech, de larges avenues connaissent un rétrécissement de voie de façon
répétitive à plusieurs endroits de leur tronçon. Cela créé des zones où la circulation est
ralentie.
Le calibrage des voies de la Ville ocre n’est pas adapté à la circulation des divers modes de
transport existants. En effet, à la multiplication du nombre de voitures, s’ajoute celle des
vélomoteurs et des bicyclettes. Il faut compter aussi avec le trafic des taxis, des bus, des
calèches et des charrettes sur les artères majeures de la ville69 (Figure 35).
Quant à la voirie, elle est parfois inexistante ou en mauvais état, ce qui ne facilite pas la
circulation et accélère l'usure des véhicules. Il s’agit également d’une perte de temps pour les
véhicules d’urgence (ambulances) et les camions de livraison. Cela remet en question la
capacité de la ville à pouvoir répondre à des enjeux vitaux de santé publique ou des enjeux
économiques. En effet, les infrastructures de transport sont un élément primordial pour
garantir la liberté de déplacement des personnes et des biens, et pour assurer le
fonctionnement et le développement de l'économie.
119
Par ailleurs, Marrakech a dû répondre à des questions de mobilité urbaine dans un temps très
court en raison de la rapide extension démographique et géographique qu’elle a connue. Dans
ce cas précis, il est alors difficile d’établir une stratégie à long terme concernant un plan de
déplacements urbains, mais ce n’est pas impossible. La Ville tente quelques actions au cas par
cas : par exemple, sens interdits supplémentaires ou mise en fourrière du véhicule s’il y a un
dépassement d’heure et ce, afin d’augmenter le taux de rotation des véhicules dans la ville.
Toutefois, ces initiatives ne font qu’aggraver la situation. Au lieu de fluidifier le trafic
(intention de départ), ces actions conduisent les automobilistes à tourner en rond encore plus
longtemps (changement du sens de circulation dû aux sens interdits) à la recherche d’une
place de stationnement appropriée (notamment là où les passages de la fourrière sont moins
fréquents).
A cela, s’ajoutent l’énervement des conducteurs face à tant de restrictions sur la voirie,
l’accroissement du non-respect des sens interdits par certains usagers et l’augmentation des
files d’attente de véhicules aux feux de signalisation.
Les villes françaises connaissent cette situation de congestion urbaine. D’après une étude
réalisée par INRIX, société spécialiste de l’analyse du trafic routier, les conducteurs
franciliens passent 70 heures par an dans le trafic, soit beaucoup plus longtemps que les autres
automobilistes européens (52 heures à Londres) et français. Les Lillois y passent 50 heures
annuelles, les habitants de Lyon et Limoges 34 heures par an et ceux de Grenoble, 33 heures.
Dans les villes de Paris, Lyon, Marseille et Rouen, la pire heure de pointe se situe le mardi
entre 8h et 9h. Pour l’ensemble de la France, le ratio de temps de parcours (RTP) est de
14,3%. Cela signifie qu’un trajet en semaine, aux heures de pointe du trafic, prend en
moyenne 14% de temps supplémentaire que le même trajet effectué dans des conditions
fluides.
120
3.1.3. Une absence de structures multipolaires
Bien que les niveaux de motorisation des pays émergents 70soient modestes par rapport aux
pays européens,
« Ils enregistrent une augmentation significative, avec un potentiel de croissance d’autant plus
important que les pouvoirs publics et les opérateurs peinent à améliorer les services de transports
collectifs »71
soulignent les chargés de mission du Plan Bleu72, Julien LE TELLIER et Sylvain HOUPIN.
Les autochtones et les touristes sont las du trafic congestionné de Marrakech bien que les
raisons de leur mécontentement diffèrent. Pour les premiers, la congestion urbaine est un frein
dans les déplacements quotidiens et les migrations pendulaires. Les seconds ressentent moins
ce trafic intense puisque la majeure partie d’entre eux visitent la ville à pied, en calèche ou via
les bus panoramiques. Toutefois, ils sont conscients du manque de transports collectifs et de
l’incohérence des horaires entre les différents modes de transports, notamment aux abords des
pôles d’échange de la ville.
En effet, à leur arrivée à l’aéroport, ceux qui viennent pour la première fois vont utiliser la
navette qui se rend uniquement dans les points les plus fréquentés de la ville. Le trajet est
long, plutôt onéreux et il y a un seul bus par heure pour se rendre au centre-ville. Ceux qui
découvrent Marrakech pour la seconde fois, par souci de praticité et de rapidité, utiliseront un
petit taxi, ou bien seront véhiculés par des amis ou par le chauffeur de la maison d’hôte où ils
vont résider.
Quant aux voyageurs arrivant par le train, ils sont accostés dès leur sortie de la gare par des
personnes s’improvisant chauffeur de taxi. Il s’agit de personnes qui utilisent leur véhicule
personnel pour transporter des gens d’un point à un autre de la ville. Le prix de la course est
décidé avant le trajet. Il est moins onéreux que le prix des petits taxis officiels. Ce phénomène
70 Pays émergent : trois critères permettent de définir un pays émergent. Le premier critère concerne les revenus
intermédiaires. Les pays émergents ont un revenu par habitant en parité de pouvoir d'achat (PPA) compris entre
10 et 75 % du revenu moyen de l'Union européenne. Ceci exclut donc les pays les moins avancés et les pays
riches. Le second critère concerne la croissance et le rattrapage économique. Durant la période récente (au moins
une décennie) les pays émergents ont connu une croissance supérieure à la moyenne mondiale. Ils connaissent
donc une période de rattrapage économique et pèsent de ce fait de plus en plus lourd dans la création de richesses
mondiales. Le troisième critère concerne les transformations institutionnelles et l’ouverture économique. Durant
la période récente, ces économies ont connu une série de transformations institutionnelles profondes qui les ont
davantage intégrées aux échanges mondiaux.
71 Urbanisme, novembre-décembre 2009, n°369, p. 47.
72 Le Plan Bleu est chargé de produire de l’information et de la connaissance sur les risques environnementaux
et les enjeux de développement durable en Méditerranée.
121
crée une situation de concurrence économique dans un contexte où Marrakech connaît
également une situation paradoxale.
En 2009 à Marrakech, 60% des déplacements s’effectuent à pied (Graphique 03). Cette
tendance se confirme également dans les autres pays du Maghreb où les déplacements à pied
représentent 50 à 80% de l’ensemble des déplacements. Dans ces pays, les distances de
déplacement sont très longues, le recours à la marche est massif et les modes motorisés sont
faiblement utilisés. D’après notre enquête de terrain, les Marrakchis plébiscitent d’abord
l’usage du vélo, puis celui de la marche et enfin celui de l’autobus. La route est perçue selon
eux comme source de grand danger et de grande insécurité mais aussi comme source de
stress.
Dans la Ville ocre, 15% des déplacements s’effectuent en voiture et 21% en deux roues, soit
un total de 36%. Cela signifie que la voiture reste l’un des moyens de transport les moins
utilisés par les Marrakchis. Comme nous l’avons indiqué dans la première partie, les ménages
marocains possédant une voiture sont peu nombreux. Au Maghreb, le faible taux
d’équipement des ménages en voiture -de l’ordre de 10%- s’explique par le faible niveau des
ressources. Pourtant, la congestion du trafic est évidente et les problèmes de mobilité bien
réels. Qu’en serait-il si 60% des déplacements étaient réalisés en voiture plutôt qu’à pied ?
Actuellement, la ville de Marrakech ne pourrait répondre à cette problématique. Ces chiffres
révèlent combien l’enjeu de la mobilité urbaine est à reconsidérer rapidement.
122
Par ailleurs, les problèmes de congestion risquent de croître en raison de la construction de
grands projets résidentiels à proximité de Marrakech comme la ville nouvelle de Tamansourt
(300000 habitants) sur la route de Safi (nord), la ville de Chwiter (50000 habitants) sur la
route d’Ait Ourir (est) et le complexe du groupe immobilier Addoha (40000 habitants) sur la
route de Targa (ouest).
4%
TC
15%
voiture
À pied
Depuis 2014, la Ville ocre entend améliorer la mobilité urbaine et s’inscrit dans le projet
quinquennal (2014-2017) Marrakech, cité du renouveau permanent pour lequel 6,3 milliards
de Dhs sont investis. Il a pour objectif d’accompagner le développement urbain et
démographique de la ville, de renforcer l’attractivité économique de Marrakech, de consolider
la place de Marrakech en tant que pôle touristique mondial et d’améliorer les infrastructures
123
socio-culturelles et sportives de la ville. Il s’articule autour de cinq grands axes comme la
valorisation du patrimoine culturel, l’amélioration de la mobilité urbaine (1,220 MMD) 73,
l’intégration urbaine, la promotion de la bonne gouvernance et la préservation de
l’environnement. L’amélioration de la mobilité urbaine se traduira par la mise à niveau de
plusieurs routes et des avenues Hassan II et Guemassa, par le transfert de la gare routière et la
promotion du transport public, par un nouveau système informatique de régulation de la
circulation et enfin, par l’amélioration des accessibilités des personnes à besoins spécifiques.
C’est un premier pas mais d’autres réponses concrètes doivent être apportées pour anticiper
l’étalement urbain de Marrakech et pour éviter que la ville ne s’étouffe. Auquel cas, les
habitants de la Perle du sud pourraient lui préférer d’autres villes proches.
Or, un habitant qui se sent bien dans une ville va y rester. Il calculera l’avantage qu’il a de
rester dans la Ville ocre. Si cet avantage est plus grand que celui de partir, le citadin logera,
travaillera et consommera à Marrakech, impliquant des retombées économiques pour la ville
et pour la région. En effet, plus une ville croît, plus elle doit être en mesure d’offrir des
avantages à sa population. Lorsqu’elle atteint un seuil de taille maximale, l’avantage à rester
dans cette ville doit être plus élevé que le coût que cela engendre. En créant par exemple des
espaces publics et des superstructures, une ville crée de l’avantage. D’ici à 2016, Marrakech
entend d’ailleurs multiplier la création d’hôpitaux, d’écoles, de musées et de terrains sportifs
afin de créer de l’avantage pour ses habitants. Plus les avantages seront nombreux, plus la
population restera dans cette ville, comme l’indique le schéma de la taille optimale des
territoires (Figure 37).
Economie
Coût
+
Avantages
N
Nombre de personnes
73 Avant ce projet quinquennal, deux millions de Dhs ont été investis en 2013 pour refaire les voiries de la ville.
124
La répartition des mouvements de circulation à Marrakech illustre combien la ville rencontre
des difficultés à faire face à une congestion urbaine engendrée par seulement 40 % de
déplacements motorisés pour 60% de déplacements à pied. L’urbanisation et le taux de
motorisation étant croissants, il devient urgent de remédier à cette situation. A court terme,
plusieurs solutions existent pour fluidifier le trafic. Il est tout d’abord possible de créer de
nouveaux giratoires et carrefours ou d’en améliorer l’aménagement existant.
Il est possible de créer des carrefours giratoires (Figure 38) lorsque l’espace disponible le
permet et lorsqu’ils sont nécessaires pour fluidifier un trafic important.
125
Les carrefours giratoires doivent correspondre à des normes techniques qu’il convient
d’établir. Le carrefour giratoire permet aux usagers de prendre n'importe quelle direction et de
faire un demi-tour. Il se caractérise par des points de conflits74 moins nombreux que ceux
d’un carrefour à croisement (Figure 39) et par la priorité des véhicules circulant sur l’anneau.
74 Ils sont plus nombreux dans le carrefour à croisement car il existe deux sens de circulation et car trois choix
de direction s’offrent à chaque usager.
126
Dans la ville de Marrakech, les giratoires sont utilisés par les usagers comme un carrefour à
croisement. Le code de la route semble stipuler que les automobilistes s’engagent dans
l’anneau et s’arrêtent au niveau de la deuxième sortie pour laisser la priorité à droite. Or,
aucun feu tricolore n’est présent sur l’anneau. Si la circulation de la plupart des giratoires de
la Ville ocre est régie par un ou deux gendarmes, la circulation n’en est pas plus fluide car les
véhicules s’arrêtent dans l’anneau. Les giratoires, devraient être utilisés en laissant la priorité
à droite, permettant aux automobilistes déjà insérés d’avoir la priorité sur les autres véhicules.
Par ailleurs, de nombreux carrefours à croisement disposent en leur centre d’un îlot arrondi,
incitant ainsi les automobilistes à l’utiliser comme un giratoire (Figure 40). Or, l’îlot étant
trop petit, les voitures stationnent dans le giratoire et un embouteillage se crée (Figure 41).
Actuellement, les giratoires sont source d’insécurité routière. Utilisés comme des carrefours à
angle droit, les entrées et sorties des giratoires sont potentiellement dangereuses pour les
automobilistes et les autres usagers.
127
Figure 41. Embouteillage dans un carrefour utilisé comme un giratoire,
avenue Mohammed V. Clichés : A. NAKHLI, 2014.
Récemment à Marrakech, un giratoire a été réalisé sur la route de Targa (Figure 42). Cette
construction était nécessaire car avant sa réalisation, pour tourner à gauche ou à droite, un seul
véhicule bloquait l’ensemble du trafic, créant des points de congestion tout au long de la
journée. A cela s’ajoutait la présence de feux tricolores et un agencement de la voirie
inapproprié dans le sens où les virages étaient conçus en épingle. Désormais, la circulation est
plus fluide sur ce tronçon.
Comme nous l’avons souligné précédemment, tourner à gauche ou à droite aux carrefours à
croisements de Marrakech, relève du défi. En effet, les voies de présélection sont inexistantes,
ce qui multiplie la probabilité de collision et de congestion du trafic. En régulant ces
mouvements par des aménagements adaptés, deux conséquences peuvent être visibles. D’une
part, les mouvements simultanés des usagers s’effectuent sans conflit, et d’autre part, un gain
d’espace se crée. En effet, avec le système des voies de présélection et des îlots séparateurs,
les usagers sont invités à choisir la voie de gauche, de droite ou du milieu selon l’endroit où
ils souhaitent se diriger. Deux véhicules se faisant face peuvent ainsi tourner, l’un à droite et
l’autre à gauche, de manière simultanée. Par ailleurs, le trafic ne connaît pas d’embouteillages
car les véhicules ne stationnent pas au croisement. La circulation est fluide. Concernant
l’emprise du giratoire, celle-ci doit être pensée de façon à ce que les temps de traversées et de
dégagement soient courts pour que les automobilistes puissent sortir de l’anneau rapidement.
Dans la ville de Marrakech, il existe plusieurs cas de configuration de giratoires. Certains ont
un nombre de branches de présélection supérieur au nombre de voies entourant l’anneau,
d’autres ont anneau de grand diamètre et des branches d’entrée et de sortie sans îlot séparateur
tandis que d’autres enfin, ont des branches d’entrée et de sortie insuffisamment larges ou
129
insuffisamment nombreuses. Ces trois cas de configuration sont potentiellement dangereux
pour les usagers car ils augmentent la probabilité de collision et le nombre d’accidents.
La taille des giratoires doit être
adaptée à chaque cas de figure et
tenir compte de l’emplacement
géographique et de l’importance du
trafic (Figure 44).
130
D’après la figure 45, à l’heure de pointe du matin (HPM), les axes les plus plébiscités par les
usagers entre 7h30 et 8h30 sont clairement visibles. Plus le trait est épais et plus il y a de
véhicules qui utilisent cet axe à cette heure précise de la journée. L’axe le plus fréquenté
comptabilise ainsi 855 véhicules légers (VL), 48 poids légers (PL) et 20 deux-roues (2R).
L’axe directionnel le moins utilisé comptabilise 57 VL, quatre PL et zéro 2R.
Ces comptages directionnels vont figurer parmi les critères les plus importants pour
déterminer la taille du giratoire à aménager. Le giratoire dispose parfois de feux de
signalisation dans l’anneau. Un marquage au sol doit alors accompagner la pose de ces feux
tricolores pour délimiter l’arrêt des automobilistes. Toutefois, le giratoire favorise moins les
déplacements des deux-roues et des piétons : il doit donc être créé là où son rôle sera le plus
efficace pour fluidifier le trafic.
L’implantation d’un carrefour (aussi appelé croisement) doit également répondre à des
objectifs d’aménagement qui doivent être en cohérence avec ceux de l’axe sur lequel il se
trouve et avec le fonctionnement des carrefours situés en amont et en aval. La configuration
du croisement s’effectue selon plusieurs critères comme la position dans le réseau, la
cohérence sur l’axe, l’emprise disponible, la capacité choisie, la typologie du trafic, la
sécurité, les moyens financiers. Schématiquement, il est possible de résumer de manière
globale la configuration du croisement selon le niveau hiérarchique de la voie (Tableau 05).
À Marrakech, la circulation est dense et non maîtrisée. D’une part en raison de l’afflux aux
mêmes horaires d’un grand nombre de véhicules sur les principales artères de la ville. D’autre
part en raison du manque de partage de la voirie. Actuellement, chaque usager circule où il
veut et où il peut sur la chaussée, empiétant très souvent les espaces de stationnement et
parfois les trottoirs. Certaines rues sont étroites et non adaptées à la circulation à deux voies.
Les boulevards les plus larges sont aussi congestionnés (Carte 21 p.117) : l’avenue
Mohammed VI, l’avenue Hassan II, l'avenue Abdelkrim Khattabi (Figure 46), l’avenue
Mohammed V (Figure 47) et le boulevard Allal al Fassi.
132
Ils pourraient être réaménagés de façon à ce que chaque usager puisse y circuler avec fluidité.
C’est d’ailleurs un projet en cours.
Quatre axes sont aménagés pour recevoir des voies réservées aux BHNS (Bus à Haut Niveau
de Service). Ainsi, des couloirs seront réservés à la circulation rapide et très fréquente des
bus. Les artères ou les quartiers concernés par ces travaux sont : le boulevard Allal al Fassi,
l’avenue Guemassa (M’hamid), l’avenue Massira et la rocade sud de la médina (Sidi Youssef
Ben Ali).
D’ici une quinzaine d’années, le trafic de la ville devrait compter 200000 véhicules (deux-
roues non inclus) sans compter le trafic supplémentaire lié aux visites de touristes et de
Marocains de l'ordre de 10 millions de personnes en 2025. Un meilleur partage de l’espace
public est donc nécessaire. Le cabinet spécialisé TRANSITEC suggère de privilégier les
espaces réservés aux piétons. En effet, contrairement aux villes des pays européens où 60%
des déplacements s’effectuent en voiture, le même pourcentage de déplacements à Marrakech
s’effectue à pied. Pour privilégier les modes de circulation douce et en particulier la marche, il
133
est nécessaire de disposer d’un réseau de transports multimodaux et intermodaux. L’offre de
transports collectifs doit donc être adaptée pour que chaque individu, et ce, quel que soit le
quartier où il réside, puisse se déplacer à pied, à vélo ou en deux-roues électrique tout en
bénéficiant de transports collectifs pendant une large amplitude horaire.
Pour ce faire, il est au préalable nécessaire de partager l’espace de la voirie entre les différents
types de transport.
Un marquage au sol serait tout d’abord essentiel afin de délimiter le partage des voies. Ce
partage pourrait se répartir en cinq catégories. Il s'agirait de créer une voie pour les voitures et
les deux roues, une pour les bus, une pour les charrettes et les calèches, une pour les cyclistes
et enfin une pour les piétons.
À Marrakech, des bandes cyclables pourraient également être créées. C’est notamment le cas
sur l’avenue Guemassa. Une piste cyclable est aménagée via un marquage au sol et des
balises. Toutefois, elle est utilisée par certains usagers à moto (Figure 48). Les figurines au sol
représentant un cycliste ainsi que les lignes de démarcation discontinue rappellent les règles
de circulation aux usagers. La largeur minimum est d’un mètre et demi. Si la piste est
bidirectionnelle, il faut compter trois mètres au minimum.
Figure 48. Piste cyclable utilisée par une moto, avenue Guemassa,
Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2014.
134
Enfin, la continuité de la piste cyclable peut être assurée dans les carrefours afin de poursuivre
la continuité du cheminement des cyclistes (Figure 49).
Partager la voirie ne se résume pas uniquement à créer des couloirs de circulation pour chaque
mode de transport, même si ce partage constitue un des premiers points à élaborer dans
l’optimisation de la mobilité des usagers. À Marrakech, la circulation est moins fluide en
raison des espaces piétons inadaptés et du manque de places de stationnement. Il est ainsi
courant de voir des personnes se déplacer en fauteuil roulant au milieu de la chaussée tandis
que certains véhicules sont stationnés en double file. Il est donc également essentiel de
repenser l’espace piéton et de sécuriser les trottoirs.
135
3.2.3. Les trottoirs et les espaces piétons
Un trottoir est une partie de la route affectée à la circulation des piétons. Il est distinct de la
chaussée et de tout emplacement aménagé pour le stationnement. Sa limite est repérable et
détectable pour tous les usagers y compris les personnes en situation de handicap telles que
les personnes malvoyantes. Il est donc important de distinguer le trottoir de la chaussée. Le
trottoir et la chaussée ne peuvent constituer un même espace. Il convient de les délimiter. Les
pistes cyclables appartiennent à la chaussée tandis que les places de stationnement doivent
être repérables visuellement et détectables (marquage au sol spécifique).
Les trottoirs doivent respecter des normes de largeur de 1,40 m pour permettre à deux piétons
de se croiser ou de marcher côte à côte et de 2,50 m lorsque le trafic piéton est dense. Ces
normes sont d’autant plus essentielles que le trafic automobile est dense et que l’incivisme au
volant grandissant. Des
trottoirs larges et des
passages piétons sont
nécessaires dans
l’aménagement d’une ville
car le piéton représente
plus de 39% des tués en
milieu urbain. Ils
permettent de sécuriser les
trottoirs et de fluidifier le
trafic : sans ces espaces,
les piétons traversent les
voies en diagonale, ce qui
Figure 50. Cycliste circulant sur le trottoir,
est source de danger.
Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2014.
Seuls les piétons, les
personnes en fauteuil roulant, à rollers ou avec des poussettes sont autorisées à circuler sur le
trottoir. Les vélos y sont interdits à l’exception des enfants de moins de huit ans circulant
doucement. Or, cette prescription n’est envisageable que dans la mesure où il existe des pistes
cyclables pour la circulation des vélos. A contrario, pour des raisons de sécurité et en raison
de l’importance du trafic de Marrakech, les cyclistes sont contraints de rouler sur les trottoirs
(Figure 50).
136
L'espace disponible pour le piéton est
d'autant plus restreint que les marchands
ambulants l'empiètent car ils ne disposent
pas de places réservées à leur
stationnement.
Si le piéton est tenu d’utiliser les
emplacements qui lui sont réservés
lorsque ceux-ci sont praticables. Il peut
toutefois recourir à la chaussée lorsque
l'emplacement qui lui est réservé est
inexistant ou impraticable. Si un trottoir
est en cours de travaux, un emplacement
pour les piétons doit être aménagé pour
que les piétons puissent circuler de façon
sécurisée. À Marrakech, nombreux
espaces piétons gagneraient à être
réaménagés car ils sont vétustes, Figure 51. Trottoir inapproprié,
137
Cela permettrait de diminuer le nombre de piétons circulant sur la chaussée, ce qui pour
l’instant constitue un risque pour le piéton lui-même mais aussi pour les autres usagers de la
route (Figure 52). Par ailleurs, certains trottoirs sont praticables mais présentent des risques
ou des obstacles pour le cheminement des piétons (Figures 53 et 54).
Espace restreint
Obstacles
Figure 53. Exemple de trottoir étroit, av. Hassan II, Marrakech. Cliché : A.
NAKHLI, 2014.
Or, l’espace de la mobilité des piétons doit être dégagé de tout ce qui y est établi au profit des
voitures –poteaux, boîtes électriques, inclinaison des trottoirs devant les portes de garage
etc.75 indique l’ARAU (Atelier de recherche et d’action urbaine) lors du colloque qu’elle tient
annuellement à Bruxelles.
La Ville s’affaire aux aménagements concernant les trottoirs puisque dans certains quartiers,
l’espace est conçu de manière plus sécurisée et plus agréable. Les trottoirs disposent alors
d’une surface plane, de bancs et de parties où l’espace pour marcher est suffisant pour les
piétons (Figures 55).
139
Le piéton est tenu d’utiliser les passages
piétons lorsqu’il en existe à moins de 50
mètres. Ces derniers sont conçus pour
maintenir les piétons groupés dans un
espace visible par les automobilistes et où
ils peuvent traverser en toute sécurité vis-
à-vis du trafic routier.
Sur les routes à très fort trafic, des
passerelles ou des tunnels piétons peuvent
être aménagés. Lorsque les routes sont
longues, des refuges pour piétons ou des Norme d’aménagement d’une pente dans
petits îlots permettent de sécuriser la le cas d’un trottoir large
traversée des piétons.
Les passages piétons sont accompagnés de
panneaux de signalisation lumineux ou à
diodes et parfois, d’équipements audibles
ou tactiles (bande d'éveil de vigilance). Ils
sont desservis par des pentes pour en
faciliter l’usage. Ces pentes sont calculées
en fonction de la largeur du trottoir (Figure
56).
Or, dans la Ville ocre, les passages piétons
Norme d’aménagement d’une pente dans
sont absents, manquent de visibilité ou
le cas d’un trottoir étroit
bien sont source d'insécurité. La plupart ne
dispose pas de pente. Lorsque celle-ci
Figure 56. Pentes assurant le
existe, son aménagement est mal conçu
confort et la sécurité des piétons
(Figure 57). Parfois, l’espace piéton est
sur les trottoirs. Source : d’après
signalé au sol mais il manque des bateaux76
Carrefours urbains, 2010, p. 83.
sur le trottoir (Figure 58).
Réalisation : A. NAKHLI.
Ces erreurs d’aménagement sont
également visibles aux abords des écoles
où les passages piétons sont inexistants ou insécurisés. Des pistes piétonnières destinées aux
trajets domicile-école pourraient être réalisées afin de faciliter et sécuriser le cheminement des
élèves.
Pour assurer l'usage exclusif des trottoirs aux piétons et en interdire l'accès à tout véhicule
motorisé, les aménageurs mettent en place des dispositions réglementaires et des dispositifs
physiques. Il s’agit du mobilier urbain qui s’intègre dans le paysage de façon esthétique tout
en présentant une efficacité de protection.
141
Au fil du temps, la ville de Marrakech a davantage sécurisé les espaces pour les piétons. Des
barrières de sécurité ont été implantées vers le square Foucauld (médina) et l’avenue
Mohammed V (Figure 59).
Dans certains quartiers de Marrakech, des aménagements adaptés permettent de rendre les
espaces piétons plus visibles (Figure 60).
142
La ville a également favorisé le développement de zones réservées à la circulation des piétons
et des cyclistes. Les rues piétonnières prolongent la place Jemaa-el-Fna, sillonnent le quartier
Hivernage et longent l’avenue Mohammed VI. Le confort acoustique, la sécurité et la liberté
de mouvement sont plus présents dans ces zones en raison de l’absence de modes motorisés.
D'une part, ces nouveaux espaces participent à la protection de l’environnement puisque une
réduction des GES (gaz à effet de serre) est constatée. D'autre part, ce type d’aménagement
est favorable à l’économie des commerces de proximité (Figures 61 et 62) et au
développement du secteur touristique.
143
Des zones de limitation de vitesse à 30 km/h pourront également être créées dans la ville afin
de sécuriser les déplacements des piétons. Les tentatives visant à améliorer le respect des
limites de vitesse sont généralement obtenues par l'éducation (campagnes de communication,
formation des conducteurs), la coercition ou l'ingénierie routière (stationnement alterné, îlot
piétons) (Annexe 06). Des ralentisseurs ont déjà été installés à Marrakech et des policiers sont
présents à tous les carrefours de la ville pour s’assurer du respect de la limitation de vitesse 77
et du code de la route. Ils veillent également à la fluidité du trafic des véhicules.
Des solutions existent pour favoriser la cohabitation entre espaces piétons et chaussée. Dans
certains quartiers de Marrakech, des réaménagements sont nécessaires afin de sécuriser les
déplacements des Marrakchis au quotidien. L’aménagement des trottoirs et des espaces
piétonniers joue un rôle important pour mieux gérer les mouvements des usagers et la fluidité
du trafic. En outre, les places de stationnement ont elles aussi un rôle majeur à jouer.
3.2.4. Le stationnement
A Marrakech, tous les emplacements de stationnement sont surveillés par des gardiens, qu’il
s’agisse de grands parkings, d’équipements, de places dans la rue ou devant des
administrations. Ils sont payés 1 à 2 Dhs de l’heure en journée et 5 Dhs en soirée, pour aider
77 Au Maroc en centre-ville, la vitesse est limitée selon les zones à 40 voire 50 km/h : en agglomération entre 60
et 80 km/h ; sur route à 100 km/h et sur autoroute à 120 km/h.
144
les automobilistes à se garer, à sortir de leur place et surveiller les véhicules. Le tarif pour la
journée entière est plus onéreux (10 Dhs) et il double pour la nuit entière.
L'installation récente des horodateurs dans la ville a pour objectif de favoriser la rotation des
véhicules stationnés. Or, les places de stationnement et les parkings se font rares, ce qui ne
favorise pas la rotation des véhicules. Les principaux parkings se situent vers la place Jemaa-
el-Fna. Les autres parkings sont plus petits et répartis vers la médina (Carte 03 p.43). Ce
manque de places incite les automobilistes à s’arrêter et à stationner sur la chaussée,
augmentant ainsi la congestion urbaine déjà existante ainsi que les risques d’insécurité. Dans
l’hypothèse qu’un nombre suffisant de places de stationnement voit le jour, l’utilisation du
parcmètre pourrait alors devenir utile pour favoriser la fluidité du trafic des véhicules.
146
Par ailleurs, l’absence d’aménagements définis au sol pour l’arrêt des autobus et des taxis
engendre une occupation de ces espaces par les automobilistes. Ce phénomène contribue à la
congestion urbaine de Marrakech. Si des emplacements étaient prévus à cet effet, la
circulation urbaine serait plus fluide. Par ailleurs, les emplacements réservés au stationnement
des bus doivent répondre à des normes et praticité (Figure 65), de sécurité et de partage de la
voirie entre les usagers.
Si des petits taxis et des lignes de bus couvrent l’ensemble de la ville, le parc des transports
collectifs reste encore insuffisant à Marrakech. Ceux qui n’ont d’autre choix que celui
d’utiliser l’autobus sont, comme le dit François ASCHER, dépendants de ce mode de
transport. Globalement, les modes de déplacement dépendent des possibilités de
stationnement, de la distance à parcourir, du coût et de la configuration du réseau viaire.
147
Or, ces facteurs de mobilité nécessitent d’être repensés ou améliorés. En effet, seulement les
deux tiers du réseau sont en bon état et l’absence de voies transversales entraîne une
congestion du trafic vers le centre-ville. Par ailleurs, la coexistence de plusieurs modes de
circulation sans réel partage de la voirie, implique de réguler l’espace public d’une meilleure
façon pour assurer une plus grande sécurité des usagers, réduire la congestion urbaine de la
ville et favoriser l’offre de transports collectifs.
En outre, la trentaine de lignes de bus parcourant Marrakech n’offre pas toujours les
prestations espérées. D’après les usagers, tous les bus ne sont pas confortables et climatisés.
Par ailleurs, la fréquence horaire sur chaque ligne est réduite : il est possible d’attendre 45 min
entre deux passages de bus. Pour se rendre du quartier Sidi Youssef Ben Ali situé au sud-est
de Marrakech, au quartier de Daoudiate situé au nord-est de la ville (Boulevard Allal Fassi),
30 à 35 minutes de trajet en bus sont nécessaires.
Les abris de bus sont rares. Certains arrêts de bus se signalent par un regroupement d'un grand
nombre de personnes à un même endroit (Figure 66). Les voyageurs connaissent quelques-
unes des stations qui jalonnent le parcours qu’ils empruntent habituellement. C’est de cette
manière qu’ils peuvent savoir où attendre le bus. A l’emplacement d’un arrêt de bus, le
manque d’informations concernant le plan du réseau, les lignes desservies, les horaires ou la
fréquence des bus de jour et de nuit, est édifiant. Notre enquête de terrain auprès des usagers
révèle qu’auparavant, des
plaques d’informations et
des cartes du réseau
existaient. Comme elles
ont été arrachées, la
société ALSA ne les a
pas renouvelées. Il est
toutefois possible, pour
les usagers adeptes
d’Internet, d’obtenir des
renseignements sur le site
de la compagnie ALSA.
Le plan des lignes
Figure 66. Arrêt de bus, avenue Hassan II,
d’autobus n’existe que
sur le web. La qualité Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2014.
Enfin, de manière générale, les usagers des bus n’ont accès à aucune information concernant
l'actualité des réseaux de bus et d'autocars en temps réel. Il est donc difficile d’anticiper un
déplacement ou de pouvoir compter sur la fréquence régulière des bus de ville pour se
déplacer. L’ensemble de ces facteurs n’incite pas la population à utiliser le bus. Ils préfèrent
acquérir un vélo ou une moto et pouvoir se déplacer plus facilement dans la ville. Cela ne fait
qu’accroître le nombre de véhicules sur des artères, qui elles, trouvent difficile de répondre à
cette forte demande.
Par ailleurs, l’ensemble des informations concernant les transports collectifs se fait par le
bouche-à-oreille ou sur les forums d’Internet suite à l’expérience que certains voyageurs
veulent bien partager. Or, un plan officiel du réseau, accompagné d’une légende et d’un
quadrillage (avec chiffres et lettres de repérage), devrait exister à chaque arrêt de bus et non
uniquement en ligne sur Internet. Ce plan doit pouvoir informer les voyageurs de l’ensemble
des lignes de bus de ville et des lignes spécifiques (desserte des collèges et lycées
uniquement, lignes accessibles aux handicapés). Les numéros de ligne doivent être de couleur
différente. Le plan doit également indiquer les noms des arrêts, des départs et des terminus
ainsi que les points de convergence avec les autres lignes. Le plan renseigne le voyageur de
tous les emplacements des équipements culturels et sportifs, des administrations, des
établissements scolaires, des hôpitaux, des parcs et des cours d’eau de la ville. Les noms des
rues principales sont aussi indiqués. Enfin, les espaces d’information avec les numéros de
téléphone des gestionnaires du réseau sont également mentionnés.
Une forme géométrique correspondant à une ligne de bus, permettrait à ceux qui ne savent pas
lire, de pouvoir se déplacer et reconnaître un repère sur un plan. Il faut tenir compte
également des populations qui lisent, parlent ou comprennent une seule des trois principales
langues du pays (arabe, berbère ou français). Ces formes géométriques devraient également
être répétées sur les plans de réseaux affichés à l’intérieur des bus. L’arrêt de chaque station
devrait être mentionné par haut-parleur et affiché par un signal lumineux sur les plans de ligne
affichés dans le bus. Enfin, les portes d’accès du bus devraient être suffisamment larges et
ajustées à la hauteur des trottoirs pour permettre le passage des personnes en fauteuil roulant
ou des mamans avec leurs poussettes.
149
Les guichetiers de la gare routière sont là pour informer les voyageurs puisqu'il n’existe aucun
plan des fréquences, des jours et des horaires d’autocars. Des plans de petit format concernant
l'ensemble du réseau sont inexistants. Quelques informations élémentaires sont toutefois
affichées à l’entrée des gares routières. Quant à la nouvelle gare ferroviaire, elle est plus
esthétique que fonctionnelle. Les informations essentielles à propos des départs et des arrivées
des trains sont retranscrites sur un seul écran géant et non plusieurs. Par ailleurs, aucun point
information pour les voyageurs n’est présent ni aucune salle d'attente.
Pour inciter les voyageurs à préférer le bus, il est nécessaire de développer une offre de
transports collectifs variés et adaptés : bus et tramway par exemple. Ceux-ci doivent
développer des horaires et des fréquences de lignes en adéquation avec les différents modes
de transports déjà présents à Marrakech : avion, train, autocar et bus de villes. L’information
auprès des usagers est également nécessaire afin de rendre leurs déplacements plus fluides,
plus faciles et plus pratiques.
Bien qu’un taux d’analphabétisme touche une grande population du Maroc, cela concerne
davantage les anciennes générations. En effet, la population est jeune 79, plus érudite et
s’intéresse davantage aux nouveaux moyens de communication : téléphones mobiles, Internet.
Une étude réalisée par la société mondiale Google révèle d’ailleurs que le Maroc a enregistré
en 2009 une hausse de 18% en nombre d'utilisateurs du réseau Internet, soit la 2ème place
dans le monde arabe.
Les transports collectifs ont mauvaise presse auprès d’une partie de la population. Les
accidents sont souvent nombreux et meurtriers sur les routes marocaines. Ils ne s’expliquent
pas uniquement par la vétusté des véhicules mais aussi par le comportement des usagers et
l’état des infrastructures routières. Comme d’autre pays très motorisés, le Maroc –qui pourtant
est moins motorisé que certains pays du Nord– est amené à répondre à la question de la
sécurité routière. En effet, penser la question de la mobilité urbaine à Marrakech implique
nécessairement de penser celle de la sécurité des usagers.
La sécurité routière est basée sur une combinaison de trois acteurs bien connus, à savoir, le
conducteur, le véhicule et l'infrastructure incluant ses équipements de signalisation et de
sécurité.
Les circulations sont à l’origine d’accidents souvent meurtriers, et la lutte contre la violence
routière constitue une action constante des pouvoirs publics dans les sociétés très motorisées.
Les routes du Maroc sont parmi les plus meurtrières au monde. Le Royaume présente des
indicateurs de gravité du nombre d’accidentés et de tués très élevés par rapport aux pays
industrialisés, et ce, bien que son parc automobile et son taux de motorisation soient moins
élevés que ces derniers. Au Maroc, le véhicule tue 14 fois plus qu’en France, 18 fois plus
qu’en Suède, 17 fois plus qu’au Royaume-Uni et onze fois plus qu’aux Etats-Unis.
En dix ans, le parc automobile a cru de 43,5%, la circulation a augmenté de 55,2% et le réseau
routier s’est agrandi de 16,7%. En 2003 au Maroc, avec un parc automobile alors 18 fois plus
petit que la France et 12 fois plus petit que l’Espagne, le Maroc enregistre déjà un
pourcentage de tués dix fois plus grand. Sur la période 1995-2004, le bilan des accidents au
Maroc indique que80 76% des véhicules impliqués dans les accidents ont plus de cinq ans.
En 2002 dans le Royaume chérifien, les d’accidents corporels sont trois fois plus nombreux
en agglomération qu’en rase campagne. Le nombre de blessés légers est plus élevé en
agglomération81. Le nombre de tués est deux fois plus important hors agglomération.
Les piétons et les deux-roues -avec ou sans moteur- sont les premières victimes de ces
accidents routiers : ils représentent plus de 53 % des tués en 2008 au Maroc (Graphique 04).
80 Bilan décennal des accidents de la circulation au Maroc, 1995-2004. Comité national de la Prévention de la
Circulation.
81 Cette tendance est restée la même entre 1996 et 2005.
151
Graphique 04. Répartition des tués dans les accidents routiers, par
catégories d’usagers, en 2008 au Maroc. Source : d’après le Ministère de
l’Equipement et des Transports. Réalisation : A. NAKHLI.
Le parc de motos est estimé à 170000 véhicules à Marrakech. Les motocyclistes circulent sans
respecter le code de la route et parfois sans le connaître. En 2008, Marrakech détient le record
des accidents de la circulation : 2800 accidents ont été enregistrés soit près de six par jour. Ce
sont surtout des autochtones car les déplacements des touristes à moto ou en calèche
représentent moins de 1% de l’ensemble des déplacements. Les causes de l'insécurité routière
sont nombreuses (Annexe 06). Le Maroc entend améliorer sa stratégie nationale en
pérennisant les actions adoptées, en considérant le piéton comme partie intégrante de la
circulation routière, en travaillant en cohésion et en favorisant l’adhésion de l’ensemble des
acteurs et des intervenants (administration, secteur privé, société civile, professionnels) et
enfin, en considérant la sécurité routière comme une priorité pour l’ensemble des
intervenants.
Toutefois, nous pensons que ces principes peuvent être appuyés par les préconisations et les
éléments de réponse que nous avons abordés dans le chapitre concernant la circulation et la
congestion urbaine. Il nous semble important que d’autres changements puissent voir le jour.
Globalement, il s’agit d'instaurer un programme national du code de la route identique pour
tous les usagers et d'effectuer les aménagements de voirie nécessaires au bon fonctionnement
et à la bonne coordination entre code de la route et code de la rue. Il est également important
152
de réduire les temps d’attente dans l’apport des soins aux victimes 82 et d'informer et de
communiquer auprès de tous les acteurs de la sécurité routière.
Comme nous l’avons indiqué au début de ce sous-chapitre, la combinaison des trois facteurs
« route-véhicule-individu » est source d’insécurité routière. Toutefois, la responsabilité du
conducteur et la vétusté du véhicule ne sont pas les seuls facteurs de risque. Le manque
d’entretien des infrastructures et le manque d’information concernant la voirie impliquent de
nombreux accidents.
Les voiries se caractérisent par une grande hétérogénéité quant à leurs statuts, leurs largeurs,
leurs caractéristiques techniques, les matériaux qui les composent, le trafic qu'elles subissent,
leur âge, et naturellement leur état d'entretien.
L'objectif du petit entretien curatif est de rétablir en priorité un niveau de service acceptable
pour la sécurité des usagers de la voirie, puis de traiter les problèmes relatifs aux riverains et à
la pérennité de l'ouvrage.
Toute autorité en charge de la gestion du réseau routier doit assurer à son niveau le bon
entretien régulier et normal de la voie placée sous sa responsabilité juridique et son soutien
financier. Cette obligation d'entretien comprend autant la réfection de la voirie défectueuse
que l'apposition sur les lieux d'une signalisation réglementaire adaptée à ses particularités. Or,
à Marrakech, une route peut faire l’objet de travaux sans qu’aucun panneau de signalisation
ne l'indique à l’usager. Le conducteur n'est pas informé du danger, ne sait pas où commencent
et où finissent les travaux et n'a pas connaissance du type et de la durée des travaux.
Il est alors impératif de circuler avec prudence partout dans la ville car d'énormes nids-de-
poule sont présents de façon aléatoire sur la chaussée et les trappes de canalisation sont
souvent ouvertes. Une grosse pierre située à dix centimètres de la trappe fait office de
panneau de signalisation et indique la présence d’un danger. Dans certains quartiers, de
nombreux sacs plastiques volent sur le trottoir ou la chaussée, ce qui peut gêner les
conducteurs. Les poubelles pour le ramassage des ordures se trouvent également à des
82 Meilleure coordination des secteurs public et privé, instauration d’un numéro unique d’urgence, priorité de
réponse du SAMU et des pompiers aux appels d’urgence.
153
endroits inappropriés : aux carrefours, sur les voies de stationnement, les espaces piétons ou la
chaussée (Figure 67).
Quant à l’évacuation de l’eau de ruissellement, elle se fait difficilement. Les chaussées sont
inclinées mais les bouches d’égout ont des ouvertures trop petites ou mal agencées, ce qui fait
stagner l’eau sur la route dès qu’il pleut. De même, des grilles d’évacuation font défaut sur la
chaussée et les espaces piéton. Lorsqu’elles sont présentes, elles sont parfois trop petites pour
absorber une grande quantité d’eau rapidement. Ces phénomènes engendrent des risques sur
la route puisque le niveau d’eau monte rapidement et stagne sous les ponts. Les négligences
dans la conception de la voirie deviennent plus visibles par temps de pluie. Comme le temps
est rarement pluvieux à Marrakech, les autorités ne font rien pour changer ce type de défaut.
Pourtant, des solutions existent pour y remédier. Par exemple, des pavés en béton, capables
d'évacuer d'importantes quantités d'eau peuvent corriger ce défaut d’aménagement.
La voirie doit faire l’objet d’aménagements adaptés permettant la circulation fluide et
sécurisée de tous les usagers83, que ce soit en ville, sur route ou sur autoroute. Pour ce faire, il
est également nécessaire que la soit suffisamment visible.
Elle doit s'insérer dans le paysage urbain, de façon harmonieuse, en adéquation avec la
réglementation, tout en s'imposant aux regards des conducteurs.
Le marquage horizontal n'est obligatoire que sur les autoroutes et les routes express. Sur
l'ensemble des autres réseaux, il demeure obligatoire pour les lignes complétant les panneaux
Stop et Cédez le passage, ainsi que pour les carrefours à feux afin de marquer les passages et
les voies réservées.
Il existe un lien étroit entre l'infrastructure, l'environnement des voies, le comportement des
usagers et la signalisation. Plusieurs principes fondamentaux doivent être respectés comme la
valorisation des indications (en ne plaçant que des panneaux indispensables), la lisibilité des
panneaux (en permettant de préparer les manœuvres) et la continuité du jalonnement (en
évitant les hésitations et en assurant la transition avec les itinéraires interurbains).
La signalisation variable, liée aux conditions de circulation, à l'accès aux parkings, doit être
attentivement étudiée. Elle doit s'intégrer dans un dispositif global. Par ailleurs, pour tenir
compte des évolutions de la réglementation et assurer la cohérence sur l'ensemble du
territoire, il convient de réviser périodiquement le plan de signalisation de la ville. Cette
signalétique concerne les panneaux d'indication et de direction, les feux tricolores, les
panneaux d’interdiction et d’obligation ainsi que les panneaux de signalisation d’un danger.
Les panneaux d’indication et de direction, les feux de signalisation et le marquage au sol sont
les principaux éléments de la signalétique qui ont retenu notre attention lors de notre travail
d’observation sur le terrain. Il est nécessaire d’améliorer en priorité l’identification,
l’implantation et la forme de ces panneaux d’indication et de direction.
155
3.3.3.1.1. Les panneaux de direction et d’information
Les panneaux de direction doivent être suffisamment lisibles et visibles. Leur emplacement
doit permettre au conducteur d’anticiper sa trajectoire. Enfin, l’implantation des panneaux
d’indication ne doit pas être un obstacle au
cheminement des piétons. La hauteur maximum
de la pose de la base du panneau est située à 2,20
m Entre 0,6 m et 2,20 m, la visibilité doit être
dégagée pour les piétons.
Les panneaux de direction disposent d’un code
couleur selon l’indication concernée (Figure 68) :
sur fond bleu pour les autoroutes et sur fond blanc
pour les routes, sur fond marron pour les sites
classés d’intérêt touristique et sur fond vert pour
les parcs, jardins et golfs de la ville. Les panneaux
de direction devraient également être
réfléchissants afin de lire plus facilement les
informations et afin de diminuer la facture
électrique. Ces économies permettraient de mieux
répartir l’utilisation de l’électricité. Au lieu
d'éclairer des panneaux, ces lampadaires (Figure
Figure 68. Code couleur des
69) pourraient être implantés dans de nombreux
panneaux de direction,
quartiers résidentiels qui ne le sont pas.
Marrakech. Cliché : A.
Par ailleurs, les panneaux d’entreprises privées
NAKHLI, 2010.
côtoient ceux des informations publiques de la
ville, ce qui crée une confusion (Figure 70). Des panneaux d’information utilisant une même
norme de présentation ou un même code couleur selon leur secteur d’activité seraient plus
facilement lisibles. Ainsi, la crédibilité induite serait appréciée des conducteurs et des piétons.
Si les panneaux de direction et d’information ont toute leur importance, d’autres éléments de
signalétique sont également essentiels : il s’agit des feux de signalisation.
156
Figure 69. Luminaire accolé aux panneaux de direction, Marrakech.
Cliché : A. NAKHLI, 2010.
157
3.3.3.1.2. Les feux de signalisation
En ville, la régulation et l’orientation du trafic ainsi que la sécurité des usagers se font par
l’implantation de signaux lumineux. Ils doivent respecter des normes de hauteur pour être
correctement visibles des usagers (Figure 71). Les feux de signalisation, appelés aussi feux
tricolores doivent être disposés également au niveau de la visibilité des deux-roues. Leur taille
est alors réduite. Les feux de signalisation peuvent être lumineux (code couleur) ou
directionnels (code couleur et flèches de direction).
Par ailleurs, la signalisation lumineuse des feux tricolores doit être considérée comme une
science à part entière. Les feux de signalisation doivent répondre à des normes pour protéger
les usagers, maîtriser le transit et les files d'attente des véhicules et enfin garantir la
progression des transports en commun (Figure 72). Or, dans la ville, ils sont insuffisants en
nombre. Cette signalétique horizontale et verticale s'accompagne également d'une signalétique
au sol.
158
Figure 72. Modèle de régulation du trafic sur une avenue par des signaux
lumineux. Source : guide d’aménagement et d’exploitation de l’espace
public, TRANSITEC, 2009, p.29.
En milieu urbain, le marquage au sol est particulièrement utile pour indiquer l'affectation ou
la délimitation des voies (pistes cyclables), les restrictions, les interdictions de stationnement
(Figure 73) et les lignes d'effet des feux. La signalétique au sol observe une triple fonction :
de guidage, de prescription et d'alerte.
Le marquage doit être visible de jour comme de nuit. A Marrakech, la délimitation des voies
et des espaces piétons est de couleur jaune. Avec l’usure de la gomme des véhicules sur la
chaussée, certains passages piétons deviennent difficilement visibles (Figure 74). Or, la
signalétique au sol doit faire l’objet d’un renouvellement régulier. Beaucoup de villes
commettent cet oubli, ce qui est propice à l’insécurité routière.
159
Figure 73. Exemple de marquage au sol : balises blanches et rouges
indiquant l’interdiction de stationner, Guéliz, Marrakech. Cliché : A.
NAKHLI, 2014.
Figure 74. Exemple de passage piéton peu visible, avenue Mohammed VI,
Marrakech. Cliché: A. NAKHLI, 2014.
160
Un effort de réflexion s'impose donc à tous les citoyens et plus particulièrement aux élus et
aux responsables administratifs, techniques et associatifs. L'aménagement de la voirie est l’un
des éléments les plus importants pour favoriser le rééquilibrage des modes de déplacement, et
ceci dans l’intérêt de chaque usager.
Les circulations contribuent à la pollution atmosphérique dans l’espace public et dans les
espaces dédiés fermés (parcs de stationnement, tunnels, métro).
L'accroissement des allergies respiratoires est dû aux COV (Composés Organiques Volatiles)
et à la pollution atmosphérique. A Marrakech, l’augmentation considérable du nombre de
véhicules, aggravée par leur vétusté, le manque de contrôle des normes techniques et le
manque d’entretien préventif engendre une dégradation de la qualité de l’air. Par ailleurs,
l’accroissement du nombre de véhicules et du trafic fait naître une situation paradoxale. En
effet, chacun veut pouvoir se déplacer où et quand il le souhaite mais sans avoir à subir les
conséquences de l'utilisation massive des transports. Le Plan de Déplacements Urbains (PDU)
doit en tenir compte. Bien que difficile à gérer, cette situation n’est pas insurmontable. Des
solutions peuvent toujours être envisagées et instaurées.
161
Dans la Ville ocre, l’augmentation de la pollution se caractérise par un taux anormalement
élevé de certains polluants toxiques relevés par les travaux de l’A.S.V.T. (Association des
enseignants des Sciences de la Vie et de la Terre) et des clubs de l’environnement. Les
analyses menées mettent en évidence des teneurs en métaux lourds sur les feuilles d'arbres et
sur le sol à des valeurs supérieures aux normes.
Par ailleurs, Marrakech connaît déjà un nombre important de nuisances olfactives avec la
zone de déchetterie dans le quartier Azzouzia (nord-ouest de la ville) et le rejet des eaux usées
vers les quartiers nord.
Ces nuisances olfactives ont pour conséquence de développer un grand nombre de maladies,
ce qui a des répercussions à long terme sur la santé publique et la qualité de vie. Cela
impliquera nécessairement de soigner davantage de personnes et à plus long terme (quand la
maladie débute à un âge très jeune). Si l’Etat prend en charge une partie de ces frais
médicaux, ces maladies engendrent toutefois un coût pour l’usager. A terme, celui-ci pourrait
décider d’habiter dans un endroit plus respectueux de l’environnement. Il pourrait alors
choisir de vivre à la campagne ou en zone péri-urbaine. Ce qui implique à nouveau
l’utilisation de modes de transports pour se déplacer vers le centre de la ville et vers les points
d’attractivité de Marrakech (zones d’emplois, quartiers d’affaires, zones de loisirs etc.). Si les
transports sont source de pollution atmosphérique, ils sont également de pollution sonore.
Les nuisances sonores des pôles d’échange de la ville sont importantes car ils concentrent un
trafic urbain plus nombreux et plus dense que d’autres zones de la ville. En effet, le bruit
engendré par les décollages et atterrissages des avions ou encore les départs et les arrivées des
trains peut gêner les riverains. Ce phénomène est accentué par les allers et venues des
voyageurs via différents modes de transport (voiture, moto) pour rejoindre les pôles
d’échange.
Dans la médina de Marrakech, le dérangement sonore est occasionné par l’accroissement des
deux roues motorisées et les nuisances sonores de certains quartiers du centre ancien
(dinandiers, potiers).
Les bâtiments existants peuvent être protégés du bruit de la circulation. Quant aux projets
d’infrastructures récents, ils doivent respecter certaines limites sonores. Pour les
162
infrastructures ferroviaires, la limite est de 60 dB le jour et 55 dB la nuit. Si la construction
des pôles d'échange ne peut se faire loin du centre-ville, des pare-bruits situés le long des
autoroutes, des gares et des aéroports peuvent atténuer les nuisances sonores.
Pour accéder aux pôles d’échange éloignés de la ville, des modes de transport sont
nécessaires. Il est alors préférable de créer des parcs d’échange situés aux terminus des lignes
de tramway. Ils permettent aux usagers d’y garer leur voiture et d’éviter de multiplier l’usage
de l’automobile pour aller au centre-ville.
Par ailleurs, la création des routes, autoroutes, gares, aéroports engendre bien souvent des
coupures dans le paysage urbain. Au Maroc, la trajectoire des autoroutes a un effet néfaste
pour les campagnes environnantes. Par exemple, traverser l'autoroute à pied fait désormais
partie du cheminement des habitants qui se déplacent d'un village à un autre. Or, cette
pratique est dangereuse et interdite.
Mieux penser l’itinéraire d’une autoroute ou l’implantation d’un aéroport n’empêchera pas
l’absence totale d’effets négatifs ou de nuisances mais pourra en diminuer l’impact. A titre
d’exemple, RFF (Réseau Ferré de France) réfléchit aux trajectoires de son réseau en tenant
compte du paysage urbain. Lors du tracé d’une nouvelle ligne de TGV, la société cherche en
effet à réduire au maximum les effets de coupure du paysage, les impacts pour la
biodiversité84 et les nuisances sonores. Ces pollutions sonores entraînent des situations de
stress au volant et une dégradation de la qualité de vie des habitants.
84 Un tracé peut alors être légèrement modifié pour protéger des zones de faune et de flore labellisées.
163
sources d’accroissement du stress constituent un enjeu de sécurité routière, un enjeu de santé
publique et un enjeu pour la qualité de vie.
Dans ce chapitre, nous avons pu constater que l’ensemble des problématiques évoquées
concernant la mobilité spatiale à Marrakech (Tableau 06) est néfaste pour les usagers et pour
la ville (Annexe 08). En effet, une mobilité inappropriée, l’inégale répartie de la voirie,
l’insuffisance d’une bonne qualité de service de transports collectifs et la dégradation du cadre
de vie conduisent à la création de villes peu compétitives (Figure 75). Pour continuer à
préserver un cadre de vie agréable, Marrakech est donc amenée à répondre rapidement aux
enjeux de la mobilité urbaine.
Aujourd’hui les élus, les associations, les acteurs de l’urbain et les habitants de Marrakech
sont conscients que la gestion des déplacements urbains doit trouver une réponse adaptée.
Chacun souhaite améliorer le fonctionnement de Marrakech à ce niveau. Qu’a fait la Ville
ocre pour remédier aux problématiques de la mobilité spatiale ? Quelles stratégies a-t-elle mis
en place ? Pourquoi la gestion de la mobilité urbaine est-elle difficile ? Le chapitre suivant va
répondre à ces questionnements.
164
Constat des problèmes majeurs de la mobilité spatiale à Marrakech en 2009
165
CHAPITRE IV. Les stratégies que
Marrakech a mis en place
Comment désengorger la ville, comment éviter une saturation des capacités existantes et de
certains quartiers, comment sauvegarder le cachet de la ville sont autant de questions et
d’enjeux actuels pour les autorités locales.
Face à la croissance urbaine de Marrakech, des stratégies ont été définies mais n’ont pas été
instaurées pour fluidifier le trafic urbain. Le Comité régional de la sécurité routière du Tensift
s’est réuni à Marrakech en 2009 en présence des élus et des représentants concernés. Les
thématiques abordées concernaient le PDU (Plan de Déplacements Urbains), la révision du
plan de circulation de Marrakech et les propositions d’amélioration du trafic urbain. Cette
amélioration se traduit par une diminution de la congestion urbaine et la mise en place d’un
plan stratégique de sécurité routière. La ville envisage la multiplication d’issues de sorties des
grandes artères et la limitation du nombre de camions pour éviter les embouteillages. Elle
entend également créer des comités provinciaux de la sécurité routière ainsi qu’une brigade
régionale de contrôle routier.
Nous cherchons à connaître les autres projets menés par la ville de Marrakech. Comment se
dessine la ville, et comment se projette-t-elle ? Quels sont les choix prioritaires
d’aménagement qu’elle envisage pour améliorer la mobilité urbaine ?
166
4.1.1. Le Plan de Déplacements Urbains (PDU)
Un PDU est un document de planification qui a pour objectif de définir dans le cadre d’un
périmètre donné, l’organisation du transport des marchandises et du déplacement des
personnes, de la circulation et du stationnement. Le PDU tient compte de tous les modes de
transport : voiture, modes doux, transports publics, déplacements piétons etc. Il doit
également s’inscrire dans une démarche de développement durable et ainsi favoriser les
économies d’énergie tout en limitant les pollutions engendrées par les transports.
En France, les PDU sont obligatoires pour les agglomérations de plus de 100000 habitants. Ils
sont élaborés pour une durée de cinq à dix ans et peuvent être révisés (dans un délai de trois
ans maximum) en cas de modification du périmètre de transport urbain concerné. Les PDU
doivent être en adéquation d’une part, avec les PLU (Plans Locaux d’Urbanisme) qui sont les
équivalents des POS au Maroc (Plans d’Occupation des Sols) et d’autre part, avec les SCOT
(Schémas de COhérence Territoriale) qui sont les équivalents des SDAU marocains (Schémas
Directeurs d’Aménagement Urbain).
167
l’évolution du nombre d’habitants, de l’occupation des sols selon les zones de la ville et des
conditions de déplacement en heure de pointe (Annexe 09).
168
Actuellement, l’agence urbaine de Marrakech a continué l’élaboration du PDU de la
commune urbaine de Marrakech en s’appuyant sur les études que le groupe TRANSITEC
avait formulées. Marrakech ne dispose pas officiellement de PDU mais l’Agence Urbaine
l’ayant élaboré (sans concertation des habitants ou des autres urbanistes que ceux de ses
bureaux), des travaux ont donc commencé dans la ville.
Plusieurs instances administratives disposent de ce document mais chacune souhaite le garder
confidentiel. Or, il ne s’agit que d’un PDU, document dont l’utilité est censée être commune.
Le PDU devrait donc être accessible sur Internet ou consultable directement sur place auprès
des collectivités. En agissant ainsi, les collectivités ne favorisent ni l’échange ni le retour
d’informations. Par ailleurs, cela ralentit l’officialisation de la mise en place des documents
d’urbanisme et la réalisation des travaux. Il serait préférable d’encourager la cohésion et
l’échange car la ville se trouve confrontée à des enjeux majeurs de la mobilité urbaine
auxquels elle se doit de répondre.
La commune urbaine de Marrakech s’est engagée depuis 2011 dans la réalisation du PDU qui
prend en considération un programme d’investissements prioritaires (PIP). Ce PIP d’un
budget estimé à 850 millions de Dhs a été intégré dans le Plan communal de développement
de la ville de Marrakech (PCD). Trois ans après, le budget investi pour le PIP atteint 350
millions de Dhs, soit 41% du budget global estimé. Cette somme est financée par un emprunt
auprès du Fond d’équipement communal (FEC) et par la mobilisation de fonds propre de la
commune. Le budget se répartit entre plusieurs missions comme les études, la mise en place
d’un système de régulation de la circulation et l’aménagement des avenues Guemassa et
Hassan II en site propre pour l’accueil d’un tramway sur pneu, appelé aussi BHNS (Bus à
Haut Niveau de Service). Il s’agit également de construire et de calibrer la rocade interne, de
réaménager certaines voies et carrefours ainsi que la diamétrale distributrice (route de
Casablanca, avenue Abdelkrim Khattabi, avenue Mohammed VI).
Deux missions prévues dans le PDU n’ont pas encore été financées. Elles concernent la
construction de la rocade urbaine85 ainsi que la construction d’une trémie au niveau du
carrefour de Bab Lakhmis et d’un pont sur l’oued Issil.
La réalisation de la deuxième tranche du PIP (2013-2015) est estimée à 500 millions de Dhs.
Pour la troisième tranche (2014-2016), 675 millions seront nécessaires et 100 millions sont
Par ailleurs, la réorganisation des circulations facilitera la mise en place d’une hiérarchie
cohérente du réseau routier tandis que la gestion des carrefours à fort trafic sera améliorée.
L’aménagement et le partage de la voirie rendront ainsi le trafic plus fluide.
Quant au stationnement public, il sera réorganisé et des parkings souterrains seront créés vers
l’ancien marché du Guéliz, derrière le Club Med, près du palais de la Bahia et à Bab Doukkala
(Carte 23). Nous préconisons que les parkings souterrains soient bien éclairés et bénéficient
d’un schéma de circulation au sol adapté (espace suffisant pour les manœuvres et le
cheminement piétons, accessibilité pour les personnes handicapées). Ils seront équipés de
caméras de surveillance et de barrières avec tickets aux entrées et sorties de parkings. Les
parkings devront être accessibles via plusieurs entrées et sorties. Des indicateurs électroniques
indiqueront aux entrées de parkings et le long des couloirs de circulation le nombre de places
disponibles en temps réel. Sur chaque emplacement sera indiqué en hauteur une croix rouge
pour un emplacement occupé et un rond vert pour un emplacement disponible. Cela permet en
effet, une meilleure lisibilité pour le conducteur, lorsqu’il cherche une place de stationnement.
Ces deux actions seront soutenues financièrement par la construction d’une SEM (Société
d’Economie Mixte) entre la Ville et la CDG (Caisse de Dépôt et de Gestion).
Concernant la réglementation de la circulation des deux roues, le PDU préconise la fermeté
dans le respect du code de la route, la limitation de la vitesse à 40 km/h et le port obligatoire
du casque.
86 Banque mondiale, DGCL (Direction Générale des Collectivités Locales), CUM (Commune Urbaine de
Marrakech), FEC, Wilaya, RADEEMA (Régie Autonome de Distribution d'Eau et d'Electricité de MArrakech),
opérateurs téléphoniques, Fond de l'INDH (Indice National pour le Développement Humain), Préfecture.
170
Carte 22. PDUde la ville deMarrakech (2014). Source : PDUdeMarrakech. Réalisation : A. NAKHLI.
171
Carte 23. Futurs parkings souterrains àMarrakech (2014). Source : PDUdeMarrakech. Réalisation : A. NAKHLI.
172
Le PDU entend également développer l’utilisation des transports collectifs par les usagers à
l’appui d’un projet de transport public rapide, un Bus à Haut Niveau de Service (BHNS).
Dans le cadre d’un partenariat avec le concessionnaire ALSA, ce BHNS assurera des liaisons
entre les quartiers périphériques et le centre-ville (Figure 77),. Il s’agit de faire succéder les
bus à une grande fréquence dans des couloirs réservés et de créer des stations de rabattement
et des échangeurs87. Les avenues Guemassa et Hassan II ont donc été aménagées pour
recevoir ce type de transport. Les BHNS devraient être mis en circulation en 2016 dans la
ville.
Toutefois, en attendant l’arrivée de ces bus rapides, les couloirs qui lui sont dédiés sont source
d’insécurité car aucun tourne-à-droite ou tourne-à-gauche n’a été créé pour les autres voies
adjacentes. Les zones les plus dangereuses de ces couloirs sont les carrefours à croisement
avec les larges boulevards de la ville.
87 Dans la ville de Marrakech, les chauffeurs de taxis restent toutefois inquiets vis-à-vis du risque de non prise
en compte des taxis en cas de réservation de couloirs pour le BHNS. Nous préconisons, dans ce cas,
l’instauration d’une centrale de taxis et de la création d’emplacements de stationnement réservés aux taxis.
173
D’après le Directeur Général de la société ALSA,
« lorsque les trajets en bus prennent plus de temps, la capacité du transport urbain baisse. Les
passagers habituels vont vers d’autres formes de transport qui, de leur côté, créent davantage de
turbulences au niveau de la circulation. Il faut anticiper ce genre d’évolution qui finira par nuire à la
ville ».
Le projet de BHNS est déjà développé dans les grandes agglomérations d’Amérique latine, tel
le Métrobus de Curitiba au Brésil (Annexe 10). Nous pensons que l’utilisation des transports
collectifs implique la mise en place d’une politique tarifaire adaptée et celle d’une billettique
intégrée, valable pour plusieurs mode de transports. L’utilisation des transports collectifs est
une bonne initiative car il est important de développer des moyens de déplacements économes
les moins polluants pour l'environnement. Nous pensons qu’il serait également nécessaire
d’encourager le covoiturage du transport du personnel des entreprises et des collectivités
locales et de leur proposer un plan de déplacement d'entreprise (PDE).
Par ailleurs, le PDU prévoit l’interdiction de la circulation des véhicules polluants et qui
dégagent des nuages de fumée. Au vu et au su des pollutions atmosphériques de Marrakech,
cette mesure doit en effet être encouragée. Toutefois, avant d’interdire la circulation des
véhicules polluants (mesure soulignant la volonté de la Ville de contribuer à l’amélioration et
à la bonne gouvernance du trafic), il est nécessaire de penser et de mettre en place d’autres
moyens de circulation pour pallier à cette interdiction. Lors de pics de pollution trop élevés, il
est possible d’instaurer éventuellement des journées de circulation alternées entre véhicules
mais cette action a déjà montré ses limites dans certaines villes européennes. Les véhicules
très polluants devront également faire l’objet de mesures de contrôle tandis que les carburants
utilisés devront être plus propres ou remplacés par des biocarburants88 (éthanol, huile
végétale). Le Maroc a déjà introduit le diesel propre 350 ppm, l’homologation des appareils
de mesure des gaz d’échappement et l’équipement progressif des centres de visites techniques
en matériel de mesure. Il est d’ailleurs envisagé de créer quatre stations de mesure de la
qualité de l’air qui diffuseront un bulletin journalier.
Le PDU prévoit également le respect des voies piétonnières dans la médina et l’interdiction
des véhicules dans les rues marchandes, à l’exception des véhicules de livraison pour
l’approvisionnement des commerces selon des tranches horaires qui devront être respectées.
88 Les biocarburants sont des carburants pour moteurs issus de la biomasse. Ils sont issus des matières végétales
ou animales. L’Allemagne, l’Espagne et le Brésil les utilisent. L’avantage réside dans le fait qu’ils sont
renouvelables. Il reste désormais à les développer à grande échelle.
174
Nous préconisons la mise en place très tôt le matin d’un horaire de livraison car le trafic est
plus fluide et les voies de circulation sont dégagées. Il serait également nécessaire de réfléchir
à l’accessibilité de la médina pour les véhicules de nettoyage, de ramassage des ordures et les
véhicules d’urgence.
Nous pensons que cette mesure du respect des voies piétonnes implique la création de
parkings et de places de stationnement plus nombreuses aux abords de la médina, accessibles
à tout type de véhicule : parkings vélos avec un mobilier urbain permettant d’attacher les
vélos, parkings motos et parkings voitures. Ces espaces de stationnement seront complétés par
des parkings souterrains.
Le PDU entend développer la place du cycliste dans la ville à travers la mise en place de vélos
électriques et l’aménagement d’un réseau cyclable sécurisé. Début 2015, des travaux ont déjà
commencé en ce sens.
Par ailleurs, le PDU prévoit la prise en charge des accidents et la réorganisation des urgences
par la création d’un S.A.M.U. (Système d’Aide Médicale d’Urgence) et celle de deux services
d’urgence au C.H.U. Mohammed VI et à l’hôpital Mamounia. Il s’agit également d’intégrer
l’hôpital Ibn Sina dans le dispositif de prise en charge des accidents de voirie, compte tenu de
l’extension de la ville. Nous pensons que la coordination des différents services d’urgence est
essentielle. Toutefois, elle doit également s'effectuer entre le secteur public et le secteur privé.
Le PDU souhaite également multiplier les mesures de sensibilisation avec des journées ayant
pour objectif zéro accident, en respectant davantage le piéton et en instaurant une journée sans
véhicule dans certains quartiers. Nous pensons qu’atteindre l’objectif zéro accident est
difficile voire impossible bien que la volonté d’y parvenir soit légitime. En effet, tous les
éléments du triptyque conducteur-véhicule-voirie sont à prendre en considération pour
atteindre cet objectif. Aucun pays et aucune ville ne peuvent pour l’instant se targuer d’y être
arrivé ne serait-ce qu’une journée.
Nous pensons que l’instauration d’une journée sans véhicule dans certains quartiers est
impossible à mettre en place bien que l’objectif visé soit louable. Cela suppose d’informer au
préalable tous les usagers des jours et des quartiers concernés par l’interdiction. Cette mesure
risque d’engendrer plus de congestion du trafic dans d’autres quartiers. Il serait préférable
d’instaurer des voies piétonnières et des parkings d’échanges ou des zones 30.
175
L’élaboration d’un PDU n’est pas toujours aisée car elle doit prendre en considération et
savoir concilier des éléments parfois contradictoires.
Dans la ville de Montpellier, les collectivités territoriales reconnaissent que la fluidité du
trafic est une exigence, alors même que la congestion est la conséquence logique du
phénomène urbain. Paradoxalement, les habitants et plus encore les riverains des axes à forts
trafics se plaignent de la circulation, de la vitesse, de la dégradation de la qualité de l’air et du
bruit. Ces mêmes habitants veulent à la fois circuler aisément en voiture, stationner à
proximité de chez eux et ne pas avoir à subir les méfaits de la circulation. Le citoyen étant
tour à tour automobiliste, piéton, cycliste et usager des transports publics souhaite une
optimisation de chacun des modes de déplacement. Elles doit trouver les moyens de répondre
au mieux par le compromis aux demandes de la population »89.
Parallèlement à l’élaboration d’un PDU, Marrakech multiplie donc d’autres initiatives
réunissant multiples acteurs de l’urbain pour améliorer les conditions de circulation et de
sécurité des déplacements de ses habitants. Parmi ces initiatives, se trouve celle de la
conférence-débat consacrée à l’urbanisation et aux défis de la mobilité.
178
Figure 79. Doublement de la route de l’Ourika (P2017). Cliché : A.
NAKHLI, 2014.
179
s’aligner avec les horaires des autocars. En développant une offre collective de transports
rapide, sécurisée et performante, les usagers utiliseront peu ou pas, leur véhicule personnel, ce
qui permettra réellement de décongestionner le trafic.
Plusieurs villes européennes ont mis en place différentes mesures pour inciter les usagers à
préférer les transports collectifs à la voiture. Ainsi, Londres a mis en place un stationnement
onéreux dans le centre-ville avec un système de péage. La ville de Zurich, elle, a donné la
priorité au tramway sur tous les autres modes de transport en centre-ville. En 2009, la
fréquentation des transports publics atteignait ainsi 81% à Vienne, 76% à Bruxelles, 66% à
Paris, 55% à Naples et 48% à Londres94.
Les transports publics de ces villes couvrent une large partie de leur trame urbaine puisqu’ils
sont géographiquement accessibles à plus d’une personne sur deux. Cela suppose que la
cadence et l’amplitude horaire de leurs transports collectifs sont adaptées aux modes de vie de
leurs habitants. Toutefois, ce système d’organisation ne signifie pas que les pollutions
atmosphériques sont minimes dans ces villes car les transports publics émettent eux aussi des
GES (Gaz à Effet de Serre). En 2014, ce sont les villes d’Estonie où l’air était le moins pollué,
en raison de la mise en place de mesures très strictes.
Pour atteindre leurs objectifs, toutes ces villes ont modernisé et développé un système de
transport collectif intermodal très efficace et fréquent, afin d’inciter réellement les usagers à
modifier leur comportement. Si l’offre de transports collectifs ne couvre pas une large
superficie de la ville, les habitants des quartiers non desservis par ce réseau utiliseront alors la
voiture plutôt que d’autres modes de transports. Toutefois, il ne s’agit pas de bannir l’usage
de la voiture mais d’inciter les habitants à l’utiliser le moins possible. Le géographe-urbaniste
Daniel COULAUD explique d’ailleurs cette pratique de la mobilité urbaine en ces termes :
« quant aux transports en commun (sauf en région parisienne), ils mordent bien peu sur les habitants
qui n'en sont pas captifs. Il ne s'agit donc pas de condamner la voiture individuelle ou d'en limiter
l'utilisation mais de « la remettre à sa place » au profit de modes alternatifs et d'intermodalités
commodes. Les villes de Suisse ou d'Allemagne y parviennent parfaitement »95.
Pour réduire les impacts négatifs de la mobilité urbaine, les experts sont unanimes : il est
important de repenser la ville dans son ensemble sans se focaliser sur une seule activité. A
En 2009, cette journée96 a été instaurée par le CDRT (Centre de Développement de la Région
de Tensift)97 en vue d'aider à assurer un développement harmonieux de la région et afin
d’établir un diagnostic de la situation conflictuelle concernant les déplacements urbains à
Marrakech. Elus, techniciens, acteurs de l’urbain se sont réunis pour proposer, partager et
débattre d’idées concernant les actions à mener et leurs limites, afin d'améliorer la congestion
urbaine, la sécurité routière et la signalétique. Les principaux axes de ces actions concernent
le parc automobile, l'accroissement démographique et géographique de Marrakech ainsi que
l'attractivité de la ville (Annexe 13).
La même année, un projet de code de la route a été lancé par le Royaume 98. Ce nouveau
projet, pour être adopté, nécessite des délais. Un décret du 17 janvier 2005 a donc été établi
pour assurer une assise juridique aux corps de contrôle concernant certaines infractions de
base comme l’interdiction du téléphone portable au volant ou celle du transport des enfants
sur les sièges avant des véhicules. Les obligations concernent le port de la ceinture de sécurité
à l’avant du véhicule en ville, à l’avant et à l’arrière du véhicule à la campagne. Pour les poids
lourds transportant des marchandises ou des voyageurs, de plusieurs équipements de sécurité
seront obligatoires comme les freins ABS, les pneus TUBLESS et le limiteur de vitesse.
Depuis 2009, le Maroc réforme également son système d’enseignement de la conduite via la
création d’un programme national d’apprentissage de la conduite. Le Royaume est conscient
que la liberté d’action donnée à chaque auto-école quant à l’élaboration du contenu, de la
durée et des modalités pédagogiques pour les épreuves théoriques et pratiques de la conduite,
est inappropriée. Une étude menée entre 2008 et 2009, intitulée Etude de développement de
l’enseignement de la conduite automobile avait pour finalité d’élaborer des guides de
référence tels que le programme national de la conduite et de la sécurité routière, le guide de
96 Http://www.cdrt-marrakech.org.
97 Association reconnue d'utilité publique ayant plusieurs objectifs dont la conduite d'études et de réflexions sur
les aspects importants de développement de la région du Tensift Al Haouz.
98 Depuis la fin des années 1970, plusieurs tentatives avaient essuyé des échecs.
181
l’enseignant, la méthodologie et les modalités d’enseignement de la conduite pour les auto-
écoles, le livre d’apprentissage du candidat et enfin, le guide de l’examinateur.
Le Maroc a également élaboré une Stratégie Nationale de Gestion des Urgences Médicales et
des Risques Sanitaires liés aux Catastrophes depuis 2005. Un Comité Permanent de la
Sécurité Routière est en charge de proposer une stratégie nationale et des stratégies régionales
par des plans d’actions et des programmes. Conscient des enjeux sociaux, économiques et
politiques que la mobilité urbaine soulève, le Royaume entend également améliorer la
logistique fret dans son ensemble.
En 2010, la thématique de la logistique a été mise en exergue afin de souligner les points forts
et les points faibles concernant la gestion, le stockage, les délais et la sécurité des activités de
transport, de conditionnement et d’approvisionnement des marchandises et des informations.
Il s’agit donc de mettre en œuvre un plan d’actions pour optimiser les flux de marchandises et
d’informations en termes de coût, de qualité, de délais et d’infrastructures (Annexe 14).
Marrakech concentre de nombreux services, des activités ainsi que des bassins d’emplois.
Pôle de régionalisation, la ville regroupe services publics et privés (hôpitaux, tribunaux,
universités) qui rendent les usagers plus tributaires de la voiture. Or, le bon fonctionnement
du réseau de transport urbain à un impact direct sur la vie des habitants ainsi que sur leur
activité économique. En effet, les villes sont devenues des acteurs majeurs de l’économie, et
rassemblent plus de la moitié de la population mondiale.
Par conséquent, les réseaux de transports urbains dans les villes représentent des enjeux
considérables dans les pays en développement où l’accroissement démographique est de plus
en plus rapide.
Donner vie à un projet c’est amener la ville à évoluer, à se métamorphoser. La question que
nous nous posons est de savoir pourquoi la concrétisation du PDU est-t-elle toujours latente
quatre ans après la réflexion menée par le groupe TRANSITEC. Quels sont les limites que la
ville rencontre à la mise en place des améliorations d’aménagement qu’elle entend œuvrer ?
Comment y remédier ? Compte tenu de l’ensemble des réflexions menées par les acteurs de
182
l’urbain concernant la mobilité à Marrakech, quelles actions devront être conduites pour
finaliser les objectifs attendus ?
Dans plusieurs villes européennes, des collectifs de résidents ou d’associations soulèvent les
points positifs et négatifs de certains projets urbains. Des projets d’envergure sont remis en
question avant leur finalisation. Les exemples sont nombreux : tracé ferroviaire de ligne TGV,
viaduc de Millau, implantation d’un parc d’éoliennes etc. Entre conciliation et réflexion, la
participation de l’ensemble des acteurs au processus décisionnel permet de prendre en
considération les intérêts de chacun et d’y répondre au mieux. La question que nous nous
posons est de savoir pourquoi la ville ne communique-t-elle pas davantage autour de ses
projets auprès de la population et que peuvent apporter la coordination et la participation de
tous les acteurs au processus décisionnel ?
Les collectivités locales devraient en effet communiquer autour du PDU, du SDAU ou de tout
autre aménagement, auprès des acteurs de l’urbain, de la population, des entrepreneurs, de la
presse, des associations et des financeurs. La ville devrait aborder le scénario retenu pour le
PDU et communiquer autour de la façon dont elle compte procéder pour le mettre en place,
183
pour en assurer la gestion et le financement et pour l'améliorer dans le temps et dans l'espace
(Annexe 15).
Le but du PDU est de concilier la mobilité des personnes, de privilégier plusieurs modes de
transports et de préserver la santé et la qualité de vie des habitants. Il est donc nécessaire de
prendre en considération l’avis de l’ensemble des acteurs (Figure 80).
VILLE
Société civile
Société civile
Relais d’opinions
Relais d’opinions
Services techniques
Services techniques
Financeurs et
Partenaires privilégiés
Financeurs et
Partenaires privilégiés
Noyau restreint
de décideurs
Il s’agit également de développer le retour d’informations. D'une part, il s'agit d'informer les
acteurs des aménagements effectués avant, pendant et après les travaux. Il est alors important
de communiquer sur la durée et le coût des travaux ainsi que sur les déviations et les
changements d’itinéraires pendant les travaux. D'autre part, il est important d'informer
l'ensemble des acteurs lorsqu'une révision du PDU est envisagée ou lorsqu'une enquête
publique se tient.
En communiquant avec les usagers des modifications que connaît ou va connaître la ville ou
l’un de ses quartiers, Marrakech montre qu’elle se soucie de la qualité de vie de ses habitants.
En tenant compte de l’opinion et des idées de tous les acteurs -résidents, collectifs,
entreprises, touristes, associations, maîtres d’œuvre etc.-, la ville peut développer des
aménagements en adéquation avec les besoins des usagers puisqu’ils sont les premiers
concernés et les premiers à les utiliser.
184
Prendre en considération l’opinion et les propositions d’action des différents acteurs de
l’urbain, des usagers des transports, des financeurs ou encore des habitants permet à la ville de
Marrakech d'apporter des réponses plus adaptées quant à l’élaboration des objectifs qu’elle
veut atteindre en matière d’amélioration de la mobilité urbaine. C’est ce que la ville a fait, en
partie, lors de la conférence-débat sur l’urbanisme et la mobilité.
Grâce à l’intervention du CDRT99, la société civile a pu exprimer son point de vue sur les
projets importants et structurants dans la région. Les besoins en accessibilité exprimés par les
citoyens ont alors été pris en considération. Il s’agit d’une première étape. La seconde
consiste à multiplier ce type d’actions de manière plus fréquente afin de concilier les intérêts
de chacun quant à la mise en place d’un projet. Bien que ce type d’action ne soit pas toujours
évident à mettre en pratique, elle a au moins le mérite de fédérer les habitants, les riverains,
les associations, les commerçants ou encore les entrepreneurs, à leur ville ou à leur quartier.
Les usagers seront également plus enclins à accepter le projet d’aménagement mené.
Par exemple, lors des jeux olympiques de Londres en 2012, la mairie a construit de nombreux
équipements dans des zones jusqu’alors abandonnées ou en friche. Si ces aménagements ont
su montré le savoir-faire britannique en matière d’architecture et d’urbanisme tout en
permettant à la capitale londonienne de se mettre en avant sur la scène économique
internationale, les riverains de ces sites ont toutefois été oubliés. En effet, certains habitants
ont été délogés avec l’utilisation du droit de préemption par l’Etat. Ils se sont vus attribués un
prix d’achat de leur maison équivalent au prix du marché en cours, ce qui ne leur permet pas
d’accéder aux mêmes qualités de logement qu’ils possédaient, compte tenu de l’inflation des
prix. D’autres riverains des nouveaux sites sportifs créés auraient aimé recevoir des billets
d’entrée pour assister aux Jeux olympiques afin de compenser les nuisances qu’ils allaient
rencontrer pendant une certaine période (bruit, accroissement de la population, insécurité,
pollution). Ces riverains déplorent que la ville n’ait pas pris leurs desiderata en considération.
Cet exemple démontre bien que chaque projet a un retentissement sur l’opinion ou le mode de
vie des habitants. Une meilleure compréhension, partagée, des enjeux et opportunités qui
résident dans l’aménagement et l’exploitation de la voirie urbaine est nécessaire, souligne le
99 La reconnaissance de l'intervention du C.D.R.T., outre son couronnement par l'octroi du statut d'association
d'utilité publique, a conduit de nombreuses institutions nationales et internationales à solliciter et à collaborer de
plus en plus avec lui. Le C.D.R.T. est admis comme observateur au sein de La Banque Mondiale et collabore
avec de nombreux autres grands organismes internationaux (P.N.U.D., UNESCO, UNICEF etc.) Le C.D.R.T. en
tant qu'acteur de la société civile est aussi à l'écoute des suggestions et des préoccupations de ses membres mais
aussi d'un public plus large, jouant ainsi un organe de veille concernant les transformations dans la région.
185
groupe TRANSITEC. En anticipant ses démarches d’aménagement via l’information et la
communication auprès des usagers, Marrakech pourrait par la publication d’un journal
mensuel, fédérer davantage ses habitants, ses investisseurs et ses entrepreneurs. La
participation de différents acteurs au processus décisionnel, pour porter ses fruits, doit
également s’accompagner d’un apport en capital humain et financier.
Les stratégies et les initiatives élaborées ont soulevé des inquiétudes quant à la mise en place
de toutes ces prérogatives, notamment des inquiétudes d’ordre financier. En effet, la ville
manque de ressources financières pour mettre en œuvre une véritable planification urbaine et
communiquer autour de ses projets. Elaborer des plans et des études est souvent considéré par
les collectivités comme des initiatives inutiles et onéreuses. De fait, ces réflexions en amont
de l’instauration de projets ont rarement lieu. Les infrastructures se construisent sans réflexion
ou cohésion à long terme. Or, ce type de document permet de connaître les projets menés,
ceux en cours et ceux à venir afin d’organiser et gérer la planification urbaine de la meilleure
manière possible.
Il est donc nécessaire de trouver des ressources financières plus variées, plus nombreuses et
plus importantes. La participation de l’Etat, des collectivités et de partenaires privés est
nécessaire pour mener à bien de grands projets. Le capital peut ensuite être alloué de la
meilleure manière possible entre les différents projets établis, et ce, lors des différentes phases
de réflexion, d’élaboration ou de construction. Si le manque de ressources financières
explique en partie l’absence de PDU, ce n’est pas la seule raison.
186
Parmi les diagnostics et stratégies élaborés par Marrakech, il ressort que les objectifs à
atteindre dans le cadre de l’amélioration de la mobilité urbaine sont nombreux mais peu
réalistes. Il serait plus judicieux de viser peu d’objectifs mais que ceux-ci soient réalisables.
Si les démarches en matière d’aménagement et d’urbanisme progressent à pas lents, cela
s’explique aussi par un certain manque de cohérence au niveau institutionnel.
Dans la Ville ocre, c’est le Conseil Communal, composé de dix membres, qui gère le SDAU.
Il est en charge d’autres affaires de la commune urbaine de Marrakech comme les services
publics et équipements de la Collectivité101, le budget communal et la fiscalité.
Pour élaborer le SDAU, l’Agence Urbaine de Marrakech (AUM) a fait appel au bureau
d’architecture KILO accompagné du bureau d’études SCE et de l’agence urbaine de Paris.
100 BERRISSOULE Badra, Urbanisme, c’est le chaos à Marrakech. L’Economiste, 03/07/13, n°4066, pp. 285 à
287.
101 Décharge de déchets solides, espaces verts intercommunaux, transports et hygiène.
102 Tassoultant, Tamesloht, Aghouatim, Sidi Abdelah Ghiat, Al Ouidane, Ouahat Sidi Brahim, Saada, Harbil.
103 La durée de vie du PA est de dix ans.
187
Puis, elle a annulé ce document, estimant que le travail n’était pas à la hauteur. Elle a ensuite
lancé un appel d’offres international que le bureau coréen DONGMYEONG
ENGENEERING a remporté en 2011. Toutefois, la ville ne dispose toujours pas de ce
document d'urbanisme majeur. Ainsi, le dernier SDAU date de 1995104 et toutes les tentatives
pour le réaliser ont pour l’instant été vaines105. Or, le SDAU planifie à l’échelle de plusieurs
communes sur une période de 20 ans, l’évolution et l’organisation du territoire ainsi que le
développement économique, urbain et social de cet espace tout en préservant un équilibre
entre les zones qui le composent, qu’elles soient urbaines, industrielles, agricoles, touristiques
ou naturelles.
Sans l’appui de réel document d’urbanisme, la ville trouve des solutions alternatives pour
prévoir plusieurs projets et actions à l’échelle du territoire de Marrakech, tels que
l’accroissement de la surface urbanisée (de 4000 ha à 15000 ha)107, le développement d’une
grande armature viaire108, la protection et la mise en valeur du patrimoine et des espaces verts
de la ville109 ainsi que le développement touristique110. Toutefois, en l’absence de Plan
d'Aménagement (PA), deux constats s’imposent.
D'une part, il existe une incohérence urbanistique dans la ville et d'autre part, celle-ci opère
par dérogation pour la création de logements.
104 Http://www.marocurba.gov.ma.
105 Le ministère de l'urbanisme envisage de réaliser un SDAU à partir de Rabat tandis que les élus proposent un
transfert de compétences aux communes.
106 TRIKI L., Un schéma directeur pour la périphérie de Marrakech. La vie économique, n°1275, juin 2005.
107 Création de logements, d'équipements et d'activités.
108 Redéfinition de l'ossature initiale et de ses extensions pour répondre aux impératifs du trafic routier.
109 Préservation du centre ancien et de la Palmeraie.
110 Implantation d'activités de loisirs et création de pôles résidentiels à dominante hôtelière.
188
Parmi les incohérences rencontrées, nous pouvons citer la transformation de quartiers
industriels en quartiers résidentiels, l'implantation d'industries dans des sites non approuvés,
l’inscription des quartiers Rwidat, Sidi Abbad, Nfis et Daoudiate comme zones jaunes où il est
interdit de construire des immeubles alors que le PA de 1996 autorisait les constructions en
R+5111 et enfin, l'augmentation du prix foncier112. Les dérogations nécessaires pour la création
de logements nous amènent à constater une absence de mixité sociale, en particulier sur la
route de Safi.
Certes, le Conseil de la Ville utilise des solutions alternatives. Il lance des PA sectoriels pour
certaines zones mais sans consulter ni les architectes ni les promoteurs immobiliers pour
mener conjointement des pistes de réflexion.
Toutefois, d’après le Maire de Marrakech, si la ville ne dispose pas de PDU, il existe des
solutions d’allègement de la circulation avec la mise en place du BHNS. La ville espère ainsi
passer d’une fréquentation des transports collectifs de 4% en 2014 à 9% en 2020. Selon
madame le Maire, des solutions d’aménagement alternatives sont prévues, comme le
réaménagement des artères avec des couloirs réservés aux Transports Collectifs, le recalibrage
des voies pénétrantes de la ville et la réalisation de rocades (périphérique et interne). Elle
souligne qu’en 2013, 70% de ces travaux ont été réalisés.
Nous pouvons constater que le cadre institutionnel et réglementaire a toute son importance
afin de répondre aux divers enjeux de la mobilité urbaine dans un contexte de diversification
et de multiplicité des déplacements. A Marrakech, l’absence de réflexion, le manque de
capital humain et financier et le nombre restreint de documents urbains concernant la
planification du territoire à long terme, se heurtent à un contexte urbain en perpétuel
changement (Figure 81).
191
Par ailleurs, la coordination entre les différentes villes est nécessaire tant sur le plan de la
continuité que sur celui de la cohérence des liens de mobilité du territoire. La stratégie
nationale des déplacements urbains devrait ainsi pourvoir s’appuyer sur quatre éléments
(Figure 82) : un cadre institutionnel favorable, une offre de transport public attractive, une
gestion optimale de la voirie et un financement durable.
Enfin, pour encourager, faciliter et stimuler les nouveaux usages de la mobilité, il est
également nécessaire de privilégier deux domaines d’action. Il s'agit de la communication et
la pédagogie ainsi que des offres de service et d’information sur les mobilités.
Elles doivent savoir s’adapter et se renouveler en fonction des besoins des usagers. Ces
démarches peuvent se traduire par la construction d’une aire de covoiturage ou bien
l’information du trafic en temps réel. Les aménagements urbains doivent être visibles et
pratiques afin de sécuriser, faciliter et encourager toutes les pratiques de la mobilité urbaine
(deux-roues, voiture, transport collectif etc.).
Pour encourager ces pratiques et en améliorer l’organisation et la sécurité, il est important
d’anticiper les déplacements quotidiens des Marrakchis. Pour cela, plusieurs données sont à
prendre en compte comme les distances, les durées de parcours, les modes de transport, les
types de liaison ou encore la vitesse.
Pour améliorer les conditions de la mobilité urbaine en ville, il est également essentiel de
subventionner les réseaux de transport public, d'adapter l’offre et la demande en transports, de
développer la fluidité et le partage de l’espace urbain, de développer l’accessibilité, la qualité
et la sécurité de l’offre de transport et enfin de proposer une offre de transport écologique.
114 Pour favoriser l'utilisation et l'extension des transports en commun, il est nécessaire de faire appel et de
maîtriser des compétences psychomotrices ou cognitives : savoir se repérer, lire (guichets automatisés).
115 FOL Sylvie. Urbanisme, n°372, mai-juin 2010, p. 95.
193
En conclusion de cette deuxième partie, nous pouvons dire que l'individu voyage de plus en
plus à l'échelle de l'agglomération et utilise plusieurs modes de transport pour se déplacer
(moto, bus, vélo, voiture, marche). Pour lui, l’articulation entre ces différents modes doit se
faire de la manière la plus simple possible : peu importe que ces modes de transport soient
exploités par différents opérateurs, l’essentiel est l'usage qu'il en fait. A Marrakech, l’absence
d’une offre efficace de transports publics multimodaux et les dérives en matière de sécurité
routière rendent difficile la gestion des déplacements. Par ailleurs, un manque de
communication auprès des usagers n’incite pas la population à privilégier d’autres modes de
transport que la mobylette. Les enjeux actuels auxquels la ville doit remédier –congestion
urbaine, pollutions, insécurité routière, dégradation de la qualité de vie– sont communs à
beaucoup d’agglomérations. Toutefois, si l’aménagement de la voirie et celui des
infrastructures avaient été anticipés, la ville aurait pu répartir ses ressources financières à
meilleur escient. L’aménagement aurait été mieux pensé et Marrakech aurait pu éviter
aujourd’hui, d’avoir à corriger les erreurs du passé. En effet, un manque de réflexion et de
cohésion de l’aménagement du territoire coûte finalement plus cher que l’investissement d’un
projet initial bien pensé.
La Ville ocre doit s’attacher à privilégier la cohésion et la coordination en matière de vision à
long terme d’une politique de déplacements urbains favorable à l’économie et à la qualité de
vie ainsi qu’aux besoins en perpétuel changement de ses usagers. Bien que la gestion des
déplacements connaisse actuellement des difficultés d’ordre institutionnel, financier et
humain, Marrakech montre qu’elle compte anticiper son devenir et ne plus répondre au cas
par cas aux besoins en mobilité. Si l’aménagement de Marrakech s’est fait auparavant sans
documents d’urbanisme, cette situation appartient désormais au passé. Sur le plan théorique,
la ville développe une stratégie de déplacements urbains en corrélation avec la stratégie
nationale du Royaume tandis que le schéma directeur d’aménagement urbain (SDAU) et les
plans d’aménagement (PA) sont en cours de réalisation. Dans la pratique, les réflexions
menées vont s’effectuer sur plusieurs années. Le soutien financier de l’Etat, des collectivités
et des partenaires privés seront nécessaires pour améliorer l’aménagement de la ville et mieux
gérer les déplacements urbains. Les questions essentielles de demain concernent avant tout les
thématiques de la surpopulation et du climat. Marrakech dispose d’un potentiel certain qu’elle
peut développer pour envisager un avenir meilleur de sa mobilité.
194
PARTIE III. LA MOBILITE
URBAINE A MARRAKECH :
COMMENT ENVISAGER UN
AVENIR MEILLEUR ?
195
CHAPITRE V. Des méthodes efficaces
pour gérer la mobilité urbaine
Afin d’évaluer les pratiques de la population dans ses déplacements, il est intéressant de
chercher à savoir quel est le comportement des individus lorsqu’une ville développe une
nouvelle offre de transport. Comment les individus se déplacent-ils en fonction de leur âge, de
leur genre ou de leur statut social ? Connaître ces pratiques permet d’anticiper et d’optimiser
les coûts qui seront supportés par les collectivités et les usagers en matière de transports
collectifs. Cela permettra également d’évaluer le montant et la durée du retour sur
investissement pour la Ville. Cette connaissance de la mobilité urbaine permet alors
d’anticiper le devenir d’une ville et de savoir comment aménager et sécuriser au mieux
l’espace public. Cet ensemble de données est également essentiel pour mieux consommer,
qualifier et partager l’espace.
Ce sont les raisons pour lesquelles les actes de réflexion quant à la façon de se déplacer dans
une ville et d’en penser la gestion, nécessitent de connaître les pratiques de la mobilité
196
urbaine. Cela suppose de considérer trois axes thématiques116 liés à un mode de vie urbain et
moderne. La première concerne la complexité des espaces urbains, la seconde, celle de leur
vitesse et la troisième, celle des pratiques spatiales diverses.
Cette organisation spatiale de la ville est le reflet des rapports sociaux qui s’y expriment. La
ville est considérée comme un système global complexe dans lequel tout a une influence sur
tout (I. Lowry). Il est alors nécessaire de penser la ville en tenant compte des sous-systèmes
politiques, économiques et morphologiques qui la composent.
Par ailleurs, l’expansion du système urbain conduit à son changement. Comme le souligne
Rémy ALLAIN, agir sur une forme urbaine, c’est modifier un paysage urbain, c’est aussi
influer sur les conditions de vie, la qualité de vie sociale quotidienne (déplacements, relations,
qualité de l’habiter) et leurs conséquences sur les prix du tissu environnant et leurs effets en
retour.
116 ORFEUIL Jean-Pierre, Synthèse sur la mobilité urbaine. Institut pour la ville en mouvement, juin 2001.
197
5.1.1.2. Les espaces urbains sont à plusieurs
vitesses
Chaque citoyen devient ainsi plus autonome et indépendant lorsqu’il dispose d’une
automobile. A contrario, lorsqu’un individu ne dispose pas d’un véhicule personnel, il devient
alors dépendant des modes de transports collectifs. Par conséquent, il a les mêmes attentes
envers les transports collectifs qu’envers un mode de transport individuel. Les citadins
attendent ainsi d’un réseau de transport urbain qu’il soit efficace, rapide, fréquent et qu’il
couvre la totalité de la ville et de ses alentours. Ces exigences sont en corrélation avec la
modification des modes de vie, d’habiter et de travailler. Par conséquent, ces nouvelles
dynamiques socio-spatiales façonnent de nouveaux espaces urbains.
Les espaces urbains changent car les pratiques spatiales évoluent. Les rythmes urbains sont
continus et ne se résument plus seulement aux déplacements domicile-travail. Jean-Pierre
ORFEUIL souligne que de jour comme de nuit, les déplacements se font pour divers motifs.
Cela dépend des attentes et des besoins des citadins qui aspirent à différentes demandes. La
mobilité reflète ces nouvelles pratiques. La mobilité nocturne est de plus en plus fréquente car
Marrakech ne dort plus la nuit. Ainsi, commerces et épiceries sont disponibles de plus en plus
tardivement.
198
Il convient de prendre en considération ces transformations de l’espace, en particulier celles
du péri-urbain et de chercher à mettre en place les meilleurs politiques publiques pour
concilier activités agricoles, habitat péri-urbain et réserves foncières.
La mobilité urbaine est une forme de la métropole moderne qu’il est nécessaire de gérer et de
maîtriser pour apporter des réponses aux enjeux de demain, à savoir, les dynamiques
démographiques et les déplacements spatiaux. Par conséquent, en connaissant et en
comprenant comment évolue et vit la ville, il est plus facile de développer à la fois une offre
de transport urbain adaptée et un réseau de transport efficace. Toutefois, si l’accroissement
périphérique des villes est en partie dû à la naissance de nouvelles pratiques sociales, ce n’est
pas la seule raison. En effet, l’étalement urbain des villes s’explique également par le réseau
routier.
Par ailleurs, les Marrakchis sont de plus en plus nombreux à vivre en zone périurbaine. Pour
ces ménages, cela implique soit de disposer d'un moyen de transport individuel, ou soit de
travailler à proximité de leur lieu d'habitation. Les grands taxis permettent de rejoindre le
centre-ville mais pas les bus de ville. Marrakech pourrait développer cette offre de grands
taxis et créer des lignes de tramway. En effet, ce mode de transport permet de se déplacer plus
rapidement, plus loin et sans polluer.
117 www.batiactu.com.
199
dépendre des énergies pétrolières, d’éviter le gaspillage des ressources en énergie, de
préserver l’environnement et de réaliser des économies. Les villes de Rabat et Casablanca ont
construit des lignes de tramway pour diminuer la pollution automobile.
Bien que l’investissement initial de tels projets de transport coûte des millions d’euros, il est
la résultante de contributions financières de plusieurs collectivités territoriales (Etat,
communauté d’agglomération, mairie) et fait souvent l’objet d’un partenariat public-privé. Par
conséquent, il est plus facile de le réaliser. De surcroît, il peut être très vite rentabilisé via son
utilisation massive par les habitants de la ville. Si pour certains usagers, l’introduction d’un
nouveau mode de transport en induit une utilisation spontanée, pour d’autres, il sera essentiel
de les encourager à préférer les modes de transport doux ou à propulsion humaine. Par
ailleurs, en élaborant une stratégie de transports urbains adaptée à la ville et à ses contraintes
géographiques, sociales et économiques, la mobilité urbaine va se développer.
En effet, penser la mobilité urbaine d’une manière globale, c’est en assurer la pérennité. La
complémentarité et l’efficacité des différents modes de transports sont appréciées des
habitants, quel que soit le type de déplacement effectué et quelle qu’en soit l’heure de la
journée. Il est donc essentiel de réfléchir aux lieux de passage les plus fréquentés de la ville et
à l’amplitude horaire la plus adaptée. Il s’agit également d’articuler les différents modes de
transports entre eux, sur le plan technique, architectural et signalétique, c’est-à-dire créer des
lieux d’échanges qui permettent l’intermodalité. Favoriser l’intermodalité constitue une étape
clé dans l’approche de la mobilité urbaine mais il est également important de réfléchir à la
qualification de ces nouveaux espaces dans la ville.
Penser les espaces de la mobilité urbaine, c’est réfléchir à leur insertion dans la ville de façon
harmonieuse pour tous les usagers. Auparavant, les voies ferrées ou les routes constituaient
les espaces de la mobilité urbaine, sans lien réel avec la ville. Ainsi, ces axes facilitaient les
déplacements mais pouvaient aussi constituer une coupure dans l’espace urbain. Il est donc
essentiel de mieux qualifier ces espaces et de penser les axes de la mobilité urbaine en
adéquation et en intégration avec le bâti et les espaces verts existants.
De plus en plus de villes modernes réfléchissent à un plan de déplacements urbains (PDU) en
corrélation avec les espaces de la ville et la dimension paysagère de celle-ci. Cette réflexion
est peut-être plus longue dans le temps mais elle a au moins le mérite de penser la mobilité
urbaine de manière globale. Par ailleurs, un projet bien pensé coûte beaucoup moins cher
qu’un projet effectué trop hâtivement et dont le coût de réparation sera plus élevé.
Qualifier les espaces de la mobilité, leur donner une identité urbaine et paysagère est une
bonne initiative. Cela permet de développer l’offre de transports urbains tout en préservant les
La mobilité n’a pas pour objectif de créer des exclus. Il est important de veiller à ce qu’un
réseau de transport urbain soit financièrement accessible à tous car l’exclusion sociale peut
aussi engendrer une exclusion spatiale. A Marrakech, 60 % des déplacements s’effectuent à
pied. Or, cette mobilité pédestre souligne aussi qu’il existe un nombre élevé d’exclus de la
mobilité motorisée. Si cela semble positif d’un point de vue écologique, il s’agit aussi d’un
aspect négatif d’un point de vue social et économique. En effet, le marché de l’emploi
accessible à pied est trop restreint et l’accès aux services urbains est limité.
Pour développer le droit aux transports et le droit à la mobilité pour tous, il est essentiel de
proposer une offre de prix abordable pour les usagers. Pour mettre en place une tarification
adaptée, cela suppose que la commune urbaine élabore un ou plusieurs partenariats publics
et/ou privés afin qu’elle continue à investir dans les infrastructures de transport. La commune
urbaine de Marrakech devra également tenir compte d’un autre enjeu financier majeur pour
l’avenir : celui de la hausse du coût de l’énergie. En misant sur les énergies renouvelables
dans les transports et les infrastructures, il est possible de réduire ces coûts.
Assurer une mobilité pour tous les usagers suppose également une hausse du nombre de bus
et de tramways selon les heures de pointe de la journée. Toutefois, plutôt que de penser
uniquement à la mise en place d’entreprises d’autobus performantes, il est nécessaire de
penser à la complémentarité des transports. Par exemple à Marrakech, il serait utile de
202
développer davantage les taxis collectifs et les minibus et de mettre en place un réseau de
taxis-motos. La moto peut en effet jouer un rôle important pour faciliter la mobilité, soit en
tant que mode individuel, soit en tant que transport public dans les quartiers où le transport
collectif n’est pas suffisamment efficace.
Par ailleurs, il peut être utile de développer les transports à la demande. Lorsque la densité
d’un quartier est faible, le déplacement à la demande peut en effet être une réponse adaptée à
la mobilité des habitants de ce lieu. Ce type de transport, implanté à des endroits précis de la
ville, peut en effet coûter moins cher aux citadins et à la commune urbaine, que le passage
d’une ligne de bus ou de tramway.
Ce type de transport, financé par les collectivités, ne peut alors s’effectuer que sur des trajets
déjà définis et des trajectoires courtes, en nombre limité. Pour assurer une mobilité pour tous
les usagers, la commune urbaine de Marrakech peut donc envisager un schéma d’urbanisation
basé sur des structures de transport multipolaires.
Ce n’est pas le seul élément à prendre en considération. L’aménagement de la voirie pour les
personnes à mobilité réduite doit aussi être adapté pour faciliter et sécuriser les déplacements.
Par exemple, à Marrakech, des signaux sonores ou des revêtements de sols spécifiques aux
abords des passages piétons permettent aux
handicapés et aux malvoyants de savoir qu’un
passage existe à un endroit T pour traverser une
voie de circulation. Des rampes d’accès et des
bateaux facilitent également l’accès des bâtiments
publics et des trottoirs pour les personnes en
fauteuil roulant (Figure 83). En favorisant l’accès
des trottoirs aux personnes en fauteuil roulant, la
sécurité des automobilistes est renforcée puisque
les handicapés ne circulent plus sur la chaussée.
Or, les bateaux et les rampes doivent être mieux
conçus (Figures 84 et 85).
Figure 83. Exemple de bateau bien conçu, av. Mohammed VI, Marrakech.
Cliché: A. NAKHLI, 2014.
203
Figure 84. Exemple de bateau mal conçu, av. Mohammed VI, Marrakech.
Cliché: A. NAKHLI, 2014.
Figure 85. Pente d’accès trop raide près de La Poste Centrale, Marrakech.
Cliché : A. NAKHLI, 2014.
204
Enfin, sécuriser les déplacements des usagers est une démarche à inclure dans le PDU. Ainsi,
chacun doit être en mesure de se déplacer en toute sécurité sur les trottoirs, en particulier les
personnes âgées, les personnes handicapées et les mamans avec leurs enfants. Divers
aménagements peuvent exister. Des planchers bas dans les bus facilitent et sécurisent les flux
d’entrée et de sortie des passagers tandis que des cheminements adaptés sur la voirie
sécurisent les espaces piétons et les espaces cyclistes (Figure 86).
Bateaux
Ralentisseurs
Place de
stationnement Signalisation d’un
intégrée à la voirie espace piéton
Trottoir large
Si connaître les pratiques de la mobilité urbaine d’une ville permet d’en mieux comprendre le
fonctionnent, cela permet également d’acquérir le savoir nécessaire à la mise en pratique
d’outils adaptés. Ces outils ou mesures seront mises en place pour favoriser une bonne
205
pratique de la mobilité urbaine à court, moyen et long terme. Parmi les pratiques que les villes
ont mises en place, nous allons voir que plusieurs ont fait leur preuve.
Les tracés peuvent s’effectuer petit à petit. Toutefois, il est préférable de bien réfléchir à leurs
liaisons et leurs dessertes, afin de pouvoir agrandir une même ligne et lui ajouter d’autres
stations. Il est également essentiel de planifier un site d’entretien et de renouvellement du parc
de tramway. Enfin, un réseau d’information et de communication des liaisons en temps réel,
de l’activité du trafic ou des éventuels changements doit être installé de façon efficace afin de
fluidifier les déplacements des usagers.
L’ancien maire de Montpellier, Georges FRECHE, disait qu’une cité se bâtit sur des siècles,
mais qu’elle évolue au jour le jour :
« Nos villes et nos vies sont en perpétuel mouvement et c’est la charge des Collectivités de forger les
conditions de leur épanouissement futur, d’édifier la trame de l’histoire que nous construirons
demain ».
206
Elle a mis en place un maillage ayant pour objectif de dépasser les 100 km de lignes. Les
quatre lignes de tramway existantes ont déjà restructuré l’espace urbain.
Pour favoriser la fluidité de la mobilité urbaine, il est bien sûr essentiel de faire preuve
d’anticipation quant au développement de la ville et de réfléchir à l’élaboration de l’ensemble
des tracés et des équipements nécessaires. Pour ce faire, il s’agit de repenser les politiques
publiques. Celles-ci ne doivent pas répondre à des actions au coup par coup mais plutôt être
planifiées à court, moyen et long terme.
207
5.2.2. Redéfinir des politiques publiques à court, moyen et long
terme
Actuellement, redéfinir des politiques publiques de la mobilité urbaine n’est pas toujours aisé.
Les politiques publiques en matière de mobilité urbaine sont amenées à jongler avec des
intérêts parfois contradictoires : par exemple, les citadins veulent le confort de la voiture mais
pas les nuisances sonores ou atmosphériques que son utilisation engendre. Par ailleurs, les
freins à la mise en œuvre de politiques alternatives restent encore très puissants. Certains sont
bien connus : la commodité de l’automobile, son confort, l’espace privatif qu’elle représente
ou encore la relation particulière du propriétaire d’une automobile à son véhicule comptent
parmi les thématiques les plus analysées. Et, bien entendu, le confort de l’automobile,
largement diffusé jour après jour par la publicité, continue d’imprégner les consciences et de
déterminer le choix modal.
Pour répondre à l’ensemble des enjeux de la mobilité urbaine, il est nécessaire de les intégrer
dans une évaluation socio-économique des politiques publiques, à court et à long terme. A
court terme, l’évolution des pratiques peut concerner la mise en place d’un nouveau système
de transport. A long terme, il peut s’agir d’anticiper l’évolution démographique et
sociologique de la population119 et de prévoir l’attractivité économique d’un territoire120.
Sur le plan économique, lorsque la mobilité concerne une large zone géographique et lorsque
les infrastructures sont suffisamment développées pour couvrir cette zone, il est possible de
mesurer la création de richesse engendrée par les entreprises et les habitants à travers la
fréquence et la manière d’utiliser les transports publics. Il s’agit alors de mesurer l’impact et
le rôle joués par l’accroissement de la fluidité de la mobilité urbaine et d’en évaluer les
retombées économiques par rapport à l’investissement initial effectué par les collectivités et
les partenaires privés. Quant à la rentabilité des infrastructures de transports, elle peut se
mesurer par les taux de fréquence, d’échanges et de fluidité du réseau mais aussi par le taux
de satisfaction des habitants et des utilisateurs des transports publics.
Pour qu’elle soit pérenne, cette politique doit répondre aux attentes et aux modes de vie des
usagers ainsi que satisfaire leurs besoins en mobilité. Il est également préférable qu’elle
corresponde et réponde aux objectifs que les collectivités territoriales se fixent pour la ville :
devenir une ville de haute technologie, une ville sportive, une ville culturelle etc.
209
Cette politique doit permettre le droit aux transports pour tous et en favoriser l’accessibilité et
la fréquence. Les villes ont la volonté de mettre en place des réseaux de transports en commun
efficaces et adaptés aux comportements des habitants. Cette volonté traduit l’ambition des
collectivités d’investir et de participer à un projet de territoire cohérent et bien pensé. Leur
ambition concerne également la volonté de redynamiser la ville, d’en améliorer le confort et la
qualité de vie.
Pour qu’elle soit rentable, la politique de gestion des transports doit tenir compte des recettes
et des coûts engendrés pour sa mise en place. A terme, l’investissement initial dans les
infrastructures et l’exploitation des réseaux, les nouvelles technologies ou les nouveaux
modes de transport ; doit être inférieur au retour sur investissement escompté. Cela implique
que le tarif appliqué aux usagers ne doit pas être un frein à la mobilité. Les tarifs pratiqués
doivent toutefois être élaborés de façon mesurée et rester raisonnables et attractifs pour les
usagers tout en permettant un retour sur investissement pour la ville en quelques années. Quoi
qu’il en soit, l’investissement initial sera très vite rentabilisé par les économies réalisées dans
les domaines routiers, environnementaux et sociaux. Les retombées économiques ainsi créées
contribuent ainsi à la rentabilité de ce système mais également à sa pérennité.
Comme nous l’avons abordé dans les chapitres précédents, Marrakech dispose de faibles
budgets. Bien qu’elle ait développé des partenariats publics-privés, elle réalise peu
d’équipements structurants pour la ville. Par exemple, le budget pour la construction de la
nouvelle gare routière est toujours en attente. C’est la mise en place du projet quinquennal
Marrakech, cité du renouveau permanent qui a impulsé les travaux de construction actuels.
La ville pourrait également faire appel à des régies et obtenir de l’aide de banques ou de fonds
européens régionaux pour mettre en place de nouveaux modes de transport. Par ailleurs, le
retour sur investissement sera d’autant plus rapide que le service de transport est efficace.
Rendre les déplacements plus accessibles, plus fluides plus souvent fait écho auprès des
usagers qui seront plus enclins à payer un prix public compte tenu du service rendu. Le tarif
ne doit pas être unique mais plutôt modulé selon les catégories de population : étudiants,
familles nombreuses, retraités etc.
Pour qu’elle soit sécuritaire, la politique de gestion des transports doit veiller à l’état des
véhicules et des routes. Cette politique doit mettre en œuvre des véhicules fiables et
régulièrement contrôlés, des espaces piétons sécurisés et des zones de ralentissement pour les
voitures tout en développant un comportement plus citoyen et avisé des citadins.
210
Pour qu’elle soit durable, la politique de gestion des transports doit miser sur les nouvelles
technologies favorables à la préservation de la santé, de l’environnement et de la qualité de
vie des usagers. Les collectivités peuvent investir dans des domaines qui ont fait leurs preuves
ou dans des domaines qui ont un potentiel d’avenir en matière de développement durable. Il
s’agit toutefois de faire preuve de prudence car certaines initiatives peuvent s’avérer plus
onéreuses que les retombées économiques qui en sont attendues. Pour réussir ce pari, la ville
doit se donner les moyens de ses ambitions : construction de passerelles réservées aux
cyclistes, interdiction d’accès aux voitures trop polluantes, parkings souterrains etc.
Par exemple, Copenhague envisage de devenir la ville écologique de référence du monde, la
cité idéale pour les cyclistes et la capitale du climat121. Depuis que la ville danoise a
développé les rues et espaces piétons, les commerces ont gagné en attractivité, les bus
circulent plus vite et arrivent à l’heure, les conflits entre piétons et cyclistes ont pratiquement
disparu122. Ole THORSON, président de la Fédération européenne des piétons (FEPA) à
Barcelone, ajoute qu’aucun projet ne peut être humain si l’on ne pense pas aux piétons123.
Marrakech dispose de plusieurs avantages pour répondre de manière pérenne aux enjeux de la
mobilité urbaine. Si l’usage de l’automobile s’est développé dans la Ville ocre, l’achat d’un
véhicule reste onéreux pour de nombreux ménages. Les déplacements dans la Perle du sud
s’effectuant majoritairement en deux-roues ou à pied. Toutefois, la ville a encore la possibilité
de renverser sa situation de congestion et surtout d’anticiper et d’améliorer son devenir, avec
l’utilisation des modes doux et des énergies renouvelables. En effet, Marrakech bénéficie d’un
climat très favorable pour développer, démocratiser et utiliser davantage les nouvelles
énergies que sont l’énergie solaire et la biomasse.
Ainsi, pour améliorer et fluidifier les déplacements des habitants, les structures étatiques
doivent exercer des fonctions clés telles que déterminer les normes de qualité des routes,
effectuer la classification des routes et définir des objectifs de planification du territoire à long
terme.
Pour ce faire, il est nécessaire de réaliser au préalable un état des lieux concernant la gestion
urbaine, la gestion de la mobilité et leur corrélation. Cet inventaire consiste à réunir un
maximum de données sur la thématique de la mobilité et sur l'espace géographique à étudier
pour éviter en effet de refaire un travail déjà accompli par d'autres. Cet inventaire se doit aussi
d'être critique : certaines politiques publiques de transport n’ont pas abouti aux résultats
escomptés. Toutefois, d’autres politiques publiques ont cherché à changer les pratiques de la
mobilité à travers le partage de la voirie, l’apport de subventions aux publics, la promotion de
l’autopartage, le contrôle du stationnement, les péages ou encore la journée sans voiture. Ces
politiques ont également cherché à faire partager cette préoccupation à des acteurs
intermédiaires par la mise en place de plans de déplacements d’entreprise ou encore la
promotion de la densité urbaine124.
Comme le souligne la revue Urbanisme, ce qui importe en fin de compte du point de vue
économique, c’est à quel point les routes soutiennent des services de transport efficaces,
fiables et sûrs pour les différents types de fret, ainsi que pour les populations urbaines et
rurales. Même si c’est généralement le secteur privé qui fournit ces services, les Etats ont un
rôle essentiel à jouer en tant que régulateur et facilitateur de la prestation des services de
transport125.
124 Il s’agit de privilégier la ville cohérente pour éviter le développement des territoires dépendants de
l’automobile situés en zone périurbaine.
125 Urbanisme, Hors-Série, n°37, mars 2012, p.215.
212
Pour faciliter l’intervention de l’Etat ou des collectivités territoriales et la mise en place de
politiques publiques des transports à long terme, des stratégies de planification urbaines sont
pensées et mises en place.
Une nouvelle stratégie de planification implique d’agir en amont sur le domaine foncier afin
d’assurer la réussite de l’ambition territoriale de Marrakech. En effet, le domaine foncier est
l'élément clef de toute politique d'aménagement ou de développement. Afin de créer un
territoire au service du développement durable, de l’équité sociale et spatiale, il est important
de créer de nouveaux modes d’action pour intégrer de nouvelles dimensions dans la gestion
des sols et pour innover. Ces innovations concernant la régulation des marchés, la
gouvernance, la réversibilité des usages et les partenariats entre acteurs publics et privés.
Face à l’accroissement démographique des villes, celles-ci ont choisi d’anticiper le futur. La
plupart développent les énergies vertes. Le développement durable constitue d’ailleurs l’un
des axes majeurs des politiques d’aménagement du territoire. Développer une offre de
services de transports urbains durables requiert une planification des structures urbaines, la
construction et l’entretien des infrastructures ainsi que l’organisation des services de
213
transport. En pratique, ces trois fonctions relèvent rarement de la compétence d’une seule et
même institution et idéalement, la planification doit prendre appui sur des stratégies
participatives et s’aligner sur les budgets locaux et nationaux126.
Avec les années de théorie et de pratique, la planification urbaine est pensée de façon
transversale et non plus par fonctions (Jean HAENTJENS, économiste et urbaniste). Elle
répond à plusieurs enjeux : habitat, éducation, culture, transports, loisirs. Cette approche
transversale permet ainsi de créer une cohérence dans la réponse aux enjeux économiques,
sociaux et environnementaux auxquels une ville peut être confrontée. Penser le territoire par
une approche globale et transversale est l’une des clés d’un aménagement de territoire réussi,
en développer la cohérence spatiale en est une autre. Favoriser les déplacements doux,
privilégier des poumons verts ou encore développer la mixité sociale, sont des actions qui
nécessitent d’avoir des réserves foncières et qui en impliquent la maîtrise, afin de développer
cette cohérence spatiale.
Dans la médina de Marrakech, l’organisation spatiale fait la part belle au piéton. Ce qui existe
depuis des siècles au cœur des remparts marrakchis est l’objet des politiques publiques
actuelles de nombreuses villes européennes. Elles tendent à favoriser la transversalité de
l’approche urbaine des quartiers où le piéton devient indirectement l’élément central de cette
Si les modes doux sont plébiscités par les nouvelles stratégies de transport des collectivités, le
piéton n’est pas en reste. Alain MEYERE, directeur du département Mobilité et transport à
l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France, estime d’ailleurs que c’est le piéton
qui permettra d’introduire la transversalité dans la ville. Considérer le piéton en tant que tel
permet en effet de créer et de développer de nouveaux rapports sociaux entre les citoyens, de
nouveaux modes de vie et enfin, de nouvelles approches de l’espace urbain.
Dans le cadre de cette théorie, de plus en plus d’éco-quartiers cherchent ainsi à développer ces
trois tendances et non simplement à créer de la qualité environnementale. Fort de son succès,
l’éco-quartier ou l’éco-résidence a longtemps été le projet incontournable à réaliser pour de
nombreuses villes qui cherchaient à tout prix à asseoir leur image et leur identité. Désormais,
de plus en plus d’espaces urbains ne limitent pas leur planification urbaine à une résidence ou
à quelques projets. De plus en plus, les métropoles souhaitent développer des planifications
urbaines dans le cadre de politiques d’urbanisme pérennes, rentables et durables. Celles-ci
s’appuient toujours sur des stratégies de communication et de marketing institutionnel qui se
veulent singulières.
L’urbanisme d’aujourd’hui va en effet de pair avec une stratégie de communication. Les villes
s’affirment et créent leur identité par l’inscription de l’ensemble de ces démarches dans un
contexte historique et géographique. Vendre un projet de territoire, mettre en lumière un bâti
architectural, organiser des événements sportifs et culturels sont aujourd’hui certaines des clés
du succès pour attirer les investisseurs et fédérer les citoyens. Ces événements souvent très
médiatisés s’inscrivent dans une approche globale et transversale de la planification urbaine.
En travaillant de concert sur plusieurs axes du développement urbain, les villes ont d’ailleurs
compris qu’elles pouvaient redonner une qualité de vie à l’espace public, redynamiser des
quartiers et améliorer leur image institutionnelle.
215
En effet, pour une ville, la communication est indispensable de toute stratégie de
développement urbain. Cela permet aux citoyens de participer à un projet urbain et de
mobiliser leurs énergies et leurs actions en faveur d’un projet de territoire. La ville de
Marrakech peut donc élaborer une stratégie de communication globale ainsi qu’une
communication institutionnelle concernant la mobilité urbaine auprès de ses habitants. Celle-
ci aura pour objectif de les inciter à privilégier les modes de transport doux, d’améliorer leur
comportement sur la route en faisant preuve de civisme et en respectant le code de la route et
de communiquer sur la volonté d’agir tous ensemble pour faire de Marrakech une ville
positive et durable.
Cette stratégie de communication globale est également essentielle pour attirer des
investisseurs, développer l’économie d’un territoire et créer des partenariats publics-privés
plus rapidement. Les villes d’aujourd’hui travaillent leur image : elles s’associent à des lieux
symboliques, des projets emblématiques ou des événements rituels (Jean HAENTJENS). De
ce point de vue, Marrakech est loin d’être novice puisqu’elle organise de nombreux festivals,
colloques et séminaires internationaux chaque année.
Cette démarche de communication permet à une ville d’appuyer la singularité de son identité
et de ses valeurs. Tout comme une entreprise, une ville doit savoir communiquer et vendre
l’attractivité de son territoire. Cette communication sera d’autant plus pérenne et valorisée si
une ville a pensé son aménagement et sa planification urbaine de façon efficiente.
Par ailleurs, et ce, bien que chaque ville ait sa gouvernance propre, il n’est plus à démontrer
que faire se concerter plusieurs projets urbains s’avère être une méthode efficace pour aboutir
à la naissance d’un projet de territoire cohérent et viable. Marrakech peut ainsi développer des
projets de territoire avec les villes les plus proches comme Essaouira, ce qui aura le mérite de
renforcer l’attractivité de chacune sans pour autant faire disparaître leur volonté de suprématie
dans d’autres domaines. Pour donner vie à l’ensemble des politiques urbaines élaborées et
mettre en place les outils et équipements nécessaires à leur mise en œuvre, les collectivités
n’ignorent pas que des budgets conséquents doivent être alloués.
216
5.2.4. Investir : un partenariat entre Etat et collectivités
Le financement d’une politique de mobilité urbaine reste un problème. Les ressources propres
mobilisées par les pouvoirs publics locaux à Marrakech sont modestes et proviennent
principalement des taxes sur les commerces et les entreprises. Pour mettre en œuvre les
objectifs de la politique routière, les sources de financement sont diverses et proviennent
principalement du budget général, du Fonds Spécial Routier (FSR), de la Caisse pour le
Financement Routier (CFR), de partenariats, de concessions publiques et de dons. Il s’agit
ensuite de répartir ces investissements de de la manière la plus adéquate par rapport au projet
correspondant. La Caisse pour le Financement Routier (CFR) existe depuis 2004. Elle a pour
mission de réaliser des programmes de construction, d’aménagement, d’entretien, de
maintenance et d’exploitation du réseau routier. La CFR est un établissement public géré par
un Conseil d’administration et financé par divers intervenants (Tableau 07).
217
Quant au Fonds Spécial Routier (FSR) qui existe depuis 1989, il est géré par la Direction des
Routes et de la Circulation Routière. Ce FSR est alimenté, entre autres, par des taxes sur les
carburants et les immatriculations. En moyenne, 35% des dépenses d’entretien et de
maintenance routière entre 1989 et 1994 ont été financées par le FSR, soit près de 500
millions de dirhams. Les taxes et les coûts tels que les péages ou les redevances, supportés par
les usagers sont considérés par les économistes comme des effets externes internalisés. Ces
instruments, bien qu’ils semblent onéreux de prime abord, visent l'équité, c’est-à-dire qu’ils
fonctionnent selon le principe du Pollueur-payeur.
Pour l’ensemble des actions à mener, les responsabilités se répartissent entre le maître
d’œuvre (Directions Régionales et Provinciales de l’Equipement (DRE/ DPE)), le maître
d’ouvrage (CFR) et le maître d’ouvrage délégué (Direction des Routes).
Les partenariats public-privé permettent aux collectivités de répartir les charges financières à
supporter tout en répondant aux attentes en mobilité des habitants et de la ville. Le partenariat
est une alternative pour faire face au défi de la disponibilité des ressources financières. Par
ailleurs, la recherche de financement conduit à réfléchir à la mise en commun des moyens
pouvant être mobilisée par l’Etat, les Collectivités Locales et d’autres intervenants pour la
réalisation de projets routiers non programmés et dont l’intérêt a été ressenti.
Le recours au partenariat par le biais d’une participation active des autres intervenants s’avère
nécessaire et peut jouer un rôle très important dans la dynamisation des investissements, dans
le secteur et les mobilisations en synergie des potentialités humaines, matérielles et
financières tout en assurant la garantie, la pérennité de service et la durabilité des
infrastructures routières. L’opération est initiée par l’Etat ou par un de ses démembrements. Il
s’agit d’une cession à un promoteur privé en vue de la réalisation d’une opération sur la base
d’une convention et d’un cahier de charges définissant les objectifs escomptés, les modalités
et moyens de mise en œuvre du programme à faire réaliser et les droits et obligations de
chaque partie.
En outre, l’initiative d’une opération de partenariat peut émaner d’un ou plusieurs promoteurs
du secteur privé qui sollicitent l’assistance et le savoir-faire d’un opérateur public afin
d’assurer une réussite meilleure à leurs projets. Cette forme de partenariat est également régie
218
par une convention qui définit les engagements réciproques des deux parties et le partage du
bénéfice ou la fixation de la rémunération des prestations fournies par l’opérateur public.
Il peut porter sur une mission de maîtrise d’ouvrage totale ou partielle selon les termes de la
convention passée avec le promoteur. Les missions et actes qui peuvent incomber à
l’opérateur public peuvent aller de l’identification du projet jusqu’à la préparation des
dossiers des contrats en passant par toutes les phases intermédiaires. Ce type de partenariat
peut être initié soit par un opérateur public soit par un département ou tout autre
démembrement de l’Etat (Collectivités Locales). Cette forme de partenariat revêt aussi la
forme d’une mission d’assistance technique impliquant pour l’opérateur public, l’obligation
d’apporter son savoir- faire à la réalisation d’une ou d’un tout autre démembrement de l’Etat.
Force est de constater que les pays ayant à la fois des fonds routiers et des agences routières
ont des routes en bien meilleur état que ceux qui n’en ont pas. Les agences routières,
indépendantes des ministères techniques sont responsables de la passation des marchés de
travaux publics. Leur autonomie va de la responsabilité complète de la gestion du réseau
routier jusqu’à une responsabilité limitée à des programmes d’entretien des routes définis par
le département ou le ministère des routes.
En Afrique, la moitié des pays étudiés sous-traitent plus de 80% des travaux de maintenance.
Certaines agences routières adoptent des contrats de maintenance basés sur la performance, en
vertu desquels un entrepreneur privé entretient une voie publique suivant une série de critères
spécifiques à atteindre et à maintenir, pendant des périodes allant de trois à dix ans, en
contrepartie du paiement d’un montant forfaitaire.
Les avantages de ces contrats sont qu’ils peuvent inciter fortement les entrepreneurs à réaliser
un entretien efficace et qu’ils peuvent réduire l’incertitude des dépenses pour le fonds routier.
Les contrats de ce type ont été mis en œuvre pour la première fois au Canada à la fin des
années 80, et les pays industrialisés les ont adoptés depuis lors. Les économies réalisées grâce
aux contrats d’entretien des routes revêtues basés sur les performances vont de 10 à 40% dans
les pays industrialisés et de 10 à 20% dans plusieurs pays en développement.
219
Avec un contrat d’entretien basé sur la performance, l’état des routes s’améliore
progressivement, tandis que dans l’approche traditionnelle, l’état des routes s’améliore
pendant une brève période après la réalisation des travaux et commence ensuite à se détériorer
rapidement jusqu’à ce que de nouveaux travaux de maintenance soient effectués. Dans de
nombreux pays, des agences d’exécution des travaux d’intérêt public (AGETIP) dirigent
maintenant des consultants et des entrepreneurs privés pour le compte des pouvoirs publics et
assument toutes les fonctions indispensables à la préparation, la mise en œuvre et la
supervision des contrats127.
Le magazine L’accent du Sud souligne les aspects bénéfiques d’un tel projet : avec une
fréquentation multipliée par trois, la ligne de train à 1€ lancée entre Nîmes et le Grau-du-Roi a
cumulé en deux mois à peine le même nombre de voyageurs que durant toute l’année 2010.
Chaque train transporte 220 passagers grâce aux quatre voitures (au lieu de trois en temps
normal) toutes équipées de vidéosurveillance. Le premier train est à 8h02 en gare de Nîmes ;
le dernier à 21h20 au Grau-du-Roi. Entre ces deux créneaux horaires, une vingtaine d’allers
retours sont disponibles. Dès le 17 décembre 2011, une nouvelle liaison à 1€ a été mise en
Si les partenariats public-privé permettent de réduire les coûts à supporter, d’autres moyens
peuvent également être instaurés. Par exemple, trop de technicité coûte cher. De plus en plus
de Collectivités privilégient ainsi les technologies qui utilisent les matériaux locaux.
En effet, la construction des routes suivant des normes techniques excessives – avec un type
de revêtement trop cher pour les volumes de trafic prévus – est un problème. Il représente un
gaspillage de ressources qui doit être évité. Une analyse scrupuleuse des investissements
routiers peut éviter l’utilisation de normes techniques excessives dans les réseaux, telle que
celle que l’on observe dans certains pays. De plus, l’expérimentation avec des technologies
novatrices qui réduisent les coûts, en ayant davantage recours, par exemple, aux matériaux
disponibles localement, mérite d’être prise en considération130.
Cet aspect est d’autant plus réaliste que la Commission européenne en charge des transports
opte pour une vision de la mobilité du futur, de plus en plus ambitieuse. Il s’agit, entre autres,
d’accroître la mobilité dans l’espace européen et de réduire de 60% les émissions de CO2
liées aux transports car elles sont en constante évolution (+23.6% en 2008). La France,
l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne contribuent pour 76% des émissions du transport dans
l’Union européenne.
Pour ce faire, la Commission recommande aux Etats membres de trouver 1,5 milliard d’euros
à investir d’ici à 2050 pour financer les transports et les infrastructures de demain. Pour
atteindre ces objectifs, plusieurs propositions sont envisagées, comme supprimer les véhicules
traditionnels dans les villes, porter à 40% la part des carburants durables à faible teneur en
129 L’accent du Sud, n°8, juillet-août 2011, p. 8 et L’accent du Sud, n°11, décembre 2011, p.2.
130 Infrastructures africaines, p. 221.
221
carbone dans l’aviation, réduire d’au moins 40% les émissions dues au transport maritime et
faire en sorte que 50% du transport routier de passagers et de fret sur moyenne distance
s’effectue par voie ferrée et par voie navigable.
La démarche Transports 2050 est relatée dans un Livre blanc. Il s’agit d’un document
visionnaire et non législatif. Selon Siim KALLAS, Commissaire européen en charge des
transports, l’Europe a absolument besoin de systèmes de transport compétitifs pour pouvoir
affronter la concurrence au niveau mondial, soutenir sa croissance économique, créer des
emplois et assurer la qualité de vie au quotidien de sa population. Cependant, Bruxelles se dit
consciente des limites financières des gouvernements européens. Siim KALLAS a ainsi
estimé que l’autofinancement est l’avenir, car il y aura de moins en moins de deniers publics.
En France, un audit du réseau routier a été lancé, tandis qu’il faudrait environ 250 M€ chaque
année pour le maintenir en état correct, a évalué l’Association Transport Développement
Intermodalité Environnement (TDIE). L’enveloppe de 1,5 milliard d’euros préconisée par
Bruxelles vient s’ajouter à l’appel de fonds lancé par le Commissaire en charge de l’Energie,
qui demandait 1 milliard d’euros d’investissement pour moderniser les réseaux de transport
d’électricité et de gaz. Comme nous venons de le souligner, les partenariats public-privé sont
l’un des éléments essentiels au développement, au maintien et à la modernisation des
infrastructures. Un autre outil peut également s’avérer très utile : celui de la concertation et de
la réflexion avec les usagers.
Dans l’absolu, les habitants d’une ville font partie intégrante de cet espace urbain. Lorsque les
citoyens participent à un projet de quartier ou à un projet de territoire, leur réflexion nourrit le
travail des collectivités et des acteurs de l’urbain. Un espace aura leur préférence, un autre
pas. Quoiqu’il en soit, chacun pourra y trouver satisfaction grâce à cette concertation, à cette
participation et à cette réflexion dont il aura été l’un des acteurs.
Informer et communiquer autour de la mobilité urbaine est l’une des clés essentielles de la
réussite d’une mobilité pérenne, durable, sécuritaire et citoyenne. Tous les acteurs de la ville
sont concernés, qu’ils utilisent ou non les transports, car chacun est amené à se déplacer.
222
Il s’agit donc d’une concertation réunissant, peu ou prou, équipementiers, financeurs,
collectivités et usagers. A titre d’exemple, la Ville de Montpellier a élaboré un Plan local de
déplacements (PLD) depuis 2007, en concertation avec les riverains. Face à la pression
démographique et à la congestion automobile, il s’agit d’une démarche concertée qui vise à
faciliter les déplacements tout en réduisant les nuisances et la pollution liées à l’automobile.
L’élaboration de ce PLD, est le fruit d’un débat constructif avec les Montpelliérains, les
associations et les Conseils consultatifs de quartier sur des thématiques précises : le partage de
la voirie, le stationnement et les livraisons, la sécurité routière et la tranquillité, les accès au
centre-ville et sa protection contre le trafic de transit, l’usage des modes de déplacement doux
en ville et celui des deux roues motorisés131.
Il est essentiel d’informer les citoyens sur les projets à venir et les changements que va
connaître la ville ou ceux qu’elle a connus. Au Maroc et à Marrakech, le taux élevé de
personnes analphabètes132 ne justifie en aucun cas un non besoin d’information ou de
communication auprès des habitants. Au contraire, il existe différentes méthodes de
communication à travers des sigles, des images ou des couleurs pour transmettre un message.
De même, une information orale quotidienne à la radio peut informer les habitants de tout ce
qui concerne la mobilité urbaine, au sens relatif et absolu. Par ailleurs, les moins de 25 ans qui
constituent la majeure partie de la population marocaine, sont de plus en plus nombreux à
savoir lire et écrire. Ils poursuivent des études supérieures et maîtrisent l’usage des NTIC.
Enfin, il existe une élite lettrée et cultivée (professeurs, professions libérales, cadres etc.) qui
souhaite rendre plus accessible l’accès au savoir, à l’information et à la connaissance. Ainsi,
Marrakech gagnerait en crédibilité et en prestige auprès de ses riverains, des autres régions et
préfectures du Royaume si elle informait des projets en cours et à venir via un magazine
d’information mensuel de la ville ou si elle consultait sa population pour tout changement
important dans son agglomération.
En France, au fur-et-à-mesure des années, une pratique est devenue de plus en plus courante
en matière d’urbanisme : celle de consulter la population quant à la réalisation de certains
projets, bien que certaines collectivités y soient réticentes et bien que certains habitants ne s’y
intéressent pas. Plusieurs méthodes existent pour informer les acteurs de l’urbain –
collectivités, habitants, usagers, promoteurs, financeurs, constructeurs– concernés par un
projet. Parmi celles-ci, il existe les journées de sensibilisation, d’échanges et d’informations,
Nous pouvons nous interroger de savoir quels sont les thèmes et contenus abordés lors de ces
lieux d’échanges et de débats. Quelles avancées ont-ils permis en matière de mobilité urbaine
? En France, l’étude de la relation entre la mobilité quotidienne et la mobilité résidentielle
prend véritablement son essor à l’issue du colloque Villes et mobilités organisé en 1999 au
Centre de Recherche sur l’Habitat par Jean-Pierre LEVY. Les liens entre mobilité quotidienne
et migration, entre mobilité quotidienne et mode d’habiter y sont largement relatés.
La même année avait lieu les 16 et17 novembre, la conférence Mobilis. Des tables rondes
animées par des panels d’experts, des ateliers et des séances plénières ont alors permis aux
participants d’échanger leurs expériences et leurs points de vue sur la question de la mobilité
urbaine. Les entreprises présentes ont également pu présenter leurs projets et leurs
développements dans ce domaine133.
133 Lettre d'information du réseau Urbanisme & Bâtiment, n° 245, novembre 2010.
224
Cette rencontre a permis de confronter différentes démarches de modélisation transport -
urbanisme, en France et à l'étranger, et de débattre de leur adaptabilité à différents contextes
opérationnels134.
En mai 2011, le colloque Mobilité sociale - mobilité géographique : les enjeux socio-spatiaux
de la mobilité s’est tenu à Strasbourg. Orienté sur les liens entre mobilité sociale et mobilité
géographique, il cherche à interroger dans quelle mesure, comment et pourquoi la mobilité est
un vecteur d'ajustement entre l'espace social et l'espace géographique, au point de contribuer,
notamment, aux ségrégations socio-spatiales. Il s’agit de s’interroger sur la thématique de la
mobilité qui prend alors son sens au regard de son insertion socio-spatiale, c’est-à-dire dans la
relation qu’une personne, un groupe, une fraction de groupe entretient avec l’espace physique,
en pratique comme en représentation. Parmi les interrogations de ce colloque : celle de savoir
si les formes de mobilités relèvent des positions sociales et des changements de ces positions
sociales et si ces dernières conduisent à des déplacements géographiques différenciés.
La problématique de ce colloque cherche à connaître si telle ou telle forme de mobilité
constitue un facteur de ségrégation spatiale et/ou de différenciation entre les groupes sociaux,
qu’il s’agisse de mobilité à l’échelle intra-urbaine, régionale, nationale ou internationale, et
quel que soit le type de mobilité. L’objectif de ce colloque consiste à rassembler les
recherches qui traitent à la fois de la mobilité dans l’espace géographique et dans l’espace
social ainsi qu’à stimuler la réflexion sur la mobilité. Il s’articule autour de trois axes de
réflexion qui sont jeux et enjeux de la catégorie mobilité, placement/ déplacement/
replacement des personnes et des lieux et enfin, espace, temps et mobilités (Annexe 18).
134 Source : lettre d’information du réseau Urbanisme & Bâtiment, n°246, décembre 2010.
135 Lettre d’information du réseau Urbanisme & Bâtiment, n°329, avril 2012.
225
Il faut savoir que l’étude de la mobilité concernant les déplacements quotidiens a débuté dans
les années 1950 en Europe et aux Etats-Unis. La conception de modèles d’anticipation, c’est-
à-dire des modèles de projection à long terme de la demande de déplacements, appuyés par
des enquêtes de mobilité, avait alors été lancée pour faire face à l’afflux massif de population
vers les villes et à leur équipement croissant en automobile.
Aujourd’hui, l’utilisation des deux roues (motos, scooters, vélos) est de plus en plus
plébiscitée dans les pays industrialisés. Les modèles d’anticipation des années 1950 ne sont
alors plus adaptés aux nouvelles formes de déplacement. Par ailleurs, les aménagements
urbains en faveur des deux roues font que la population privilégie de plus en plus l’usage du
scooter ou du vélo. Dans la ville de Copenhague, tout est mis en œuvre pour privilégier une
ville du piéton et du vélo plutôt qu’une ville de la voiture. Aux intersections des voies
primaires et secondaires, les aménagements privilégient la surélévation des voies pour les
piétons et les cyclistes. Ainsi, la ville considère que ce sont les automobilistes qui empruntent
les voies des deux roues et non l’inverse. Cyclistes et piétons peuvent alors traverser la ville
en toute quiétude et de façon plus sécurisée car les voies qui leur sont aménagées se
prolongent de façon continue d’un point à l’autre de l’espace urbain.
Pour réfléchir à ces nouveaux types de modélisation des déplacements, la capitale française a
organisé en 2011 le quatrième symposium sur la modélisation des déplacements. A l’initiative
du Commissariat Général au Développement Durable et de la MVA Consultancy, la stratégie
de communication avait pour objectif de favoriser le dialogue et les échanges entre
spécialistes et utilisateurs de modèles de transport. Ce symposium s'adressait à tous les acteurs
publics ou privés du transport de voyageurs ou de marchandises qui utilisent, développent ou
souhaitent disposer d'un modèle de déplacements.
Dans la ville de Marrakech, les collectivités entendent développer de nouvelles idées et voies
d’action pour densifier et consolider les dispositifs de mobilités dans le périurbain par tous les
moyens possibles, réduire les difficultés de mobilité des personnes âgées, des personnes
modestes ou isolées et enfin, renforcer la qualité de vie des espaces périurbains en
développant des mobilités de proximité et d’interconnaissance. Toutefois, il faut savoir que
les villes sont sans cesse confrontées à de nouveaux défis car les conditions générales de la
mobilité ne s’améliorent pas toujours, ou pas pour tous les moyens de transport. En effet, ces
conditions peuvent se dégrader pour plusieurs raisons. Par exemple, lorsqu’une catastrophe
touche les réseaux, lorsque les pouvoirs publics n’ont plus les moyens de subventionner des
226
réseaux de transport public, lorsque des évolutions internes du système sont contradictoires136,
lorsque des politiques visent explicitement à restreindre l’usage de tel ou tel moyen de
transport.
Bien que porteurs d’effets positifs (réduction des distances géographiques, gain de temps et
d’argent, accessibilité de tous les quartiers de la ville), les systèmes de transport sont parfois à
l’origine d’effets négatifs dans différents domaines. Souvent, les citadins attendent beaucoup
des transports proposés mais ne souhaitent pas en subir les effets qu’ils considèrent comme
négatifs. Ainsi, les villes prennent de plus en plus en considération cette requête et mettent
tout en œuvre pour concilier des objectifs parfois paradoxaux. Les usagers sont de plus en
plus exigeants envers les infrastructures, notamment les plus rapides, qui selon eux, ne
doivent plus être difficiles à traverser ni produire des effets de coupure pour la faune et les
citadins, à la campagne comme à la ville.
Repenser l’aménagement d’une ville à long terme via une planification territoriale adaptée et
bien organisée est l’un des éléments clefs d’une bonne gestion de la mobilité urbaine. Les
besoins en mobilité sont croissants et toute ville est amenée à anticiper son évolution
démographique, géographique et économique en définissant une politique territoriale de
transports adaptée à son contexte urbain. Pour concilier l’aménagement d’un cadre de vie
agréable, développer l’économie du territoire tout en développant une mobilité urbaine
pérenne et durable, Marrakech peut prendre pour modèle des méthodes d’aménagement qui
ont fait leurs preuves dans d’autres villes. Elle peut ensuite adapter ces modèles à sa propre
identité urbaine et devenir, en ayant préalablement développé une planification territoriale sur
20 ans, une ville exemplaire en matière de mobilité et de ville durable.
136
Augmentation de la congestion lorsque la demande croît plus vite que l’offre/ Croissance de l’insécurité.
227
CHAPITRE VI. Comment devenir une
ville positive ?
A l’instar de pays tels que le Danemark ou l’Allemagne, le Maroc peut amorcer et développer
la transformation de son capital énergétique. Fort d’un climat propice aux énergies
renouvelables, le Royaume dispose en effet d’atouts pour devenir un pays exemplaire en
matière d’utilisation optimisée d’un capital énergétique gratuit et durable, favorable aux
transformations que connaît le domaine de la mobilité urbaine. De plus en plus d’innovations
technologiques intelligentes permettent de tirer profit de la meilleure manière possible des
énergies solaires et éoliennes. Avant d’aborder ces thématiques et de voir comment ces
nouvelles technologies peuvent être mises en pratique, nous nous intéresserons auparavant à
l’aspect théorique du concept de ville positive.
De plus en plus de villes se targuent d’être des villes positives. Que revêt ce concept ? En quoi
diffère-t-il des éco-quartiers et des éco-cités qui fleurissent un peu partout à foison au sein des
pays industrialisés ? Ce concept n’existerait-il pas déjà depuis des siècles dans les pays
émergents et ne serait-il pas revisité sous couvert de politiques de communication publiques
de plus en plus omniprésentes de la part des espaces urbains ?
228
« une ville dont la performance écologique est telle qu'elle répare l'environnement : production de
ressources renouvelables, dépollution de l'eau, création de biodiversité, production nette d'énergie
renouvelable, amélioration de la santé et de la qualité de vie, stockage de carbone ».
Une ville positive, appelée aussi éco-cité ou ville durable met tout en œuvre pour bien gérer
les énergies, l’eau, la qualité de l’air et les déchets. Par exemple, le projet urbain de
Montpellier à la mer fait partie des treize éco-cités de France. Il s’agit, dans ce concept,
d’utiliser aux mieux les énergies naturelles à disposition. Ainsi, le groupe scolaire de ce projet
est un BEPOS (Bâtiment à Energie POSsitive) qui fonctionne avec 15 kWh par m² et par an
contre 40 kWh par m² et par an pour un bâtiment basse consommation traditionnel. Par
ailleurs, une centrale trigénération au bois permet de fournir eau chaude, électricité, chaleur et
rafraîchissement aux 5000 logements et 300000 m² de bureaux des secteurs environnants.
Au Maroc, dans les coins les plus isolés, préserver l’environnement est inhérent au mode de
vie. La préservation de l’eau est importante. La course à la consommation n’ayant pas touché
ces endroits isolés, les populations vivent de l’agriculture et des produits locaux de saison.
Enfin, ces ménages achètent peu ou pas de biens plastifiés ou consommant beaucoup
d’énergie, ce qui contribue à la préservation de l’environnement. Bien que la population de
ces villages ne soit pas sensibilisée à la protection de l’environnement, elle agit déjà en ce
sens. Certaines populations développent un mode de vie ancestral respectueux de la nature et
cela se transmet d’une génération à l’autre. Par ailleurs, les classes moyennes de la population
marocaine vivent avec peu de moyens financiers : ayant moins de ressources, elles achètent ce
qui est nécessaire et font moins d’achats futiles par rapport aux classes moyennes des pays
industrialisés. Ce concept du respect de l’environnement prend petit à petit de l’ampleur, en
particulier dans le secteur du BTP marocain. Dans les villes, l’usage d’une éolienne privée ou
de panneaux solaires croît. Les techniques de construction ancestrales sont de nouveau
plébiscitées : les constructions en pisé ou à l’aide de matériaux verts sont de plus en plus
nombreuses. Par ailleurs, le réseau hôtelier de Marrakech développe des labels clé verte pour
les hébergements les plus respectueux de la nature.
Dans une ville positive, la thématique de l’environnement est importante à travers par
exemple l’utilisation de modes de transport doux137. La ville positive est un concept qui
entend également fédérer les habitants autour de thématiques sociales (mixité) et économiques
137 Parmi les modes de transport doux : bicyclette, tramway, auto-partage, véhicules électriques etc.
229
(emplois créés) mais avant tout, pour qu’elle soit positive, la ville doit se reconstruire sur elle-
même.
A l'origine, les villes ont remplacé des espaces naturels. En France, en 2008, 5% de
l’ensemble du territoire est recouvert par des villes, soit 400m² environ par habitant.
Absorbant et fragmentant ainsi l’espace naturel, la ville supprime alors la biodiversité
existante du site où elle se construit et s’étend. Si le paysage marrakchi s’est davantage
urbanisé depuis 50 ans, cette progression s’est faite au détriment d’une partie de la
biodiversité. En effet, dans tout espace urbain, tout espace construit interfère sur la nature
existante. La ville élimine l’espace naturel : une ville, positive ou non, détruit la biodiversité
du site. Même les projets les plus ambitieux en matière de préservation de l’environnement,
tels l’écoville de Masdar aux Emirats Arabes Unis (Figure 88), rencontrent des difficultés à
récréer une biodiversité. Or, créer et maintenir un tel capital naturel constitue l’objectif
premier de toute ville positive.
Figure 88. Eco-ville de Masdar, projet aux Emirats Arabes Unis. Source :
www.google.fr.
230
La ville positive doit donc se construire sur des espaces urbains existants, ou mieux, sur des
morceaux de villes inhabités en friches (friches portuaires, industrielles, militaires). Pour ce
faire, il est nécessaire de procéder par étapes. Ainsi, la ville positive procède par étapes et se
dote petit à petit d’éco-quartiers et de quartiers durables.
Les éco-quartiers (Annexe 19) et les quartiers durables139 tentent d’apporter des réponses aux
enjeux environnementaux, économiques et sociaux qui se posent à la ville. Ils présentent de
nombreux atouts qui séduisent de plus en plus d’habitants. Ces quartiers disposent d’une
bonne gestion et d’une bonne connexion. Ils sont écologiques, ont une économie florissante et
disposent de nombreux services. La cohésion sociale et la diversité, l’équité accessible à tous
et la mixité des fonctions sont également caractéristiques de ces quartiers. Enfin, les habitants
ont un fort sentiment d’appartenance au quartier. Ils s’engagent et participent à la vie du
quartier.
Concernant les transports et la mobilité urbaine des quartiers durables, ils permettent aux
habitants d’effectuer le plus de trajets possibles à pied, d’accéder à leur lieu de travail, aux
équipements et aux services (santé, éducation, loisirs etc.) tout en connectant les quartiers
entre eux et en utilisant une bonne infrastructure pour limiter l’usage de la voiture.
Ces quartiers durables incitent les individus à y vivre et y travailler dans le présent et dans
l’avenir car ils répondent à leurs besoins tout en offrant des services de qualité. Ils ne
constituent pas des initiatives partielles et isolées si la ville est repensée dans son ensemble et
non sur une seule activité. Ces quartiers ont donc remis en circulation des morceaux de villes
138 Http://www.wikipedia.org.
139 En France, les éco-quartiers sont construits depuis les années 1990.
231
existants. A titre d’exemple, la ZAC de la Restanque à Montpellier prévoit la construction
jusqu’en 2050 de de bureaux, de commerces et de 8000 logements sur 140 hectares pour
accueillir 25000 personnes. Situé sur des emprises foncières que la Communauté
d’agglomération a libérées, l’éco-quartier permet de refaire la ville sur la ville indique
Michaël DELAFOSSE, adjoint délégué à l’urbanisme. Le site sera accessible par le tramway.
Deux axes perpendiculaires principaux et des voies secondaires desserviront l’ensemble de
l’éco-quartier. Des équipements publics, des maisons de retraite, des maisons pour tous et des
écoles feront également partie du programme.
Marrakech pourrait elle aussi développer la rénovation urbaine et se construire davantage sur
les espaces existants. Cela diminuerait la consommation d’espaces naturels, agricoles ou
protégés ainsi que celle destinée aux réserves foncières de la Ville. A titre d’exemple, en
France, plusieurs villes ont fait le choix d’aménager d’anciens sites militaires en de nouveaux
espaces respectant la biodiversité, préservant ainsi les énergies renouvelables et développant
la construction d’éco-quartiers. En repensant mieux les espaces déjà urbanisés, Marrakech est
capable elle aussi de diminuer son empreinte énergétique.
Si une ville se veut positive, elle va alors recréer cette biodiversité dont elle s’est accaparée.
En effet, bâtir une ville positive, c'est à la fois reconstruire la ville sur elle-même140 et
valoriser le sol comme ressource rare et précieuse. Une ville positive prend également le parti
de bâtir dense. Loin des idées reçues, les centres villes historiques et certains centres de villes
nouvelles (Val d'Europe à Marne la Vallée notamment) démontrent, à condition d’avoir
planifié une densité agréable, qu’il est possible d’atteindre à la fois une densité importante, un
niveau de vie élevé, une création de valeur économique importante et une qualité de vie
agréable. La ville positive a pour objectif de favoriser la réhabilitation et la restauration de son
bâti. Nous pourrions penser que le concept de ville positive est récent. Or, il existe depuis
longtemps.
Une ville positive est une ville durable, c’est-à-dire soucieuse de respecter l’environnement et
la biodiversité ambiants. Comme l’explique Nathalie ROSEAU, maître de conférence à
l’Ecole nationale des ponts et chaussées,
« le défi de la ville durable n’est pas nouveau, que l’on songe à l’influence des figures américaines du
paysagisme métropolitain, comme Frederick LAW OLMSTED – auteur des Park Systems et de Central
Park- ou encore aux politiques hygiénistes et progressistes développées au tournant du siècle dernier
pour répondre à la croissance rapide des villes européennes […]. La ville durable s’est imposée
comme une idée-force qui mobilise les espoirs et stimule les projections collectives »141.
En effet, la ville positive est un concept qui trouve un regain d’intérêt auprès des urbanistes et
des autres professionnels du secteur car il permet de nourrir l’espoir qu’il est encore possible
de produire plus d’énergie que de n’en consommer, tout en bénéficiant de toutes les nouvelles
technologies d’information et de communication ou de celles des transports.
La ville positive, les éco-quartiers ou encore les éco-habitats ne sont donc pas des idées
nouvelles mais plutôt la réappropriation d’un concept empreint de bon sens. L’architecture
vernaculaire perdure plus que les civilisations ou les sociétés, ce qui démontre de sa solidité et
de son efficacité. De nos jours, les populations des pays industrialisés privilégient de plus en
plus ce type d’architecture : les maisons troglodytes, les maisons en pisé ou encore les
maisons souterraines. Il s’agit alors d’utiliser au mieux les matériaux, l’espace et les énergies
(eau, soleil, végétation) disponibles qu’un lieu offre à ses habitants.
L'avenir des villes durables en France passe par l'éco-réhabilitation des zones pavillonnaires
puisqu’elles représentent 60% du parc de logements et 70% des constructions neuves
annuelles. Il s’agit ainsi de répondre à deux enjeux majeurs : lutter contre l’étalement urbain
et densifier le tissu urbain. Le service public, et par conséquent les collectivités, auront à cœur
de plébisciter l’accessibilité ou encore la mixité sociale et générationnelle. Au-delà des
questions d'ordre financier et juridique que cette éco-réhabilitation pose, la plus grosse
Si de plus en plus d’urbanistes s’interrogent sur les aménagements effectués ces 50 dernières
années en France, c’est pour mieux repenser la ville. Ainsi, Nathalie ROSEAU souligne le fait
que :
« cette strate émergente des lieux qui seraient conçus pour satisfaire nos vœux de mobilité, n’est-elle
pas plus durable, sinon autant, que celle dessinée par les impératifs de vitesse, de flux et de
connexion ? […] La ville de New-York a ainsi réinvesti ses berges fluviales dans la partie ouest de
l’Hudson River délaissée par l’activité portuaire, pour réaliser une nouvelle infrastructure de parc
linéaire à grande échelle comprenant, sur près de 8 km, un réseau cyclable, un boulevard, des aires
de loisirs et de repos ainsi que des jetées réaménagées »142.
Si la France en est à ses débuts dans le domaine de la reconversion énergétique, des pays
comme le Danemark ou l’Allemagne ont déjà anticipé leur devenir par le biais de leurs
inventions ou de l’utilisation des énergies solaires et éoliennes à bon escient. Ces avancées
prouvent qu’il est possible de produire de l’énergie en très grande quantité, une quantité bien
supérieure à celle nécessaire pour répondre à tous les besoins des habitants au quotidien. Le
surplus est alors stocké, revendu ou réutilisé. Ne pas gaspiller ou jeter mais choisir de
réutiliser : un crédo de la ville positive qui rencontre de plus en plus d’échos favorables.
Marrakech a compris l’importance de valoriser son sol comme une ressource rare et
précieuse. L’eau est une denrée nécessaire à la vie et à l’implantation d’une ville. Si les
différentes dynasties qui ont gouverné la Perle du sud l’ont bien compris, Marrakech est en
mesure de poursuivre ce devoir de mémoire via des mesures nécessaires pour conserver cette
richesse. Les Marrakchis font attention à leur consommation d’eau mais cela ne suffit pas à
résoudre le problème de la rareté de l’eau. Il y a quelques décennies, les habitants qui
creusaient un puits dans leur jardin trouvait l’eau à 20 mètres, aujourd’hui elle se trouve à 80
mètres. Un arrêté préfectoral a informé les habitants de Marrakech qu’il était désormais
interdit de construire des puits dans les jardins privatifs. Paradoxalement, de nouveaux golfs
se construisent en périphérie de Marrakech et plus de quinze demandes sont en attente pour en
construire d’autres. Or, leur entretien est très gourmand en eau, une caractéristique qui
s’accentue à Marrakech où le climat est semi-aride.
Ainsi des habitants en bonne santé qui apprécient de vivre à Marrakech ont indirectement à
cœur de vouloir développer leur ville ou de travailler efficacement en ce sens, en réponse aux
initiatives mises en place par la ville pour améliorer leur bien-être. Il s’agit du même principe
qu’appliquent certains grands groupes mondiaux. En effet, plus ils offrent d’avantages et de
facilité au travail (salle de sport, restaurant, crèche) et plus le personnel employé augmente
son rendement et sa productivité, apprécie l’atmosphère agréable au travail et apprécie encore
plus la qualité de vie en dehors du travail.
Outre les aspects économiques et sociaux que la ville positive peut développer, les aspects
environnementaux sont à prendre en considération. Marrakech peut mettre en œuvre une
stratégie de déplacements urbains qui s’inscrit ainsi dans une démarche d’accessibilité, de
bonne gestion et de durabilité. Elle entend alors concilier deux concepts : celui de la mobilité
urbaine et celui de la ville positive.
Pour favoriser le développement des transports et développer la mobilité sans que cela soit
contradictoire avec le concept de ville positive, il est nécessaire de répondre aux besoins en
déplacements des habitants tout en respectant le paysage urbain de la ville. Cette stratégie
demande de l’organisation, de la technicité, de la qualité, de la réflexion et des
investissements. En effet, la ville durable reste encore à inventer, tant dans les pays émergents
que dans les pays développés.
235
6.1.2.1. Une stratégie de déplacements urbains
Dans la ville de Marrakech, cette stratégie de déplacements urbains adaptée aux exigences
d’une ville positive permet de réduire la pollution sonore et atmosphérique, de diminuer le
stress en ville, de gagner du temps dans les déplacements143 et de diminuer la dépendance aux
énergies pétrolières. Aujourd’hui, il n’est possible de vivre correctement dans certaines parties
du territoire qu’avec « un équipement automobile important, parce que les activités de
proximité ont disparu et que les transports publics ne peuvent pas délivrer un service efficace,
faute d'une densité d'habitat et d'activité suffisante144.
Les coûts engendrés par ces changements sont ensuite rentabilisés par l’utilisation des
transports par un grand nombre d’usagers et par les aides financières municipales et
régionales. Des partenariats public-privé peuvent également aider la ville à investir dans cette
nouvelle vision du territoire. Un territoire qui sera attractif par ses transports écologiques,
rapides et efficaces, permettant ainsi aux différents quartiers de Marrakech d’être
interconnectés et facilitant ainsi les déplacements de ses habitants. A cette offre de transports,
s’ajoutent des services et des équipements de proximité qui dans chaque quartier, privilégient
la courte distance et diminuent ainsi l’utilisation de la voiture. A titre d’exemple, Montpellier
figure de ville modèle en matière de gestion de son réseau de transports. En effet, vers le
quartier de la gare ferroviaire, quatre lignes de tramway se croisent et se connectent pour
desservir la ville. Outre l’exploit technique, la ville organise les déplacements de ses habitants
en leur proposant diverses prestations. Le nouveau réseau de transports de Montpellier
Agglomération offre de multiples possibilités. A ses extrémités, sont prévus des parkings
d’échanges, où les automobilistes se garent avant de poursuivre en tramway vers le centre. La
nouvelle ligne 3 est longée de 20 km de pistes cyclables et équipée de six véloparcs
143
Ce qui favorisera les activités économiques de la ville et de la région.
144 La lettre territoriale du réseau Urbanisme et Environnement.
236
supplémentaires. Le nouveau service Vélomagg’ compte 50 stations de plusieurs bicyclettes
connectées au réseau, toutes équipées d’un système de location par carte bancaire145.
Ce système global de mobilité présente plusieurs avantages. D’une part, il permet d’associer
les différents modes de déplacements sans les opposer. D’autre part, les opérateurs de
transport peuvent développer un portail Internet global et un titre de transport unique valable
sur l’ensemble de la région. Avec le projet Mobi Magg’, Montpellier entend d’ailleurs
développer le partage des titres de transport sur un support type carte SD, intégré au téléphone
mobile.
La ville de Marrakech, elle, entend développer la création de parkings d’échange situés aux
pôles de correspondance avec les lignes de tramway (Carte 22 p. 171). Agencés vers la
périphérie de la ville, ils permettront la maîtrise de la motorisation et la diminution des
pollutions. Dans l’élaboration de son PDU, Marrakech envisage de créer une rocade urbaine,
un réseau TC lourd en site propre ainsi qu’un réseau deux roues structurant.
Un réseau de transports d’une telle complexité est amené à gérer le transport et la mobilité des
voyageurs et des habitants au quotidien. Cette gestion nécessite d’informer les voyageurs en
temps réel, de mettre en place des mesures et des dispositifs de sûreté et de sécurité et de
fluidifier le trafic. Parfois, il existe des perturbations et il s’agit alors de savoir résoudre en
temps réel les problématiques rencontrées sur le réseau. La gestion efficace d’un réseau de
transport ne se mesure pas uniquement lorsque le trafic est fluide mais également lorsque des
solutions répondent aux perturbations extérieures146. Si les termes de ville durable et de
mobilité urbaine semblent antinomiques, il est envisageable de les concilier à travers une
stratégie de déplacements urbains adaptée, afin de donner vie à une ville de la courte distance.
Une ville de la courte distance privilégie la mobilité douce. Il devient alors nécessaire de
réduire le besoin de transport longue distance et de rendre plus proche de chaque quartier tous
les équipements et services nécessaires : commerces, loisirs, écoles, emplois, santé. Cela
145 Harmonie, le magazine d’information de Montpellier Agglomération, spécial tramway, avril 2012, n°293,
p.33.
146 Incident technique, inondations etc.
237
suppose de développer des réseaux piétons et cyclistes sécurisés, agréables et confortables
tout en planifiant des zones 30 et des réductions de places de stationnement. A l’avenir,
« le type de croissance spatiale que connaîtront les villes déterminera leurs consommations d’énergie
et leurs émissions de GES. Ces émissions n’auront pas la même ampleur selon que les
agglomérations convergent vers le modèle de ville étalée, aux longues distances favorisant l’usage de
l’automobile, ou vers celui d’une métropolisation réticulaire structurée par une offre de transport
collectif efficace »147
Par ailleurs, 60% des habitants se déplacent à pied à Marrakech. Loin des clichés des villes
dépendantes de la voiture où un seul ménage peut disposer jusqu’à trois véhicules, la Ville
ocre est donc en mesure de développer une ville positive où la population qui y vit et y
travaille soit moins dépendante de l’usage du véhicule individuel. En effet, Marrakech se
trouve dans une situation paradoxale puisque le faible pourcentage d’usagers privilégiant la
voiture conduit déjà à une congestion du trafic avec des retentissements sur le plan écologique
(pollution148, bruit) et sociologique (sécurité, perte de temps, stress).
Dans une ville positive, lorsque l’évolution du territoire est anticipée sur plusieurs dizaines
d’années selon les contraintes et les atouts de la ville et selon les habitudes de vie de la
population, il est alors possible de diminuer la dépendance à la voiture individuelle tout en
répondant au besoin de liberté de se déplacer. La voiture devrait en effet être un moyen de se
déplacer uniquement pour les longues distances, entre villes ou zones denses par exemple.
Une telle planification implique la pensée d’un plan de déplacements urbains et celle d’un
plan de déplacements locaux à long terme via des transports collectifs rentables, variés et
interconnectés.
Elle pourrait en effet avoir une place de choix parmi les grandes villes du Maroc en devenant
une ville positive. Elle serait alors la capitale écologique ou le poumon vert du pays. Forte de
sa situation géographique, de son potentiel en ressources naturelles et de sa volonté de
préserver l’environnement, Marrakech dispose de certains atouts pour devenir une capitale
verte, une capitale de la biodiversité, au même titre que Casablanca est la capitale économique
et Rabat, la capitale politique du Royaume. Outre l’amélioration de la circulation, du
stationnement et des transports urbains, Marrakech peut développer la création d’espaces
239
publics urbains agréables qui répondent à des critères esthétiques149, sécuritaires150 et
écologiques151.
Dans une ville positive, il est plus facile de se déplacer à pied plutôt qu’en voiture. Réduire les
superficies dédiées à la voiture152 permet ainsi de libérer d’autres espaces pour les
infrastructures des transports collectifs et de valoriser de nouveaux espaces urbains. Il s’agit
de développer la proximité de quartier et de penser la ville pour le piéton. Réduire les
distances avec les équipements, les bassins d’emplois et les zones d’habitat permet aux
habitants d’une ville positive de pouvoir bénéficier de tout le confort nécessaire (hôpitaux,
écoles, emplois, piscines, bibliothèques, loisirs) et de trouver tout ce dont ils ont besoin en
moins de 30 minutes à pied. Un étudiant peut alors se loger en centre-ville et se déplacer à
vélo ou en métro tandis qu’un agriculteur des villages de la couronne péri-urbaine de
Marrakech peut alors être autonome et vendre ses produits dans les environs (miel, huile
argan, huile olive, viande, melons et pastèques, figues, oranges).
En périphérie des villes, il est alors possible de valoriser autant que possible les espaces verts
en espaces agricoles productifs, au service des circuits courts du territoire. Cela permet
d’améliorer la qualité de vie des habitants et de préserver la biodiversité. Cela évite les trajets
et l’utilisation des transports sur de longues distances pour approvisionner les maraîchers ou
les grandes surfaces. En ce sens, Marrakech connaît un point positif car de nombreux
maraîchers vendent déjà leurs produits, via des commerces ambulants (charrettes) dans
quasiment tous les quartiers de la ville (Figures 89 et 90).
En France, le regain d’intérêt pour l’agriculture de proximité via les AMAP (Association pour
le Maintien d’une Agriculture Paysanne) permet à un producteur et des consommateurs de
former un accord quant à la quantité et à la diversité des produits qui seront vendus sur une
saison. Tout ce qui est produit étant consommé, cette technique est valorisante pour le
producteur qui écoule l’ensemble de son stock de marchandises. L’écoulement du stock
241
permet de créer une baisse des prix qui elle, est avantageuse pour le consommateur. D’autres
bénéfices apparaissent également comme l’amélioration de la qualité de vie par reconnexion
des habitants à la terre, l’amélioration du sol et de la biodiversité, l’approvisionnement plus
court de produits maraîchers, l’emploi local et l’utilisation du compost issu des déchets
organiques de la ville.
Le secteur agricole étant très présent aux alentours de Marrakech, les bénéfices que nous
venons d’évoquer y sont déjà présents. Il ne manque que la mise en place d’un circuit de
production plus élaboré accompagné d’une stratégie d’information. L’ensemble serait très
avantageux pour beaucoup d’habitants de la Perle du sud car une ville positive développe les
activités sociales de proximité et l’économie de quartier.
Quant aux quartiers d’habitat du péri-urbain, ils doivent être accessibles facilement afin que
les usagers ne dépendent plus de la voiture individuelle pour le moindre trajet. Par ailleurs,
force est de constater que l’ensemble des aménagements qui caractérisent une ville positive
rend le coût de la vie moins cher que celui de l’usage et de l’entretien d’une voiture au
quotidien. Puisque l’achat et l’entretien d’un véhicule coûte très cher à un ménage marrakchi,
la population ne sera que plus favorable à l’utilisation de transports collectifs.
Une ville dense et agréable, avec une identité singulière, dotée d’un maillage en transports
collectifs efficients et entourée de zones de productions agricoles locales, peut être une ville
très attractive pour ses habitants et ses entreprises. En interconnexion avec les territoires
voisins à l’échelon régional et national, la ville positive bénéficie d’un réseau de commerces
et de services de proximité à l’échelon local. Pour créer une ville positive, une vision
cohérente à long terme du territoire à atteindre doit être mise en place. Il s’agit alors de
prévoir et de cadrer les performances et les limites de ce territoire sur plusieurs années tout en
développant quotidiennement et progressivement des solutions accompagnant ces
changements. Par ailleurs, ce type d’aménagement a un coût sensiblement identique à un
aménagement urbain classique (qui a démontré ses limites dans les sociétés industrialisées)
mais avec de plus grands bénéfices économiques, sociaux et environnementaux que les
aménagements effectués depuis une cinquantaine d’années.En outre, une ville positive peut
être plus performante au niveau économique et au niveau social.
242
économiques. En effet, les économies se traduisent par la production d’énergie à un faible
coût. Cela permet à une ville entière et à ses habitants de bénéficier de l’utilisation de
l’énergie solaire pour se chauffer, s’éclairer et s’alimenter en eau chaude. L’énergie
emmagasinée le jour est ensuite utilisée la nuit. Ainsi, les hôpitaux et les cliniques peuvent
être alimentés en électricité continuellement à des coûts toujours plus faibles. Côté transports,
s’il est vrai que la voiture permet de se déplacer librement à Marrakech, son usage pourrait
être amoindri par l’utilisation de transports collectifs en site propre et l’usage des modes doux
(tramways, bus électriques, tram-trains, métros, vélos, vélos électriques, motos électriques,
rollers, trottinettes). Cette modification est nécessaire car à moyen terme, la ville de
Marrakech se trouvera dans une situation de saturation au niveau des transports, de la
circulation et des stationnements ; situation qui connaît déjà un premier pic de saturation et
pour lequel aucune action efficiente n’a été menée. Casablanca et Rabat ont déjà commencé
l’aménagement d’un mode de transport doux, via l’utilisation du tramway. Ce changement de
comportement est important car 25% des émissions de gaz à effet de serre sont dues aux
transports. Par ailleurs, la mise en place d’un TCSP (Transport Collectif en Site Propre) à
Marrakech permettra aux habitants d’être moins dépendants de l’usage de la voiture.
Au niveau social, cela montre que les habitants peuvent bénéficier de tout le confort
nécessaire et d’une qualité de vie agréable si Marrakech met tout en œuvre pour développer
bien-être et qualité de vie. En utilisant des modes doux de circulation, cela favorise la
diminution de la pollution sonore et de la pollution atmosphérique. Si l’accroissement
démographique de Marrakech continue sa progression, l’afflux de population supplémentaire
peut être géré de manière efficiente dans les secteurs de l’emploi et des transports, grâce à
l’utilisation des énergies renouvelables.
Aujourd’hui, la voiture est un mode de transport qui ne représente que 15% des déplacements
dans la Ville ocre mais la ville est déjà saturée. La voiture a un impact écologique direct sur
l’environnement social des Marrakchis : cela développe le stress au volant et dans le rapport à
autrui. Par ailleurs, l’insécurité routière et le temps passé dans les embouteillages ne font
qu’accroître les pertes économiques engendrées par ces problématiques. Si le nombre
d’accidents et celui de tués sur les routes croissent, cela engendre différentes conséquences.
Tout d’abord, cela nécessite que les hôpitaux et le personnel médical soient plus compétents
pour soigner les blessés. Cela engendre des coûts pour la Ville et pour ses habitants. Cela
implique de sécuriser et de réparer les infrastructures, ce qui crée d’autres dépenses
243
budgétaires. Enfin, cela induit des comportements, plus odieux et moins civilisés entre les
conducteurs, et un sentiment d’insécurité pour les piétons et les deux roues.
Marrakech est capable de remédier à ces problématiques en devenant une ville positive. Ce
choix permettra d’accroître le niveau de vie de ses habitants et de leur donner envie de rester à
Marrakech qui saura alors utiliser les ressources naturelles à sa disposition : les énergies
solaires et éoliennes ainsi que la biomasse. Cela peut également amener de nouvelles
entreprises et des investisseurs à s’installer au cœur de la Perle du sud. En développant
l’utilisation d’énergies renouvelables, Marrakech peut donc devenir un modèle économique et
social de ville urbaine durable et pérenne.
Les usagers rencontrés à Casablanca expliquent que le tramway a changé leur quotidien. Cela
leur permet d’éviter les bus bondés et de se déplacer plus rapidement, plus facilement et plus
confortablement en tramway. Par ailleurs, l’amplitude horaire du tramway étant plus grande,
les habitants ne se soucient plus de l’heure de passage des bus et savent que le dernier
tramway est à 22h30. Ils peuvent également découvrir l’évolution et les changements que
connaît leur ville, admirer le paysage urbain et l’art-déco des bâtiments des artères principales
et enfin, aller dans les lieux de la ville qu’ils ne connaissent pas encore. Pour les gérants des
cafés, le passage du tramway à côté de leur commerce est une aubaine : les habitants viennent
plus nombreux et plus souvent passer du temps en terrasse pour admirer le tramway. Enfin, le
tramway de Casablanca a créé 4000 emplois depuis sa création dont 2000 emplois directs153.
Depuis sa récente mise en circulation, le tramway roule à 20 km/h au lieu de 60 km/h en ligne
droite. L’arrivée du tramway ayant bouleversé le quotidien des habitants et des usagers, des
campagnes de sensibilisation sont organisées par Casa Tramway auprès des enfants et des
adultes afin de mieux organiser la cohabitation entre tous les modes de déplacement. En effet,
dans l’esprit de la plupart des usagers, le tramway n’est pas prioritaire par rapport aux autres
axes de circulation.
Or, si l’usage du tramway doit permettre de gagner du temps sur les parcours, automobilistes
et piétons doivent le laisser prioritaire dans l’espace urbain. Pour l’instant, les usagers
s’interrogent qu’il n’y ait pas de passages piétons indiqués par un marquage au sol lorsque les
voies croisent la ligne de tramway. Ils cherchent comment traverser d’une voie à l’autre et ce
questionnement peut être source d’insécurité pour eux comme pour le tramway et ses
passagers. Actuellement, les piétons traversent où bon leur semble sans se soucier des
panneaux de signalisation ou du gong du tramway indiquant qu’il circule. De même, les
automobilistes peuvent entraver la circulation du tramway en ne respectant pas le principe de
priorité ou en circulant sur les voies qui lui sont réservées. Ainsi, par mesure de sécurité, le
tramway roule à une vitesse moins élevée que celle dont il est capable, laissant ainsi un temps
d’adaptation à chacun.
Fréquence : Fréquence :
1 tram/ 15 min (ligne principale) 1 tram/ 8 min (lun au ven, avant 21h)
1 tram/30 min (Facultés et Ain Diab) 1 tram/ 10 min (samedi, avant 21h)
Voyageurs : 250 000 par jour Voyageurs : 172 000 par jour
246
Graphiques 05 et 06. Répartition de l’activité de la société SYSTRA par
zone géographique (haut) et par mode de transport (bas). Source :
dossier de presse SYSTRA, avril 2010.
247
A l’instar des projets d’aménagement du tramway dans les villes de Casablanca et de Rabat,
les agglomérations d’Agadir et de Marrakech sont en train de développer un tramway sur
pneus. Le transport de qualité d’un tramway sur pneus s’appelle un busway ou bus à haut
niveau de service. Les bus circulent en site propre selon le même principe de fonctionnement
que le tramway, sur des axes protégés et réservés uniquement pour eux. Les bus sont
aménagés de façon à créer une ambiance conviviale, fonctionnelle et colorée. Le busway offre
une qualité de service quasiment identique à celle du tramway mais pour un coût plus
abordable. Le busway d’Agadir est réalisé en partenariat avec la ville de Nantes, qui elle, a
déjà mis en place un tramway sur pneus (Figure 91).
248
Outils de dessin.]
Or, les projets actuels apportent une réponse au coup par coup. Bien que le PDU établi par la
commune urbaine soit resté en attente par manque de budget jusqu’alors, il est nécessaire de
souligner que le manque de cohésion entre les collectivités retarde également la mise en place
des documents d’urbanisme. S’il est vrai que les étapes du PDU sont en cours suite au
lancement du projet quinquennal Marrakech cité du renouveau permanent, la commune
urbaine n’a toujours pas de SDAU (Schéma Directeur d’Aménagement Urbain).
Marrakech a besoin d’une planification urbaine à long terme, à savoir sur 20 ans. Des études
devraient tout d’abord être menées pour mieux connaître les statistiques de la ville dans
différents domaines : économie, démographie, infrastructures etc. En ce qui concerne les
déplacements et la mobilité urbaine, il s’agirait de connaître la fréquence, le nombre et la
qualité des mouvements des migrations pendulaires et des migrations quotidiennes à travers la
ville. En se basant sur ces études, il est possible de mieux cerner les besoins des habitants et
des entrepreneurs et ainsi de mettre en place les moyens de mobilité les plus adaptés à la ville
et à son fonctionnement. En Europe, les études de comportements sociaux en matière de
mobilité urbaine ont conduit à l’émergence de nouvelles pratiques plus respectueuses en
relation avec le développement durable.
A l’instar des villes allemandes qui sont à la pointe des techniques et innovations écologiques,
nombreuses sont les villes européennes à se doter d’équipements de transport collectif, en
liaison avec des plateformes de parkings relais, de vélos électriques et de voitures électriques.
De plus en plus de pays souhaitent ne plus dépendre des énergies pétrolières et cela a des
répercussions sur les villes et la façon d’y vivre et d’y habiter. En cas de pénurie de pétrole
aux stations essence ou d’augmentation du prix au baril, les automobilistes modifient leur
comportement. Soit ils anticipent un scénario qui pourrait empirer et se retrouvent nombreux
à vouloir remplir les réservoirs de leurs véhicules en même temps, soit ils choisissent quels
sont les trajets qui sont prioritaires sur d’autres et diminuent leurs déplacements quotidiens,
soit ils pratiquent l’auto-partage.
Ces pratiques voient le jour dans de nombreuses villes, soulignant les similitudes de
comportement social d’une ville à l’autre, en matière de mobilité urbaine. Toutefois, chaque
ville met en avant son identité à travers le choix de ses modes de transports. Par exemple,
Montpellier a choisi des tramways de couleur différente pour chaque ligne tandis que
Bordeaux a opté pour des lignes de tramway sans caténaire. En France, ces dernières années,
250
le tramway a été tellement revu et corrigé qu’il est possible de savoir à la vue de son design, à
quelle ville il correspond (Lyon, Marseille, Nantes etc.).
6.2.2.1. Le tramway
A Montpellier, la ville s’est préparée à recevoir le tramway. Avant que la première ligne de
tramway montpelliéraine ne voie le jour en 2000, divers aménagements ont eu lieu tels que la
piétonisation de la place de la Comédie en centre ancien ou la construction de tunnels et de
ponts. En effet, il est nécessaire d’anticiper l’arrivée d’un tramway dans une ville car un projet
d’une telle envergure va nécessairement bousculer les habitudes de celle-ci. A terme, la vision
globale d’un territoire permet de dire que le tramway est un élément essentiel pour relier des
quartiers qui auparavant étaient isolés. Le tramway peut favoriser la mobilité des habitants qui
vont se déplacer plus vite et plus loin dans la ville car la mobilité c’est aussi la liberté des
individus de se déplacer.
252
Selon Jean-Pierre MOURE, Président de Montpellier Agglomération,
« avec la naissance d’un véritable réseau multimodal parmi les plus aboutis en France […], nous
renforçons l’offre de transport public de la collectivité. Notre Plan de Déplacement Urbain prévoit à
l’horizon 2020 que 84% des habitants et 82% des emplois soient desservis par ce réseau. […] Avec le
tramway, un tiers de l’espace dédié à l’automobile est libéré au profit du cadre de vie et des transports
doux comme le vélo. […] Ce mode de déplacement ne pollue pas et n’est pas soumis aux variations
du prix du baril de pétrole ! […] Enfin, en irriguant l’ensemble de l’agglomération, une ligne de tramway
précède son développement. […] Sa réalisation ouvre de nouvelles opportunités dans les zones
qu’elle traverse, désenclave les quartiers, rapproche les habitants des équipements et des services
publics nécessaires dans leur vie quotidienne. »155
155 Harmonie, le magasine d’information de Montpellier Agglomération, spécial tramway, avril 2012, n°293,
p.05.
156 Harmonie, le magasine d’information de Montpellier Agglomération, spécial tramway, avril 2012, n°293,
p.30.
253
voyageurs avec le respect de l’environnement, un autre mode de transport permet également
d’atteindre ces objectifs : le tram-train.
6.2.2.2. Le tram-train
Le tram-train est un modèle hybride entre le tramway et le train. Il peut utiliser autant les
lignes ferroviaires que les lignes de tramway. Il compte moins d’arrêts que la ligne de
tramway. Ce type de transport permet de désenclaver des quartiers et propose à leurs
habitants, une solution autre que la voiture. Les villes françaises de Nantes, Lyon et Mulhouse
ont déjà adopté le tram-train.
Dans la ville de Marrakech, les usagers ont déjà mis en place des pratiques de mobilité
urbaine durable. Ils sont nombreux à se déplacer à pied ou à bicyclette. Ils se regroupent par
trois ou six dans un petit ou un grand taxi, qui avec le deux-roues constitue l’un des modes de
circulation préféré des Marrakchis. Ce regroupement permet de réduire le prix de la course et
l’empreinte carbone pour chaque personne159.
Pour prolonger cette réflexion et faire de sorte que ces pratiques s’inscrivent dans une
démarche de gain de temps et de réduction des distances géographiques, la ville de Marrakech
est amenée à repenser l’aménagement de sa voirie. En effet, il s’agit d’un des éléments les
plus importants pour équilibrer les modes de déplacements. Chaque citoyen et chaque
responsable administratif, technique et associatif peut apporter sa réflexion pour contribuer à
privilégier la marche et le vélo sur de courtes et moyennes distances. Par exemple,
l’aménagement privilégiant l’usage du vélo instaurera un schéma directeur de signalisation
cyclable.
Les circulations douces constituent un complément idéal aux transports en commun lorsqu’un
territoire développe harmonieusement l’intermodalité. Forte de ses nouveaux aménagements,
la ville de Montpellier fait figure d’exemple et inspire d’autres villes en termes d’écomobilité.
Comme le signale le magazine de la capitale héraultaise, la finalité du PLD est de faire de
Montpellier un modèle en termes d’écomobilité. Pour cela, la Ville réaménage le tissu urbain
existant, afin d’offrir plus de place aux piétons, aux vélos et d’apaiser la circulation avec un
meilleur partage de l’espace urbain, tout en garantissant une meilleure sécurité aux usagers.
Dans les nouveaux quartiers, une large place aux modes de déplacements doux est réservée. Il
appartient maintenant à chacun d’adapter ses déplacements, de changer ses comportements,
pour une ville plus apaisée. Trop de personnes (30% des automobilistes) ont encore le réflexe
de prendre leur voiture pour des trajets inférieurs à deux km161.
Montpellier a également fait le choix de parier sur le développement des circulations douces
car elle entend préserver la qualité de son environnement et la qualité de vie qu’elle offre à ses
habitants. La ville a opté pour un réseau de cheminements piétonniers et cyclables denses. Ces
voies douces ont l’avantage de favoriser les déplacements interquartiers, de renforcer la
Dans la ville de Marrakech, la place Jemaa-el-Fna et les souks sont interdits aux voitures. De
ce fait, Marrakech a indirectement déjà mis en place -en partie- une nouvelle pratique de la
mobilité. Pour que celle-ci soit efficace, il manque à la ville un réseau de transports
multimodaux et intermodaux. Ainsi, Marrakech peut privilégier d’autres modes de transports
que l’automobile si et seulement si, elle développe en parallèle une offre de transports publics
sur l’ensemble de l’agglomération et de la région. Il sera alors possible de communiquer
auprès des usagers pour développer un autre usage de la voiture.
En France, pour des raisons éthiques ou financières, de plus en plus de citoyens décident
d’utiliser la voiture autrement, de l’utiliser moins ou de ne plus l’utiliser. Sensibilisés à la
question de la préservation de l’environnement ou désireux de payer moins de frais liés au
prix du baril de pétrole, les usagers font des choix dans leurs déplacements (travail) et limitent
leur nombre de déplacements ou bien partagent l’usage d’une même voiture pour un trajet
commun.
L’autopartage se pratique par exemple entre voisins ou entre personnes qui se connaissent. Si
certains usagers souhaitent pratiquer l’autopartage de façon plus récurrente en offrant un
service payant attractif, ils peuvent disposer d’un label à condition que le véhicule respecte un
seuil d'émission de dioxyde de carbone, qu’il soit utilisé dans le cadre d'un contrat
d'abonnement et que sa mise à disposition s’effectue à proximité d'un moyen de transport
collectif. Le label est délivré, pour une durée comprise entre dix-huit et quarante-huit mois,
par l'autorité territorialement compétente en matière de transports urbains163.
D’autres ont opté pour des modes de déplacements autres que la voiture et certains choisissent
de ne pas en avoir. Bien souvent ce sont des ménages qui vivent sur un territoire bien desservi
Dans la ville de Marrakech, nombreux sont les ménages qui ne disposent pas d’une voiture
mais qui aimeraient en posséder une. Symbole d’ascension sociale et moyen de locomotion
très pratique, la voiture est un moyen de transport plébiscité. L’offre de transports publics sur
Marrakech et sa région est restreinte et manque d’intermodalité : ce phénomène ne fait
qu’accroître le besoin en automobile auprès des usagers. Le prix du pétrole, de l’assurance ou
de la vignette ne dissuade pas les acheteurs potentiels tant le besoin de pouvoir se déplacer où
et quand chacun le souhaite, est grand. Nous assistons donc à un processus inverse de celui
constaté dans les pays européens par exemple. Marrakech peut développer une offre de
transports publics multimodaux et intermodaux sur l’agglomération et la région, appuyée par
des campagnes de communication destinées à inciter l’adoption de nouvelles pratiques
spatiales. Marrakech répond alors au besoin de déplacement de ses habitants tout en
diminuant le besoin d’acquisition d’une automobile. Elle s’attache également à développer le
besoin d’une voiture différente sur le plan technologique : une voiture respectueuse de
l’environnement.
En effet, s’il est vrai qu’un autre usage de la voiture est plébiscité par de nombreuses
campagnes de communication en faveur de la protection de l’environnement, il en est pour
qui l’usage de la voiture changera peu ou prou. Certains apprécient la voiture comme outil de
travail (commerciaux, pilotes de F1), pour les services qu’elle rend : déplacements rapides à
la demande, où et quand la personne le souhaite (indépendance vis-à-vis des transports en
commun) et enfin pour ses performances technologiques ou esthétiques : voitures de sport,
voitures de luxe. Les constructeurs et les groupes automobiles rivalisent alors d’idées
ingénieuses pour changer non pas l’usage de la voiture mais la voiture elle-même. Parmi les
changements que connaît la voiture, nous pouvons citer le moteur électrique, le moteur
hybride et le carburant issu des huiles alimentaires usagées.
Marrakech peut donc inciter ses usagers à utiliser ce nouveau type de voiture et faire intégrer
de nouvelles pratiques de mobilité petit-à-petit et sur plusieurs années. Le temps est
nécessaire à la mise en place de ces nouvelles pratiques, aussi bien pour l’usager que pour les
collectivités. Pour que les usagers changent de comportement plus rapidement en matière de
258
déplacements, des mesures peuvent les y inciter. En effet, Daniel COULAUD, géographe-
urbaniste souligne que :
« les habitants changeront de système de transport lorsqu'ils y auront intérêt : souplesse, fréquence,
proximité ; ou par obligation : pénurie ou coût trop élevé du carburant »164.
La ville de Nice teste d’ailleurs un carburant issu des huiles alimentaires usagées 165 pour son
parc de bus. De quatre bus en 2009 à quarante bus en 2011, les tests ont montré une
diminution de 22% du CO2 et de 78% des particules. Seules des raisons administratives et
fiscales empêchent actuellement le développement de ce carburant. La ville de Nice entend
discuter avec l’Etat de la levée de ce blocage. En Allemagne, les usagers utilisent depuis
plusieurs années ce type de carburant pour rouler et polluer moins, puisque les stations-
essence le proposent. En France, ce carburant est vendu sur un marché parallèle par certains
agriculteurs qui ne savent que faire de leur excédent de production. Si utiliser un carburant
plus naturel est une solution, les groupes automobiles en proposent une autre : celle des
voitures hybrides. Il existe quatre types de voitures hybrides : la micro hybride, la mild
hybride, la voiture hybride parallèle e la voiture hybride série (Annexe 22).
Le modèle le plus connu auprès du grand public est la voiture hybride parallèle. BMW et PSA
PEUGEOT CITROEN ont d’ailleurs développé un partenariat pour produire ensemble des
composants pour des véhicules hybrides à traction avant. Les deux constructeurs espèrent via
cette coopération, créer un effet de levier concernant la mise en commun du développement,
de la production et de l’achat. Ils envisagent ainsi de contribuer à une mobilité durable.
Nice est en effet la première ville française à développer depuis janvier 2011 un programme
de voitures électriques en libre-service. La location de voiture est alors basée sur un service de
En octobre 2011, c’est la ville de Paris qui a proposé des voitures électriques en libre-service.
La délégation de service public a été confiée au groupe Bolloré pour douze ans via la voiture
Bluecar. 50 communes de la région Ile-de-France entendent participer au projet pour installer
à terme 1000 stations et 3000 véhicules disponibles. Ces véhicules disposent de quatre places
et leur temps de recharge est de 4 heures. Chaque voiture dispose d’une capacité de 30kWh,
soit la possibilité de parcourir environ 250 km en cycle urbain 166 sachant que selon les
marques, une batterie pleine permet de parcourir 90 à 160 km.
En France, RENAULT a ouvert son premier centre d’essai de voiture électrique à Boulogne-
Billancourt en 2012 tandis que la ville de Rouen a mis en place un plan pour développer la
voiture électrique depuis 2011. Quant au groupe SCHELL, il a lancé un concours étudiant
pour la conception d’une voiture la moins polluante possible. L’équipe lauréate a été
récompensée pour avoir conçu une voiture de course biplace de 35 kgs dont la structure est
uniquement en carbone. L’intérieur est fabriqué, non plus de fibre de verre mais de fibre de
carbone, et de billes thermiques. Le modèle dispose d’une technologie embarquée très
pointue.
Quant à l’entreprise LIT-MOTORS, elle a conçu un prototype de moto électrique, ayant les
avantages d’une moto et présentant la sécurité d’une voiture. La C-1 dispose de moteurs
électriques de 40 KWh lui permettant de parcourir 354 kilomètres en autonomie. D’un poids
léger de 360 kg, elle présente l’avantage d’occuper peu de place sur la route (Figure 96).
Disposant d’un habitacle fermé, sa stabilité est contrôlée électroniquement par gyroscopes. En
cas de choc latéral avec une voiture, la C-1 reste par conséquent debout. Commercialisée en
2014 pour un prix avoisinant les 20 000 dollars, elle pourra atteindre la vitesse de 193 km/h.
261
Figure 96. Moto électrique C-1. Source : le blog de Capsule.
Enfin, des trains de voiture sur autoroute permettront, grâce à des systèmes intelligents
embarqués, de maintenir la distance idéale de sécurité entre plusieurs voitures. Leur système
numérique communique entre chaque voiture, laissant alors l’automobiliste libre de vaquer à
une autre occupation que la conduite. Ce concept a pour objectif de diminuer le nombre
d’accidents sur route dû à une vitesse trop élevée ou à une distance de sécurité trop courte. Si
ces innovations sont en soi remarquables, et si la technologie est capable de transformer la
conduite au quotidien, il reste une question essentielle à se poser : les conducteurs sont-ils prêt
à transformer leur conduite ?
Pour recharger les véhicules électriques, les villes mettent en place différents systèmes.
L’implantation d’ombrières photovoltaïques constitue d’ailleurs un ensemble de stations
autonomes et mobiles d'énergie. Elles sont conçues de façon à permettre l’alimentation
simultanée deux véhicules électriques et à protéger les véhicules des intempéries. Un écran
tactile de commande est intégré à l’ombrière et permet de connaître l'état d'avancement de la
recharge du véhicule, d’afficher des informations municipales, d’intégrer un système de
paiement pour la zone de stationnement.
262
A Montpellier, 89 ombrières photovoltaïques (Figure 97) couvrent 540 places de
stationnement sur deux parkings d’échanges situés le long de la ligne 2 du tramway. Si elles
ne permettent pas encore de recharger les voitures électriques, c’est en tout cas l’un des
objectifs visés à plus long terme. Comme le souligne le magazine d’information de
l’agglomération héraultaise167, ces installations produiront chaque année 1,24 million de
KWh, soit l’équivalent de la consommation électrique de 450 foyers. L’opération a fait l’objet
d’un montage original associant trois partenaires dont une entreprise privée (AEROWATT),
un établissement public (La Caisse des dépôts et consignations) et une société d’économie
mixte (ENERGIES DU SUD, filiale de la SERM (Société d’équipement de la région
montpelliéraine) et de La Caisse des dépôts).
AEROWATT et ENERGIES DU SUD en assureront l’exploitation pendant 20 ans. La Caisse
des dépôts s’est engagée à leurs côtés pour cofinancer le projet, d’un coût de 6,35 millions
d’euros HT. Les ombrières, reposent sur un pied unique, à la manière d’un arbre, libérant ainsi
un maximum d’espace pour le stationnement. Destiné à produire à la fois de l’ombre et de
l’électricité, l’appareil est également à même de récupérer les eaux de pluies, utilisables pour
l’arrosage. Il pourra aussi, à terme, assurer le rechargement des voitures électriques.
D’autres idées voient également le jour. Ainsi, une nouvelle génération de trains dotés de
freins régénératifs permet de transformer une partie de l'énergie cinétique du train en énergie
électrique au moment du freinage. Cependant cette énergie rendue à la caténaire doit être
utilisée dans l'instant, sinon elle est donc brûlée au travers de résistances. 15% de l'énergie
Quant au projet Ferrolinera 3.0., il a pour objectif de mettre en place dans les stations de
trains un système de recharge rapide des véhicules électriques (en 20 minutes). Cette solution
contribuerait à augmenter l'efficacité énergétique des stations de trains et rendrait plus
écologique la voiture électrique utilisant une source électrique propre. Pour récupérer cette
énergie et la stocker au lieu de la bruler, le système de recharge du projet Ferrolinera 3.0., se
base sur une combinaison de super condensateurs et de batteries. Un super condensateur fait
usage de batterie ultra rapide. Il est capable d'accumuler beaucoup d'énergie et de la restituer
rapidement. Contrairement aux batteries électrochimiques traditionnelles, un super
condensateur ne se base pas sur une réaction chimique, il peut donc se recharger 10000 fois
plus vite que des accumulateurs traditionnels. En contrepartie, il doit être rechargé souvent.
Ces projets sont les bienvenus pour la prochaine décennie. En effet, dans un scénario où
plusieurs millions de voitures électriques seraient en circulation, il y a fort à parier que ces
millions d'utilisateurs aient le même réflexe de charger leur voiture durant les mêmes
amplitudes horaires, par exemple en rentrant du travail. Ceci correspond précisément au
moment où la demande en électricité est la plus importante et où les réseaux de distribution
doivent gérer des flux d'énergie conséquents. Il faut aussi bien garder à l'esprit que le
rechargement d'une voiture est une charge non négligeable par rapport à la consommation
d'un foyer standard. Bien sûr, si l’on s'intéresse à une moyenne au niveau national, l'impact
n'est pas nécessairement énorme, mais le principal problème réside dans les grappes de points
de chargement qui vont s'établir dans certaines zones du réseau168.
Outre cette problématique, une autre question se pose : celle du nombre de bornes de
recharge. L’UE souhaite dépasser les 790000 points de charge d’ici à 2020. Un nombre
minimum sera imposé à chaque Etat membre : pour la France, le chiffre avancé est de 97000
bornes. Mais l'Hexagone, dont les industriels sont en pointe dans le secteur (RENAULT,
Pour soutenir tout le secteur, le gouvernement français propose des primes à l'achat pour les
véhicules et il compte investir plus de 450 M€ dans les infrastructures de charge, dans 25
zones urbaines, d'ici à 2014. Si 2012 a été calme au niveau infrastructures publiques, 2013
devrait être plus dynamique précise Vincent BRUNEL, directeur de l'activité Véhicules
électriques chez SCHNEIDER-ELECTRIC. L'entreprise participe à plusieurs projets
d'équipement dans des municipalités (Angoulême, Lyon, Bordeaux…) pour des services
d'auto-partage type Autolib et pour des équipements dans des parkings publics. Par ailleurs, il
est important d’anticiper les besoins des véhicules futurs. C'est pourquoi Bruxelles propose la
mise en place de normes communes – pour l'instant inexistantes – pour toutes les prises des
bornes, d'ici à la fin de 2015, sachant que la France n'a pas opté pour les prises de type 2, ce
qui risque de compliquer les choses avec ses voisins. D'après Schneider-Electric, la capacité
de charge évoluera avec les besoins des véhicules, passant de 3 kW à 7 kW pour une charge
normale (quelques heures), voire 11 kW en Allemagne avec le triphasé, et 22 kW pour une
recharge accélérée (quelques minutes)169.
Les villes étant de plus en plus en première ligne de la lutte contre le réchauffement
climatique. Elles sont incitées à montrer l’exemple en matière de choix énergétiques, en
particulier dans la conduite de leurs projets d'aménagement. La voiture électrique témoigne
ainsi de l'irruption de l'énergie dans le domaine clé de la mobilité urbaine. Les villes sont de
plus en plus nombreuses à se mobiliser pour prendre en charge une partie des infrastructures
de rechargement nécessaires. Les exemples d’EDF ou de l’électricien allemand RWE
témoignent de l'incursion renforcée des producteurs d'énergie dans le domaine de l'urbain en
réponse aux nouvelles problématiques énergétiques. Par ailleurs, des acteurs élargissent leur
champ d'intervention, tels SIEMENS ou GENERAL ELECTRIC. Spécialisés à l'origine dans
la production d'équipements technologiques et de solutions énergétiques, ces groupes se
positionnent désormais sur le marché de l'eau, des transports, et plus largement sur l'ensemble
des services aux collectivités locales.
169 Http://www.batiactu.com/edito/la-mobilite-electrique-enjeu-economique-et-societa-p2-34521.php.
265
En effet, les synergies entre l'énergie et des secteurs proches sont importantes, en particulier
sur le plan technologique : nouveaux systèmes de freinage des trains qui restituent de l'énergie
(ALSTHOM), déchets valorisés pour produire de l'énergie ou encore infrastructures de
dessalement de l'eau de mer, etc.
L'énergie étant le plus petit dénominateur commun de nombreux projets locaux ; les
collectivités locales, comme les grands clients industriels, sont de plus en plus demandeuses
d'offres globales et de solutions intégrées qui combinent l'ensemble des services de gestion
environnementale suivants : traitement et distribution d'eau potable et d'assainissement,
gestion des déchets et services énergétiques.
Le groupe SIEMENS entend se positionner comme acteur et partenaire principal des villes
pour les aider à se développer de façon durable. Le groupe a donc créé un nouveau secteur
intitulé Infrastructures & Cities afin de prendre une part active à la croissance dynamique des
villes et à leurs investissements dans les infrastructures. Il envisage de développer un
ensemble d’activités concernant la mobilité durable, l’amélioration des performances
énergétiques des bâtiments, les réseaux électriques intelligents et la distribution d'énergie.
Il s’agit en effet d’un positionnement clé puisque les villes représentent 75% de la
consommation énergétique mondiale et 80% des émissions de gaz à effet de serre. Pour
Siemens, il s’agit d’un volume de marché d’environ 300 milliards d’euros. Les activités
principales s’articuleront autour de l’intégration de technologies et l'élaboration de solutions
sur mesure en matière d'efficacité énergétique pour les infrastructures privées ou publiques :
des réseaux intelligents pour les bâtiments et des solutions de mobilité intégrées.
Le groupe SIEMENS qui a déjà participé à des projets urbains tels que Le Grand Paris
(transports urbains) et Le Grand Lyon (éco-technologies liées au bâtiment) développe
plusieurs innovations dans le domaine de la mobilité urbaine, du BTP et des réseaux
électriques intelligents. Ainsi le métro automatique (Cityval), bénéficie des dernières avancées
en termes de sécurité, de confort et de développement durable (équipement de récupération de
l'énergie de freinage et système de gestion optimisée de l'énergie, choix des matériaux). Il a
été choisi par Rennes Métropole pour équiper sa deuxième ligne de métro (15 stations et 12,6
kilomètres). La ville de Lyon dispose également de bus hybrides et électriques et de stations
de rechargement pour les véhicules électriques. Lyon développe également les gestions
266
techniques du bâtiment (GTB), des solutions LED pour l’éclairage public et l’utilisation des
smart grids.
En 1999, le Maroc a importé pour plus de 800 millions de dollars de produits énergétiques,
soit le quart de son déficit commercial170. Par ailleurs, l’aide européenne vise de nombreux
objectifs, dont le soutien à l’électrification de la région de la région du RIF (notamment par la
création de parcs de production d’électricité éolienne171. D’ici à 2020, le Maroc envisage de
consommer 42% de sa consommation en puissance électrique installée dans le pays, soit un
objectif plus que réaliste puisque le Royaume dispose d’un potentiel considérable en énergie
éolienne et solaire ainsi qu’en biomasse.
Lors du colloque ECOMED 21 qui s’est tenu à Agadir en 2010, le Programme National
d’Efficacité Energétique dans le Bâtiment mit en lumière le potentiel disponible marocain en
énergie solaire et éolienne ainsi qu’en biomasse. L’Agence nationale pour le développement
des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (ADEREE) le prouve par un relevé
du potentiel national énergétique. En utilisant les énergies renouvelables (EnR), la commune
urbaine de Marrakech va créer des emplois et réaliser des économies budgétaires. D’après
cette étude menée par l’ADEREE, le potentiel d’énergies renouvelables dont dispose le
Maroc, sera réalisable d’ici 2020.
Avec son climat, Marrakech pourra produire 5,3 à 5,5 KWh/m² d’énergie solaire. La ville se
situe ainsi dans la deuxième zone du Royaume qui produit le plus d’énergie solaire, selon un
axe nord-est/ sud-ouest (Carte 26). Contrairement aux idées reçues, la zone la plus productive
n’est pas le désert (qui lui, fait partie de la deuxième zone de production) mais la zone située
le long de la frontière est du pays. Les zones de production plus faibles se situent à l’est et au
nord du pays. Quant au potentiel d’énergie éolienne, les zones les plus productives sont
situées le long de la côte ouest (Sahara), au nord (Tanger) et au centre des terres (Atlas).
268
CLIMAT SEMI-ARIDE
Précipitations/ Hygrométrie
Sécheresse du climat
Humidité relative => 73% en janvier et 33% en juillet ; s’annule si vents
desséchants (Chergui, Sirocco)
Températures
Vents
La région du Tensift al Haouz dispose d’un potentiel en énergie éolienne le long de sa côte
ouest (Carte 27) ainsi que d’importantes réserves en biomasse (Carte 28).
Sur les trois types d’énergie disponibles, Marrakech a un fort potentiel pour développer
l’énergie solaire et la biomasse. Par ailleurs, la Perle du sud n’est pas la seule à chercher des
idées nouvelles pour produire de l’énergie verte.
269
Carte 26.Potentiel de production d’énergie solaire en 2020, région du Tensift al Haouz. Réalisation : A. NAKHLI.
270
Carte 27. Potentiel de production d’énergie éolienne en 2020, région du Tensift al Haouz. Réalisation : A. NAKHLI.
271
Carte 28. Potentiel de réserves en biomasse en 2020, région du Tensift al Haouz. Réalisation : A. NAKHLI.
272
Anvers (Belgique) et Toulouse (France) utilisent les espaces d’échange de la mobilité urbaine
pour s’inscrire dans cette logique.
Ainsi en Belgique, un tunnel solaire alimente les trains circulant d’Anvers aux Pays-Bas. Le
train fonctionne avec l’électricité produite par les 16000 panneaux photovoltaïques installés
sur le toit du tunnel. Renommé le Tunnel du soleil, cet équipement produira chaque année
3300 MWh, soit l’équivalent de la consommation annuelle moyenne d’électricité de près de
1000 familles, et soit l'électricité dont ont besoin les trains pour rouler en Belgique durant une
journée.
En France, c’est plutôt le train solaire qui est expérimenté. En effet, certains parlent de TER
solaires pour quelques trains de Poitou Charente ou des Pays de la Loire car ils sont équipés
en panneaux photovoltaïques sur leurs toits.
A Toulouse, ce sont les lampadaires solaires qui se développent. Dix dalles productrices
d’énergie sont reliées au lampadaire de l'esplanade François-Mitterrand. Dès qu'un passant
marche sur ces pavés high-tech, par une action mécanique, le mouvement se transforme en
électricité. Au bout de dix mille pas le réverbère peut s'allumer durant trois heures. Ce projet
est le fruit de la collaboration entre VIHA CONCEPT, spécialisée dans la récupération des
énergies et l'école d'ingénieurs toulousaine ENSEEIHT. Si la France expérimente le train
solaire, l’Autriche, elle, fabrique des bus solaires.
En effet, dans la cadre d’un projet soutenu par le Ministère fédéral des Transports, de
l’Innovation et de la Technologie, deux formats de bus électriques ont été réalisés (un bus de
ville de 35 places et un bus comptant 9 places). Ils fonctionnent grâce à l’énergie solaire : les
batteries sont rechargées à l’aide de panneaux photovoltaïques tandis que des panneaux
solaires sur le toit du bus fournissent de l’énergie complémentaire. Pendant qu’une batterie se
recharge, l’autre fait rouler le bus. Ainsi, chaque bus peut parcourir 250 km par jour sans
avoir à faire de longues pauses pour recharger les batteries : deux minutes suffisent. Par
ailleurs, un bus solaire a le même poids que celui d’un bus diesel (4,6 t.) et peut atteindre la
vitesse maximale de 80 km/h. Son système de chauffage et de refroidissement fonctionne via
une pompe à chaleur électrique172.
172 Le site Solarmobil donne plus de détails sur les caractéristiques techniques des bus solaires.
273
De nouveaux outils utilisant l’énergie solaire seront disponibles et vont se démocratiser
davantage, dans un avenir très proche. A ces outils vont s’ajouter des systèmes intelligents,
tels que des stationnements, des bâtiments ou des routes de nouvelle génération.
En France, le concept de route intelligente est au cœur des préoccupations des politiques
publiques depuis quelques années.
Parmi les thèmes de recherche développés par l’IFSTTAR (Institut français des sciences et
technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux) se trouve celui de la route de
5ème génération. Ces routes intelligentes auront pour objectif d’être moins polluantes, plus
sécurisantes et plus aptes à répondre aux enjeux présents et futurs de la mobilité urbaine.
Tout d’abord, le comportement de la chaussée sera fonction des conditions météorologiques.
La route pourra récupérer de l'énergie, devra résister au changement climatique, sera capable
de supporter d’importants épisodes de pluviométrie et devra présenter un bel aspect visuel
(Annexe 23). Par ailleurs, le concept de route intelligente a pour objectif de répondre à
plusieurs problématiques telles que la diminution de l’insécurité routière, l’optimisation des
infrastructures existantes, l’intégration au paysage existant et environnant et l’augmentation
des services rendus aux usagers.
Dans le département français de l’Hérault, la RD612 qui dessert le littoral a été refaite.
L’objectif consistait à rendre le chantier et l’exploitation de la route efficaces, d’un point de
vue environnemental mais aussi acoustique. Grâce à la technique d’enrobage innovante -GB
5- du groupe EIFFAGE TRAVAUX PUBLICS MEDITERRANEE, les bruits de roulage sont
passés sous les 70 décibels, l’épaisseur de l’enrobé est passée de onze à sept centimètres et
20% des granulats rabotés de l’ancienne route ont été recyclés. Lorsqu’il faudra refaire cette
route dans une vingtaine d’années, le GB 5 sera alors recyclable dans des proportions plus
importantes174.
En France, depuis novembre 2011, le recyclage des déblais est de plus en plus utilisé sur les
chantiers lorsque la nature des sols se prête à cette technique 175. Ils doivent être traités pour
présenter les mêmes caractéristiques mécaniques que les matériaux naturels. Quant aux
enrobés des routes qu’il est nécessaire de refaire pour la sécurité des usagers, des entreprises
ont développé une technique de recyclage qui consiste à raboter l’ancien enrobé (six à douze
cm), traiter l’enrobé à froid en y ajoutant des additifs et le réutiliser pour la nouvelle couche
de base de la chaussée. Si un chantier de voirie nécessite une réhabilitation des couches de
fondation et de base, les constituants de la chaussée sont excavés sur une profondeur de 40 à
50 cm. Ces matériaux peuvent être retraités au liant hydraulique. Ils sont ensuite utilisés, ainsi
que des matériaux naturels, pour la réalisation des nouvelles couches. Ces modes de recyclage
permettent l’économie de matériaux naturels, des temps de transports et de l’énergie.
Si de plus en plus de paramètres sont pris en considération dans le choix des revêtements des
routes et leur procédé de recyclage, il en est de même dans les bâtiments. Pour améliorer la
qualité de vie en milieu urbain, au concept de routes intelligentes s’ajoute alors celui des
bâtiments intelligents.
L'IFSTTAR propose d’utiliser un béton vert pour diminuer la consommation énergétique des
matériaux de construction. Si le béton est très commode à utiliser, il présente toutefois deux
inconvénients car il dégage une quantité de CO2 non négligeable et car ses granulats ne sont
pas disponibles partout en quantités illimitées.
Le béton vert a donc pour objectif de pallier à ces inconvénients à travers un procédé de
recyclage des gravats de béton de déconstruction. Ceux-ci sont laissés à l’air. Le CO2 présent
dans l’air est alors réabsorbé par les constituants du ciment qui emmagasinent à nouveau du
carbone, puis les gravats durcissent et s’imprègnent alors d’une quantité de carbone
supplémentaire, ce qui forme des granulats de meilleure qualité. Les gravats grossiers sont
ensuite séparés de la poudre de ciment. Celle-ci est recyclée pour obtenir un ciment vierge.
Cette technique permet ainsi l’économie des ressources naturelles et celle d’émissions de
CO2.
Maîtriser les paramètres ayant une incidence sur la qualité de l’air extérieur ou sur la
consommation énergétique des bâtiments en milieu urbain, tel est l’objectif du projet
Immanent176. Concernant le suivi énergétique du bâtiment, l’enjeu est la réalisation de
structures à faible impact environnemental, adaptables, intelligentes et actives.
Un autre procédé des bâtiments intelligents est celui des capteurs. Implantés en très grand
nombre sur les bâtiments, des capteurs permettent de mesurer les vibrations, la fatigue des
structures et les transferts thermiques dans le bâtiment et autour.
Ce procédé permet ainsi de détecter et de localiser rapidement les sources de pollution ou
encore de maîtriser en temps réel la performance énergétique du bâti. Les routes et les
bâtiments sont de plus en plus performants dans la recherche à l’économie d’énergie et la
préservation de l’environnement. A ces deux domaines s’ajoute également celui du
stationnement qui se veut intelligent.
En janvier 2012, Nice est la première ville française à installer des stationnements intelligents.
Grâce à un réseau de capteurs communicants implantés sur les trottoirs et grâce à des
horodateurs de nouvelle génération, les usagers et les gestionnaires de l’espace public
disposent d’informations en temps réel sur leur téléphone portable ou leur GPS concernant le
nombre de places de parking disponibles177, l’état du trafic, les horaires des transports
collectifs, la présence de taxis, la pollution, les données météorologiques et les possibilités de
recharge électrique. Ce système de stationnement communicant vise à fluidifier le trafic en
centre-ville en privilégiant le stationnement de courte durée. Il a pour objectif de favoriser
l’intermodalité et de réduire les émissions de CO2. Ainsi, en centre-ville, ce système diminue
la durée de conduite liée à la recherche d’une place de stationnement ou celle liée à l’arrêt
derrière un véhicule de livraison. D’ici la fin du premier semestre 2014, l’ensemble de cette
opération devrait couvrir toute la ville. Ce nouveau système de stationnement s’intègre dans le
schéma global de stationnement 2011-2015 de la ville. Il est porté par la SEMIACS, société
d’économie mixte détenue à 80% par la commune et sa filiale SUDE 178.
La ville a développé d’autres systèmes intelligents aux abords des stations de tramway (Figure
98). Ils permettent de renseigner les voyageurs sur plusieurs questions de mobilité urbaine et
ainsi faciliter leurs déplacements. Ces systèmes intelligents utilisent des supports numériques
(applications mobiles pour smartphones, sites Internet) et permettent aux utilisateurs d’obtenir
des renseignements en temps réel à propos de179 la billettique et la monétique, l’information
des voyageurs, la cartographie et l’énergie. Il est également possible d’obtenir des
renseignements concernant l’aide à l’exploitation, l’ingénierie, les équipements et le mobilier
urbain, la vidéosurveillance et les modes doux.
177 En avril 2011, Toulouse a également lancé un stationnement intelligent donnant des renseignements
concernant les places disponibles en temps réel dans la ville.
178 Http://www.environnement-magazine.fr/presse/environnement/actualites/2691/Mobilite.
179 Lettre d’information du réseau Urbanisme et Bâtiment, n°285 (11/09/2011) et n°334 (03/06/2012).
277
Figure 98. Système intelligent à Nice, janvier 2012. Source : portail de la
ville de Nice.
De mai à octobre 2012, une station de bus expérimentale à Paris (boulevard Diderot, en face
de la gare de Lyon) est devenue un lieu de sociabilité en proposant des services inédits :
informations concernant le quartier, la restauration180, la location d’un véhicule ou d’un vélo
électrique, l’emprunt de livres, l’écoute musicale, le rechargement de téléphone portable ou
encore le chauffage extérieur. Son mobilier urbain était composé de verres intelligents, de
LED et d’un design sonore. Ainsi, le simple lieu d’attente du bus est devenu un micro espace
public offrant confort et qualité aux usagers181.
280
CONCLUSION GENERALE
Depuis près de 60 ans, la ville de Marrakech a connu de nombreux changements dans trois
principaux domaines : économique, urbain et social. De l’indépendance du Royaume jusqu’à
aujourd’hui, les dynamiques socio-spatiales des Marrakchis et des habitants de la région du
Tensift ont connu de nombreuses modifications. Les cinq millions de mouvements quotidiens
enregistrés dans la Ville ocre découlent de plusieurs facteurs -la personne, le cadre temporel,
les moyens et les infrastructures de transport- et appartiennent à différentes catégories –
pratiques, possibles ou obligatoires-.
Les espaces urbains sont de plus en plus complexes et les références changent. Les
déplacements de jour comme de nuit sont de plus en plus nombreux et les distances
parcourues se mesurent en heures et en minutes et non plus en kilomètres. Les dynamiques
socio-spatiales qui caractérisent Marrakech vont influencer le choix des modes de transports
mais aussi le nombre, la fréquence et la temporalité des déplacements. Ceux-ci constituent la
source de l’activité économique et sociale de la ville. Pour favoriser cette activité, Marrakech
construit de nouvelles infrastructures et de nouveaux axes routiers, près desquels les zones
urbaines se développent. Cette extension géographique et démographique engendre quant à
elle, des déplacements plus nombreux. Or, le confort des déplacements reste primaire, ce qui
nuit à la qualité de vie et diminue l’attractivité économique.
En effet, la vétusté du parc automobile et du réseau de bus, la faible amplitude horaire des
transports collectifs et l’accroissement de la longueur des trajets sont des facteurs dissuasifs
de l’utilisation des bus. Face à l’incohérence de l’offre de transports publics, la flexibilité que
procure la voiture l’emporte dans le choix d’un mode de déplacement. Toutefois, le prix d’une
voiture à l’achat ou à la location reste onéreux. A ce critère, il faut tenir compte également des
frais d’utilisation de la voiture (carburant, vignette, entretien du véhicule) et des effets
négatifs qu’elle engendre, et ce, malgré la liberté de déplacement qu’elle procure.
281
En effet, la pollution sonore et atmosphérique ainsi que les situations de congestion urbaine
ont des effets négatifs sur le bien-être des individus et sur les échanges économiques du
territoire. Des individus de plus en plus stressés ou malades auront plus de difficultés à rester
efficaces et performants dans leur travail. Quant aux embouteillages, ils accroissent le temps
passé en voiture, augmentent les retards de livraison et développent des situations d’insécurité
routière et d’incivisme entre automobilistes. En conséquence, l’attractivité économique du
territoire et la qualité de vie sont amoindries.
Par ailleurs, les déplacements quotidiens ne sont pas que physiques, bien que leur nombre ne
cesse de croître au fur-et-à-mesure des années. A l’heure où se développent de plus en plus les
NTIC, les déplacements virtuels se multiplient. Or, la faiblesse de connexion ADSL et la
lenteur de son débit ainsi que les abonnements téléphoniques onéreux diminuent la qualité et
la quantité d’échanges des flux d’informations et des flux financiers. Toutefois, d’ici quelques
années, il est possible qu’avec de très bons moyens techniques, les NTIC se développent
encore plus et les déplacements virtuels croissent. La population marrakchie étant très jeune,
il est fort probable que dans un avenir proche, les individus choisissent de se déplacer
autrement, et donc de se déplacer tout en restant chez eux. Le télétravail, les livraisons à
domicile ou de nombreux services locaux ou régionaux en ligne pourraient ainsi devenir des
secteurs porteurs.
Marrakech doit répondre aux besoins en mobilité d’une population grandissante. Quel que
soit le moyen de transport utilisé, la ville doit développer des infrastructures viables pour
l’ensemble des usagers. Il s’agit également de faire cohabiter tous les modes de transport de
façon plus sécurisée et plus fluide. Enfin, répondre aux besoins en mobilité de tous les usagers
montre que la ville est attentive à la qualité de vie de ses habitants et qu’elle considère ce
capital humain comme un facteur de développement du territoire. Pour offrir un service de
transports multimodaux et intermodaux, alliant confort, qualité et accessibilité, il est
nécessaire de comprendre la ville et les habitudes de déplacement de ses usagers. Une
stratégie adaptée et efficace, via un PDU (Plan de Déplacements Urbains) par exemple, peut
s’avérer utile. Les initiatives pour trouver des réponses aux enjeux de la mobilité urbaine à
Marrakech ne seront alors plus isolées mais feront partie d’un schéma anticipatif de
l’évolution du territoire d’ici à 30 ans.
282
Il convient donc à l’agglomération de la Ville ocre de réfléchir à ce que sera la ville de demain
et comment définir le périmètre de la mobilité urbaine. Elle doit également s’interroger de
savoir comment limiter les coûts pour les citoyens tout en leur proposant des services leur
facilitant la vie ou tout du moins répondant aux problématiques actuelles et à venir. Au
préalable, il est nécessaire de réaliser un des dynamiques socio-spatiales à Marrakech. Il est
essentiel de connaître plusieurs points : les besoins de déplacement à l’échelle des
communautés locales, le schéma actuel du plan de transport des réseaux de transports en
commun, les services attendus et ceux déjà utilisés. La concertation de l’ensemble des acteurs
de la mobilité (usagers, habitants, entreprises, collectivités, transporteurs) est donc nécessaire
pour mettre en place réflexion et pistes d’action mais aussi pour concilier les attentes de
chacun.
283
RAPPEL DES HYPOTHESES
Nous nous sommes interrogés de savoir quelles étaient les freins rencontrés quant à
l’organisation, la gestion et le développement de la mobilité urbaine à Marrakech. Nous avons
émis une première hypothèse selon laquelle qu’un manque de financement et de subventions
pouvait être à l’origine d’un laisser-aller en matière de mobilité urbaine. D’autres secteurs de
l’économie marrakchie seraient alors prioritaires quant à la répartition des financements et
subventions disponibles. Or, des partenariats publics-privés ont été contractés afin de
construire de nouvelles infrastructures telles que la gare ferroviaire ou le terminal 1 de
l’aéroport Marrakech-Menara. Par ailleurs, l’agglomération de Marrakech, la mairie et la
Wilaya ainsi que la région du Tensift réaménagent et construisent des extensions des réseaux
routiers, autoroutiers et ferroviaires. Toutefois, les actions entreprises concernent
majoritairement la voirie. Les autres domaines que sont le stationnement, la fluidité du trafic,
le renouvellement du parc de bus, la construction ou l’importation de véhicules fiables et
sécurisés, la multimodalité et l’intermodalité connaissent peu ou pas de changement majeur.
Notre première hypothèse est confortée : le manque de capital financier amène la commune
urbaine de Marrakech à privilégier les chantiers les plus urgents en matière de mobilité
urbaine.
Nous avons émis une deuxième hypothèse selon laquelle un manque de professionnalisme et
de coordination entre les différentes instances en charge de la mobilité urbaine expliquerait la
situation de saturation que connaît Marrakech. Or, le personnel recruté est qualifié. Des
architectes, des urbanistes et des ingénieurs du BTP travaillent et réfléchissent aux différentes
thématiques de la mobilité urbaine. Toutefois, un manque de moyens techniques et un partage
insuffisant des données collectées et des retours d’informations expliquent les problèmes de
gestion et d’organisation de la mobilité urbaine. Chaque instance travaille de façon isolée sans
concertation avec d’autres organismes. Ainsi, les diagnostics établis quant aux
dysfonctionnements de la mobilité urbaine sont semblables d’une collectivité à l’autre mais
les solutions apportées pour y remédier ne sont pas communiquées entre les collectivités elles-
mêmes. Par ailleurs, des colloques et des séminaires sont organisés mais les échanges d’idées
pour remédier aux problèmes de la mobilité urbaine aboutissent sur le plan théorique et non
dans la pratique. Notre seconde hypothèse est confortée : le manque de professionnalisme et
le cloisonnement des organismes, partenaires et collectivités concernant la mobilité urbaine,
conduit à des problèmes de gestion et d’organisation.
284
Nous avons émis une troisième hypothèse selon laquelle une planification urbaine à court
terme serait la cause des dysfonctionnements de la mobilité urbaine à Marrakech. Les
documents d’urbanisme seraient insuffisamment pensés et détaillés. En effetn le PDU de la
commune de Marrakech n’englobe que quelques cartes et quelques pistes de réflexion très
schématiques. Par ailleurs, ce document essentiel dans l’organisation de la mobilité urbaine
n’est accessible ni auprès des collectivités ni en ligne. Les quelques diagnostics proposés
mettent en lumière les défis à relever. Une ébauche de PDU a été lancée mais rien n’a changé
depuis les cinq dernières années. Les actions se font à court terme, sans concertation ou
coordination entre les acteurs de la mobilité urbaine. Il serait bien d’établir un programme
d’actions schématisé par des cartes, de mettre en place un calendrier de ces actions, de
proposer un plan de financement, d’élaborer un ou plusieurs guides d’aménagement de la
voirie et de faire un bilan de la concertation publique. A l’appui de l’ensemble de ces
données, la commune urbaine de Marrakech peut alors mieux gérer sa mobilité urbaine à long
terme. Notre troisième hypothèse est confortée : le manque de réflexion et d’anticipation à
long terme ainsi que l’absence de documents d’urbanisme de référence nuit à la gestion de la
mobilité urbaine.
PERSPECTIVES
Des enquêtes auprès de 20000 ménages devront être menées afin d’analyser de façon
exhaustive les déplacements quotidiens des individus. Les réponses d’autres panels
représentatifs de l’économie marrakchie apporteront des informations essentielles concernant
les flux de marchandises, les flux financiers et les flux d’informations et leurs corrélations.
Les résultats obtenus permettraient alors de mieux anticiper l’évolution de la ville en
soulevant des hypothèses d’orientation probable de l’aménagement du territoire concerné.
Cette analyse apporterait d’autres éléments de réflexion à notre travail de recherche quant à la
gestion de la mobilité urbaine de Marrakech et à l’aménagement de son territoire.
285
Les compétences des différents acteurs seront nécessaires pour analyser l’espace et la ville.
Une nouvelle approche partenariale entre les collectivités et les différentes autorités
organisatrices des transports (AOT) permettra une meilleure gouvernance du territoire. Le
morcellement des compétences entre urbanisme, transport et environnement implique la
concertation des différents acteurs institutionnels : chambres de commerce, AOT, collectivités
et société civile. Des débats et des rencontres publiques devront également être menés en
amont de la démarche d’élaboration d’un nouveau PDU. Pour cela, les décideurs et les
politiques doivent aussi prendre conscience de la situation actuelle de Marrakech. Si les
solutions apportées par Marrakech ont résolu certains problèmes localisés de la ville, elles
n’ont pas répondu aux enjeux de la mobilité à plus grande échelle. Il est possible que ces
solutions aient été adaptées aux problématiques antérieures lorsque le trafic urbain était
encore maîtrisable et que la Ville ocre comptait moins d’habitants motorisés.
L’aménagement d’un territoire ne doit pas se faire au hasard. L’Homme, imparfait, s’adapte à
la nature qui est parfaite. Pour bien s’adapter, il faut utiliser et mobiliser les intelligences en
prenant racine au cœur d’une volonté urbaine de bien concevoir le territoire. Parfois
l’aménagement d’un espace est bien conçu et parfois c’est le contraire. Comment expliquer
que ce qui fonctionne dans une ville n’est pas bien élaboré dans une autre ? En dehors de
facteurs externes, cette défaillance trouve son explication dans un ensemble qui manque de
cohésion et de concertation. Pour élaborer une nouvelle politique publique et une nouvelle
politique des transports, les collectivités qui gèrent l’espace urbain de Marrakech sont
amenées à remettre en question ce qui a été fait jusqu’à présent.
Savoir ce qui fonctionne et savoir ce qui ne fonctionne pas. La concertation et la cohésion de
l’ensemble des collectivités, des AOT et de la société civile sont des éléments clefs dans la
mise en place d’un développement harmonieux du territoire. Il s’agit également de donner à
ces acteurs l’envie de participer au bon aménagement du territoire marrakchi, via des moyens
mis en œuvre pour une démarche de réalisation efficace.
Une ville structurée apporte le confort et la qualité de vie. En retour, les citoyens apprécient
encore plus d’y vivre et d’y travailler. Toute action présente a une répercussion sur l’avenir. Il
est donc essentiel de faire prendre conscience à l’ensemble des acteurs de la mobilité urbaine
de l’importance de ne pas accumuler les erreurs. Il est probable qu’une erreur faite
aujourd’hui soit oubliée à court terme mais il est encore plus probable qu’elle soit à l’origine
d’un dysfonctionnement à long terme. Par manque de financements, la ville sélectionne les
chantiers prioritaires. L’incohésion entre les actions fait de la ville de Marrakech un espace
286
composé d’éléments isolés et fragmentés. Or, la réflexion doit être inversée. Il s’agit d’établir
une réelle planification du territoire et une vraie politique des transports. Une fois cet
ensemble cohérent établi via les documents d’urbanisme afférents, il est toujours possible de
chercher des financements. En effet, il est plus aisé de convaincre d’éventuels financeurs
lorsqu’un projet urbain est cohérent.
La mobilité dans les régions urbaines est devenue une question centrale. Cette question
implique de prendre en considération des concepts comme la consommation d’espace, le
partage de la voirie ou encore les effets de coupure pour définir la meilleure cohabitation
possible entre transports, infrastructures et trajectoires des usagers sur un espace défini. Les
nouveaux modes de transport couvrent un maximum d’espace horizontal et la demande étant
plus forte, ils s’étendent verticalement sur des infrastructures de plus en plus hautes : ponts,
viaducs, autoroutes, voies rapides, échangeurs, téléphériques. Pour éviter pollution et
congestion, certaines villes ont fait le choix de la voie des airs. Ce type de transport est de
plus en plus privilégié pour se déplacer sur de courtes et de moyennes distances.
Tout comme d’autres villes confrontées aux mêmes problématiques, Marrakech doit relever
plusieurs défis concernant sa mobilité urbaine. Elle doit gérer les flux de biens et personnes,
sécuriser les déplacements, fluidifier le trafic et offrir une offre de transports publics adaptée.
Paradoxalement, si la Perle du sud connaît une gestion difficile de l’ensemble des trajectoires
qui sillonnent le territoire, elle n’est pas encore arrivée à une situation de non-retour. Si elle
s’en donne les moyens humains, techniques et financiers, il est encore possible de changer et
de transformer ces aspects négatifs en aspects positifs. Forte d’un potentiel en ressources
énergétiques et démontrant une forte motivation à changer, la ville de Marrakech peut devenir
une ville positive exemplaire en matière de transports, d’habitat et de qualité de vie. En
développant ce nouvel aspect de son identité, Marrakech ne fera que renforcer sa position de
ville d’affaires. Elle développera également un nouveau créneau dans son aspect de ville
touristique et créera une impulsion économique plus adaptée au territoire où l’agriculture
pourrait alors retrouver un créneau porteur. D’ici quelques décennies, elle pourrait ainsi
devenir le poumon vert du Maroc, renouant ainsi avec ses origines et son appellation de ville-
jardin.
287
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages
Génériques
288
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Spécifiques Maroc
Revues
L’accent du Sud
Un euro s’il vous plaît ! L’accent du Sud, n°8, juillet-août 2011, pp.8-9.
Le train à 1€ maintenant dans les Pyrénées-Orientales. L’accent du Sud, n°11, décembre
2011, pp. 2-3.
La Haute Vallée de l’Aude à 1€. L’accent du Sud, n°14, mars 2012, pp. 2-3.
Harmonie
Georges Frêche. Harmonie, numéro spécial, n°278, décembre 2010, pp.17-18, 29, 34-35.
Se déplacer n’est plus un handicap. Harmonie, n°286, septembre 2011, p.23, pp. 26-31.
Une cité à échelle humaine. Harmonie, n°286, septembre 2011, p.23, pp. 26-31.
Au cœur de l’agglomération de demain. Harmonie, n°286, septembre 2011, p.23, pp. 26-31.
291
Modes de vie en harmonie. Harmonie, n°286, septembre 2011, p.23, pp. 26-31.
Des ombrières photovoltaïques sur les parkings du tramway. Harmonie, n°287, octobre 2011,
p.15.
Des parkings producteurs d’électricité verte. Harmonie, n°289, décembre 2011, p.8.
En route pour une nouvelle success story. Harmonie, n°293, avril 2012, pp.4-5, 32-33, 47.
Un tramway accessible à 100%. Harmonie, n°293, avril 2012, pp.4-5, 32-33, 47.
Transports doux à combiner. Harmonie, n°293, avril 2012, pp.4-5, 32-33, 47.
Partager la rue avec le tramway. Harmonie, n°293, avril 2012, pp.4-5, 32-33, 47.
L’Hérault
Le projet EcoCité, Montpellier, notre ville, n°360, septembre 2011, pp.13, 19 et 35.
Mermoz à vélo, Montpellier, notre ville, n°360, septembre 2011, pp.13, 19 et 35.
Des abords sécurisés. Montpellier, notre ville, n°360, septembre 2011, pp.13, 19 et 35.
Métamorphose urbaine. Montpellier, notre ville, n°361, octobre 2011, pp.32-33.
Un horodateur dans la voiture. Montpellier, notre ville, n°363, décembre 2011, p.19.
Montpellier éco-mobile. Montpellier, notre ville, n°367, avril 2012, pp.10-15.
Désencombrer la ville. Montpellier, notre ville, n°367, avril 2012, pp.10-15.
On avance dans le bon sens. Montpellier, notre ville, n°367, avril 2012, pp.10-15.
Du nouveau sur le réseau. Montpellier, notre ville, n°367, avril 2012, pp.10-15.
Techni.Cités
La marche, lien indispensable entre le parking et la mobilité durable. Techni.Cités, n°250, mai
2013, pp. 16-18.
Le PDU : 30 ans après sa création, où en est-il ? Techni.Cités, n°250, mai 2013, pp.29-34.
292
Traits urbains
Espaces publics : le ciment de la ville. Traits urbains, n°12, janvier-février 2007, pp. 14-26.
Projet urbain, quelle organisation locale ? Traits urbains, n°14, avril 2007, pp. 14-26.
Urbanisme
293
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ABRAM, Gilles (1995) Les déplacements motorisés dans l’agglomération bisontine et leurs
conséquences énergétiques. Th. doct. : Géogr. : Besançon : université de Franche-Comté,
Besançon, 343 p.
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Quito (Equateur). Th. doct. : Géogr. :Chambéry : université de Savoie, 352 p.
FADEL, Abdellah (1997) Croissance urbaine et développement : Villes de la France et du
Maroc. Esquisse d'une comparaison historique et méthodologique. Th. doct. : Géogr. :
Bordeaux : université Bordeaux Montaigne, 380 p.
Rapports
294
Journaux et guides d’informations
locaux
295
Plans et Guides de voyage
Sites web
Transports
296
Urbanisme
Tourisme
297
Quotidiens et magazines
298
TABLE DES ILLUSTRATIONS
299
Carte 07. Circuits des bus panoramiques de Marrakech (2014). Réalisation : A. NAKHLI.................58
Graphique 01. Evolution du parc automobile et du taux de motorisation au Maroc entre 1950 et
2010. Source : www.rda.ma. ............................................................................................................62
Figure 17. Voiture Dacia Logan, Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2014. ............................................65
Carte 08 : ville de Marrakech : deux communes urbaines (2014). Réalisation : A. NAKHLI. .............69
Graphique 02. Pyramide des âges au Maroc (2005). Source : Organisation des Nations Unies. ......72
Figure 18. Plan masse de la nouvelle gare routière de Marrakech (concours 2009). Source : agence
Nakhli Architecture, 3ème lauréat du Maroc. Réalisation : A. NAKHLI. ............................................77
Carte 09. Infrastructures routières, ferroviaires et aéroportuaires du Maroc (2014). Réalisation : A.
NAKHLI. ............................................................................................................................................78
Carte 10. Accords de coopération et jumelages de Marrakech dans le monde (2014). Source :
www.d-maps.com. Réalisation : A. NAKHLI. .....................................................................................79
Figure 19. Aéroport de Marrakech-Menara (2010). Source : www.skycrapercity.com. ...................81
Figure 20. Terminal 1 (extérieur) de l’aéroport de Marrakech-Menara. Cliché : A. NAKHLI, 2015. ..82
Carte 11. Itinéraire de la navette de l’aéroport Marrakech-Menara (2014). Réalisation : A. NAKHLI.
.........................................................................................................................................................83
Figure 21. Terminal 1 (intérieur) de l’aéroport de Marrakech-Menara. Cliché : A. NAKHLI, 2015....84
Carte 12. Principales routes aériennes internationales depuis le Maroc (2014). Source : www.d-
maps.com. Réalisation : A. NAKHLI...................................................................................................86
Figure 22. Nouvelle gare ferroviaire de Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2014..................................88
Figure 23. Galerie commerciale de la gare ferroviaire de Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2014.En
parallèle, il s’agirait de développer et d’humaniser les gares comme de vrais lieux de vie. .............88
Figure 24. Future rame TGV marocaine. Source : www.oncf.ma. ....................................................90
Carte 13. Réseau ferroviaire du Maroc (2014). Source : www.oncf.ma. Réalisation : A. NAKHLI. ....91
Figure 25. Gare routière de Bab Doukkala à Marrakech. Cliché A. NAKHLI, 2014. ...........................93
Figure 26. Compagnie d’autocars Supratours à Marrakech. Cliché A. NAKHLI, 2014. ......................93
Carte 14. Emplacements des gares routières de Marrakech (2014). Source : plan de Marrakech.
Réalisation : A. NAKHLI. ....................................................................................................................94
Carte 15. Réseau marocain desservi par les compagnies Supratours et CTM (2014). Réalisation : A.
NAKHLI. ............................................................................................................................................95
Figure 27. Compagnie d’autocars CTM à Marrakech. Cliché A. NAKHLI, 2014. ................................96
Tableau 03. Fréquence des bus desservis par la CTM au départ de Marrakech. Source : d’après le
guide du routard de Marrakech. Réalisation : A. NAKHLI. ................................................................97
Carte 16. Réseau routier et voies express du Maroc (2014). Réalisation : A. NAKHLI. ...................101
Figure 28. Place du 16 Novembre, Guéliz, Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2014. ..........................102
Figure 29. Avenue Mohammed VI à Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2014. ....................................103
Figure 30. Avenue Mohammed V à Marrakech. Cliché : A.NAKHLI, 2014.......................................103
Figure 31. Avenue Hassan II à Marrakech. Cliché A. NAKHLI, 2014. ...............................................104
300
Carte 17. Maillage urbain du quartier Guéliz à Marrakech (2014). Source : Présent et avenir des
médinas, p. 75. ...............................................................................................................................104
Carte 18. Maillage urbain de la médina de Marrakech (2014). Source : Présent et avenir des
médinas, p. 75. ...............................................................................................................................105
Tableau 04. Evolution du trafic marocain par autoroute en véhicules/jour. Source : Ministère de
l’Equipement et du Transport (2009). ............................................................................................107
Carte 19. Autoroutes du Maroc (2014). Réalisation : A. NAKHLI. ...................................................108
Carte 20. Activités du réseau autoroutier du Maroc (2014). Réalisation : A. NAKHLI.....................109
Figure 32. Réseau autoroutier du Maroc. Cliché : A. NAKHLI, 2013. ..............................................110
Figure 33. Congestion urbaine à Marrakech. Cliché A. NAKHLI, 2014. ...........................................115
Figure 34. Congestion urbaine à Marestion urbaine à Marrakech. Cliché A. NAKHLI, 2014. ..........115
Carte 21. Ville de Marrakech, axes les plus congestionnés (2008). Source : PDU de Marrakech.
Réalisation : A. NAKHLI. ..................................................................................................................117
Figure 35. Une même voie pour tous les modes de transports, Mar, Marrakech. Cliché A. NAKHLI,
2014. ..............................................................................................................................................118
Figure 36. Marrakech, avenue Mohammed V à 7h du matin. Cliché : A. NAKHLI, 2010. ................119
Graphique 03. Répartition des déplacements des individus à Marrakech en 2009, selon le mode de
transport utilisé. Source : d’après L’Economiste. Réalisation : A. NAKHLI, 2011. ...........................123
Figure 37. Schéma de la taille optimale des territoires. Source : cours de sciences économiques, F.
RYCHEN. Université d’économie d’Aix-Marseille, 2007. .................................................................124
Figure 38. Terminologie des éléments composants un giratoire. Source : Carrefours urbains, p. 122,
2009. ..............................................................................................................................................125
Figure 39. Le giratoire génère seulement 8 points de conflit, contre 32 pour le croisement. Source :
Sécurité routière au Maroc. Bilan et perspectives, juillet 2009, p.101. ..........................................126
Figure 40. Carrefour utilisé comme un giratoire, avenue Mohammed V. Clichés : A. NAKHLI, 2014.
.......................................................................................................................................................127
Figure 41. Embouteillage dans un carrefour utilisé comme un giratoire, avenue Mohammed V.
Clichés : A. NAKHLI, 2014. ..............................................................................................................128
Figure 42. Nouveau rond-point, quartier Targa, Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2014. .................128
Figure 43. Nouvel îlot, quartier Guéliz, Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2014. ...............................129
Figure 44. Giratoire à forte capacité en milieu urbain. Source : Carrefours urbains, 2010, p.139. .130
Figure 45. Heure de Pointe du Matin (HPM) : période représentative d’une situation moyenne
permettant de déterminer la taille d’un futur giratoire. Source : Carrefours urbains, p.38. ..........130
Tableau 05. Configuration du croisement selon le niveau hiérarchique de la voie. Source :
Carrefours urbains, p.63. ................................................................................................................131
Figure 46. Congestion de la circulation sur l’avenue Abdelkrim Khattabi, Marrakech. Cliché A.
NAKHLI, 2014..................................................................................................................................132
Figure 47. Congestion de la circulation sur l’avenue Mohammed V, Marrakech. Cliché: A.NAKHLI,
2014. ..............................................................................................................................................133
301
Figure 48. Piste cyclable utilisée par une moto, avenue Guemassa, Marrakech. Cliché : A. NAKHLI,
2014. ..............................................................................................................................................134
Figure 49. Raccordement d’une piste cyclable bidirectionnelle à un anneau. Source : Carrefours
urbains, 2010, p. 135. .....................................................................................................................135
Figure 50. Cycliste circulant sur le trottoir, Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2014. .........................136
Figure 51. Trottoir inapproprié, avenue Hassan II, Marrakech. Cliché : A.NAKHLI, 2014................137
Figure 52. Piétons marchant sur la chaussée, avenue Mohammed V, Marrakech. Cliché : A. NAKHLI,
2014. ..............................................................................................................................................137
Figure 53. Exemple de trottoir étroit, av. Hassan II, Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2014. ............138
Figure 54. Exemple d’obstacle dangereux sur le trottoir, av. Mohammed VI, Marrakech. Cliché: A.
NAKHLI, 2014..................................................................................................................................139
Figure 55. Marrakech, exemples d’aménagement de trottoirs adaptés pour les piétons. Clichés : A.
NAKHLI, 2010..................................................................................................................................139
Figure 56. Pentes assurant le confort et la sécurité des piétons sur les trottoirs. Source : d’après
Carrefours urbains, 2010, p. 83. Réalisation : A. NAKHLI................................................................140
Figure 57. Marrakech, passage piéton situé à côté de l’abaissement du trottoir. Cliché : A. NAKHLI,
2010. ..............................................................................................................................................141
Figure 58. Marrakech, passage piéton et absence de bateau sur le trottoir, quartier Targa,
Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2014. .............................................................................................141
Figure 59. Barrières de sécurité sur le trottoir, av. Mohammed V, Marrakech. Cliché : A. NAKHLI,
2014. ..............................................................................................................................................142
Figure 60. Passage piéton signalé par un marquage au sol et par un panneau, quartier Targa,
Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2014. .............................................................................................142
Figures 61 et 62. Rues piétonnières à Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2010. .................................143
Figure 63. Entrée du parking souterrain place du 16 Novembre, Marrakech. Cliché : A. NAKHLI,
2010. ..............................................................................................................................................145
Figure 64. Marrakech, stationnement empiétant sur la chaussée. Cliché : A. NAKHLI, 2010. ........146
Figure 65. Exemple de plan d’aménagement de places de stationnement et d’arrêt de bus. Source :
Sécurité routière au Maroc, bilan et perspectives, 2009, p. 103. ...................................................147
Figure 66. Arrêt de bus, avenue Hassan II, Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2014. ..........................148
Graphique 04. Répartition des tués dans les accidents routiers, par catégories d’usagers, en 2008
au Maroc. Source : d’après le Ministère de l’Equipement et des Transports. Réalisation : A. NAKHLI.
.......................................................................................................................................................152
Figure 67. Poubelle sur la chaussée, boulevard Allal al Fassi, Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2014.
.......................................................................................................................................................154
Figure 68. Code couleur des panneaux de direction, Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2010. ..........156
Figure 69. Luminaire accolé aux panneaux de direction, Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2010. ....157
Figure 70. Confusion d'informations entre les panneaux publics de la ville et les panneaux
d'entreprises privées, Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2014...........................................................157
Figure 71. Hauteur souhaitable des feux tricolores. Source : Carrefours urbains, 2010, p. 112. ....158
302
Figure 72. Modèle de régulation du trafic sur une avenue par des signaux lumineux. Source : guide
d’aménagement et d’exploitation de l’espace public, TRANSITEC, 2009, p.29. .............................159
Figure 73. Exemple de marquage au sol : balises blanches et rouges indiquant l’interdiction de
stationner, Guéliz, Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2014. ...............................................................160
Figure 74. Exemple de passage piéton peu visible, avenue Mohammed VI, Marrakech. Cliché: A.
NAKHLI, 2014..................................................................................................................................160
Figure 75. Causes donnant naissance à des villes peu compétitives. Source : La réforme
institutionnelle des déplacements urbains au Maroc. Un levier de développement durable. A.
CHADALI, p.09. ...............................................................................................................................164
Tableau 06. Dysfonctionnements de la circulation urbaine à Marrakech. Source : journée de la
circulation à Marrakech, mars 2009. ..............................................................................................165
Figure 76. Proposition d’amélioration de la typologie du bâti par le groupe TRANSITEC pour le PDU
de Marrakech. Source : Guide d’aménagement et d’exploitation de l’espace public, 2010,
TRANSITEC, p. 27. ...........................................................................................................................168
Carte 22. PDU de la ville de Marrakech (2014). Source : PDU de Marrakech. Réalisation : A. NAKHLI.
.......................................................................................................................................................171
Carte 23. Futurs parkings souterrains à Marrakech (2014). Source : PDU de Marrakech.
Réalisation : A. NAKHLI. ..................................................................................................................172
Figure 77. Projet d'aménagement du BHNS (Bus à Haut Niveau de Service) place du 16 Novembre à
Marrakech. Source : PDU de Marrakech, 2013. .............................................................................173
Figure 78. Doublement de la route de Fès (N8). Cliché : A.NAKHLI, 2015. .....................................177
Carte 24. Axes routiers en cours d’aménagement, région du Tensift al Haouz (2014). Réalisation :
A. NAKHLI. ......................................................................................................................................178
Figure 79. Doublement de la route de l’Ourika (P2017). Cliché : A. NAKHLI, 2014. ........................179
Figure 80. La gouvernance d’une ville se traduit par sa structure en plusieurs cercles. Source :
d’après la revue Urbanisme, n°372, mai-juin 2010, p. 49. Réalisation : A. NAKHLI. .......................184
Figure 81. Le constat face à l’incohérence de la stratégie nationale de déplacements urbains.
Source : La réforme institutionnelle des déplacements urbains au Maroc, p.08, 2009..................190
Carte 25. Communes du SDAU de Marrakech (2014). Réalisation : A. NAKHLI. .............................191
Figure 82. Les éléments bénéfiques à la stratégie nationale de déplacements urbains. Source : La
réforme institutionnelle des déplacements urbains au Maroc, p. 10, 2009. ..................................192
Figure 83. Exemple de bateau bien conçu, av. Mohammed VI, Marrakech. Cliché: A. NAKHLI, 2014.
.......................................................................................................................................................203
Figure 84. Exemple de bateau mal conçu, av. Mohammed VI, Marrakech. Cliché: A. NAKHLI, 2014.
.......................................................................................................................................................204
Figure 85. Pente d’accès trop raide près de La Poste Centrale, Marrakech. Cliché : A. NAKHLI, 2014.
.......................................................................................................................................................204
Figure 86. Exemple de cheminement piéton sécurisé, Bordeaux. Cliché : A. NAKHLI, 2012...........205
Figure 87. Schéma de la mobilité urbaine durable. Source : www.google.fr ..................................209
Tableau 07. Ressources de la CFR pour la période 2005-2012. Source : d’après la Caisse pour le
Financement Routier (CFR), 2008. ..................................................................................................217
303
Figure 88. Eco-ville de Masdar, projet aux Emirats Arabes Unis. Source : www.google.fr. ............230
Figure 89. Vendeur ambulant à Marrakech, avenue Mohammed V. Cliché : A. NAKHLI, 2014. .....241
Figure 90. Vendeurs ambulants à Marrakech, boulevard Allal al Fassi. Cliché : A. NAKHLI, 2014. .241
Tableau 08. Informations relatives au tramway à Casablanca et à Rabat. Source : dossier de presse
SYSTRA, avril 2010. .........................................................................................................................246
Graphiques 05 et 06. Répartition de l’activité de la société SYSTRA par zone géographique (haut) et
par mode de transport (bas). Source : dossier de presse SYSTRA, avril 2010. ................................247
Figure 91. Exemple de busway, Nantes (2012). Source : www.nantes.fr. ......................................248
Figure 92. Aménagement de l’avenue Hassan II pour accueillir le BHNS, Marrakech. Cliché : A.
NAKHLI, 2014..................................................................................................................................249
Figure 93. Le tramway de Marseille. Cliché : A. NAKHLI, 2011. ......................................................251
Figure 94. Le tramway à Bordeaux. Cliché : A NAKHLI, 2011. .........................................................252
Figure 95. Voiture Hiriko, 2012. Source : www.designboom.com. .................................................261
Figure 96. Moto électrique C-1. Source : le blog de Capsule. .........................................................262
Figure 97. Ombrières photovoltaïques à Montpellier, 2011. Source : Harmonie, le magazine
d’information de Montpellier Agglomération, octobre 2011, n°287. .............................................263
Tableau 09. Caractéristiques du climat semi-aride de Marrakech. Source : ONEM (Observatoire
National de l’Environnement du Maroc), 2003. .............................................................................269
Carte 26.Potentiel de production d’énergie solaire en 2020, région du Tensift al Haouz.
Réalisation : A. NAKHLI. ..................................................................................................................270
Carte 27. Potentiel de production d’énergie éolienne en 2020, région du Tensift al Haouz.
Réalisation : A. NAKHLI. ..................................................................................................................271
Carte 28. Potentiel de réserves en biomasse en 2020, région du Tensift al Haouz. Réalisation : A.
NAKHLI. ..........................................................................................................................................272
Figure 98. Système intelligent à Nice, janvier 2012. Source : portail de la ville de Nice. ................278
Figure 99. Chargeurs solaires gratuits, parvis de la gare ferroviaire de Marrakech. Cliché : A.
NAKHLI, 2014..................................................................................................................................279
304
ANNEXES
306
Nous cherchons à améliorer la mobilité et la qualité de vie des habitants de Marrakech et de
la région Tensift. Nous vous remercions d’y contribuer en prenant le temps de répondre à ce
questionnaire.
1 bis/ Si vous n’avez pas de mode de transport personnel, pour quelles raisons ?
3/ Quel(s) moyen(s) de transport utilisez-vous chaque jour ? Mettez une note de 1 à 10. 1 pour le transport utilisé
le plus fréquemment, 10 pour le transport utilisé le moins fréquemment. Plusieurs transports peuvent avoir la
même note.
4/ Quels sont vos motifs de déplacement ? Mettez une note de 1 à 10. 1 pour le motif le plus fréquent, 10 pour le
motif le moins fréquent. Plusieurs motifs peuvent avoir la même note.
7/ Si oui, à quelle fréquence ? Chaque jour/ 1 fois par jour/ 2 à 3 fois par jour/ 1 fois par semaine/ 2 à 3 fois par
semaine/ > 3 fois par semaine/ 1 fois par mois
307
8/ Si non, pour quels motifs n’utilisez-vous pas le bus ? Mettez 1 note de 1 à 10. 1 pour le motif le plus
important, 10 pour le motif le moins important. Plusieurs cases peuvent avoir la même note.
Bus peu fréquents/ Tarifs élevés/ Arrêt de bus trop éloigné/ Arrêt de bus non indiqué
Manque d’informations sur les lignes et les horaires de bus/ Vous utilisez un autre mode de transport
9/ A quelle heure passe le premier bus de la journée, à l’arrêt que vous utilisez ?
10/ A quelle heure passe le dernier bus de la journée, à l’arrêt que vous utilisez ?
Agriculteur/ Artisan, Commerçant/ Ouvrier/ Employé/ Cadre/ Chef d’entreprise/ Profession libérale/ Etudiant/
Collégien, lycéen/ Retraité/ Sans emploi/ Autre………………………………………..
14/ Votre domaine professionnel est : secteur Privé/ Fonction publique/ Autre…………………………………
< 15 ans/ Entre 15 et 25 ans/ Entre 26 et 45 ans/ Entre 46 et 70 ans/ > 70 ans
308
Clinique
Ecole Palais des Congrès
Stade
Centre commercial
Oasiria
Opéra
McDonald’s Cyberpark
309
Etablissements éducatifs : crèches, écoles, collèges et lycées
4 maisons de jeunes, 6 jardins d'enfants, 1 centre d'accueil, 1 centre d'observation et de rééducation, 10 foyers féminins
Equipements sportifs
8 terrains de football, 6 terrains de basket-ball, 4 terrains de handball, 4 piscines, 21 salle de sport (dont 20 privées), 3 salles d’athlétisme183,
jardin El Harti, golfs, centres équestres
Commerces de luxe et grande distribution : centre commercial Almazar, Zara, Marjane, Carrefour, Auchan.
183 Ces chiffres reflètent le sous-équipement public du secteur sportif malgré la présence du secteur privé.
310
Air France : Marseille, Toulouse. Air Méditerranée : Lyon, Marseille, Nantes, Paris-Charles
de Gaulle. Amsterdam Airlines : Al-Hoceima, Amsterdam, Tanger.
Binter Canarias : Las Palmas de Gran Canaria. BMI : Londres-Heathrow.
British Airways : Londres-Gatwick. Brussels Airlines : Bruxelles.
Corendon Dutch Airlines : Amsterdam.
EasyJet : Bâle/Mulhouse, Bordeaux, Genève, Londres-Gatwick, Lyon, Manchester, Milan-
Malpensa, Madrid, Paris-Charles de Gaulle. Europe Airpost : vols saisonniers vers Bordeaux,
Brest, Londres-Gatwick, Lyon, Marseille, Montpellier, Paris-Orly, Pau, Toulouse.
Germanwings : vols charters vers Cologne/Bonn. Hello : Bâle/Mulhouse. Iberia : exploité par
Air Nostrum vers Madrid.
Jetairfly : Paris-Orly ; vols charters vers Barcelona, Bâle/Mulhouse, Bordeaux, Brest,
Deauville, Lyon, Malaga, Marseille, Nice, Pampelune, Vérone, Valladolid, Saragosse ; vols
saisonniers vers Nantes, Toulouse, Agadir, Bruxelles.
Luxair : vols saisonniers vers Agadir, Luxembourg.
Norwegian Air Shuttle : Copenhagen, Oslo-Gardermoen, Stockholm-Arlanda.
Royal Air Maroc : Bordeaux, Bruxelles, Casablanca, Genève, Lisbonne (vols saisonniers),
Londres-Gatwick, Lyon, Marseille, Munich, Nantes, Nice, Paris-Orly, Toulouse.
Ryanair : Beauvais, Bergame-Orio al Serio, Bologne, Charleroi, Dole, Eindhoven, Hahn,
Londres, Madrid, Pise, Porto, Rome-Ciampino, Séville, Valence, Weeze ; vols saisonniers
vers Alicante, Brème, Bristol, East Midlands, Edimbourg, Gérone, Marseille, Reus.
Swiss International Air Lines : exploité par Edelweiss Air vers Agadir, Zurich.
TAP Portugal : exploité par Portugalia vers Lisbonne.
Thomas Cook Airlines Belgium : Agadir, Bruxelles, Liège. Thomson Airways : Londres-
Gatwick, Manchester.
Transavia : Agadir, Amsterdam, Nantes, Paris-Orly.
Vueling Airlines : vols saisonniers vers Barcelone. XL Airways Germany : Francfort.
311
le matériel roulant modernisé,
Entre Casablanca et Rabat, les TNR sont le moyen de transport de référence depuis
plus de 25 ans. Il y a un départ toutes les 30 min, entre 6h et 21h30 et un départ
toutes les 15 min aux heures de prise et de fin de service des entreprises.
Des trains de nuit assurent des liaisons entre Casablanca et Oujda, Casablanca et
Nador, Marrakech et Tanger.
Le transport urbain Al Bidaoui dessert les sept gares de Casablanca ainsi que la
surface urbaine et régionale du Grand Casablanca. Le service s’étend aux gares de
Berrechid, Settat et El Jadida.
Le transport rail-route (billet combiné train-bus) permet de desservir les villes non
reliées au réseau ferroviaire. La compagnie de bus Supratours, filiale de l’ONCF,
relie ainsi Asilah avec Tetouan et Marrakech avec de nombreuses villes du sud du
Maroc.
312
Annexe 05. Médina de Marrakech, 2004. Source :
Maisons et riads du Maroc.
313
Voies de circulation plus étroites : par l'extension du
trottoir, l'ajout de bornes ou de jardinières, ou l'ajout
d'une voie cyclable ou de stationnements. De cette
façon, les vitesses plus lentes semblent plus naturelles
aux conducteurs et moins une
imposition artificielle.
Chicanes : créent une déviation horizontale forçant les véhicules à ralentir comme ils
le feraient pour une courbe.
314
Traverses surélevées pour piétons et intersections surélevées.
Déviateurs médians : pour empêcher de tourner à gauche de pénétrer dans une zone
résidentielle.
Panneaux activés par les véhicules, des panneaux qui réagissent avec un message s'ils
détectent un véhicule dépassant une vitesse prédéterminée.
Réduction des limites de vitesse près des institutions comme les écoles et les
hôpitaux.
Étrangleurs, qui sont des trottoirs élargis qui rétrécissent la chaussée à une seule voie à
certains endroits.
315
La perte de temps dans la chaîne d’alerte des secours,
manque de bornes d’appel sur les routes et les autoroutes. Dans l’heure qui suit
l’accident, si les services de secours avaient été rapidement alertés, 30 à 50 % des
tués auraient pu être sauvés.
le transport non autorisé de personnes par des véhicules de type Honda (truck),
le danger représenté par les deux-roues dans la médina : à proximité des piétons
184 En 2007, le CNPAC avait distribué 100 000 casques gratuits dans toutes les villes du Royaume pour inciter
la population au port du casque. Le taux est passé de 67% avant l’opération à 80% après. Ceux qui le portent
correctement ne dépassent pas 58%. Pour échapper aux contrôles, plusieurs cyclomotoristes portent le casque
sans l’attacher.
316
Manquede Processus Infrastructures Manqued’offrede Manque
participation d’urbanisation inadéquates transports collectifs d’informationdes
collectiveet de croissant usagers
concertationaux
décisionsurbaines Inégale répartition
Parcautomobile de la voirie Exclusionsocialede Mauvaise répartition
enhausse
quartierset de l’utilisationdes
d’habitants modesde transport
Parkingset
stationnements Perted’argent :
ennombre immobilitéde
insuffisant certainsusagersagit
sur les facteursde la
consommationet de
l’investissement
Congestiondutrafic
Annexe 08. Schéma récapitulatif des causes et des conséquences de la congestion urbaine de Marrakech. Réalisation :
A. NAKHLI.
317
Le scénario de PDU, élaboré par le groupement TRANSITEC et TEAM MAROC, retenu
pour 2015, tient compte de :
318
Depuis que le métrobus existe à Curitiba au Brésil, 70% de la population l’utilise. Pour
favoriser son utilisation et une montée rapide des gens aux quais, une bonne fréquence et une
bonne infrastructure sont nécessaires.
Ce type de transport ne nécessite pas des coûts aussi élevés que ceux d’un réseau de métro
souterrain. Le maire de la ville envisage de compléter cette offre par des modes doux de
circulation.
319
- Finalisation du projet Tanger Med,
o Création de 100 000 emplois
- Développement des aérogares nationales,
o Capacité d’accueil de 30 millions de passagers en 2010 (15 millions
actuellement)
- Elaboration d’un SDN (Schéma Directeur National) et construction de lignes TGV
(horizon 2015)
- Mise à niveau, développement et modernisation des gares et des infrastructures
ferroviaires existantes,
- Finalisation du premier SDA (Schéma Directeur des Autoroutes) de 1500 km et
lancement du second (objectif atteint),
- Réalisation de voies express (630 km) pour relier le réseau autoroutier au réseau
routier (objectif atteint),
- Achèvement de la construction de la rocade méditerranéenne reliant les deux
extrémités nord du pays (510 km),
- Construction de routes rurales (15 000 km) pour désenclaver les campagnes (horizon
2015)
- Entretien et maintenance d'itinéraires routiers (2000 km) et d'ouvrages d’art.
320
- Développement des partenariats publics-privés,
o rationaliser et diversifier les investissements nécessaires aux projets envisagés
o offrir un tarif de transport que les citoyens seront à même d’accepter et de
supporter
- Développement durable,
o stratégie de modernisation
des trains classiques
développement de lignes TGV
321
- Répondre à l'accroissement du parc automobile,
o taux de motorisation élevé
o offre de capacité routière de la voirie < demande des usagers
o insuffisance des parkings pour le stationnement
o augmentation des pollutions et dégradation de la qualité de vie
o insécurité routière
voirie vétuste dans de nombreux quartiers
322
- Doter chaque région en moyens de transports et de connecter ces différents moyens
entre eux : réseau routier, ferroviaire et maritime, dans le cadre d’une économie
marocaine ouverte et de perspectives de croissance,
- Former et qualifier des opérateurs (46 000) et des techniciens (13 000) pour mettre en
place une main d’œuvre plus compétente,
323
- Communication sur la mise en place du PDU,
o calendrier des étapes de réalisation,
maillage efficient
réseau multimodal avec offre de transports collectifs améliorée
o durée des travaux,
324
o Limiter l’extension géographique horizontale de la ville,
promouvoir l’expansion du territoire vers les zones de Tamesloht et
Tahannaout qui seront des centres satellites
325
Annexe 17. Tracé ferroviaire du train régional à
1€ en Languedoc-Roussillon. Source : L’accent du
Sud, n°11, décembre 2011, p. 2.
326
- Axe 1 : jeux et enjeux de la catégorie « mobilité »
Loin d’être un terme impliquant un simple mouvement dans l’espace, le terme de mobilité
révèle autant qu’il sous-entend, un certain nombre d’enjeux contemporains. Cet axe cherche
à expliquer et comprendre les usages et enjeux du terme de « mobilité », les discours sur
lesquels il s’appuie et dans lesquels il est pris ; l’évolution de ses implications, ses
connotations, les registres de pensée dans lesquels il s’inscrit, au travers des agents, groupes
ou fractions de groupes qui l’opérationnalisent, en sont les promoteurs et, donc, finalement,
sur les effets et les contraintes que ces usages et acceptions engendrent à tel ou tel niveau et
dans tel ou tel secteur.
Penser la mobilité, ce n’est pas uniquement envisager un mouvement spatial, mais c’est aussi
considérer le déplacement de différentes formes de capital ou de dispositions sociales
attachées à un individu ou à un groupe autant qu’à un lieu. La question des lieux est
importante car les effets de la mobilité conduisent à des structurations ou restructurations
spatiales : qu’il s’agisse de quartier résidentiels dans des communes, du réaménagement des
centres villes, de la « gentrification », de la stigmatisation de certains quartiers, etc.
Cet axe s’intéresse à toutes les études portant sur les usages différenciés et spécifiques du
temps en rapport avec la mobilité, et ce, selon deux perspectives :
o La première concerne les « mobilités quotidiennes » et les mobilités des temps
« libres ».
327
Tout processus de mobilité induit un rapport à l’espace, mais aussi au
temps. De même que la « conjecture de Zahavi » est remise en cause, la
gestion de l’espace-temps nous semble dépasser les perspectives en
termes de « budgets-temps ». L’usage comme la perception du temps et
des types de mobilités relèvent également de dispositions sociales
conduisant à des évaluations et des perspectives spécifiques, mises en
œuvre dans les déplacements quotidiens. Les mobilités qui concernent
les loisirs quotidiens ou les vacances, les temps de non travail qui sont
aussi envisagés et gérés différemment, peuvent constituer de nouvelles
formes de distinction entre groupes sociaux. De manière générale, la
question consiste à savoir si les représentations et les usages du temps
et de l’espace peuvent constituer une manière d’appréhender les
ségrégations entres personnes, groupes et/ou fractions de
groupes sociaux.
328
Fribourg,Allemagne Lyon,France
Stockholm,Suède Londres,Royaume-Uni
Grenoble,France
- Fribourgoù lequartier Vauban a été rebâti sansajouter lamoindreparcelledemètrecarré supplémentaire à la surface initiale queprésentait la ville,
- Lyonavec lequartier Confluence,
o Grenoble avec le quartier Bonne. Grenoble entendd’ailleurs créerunnouvel éco-quartieruniversitaire et scientifiquequi devrait accueillir 45 000personnesd’ici 2015 (actifs, étudiants, habitants)185.Cesite sera
conçuselon trois thématiquesmajeures : lesénergies renouvelables(photovoltaïque,microcentraleshydrauliques), lesbâtimentsà faible énergie, les transports (tramway, pistescyclables, plansdedéplacements
entreprise).D’autresmodesdedéplacementunpeuparticuliers sont également envisagés : télécabines, navettesélectriques,minibusàpileà combustible.
- Stockholmavec lequartier Hammarby. Situéausudde la ville, cet éco-quartier fait partiede la ville élueen2010« Capitale verte de l'Europe »par laCommissioneuropéenne,
- Londresavec lequartier BedZED.
330
En rase campagne, sur une voie en site propre, il est non seulement possible mais souhaitable
d'indiquer aux cyclistes tous les services qu'ils peuvent trouver à proximité, notamment les
établissements commerciaux, les lieux d'hébergement, de réparation, de restauration. Ces
indications pourront être regroupées sur un Relais Information Service.
Pour étudier les liaisons et définir le meilleur itinéraire entre A et B, il convient de classer les
pôles entre eux. Les pôles seront classés par ordre décroissant selon qu'ils sont d'intérêt
national, départemental, à l'échelle de l'agglomération, de la commune ou simplement du
quartier. Cette hiérarchie résultera d'une concertation locale et permettra un emboîtement des
schémas de liaison les uns dans les autres. Il y aura au maximum trois niveaux. Par exemple,
le niveau I comprendra la gare et les centres d'échange, le syndicat d'initiative, les
monuments, les points de repère et les musées importants. Le niveau II indiquera la piscine,
les autres monuments et musées, les établissements culturels (cinéma, théâtre...), les services
(poste, préfecture, mairie...) et les centres commerciaux importants. Le niveau III indiquera
les autres équipements de quartiers qu’il est nécessaire de signaler pour des usagers
occasionnels.
Il s’agira de lister les mentions à indiquer et les mentions déjà existantes dans le schéma de
signalisation routière. Dans un souci de lisibilité, à titre indicatif, il est important de se limiter
à douze mentions en essayant de ne pas dépasser quatre par direction. En urbain comme en
rase campagne, la préférence ira à la pré-signalisation car elle permet au cycliste d'avoir
l'information avant de s'engager dans le carrefour, elle supprime les problèmes de masque
visuel, elle permet de bien différencier le jalonnement cycliste et enfin, elle permet d'utiliser
des panneaux plus petits, ce qui accentue la distinction.
331
La micro hybride,
o est une voiture à moteur thermique mais dont certaines fonctionnalités de bases
sont alimentées par une batterie (démarrage du véhicule, arrêt automatique du
moteur thermique au feu rouge, par exemple).
- La mild hybride,
o offre les mêmes fonctionnalités que la micro hybride, avec en plus la
récupération et le stockage temporaire de l’énergie cinétique déployée par un
freinage. Le véhicule peut ainsi déployer davantage de puissance lors de
l’accélération suivante, sans augmenter la consommation de gasoil.
332
- La route pourra récupérer de l'énergie,
o pour alimenter son exploitation ou ses abords,
o pour s'auto-dégivrer et éviter de déverser des tonnes de sel chaque hiver. Grâce
à l’utilisation du soleil et du vent via des panneaux solaires et des modules à
micro-hélices installés le long des routes, il est possible de mieux utiliser les
ressources naturelles in situ afin de produire de l’énergie.
333
TABLE DES MATIERES
AVANT-PROPOS ......................................................................................................................................4
REMERCIEMENTS ...................................................................................................................................5
SOMMAIRE .............................................................................................................................................6
INTRODUCTION GENERALE ....................................................................................................................7
PARTIE I. LA MOBILITE URBAINE A MARRAKECH : DIAGNOSTIC URBAIN CONCERNANT LE CONCEPT
DES DEPLACEMENTS. ...........................................................................................................................14
CHAPITRE I. Le concept de mobilité urbaine. ...................................................................................15
1.1. La mobilité urbaine : un concept nouveau ................................................................................15
1.1.1. Un champ pluridisciplinaire ................................................................................................15
1.1.2. L’évolution des déplacements urbains dans l’espace et dans le temps ..............................17
1.2. Pourquoi les Marrakchis se déplacent-ils ?................................................................................22
1.2.1. Les facteurs de déplacements ............................................................................................22
1.2.2. Les différents types de déplacements ................................................................................37
1.2.3. La mobilité peut être un facteur d’exclusion sociale ..........................................................38
CHAPITRE II. Généralités sur les déplacements et les infrastructures ..............................................40
2.1. Comment se déplace-t-on à Marrakech et à quel prix ? ............................................................40
2.1.1. Plusieurs modes de transport sont disponibles à Marrakech .............................................40
2.1.2. Une demande croissante pour l’achat de voitures .............................................................61
2.1.3. Un taux de motorisation de plus en plus élevé ..................................................................67
2.1.4. Les différents services assurés par les transports à Marrakech ..........................................74
2.2. Des infrastructures pour les transports en cours de modernisation .........................................75
2.2.1. L’aéroport de Marrakech-Menara ......................................................................................80
2.2.2. La gare ferroviaire ..............................................................................................................87
2.2.3. La gare routière ..................................................................................................................92
2.2.4. Les routes et les autoroutes ...............................................................................................99
PARTIE II. LA MOBILITE URBAINE A MARRAKECH : LA GESTION DES DEPLACEMENTS EST DIFFICILE. 113
CHAPITRE III. Marrakech et les enjeux de la mobilité urbaine........................................................114
3.1. La voirie : quelle actualité à Marrakech ? ................................................................................114
3.1.1. L’aménagement de la voirie est inadapté .........................................................................114
334
3.1.2. Le recalibrage de la voirie est nécessaire .........................................................................116
3.1.3. Une absence de structures multipolaires .........................................................................121
3.1.4. Une situation paradoxale .................................................................................................122
3.1.5. Marrakech, cité du renouveau permanent .......................................................................123
3.2. La circulation et la congestion urbaine ....................................................................................125
3.2.1. Les giratoires et les carrefours..........................................................................................125
3.2.2. Le partage de la voirie ......................................................................................................132
3.2.3. Les trottoirs et les espaces piétons...................................................................................136
3.2.4. Le stationnement .............................................................................................................144
3.2.5. L’insuffisance d’une offre de transports collectifs ............................................................147
3.3. La sécurité routière .................................................................................................................151
3.3.1. Le conducteur et son véhicule ..........................................................................................151
3.3.2. L’entretien et l’aménagement des voiries ........................................................................153
3.3.3. La signalétique routière ....................................................................................................155
3.4. Conséquences sur la qualité de vie..........................................................................................161
3.4.1. Les pollutions atmosphériques .........................................................................................161
3.4.2. Les pollutions sonores ......................................................................................................162
3.4.3. La dégradation du cadre de vie ........................................................................................163
CHAPITRE IV. Les stratégies que Marrakech a mis en place ...........................................................166
4.1. Diagnostics, études et projets menés par Marrakech .............................................................166
4.1.1. Le Plan de Déplacements Urbains (PDU) ..........................................................................167
4.1.2. La conférence-débat sur l’urbanisation et les défis de la mobilité ...................................176
4.1.3. La journée de réflexion sur la circulation ..........................................................................181
4.1.4. L’amélioration de la logistique fret ...................................................................................182
4.2. Actions à conduire et objectifs attendus .................................................................................183
4.2.1. Fédérer l’ensemble des acteurs au processus décisionnel ...............................................183
4.2.2. Développer le capital humain et financier ........................................................................186
4.2.3. Améliorer le cadre institutionnel urbanistique .................................................................187
4.2.4. Privilégier deux domaines d’action ...................................................................................192
PARTIE III. LA MOBILITE URBAINE A MARRAKECH : COMMENT ENVISAGER UN AVENIR MEILLEUR ?195
CHAPITRE V. Des méthodes efficaces pour gérer la mobilité urbaine ............................................196
5.1. Connaître, comprendre et développer les pratiques de la mobilité urbaine ...........................196
5.1.1. Les pratiques de la mobilité urbaine ................................................................................196
5.1.2. L’étalement urbain expliqué par le réseau routier ...........................................................199
5.1.3. Développer la mobilité urbaine ........................................................................................200
5.2. Mettre en place les outils nécessaires à une bonne pratique de la mobilité urbaine..............206
335
5.2.1. Préparer la ville à recevoir les équipements de la mobilité urbaine .................................206
5.2.2. Redéfinir des politiques publiques à court, moyen et long terme ....................................208
5.2.3. Développer une planification urbaine globale et transversale .........................................213
5.2.4. Investir : un partenariat entre Etat et collectivités ...........................................................217
5.2.5. Favoriser la réflexion, la participation et la concertation de tous les usagers ..................222
CHAPITRE VI. Comment devenir une ville positive ? ......................................................................228
6.1. La ville positive : principes et concepts ...................................................................................228
6.1.1. Qu’est-ce qu’une ville positive ? .......................................................................................228
6.1.2. Comment concilier mobilité urbaine et ville positive ? ....................................................235
6.2. Mobilité urbaine d’aujourd’hui et de demain : pratiques et nouveaux outils .........................244
6.2.1. Agadir, Rabat, Casablanca : le tramway s’implante dans les villes ...................................244
6.2.2. Auto-partage, transports collectifs, vélo électrique : des pratiques émergentes .............250
6.2.3. Energies éolienne et solaire : de nouveaux outils pour demain .......................................267
6.2.4. Systèmes intelligents: routes, bâtiments et stationnement de nouvelle génération .......274
CONCLUSION GENERALE ....................................................................................................................281
BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................................................288
TABLE DES ILLUSTRATIONS .................................................................................................................299
ANNEXES ............................................................................................................................................305
TABLE DES MATIERES .........................................................................................................................334
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Université Bordeaux Montaigne
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