L'évasion Fiscale en Afrique Cas Du Maroc Sortes D'évasion Et Comment La Maîtriser
L'évasion Fiscale en Afrique Cas Du Maroc Sortes D'évasion Et Comment La Maîtriser
L'évasion Fiscale en Afrique Cas Du Maroc Sortes D'évasion Et Comment La Maîtriser
Fiscal.2010
par
Introduction
Les stratégies d’évasions et de fraudes se diversifient, se complexifient et
s’internationalisent. Eviter l’impôt est devenu plus facile dans le contexte actuel
marqué par une grande liberté et rapidité de circulation des capitaux et par le
développement du commerce électronique.
2
De plus, à la notion de fraude, sont souvent associées voire assimilées d’autres
types de comportements, comme l’optimisation ou encore l’évasion, sans que la
frontière entre ces différents concepts ne soit toujours très clairement établie.
1
La fraude aux prélèvements obligatoires et son contrôle (rapport). Le Conseil des prélèvements obligatoires, 2007
3
L’examen de la dimension2 de la fraude fiscale nous amène à en évaluer l’ampleur.
L’évaluation reste une tâche complexe vu qu’il est difficile d’évaluer les
dissimulations.
Les études et réflexions menées sur le système fiscal marocain depuis la mise en
œuvre du Programme d’Ajustement Structurel n’ont abordé qu’accessoirement
l’évaluation de la fraude fiscale. Au Maroc les statistiques officielles en 1985
indiquaient que sur 8780 entreprises assujetties à l’impôt sur les bénéfices
,4787 soit 54,5% s’étaient déclarées déficitaires ; en 1989, une étude menée par
le FMI, portant sur 13518 déclarations saisies par voie informatique a montré
que 40% des sociétés soumises à l’impôt sur les sociétés (22000 en 1989) se
déclarent déficitaires et 15% déclarent un résultat d’exploitation nul. Le déficit
global s’élevait à 2,7 milliards de DHS soit 1,3 du PIB. En 2009, Le nombre
d’entreprises déficitaires représente 40%.
Les études et les débats sur la fraude tournent souvent très vite autour des
questions de contrôles ou de sanctions, alors qu’il est primordial de bien analyser
et cerner le phénomène afin d’y répondre par une stratégie adaptée dont les
contrôles et les sanctions sont un élément nécessaire mais insuffisant.
Causes techniques :
Les causes techniques de la fraude résident dans la complexité du système fiscal
et dans la difficulté d’évaluation de la matière imposable par l’inspecteur des
impôts.
2
Selon la Banque mondiale, les flux illicites de capitaux transférés aux paradis fiscaux dans les pays en
développement représentent une perte annuelle comprise entre 500 et 800 millions de dollars (in La fraude
comme art gestionnaire. In : défis sud n° 96- Bimestriel - août, septembre 2010)
4
L’obscurité du droit fiscal se nourrit effectivement de la multiplication des
textes, de la croissance de leur volume et du caractère incessant de leur
modification.
A ce sujet, des recommandations de différents organismes internationaux
préconisant la simplification et la stabilisation de la norme fiscale.
Au Maroc, La problématique de la fraude et de l'évasion fiscale a été facilitée
par la multiplicité des taux d'imposition, l'importance démesurée des
exonérations et la relative complexité de la législation fiscale. Le système fiscal
a connu des aménagements se traduisant par la diminution du nombre d'impôts et
de taxes, par la diminution des taux d'imposition et la réduction progressive des
mesures dérogatoires. Par rapport à la complexité du système fiscal, la D.G.I est
entrée dans un processus de simplification du système actuel autour de trois
principaux impôts (IR, IS, TVA). L'adoption de dispositions communes a permis
l'avènement du code général des impôts en 2007.
Causes politiques
Pour sa stabilité le système politique fait recours aux recettes fiscales pour
financer les exigences de son environnement en termes de dépenses publiques.
Au Maroc, Les choix politiques d’octroi des avantages fiscaux et le poids fort
des groupes de pression dans la de décision fiscale ont attisé la tendance à la
fraude. Consciente de cet état de fait, l’administration fiscale marocaine œuvre,
depuis quelques années, pour la réduction progressive des dérogations fiscales
et la consolidation d’une certaine l’équité fiscale, à l’instar des actions menées au
niveau international.
Il y a lieu de rappeler brièvement que l’histoire du Maroc a connu des cas de non
consentement à l’impôt. Ceci justifie le fait que les parlementaires marocains
avaient refusé, en 1982, d’ériger la fraude en un délit pénal comme le proposait
le projet de loi gouvernemental sur la réforme fiscale.
Causes économiques :
La situation économique du contribuable affectée par la conjoncture économique
commande souvent son comportement en matière fiscale et peut l’inciter à la
fraude.
Ainsi, le niveau de prélèvement constitue un facteur important dans l’incitation
à la fraude. Plus le niveau d’un prélèvement est élevé, plus l’incitation à la fraude
sera forte.
5
temps nécessaire pour se conformer aux formalités, les frais encourus parce
qu’il faut, le cas échéant, faire appel à un comptable et les coûts indirects qui
découlent de la complexité de la réglementation fiscale ;
Les normes sociales : lorsque le citoyen croit que l’indiscipline fiscale est une
pratique courante, la probabilité qu’il ne respecte pas lui‐même les obligations
fiscales serait plus grande ;
3
BENJELLOUNE Samir. Du consentement de l’impôt a la bonne gouvernance fiscale (Mémoire). In :
http://intranet.impots.finances.gov.ma
6
3. mécanismes de la fraude
Les mécanismes de fraude vont des actions les plus simples aux montages les plus
complexes
Prix de transfert :
L’internationalisation des activités économiques a conduit les entreprises à agir
de plus en plus indépendamment des frontières. Le mécanisme des prix de
transfert, bien connu des multinationales, consiste à manipuler les prix des
transactions entre filiales d’une même entreprise afin de diminuer l’imposition
dans le pays de production et/ou de destination.
Ainsi, du pays de production, une marchandise ou un service est exporté à un prix
sous-évalué vers une filiale installée dans un paradis fiscal ou autre pays à bas
taux d’imposition, filiale qui le revendra à une autre branche de l’entreprise dans
un troisième pays à un prix surfacturé. Le bénéfice sera donc déclaré dans ce
paradis fiscal où il sera peu ou pas taxé.
7
En vue de cette rectification, les bénéfices indirectement transférés, sont
déterminés par comparaison avec ceux des entreprises similaires ou par voie
d’appréciation directe sur la base d’informations dont dispose l’administration.
Et que Lorsque l'importance de certaines dépenses engagées ou supportées à
L’étranger par les entreprises étrangères ayant une activité permanente au
Maroc n'apparaît pas justifiée, l'administration peut en limiter le montant ou
déterminer la base d'imposition de l'entreprise par comparaison avec des
entreprises similaires ou par voie d'appréciation directe sur la base
d’informations dont elle dispose.
Paradis fiscaux
La liberté de circulation des capitaux, la rapidité des échanges, la concurrence
fiscale, la faible fiscalité qui est appliquée dans certains territoires, l’opacité
juridique et bancaire ou bien encore les nouvelles technologies sont autant
d’éléments qui constituent les principaux ingrédients de ce phénomène qui touche
tous les pays et qui affecte particulièrement les budgets publics et sociaux.
Paradis fiscaux et judiciaires existent toujours, le secret bancaire perdure, il
est toujours possible de monter des sociétés écran, et l’échange d’informations
est extrêmement limité, surtout lorsqu’il s’agit de fraude fiscale.
Compte tenu de la diversité des législations fiscales, qui restent nationales, et
face à l’internationalisation et à la mobilité croissante de l’activité économique, la
question est de savoir si l’administration fiscale (dont les missions restent la
gestion, le recouvrement et le contrôle de l’impôt) s’est suffisamment adaptée ou
non. Plus que jamais, le contrôle fiscal des opérations internationales est
nécessaire.
8
- les anomalies et irrégularités du passif : provisions non
justifiées, dissimulation du CA et de recettes au titre des
comptes courants des associés, dettes et autres créanciers..
Le dispositif législatif
La mission de contrôle fiscal au Maroc, s’opère dans le cadre des dispositions
légales prévues par le Code Général des Impôts, adopté en 2007.
Le cadre législatif du contrôle fiscal s'appuie sur un dispositif important de
moyens légaux, assorti de sanctions pour lutter contre la fraude fiscale.
On citera :
9
- Le renforcement du droit de communication qui permet de recueillir tout
renseignement utile à l’assiette et au contrôle de l’impôt ;
- Le contrôle de comptabilité et de la situation fiscale d’ensemble permettant de
s’assurer du bien-fondé et de la sincérité des déclarations souscrites par le
contribuable ;
- Le droit de visite sur place conçu en matière de la taxe professionnelle qui
permet de constater sur place les moyens d’exploitation du contribuable;
- Le droit de constatation : Il s’agit de contrôle sur place de la facturation et de
l’existence matérielle des éléments physiques de l’exploitation pour rechercher
les manquements aux obligations prévues par la législation en vigueur.
- Le paiement obligatoire par chèque au-delà de 10.000 DHS pour une meilleure
traçabilité des transactions opérées par les contribuables ;
- La réglementation de la facturation en ce qui concerne le contenu et la
chronologie de son établissement ;
- Le recensement pour l’identification de nouveaux contribuables ou la
régularisation de la situation fiscale des contribuables existants ;
- L’affichage obligatoire de l’article de la taxe professionnelle et la mention
obligatoire de l’article des patentes lors des ventes en tournées;
- Les sanctions pécuniaires ou pénales applicables en cas de manquement aux
obligations fiscales.
Pour contrebalancer les prérogatives dévolues à l’administration, le législateur a
prévu des garanties en faveur des contribuables, notamment le droit à la
prescription fiscale, le droit d’aviser le contribuable du contrôle avant toute
intervention sur place, la limitation de la durée du contrôle, l’obligation de
motiver les redressements, la procédure contradictoire en matière de contrôle
et le recours devant les commissions d’arbitrage et devant les tribunaux.
Le dispositif organisationnel
La configuration des structures de contrôle fiscale marocaine en vigueur est
orientée « client » prenant en considération les exigences de la marche de
modernisation entamée par la DGI depuis quelques années.
10
Complétant la vision de la gestion adaptée au profil des usagers, deux Directions
des Grandes Entreprises de CASABLANCA et de RABAT sont chargées de la
gestion et du contrôle des entreprises dont le chiffre d’affaires annuel est égal
ou supérieur à 50millions de DH et des sociétés de crédit et de banque, des
compagnies d’assurance et de réassurance, des établissements stables des
sociétés étrangères et établissements publics ainsi que des sociétés de bourse
et les OPCVM.
11
Par ailleurs, une programmation ponctuelle est prévue et concerne
essentiellement les cessions et les cessations d’entreprises dont l’enclenchement
du contrôle revêt un caractère urgent pour sauvegarder les intérêts du Trésor.
Pour remplir sa mission en la matière, l’administration fiscale recourt
généralement à deux formes de contrôle : un contrôle sur pièces et un contrôle
sur place.
- un contrôle sur pièces initié par les services d’assiette dont l’objet vise à
s’assurer que les déclarations fiscales souscrites par les assujettis ne
présentent pas d’irrégularités apparentes. Ce contrôle permet également
l’identification des contribuables défaillants au regard de leurs obligations
déclaratives et de paiement de l’impôt ;
12
dans ce cas de transformer le statut d’agent recenseur en agent enquêteur ou
agent en renseignements fiscaux.
La dématérialisation des déclarations fiscales et des paiements en cours de
réalisation doit pouvoir fournir des masses de données à croiser pour détecter
les omissions et les incohérences.
Par ailleurs, l’administration fiscale doit s’ouvrir sur ses partenaires en interne
et en international en vue de mener des actions conjointes et complémentaires
de contrôle et d’échange de renseignements pour lutter contre l’informel et les
fraudes fiscales complexes.
13
A cet effet, la DGI a lancé un appel d’offre pour l’acquisition d’outils plus
génériques de datamining ou de business intelligence pour permettre une
approche plus progressive dans la mise en place d’un système d’Analyse Risques,
tout en bénéficiant d’un retour d’expérience.
Par ailleurs, les outils de l’analyse risque de contrôle du remboursement de la
TVA sont élaborés et un planning de déploiement au niveau des services
déconcentrés est arrêté.
14
S’il est utile de concevoir un support législatif pour attirer les unités
informelles vers l’économie organisée, ce dernier, au risque de multiplier les
régimes d’imposition, doit différencier entre toutes les dimensions composites
de l’informel.
La réflexion pourra s’orienter en direction d’un régime de réhabilitation fiscale
des unités non identifiées, d’une part et, d’autre part, d’envisager des
déclarations rectificatives, sans majoration d’assiette ni de paiement pour les
entreprises identifiées et qui pratiquent de la sous-facturation. L’expérience
menée avec les promoteurs immobiliers peut être généralisée à d’autres
organisations professionnelles.
Ainsi, afin d’encourager la fiscalisation de l’économie informelle, le projet de la
loi de finances pour l’année budgétaire 2011 prévoit un taux de 15% en matière
de l’impôt sur les sociétés pour la Très Petite Entreprise (TPE) dont le chiffre
d’affaires hors taxe réalisé est inférieur à 2.000.000 de dirhams.
Par ailleurs, et afin d’encourager la formalisation pour les TPE qui viennent
volontairement régulariser leur situation, le projet de la Loi de Finances pour
l’année budgétaire 2011, prévoit, pour l’intégration des contribuables exerçant
dans l’informel, l’imposition des revenus acquis et des opérations effectuées à
compter de la date de leur identification.
15
CONCLUSION
L'effort soutenu pour lutter contre la fraude et l'évasion fiscale sous forme
d'actions concrètes visant la réduction de l'informel, l'amélioration de
l'efficience du système fiscal, la modernisation de l'administration fiscale pour
améliorer l'efficacité du contrôle a eu pour résultat le bon comportement des
entreprises au niveau des déclarations parallèlement à l'augmentation du
rendement du contrôle.
En effet et à titre d’exemple, on constate que la part du contrôle dans les
recettes gérées par la DGI, s’est améliorée de manière significative en passant
de 2,9%en 2008 à 4,2%. en 2009
Rendement du contrôle par rapport aux recettes des impôts gérées par la D.G.I.
En Millions de DH
Droits recouvres suite a 2008 2009
Recettes totales
vérification % %
Année 2008 Année 2009 Année 2008 Année 2009
16