Fiche LPC ITK Poireau
Fiche LPC ITK Poireau
Fiche LPC ITK Poireau
Poireau
technico-
économiques
L égume traditionnel chez les maraîchers, le poireau est l’une des bases de
l’approvisionnement de la grande et moyenne distribution (GMS et réseaux
bio) en légumes d’hiver. L’approvisionnement de ces marchés nécessite des
surfaces significatives pour assurer des volumes suivis sur toute la période
hivernale, surfaces non compatibles avec une activité maraîchère. De plus,
cette culture nécessite des investissements particuliers qui entraînent une
spécialisation peu répandue en agriculture biologique. Légume d’automne-
hiver, le poireau offre une activité sur une période souvent creuse sur de
nombreuses exploitations. Cette fiche ne traitera pas de la réalisation des
Points-clés plants généralement fournis par des pépiniéristes spécialisés.
d’une culture de
poireau réussie :
Carte d’Identité Monocotylédone
Cette culture ne
présente pas de Famille : Alliacées
difficultés à condition Genre : Allium
d’avoir investi Espèce : ampeloprAsum
dans l’équipement
nécessaire :
•planteuse, arracheuse,
éplucheuse, hangar
de conditionnement…
et donc d’avoir une
surface suffisante
(10 hectares
minimum),
•disponibilité d'une
main d’œuvre
importante (récolte),
•respect du délai de 6
ans entre 2 alliacées,
•sols non
hydromorphes Caractéristiques physiologiques
(récolte d'hiver).
La plante est bisannuelle. La première année se caractérise par
un développement et une croissance du feuillage. La deuxième année,
la plante monte à graines. Une montée à graines dès la première année
peut arriver suite à des accidents thermiques à des stades jeunes.
Certaines variétés sont plus sensibles à ce phénomène.
Le poireau, composé à 85-90 % d’eau, est exigeant en eau.
Un sol riche en potasse et matière organique est nécessaire.
L’enracinement descend facilement à 40-50 cm voire plus s’il ne
rencontre pas d’obstacle.
1
Repères Cultiver le poireau
technico- de plein champ en agriculture biologique
économiques
Place
dans la rotation, L e délai de retour souhaitable est assez long :
choix de la parcelle 6 à 7 ans conseillés.
Ce délai de retour inclut les autres alliacées (oignons, ail…).
mai juin juillet août sept. octobre nov. déc. janvier février mars avril
1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3 1 2 3
précoce
automne
hiver
plantation récolte
Préparation du sol Elle doit être soignée afin d’obtenir une structure homogène et légère
sur une profondeur convenable et un lit de semences très fin. Elle peut
comprendre :
un déchaumage en fin d’été pour détruire les résidus de la récolte
précédente et détruire les adventices ;
un décompactage en présence de zones compactées pouvant gêner
la formation du pivot ;
le labour pour améliorer la structure du sol ;
des faux-semis au printemps sachant que plus ils sont nombreux,
plus ils seront efficaces contre les adventices ;
l’irrigation si nécessaire avant semis afin d’obtenir un sol ressuyé
au semis ;
le jour du semis, une préparation du lit de semences profonde,
homogène et “rappuyée” pour éviter les sorties de collets.
2
Repères Cultiver le poireau
technico- de plein champ en agriculture biologique
économiques
Préparation du sol
(suite) Trois types de culture existent : les cultures en planches, en buttes
(surélevées) et les cultures en plein. Les planches et les buttes favorisent
le réchauffement du sol, limitent les problèmes d’asphyxie et de stagna-
tion de l’eau, réduisent les risques sanitaires en favorisant l’aération du
feuillage, limitent les problèmes de malformation et facilitent la récolte.
Culture sur buttes :
formation de la butte un mois avant le semis afin d’effectuer un
faux-semis, avec une distance entre buttes variant de 50 à 75 cm, et
possibilité d’effectuer un semis double avec un écartement de 8 cm,
ou un semis en rang éclaté.
Culture en planches (la plus répandue) :
travail superficiel pour affiner la terre
dans les 10-15 premiers cm du sol
(ex. : utilisation d’un cultirateau).
On compte 3 à 4 rangs par planche
(écartement d’environ 35 cm).
Le semis éclaté est également possible.
Culture en plein :
peut être réalisée dans les sols profonds,
meubles, au ressuyage rapide.
Désherbage Les binages commenceront en fin de reprise (15 jours après plantation)
puis se répéteront tous les 15 jours. En plantation à bandes, les premiers
passages peuvent être effectués à la herse étrille. Par contre, ceci ne sera
pas possible en plantation à trous. Les passages suivants se feront avec une
bineuse entre rangs.
Des buttages (3-4 passages) prendront la suite. Afin de recouvrir les
nouvelles levées d’adventices, ces opérations doivent être répétées régu-
lièrement pour éviter les interventions manuelles.
4
Repères Cultiver le poireau
technico- de plein champ en agriculture biologique
économiques
Maladies et ravageurs Une alimentation en azote et en eau modérée et régulière, sans à-coup,
est la meilleure prévention contre les maladies du feuillage rencontrées
sur poireau :
la graisse, maladie bactérienne de temps chaud et humide
entaînant une déformation du feuillage en faucille,
des tâches graisseuses évoluant en pourriture ;
la rouille, qui donne des pustules oranges ;
Alternaria, le mildiou et autres champignons entraînant
des taches nécrotiques.
La bouillie bordelaise permet d’intervenir contre le mildiou, l’hydroxyde
de cuivre contre la graisse. Une nutrition minérale par engrais foliaire à
base de cuivre peut jouer un rôle préventif (épaississement de l’épiderme,
stimulation du métabolisme).
Le respect des rotations et la maîtrise des apports organiques sont
nécessaires pour éviter les dépérissements dus aux maladies racinaires :
Fusarium et Pyrenocheta.
On rencontre principalement 4 ravageurs sur poireau :
La mouche de l’oignon et la mouche des semis de mars à juin
qui attaquent les jeunes plants. Les dégâts sont causés par les asticots.
La plante jaunit puis se flétrit en raison d’une pourriture qui
se développe à la base de la plante avec une odeur caractéristique
de tissus liquéfiés en décomposition.
La teigne de juin à octobre, dont les dégâts sont occasionnés par
la chenille (c’est un petit papillon) qui creuse des galeries à l’intérieur
des feuilles. Des spécialités à base Bacillus thuringiensis (serotype 3)
permettent de lutter contre cette chenille. Selon les régions et
les réseaux de piégeages mis en lace, les vols sont signalés dans
le Bulletin de Santé du Végétal.
Le thrips, de mai à octobre par temps sec, dont les piqûres évoluent
en une multitude de points blancs. Une spécialité à base de Spinosad
est autorisée sur cet usage.
La mouche mineuse (Phytomyza gymnostoma) au printemps et
automne, dont l’asticot provoque des dégâts visbles au niveau du fût
lors de l’épluchage. Ce ravageur a connu un développement important
ces dernières années pour devenir aujourd’hui le problème numéro
un de cette culture. Il semble que la protection effectuée contre
le thrips ait une efficacité sur ce ravageur, si elle est effectuée pendant
le vol de septembre-octobre. La lutte contre ce ravageur passe par
la mise au point d’une méthode fiable de détection des vols, méthode
non validée à ce jour.
Conditionnement Le poireau est conditionné lavé et épluché. Celui s’effectue avec un maté-
riel spécifique (éplucheuse-laveuse). La vitesse d’épluchage est très variable
selon les époques et l’état sanitaire du poireau : 35 à 80 kg/h par personne.
Le nombre de personnes nécessite sera fonction du volume travaillé. Pour
une bonne organisation, cet atelier nécessite au minimum 4 personnes. Le
conditionnement (plateaux, bottes, filets…) s’effectue à suivre.
Repères
technico-économiques Le contexte de commercialisation des légumes biologiques évoluant rapi
dement ces dernières années et se complexifiant avec l’arrivée de nouveaux
opérateurs, il est recommandé de contacter votre association interpro-
fessionnelle locale de développement de l’AB avant de développer toute
nouvelle culture sur votre système.
En AB, les producteurs contractualisent leur production généralement
avant le semis (aussi bien pour la transformation que pour le frais) : ce fonc-
tionnement convient aussi bien aux opérateurs qu’aux producteurs car il
sécurise la filière. Attention, nous avons constaté depuis 2011 le cas de
producteurs n’ayant pas anticipé la commercialisation de leur production,
qui rencontrent de grosses difficultés à l’écouler.
Les prix sont très variables au cours de la saison. Ils peuvent varier en fonc-
tion de la période (début automne, hiver…), du type de conditionnement
(filets, plateaux…). Hors emballage, ils oscillent de 1,00 à 1,80 € (1,40 € de
moyenne), départ d’exploitation pour un marché d’expédition.
Objectif de rendement :
rendement moyen de 20 t/ha allant de 15 t/ha à 30 t/ha.
Le chiffre d’affaires sera très variable selon la période de production, et
la qualité du produit. En circuit long, il peut osciller de 17 000 à 88 000 €.
Les coûts présentés sont calculés à partir d’un exemple d’exploitation avec
une surface de 15 hectares de poireau en agriculture biologique.
Ils ne sont donnés qu’à titre indicatif. 6
Repères Cultiver le poireau
technico- de plein champ en agriculture biologique
économiques
Repères
économiques (suite) Charges
Charges opérationnelles
Indicatif Coût
Interventions horaire intervention Commentaires
(h/ha) (hors main d’œuvre)
Charges en fournitures et plants
(Estimation à partir des 2 exemples cités en temps de travaux)
Fournitures Coût /ha Commentaires
Total 4500 €
Charges totales par ha (stade épluché/lavé) :
10 477,50 € à 16 177,50 €
7
Repères Cultiver le poireau
technico- de plein champ en agriculture biologique
économiques
Repères
économiques (suite) Attention : il s’agit ici de coût de production après récolte. Il
est logique que l’écart entre ces coûts de production (sortie de
champ) et les prix de vente décrits ci-dessus soient importants étant donné
qu’il reste encore de nombreuses étapes à réaliser avant la vente.
A ces charges, il faut ajouter :
•d’éventuelles charges de stockage ou de bâtiment nécessaire au
conditionnement,
•les charges de transport,
•les charges de commercialisation pour la vente en directe
(attention : le stockage est alors nécessaire, cette activité prend
beaucoup de temps et il semble difficile de commercialiser plusieurs
dizaines de tonnes d’un même légume en vente directe),
•les charges de structures (en dehors du fuel et du matériel).
Produits
Le prix de vente moyen en vente directe est de 2,50 à 3 €/kg.
En circuit long les prix de vente sont très variables selon les débouchés
(0,85 à 1,40 €/kg). Les rendements varient de 20 à 30 t/ha. Le chiffre
d’affaire peut fluctuer de 17 000 à 28 000 € par hectare.
Mars 2013
Cette fiche a été élaborée dans le cadre du projet CAS DAR n°9016, coordonné par Bio Centre,
“Accompagnement du développement et de la structuration de la filière légumes de plein
champ en zones céréalières biologiques”.
w w w. l p c b i o . o r g
8