KAS - Organisation Et Fonctionnement Des Partis Politiques
KAS - Organisation Et Fonctionnement Des Partis Politiques
KAS - Organisation Et Fonctionnement Des Partis Politiques
ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT
DES PARTIS POLITIQUES EN RDC
Publications
de la Fondation Konrad Adenauer
Kinshasa 2004
2
INTRODUCTION GENERALE
Ingo Badoreck
Notre Institut, qui s’est donné pour mission de former correctement les
leaders politiques congolais, a organisé une session de formation d’une
semaine pour renforcer les capacités organisationnelles et managériales des
partis politiques, ceux-ci étant compris comme des associations des
citoyens qui poursuivent des objectifs politiques – notamment celui
d’exercer constamment une influence sur l’échiquier national grâce à un
programme politique spécifique - et qui sont reconnues par l’ordre juridique
d’un Etat. Ils regroupent des citoyens qui partagent la même idéologie et le
même projet de société c’est-à-dire les mêmes opinions sur des questions
d’intérêt public, et s’organisent pour conquérir et exercer le pouvoir de
l’Etat et ainsi prendre la responsabilité du bien commun. Les partis
politiques ont pour rôle de créer les conditions nécessaires à la participation
politique des citoyens.
Kabange Ntabala
INTRODUCTION
Mon analyse consiste à examiner les aspects juridiques de cette nouvelle loi.
A cet effet, outre la présente introduction et la conclusion, je vais plancher
sur les points suivants :
Aux termes de l'article 2 de la loi sous examen, par parti politique, il faut
entendre « une association des personnes physiques de nationalité
congolaise qui partagent la même idéologie et le même projet de société, en
vue de conquérir et d'exercer démocratiquement et pacifiquement le pouvoir
d'Etat ».
Deux éléments essentiels à retenir ici pour que les personnes physiques se
considèrent comme appartenant véritablement à un même parti politique,
c'est le partage d'une même idéologie et d'un même projet de société, c'est-à-
dire l'ensemble d'idées et convictions qui sous-tendent leurs actions, les
objectifs à atteindre et les moyens à mettre en œuvre pour exercer le pouvoir
et organiser la nation en vue de réaliser le bien-être des populations.
Aux termes de l'article 11 de la loi sous examen, une série de sept exigences
est imposée à toute personne qui veut créer un parti politique, à savoir:
- être de nationalité congolaise ;
- avoir l'âge de 25 ans au moins ;
- jouir de ses droits civiques et politiques ;
- jouir d'une bonne santé physique, mentale et être de bonne vie et mœurs ;
- justifier d'un niveau de formation de graduat ou équivalent au moins ou
d'une expérience professionnelle ou politique ;
- avoir une résidence ou un domicile en RDC ;
- n'avoir jamais fait l'objet d'une condamnation pénale pour une infraction
intentionnelle ayant acquis l'autorité de la chose jugée, sauf cas
d'amnistie et de réhabilitation judiciaire
La Cour Suprême de Justice saisie statue toutes affaires cessantes dans les
15 jours ouvrables à compter du dépôt de la requête au Greffe. Son arrêt
tient lieu d'Arrêté d'enregistrement et est notifié au Ministre de l'Intérieur. A
défaut pour la Cour Suprême de Justice de respecter ce délai, la preuve du
dépôt, du recours au Greffe tient lieu d'Arrêté d'enregistrement.
Le sort des anciens partis politiques, à savoir les partis ayant existé sous
l'empire des lois antérieures, est réglé au niveau des dispositions transitoires
et finales de cette loi. L'élément déterminant est que tous ces partis
continuent de jouir de leur personnalité juridique et de fonctionner dans le
cadre de l'actuelle loi, à condition principalement pour eux de faire
connaître au Ministère ayant les affaires intérieures dans ses attributions leur
existence par l'accomplissement de certaines formalités dans le délai de six
mois. Faute de le faire, ils seront réputés dissous de plein droit.
Mais je voudrais signaler ici que le sort réservé aux anciens partis politiques
et celui accordé aux nouveaux partis politiques et aux ex-mouvements
rebelles me paraissent quelque peu confus et discriminatoire.
En effet, alors qu'il est exigé aux anciens partis politiques accomplissement,
dans un délai de six mois, de certaines formalités énumérées à l'article 34 de
la loi pour se faire connaître, on semble dire pour les seconds (nouveaux
partis politiques et ex-mouvements rebelles) que seule la décision du
Conseil des Ministres du 19, ; septembre 2003 suffit et les dispense de la
démarche susvisée exigée : aux premiers, et il est ordonné au Ministre de
l'Intérieur de leur délivrer un Arrêté d'enregistrement.
C'est comme si l'on voulait faire croire que depuis lors, aucun changement
ne s'est opéré au sein de ces nouveaux partis politiques et des ex-
mouvements rebelles, alors que la presse tant écrite qu'audiovisuelle a fait
état des changements par-ci par-là.
Organisation d’un parti politique : Aspects juridiques 21
CONCLUSION
Mais là où le bas blesse, c'est lorsque cette loi admet le financement des
partis politiques congolais par l'étranger. Cette option est affirmée
formellement par le point 6 de l'exposé des motifs. Et cette option rend
presque sans effet l'interdiction édictée par l'article 24 de recevoir
directement ou indirectement un soutien financier ou matériel provenant
d'un Etat étranger.
Or, on sait qu'aucun Etat au monde ne finance directement un parti politique
étranger, mais passe toujours par l'entremise des individus, personnes
physiques ou morales. (cas des sociétés commerciales comme ELF, par
exemple).
C'est ici, à mon avis, la grande faiblesse de cette loi. Car on sait que la main
qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit et que le donateur ne
peut le faire qu'après le calcul de ses intérêts bien compris et jamais par
philanthropie ou pour les beaux jeux des membres fondateurs du parti ami
bénéficiaire.
Cette bévue - c'en est une en effet pour moi - est d'autant plus regrettable
que l'on est sans ignorer que notre pays est convoité par tout le monde, haï
par certains, et objet d'actions récurrentes de déstabilisation. C'est donc dire
que le risque d'inféodation et d'atteinte à la souveraineté nationale est
presque certain avec le financement étranger des partis politiques congolais.
Le peuple doit ouvrir l'œil et le bon à temps.
Organisation d’un parti politique : Aspects internes 23
INTRODUCTION
Dans leur organisation interne, les difficultés que rencontrent nos partis
politiques sont inhérentes au fait que dirigeants comme membres recourent
à la mémoire collective d’un passé récent : le parti unique. Ainsi, nos partis
politiques ont tendance à reproduire le seul modèle qu’ils connaissent et
dont ils maîtrisent le mode d’emploi : grand rassemblement, démonstration
de masses, mobilisation (pour faire illusion de popularité).
Les structures internes d’un parti politique ont comme boussole les
élections. L’activité du parti doit être en permanence tournée vers la
recherche de l’adhésion du plus grand nombre aux idéaux, aux objectifs et
aux animateurs. Le parti, dans son action de chaque jour, doit chercher à
convaincre l’électeur du bien fondé de son action, qu’il soit au pouvoir ou
non.
26 Gilbert Kiakwama kia Kiziki
Bien entendu, le nouvel élu se heurte à la réalité. Il doit alors aménager son
programme électoral en fonction de celle-ci. C’est ainsi que le programme
électoral devient un programme de gouvernement, rendu public lors du
discours de politique générale.
CONCLUSION
Ceci est important pour qu’à chaque moment de la vie du parti, chaque
membre puisse prendre position sur l’élaboration du programme, sur
l’investiture des candidats, l’aménagement de la doctrine politique, du projet
de société,...
Bref, il faut que nous vivions la démocratie au sein de nos partis avant de
prétendre la proposer à la Nation.
Gestion quotidienne d’un parti politique 29
Ismael Tidjani–Serpos
INTRODUCTION
1.1.1. Le Congrès
Ce Conseil est une émanation de tous les organes du parti installés dans le
département ( les coordinations des circonscriptions électorales, les sections,
les comités des jeunes et les comités des femmes). Il se réunit selon une
certaine périodicité ( deux fois par an par exemple). Il délibère sur toutes les
questions intéressant la promotion, l’organisation et le contrôle des activités
du parti dans le département. Il élit le bureau de la fédération. Il peut y avoir
aussi des fédérations non fondées sur le découpage territorial. Ce sont des
fédérations autonomes, telles que celles des étudiants par exemple.
assurer la cohérence de la gestion des activités du parti. Cet organe qui est
plus proche du terrain que la Fédération qui connaît mieux les réalités et les
ressources humaines disponibles et ce sont ses propositions de candidature
qui sont généralement entérinées.
Il est élu par le congrès sur proposition d’une commission de candidature, dont
la composition est prévue par les statuts ; les candidats proposés par la
commission de candidature doivent recueillir au préalable l’aval des structures
de base d’où ils proviennent. Cette procédure permet d’assurer la cohérence de
l’équipe formant le bureau ainsi que les équilibres nécessaires (régional,
ethnique etc.) Le bureau national assure l’exécution des décisions du congrès
et du conseil national ; il conçoit, dirige et contrôle les activités du parti ; il
vote le budget, et assure son exécution en recettes et dépenses ; il fait tenir une
comptabilité rigoureuse du patrimoine et des ressources du parti selon les
règles du plan comptable national en vigueur.
Il se réunit en session ordinaire selon une périodicité déterminée.
L’ élément du Bureau le plus visible c’est son Président, qui est le chef du
parti ; il dirige et coordonne les activités ; il est chargé de veiller à l’application
des résolutions et des recommandations prises par le congrès, le conseil
national et le bureau national du parti. Il assure la présidence et la direction des
Gestion quotidienne d’un parti politique 33
Le président est assisté d’un secrétaire général qui est le clef de voûte de
l’administration du parti ; ce dernier prépare en liaison avec le président et le
bureau national et sous l’autorité de ces derniers, les assises du congrès, les
sessions du conseil national et les réunions du bureau national. Assisté d’un
secrétariat permanent dont les membres sont des militants nommés et
rémunérés par le bureau national, il rédige les procès-verbaux des différentes
assises nationales du parti et en adresse les ampliations aux structures
concernées. Il est chargé de la conservation des archives du parti au secrétariat
permanent, et de la correspondance du bureau national. Il tient à jour le
registre général des ressources humaines du parti en conformité avec les
données fournies par les fédérations. A cette fin le secrétariat permanent
dispose de matériels informatiques appropriés pour ce type de stockage. Les
cartes de membre sont imprimées par le secrétaire général ; il les signe
conjointement avec le trésorier général ; il en assure la ventilation. Par ailleurs
il fait aux réunions du bureau national le point des tâches en cours et l’état de
leur exécution.
Pour assurer son administration et réaliser son objectif tout parti politique a
besoin de ressources financières qui peuvent provenir de diverses sources.
Ce qu’il faut éviter dans le domaine du financement du parti, c’est que toute
la charge financière ne repose sur les épaules d’une seule personne dont ce
serait alors l’entreprise ou le fonds de commerce. Il faut veiller à ce que les
sources de financement soient transparentes, condition indispensable à une
vie démocratique au sein du parti.
Mabiala Mantuba-Ngoma
INTRODUCTION
Dans les vieilles démocraties, les partis politiques sont des associations qui
fonctionnent comme d’énormes machines nécessitant un personnel permanent
important, de vastes locaux, des frais de fonctionnement élevés que ne peuvent
malheureusement pas couvrir les recettes – souvent modiques – provenant des
cotisations des membres.
3. Que faire pour gérer les ressources disponibles selon les principes de
la bonne gouvernance ?
* Mabiala Mantuba, Professeur Ordinaire à l’Université de Kinshasa, Faculté des Lettres et Sciences
Humaines, Département des Sciences Historiques.
40 Mabiala Mantuba–Ngoma
La première question, pour les législateurs, consiste à savoir s’il faut ou non
subventionner à la fois le fonctionnement quotidien des partis , certaines
activités de ces derniers et les campagnes électorales, en fait à opérer un
choix entre un financement en période électorale pour les aider à faire face
aux frais élevés de la campagne électorale et un financement spécifique ou
régulier des formations politiques.
1
Jacques Robert, Rapport sur le financement des partis politiques, Commission Européenne pour la
Démocratie par le Droit (Commission de Venise), Strasbourg, 4 octobre 2000, pp. 1-10.
Finanacement des partis politiques 41
1
Gesetz über die politischen Parteien (Parteiengesetz) vom 28.Juni 2002 (Loi allemande su rles
partis politiques du 28 juin 2002).
Finanacement des partis politiques 43
Compte tenu de cette situation, les législateurs ont voulu mettre un frein à la
quête perpétuelle d’argent, pour favoriser le principe d’égalité des chances
entre les partis et les candidats dans la compétition politique, en soutenant le
principe d’une source publique de financement, sans pour autant supprimer le
financement privé. L’acceptation par l’Etat, de subventionner partiellement les
partis, avait pour conséquence légitime un certain contrôle aussi du
financement privé pour éviter de compromettre l’égalité des partis. Le
financement public des partis politiques a pour but de leur garantir une certaine
autonomie par rapport aux dons privés. (Lwamba Katansi, 2002 : 36).
Certaines législations vont même jusqu’à encourager les activités lucratives
des partis pour leur permettre d’accentuer leur degré d’indépendance à l’égard
des bailleurs de fonds – publics ou privés – en générant des ressources
financières propres.
Lorsque la législation est violée, des sanctions pénales frappent tous ceux qui
contreviennent aux réglementations. Certaines législations prévoient que la
Cour Constitutionnelle peut même supprimer ou interdire le parti politique
fautif. Dans d’autres cas, le législateur donne à la Commission électorale qui
détecte les violations du Code électoral le droit, voire le devoir, de saisir les
Cours et Tribunaux. D’autres enfin se limitent à de simples sanctions
financières, par exemple, la diminution du montant de la subvention accordée
par l’Etat pour l’année suivante.
46 Mabiala Mantuba–Ngoma
Parmi les revenus des partis politiques, on peut mentionner : les cotisations et
les dons des militants, les indemnités d’élus, les prêts et le lobbying.
3.1.3. Prêts
Les partis peuvent contracter des prêts pour accomplir leurs missions.
3.1.4. Lobbying
Les partis peuvent être financés par des groupes de pression ou lobbies. C’est
le cas des PACs (Political Action Committees) aux Etats-Unis qui collectent
des fonds pour soutenir les candidats aux élections.
Finanacement des partis politiques 47
Nous allons examiner cette liste en la complétant par les ressources réalisées
à l’occasion du recrutement des membres et des les ressources provenant du
marketing politique.
48 Mabiala Mantuba–Ngoma
La tenue régulière des registres à tous les échelons du parti permet de tenir
correctement les statistiques sur les effectifs du parti et les catégories des
membres.
Le montant des cotisations des membres est fixé librement par chaque parti.
Il doit être réaliste c’est-à-dire tenir compte du niveau de vie de la
population pour essayer d’être à la portée de toutes les bourses. Il ne sert
donc à rien de fixer des montants trop élevés qui ne seront jamais versés.
Il est préférable que les cotisations ordinaires aient lieu une fois par an, à
une date précise. Les cotisations extraordinaires ne doivent être que
l’exception et non la règle surtout lorsqu’on se trouve dans un contexte de
pauvreté.
Les partis politiques peuvent recevoir des dons, legs et libéralités provenant
des personnes physiques ou morales nationales. Ces dons et legs doivent
faire l’objet d’une déclaration au Ministère des Affaires Intérieures en
mentionnant leurs provenance, nature et valeur et ne doivent provenir que
des personnes identifiées et ne pas être d’origine délictueuse ( art..23).
Finanacement des partis politiques 49
L’article 24 est pourtant plus restrictif parce qu’il stipule qu’il est interdit,
sous peine de dissolution, de recevoir directement ou indirectement un
soutien financier ou matériel d’une origine étrangère.
Sur le plan pratique, chaque parti doit avoir une politique de financement :
indemnités d’élus du parti, souscriptions des donateurs, etc.
La gestion des ressources d’un parti politique doit obéir à certains principes
éthiques et de management.
Pour bien gérer les ressources d’un parti politique, il faut respecter les cinq
principes éthiques suivants : autonomie, solidarité, subsidiarité, bien
commun et management coopératif.
L’idéal de toute gestion des ressources d’un parti politique est d’aboutir à
l’autonomie financière du parti. Cette autonomie fait en sorte que le parti ne
soit pas clochardisé et ne puisse pas vivre du hasard d’un financement
hypothétique, risquant d’exposer sa hiérarchie à la corruption.
La relation entre le membre et son parti ne doit pas être une relation
éloignée entre le sommet de la pyramide et la base mais une relation de
proximité. Cette relation doit grandir au niveau de la base. celle-ci constitue
le cadre approprié où se crée un climat de confiance entre le parti et ses
membres. Ces derniers ne pourront cotiser régulièrement que s’ils sont
convaincus que la grande partie des fonds reste à la base et ne sert pas
uniquement à entretenir les instances centrales du parti.
Le parti politique ne doit pas être considéré comme un bien sans maître.
C’est une propriété commune de ses membres. Ces derniers ne doivent pas
mobiliser toutes leurs énergies pour vivre aux dépens du parti mais plutôt
tout faire pour procurer au parti les moyens nécessaires à sa politique.
La gestion des ressources du parti doit être soumise aux trois principes
suivants : planification, transparence, responsabilité et contrôle.
Finanacement des partis politiques 53
5.2.1. La planification
Celui qui veut bâtir un tour, dit l’évangile, doit tout d’abord s’asseoir pour
savoir de quels matériaux il aura besoin pour la construction.
Les actions à entreprendre pour mobiliser les recettes ou pour provoquer des
dépenses doivent être planifiées et échelonnées suivant un cadre logique
d’exécution.
5.2.2. La transparence
5.2.3. La responsabilité
Les gestionnaires des ressources sont responsables devant les membres qui
cotisent. Ils doivent toujours être prêts à rendre compte devant la base.
5.2.4. Le contrôle
Un adage allemand dit que la confiance, c’est bien, mais le contrôle, c’est
mieux. Le choix du trésorier et du comptable doit être judicieux et les
leaders du parti doivent faire un rapport annuel d’activités à leur base,
comprenant nécessairement un rapport financier. Le parti doit disposer
d’une commission d’audit interne pour rassurer ses membres de la bonne
gestion des ressources du parti.
CONCLUSION
INTRODUCTION
Tandis que la conquête du pouvoir par la force est une technique qui permet
à une personne ou à un groupe des personnes de s’accaparer du pouvoir par
la force de l’armée ou du peuple.
*
Mpongo Bokako Bautolinga, Professeur à la Faculté de Droit, Université de Kinshasa.
56 Mpongo Bokako Bautolinga
Parler des stratégies de conquête du pouvoir par les partis politiques, nous
oblige de préciser tout d’abord la notion de parti politique avant de décrire
les stratégies proprement dites de conquête du pouvoir.
Les partis politiques sont nés avec la démocratie et sont la condition de son
bon fonctionnement. On peut les définir comme des organisations durables
aussi bien au plan rationnel qu’au plan local qui cherchent à obtenir un
soutien populaire pour accéder au pouvoir et y réaliser leurs projets.
Il faut préciser l’organisation des partis (1.1.1.) et les projets des partis
politiques (1.1.2.).
Les partis de cadre ont été les premiers à apparaître : au parlement se sont
constitués des groupes rassemblant les élus de même tendance et les comités
locaux de soutien aux candidats sont entrés en relation avec des groupes
Stratégies de conquête de pouvoir 57
donnant naissance aux partis. Les partis de cadre sont des partis des
notables. Ils ne comportent pas des militants mais leurs comités locaux
sont électoralement efficaces car les notables influencent les autres électeurs
et se chargent du financement des campagnes.
Les partis de masse sont apparus plus tard avec l’élargissement du droit de
suffrage. Ce sont des partis des militants tels que l’U.D.P.S ou le P.P.R.D.
Comme ils ne pouvaient être financés par des gens fortunés, ils ont multiplié
leurs adhérents. Contrairement aux partis de cadre, leurs structures locales
(sections, cellules) se sont créées avant leur groupe parlementaire.
De nos jours, le déclin des idéologies est tel que les distinctions de
politologues s’en trouvent relativisées. Les partis ont de moins en moins
d’adhérents alors que les campagnes électorales sont de plus en plus
onéreuses. La plupart des pays ont donc adopté des législations imposant le
financement des partis par l’Etat, l’interdiction du financement des partis
par les personnes morales, le plafonnement des dépenses de campagnes
électorales et pour éviter les fraudes, la publication des comptes de
campagnes.
58 Mpongo Bokako Bautolinga
Les partis politiques captent les aspirations diffuses exprimées par la société
et les traduisent en un programme structurel dont le rôle est pédagogique et
informatif. Sans eux l’électeur se bornerait à désigner des représentants
sans connaître leurs orientations ; l’élection ne serait qu’un plébiscite, grâce
à eux, l’électeur choisit une politique en connaissance de cause ; il se
conduit en citoyen.
Les partis rigides sont ceux qui imposent une discipline de vote à leurs
parlementaires tandis que les partis souples sont ceux qui laissent à leurs
parlementaires une certaine liberté de vote.
Après avoir défini les partis politiques, précisé leur rôle dans l’élection et
examiné leur importance dans le fonctionnement des régimes politiques, il
nous faut maintenant dégager les stratégies de conquête du pouvoir
proprement dites par les partis politiques.
Comme nous avons dit plus haut, les partis politiques ne peuvent conquérir
le pouvoir que par l’élection, mode démocratique par excellence de
l’accession des gouvernants au pouvoir.
C’est pourquoi, nous allons d’abord développer ici les différents systèmes
électoraux avant de décrire les différentes stratégies de conquête du pouvoir
par les partis politiques.
La démocratie est basée sur l’élection par les citoyens des représentants qui
vont exercer le pouvoir à leur place. Ces élus ne représentent pas des
électeurs de leur circonscription mais la nation toute entière. Leur mandat
n’est pas impératif mais représentatif. Ce qui constitue la démocratie
représentative.
Le plus inéquitable est le scrutin à un tour : il suffit qu’un parti ait un peu
plus de voix que son concurrent pour avoir beaucoup plus de sièges au
Parlement. On a même mesuré mathématiquement la différence. Elle
s’exprime par la loi (loi du cube) : le rapport de sièges de deux partis est
comme le cube du rapport de leurs voix. Si par exemple l’un a deux fois
plus de voix que l’ autre, il obtiendra huit fois plus de sièges.
C’est pour cela qu’on peut préférer employer une méthode moins équitable :
la proportionnelle approchée. Elle consiste à rester dans le cadre de
circonscription et à répartir le reste soit au plus fort reste soit à la plus forte
moyenne.
64 Mpongo Bokako Bautolinga
La répartition au plus fort reste consiste à attribuer les sièges restants aux
listes qui ont le plus grand nombre de suffrages inemployés. Cela favorise
les petits partis.
Il doit son nom au fait qu’il permettait aux listes qui le désiraient de
s’apparenter et d’être considérées comme une seule liste. C’est une tactique
destinée à défavoriser les gaullistes et les communistes, dont on savait
qu’ils ne s’apparenteraient avec aucun parti. Mais là n’est pas l’essentiel. La
mixité du système tient au fait qu’il faisait jouer alternativement le scrutin
majoritaire et la proportionnelle.
Comme nous l’avions signalé plus haut, les partis politiques sont à vrai dire
des organisations durables agencées du niveau national au niveau local
visant à conquérir et exercer le pouvoir et recherchant à cette fin, le soutien
populaire.
66 Mpongo Bokako Bautolinga
Pour conquérir le pouvoir par la voie des urnes, ils doivent mener une
politique favorable aux intérêts de la population. Ainsi ils doivent élaborer
un projet de société, défendre les intérêts de la population (amélioration
des conditions sociales de la population, amélioration des salaires,
construction des écoles, hôpitaux, etc.). Ce projet de société doit
comprendre en outre une politique progressiste en matière de transports et
communications, de construction des habitations…
Les partis politiques s’ils veulent gagner les élections, doivent se distinguer
par une politique de leur implantation à travers le territoire national.
Nous pensons que si les partis politiques respectaient cette politique, ils
pourraient à coup sûr gagner les élections.
La période pré–électorale est très importante car c’est elle qui prépare
véritablement les élections.
C’est pourquoi, nous pensons qu’ il est indispensable que les partis
politiques se comportent correctement pendant cette période, dite de la
campagne électorale en respectant les règles du jeu.
apprendre à être patients : perdre une bataille n’est pas forcement perdre la
guerre.
CONCLUSION
De tout ce qui précède, nous pouvons soutenir que les stratégies de conquête
du pouvoir par les partis politiques doivent respecter la constitution et la loi
électorale.
Les partis politiques doivent, pour conquérir le pouvoir politique par la voie
électorale, respecter en outre le code d’éthique électorale aussi bien avant ou
pendant la période électorale.
68 Mabiala Mantuba-Ngoma
Mabiala Mantuba-Ngoma *
INTRODUCTION
*
Mabiala Mantuba-Ngoma, Professeur Ordinaire, Université de Kinshasa.
La conduite d’une campagne électorale 69
2. Le candidat
Le candidat qui brigue les suffrages des électeurs prend une décision qui est
fondée sur des raisons connues de lui-même ; il prend cette décision en
l’inscrivant dans sa vie passée et à venir tout en sachant qu’elle doit
répondre aux attentes de ses concitoyens et qu’elle lui posera des exigences.
Le candidat qui veut se lancer dans une campagne électorale doit être sûr de
bien connaître les raisons de sa décision et être capable de les expliquer à
ses électeurs. Ces raisons peuvent être de deux natures : des raisons égoïstes
ou altruistes. Parmi les motifs personnels, il y a la volonté de gouverner
c’est-à-dire de participer aux décisions qui affectent le grand nombre, la
volonté de s’enrichir et la volonté d’être connu. Parmi les motifs altruistes,
il y a désir de servir les autres et de résoudre les problèmes de la
communauté.
70 Mabiala Mantuba-Ngoma
Le candidat qui brigue un mandat est une personne connue qui vit dans un
milieu déterminé, d’une façon déterminée et dont le comportement social est
bien connu de ses voisins du quartier, du village, des membres de sa
paroisse, etc. Si la candidat a une vie familiale désordonnée, s’il est connu
comme étant une personne malhonnête, sans morale et conflictuelle par ses
collègues de service, tous ces éléments négatifs risquent d’avoir un impact
sérieux sur le résultat de la campagne électorale.
La façon dont vous menez votre campagne sera l’étalon auquel vous serez
jugé si vous êtes élu. Si le candidat, durant la campagne, présente une
image optimiste et positive, l’électorat se fera de lui aussi une image
positive. Si au contraire, le candidat est hypercritique, si tout son discours
n’est qu’une critique permanente de la vie privée de ses adversaires, alors on
le jugera très mal également (Guber 1992: 111). Le candidat doit donc éviter
de passer son temps à ruiner l’adversaire, à le réduire à néant, à le
déconsidérer, le dégrader, lui faire perdre la face. Il doit éviter de
s’embarquer dans des querelles de personnes, faire preuve de prudence car
et lui et son adversaire sont des citoyens d’un même pays et peuvent plus
tard collaborer en vue d’une action commune.
Toute campagne électorale doit se fixer des objectifs précis, établir un plan
de campagne, avoir une direction et des permanences et mobiliser les
moyens nécessaires pour atteindre les objectifs fixés.
En fait, il s’agit, pour le candidat, de créer une base qui soit la plus large
possible, de se faire connaître auprès d’un nombre important de personnes
qui le soutiendront le moment venu. Il est important que le candidat fasse
parfois partie des délégations qui vont défendre les intérêts de la
communauté auprès de l’autorité locale en cas d’inondation, d’insécurité ou
tout autre problème brûlant touchant l’intérêt général.
Toute campagne se fixe toujours des objectifs selon qu’on est ancien ou
nouveau candidat. S’il est ancien candidat sollicitant une réélection, la
campagne a alors trois objectifs :
S’il s’agit d’un nouveau candidat, les deux objectifs de campagne sont :
C’est grâce aux ressources financières qu’on peut mobiliser les moyens
logistiques et les moyens de publicité. Les fonds doivent être levés à temps.
Il faut trouver des sponsors et surtout avoir beaucoup de chance pour
trouver un bon trésorier. Le fait d’avoir des donateurs pour soutenir votre
campagne est déjà un signe de succès électoral.
Il faut noter cependant que ce n’est pas l’argent qui fait gagner la sympathie
et les voix des électeurs
La musique, les belles filles, les fanfares, tout cela n’est pas l’essentiel de la
campagne mais c’est de cette façon qu’on ouvre les campagnes aujourd’hui.
4. La méthode de campagne
Il faut noter que la figure d’une personne est plus importante qu’un
programme. Le sourire aimable ou le charme d’un politicien peut être d’une
plus grande importance que l’intelligence. Il est donc utile qu’un candidat
sache gagner des sympathies à l’occasion des compétitions sportives, des
fêtes populaires, etc.
Au style de campagne appartient aussi la promesse qui ne sera peut-être pas
tenue (Baumann 1979 : 133).
Un bon discours doit être bref et simple. Il ne doit pas être trop maniéré et
trop sophistiqué ; il ne doit pas tourner en rond ; il ne doit pas être vide. Il ne
doit pas non plus être un langage technocratique ou contenir des formules
creuses. Le discours doit être clair de telle façon qu’il soit entendu, compris
et apprécié et ainsi provoquer l’adhésion de l’électorat.
Le discours doit être fait dans la langue locale avec le code rhétorique des
membres de la circonscription. Il doit maximiser les moyens de
communication « full contact » pour atteindre une participation optimale :
utiliser des proverbes, des anecdotes, des chansons pour créer l’adhésion de
la masse. Le discours doit captiver la foule et varier selon le public en
présence.
78 Mabiala Mantuba-Ngoma
Pour arrêter les thèmes principaux de la campagne, il faut faire des sondages
en vue d’établir un diagnostic socio-politique. Un tel diagnostic a pour
principe de déceler les vrais problèmes des électeurs et de les sérier selon
l’ordre des priorités. Il ne s’agit pas, pour le candidat, de rechercher des
thèmes démagogiques visant à satisfaire telle ou telle personne mais de
permettre aux candidats, sans contradiction avec leur idéal politique, de
prendre connaissance des aspirations profondes de leur électorat.
Les actions sur terrain concernent non seulement les discours à tenir mais aussi
toutes les opérations de marketing en vue d’assurer l’adhésion de plus de
suffrages possibles. Il s’agit non seulement des actions des propagandistes
mais aussi des contacts personnels du candidat avec les électeurs.
Le candidat, au cours de cette étape, doit soigner son image de marque. Il doit
soigner son emballage, sa forme, son look. Il doit se présenter au public de
telle manière que les gens parlent beaucoup de lui après son passage ; qu’ils
parlent de lui le plus souvent possible et en bien de préférence. Sa personnalité
doit inspirer confiance.
La conduite d’une campagne électorale 79
Il faut savoir que le pouvoir, comme l’a dit Henry Kissinger, est comme un
aphrodisiaque, si vous le gagnez, il vous affole ; si vous le perdez, il vous
laisse meurtri.
CONCLUSION
Le candidat qui veut mener une campagne électorale doit disposer d’un
programme électoral qu’il défendra auprès du corps électoral en vue de gagner
les élections. Un bon programme électoral doit nécessairement tenir compte du
contexte de la circonscription électorale en abordant les grandes questions de
l’électorat. Il doit être solide, réaliste, cohérent, concret et précis. Il ne doit pas
seulement se limiter à diagnostiquer les problèmes mais il doit aussi indiquer
les moyens de sa politique, les voies de solution possibles aux problèmes
soulevés.
L’élaboration du budget électoral doit être fondée sur des données réalistes, en
tenant compte des contingences locales.
80 Mabiala Mantuba-Ngoma
BIBLIOGRAPHIE
INTRODUCTION
Abbé José Mpundu, Licencié en Pschologie Clinique, Prêtre de l’Archidiocèse de Kinshasa.
82 Abbé José Mpundu
De toutes les définitions qui existent sur l’éthique, je retiens celle proposée
par Robert Misrahi dans son livre intitulé « La signification de l’éthique »
(1995). Il définit l’éthique comme « l’ensemble des principes purement
humains qui devraient permettre au plus grand nombre d’accéder à une
existence pleinement satisfaisante et pleinement significative, c’est-à-dire à
une réalisation heureuse de la personnalité ».
Pour ma part, une conduite humaine est bonne lorsqu’elle se conforme aux
valeurs morales normatives suivantes : l’amour, la vérité, le respect de la vie
et de l’homme, la justice et la paix. Parmi ces valeurs précitées, je considère
que l’amour demeure la norme fondamentale qui renferme toutes les autres.
En effet, celui qui aime l’autre comme il s’aime lui-même, ne pourra que
rechercher ce qui est bien pour lui et pour les autres, ce qui contribue à son
bonheur et au bonheur des autres.
L’éthique politique est l’ensemble des valeurs morales qui règlent la gestion
de la cité, de la société. Pour moi, une société qui se veut démocratique doit
se conformer aux valeurs de participation, d’égalité, de liberté et de justice.
Ces valeurs humanistes sont profondément enracinées dans la tradition
biblique et chrétienne.
La parabole des talents (Mt 25, 14-30) que Jésus raconte à ces disciples
illustre parfaitement bien cette double notion de participation et de
responsabilité. Les ouvriers qui ont reçu de leur maître des talents sont tenus
à rendre compte de ce qu’ils en ont fait. Et effectivement, chacun d’eux est
venu faire son rapport au maître dès son retour. Nous connaissons le sort qui
fut réservé à l’ouvrier qui n’a pas osé prendre des risques et qui a cru bien
faire en cachant le talent reçu. En ce qui nous concerne, nous devons nous
attendre à la question suivante de la part de Dieu : « Je vous ai donné une
terre, un pays. Je vous ai donné une vie. Qu’en avez-vous fait ? »
Cette égalité a pour corollaire le respect de l’être humain dans l’absolu. En,
effet, l’être humain doit être respecté non pour ce qu’il a, ni pour ce qu’il
fait, mais pour ce qu’il est. Tout être humain, quel qu’il soit, a droit au
respect. Cette valeur, le Christ l’a vécu jusqu’à la croix. Du haut de la croix,
il a manifesté son respect pour les ennemis, en priant pour eux et en
demandant au Père de les pardonner.
86 Abbé José Mpundu
La liberté est cette valeur qui nous permet de vivre et de mettre en pratique
la valeur suprême de l’amour. En effet, la liberté chrétienne est orientée vers
l’amour, vers le bien à réaliser dans notre vie ici sur terre. Jésus-Christ fut
cet homme libre qui ne s’est laissé entraver par rien ni par personne pour
faire le bien durant toute sa vie terrestre. Nous sommes libres pour aimer.
Saint Paul le rappelle dans sa lettre aux Galates : « Vous en effet, mes frères,
vous avez été appelés à la liberté ; seulement, que cette liberté ne se tourne
pas en prétexte pour la chair ; mais par la charité, mettez-vous au service
les uns des autres. Car une seule formule contient toute la loi en plénitude :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Ga 5, 13-14).
Enfin, la justice est l’exigence principale de l’alliance avec Dieu. Tous les
prophètes ont répété cela : ce que Dieu attend de son peuple, c’est la
pratique de la justice et le culte extérieur, hypocrite. Une justice distributive
certes qui s’exerce dans la répartition des biens de la terre, mais bien plus
encore, une justice miséricorde qui donne à tout homme pécheur la chance
de vivre et de faire le bien. Nous trouvons une illustration parfaite de cette
justice miséricorde de Dieu dans le récit de la femme adultère (Jn 8, 1-11).
Cette justice est la seule capable de nous donner la vraie paix, la paix
durable dont nous avons besoin.
Telles sont les valeurs qui s’appliquent à la vie politique et qui devraient en
réalité régir le comportement des hommes politiques et de tout le peuple.
Ethique et Leadership Politique 87
A ce sujet, je vous propose deux textes qui font réfléchir sur le profil des
leaders politiques dont nous avons besoin. Le premier est tiré de la Bible, au
livre de l’Exode (Ex. 18, 19-23). Il s’agit du conseil que Jethro donne à son
beau-fils Moïse qui se comportait en autocrate avéré. « Maintenant écoute le
conseil que je vais te donner pour que Dieu soit avec toi. Tiens-toi à la
place du peuple devant Dieu, et introduis toi-même leurs causes auprès de
Dieu. Instruis-les des décrets et des lois, fais-leur connaître la voie à suivre
et la conduite à tenir. Mais choisis-toi parmi tout le peuple des hommes
capables, craignant Dieu, sûrs, incorruptibles, et établis-les sur eux comme
chefs de milliers, chefs de centaines, chefs de cinquantaines et chefs de
dizaines. Ils jugeront le peuple en tout temps. Toute affaire importante, ils te
la déféreront et toute affaire mineure, ils la jugeront eux-mêmes. Allège
ainsi ta charge et qu’ils la portent avec toi. Si tu fais cela et que Dieu te
l’ordonne tu pourras tenir et tout ce peuple, de son côté, pourra rentrer en
paix chez lui ».
Les critères de choix des dirigeants ou leaders politique que nous retrouvons
dans ce texte constituent aussi le profil de ces leaders. Il s’agit d’abord
d’hommes capables c’est-à-dire intelligents et compétents. Il ne s’agit donc
pas seulement des hommes qui ont des diplômes universitaires mais des
hommes qui ont la science et la conscience, la connaissance et la
compétence.
Enfin des hommes sûrs et incorruptibles, c’est-à-dire des hommes qui sont
vrais sur qui on peut compter ; des hommes qui ont le sens de la parole
d’honneur et qui respectent leur signature ; des hommes qui ne se laissent
pas corrompre et qui ne corrompent pas les autres pour obtenir leur
adhésion ; des hommes qui ne sont pas constamment à la recherche de
l’argent des autres (c’est-à-dire des mendiants) au nom de la solidarité
internationale.
Toutefois, il importe de dire que ces leaders dont nous venons de tracer le
profil et qui peuvent contribuer à la reconstruction de notre pays doivent
venir de nos familles, de nos écoles, de nos églises, de nos associations de la
société civile et de nos partis politiques. Tous ces milieux sociaux doivent
devenir des écoles de formation d’un leadership politique nouveau, de
grande valeur morale qui se conforme à l’éthique politique
CONCLUSION
RAPPORT GENERAL
Noël Obotela Rashidi*
De plus, le(s) créateur(s) d’un parti est (sont) incapable(s) de produire les
textes fondateurs du parti (statuts, projet de société, manifeste, programme,
etc). En outre, il(s) accorde(ent) peu d’importance aux mécanismes et aux
stratégies de fonctionnement du jeu politique dans un environnement
démocratique, d’où leur incapacité notoire pour organiser le marketing
politique et réussir la campagne électorale.
*
Obotela Rashidi Noël, Professeur Ordinateur, Université de Kinshasa.
92 Noël Obotela Rashidi
De la séance d’ouverture
Trois allocutions ont marqué la séance d’ouverture. Dans son mot, Monsieur
le Professeur TSHUNGU Bamesa, Président de l’IDLP, a invité les
animatrices et les animateurs de l’espace politique congolais à être des
« vrais constructeurs d’une société où la pratique politique reste un service à
rendre à la Communauté, à bannir l’idée selon laquelle la politique est,
d’une part, l’art du mensonge et, d’autre part, la voie de l’enrichissement
rapide et personnel ». Il a encore insisté sur la volonté d’apprentissage et
d’humilité. Succédant au Président, Monsieur Ingo BADORECK,
Représentant Résident de la Fondation Konrad Adenauer, a expliqué le sens
et le rôle d’un parti politique. Il a recommandé aux participants de profiter
de cette session pour renforcer leurs capacités d’organisateurs et de
gestionnaires. Pour terminer, Madame Annette KNOBLOCH, Premier
Secrétaire d’Ambassade de la République fédérale d’Allemagne,
représentant Madame l’Ambassadeur, empêchée, a ouvert la session de
formation après avoir félicité l’organisation de cette activité, car un parti
politique constitue un pilier de la démocratie et dont les acteurs ont un rôle
important à jouer dans le processus démocratique.
Rapport Général 93
Après cette phase introductive, les participants ont suivi avec intérêt sept
exposés répartis en cinq modules. Monsieur KIAKWAMA-kia-Kiziki a
planché sur les aspects internes de l’organisation au sein d’un parti
politique. Il a d’emblée relevé l’absence de démocratie au sein des partis
politiques. Il s’est ensuite appesanti sur les caractéristiques et les fonctions
d’une formation moderne. Il a conclu en insistant sur la démarcation qui
existe entre l’Etat et la Société Civile, et sur la nécessité de la transparence,
94 Noël Obotela Rashidi
Pour corriger cet état des choses, il y a deux axes à exploiter. Le premier
porte sur la manière de pénétrer la masse par le recrutement. Il faut tenir
compte de critères tels la proximité, la densité de la population, les
considérations politiques (ex. : impopularité d’une composante
belligérante), la technique d’implantation (connaître le milieu et les
hommes, identifier les meneurs). Comme un des outils de recrutement, il a
cité le dépliant. Le deuxième axe est lié à la formation. Celle–ci se déroule à
partir des cellules et par modules successifs. Il a fait une distinction entre
adhérent et membre.
Rapport Général 95
quotidienne d’un parti politique. Les opérateurs politiques doivent être des
professionnels, non des amateurs. Son exposé a été largement illustré
d’exemples tirés de son expérience politique au Bénin.
Pour conquérir le pouvoir par la voie des urnes, des préalables comme
l’existence de l’Administration Publique et d’un pouvoir judiciaire méritent
d’être pris en compte. Il faut une administration efficace et une justice
indépendante. Ceci éviterait une violence pendant les élections. La loi
électorale doit spécifier que toute formation à la base des troubles est à
interdire ou à radier. Cette même loi aurait intérêt à stipuler clairement que
le territoire de la République est ouvert à tous les partis politiques. Pour
prévenir des débordements éventuels durant les manifestations du parti
(marches, meetings, etc.), il y a lieu de les encadrer.
La loi constitue le cadre de référence pour créer un parti. Il faut éviter que
des partis politiques se créent en marge de la loi. L’informel est risquant et
ne rassure pas.
Les divers attitudes ou actes observés ou décriés dans le chef des opérateurs
politiques peuvent être nivelés à travers des comportements éthiques
appropriés ou conformes. Ce qui peut assurer la consolidation du leadership
politique. Un leader doit être tolérant, mais intraitable quant il s’agit de
défendre l’intérêt général. Par rapport à l’histoire récente de notre pays, il y
a lieu de rappeler que les armes n’ont jamais rien changé, mais elles ont
toujours contribué à détruire la vie. Aucune guerre n’est juste.
Quant à la tenue des élections, il ne faut pas tabler sur la volonté politique
des dirigeants au pouvoir. Ils ne le feront pas promptement. Il y a lieu plutôt
de compter sur une pression de mobilisation populaire et avec l’argent du
peuple. L’essentiel ne constitue pas à choisir celui qui aime le pouvoir, mais
le leader qui fait le pouvoir au service de la communauté. L’homme à
choisir n’est pas difficile à trouver car il se trouve juste à côté de vous, dans
votre quartier.
RECOMMANDATIONS
Les critères spécifiques ont été définis par échelon. Ainsi, au niveau local, le
candidat doit :
1. être résident ;
2. y avoir résidé au moins une année ;
3. maîtriser la langue et la culture du milieu ;
4. avoir fait au moins 4 ans post-primaires ;
5. être âgé de 30 ans au moins.
Après avoir tracé le profil des candidats aux différents échelons, il a été
recommandé au candidat :
- avoir une connaissance pluridisciplinaire.
Rapport Général 105
7. Les différents modes de scrutin ont été examinés. Il s’en est dégagé des
considérations transformées en recommandations. Ainsi, par rapport
aux divers modes, il a été demandé de :
a) Consacrer les élections comme seul mode d’accession au pouvoir ;
b) Ne pas reconnaître tout gouvernement issu des coups d’Etat
militaires de toute autre forme alliant la violence ou la lutte armée ;
c) Ne pas mettre en place des mécanismes pour sa propre reconduction ;
d) Se conformer au verdict pour garantir la crédibilité du scrutin ;
e) Empêcher les pratiques anti-démocratiques (éthnicisation électorale
la fraude, le trucage) ;
f) Favoriser l’émergence d’un marché électoral libre et sans monopole ;
g) Interdire le vote communautaire, religieux et des confréries au profit
d’un vote d’opinion ;
h) Vulgariser à la base les modes de scrutin afin d’apprendre aux
adhérents des partis politiques à tirer profit de la concurrence
politique ;
i) Promouvoir l’instructuration d’un contrôle juridique compétent et
indépendant afin de garantir le respect de la transparence électorale ;
j) Exiger l’institution des commissions de contrôle à tous les échelons
et la présence systématique des scrutateurs représentant les candidats
dans les bureaux de vote ;
k) Poursuivre les débats internes au sein de chaque parti politique sur
les différents systèmes électoraux.
11. Concernant les stratégies d’intégration des femmes dans les partis
politiques, il y a lieu de :
créer une branche spécialisée pour l’intégration des femmes ;
a) désenclaver les femmes de leurs obligations naturelles afin de les
aider à émerger ;
b) stimuler en elles l’intérêt de la pratique politique ;
c) récupérer les revendications légitimes des femmes par les partis
politiques (conditions d’accouchement, lutte contre le mariage
précoce, lutte contre les pratiques barbares comme l’excision, lutte
contre les préjugés misogynes) ;
d) opérer une discrimination positive ;
e) disposer d’un projet de société concernant le volet femme ;
f) organiser des programmes incitatifs à la pratique politique ;
g) pratiquer une politique de proximité par les partis vers les
associations féminines ;
h) avoir un traitement égalitaire au sein des partis politiques ;
i) promouvoir l’idée d’existence d’égalité d’aptitude entre les hommes
et les femmes.
12. Sur le plan des stratégies d’implantations des partis politiques, il a été
préconisé :
Au niveau national, de :
a) mettre sur pied un message du parti ;
b) sensibiliser les proches (proximité) et par les médias ;
c) constituer le bureau national en tenant compte de l’équilibre
géopolitique ;
Au niveau provincial, de :
a) Cibler les fiels en fonction des charismes des membres du bureau
national ;
b) Déléguer les membres du bureau vers les provinces ;
c) Choisir localement quelqu’un en tenant compte de sa notoriété pour
implanter le parti ;
Au niveau local, de :
a) User de la technique de proximité (porte à porte, voisin, amis, frères,
sœurs, etc) ;
b) Procéder par des meetings ;
c) Initier des rassemblements, des réunions avec les groupes cibles
(femmes, jeunes, ONG).
13. A propos du rôle de la jeunesse dans les partis politiques, les constats
suivants ont été faits :
a) Les jeunes = majoritaires au sein de la société ;
b) Jeunesse = victime de l’impréparation et de manque d’encadre-
ment ;
c) La jeunesse manque de repère ou de référence ;
d) Les jeunes = désoeuvrés
e) Les jeunes = ignorants
110 Noël Obotela Rashidi