Modélisation Numérique Du Flambage Des Plaques Minces Et Applications Au Laminage
Modélisation Numérique Du Flambage Des Plaques Minces Et Applications Au Laminage
Modélisation Numérique Du Flambage Des Plaques Minces Et Applications Au Laminage
a. Ecole des Mines de Paris-ParisTech-CEMEF (UMR CNRS 7635), BP-207 -1, rue Claude Daunesse 06904
Sophia-Antipolis-Cedex-France.
b. LPMM (UMR CNRS 7554) - ISGMP - Université de Paul Verlaine-Metz, Ile de Saulcy 57045 Metz –Cedex -
France.
c. ArcelorMittal Research Maizières, R&D Industrial Operations - BP 30320 - Voie Romaine 57283 Maizières
Les Metz -Cedex- France.
Résumé :
Dans certains procédés de mise en forme, tel que le laminage, l’apparition des contraintes résiduelles est
inévitable et peut engendrer le flambage qui se traduit en défauts géométriques. Ceci exige la modélisation de
ce phénomène d’instabilité mécanique afin de bien définir la forme et l’amplitude de ces défauts. Cela nécessite
un modèle complet ayant des capacités pour le calcul du post-flambage. Dans le présent article, on présente un
modèle de flambage possédant la faculté de détecter la charge critique du flambage et la forme post-flambée
d’une plaque sous contraintes résiduelles. Des applications à des cas académiques et un cas de laminage
seront aussi traités.
Abstract :
In some material forming processes, as in strip rolling, residual stresses inevitably appear and may result in
buckling which generates geometric defects. This requires predicting this mechanical instability phenomenon in
order to define defect geometry and amplitude. For that reason, a complete buckling model with a post-buckling
capability is recommended. In this paper, we present a residual stress buckling plate model which has a critical
load and post-buckling computing capability. Several academic applications and a rolling case are treated.
1 Introduction
Dans une structure, la répartition des champs de contraintes résiduelles peut être plus ou moins variable et
capable de causer le flambage quand ces contraintes dépassent un certain niveau critique. Les origines de ces
contraintes résiduelles sont très variées et on peut citer :
- Les origines thermiques où un matériau est soumis à des variations de température sans avoir la
possibilité de se dilater.
- Les origines mécaniques quand un matériau subit une déformation plastique hétérogène.
Dans la plupart des procédés de mise en forme, notamment en laminage des tôles minces, le flambage est
incontrôlable et peut avoir des effets néfastes sur la structure. De ce fait, ce phénomène doit être analysé assez
profondément afin de comprendre ses causes, pouvoir le modéliser et essayer de l’éviter.
En laminage, lors de l’écrasement de la tôle dans l’emprise, les cylindres de travail subissent une déformation
élastique qui est généralement inévitable. Ainsi, la déformation plastique de la tôle à cet endroit n’est pas
homogène sur toute la largeur de la table, ce qui engendre l’apparition des contraintes résiduelles d’origine
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mécanique. En conséquence, le flambage peut avoir lieu, donnant naissance à des ondulations de formes
diverses que l’on nomme dans ce contexte « défauts de planéité ». Par ailleurs, un modèle éléments finis 3D
basé sur la Méthode Asymptotique Numérique (MAN) et une formulation de coque [1] à été développé. Ce
modèle doté d’une capacité pour simuler le flambage des coques, nous a permis de modéliser les défauts de
planéité en laminage. D’autre part, il est particulièrement difficile de trouver dans la littérature des études de
post-flambement et les auteurs [2]-[6] se limitent à des calculs de flambage linéaire, c'est-à-dire uniquement à la
recherche des modes propres de flambage. Cette carence permettra d’avoir uniquement une idée sur la forme
des défauts en laminage et non de les quantifier (en UI par exemple) ou d’observer le comportement de la
structure après le flambage sous contraintes résiduelles ; particulièrement dans certains cas où on a observé
qu’une tôle peut se transformer d’un mode à un autre au cours du post-flambage.
Dans le présent article, on montrera des applications de flambage de plaques métalliques sous contraintes
résiduelles à l’aide d’un modèle ayant des capacités à faire des calculs de post-flambage, en passant par des cas
académiques simples à un cas d’application au laminage.
δφHW = ò
v
{ δS : êéë(γ
t
u + γ%) - D-1 : S úùû + t S : [δγu + δγ%]} dv - λPe (δu ) (1)
où D est le tenseur des constantes élastiques, S est le second tenseur de contraintes de Piola-Kirchoff, γu est la
déformation compatible de Green-Lagrange obtenue à partir du champ de déplacement u qui est composé d’une
partie linéaire et d’une partie quadratique : γu = γl (u) + γnl (u,u). g% est la déformation additionnelle indépendante
du déplacement, qui est choisie orthogonale au champ des contraintes, permettant d’éviter le phénomène de
verrouillage. Pe(du) est le travail virtuel des efforts extérieurs et λ est un paramètre de chargement. Ce dernier
atteint une valeur critique λc quand le flambage a lieu.
L’équation (1) peut s’écrire sous forme d’un résidu R comme suit :
où L(.) et Q(.,.) sont respectivement un opérateur linéaire et quadratique, F est le vecteur des efforts extérieurs.
n n
U (a ) = U 0 + åi =1
a iU i ; l ( a) = l0 + åa l
i =1
i
i
(3)
a = u - u0 , u1 + ( l - l0 ) l1
L0t (U1 ) = l1 F
(4)
u1 , u1 + l12 = 1
ordre p ( 1 < p £ n ) :
2
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p -1
L0t (U p ) = l p F - å Q (U r ,U p -r )
r =1 (5)
u p , u1 + l p l1 = 0
Lt (DU ) = Dm f (6)
où Lt(.) = L(.)+2Q(U,.) est l’opérateur tangent défini au point d’équilibre considéré (U,λ).
Pour résoudre ce problème, on se donne une condition supplémentaire définie comme suit :
L0t ( DU - DU 0 ) , DU 0 = 0 (7)
où L0t est l’opérateur tangent au point de départ (U0,λ0) et ∆U0 est solution de L0t ( DU 0 ) = f .
L’indicateur de bifurcation ∆μ peut être alors calculé à partir de (6) et (7):
DU 0 , f
Dm = (8)
L-t 1 ( f ), f
N N
DU ( a) - DU 0 = å
i =1
ai DU i ; Dm (a ) - Dm 0 = å a Dm
i =1
i
i (9)
L0t ( DU 0 ) = Dm 0 . f (10)
L0t ( DU p ) = Dm p f - 2 å Q (U , DU
j =1
j p- j ) (11)
3
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DU p , f = 0 (12)
Les vecteurs Ui et l’opérateur tangent L0t sont ceux déterminés pour le calcul de la branche d’équilibre. Nous
n’inversons pas de matrice supplémentaire dans cette procédure. Seuls des seconds membres sont calculés.
3 Applications
Le calcul de flambage par le modèle qu’on présente est réalisé en quatre étapes. Dans une première étape on
applique à la tôle la contrainte de traction, ce qui nous permet d’approcher des conditions réelles de laminage et
qui donne à la tôle une certaine rigidité au flambage. Ensuite, les champs de contraintes résiduelles sont
introduits en tant que chargement. A ce stade, le modèle de flambage donne à la fois la charge critique et le
mode correspondant. Dans une troisième étape, le modèle effectue un calcul en non linéarité géométrique. En
effet, le mode de flambage est introduit comme un défaut dans la géométrie initiale de la structure et un suivi de
courbe nous permet de connaître l’état post-flambé de la bande. Enfin, on peut avoir l’état de la tôle après le
déchargement de la traction appliquée à la première étape. Les deux dernières étapes constituent une des
particularités de ce modèle par rapport à ceux existants dans la littérature. Ainsi, il permet un calcul de post
flambement connaissant la forme et l’amplitude des défauts de planéité en laminage qui pourront s’exprimer en
UI.
5,0
4,5
4,0
3,5
3,0
l[ ]
2,5
2,0
1,5
1,0
0,5
0,0
0,00 0,02 0,04 0,06 0,08 0,10 0,12 0,14
(a) (b) Déplacement vertical uz (mm)
FIG 1 – (a) : Etat post-flambé d’une plaque en appuis simples sur les quatre bords, soumise à une contrainte
résiduelle homogène σxx. (b) : Evolution du paramètre du chargement λ au cours du flambage.
qu’a priori le mode de flambage est en bords longs (ou bords ondulés). En revanche, dans le modèle qu’on
présente, aucune de ces conditions supplémentaire n’est imposée afin d’obtenir ce type de résultats. Toutefois,
dans le but de faire une comparaison avec les travaux de [4], on adoptera les mêmes conditions : une fixation du
centre de la plaque ayant les bords libres et les deux extrémités en appuis simples. Les figures 2-b et c montrent
que les résultats sont quasi identiques sauf que notre modèle est capable de fournir la forme post-flambé avec les
amplitudes des défauts qui sont de l’ordre de 2mm.
400
200 (c)
sxx (MPa)
-200 æ ph ö
2
E é æ 2y ö ù
r
s xx ( y) = b ç ÷ ´ 2 ê
-1 + a ç ÷ ú
è b ø 12 (1 - u ) ëê è b ø ûú (b)
-400 b = 22
a = 2.4
-600 r=4
-40 -20 0 20 40
FIG 2 – Comparaison entre les résultats obtenus par [4] (a) et ceux qui sont obtenus par le présent modèle de
flambage (b) pour les conditions citées dans le paragraphe 3.2.
4 Conclusion
Dans cet article on a présenté un modèle de flambage sous contraintes résiduelles basé sur la méthode
asymptotique numérique. Ce modèle a été utilisé dans le but de combler l’incapacité à simuler le flambage sous
contraintes résiduelles (d’où les défauts de planéité) à l’aide de Lam3/Tec3, qui est un modèle éléments finis 3D
dédié pour la modélisation du laminage. Les contraintes résiduelles sont alors extraites d’un calcul préalable de
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laminage par Lam3/Tec3 sans tenir compte du flambage. Ce dernier est ensuite calculé par le modèle considéré
auquel nous lui transférons les contraintes résiduelles.
Pour simuler un cas avec une configuration proche des conditions de laminage, quatre étapes ont été adoptées :
mise sous tension, recherche de modes, post-flambage et relâchement de la traction qui permet d’avoir une idée
sur l’état d’une tôle laminée après le découpage. Les résultats obtenus sont satisfaisants et montrent des défauts
de planéité qui sont rencontrés sur les lignes de laminage.
0 0
200
400
200 500
1000 -200
0 0 1500
500 2000 -400
1000 -200 2500 -600
1500 3000
2000 -400 3500 -800
2500 -600
3000
3500 -800
FIG 3 - Défauts de planéité quand la tôle est sous traction (a) et après sont relâchement (b).
References
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Second edition, 1961.
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