Accession de La CI À L'indépendance-2

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CHAPITRE II : DE LA DECOLONISATION AUX EFFORTS DE RECONSTRUCTION DE L’AFRIQUE

LEÇON 2 : L’ACCESSION A L’INDEPENDANCE DE LA CÔTE D’IVOIRE

INTRODUCTION

S’inscrivant dans le cadre général de la décolonisation de l’Afrique noire, la Côte


d’Ivoire, colonie française depuis le décret du mercredi 10 mars 1893, accède à
l’indépendance le dimanche 07 août 1960. Celle-ci est le fruit des reformes progressives.

Quels sont les facteurs déclencheurs et les principales étapes de la marche vers
l’indépendance ?

Pour répondre à cette interrogation majeure, nous présenterons d’une part

 Les facteurs et d’autre part


 Les principales étapes de cette décolonisation.

I- LES FACTEURS DE LA DECOLONISATION

A- LES FACTEURS INTERNES


1- Les abus du système colonial

-Travail forcé, corvée, brimades, vexations, brutalité et tortures…

-Paiement forcé de taxes (impôt de capitation…)

-Racisme et injustices entre planteurs indigènes et européens (le prix du « cacao


africain » est acheté à 2.60F contre 4.60 pour le « cacao européen »

-Discrimination dans le « code de l’indigénat »

2- Le rôle des élites ivoiriennes


Le meneur de cette lutte émancipatrice est Félix Houphouët-Boigny né le 18
octobre 1905. Il fut successivement instituteur, riche planteur, médecin auxiliaire, député
à l’assemblée constituante française et ministre dans plusieurs gouvernements français.
De concert avec ses compagnons (Joseph Anoma, Auguste Denise…) ils contribuent à
l’amélioration des conditions de vie des populations (suppression du travail forcé, lutte
pour une meilleure rémunération des produits agricoles etc.…).
Grâce à leur lutte, ils conduisent la Côte d’Ivoire à l’indépendance.

B- LES FACTEURS EXTERNES OU UN CONTEXTE INTERNATIONAL FAVORABLE


 L’impact de la deuxième guerre mondiale
 L’anticolonialisme des deux grands (USA, URSS)
 L’action de l’ONU
 L’action des religions
 La conférence de Bandung

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II- LES ETAPES DE LA DECOLONISATION

Elles se présentent en trois grandes étapes à savoir : la période de l’espoir (1944-


1947), la période de la lutte (1947-1950) et la période de la collaboration à l’indépendance
(1950-1960)

A- LA PÉRIODE DE L’ESPOIR (1944-1947)


1- La conférence de Brazzaville (30 janvier- 08 février 1944)
a- Le contexte de la conférence

Elle est convoquée par le Comité Français de Libération Nationale (CFLN) crée en
1943 à Alger et dirigé par le général de Gaulle et René Pleven (commissaire aux colonies).

Les participants à cette conférence étaient : les gouverneurs et administrateurs


des colonies. C’est une rencontre exploratoire à caractère unilatéral, c’est la raison pour
laquelle aucun africain n’a été invité. Cette conférence s’inscrit dans un contexte
d’affaiblissement de la France pendant la deuxième guerre mondiale.

b- Les objectifs
 Assouplir le système colonial
 réaffirmer l’autorité de la France et
 encourager l’effort de guerre des Africains
c- Les recommandations : elles sont de deux ordres
 Au plan économique et social
 Industrialisation progressive des colonies
 Développement de l’agriculture
 Mise en place d’un régime douanier plus libéral et plus souple
 Suppression progressive du code de l’indigénat
 Révision progressive du régime des prestations du travail forcé
 L’ouverture des emplois aux indigènes qui à compétence égale
percevront désormais les mêmes rémunérations que les européens
 Le développement de l’enseignement des filles et des garçons
 La création des syndicats professionnels et d’inspections du travail
 L’amélioration du service d’assistance médicale
 Au plan politique
 La représentation des colonies dans la future assemblée constituante
française.
 Liberté d’association (possibilité de création de syndicats et de partis
politiques)

d- Les conséquences

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 La création du Syndicat Agricole Africain (SAA)
En 1943, André Latrille gaulliste devient gouverneur de la Côte d’Ivoire. Après
avoir favorisé les plantations ivoiriennes, il permet et encourage dans l’esprit de
Brazzaville la constitution d’un syndicat des planteurs de Côte d’ivoire. En effet, les
grands propriétaires terriens : Gabriel Dadié, Fulgence Brou, George Kassi, Joseph
Anoma, Djibril Diaby, Lamine Touré, Houphouët Boigny se retrouvent le 10 juillet 1944 à
« l’étoile du Sud » (Treichville) et créent le SAA. La présidence est confiée à Houphouët
Boigny.
Les objectifs du SAA sont les suivants :
- Lutter pour l’institution du travail volontaire
- Briser le monopole des colons dans l’acquisition de la main-d’œuvre
- Défendre les intérêts des planteurs ivoiriens

Les actions du SAA leur permettent d’obtenir

 l’exemption de réquisition (travaux forcé) pour ses 20 milles membres


 la vente directe des produits de ses adhérents sans passer par les
intermédiaires.

Devant le débauchage de leur main-d’œuvre les colons réagissent violemment.


Puissants à Paris ils réussissent à faire déplacer Latrille qu’ils présentent comme un
communiste

 l’ordonnance du 22 août 1945 prise dans l’esprit de Brazzaville accorde


aux colonies le droit de représentation aux assemblées métropolitaines. Ainsi Houphouët
Boigny fût élu à l’assemblée constituante en octobre 1945.

e- Les limites
- Non représentation des africains à Brazzaville
- Exclusion de toutes idées d’autonomie et d’indépendance.
- Non application de l’ensemble des promesses

2- La Constitution de 1946 et l’Union Française

Le 27 octobre 1946, une constitution est mise en place (constitution de la 4 e


république). Celle-ci permet la naissance de l’union française dont les caractéristiques
sont :

- Égalité des droits et devoirs des Etats membres


- Assurance par la France de la défense commune, la monnaie et la politique
extérieure
- La Côte d’Ivoire devient un Territoire d’Outre Mer (TOM) ses citoyens
deviennent des citoyens français (ici il n’est pas question d’autonomie mais
d’assimilation

La création de l’Union Française favorise :

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- L’élaboration de lois telles que la loi Houphouët-Boigny supprimant le
travail forcé, la loi du 16 avril 1946 : liberté de réunion, la loi du 27
septembre 1946 : liberté de la presse.
- La constitution de 1946 n’a pas amélioré la situation des colonisés qui vont
à travers leurs leaders créer des partis politiques :
 Le PDCI-RDA crée en avril 1946 par les membres du SAA
 Création de nombreux autres partis politiques : le Parti Progressiste
de Côte d’Ivoire (PPCI) crée en mars 1946 par Kouamé Benzène, le Bloc Démocratique
Éburnéen (BDE) crée en 1947 par Etienne Djaument, l’Entente des Indépendants de Côte
d’Ivoire (EICI) crée décembre 1949 par Touré André, la Section Française de
l’International Ouvrière (SFIO) crée en 1956 avec Dignan Baïlly.
Ces reformes vont susciter chez les ivoiriens un enthousiasme mais il sera de
courte durée ; l’espoir va face à la lutte.

B- LA PÉRIODE DE LA LUTTE (1947-1950)

1- Les raisons et le moyen de la lutte


a- Les raisons de la lutte
- La non application de certaines recommandations de Brazzaville
- La non accession à l’indépendance
- La continuation de l’exploitation des colonies par la France
- Le manque de pouvoir de l’assemblée territoriale

b- Le moyen de la lutte :
C’est l’apparentement du PDCI au parti communiste français

c- Les manifestations de la lutte ou les actions du PDCI


- Réunion du PDCI à Treichville le 6 févier 1949
- Marche des femmes sur la prison de Grand-Bassam
(Marie Koré, Anne-Marie Raggi…)
- Grève d’achat des produits européens à Dimbokro
- Boycott des produits agricoles
- Publication des articles dans la presse du RDA (journal réveil fondé en
1944) pour dénoncer l’attitude du colonisateur

Face au rôle politique dominant du PDCI et à ses activités anticolonialistes, les


autorités métropolitaines inquiètes réagissent vigoureusement en remplaçant le
gouverneur Latrille jugé trop docile par le gouverneur Laurent Péchoux

d- Réaction énergique de l’autorité française

L’apparentement du PDCI-RDA au PCF va lui couter cher.


À partir de 1947, la guerre froide va mettre à mal le PDCI-RDA allié du PCF, ainsi
l’administration coloniale décide de punir ce parti par :
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- La répression massive et violente des manifestations du PDCI : cas de la
marche des femmes à Grand-Bassam
- La révocation des travailleurs du PDCI-RDA
- La destitution des chefs traditionnels PDCI
- L’arrestation des militants PDCI (6 févier 1949 à Treichville : 383 personnes
arrêtées dont 8 dirigeants  emprisonnés à G-Bassam: Jean Baptiste Mokey,
Mathieu Ekra, Bernard Dadié…)
- La tentative d’arrestation d’ Houphouët-Boigny qui refuse en faisant valoir
son immunité parlementaire
- La tuerie à Bouaflé (3 morts), à Dimbokro (13 morts)
- L’assassinat d’Eugène Biaka Boda à Bouaflé
Au total la répression fait 52 morts et plusieurs blessés
Le PDCI-RDA, isolé, et vu la répression sauvage qui s’abat sur lui, décide de
changer de tactique.

C- DE LA PÉRIODE DE LA COLLABORATION À L’INDÉPENDANCE (1950-1960)

1- Le désapparentement du PDCI au PCF (octobre 1950)


Le nouveau contexte international permet à Houphouët-Boigny de trouver de
nouveaux interlocuteurs à Paris. Malgré quelques oppositions dont celle de Gabriel
D’Arboussier, il rompt avec le PCF en octobre 1950 qui est en perte de vitesse et n’a pas
les moyens d’aider les Africains. Houphouët-Boigny initie donc une politique d’entente
avec le parti au pouvoir en France : l’UDSR (Union Démocratique et Socialiste de la
Résistance avec des dirigeants comme René Pleven et François Mitterrand ministre
français des territoires d’Outre-Mer).
Après le désapparentement, le calme revient en Côte d’Ivoire et Péchoux retourne
en France.

2- La loi cadre (23 juin 1956)


En juin 1956, le ministre français des territoires d’Outre- Mer, Gaston Deferre avec
la collaboration du ministre d’État Houphouët Boigny mettent au point des reformes
connues sous nom de loi cadre adoptée par le parlement français le 23 juin. Ce sont :
- L’implication des Africains dans la gestion de la colonie
- L’introduction du collège unique et du suffrage universel
- L’élargissement et renforcement de l’assemblée territoriale
- L’institution d’un conseil de gouvernement (mise en place le 15 mai 1957 en
Côte d’Ivoire avec pour président Auguste Denise)

L’objectif de cette loi était de donner aux AOF et AEF une autonomie interne. Elle
exclue toute structure fédérale. Elle serra sévèrement critiquée. Senghor reconnait sa
valeur mais lui reproche de balkaniser l’Afrique.

En Afrique en général la situation politique a évolué ; par exemple le 6 mars 1957 le


Ghana devient indépendant. Les responsables politiques africains francophones vont

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réclamer à la France un nouveau cadre institutionnel pour évolution plus rapide de leurs
pays.
C’est dans ce contexte que le général de Gaulle revient au pouvoir pour désamorcer
la crise.
3- De la Communauté franco-africaine en 1958 à l’indépendance en
1960

La mise en place de la cinquième république avec le général de Gaulle au pouvoir


permis de modifier profondément les liens qui unissaient la France aux colonies.
La constitution de 1958 institue une Communauté de type fédérale entre la France
et ses colonies : c’est la « Communauté franco-africaine »
L’entrée au sein de la Communauté était libre. Seule la Guinée de Sékou Touré
refuse d’y entrer après le référendum d’octobre 1958. Elle accède donc à l’indépendance
le 2 octobre 1958.
La Côte d’Ivoire, quant à elle, devient membre de la Communauté à la suite du
référendum du 28 septembre 1958 avec plus de 99% de OUI.
En effet, la Côte d’Ivoire ne souhaite pas une évolution brutale, elle fonde avec le
Niger, la Haute Volta et le Dahomey le Conseil de l’Entente en 1959 pendant que le
Sénégal et le Soudan (Mali actuel) quittent la Communauté et forment la Fédération du
Mali.
De nombreux leaders africains attachés à la France veulent cependant leur
indépendance. Ce qui explique l’évolution rapide de la Communauté. Il fut admis qu’un
État membre de la Communauté pouvait devenir indépendant toutefois en gardant des
liens avec la France. Les États du Conseil de l’Entente demandaient donc leur
indépendance qui sera effectif en 1960.

Le 30 avril 1959 : Houphouët-Boigny démissionne du gouvernement français et il


devient premier ministre du gouvernement local
Le 4 décembre 1959 : la Côte d’Ivoire devient une république autonome et
Le dimanche 7 août 1960 : la proclamation de l’indépendance de la Côte d’Ivoire
Le 20 septembre 1960 : l’admission de la Côte d’Ivoire à l’Onu en tant que nation
souverain.

CONCLUSION
Après plus de 60 ans d’occupation française, la Côte d’Ivoire accède à
l’indépendance. En dépit de quelques incidents malheureux, cette indépendance a été
négociée pacifiquement contrairement à celle de l’Algérie

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