Axiomes de Peano - Wikipédia
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En mathématiques, les axiomes de Peano sont des axiomes pour l'arithmétique proposés
initialement à la fin du xixe siècle par Giuseppe Peano[1], et qui connaissent aujourd'hui plusieurs
présentations qui ne sont pas équivalentes, suivant la théorie sous-jacente, théorie des
ensembles, logique du second ordre ou d'ordre supérieur, ou logique du premier ordre. Richard
Dedekind avait proposé une formalisation assez proche, sous une forme non axiomatique[2].
Axiomes
La définition axiomatique des entiers naturels de Peano peut être décrite par les cinq axiomes
[3] :
2. Tout entier naturel n a un unique successeur, noté s(n) ou Sn qui est un entier naturel.
Le premier axiome permet de poser que l'ensemble N des entiers naturels n'est pas vide, le
troisième qu'il possède un premier élément et le cinquième qu'il vérifie le principe de récurrence.
De façon plus formelle, dire de (E, c, f) qu'il satisfait les axiomes de Peano, c'est dire qu'il
satisfait les propriétés suivantes :
3. c ∉ Im(f),
4. f est injective,
5. Toute partie F de E contenant c et stable par f (c'est-à-dire telle que f(F) ⊂ F) est égale à E.
La formulation de la propriété 5 contient une quantification sur les parties de E : une telle
propriété est dite du second ordre. Une telle structure est un modèle des axiomes de Peano, vu
comme axiomes en logique du second ordre[4].
La formulation originale de Peano contenait d'autres axiomes, par exemple sur l'égalité, que l'on
considère aujourd'hui comme faisant partie de la logique sous-jacente.
Arithmétique de Peano
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
Le point 8 ci-dessus est un schéma d'axiomes, qui représente une infinité dénombrable
d'axiomes, un pour chaque formule . Le schéma d'axiomes exprime la
récurrence : dans la formule , les variables sont des
paramètres, que l'on peut remplacer par des entiers arbitraires . L'axiome pour la
formule devient, appliqué à :
Cependant, le schéma d'axiomes ne donne plus cette propriété que pour les sous-ensembles de
N qui se définissent dans le langage de l'arithmétique du premier ordre : une infinité
dénombrable de sous-ensembles de N.
L'axiome 2 pourrait être éliminé : il se démontre par récurrence, une récurrence assez singulière,
puisque, s'il faut bien distinguer le cas 0 du cas successeur, dans ce dernier cas, l'hypothèse de
récurrence n'est pas utile.
Existence et unicité
L'existence d'un modèle des axiomes de Peano (au second ordre) peut être établie par une
construction très usuelle dans le cadre de la théorie des ensembles :
On pose 0 = ∅.
On définit la « fonction » (au sens intuitif) successeur s en posant, pour tout ensemble a,
s(a) = a ∪ {a}.
L'ensemble N est l'intersection de tous les ensembles auxquels 0 appartient, et qui sont clos par
successeur ; A est clos par successeur, quand pour tout a élément de A, son successeur s(a) est
encore élément de A.
Pour que cette définition soit correcte, il faut qu'il existe au moins un tel
ensemble, ce qui est assuré par l'axiome de l'infini.
La structure (N, 0, sN), où sN est la restriction de s à N, satisfait alors les axiomes pré-cités. On
peut définir N comme l'ensemble des entiers naturels.
Cet ensemble est aussi l'ensemble des ordinaux de von Neumann finis. Cette construction de N
n'est pas vraiment canonique, l'essentiel est que 0 ne soit jamais un successeur et que le
successeur soit injectif sur l'ensemble obtenu, mais elle permet de construire de façon simple et
uniforme un ensemble représentant chaque cardinalité finie (l'entier n ainsi construit a, en tant
qu'ensemble, pour cardinal n), l'axiome de l'infini permettant de prouver qu'ils forment un
ensemble.
Deux structures de (X,a,f) et (Y,b,g) sont dites isomorphes s'il existe une bijection ϕ de X dans Y
telle que ϕ(a) = b et ϕ ∘ f = g ∘ ϕ. On peut montrer que si ces deux structures satisfont chacune
les axiomes de Peano, avec la récurrence prise au second ordre, alors elles sont isomorphes.
C'est une conséquence du principe de définition par récurrence qui se démontre dans la version
second ordre des axiomes de Peano[6]. Il devient faux pour l'arithmétique de Peano (du premier
ordre)[7].
Opérations et ordre
L'addition sur N est définie récursivement par les axiomes 4 et 5 de l'arithmétique de Peano. (N,
+) est ainsi un monoïde commutatif, d'élément neutre 0. Ce monoïde peut être plongé dans un
groupe. Le plus petit groupe le contenant est celui des nombres entiers relatifs.
Il est finalement possible de définir un ordre total sur N, par un prédicat binaire n'appartenant pas
au langage mais défini sur sa base, qui ne définit pas non plus un objet de N donc appartient au
métalangage (du moins au premier ordre) qui est ici ensembliste, en posant que a ≤ b si et
seulement s'il existe un nombre c tel que a + c = b. Alors, N muni de cet ordre est un ensemble
bien ordonné : tout ensemble non vide de nombres naturels possède un plus petit élément.
Cohérence
Un modèle de l'arithmétique de Peano qui n'est pas isomorphe à N, est dit « non standard ».
Tout modèle non standard de l'arithmétique contient les entiers naturels, que l'on appelle alors,
entiers « standard », et qui sont les éléments du modèle que l'on peut désigner par des termes
du langage, les autres éléments du modèle sont alors appelés entiers non standard.
Plus précisément si N' est un modèle non standard de l'arithmétique, alors il existe une
unique [réf. souhaitée] injection f de N dans N' telle que :
f(0) = 0
∀n, f(s(n)) = s(f(n))
et l'image de f est ce que l'on appelle l'ensemble des entiers standard du modèle.
Il n'est pas possible de distinguer les entiers standard des entiers non standard dans le langage
de l'arithmétique, puisque si un prédicat permettait de caractériser les entiers standard, le
schéma de récurrence particularisé à ce prédicat ne serait pas valide. On « sort » donc de
l'arithmétique de Peano dès que l'on raisonne sur ces notions dans un modèle non standard.
Mais, on peut se servir du fait que les axiomes de Peano restent valides dans ce modèle. On
montre par exemple facilement qu'un entier non standard est nécessairement supérieur à un
entier standard. La totalité de l'ordre (défini par l'addition, voir ci-dessus), reste valide. Si un
entier non standard était plus petit qu'un entier standard, on montrerait par injectivité du
successeur et récurrence qu'il existe un entier non standard plus petit que 0, et 0 serait un
successeur. Encore plus simplement, on montre qu'il ne peut y avoir de plus petit entier non
standard, puisque tout entier non nul est un successeur.
Il existe également des modèles non standards qui satisfont des énoncés du premier ordre
faux dans N (en plus, rappelons-le, de tous les énoncés démontrables dans Peano, par
définition de la notion de modèle). Un énoncé vrai dans N n'est pas démontrable dans
l'arithmétique de Peano, si et seulement s'il existe un modèle non standard dans lequel cet
énoncé est faux. Les théorèmes d'incomplétude de Gödel ont donc pour conséquence
l'existence de tels modèles (par exemple, il existe des modèles qui satisfont un énoncé
exprimant que l'arithmétique de Peano est incohérente !). A contrario, on peut utiliser de tels
modèles pour montrer que certains énoncés ne sont pas démontrables dans l'arithmétique de
Peano (voir par exemple le théorème de Goodstein).
Axiomatique de Presburger
Elle comporte les axiomes suivants (les variables libres sont implicitement quantifiées
universellement) :
1. ¬(0 = sx)
2. sx = sy → x = y
3. x + 0 = x
4. s(x + y) = x + sy
5. Soit P(x) une formule logique du premier ordre (dans le langage de l'arithmétique de
Presburger, pas d'autre symbole de fonction que l'addition) avec comme variable libre x (et
éventuellement d'autres variables libres). Alors la formule suivante est un axiome :
(P(0) ∧ ∀x(P(x) → P(sx))) → P(y).
Bibliographie
Ouvrages historiques
(de) Richard Dedekind, Was sind und was sollen die Zahlen? [« Les Nombres. Que sont-ils et à
quoi servent-ils ? »], Brunswick, Vieweg, 1888 (lire en ligne (https://archive.org/details/wassind
undwasso00dedegoog) [archive]).
(la) Giuseppe Peano, Arithmetices principia, nova methodo exposita [« Les principes de
l'arithmétique, nouvelle méthode d'exposition »], Turin, Bocca, 1889 (lire en ligne (https://archiv
e.org/details/arithmeticespri00peangoog) [archive]).
Exposés modernes
(en) Yiannis Moschovakis, Notes on Set Theory, Springer, 2006, 2e éd. (1re éd. 1993)
(ISBN 978-0-387-28723-2) (les axiomes de Peano dans le contexte de la théorie des
ensembles).
Références
1. Peano 1889.
2. Dedekind 1888.
3. Pierre Colmez, Éléments d'analyse et d'algèbre (et de théorie des nombres), Éditions École
Polytechnique, 2009 (lire en ligne (https://books.google.com/books?id=hMUiEhsa9WUC&pg=
PA87) [archive]), p. 87.
4. Plus précisément c'est un modèle dit « plein », c'est-à-dire que les parties F considérées sont
bien toutes les parties au sens naïf.
5. Ce résultat a été démontré par Czesław Ryll-Nardzewski en 1952, (en) Czesław Ryll-
Nardzewski, « The role of the axiom of induction in elementary arithmetic », Fundamenta
Mathematicae, vol. 39, no 1,1952, p. 239–263 (ISSN 0016-2736 (https://www.worldcat.org/is
sn/0016-2736&lang=fr) , lire en ligne (https://eudml.org/doc/213266) [archive], consulté le
29 octobre 2018), voir (en) Richard W. Kaye, Models of Peano arithmetic, Oxford : Clarendon
Press ; New York : Oxford University Press, 1991 (ISBN 978-0-19-853213-2), p. 132, ouvrage
qui contient aussi une preuve du résultat.
7. Dans le cas d'une axiomatisation de l'arithmétique du second ordre comme système formel,
qui prend nécessairement en charge la compréhension, on n'obtient un seul modèle à
isomorphisme près qu'en se restreignant aux modèles pleins, ceux où les variables de
prédicat sur N peuvent être interprétées par n'importe que sous-ensemble de N.
8. Gentzen, Die Widerspruchsfreiheit der reinen Zahlentheorie, Math. Ann., 112 (1936), 493-565.
Traduction française La consistance de l'arithmétique élémentaire par Jean Largeault, in
Intuitionisme et théorie de la démonstration pages 285-357 Paris, Vrin, 1992
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