Extrait 42121210
Extrait 42121210
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Ti082 - Logistique
III
Cet ouvrage fait par tie de
Logistique
(Réf. Internet ti082)
composé de :
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Logistique
(Réf. Internet ti082)
Karine SAMUEL
Professeure des Universités, Présidente de l'AIRL-SCM (Association
Internationale de Recherche en Logistique et Supply Chain Management)
Michel SAVY
Professeur à l'Université Paris XII-Val-de-Marne et à l'École nationale des ponts
et chaussées
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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
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VI
Modes de pilotage des flux logistiques
(Réf. Internet 42121)
SOMMAIRE
Réf. Internet page
Flux pilotés par l'aval ou flux tirés. Illustration du cas de l'industrie automobile AG5111 25
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VII
Lean Management. Bien le comprendre pour bien le déployer AG5195 111
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1. Conception de l’entrepôt croissance depuis quelques années. Cette évolution est liée
principalement :
et modalités de stockage — à l’augmentation de la fréquence de livraison vers la grande
distribution ;
— à l’accroissement des fréquences d’approvisionnement des
1.1 Définition de « l’entrepôt type » entrepôts lié au transfert des stocks de production ;
— au développement du commerce électronique.
1.1.1 Les plates-formes logistiques Pour répondre à cette évolution, des entrepôts de type plates-for-
mes logistiques ont été conçus. Ces grandes structures n’ont plus
grand chose à voir avec les entrepôts « classiques ». Elles se compo-
En France, la demande en matière d’entreposage couplée à un sent de plusieurs cellules aménagées dans un ou plusieurs
besoin de prestations périphériques complémentaires est en bâtiments.
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Les plates-formes ne se limitent plus à des activités d’entrepo- • Fonction de transport : cette fonction engendre une rotation
sage mais ont également des activités de sous-traitance d’opéra- d’une centaine de palettes par quai. Elle génère ainsi un trafic de
tions de fabrication : poids lourds importants (plusieurs centaines de camions par jour en
— co-fabrication ; entrée et en sortie), et peut être réalisée également par rail ou voie
— conditionnement ; navigable lorsque c’est prévu. Grâce à l’apparition de moyens de
— marquage ; manutention de grande capacité (jusqu’à 16 palettes manipulables
en une seule opération), les temps de chargement/déchargement
— etc.
sont réduits.
La tendance va également vers des structures de plus en plus
Les produits stockés sont conditionnés, emballés et palettisés. Le
importantes avec des hauteurs et des surfaces de stockage de plus
client peut être un fabricant, qui dans ce cas fournit des produits qui
en plus élevées (parfois plus de 100 000 m2), le tout allant de pair
peuvent être regroupés de façon simple par gamme. Cependant, il
avec une densification des zones de stockage.
peut s’agir également d’une chaîne de grande surface, pour laquelle
Les plates-formes logistiques sont localisées le plus souvent dans les produits seront très divers. Une des caractéristiques principales
des zones industrielles ou des parcs d’activités, à proximité des de l’activité est ainsi la diversité dans la nature des produits stockés :
grands axes de communications. Les sites sont desservis par voies au sein d’un même entrepôt, et a fortiori d’une même plate-forme,
routières, parfois ferrées, voire navigables. les produits stockés peuvent être de nature extrêmement variée,
Les plates-formes logistiques peuvent être exploitées par des couvrant l’ensemble de ce qui peut être trouvé dans une grande sur-
sociétés dont le métier d’origine est le plus souvent le transport rou- face, dans un magasin spécialisé (sport, bricolage, électroménager,
tier, ou par des sociétés financières. Elles fonctionnent en tant que etc.), ou dans tout commerce de produits de consommation
prestataires de services auprès de clients, qui « louent » la gestion, courante.
la distribution, le reconditionnement, etc. de leurs produits. De plus, les contrats qui sont passés avec les partenaires sont de
Malgré la tendance au développement de l’automatisation (stoc- durées diverses, et il existe une grande incertitude sur les prévisions
kage, échantillonnage, marquage, etc.), du fait de l’augmentation quant aux partenaires futurs (et de fait sur la nature des produits).
des activités périphériques à l’entreposage, l’activité humaine est Ainsi, une autre caractéristique de l’activité est son caractère
relativement importante dans ces plates-formes et il n’est pas rare, fluctuant : les produits stockés sont de nature extrêmement variable
pour un site comptant une dizaine de cellules, d’y trouver plus d’une dans le temps.
centaine de personnes en temps normal et nettement plus en Pour pouvoir intégrer le transport, le stockage, le reconditionne-
période de forte activité. La manipulation des produits, leur échan- ment et la distribution, la gestion de ces activités est informatisée.
tillonnage et reconditionnement, ainsi que leur transport sont géné- Cette gestion est interconnectée avec celles des usines de produc-
ralement assurés par du personnel qualifié. tion et des autres entrepôts ou fournisseurs. La préparation des
Les produits sont pris en charge dans les usines de fabrication, les commandes, les inventaires périodiques, le suivi des dates de
dépôts des grossistes ou les importateurs, puis sont entreposés péremption, la gestion FIFO (First In, First Out), la répartition des
dans la plate-forme pour une durée variable. En fonction de la références par catégories, ... nécessitent un suivi et un contrôle per-
demande, ils sont ensuite acheminés chez les négociants, manent du stock et de tous les mouvements de produits, palette par
détaillants, ou dans d’autres entrepôts. palette. Cette gestion intègre également une optimisation des mou-
vements d’entrée et de sortie, permettant de garantir une bonne uni-
Les principales activités d’une plate-forme sont les suivantes. formisation d’utilisation de tous les emplacements de la plate-forme
• Fonction d’entreposage : cette fonction est effectuée générale- selon une répartition aléatoire.
ment au moyen de palettes normalisées en bois (ou plastiques plus Par ailleurs, l’aménagement extérieur d’une plate-forme est com-
rarement) entreposées sur des palettiers métalliques comportant posé généralement des éléments suivants :
plusieurs hauteurs (typiquement 5 ou 6 hauteurs). Comme présenté
— poste de garde ;
plus loin, les hauteurs d’entreposage peuvent être beaucoup plus
— parking ;
importantes. Dans des entrepôts automatisés des hauteurs de
30 mètres voire plus peuvent être atteintes. — voie de circulation permettant de rejoindre les différents
quais ;
Généralement, la durée de stockage est assez courte ; la durée — voie périmétrale (nécessaire pour les grands bâtiments) pour
moyenne d’entreposage d’une palette est de l’ordre de 3 à les engins lourds de secours ;
4 semaines. Les produits sont généralement contenus dans des — réserves aériennes d’eau pour la lutte contre l’incendie ;
emballages en carton. Enfin, les palettes et les cartons peuvent éga- — espaces verts ;
lement être recouverts d’un film plastique. L’entreposage occupe en — rétention extérieure, avec des regards pour l’évacuation des
général plusieurs cellules de la plate-forme. Lorsque les racks de eaux pluviales et au moins une vanne d’isolement.
stockage sont automatisés, le personnel est principalement
employé pour la maintenance du matériel (à l’extérieur de la cellule L’aménagement intérieur peut être constitué par les zones
de stockage le plus souvent) et non plus pour la manipulation des suivantes :
marchandises ce qui limite les risques dans la zone qui contient le — bureaux principaux et locaux sanitaires ;
plus grand potentiel de danger (pas d’accident de circulation, pas — cellules de stockage ou de reconditionnement accolées les
d’erreur de manipulation, sources d’ignition plus facilement locali- unes aux autres, dont les dimensions peuvent typiquement varier
sables, risque de chute plus faible). de 50 à 125 m, et comprenant éventuellement un petit bureau
intérieur ;
• Fonction de distribution : cette fonction regroupe la préparation,
le conditionnement et l’entreposage des commandes, ainsi que le — locaux techniques (chauffage par chaudière au gaz, climatisa-
reconditionnement (conditionnement à façon dans des emballages tion par groupe froid, local électrique, charge, entretien et répara-
spécifiques, mise sous film, etc.), et les opérations de chargement et tion des engins de manutention, contrôle des moyens de lutte
déchargement des camions. Cette fonction nécessite l’usage contre l’incendie) ;
d’allées de préparation, de zones spécifiques ou de quais de charge- — garage (réparation et entretien des poids lourds) ;
ment. L’activité de reconditionnement se rapporte exclusivement — poste de distribution de fuel et de gazole (ravitaillement des
aux produits stockés dans les entrepôts de stockage, et est réalisée poids lourds).
dans des zones spécifiques. Dans ces zones, le stockage est de Certaines cellules de stockage peuvent comporter des chambres
courte durée, avec des volumes générés faibles par rapport aux froides (rangements mobiles ou gerbage) avec une isolation par
volumes de l’entreposage principal mais non négligeables compte mousse de polyuréthane, ou un étage partiel avec un accès par des
tenu de l’augmentation de la fréquence des expéditions/réceptions. escaliers.
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D’autres cellules peuvent aussi être dédiées au stockage de géné- global plus faible que celui présenté par les plates-formes logisti-
rateurs d’aérosols. ques. C’est pourquoi dans la suite du document les différents para-
En général, des quais de chargement spécifiques sont associés à graphes traiteront principalement des plates-formes logistiques.
ces cellules. Il convient de signaler que certains « petits » entrepôts peuvent
contenir des produits très spécifiques qui peuvent être par exemple
toxiques ou très toxiques pour l’environnement. Ces entrepôts sont
1.1.2 Les autres entrepôts particuliers et nécessitent des moyens de prévention et de protec-
tion spécifiques. L’identification de ces moyens ne peut se faire que
Si les plates-formes logistiques se développent, il n’en reste pas dans le cadre d’une analyse de risque spécifique détaillée. Ceci ne
moins que les entrepôts « classiques » demeurent. peut donc pas se faire dans le cadre de cette étude.
Ces entrepôts sont souvent des entrepôts spécifiques et il est
donc difficile de les englober dans une description générale précise.
Le plus souvent, ces entrepôts se différencient des plates-formes 1.2 Caractéristiques géométriques
logistiques par des surfaces plus modestes de l’ordre de un à quel- d’un entrepôt
ques milliers de mètres carrés, des recoupements plus rares, des
hauteurs de l’ordre de 7 à 10 m, etc.
Les entrepôts dédiés aux stockages de produits finis présentent Les contraintes économiques ont conduit la plupart des profes-
des risques de natures similaires mais d’ampleurs moins importan- sionnels à concentrer les activités de stockage sur un site unique et
tes que les risques présentés par les zones des plates-formes logis- spécifique. Ainsi, il est commun de rencontrer des entrepôts de très
tiques dédiées à l’entreposage. grande taille s’étendant sur plusieurs hectares.
Lorsque les entrepôts sont implantés dans un site de production, L’activité de stockage seule occupe généralement une surface au
ils peuvent être également utilisés pour le stockage de produits sol de plusieurs dizaines de milliers de mètres carrés. De plus, les
intermédiaires. Ces entrepôts, exploités dans des conditions et sous progrès effectués dans le domaine des matériaux de construction,
des contraintes très différentes de celles qui existent pour un entre- des structures et des automatismes ont également permis de stoc-
pôt situé dans un site dédié au stockage, présentent des risques de ker toujours plus de produits par unité de surface, soit en augmen-
natures différentes. En particulier, les points suivants peuvent être tant la hauteur de stockage soit en modifiant les modalités de
soulignés. stockage.
• Les entrepôts situés dans les sites industriels sont généralement
de petite taille. Ils renferment des quantités de produits bien plus fai-
bles qu’une plate-forme logistique : le potentiel global de danger est
1.2.1 Superficie de stockage
donc plus faible. Seuls des cas très particuliers de petits stockages
de produits toxiques dont la combustion n’est pas très puissante La tendance actuelle est d’augmenter les surfaces de cellules de
(peu d’effet ascensionnel sur les fumées) peuvent conduire à des stockage tout en se limitant aux prescriptions réglementaires (arrêté
effets significatifs sur l’homme du fait de l’émission des fumées ministériel du 5 août 2002).
toxiques à une faible altitude. La quantité globale de polluants émis Du point de vue de l’exploitant, les avantages sont nombreux :
à l’atmosphère sera tout de même plus faible que pour un entrepôt — coûts de constructions moindres : du fait du coût total de cons-
de plus grande taille. truction d’une plate-forme cet avantage peut être faible. Toutefois,
• Dans un site de production, un stockage a une valeur ajoutée cet avantage a plus de valeur pour des sites de surface moindre ;
généralement inférieure à celle des moyens de production : les stra- — vitesse de construction plus grande : un avantage qui peut
tégies de prévention et de protection contre les risques présentés avoir son importance dans certains cas ;
par les stockages seront donc définies – non pas pour limiter le plus — amélioration de la productivité grâce à une circulation facilitée
possible les pertes des produits stockés, mais plutôt pour éviter une par l’absence de portes et/ou de passages dédiés entre les différen-
perte de productivité (éviter les effets dominos sur les équipements tes zones de stockage : c’est l’avantage principal.
de production voisins).
Cependant, les inconvénients existent :
• Toutes choses égales par ailleurs, les produits finis stockés dans — perte d’une plus grande quantité de marchandises en cas
les sites de production, et à plus forte raison les produits intermé- d’incendie : si l’exploitant considère qu’il a mis en place suffisam-
diaires, peuvent avoir une stabilité physico-chimique plus faible que ment de moyens de prévention et de protection, il pourra considérer
celle des produits finis présents dans des sites dédiés au stockage : que la perte de la totalité de ses produits est très improbable, auquel
à quantités et natures égales, ces produits pourraient donc présen- cas ce point n’aura que peu de poids pour le choix de ses surfaces
ter a priori plus de risques que les produits présents dans les sites libres de stockage ;
dédiés au stockage. À noter que cette remarque n’est pas systéma- — polices d’assurances plus élevées : ici encore, les assureurs
tiquement vraie car, par exemple, certains produits contaminés par ayant une démarche axée sur l’évaluation des risques (approche
des produits incompatibles peuvent mettre plusieurs jours avant de probabiliste) le montant des polices d’assurance sera beaucoup plus
provoquer un phénomène dangereux. dépendant de l’adéquation des moyens de prévention et de protec-
• Pour des raisons économiques, la proportion des modes de tion avec les surfaces libres de stockage que des surfaces libres de
stockage en racks par rapport aux autres modes (vrac, empilement stockage seules.
de palettes...) sera plus faible pour les stockages situés dans des Du point de vue de la sécurité, il est clair qu’une grande surface
sites de production. libre au sol est particulièrement pénalisante pour les raisons
• Comme certains sites de production peuvent être soumis à des suivantes :
demandes saisonnières (fluctuations de demandes aux cours du — la propagation horizontale du feu ne sera que plus rapide puis-
temps) voire ponctuelles, certains entrepôts utilisés sont des entre- que aucun mur séparatif ne viendra ralentir cette progression ;
pôts à structures légères, démontables ou modifiables facilement : — dans le cas d’un incendie généralisé à toute la cellule de stoc-
cela implique de fait l’inexistence de certains moyens fixes de pro- kage, les dimensions des flammes seront plus importantes, que ce
tection (murs coupe-feu, systèmes d’extinction automatiques, etc.) soit en termes de hauteur ou de surface : les distances des effets
contre l’incendie. thermiques n’en seront que plus grandes. Pour les effets toxiques,
En définitive, même s’ils peuvent dans certains cas présenter des deux facteurs entrent en compétition et il n’est pas possible de tirer
risques spécifiques, les « autres entrepôts » présentent un risque des généralités. D’un côté, la hauteur des flammes plus importante
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M RP, ERP, JAT, OPT, GPA... autant de sigles qui ne manquent pas d’être
entendus dès lors que l’on s’intéresse à la gestion des flux. De quoi
s’agit-il au juste et comment faire son choix au moment d’arrêter l’approche à
retenir pour améliorer les performances de l’entreprise ? Voilà quelques-unes
des questions qu’il convient d’aborder avant de se lancer dans la mise en
œuvre de tels outils, qui demande souvent plusieurs années d’effort et
s’accompagne d’investissements lourds se chiffrant en millions d’euros.
Face à ce problème, cette introduction à la gestion des flux a pour ambition
d’être un outil d’aide à la décision, un guide d’orientation à utiliser avant de
se lancer dans l’étude approfondie de l’un quelconque des systèmes existants.
Faisant suite à cet article, le pilotage des flux est présenté dans l’article Pilo-
Parution : avril 2016
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CLIENT
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1. But du pilotage contrôle. Il convient de vérifier qu’il remplit bien son rôle, atteint
ses objectifs, et de corriger son fonctionnement s’il n’en est pas
ainsi.
Toute entreprise qui réalise des produits à destination de clients, Contrôler ce processus est le but du pilotage des flux.
se pose le problème de disposer de tout ce qui est nécessaire pour
fabriquer ces produits et les rendre disponibles pour les livrer
comme demandé... au coût de revient le plus bas possible.
Le processus qui, partant de la décision de fabriquer, obtient des
fournisseurs, ce qui est nécessaire, élabore le produit et le met à
2. Principaux modèles
disposition, peut se définir comme une chaîne logistique, gérée de gestion de la chaîne
dans la plupart des entreprises au moyen d’un système informa-
tisé que l’on appelle souvent ERP (Entreprise Ressource Planning d’approvisionnement
system) (cf. [AG 5 301]).
Cet ERP et les processus logistiques, normalement prévus pour Dans ce qui précède, on a fait l’hypothèse de l’existence d’un
être les plus performants possibles, définissent le flux de marchan- ERP sans en préciser le type or si, dans son principe, le pilotage se
dises en fonction des objectifs qui lui sont fixés. Cependant, définit indépendamment de celui-ci, dans sa mise en œuvre, il en
comme pour tout processus, on ne peut se limiter au fait qu’il a été est obligatoirement dépendant car pour agir il faut être cohérent
conçu le mieux possible pour sa mission et le laisser agir sans avec les possibilités de cet ERP.
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Sans entrer dans le détail des différents modèles de gestion des puisqu’il s’agit de prévoir avec certitude un futur qui, par nature,
flux, on peut grouper ceux-ci en deux familles. est imprévisible.
Nota : on trouvera une description de ces modèles dans l’article [AG 5 100]. Nota : pour aller plus loin sur les prévisions, lire les articles [AG 5 150] et [AG 5 155].
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Dans l’article de Pascal Eymery, il évoque l’idée de complexité dans les sys-
tèmes logistiques. En particulier, concernant l’indépendance des décisions de
gestion industrielle dans le cas des ressources partagées. La complexité d’un
système logistique est accrue par différents facteurs :
– variété des produits fabriqués ;
– inertie des décisions de capacité et de flux ;
– incertitude de la demande commerciale ;
– existence d’aléas de production (pannes machine, problème de qualité,
etc.).
Mais, en fait, comment gère-t-on un système complexe ? Le présent article
retrace l’évolution des systèmes de planification en flux poussé, en production
de type MRP (Management des ressources de production), et en distribution
de type DRP (Planification des ressources de distribution).
Avant l’apparition des méthodes MRP et DRP, la gestion de la production et
de la distribution se résumait, bien souvent, à une gestion par les niveaux de
stock. Les méthodes MRP et DRP s’adaptent plus particulièrement aux indus-
tries qui fabriquent et assemblent de nombreux composants à la commande
ou en petites séries, selon le type de production par lots. C’est en effet dans ce
type de situation que les flux de production sont les plus difficiles à gérer. Ces
méthodes sont particulièrement adaptées aux industries mécaniques et aux
industries d’assemblages. Des extensions ont été conçues pour gérer la pro-
duction en ligne.
Les systèmes MRP/DRP s’adaptent facilement à tout type de contexte. C’est
grâce à cette caractéristique qu’il sera possible d’installer des systèmes de
pilotage Kanban dans des environnements instables.
Dans cet article :
– nous développerons les systèmes de type MRP, les systèmes de type
DRP ;
– nous analyserons les interactions MRP, JAT, TQM (Total Quality
Management) ;
– nous aborderons les nouvelles approches permettant de coupler MRP et
Kanban, ou plus généralement diverses formes de mise en œuvre du Juste à
Temps.
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MRP répond aux quatre questions suivantes : Cette hiérarchisation des fonctions et des décisions est un
principe fondamental des systèmes MRP. Hiérarchiser les fonc-
– que doit-on faire et pour quand ? tions et les décisions consiste à concevoir un modèle en plu-
– que faut-il pour le faire ? sieurs plans, chaque plan étant le lieu d’un ensemble de
décisions d’échelle et d’horizon spécifiques (figure 3).
– qu’avons-nous déjà fait ?
– de quoi avons-nous besoin ?
Pour chacun des plans, on identifie :
• On répond à ces questions en traitant de la planification du – un objectif ;
travail à faire (gestion des priorités), et de la gestion des capacités – un horizon ;
de l’entreprise pour le faire. Le marché établit les priorités relatives – un niveau de détail.
aux produits fabriqués : combien en faut-il et pour quand ? C’est la
charge de travail. La capacité représente les possibilités de Chaque plan est revu avec une périodicité spécifique.
produire ces biens et services. Elle dépend des ressources. La À chaque niveau, on répondra aux questions suivantes :
réponse à ces questions n’est pas originale. Par contre, rendre
cohérentes les réponses les unes avec les autres, et assurer une – quelles sont les priorités ?
logique de déroulement, est plus difficile. L’approche MRP permet – quelle est la capacité disponible ?
d’assurer cette logique et cette cohérence. – comment peut-on résoudre les écarts ?
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Planification
Gestion des données Gestion de la capacité
1. Plan
stratégique
Stocks des
matières premières et
sous-ensembles
5. Pilotage de Contrôle des entrées/sorties
l’atelier Séquencement des opérations
Postes de charge
Gammes
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Dès 1993, un groupe de réflexion financé par l’Europe, et – le temps de réponse minimal normal entre la mise en fabrica-
auquel ont participé la majorité des grands assembleurs euro- tion de la commande et la fin de la production, soit le délai de pro-
péens (automobile, aéronautique, aérospatiale et leurs principaux duction standard Dp de la figure 1 ;
fournisseurs) a fonctionné activement pendant deux ans pour – a capacité de production par unité de temps, mise en place
approfondir la culture et les principes particuliers des « flux tirés » pour répondre au volume des demandes de la clientèle.
en s’appuyant sur des réalisations concrètes (Peugeot, Airbus,…).
Le délai de la commande client Dc est défini en fonction du
Ainsi, depuis le début des années 2000, des réalisations volume des commandes et des capacités de production des
conformes à cette culture nouvelle sont apparues en nombre usines par unité de temps.
croissant en cohérence avec la mise en place, de plus en plus
récurrentes, de démarches de Lean Manufacturing.
Le client accepte logiquement qu’un temps soit nécessaire pour V volume des commandes (1 commande par
produire et transporter le produit fabriqué pour lui, mais il exige produit fini),
que l’affaire soit rapidement menée ; le client ou le vendeur ne font Cap/Ut capacité de production en nombre de produits
pas référence aux contraintes classiques de production. finis par unité de temps,
Dans le cas de l’automobile, la pratique de PSA consiste à pro- Ut exprimé en jours ouvrables (à la rigueur en
duire chaque véhicule commandé, hors pénuries particulières, en semaines).
5 à 8 jours ouvrables, soit 15 à 20 jours calendaires transport et
livraison inclus. Pour faciliter le travail des vendeurs, c’est-à-dire attirer et satis-
faire les clients sans les obliger à imposer tel ou tel produit, les
contrats entre commerce et production doivent être les plus
Délai court signifie, en général, que le temps de réponse globaux possibles et éviter d’intégrer des caractéristiques détail-
imposé aux clients est nettement inférieur aux délais de pro- lées des produits finis. Les contrats sont établis par famille de pro-
duction et d’approvisionnement les plus longs supportés par le duits (exemple : 108 Europe, tous types, 1 500/Jour et non
constructeur et ses fournisseurs (12 à 24 semaines (3 à 6 mois) 108 France, 3 portes, essence, 150/jour)
dans l’automobile)
Ces contrats signifient bien que la production s’engage à res-
pecter le délai de production Dp lorsque les commandes res-
pectent la capacité de production Cap/Ut. Ils signifient aussi que
1.1.3 Nécessité de contrats globaux entre l’ensemble des forces de vente a des objectifs au moins égaux
commerce et production aux capacités de production.
Le délai de production doit être court et annoncé pour chaque Ces contrats sont arbitrés lors des réunions du Plan Industriel et
commande, puis respecté à une tolérance près. Ce temps de Commercial [AG 5 110].
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Référence Internet
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– Peugeot 308 France, tous types 800 ± 80/jour ; Le flux physique est constitué de matières, pièces brutes, pièces
finies, sous-ensembles, produits finis qui empruntent un circuit
– Peugeot 308 Belgique, tous types 100 ± 15/jour ; repérable et préparé. Il est caractérisé par l’enchaînement des
– Peugeot 308 Hollande, tous types 100 ± 15/jour. opérations appliquées aux produits :
– stockage de matières ;
Les contrats ne sont pas figés sur l’année, à l’intérieur des marges
de manœuvre définies, les contrats globaux pourront être stabilisés à – transformations de la matière ;
un niveau choisi et donnés pour une période minimale courte (1 ou – modifications des formes ;
2 semaines), par exemple, Peugeot 308 France, tous types 870/jour. – assemblages ;
– contrôles ;
Les contrats globaux concernant un regroupement important de – manutentions ;
pays (par exemple, Peugeot 308 Europe, tous types… 1 500/jour)
– attentes ;
pourront être figés pour une durée minimale plus importante que
précédemment (par exemple, 1 mois). – stockages ;
– transports, etc.
Les contrats sont révisables et, si on constate que leurs limites Le circuit emprunté est jalonné par des matériels et des effectifs
de flexibilité ne sont plus adaptées au marché, il est nécessaire de affectés à des postes de travail ou à des missions (production
les modifier. directe, manutention, réglages, maintenance, encadrement, maga-
sinage, etc.). Les technologies et métiers d’un flux peuvent être
différents ; ils peuvent concerner les domaines de la production,
1.1.5 Traitement des commandes du transport et de la distribution.
Celles-ci, en règle générale, sont mises en production par Le flux d’informations est défini par l’ensemble des informa-
grandes familles de produits finis, dans l’ordre où elles sont expri- tions affectées à la préparation et au pilotage, ou à l’exécution
mées par les clients, de manière à respecter au mieux les souhaits d’un flux physique. Ce flux d’informations utilise, lui aussi, un cir-
des clients. cuit repérable et préparé, jalonné par des matériels et des effectifs
qui réalisent des opérations de transmission, transformation, stoc-
Dans l’exemple de l’automobile, les commandes de la famille kage et exploitation des informations.
108 (tous types, Europe) sont accumulées en temps réel dans
Flux physiques et flux d’informations s’interpénètrent et n’ont
l’ordre où elles sont formulées.
d’utilité et de sens que s’il y a parfaite cohérence entre les deux.
Les contrats globaux, établis entre commerce et production (ici Enfin, en matière de vocabulaire appliqué aux flux de produits,
1 500 véhicules par jour), permettent de définir les journées suc- nous utilisons l’expression « produits finis » pour désigner les
cessives de commandes à produire en 108 « Europe ». On procède produits qui empruntent les processus terminaux de production
de même, en parallèle, pour les autres familles de véhicules. (figure 2). Tous les autres flux concernant des sous-ensembles,
des pièces élémentaires brutes ou finies, des matières premières,
sont des flux de « constituants ».
1.1.6 Prévisions de commandes
Nous distinguons l’aval des flux (domaine relié directement au
Les contenus détaillés des commandes à la journée sont impré- client final) et l’amont des flux (domaine relié aux fournisseurs).
visibles. En effet, le libre choix des clients et des vendeurs n’est En général, l’aval d’un flux quelconque est situé au voisinage de
pas prévisible avec précision car les paramètres qui conditionnent la sortie des produits vers un ou des flux clients, l’amont d’un flux
les choix ne sont pas eux-mêmes cernables avec précision. Il est est situé du côté de l’approvisionnement ou entrée des produits
possible d’utiliser, entre autres, des historiques de vente pour en provenance d’un ou des flux fournisseurs.
construire des prévisions de ventes détaillées et datées. La figure 2 propose une représentation des flux de produits en
fonction du temps.
Exemple
À droite, le temps zéro correspond au produit fini terminé en
Entre janvier et décembre, on constate que 43 % des véhicules de sortie du processus terminal de production, en général un proces-
la famille F ont été de couleur blanche. sus d’assemblage. Dans l’automobile, il s’agit des lignes de fer-
rage (assemblage par soudure des constituants en tôles d’acier
L’utilisation de telles données pour construire des prévisions embouties pour obtenir une carrosserie), des installations de pein-
précises à la journée se heurte à deux difficultés : ture et des lignes de montage terminal.
Deux flux de produits constituants sont représentés : F (sièges
– l’application de telles données historiques à une population
de voitures, par exemple) et (postes de conduite pour l’automo-
restreinte, celle des commandes d’une seule journée, conduit à
bile, par exemple). F utilise les processus successifs C, B, A et
rendre incertaine la donnée recueillie : 43 % de couleur blanche se
les processus E et D.
situe en fait, après analyse de l’historique, entre, par exemple, un
minimum de 31 % et un maximum de 56 % pour chaque journée ; La longueur des rectangles représentant les processus est fonc-
tion des délais ou temps de production de chaque processus. Plus
– l’application des données du passé à la construction des infor-
on se déplace vers la gauche du schéma de la figure 2, plus les
mations du futur conduit aussi à définir des marges d’incertitude
opérations correspondantes exigent un délai ou, plus précisé-
car le futur n’est pas, en général, la reproduction exacte du passé.
ment, un temps de défilement long.
Donc, devant l’impossibilité d’établir des prévisions précises et
exactes à la journée, nous utiliserons la notion de « marges Le temps de défilement Tdc complet d’une filière F mesure le
d’incertitude » qui sera reprise au paragraphe 2.3. temps de défilement de tous les processus depuis la première
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Référence Internet
AG5111
ordres sûrs parce qu’ils respectent le choix des clients : les pro-
duits finis sont quasi vendus.
■ À gauche de la ligne α, la zone d’incertitude
Les postes de travail doivent fabriquer en quantités adaptées
sans savoir, avec une précision suffisante, combien produire. La
quantité exacte nécessaire ne sera connue que plus tard, au fran-
chissement de la ligne α, c’est-à-dire trop tard. La seule information
traditionnellement disponible à gauche de la ligne α est constituée
Figure 2 – Flux de produits dans l’automobile par des prévisions, fausses par essence (§ 1.1.5). Nous sommes
donc dans la zone d’incertitude de la gestion des flux de produits.
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Référence Internet
AG5111
L’utilisation des méthodes classiques de gestion des flux, 1.2.6 Fiabilité des procédés et des matériels
méthodes du type MRP « Management des ressources de produc-
tion » [AG 5 110] basées sur une actualisation très fréquente des Il est obligatoire d’introduire dans les ateliers des niveaux de
prévisions de fabrication pour tenir compte du contenu des com- fiabilité élevés à la fois des procédés, des modes opératoires, des
mandes, n’est pas une démarche fiable. En effet, les moyens machines, des outillages et des installations. L’objectif est de sup-
informatiques modernes permettent bien d’effectuer rapidement primer les incertitudes affectant la gestion des flux.
et fréquemment des calculs de besoins nouveaux, actualisés, cor-
rigés ; mais les ordres d’exécution qui en résultent arrivent
d’autant plus tard aux postes de travail que les temps de défile- 1.2.7 Principe des flux tendus
ment sont élevés. Les flux physiques et les flux d’informations
Il consiste à réduire, au strict minimum, les temps de défilement
risquent la discordance parce que les flux physiques, déjà pilotés
dans le but de supprimer toute déperdition d’énergie ou tout gaspil-
sur la base d’anciennes prévisions, ne peuvent pas absorber assez
lage de ressources. La motivation repose sur la recherche d’efficience
rapidement les fluctuations imprévues.
permanente avec un ratio reflétant bien un bon pilotage de flux.
La plupart des constructeurs automobiles, surtout en Europe,
connaissent bien cette difficulté. Les équipementiers et fournis- Le ratio d’efficacité des flux Td/TU mesure la part du temps de
seurs souffrent encore davantage de la non fiabilité des ordres défilement consacré à toutes les opérations de production (de la
d’approvisionnements. matière au produit fini).
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Référence Internet
AG5115
La planification industrielle
et ses limites
par Patrick GENIN
Responsable Supply Chain Support
Audemars Piguet Manufacture SA
Samir LAMOURI
Professeur des universités à Arts et métiers ParisTech
Chercheur au LAMIH CNRS
et André THOMAS
Professeur des universités à l’université de Lorraine à ENSTIB et CRAN – CFPIM
Note de l’éditeur
Cet article est la version actualisée de l’article AG 5 115 intitulé « La planification indus-
trielle et ses limites. » rédigé par Patrick GENIN, Samir LAMOURI, André THOMAS et paru
en 2005.
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Référence Internet
AG5115
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Référence Internet
AG5115
– le choix de faire ou faire faire des activités, (make or buy) ; 1.2 Niveau tactique : dimensionner
– le choix du type d’approvisionnement (mono ou multi- les activités
sources);
– la sélection des fournisseurs et des accords de partenariat ; Ensemble de décisions à moyen terme
– les marchés sur lesquels se développer, ainsi que les canaux Les décisions tactiques correspondent à un ensemble de déci-
de distribution ; sions à moyen terme inscrites dans le cadre de décisions défini
– les décisions de lancement de nouvelles gammes de pro- par la planification stratégique.
duits et l’équilibre entre elles ;
Les décisions tactiques jouent un rôle significatif dans la ges-
– la définition des indicateurs et standards de la chaîne logis- tion des opérations d’une chaîne logistique :
tique ;
– elles traitent des objectifs de volumes à produire, stocker,
– etc. transporter et vendre ;
Les indicateurs qui conditionnent ces choix sont, soit quantitatifs – elles modulent également les capacités des ressources pour
sous la forme de parts de marché par exemple, soit qualitatifs atteindre ces volumes dans les délais prévus ;
comme « d’être leader sur une technologie ou un marché donné ». – elles considèrent l’ensemble des entités de la chaîne logistique
L’unité d’œuvre est généralement financière, mais des unités qua- pour synchroniser les flux et les ressources capacitaires de
litatives peuvent être utilisées (échelle de valeurs comme le niveau manière globale.
de maturité sur une technologie donnée…).
Nous appelons plan tactique l’ensemble des plans définissant
Le niveau stratégique fixe un cadre au niveau tactique. les volumes de distribution de production et d’approvisionnement
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Référence Internet
AG5120
Planification avancée
L’apport des Advanced Planning Systems
par Patrick GENIN
Responsable Supply Chain Support
Audemars Piguet Manufacture SA, Le Brassus (Suisse)
Samir LAMOURI
Professeur des universités à Arts et métiers ParisTech
Chercheur au LAMIH CNRS
et André THOMAS
Docteur – CFPIM
Note de l’éditeur
Cet article est la réédition actualisée de l’article AG5120 intitulé « Planification avancée –
APS » paru en 2005, rédigé par Patrick GENIN, Samir LAMOURI et André THOMAS.
5. Glossaire .................................................................................................... — 15
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. AG 5 120v2
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Référence Internet
AG5120
omme indiqué dans l’article Flux poussés : MRP et DRP [AG 5 110], les
C systèmes MRP ont évolué à la fin des années 1990 vers le Supply Chain
Management. Les systèmes deviennent de véritables outils d’aide à la déci-
sion, dotés d’algorithmes d’optimisation, ils simulent l’ensemble du système
logistique, vérifient la disponibilité des produits et des capacités de production
et de distribution nécessaires pour faire face à différents niveaux de demande.
Ces outils sont couramment dénommés des « Advanced Planning Systems »
(APS) par les entreprises qui les commercialisent. « Les APS sont des progi-
ciels qui optimisent la planification et synchronisent les flux de la chaîne
logistique en tenant compte simultanément d’un grand nombre de contraintes
(ressources, capacités, délais, coûts, profits…) ».
Ces outils semblent aujourd’hui capables de synchroniser l’ensemble des
ressources matières et capacitaires pour aboutir à une planification dite « opti-
male » et ainsi apporter une réponse aux faiblesses de synchronisation des
systèmes traditionnels MRP II [AG 5 115].
Le lecteur pourra se référer à l’article Flux poussés : MRP et DRP [AG 5 110]
pour une vision complète des systèmes MRP II, et à l’article La planification
industrielle et ses limites pour en comprendre les limites [AG 5 115].
Les APS sont souvent présentés comme un concept innovant de planifica-
tion. Or les organisations utilisent des techniques de planification avancée
depuis plusieurs années.
En effet, les APS reposent sur un ensemble de méthodes connues, rendues
accessibles et efficaces par l’amélioration continue des technologies de
calculs ; l’émergence des architectures de communication client-serveur, le
développement des bases de données relationnelles, puis l’expansion de l’EDI
(Échange de Données Informatisées) ont contribué à assurer le développement
de ces outils.
« Toutes les entreprises disposent maintenant, à un coût abordable, d’une
puissance de traitements informatiques sans commune mesure avec celle dont
disposaient les plus grosses entreprises, il y a une vingtaine d’années ». Ces
outils APS ont d’abord été implantés comme des modules interfacés aux ERP
pour être progressivement intégrés à ceux-ci au cours de cette dernière
décennie.
Cet article est consacré aux apports de la planification avancée et des APS en
terme de synchronisation. Nous évoquerons également leur impact sur l’effet
coup de fouet.
Pour cela, nous montrons dans une première partie comment se décline la
planification avancée dans les APS. Ces derniers offrent des fonctions réparties
sur les trois niveaux de planification : stratégique, tactique et opérationnel
[AG 5 115]. Nous présentons les différents modules de ces outils.
La seconde partie présente les apports de la planification avancée en terme
de synchronisation.
Nous verrons dans la troisième partie l’impact de la mise en œuvre de la pla-
nification avancée dans différentes chaînes logistiques.
Nota : Nous réservons l’expression « planification avancée » aux techniques de planification.
APS sera utilisé lorsqu’il s’agit d’une mise en œuvre de ces techniques à travers un outil commercial d’aide à la décision.
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Référence Internet
AG5120
Le schéma directeur logistique est construit à partir du module Nota : Pour une revue des techniques quantitatives intégrées dans les APS, ainsi que
le processus de prévisions supporté par ces outils, nous renvoyons le lecteur à l’article de
de planification stratégique offrant des possibilités de modélisa- Wagner [16] dans l’ouvrage collectif dirigé par Stadtler et Kilger [12].
tion graphique du réseau et parfois d’une représentation cartogra-
phique de ce réseau (figure 1). En plus de regrouper les principales techniques de prévisions
Lors de cette modélisation, le gestionnaire schématise les quantitatives, la principale fonctionnalité de ce module provient
nœuds du réseau représentant les différents sites de production, de la structuration des données prévisionnelles. Les données sont
entrepôts, plates-formes de distribution… et il représente les flux présentées au niveau d’agrégation souhaitée selon des axes
circulants entre ces entités par des arcs reliant les nœuds. d’agrégation choisis par le gestionnaire à l’initialisation du
module.
À chacun de ces nœuds et arcs, il renseigne :
– les capacités (fixes ou variables dans le temps) ; Les prévisions sont alors établies à ce niveau pour être ensuite
– les contraintes (dures ou souples) ; désagrégées selon des prorata et stockées au niveau élémentaire,
– les coûts (voir Nota) ; c’est-à-dire :
– et parfois les délais. – l’article ;
Il affecte enfin les produits aux sites. – la période ;
– le point de consommation.
Nota : Certaines solutions permettent de modéliser uniquement des coûts variables et
ne prennent pas en compte les coûts évoluant par paliers.
Les axes d’agrégation étant généralement les périodes (jours,
semaines, mois, années), les zones géographiques (entrepôts,
Une fois la modélisation du réseau existant effectuée, il opti- régions, pays, zones, monde) et les produits (articles condition-
mise cette configuration par comparaison de scénarios ou par nés, articles, groupe d’articles, famille d’articles), la structure des
Tactiques
Opérations/Exécutions
Ordonnancement de production détaillé Gestion dynamique des stocks Planification détaillée de la charge des moyens
de transport
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AG5120
données prend une forme cubique d’où le nom de « cube » donné La lier aux modules de planification autorise cependant la prise
à la structuration des données (figure 2). en compte en temps réel des changements dans la demande ou
les prévisions. Il est alors possible de réagir rapidement aux
Un processus collaboratif d’établissement des prévisions auto- contraintes de demande de la chaîne.
rise la distribution de jeux de données à divers prévisionnistes
répartis, soit géographiquement, soit fonctionnellement, et auto-
matise ensuite l’agrégation des données et les analyses d’écarts. 1.1.3 Module de planification globale de la chaîne
logistique
Ce module est intégré à l’architecture de l’APS. Or la planifica-
tion de la demande, restreinte à l’établissement de prévisions, ne Ce plan correspond au plan tactique. Les prévisions de ventes
constitue pas à proprement parler une planification puisqu’elle issues du module gestion de la demande servent de base à son
n’est pas basée sur un modèle de décisions. Elle ne sert qu’à calcul à capacité finie. La modélisation est généralement un pro-
générer des données pour les autres modules. gramme linéaire ou linéaire mixte entier (voir § 2.1).
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AG5121
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AG5121
rebuts, des arrêts machines fréquents, le tout menant à des attentes et des
désynchronisations dans les flux. Ces processus de fabrication complexes et
pas toujours stabilisés sont souvent caractéristiques d’entreprises à très haute
valeur ajoutée. Ce qui pourrait parfois passer pour des problèmes d’industriali-
sation doit le plus souvent, y être vu comme autant de marques d’avance
technologique, d’innovation, de différenciation par rapport à la concurrence, et
de réduction au minimum du time to market. Dans des conditions de
renouvellement rapide des produits, les courbes d’apprentissage qui permet-
tent la stabilisation progressive des processus de production ne jouent plus. La
complexité est ici un atout face à la concurrence de zones de production à bas
coûts où la variété des produits fabriqués est moins grande et les lignes de
fabrication plus standardisées. Mais, il est nécessaire de savoir piloter avec la
meilleure performance possible ces lignes de fabrications dotées de fortes
variabilités intrinsèques.
Pour ces lignes complexes, il s’avère que le pilotage opérationnel des flux
par la méthode CONWIP (CONstant Work In Process) donne des résultats très
intéressants en termes de contrôle des en-cours, de maîtrise des délais et de
niveau de service client.
Le pilotage des flux de production par la méthode CONWIP mobilise plu-
sieurs concepts de la gestion de production :
– MRP (ou tout autre outil de planification) pour le choix des références
d’articles et de leurs quantités à produire ;
– la théorie des contraintes pour l’attention particulière portée aux goulots
et pour l’équilibrage dynamique permanent de la ligne ;
– le juste à temps par l’emploi de techniques de flux tiré pour l’engagement
du travail sur la ligne ;
– le management visuel pour le pilotage réactif et décentralisé des capacités.
Dans ce contexte, les techniques connues du Lean Manufacturing sont égale-
ment mobilisables pour amplifier les gains de performances apportés par le
CONWIP. Cependant, il n’est pas nécessaire de pousser les actions Lean
jusqu’à un niveau de standardisation et de normalisation extrêmes. La mise en
place d’un pilotage en CONWIP apporte déjà des améliorations notables,
même avec des temps de changement de série importants, des rebuts et des
retouches, des pannes sur les machines, et des variations sur les durées opéra-
toires de fabrication.
L’article détaille tout d’abord les bénéfices du pilotage de ligne de fabrication
avec des en-cours constants, puis passe en revue les méthodes usuellement
mobilisées dans ce but : Kanban, Kanban générique et Kanban d’emplacement.
Les limites de ces méthodes sont décrites, puis la méthode de pilotage de ligne
en mode CONWIP est présentée.
Les principes de fonctionnement d’un CONWIP mono-boucle et multi-bou-
cles sont décrits, ainsi que les liens conceptuels avec la théorie des contraintes
via les goulots de la ligne. Les liens avec le pilotage en flux poussé par un
calcul des besoins sont également détaillés.
La suite de l’article présente les pratiques concrètes de mise en œuvre d’un
système CONWIP :
– conditions préalables ;
– choix du nombre d’ordres de fabrication ;
– détermination des tailles de lot ;
– mise en place du management visuel de ligne ;
– procédures de pilotage quotidien d’un atelier en CONWIP ;
– gestion des priorités.
Un focus particulier est réalisé sur les liens entre CONWIP et Lean
Manufacturing.
La fin de l’article compare l’approche CONWIP avec des techniques alterna-
tives de pilotage d’atelier, en particulier avec la gestion en MRP pure, et avec
les systèmes de type Advanced Planning and Scheduling (APS).
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Référence Internet
AG5121
En-cours
Pour sortir de ce phénomène d’augmentation des en-cours sur la ligne
et d’allongement en cascade des délais, il faut limiter les Ligne sous-chargée Cadence maximale atteinte
en-cours en leur imposant un niveau maximum, ou mieux
encore, lorsque cela est possible : un niveau constant.
Figure 1 – Cadence d’une ligne vs en-cours
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Référence Internet
AG5121
Stock Stock
En-cours
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Référence Internet
AG5125
Dimensionnement logistique
d’un site
par ETDE Logistique Service, Conseil et Ingénierie
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AG5125
Le premier objectif d’un dimensionnement est d’aider à la défini- Lorsqu’une entreprise a suffisamment de recul vis-à-vis de son
tion de l’organisation et de déterminer au plus juste : équipements, activité, elle dispose en général d’un référentiel d’organisation. Ce
surfaces et effectifs d’exploitation. référentiel contient les principes d’organisation, ainsi que les
notions permettant de réaliser un chiffrage global. Il peut s’agir
Le deuxième objectif est de déterminer la souplesse de l’organi- de : cadences, temps de traitement, surfaces types, ratios tels que
sation dimensionnée au regard des besoins préalablement définis le nombre d’objets à traiter, le nombre de machines, etc.
dans la stratégie. Ce retour d’informations vers la direction peut
entraîner des modifications des orientations stratégiques initiales Ces données résultent de la compilation d’analyses des services
ayant fait office d’hypothèses de dimensionnement. « méthodes/process » réalisées sur la base de chronométrages, de
comparaisons entre sites ayant les mêmes fonctions et/ou d’étu-
des sur un poste de travail.
1.3 Positionnement de l’étude
dans le temps Exemple : les prestataires de messagerie dimensionnent les
agences de distribution avec des « rapports tonnages », c’est-à-dire
L’étude de dimensionnement doit être lancée le plus tôt possible
que pour x tonnes à traiter, le chantier de préparation doit avoir une
dès lors que la décision stratégique de la direction est de restructu-
surface de x m2. Le ratio n’est pas constant pour chaque entreprise,
rer les sites de production et/ou logistiques. Il existe trois cas de
car il est fonction de nombreux paramètres, tels que le poids moyen
figure où le dimensionnement logistique intervient :
des colis, les écarts-types volumétrie et poids... Cependant, leur
1. Le positionnement du futur site est choisi, mais la recherche méthode tend à évoluer vers les méthodes de simulation expliquées
immobilière n’a pas commencé. Le dimensionnement logistique a ci-après, avec la parcellisation croissante de leurs envois.
pour objectif principal de définir la surface du hall d’exploitation
afin d’orienter la recherche immobilière. La recherche immobilière,
Le chiffrage global permet de dimensionner rapidement un éta-
une fois aboutie, nous amènera au cas 2 ou 3, et le dimension-
blissement ou un chantier. Il est utilisé principalement dans deux
nement logistique pourra être terminé.
cas de figure :
2. Le terrain est acquis, vierge ou avec un bâtiment à détruire. Le
choix du terrain a été réalisé sur la base du schéma directeur et – l’entreprise ne veut ou ne peut pas optimiser ses process ni
d’une estimation de la surface basée sur l’actuel ou un référentiel. moderniser ses techniques ou son outil de production ;
Le dimensionnement logistique permettra d’affiner le besoin en – lors de la conception de plusieurs sites ayant la même voca-
surfaces, d’optimiser la circulation des flux et de dimensionner les tion (projet de refonte du schéma directeur), le premier site sera
équipements périphériques et effectifs. dimensionné par une des méthodes expliquées ci-après et fera
3. Le choix du hall d’exploitation est arrêté, il s’agit d’un hall existant office de référence pour les autres.
dont l’activité va être restructurée, ou d’une acquisition ou d’une
location en vue, suite à l’étude schéma directeur. L’objectif principal
du dimensionnement sera alors de vérifier la surface choisie. On appelle chantier tout endroit où se passe une action
Un résumé de ces trois cas est présenté tableau 1. majeure sur le flux : déchargement, atelier de production,
zone de conditionnement, ouverture de sac, tri de palette, etc.
Nous n’abordons pas dans ce type d’étude les aspects ressources
humaines, communication et conduite du changement, mais ils doi-
vent être menés en parallèle au projet industriel. Des échanges ont
lieu entre les groupes de travail au travers du comité de pilotage. L’utilisation d’un référentiel d’organisation pour la conception
Sur la figure 1 représentant un planning type de projet de présente les risques suivants :
conception d’un site industriel, le délai d’un dimensionnement – obsolescence des ratios ;
paraît relativement long, même s’il représente seulement 1/9e du
délai global du projet. Le développement du modèle informatique – évolution des techniques et des outils de production ;
est relativement court par rapport aux étapes de formalisation, – divergence de culture entre pays, source de pratiques différen-
réflexion, analyse de données existantes qui sont source ciées non référencées. La référence est souvent établie sur le pays
d’échanges. fondateur de l’entreprise.
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AG5125
Légende
*DCE : dossier de consultation des entreprises Réunions de travail
CGT : contrôle général des travaux Comités de pilotage Mise à disposition du bâtiment
RDT : réception et décompte des travaux Validation APD fournisseurs Démarrage de la garantie
Figure 1 – Planning type du projet de conception d’un site industriel, cas no 3, aspect production
1.4.2 Principes communs à la simulation Exemple : pour illustrer le principe, prenons un exemple simpliste :
la mise en stock dans un entrepôt quelconque. Nous savons que la
cadence de mise en stock est de 200 colis par heure et par
personne soit 50 colis tous les quart d’heure. Les standards du réfé-
Définition de la simulation rentiel en matière de zone d’en-cours indiquent une capacité de 80
colis. La partie déchargement a déjà été modélisée et nous avons la
La simulation est un procédé qui a pour vocation de repro- courbe des produits déchargés (colonne 1 de la figure 1). Il s’agit de
duire la réalité par la décomposition d’un système complexe savoir, ici, si un opérateur est capable de mettre en stock tous les
en une succession de phénomènes simples. Pour dimension- produits sans saturer la zone des en-cours.
ner, on va chercher à représenter chaque poste de travail, Nous voyons sur le tableau 2 que, le maximum en reste à traiter
chaque étape de traitement, de manutention... dans un est de 68, donc la zone ne sera pas saturée si un seul opérateur met
modèle informatique. en stock.
En modélisation statique, chaque activité est représentée au
Si l’on observe le fonctionnement d’un système dans son minimum par trois colonnes : ce qui arrive, le reste à traiter et ce
ensemble, il est impossible d’en appréhender le moindre change- qui est traité.
ment, ni surtout ses conséquences sur le reste du système.
L’objectif de la simulation est de reproduire un certain nombre
de règles et de phénomènes simples lorsqu’ils sont décrits indivi- 1.4.4 Simulation dynamique
duellement afin de les « faire vivre » ensemble et de reproduire
ainsi la complexité apparente de la réalité. Cette méthode est basée sur l’utilisation de logiciels spéciali-
sés*. Les machines, moyens de manutention, produits, personnels
Le but d’un modèle est également de pouvoir comparer rapide- et tout autre élément y sont réellement représentés, comme on
ment plusieurs solutions sur la base d’hypothèses d’étude. Il est peut le voir sur la figure 2.
important dans un modèle de pouvoir modifier rapidement un
* Une liste de ces logiciels peut être trouvée sur un site Internet (voir en
paramètre et que les résultats en sortie soient également modifiés. [Doc. AG 5 125]).
1.4.3 Simulation statique Les événements se produisent à l’heure précise et les files
d’attentes y sont physiquement représentées.
Cette méthode consiste à reporter les éléments par tranche de
temps : 5, 10, 15 min. Les écarts entre un dimensionnement par
chiffrage global et par simulation statique sont non négligeables 1.5 Équipe projet
et, ce, principalement sur les surfaces. Un chiffrage global ne tient
pas toujours compte des pointes et des creux d’activité. Que l’étude de dimensionnement soit réalisée en interne ou en
Pour développer un modèle statique, on utilise un tableur ou externe, les acteurs du projet ont les mêmes fonctions. Celles-ci
une base de données. sont détaillées dans le tableau 3.
45
46
Référence Internet
AG5130
es pratiques de bonne gestion veulent que les entreprises ayant des stocks
L – industriel ou distributeur – pilotent leur niveau au plus juste. En particu-
lier, s’il y a réduction des crédits bancaires, les Directions financières doivent
demander impérativement des réductions du Besoin en Fonds de Roulement
(le fameux « BFR »), et notamment des réductions de stocks. Si la Direction
financière peut fixer le montant en Euros de la réduction souhaitée, il appar-
tient aux Directions opérationnelles (Supply Chain en particulier) de déterminer
la manière de l’atteindre.
La plus facile des solutions – appliquer partout le même taux de réduction,
par exemple – 20 % sur toutes les références – est parfois retenue. Elle a
l’avantage de la simplicité et ne demande que peu de travail aux approvision-
neurs et agents de planning. C’est comme s’ils ne géraient qu’un article. Elle
est parfois la pire, conduisant à des ruptures en série, puis à des urgences
pour les résorber, coups d’accordéon on ne peut plus contre-productifs.
À l’autre extrémité du spectre, on pourrait passer l’ensemble des articles en
revue. La charge de travail colossale (il y a souvent plusieurs milliers, voire
dizaines de milliers de références) fait que beaucoup jettent l’éponge avant
d’avoir commencé. Ceux qui ne le font pas se découragent souvent en
Parution : avril 2012
47
Référence Internet
AG5130
chemin... ou ne le font qu’une fois dans leur carrière. Analyser l’ensemble des
références apparaît également comme incompatible avec la rapidité exigée
dans les résultats, sauf à mettre des ressources en parallèle.
Le manager responsable ne peut se résoudre toutefois à tomber de Charybde
(« vite et mal ») en Scylla (le renoncement devant l’ampleur supposée de la
tâche) et il lui convient de déterminer la démarche la plus appropriée, à savoir
celle qui permettra à la fois d’atteindre – et d’atteindre vite – les réductions
escomptées :
– sans pénaliser le niveau de service ;
– sans désorganiser l’ensemble de l’appareil productif ;
– et sans exiger une charge de travail considérable.
Nous nous proposons ici de donner un exemple de ce que pourrait être une
telle démarche, basée à la fois sur les meilleures pratiques académiques et
managériales, d’une part, et sur la facilité de soutien apportée par les dernières
générations d’outils décisionnels, d’autre part.
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Référence Internet
AG5130
Nota : en schématisant, pour atteindre ses objectifs, une entreprise doit financer l’outil de ■ Nous évaluerons ensuite le niveau de performance actuelle des
travail nécessaire : l’Actif économique. L’Actif économique est constitué des Immobilisations
(bâtiments, machines, matériels) et du BFR (stocks + créances clients – dettes fournisseurs).
articles déjà en Kanban et illustrerons, sur quelques cas, les pre-
Nous introduisons ces éléments pour montrer que la réduction des stocks n’est mières actions à prendre.
qu’une des composantes d’un ensemble plus vaste à optimiser (l’actif économique), et
que conformément à notre démarche, nous préconisons toujours d’aller du global aux ■ Enfin, nous évoquerons le dimensionnement de boucles Kanban
détails et de ne s’intéresser à ces derniers que s’ils représentent une valeur significative de nouvelles références et proposerons de :
de l’ensemble. C’est quand même très souvent le cas pour les stocks.
– visualiser l’impact des paramètres d’approvisionnement ou de
taille de lot grâce à un simulateur pédagogique ;
1.2 Nouvelle génération d’outils – calculer les consommations sur le « cycle de remboursement ».
décisionnels
L’apparition, ces dernières années, d’outils décisionnels particu-
lièrement conviviaux ouvrent aux managers et opérationnels de Pour chacun des points ci-dessus, nous procéderons de la
nouvelles perspectives que nous nous proposons d’illustrer dans manière suivante :
cet article. La principale nouveauté est qu’ils permettent des ana- • Étape 1 : « le cas » : nous expliquons une situation
lyses « agiles », c’est-à-dire intuitives et sans recours indispen- concrète et une méthode pour l’aborder.
sable à l’équipe informatique. Ils permettent de travailler bien plus
• Étape 2 : « les outils » : comment, de façon pratique,
vite qu’avec un tableur et permettent de commencer à travailler
mettre en œuvre rapidement un outil décisionnel ?
dans les minutes suivant l’obtention des données, ce qui est sou-
vent impossible avec beaucoup d’outils décisionnels « lourds ». • Étape 3 : « en synthèse » : quels enseignements en tirer ?
Il est très facile d’ouvrir des fichiers texte, Excel ou de se
connecter à des bases Oracle. On peut faire des analyses gra- Calcul du taux de service
phiques « à la volée », c’est-à-dire au fur et à mesure que l’on http://vimeo.com/39500888
découvre les informations et que l’on se questionne. On peut ainsi
éliminer d’un clic un point ou un ensemble de point aberrants,
créer des hiérarchies pour zoomer du global au détail, construire
des tableaux de bord dynamiques en 5 minutes...
2. Étape 1 : analyse
Remarque du portefeuille fournisseur
Les analyses et illustrations ont été effectuées ici avec l’outil
décisionnel « Tableau Software », mais il n’est qu’un des
représentants de cette nouvelle génération.
2.1 Cas posé
Il est bien entendu possible de faire tout cela avec des outils Nous prendrons le cas réel d’une usine « classique » fabriquant
classiques. La principale différence réside dans la vitesse de mise quelques centaines de produits finis et approvisionnant elle-même
en œuvre, dans la simplicité d’utilisation et dans les temps de ses matières premières. Les délais de fabrication étant très courts
réponse extrêmement courts (inférieurs à la seconde) même pour (quelques minutes de temps gamme), nous focalisons dans un
des volumétries très importantes (plus d’un million de lignes). premier temps sur la boucle amont des flux, c’est-à-dire la boucle
« magasin matières premières-fournisseurs ».
Certains décideurs arguent qu’il n’est pas nécessaire d’avoir de
l’informatique pour résoudre les problèmes. On avait très bien Nota : bien que basées sur des exemples réels, les données de l’article ont été modi-
fonctionné sans autrefois, cela marchait, et il n’est donc pas néces- fiées pour des raisons de confidentialité. Cela ne change en rien la validité de l’approche.
saire d’investir dans de l’informatique en général, et du décision- La fonction « Achat » est centrale au niveau du Groupe, avec des
nel en particulier. Nous répondrons deux choses à cela : acheteurs peu présents sur le site, et surtout évalués sur leur
– premièrement, les usines où cela marchait bien sans informa- « performance Achat » d’une année sur l’autre, performance
tique étaient des usines dans lesquelles la stabilité du mana- mesurée par les gains sur les prix unitaires. On devine que
gement et des employés faisait que l’information était dans leur leur tropisme naturel ne les a pas poussés sur d’autres critères
tête. Un nouvel arrivant dans une structure n’a pas des mois à tels les délais d’approvisionnement, les taux de services et autres
investir pour commencer à trouver ses repères et à agir ; unités d’approvisionnement. Les acheteurs ne sont pas toutefois
– deuxièmement, – et c’est une nouveauté – les hostiles à la coopération avec l’usine.
« investissements » à consentir dans les outils sont très réduits en
termes de délai de mise en œuvre. On peut commencer à travailler
dès la première demi-journée, installation, paramétrage, accès au 2.1.1 Réduire les délais ou fiabiliser
fichier compris... et souvent sans informaticien. les fournisseurs
L’un des leviers premiers pour réduire un niveau de stock en
1.3 Démarches illustratives mode de gestion par recomplètement est la réduction des délais
fournisseurs (et de leurs unités d’approvisionnement, mais nous
Il est difficile de fonctionner de manière efficace et efficiente, avec verrons cela dans un deuxième temps). Toutefois, il ne faut pas
quelque système que ce soit, si les fournisseurs sont peu fiables. prendre le délai annoncé, ou celui renseigné dans le système de
■ L’un des premiers diagnostics effectué sera donc l’analyse du niveau gestion, mais le délai maximum sous lequel nous sommes quasi-
de service du portefeuille fournisseur, dans un objectif de fiabilisation. ment certains d’être livrés.
■ Une fois les performances fournisseurs connues – défaillances ■ En termes de dimensionnement de boucles Kanban, il revient au
comprises – nous évoquerons rapidement le choix d’un type de même d’avoir un fournisseur :
mode de gestion par article (MRP ou Kanban) en fonction des – annonçant un délai de 2 semaines en moyenne et ayant des
besoins et des profils de consommation. retards pouvant aller jusqu’à une 1 semaine, c’est-à-dire un temps
L’article se poursuivra pour les articles en recomplètement de « remboursement » de 3 semaines ;
(Kanban, Point de Commande...). – ayant un délai fiable à 3 semaines.
49
Référence Internet
AG5130
Densité
0,7
0,6 0,7
0,5 0,6
0,5
0,4 3 2
0,4
0,3
0,3
0,2
0,2
1
0,1
0,1
0,0 0,0
4 6 8 10 12 14 16 0 5 10 15 20
Fournisseurs Délai (en jours ouvrés) Délai (en jours)
Fournisseur A
Fournisseur B Figure 2 – Fiabiliser avant de réduire
Moyenne EcTyp N
■ Nous recommandons la démarche d’analyse suivante.
1. – Identifier les « mauvais fournisseurs » : mauvais taux de
9,935 2,006 1 000
service.
13,97 0,6060 1 000
2. – Mettre en priorité ces derniers : par leur importance en
nombre de lignes de commande et/ou de chiffre d’affaires.
Figure 1 – Comparaison des livraisons de deux fournisseurs 3. – Identifier ceux dont les retards sont les plus fréquents, pour
réduire la dispersion dans un premier temps, avant de réduire les
délais.
Sur la figure 1, nous avons simulé le « temps de
remboursement » c’est-à-dire le cycle de recomplètement d’une
boucle Kanban avec un fournisseur A ayant un délai de 10 jours La performance approvisionnement du fournisseur est d’abord
ouvrés, mais une forte dispersion, avec un autre fournisseur B mesurée par son taux de service. Nous la définirons comme :
ayant un délai plus long (14 jours ouvrés) mais une dispersion plus
faible. En pratique, si l’on recherche un taux de service élevé, le Nombre de lignes de commandes réceptionnées le jour dit /
paramétrage en jours sera similaire (16 jours). (1)
nombre de lignes attendues ce
e jour
Nota : nous reconnaissons les limites de cette simulation pédagogique : les fournis-
seurs livrant rarement en avance, les distributions sont rarement « normales »...
Bien entendu, nous nous parlons de produits conformes. Un
■ En termes de démarche, nous recommandons de déjà régler le produit livré défectueux est considéré comme non livré.
problème de la dispersion des livraisons (l’écart-type) avant celle
du délai proprement dit (la moyenne). C’est-à-dire, comme montré Nota : d’autres formules sont possibles : nombre de pièces livrées/nombre de pièces
commandées...
sur la figure 2, de :
– passer de (1) à (2) : fiabiliser ; Exemple
– puis passer de (2) à (3) : réduire les délais... en conservant la Nous pourrions déjà classer les fournisseurs par taux de service
fiabilité des délais annoncés. décroissant pour connaître par lesquels commencer une démarche
d’amélioration. Mais à mauvais taux de service équivalent (mettons
50 %), 2 fournisseurs, l’un ayant 1 500 lignes en retard et l’autre 15,
Parce que nous pensons que la fiabilité est première, nous n’auront pas le même enjeu en termes d’amélioration du taux de service.
commencerons par régler les problèmes de taux de service en Si le nombre total de lignes de commande est de 40 000, l’un pré-
première approche. sentera une potentialité d’amélioration de près de 4 % (1 500/40 000)
quand l’autre n’aura aucun impact visible sur l’indicateur global
(0,04 %).
■ Du coup, les questions qui se posent à nous sont :
– comment avoir une vision rapide de la situation (de combien 2.1.2 Outil de mise en priorité :
de fournisseurs parle-t-on ? Quel CA ? Combien de lignes de
matrice quatre cases (deux dimensions)
commandes ?...) ;
– puis, vérifier si certains acteurs majeurs sont défaillants en L’exemple précédent montre que la mise en priorité sur un seul cri-
termes de service ? Lesquels ? Combien sont-ils ? Et est-il possible tère (le mauvais taux de service), pour nécessaire qu’elle soit, se révèle
de prendre des actions immédiates ? insuffisante : elle combine dans une même liste des propositions
50
Référence Internet
AG5131
51
Référence Internet
AG5131
Dans le cas évoqué, il s’agit de la mise en place d’une démarche TPM (Total
productive maintenance) appliquée à un centre de tri sélectif de déchets. Si les
gains financiers et techniques de la démarche sont évidents, l’apport managé-
rial l’est également. L’organisation et la montée des compétences, la
communication du terrain vers les services techniques facilitée, sont les princi-
paux gains humains obtenus.
Nous sommes donc convaincus que ce secteur d’activité peut s’inspirer des
meilleures pratiques d’excellence opérationnelle issues des autres secteurs
industriels (automobile...). Ce retour d’expérience en est une illustration.
Enfouissement
ou incinération
s
b ut
Re Filières de
40% revalorisation
Cartons
Journaux / Magazines
Plastiques
PET, PVC, PEHD
Métaux
FIlms plastiques
Cartons
Verres, aciers
Briques À trier 60 % Valorisables Briques,
Journaux ...
Aluminium
Magazines Centre TRIÉS
MÉLANGÉS de tri
40 #
% PEHD
Re 65 €/ T
but
s
Enfouissemnet
ou incinération
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Référence Internet
AG5131
Bien entendu, les prix à la tonne varient dans des proportions 2. Probléme économique
considérables, en fonction de la nature des déchets :
– 65 € la tonne pour du PEDH (le « flacon de lessive ») ;
d’un centre de tri
– 90 € la tonne (environ) pour du papier ;
– 700 € la tonne pour de l’aluminium !
de déchets
En moyenne, compte-tenu du mix produit, nous sommes à
100 € la tonne à la revente. Les prix unitaires multipliés par les En simplifiant, le compte d’exploitation d’une chaîne de tri (hors
volumes vendus constituent un chiffre d’affaires « sortant » ou coûts indirects du centre) est constitué (figure 2) :
dit « de filières de valorisation ». – en plus : des chiffres d’affaires « entrant » et « sortant » ;
– en moins : des coûts de fonctionnement, qu’ils soient directs
ou liés au recours à la sous-traitance.
■ Contraintes réglementaires
Le problème consiste à identifier les gisements de progrès et de
La réglementation environnementale à laquelle nous sommes comprendre sur quoi nous avons de l’influence.
soumis impose que le stockage du flux entrant et des produits
valorisables soit protégé des intempéries. Ainsi, ces stocks doivent
impérativement se trouver à l’intérieur de nos installations, dont la
surface est limitée. En cas d’impossibilité de faire face aux flux 2.1 Identifier les leviers d’action
entrants, nous sommes, par conséquent, obligés de les envoyer
chez des sous-traitants. C’est ce qu’on appelle : « détourner le flux ». 2.1.1 CA « entrant »
Vu du centre de tri, nous sommes dans une logique de flux
poussé car nous n’avons pas la maîtrise des quantités récoltées Le CA « entrant » est le produit :
d’une part, ni la capacité de beaucoup stocker, comme il vient – d’un volume de déchets collectés (bi ou tri-flux), sur lesquels
d’être vu, d’autre part. nous n’avons pas d’influence ;
– par un prix unitaire négocié avec le syndicat de communes. Il
Il est nécessaire de faire appel aux sous-traitants dans les cas
n’est pas influençable, non plus par le gestionnaire [2].
suivants :
– quand les volumes de déchets collectés sont très supérieurs à
la capacité du centre de tri (par exemple, après Noël) ; Il est à noter que le mix collecté (plus de PEHD que de
– quand il y a baisse de la capacité du centre de tri suite à des canettes) aura une influence directe sur le CA sortant, mais est
pannes en période d’afflux de déchets. également une donnée non influençable.
Recours à la sous-traitance
Centre
de tri
Coûts de revient
CA Entrant du système de production CA Sortant
TRS
traitance valorisables
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54
Référence Internet
AG5140
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Référence Internet
AG5140
1. Les différents types « subis », c’est-à-dire sont le résultat d’un fonctionnement, alors
que d’autres sont « voulus », c’est-à-dire créés et sont partie inté-
de stocks grante du mode de management de la production.
C’est pourquoi il existe différentes manières de classer les
stocks ; celle qui est le plus souvent utilisée est relative au flux
Les stocks sont de natures différentes. Ils constituent à la fois des matières (flux physique) à travers le système de production
une nécessité et une lourde contrainte financière ; certains sont (figure 1).
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Référence Internet
AG5140
■ Stock d’anticipation
On parle de stock d’anticipation à chaque fois que l’on veut anti-
ciper une demande future. Ce cas est systématique quand le délai
de fabrication est plus long que le délai attendu par le client
(figure 2) ; on utilise dans ce cas des prévisions.
■ Stock de fluctuation
C’est un stock que l’on crée pour couvrir la variabilité dans la
demande ou dans le délai. Si la demande ou le délai de livraison
sont plus grands que ce que l’on a prévu, on risque d’avoir des
ruptures dans la consommation.
Figure 1 – Les différents types de stock La figure 3 présente le schéma théorique (modèle de base) de
l’évolution du volume stocké ; nous reviendrons ultérieurement
sur ce point, lorsque nous aborderons le calcul du stock de sécu-
On distingue cinq types de stock. rité 6.
■ Les matières premières regroupent l’ensemble des articles reçus • On peut situer des stocks de protection contre la fluctuation
qui ne sont pas encore rentrés dans le process de fabrication. Elles à différents niveaux du processus de production, aussi bien
incluent les matières, composants et sous-ensembles achetés. en début et concerner des produits achetés, qu’à la fin et
■ Les produits finis qui sont l’ensemble des articles sortis du pro-
cess de fabrication et qui sont prêts à être expédiés. Le rôle de ce
stock est de compenser la longueur du délai de fabrication pour
aboutir à un délai de livraison beaucoup plus court. Il amortit les
fluctuations de nature saisonnière et de nature aléatoire de la
demande, de façon à assurer une meilleure utilisation de l’outil de
production.
Il sert enfin de stock de sécurité face à la demande client.
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Référence Internet
AG5140
Assemblage à la commande
Client
Fournisseur Fabrication à la commande
Conception à la commande
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Référence Internet
AG5150
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Référence Internet
AG5150
sont au cœur des progiciels de gestion intégrés (ERP), qui permettent d’opti-
miser les ressources et les moyens techniques de l’entreprise ainsi que de
mieux satisfaire la demande des clients [10].
Par ailleurs, dans le cadre des nouveaux programmes de Gestion collabora-
tive de la planification, de la prévision et des réapprovisionnements (CPFR,
Collaborative Planning, Forecasting and Replenishment) dans les chaînes
d’approvisionnement intégrées, les prévisions sont également indispensables
afin d’assurer une meilleure visibilité de la demande entre les industriels et les
partenaires commerciaux [11].
Ce partage des prévisions entre les différents acteurs de la chaîne d’approvi-
sionnement permet d’intégrer les plans commerciaux dans les plannings
opérationnels afin d’assurer un rendement optimal se traduisant par un
moindre coût et un meilleur taux de service aux clients.
Notons qu’exceptionnellement dans certains secteurs les prévisions peuvent
ne pas être indispensables notamment dans les décisions à moyen et à court
terme. Cela est le cas des secteurs où les entreprises travaillent à la commande
comme par exemple le secteur de l’aéronautique ou des chantiers navals.
1. Caractéristiques
et principes des méthodes Prévisions
de prévisions
Face à un besoin croissant des entreprises d’une aide à la
décision dans un environnement incertain, une prévision est
souvent élaborée en se basant sur le jugement humain et des
outils statistiques. Cela est à l’origine d’une pléthore de méthodes Méthodes Méthodes
de prévision développées depuis plusieurs décennies ([2] [3]). qualitatives quantitatives
Méthodes Méthodes
■ Classification des méthodes de prévisions
d’extrapolations causales
Il existe d’abord deux grandes catégories :
– méthodes qualitatives ;
– méthodes quantitatives, elles-mêmes être classées en deux
catégories : Figure 1 – Schéma des différents types de méthodes de prévisions
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Référence Internet
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Horizon
des prévisions
Exemple CT MT LT
Le court terme se réduit à quelques heures dans les centres
d’appels téléphoniques ; il couvre quelques jours dans un supermar- Figure 3 – Précision des prévisions en fonction de l’horizon
ché, alors qu’en construction navale, il peut représenter un an. de prévision
Par ailleurs, des méthodes quantitatives peuvent également être Le sondage d’opinions est une méthode très utilisée par les
utilisées pour des prévisions à long terme. entreprises, les médias ou encore les partis politiques. Elle
consiste à réaliser un questionnaire auprès d’un échantillon repré-
Exemple sentatif d’individus afin de proposer une estimation de la réparti-
tion de l’opinion sur l’ensemble de la population, et ainsi déduire
C’est le cas quand un distributeur décide d’implanter de nouveaux une prévision d’une réalisation future. La réalisation d’un sondage
magasins dans des villes sur un horizon d’un an en utilisant des d’opinions reste une tâche délicate, du fait même que l’opinion des
modèles macro-économiques basés, par exemple, sur des méthodes individus est difficile à observer.
causales.
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Prévisions systémiques
dans la supply chain globale
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AG5155
L'objectif de l' article est de proposer, en complément aux méthodes plus tra-
ditionnelles, des approches et concepts permettant un autre regard en support
de l’estimation des prévisions, transversalement, sans frustration, avec un
rationnel global et une facilité de partage, de suivi et de pilotage. Ces proposi-
tions s’adressent aux prévisions de ventes, achats de produits
« indépendants » ou communs, ressources matérielles, humaines et budgé-
taires, pour tout type de produits faisant l’objet d’un cycle de vie significatif
(deux ans minimum).
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Volume de commandes
SYSTÈME Maturité
Pilotage Tendance
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Une catégorisation plus élaborée, de Christopher et Peck, répar- Plusieurs outils existants peuvent être appliqués à la gestion des
tit les risques de la façon suivante [3] : risques dans la Supply Chain. L’explication de leur contenu, de la
• Risques internes à l’entreprise démarche et de leurs bénéfices peut être trouvée dans le rapport
de la Cranfield School of Management (Creating resilient Supply
– process Chains : A practical guide) disponible sur Internet [1]. Seule une
Les process sont définis comme les séquences d’activités à brève description a été reprise ici :
valeur ajoutée et d’activités managériales effectuées par l’entre- • La méthode Delphi : utilisation des connaissances d’experts
prise. Les risques process correspondent à l’ensemble des risques (managers, clients, fournisseurs ayant une bonne connais-
liés à la rupture de ces process. sance de la Supply Chain) afin d’obtenir une vision de ce que
– contrôles pourrait être le futur et éventuellement de définir un horizon
Les contrôles sont les hypothèses, règles, systèmes et ou une probabilité d’occurrence sur ces événements futurs.
procédures qui gouvernent la façon dont une organisation exerce • Le brain-storming : technique basée sur une approche de
le contrôle sur ses process. Les risques liés aux contrôles sont groupe, utilisant les données collectives et les opinions indi-
donc les risques venant de l’application, de la non-application ou viduelles afin de générer de nouvelles idées.
de la mauvaise application de ces règles. • Le FMEA (Failure Mode and Effect Analysis) : méthode visant
• Risques externes à l’entreprise, mais internes à sa Supply à prévenir les problèmes produits et process depuis la phase
Chain de développement en déterminant les modes d’échec d’un
système, et en établissant les effets de ces échecs sur la
– demande
performance de l’ensemble du système.
Ces risques sont les perturbations, potentielles ou réelles, des
flux de produits, des flux d’informations et des flux financiers entre • La cartographie des flux : visualisation standardisée de
l’entreprise et son marché. chaque lien et chaque nœud d’un process afin de mieux
comprendre les interactions et de situer les risques.
– approvisionnement
• La cartographie de la Supply Chain : représentation des pro-
Ce type de risque est l’équivalent amont du précédent. cess et des temps d’exécution afférents ; elle est similaire à la
• Risques externes au réseau cartographie des flux, mais dans une perspective macro.
– environnement • L’analyse des chemins critiques : le terme « chemin critique »
La prédictibilité du type ou du moment de concrétisation de ces désigne les séquences d’activités d’un projet ou d’un process
risques est faible, cependant, leurs impacts peuvent être analysés qui tolèrent le moins de déviation ou de retard, en termes de
de façon proactive. temps ou de ressources, sans que le projet ou l’activité soit
pénalisé.
Christopher classifie également les risques dans une pyramide à • L’identification des contraintes : promu par le Dr E. Goldratt
quatre niveaux interdépendants [1] : [4], le management par les contraintes conduit à déterminer
• Le premier niveau est celui des process et de la chaîne de les goulots d’étranglement, c’est-à-dire les activités ou les pro-
valeur. Les risques liés à ce niveau sont principalement les cess clés qui régissent le rythme de la Supply Chain.
risques commerciaux et financiers liés à une mauvaise exécu- • Le benchmarking : partant du principe qu’il est possible de
tion des process, la volatilité de la demande, la sous-perfor- faire des améliorations significatives dans les opérations en
mance de la Supply Chain. comparant celles-ci, de façon détaillée, avec d’autres entrepri-
• Le second niveau est constitué par les biens et les infrastruc- ses, le benchmarking permet de dégager les meilleures prati-
tures. Les risques liés à ce niveau résident dans la perte d’un ques.
lien ou d’un nœud, temporaire ou permanente. Un nœud du • Le modèle SCOR : méthode développée par le Supply Chain
réseau est un site commercial, ou de production, des biens Council of Management proposant une codification formali-
de technologie de l’information, les ports, aéroports et gares. sée du Supply Chain Management en une série de process
Les liens sont les pipelines, routes, voies ferrées, fluviales, rigoureusement définis, imposant par là même une standar-
maritimes ou aériennes. disation des interprétations.
• Le troisième niveau est composé des organisations et des • Le scénario planning : process consistant en l’élaboration de
réseaux interorganisationnels. La vulnérabilité de la Supply contextes futurs plausibles, contre lesquels les décisions stra-
Chain à ce niveau doit être comprise d’un point de vue straté- tégiques de l’entreprise peuvent être évaluées.
gique et microéconomique. Les nœuds sont les organisa-
tions, privées et publiques, qui possèdent ou gèrent les • Les modèles de simulation : limitation des évolutions des
infrastructures et les biens par lesquels passent les flux pro- opérations d’un monde réel ou d’un système dans le temps
duits et les flux d’informations. Les liens du réseau sont les permettant d’étudier le comportement d’un système ou d’un
relations commerciales, particulièrement les relations de process.
dépendance et de pouvoir entre les organisations.
• Le quatrième niveau comprend l’environnement externe. Les 1.1.2 Évaluer la vulnérabilité de la Supply Chain
facteurs considérés sont les facteurs politiques, économi-
ques, sociaux et technologiques, ainsi que les éléments natu- L’étape primordiale, et dont dépend le succès du SCRM, est celle
rels – géologiques, météorologiques, pathologiques (incluant de l’identification des risques et de l’évaluation de la vulnérabilité
les virus informatiques). de la Supply Chain. Afin de déterminer le profil de risques, il faut
bien comprendre sa Supply Chain et sa performance en termes de
Chaque niveau peut affecter les niveaux précédents. sécurisation.
1.1.1.3 Méthodes d’identification des risques 1.1.2.1 Supply Network : concept et implications
Les entreprises sont généralement conscientes de l’existence de Le terme de « Supply Chain » a été utilisé pour la première fois
risques liés à la Supply Chain, mais se trouvent dans l’incapacité de dans les années 1980. Cette nouvelle discipline représentait une
les réduire ou de les gérer, faute de les avoir clairement identifiés. réponse aux changements de stratégie des entreprises : l’abandon
La sécurisation de la Supply Chain doit faire l’objet d’une approche des objectifs individuels pour l’achèvement d’un objectif global. Le
par étapes, la première d’entre elles étant l’identification des risques concept de Supply Chain a ainsi regroupé plusieurs domaines
et la mesure de la vulnérabilité de la Supply Chain : quels risques, auparavant séparés, tels que la logistique (opérations d’entrepo-
quels impacts potentiels, quelles conséquences sur l’entreprise. sage, transport, distribution) et les activités de production.
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Référence Internet
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Aujourd’hui, la Supply Chain est de plus en plus considérée Le concept d’une Supply Chain promeut l’idée d’un environne-
comme une chaîne reliant l’entreprise à ses fournisseurs et aux ment stable, contrôlable, linéaire. L’idée d’un Supply Network, en
fournisseurs de ses fournisseurs, ainsi qu’à ses clients et aux reflétant la véritable complexité que représente la Supply Chain,
clients de ses clients. On parle de Supply Chain étendue. permet de mieux percevoir les réalités et par conséquent de
comprendre et de prendre en compte l’ensemble des risques
Lorsque l’on parle de sécurisation, Christopher souligne qu’il est auxquels sont soumis une entreprise et son Supply Network.
essentiel d’envisager la Supply Chain non plus comme une chaîne
reliant des maillons amont et aval, mais comme un réseau
1.1.2.2 Étapes de l’excellence SCRM
complexe. En effet, les produits et les flux d’informations passent à
travers plusieurs nœuds appartenant à différents réseaux qui relient A.T. Kearney a développé un tableau permettant de résumer les
les organisations, entreprises et économies. La réalité ressemble étapes de l’excellence du Supply Chain Risk Management [5],
plus à une structure en X qu’à une chaîne, chaque entreprise se lequel a été reproduit dans le tableau 1.
situant sur un nœud recevant des matières de plusieurs fournis- Il est possible d’utiliser ces étapes de la gestion du risque afin
seurs – eux-mêmes ayant plusieurs clients – et distribuant à plu- d’évaluer le niveau d’excellence d’une Supply Chain par un sys-
sieurs clients – eux-mêmes s’approvisionnant de plusieurs tème d’attribution de points : 1 point pour chaque réponse se
fournisseurs. De plus, une entreprise ne peut plus être associée avec situant dans l’étape 1 ; 2 points pour chaque réponse se situant
une seule Supply Chain ou, pour reprendre les termes de dans l’étape 2 ; et ainsi de suite.
Christopher, un « Supply Network ». En effet, elle peut posséder
Les résultats, donnant une vision générale de la maturité de
plusieurs Supply Networks, en fonction de divers critères : type de
clients ou de distribution, caractéristiques produits, etc. l’entreprise en termes de gestion des risques, doivent être inter-
prétés de la manière suivante :
– score de 21 points ou plus : correcte ;
Christopher définit le Supply Network comme « un réseau – score de 14 à 20 : questionnable ;
d’organisations qui sont impliquées, par des liens amont et – score de 0 à 13 : vulnérable.
aval, dans les différents processus et activités qui créent de la
Il est clair que ces résultats doivent être par la suite révisés sur
valeur, sous forme de produits et de services pour le client la base d’une analyse approfondie et détaillée du profil de risques
final » [1].
de la Supply Chain, mais ils permettent une première comparaison,
70
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AG5165
de façon globale et très raccourcie, avec le niveau désirable de sécu- significativement réduit. Cette idée a longtemps prédominé dans le
risation, et les bonnes pratiques en la matière. secteur de la production, où le contrôle des process est vu comme
l’unique solution pour maintenir la qualité des produits sur une
1.1.2.3 Mesurer la vulnérabilité base constante. Chaque processus de la Supply Chain peut bénéfi-
cier de l’application de cette idée. Le principe de base du contrôle
Les risques peuvent être de différentes tailles et échelles. Leur des process est de réduire la variabilité de ces process. Il est éga-
gestion représente toujours un coût. Il est capital de mesurer le lement reconnu que la variation des process de la Supply Chain
risque afin d’adapter le plan de prévention ou de réponse à son augmente avec l’impact cumulé de la variabilité de chacun des
importance. processus de la chaîne. Il est donc essentiel de comprendre
L’importance du risque peut être quantifiée comme étant le pro- comment la variabilité de la performance d’un process peut impac-
duit de la fréquence/probabilité du risque et de ses conséquences. ter la performance des processus consécutifs.
Trois critères basés sur l’analyse FMEA (cf. § 1.1.1.3) doivent être Enfin, de la même façon que nombre d’organisations
considérés : reconnaissent que la seule façon de faire du TQM est de créer une
– la probabilité ou la fréquence attendue de la concrétisation du culture de la qualité, par laquelle la qualité devient une préoccupa-
risque ; tion de chacun dans l’entreprise, il y a aujourd’hui une prise de
– la gravité de l’impact du risque sur l’entreprise en termes de conscience du fait que la gestion des risques doit également deve-
coûts et de niveau de service au client ; nir partie intégrante de la culture de l’entreprise.
– la probabilité d’une détection préventive et d’une éviction du
risque.
Les risques ayant un fort impact doivent être fortement sur- 1.2 Accroître la visibilité sur la Supply
veillés car ils ont un effet potentiel significatif sur le chiffre Chain
d’affaires, les marges et les avantages compétitifs. Les risques
ayant une fréquence élevée doivent être surveillés avec attention,
La visibilité sur la Supply Chain est la capacité de tous les
car les risques, par définition, ne sont pas supposés être des certi-
membres de la Supply Chain de voir d’un bout à l’autre de la
tudes. Cependant, les risques les plus importants, à gérer en prio-
Supply Chain, chaque mouvement, chaque transaction et
rité, sont ceux qui présentent à la fois un fort impact et une forte
chaque événement qui prend place depuis l’approvisionnement
fréquence.
jusqu’à la livraison du produit fini au client. Elle est une
Le projet Robust Lean Supply Networks (RSLN) propose des condition primordiale de la sécurisation de la Supply Chain.
indicateurs clés de mesure de vulnérabilité, classés en six catégo-
ries, qui sont résumés dans le tableau 2.
Nota : tableau adapté de RLSN Project Team [6]. 1.2.1 Supply Chain Management interne (ISCM)
Il doit toutefois être noté que les indicateurs proposés ci-dessus 1.2.1.1 Rôle de l’analyse stratégique dans le SCRM
mesurent le degré de sévérité des risques, mais pas leur probabi-
lité d’occurrence. Une pondération de ces critères en fonction de la « Le rôle du plan stratégique dans la sécurisation de la Supply
fréquence d’occurrence peut permettre de prendre ce dernier Chain est d’amener une vision claire, des objectifs, et des plans
facteur en compte. d’actions concernant la Supply Chain et s’insérant dans la politique
et la stratégie globale de l’entreprise. Les politiques nécessaires, les
process et sous-process, les possibilités organisationnelles, ainsi
1.1.3 Convergence des approches qualité que l’information pour la prise de décision, les systèmes et la ges-
et Supply Chain tion des données, doivent être conçus avec une vue proactive sur
l’évaluation des risques, leur surveillance, gestion et contrôle » [8].
Les coûts d’échec externes (arrêt de la ligne de production du
client, perte de temps pour le client, impacts société, responsabili- La première phase de la sécurisation de la Supply Chain passe
tés, dettes, rappels de produits, réparation après vente sur site, par une étape essentielle, celle de l’établissement d’un plan straté-
dommages causés à la bonne volonté, effets sur la demande gique. Les raisons en sont évidentes [8] : « Nous considérons le
future) sont un ensemble de coûts dont le montant peut largement plan stratégique comme une base fondamentale de gestion du
excéder le coût total du produit lui-même : les défauts peuvent risque de la Supply Chain. À moins que l’organisation ne sache où
coûter très cher à l’entreprise. C’est de ce constat qu’est né le Total elle va et qu’elle dispose de plans alignés quant à comment et
Quality Management (TQM). quand elle doit parvenir à l’objectif, il est peu probable qu’elle y
parvienne » [8].
Les principes du TQM sont les suivants :
Il serait vain de chercher à développer des plans de contingence
– l’assurance de la qualité par l’inspection du produit fini est le
pour l’ensemble des produits, et avec l’ensemble des acteurs de la
dernier recours ;
chaîne. L’analyse des risques à un niveau stratégique doit pouvoir
– détecter les situations hors de contrôle, identifier les causes et
permettre de décider des priorités, d’identifier les risques les plus
restaurer les process et le contrôle dans un temps utile permet
significatifs en termes d’impact sur la Supply Chain et de détermi-
toujours d’améliorer la qualité ;
ner le niveau de risques que l’entreprise est capable et accepte de
– l’assurance de la qualité demande l’implication de l’ensemble
supporter, et les risques contre lesquels l’entreprise souhaite se
du personnel et de l’organisation ;
prémunir.
– la prévention est toujours la stratégie préférée ;
– la qualité doit être prise en compte dès l’étape de conception Un plan de contingence ne concernant que l’entreprise elle-
du produit. même est insuffisant. Ces plans doivent d’abord concerner les
maillons les plus faibles du réseau. On considère que les maillons
Les approches qualité et sécurisation de la Supply Chain les plus faibles sont les maillons pour lesquels il existe un risque
convergent en plusieurs points : « La sécurisation de la Supply fort de perturbation, avec un ou des impacts significatifs. « Le mes-
Chain sous les aspects qualité et logistique obéit à trois principes, sage comme quoi le plus grand risque pour la Supply Chain, y
anticipation, prévention et amélioration continue, qui tous compris la Supply Chain interne, peut tout aussi bien venir de la
sous-tendent la prévention des risques » [7]. Supply Chain étendue n’est pas encore largement admis dans les
Maîtriser les processus qui composent la Supply Chain est un entreprises » [1], selon Christopher. Pourtant, pas un seul départe-
facteur clé de succès dans la réduction du niveau de risques. Si un ment ou division, ni même une seule entreprise, ne possède la
processus est sous contrôle, alors le risque de non-conformité est vision périphérique nécessaire à la gestion des risques.
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AG5166
Horizon Gérer les Planifier les Planifier la Gérer les Planifier les Planifier la
Période ventes ressources production achats approvisionnements distribution
H : 3 ans
Élaborer le plan
P : 1 an
Élaborer
H : 1 an Élaborer Élaborer les
les prévisions
P : 1 an le budget prévisions d’achat
de vente
Élaborer les
H : 6 mois
prévisions
P : 1 mois
d’approvisionnement
H : 2 mois Planifier la
P : 1 sem production
H : 3 sem Vérifier
P : 15 jours la disponibilité
H : 1 sem
Ordonnancer
P : 1 jour
Ordonnanceur et responsable
Responsable expédition Responsable transport
approvisionnements
2.1.2 Analyse micro des règles de gestion identifié comme insuffisant, il n’est pas nécessaire d’entrer dans le
par le réseau GRAI détail.
L’établissement du réseau GRAI pour Samixco doit permettre
L’élaboration d’un réseau GRAI, étape micro, permet d’iden- l’identification des risques liés aux contrôles, c’est-à-dire des
tifier pour chaque centre de décision les contraintes d’exécu- risques liés à l’application, non-application, mauvaise application,
tion, c’est-à-dire : voire à l’inexistence de ces règles. Ces règles de gestion sont les
variables de décisions et les critères utilisés, ainsi que les
– les informations utilisées et diffusées ;
contraintes existantes.
– les ordres reçus et donnés ;
– les contraintes ; Les variables de décision en bleu dans la figure 3 représentent
– les traitements réalisés ; les variables existantes mais non utilisées (c’est-à-dire des règles
– les procédures en cas de perturbations. inexistantes, puisque les critères n’ont pas été définis).
Les risques liés aux contrôles relevés dans le processus de pla-
Étant donné le nombre de process et le temps nécessaire à leur nification de production sont les suivants :
analyse, seuls les deux process principaux et susceptibles de géné-
rer les risques les plus significatifs ont été analysés ; il s’agit de : • Gestion de la demande :
– la planification de production ; – pas de comparaison avec les commandes précédentes en
– l’approvisionnement. terme de quantité,
Le process de prévision de vente est également un process – pas de vérification de la complétion ou de la fiabilité des
pouvant générer des risques significatifs. Ayant été précédemment commandes,
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Référence Internet
AG5166
VD/critères
Pic > 20 % de la
moy. sur 1 sem :
Période : 1 jour augmentation Période : 1 à 2 semaines
approximative de
la moyenne
Absence de
données : travail
Recevoir les sur données
commandes antérieures
Calculer et saisir
Saisir les Carnet de moyennes
commandes commandes consommation VD
Actualiser le plan
Couverture des
de production
ET ET
commandes de
Actualiser la semaine
Variable de Niveaux de
les stocks
décision (VD) stock
Saturation
globale
Aucune
VD/critères
Rendements de
production
faibles : diminution Plan de
du stock en production
fonction du
pourcentage de
non-qualité
produits
– non-utilisation des prévisions de vente pour compléter les don- • Détermination du plan d’approvisionnement :
nées manquantes ;
– stocks de sécurité estimés en fonction de tailles de lots de pro-
• Actualisation de la demande dans le plan : duction,
– utilisation de moyennes rehaussées de façon subjective en – consommables directs non pris en compte,
fonction des pics, – point de commande, pour les consommables, calculé en effec-
– diminution du stock du jour pour prendre en compte les rende- tuant la moyenne du stock minimal et du stock maximal,
ments de production ; – pas de considération des variations mensuelles des besoins.
• Planification de la production :
– pas de calcul de la saturation machine, 2.1.3 Identification des contraintes physiques
– pas de contrôle du nombre de changements de modèles ou
des tailles de lots. La théorie des contraintes de E. Goldratt propose d’identifier les
Le processus d’approvisionnement (figure 4) ne traite que des goulots d’étranglements, puisque ce sont ceux-ci qui rythment les
matières premières et des composants, mais pas des sorties du process global. Ce sont donc les goulots qui vont déter-
consommables, que ceux-ci soient directs ou indirects, puisque miner le degré d’agilité de la Supply Chain. Il est nécessaire éga-
l’approvisionnement de ces produits n’est pas basé sur le plan de lement de comprendre les contraintes de temps (délai), puisque la
production. vitesse est une composante majeure de l’agilité.
Le réseau GRAI pour les consommables est identique à partir du Ces goulots et contraintes de temps ont été analysés en partant
stade « passer les commandes ». L’analyse préalable est effectuée des process aval et en remontant vers les process amont, ce qui
directement sur l’historique de consommation. Les variables de permet de mieux identifier les points clés.
décision sont identiques, les objectifs (critères) de niveau de stock
visent un mois de stock. ■ Process de livraison
Les risques liés aux contrôles relevés dans ce processus Les clients de Samixco sont dispersés sur le territoire mexicain
d’approvisionnement sont les suivants : et aux États-Unis. Les délais de livraison vers les États-Unis sont
longs, de l’ordre de 4 à 10 jours. Les temps de transport vers les
• Actualisation des besoins : clients mexicains varient entre 5 et 24 heures.
– élaboration de tendances de consommation mensuelles
De plus, le passage de la douane est réglementé et n’est
basées sur deux mois : il est possible d’oublier des besoins si
possible sur une base normale durant la semaine que de 8 h à
aucune campagne n’est prévue dans le plan de production (pour
22 h, et le week-end de 8 h à 12 h.
cause de stock élevé ou de fréquence de production faible),
– pas de prise en compte des variations « saisonnières », En cas de problème de disponibilité de stock, il est possible de
– pas de comparaison avec l’historique ou avec les besoins réduire les temps de transit par le recours aux doubles opérateurs,
précédents ; le passage par l’autoroute, ou le paiement d’une surtaxe douanière.
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Actualiser stocks VD
et quantités
Analyser et
actualiser
en transit • Niveaux de
Plan de stock (équiv 1 à
ET ET 2 campagnes)
production
• Quantité par
Estimer tendances, commande
actualiser besoins • Lead times
Plan
d’approvisionnement
VD
VD
Fournisseur
Passer les
commandes
Période : 1 mois Carnet de
commandes
approvisionnement
Période : 2 semaines
commandes
Ajuster les
Ordres de
fabrication
VD
Couverture
des besoins
sur 3 semaines
Niveaux
de stock
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AG5169
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AG5169
composée une supply chain. Elle souligne ensuite que deux indicateurs clefs
permettent d’en apprécier la performance : le niveau de coût logistique et le
niveau de service logistique.
La seconde s’intéresse à la manière dont la supply chain contribue à la per-
formance organisationnelle. Elle montre comment la supply chain impacte la
performance sur les trois volets du développement durable (l’économique,
l’écologique et le sociétal). Elle souligne que la supply chain a un impact sur la
performance de toute organisation.
La troisième partie se demande comment une organisation peut améliorer la
performance de sa supply chain. Elle montre que l’objectif est pour une organi-
sation de construire des interfaces avec les acteurs qui sont situés en amont et
en aval et de promouvoir une vision globale de la chaîne. Elle souligne égale-
ment que la performance visée doit évidemment être adaptée à la stratégie de
l’organisation.
Enfin, la quatrième partie discute de la performance collective des supply
chains. Les supply chains sont enchevêtrées, et la performance de la supply
chain d’une organisation n’est pas indépendante de celle de ses concurrents.
L’enjeu est de faire appel à des prestataires de services logistiques et des asso-
ciations de standardisation, pour développer des pratiques de mutualisation et
de standardisation entre chaînes et interconnecter celles-ci dans une perspec-
tive d’économie circulaire.
Signalons enfin ici que dans cet article, nous utiliserons les termes de logis-
tique et de supply chain comme étant synonymes et identiques. Si certains
considèrent que la supply chain et les démarches de supply chain manage-
ment sont une extension de la logistique, qui n’en constituerait qu’une sous-
partie, nous considérons avec d’autres que le supply chain management est
juste une manière de renommer la logistique (1).
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AG5169
Par ailleurs, il est à noter qu’une entreprise gère souvent en fait logistique d’une activité n’est pas indépendant du niveau de coût
plusieurs supply chains, qui correspondent aux différents produits d’une autre activité qui est située en amont ou en aval. Cela est
qu’elle vend [4] : Renault aura ainsi de nombreuses supply chains tout particulièrement vrai des coûts de transport et d’entreposage,
qui renvoient aux différents modèles de véhicules que l’entreprise qui sont interdépendants, comme le met en lumière la figure 2.
propose.
Si une entreprise choisit non plus de stocker ses produits dans
Une représentation simplifiée d’une supply chain est proposée un entrepôt, mais dans deux, ses coûts d’entreposage vont
au sein de la figure 1. augmenter. Mais, dans le même temps, elle réduira ses coûts de
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Référence Internet
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Principales dimensions
Définitions Exemples
du service logistique
Temps de stockage
Taux d’accident
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Modèles d’évaluation
de la performance supply chain
par Dominique ESTAMPE
Professeur Supply Chain Management
Directeur de l’Institut supérieur de logistique industrielle (ISLI),
BEM Bordeaux Management School
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AG5170
• Cette nécessité de partage et d’intégration implique à son tour : • Les freins internes dans chaque structure sont aussi forts et
– une planification commune ; les pouvoirs des fonctions commerciales et achats ne favorisent
– le partage des bénéfices et des risques ; pas une mutualisation des ressources entre chaque acteur de la
– l’échange systématique des informations ; chaîne. Les dimensions économiques différentes de chacune des
– la constitution de passerelles entre les cultures des entreprises. entreprises sur la chaîne ne facilitent pas la création de cadres de
• Ce rapport équilibré nécessite une relation établie pour une réciprocité et d’échanges mutuels.
période relativement longue [10]. • Les freins techniques, liés à l’hétérogénéité des informations
Ces initiatives combinent des modifications stratégiques et échangées ou aux outils de gestion différents, nécessitent de
tactiques, nécessitant de réussir trois étapes essentielles : concevoir des systèmes d’échanges en commun.
– intégration interne : conception, achat, production, distri- L’avantage de développer des processus en commun est de cer-
bution, vente ; ner et de contrecarrer :
– intégration externe avec les partenaires de l’entreprise : four- – les lenteurs de transmission de l’information ;
nisseurs, fournisseurs des fournisseurs, clients, clients des clients ; – les activités sans valeur ajoutée ;
– développement d’un réseau flexible d’entreprises assurant une – les désoptimisations locales, etc.
importante réactivité au marché [9].
Cette vision élargie et globale sur toute la chaîne est un fac-
Ainsi, les entreprises qui conçoivent des organisations de teur important de réussite, dans le sens où elle permet d’amé-
supply chain créant de la valeur ont, dans la majorité des cas, liorer les performances de l’ensemble de l’organisation en
crée des processus en commun avec leurs clients. réseau des entreprises :
Cette notion de processus, conjointement développés par – meilleure mutualisation des ressources (stocks, transports,
les acteurs de la chaîne, est garante d’une synchronisation entrepôts...) ;
parfaite, mais aussi de l’échange mutuel d’informations, voire – rapidité de réponse aux clients ;
de ressources ([3] [10]). – dynamique d’élaboration en commun des produits et
services, etc.
■ La création de processus communs rencontre des difficultés,
notamment soulignées par Balmes [11] : « la longueur des proces-
■ Le supply chain management intègre l’approche interorganisa-
sus et la disparité de gestion sont telles qu’il est difficile de s’assu-
tionnelle des entreprises [12] et fait référence à la notion d’entre-
rer que le processus mis en place est suffisamment réactif par
prise étendue ou réseau d’entreprises (figure 2) [3].
rapport aux fluctuations de la demande ».
Lorsqu’on rassemble ces multiples aspects, le supply chain
L’implication de chaque acteur dans cette dynamique de syn-
management peut être défini comme la coordination systémique
chronisation et d’apport de valeur n’est pas simple à réaliser.
et stratégique des fonctions opérationnelles classiques à l’intérieur
• Les freins propres à chaque acteur de la chaîne sont
d’une même entreprise et entre des partenaires au sein de la
nombreux : non seulement les organisations ont des typologies
chaîne, dans le but d’améliorer la performance à long terme de
différentes, mais les compétences en organisation logistique ne
chaque entreprise membre et de l’ensemble de la chaîne [3].
sont pas les mêmes.
Chaîne logistique
Flux
logistiques
Environnement général
Coordination inter-entreprises
Ventes Services
Coordination • Satisfaction du client
Recherche et développement • Valeur/Rentabilité
interfonctionnelle
Prévision Informations • Avantage
(Confiance, concurrentiel
Engagement, Production
Risque,
Dépendance, Achat Ressources
Comportements) financières
Logistique
Systèmes informatiques
Demande
Finance
Service client
Prévisions
Fournisseur Entreprise Client
Fournisseur Client
du fournisseur de convergence du client
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Performances
Système réel Mesure
Actions
Objectifs
Interprétation
Modèle d'inducteurs
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Ce schéma explique le calcul du résultat net à partir du chiffre d’affaires. On peut voir ainsi
que la rentabilité commerciale (RN/CA) est dépendante des différents soldes intermédiaires
de gestion (VA, EBE, RE).
Achats fournisseurs
consommés
Production
de l’exercice
Impôts et taxes
Charges de personnel
Valeur ajoutée
Amortissements
et provisions Résultat financier
Résultat exceptionnel
Participation
Impôts
EBE sur les bénéfices
ou
EBITDA
RE
ou
EBIT RN
■ Le Résultat Net = RE + résultat financier + résultat exceptionnel Tableau 1 – Structure simplifiée d’un bilan
– participation des salariés – impôts sur les sociétés. comptable – Élaboration personnelle
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Un haut de bilan équilibré signifie que les actifs immobilisés 1.3 Rentabilité
soient financés par des capitaux stables.
La rentabilité fait référence à la notion d’efficience, c’est-à-dire
quel est le résultat obtenu avec quel niveau de ressource.
Indicateur de solvabilité « haut de bilan » : le Fond de Roule-
ment (FDR) ■ 2 ratios de rentabilité
Le Fond de Roulement (FDR) représente la différence entre Nous décidons de nous concentrer sur 2 ratios de rentabilité :
les capitaux permanents et les actifs immobilisés. Il sert donc à • Le CLR (Return On Equity ou Retour sur Capitaux Propres),
financer les actifs immobilisés et va servir à financer une partie c’est-à-dire la rentabilité financière puisqu’elle intéresse les
des actifs circulants tels que les stocks. apporteurs de fonds qui ont besoin de savoir combien leur
Il est donc nécessaire d’analyser l’impact d’un investissement investissement leur rapporte.
sur le FDR : le FDR est-il suffisant ?
Si non, comment augmente-t-on les capitaux permanents
(augmentation des capitaux propres ou dettes à long terme) ? • Le ROA (Return on Assets ou Retour sur Actifs), c’est-à-dire la
rentabilité économique dans le sens où elle mesure la capa-
cité de l’entreprise à utiliser de manière optimale l’outil
■ Le bas de bilan : industriel.
Le bas de bilan synthétise la capacité de l’entreprise à honorer
ses dettes à court terme, on parle d’« analyse du niveau de liqui-
dité de l’entreprise ». Nous choisissons ces 2 ratios car :
– ils permettent de mesurer la performance à la fois économique
et financière de l’entreprise ;
Indicateur de solvabilité « bas de bilan » : le Besoin en Fond
– leurs composantes liées à des inducteurs opérationnels dans
de Roulement (BFR)
lesquelles la Supply Chain est fortement impliquée [2] ;
Le BFR représente le besoin en financement pour fonctionner – ce sont les ratios les plus cités dans la littérature qui traite de
au quotidien. la performance financière de la Supply Chain ([2], [3], [4]).
Il est calculé de la manière suivante : BFR = Créances Clients On retrouve souvent dans la littérature une décomposition du
+ Stocks – Dettes Fournisseurs. ROE selon le modèle de Dupont qui consiste à le décomposer en
2 voire 3 ratios [1] :
C’est un indicateur essentiel pour mesurer la santé financière de Le modèle de Dupont [5] est souvent représenté graphiquement
l’entreprise. Il doit être évidemment positif, un levier d’améliora- afin de visualiser les leviers de chaque ratio.
tion est la baisse du BFR ; on retrouve le rôle important de la Sup- Nous verrons dans une prochaine partie que la supply chain
ply Chain dans la performance financière de l’entreprise. contribue au niveau de performance de ces leviers et donc du
Pour obtenir un état de la trésorerie sur une période donnée, on ROE (figure 2).
parle de Cash-Flow ou Flux de Trésorerie. Sa formule de calcul est
la suivante :
1.4 Création de valeur
Cash-flow = résultat net + dotations nettes aux amortissements
et aux provisions – plus-values de cession d’actifs + moins-values Il existe de nombreuses façons de définir la création de valeur
de cession d’actifs – variation du besoin en fonds de roulement. pour une entité, que ce soit pour une entreprise ou pour une
En synthèse, le Cash-Flow est la capacité d’une société à géné- chaîne logistique globale [7].
rer de la liquidité. La Supply Chain étant un contributeur direct au Si on se focalise sur la création de valeur financière, alors on
Résultat Net et au BFR, sa performance impacte significativement fait référence à la valeur pour l’actionnaire. Elle peut être mesurée
le niveau de Cash-Flow. de 2 façons :
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Ventes
Résultat brut –
Route du Nord – Coût des produits
vendus
Résultat net Charges totales
–
Marge bénéficiaire ÷
Impôts
Ventes
Rendement
Rendement
des capitaux = Levier financier × des actifs
×
propres
Stocks
Ventes
+
Rotation des actifs ÷ Actifs circulants Créances client
+
Total des actifs +
Autres actifs
Route du Sud Actifs
immobilisés
– Mesure interne = Economic Value Added (EVA) (figure 3 [6]). orbis.bvdinfo.com dont la base de données est constituée d’entre-
Même si les ratios de profitabilité, rentabilité et solvabilité sont prises du monde entier.
bons, une entreprise ne crée de la valeur que si ces profits sont La performance financière d’une organisation se mesure princi-
supérieurs au coût du capital qu’elle utilise ([2] [4]) donc l’EVA se palement à travers 4 postes. La profitabilité renvoie aux diffé-
mesure ainsi : rentes marges et au chiffre d’affaires de l’organisation.
Les indicateurs les plus suivis sont l’évolution du chiffre
d’affaires, l’EBIT, l’EBITDA et la rentabilité commerciale (Résultat
Net / Chiffre d’affaires).
Le Coût Moyen Pondéré du Capital (CMPC) est un taux défini, La structure financière de l’entité est donnée par le bilan dont le
d’une part, par le taux de rentabilité attendu par les bailleurs de Fond de Roulement et le Besoin en Fond de Roulement sont des
fonds et, d’autre part, par le taux d’intérêt des prêteurs de fonds indicateurs qui sont souvent cités dans la littérature.
telles que les banques ou les fonds d’investissements.
Il existe de nombreux indicateurs de rentabilité financière
Mesure externe = Market Value Added (MVA), c’est à dire la comme :
création de valeur sur les marchés financiers. L’objectif étant que
– le Return On Capital Employed (ROCE) ;
le rendement des actions des actionnaires soit supérieur à celui
qu’ils pourraient eux-mêmes gagner en investissant dans d’autres – le ROI (Return On Investment) ;
actifs ayant la même quantité de risques [8]. – le ROE ;
– le ROA.
Ce sont sur ces deux dernières mesures que nous nous concen-
trerons. Enfin, de plus en plus d’entreprises mesurent l’EVA qui
permet de vérifier si l’entreprise génère plus d’argent qu’elle n’en
1.5 Où trouver les données consomme réellement.
La difficulté avec l’EVA est qu’elle fait appel à la notion de Coût
Les données comptables sont disponibles dans les comptes de Moyen Pondéré du Capital (CMPC) qui ne figure pas dans les
résultats, les bilans et les liasses fiscales, déposés auprès des tri- documents comptables. Il est donc difficile de comparer cet indi-
bunaux de commerce. Il est possible d’y accéder également via cateur entre entreprises (benchmark).
des sites internet spécialisés.
Mesurer la performance financière d’une organisation revient
Nous citerons http://www3.scores-decisions.com/, qui fournit souvent à mesurer les résultats d’une entreprise. L’enjeu de la
des informations pour les entreprises françaises, et https:// mesure de la performance de la supply chain consiste à traiter,
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AG5171
Produits
Chiffre d’affaires
et services
RNE –
Achats
Charges Charges
de personnel
VEA
– Charges externes
Actif immobilisé
Capital +
Charge de capital ×
BFR
CPMC
non pas une entreprise de manière individuelle, mais une chaîne des conséquences directes sur la performance financière de
logistique globale, que nous allons désormais définir et qualifier. cette dernière.
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S3 C3
S3 S2 C2
C3
S4 S2
C1
S1 C2
Customer
S3 S2 Supplier C3
C2
S3 S1 Focal C3
Supplier Company
S3 C1
C2
Customer
S2
S1 C2 C3
S3 Supplier
S2 C1
S4 Customer C3
S3
S2
C2
S3 S2
S3 C2 C3
Réseau logistique
Chaîne logistique
Figure 4 – Les acteurs d’un réseau logistique et d’une chaîne logistique globale
PRESTATAIRE DE SERVICES
LOGISTIQUES
DERNIER CLIENT
FOURNISSEUR ENTREPRISE CLIENT
FOURNISSEUR FINAL
PRESTATAIRE SOCIÉTÉS
DE SERVICES FINANCIERS D’ÉTUDES DE MARCHÉ
2.2 Gestion de la chaîne logistique On remarque tout de même que le périmètre s’est ouvert à par-
tir de la fin des années 1990. Malgré tout, Fabbe-Costes [7] conclut
globale qu’il n’y a pas de définition précise du Supply Chain Management
(SCM).
Tout comme il existe plusieurs niveaux de chaîne logistique
(directe, élargie, globale), la définition de la gestion de la chaîne ■ Plusieurs définitions
logistique est à géométrie variable selon le périmètre traité par les
Ceci dit il nous semble intéressant de citer quelques définitions.
auteurs [7].
• En 1998, le CLM (Council of Logistics Management) devenu
■ Quatre catégories d’approche le CSCMP (Council of Supply Chain Management Profession-
Elle définit quatre catégories d’approche : nals) définit le Supply Chain Management de la manière sui-
– locale fermée, focalisée sur l’entreprise ; vante et marque la différence entre logistique et supply chain
– locale ouverte, focalisée sur l’entreprise et ses fournisseurs et management :
clients de rang 1 ; « La Logistique est la partie du processus qui planifie, met en
– globale : du premier fournisseur au client final ; œuvre et contrôle la circulation et le stockage dans des conditions
– globale étendue : prend en compte le sociétale. optimum d’efficacité et de rentabilité, des produits, des services et
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Référence Internet
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Usine
Distributeur Usine
Usine fournisseur
client cliente
Reactivas Rang 2
principal principale
principale
Figure 1 – Chaîne logistique globale centrée sur les entités Reactivas – Élaboration personnelle
REACTINA
REACTINA REACTIAISNE GRIFFAUTO RHONE GRIFFAUTO RETAIL
PETROINDUS REACTIOUEST GRIFFAUTO OUEST GRIFFAUTO RETAIL
OPTISOL REACTINORD GRIFFAUTO NORD GRIFFAUTO RETAIL
REACTICANG
REACTIYANG
REACTICAT
CONTRACT REACTIROC AIRMOTOR TUNISIE AIRMOTOR RETAIL TUNISIE
ELECA REACTIlLUB AIRMOTOR MOLDAVIE AIRMOTOR RETAIL
REACTIBRAZ
ABFIELD REACTIUK JAPCAR UK JAPCAR RETAIL
REACTIPORTO
REACTICZECH
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2,4 %
0,3 %
–2,2 %
Évolution
du marché
Figure 3 – Évolution du taux de résultat net entre 2012 et 2015 de la supply chain « Groupe Reactivas »
–10
Afin d’analyser la réactivité par rapport au marché de la chaîne
logistique « Groupe Reactivas » telle que définie plus haut, voyons –15
l’évolution du taux de résultat net entre 2012 et 2015 (figure 3).
Le taux de résultat net évolue globalement de la même manière –20
que le marché. Les tendances haussières et baissières sont cohé-
–25 –23,2
rentes, les amplitudes peuvent être décalées.
En effet, par exemple, alors que 2012 est une année de forte baisse
pour le marché automobile français (–15 % entre décembre 2011 et 2012 2013 2014 2015
décembre 2012, voir figure 4), la chaîne logistique « Groupe Reacti-
vas » ne recule que de 0,3 %.
À l’inverse, le marché est à +12,5 % en décembre 2015, alors que Figure 4 – Évolution du marché automobile en France – CCFA
la supply chain « Groupe Reactivas » est à +2,4 %.
La réactivité est donc correcte par rapport au marché français, Nous allons regarder plus en détails les chaînes REACTIAISNE
l’effet « amortisseur » est dû au fait que les usines composant la et REACTISLOVAK pour voir de quelle(s) organisation(s) vien(ne)t
supply chain « Reactivas » produisent pour d’autres marchés, ce les mauvais résultats (figure 7).
qui lisse les performances. REACTIAISNE réalise un bon résultat pour 2015 puisqu’il est
Nous allons comparer les 11 chaînes logistiques à la chaîne deux fois plus élevé que le Groupe. Le problème de la chaîne
« Groupe Reactivas » afin d’identifier leur niveau de réactivité et REACTIAISNE vient du constructeur GRIFFAUTO RHONE (–1 %),
leur taux de rendement net à fin 2015 (figure 5). du distributeur GRIFFAUTO RETAIL (–1 %) et du fournisseur ISO-
LAX (–2 %). C’est-à-dire que le problème du manque de profitabi-
Nous constatons que les chaînes qui ne suivent pas la réactivité lité de la chaîne REACTIAISNE vient des interfaces de
du Groupe sont aussi celles qui ont les moins bons résultats de REACTIAISNE, non pas du site REACTIAISNE en lui-même.
RN/CA à fin 2015.
Côté clients, si le site de REACTIAISNE fait mieux qu’eux, c’est
Nous allons donc nous concentrer sur cet indicateur.
que le reste de son portefeuille est plus profitable. On remarque
À fin 2015, nous obtenons ainsi le profil de taux de rendement que, parmi les meilleures chaînes logistiques, 80 % d’entre elles
net des chaînes logistiques de la figure 6. travaillent principalement avec AIRMOTOR.
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AG5173
–2,6 %
Moyenne de RN/CA REACTICAST La chaîne REACTICAST
4,0 % est remarquable puisqu’elle
surperforme le Groupe tous
2,7 % 2,8 % les ans, et n’est jamais en
négatif. 4 % en 2015 ce qui
1,5 %
est bien supérieur au 2,4 %
du Groupe.
2012 2013 2014 2015
Figure 5 – Comparaison du taux de résultat net des 11 chaînes logistiques du « Groupe Reactivas »
REACTIAISNE pourrait prospecter ce client à l’avenir car GRIF- ser les résultats. ISOLAX va vouloir augmenter ses prix pour
FAUTO RHONE va demander des efforts sur les prix vu sa mau- retrouver des marges positives. REACTIAISNE devrait également
vaise situation de profitabilité. Une solution serait de créer un préciser son back-up en cas de défaillance d’ISOLAX.
groupe de travail REACTIAISNE/GRIFFAUTO RHONE pour aider le
client à réduire ses coûts sur des postes précis. Vous trouverez à la figure 8 le graphique analysant la chaîne
REACTISLOVAK.
On remarque qu’ISOLAX a un taux de résultat net négatif sur Contrairement à REACTIAISNE, le problème de la chaîne REAC-
les deux dernières années malgré une progression du marché. Un TISLOVAK vient de l’entité REACTISLOVAK elle-même. Son taux
audit de la part de son client REACTIAISNE serait nécessaire pour de résultat net baisse depuis 2012 et est désormais très en des-
comprendre cette dérive et établir un plan d’actions pour redres- sous du Groupe (–14,5 % pour +2,4 %).
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AG5173
11,0 %
6,2 %
4,6 %
4,0 %
3,6 %
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Figure 6 – Profil du taux de résultat net des chaînes logistiques Reactivas en 2015
5,1 %
1,9 %
–8,9 %
–9,9 %
De plus, son fournisseur et son client de rang 1 sont positifs. Enfin, REACTISLOVAK peut prévoir des partages de compé-
Les actions d’amélioration doivent donc être internes. REAC- tences avec les sites Reactivas qui ont les meilleurs résultats tels
TISLOVAK doit augmenter son chiffre d’affaires et réduire ses que REACTILUB ou REACTICAST.
coûts, on se réfèrera à la partie 1.
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Référence Internet
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durable leur supply chain. Ce concept a ainsi commencé à être adopté par de
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1. Définitions
Contribue au
développement
1.1 Développement durable durable
La RSE est un concept dans lequel les entreprises doivent D’après [3], le MSC est « une philosophie qui tend vers une gestion
intégrer les préoccupations sociales, environnementales et éco- intégrée de l’ensemble des flux d’un canal de distribution, du fournis-
nomiques dans leurs activités et dans leurs relations avec leurs seur à l’utilisateur final ». Il intègre différentes activités, différentes
parties prenantes. entreprises, les différents acteurs de la supply chain et les coordonne.
104
Référence Internet
AG5172
Gérer
1.3 Management de la supply chain verte ner les impacts négatifs de leur activité sur l’environnement [6].
Le MSCV consiste à tenir compte d’objectifs environnementaux
(MSCV) dans les décisions, les relations, les pratiques liées aux activités
L’étape suivante de la déclinaison du développement durable se d’approvisionnement, de conception et de fabrication du produit,
situe au niveau de la supply chain. La supply chain englobe toutes d’utilisation, de services et de distribution [7]. Le MSCV doit en
les activités liées aux flux et à la transformation de produits à par- particulier intégrer les problèmes environnementaux liés à la fin
tir de l’étape des matières premières (de l’extraction) jusqu’à l’uti- de vie du produit [8]. Il peut reposer ou non sur le contrôle [9]. Il
lisateur final, ainsi que les flux d’information et financiers vise à améliorer la performance des organisations par rapport à
associés. Le management de la supply chain vise à l’intégration leur responsabilité sociale, à diminuer le risque lié à la réputation
de ces activités par le biais de l’amélioration des relations de la des organisations, à diminuer les gaspillages et à améliorer la
supply chain pour obtenir un avantage concurrentiel durable pour réactivité des organisations en cas de changement de réglemen-
l’entreprise. La supply chain a une fonction intégratrice. Le mana- tation [10].
gement de la supply chain a donc dû s’adapter à cette nouvelle
dimension qu’est le développement durable. Cette transposition
est déclinée à la supply chain en figure 3. Le Management de la Supply Chain Verte (MSCV) intègre la
Le pilier environnemental du développement durable est le pre- dimension environnementale dans le management de la supply
mier à être inséré dans le MSC et donne naissance au concept de chain, ce qui inclut :
management de la supply chain verte décrit en figure 4 [5]. Il – la conception du produit ;
s’agit notamment de la pratique des « Re » : réutiliser, recycler, – l’approvisionnement en matériaux et leur sélection ;
reproduction, réduction, etc. – les processus de fabrication ;
– la distribution ;
Le MSCV inclut les initiatives dans la logistique interne et/ou
– la logistique inverse ;
externe, prises conjointement par les fournisseurs, les distribu-
– l’usage du produit et sa fin de vie.
teurs et les utilisateurs, qui permettent de réduire, voire d’élimi-
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Référence Internet
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Flux matériel
Acquisition
Processus Distribution Utilisation
de matières Déchets
de fabrication de produits finis de produits
premières
• Recycler
• Changer Changer • Traiter
• Conditionner Changer les
les matériaux les process les déchets
• Réduire comportements
• Les réutiliser et les produits • Recycler
le transport
Image Réduction
Le Management de la supply chain Durable (MSCD) est le des coûts
management des flux de matériaux, d’information et finan-
ciers ainsi que de la coopération entre les entreprises le long
de la supply chain tout en prenant en compte les trois Volonté
dimensions du développement durable, à savoir, écono- d’innover
mique, sociale et environnementale répondant aux exi-
gences des parties prenantes.
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Par ailleurs, il s’agit aussi de préserver les marges face aux nouvelles formes
de concurrence. L’entreprise doit alors chercher à « produire au coût global le
plus bas » sans pour autant réduire la qualité de ses produits ou services
attendus par ses clients. La seule solution sera alors de « bien faire du premier
coup » les spécifications édictées par le client et ainsi assurer sa fidélité.
Cependant, un regard rapide sur l’histoire nous montre que les hommes ont
toujours su produire des « objets de qualité ». Dans le contexte industriel
actuel, ce qui nous différencie du passé tient dans la définition même de la
qualité, d’une part, et dans la répétitivité et la vitesse, d’autre part. Ces
contraintes conduisent à la génération d’écarts entre la cible visée et ce qui est
effectivement réalisé. Le problème est donc de minimiser et de maîtriser ces
écarts.
Le vecteur essentiel de succès est évidemment l’individu : « rien n’est pos-
sible sans les hommes ». Il conviendra alors d’assurer leur participation, leur
adhésion aux concepts du JAT et, en particulier, aux principes qui conduisent
à la recherche d’une amélioration continue.
Le juste à temps conduit à éliminer tous les gaspillages. Cela signifie que « si
vous n’avez pas besoin de quelque chose maintenant, alors ne le faites pas ».
■ Objectifs
1. Définitions et objectifs Le concept du juste à temps paraît donc simple à première vue.
du juste à temps Il énonce qu’il faut obtenir le produit voulu, au moment voulu,
dans la quantité voulue, c’est donc un problème de stock.
Une résolution primaire conduirait à avoir de tout en tout temps
■ Définitions (et en toute quantité) ! Les impératifs évidents d’économie posent
immédiatement alors le problème des coûts. Par ailleurs, la
grande instabilité du système économique amène encore une troi-
L’APICS (American Production and Inventory Control Society)
sième difficulté, celle de ne jamais rien prendre pour acquis :
définit le JAT comme « une philosophie basée sur l’élimination
l’entreprise est aujourd’hui contrainte à s’améliorer pour rester
de tous les gaspillages et sur la mise en œuvre d’une stratégie
compétitive.
de progrès permanent en terme de productivité ».
Ainsi, la réalisation et la pérennité des principes du JAT
s’appuient sur trois fondements que sont :
La valeur (au sens comptable) n’est produite que pour satisfaire – une saine gestion des stocks ;
un besoin client réel et enregistré ; elle doit être générée à un prix – une bonne maîtrise des coûts ;
qui lui semble raisonnable et qu’il pourra payer (un autre mot – une politique de progrès permanent.
pour cela est « qualité totale »). • Pour concrétiser ce principe, l’idée sera d’aborder les pro-
La valeur c’est avoir les bonnes pièces dans les bonnes quanti- blèmes de stock comme des problèmes de flux.
tés au bon moment et à la bonne place. Tout le cycle de fabrica- Dans le concept juste à temps, le stock est considéré comme un
tion est concerné. dysfonctionnement du flux. Ainsi sur chacune des fonctions du
stock, le juste à temps apporte un éclairage nouveau.
Apporter de la valeur à un produit ne signifie pas forcément aug-
menter son coût : les utilisateurs finaux ne sont pas concernés par les • Stock lié à la taille du lot
coûts de fabrication, mais seulement par le prix « juste nécessaire ». Le juste à temps pose comme objectif d’éviter la constitution de
lots. Les lots créent des irrégularités dans le flux, ralentissent son
écoulement et rendent irrégulier le débit en amont.
L’Association japonaise des normes industrielles (JIS) donne Pour réduire la taille des lots, une nouvelle organisation
la définition suivante de la qualité : « Un système ou des s’impose dans l’atelier : changement rapide de série, organisation
moyens visant à produire économiquement des biens ou des des machines en lignes, par produit ou famille de produits.
services d’une qualité qui réponde aux exigences des ache-
teurs. » • Stock pour pallier les fluctuations
En raison de l’adoption de méthodes statistiques dans la En ce qui concerne les stocks destinés à pallier le manque de
maîtrise de la qualité, on parle souvent de « maîtrise statis- fiabilité des approvisionnements, le juste à temps pose comme
tique des processus » (MSP). principe qu’il faut éliminer les causes de perturbations et que la
meilleure façon d’y arriver est de ne pas masquer par des stocks
les effets de ces perturbations.
Pour que la maîtrise de la qualité soit réelle, la participation de Des actions de qualité totale et de maintenance préventive
tous les membres de l’entreprise est indispensable à tous les stades. devront être mises en place.
Pratiquée dans cet esprit, la maîtrise de la qualité est appliquée à • Stock pour compenser l’inertie du processus et stock de cou-
l’ensemble de l’entreprise et l’on parle alors de « qualité totale ». verture
Ces deux définitions, très proches conceptuellement, montrent Pour éviter que la production soit obligée de gérer entièrement
combien ces philosophies sont liées. à partir de prévisions incertaines, le juste à temps incite à réduire
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au maximum les délais d’approvisionnement et de fabrication. Concernant l’obtention de coûts bas, on ne les recherche plus
Ainsi, le déclenchement du processus peut se faire à partir d’une en se focalisant seulement sur les coûts directs de production,
commande ferme. mais en analysant la pertinence de tous les types de coûts sans
En pratique, ce type d’action peut rencontrer des contraintes exception et en recherchant de façon systématique des moyens
technologiques ou commerciales importantes dans certaines plus économiques, ramenés au juste nécessaire, pour parvenir à
industries. Mais l’idée qu’il faut travailler sur des commandes la même production.
fermes doit subsister. Ce processus d’évolution doit passer, en premier lieu, par la for-
malisation et la compréhension commune d’une vision indus-
■ Nouvelle approche de la « production au plus juste » trielle globale, c’est-à-dire par l’expression de stratégies de
La production au plus juste est un prolongement du juste à temps, réactivité et d’adaptabilité orientées client. Il s’agit là de fixer des
l’originalité de cette nouvelle approche est qu’elle donne un éclairage objectifs de temps de réponse, de taux de service,… en se compa-
nouveau sur les coûts. La production au plus juste est un concept de rant aux pratiques concurrentielles et aux exigences du marché.
management qui concerne toutes les fonctions de l’entreprise.
L’objectif en est la réduction globale des coûts tout en maintenant ■ Quatre axes de progrès
une qualité parfaite pour améliorer la compétitivité de l’entreprise. Cela conduira à développer sa propre stratégie en combinant et
Confrontée à une compétition chaque jour plus vive et qui se pondérant ces quatre axes de progrès :
livre désormais à l’échelle mondiale, les industriels doivent pour- – celui de la maîtrise du produit/service avec les démarches et
suivre sans relâche leur effort d’adaptation. C’est ainsi que chacun outils du TQM (Total Quality Management ) ;
a pu constater les progrès décisifs réalisés depuis quelques – celui de la maîtrise du temps et du pilotage avec les
années sur le terrain de la qualité. démarches et outils de synchronisation ;
Aujourd’hui, la concurrence internationale se focalise sur les – celui de la maîtrise des moyens avec les démarches et outils
prix de vente qui, dans de nombreux secteurs, sont en baisse. de productivité totale ;
Pour que les entreprises conservent des marges qui assurent leur – celui de la qualité des hommes et de l’organisation sociale
survie et leur développement, la maîtrise des coûts constitue avec la démarche de progrès permanent, la constitution et l’anima-
maintenant l’enjeu prioritaire. En ce domaine, les changements tion de groupes de résolution de problèmes… Ce quatrième regard
dans l’organisation industrielle de l’entreprise offrent souvent des ayant la particularité d’être transversal par rapport aux trois autres.
marges de progression considérables.
Ce déploiement s’opérera le long de la totalité de la chaîne de
■ Évolutions au cours du temps valeur et des processus majeurs de l’entreprise. Il passera, en par-
ticulier, au niveau de chaque activité, par l’analyse de ses contri-
Si la trilogie des objectifs coût/qualité/délai reste une constante
butions à la valeur. Produire au plus juste se traduira alors par la
de l’entreprise industrielle, la façon de les atteindre a été profon-
mise en place et le déploiement systématique de nouvelles
dément modifiée.
démarches :
• Hier – de conception ;
Pour obtenir des coûts de fabrication bas, on cherchait à aug- – d’industrialisation ;
menter les cadences main-d’œuvre. Pour obtenir de la bonne qua- – de production et de distribution.
lité, on multipliait les contrôles à tous les stades du processus.
Pour livrer rapidement, on maintenait des stocks de produits
finis pléthoriques.
• Aujourd’hui 2. Outils du juste à temps
On sait qu’un haut niveau de qualité ne peut être atteint, et
maintenu, qu’en cherchant à faire du premier coup de la bonne Pour mettre en place le juste à temps, chaque unité de produc-
qualité et en impliquant tous les acteurs, de l’ingénieur du bureau tion devra travailler sur les aspects suivants :
d’études à l’opérateur, dans la recherche d’une qualité parfaite. – maîtriser le pilotage des flux (voir § 2.1) ;
Pour livrer rapidement, on sait qu’il faut augmenter la flexibilité
– augmenter la flexibilité en réduisant les temps de réglage (voir
de l’outil de production et donc sa réactivité pour permettre une
§ 2.2) ;
accélération des flux.
– rendre la production fluide (voir § 2.3) ;
La comptabilité analytique permet de déterminer les coûts de – améliorer la qualité (voir § 2.4) ;
production sur la base des coûts matière, coûts de transformation
– améliorer la productivité (voir § 2.5) ;
et frais généraux. Les comptables établissent des sections ou
centres de coûts pour lesquels des taux horaires sont fixés et ainsi – lisser la production (voir § 2.6) ;
ils répartissent au pourcentage les frais généraux. – établir de nouvelles relations avec les fournisseurs (voir § 2.7).
Cela conduit à avoir des groupes de machines de même taux ou Dans les paragraphes suivants, nous décrivons quelques outils
encore à avoir une même répartition des frais administratifs pour utiles pour chacun de ces aspects. Nous nous attacherons alors à
tout un service. montrer comment ils permettent d’atteindre les objectifs sans
chercher cependant à être exhaustifs quant à leur énumération.
Cependant, la diversité résultant de la mise en œuvre du JAT
amène à remettre en cause cette approche.
Prenons par exemple le cas d’un service de planification/lance- 2.1 Maîtriser le pilotage des flux :
ment. Peut-on considérer que le travail y est le même selon que l’on le Kanban, un outil fondamental
a 10 ordres de fabrication (OF) de 5 000 unités à gérer pour une pour les entreprises manufacturières
période ou un ensemble compliqué de 500 petits OF.
Ordonnancer, dans ce deuxième cas, nécessite beaucoup plus Le mot japonais Kanban signifie : étiquette, signal.
d’énergie et est donc plus coûteux. Il n’y a aucune raison de ne pas La méthode est fortement associée au juste à temps puisqu’elle
prendre en compte ce fait dans le calcul du coût des produits. a été expérimentée sur les chaînes de production de Toyota
Le faire conduit à utiliser une comptabilité dite « par les activités » comme outil d’ordonnancement et de définition des priorités de
ou Activity Based Costing (ABC). production.
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De nombreuses variantes ont été développées depuis à travers lable et surtout flexible aux variations de la demande du poste
le monde. Mais les principes restent essentiellement les mêmes : aval.
c’est sur ceux-ci que nous nous attarderons.
2.1.3 Parcours d’un Kanban
Remarque Un Kanban est une fiche qui donne ordre de fabriquer ou de
Une mise en garde de départ s’impose quant à la relation monter une pièce. Suivons, pour un cycle complet, le parcours
entre Kanban et juste à temps. Certains environnements, complet d’un Kanban (figure 1).
usines ou lignes de fabrication, ne permettent pas l’applica- – 1. Au départ, le Kanban est en attente au poste client. Il est
tion du Kanban. Il ne faudrait pas que de telles conditions attaché à un container plein dans lequel se trouve le produit prove-
soient un motif pour abandonner l’idée du juste à temps. nant du fournisseur. Le container attend d’être consommé avec
Il peut être fascinant de voir à quel point le Kanban permet à son Kanban ;
certaines entreprises de bien résoudre l’équation production – 2. L’opérateur du poste client prend le container car il a besoin
= demande. Mais le souci de réduire les temps de réaction, les des pièces pour réaliser sa production ;
stocks, les temps d’attente du processus de production et le – 3. Le Kanban du poste client est retiré du container par l’opéra-
souci de rendre un meilleur service au client sont encore plus teur ;
importants. – 4. Le Kanban revient alors (par l’opérateur du poste client ou
Le juste à temps inclut donc le Kanban comme une de ses un autre mécanisme de retour) au poste fournisseur ;
méthodes de travail ; mais le juste à temps n’est pas le – 5. À son arrivée, le Kanban est déposé sur un tableau de plan-
Kanban. ning (poste fournisseur), dans la colonne du produit qu’il identifie ;
– 6. S’il est seul en attente, il se peut que le Kanban ait à
attendre le retour d’autres étiquettes ;
– 7. Lorsqu’il y a assez d’étiquettes pour déclencher le plus petit
2.1.1 Objectifs du Kanban lot possible du produit, le Kanban sera sorti du planning et devien-
Les principaux objectifs de la méthode Kanban sont les sui- dra un « ordre de fabrication » ;
vants : – 8. Il sera attaché à un container du produit et transporté dans
le stock de l’opérateur du poste client. Et on recommence le
– appeler la production par l’aval, c’est-à-dire à partir de la
cycle…
consommation réelle du client (interne ou externe) ;
– rendre plus facile l’établissement des priorités en les reliant
directement à la consommation réelle ; 2.1.4 Ordonnancement à l’aide du Kanban
– ramener l’ordonnancement précis des ordres de fabrication au
niveau de l’exécution ; Pour établir l’ordonnancement ou les priorités de fabrication
– rendre le flux de fabrication continuellement visible ; entre plusieurs produits, chaque poste doit avoir son propre sys-
– pouvoir se passer de système informatique. tème de priorité. Ce système est reproduit sur un planning qui
fonctionne de la façon suivante :
– il y a une colonne pour chaque produit dont le poste est res-
2.1.2 La boucle Kanban ponsable ;
Une des ambitions du juste à temps est de simplifier toutes les – pour chacun des produits, on établit préalablement le nombre
opérations de l’usine et de les fractionner en opérations pouvant de Kanbans en circulation.
être gérées par une personne ou une petite équipe responsable. Pour fixer ce nombre, on peut procéder de façon intuitive :
Le Kanban est un outil pour faciliter la circulation des produits et « Compte tenu de la vitesse avec laquelle mon client consomme
des informations entre deux postes ou deux unités de travail. habituellement le produit, et compte tenu de la vitesse avec
Alors que les systèmes classiques de gestion de production laquelle je suis capable de l’approvisionner, combien de stock
voient les stades de fabrication de façon plutôt linéaire et conti- dois-je laisser près de son poste ? Quand dois-je déclencher la
nue, la méthode Kanban voit plutôt le flux de production comme production ? Quelle est la taille minimum du lot à produire ? ».
une série de boucles reliées. La méthode Kanban vise à créer La méthode intuitive s’avère souvent aussi valable que la
entre les postes de travail, un échange simple, facilement contrô- méthode mathématique. Si l’opérateur est centré client et qu’il
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Référence Internet
AG5195
Lean Management
Bien le comprendre pour bien le déployer
par Joël DUFLOT
Ingénieur Centrale Paris, manager dans l’automobile en France et à l’international, interve-
nant en Université, Conseil en Excellence Opérationnelle
Co-auteur de la BD : L’Usine du futur, se préparer avec le Lean (Eyrolles, 2017)
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Référence Internet
AG5195
1.1.1 Contexte d’origine Le contexte du Japon de l’époque est un pays ruiné, affaibli,
sans ressources, isolé et avec un marché intérieur atone.
Le Lean est issu du Toyota Production Système (TPS) déve-
loppé par Toyota dès les années 1950 et jusqu’à la fin des années
1980, date à laquelle il a bénéficié des apports d’autres entreprises
dans le monde entier échappant en cela à ses créateurs. Le président de Toyota déclare en 1945, « Il faut rattraper les
C’est le contexte très contraignant de l’après-guerre au Japon États Unis en 3 ans sinon nous allons disparaître ». Comme les
qui a conduit deux ingénieurs Toyota, Taïchi Ohno et Eiji Toyoda, Japonais ne peuvent suivre la voie occidentale faute de moyens,
appuyés par un théoricien américain, Edwards Deming, à dévelop- ils vont créer un système différent, en se basant non pas sur des
per ce nouveau système. études conceptuelles, mais sur des bases simples, pragmatiques,
appliquées sur le terrain après avoir obtenu l’assentiment de tous,
ce qui n’est jamais facile, même au Japon.
Le contexte occidental : après la 2e guerre mondiale, les
besoins et les attentes sont énormes et, pour les satisfaire, on Alors que la production de masse privilégie à court terme la
dispose du système de production le plus efficace possible : la cadence et le coût, les deux étant liés par le sacrosaint « effet
production de masse. d’échelle », souvent jugé à tort indispensable à l’efficacité, le nou-
veau système part sur de toutes nouvelles bases.
Les principes en sont simples, il faut produire beaucoup, à forte Le Toyota Production Système associe les principes de Qua-
cadence, pour satisfaire des besoins qui seront de toute façon lité et de Juste à temps à l’implication des hommes.
supérieurs à l’offre pourvu qu’on mette les produits à disposition Aucun de ces éléments ne doit jamais manquer pour que le
à un prix toujours plus compétitif. système fonctionne correctement.
Le premier besoin du client est de posséder le produit. Henry
Ford peut dire « chaque client pourra choisir la couleur de sa voi-
ture pourvu qu’elle soit noire ». Cette approche est fondamentalement nouvelle.
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Référence Internet
AG5195
Le LEAN (livre
Mass Production Manifeste
de Womack
AGILE
& Jones)
La découverte
Marge
US/EU TOYOTA
Cet ensemble de principes, complémentaires et indissociables, 1.1.3 L’application en Europe, en plusieurs phases
constitue un système qui n’a qu’un seul but : satisfaire le client,
en qualité coût et délai. Il s’agit de coller aux besoins et de réagir Malgré les doutes et les incompréhensions, les entreprises occi-
vite, sans tout axer sur la recherche de profit ou de croissance. dentales se mettent donc à appliquer le Lean avec quelques suc-
cès, car les outils proposés sont en général simples à déployer.
Pendant 30 ans, Toyota va perfectionner pas à pas ce système
sans jamais dévier des principes de base. Elle entraîne ses four- C’est le cas de la méthode 5S qui tient en 5 mots commençant
nisseurs et par là même, influence l’automobile japonaise tout par S en japonais : Seiri, Seiton, Seiso, Seiketsu, Shitsuke qui
entière, dans l’indifférence totale de la part de l’Occident. signifient Éliminer, Ranger, Nettoyer, Standardiser, Respecter.
Son but est d’optimiser l’organisation du poste de travail, la pro-
preté et la sécurité d’un plan de travail afin d’obtenir un environ-
1.1.2 La découverte et les incompréhensions nement sûr, agréable et de favoriser ainsi l’efficacité. Cet outil,
simple à comprendre et assez logique, est rapidement adopté
La découverte du Lean se fera après les premiers chocs pétro- dans de nombreuses entreprises.
liers (1973) et la révolution qu’ils vont imposer à l’automobile
Certains principes plus globaux sont également mis en œuvre :
mondiale. Quelques années plus tard, seul Toyota va continuer à
engranger des profits alors que tous les autres basculent dans le – la polyvalence des lignes et leur approvisionnement en flux
rouge (cf. figure 1). Tout le monde se précipite alors pour tendu ;
comprendre ce qui se passe au Japon. – le flux tiré et le Kanban. Les deux permettent de rendre la pro-
duction plus flexible et réduisent les stocks inutiles ;
De nombreux livres seront écrits sur le sujet [3] [4], généraux ou – les Cercles de Qualité, les Unités autonomes de production qui
décrivant précisément les outils (TPM, 5S). Les auteurs rendent structurent l’organisation de terrain et démarrent l’amélioration
populaires les 5 zéros (0 délai, 0 stock, 0 défaut, 0 papier, 0 panne) continue.
et les entreprises vont chercher à les intégrer à leurs objectifs.
Mais le TPS reste obscur, même après des visites sur le terrain,
Il faudra cependant attendre l’observation prolongée du fonc-
au Japon. Sans avoir vécu les 30 années de développement, il est
tionnement des joint- ventures et autres associations avec des
impossible d’appréhender le système global en quelques jours.
constructeurs nippons lors de leur installation en Europe et aux
L’application des outils décrits par les ouvrages et expliqués par
États unis autour de l’an 2000, pour que la dimension managé-
les Japonais eux-mêmes, donne au Japon des résultats tellement
riale soit enfin comprise et pleinement prise en compte.
décalés par rapport au savoir-faire occidental qu’ils paraissent
souvent inatteignables, même en appliquant les principes ou les
outils. C’est cette base managériale qui va donner du sens aux outils,
Avant les années 2000, les outils seront copiés avec plus ou et faire passer les principes de la théorie à la pratique, pérenniser
moins de bonheur et de résultats, mais peu sera fait pour implan- les résultats sur lesquels il sera possible de construire pour
ter l’esprit du Lean dans les usines. Ce n’est que plus tard que s’approcher du Graal des 5 zéros.
deux éléments fondamentaux du système Toyota, le management Les entreprises japonaises l’appliqueront partout dans le
des hommes, seront intégrés à la démarche. monde, au-delà des cultures de chacun, avec le même résultat.
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Référence Internet
AG5195
1.2 La culture Lean C’est la présence ou l’absence de ces éléments qui conduit à la
réussite ou à l’échec d’une implantation du Lean. Ils sont dans un
Le terme de culture est utilisé ici car il ne s’agit pas de parler ordre tel que chacun ouvre l’accès au suivant.
uniquement en termes techniques, mais de faire comprendre ce
qui fait le fondement du système, ce que tous les employés Le Lean est un système managérial avant d’être un catalogue
doivent partager (avoir la foi) pour conduire leurs opérations indi- d’outils.
viduelles. C’est leur dénominateur commun.
Nous verrons que les principes sont assez simples, peuvent ■ Respect des personnes
paraître évidents, presque trop. C’est souvent au moment de les Toute personne de l’entreprise possède des compétences, elle
mettre en pratique qu’apparaissent les contradictions et les diffi- est reconnue pour cela, elle-même connaît aussi ses limites.
cultés pour leur rester fidèle.
On oublie les « OS », les ouvriers, les employés deviennent
La représentation mnémotechnique classique prend la forme de polyvalents et formés aux outils du Lean qui leur permettent de
la maison du Lean, il en existe plusieurs plus ou moins satisfai- participer et de contribuer au progrès.
santes, l’important est de ne rien omettre (cf. figure 2).
Ce n’est pas si évident (voir § 2.1.1) car toute notre histoire
industrielle va à l’encontre de ce principe. La pyramide hiérar-
1.2.1 Un objectif unique : satisfaire le client chique est bien installée, les rôles distribués entre ceux qui savent
en Qualité, Délai et Coût. et ceux qui réalisent.
■ Travail en équipe
Cet objectif peut paraître surprenant mais il implique évidem-
Ce mode de fonctionnement est évident au vu du précédent
ment d’être performant si on veut à la fois conquérir, satisfaire les
principe, et c’est une institution depuis longtemps en Orient où le
clients et dégager des marges :
consensus prime sur tout. L’équipe réunit les compétences néces-
– c’est un objectif à long terme, en fait quasiment inatteignable, saires sans souci d’ordre hiérarchique.
mais l’objectif est de s’en approcher ; Le manager fait partie de l’équipe, il partage ses objectifs, il est
– c’est un objectif fédérateur, tout le monde le comprend, per- exemplaire, sa mission est l’assistance et l’accroissement des
sonne ne peut s’y opposer ; compétences de ses co-équipiers. L’implication des employés tant
– c’est un objectif qui donne du sens aux décisions de tous les recherchée s’obtient par le management.
membres de l’entreprise dans leurs actions quotidiennes. Il est Un employé qui avait connu des patrons américains, français et
impossible à obtenir avec des indicateurs comme la MBCV (marge finalement japonais disait : « les plus cools, les plus attentifs ? Les
brute sur coûts variables), ou la Part de Marché qui ne parlent japonais ».
qu’aux spécialistes fonctionnels.
■ Management visuel
Quand l’objectif est approché, alors il est temps de penser à
redistribuer les bénéfices. Pour les travailleurs japonais, le pre- Ce principe va permettre de concrétiser le travail en équipe.
mier bénéfice, c’est l’emploi garanti. C’est en cela que le Lean est un système différent, il ne fait pas
qu’énoncer des principes qui vous font penser : « facile à dire
mais comment faire ? », il apporte des méthodes simples qui
1.2.2 Base et valeurs forcent la mise en place du principe.
« Ce qu’on ne voit pas n’existe pas » disait Taïchi Ohno. Le but
À la base de la maison du Lean, ce sont bien quatre éléments du management visuel est de rendre visible les problèmes aux
dont l’importance, voire l’existence, avaient échappé aux premiers yeux de tous, les partager, pour les traiter en équipe. Rendre
observateurs étrangers. visibles les problèmes plutôt que les garder pour soi revient à
s’obliger à les traiter.
Il s’applique aux signes physiques qui aident à adopter le bon
comportement (panneaux, tracés au sol, etc.) aussi bien qu’au
management visuel (tableau d’indicateurs et d’actions) qui sup-
Maison du Lean porte le travail de l’équipe.
■ Processus standardisés
Satisfaction du client Applicable à tous les processus (production, management, admi-
nistratif, etc.), le standard stabilise, rend répétable le processus, il
facilite l’analyse des problèmes et permet l’amélioration continue.
Décrit de manière simple, accessible à tous, souvent par la
Qualité du premier Les hommes Juste à temps
visualisation le processus peut alors être réalisé et donner le
coup Juste nécessaire
résultat attendu, celui qui satisfait le client.
0 défaut L’amélioration 0 gaspillage Illustré dans la figure 3, un standard visuel appliqué par tous
continue dans le respect des autres : laisser libre le passage pour la des-
cente du train.
Principe très différent de notre tradition orale : « Laisser des-
Activité lissée cendre avant de monter ».
Processus standardisés ■ Activité lissée
Management visuel Le lissage de l’activité c’est à la fois se positionner à un niveau
de charge stable et compatible avec le besoin du client et organi-
Respect – Travail en équipe
ser la répétitivité de certains évènements afin :
– d’éviter les à-coups en lissant la charge ;
– de standardiser, la répétition des évènements permet observa-
Figure 2 – Un système imagé : la Maison du Lean tion et standardisation ;
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Référence Internet
AG5196
Lean Management
Principes Qualité et Juste à temps
par Joël DUFLOT
Ingénieur Centrale Paris, manager dans l’automobile en France et à l’international,
intervenant en Université, Conseil en Excellence Opérationnelle. (Marseille, France)
Co-auteur de la BD : L’Usine du futur, se préparer avec le Lean (Eyrolles, 2017)
e Lean management a été initié par Toyota dès les années 1950 avant de
L s’étendre dans le monde entier et dans de nombreux domaines d’activité à
partir des années 1980. En réponse à la crise économique issue des chocs
pétroliers de nombreuses entreprises ont commencé à le mettre en œuvre
pour améliorer leur performance et assurer leur pérennité.
Il a fallu deux décennies pour que tous ses aspects soient bien compris et au
premier chef la nécessité de faire évoluer la base managériale des entreprises
afin d’obtenir l’implication de tous les employés dans l’amélioration de la
qualité et de l’efficacité en coût et délai. C’est cette exigence du travail
d’équipe, réalisé au plus près de l’endroit où se crée la valeur ajoutée du
produit ou du service, qui fait la spécificité du Lean management.
Le Lean, aussi appelé Excellence Opérationnelle, vise à la complète satisfac-
tion des besoins du client tout en limitant la consommation de ressources au
Parution : juin 2020
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Référence Internet
AG5196
Cet objectif fédérateur implique tous les autres. En effet, il est 1.2.2 Management visuel
impossible de servir correctement le client si l’entreprise n’est pas
performante en matières de coût, qualité et délai dans son Il fait apparaître les écarts, les problèmes soit pour une action
domaine d’activité. immédiate, soit pour générer le partage et l’amélioration par le
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Référence Internet
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Satisfaction du client « Ne pas recevoir, ne pas créer, ne pas transmettre de défaut ;
Arrêter de produire plutôt que produire mauvais ».
Qualité du premier Les Hommes Juste à temps On verra dans l’explication détaillée qu’il n’est jamais simple de
coup Juste nécessaire l’appliquer, principalement pour des raisons culturelles ou de
L’amélioration choix financier.
0 défaut continue 0 gaspillage
Dans son livre [1], Taïchi Ohno annonce que « les deux piliers
travail en équipe. Le management visuel se compose des signes
sont à la fois le but poursuivi et le moyen d’atteindre ce but ».
et autres marquages qui permettent de connaître la conduite à
tenir lorsqu’ils apparaissent dans le champ de vision.
Le management visuel comprend également les tableaux sur Ces deux piliers sont intimement liés, c’est le juste à temps
lesquels sont affichés les résultats et les actions pour favoriser le qui donne, impose, les conditions du 0 défaut et ce sont les
travail en équipe. savoir-faire nécessaires au 0 défaut qui permettent le juste à
temps.
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Référence Internet
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Valeur
2. Le pilier Qualité
Activités
d’amélioration
continue « Ne pas recevoir, ne pas créer, ne pas transmettre de
Chantiers défaut ; Arrêter de produire plutôt que produire mauvais ».
Activités
Appliquer ce principe c’est satisfaire le client ET être perfor-
de standardisation
Temps mant ».
Client Client
satisfait
Exigences client
Informelles
Contrôle final
Cdc
Référentiel Retouche du défaut
Interne
QRQC
Mesure du résultat
Analyse et actions
Amélioration des standards
Poste de travail
Standard Autocontrôle
Formation Poka Yoké
Savoir faire de base Bon du 1er coup
Surveillance
Assistance
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Référence Internet
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■ Le nombre de défauts par produit au contrôle final client. Il convient donc de réviser périodiquement les attentes des
Le contrôle est réalisé par rapport au référentiel Qualité, il mesure clients en matière de qualité pour recaler le référentiel et les stan-
les risques pris. Si de nombreux défauts sont détectés, c’est le dards au bon niveau ;
contrôle qui est utilisé pour assurer la qualité, alors le principe – la confiance excessive : standards et poka-yoké jouent leur
0 défaut n’est plus respecté et le client ne tardera pas à être insatisfait. rôle, le contrôle trouve peu de défaut et l’attention, la surveillance
se relâchent, jusqu’au jour où un élément du système vient à faillir.
■ Le taux de rebut ou retouche par zone Le problème risque alors d’être détecté trop tard et la confiance
C’est le pourçentage de produits détruits (rebut) ou pour les- des clients chutera immédiatement.
quels des opérations complémentaires ont été nécessaires pour
annuler un défaut (retouche).
À retenir
■ Le nombre d’appels Andon
Ils mesurent les difficultés à réaliser le produit bon du premier – Le zéro défaut, c’est ne pas recevoir, produire ou trans-
coup. Ils sont aussi un bon indicateur du coût d’obtention de la mettre de défauts pour assurer la satisfaction du client.
qualité puisque tous ces appels provoquent des pertes de temps et – Tout est fait à chaque poste de travail pour respecter ce
d’énergie. principe.
– Le standard et sa part d’autocontrôle sont indispensables.
■ Les écarts détectés lors de la surveillance – La réactivité, associée à une assistance efficace, est la clé
Ils représentent le non-respect du standard, les paramètres hors de l’application de ces principes au quotidien.
tolérance. Ils permettent de mesurer la fragilité du processus qui – Une analyse et un traitement de tous les problèmes per-
s’écarte plus ou moins facilement du nominal et doit donc être mettent d’assurer l’amélioration continue et la pérennité du
surveillé plus ou moins étroitement afin d’être amélioré. principe.
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Atelier
7 Production de défauts
MB
MC
6 Mouvement MA
5 Stock
4 Processus MB MB
3 Transport MC
2 Attente
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