En L'honneur de Nos Soeurs
En L'honneur de Nos Soeurs
En L'honneur de Nos Soeurs
de nos sœurs
Dignité de la femme en islam
Rachid Maach
Découverte de l’islam
Libre de droits
[email protected]
@DefenseProphete
2
Sommaire
Préface ................................................................... 4
La femme n’est pas l’homme .................................. 7
La femme n’est pas inférieure à l’homme ............. 13
La femme n’est pas rabaissée par l’islam ............... 17
Le nombre de converties à l’islam en témoigne .... 27
La femme a été élevée par l’islam.......................... 32
La femme dans les autres religions ....................... 38
La femme occidentale........................................... 46
La femme et la mixité ........................................... 51
La femme n’est pas oppressée par le voile ............ 54
La femme et ses droits en islam ............................ 60
D’autres préjugés sur la femme en islam ............... 68
Conclusion ........................................................... 70
3
Préface
5
noble des soumissions, la soumission à leur
Créateur qui, dans le Coran, les invite à « baisser
leur regard, à préserver leur chasteté et à ne montrer
de leurs charmes que ce qui en paraît. »1
6
La femme n’est pas l’homme
7
faveurs. »1 Et les uns ne doivent pas imiter les
autres, mais conserver leurs particularités qui font
leur identité. Voici ce qu’affirme à ce sujet Alexis
Carrel, prix Nobel de médicine en 1912 : « Les
différences qui existent entre l’homme et la femme
ne sont pas dues simplement à la forme particulière
des organes génitaux, à la présence de l’utérus, à la
gestation, ou au mode d’éducation. Elles viennent
d’une cause très profonde, l’imprégnation de
l’organisme tout entier par des substances
chimiques, produits des glandes sexuelles. C’est
l’ignorance de ces faits fondamentaux qui a conduit
les promoteurs du féminisme à l’idée que les deux
sexes peuvent avoir la même éducation, les mêmes
occupations, les mêmes pouvoirs, les mêmes
responsabilités. En réalité, la femme est
profondément différente de l’homme. Chacune des
cellules de son corps porte la marque de son sexe.
Il en est de même de ses systèmes organiques, et
surtout de son système nerveux. Les lois
8
physiologiques sont aussi inexorables que les lois
du monde sidéral. Il est impossible de leur
substituer les désirs humains. Nous sommes
obligés de les accepter telles qu’elles sont. Les
femmes doivent développer leurs aptitudes dans la
direction de leur propre nature, sans chercher à
imiter les mâles. »1
Refuser de reconnaître cette réalité, c’est aller
contre la nature et préparer la venue de générations
d’hommes efféminés et de femmes virilisées. Or,
selon Ibn ‘Abbâs, le Messager d’Allah a maudit
les hommes se comportant comme des femmes et
les femmes qui se comportent comme des
hommes. Selon une autre version, il a maudit les
hommes qui imitent les femmes et les femmes qui
imitent les hommes2.
La féminisation des hommes et la virilisation des
femmes est pourtant à l’œuvre dans les sociétés, en
particulier celles qui veulent faire la femme à
9
l’image de l’homme. Abelio voit même dans la
virilisation progressive de la femme et la
féminisation de l’homme « le phénomène capital du
XXe siècle ». La théorie du genre, née à la fin des
années soixante aux Etats-Unis - et selon laquelle le
sexe d’une personne est une construction culturelle
et sociale avant d’être une réalité physiologique - ne
fait au fond qu’accompagner ce phénomène. Selon
cette théorie défendue par les minorités sexuelles et
les féministes les plus radicales, nul ne naîtrait
garçon ou fille, mais le deviendrait.
L’islam, quant à lui, en accord avec la prime
nature et les qualités intrinsèques de chaque sexe, a
conféré à l’homme et à la femme des fonctions
particulières.
Première spécificité des hommes que nul ne peut
contester, la mission de prophète, puisque tous les
prophètes furent des hommes. Le Très Haut dit :
« Nous n’avons suscité avant toi, pour recevoir Nos
10
révélations, que des hommes vivant dans les
cités. »1
Autre particularité de l’homme, la fonction de
chef de famille. Le Très Haut dit : « Les hommes
ont autorité sur les femmes, en raison des qualités
dont Allah a doté les uns de préférence aux autres
et des charges familiales que les premiers doivent
supporter. »2 Ce verset peut également être traduit
de cette manière : « Les hommes ont la charge des
femmes dont ils assurent l’entretien, en raison des
qualités dont Allah a doté les uns de préférence aux
autres. » Les hommes ont en effet des qualités qui
leur confèrent le rôle de chef de famille, de même
que les femmes ont des qualités qui les
prédisposent à remplir des tâches dont l’homme
aurait bien du mal à s’acquitter.
Le Prophète a dit : « Chacun de vous a des
responsabilités sur lesquelles il sera interrogé. Le
dirigeant est responsable de ses administrés,
11
l’homme est responsable de sa famille, la femme est
responsable de la maison de son mari et de ses
enfants. Chacun de vous a donc des responsabilités
sur lesquelles il sera interrogé. »1
Autre spécificité de l’homme, lui seul peut
contracter un mariage. Il n’est donc pas permis à la
femme de se marier sans l’accord de son tuteur,
généralement son père. Le Prophète a dit : « Il ne
peut y avoir de mariage sans un tuteur
suffisamment clairvoyant pour guider la femme
vers ce qui va dans son intérêt et deux témoins
dignes de confiance. »2
12
La femme n’est pas inférieure à
l’homme
13
Très Haut dit : « Leur Seigneur les a donc exaucés,
leur faisant cette promesse : « Je ne laisserai jamais
se perdre les œuvres que ceux d’entre vous,
hommes ou femmes, accompliront, mais vous
récompenserai sans faire de distinction entre les
uns et les autres. » »1
Et le Très Haut dit : « A ceux, hommes ou
femmes, qui accomplissent de bonnes œuvres, tout
en étant croyants, Nous réservons une vie heureuse
et une généreuse récompense pour leurs bonnes
actions. »2
Indiquant clairement que les hommes et les
femmes sont parfaitement égaux face aux
obligations religieuses et à la récompense de leurs
œuvres, le Très Haut dit : « Aux musulmans et aux
musulmanes, aux croyants et aux croyantes, à ceux,
hommes et femmes, qui sont sincères dans leur foi,
pleins d’obéissance et de constance, à ceux et celles
qui sont remplis de crainte et d’humilité, qui font la
14
charité et ne cessent de jeûner, aux hommes et aux
femmes qui préservent leur chasteté, à ceux et celles
qui invoquent souvent Son nom, à tous ceux-là
Allah réserve Son pardon et une immense
récompense. »1
Et en ce qui concerne la pudeur - ô combien
importante pour le sujet qui nous intéresse - le
Seigneur s’adresse aux hommes et aux femmes en
des termes quasiment identiques : « Dis aux
croyants de baisser leur regard, de préserver leur
chasteté et de dissimuler leurs parties intimes. Voilà
qui rendra leurs cœurs plus purs. Allah est
parfaitement informé de ce qu’ils font. Dis de
même aux croyantes de baisser leur regard, de
préserver leur chasteté et de ne montrer de leurs
charmes que ce qui en paraît. »2
L’islamologue français Charles Saint-Prot
reconnaît que rien dans le Coran n’indique une
quelconque supériorité de l’homme sur la femme :
15
« Rien dans le Coran n’énonce que l’homme est
supérieur à la femme. Les deux ont reçu le « souffle
divin » qui leur a donné de la dignité et a fait d’eux
les témoins de Dieu sur la terre. Le Livre sacré
indique clairement que les hommes et les femmes
sont de même nature spirituelle et humaine. »1
Si l’islam soumet les hommes et les femmes aux
mêmes devoirs, il leur accorde également les
mêmes droits, comme nous le montrerons par la
suite.
16
La femme n’est pas rabaissée par
l’islam
17
Le Très Haut décrit ici les liens entre la femme et
son mari par des termes - l’affection et la tendresse
réciproques - qui témoignent du respect mutuel qui
doit exister entre les époux.
Le Très Haut dit de même par ailleurs : « Veillez
à vous comporter convenablement envers vos
épouses. »1
Ces versets, appelant à la bonté et la bienveillance
envers les épouses, semblent faire écho à cette
recommandation du Prophète laissée comme un
testament à sa nation lors de son pèlerinage d’adieu,
quelques semaines avant sa disparition : « Je vous
recommande de bien traiter vos femmes. »2
Et il ne cessa, sa vie durant, d’inciter les
musulmans à bien traiter leurs épouses, leur disant :
« Les croyants dont la foi est la plus parfaite sont
ceux qui ont le meilleur comportement, et les
18
meilleurs d’entre vous sont ceux qui se comportent
le mieux avec leurs épouses. »1
Le Prophète a dit par ailleurs : « Le croyant ne
doit pas détester son épouse. S’il n’aime pas l’un de
ses traits de caractère, il en aimera un autre. »2
Le Messager d’Allah mettait lui-même en
application ses recommandations au sujet des
femmes. Interrogée sur les occupations du
Prophète lorsqu’il se trouvait chez lui, son
épouse ‘Âïchah répondit : « Il était au service de sa
famille et quand venait l’heure de la prière, il se
rendait à la mosquée. »3
Et il a dit : « Le meilleur d’entre vous est celui qui
se comporte le mieux avec son épouse, et je suis,
parmi vous, celui qui traite le mieux son épouse. »4
Le sociologue français Gustave Le Bon (1841-
1931) est donc en droit d’affirmer : « La situation
19
légale de la femme mariée, telle qu’elle est réglée par
le Coran et ses commentateurs, est bien plus
avantageuse que celle de la femme européenne.
Non seulement elle reçoit une dot, mais encore
conserve la jouissance de ses biens personnels, et
n’est nullement tenue de contribuer aux dépenses
du ménage. Répudiée, elle doit recevoir de quoi
vivre. Devenue veuve, elle est entretenue aux frais
de la succession pendant une année, et recueille à
titre héréditaire une portion des biens du mari. »1
2- La bonté envers la fille et la sœur
Le Prophète incitait les pères à traiter leurs filles
avec bienveillance et les frères à prendre soin de
leurs sœurs.
Selon Anas, le Prophète a dit : « Celui qui élève
deux filles jusqu’à leur maturité et moi serons, le
Jour de résurrection, aussi proches que ces deux
doigts. » Et il joignit l’index au majeur2.
20
Preuve de la place de la fille en islam, ce verset de
la sourate Ach-Chourâ dans lequel le Très Haut, au
moment où Il rappelle le don divin que constituent
les enfants, commence par mentionner les filles
avant les garçons : « Allah règne en Maître absolu
sur les cieux et la terre. Il crée ce qu’Il veut, faisant
don de filles à qui Il veut et de garçons à qui Il veut,
ou accordant à la fois des garçons et des filles. Et Il
rend stérile qui Il veut. Il est Omniscient et
Omnipotent ! »1
Avant l’islam, les Arabes disaient au jeune marié :
« Nous te souhaitons l’harmonie et des fils. » Le
Prophète leur a interdit de telles paroles qui
témoignent de l’aversion que les Arabes avaient
pour les filles, et leur a recommandé de dire à la
place : « Qu’Allah te bénisse, qu’Il te bénisse ce
mariage et qu’Il bénisse votre union. »2
Ainsi, Al-Hassan relate que ‘Aqîl ibn Abi Tâlib
épousa une femme appartenant à la tribu de
21
Joucham. Les gens lui rendirent visite et lui dirent :
« Nous vous souhaitons de vivre en bonne
harmonie et d’avoir des garçons ». Il répliqua : « Ne
dites pas cela, car le Messager d’Allah l’a interdit. »
Ils demandèrent : « Alors que devons-nous dire,
Abou Zayd ? » Il répondit : « Dites : “Qu’Allah
vous bénisse et qu’Il bénisse votre mariage”, c’est
ce qu’il nous était ordonné de dire. »1
En outre, le Prophète a dit : « Quiconque a eu
deux filles ou deux sœurs, et les a traitées avec
bonté aussi longtemps qu’elles sont restées en sa
compagnie, sera à mes côtés au Paradis. »2
Et il a dit : « Nul d’entre vous n’a trois filles ou
trois sœurs qu’il traite avec bienveillance sans entrer
pour cela au Paradis. »3
3- La bienveillance envers la veuve
22
En outre, l’islam incite à défendre la veuve. Le
Prophète a dit : « Celui qui entretient la veuve et
le nécessiteux est à l’image de celui qui lutte pour la
cause d’Allah, ou de celui qui passe ses nuits en
prière sans se lasser et qui jeûne sans s’arrêter. »1
Réalité historique ignorée par beaucoup, les règles
de la chevalerie qui font la fierté des Européens ont
été héritées des musulmans d’Andalousie, comme
l’explique Gustave Le Bon : « A leur grande
tolérance, les Arabes d’Espagne joignaient des
mœurs très chevaleresques. Ces lois de la
chevalerie : respecter les faibles, être généreux
envers les vaincus, tenir religieusement sa parole,
etc., que les nations chrétiennes adoptèrent plus
tard, et qui finirent par exercer sur les âmes une
action plus puissante que celle de la religion même,
furent introduites par eux en Europe. »2 Au
nombre de ces règles de la chevalerie héritées des
musulmans : la défense de la veuve et de l’orphelin.
1 Sahîh
Al-Boukhâri (5353) et Sahîh Mouslim (2982).
2La civilisation des Arabes, Gustave Le Bon, éditions La
Fontaine au Roy, 1990.
23
4- Le respect dû à la mère
Le Très Haut dit : « Nous avons ordonné à
l’homme de bien traiter ses père et mère. Il est porté
par sa mère qui endure pour lui une succession de
peines et son sevrage n’a lieu qu’au terme de deux
années. »1
Par ailleurs, il est rapporté qu’un homme se
présenta au Prophète et lui demanda : « Messager
d’Allah ! Qui mérite le plus mes marques de
bienveillance ? » Il lui dit : « Ta mère. » « Et
ensuite ? » Demanda l’homme. « Ta mère »
répondit le Prophète . L’homme réitéra sa
question : « Et ensuite ? » Le Prophète répondit
de nouveau : « Ta mère. » Lorsque l’homme
l’interrogea pour la quatrième fois, le Messager
d’Allah répondit : « Ton père. »2
Selon le Coran, ce sont les douleurs de la
grossesse et de l’accouchement qui justifient cette
24
prééminence de la mère sur le père. Le Très Haut
dit : « Nous avons ordonné à l’homme de bien
traiter ses père et mère. Sa mère le porte dans la
douleur et l’enfante dans la douleur. »1
Quant à la Bible, elle considère les douleurs de
l’accouchement comme une punition divine
infligée à la femme pour le péché originel dont elle
est, selon les Ecritures, la première responsable.
D’après la Bible en effet, c’est Eve qui, séduite par
le serpent, mange en premier des fruits défendus
avant de tenter elle-même Adam : « La femme vit
que l’arbre était bon à manger et agréable à la vue,
et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence. Elle
prit de son fruit, et en mangea ; elle en donna aussi
à son mari, qui était auprès d’elle, et il en mangea. »2
La femme est donc très sévèrement punie pour son
geste : elle enfantera dans la douleur et vivra sous la
domination de son mari : « J’augmenterai la
souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec
25
douleur, et tes désirs se porteront vers ton mari,
mais il dominera sur toi. »1
Le regard porté par le christianisme sur la femme
sera durant des siècles influencé par ce passage de
la Genèse, comme nous le montrerons par la suite
en mentionnant la vision très négative que Paul,
puis les Pères de l’Eglise, avaient de la femme.
En revanche, selon le Coran, Adam et Eve sont
associés dans le péché, sans qu’aucune différence
ne soit faite entre l’homme et la femme : « Nous
avons dit : « Adam ! Demeure en compagnie de ton
épouse au Paradis dont vous pourrez manger
paisiblement et librement tous les fruits. Mais
n’approchez pas de l’arbre que voici, sans quoi vous
transgresseriez l’interdit. » Mais Satan provoqua
leur chute en les incitant à manger des fruits de
l’arbre défendu. »2
1 Genèse 3, 16.
2 Sourate Al-Baqarah, versets 35-36.
26
Le nombre de converties à l’islam
en témoigne
27
Parmi elles se trouvent même des…féministes,
comme Dominique Thewissen, psychothérapeute
belge et auteure du livre Psy, convertie à l’islam et
féministe.
D’autres femmes de lettres ou intellectuelles ont,
à travers l’histoire, embrassé l’islam, à l’image d’Eva
de Vitray-Meyerovitch, docteur en islamologie,
chercheuse au CNRS, traductrice et écrivain. Eva
de Vitray-Meyerovitch naît en 1909 dans un
quartier bourgeois de l’agglomération parisienne et
a suivi sa scolarité dans des établissements
catholiques. Elève brillante, elle fait des études de
droit, ce qui à cette époque est rare pour une
femme. Première de sa promotion, elle se dirige
ensuite vers la philosophie. A l’âge de 22 ans, elle
épouse Lazare Meyerovitch, d’origine juive lettone.
Elle devient administratrice au laboratoire de
Frédéric Joliot-Curie, avec qui elle s’échappe de
Paris en 1940 lors de l’occupation allemande. A la
Libération, elle entre au CNRS où elle devient
rapidement directrice du service « Sciences
humaines ».
28
Elle découvre l’islam à travers le livre du penseur
et poète pakistanais Muhammad Iqbal : Reconstruire
la pensée religieuse de l’islam. Avant de s’engager dans
l’islam, par souci d’honnêteté intellectuelle, elle suit
durant trois années des cours d’exégèse chrétienne
à la Sorbonne, notamment avec Oscar Culmann,
théologien luthérien réputé. C’est en 1960 qu’elle
prononcera la chahada. Elle expliquera son
cheminement ainsi : « L’islam est le dénominateur
commun à toutes les religions. On ne se convertit
pas à l’islam. On embrasse une religion qui contient
toutes les autres. »1
De 1969 à 1973, elle est détachée au Caire en tant
qu’enseignante à l’université Al-Azhar. En 1971,
elle effectue le pèlerinage à la Mecque et visite
également Médine. Elle a publié une quarantaine
d’ouvrages. Elle dira : « J’ai essayé de faire connaître
ce que je crois être le vrai visage de l’islam. Les
principes de l’islam font appel à l’amour, à la
29
tendresse et à l’universalisme. Être musulman ou
être musulmane, c’est s’en remettre dans la paix à
un Absolu, tout en récusant l’indépendance de ce
qui est relatif par rapport à cet Absolu. »1
Autre femme de lettres convertie à l’islam,
Isabelle Eberhardt, écrivain suisse d’origine russe,
devenue française par mariage. Polyglotte elle parle
le russe, l’italien, l’allemand, le français, l’arabe et le
turc. Avec sa mère, elle s’installe en 1897 en Algérie
à Bône (Annaba) où elle commence à être attirée
par la religion musulmane avant de l’embrasser.
Elle décide alors de vivre comme une musulmane
et s’habille en algérienne.
En Algérie, elle collabore au journal arabophile El
Akhbar. En 1903, à Beni Ounif elle fait la
connaissance du général Lyautey qui apprécie sa
compréhension de l’Afrique et son sens de la
liberté, disant d’elle : « Elle était ce qui m’attire le
plus au monde : une réfractaire. Trouver quelqu’un
qui est vraiment soi, qui est hors de tout préjugé, de
30
toute inféodation, de tout cliché et qui passe à
travers la vie, aussi libérée de tout que l’oiseau dans
l’espace, quel régal ! »
Le 21 octobre 1904, à Aïn Sefra, l’oued se
transforme en torrent furieux et la ville basse, où
elle réside, est en partie submergée. Isabelle périt
dans la maison effondrée. Ses récits, publiés après
sa mort, présentent la réalité quotidienne de la
société algérienne au temps de la colonisation
française. Ses carnets de voyage et ses journaliers
rassemblent ses impressions de voyage nomade
dans le Sahara.
Difficile également de ne pas mentionner les
chanteuses Sinead O’Connor et Diam’s, qui
n’étaient pas, avant leur conversion à l’islam,
connue pour être des femmes soumises.
31
La femme a été élevée par l’islam
33
la femme du sort inférieur où elle avait été jusque-
là maintenue. Les seigneurs de la première période
du moyen-âge, tout chrétiens qu’ils étaient, ne
professaient aucun égard pour elle. La lecture de
nos vieilles chroniques ne laisse aucune illusion sur
ce point. Avant que les Arabes eussent appris aux
chrétiens à traiter les femmes avec respect, nos
rudes guerriers du temps de la féodalité les
malmenaient d’une façon très dure. »1 En
conclusion, il répète : « Nous pouvons donc
conclure, en répétant ce que nous avons dit plus
haut, que, loin d’avoir abaissé la femme, l’islamisme
l’a considérablement relevée. Nous ne sommes pas,
du reste, le premier à soutenir cette opinion,
défendue déjà par Caussin de Perceval, et plus
récemment par M. Barthélemy Saint-Hilaire.
L’islamisme a relevé la condition de la femme, et
nous pouvons ajouter que c’est la première religion
qui l’ait relevée. Il est facile de le prouver en
montrant combien la femme a été maltraitée par
34
toutes les religions et tous les peuples qui ont
précédé les Arabes. Nous nous sommes déjà
expliqués sur ce point dans notre dernier ouvrage
et n’avons qu’à répéter ce que nous y avons dit pour
convaincre le lecteur. Les Grecs considéraient
généralement les femmes comme des créatures
inférieures, utiles seulement pour s’occuper du
ménage et propager l’espèce. Si la femme donnait
naissance à un être contrefait, on se débarrassait
d’elle. « A Sparte, écrit M. Troplong, on mettait à
mort cette malheureuse créature qui ne promettait
pas à l’Etat un soldat vigoureux. » « Lorsqu’une
femme était féconde, dit le même auteur, on
pouvait l’emprunter à son mari pour donner à la
patrie des enfants d’une autre souche. » Même aux
époques les plus brillantes de leur civilisation, les
Grecs n’eurent guère d’estime que pour les hétaïres.
C’étaient alors d’ailleurs les seules femmes ayant
reçu quelque instruction. Tous les législateurs
antiques ont montré la même dureté pour les
femmes. Le Digeste des lois hindoues les traite fort
mal. « La destinée finale, le vent, la mort, les régions
35
infernales, le poison, les serpents venimeux et le feu
dévorant, dit-il, ne sont pas pires que la femme. »
La Bible n’est pas beaucoup plus tendre ; elle assure
que la femme est « plus amère que la mort. » « Celui
qui est agréable à Dieu se sauvera d’elle, dit
l’Ecclésiaste. Entre mille hommes, j’en ai trouvé
un ; de toutes les femmes, je n’en ai pas trouvé une
seule. » Les proverbes des divers peuples ne sont
pas plus aimables : « Il faut écouter sa femme et ne
jamais la croire », dit le Chinois. Le Russe assure
« qu’en dix femmes il n’y a qu’une âme ». L’Italien
conseille l’emploi de l’éperon pour un bon comme
pour un mauvais cheval, et du bâton pour une
bonne comme pour une méchante femme.
L’Espagnol recommande de se garder d’une
mauvaise femme, mais de ne pas se fier à une
bonne. Tous les codes : hindous, grecs, romains et
modernes, ont traité la femme en esclave ou en
enfant. La loi de Manou dit : « La femme pendant
son enfance dépend de son père, pendant sa
jeunesse de son mari ; son mari mort, de ses fils ; si
elle n’a pas de fils, des proches parents de son mari,
36
car une femme ne doit jamais se gouverner à sa
guise. » Les lois grecques et romaines disaient à peu
près exactement la même chose. A Rome, le
pouvoir de l’homme sur sa femme était absolu ;
c’était une esclave qui ne comptait pas dans la
société, ne pouvait avoir d’autre juge que son mari,
et sur laquelle il avait droit de vie et de mort. Le
droit grec ne traitait guère mieux la femme ; il ne lui
reconnaissait aucun droit, même pas celui
d’hériter. »1
Nous verrons dans la suite de cet ouvrage
comment l’islam a accordé à la femme une part de
l’héritage, dont la femme arabe était totalement
privée avant son avènement.
1 Ibidem.
37
La femme dans les autres religions
1- Dans le judaïsme
Un seul exemple permettra de montrer le rang de
l’épouse dans le judaïsme, celui du lévirat qui
imposait au frère d’un défunt d’épouser la veuve
sans enfants de ce dernier : « Si des frères
demeurent ensemble et que l’un d’eux vienne à
mourir sans postérité, la veuve ne pourra se marier
au dehors à un étranger ; c’est son beau-frère qui
doit s’unir à elle. Il la prendra donc pour femme,
exerçant le lévirat à son égard. Et le premier fils
qu’elle enfantera sera désigné par le nom du frère
mort afin que ce nom ne périsse pas en Israël. »1
Cette pratique est proche de cette coutume
préislamique qui permettait aux proches du défunt
d’hériter de sa veuve et que le Très Haut a prohibée
dans ce verset de la sourate Les femmes : « Vous qui
38
croyez ! Il ne vous est pas permis de recevoir les
femmes en héritage contre leur gré. »1 Al-Boukhâri
rapporte cette exégèse d’Ibn ‘Abbâs au sujet de ce
verset : « Avant l’islam, les proches du défunt
avaient tous les droits sur sa veuve dont ils
héritaient littéralement puisqu’ils pouvaient
l’épouser contre son gré, la marier de force à un
autre ou encore lui interdire de se remarier. »2
En outre, non seulement le judaïsme juge la
femme ayant ses règles comme impure, mais la
considère également comme un vecteur
d’impureté, et la rend responsable de cette impureté
qu’elle doit expier comme on expierait un péché :
« La femme qui aura un flux, un flux de sang en sa
chair, restera sept jours dans son impureté.
Quiconque la touchera sera impur jusqu’au soir.
Tout lit sur lequel elle couchera pendant son
impureté sera impur, et tout objet sur lequel elle
s’assoira sera impur. Quiconque touchera son lit
39
lavera ses vêtements, se lavera dans l’eau, et sera
impur jusqu’au soir. Quiconque touchera un objet
sur lequel elle s’est assise lavera ses vêtements, se
lavera dans l’eau, et sera impur jusqu’au soir. S’il y
a quelque chose sur le lit ou sur l’objet sur lequel
elle s’est assise, celui qui le touchera sera impur
jusqu’au soir. Si un homme a des rapports avec elle
et que l’impureté de cette femme vienne sur lui, il
sera impur pendant sept jours, et tout lit sur lequel
il couchera sera impur. La femme qui aura un flux
de sang pendant plusieurs jours hors de ses
époques régulières, ou dont le flux durera plus qu’à
l’ordinaire, sera impure tout le temps de son flux,
comme au temps de son indisposition menstruelle.
Tout lit sur lequel elle couchera pendant la durée de
ce flux sera comme le lit de son flux menstruel, et
tout objet sur lequel elle s’assiéra sera impur
comme lors de son flux menstruel. Quiconque les
touchera sera souillé; il lavera ses vêtements, se
lavera dans l’eau, et sera impur jusqu’au soir.
Lorsqu’elle sera purifiée de son flux, elle comptera
sept jours, après lesquels elle sera pure. Le huitième
40
jour, elle prendra deux tourterelles ou deux jeunes
pigeons, et elle les apportera au sacrificateur, à
l’entrée de la tente d’assignation. Le sacrificateur
offrira l’un en sacrifice d’expiation, et l’autre en
holocauste; et le sacrificateur fera pour elle
l’expiation devant l’Éternel, à cause du flux qui la
rendait impure. »1
En outre, le passage qui suit de l’Ancien
Testament, relatif aux lochies, semble indiquer que
la femme est inférieure à l’homme : « Lorsqu’une
femme deviendra enceinte, et qu’elle enfantera un
mâle, elle sera impure pendant sept jours […] Si elle
enfante une fille, elle sera impure pendant deux
semaines. »2
La loi islamique, quant à elle, ne fait aucune
différence entre le garçon et la fille : la femme,
après un accouchement, cesse de prier une période
maximale de quarante jours, quel que soit le sexe du
nouveau-né.
41
Pire, selon la loi juive, un homme est en droit de
vendre sa propre fille : « Si un homme vend sa fille
pour être esclave, elle ne sortira point comme
sortent les esclaves. »1
Que l’on se souvienne de cette recommandation
du Prophète en faveur des filles : « Nul d’entre
vous n’a trois filles ou trois sœurs qu’il traite avec
bienveillance sans entrer pour cela au Paradis. »2
Mentionnons, pour finir, cette prière que chaque
jour et pendant des siècles les hommes juifs ont
répétée inlassablement : « Béni sois-tu, ô Seigneur,
notre Dieu, Roi de l’Univers, qui ne m’a pas fait
femme. »3
2- Dans le christianisme
La femme selon Paul
1. « Je veux cependant que vous sachiez que le
chef de tout homme c’est le Christ, que le chef de
1 Exode 21,7.
2 Sunan At-Tirmidhi (1912).
3 Talmud (Menahot 43b).
42
la femme, c’est l’homme, et que le chef du Christ,
c’est Dieu. »1
2. « Que vos femmes se taisent dans les
assemblées, car elles n’ont pas mission de parler ;
mais qu’elles soient soumises, comme le dit aussi la
Loi. »2
3. « La femme est la gloire de l’homme. En effet,
l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la
femme a été tirée de l’homme. Et l’homme n’a pas
été créé à cause de la femme, mais la femme a été
créée à cause de l’homme. »3
La femme selon les Pères de l’Eglise
Tertullien, l’un des plus grands théologiens
chrétiens, écrit : « Tu enfantes dans les douleurs et
les angoisses, femme ; tu subis l’attirance de ton
mari et il est ton maître. Ignores-tu qu’Ève c’est
toi ? […] C’est toi la porte du diable […] C’est toi
la première qui as déserté la loi divine ; c’est toi qui
1 1 Corinthiens 11, 3.
2 1 Corinthiens 14, 34.
3 1 Corinthiens 11, 7-9.
43
as circonvenu celui auquel le diable n’a pu
s’attaquer ; c’est toi qui es venue à bout si aisément
de l’homme, l’image de ton Dieu »1.
Clément d’Alexandrie, pour sa part, écrit : « Dieu
a orné l’homme d’une barbe comme les lions et il
l’a désigné comme un homme par une poitrine
velue : c’est le signe de la force et de l’autorité. […]
Tel est le symbole distinctif de l’homme […], le
symbole d’une nature supérieure. »2
3- Dans le bouddhisme
Voici l’une des règles imposées aux nones
bouddhistes : « Le premier devoir impératif d’une
nonne ordonnée depuis cent ans est de se
prosterner aux pieds d’un moine ordonné le jour
même. C’est, Ananda, le premier devoir impératif
44
des nonnes, que, leur vie durant, elles doivent
honorer »1.
45
La femme occidentale : libération
ou asservissement ?
46
enchères, bien que les historiens estiment que ce
chiffre est largement en-dessous de la réalité. L’une
des premières ventes d’épouses officiellement
recensées s’est déroulée en 1733 à Birmingham. Un
article paru dans le journal local décrit comment
« Samuel Whitehouse a vendu sa femme, Mary
Whitehouse, sur le marché, à un certain Thomas
Griffiths, contre la somme d’une livre sterling ».
Les ventes d’épouses suivent un rituel immuable :
les femmes sont exhibées collier autour du cou sur
le marché, comme de vulgaires bestiaux. Leurs
maris les conduisent ensuite sur une estrade et
commencent à faire grimper les enchères. Dans son
livre intitulé Wives for Sale (Femmes à vendre),
l’auteur Samuel Pyeatt Menefee a dénombré pas
moins de 387 affaires de ventes d’épouse, dont la
dernière a eu lieu au début du XXe siècle. Le
témoignage d’une femme devant un tribunal de
Leeds en 1913 déclarant qu’elle avait été vendue à
l’un des amis de son mari pour une livre Sterling est
le dernier cas connu de vente d’épouse en
Angleterre.
47
En France, l’ancien Code civil de 1804, qui
s’appliquera jusqu’aux années 1960, interdit à la
femme d’effectuer toute action en justice sans
l’accord de son époux et même d’exercer une
profession sans son consentement. Le mari a tout
pouvoir pour gérer les biens communs et les biens
propres de son épouse. Or, dès ses débuts, l’islam
accorde à la femme le droit de gérer ses biens et
d’exercer le métier de son choix. En France, il faut
attendre 1965 et la loi portant réforme des régimes
matrimoniaux pour que les femmes puissent gérer
leurs biens propres et exercer une activité
professionnelle sans le consentement de leur
époux.
Et, alors que la Bourse de Paris est créée en 1724,
la présence des femmes y est proscrite jusqu’en
1967.
Tout ceci indique que, jusqu’au XXe siècle en tout
cas, la femme musulmane jouissait d’un sort plus
enviable que la femme occidentale, comme le
reconnaît honnêtement George Bernard Shaw
48
(1856-1950), écrivain irlandais, qui confirme ici
l’avance de la législation islamique sur les
législations européennes de son époque : « Les
enseignements du prophète Mouhammad sur la
place de la femme et la considération pour les filles,
mais aussi sur la compassion envers les animaux,
étaient très en avance par rapport à la vision
occidentale chrétienne, et même par rapport à la
vision moderne. »1
Et malgré toutes les lois promulguées en France
pour imposer l’égalité hommes-femmes, Catherine
Génisson, députée du Pas-de-Calais, remet en 1999
à Lionel Jospin, Premier ministre, un rapport
dressant un tableau des inégalités hommes-femmes
au travail : on compte seulement 7% de femmes
parmi les cadres dirigeants des cinq mille premières
entreprises françaises et la différence moyenne de
salaire entre les deux sexes est de 27% aux dépens
des femmes.
49
Certains rétorqueront que depuis les années
soixante, un véritable mouvement de libération
touche la femme occidentale qui, jour après jour,
obtient de nouveaux droits et se rapproche de
l’égalité avec les hommes. Mais à quel prix ?!
Car la libération de la femme se limite bien
souvent à une libération sexuelle comme
l’indiquent les lois les plus symboliques adoptées
sous la pression des féministes : loi Neuwirth
autorisant la contraception en 1967 et surtout loi
Veil dépénalisant l’avortement adoptée en 1975. La
femme devient un jouet entre les mains d’hommes
qui peuvent ainsi assouvir tous leurs désirs comme
en témoignent le mouvement #MeToo.
50
La femme et la mixité
51
Vingt-cinq ans avant le mouvement #MeToo, en
1992, loi Neiertz avait pour but de sanctionner le
harcèlement sexuel sur le lieu de travail, avec les
résultats que l’on connaît puisque celui-ci reste
largement répandu.
Une étude publiée en 2007 par l’Organisation
internationale du Travail (OIT) indique en effet que
« d’après un rapport établi en 2004 en Italie, 55,4%
de femmes, dans la fourchette des 14 à 59 ans,
auraient été victimes de harcèlement sexuel. Une
travailleuse sur trois est l’objet d’intimidations
d’ordre sexuel en échange d’une promotion et 65%
d’un chantage par semaine et par le même auteur,
en général un collègue ou un supérieur
hiérarchique. En outre, 55,6% des femmes victimes
d’intimidation d’ordre sexuel sont licenciées ».
Selon la même étude, « dans l’Union européenne,
de 40 à 50% des femmes ont signalé une forme
quelconque de harcèlement sexuel sur le lieu de
travail ».
52
Ces révélations ne font que conforter le jugement
des savants de l’islam qui, de tout temps, ont
condamné la mixité entre hommes et femmes, à
l’image d’Ibn Al-Qayyim qui écrit dans son ouvrage
intitulé At-Tourouq Al-Houkmiyyah : « Il ne fait
aucun doute que la mixité est à l’origine de toutes
les calamités et explique nombre de catastrophes
qui s’abattent sur l’humanité. La mixité conduit à
une corruption des mœurs, à la propagation de la
fornication et de l’adultère, et à la multiplication des
épidémies et des fléaux. Ainsi, lorsque les
prostituées se sont mêlées aux soldats de Moïse et
que ces derniers se sont adonnés à la fornication,
Allah leur a envoyé la peste qui a provoqué en une
journée la mort de soixante-dix mille hébreux.
Cette histoire, bien connue, est d’ailleurs rapportée
par les exégèses. L’une des principales causes de
calamités est donc la propagation de la fornication
qui s’explique en grande partie par la mixité. »1
53
La femme n’est pas oppressée par le
voile
54
Jacob qui, croyant épouser Rachel, se retrouve
marié à Léa (Gn. 29, 26). »1
Et on peut lire dans le Nouveau Testament : « Car
si une femme n’est pas voilée, qu’elle se coupe aussi
les cheveux. Or, s’il est honteux pour une femme
d’avoir les cheveux coupés ou d’être rasée, qu’elle
se voile. »2
D’ailleurs, toutes les images de la sainte Marie la
montrent voilée, de même que Jésus porte une
barbe dans toutes les représentations que l’on
connaît de lui. Des réalités qui devraient interroger
ceux qui adorent en Jésus le fils de Dieu et en Marie
la mère de Dieu. Rappelons-nous qu’il n’y a pas si
longtemps les nones circulaient dans nos rues avec
le voile sans choquer personne. De même, jusqu’à
un passé récent, les femmes se rendaient à l’église
voilées. Le code de droit canonique catholique de
1917 imposait en effet la séparation des femmes et
55
des hommes dans les églises et le port du voile dans
les maisons de Dieu1. De nos jours encore, nombre
de mariées portent un voile blanc lors de la
cérémonie religieuse.
On est donc en droit de s’interroger sur les
raisons de cette haine viscérale que provoque
aujourd’hui le voile, en France en particulier, chez
les féministes notamment, qui y voient une marque
de soumission de la femme à l’homme. La réponse
est probablement à chercher dans ces mots de
Paul : « L’homme ne doit pas se couvrir la tête,
puisqu’il est l’image et la gloire de Dieu, tandis que
la femme est la gloire de l’homme. En effet,
l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la
femme a été tirée de l’homme. Et l’homme n’a pas
été créé à cause de la femme, mais la femme a été
créée à cause de l’homme. C’est pourquoi la femme,
à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque
de l’autorité dont elle dépend. »2
56
La femme, selon Paul, doit donc se couvrir la tête
par soumission à l’homme. Il n’en est évidemment
rien en islam qui impose le voile aux femmes, non
par soumission à l’homme, mais au Seigneur. En
portant le voile, les musulmanes mettent
simplement en application ce verset : « Il
n’appartient aucunement à un croyant ou à une
croyante de s’opposer à une décision prise par Allah
et Son Messager. Quiconque désobéit à Allah et
Son Messager s’est manifestement égaré. »1 Verset
qui justement suit de près l’un des passages
coraniques qui fondent l’obligation pour la femme
de porter le voile : « Femmes du Prophète ! Vous
n’êtes en rien comparables aux autres femmes, pour
peu que vous craigniez Allah. Gardez-vous donc de
vous adresser aux hommes de manière impudique,
de peur d’éveiller dans des cœurs malades des désirs
coupables, et évitez toute parole équivoque.
Demeurez dans vos foyers, ne vous exhibez pas à
la manière des femmes de l’époque préislamique.
57
Accomplissez la prière, acquittez-vous de l’aumône
et obéissez à Allah et Son Messager. Allah veut
seulement vous préserver de toute souillure,
membres de la famille du Prophète, et vous purifier
entièrement du péché. »1
Et voici un autre verset coranique qui instaure
l’obligation du voile pour les musulmanes :
« Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles et aux
croyantes, de rabattre sur elles une partie de leur
grand voile. Voilà le plus sûr moyen de se
différencier des autres femmes et d’éviter d’être
offensées. »2
La musulmane ne se couvre donc d’un voile ni
par soumission à son mari, à son père ou à son
frère, ni par ostentation, ni comme un acte
politique, mais par obéissance et soumission à
Allah, ce qui exclut toute volonté de prosélytisme.
Le verset coranique explique cette obligation par la
nécessité de se préserver des offenses que les
58
femmes pourraient subir en dehors de chez elles et
de se différencier des autres femmes. Selon Odon
Vallet, les premières chrétiennes portaient le voile
pour la même raison : « Les vierges de l’Eglise
primitive étaient voilées, comme les vestales
romaines. Le voile des religieuses trouve sans doute
là son origine, en tant que signe distinctif par
rapport aux autres femmes. »1
59
La femme et ses droits en islam
Le droit à la vie
Il peut paraître étonnant de mentionner le droit à
la vie parmi les droits que l’islam accorde à la
femme, sauf si l’on sait que le meurtre des fillettes
était une pratique courante avant l’islam en Arabie.
Les commentateurs musulmans proposent
d’ailleurs souvent l’exemple de ce type
d’infanticide, sévèrement prohibé par le Coran,
pour montrer à quel point l’islam a élevé la
condition de la femme. Le Très Haut dit : « Lorsque
la naissance d’une fille est annoncée à l’un d’entre
eux, son visage s’assombrit tandis qu’il peine à
contenir sa rage. Il se dérobe aux regards, tout
honteux de cette nouvelle accablante. Va-t-il la
laisser vivre malgré le déshonneur ou l’enterrer
60
vivante ? Comme ils manquent singulièrement de
jugement ! »1
En outre ‘Abdoullah ibn Mas’oud rapporte avoir
dit : « Messager d’Allah ! Quel est le péché le plus
grave ? » Il répondit : « Que tu donnes un égal à
Allah, alors qu’Il t’a créé. » Il demanda : « Et
ensuite ? » Il répondit : « Que tu tues ton enfant de
peur qu’il partage ta nourriture. » Il dit : « Et
ensuite ? » Il répondit : « Que tu trompes ton voisin
avec sa femme. »2
En outre Ibn ‘Oumar relate ce qui suit : “Lors
d’une des expéditions du Prophète , on trouva
une femme tuée. Le Messager d’Allah défendit
alors de tuer les femmes et les enfants. »3
61
Le droit à la dignité
Après la vie, l’honneur est assurément ce qu’il y a
de plus précieux pour une femme. L’islam, avant
toutes les législations humaines, a donc fixé des
règles permettant de préserver l’honneur de la
femme. Le Très Haut dit : « Ceux qui portent des
accusations contre des femmes chastes, sans
produire quatre témoins confirmant leurs dires, se
verront infliger quatre-vingts coups de fouet, tandis
que leur témoignage ne sera plus jamais admis. »1
Et un peu plus loin, dans la même sourate : « Ceux
qui portent des accusations contre les croyantes
chastes et innocentes sont maudits ici-bas et dans
l’au-delà, où un terrible châtiment les attend. »2
Ces deux versets concernent ceux qui accusent
injustement les femmes chastes d’avoir commis la
fornication ou l’adultère.
62
De même, le Prophète a compté ce type
d’accusation au nombre des péchés capitaux,
affirmant : « Fuyez les sept péchés qui mènent à la
perdition : l’idolâtrie, la sorcellerie, le meurtre
injustifié, l’usure, la spoliation de l’orphelin, la fuite
du champ de bataille et la diffamation des femmes
chastes, croyantes et innocentes. »1
Le droit à l’héritage
S’il faut attendre le XXe siècle pour que la femme
obtienne le droit d’hériter dans les sociétés dites
civilisées, l’islam lui a accordé ce droit dès le VIIe
siècle. Le Très Haut dit : « Aux hommes revient une
part déterminée des biens, importants ou
insignifiants, laissés en héritage par leurs parents et
leurs proches, de même qu’aux femmes revient une
part déterminée des biens laissés par leurs parents
et leurs proches. »2
Le droit hébraïque, pour sa part, exclut la femme
de l’héritage en présence d’héritiers mâles, comme
63
le montre ce passage de la Torah : « Tu parleras aux
enfants d’Israël, et tu diras : Lorsqu’un homme
mourra sans laisser de fils, vous ferez passer son
héritage à sa fille. S’il n’a point de fille, vous
donnerez son héritage à ses frères. S’il n’a point de
frères, vous donnerez son héritage aux frères de
son père. S’il n’y a point de frères de son père, vous
donnerez son héritage au plus proche parent dans
sa famille, et c’est lui qui le possédera. Ce sera pour
les enfants d’Israël une loi et un droit, comme
l’Eternel l’a ordonné à Moïse. »1
La fille n’hérite donc que si le défunt ne laisse pas
de fils. Et la sœur n’a pas droit à l’héritage, même
en l’absence de frères.
Et si la fille reçoit une part d’héritage en l’absence
d’héritiers mâles, elle ne peut épouser qu’un
homme de sa tribu2.
Le Coran, quant à lui, accorde à la fille une part
de l’héritage, même en présence de garçons, ce qui
64
fait de la législation islamique l’une des plus
égalitaires de son temps. Mais, lancent les
détracteurs de l’islam, la fille ne reçoit que la moitié
de la part du garçon : « Au garçon revient la part de
deux filles. »1 Ceux-ci oublient de terminer le verset
qui continue ainsi : « Le père et la mère du défunt,
si ce dernier laisse une descendance, ont chacun
droit au sixième de l’héritage. »2 Car il faut savoir
que dans la plupart des cas, la femme hérite la
même part que l’homme. Mieux, dans dix
situations, la femme reçoit plus que l’homme, par
exemple dans le cas où une femme meurt en
laissant un époux, qui reçoit le quart, et une fille,
qui obtient la moitié de l’héritage. L’homme, pour
sa part, ne reçoit plus que la femme que dans quatre
cas de figure. Il existe même des cas où la femme
hérite au détriment de l’homme qui se voit
totalement privé d’héritage.
65
A l’époque où le Coran est révélé, sont en vigueur
chez les Francs les lois dites saliques élaborées,
selon les historiens, entre le début du IVe et le
VIe siècle. L’article 62 porte sur la transmission des
terres détenues par un groupe familial. Le texte
énonce qu’aucune partie de l’héritage ne doit
revenir à une femme, mais que tout l’héritage
appartient au sexe masculin. Plusieurs siècles après,
dans le courant du XIVe, cet article fut employé par
les juristes de la dynastie royale des Capétiens pour
justifier l’interdiction faite aux femmes de succéder
au trône de France. Plus généralement, ce code eut
une grande influence sur les législations
européennes du moyen-âge.
Les droits sur son mari
Un verset résume en quelques mots les droits de
la femmes sur son mari : « Les femmes ont sur leurs
maris des droits équivalents à leurs devoirs envers
eux, conformément aux usages. »1
66
Rappelons également ces paroles de Gustave Le
Bon : « La situation légale de la femme mariée, telle
qu’elle est réglée par le Coran et ses
commentateurs, est bien plus avantageuse que celle
de la femme européenne. Non seulement elle reçoit
une dot, mais encore conserve la jouissance de ses
biens personnels, et n’est nullement tenue de
contribuer aux dépenses du ménage. Répudiée, elle
doit recevoir de quoi vivre. Devenue veuve, elle est
entretenue aux frais de la succession pendant une
année, et recueille à titre héréditaire une portion des
biens du mari. »
Contrairement aux idées reçues, la femme a
également le droit de choisir son mari, comme nous
le montrerons au chapitre suivant consacré à
certains préjugés sur la femme en islam.
67
D’autres préjugés sur la femme en
islam
68
La femme est impure
Constatant que les musulmans refusent parfois de
serrer la main aux femmes, certains y voient une
preuve de l’impureté de la femme en islam. En
vérité, il n’en est rien. Si tel était le cas d’ailleurs, les
musulmans n’auraient aucun contact physique avec
leurs mères et leurs propres épouses, ce qui n’est
évidemment pas le cas. Cette attitude s’explique en
réalité par ces paroles du Prophète : « Je ne serre
pas la main aux femmes »1, qui elles-mêmes se
justifient par la nécessité d’éviter toute tentation par
un contact physique avec la femme. Plus que toute
autre religion, l’islam a en effet combattu la
corruption des mœurs en prescrivant le port du
voile à la femme, la pudeur à l’homme et à la femme
qui sont pareillement exhortés à baisser le regard,
en prohibant la mixité et en évitant tout contact
physique entre les hommes et les femmes.
69
Conclusion
70
Victimes des islamophobes, les musulmanes le
sont également des féministes qui, après s’être
battues pour leur émancipation, reproduisent le
même type d’oppression sur d’autres femmes
auxquelles elles dénient le droit le plus strict : celui
de se couvrir par pudeur comme d’autres ont le
droit de se dévêtir, celui de se voiler par soumission
au Seigneur, comme d’autres se dévoilent par
soumission à leurs passions ou aux codes
vestimentaires des sociétés où elles vivent.
L’attitude de certaines féministes et des
islamophobes envers les musulmanes voilées
confirme ce que nous affirmions précédemment :
la libération de la femme fut avant tout une
libération sexuelle, qui a donc libéré les désirs des
hommes plutôt que libérer les femmes qui ont
échangé une forme d’asservissement pour une
autre qui n’est pas moins dégradante.
71
Autres ouvrages et traductions de l’auteur
(En vente chez Amazon)