ANAH12
ANAH12
ANAH12
4.1.1 D ÉFINITION
Soient E et F deux espaces vectoriels normés. Une application T 2 L ( E, F ) est un
opérateur compact si T ( B̄E ) est un compact de F, où B̄E est la boule unité fermée
de E.
138
4. Opérateurs compacts et théorie spectrale sur les espaces de Hilbert: Opérateurs
compacts 139
iii ) ) i ) Soit (yn )n2N une suite de T ( B̄E ).
Pour tout n 2 N, il existe zn 2 T ( B̄E ) tel que kyn zn k F 2 n .
Comme par hypothèse (zn )n2N admet une valeur d’adhérence, il en est de
même pour (yn )n2N . ⌅
Démonstration: Pour l’opérateur identité I sur E, on a I ( B̄E ) = B̄E , qui ne peut être
compacte car la dimension de E est infinie. Quant à l’assertion générale, si un iso-
morphisme T : E ! E est compact alors l’opérateur identité I = T 1 T serait
compact, d’après la proposition précédente, ce qui serait une contradiction. ⌅
4.1.8 D ÉFINITION
Soient E et F deux espaces vectoriels normés. Une application T 2 L ( E, F ) est dite
de rang fini si la dimension de l’image de L est finie i.e. dim L( E) < +•. On note
R( E, F ) l’espace des opérateurs de rang fini.
4.1.9 R EMARQUE
Tout opérateur de rang fini est compact. En effet, T ( B̄E ) est un fermé borné de
l’espace de dimension finie L( E), est donc compact.
Comme K ( E, F ) est fermé, il s’ensuit que tout opérateur qui peut être approché par des
opérateurs de rang fini est également compact ; c’est un critère très utile pour montrer
qu’un opérateur est compact.
4.1.11 R EMARQUE
On a la réciproque, pour un espace de Hilbert, tout opérateur compact est limite
d’une suite d’opérateurs de rang fini.
et Z
k T f k22 = |( T f )(s)|2 ds
I
Z Z Z
2
= | K (t, s) f (y)ds| dt k f k22 kK (t, ·)k22 dt = k f k22 kK k22 .
I I I
4. Opérateurs compacts et théorie spectrale sur les espaces de Hilbert: Opérateurs
compacts 142
Ceci montre que lorsque f 2 L2 ( I ), la fonction TK f est bien définie presque partout
et qu’elle est de carré intégrable. TK est clairement une opérateur linéaire, et le
calcul ci-dessus montre qu’il est borné et que k T k kK k2 .
Pour montrer que T est un opérateur compact, nous devons montrer que A :=
T ( BE ) est un sous-ensemble relativement compact dans E.
1) Soit f 2 BE , alors pour tout t 2 I,
Z
| T f (t)| = k (t, s) f (s) ds k f k2 sup kK (t, ·)k2 sup kK (t, ·)k2 = C.
I t2 I t2 I
| t1 t2 | + | s1 s2 | d entraîne | K ( t1 , s1 ) K (t2 , s2 )| #.
4.1.14 Exercice Soit une suite de nombres réels (lk )k2N , et pour x = ( xn )n2N 2 `2 on
pose Tx := (lk xk )k2N .
Sous quelles conditions, sur la suite (lk ), l’opérateur T est bien défini ? continu ?
compact ?
4.1.15 D ÉFINITION
Soit H un espace de Hilbert séparable. Un opérateur T 2 L (H ) est un opérateur
•
X
de Hilbert-Schmidt s’il existe une base hilbertienne (ek )k2N telle que k Tek k2 < •.
k =0
•
!1/2
X
Le réel k T kHS = k Tek k2 est appelé la norme de Hilbert-Schmidt de T.
k =0
4. Opérateurs compacts et théorie spectrale sur les espaces de Hilbert: Opérateurs
compacts 143
4.1.16 E XEMPLE . Pour une application linéaire en dimension finie T : C n ! C n , (de
façon équivalente,
»
pour les matrices n ⇥ n), la norme de Hilbert-Schmidt est la
norme k T k = tr ( T ⇤ T ).
4.1.17 P ROPOSITION
La définition d’opérateur et de norme de Hilbert-Schmidt ne dépendent pas du
choix de la base hilbertienne de H .
X
Démonstration: Supposons que k Tek k2 < • pour une base hilbertienne (ek ) de
k
H . En utilisant l’identité de Parseval deux fois, on obtient
X XX XX X
k Tek k2 = |h Tek , e j i|2 = |hek , T ⇤ e j i|2 = k T ⇤ e j k2 .
k k j j k j
X X
D’où k Tek k2 = k Tek0 k2 . ⌅
k k
4.1.19 R EMARQUE
1. Une conséquence (de la démonstration) de ce qui précède, est que
k T ⇤ kHS = k T kHS .
2. D’autre part on a toujours k T k k T kHS .
En effet, soit x un vecteur de norme 1 etX B = { xk }k2N une base hilbertienne
de H telle que x 2 B. Alors k Tx k k Txk k2 = k T kHS . En appliquant
k
cette inégalité à tous les x tel que k x k = 1, on obtient le résultat.
4.1.20 P ROPOSITION
Tout opérateur T de Hilbert-Schmidt est compact.
X
Démonstration: Soit une base hilbertienne (ek ) de H . on pose c = k Tek k2 . Soit # >
X k
0. Alors il existe N# 2 N tel que k Tek k2 #2 . On pose F# = Vect{e0 , . . . , e N# }
k> N#
et P# : H ! H la projection orthogonale
X sur F# . Alors T# = P# T est de rang fini
2 2
et k T T# k k T T# kHS = k Tek k #2 . Ainsi T est limite d’opérateurs de
2
k> N#
rang fini, il est donc compact.
4. Opérateurs compacts et théorie spectrale sur les espaces de Hilbert: Théorème
spectral 144
4.1.22 E XEMPLE (O PÉRATEURS INTÉGRAUX DE H ILBERT-S CHMIDT ). Considérons l’opé-
rateur intégral T : L2 ([0, 1], K ) ! L2 ([0, 1], K ) défini par
Z 1
( T f )(t) = k (t, s) f (s) ds
0
4.2.1 D ÉFINITION
Soit E est un espace vectoriel sur K et T un endomorphisme de E. On appelle
• Spectre de T est l’ensemble s( T ) := {l 2 K | T lI ne soit pas inversible}
• Spectre ponctuel de T est l’ensemble sp ( T ) := {l 2 s( T ) | ker( T lI ) 6= {0}}
i.e. l’ensemble des valeurs propres de T. On appelle multiplicité de la valeur
propre l, la dimension du sous-espace propre ker( T lI ).
4. Opérateurs compacts et théorie spectrale sur les espaces de Hilbert: Théorème
spectral 145
4.2.2 R EMARQUE
a) On a toujours sp ( T ) ⇢ s( T ).
b) Soit V est un espace vectoriel normé de dimension finie et T une application
linéairesur V . Alors ( T lI ) est inversible précisément lorsque l n’est pas une
valeur propre de T. Il en résulte que le spectre s ( T ) = sp ( T ).
4.2.3 E XEMPLE . Les exemples suivant montrent que pour une application linéaire sur
un espace de dimension infinie, le spectre peut être très complexe.
4.2.4 E XEMPLE ( OPÉRATEUR DIAGONAL SUR `2 (N, C ) ). Soit (ln )n2N une suite dans C \ {0}
telle que lim ln = 0. On définit l’opérateur T sur `2 par T (( xn )n2N ) = (ln xn )n2N .
n!+•
Ä yk ä
Comme ( T lI ) x = ((lk l) xk )k2N , alors( T lI ) 1 y = . Il en ré-
l k l k 2N
sulte que ( T lI ) 1 est un opérateur borné si et seulement si l n’est pas dans
l’adhérence de {lk }k2N , qui n’est autre que {lk }k2N [ {0}.
Comme Tek = lk ek , pour ek élément de la base canonique de `2 , on en déduit
que tous les lk sont des valeurs propres de T. Mais 0 n’est pas valeur propre car T
est injective (puisque tous les lk 6= 0).
D’où : s( T ) = {lk }k2N [ {0} et sp ( T ) = {lk }k2N .
Il en résulte que f = 0 dans L2 [0, 1] . Par conséquent, T n’a pas de valeurs propres.
D’où : s ( T ) = [0, 1] et sp ( T ) = ∆.
R( x ) = (0, x1 , x2 , . . .), L ( x ) = ( x2 , x3 , . . . , ).
R est clairement injectif mais pas surjectif comme L est surjectif mais pas injectif.n
4. Opérateurs compacts et théorie spectrale sur les espaces de Hilbert: Théorème
spectral 146
4.2.7 Exercice Montrer que
s ( R) = {l 2 C : |l| 1}, sp ( R) = ∆,
s( L) = {l 2 C : |l| 1}, sp ( L) = {l 2 C : |l| < 1}.
4.2.8 D ÉFINITION
Un opérateur T 2 L (H ) est dit auto-adjoint si T ⇤ = T, i.e.
h Tx, yi = h x, Tyi, x, y 2 H .
4.2.9 E XEMPLE . (i) L’opérateur identité sur un espace de Hilbert est auto-adjoint.
(ii) les opérateurs linéaires sur C n donné par des matrices hermitiennes ( aij ),
c’est à dire telles que aij = a ji ;
R
(iii) Un opérateur intégral ( T f )(t) = 01 k (s, t) f (s) ds sur L2 ([0, 1], C ) avec un
noyau hermitien, c’est à dire tel que k(s, t) = k(t, s) ;
(iv) Les projections orthogonales sur des sous-espaces fermés de H . (Pourquoi ?)
4.2.10 R EMARQUE
Tout opérateur A 2 L (H ) peut être représenté de manière unique comme
A = T + iS
4.2.11 Exercice Montrer que l’ensemble des opérateurs auto-adjoints forme un sous-espace
vectoriel fermé de L (H ).
4.2.14 P ROPOSITION
Soit T 2 L (H ) et auto-adjoint. Si E ✓ H est un sous-espace invariant par T alors
E? est aussi un sous-espace invariant par T.
4.2.16 R EMARQUE
Si H est un espace de Hilbert complexe et T 2 L (H ) un opérateur auto-adjoint,
Alors pour tout x 2 H , h Tx, x i 2 R. En effet, h Tx, x i = h x, Tx i = h Tx, x i.
4.2.17 P ROPOSITION
Soit H est un espace de Hilbert et T 2 L (H ) un opérateur auto-adjoint. Alors
toutes les valeurs propres de T sont réelles (c.-à-d sp ( T ) ⇢ R) et les vecteurs
propres correspondant à des valeurs propres différentes sont orthogonaux.
4.2.19 P ROPOSITION
Soit H est un espace de Hilbert et T un opérateur compact auto-adjoint de H .
Alors il existe l 2 sp ( T ) telle que |l| = k T k.
D’où k T k ou k T k est valeur propre de T.
k( T 2 a2 I ) x n k2 = k T 2 x n a2 x n k2
= k Tx k4 + a4 k x k2 2a2 h T 2 xn , xn i
a4 + a4 2a2 h T 2 xn , xn i
d’où lim k( T 2 a2 I ) xn k = 0.
n!+•
4. Opérateurs compacts et théorie spectrale sur les espaces de Hilbert: Théorème
spectral 148
Comme T est compact, il existe une sous-suite, ( T 2 xf(n) ) qui converge vers un
y
y 2 H . Alors lim a2 xf(n) = y 6= 0. On pose u = a2 . Le passage à la limite de
n!+•
T 2 (u) = a2 u i.e.
0 = (T2 a2 I ) = ( T + aI )( T aI )u.
Alors, si ( T aI )u, alors k T k est valeur propre de T, sinon v = ( T aI )u 6= 0 et
( T + aI )v = 0, donc k T k est valeur propre de T. ⌅
4.2.21 R EMARQUE
L’ensemble des valeurs propres sp ( T ) est contenu dans [ k T k, k T k]. Donc k T k est
la plus grande valeur propre, en module.
En effet, soit l une valeur propre et x un vecteur propre associé de norme 1
alors |l| = |h Tx, x i| k T kk x k2 = k T k.
4.2.22 T HÉORÈME
Soien H un espace de Hilbert, réel ou complexe, et T 2 L (H ) un opérateur auto-
adjoint compact. Il existe une base hilbertienne de H formée de vecteurs propres
de l’opérateur T.
Pour tout e > 0, il n’existe qu’un nombre fini de vecteurs de cette base pour
lesquels la valeur propre sont de valeur absolue e.
Maintenant, nous pouvons énoncer ce qu’on appelle le théorème spectrale pour opéra-
teurs auto-adjoints compacts sur un espace de Hilbert séparable.
m 2 m m
X X 2
X
ln h x, en ien = |ln h x, en i| k T k |h x, en i|2 ! 0 lorsque k, m ! +•.
n=k n=k n=k
4. Opérateurs compacts et théorie spectrale sur les espaces de Hilbert: Théorème
spectral 150
P
Donc n2N ln h x, en ien est convergente dans H .
De plus, pour tout x 2 H , on a pour tout m 0, nous avons
m 2 m
X X
ln h x, en ien kTk |h x, en i|2 k T k2 k x k2 . (4.2.1)
n =0 n =0
X
Par conséquent, si nous définissons Lx = ln h x, en ien , à partir de (4.2.1), nous
n 2N
constatons que L 2 L (H ) et pour tout n 2 N L(en ) = T (en ). Ainsi, par linéarité
et continuité, on aura T = L. ⌅
4.2.28 D ÉFINITION
On dit que T 2 L (H) est un opérateur normal si T commute avec son adjoint,
T⇤ T = TT⇤
4.2.29 R EMARQUE
Si T est normal on a kerT⇤ = ker T. En effet, on a pour tout x 2 H
kTx lx k2 = kT⇤ x lx k2
4. Opérateurs compacts et théorie spectrale sur les espaces de Hilbert: Théorème
spectral 151
4.2.30 C OROLLAIRE (T HÉORÈME SPECTRALE POUR LES OPÉRATEURS COMPACTS NORMAUX )
Soient H est un espace de Hilbert complexe séparable, de dimension infinie et
T 2 L (H ) un opérateur compact normal i.e. TT ⇤ = T ⇤ T.
Alors il existe une base orthonormée {en }n2N de H et une suite de nombres com-
plexes (ln )n , telle que : lim ln = 0, pour tout n 2 N, Ten = ln en et pour tout
n!+•
x2H X
Tx = ln h x, en ien
n 2N
T + T⇤
Démonstration: On décompose T en deux opérateurs T = A + iB avec A =
2
T T⇤
et B = . Alors A et B sont auto-adjoints et comme T est normal ils com-
2i
mutent i.e. AB = BA. Ainsi, d’après le théorème spectrale 4.2.24 et la proposi-
tion 4.2.26, il existe une base orthonormée (en ) des suites de réelles (an ) et ( b n )
telles que pour tout n 2 N on a Aen = an en et Ben = b n en . Alors pour tout
n 2 N, Ten = (an + ib n )en , d’où en est un vecteur propre associé à la valeur propre
ln = an + ib n et comme lim an = lim b n = 0 il s’en suit que lim ln = 0. ⌅
n!+• n!+• n!+•