14 13 Benslimane Hassaini Karam Mazoyer Complexe Oedipe
14 13 Benslimane Hassaini Karam Mazoyer Complexe Oedipe
14 13 Benslimane Hassaini Karam Mazoyer Complexe Oedipe
Le Complexe
d’Œdipe
Ismael BENSLIMANE, L2
Roumaïssa HASSAINI, L2
Jennifer KARAM, L2
Charline MAZOYER, L2
1
Sommaire
I. Introduction p.3
II. Présentation du complexe d’œdipe p.4
a) Définition et description du complexe d’œdipe
b) Historique de la "découverte" du complexe d’œdipe
c) Source et antécédent à cette découverte
VII. Conclusion p. 35
VIII. Bibliographie p. 36
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I. Introduction
Alors une question incessante nous revient toujours à l'esprit, sommes nous
réellement au courant de la scientificité de ce complexe? Est-ce que Freud s'est
réellement comporté en homme de science pour mettre en évidence cette " troisième
blessure narcissique infligée à l'humanité" comme il le dit lui même (1).
L'arrogance et la certitude de Freud nous pousse alors à voir de plus près les détails
de sa démarche.
Nous allons d'abord énoncer et définir ce qu'est le complexe d’Oedipe, voir ses
applications ainsi que ses sujets d'étude et par la suite étudier sa scientificité,
véracité ainsi que son emprise sur notre société.
(1): ici Freud fait référence aux deux autres blessures narcissiques subies par
l'humanité, la première infligée par Copernic lorsqu'il a découvert que la Terre
n'était pas centre du système solaire,puis Darwin en montrant que l'être
humain n'est pas une créature exceptionnelle crée tel quel, et enfin Freud se
dit à l'origine de la troisième blessure en 'découvrant' le ça, moi et surmoi.
3
II. Présentation du complexe d’œdipe
a) Définition et description du complexe d’œdipe
En 1897, il commence à travailler sur les rêves qui le conduisent à ses découvertes
les plus importantes : l'existence du fantasme et le complexe d'Oedipe. A partir de
1920, il oppose les principes de vie et de mort qui composent chaque être, défini par
le ça, le moi et le surmoi. Chantre de la psychanalyse, il forme des disciples motivés,
dont sa propre fille Anna. Atteint d'un cancer, il fuit l'Autriche à la veille de la Seconde
Guerre mondiale et meurt à Londres.
Freud dit : « Les rapports de l'enfant avec sa mère sont pour lui une source continue
d'excitation et de satisfaction sexuelle, et cela d'autant plus qu'elle témoigne à
l'enfant des sentiments dérivant de sa propre vie sexuelle, l'embrasse, le berce, le
considère comme le substitut d'un objet sexuel complet. Il est probable qu'une mère
serait vivement surprise si on lui disait qu'elle éveille ainsi, par ses tendresses, la
pulsion sexuelle de son enfant.
Elle croit que ses gestes témoignent d'un amour asexuel et pur dans lequel la
sexualité n'a aucune part, puisqu'elle évite d'exciter les organes sexuels de l'enfant
plus que ne le demandent les soins corporels. Mais la pulsion sexuelle, nous le
savons, n'est pas éveillée seulement par l'excitation de la zone génitale ; la
tendresse peut aussi être très excitante. »
4
étapes fondamentales du développement psychoaffectif de l'enfant. Certains
psychanalystes affirment que cet âge est quatre ans.
Le complexe d'Oedipe est une immense démesure : c'est un désir sexuel propre à un
adulte, vécu dans la petite tête et le petit corps d'un enfant de quatre ans et dont les
parents sont l'objet. L'enfant œdipien est un enfant joyeux qui, en toute innocence
sexualise ses parents, les introduits dans ses fantasmes comme objets de désir et
mime sans pudeur ni sens moral leurs gestes sexuels d'adultes.
L'Oedipe, c'est l'épreuve vécue par un enfant d'environ quatre ans qui, dépassé par
un désir sexuel incontrôlable, doit apprendre à borner son élan et l'ajuster aux limites
de son corps immature , aux limites de sa peur, et enfin aux limites d'une Loi tacite
qui lui ordonne de cesser de prendre ses parents pour des objets sexuels. Lors de
l'Oedipe, c'est la première fois de la vie de l'enfant où il dit à son insolent désir : « Du
calme ! Tiens- toi tranquille ! Apprends à vivre en société ! ». Ainsi concluons-nous
que l'Oedipe est le douloureux et initiatique passage d'un désir sauvage à un désir
socialisé, et l'acceptation tout aussi douloureuse que les désirs ne sauront jamais se
satisfaire totalement.
Chez les psychanalystes, le complexe d'Oedipe a des incidences sur la vie future du
sujet. Notamment lors de l'adolescence, la seconde secousse œdipienne, le jeune
adolescent devra ajuster l'ardeur de ses impulsions à son nouveau corps en pleine
métamorphose pubertaire et aux nouvelles sollicitations sociales. Beaucoup plus
tard, à l'âge adulte, à l'occasion d'un conflit affectif, de nouvelles éruptions pourront
éclater sous forme de souffrances névrotiques telles que la phobie, l'hystérie et
l'obsession. Enfin les psychanalystes considèrent que le transfert entre patient et
psychanalyste est la répétition en acte du complexe d'Oedipe.
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Dans un prochain passage, je vais différencier le complexe d'Oedipe chez la fille et
chez le garçon d'un point de vue psychanalytique. Les deux complexes se
caractérisent par une suite de faits, qui est la même chez tous les petits enfants.
Chez le garçon, celle ci est :
« J'ai 4 ans. Je sens des excitations péniennes
J'ai le Phallus et me crois omnipuissant
Je désire à la fois posséder sexuellement mes parents, être possédé par eux,
et supprimer mon père
J'ai plaisir à fantasmer mes désirs incestueux
Mon père menace de me punir en me châtrant
Je vois le corps nu d'une petite fille ou celui de la mère et constate l'absence
de pénis
J'ai peur d'être puni
Angoissé, je préfère renoncer à désirer mes parents et sauver mon pénis
J'oublie tout : désirs, fantasmes, angoisses
Je me détache sexuellement de mes parents et je fais mienne leur morale
Je commence à comprendre que mon père est un homme et que ma mère est
une femme, et à savoir peu à peu que j'appartiens a la lignée de mâles
Plus tard, à l'adolescence, mes fantasmes oedipiens se raviveront, mais mon
surmoi très sévère à cet âge s'y opposera farouchement. Cette lutte entre
fantasmes et surmoi se manifestera par des attitudes excessives et
conflictuelles propres à l'adolescence : pudeur exacerbée, inhibitions, crainte
et mépris de la femme, rejet des valeurs établies. »
Chez la fille maintenant, la suite d’événements est un peu plus complexe séparée en
plusieurs parties :
La fille est un garçon (temps pré-oedipien)
- J'ai 4 ans, je sens des excitations clitoridiennes
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- J'ai le Phallus, j'en suis fière et me croit omnipuissante
- Tout comme un garçon je désire posséder ma mère
La fille se sent seule et humiliée (temps de la solitude)
- Devant un petit garçon tout nu, je découvre que je n'ai pas de Phallus
- Je souffre d'en être privée
- Je réalise que ma mère en est tout aussi démunie
- Je la blâme de m'avoir fait croire que l'avions toutes les deux
- Elle m'a donc trompée
- Dépitée, je quitte ma mère
- A présent, je me sens seule et humiliée. Je suis blessée dans mon amour-
propre
- Je jalouse le garçon
La fille désire son père (temps de l'Oedipe)
- Je me tourne maintenant vers mon père, grand détenteur du Phallus
- Toujours jalouse et envieuse, je lui demande de me le donner
- Il me le refuse
- J'ai compris que je ne l'aurais jamais
- Je demande à mon père de me consoler
- Mon envie s'est transformée en désir. Je ne veux plus avoir le Phallus de
mon père, je veux l'être ; je veux être la préférée de mon père
- Alors je m’identifie à ma mère en tant que femme désirée et modèle de
féminité
- Je désire être possédée par mon père
La femme désire un homme (résolution de l'Oedipe)
- Mon père refuse
- Je désexualise mon père, mais incorpore sa personne
- Peu à peu, je deviens femme et m'ouvre à l'homme aimé
- Je cesse de mesurer mon sexe à l'aune d'un mythique Phallus et découvre
le vagin, l'utérus et le désir de porter un enfant de mon futur compagnon.
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b) Historique de la "découverte" du complexe d’œdipe
Pour éliminer sa propre hystérie, Freud se livre à son auto-analyse. Un rêve décrypté
lui permet de reconstruire un épisode qui aurait dû se produire à 2 ans et demi,
lorsqu'il fit un voyage avec sa mère de Liepzig à Vienne, au cours duquel il aurait vu
celle ci nue. La vie de Freud lui laisse du temps pour être lui même son premier
patient.
D'abord, il fait un rapprochement singulier avec une observation de Wilhelm Fliess :
son fils Robert, qui n'avait que quelques mois, eut un érection en présence de sa
mère Ida. Ignorant le caractère spontané de ce phénomène chez les nourrissons,
Freud voit aussitôt dans d'érection devant Ida Fliess non pas une coïncidence, mais
l'effet de l'excitation sexuelle du petit Robert à l'égard de sa mère. Il voit cela comme
un désir. Freud comprend alors son cas personnel : son rêve lui révèle qu'il éprouva
lui-même dans la petite enfance un désir érotique pour sa mère Amalia, à 2ans et
demi, quand il la vit nue dans le train. (Ce voyage se passa en réalité lorsque Freud
avait 4 ans).
Freud, à partir du cas du petit Robert et du sien, fait une généralisation, c'est là un
désir universel et vrai. Quelques jours plus tard, la construction est accomplie : « Une
idée unique de portée générale a vu le jour en moi. J'ai découvert, dans mon propre
cas aussi, un amour porté à ma mère et de la jalousie envers mon père. Je
considère, à présent, qu'il s'agit d'un événement universel, au cours de la petite
enfance. »
La résolution de l'affaire Eckstein fit comprendre à Freud l'importance des désirs
érotiques inconscient, dont la malade est l'origine, et produisant les symptômes.
Maintenant, nous savons que les hystériques, et non Freud, avaient pris leurs désirs
d'inceste pour des réalités. Les abus réels dans l'enfance ne sont plus nécessaires :
les désirs œdipiens y pourvoient. C'est un désir incestueux, endogène et inconscient,
où la réalité n'a plus de poids. C'est ainsi que le complexe d'Oedipe est né par Freud.
Quelques années plus tard, Freud révisera rétrospectivement ses écrits de la période
préœdipienne de sa carrière.
Il apparaît que la seule source antécédente qui aborde le complexe d'Oedipe est le
mythe grec d'Oedipe. On sait aujourd'hui que Freud s'en est largement inspiré pour
mettre au point sa théorie, à laquelle il a donné ce nom.
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Devenu adulte, Oedipe se décide à quitter sa famille d’adoption. En route, il se prend
de querelle avec un homme (Laïos) et le tue. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il s’agit de
son père. Puis il est amené à épouser la femme de cet homme (Jocaste), sans savoir
qu’il s’agit de sa mère. Lorsqu’Oedipe découvre ce qu’il a fait, il se crève les yeux.
Du coté du complexe d'Electre, Carl Gustav Jung s'est inspiré du mythe antique
d'Electre, qui fit tuer sa mère car l'amant de celle-ci et celle-ci tua son père.
On ne sait pas ce qu'il en est des civilisations anciennes, la chose qui est sure c'est
que l'inceste a toujours été interdit, surtout entre parent et enfant. On peut donc
facilement imaginer que si des choses telles que des pulsions sexuelles d'un enfant
envers son parent se passaient, elles seraient tues. Les tabous à ce sujet font qu'il
n'est pas facile de se renseigner, il n'y a pas d'écrits qui font lieu de cette théorie.
On peut par contre affirmer que Freud ne fut pas le premier à mettre en avant
l'importance de la vie sexuelle humaine. Michel Foucault a montré dans son Histoire
de la sexualité que le discours sur le sexe proliférait depuis le XVIIIe siècle. À la fin
du XIXe siècle d’importants travaux de psychopathologie sexuelle ont été publiés :
par exemple ceux de Kraft-Ebing dont la Psychopathologia sexualis (1886) introduisit
les termes de sadisme et de masochisme, ou de Havelock Elis (Études sur la
psychologie sexuelle, 1897) avec qui Freud entretint de longues relations
épistolaires. Freud lui-même rapporte dans Sur l’histoire du mouvement
psychanalytique que l’étiologie sexuelle des névroses lui avait été clairement
indiquée par trois de ses maîtres (dont Charcot), mais la nouveauté était dans le
passage d’aperçus fugitifs à une hypothèse générale et théoriquement élaborée.
C'est lors du Stade Phallique que survient chez le garçon le complexe d'Œdipe aussi
nommé complexe d’Electre chez la fille par d autres psychanalyste (Jung , en
référence à Electre, un personnage de la mythologie grecque qui vengea son père,
Agamemnon, en assassinant sa propre mère, Clytemnestre, ainsi que son amant. On
retrouve ici la symétrie du complexe d’Oedipe : de la même manière qu’Œdipe tue le
père, Électre tue la mère, poussée par un désir incestueux inconscient)
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Au début la théorie de Freud du complexe d’Oedipe se définit comme l’ensemble de
pulsions qui pousse l’enfant mâle, lors du troisième stade du développement, à
ressentir une attirance pour sa mère et une hostilité pour son père. L’élaboration d'un
complexe d'Oedipe constitue une étape normale dans le développement
psychologique des garçons.
Freud lui-même était conscient que le modèle du complexe Oedipe ne pouvait
s'adapter tel quel au cas de la petite fille. Le complexe d'Oedipe explique en effet
comment le garçon dépasse l'attirance sexuelle envers sa mère « nourricière » pour
la diriger vers d'autres femmes : or, pour la petite fille aussi, la mère se présente,
dans les premiers stades du développement, comme la « nourricière », il se forme
donc différemment pour les filles et les garçons âpres une phase préliminaire
commune ou fille et garçons concentre leur libido sur la mère et s identifie au père.
Le stade phallique se situe entre 3 et 5 ans. La zone érogène dominante sont les
organes génitaux (pénis et clitoris). Les tensions se déchargent par la masturbation
génitale, ce plaisir entraîne une prise de conscience de son propre sexe et par
conséquent de celui des parents, et l'identification au parent du même sexe.
Le garçon pend conscience que l'objet du désir maternel est le père qui possède
comme lui un phallus et à partir de ce moment il est partagé entre deux
attachements, le premier qui est un investissement objectal sexuel à la mère qui va
se manifester par un déploiement de séduction à son égard mais dans cette tentative
de conquête il se heurte à la rivalité du père et surtout à son infériorité par rapport à
son père. Donc, vont se développer de la crainte et de la jalousie réelle qui va se
traduire par une franche agressivité à l'égard du père.
Le deuxième attachement est la forme positive de l'Oedipe du garçon, le père est un
modèle à imiter. La compétition œdipienne n'est pas réelle mais fantasmatique, la
mère a déjà choisi le père et l'enfant connaît très bien l'inutilité de ses tentatives
séductrices.
La seule façon normale de sortir de cette situation est de renoncer à la séduction
érotique de la mère et à la compétition avec le père. Cette renonciation va libérer de
l'énergie libidinale qui va pouvoir se réinvestir sur d'autres objets.
Les objets post-œdipiens sont les activités intellectuelles, artistiques, sportives, et
c'est l'entrée dans la période de latence.
Chez la fille comme chez le garçon, la mère est le premier Objet d'investissement
libidinal. Mais à l'inverse du garçon, c'est l'angoisse de castration qui fait entrer la fille
dans le processus Œdipien. Il y a changement d'Objet d'amour. L'ambivalence de la
fille vis à vis de la mère est plus accentuée que celle du garçon vis à vis du père.
L'agressivité de la fille vis à vis de la mère s'est élaborée au cours des expériences
de sevrage, permettant plus facilement l'Oedipe inversé. En même temps que le
désir de posséder un pénis, apparaît le rejet de la mère "castrée". Puis cela se
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transforme en rejet du désir d'avoir un pénis comme le père, évoluant ensuite en
désir d'avoir un enfant du père à la place de ce pénis qu'elle n'a pas. La mère est
alors une rivale et un Objet d'identification. L'Oedipe traîne plus longtemps car il n'y a
aucune menace extérieure pour l'obliger à arrêter la séduction vers le père. Elle
renoncera par identification à la mère, lui permettant enfin d'habiter sa personnalité
féminine.
C'est le moment où l'enfant entre à l'école primaire. Le complexe d'Oedipe doit être
terminé afin que l'enfant soit totalement disponible pour les apprentissages.
Employée à l'acquisition des connaissances sur tous les plans, le refoulement de
l'intérêt sexuel va permettre une disponibilité nouvelle, donc la possibilité de déployer
l'énergie pour la conquête du monde extérieur. C'est ce que Freud a appelé l'aspect
culturel de la phase de latence. Les facultés de sublimation vont se développer
progressivement en même temps que des sentiments nouveaux, plus nuancés
comme la tendresse et surtout les aspirations morales et esthétiques (vers 7 ans).
C'est un stade important dans la socialisation, la sexualité va être en sourdine
pendant cette période.
On ressent dans la famille une grande rivalité, des jalousies excessives. L'enfant,
une fois adulte, peut avoir des difficultés à construire une relation de couple.
Notons que ce complexe ne disparaît jamais vraiment Chez la fille et ses effets se
feront sentir dans toute sa vie de femme. L'enfant Œdipien (enfant imaginaire) est un
fantasme qui restera très longtemps chez elle. La sortie de l'Oedipe demeure en effet
problématique, risquant de plonger la fille soit dans une revendication infinie
d'amoureuse blessée, soit dans un renoncement mortifère ou encore de la renvoyer
à ses premiers amours pour la mère mais que pour le garçon, l'angoisse de
castration le conduit à mettre fin au complexe d'Oedipe.
Il y mêle l'amour, l'attachement: cette affection plus la crainte de la castration fait qu'il
vit un "Oedipe inversé" où, paradoxalement, il a des phases durant lesquelles il
séduit le père et rejette la mère (créant cette impression de "complicité" entre
hommes).
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Être en bons termes avec le père atténue indéniablement la peur de castration. C'est
l'identification au père qui permettra au garçon de sortir de l'Oedipe. La menace de
castration est la sanction du père dans la rivalité qui l'oppose au garçon pour la
possession de la mère. S'il veut échapper à cette situation, l'enfant doit renoncer à la
satisfaction sexuelle avec sa mère.
Dans le cas de la fille, le complexe d’Œdipe est mis a défaut puisque pareil pour la
petite fille, la mère se présente dans les premiers stades du développement comme
la nourricière. Si le complexe d’Œdipe fonctionne de manière similaire chez la fille et
chez les garçons alors on ne comprend plus pourquoi les femmes une fois adultes
sont attirées par les hommes. De même le complexe d’Electre a été critiqué pour le
faite que Freud prête aux petites filles de son époque une connaissance de
l'anatomie humaine qu'elles n'avaient probablement pas. Nombre de jeunes femmes
de son époque arrivaient au mariage dans la plus grande ignorance des choses du
sexe. Beaucoup ignoraient ce qu'était un pénis, n'ayant jamais vu d'homme nu,
surtout pas leur père ou leur frère.
On ne comprend donc guère comment une « envie de pénis » peut se développer
chez quelqu'un qui ignore jusqu'à l'existence même du pénis. De nos jours, cette
explication de Freud reste donc teintée de mystère. De nombreuses critiques ont été
faites de la part du mouvement féministe puisque d’après l’explication de Freud la
fille était une sorte de garçons bizarres, anormal ou il la considère comme un garçon
privé de pénis.
c) Universalité ?
Ce concept est il universel, ce complexe s’applique t-il à toutes les sociétés, depuis
la nuit des temps ?
13
Cette légende a saisi une compulsion que tous reconnaissait parce que tous l ont
ressenti. Avant même que Freud découvre ce complexe et de l avoir baptisé il
attribue a ce complexe une portée universelle.
Cependant quels moyens Freud possède-t-il pour vérifier l’universalité d une théorie
par ailleurs élastique ? Ou sont les études (longitudinales ou prospectives) qui l’ont
assuré que les enfants élevés sans père ou bien sans mère puisque nous venons de
voir que ces rôles sont indifférents deviennent en général homosexuels ? Au regard
de la fiabilité et de l honnêteté de ses publications on est en droit de se poser des
questions sur la valeur des informations Clinique invoquées, jamais décrites.
La théorie du complexe d Oedipe est conditionnée par le fait que l’enfant évolue
dans une structure précise où le père biologique a le rôle d’autorité. Or cette
structure familiale n’est pas universelle dans notre société actuelle (familles
monoparentales, recomposées, cultures où un autre membre assure l’autorité, etc.)
ou les enfants, de l’un ou l’autre, sexe élevés par un seul parent, de l’un ou l’autre
sexe sont aussi masculins ou féminins que les garçons et filles élevés par les deux
parents ensembles. Cette remarque a été surtout faite par Malinowski ou son
observation a été faite sur des populations des îles Trobriandais révèle en effet une
configuration socioculturelle qui, fondée sur un mode de parenté matrilinéaire, n’a
rien à voir avec celle de la civilisation européenne ou le désir était d épouser la sœur
et de tuer l oncle maternel.
Or, puisque le complexe d'Œdipe tel que le décrit Freud suppose une identité entre le
père biologique (avec lequel la mère échange un amour que l'enfant jalouse) et la
figure autoritaire (qui s'interpose entre l'enfant et la mère). le soi disant complexe d’
Oedipe au cours duquel l’enfant s identifierait de façon privilégié a un parent d un
sexe ou bien de l autre est dépourvu de tout support objectif ,et au moment supposé
y correspondre dans l’évolution psychologique rien de particulier n’ affecte le
développement des rôles sexuels et féminin lesquels sont antérieurs a l âge de trois
ans Si le père n’est pas à la fois « l’autorité » et le « concurrent » dans la possession
de l’amour de la mère, peut on toujours parler d un déclanchement du complexe d
Oedipe ?
De plus certains auteurs ont montré que la motivation de l’auteur pourrait se justifier
par les mauvais traitements et abus dont lui aurait été victime étant enfant. Dans la
mythologie, Œdipe découvre qu’il a été l’objet d’une tentative d’infanticide mais il ne
considère que son propre crime (la mort de Laïos son père). Ainsi le père est
protégé, il n’est pas remis en cause. Œdipe se crève les yeux, Freud lui parle de
fermer les yeux sur les fautes du père.
Il dira d’ailleurs que la théorie des pulsions lui évitait d’accuser le père de perversion.
Au final Claude Lévi-Strauss trouvait pour le moins abusif que Freud fondât
l'essentiel de la psychologie humaine sur une « pièce de théâtre de Sophocle »,
pièce n'ayant pas par ailleurs le côté de mythe fondateur de l'esprit européen
(l'individu s'opposant à la Cité) qu'est sa tragédie Antigone.
14
Même les freudiens après avoir reçu plein de critiques sur le complexe d’Oedipe
veulent a tout prix sauver le complexe nucléaire n ont pu le faire qu’en changeant la
pensée de Freud. Il remplace par exemple le désir de coucher avec la mère par la
fusion avec l’objet naturel ou a l’immersion dans la nature et de même l’envie de tuer
le père par la confrontation au porteur de la loi ou l’ouverture la culture. Jung un des
disciples de Freud concevait le complexe d’Oedipe d une façon plutôt métaphorique
ou symbolique ou la mère signifiait l inaccessible auquel l’individu doit renoncer en vu
de la culture et le père tué par Oedipe était le père intérieur dont le sujet doit se
libérer pour devenir autonome.
"La psychanalyse est une science empirique. Ce n'est pas un système à la manière
de ceux de la philosophie." "Comme toute autre science de la nature, la
psychanalyse repose sur élaboration patiente et laborieuse de faits du monde
perceptif."
Nous devons donc nous demander en quoi cette discipline peut faire partie de la
famille des sciences. Et plus précisément par rapport au complexe d’Œdipe, en quoi
celui-ci serait une vérité scientifique.
Nous verrons premièrement les preuves exposées par la psychanalyse pour appuyer
leurs dires. Puis ceci nous amènera à étudier les expériences et études scientifiques
par rapport au complexe d’Œdipe. Ensuite nous verrons pourquoi de nombreuses
critiques ont été faites à ce sujet et nous regarderons les réponses des
psychanalystes. Enfin nous terminerons cette partie en analysant la scientificité
intrinsèque ou non à la psychanalyse.
Dans cette partie, nous allons essayer de regarder les arguments de Freud et des
psychanalystes en faveur de la véracité du complexe d’Œdipe.
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Selon ces mots :
« J’ai trouvé en moi des sentiments d’amour envers ma mère et la jalousie envers le
père, et je pense maintenant qu’ils sont un fait universel de la petite enfance. Si c’est
ainsi, on comprend alors la puissance du roi Œdipe. » Lettre à W. Fliess, le 15
octobre 1897.
Comme on peut le voir ici Freud parle d’un sentiment personnelle « trouvé en moi »,
et il évoque ensuite le fait que cela puisse être un caractère universel « un fait
universel de la petite enfance » et enfin il fait référence au roi Œdipe, à qui il
empruntera le nom pour ça théorie. De plus on peut remarquer qu’il « pense » ceci,
montrant que pour l’instant la démonstration de ses suppositions n’est pas établie.
En résumé Freud s'appuie sur des faits strictement personnels et leur donne une
portée universelle. Il suit donc un raisonnement d’induction, c'est-à-dire chercher des
lois générales à partir de l'observation de faits particuliers.
Pour autant ce raisonnement n’est, en l’état, pas une faute scientifique, en effet
Freud évoque une possibilité, une potentialité que ces faits soit universels. Ainsi si
l’on considère cette « découverte » comme une intuition ou une hypothèse de son
auteur, ce qui est après tout la base nécessaire à l’élaboration d’un travail
scientifique, il nous faut à présent regarder l’ensemble et la suite de l’élaboration de
cette théorie.
Freud dit avoir établie cette théorie prétendument universelle en faisant son auto-
analyse qu’il commença en 1895. Il postule bien que cette perception fut tout d’abord
personnelle. Dans la correspondance entretenue avec Fliess, Fliess lui transmit le
fait que son fils de 2 ans aurait eu une érection en voyant ça mère nue. Cet
événement conforta Freud dans ça théorie. Pour Freud cette attirance de l’enfant
envers le parent du sexe opposé lui semble être une vérité absolue.
Dans une note ajoutée en 1919 dans le livre L’Interprétation du rêve, Freud écrit :
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Il fait référence à des études ultérieures. Par le terme « étude », Freud évoque ce
qu’il appelle «la recherche psychanalytique », c'est-à-dire l'observation de ses
patients adultes. Ainsi selon lui l’interprétation des récits et l’observation des ses
patients adultes permet à eux seuls de prouver la véracité du Complexe d’Œdipe qui
a lieu dans l’enfance.
Enfin l’une des preuves apportées par Freud sur l’universalité et l’atemporalité de son
concept est l’aspect mythologique. Il nomme « mythe scientifique », l’établissement
de son concept. Selon lui, le fait même que cela provienne d’un mythe peut être
utilisé et être un argument pour l’universalité. En effet, il déclare par exemple «la
conception mythologique du monde qui anime jusqu’aux religions les plus modernes,
n’est autre qu’une psychologie projetée dans le monde extérieur » Psychologie de la
vie quotidienne (p.296). Ainsi Freud considère les mythes comme une source de
vérité scientifique.
Voilà donc l’ensemble des preuves établies selon Freud, si l’on résume, Freud est
parti d’un constat personnel ainsi que d’une anecdote rapporté par Fliess. Il a ensuite
établie un lien « historique » en se basant sur l’interprétation d’un mythe. Puis étant
convaincue de la justesse de sa découverte, il a confronté son hypothèse avec
l’observation et plus précisément l’interprétation de la psyché de ses patients adultes.
Nous verrons ensuite en quoi ces « preuves » ne sont pas à proprement parler des
preuves scientifiques.
Nous allons dans cette partie essayer d’étudier et d’analyser un certain nombre
d'études réalisées sur le complexe d’Œdipe. Tout d’abord nous devons préciser qu’il
a été assez laborieux de trouver des études sur le complexe d’Œdipe précisément.
En effet étant donné que ce concept est très difficilement expérimentable, par le fait
qu’il est plus ou moins irréfutable comme nous allons le montrer ensuite, peu
d’études sérieuses et précises on put être réalisées.
Nous allons voir que les seules études réalisées ont été obligées d’avoir comme
objet d’étude le complexe d’Œdipe dans sa forme « simple » et « désexualisé »,
ainsi:
Devient plutôt :
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On peut voir que l’aspect inconscient à été enlevé, en effet par définition on ne peut
pas « mesurer » l’inconscient. Ce concept n’est donc pas approprié à
l’expérimentation scientifique. De plus ce n’est plus un rapport sexuel et une
élimination qui est mesurée mais plutôt une affection ou une hostilité. En effet étant
donné que les sujets étudiés sont des jeunes enfants, leurs sexualités incestueuses
et leurs envies parricides ne peuvent pas être explicitées si facilement que cela si
jamais elles existaient. Enfin l’éthique ne permet pas d’étudier explicitement l’envie
de l’enfant d’entretenir un rapport sexuel par exemple.
Les chercheurs ont du donc mettre en place un certain nombre de stratégies pour
pouvoir obtenir les informations souhaitées.
Nous tenons à préciser que l’ensemble des études que nous allons vous présenter et
qui sont le fruit de nos diverses recherches ne reflètent pas forcément l’ensemble
des études vraiment réalisées. En effet il à été assez difficile de se procurer certaines
études provenant d’article et de thèse non accessibles ou à un prix relativement
élevé.
Résultats :
Tableau traduit de l’original montrant l’attirance des enfants envers leurs parents à
différents âges:
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Si on le met sous forme graphique on obtient ceci :
Avec en trait pointillés les résultats attendus selon Freud selon ce tableau :
Nous avons décidé d’attribuer et chiffrer ces pourcentages en estimant une marge
d’erreur avec la théorie Freudienne de 20%, car cela nous semblait pertinent étant
donné l’objet d’étude. Ce chiffrage est donc purement indicatif et plus ou moins
arbitraire mais il permet de comparer les résultats théoriques et expérimentaux.
Premièrement, on peut voir que globalement les différences entre les filles et les
garçons sont plutôt faibles, pas plus de 10% de différence, dans cette étude, il n’y a
donc pas ici l’observation d’une symétrie entre filles et garçons comme le complexe
d’Œdipe (et/ou d’Electre) le prédit. En effet si l’on compare les données avec la
théorie, on voit par exemple que l’attirance du fils envers le père est faible, inférieure
à 30-40 %, ceci est plutôt en accord avec la théorie, pour autant, l’attirance de la fille
19
envers le père est tout autant élevée ce qui contredit cette même théorie. Pour la
mère, la similitude entre les filles et les garçons est aussi observable, la non attirance
de la fille envers ça mère est complètement contredite. L’attirance est même plus
importante pour la fille envers la mère que le fils envers la mère. Cette étude est
donc sans ambiguïté, en restant dans le cadre de son objet d’étude, elle
désapprouve la théorie du complexe d’Œdipe dans sa forme simple.
On peut aussi rajouter en regardant de plus près, que l’attirance envers le parent
évolue légèrement au cours du temps, de plus cette évolution est complètement
similaire et en corrélation entre la fille et le garçon, lorsque l’attirance envers un
parent augment pour le garçon en fonction de l’âge, l’attirance de la part de la fille
augmente tout autant, et vice versa lorsqu’il y a diminution.
Enfin l’étude tend à montrer que globalement, les garçons comme les filles, sont plus
attirés par leur mère que par leur père. Il n’y a donc pas ici de question du sexe
opposé.
Pour finir, on peut voir que la théorie se rapproche de l’expérience uniquement pour
les résultats des garçons, cette observation est assez importante car elle peut
expliquer le point de vue et l’élaboration de la théorie du complexe d’Œdipe. En effet,
comme montré précédemment Freud a construit sa théorie en partant d’un point de
vue personnel, donc masculin, il a ensuite extrapolé ceci à la fille par un jeu de
symétrie.
Pour conclure on peut dire que son « intuition » pouvait donc être juste pour le
garçon, mais son extrapolation universelle sans réelle démonstration scientifique est,
elle, contestée par l’étude.
Une autre étude fut réalisée par deux psychologues des universités de Hanovre et
de Heidelberg. Parue dans le livre « Die Theorie des Ödipuskomplexes und seine
Relevanz für die heutige Erziehungswissenschaft » de Manuel Berg.
Ils ont étudié 130 enfants de 3 à 9 ans (61 garçons et 67 filles). Leur méthode fut
basée essentiellement sur la projection d’images, de récits, de schémas, etc…. De
plus grâce à certain test où les enfants doivent choisir un visage (souriant, en colère,
neutre, etc…) comme réponse.
100
81,5 78,5
80
60
40
20
0
Jugeaient leur mère gentille Jugeaient leur père gentil 20
On peut voir ici que les résultats sont indépendants du sexe, en effet les auteurs ont
trouvé que les résultats étaient très similaires entre les filles et les garçons, de plus
on peut voir que la différence entre l’attraction envers la mère et le père est minime.
Un deuxième point étudié fut par rapport aux propositions de mariage. En effet les
psychanalystes donnent pour preuve au complexe d’Œdipe le fait que les enfants
déclareraient souvent « plus tard je me marierai avec papa », ou « maman pour le
garçon.
D’autres études (Fisher et Greenberg 1977, sur 48 enfants) basées sur des jeux
avec des poupées et aussi des questions directes ont montré une certaine neutralité
de l’attraction envers la mère et le père, et n’ont ainsi pas pu valider le complexe
d’Œdipe.
Une autre étude de Simpson (1935) qui porte sur 500 enfants de 5 à 9 ans basée sur
des questions et des images a montré que les garçons comme les filles étaient plus
attiré s par la mère que par le père. De plus, plus l’âge augmente, plus l’attirance
envers la mère augmente.
Une étude portée sur le complexe d’Œdipe féminin, Chesser (1956) à prouvé que sur
1211 femmes anglaises, 29 % préfèrent leur père, 40 % leur mère et 31 %
n’indiquent aucune préférence.
D’autres études similaires aux précédentes tendent aussi à prouver qu’il n’y a pas de
différence entre les sexes et que globalement l’attirance serait plus portée sur la
mère. Mais sans pour autant qu’un rejet envers le père soit détecté.
21
Pour conclure nous pouvons dire que globalement, les études ne valident pas le
complexe d’Œdipe dans sa forme simple et tendent à prouver que l’attirance envers
la mère est plus importante qu’envers le père mais ceci indépendamment du sexe de
l’enfant, ceci serait du au fait que dans nos sociétés actuelles, la mère passe plus de
temps avec l’enfant et donc aurait un rôle plus prédominant dans son éducation.
c) Contestation
Tout d'abord quant à la question qui sont-ils ? On peut commencer par dire que ce
sont des gens qui ont été intéressés par cet étrange complexe d’Oedipe, qui ne le
serait pas après tout si on lui disait qu'il désire sexuellement sa mère au point
d'assassiner son père afin de la garder uniquement pour soi.
Peut-être que certains s'y sont reconnus, en tout cas pas ces contestataires, et
quand ils répliquent aux freudiens que non! Nul de tout cela ne leur est venu à l'esprit
on leur répond que cette vérité est si blessante et choquante qu'ils préfèrent la
refouler dans leur inconscient...
Le doute s'installe et on se dit qu'il est impératif de s'instruire des écrits de Freud
quant à ce complexe d’Oedipe afin de le comprendre.
Freud dit ainsi à son ami Fliess, dans une lettre (1/02/1900) qu’on a dissimulée
jusqu’en 1985, qu’il n'est « en réalité pas du tout un homme de science, pas un
observateur, pas un expérimentateur, pas un penseur. Je ne suis par tempérament
rien d’autre qu’un conquistador ... », à la conquête de la renommée mondiale dont il
a toujours rêvée et qu'il finira bien par obtenir!
Toute affirmation se voulant être scientifique doit pouvoir être réfutée ou infléchie par
l'expérience, on doit pouvoir constater des cas qui prouvent ou non l'exactitude de
cette supposée vérité.
Freud a bien pris ses précautions avec la psychanalyse, dénigrant les praticiens et
leurs méthodes cliniques, lui optant pour une méthodologie plus personnelle basée
22
sur l'écoute du patient, les faits observables n’ont plus, alors, l’importance que les
anciens leur donnaient car même si les cas de ses patients sont contradictoires avec
sa théorie, cela importait peu l'essentiel étant dans les désirs inconscients sans
rapport avec notre réalité.
La démarche d'un homme de science doit découler d'un travail objectif pouvant
permettre la vérification de ses connaissances, or Freud part d'une situation
personnelle imaginée, 'je n'ai pas pu ne pas voir ma mère nue, je n'ai donc pas pu ne
pas la désirer ' et il étend ce fantasme incestueux à l'ensemble de l’humanité, poussé
par son amour propre démesuré il identifie tout enfant à l'enfant qu'il a été.
Même lorsque des psychiatres ont voulu vérifier son existence d'une manière
rationnelle, ils se sont retrouvés dans l'impasse ne pouvant pas définir un
comportement représentant ce complexe inconscient.
Les Freudiens rétorquent que c'est du au faite que le complexe d'Oedipe est avant
tout une interprétation, comment une interprétation, par définition subjective, peut
elle correspondre à une affirmation scientifique ?
L'autre caractéristique d'une théorie scientifique est son caractère prédictif, elle doit
pouvoir prédire certains faits reliés à la théorie, ainsi la 2ème loi de
thermodynamique nous permet de prédire qui du corps à la température la plus
élevée ou la plus basse cédera de son énergie, la réponse est selon laquelle c'est le
corps le plus chaud qui va céder de son énergie au corps le plus froid, prédiction
vérifiable par l’expérience.
N'y a-t-il donc pas de faits prévisibles par la théorie de Freud que nous pouvons par
la suite constater ?
Il semblerait que certains faits rencontrés sont au contraire opposés aux prédictions
de Freud.
23
Ainsi les détracteurs du freudisme et du complexe d' Œdipe n'ont trouvé rien d'autre
dans cette théorie qu'une superstition , une croyance instaurée par le prophète Freud
qui prétend tout expliquer et guérir du névrosé en remontant juste à son enfance , un
principe uniquement compréhensible par ses disciples psychanalystes , ne pouvant
être confirmé ou même détecté par les médecins , et des contradictions qui font de
Freud un charlatan bien plus qu'un scientifique...
Le complexe d'Oedipe est attaqué dans ses bases d'étude, la méthodologie qui y a
conduit, son essence même qui rappelle celle qu'ont certains faussaires pour se faire
connaître à tout prix.
Si la théorie du complexe d'Oedipe n'est pas une théorie scientifique peut-elle alors
être réfutée en tant que théorie scientifique se révélant fausse, ou alors peut-on la
réfuter en tant que pseudo science ou théorie ascientifique ?
Popper nous donne une réponse assez claire ; avec son principe de réfutabilité.
Le trait qui selon Popper distingue une démarche scientifique des autres démarches
est le principe de réfutabilité qui s'oppose à la supériorité tant donnée de la théorie
sur l'expérience.
Une autre manière de reformuler ce principe est de dire que les théories scientifiques
peuvent être regroupées en deux énoncés différents :
o le groupe des énoncés qui infirment la théorie, que Popper nomme
« falsifieurs » potentiels
o le groupe des énoncés qui confirment la théorie, si ces énoncés sont
vrais
La possibilité donc d'énoncer une théorie comme étant scientifique exige la nécessité
de pouvoir la contredire ou l'appuyer grâce à certains énoncés, qui sont dans le sens
de Popper, une simple observation.
24
L'inconscient est un aspect métaphysique abstrait, non ouvert aux méthodes
empiriques.
Par exemple si pour les mêmes symptômes, un patient subissant la même thérapie
psychanalytique, adopte un comportement différent, le Freudien dira que leur
inconscient réagit en faite de la même manière mais c'est la manifestation de leur
inconscient qui diffère, chose normale dans la psychanalyse puisque cette
manifestation est spécifique à chaque être.
Popper dit bien « Une théorie qui n'est réfutable par aucun événement qui se puisse
concevoir est dépourvue de caractère scientifique. » (Conjectures et réfutations,
ch.1, section 1)
Illustrons :
Faisons donc une hypothèse : un rayon lumineux se déplaçant dans l'air acquiert une
vitesse supérieure à sa vitesse initiale lors que son passage dans le verre.
Cette hypothèse est scientifique puisqu'on peut la réfuter en faisant appel aux lois de
Descartes qui nous disent : un rayon lumineux passant d'un milieu quelconque à un
autre milieux d'indice supérieur, voit sa vitesse décroître.
Par contre , l'affirmation selon laquelle " les anges existent et ils ne se révèlent pas
aux mortels ", de par son caractère irréfutable est ascientifique.
Ainsi selon le principe de réfutabilité de Popper, nous ne pouvons même pas réfuter
le complexe d'Oedipe car il n'est pas scientifique.
Pour Popper le freudisme n’est pas une pseudoscience. Car une pseudoscience
annonces des prévisions, mais qui se révèlent être fausses, et elles doivent de ce fait
être rejetées.
Il faut noter que le mot 'falsification' peut avoir deux significations, l'une est reliée à
Popper, l'autre dans le sens courant signifie tromperie, imposture, supercherie, et
dans ce dernier sens le complexe d’Oedipe peut être qualifié de parfaite falsification.
L'étude du complexe d’Oedipe s'est également faite sur un échantillon très petit de
sujets, elle n'a pas été faite sur un nombre de sujets assez grand et n' a pas été
évaluée dans des conditions expérimentales correctes ,telles que la détermination
des conditions pour la validation d'une réponse, des groupes socioculturels
différents.
Or les patients de Freud étaient pour la majorité des femmes bourgeoises
Victoriennes hystériques en grande partie riches, à la fin des années 1800.
Donc, d'un groupe si étroit, la théorie de Freud est étendue universellement, et se
présente à ses débuts comme une théorie universelle pour les mâles.
Freud n'a en réalité rien fait d'autre que de projeter sa propre vie, ses fantasmes et
conflits avec son propre père, afin de mettre en place ce complexe d'Oedipe.
26
La psychanalyse est plus précisément dans notre cas le complexe d'Oedipe se
révèle aux vues de ces nombreux arguments être une théorie non pas pseudo-
scientifique, non pas ascientifique mais anti-scientifique.
Ceci est du à un accueil des idées freudiennes par les écrivains et philosophes
français, spécialement par le mouvement surréaliste, également par Politzer,
Lefebvre ; tout le groupe de La Recherche philosophique ainsi que les
phénoménologues et le premier Sarte.
Les revues littéraires, telles que ARGUMENTS, parlent également de lui comme un
novateur.
Freud est alors placé sous les feux des projecteurs, et l'ensemble des écrivains
débattent autour de 'sa' psychanalyse, il intéresse et attise la curiosité.
Il est par la suite centre des sujets des philosophes, puis un grand nombre de
psychiatres deviennent sensibles à ses théories.
Ensuite durant les 60', arrive toute une génération pour laquelle les idées de Freud
vont être primordiales dont nos parents sont les successeurs : Foucault, Derrida, ..,
etc.
27
Le Ecrits de LACAN en 1966 donnent un nouveau souffle à la psychanalyse, ils la
sortent complètement du cercle restreint de certains philosophes et psychiatres
duquelle elle était prisonnière, cette œuvre vulgarise donc la psychanalyse
freudienne et le complexe d'Oedipe .
Élisabeth Roudinesco nous dit que " ce phénomène est unique au monde. Dans tous
les autres pays, la voie intellectuelle est passée par autre chose que par la
philosophie "
28
c) Etude sur la popularité du complexe d’Œdipe et de la psychanalyse dans le
monde :
Pour autant nous devons préciser que ces outils proviennent de sociétés privées et
nous ne pouvons vérifier l’exactitude des données. Selon Google :
« Insights for Search vise à fournir des indications sur les motifs de recherche
généraux. Plusieurs approximations sont utilisées pour calculer ces résultats. Les
observations géographiques sont destinées à l'analyse générale des modèles de
volume. Les frontières sont une approximation et peuvent ne pas exactes. »
Ainsi les données ne peuvent pas être interprétées comme scientifiques au sens
exacte, car nous ne connaissons pas toutes les marges d’erreurs ainsi que
l’algorithme informatique utilisé, de plus les données proviennent d’une société
privée qui peut se donner le droit d’effectuer des modifications ou autre avec les
données.
Ainsi notre étude va être une étude comparative et qualitative plutôt que quantitative.
Pour autant nous allons voir que de nombreuses informations vont pouvoir être
traitées et apporter des confirmations de résultats précédents.
Méthodes :
La méthode va consister à rentrer des mots clés que nous allons pouvoir mettre en
relation et le système va nous retourner un ensemble de résultats sous forme
graphique et de données.
Toutes les données sont en valeurs relatives, c'est-à-dire que la note de 100 est
attribuée aux nombres de recherches maximales à un instant donné et dans une
région mondiale donnée. Et les données date uniquement de 2004. De plus une
correction est effectuée en fonction du trafic régionale et actuel, ceci permet de
comparer la popularité d’un mot clé entre 2 pays malgré l’utilisation différente et la
quantité de trafic générée.
29
« Complexe d’Œdipe », on ajoute « Oedipus Complex » pour avoir des données
mondiales plus cohérentes.
Enfin on peut aussi filtrer et soustraire certain mot clé parasite, par exemple lorsque
l’on tape « Freud », on peut faire référence au peintre « Lucian Freud »
Pour cela nous avons essayé de mettre les traductions des pays où il y’a une
popularité significative. Pour faire cela nous avons premièrement fait une recherche
avec le mot clé universel car un nom propre, « Freud ».
120
Taux de popularité du mot "freud"
100
80
60
40
20
0
2005
2004
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
Ce graphique permet de voir qu’il y a une baisse d’environ 30 % de la popularité du
nom « Freud » depuis 8 ans dans l’ensemble des recherches mondiales, pour autant
les données datant seulement de 2004, on ne peut pas tirer de conclusion trop
hâtives. On peut voir par contre que la courbe est périodique, les chutes de
fréquentation on lieu en juillet et en janvier de chaque année, sûrement du aux
vacances d’été et d’hiver où les gens sont moins stressés et plus détendus.
30
Les données qui nous intéressent plus particulièrement concernent la répartition
géographique de cette popularité.
France
Argentine
Mexique
Porto Rico
Mozambique
Bolivie
Angola
Colombie
Honduras
Guatemala
Jamaïque
Chili
Nicaragua
Brésil
Équateur
Italie
0 20 40 60 80 100 120
Ainsi nous pouvons voir que le terme « Freud » est très recherché dans les pays
d’Amérique du sud et centrale et aussi dans quelque pays d’Afrique du sud (Angola
et Mozambique), ensuite vient l’Europe occidentale et les pays d’Amérique du nord.
Nous pouvons voir que le pays où se terme est le plus populaire est l’Argentine
suivie du Mexique. Ceci confirme les précédentes informations que nous avions
concernant la popularité de la psychanalyse en Argentine. Par contre cela ne
confirme pas que la France serait un des pays ou la psychanalyse est le plus
répandue , (33eme dans notre classement). Pour autant nous ne pouvons pas
conclure aussi facilement, en effet ces résultats sont trop simpliste et ne prennent
pas en compte assez d’éléments.
31
Nous avons effectué cette première recherche dans le but d’avoir une vue globale
car maintenant nous savons que nous devons rechercher nos éléments dans
certaines langues, l’anglais, l’espagnol, le portugais, l’allemand, l’italien et le français
par exemple.
On s’aperçoit ici qu’il y a plus de disparité entre les pays, mais que les pays
d’Amériques du sud et central on toujours un taux très élevé. Quand à la France, le
nombre de recherche est très faible 7%, encore une fois ces résultats ne sont pas à
priori en relation avec nos précédentes informations.
Nous avons aussi fait d’autre recherche avec d’autre mot clé et globalement, il
revient toujours le fait que l’Amérique du sud apporte un fort intérêt par rapport au
sujet du complexe d’Œdipe. De plus de fortes différences existent entre de nombreux
pays. Ainsi il fut intéressant de confronter nos résultats avec les données que nous
avions trouvés dans la bibliographie.
32
VI. Expérience :
Etude statistique sur un ensemble de donnée internet
potentiellement caractéristique du complexe d’Œdipe
a) Description de l'expérience
Nous avons essayé de réaliser notre propre étude sur « la réalité » du complexe
d’Œdipe, toujours en se basant sur la popularité de certain mot clé. Il nous faut
préciser que ce travail est « expérimental » par le fait qu’il ne suit pas une démarche
scientifique au sens pure, mais plus une observation à tâton d’un ensemble de
données. Etant donné la difficulté de faire une réelle expérience, il nous a semblé
intéressant de suivre cette voie.
Nous avons essayé de rechercher des expressions simples car le système que nous
utilisons ne permet pas de traiter toutes les requêtes souhaitées.
Ainsi nous avons tout d’abord essayé de comparer la popularité entre ces 5
expressions neutres dans plusieurs langues pour augmenter notre échantillon:
b) Traitement et analyse
2008
2004
2005
2007
2009
2010
2011
2012
On voit donc que il y’a une augmentation de la popularité pour l’ensemble de ces
mots clés depuis 6 ans environs, le plus intéressant est de faire une étude
comparative entre ces 4 expressions. Ici on voit clairement que le taux en popularité
est plus élevé pour l’expression « mère fils » que pour les 3 autres, de plus si on
regarde le total, on obtient :
Mère fille
Mère fils
Père fille 33
Père fils
On voit donc qu’il y a une légère avance pour le terme « mère fils » mais ce n’est pas
significatif, si on recherche plus précisément avec le terme inceste, on obtient dans
les recherches mondiales:
Là, l’écart est beaucoup plus grand, et les concepts du complexe d’œdipe ressortent
plus. Ces données sont donc intéressantes, pour autant nous devons les traités avec
recule, en effet pour avoir des données plus précise il faudrait coupler de
nombreuses données. Ces informations permettent de voir l’attrait de ces concepts
(L’inceste), mais il est difficile de savoir si ces données « simplistes » sont
représentatives d’un réel « désir » d’inceste.
Si l’on remplace « inceste » par « tuer» pour les enfants et parents de même sexe.
On obtient :
Fille Tue Mère
Fils Mère Inceste
Fille Inceste Père
Fils Tue Père
Les taux pour « Mère tue fille » et « Père tue fils » deviennent presque nuls, il
semblerait donc que ces termes soit peu populaires.
Plusieurs explications peuvent être apportées, cela peut être du au fait que c’est
l’aspect attirance sexuelle qui est le plus populaire et non pas l’aspect parricide.
Un autre point important que l’on a pu apercevoir, avec les données parallèles
fournies comme les mots clé similaires à notre requête, par exemple : « fils inceste
mère » donne sexe « mère fils », « sexe inceste », « inceste porno ») c’est la part
importante de recherche vers des contenus pour adulte. Ceci peut avoir un impacte
non négligeable sur l’étude de l’Oedipe. Pour autant la popularité des recherches
« pseudo pornographique » est intéressante à analyser, en effet on peut se
demander pourquoi de nombreuses recherches sont effectuées par rapport à la
« pornographie incestueuse », est-ce un signe révélateur du complexe d’Œdipe, mais
dans se cas le public en question n’est plus les jeunes enfants, mais la population
adolescentes et adultes.
c) Conclusion :
Voilà ce que nous pouvions dire par rapport à cette étude, il fut intéressant de
chercher et de trouver de réelles informations chiffrées qui ont globalement infirmé le
complexe d’Œdipe selon sa forme simple. Pour autant nous somme conscient sque
cette étude ne peut pas être interprété de manière simpliste du fait des
approximations et de la complexité de la notion de popularité d’un mot clé.
34
VII. Conclusion
Durant cet exposé nous avons essayé d’aborder toutes les facettes de la
question du complexe d’Œdipe, en regardant les aspects historiques et en essayant
de trouver les sources du complexe d’Œdipe, ainsi qu’en se posant la question de la
scientificité du problème. Nous avons ainsi pu voir que la théorie sur le complexe
d’Œdipe ne peut être considérée comme une vérité scientifique, dans le sens où son
élaboration ne fut pas confrontée à l’expérience au sens scientifique du terme. Un
des points les plus importants concerne l’irréfutabilité, en effet c’est le cœur du débat
entre les psychanalystes et les antifreudiens, nous avons vu que le fait que la
psychanalyse ne soit pas réfutable ne permet pas de la classer comme science, pour
autant le débats se porte sur l’objet d’étude. Certains disant que le psychisme n’est
de toutes façon pas évaluable selon les critères scientifiques, d’autre au contraire
disent que l’on peut le confronter à l’expérimentation.
Ensuite, les différentes expériences que nous avons analysé tendent toute à
prouver que le complexe d’Œdipe ne peut pas être établi comme une vérité absolue.
Les Freudiens diront eux que ceci est du à la double facette du complexe d’Œdipe
qui peut aussi avoir les effets opposés, Freud disait lui-même : « On a l'impression
que le complexe d'Œdipe simple ne correspond pas à la situation la plus fréquente.
[...] Le plus souvent, un examen approfondi met au jour la forme plus complète du
complexe d'Œdipe, qui est double : une forme positive et une négative, dépendant de
la bisexualité originaire de l'enfant. » (bisexualité originaire : Selon Freud, les enfants
ont une part de personnalité masculine et féminine à la fois, plus ou moins marqué
chez les enfants). Ainsi nous nous trouvons devant un raisonnement circulaire pour
lequel on ne peut pas trancher de sa véracité.
Finalement, on peut dire qu’il est plus important de se concentrer par rapport à
l’enfant dans le cadre de l’étude personnel, de son environnement social et parental
au sens large, car énormément de paramètres semblent influer sur le comportement
de celui-ci. Plutôt que se concentrer sur des « désirs inconscients » non vérifiés et
non vérifiables.
35
VIII. Bibliographie
Livres :
Die Theorie des Ödipuskomplexes und seine Relevanz für die heutige, Manuel
Berg (2011)
Extrait de Valentine, C.W.1962. The Normal Child and Some of His
Abnormalities Penguin Books. Baltimore. P108.
A Final Accounting: Philosophical and Empirical Issues in Freudian
Psychology, Par Edward Erwin
Article Complexe d’Œdipe Wikipedia:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Complexe_d’oedipe
Extrait de Lettres à Wilhelm Fliess
Is Parent-Offspring Conflict Sex-Linked? Freudian and Darwinian Models
Martin Daly and Margo WUson, McMaster University
http://psych.mcmaster.ca/dalywilson/parent_offspring_conflict.pdf
Sigmund Freud’s psychoanalytic theory Oedipus complex: A critical study with
reference to D. H. Lawrence’s “Sons and Lovers”, Sofe Ahmed
http://www.academicjournals.org/ijel/PDF/pdf2012/Mar/Ahmed.pdf
UNIVERSAL OEDIPUS: An anthropological perspective
La scientificité de la psychanalyse par Thierry Merle
Extrait de The Experimental Study of Freudian Theories de H.J. Eysenck
Sites internets:
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