Akala
Akala
Akala
A LA MYSTIQUE JUIVE
DES PREMIERS SIECLES
ET DU SINAÏ A MA’RIB.
Quelques coïncidences entre
contexte culturel
et localisation géographique
dans le Coran
GENEVIÈVE GOBILLOT
LYON
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3
4 GENEVIÈVE GOBILLOT
Seigneur”. Mais il ajouta, lorsqu’elle eut disparu : “Je n’aime pas ceux qui
disparaissent”. Lorsqu’il vit la lune qui se levait, il dit : Voici mon Sei-
gneur. Mais, lorsqu’elle eut disparu : “Si mon Seigneur ne me dirige pas, je
serai au nombre des égarés”. Lorsqu’il vit le soleil qui se levait, il dit :
Voici mon Seigneur, c’est le plus grand. Mais, lorsqu’il eut disparu :
Ô mon peuple, je désavoue ce que vous associez à Dieu ».
6 GENEVIÈVE GOBILLOT
(m. 276), quant à lui, était issu d’un milieu baptiste qui rejetait déjà
une grande partie des Ecritures du judaïsme. Imprégné de ces
doctrines, il les dépassa, semble-t-il, en affirmant dans son Trésor que
les Ecritures juives sont tout entières l’œuvre du diable.10 Le véritable
problème était, pour lui comme pour les gnostiques, la Loi de Moïse,
qu’ils décrivaient comme renfermant « un ministère de mort »
organisé.11 Les reproches qu’il faisait à cette Loi étaient d’enseigner
ce qui va à l’encontre de la Loi de paix et d’amour de Jésus. Il
avançait pour cela un certain nombre d’arguments, tirés des textes,
dont certains coïncident avec des exemples que nous avons pu
mettre en évidence dans le Coran. Il disait, entre autres, que l’auteur
de la Loi ancienne exalte les richesses (Proverbes XXII, 2), alors que
l’autre en commande l’abandon (Luc XIV, 33), et aussi que Moïse
dit : « œil pour œil, dent pour dent, tandis que Jésus veut que, frappé
sur une joue, on tende l’autre ; c’est pourquoi la loi mosaïque donne
la mort, alors que celle du Sauveur procure la vraie vie ».12 Ces
groupes critiquaient également avec force le christianisme dans la
mesure où celui-ci avait établi son canon biblique en associant dans
un seul Livre l’ancienne et la nouvelle Loi, l’Ancien et le Nouveau
Testament. Ils lui reprochaient son aveuglement face à des
contradictions qu’ils estimaient irréductibles en estimant que « l’on
ne peut sans danger adjoindre cette loi de Moïse au Nouveau
Testament comme si celui-ci venait du même maître »13 Un certain
nombre de textes, comme les Acta Archélaï, témoignent de ces joutes
entre défenseurs de l’orthodoxie chrétienne et gnostiques ou
manichéens hantés par l’idée que s’appuyer sur les textes de l’Ancien
Testament reviendrait à confier son âme au démon.
mal causé par le premier ». Alfaric, Prosper. Les Ecritures manichéennes, 2 t.,
publication encouragée par la Société Asiatique. Paris : Nourry, 1918,
tome II, étude analytique, p. 140, note 4 citant Tertullien, Adv. Marc., I,
19 ; II, 26–29 ; IV, I et suiv.
10 Ibid., 140, note 6 citant Sérapion de Tmuis, apud Titus de Bostra,
note 1.
13 Ibid., 142.
10 GENEVIÈVE GOBILLOT
est faux » (Homélies, II, 40, 1). Le Coran n’explicite pas cette règle, mais la
met constamment en application.
DES TEXTES PSEUDO CLEMENTINS A LA MYSTIQUE JUIVE 13
19 Pour l’éternité de cette loi, voir Homélies III, 51, 3 ; VIII, 10, 3.
20 Un autre exemple est celui du mot kufr, qui signifie en même temps
« recouvrir », par exemple en 2, 102 qui précise que Salomon n’a pas
recouvert sa foi en Dieu par des actes d’incroyance alors que les démons
ont recouvert, dans le texte de la Bible, la vérité le concernant par une
information erronée. L’image du recouvrement de la vérité par l’erreur va
être développée ici dans le passage relatif à l’épreuve subie par la reine de
14 GENEVIÈVE GOBILLOT
22 Ginzberg, Les légendes des juifs, t. 5, Josué, les Juges, Samuel et Saül, David,
Salomon, trad. Gabrielle Sed-Rajna. Collection Patrimoines Judaïsme.
Paris : Le Cerf, 2004, pp. 119–20 et 246–47 note 81, qui renvoie à Yeru-
shalmi Sanhedrin (Talmud de Jérusalem, traité Sanhédrin, IVe siècle), 2, 20c ;
WR 19, 2 ShR (Cantique Rabba ou Shir ha-Shirim Rabba, VIe siècle), 6 ;
Tan Wa-Era (Midrash Tanhuma, ed. S. Buber, Vilna 1885, réimp. Jérusa-
lem, 1964, édition critique), 5 ; Tan B. II, 18 ; Aggadat Bereshit (daté
communément du Xe siècle), 75, 146.
16 GENEVIÈVE GOBILLOT
question est encore loin d’avoir été dit26 il faut noter que cette
bibliothèque du Sinaï est la seule qui abrite un document en langue
arabe directement apparenté au corpus pseudo clémentin. Il s’agit
d’un épitomé des Reconnaissances pseudo clémentines qui a été soigneu-
sement étudié par Margaret Dunlop. Voici ce qu’elle en dit : « Il
appartient à un ensemble de manuscrits arabes et syriaques portant
le n° 50827 et contenant onze autres textes dont, en particulier, un
ouvrage attribué à Clément. Il est incontestablement beaucoup plus
ancien que celui du British Museum, mais il n’a pas pu être daté, car
son colophon a été perdu. Elle émet néanmoins à son sujet
l’hypothèse suivante : « L’écriture du texte telle qu’elle apparaît sur
le Feuillet de garde est comparable à celle que l’on trouve sur la
plaquette XX, 2ème partie, des facsimilés des anciens manuscrits
orientaux de la Société Paléographique, dont la date de l’original est
885 de l’ère chrétienne ».28 L’existence de ce texte prouve en tout
Sons, 1901, Introduction. Ce texte a été réimprimé en 2007 aux USA, par
Kessinger publisher. Dans son introduction à l’édition des Anaphora Pilati,
Margaret. Dunlop précise ne pas savoir lequel des deux manuscrits est le
plus ancien, le n° 445, daté de 799 ou le n° 508. Voir l’Introduction de
Studia Sinaïtica V, p. XIV.
18 GENEVIÈVE GOBILLOT
paniers de figues déposés devant le temple, ... L’un des paniers contenait
de très bonnes figues, comme les figues de première récolte, et l’autre
panier de très mauvaises figues, qu’on ne pouvait manger à cause de leur
mauvaise qualité » et : « La parole de l’Eternel me fut adressée en ces
mots : Ainsi parle l’Eternel, le Dieu d’Israël : comme tu distingues ces
bonnes figues, ainsi je distinguerai, pour leur être favorable, les captifs de
Juda, que j’ai envoyés de ce lieu dans le pays des Chaldéens. Je les re-
garderai d’un œil favorable, et je les ramènerai dans ce pays; je les établirai
et ne les détruirai plus, je les planterai et ne les arracherai plus ». Jérémie
4.4 à 6.
20 GENEVIÈVE GOBILLOT
d’une légende : les Gabaliya du mont Sinaï ». Dans Mouton, J.-M., éd.
Le Sinaï : de la conquête arabe à nos jours, 107–46. Cahiers des Annales
Islamologiques, 21. Le Caire : IFAO, 2001.
22 GENEVIÈVE GOBILLOT
37 Homélies, VIII, 5, 3 : « Pour ceux des hébreux, comme pour ceux des
gentils qui ont reçu l’appel, la foi accordée aux Maîtres de vérité vient de
Dieu (…) et le salaire revient en toute justice à ceux qui font le bien ».
38 Il s’agit d’une constatation qui s’est imposée à nous, suite à une
mont Sinaï (litt. : « mont des arbres ou, encore plus précisément :
« Mont les arbres »), par ce lieu où règne la sécurité » au sens où le Sinaï
est le lieu par excellence qui évoque la paix entre les communautés
représentées par les deux arbres, le pluriel pouvant, de plus,
rappeler que cette paix concerne aussi les autres monothéismes.
Le serment tout entier s’adresserait donc en réalité à des
représentations : le figuier évoque les Fils d’Israël, l’olivier ceux qui
suivent la voie de Jésus et le Sinaï (mont des arbres), le lieu qui les
réunit figurant la paix qui doit régner d’abord entre les deux
communautés en question, puis de manière élargie, à toutes celles
qui se réclament d’une révélation céleste. Quant à ce lieu rempli de
quiétude et de sécurité (hadhâ-l-balad al-amîn), il est susceptible
d’évoquer aussi le monastère, double symbole de cet état de paix et
de sérénité, puisque d’une part telle est la vocation de la vie
monastique et que d’autre part il a été construit pour garantir par
une sécurité temporelle la sérénité spirituelle de ses habitants.
Dans le deuxième verset, le Coran reprend un autre type
d’association de l’olivier au Sinaï, à savoir la présence concrète de
cet arbre au pied du Mont -d’ailleurs toujours d’actualité puisque de
nombreux oliviers poussent aujourd’hui encore dans l’enceinte
même du monastère- dans le verset : (23, 20) que nous lisons ainsi :
« Et (nous avons fait pousser) un arbre qui sort du mont Sinaï, qui
produit l’huile et une onction pour les rois (shajara takhruju min tawr
Sînâ’ tanbutu bi-d-duhn wa-sibghin lil-akilîn ». Comme dans le cas du
mont et des arbres, ce verset doit être lu par référence à son
contexte immédiat, en l’occurrence le verset 19, avec lequel il con-
stitue un faux parallélisme. En effet, celui-ci traite des palmiers et
des vignes que Dieu a fait pousser sur la terre « et dont vous
mangez les nombreux fruits « fîhâ fawâkih kathîra minhâ ta’kulûn ».
Cette forme conjuguée de la racine akala est reprise telle quelle au
verset 21 où elle évoque l’acte de manger de la chair de certains
animaux, de sorte que le verset de l’olivier s’en trouve encadré.
Le lecteur est donc doublement invité à prêter attention au
contraste qu’elle constitue avec la forme nominale akilîn dans un
texte dont toute synonymie est exclue, comme on vient de le
rappeler. La seule possibilité dans le cas présent est donc que akilîn
désigne non pas « ceux qui mangent » puisqu’ils sont expressément
désignés par deux fois, avant et après, d’une manière différente,
mais « les rois », deuxième signification possible du terme. Un autre
détail particulièrement significatif incite à se tourner vers ce sens, il
24 GENEVIÈVE GOBILLOT
41 Elle n’est pas générale. Nous lisons que le prophète Élie a, sur
l’ordre de Dieu, oint son serviteur Élisée pour lui succéder. Or, Élie s’est
servi de son manteau pour revêtir Élisée d’une manière symbolique,
figurant le revêtement du Saint-Esprit qui devait se réaliser lors de
l’enlèvement du prophète : « Élisée releva le manteau qu’Élie avait laissé
tomber. Puis il retourna, et s’arrêta au bord du Jourdain; il prit le manteau
qu’Élie avait laissé tomber, et il en frappa les eaux, et dit: Où est l’Éternel,
le Dieu d’Élie? Lui aussi, il frappa les eaux, qui se partagèrent çà et là, et
Élisée passa. Les fils des prophètes qui étaient à Jéricho, vis-à-vis, l’ayant
vu, dirent: L’esprit d’Élie repose sur Élisée! » 2 Rois 2.13/15 Concernant
l’onction des prophètes dans l’Ancien Testament, Élisée semble être une
exception. Les prophètes étaient suscités directement par l’Éternel et, leur
onction étant uniquement spirituelle, l’Esprit de Dieu reposait sur eux.
42 Comme l’a constaté Wei Wang, « 2S 7,1–17 en contexte historique,
un autre nom que celui de Tûbâ, qui est l’olivier », Gobillot, Geneviève.
Le Livre de la Profondeur des Choses, 249. Racines et modèles. Lille : Presses
Universitaires du Septentrion, 1996.
44 Notons au passage qu’une relation entre le Sinaï et le tabernacle figure
que soit la direction vers laquelle vous vous tourniez, vous vous trouverez
juste face à Lui ». Il est intéressant de noter à ce sujet que la forteresse
construite au pied du Mont Moïse sur ordre de l’empereur Justinien Ier vers
527 pour sécuriser les religieux et des pèlerins, achevée en 560, année de la
mort de Justinien, est caractérisée par le fait que les angles de sa muraille
massive de 2,50 mètres d’épaisseur et de 11 mètres de haut en blocs de
granite équarri, sont orientés vers les quatre points cardinaux.
DES TEXTES PSEUDO CLEMENTINS A LA MYSTIQUE JUIVE 29
et de son culte qui existait déjà dans le judaïsme antique tardif et qui
figurent également dans les attaques marcionites et manichéennes contre
la royauté de l’ancien testament. (Voir à ce sujet l’Introduction aux
Homélies pseudo clémentines par Alain le Boulluec, Ecrits apocryphes chré-
tiens II, 1211) Il est aisé de constater que le Coran s’inscrit à l’encontre de
ces tendances.
30 GENEVIÈVE GOBILLOT
énigmes. Celui-ci lui ayant fourni des réponses dont le détail n’est
pas précisé, elle considéra sa sagesse, ainsi que le palais qu’il s’était
construit, sa munificence, son pouvoir et les holocaustes qu’il
offrait au temple de Yahvé. C’est alors que (10, 5) « Le cœur lui
manqua (6) et elle dit au roi :—Ce que j’ai entendu dire sur toi et
sur ta sagesse dans mon pays était donc vrai (…) Tu surpasses en
sagesse et en prospérité la renommée dont j’ai eu l’écho (…) Béni
soit Yahvé ton Dieu qui t’a montré sa faveur en te plaçant sur le
trône d’Israël ; c’est parce que Yahvé aime Israël pour toujours qu’il
t’a établi roi pour exercer le droit et la justice ». Elle lui offrit
ensuite un grand nombre de cadeaux précieux dont certain lui
servirent à construire le temple de Yahvé. Lui-même lui donna tout
ce qu’elle souhaitait recevoir, puis elle s’en retourna vers son pays
avec ses serviteurs.
Le Coran transforme cet épisode de visite, en apparence de
type protocolaire, au cours de laquelle la reine se contente d’ex-
primer un enthousiasme respectueux à l’égard de Yahvé et de
Salomon lui-même, en une convocation à une rencontre initiatique
aboutissant à sa conversion à la vraie foi, ou, plus précisément, à
son retour à cette foi dont elle-même et son peuple s’étaient
éloignés après l’avoir adoptée. Il précise en effet à ce sujet que le
Démon avait séduit la reine de Sabâ’ et ses gens (27, 23) : « Le
Démon a embelli leurs actions à leurs propres yeux (définition de
l’une des illusions produites par la magie) ; il les a écartés du droit
chemin ; ils ne sont pas dirigés », ce qui signifie qu’ils se trouvaient
auparavant dans ce droit chemin, comme le précise d’ailleurs la
reine elle-même un peu plus loin, au verset 42 : « La Science
(religieuse) nous a été donnée et nous sommes soumis ! » Or,
l’embellissement des actions négatives aux yeux de ceux qui les
commettent est présenté, selon le Coran, comme l’un des
principaux procédés magiques illusoires (sihr) mis en œuvre par le
démon, à savoir le contentement que tout un chacun tire de ses
propres opinions et conjectures, estimant que ce qui vient de lui-
même ne peut être qu’une vérité indiscutable.49 C’est à ce moment-
que ton regard n’ait eu le temps de revenir sur toi (…) (41) Salomon
dit encore :—Rendez-lui son trône méconnaissable (litt. : fais de son
trône quelques chose qu’elle puisse renier); nous verrons, alors, si elle
est bien dirigée ou si elle est au nombre de ceux qui ne sont pas
dirigés. (42) Lorsqu’elle fut arrivée, on lui dit :—Ton trône est-il
ainsi ? Elle dit :—Il semble que ce soit lui. La Science (religieuse)
nous a été donnée et nous sommes soumis ! ».
On voit que Salomon, dans ce passage, reçoit de deux
personnages différents la proposition de lui apporter dans les plus
brefs délais le trône de la reine. La première émane d’un être de
type démoniaque (‘ifrît des djinns) qui l’invite, dans les termes
mêmes utilisés par Iblîs avec Adam et Eve, à avoir confiance en lui.
« Je suis de force à le faire (innî qawî ’alayhi) et digne de confiance
(amîn) » (verset 7, 68). Le lecteur comprend, du fait qu’une seconde
proposition suit, que, se fiant à sa sagesse, Salomon n’a pas donné
suite à la première. C’est donc de toute évidence la seconde offre,
qui promet un résultat encore plus rapide, mais surtout émane de
« quelqu’un qui détenait une science du Livre » qu’il adopte. Cette
décision est d’ailleurs immédiatement perçue par lui comme une
« épreuve » que Dieu lui fait la grâce de lui envoyer : « Ceci est une
grâce de mon Seigneur pour m’éprouver (liyabluwanî) » (27, 40), la
racine b. l. w. étant utilisée dans le Coran pour décrire des situations
où il est demandé de savoir distinguer et se déterminer entre le bien
et le mal, le vrai et le faux, le juste et l’injuste.50 Cette épreuve, dont,
de toute évidence, il est sorti vainqueur, préfigure les épreuves
initiatiques que lui-même va imposer à la reine de Sabâ’.
Ce passage est, à notre sens, d’une importance capitale dans la
mesure où il revêt une double fonction. En effet, non seulement il
rappelle au niveau du récit lui-même, que Salomon, contrairement
aux Sabâ’ et à leur reine, ne se laisse pas abuser par les illusions
mensongères des démons, mais se fie seulement à ceux qui détien-
nent « une science du Livre » que les Sabâ’ estimaient, à tort,
posséder encore (v. 42), mais il remplit également un autre rôle,
tout aussi essentiel. Il s’agit d’avertir le lecteur du Coran lui-même
que le récit dont il est en train de prendre connaissance s’inscrit,
précisément, dans le cadre d’une « science » particulière du Livre.
Muqâtil.
DES TEXTES PSEUDO CLEMENTINS A LA MYSTIQUE JUIVE 41
Flavius Josephe (Antiquités juives II, 5 et VIII, 6 qui fait de la reine de Saba
une reine d’Egypte et d’Ethiopie) du texte copte-arabe intitulé Comment le
royaume de David passa aux mains du roi d’Abyssinie (Sévère Ibn al-Muqaffa’
peut remonter à des dates antérieures) et les plus anciennes versions du
Roman grec d’Alexandre, on est en droit de penser que la reine de Saba est la
fille du dieu bélier Amon, si connu en Nubie », p. 76.
63 Voir Ryckmans, Jacques. « Le panthéon de l’Arabie du sud préis-
(texte latin dans K. Conti Rossini, p. 1), où cet auteur dit en parlant du
Pays de l’encens que l’encens est rassemblé dans le temple du Soleil des
« Sabéens », c’est-à-dire, visiblement, des habitants de Shabwa. Un passage
parallèle de Pline (Nal. JlisL, XII, § 63, p. 22, chez K. Conti Rossini, 1931)
dit que l’encens récolté est amené à dos de chameau à Sabota (Shabwa),
où les prêtres prélèvent la dîme pour le dieu qu’ils appellent Sabin (syn).
Cité par Ryckmans, « Le panthéon de l’Arabie du sud préislamique ... »,
165.
44 GENEVIÈVE GOBILLOT
sur le trône de Yahvé (’al kisé yahvé) pour régner », à propos duquel
la tradition rabbinique s’est longuement interrogée,66 en montrant
que Salomon, s’il occupe un trône en apparence comparable à celui
de Dieu, a une conscience aigüe du fait qu’il lui est impossible
d’occuper le trône divin, tout comme il a refusé de siéger à
Jérusalem sur le lieu (maqâm) réservé à Dieu.
Rappelons, dans cette perspective, que la description d’un
trône aux dimensions de l’univers était l’un des motifs centraux de
la Maassé Merkaba, tradition consacrée à une forme d’initiation
mystique par le trône selon laquelle « La figure mystique assise sur
le Trône apparaît comme celle du Créateur de l’univers. Yoser
Bereschit ; de son manteau cosmique, dont il est question à plusieurs
reprises, irradient les astres et les firmaments ».67 L’insistance du
Coran sur les divers aspects du trône, et en particulier le rôle de
médiation de la catharsis qu’il lui confère ne peut manquer
d’évoquer la pensée de ces mystiques, précisément liée aux
commentaires des tannaims, comme Rabbi Aqiba et ses disciples.
En effet l’un des traits caractéristiques essentiels, si ce n’est le trait
principal de cet enseignement concerne la vision de Dieu sur son
trône, le Shi’ur Qoma qui, comme le précise Ghershom Scholem,
« apparaît comme la figure du Créateur de l’univers ». Il y est
question de toute une série de méditations consacrées à la per-
ception du corps de Dieu sur le trône : à la fois visible, mais trop
transcendant pour être saisi par les sens. Comme l’explique ce
spécialiste, le monde mystique de la Merkaba, qui semble avoir
connu son plein développement au II° siècle, dans le milieu des
anciens Tannaïtes, se présente avant tout comme la description
d’une expérience correspondant à celle d’Ezekiel (1, 26), qui a eu la
122. Idées. Paris : NRF Gallimard, 1964, ou encore comme chez les
mystiques et en particulier Ibn ’Arabî, la connaissance de Dieu a pour
condition première la prise de conscience par l’initié du néant de son
propre être et de la relativité absolue de son existence. Voir à ce sujet
Chodkiewicz, Michel : « Dans la prière parfaite, Dieu est premier ou
plutôt il est seul », Un océan sans rivage, Ibn Arabi le Livre et la Loi, 160. Paris :
Le Seuil, 1992.
DES TEXTES PSEUDO CLEMENTINS A LA MYSTIQUE JUIVE 49
trône de celui de Dieu, et, par là, son essence de celle de Dieu. Il
décide alors, tout comme le fera à son tour la reine de Sabâ’, de
changer radicalement son comportement, et rend au néant les
attributs de sa propre puissance pour vouer au Créateur le culte
exclusif qui lui revient. Pour traduire ce processus en termes plus
généraux, le Coran invite les rois de ce monde, en quelque sorte, à
se « dédiviniser ».
Cette initiation par le trône ne concerne en effet pas
seulement les personnes de Salomon et de la reine de Sabâ’ en tant
que simples individus ; elle touche également à la conception qu’ils
ont de leur royauté et, par là, indique celle qu’il convient d’avoir de
toute royauté terrestre. Ainsi, l’utilisation par le Coran des trois
termes (maqâm, ’arsh et kursî) désignant des lieux où l’on siège de
manière générale et des trônes en particulier, en renvoyant chaque
fois par le biais de l’analogie verbale à leur origine en tant que
sièges divins, rappelle que tous les trônes appartiennent en réalité à
Dieu, seul vrai roi de l’univers.72 Ce thème constitue un autre
aspect des expressions de la « royauté divine », motif étroitement lié
à celui de la religion naturelle.73 Dans cette perspective, les trônes
72 Ibn ’Arabî identifie le trône divin à la sphère qui embrasse tous les
êtres : « Une fois existenciée la sphère qui englobe tous les êtres et que
l’on appelle le trône (’arsh) ou siège royal (sarîr), il lui fallait un roi. Voir :
Ibn ’Arabî, Traité de mystique musulmane, Le dévoilement des effets du voyage,
bilingue, texte arabe établi, traduit et présenté par Denis Gril, 1999, Cérès,
Tunis (première éd. : 1994, éd. de l’Eclat), p. 15, paragraphe 11.
73 Cette relation se fait par l’intermédiaire du Pacte coranique des fils
d’Adam (7, 172), première alliance entre Dieu et les descendants des fils
d’Adam, aux termes de laquelle ils reconnaissent Dieu comme Seigneur
(rabb). Or, cette première attestation de la suzeraineté ou de la royauté
divine figure dans les principes théologiques de Lactance aussi bien que
dans ceux des Homélies pseudo clémentines. Voir par exemple à ce sujet la
déclaration de Lactance, selon laquelle il faut reconnaître : « Un seul roi du
monde » (Institutions Divines, I, 3). Ce thème de la suzeraineté absolue de
Dieu correspond à ce que les Homélies pseudo clémentines avaient présenté,
antérieurement aux Institutions Divines, comme étant la « royauté divine ».
Elles appellent en effet à ne reconnaître qu’un seul maître, condition
nécessaire pour accéder ensuite au plus haut degré de développement
50 GENEVIÈVE GOBILLOT
76 Voir à ce sujet Ginzberg, Les légendes des juifs, t. 5, 94–103, qui note
que Tehillim 72, 324 précise que la sagesse de Salomon fut, d’une certaine
façon, semblable à la sagesse divine car, comme Dieu il pouvait juger sans
avoir besoin des preuves des témoins, car il pénétrait les arcanes de la
pensée humaine.
52 GENEVIÈVE GOBILLOT
78 Selon André Neher, il faut tenir compte du fait que les dalles
d’albâtre reflétant la lumière donnent précisément l’illusion des vagues qui
agitent la surface de l’océan, « Le voyage mystique des quatre ». Revue de
l’histoire des religions 140, n°1 (1951) : 59–82, pp. 62–63.
DES TEXTES PSEUDO CLEMENTINS A LA MYSTIQUE JUIVE 55
Nous remercions ici Dan Jaffe pour les informations qu’il nous a
81
fournies à ce sujet.
DES TEXTES PSEUDO CLEMENTINS A LA MYSTIQUE JUIVE 59
34, 15–16: (15) « Il y avait dans leur contrée un signe (âya) pour
les Sabâ’ : deux jardins, l’un à droite et l’autre à gauche :
« Mangez le viatique de votre Seigneur et soyez reconnaissants
envers lui : voici un excellent pays et un seigneur qui pardonne
(ghafûr) (16) Mais ils se détournèrent. Nous avons alors dé-
chaîné contre eux l’inondation des digues : Nous avons changé
leurs deux jardins en deux autres jardins (le judaïsme et le
christianisme tenant à se séparer, voire à s’opposer l’un à
l’autre) aux fruits amers tels que des tamaris et quelques
jujubiers. » et : « 34, 20 : Iblîs a réalisé ses intentions à leur
égard ; ils l’ont donc suivi, à l’exception d’un groupe de
croyants (un reste que l’on peut rapprocher de celui évoqué par
Isaïe 61, 3) ».
D’après les historiens, les jardins (ou plus précisément les
vallées) en question furent noyés plusieurs fois au cours du temps
en raison de la rupture de la digue de Ma’rib, événement dont
l’évocation apparaît au verset 16, qui la désigne, pour lever toute
ambiguïté, par le terme sudarabique de ’arim. Mais avant d’aborder
l’aspect historique de cette question, il importe de noter que le
Coran focalise d’entrée de jeu l’attention du lecteur sur le fait que
c’est l’existence même des deux jardins, à droite et à gauche de la
digue, qui représentait, selon lui, avant même et indépendamment
de leur destruction, un « signe » pour les Sabâ’. La question centrale
de ce passage est donc avant tout de comprendre à quelle réalité
renvoient ces deux jardins dans le texte coranique.
On a vu plus haut que, selon la tradition de Aqiba et même
bien antérieurement à elle, le Paradis de l’interprétation était
assimilé à un jardin, en l’occurrence le jardin d’Eden, tandis que la
mystique des Hékhalot comparait le jardin au Temple lui-même.
Ainsi, dans la mesure où le Coran se réfère à ce contexte
exégétique, les deux jardins présentés explicitement comme des
signes doivent renvoyer à quelque chose qui se trouve en relation
avec ce paradis de l’interprétation, et, plus précisément encore, qui
évoque directement l’unification de l’interprétation des Ecritures.
Dans ce cas, ils ont toutes les chances de représenter les deux
entités religieuses principalement concernées par cette unification.
Etant, de plus, décrits comme à la fois proches, symétriques et
arrosés par le même cours d’eau, tout en restant distincts dans leurs
orientations respectives (à droite et à gauche), il ne peuvent man-
68 GENEVIÈVE GOBILLOT
lui fit bon accueil et ordonna de construire trois églises à ses frais à
Zafar, à Aden et dans un port à l’entrée du golfe arabo-persique. Le
roi se serait même converti au christianisme.103 Tout concourt donc
à prouver qu’il régna durant presque deux siècles une véritable con-
vivialité entre les fidèles de tous les monothéismes de la région, les
deux plus représentés ayant été sans doute le judaïsme et le
christianisme, figurés dans le Coran par les deux jardins mitoyens
de Sabâ’.104 De plus, l’importance du nombre des chrétiens à
Najrân vers 520 prouve que ceux-ci avaient pu se développer et
circuler librement dans les territoires himyarites.
On pourrait soulever une objection à ce niveau en demandant
pourquoi le Coran mentionne les Sabâ’ et non pas Himyar, dont les
souverains étaient les acteurs directs de la diffusion du mono-
théisme de la rahmâniyya.
On peut proposer à cela trois réponses.
La première est que, durant cette période, Sabâ’ n’existait plus
en tant qu’entité indépendante, puisqu’il faisait partie de Himyar
depuis 270 ou 280, les rois himyarites portant le titre de « Rois
de Sabâ’, dhû Raydân, Hadramawt et Yamnat »105 Son sort était
donc totalement lié à celui du royaume dans son ensemble et le
monothéisme neutre de la rahmâniyya y régnait sans doute comme
partout ailleurs. La deuxième est qu’il apparaît clairement que, pour
le Coran, cette rahmaniyya n’était autre que l’héritage de la sagesse de
Salomon, le premier, comme on l’a vu, à avoir écrit le nom al-
Rahmân en tête de sa missive à la reine de Sabâ’, la conclusion à
laquelle il invite étant que ce monothéisme, correspondant à une
interprétation unifiée des Ecritures, aurait été apporté par les Sabâ’
aux Himyar et non pas l’inverse. Cette hypothèse est bien entendu
invérifiable pour l’instant, mais elle rend néanmoins fidèlement
compte de l’intentionnalité du texte coranique. En revanche, il est
certain que cette rahmâniyya était répandue dans toute l’Arabie du
67.
74 GENEVIÈVE GOBILLOT
111« Prenez un arbre bon, son fruit sera bon, prenez un arbre gâté, son
fruit sera gâté, car c’est au fruit qu’on reconnaît l’arbre (Mt. 12, 33–34 ;
Lc., 5, 43–44).
DES TEXTES PSEUDO CLEMENTINS A LA MYSTIQUE JUIVE 75
pièces ».115 Il semble que l’on doive donner raison à Muqâtil pour
ce qui est du sens de mazzaqnâhum kulla mumazzaqin. Il ne s’agit pas
ici d’une extermination de ces peuples, mais bien plutôt d’une
dispersion sur le modèle de Babel. Le Coran éclaire lui-même sur
ce sens en ajoutant : « Iblîs a réalisé son but les concernant et ils
l’ont suivi, excepté un groupe (farîq) important de croyants. En
effet, ce terme indique qu’il ne s’agit donc pas d’une quantité
négligeable.116 De plus l’expression employée peut également, et
même conjointement comme c’est souvent le cas, vouloir dire
qu’ils ont représenté une partie importante des croyants (et non pas
des Sabâ’) ce qui voudrait dire que les tribus originaires du Yémen
ont constitué la part la plus importante des fidèles du Coran à
venir. En effet, s’ils avaient été rayés de la surface de la terre, il
n’aurait pas été question du devenir de ceux qui étaient restés
croyants. Le Coran précise, de plus, que c’est de leur propre gré
que les Sabâ’ avaient ainsi agi, leur comportement sectaire et violent
étant motivé, comme cela ressort du cas de la reine de Sabâ’, d’un
certain oubli de la vie future et du Jugement dernier. Contrairement
à elle, les Sabâ’ de l’antiquité tardive n’ont pas su tirer les con-
séquences de la vision de l’eau noyant leurs jardins.
Pour en revenir à la question des déplacements, un certain
nombre de détails semblent avoir échappé à Muqâtil, comme à tous
les exégètes qui ont repris, avec plus ou moins de détails, son
explication. Le plus important d’entre eux porte sur la demande
faite à Dieu. Selon la lecture qu’ils en font, les Sabâ auraient
demandé à Dieu d’espacer les villes et les caravansérails qui leur
apportaient tant de facilités et d’agréments pour effectuer leurs
voyages sur la route de l’encens.117 Outre le fait qu’une telle
de regard les unes des autres et nous avions déterminé (les temps)
de leur passage au milieu d’elles : « passez au milieu d’elles de nuit
et de jour en toute sécurité. Mais ils ont dit :—Seigneur, espace nos
voyages aux lieux saints (c’est à dire fais que chaque groupe
religieux, détenteur d’un livre, accomplisse son pèlerinage à une
date différente de celui des autres) et ils se sont fait du tort à eux-
mêmes. Nous avons fait d’eux un sujet de récit édifiant (ahâdîth) en
les dispersant totalement. Il y a vraiment des signes pour tout
homme patient et reconnaissant ». C’est en cela que l’histoire des
Sabâ’ recèle une leçon, parallèle à celle donnée par la reine de Sabâ’,
relativement à l’unification de l’interprétation des Ecritures, pour
les contemporains aussi bien que les futurs lecteurs du Coran.121
Ce qui est reproché en fait ici aux Sabâ’ rejoint ce qui a été dit
plus haut à propos de leurs deux jardins : c’est le fait qu’ils se soient
divisés, détruisant ainsi l’unité de l’interprétation des textes sacrés,
chaque groupe revendiquant pour lui seul la vérité et l’élection
divine. Dans un premier temps, ils avaient recouvert les textes de
l’eau de leur fausse interprétation, comme l’avait fait la reine de
Sabâ avant d’avoir reçu la catharsis par l’intermédiaire de Salomon,
par la suite, ils sont allés jusqu’à demander à Dieu de briser lui-
même une pratique résultant de cette recherche d’unité en
« mettant de la distance » à la fois entre leurs livres respectifs et
entre leurs dates de pèlerinages, c’est-à-dire en abandonnant le
calendrier himyarite commun. Cette suppression a en effet eu lieu,
semble-t-il, quelques décennies après le début des affrontements
intercommunautaires qui avaient précédé la première rupture de la
digue de Ma’rib.122 Le Coran leur attribue la même attitude qu’aux
121 Signalons que Ibn ’Arabî, dans le titre de son ouvrage : Le dé-
voilement des effets du voyage, a rappelé le lien existant entre asfâr et isfâr.
122 Il semble en effet que l’on comptait en années de Himyar encore
CONCLUSION
A travers deux de ses seuils herméneutiques principaux, le Coran
invite son lecteur à un surprenant voyage dans le temps et dans
l’espace, mais aussi dans l’univers des pensées religieuses. En
évoquant le Sinaï comme seul haut lieu véritablement partagé par
les juifs et les chrétiens et, de ce fait, comme seul digne d’être
mentionné dans un serment, il rappelle, en synergie avec les textes
pseudo clémentins, que celui qui reconnaît la loi de Moïse ne peut
nier celle de Jésus et réciproquement. Il invite par là à considérer
les choses sous l’angle de vue que l’on pourrait qualifier de
« chrétien » du judéo christianisme. D’un autre côté, par le biais de
son rappel de l’histoire des Himyar, tout en revendiquant lui-même
de façon non équivoque l’héritage du monothéisme de la rahmâniyya
préservé par un «petit reste » des Sabâ’, il se place, symétriquement,
du point de vue « juif » du judéo christianisme. On se trouve ainsi
dans un premier temps devant une sorte de symétrie ou de
bipolarité (binarité gauche/droite, figuier/olivier, Torah/Evangile,
entre juifs et chrétiens (le figuier et l’olivier d’une part, les deux
jardins des Sabâ’ d’autre part) vers une paix et une entente
beaucoup plus larges et universelles, comparables à celles de la
rahmâniyya, qui semble avoir regroupé, comme le fait le Coran, les
Juifs, les Chrétiens, les Sabéens et les Mages, catégories qui
représentent elles-mêmes un grand nombre de communautés :124
« Ceux qui ont cru, et ceux qui ont pratiqué le judaïsme (alladhîna
hâdû), les Nasârâ les Sâbi’a et les Majûs -ceux qui croient en Dieu et
au dernier jour et font de bonnes œuvres- ont leur salaire auprès de
leur Seigneur : pas de crainte pour eux, ils ne seront pas affli-
gés » (2, 62) ; Voir aussi à ce sujet 5,69 et 22,17).
Il s’agit donc en réalité d’un périple spirituel qui, partant du
Sinaï, le « Mont des arbres », dont le nom même évoque la pluralité
des communautés monothéistes, conduit à une transcendance
totale par rapport à tous les lieux terrestres, à une conception re-
ligieuse qui ne soit « Ni d’Orient ni d’Occident » comme l’arbre
béni, symbole de la lumière divine sortie de l’arbre du Paradis. En
effet, si le Coran revendique de manière explicite à la fois la sagesse
de Salomon et le reste fidèle de Sabâ’, c’est précisément en raison
de l’universalité de la rahmâniyya qui rejoint la fitra et la hanîfiyya dont
il a été question au début. Ainsi, le judéo-christianisme apparaît
comme l’origine de ce réseau de significations, l’univers qui en
127 Une telle intention n’est d’ailleurs pas si éloignée de celle qui a
présidé à la rédaction de sa Cribratio alcorani, ouvrage qui témoigne d’une
compréhension remarquable des grandes lignes théologiques du Coran.