Dictionnaire Des Citations Philosophiques

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Dictionnaire des citations (classement

chronologique par auteurs)

Citation Commentaire de la citation

Héraclite d'Éphèse

Héraclite défend une conception du monde selon laquelle


On ne se baigne jamais deux le monde est en éternel devenir, en éternel changement et;
fois dans le même fleuve pour nous le faire comprendre, prend l'image du fleuve
toujours changeant.

Anaxagore

Pour Anaxagore, c'est parce que nous possédons des


mains que nous sommes devenus les êtres les plus
intelligents de l'Univers. C'est introduire cette idée, que
reprendront les modernes, que l'intelligence est d'abord
L'homme est intelligent parce
pratique avant d'être contemplative et que l'intelligence
qu'il a une main (Fragments)
est d'abord technique. On sait qu'Aristote retournera la
formule en affirmant que c'est parce qu'il est intelligent
que l'homme a des mains (sinon il ne saurait s'en servir et
la nature ne donne rien inutilement)

Protagoras d'Abdère

Le sophiste Protagoras défend ici l'idée du relativisme.


Chaque homme mesure la réalité à son propre étalon. La
phrase signifie "à chacun sa vérité". Ainsi, le miel paraît
L'homme est la mesure de
sucré à l'homme bien portant mais amer à l'homme
toute chose
malade et l'on ne peut dire que l'un des deux se trompe.
Protagoras est, on le voit, sensualiste c'est-à-dire qu'il
défend la vérité des sens.

Socrate

Socrate veut dire que le méchant est l'ignorant. Il veut son


bien mais il ne le voit pas et commet donc le mal
Nul n'est méchant involontairement. Cette phrase ne signifie nullement une
volontairement. quelconque irresponsabilité du méchant qu'il faudrait
pardonner car il est de notre devoir de ne pas rester dans
l'ignorance.
Cette phrase n'est pas, comme on le croit trop souvent une
invitation à l'introspection. Socrate nous invite à connaître
ce qui est vraiment nous-mêmes c'est-à-dire non pas notre
corps mais notre âme et, non pas toute notre âme, mais sa
Connais-toi toi-même.
partie rationnelle. La philosophie socratique est en effet
une anthropologie. Il s'agit de connaître l'homme. On
consultera le commentaire qu'en fait Platon dans
l'Alcibiade majeur

Cette phrase résume ce qu'on appelle l'ironie socratique.


Le seule chose que je sais, Celle-ci consiste à interroger en feignant l'ignorance. Elle
c'est que je ne sais rien. est aussi révélatrice du refus du dogmatisme
caractéristique de la philosophie socratique.

Platon

Platon évoque ici la théorie des "philosophes-rois". Platon


pense qu'il n'est rien de pire que d'être gouverné par des
Il faudrait pour le bonheur
ignorants. Pensant la politique comme un savoir, il en
des États que les philosophes
conclut que celui qui sait (le philosophe) doit gouverner.
fussent rois ou que les rois
Pour cela, il faut, soit que les philosophes accèdent au
fussent philosophes (La
gouvernement, soit que ceux qui gouvernent deviennent
République)
philosophes. Toute sa vie Platon cherchera en vain à
réaliser ce projet.

Commettre l'injustice c'est perdre sa dignité et passer le


reste de sa vie en compagnie d'un injuste. L'assassin est
Commettre l'injustice est pire celui qui perd l'estime de soi. Cette phrase fonde l'idée
que la subir, et j'aimerai moderne de conscience morale : il n'est pas de crime sans
mieux quant à moi, la subir témoin car il est en moi un témoin intérieur qui me juge.
que la commettre (Gorgias) A rapprocher de la phrase de Montaigne : Je me fais plus
d'injure en mentant que je n'en fais à celui à qui je mens
(Essais)

Le corps est le tombeau de La théorie de la réminiscence stipule que c'est en


l'âme (Cratyle) s'incarnant dans le corps que l'âme oublie la connaissance
des idées acquise dans un autre monde. C'est donc en se
délivrant du corps que l'âme retrouvera pleinement son
Philosopher, c'est apprendre pouvoir de connaissance. Ce mépris classique du corps
à mourir au sensible sera interprété par Nietzsche comme un mépris de la vie.
(Phédon) Plus généralement, la philosophie est accès à l'intelligible
et donc refus du sensible.

Platon avait fait graver cette phrase au fronton de


l'Académie, l'école qu'il avait fondée. Elle signifie qu'il
Que nul n'entre ici s'il n'est faut faire des mathématiques (à l'époque c'est la
géomètre ! géométrie) avant d'étudier la philosophie. Les
mathématiques sont en effet le premier degré de
l'intelligible et elles nous habituent à l'existence des
réalités non sensibles. Les mathématiques sont néanmoins
imparfaites car elles ne démontrent pas tout et la
géométrie raisonne sur des figures sensibles, sources
d'erreur. C'est pourquoi elles ne constituent que le premier
degré de l'intelligible.

Aristote

Le commencement de toutes En d'autres termes, la philosophie est avant tout un


les sciences, c'est questionnement pour lequel rien ne va de soi. Le
l'étonnement de ce que les philosophe s'étonne au sens où il s'interroge sur tout.
choses sont ce qu'elles sont Rappelons qu'à l'époque d'Aristote philosophie et sciences
(Métaphysique) se confondaient.

Aristote pense que tout a un sens dans la nature, qu'on n'y


La nature ne fait rien en trouve rien d'inutile. Cette phrase va être considérée
vain.(Métaphysique) comme une évidence pendant plus de deux millénaires.
On la retrouve, par exemple, chez Kant.

Aristote pense que l'imitation est une tendance naturelle


chez l'homme et qu'elle donne du plaisir. Ceci dit
L'art est imitation de la l'imitation n'est pas pour Aristote une pure copie mais une
nature. création car elle transpose la réalité en figures, en objets
poétiques. L'art est mimèsis. On sait que cette idée d'un art
imitatif sera réfutée par Hegel.

Politique veut dire ici "qui appartient à la polis" c'est-à-


dire, en grec, à la Cité. Aristote veut dire que l'homme est
un animal qui vit dans une société organisée
L'homme est naturellement un
politiquement, régie par des lois et que cela le définit, le
animal politique.(Politique)
distingue des animaux. Cela ne préjuge en rien de nos
éventuels engagements politiques qui ne sont pas du tout
évoqués par cette phrase.

Épicure

"Commencement" signifie à la fois "début" et "principe".


Le plaisir est le "Fin" signifie à la fois "achèvement" et "but". Épicure
commencement et la fin de la considère que le plaisir est à la fois ce qui doit nous servir
vie heureuse. (Lettre à de principe pour guider nos actions (calcul des plaisirs) et
Ménécée) la fin que nous devons rechercher. Cette phrase résume la
doctrine des plaisirs.

Épictète

Cette distinction va être au fondement de l'éthique


Parmi les choses, les unes
stoïcienne. Dépendent de nous nos pensées, nos
dépendent de nous, les autres
jugements ainsi que notre attitude face au monde. N'en
n'en dépendent pas.
dépendent pas, les lois de la nature et de la société. Le
stoïcisme défend l'idée d'un déterminisme strict de la
nature. Ainsi, si je désire modifier l'ordre des choses, je
me heurterai à l'échec et je serai malheureux. La condition
de mon bonheur est donc de changer mon attitude face au
monde (cela dépend de moi) et de vouloir l'ordre du
monde.

Cette citation est à relier à la précédente. Vouloir que les


Être libre c'est vouloir que les
choses arrivent comme il me plaît c'est désirer être Dieu
choses arrivent, non comme il
puisque je puis alors désirer changer les lois de la nature.
te plaît, mais comme elles
Le sage, lui, non seulement accepte l'ordre du monde,
arrivent.
mais le veut. Il s'intègre alors à l'ordre universel.

Saint Augustin

Cette phrase définit la foi. Nous n'avons nulle preuve de


Je crois parce que c'est l'existence de Dieu. Croire en Dieu (ou n'y pas croire)
absurde. relève d'un choix d'existence mais qui reste infondable en
raison.

Montaigne

La mort est la conséquence de la vie. C'est pourquoi


Tu ne meurs pas de ce que tu
Montaigne considèrera que la sagesse est d'accepter notre
es malade ; tu meurs de ce
mort et donc que Philosopher, c'est apprendre à mourir,
que tu es vivant (Essais)
ce qui n'est rien d'autre qu'apprendre à vivre.

Le despote n'exerce son pouvoir que si son peuple le


craint. La crainte par excellence est bien sûr celle de la
Qui a appris à mourir, il a mort car mourir est irréversible (ce n'est pas le cas par
désappris à servir. (Essais) exemple de la perte de nos biens). Mais que peut le
despote contre celui qui a appris à ne plus craindre la mort
?

Bacon

Les lois de la nature sont strictement déterminées. Il n'est


pas possible de les enfreindre. Nous ne pouvons qu'y
obéir. Cela ne signifie néanmoins pas que nous soyons
On ne commande à la nature
soumis à la nature. Le projet technique consiste à utiliser
qu'en lui obéissant.(Novum
les lois de la nature pour notre utilité. Ainsi, en obéissant
Organum)
aux lois de la nature, on peut la commander. La liberté
n'est pas dans l'absence de contrainte mais dans
l'utilisation raisonnée de ces contraintes.

Hobbes

L'oisiveté est la mère de la Référence est faite ici à ce que les penseurs antiques
philosophie (Léviathan) appelaient l'otium c'est-à-dire le loisir philosophique.
L'activité philosophique est une activité à plein temps
incompatible avec d'autres activités. Elle suppose le
travail d'un esprit libre et aussi libéré du labeur matériel.
C'est dire aussi que la philosophie n'existe que dans les
sociétés de division du travail et que, là où il y a des
philosophes, d'autres travaillent pour leur permettre de
survivre.

Hobbes considère que l'état de nature est un état de guerre


de chacun contre chacun. Parce que nous avons tous les
mêmes besoins à satisfaire alors que les biens sont limités,
A l'état de nature l'homme est
parce que nous pouvons tous nous prévaloir d'une
un loup pour l'homme.
supériorité sur autrui, naîtront nécessairement des conflits
sanglants qui pourraient mettre notre espèce en péril.
L'entrée en société apparaît donc comme nécessaire.

Descartes

Le bon sens est la chose du


Descartes énonce ici l'idée d'une universalité de la raison.
monde la mieux partagée.
Tous les hommes en sont pourvus.
(Discours de la Méthode)

Descartes formule ainsi la découverte du cogito dans le


Discours de la méthode. A l'issue du doute, Descartes
s'aperçoit qu'il est impossible de douter de la pensée car
douter c'est penser. Or si je pense, il faut bien que j'existe.
Je pense donc je suis.
La formulation laisse entendre que l'existence est déduite
(Discours de la Méthode)
de la pensée. En réalité le "je suis" est déjà dans le "je
pense" par le pronom personnel "je". Ceci explique
pourquoi la formulation du cogito sera différente dans les
Méditations, ouvrage qui se veut plus rigoureux.

Descartes voit dans la technique le déploiement de la


La technique nous rend puissance de l'homme capable d'utiliser la nature à ses
comme maîtres et possesseurs seules fins. L'apparition des techno-sciences et les
de la nature.(Discours de la menaces sur notre environnement entraînées par le
méthode) développement des techniques conduira à fortement
nuancer l'affirmation cartésienne.

D'inspiration stoïcienne, cette phrase constitue la


Tâcher toujours plutôt à me troisième maxime de la morale provisoire. Contrairement
vaincre que la fortune, et à aux stoïciens, Descartes n'énonce pas ici les principes
changer mes désirs plutôt que d'une morale définitive. De plus, alors que les stoïciens
l'ordre du monde. (Discours "voulaient" l'ordre du monde, Descartes se contente de
de la Méthode) l'accepter. Il apparaît donc davantage conformiste
qu'Épictète.

Pascal
Le cœur, chez Pascal, désigne l'intuition qui permet de
saisir les évidences n'ayant pas besoin d'être démontrées.
Il ne s'agit donc pas de la passion amoureuse. Nous
Le cœur a ses raisons que la
disposons de deux facultés pour connaître : le cœur
raison ne connaît pas.
procède par intuitions immédiates, la raison par la
(Pensées)
médiation de la déduction. Le cœur suit donc une
démarche que la "raison ne connaît pas". Pascal joue sur
les deux sens du mot "raison"

Aux yeux de ¨Pascal, l'imagination ne peut être source de


connaissance. Il illustre cette phrase par l'exemple de
L'imagination est maîtresse
l'homme qui doit traverser un précipice sur une planche
d'erreur et de fausseté.
assez large pour qu'il n'y ait nul danger mais qui
imaginant sa chute ne peut le faire sans effroi.

L'homme n'est qu'un roseau, On retrouve dans cette phrase le thème pascalien de la
le plus faible des roseaux, misère de l'homme, faible comme un roseau parce que
mais c'est un roseau pensant. mortel, et de la grandeur de l'homme parce qu'il dispose
(Pensées) de la raison.

Pascal reprend ici l'idée antique, contestée aujourd'hui,


Quelle vanité que la peinture que l'art imite la nature. Or si on imite de mauvais
qui attire notre admiration modèles, doit-on admirer la copie sous le simple prétexte
par la ressemblance des que l'imitation est fidèle à l'original ? La critique
choses dont on n'admire point pascalienne se situe surtout au plan moral. L'artiste doit-il
les originaux. (Pensées) représenter des sujets immoraux ? Cette critique de l'art,
classique, est d'inspiration platonicienne.

Pascal défend ici l'idée d'une histoire gouvernée par le


hasard où de petites causes peuvent changer
Le nez de Cléopâtre, s'il eût
profondément le cours des évènements. A rapprocher de
été plus court, toute la face de
cette autre citation : Cromwell allait ravager toute la
la terre aurait changé.
Chrétienté; la famille royale était perdue, et la sienne à
(Pensées)
jamais puissantes, sans un petit grain de sable qui se mit
dans son uretère (Pensées)

La mort est une expérience qu'on ne peut partager. Mais


c'est aussi affirmer qu'elle nous caractérise en propre. La
On mourra seul (Pensées)
mort est d'autant plus au fondement de l'individualité qu'il
est impossible de la partager.

Parce que la philosophie est une entreprise critique pour


Se moquer de la philosophie
laquelle rien ne va de soi, elle peut se mettre aussi elle-
c'est vraiment philosopher
même en cause. Elle est même la seule discipline qui se
(Pensées)
prenne elle-même pour objet.

Vérité en deçà des Pyrénées, Pascal s'en prend ici au caractère relatif, conventionnel de
erreur au delà. (Pensées) la justice humaine. Les lois varient d'un État à l'autre. La
justice des hommes n'est pas universelle au contraire de la
justice divine.

Spinoza

Le sage ne pense pas à la mort. Dans la mesure où nous


avons des idées adéquates, nous ne pouvons penser qu'à
ce qu'il y a en nous de positif et non à nos impuissances
ou nos échecs. Tout homme cherche en effet à persévérer
La sagesse est une méditation
dans son être et la mort est donc contraire à notre essence.
non de la mort mais de la vie.
L'homme libre ne songe qu'à vivre et bien vivre. Parce
(Ethique)
qu'il vit sous le seul commandement de la raison, il n'est
pas conduit par la crainte de la mort mais cherche le bien
directement, cherchant l'utile qui lui est propre. Par
conséquent, il ne pense à rien moins qu'à la mort.

Par cette formule, Spinoza affirme l'idée d'une substance


infinie. Dieu s'identifie avec la nature et n'est donc pas un
créateur ontologiquement séparé du monde. Spinoza
Dieu c'est-à-dire la nature.
s'oppose à l'idée d'un Dieu anthropomorphe, agissant
selon des fins. On en a conclu (à tort) à l'athéisme de
Spinoza. En réalité, il est panthéiste.

L'amour est la joie


Autrement dit aimer c'est éprouver de la joie à l'idée de
accompagnée de l'idée d'une
l'existence de l'autre.
cause extérieure (Ethique)

La vérité se révèle en nous. Il n'y a aucun sens à croire


qu'on puisse penser faux car être dans l'erreur ce n'est pas
penser. L'erreur ne vient pas d'un mouvement de notre
Qui a une idée vraie sait en pensée mais de l'action des choses extérieures sur nous.
même temps qu'il a une idée Toute idée vraie enferme l'affirmation d'elle-même et la
vraie et ne peut douter de la force réelle de cette affirmation dépend uniquement de la
vérité de la chose. (Ethique) clarté de l'idée. C'est pourquoi Spinoza n'opèrera pas de
doute systématique à la manière de Descartes. Le
fondement de la vérité n'est pas une méthode mais la
faculté de connaître elle-même.

Leibniz

Leibniz pense que, dans sa bonté, Dieu ne pouvait vouloir


créer un monde mauvais. Néanmoins, Dieu est soumis à
la raison et ne peut donc créer un monde contradictoire. Il
eut été contradictoire qu'il crée un monde parfait (le
Tout est pour le mieux dans le
monde aurait été un nouveau Dieu). Parmi tous les
meilleur des modes possibles.
mondes possibles, c'est-à-dire non contradictoires, il a
créé le meilleur (et il n'est pas parfait). On ne saurait top
insister sur l'importance du terme "possibles" dans cette
citation.
Montesquieu

C'est une expérience éternelle


que tout homme qui a du
pouvoir est porté à en abuser
; il va jusqu'à ce qu'il trouve
des limites. (De l'esprit des
Ces trois citations expliquent et énoncent le principe de la
lois)
séparation des pouvoirs. Parce que posséder le pouvoir,
c'est être tenté d'en abuser, le pouvoir risque de tendre au
Il faut que par la disposition
despotisme. Il faut donc instituer des contre pouvoirs.
des choses, le pouvoir arrête
Reconnaissant trois pouvoirs dans l'État (législatif,
le pouvoir (De l'esprit des
exécutif et judiciaire), Montesquieu pense que la
lois)
condition de la liberté est que ces trois pouvoirs soient
indépendants de façon à ce que chacun contrebalance les
Il n'y a point encore de
deux autres.
liberté si la puissance de
juger n'est pas séparée de la
puissance législative et de
l'exécutrice (De l'esprit des
lois)

Si chacun dans un État était autorisé à faire tout ce qui lui


plaît, très rapidement naîtraient des conflits. Le plus fort
La liberté est le droit de faire l'emporterait et le plus faible serait esclave. L'absence de
tout ce que les lois permettent contrainte ne conduit donc nullement à la liberté. Celle-ci
(De l'esprit des lois) ne peut exister que là où il y a des lois donnant à chacun
des droits mais aussi des devoirs, conditions du droit des
autres.

Dans un État, c'est-à-dire


dans une société où il y a des La loi libératrice est celle qui est conforme à la justice et
lois, la liberté ne peut ne saurait, ni nous empêcher d'accomplir notre devoir, ni
consister qu'à pouvoir faire nous contraindre à agir contre lui. Montesquieu donne une
ce que l'on doit vouloir, et à autre formulation de ce principe : Une chose n'est pas
n'être point contraint de faire juste parce qu'elle est loi. Mais elle doit être loi parce
ce que l'on ne doit pas qu'elle est juste (Mes pensées)
vouloir (De l'esprit des lois)

Les hommes créent leurs dieux à leur image. On trouve


Si les triangles faisaient un déjà cette idée chez le présocratique Xénophane : si les
Dieu, ils lui donneraient trois bœufs, les chevaux et les lions avaient des mains, ils
côtés (Lettres Persanes) peindraient leurs dieux comme des bœufs, des chevaux et
des lions.

Rousseau

L'homme est naturellement Cette citation a donné lieu à de nombreux contresens


bon et c'est la société qui le parce qu'on l'a retirée de son contexte. Elle se situe dans
déprave.(Discours sur une note de bas de page du Second Discours où Rousseau
l'origine et les fondements de précise que l'homme naturel est en réalité innocent c'est-à-
l'inégalité parmi les dire qu'il ignore ce qui est bien et ce qui est mal. S'il se
hommes) conduit bien c'est sans vertu parce que sans savoir.
Néanmoins, pour nous qui savons ce qu'est la morale, en
regardant se comporter l'homme naturel nous pouvons
dire que "l'homme est naturellement bon..."

La liberté est pour Rousseau ce qui définit l'homme. C'est


une de nos différences essentielles par rapport à l'animal
Renoncer à sa liberté, c'est
qui, lui, est obligé d'obéir à ses instincts. Renoncer à la
renoncer à sa qualité
liberté, c'est donc renoncer à l'humanité qui est en nous,
d'homme. (Du Contrat
c'est être mort à notre humanité. En d'autres termes, la
Social)
liberté est inaliénable, c'est-à-dire qu'on ne peut ni la
donner ni la vendre.

La liberté ne consiste pas à suivre nos désirs. Elle n'est


L'obéissance au seul appétit
pas dans l'absence de contraintes mais dans le libre choix
est esclavage et l'obéissance
des contraintes que l'on se donne à soi-même. On peut
à la loi qu'on s'est prescrite
appliquer cette idée au peuple. Un peuple libre est celui
est liberté. (Du Contrat
qui se donne à lui-même ses propres lois, ce qui définit la
Social)
démocratie.

Rousseau pense que la propriété est une question


Les lois sont toujours utiles à
essentielle en politique, non que la propriété privée soit
ceux qui possèdent et
nécessairement un mal mais c'est son excessive inégalité
nuisibles à ceux qui n'ont
qu'il faut supprimer. (cf. Du Contrat Social, livre I,
rien. (Du Contrat Social)
chapitre 9)

Riche ou pauvre, puissant ou Être oisif, c'est vivre du travail d'autrui. C'est donc, d'une
faible, tout citoyen oisif est un façon ou d'une autre, être un parasite, voire un voleur.
fripon. (Émile ou de Rappelons que pour Rousseau la propriété ne se justifie
l'éducation) que par le travail.

La conscience dont il s'agit ici est la conscience morale.


Rousseau pense qu'il existe en nous une appréhension
Conscience ! Conscience ! directe de ce qu'est le bien et le mal, appréhension qui
Instinct divin. (Émile ou de relève de la nature (instinct). Il existe donc en l'homme
l'éducation) une spontanéité morale. Rousseau synthétise les anciens
fondements de la morale (Dieu et la nature) et opère cette
synthèse au niveau de la subjectivité (la conscience).

Malheur à qui n'a plus rien à Il s'agit ici de montrer qu'il y a une positivité du désir.
désirer ! Il perd pour ainsi Désirer c'est valoriser, embellir ce que l'on désire et en
dire tout ce qu'il possède. On jouir d'avance. La réalisation du désir (qui est aussi la
jouit moins de ce qu'on mort du désir) est souvent décevante et c'est donc dans le
obtient que de ce qu'on désir lui-même et non dans son accomplissement que
espère et l'on n'est heureux réside le bonheur. Désirer c'est imaginer ce qu'on peut
qu'avant d'être heureux. (La obtenir et Rousseau ajoutera : Le pays des chimères est au
Nouvelle Héloïse) monde le seul digne d'être habité..
Voltaire

L'argument repose sur le principe de causalité : tout effet


a une cause donc cet effet qu'est l'Univers doit avoir une
cause et cette cause est Dieu. L'Univers étant une
mécanique bien conçue ne saurait être le résultat du
L"Univers m'embarrasse, et
hasard. L'argument fonde ce qu'on appelle le déisme. La
je ne puis songer / Que cette
croyance en Dieu ne se fonde pas sur la foi mais sur un
horloge existe et n'ait pas
argument de type logique. L'horloger n'est pas
d'horloger. (Satires)
nécessairement un Dieu d'amour et de providence mais la
simple cause du monde. Reste le problème de savoir si le
principe de causalité n'a pas un sens qu'à l'intérieur du
monde, auquel cas l'argument s'effondre.

Je ne suis pas d'accord avec


ce que vous dites, mais je me
Cette phrase énonce le principe de la défense de la liberté
battrai pour que vous ayez le
de penser et de s'exprimer.
droit de le dire. (Phrase
attribuée à Voltaire)

Diderot

L'idée qu'il n'y a pas de Dieu Cette phrase est sans doute d'inspiration épicurienne. La
ne fait trembler personne ; on croyance en Dieu est le plus souvent liée à l'idée d'un
tremble plutôt qu'il y en ait enfer où sont punis les méchants. Si Dieu n'existe pas,
un. (Pensées philosophiques) disparaît la peur d'une punition éternelle.

On pourrait dire autrement que nulle valeur n'existe en


dehors de la vie, que la vie est condition des valeurs ou
Se faire tuer ne prouve rien ;
encore que la vie est la valeur suprême. On peut aussi
sinon qu'on n'est pas le plus
interpréter cette phrase comme l'affirmation qu'on peut
fort (Nouvelles pensées
mourir pour des idées qui ne sont en réalité que des
philosophiques)
chimères (cf. Oscar Wilde : Une chose n'est pas
nécessairement vraie parce qu'un homme meurt pour elle)

Kant

Cette phrase résume la théorie de la connaissance chez


Kant. Des pensées sans matière ce sont des concepts qui
Des pensées sans matière
ne se réfèrent à aucune intuition. La connaissance
sont vides, des intuitions sans
nécessite l'action conjointe de la faculté d'entendement
concepts sont aveugles.
qui procède au moyen de concepts et de la sensibilité qui
(Critique de la Raison pure)
procède au moyen d'intuitions. C'est dire aussi que l'on ne
peut connaître que ce qui est donné dans l'intuition.

Agis toujours de telle sorte Il s'agit de la seconde formulation de l'impératif


que tu traites l'humanité, catégorique c'est à dire de la loi morale. La morale
aussi bien dans ta personne consiste à prendre l'homme comme fin et non comme
que dans la personne de tout moyen. Toute tentative d'instrumentalisation de l'homme
autre, toujours en même est donc contraire à la morale. La fausse promesse, par
temps comme une fin et exemple, ne saurait être morale puisque j'utilise l'autre à
jamais simplement comme un qui je promets comme un moyen.
moyen. (Fondements de la
métaphysique des mœurs)

Cette phrase résume ce qu'on appelle le formalisme


kantien. Une action n'est pas jugée morale en fonction de
son contenu mais en fonction de l'intention qu'elle réalise.
Il n'y a qu'une seule chose Les sentiments, les talents de l'esprit peuvent être au
qu'on puisse tenir pour bonne service du pire. On peut par exemple tuer par amour et
sans restriction, c'est une mettre son intelligence et son courage au service des pires
bonne volonté. (Fondements crimes. En revanche, la volonté de faire son devoir est
de la métaphysique des toujours bonne. "bonne volonté" doit être ici pris au sens
mœurs) fort. Il s'agit d'une ferme volonté, cherchant par tous les
moyens à faire le bien. Elle est nécessairement éclairée
par la raison, sans quoi ce n'est plus, à proprement parler,
une volonté.

Il n'y a pas de morale sans liberté. Ce qui est notre devoir


Tu dois donc tu peux. et donc toujours réalisable. Une morale qu'on ne pourrait
mettre en pratique est dénuée de sens.

Kant présente ce précepte comme la devise des Lumières.


L'homme doit apprendre à penser par lui-même pour
Aie le courage de te servir de
sortir de sa minorité. Est mineur celui qui n'a pas le
ton propre entendement !
courage de juger par lui-même et qui préfère s'en remettre
(Qu'est-ce que les Lumières)
au jugement d'autrui. Cette dépendance envers autrui
vient d'un manque de courage.

Le beau plait immédiatement. Le beau est un plaisir désintéressé c'est-à-dire


Il plaît en dehors de tout indépendant de toute considération de l'utile. C'est ce qui
intérêt. (Critique de la permet de distinguer le beau de l'agréable, plaisir
faculté de juger) intéressé.

Kant définit l'homme comme un animal qui a besoin d'un


Le bois dont l'homme est fait
maître dans la mesure où son égoïsme l'incline à désobéir
est si noueux qu'on ne peut y
à la loi. Mais ce maître est lui-même un être humain et
tailler des poutres bien
donc un animal... qui a besoin d'un maître. On ne voit plus
droites. (Idée d'une histoire
alors comment trouver un maître qui soit juste. Kant juge
universelle d'un point de vue
la tâche non seulement difficile mais vraisemblablement
cosmopolitique)
impossible.

Hegel

A la question "qui suis-je ?", nous avons tendance à


L'homme n'est rien d'autre
répondre en recourant à l'introspection. Mais l'impartialité
que la série de ses actes.
en est impossible puisque nous sommes à la fois celui qui
(Encyclopédie)
juge et celui qui est jugé. Je peux toujours me dire "je
serais capable de...", cela ne prouve rien tant que je n'ai
rien fait. Nos actes, en revanche, sont indiscutables. Si j'ai
agis courageusement (ou lâchement), c'est que je suis
réellement courageux (ou lâche). Ce sont donc bien nos
actions qui nous définissent.

Toute la philosophie classique tendait à dévaloriser la


passion au profit de la raison. Hegel fait partie de ces
Rien de grand ne s'est
philosophes modernes qui réhabilitent la passion. Elle a
accompli dans le monde sans
un rôle dans l'histoire. C'est poussés par leurs passions
passion. (La Raison dans
que les hommes font avancer l'histoire et contribuent
l'histoire)
(sans le vouloir) au progrès. La passion, chez Hegel,
consiste à agir selon des intérêts égoïstes.

La seule leçon que nous donne l'histoire... c'est qu'elle ne


donne pas de leçons. Hegel en donne deux raisons :
L'expérience et l'histoire nous d'abord chaque situation est particulière (l'histoire ne se
enseignent que peuples et répète pas) et ce n'est donc pas en fonction de situations
gouvernements n'ont jamais passées nécessairement différentes qu'on peut décider.
rien appris de l'histoire (La Ensuite l'action présente est souvent bien trop urgente
Raison dans l'histoire) pour avoir le temps de la comparer avec ce qui a eu lieu
dans le passé. Cela ne signifie pas que l'étude de l'histoire
soit inutile mais son utilité est autre.

L'histoire du monde n'est pas


Ce que montre l'histoire apparente est un spectacle de
le lieu de la félicité. Les
violence et de fureur où le bonheur des peuples est la
périodes de bonheur y sont
plupart du temps sacrifié. Les peuples heureux n'ont donc
des pages blanches (La
pas d'histoire.
Raison dans l'histoire)

Selon Hegel, l'histoire est rationnelle. Certes l'histoire


apparente nous montre le spectacle de la violence et du
désordre mais il faut se référer à l'histoire profonde qui
La Raison gouverne le
manifeste la Raison. Celle-ci n'est pas un principe
monde. (La Raison dans
purement individuel mais une puissance spirituelle
l'histoire)
immanente à l'Univers. Elle utilise comme instrument les
passions humaines. Hegel nomme cette utilisation "la
ruse de la Raison"

Cette phrase a donné lieu à bien des débats. S'agit-il d'une


justification de l'ordre établi et du réel ? En réalité, Hegel
Ce qui est rationnel est réel et
lui-même souligne que la phrase peut aussi signifier que
ce qui est réel est rationnel.
tout ce qui est rationnel doit être. Il s'agit surtout de dire
(Principes de la philosophie
que la philosophie est compréhension du réel et non la
du droit)
"construction d'un au-delà qui serait (...) dans l'erreur
d'une façon de raisonner partielle et vide."

La réalité est une apparence La réalité se présente à nos sens comme une évidence
plus trompeuse que alors même que ce que nous voyons du réel est en fait
l'apparence de l'art interprétation, apparence, illusion. La science nous a
(Esthétique) montré que le réel n'est pas tel qu'il nous apparaît. L'art,
en revanche, a une vérité car s'il est illusion, il s'agit d'une
illusion qui se reconnaît comme telle et qui donc ne nous
trompe pas. Le romancier annonce la couleur : c'est un
roman et non un documentaire. Voir le tableau de
Magritte représentant une image de pipe sous laquelle est
écrit : "ceci n'est pas une pipe".

Minerve est la déesse de la sagesse et son attribut est la


La chouette de Minerve ne
chouette. C'est dire que le philosophe commence à
prend son envol qu'au
réfléchir quand les autres hommes, ceux qui agissent, ont
crépuscule.(Principes de la
terminé leur tâche. Le philosophe réfléchit sur ce qui a
philosophie du droit)
déjà été accompli, après que cela ait été accompli.

Schopenhauer

L'homme est un animal qui s'étonne (au sens aristotélicien


du terme) c'est-à-dire pour qui rien ne va de soi. Cet
L'homme est un animal
étonnement est le début de la métaphysique. L'homme
métaphysique. (Le monde
s'interroge même sur ce qu'il y a d'ordinaire. L'homme
comme volonté et comme
intelligent est celui pour qui rien ne va de soi, qui se
représentation)
demande pourquoi le monde existe, pourquoi il a telle
nature etc.

Cette phrase résume ce qu'on appelle le "pessimisme" de


La vie oscille, comme une
Schopenhauer. La souffrance est notre condition. Tout (y
pendule, de droite à gauche,
compris nous) est agi par une volonté mais une volonté
de la souffrance à l'ennui. (Le
aveugle et sans but. Mais vouloir procède d'un manque et
monde comme volonté et
donc d'une douleur morale. Mais quand la volonté vient à
comme représentation)
manquer d'objet, alors nous sombrons dans l'ennui.

Comte

Les "morts" sont les grands hommes qui ont contribué au


L'humanité se compose de progrès de l'humanité. L'humanité, ce sont les "êtres
plus de morts que de vivants. passés, futurs et présents qui concourent librement à
perfectionner l'ordre universel"

Il faut lier théorie et pratique. La connaissance permet à


l'homme de prévoir et donc d'agir sur le monde. La
Science, d'où prévoyance; science permet à l'homme, par sa connaissance de la
prévoyance, d'où action. nature, de développer des techniques pour satisfaire ses
(Cours de philosophie besoins. Il ne faut néanmoins pas en conclure que la
positive) science ne sert qu'au développement de l'industrie. Elle a
aussi pour but de satisfaire le besoin de connaissance de
notre intelligence.

Proudhon
Proudhon critique la propriété privée qu'il considère
comme un vol et dont il préconise l'abolition mais non
La propriété, c'est le vol.
pour la transférer à l'État car cela ne changerait rien à sa
(Qu'est-ce que la propriété ?)
nature de vol. Il faut déposséder la classe capitaliste au
nom d'un système mutualiste et autogéré.

Kierkegaard

Il ne peut y avoir un système Tout système est un ensemble clos, un tout fermé.
de l'existence. (Post-Scriptum L'existence, au contraire, suppose séparation. Elle est
aux miettes philosophiques) jaillissement. Les deux termes sont donc contradictoires.

Marx

Contre Hegel qui pensait que la philosophie ne fait que


Les philosophes n'ont fait réfléchir, après coup, sur ce que les autres hommes
qu'interpréter diversement le (politiques, artistes, scientifiques etc.) ont accompli, Marx
monde : il s'agit maintenant pense au contraire que la philosophie doit nous donner
de le transformer (Thèses sur des règles d'action, et surtout des règles d'action
Feuerbach) politiques. C'est aussi affirmer que la théorie et la pratique
ne se dissocient pas.

La religion nous donne l'illusion qu'existe un paradis


après la mort et légitime la souffrance des hommes par la
promesse du salut. En espérant le bonheur après la mort,
on ne cherche plus le bonheur sur terre, on ne cherche
La religion est l'opium du
plus à changer l'ordre social existant. La religion est donc
peuple. (Critique de la
comme une drogue qui nous donne l'illusion du bonheur.
philosophie hégélienne du
Il ne sert à rien, néanmoins, d'interdire autoritairement la
droit)
religion car pour détruire l'illusion il faut détruire ses
racines c'est-à-dire une situation sociale qui crée le besoin
d'illusions. La religion ne disparaîtra que si une révolution
en supprime le besoin.

Cette affirmation est au fondement du matérialisme


Ce n'est pas la conscience des
marxiste. La conscience n'est pas première mais est
hommes qui détermine leur
déterminée par les conditions socio-économiques. Pour
être social, c'est leur être
Marx, nos pensées, nos représentations en général, sont
social qui détermine la
les reflets d'une situation socio-économique. Ils sont les
conscience des hommes.
produits de l'histoire.

L'histoire de toute société Une classe sociale est l'ensemble des individus situés dans
jusqu'à nos jours n'a été que le même rapport à l'appareil de production. Les classes
l'histoire de la lutte des sociales sont antagonistes c'est-à-dire que leurs intérêts
classes. (Manifeste du parti sont inconciliables. Elles sont donc en lutte et c'est cette
communiste) lutte qui, en dernière instance, est le moteur de l'histoire.

De chacun selon ses Ainsi s'énonce le principe de la justice communiste selon


capacités, à chacun selon ses Marx. Le socialisme reconnaît le principe "à chacun selon
besoins (Idéologie ses mérites", mais, à mérite égal, les besoins peuvent être
allemande) très différents (par exemple entre un célibataire et un père
de famille nombreuse). La formule "à chacun selon ses
besoins" apparaît donc plus juste. On remarque que pour
Marx la justice ne se situe donc pas dans l'égalité.
Signalons, de plus, que la mise en pratique de ce principe
suppose, non une société d'échange, mais une société de
redistribution des biens.

L'homme connaît le monde en Marx souligne le caractère indissociable de la théorie et


le transformant et le de la pratique qui sont dans un rapport dialectique, l'un
transforme en le connaissant. permettant l'autre et réciproquement.

L'humanité ne se pose jamais La science a des conditions historiques d'apparition.


que les problèmes qu'elle Lorsque surgit le problème, les conditions matérielles et
peut résoudre. intellectuelles de sa solution sont déjà présentes.

Nietzsche

Dieu est, par définition, immortel. Nietzsche annonce ici


Dieu est mort. la fin de la religion chrétienne et des valeurs morales et
religieuses qui lui sont liées.

Nietzsche rêve d'une culture supérieure d'homme, le


L'homme est quelque chose surhomme, celui-ci n'ayant rien à voir avec quelque
qui doit être surmonté. (Ainsi superman. Devenir un surhomme, c'est renoncer aux
parlait Zarathoustra) valeurs négatives au profit de valeurs positives et
créatrices.

Il n'y a ni remord ni repentir sans mémoire. La morale du


pêché suppose qu'on n'oublie pas. Pour Nietzsche, le
L'oubli est une forme et la pêché est lié à la morale du ressentiment qu'il refuse.
manifestation d'une santé L'oubli nous ouvre à l'avenir et est possibilité de vie. Il
robuste. faut oublier pour être soi. Ne rien oublier, c'est se laisser
constituer par l'extérieur et se réduire à n'être que le reflet
des autres.

Freud

Freud énonce en ces termes ce qu'il considère comme la


troisième blessure infligée au narcissisme de l'humanité,
blessure infligée par la psychanalyse. L'homme du
Le moi (...) n'est seulement
Moyen-age se croyait au centre du monde ce que dément
pas maître dans sa propre
l'astronomie copernicienne. Il se croyait roi de la création
maison. (Introduction à la
ce que dément la théorie de l'évolution de Darwin, Il
psychanalyse)
croyait en son libre arbitre, ce que dément la
psychanalyse, affirmant l'influence de l'inconscient sur
notre moi. Freud énonce à la fois le caractère scientifique
et révolutionnaire de son travail et le décentrement de
l'homme dont la conscience n'est plus maîtresse de soi.

Pour Freud, le rêve n'est pas un déchet inutile de l'activité


L'interprétation des rêves est
psychique mais un phénomène plein de sens quand on
la voie royale qui mène à la
l'interprète avec une méthode scientifique appropriée. Il
connaissance de l'inconscient
est une manifestation privilégiée de notre inconscient dont
dans la vie psychique
l'interprétation est capitale au cours de la cure
(Science des rêves)
psychanalytique.

Husserl

La conscience est toujours Cette formule désigne ce qu'on appelle "l'intentionnalité


conscience de quelque chose. de la conscience". Toute conscience est visée d'un objet et
(Méditations cartésiennes) une conscience vide et sans contenu ne saurait exister.

Bergson

L'intelligence, envisagée dans


Bergson justifie ici l'idée que l'homme est avant tout
ce qui en paraît être la
homo faber c'est-à-dire animal technicien. On remarquera
démarche originelle, est la
que l'intelligence est ici définie comme une activité
faculté de fabriquer des
pratique et non pas (comme dans la philosophie classique)
objets artificiels, en
comme une activité contemplative. L'homme est capable
particulier des outils à faire
de fabriquer "des outils à faire des outils" alors que
des outils, et d'en varier
l'animal même le plus évolué est tout au plus capable
indéfiniment la fabrication.
d'utiliser des instruments.
(L'évolution créatrice)

L'art, loin d'imiter la nature, en est plutôt le dévoilement.


Ordinairement nous ne voyons pas les choses elles-
L'art n'a d'autre objet que
mêmes mais ce à quoi elles servent. L'utilité mais aussi
d'écarter (...) tout ce qui nous
les conventions du langage (liées à l'utilité pour Bergson)
masque la réalité, pour nous
nous masquent le réel. Les artistes nous mettent face au
mettre face à la réalité même.
réel car quand ils regardent une chose, ils la voient pour
(Le rire)
elle et non plus pour eux c'est-à-dire, justement sans tenir
compte de son utilité.

Alain

Il faut avoir le courage de


rompre les chaînes de
Parce que tout pouvoir cherche à étendre son pouvoir et
consentement, qui sont les
qu'un tyran peut être élu au suffrage universel, le peuple
vraies chaînes.
doit exercer un pouvoir de contrôle. La démocratie est
l'effort perpétuel des gouvernés contre les abus du
Tout peuple qui s'endort en
pouvoir.
liberté se réveillera en
servitude (Politique)
Résistance et obéissance,
voilà les deux vertus du
citoyen. Par l'obéissance il
assure l'ordre, par la
résistance il assure la liberté.
(Propos d'un Normand)

Bachelard

Une expérience scientifique La science contredit toujours l'évidence sensible, se


est (...) une expérience qui constitue contre elle. Il est, par exemple, évident que le
contredit l'expérience soleil tourne autour de la terre (c'est ce que je vois) alors
commune" (La formation de que la science nous montre que c'est le contraire qui est
l'esprit scientifique) vrai.

Si l'opinion peut énoncer "en fait" des vérités, il


n'empêche qu'"en droit", il faut la rejeter. Elle a toujours
L'opinion a, en droit, toujours
tort car elle ne pense pas, affirme sans méthode et désigne
tort. (La formation de l'esprit
les objets uniquement par leur utilité. L'opinion apparaît
scientifique)
comme le premier obstacle que la science doit surmonter
pour se constituer.

Wittgenstein

Cette phrase clôt le Tractatus. Pour Wittgenstein, tout ce


qui est en réalité le plus important ne peut être dit (c'est-à-
dire énoncé d'une façon qui fasse sens). Wittgenstein
Ce dont on ne peut parler, il
souligne donc l'importance de l'indicible. Mais la
faut le taire. (Tractatus
philosophie essaie de dire ce que le langage ne peut dire
logico-philosophicus)
et, en voulant montrer l'indicible, se condamne au silence.
Pour plus d'information sur cette thèse complexe,
consultez la notice consacrée à Wittgenstein.

Popper

Popper définit ici le critère qui permet de reconnaître les


Une théorie qui n'est
théories scientifiques par opposition à celles qui ne le sont
réfutable par aucun
pas. Une théorie qui n'est jamais réfutable quels que
évènement qui se puisse
soient les résultats de l'expérience ne saurait être
concevoir est dépourvue de
scientifique. Quand le scientifique fait une expérience, il
caractère
prévoit un résultat. S'il n'obtient pas le résultat attendu il
scientifique.(Conjectures et
conclut au caractère erroné de sa théorie. Sa théorie est
réfutations)
donc réfutable.

Sartre

L'existence précède l'essence. L'homme existe d'abord et se définit ensuite (l'essence de


(L'existentialisme est un l'homme n'est autre que la définition de l'homme). Cette
humanisme) formule qui se veut fondatrice de l'existentialisme sartrien
est aussi l'affirmation de la liberté humaine. Si l'homme se
définit, c'est qu'il choisit ce qu'il veut être sans être
tributaire d'une nature (d'une essence) qui lui
préexisterait.

La liberté de l'homme est absolue et la seule chose que


L'homme est condamné à être
nous ne puissions pas faire c'est ne pas être libre. Il n'y a
libre. (L'existentialisme est
aucune échappatoire possible à la nécessité du choix car
un humanisme)
ne pas choisir c'est... choisir de ne pas choisir.

Sartre ne prétend nullement que l'occupation allemande


aurait été propice à la liberté politique. C'est de la liberté
au sens métaphysique du terme qu'il s'agit ici. Être libre
c'est être capable de dire non, de refuser une situation.
L'occupation allemande est un de ces moments de notre
Jamais nous n'avons été aussi histoire où notre attitude avait une pleine signification.
libres que sous l'occupation Accepter c'était être complice, refuser, devenir résistant
allemande. (Situations, III) c'était risquer la torture et la mort. C'est donc une de ces
situations limites où les choix ne peuvent qu'être
authentiques. La liberté ne se mesure pas dans les
situations sans risque mais dans celles où notre
responsabilité et ses conséquences sont pleinement
engagées.

La mort n'est jamais ce qui


donne son sens à la vie, c'est
au contraire ce qui lui ôte
toute signification (L'Être et
le Néant)
Pour l'athée qu'est Sartre, la mort n'a aucun sens. Mais, de
Tout existant naît sans la même façon que c'est le sens de la mort qui donne son
raison, se prolonge par sens à la vie, si la mort n'a pas de sens, la vie n'en a plus
faiblesse et meurt par non plus. L'existence devient alors absurde. La mort abolit
rencontre (L'Être et le notre situation de sujet puisque nous n'existons plus (mais
Néant) est-ce encore exister) que dans l'esprit des vivants qui, en
se souvenant de nous, nous réduisent à l'état d'objet. Pour
L'homme est une passion Sartre le sens n'est pas dans la mort mais dans la liberté et
inutile (L'Être et le Néant) la mort est négation de mes possibilités et donc de ma
liberté.
Être mort, c'est être en proie
aux vivants (L'Être et le
Néant)

Cette formule conclut la pièce Huis-clos où des


personnages sont censés être en enfer. Mais l'enfer est sur
L'enfer, c'est les autres. terre dans les rapports nécessairement conflictuels que
(Huis-clos) nous entretenons avec les autres. Autrui est aussi celui qui
me révèle à moi-même y compris dans mes lâchetés et
réduit en miette la mauvaise foi.
Merleau-Ponty

Quand la science cherche à expliquer et analyser, la


La phénoménologie (...) c'est
phénoménologie cherche à décrire et revenir "aux choses
d'abord le désaveu de la
mêmes". L'existence humaine ne se réduit pas aux
science. (Phénoménologie de
causalités que peut dégager la science et est donc
la perception)
irréductible à toute explication scientifique.

Rawls

La liberté est pour Rawls le premier des biens. Ce


principe est prioritaire et ne saurait souffrir aucune
exception. La liberté de quiconque ne saurait être sacrifiée
La liberté ne peut être limitée
en aucun cas et pour quelque raison que ce soit. En
qu'au nom de la liberté.
conséquence les seules limites qu'un État peut imposer à
la liberté ne sauraient avoir d'autre finalité que la liberté
elle-même.

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