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SOCIOLOGIE
URBAINE BOULAOUAN YASSINE introduction
Les questions touchant à la ville n’occupent qu’une place
très marginale dans les travaux des premières générations de sociologues français. Pour conquérir une reconnaissance et une position à part entière dans le champ académique, la jeune discipline avait à se démarquer d’autres traditions plus anciennement instituées : d’une part la philosophie et la psychologie, mais aussi, d’autre part, l’histoire et la géographie qui étaient alors les principales sources du savoir académique sur l’inscription territoriale de la vie en société. Tout au long de son histoire, la sociologie française continuera d’ailleurs à conserver peu ou prou l’empreinte de ce moment fondateur. L’attention portée à la recherche de lois générales plus qu’à la contingence des contextes locaux et, plus encore, le refus légitime de toute explication déterministe par les données naturelles, les structures urbaines ou les formes architecturales, ont longtemps détourné bon nombre de chercheurs d’une prise en compte de la dimension spatiale qui était engagée dans les phénomènes qu’ils étudiaient. PRESENTATION DES CHERCHEURS,LEURS AXES DE RECHERCHE ET APPORT AU DEVELOPPEMENT DE LA SOCIOLOGIE UTBAINE: Françoise Navez Bouchanine Abderrahmane Rachik
I.Françoise Navez Bouchanine
Sociologue franco-belge. - Professeur des Ecoles d'architecture de
France et à l'Institut national d'aménagement et d'urbanisme de Rabat. - Consultante auprès d'organisations non-gouvernementales et auprès d'organismes internationaux (Banque mondiale, PNUD, FAO). - Membre du comité de rédaction de la revue "Espaces et sociétés. Chercheuse, enseignante, professionnelle engagée, Françoise Navez- Bouchanine était tout cela à la fois. Partant de travaux en profondeur sur la société marocaine et ses modes d’habiter, elle a porté un regard acéré sur la formation des espaces urbains négligés et a toujours eu comme horizon le renouvellement des pratiques professionnelles par la prise en compte des savoirs sociaux.
La recherche urbaine a été nourrie par sa connaissance intime des
bidonvilles marocains, mais aussi par la perspicacité de ses analyses relatives à l’intervention urbaine et aux politiques publiques. Une vigilance critique, étayée par un investissement théorique et empirique sans faille, a nourri des générations de jeunes chercheurs, d’étudiants, de responsables de projet mais aussi de professionnels de terrain soucieux de mieux agir aux côtés des habitants.
LES OUVRAGES
Le quartier des habitants des villes marocaines
Les chemins tortueux de l’expérience démocratique marocaine à travers les bidonvilles
Le développement urbain durable : best practice ou leurre méthodologique
Evolution de la politique urbaine et résorption des bidonvilles au Maroc
Les lieux des liens sociaux
La fragmentation en question : Des villes entre fragmentation spatiale et fragmentation sociale ?
Françoise Navez-Bouchanine nous présente son étude en l’encadrant de façon subtile par des citations puisées dans Les villes invisibles de I. Calvino. Par ce titre dont l’évocation est connotée, elle indique sa position critique sur les méthodes de conception architecturale et urbanistique qui ne prennent pas en considération l’usager dans l’organisation de l’espace. L’ouvrage est préfacé par J. Rémy qui appuie la mise en garde de l’auteur sur toute possibilité d’association terminologique pouvant aboutir à une sorte de guide à la conception architecturale. L’étude explique la relation complexe entre trois composantes de la ville que sont les habitants, l’architecture et l’urbanisme. Leur articulation dans la vie de tous les jours se traduit par l’appropriation de l’espace en tant que processus interactif. C’est sur cette base que s’avance l’hypothèse de l’implication réciproque entre l’espace et le social.
Le thème central de l’étude porte sur le concept de l’appropriation de
l’espace qui interfère diverses échelles de la vie collective (intérieur, extérieur, public, privé). Elle renvoie aux transformations de l’espace selon les aspirations des usagers (ce qui fait dire à) que l’auteur qualifie comme étant (qu’elle est) l’expression du "patrimoine vivant". Elle entend par là convaincre les décideurs à saisir le message des pratiques transformatrices de l’usager et à reconnaître en elles une compétence à intégrer dans la démarche conceptuelle. De multiples observations sur les pratiques de l’espace vécu et l’espace conçu par les architectes et urbanistes, font constater une discordance de logique qui se traduit par des formes d’adaptation de la part de l’usager. D’une complexité considérable, ces rapports mènent à se questionner sur la vie quotidienne des gens des villes à travers des valeurs et comportements des habitants dans leurs convergences des modèles de recomposition de l’espace et les mécanismes d’appropriation. En réfutant la thèse de la fragmentation des villes marocaines l’auteur se donne plusieurs objectifs :
Lecture des modèles socio-culturel" à travers les différentes modalités
d’appropriation de l’espace privé et public en prenant à « témoin » les pratiques d’habiter. Vivre le socio-culturel à travers l’habitat.
Description des pratiques habitantes dans la perspective de l’aide à la
décision dans le sens à reconnaître une compétence aux usagers. Lire l’habitat à travers le socio-culturel.
Apporter une contribution au vaste débat sur l’émergence des nouvelles
urbanités dans les villes des pays en développement considérant les concepts de "citadinité " et "urbanité" qui posent le problème de statut de l’espace.
Le thème central de l’étude porte sur le concept de l’appropriation de
l’espace qui interfère diverses échelles de la vie collective (intérieur, extérieur, public, privé). Elle renvoie aux transformations de l’espace selon les aspirations des usagers (ce qui fait dire à) que l’auteur qualifie comme étant (qu’elle est) l’expression du "patrimoine vivant". Elle entend par là convaincre les décideurs à saisir le message des pratiques transformatrices de l’usager et à reconnaître en elles une compétence à intégrer dans la démarche conceptuelle.
L’apport incontournable de Françoise Navez-Bouchanine dans la
recherche sociologique traverse le champ des études marocaines et du monde arabe ou méditerranéen pour intéresser directement et nourrir la recherche « au Nord » avec des travaux pionniers autour de la fragmentation urbaine, des conséquences des « mises à la norme », de la subtile dialectique entre les pratiques citadines et les injonctions des producteurs de ville, de la relation entre développement durable et développement social. Abderrahmane Rachik
sociologue et urbaniste, chercheur associé au Centre marocain des
sciences sociales (CM2S) à Casablanca, et au Centre de recherche économie, société, culture (CRESC) à Rabat.
Conseiller scientifique dans la revue Oumrane (Doha), publié par l'Arab
Center for Research and Policy Studies, il enseigne aussi la sociologie urbaine à la faculté de gouvernance, des sciences économiques et sociales de Rabat et à l’Université Hassan II de Mohammadia. Il a publié de nombreux ouvrages sur les mouvements sociaux et la sociologie urbaine au Maroc. Il a 55 ouvrages dans 76 publications en 1 langue et 129 fonds de bibliothèque Biographie de l'auteur Sociologue et géographe. Professeur universitaire. A soutenu une thèse de Doctorat d'Etat à l'Université Hassan II de Casablanca (Maroc) en 1998, et une thèse de Doctorat de 3° cycle à l'Université Lyon II (France) en Aménagement urbain. A publié plusieurs livres, dont Ville et pouvoirs au Maroc, (1995), Casablanca, l'urbanisme de l'urgence (2002).
.Les axes de recherche de abderrahmane rachik se basent sur Les
mouvements sociaux en ville, Les violences urbaines , Les émeutes et leur impact sur la politique urbaine et l’organisation spatiale des grandes villes marocaines.
Le sociologue Abderrahmane Rachik, auteur en 2016 de l’essai «La société
contre l’État : Mouvements sociaux et stratégie de la rue au Maroc», explique qu’il y a une déconnexion des classes dirigeantes des réalités de la contestation de rue, d’où résulte une impossibilité d’appréhension, voire de compréhension, d’un phénomène tel que le boycott (ndlr : mouvement engagé sur les réseaux sociaux en avril 2018 ciblant notamment trois marques : les eaux minérales Sidi Ali, le distributeur d’hydrocarbures Afriquia, et la marque de produits laitiers Centrale Danone). Dans son intervention lors du débat organisé par l’ESCA le mardi 3 juillet 2018, il indique en effet que « l’analyse des mouvements sociaux permet d’examiner le processus du changement social et la nature de la relation qui lie l’État au citoyen. Après l’explosion des différentes émeutes au Maroc (1981, 1984 et 1990), la conquête pacifique de l’espace public urbain devient subitement un enjeu politique de taille». Depuis, la politique ne se déroule plus seulement dans les sphères conventionnelles. Elle se fait également dans la rue. Face à l’augmentation des mouvements sociaux protestataires, le pouvoir politique hésite, tolère, autorise, dialogue, mais interdit également avec violence des marches et des sit-in non autorisés.