Les Tonalités
Les Tonalités
Les Tonalités
Cette semaine, on te demande de faire des exercices liés à la tonalité des extraits de texte. À la suite des
définitions des tonalités, tu y trouveras 3 extraits de texte et 1 texte. Tu devra y trouver la bonne tonalité en
justifiant ta réponse.
La tonalité d'un texte est une façon particulière de raconter un événement. En employant différents procédés
d'écriture et en mettant en valeur certains thèmes, il est possible de provoquer chez le lecteur ou le spectateur
diverses émotions : le rire, la tristesse, l'angoisse, la terreur...
La tonalité d'un texte ne dépend pas forcément de son genre – un roman, par exemple, peut être comique et
pathétique.
Dans un texte, on peut rencontrer les tonalités tragique, pathétique, lyrique, épique, comique, ironique, fantastique...
2. La tonalité tragique
La tonalité tragique vise à inspirer la terreur et la pitié. Elle est très souvent liée au genre théâtral. Elle se caractérise
par la mise en valeur d'une sorte de fatalité qui pousse inévitablement l'homme à l'échec, au malheur et/ou à la mort.
Les thèmes récurrents de la tonalité tragique sont la mort, la fatalité et la souffrance devant une lutte impossible ; ils
sont mis en valeur par le champ lexical de la fatalité, de la faute, de la nécessité, de l'amour et de la mort.
3. La tonalité pathétique
Le but de la tonalité pathétique est d'émouvoir le lecteur ou le spectateur en mettant en scène des situations tristes
et/ou douloureuses. De lui faire partager la tristesse.
Elle se caractérise par les thèmes de la séparation, de la mort, de la misère, de la vieillesse, de la solitude, qui se
traduisent par le choix des personnages présentés comme des victimes, par le champ lexical de la souffrance, par
l'utilisation des hyperboles et des images fortes.
4. La tonalité dramatique
La tonalité dramatique provoque une émotion intense liée à la narration d'actions tendues, d'événements violents
qui se succèdent sans laisser au lecteur ou au spectateur le temps de reprendre haleine. Elle est en corrélation avec
les registres tragique et pathétique.
Cette tonalité se caractérise par le recours au suspense, par la multiplication des actions, des coups de théâtre et par un
rythme fait de tension et d'accélération. À ce sens correspond le verbe « dramatiser » qui signifie « amplifier la gravité
d'une situation ».
5. La tonalité lyrique
La tonalité lyrique est l'expression poétique des sentiments personnels. Elle s'identifie grâce au champ lexical des
sentiments (passion, douleur, regret...), à la présence de la 1re personne du singulier, à l'emploi d'une ponctuation forte
et de figures de style – métaphores, comparaisons, hyperboles, anaphores, périphrases – propres à exprimer la nature
et l'intensité des sentiments éprouvés.
Les thèmes privilégiés sont l'amour, la mort, la nature, la solitude, la fuite du temps, c'est-à-dire tout ce qui est propice à
l'expression d'une émotion particulière.
6. La tonalité épique
Le but de la tonalité épique est de présenter de façon amplifiée des événements en exaltant les valeurs héroïques. Elle
met en scène des situations extraordinaires, dans lesquelles les personnages sont de véritables héros. La tonalité
épique se caractérise, essentiellement, par un style particulier qui joue sur l'amplification – recours à l'hyperbole, à
l'anaphore ainsi qu'aux marques du pluriel –, sur la simplification ou la schématisation des situations et des caractères,
et sur les images – hyperboles, métaphores et comparaisons y sont en général abondantes.
7. La tonalité didactique
La tonalité didactique définit un discours qui veut instruire le lecteur, à la manière d'un professeur. Elle se caractérise
donc par la volonté d'enseigner, d'apporter un savoir de façon claire et méthodique, comme un ouvrage scolaire. Elle a
recours au lexique de l'argumentation et de la pédagogie, aux tournures de l'ordre et du conseil et à une composition
logique.
8. La tonalité comique
La tonalité comique tend à susciter le rire. Elle peut naître d'une caricature, d'une parodie, d'une satire, d'un jeu de
mots ou d'une situation absurde. On distingue quatre types de comique : le comique de mot, de situation, de répétition,
de caractère. Elle est caractérisée par le recours aux figures de style comiques et aux expressions triviales, par le jeu sur
les différents niveaux de langue.
9. La tonalité ironique
La tonalité ironique consiste à faire entendre autre chose que ce que l'on dit ou ce que l'on pense. Il s'agit d'une
tonalité moqueuse et/ou critique, qui naît de l'emploi de figures de style comme l'antithèse, l'antiphrase, la litote ou
encore l'oxymore. Elle est caractérisée par une ponctuation forte et par l'emploi de modalisateurs.
La tonalité fantastique caractérise un texte qui présente des faits comme angoissants, surnaturels et inexplicables
rationnellement. Elle est caractérisée par le champ lexical de la peur, de la folie, de la mort et du surnaturel.
L'expression du doute, de l'incertitude, l'emploi du subjonctif et du conditionnel, la présence de la 1re personne du
singulier, le recours aux figures de style telles que la répétition, la comparaison, l'hyperbole ou encore la
personnification des objets sont autant d'indices de la tonalité fantastique.
Exemple :
Amour du prochain
La bataille de Waterloo
<Ils étaient trois mille cinq cents. Ils faisaient un front d'un quart de lieue. C'étaient des hommes géants sur des chevaux
colosses. Ils étaient vingt-six escadrons ; et ils avaient derrière eux, pour les appuyer, la division de Lefebvre-
Desnouettes, les cent six gendarmes d'élite, les chasseurs de la garde, onze cent quatre-vingt-dix-sept hommes, et les
lanciers de la garde, huit cent quatre-vingts lances. Ils portaient le casque sans crins et la cuirasse de fer battu, avec les
pistolets d'arçon dans les fontes et le long sabre-épée.>
Victor Hugo, Les Misérables
< Après le déjeuner, lorsque le soleil africain tombe en pluie de feu sur l’herbe mourante, on nous forçait à nous «
reposer » une heure à l’ombre du figuier, sur ces fauteuils pliants nommés « transatlantiques » qu’il est difficile d’ouvrir
correctement, qui pincent cruellement les doigts, et qui s’effondrent parfois sous le dormeur stupéfait.
Ce repos nous était une torture, et mon père, grand pédagogue, c'est-à-dire doreur de pilules, nous le fit accepter en
nous apportant quelques volumes de Fenimore Cooper et de Gustave Aymard.
Le petit Paul, les yeux tout grands, la bouche entrouverte, m’écouta lire à voix haute le Dernier des Mohicans. Ce fut
pour nous la révélation, confirmée par le Chercheur de pistes : nous étions des indiens, des fils de la forêt, chasseurs de
bisons, tueurs de grizzlys, étrangleurs de serpents-boas, et scalpeurs de Visages Pâles.
Ma mère accepta de coudre – sans savoir pourquoi – un vieux tapis de table à une couverture trouée, et nous dressâmes
notre wigwam dans le coin le plus sauvage du jardin.
J’avais un arc véritable, venu tout droit du nouveau monde en passant par la boutique du brocanteur. Je fabriquai des
flèches avec des roseaux, et, caché dans les broussailles, je les tirais férocement contre la porte des cabinets, constitués
par une sorte de guérite au bout de l’allée. Puis, je volai le couteau « pointu » dans le tiroir de la cuisine : je le tenais par
la lame, entre le pouce et l’index (à la façon des indiens Comanches) et je le lançais de toutes mes forces contre le tronc
d’un pin, tandis que Paul émettait un sifflement aigu, qui en faisait une arme redoutable.
Cependant nous comprîmes que la guerre étant le seul jeu vraiment intéressant, nous ne pouvions pas appartenir à la
même tribu.
Je restais donc Comanche, mais il devint Pawnie, ce qui me permit de le scalper plusieurs fois par jour. En échange, vers
le soir, il me tuait, avec un tomahawk de carton, et fuyait ensuite à toutes jambes, car j’excellais dans les agonies.
Des coiffures de plumes, composées par ma mère et ma tante, et des peintures de guerre faites avec de la colle, de la
confiture et de la poudre de craie de couleur, achevèrent de donner à cette vie indienne une réalité obsédante.
Parfois, les deux tribus ennemies enterraient la hache de guerre, et s’unissaient pour la lutte contre les Visages Pâles, les
farouches yankees venus du Nord. Nous suivions des pistes imaginaires, marchant courbés dans les hautes herbes,
attentifs aux empreintes invisibles, et j’examinais d’un air farouche un fil de laine accroché à l’aigrette d’or d’un fenouil.
Quand la piste se dédoublait, nous nous séparions en silence… De temps à autre, pour maintenir la liaison, je lançais le
cri de l’oiseau moqueur, - et « si parfaitement imité que sa femelle s’y fût trompée » - et Paul me répondait par «
l’aboiement rauque du coyote », parfaitement imité lui aussi : mais imité – faute de coyote - de celui du chien de la
boulangère, un roquet galeux qui attaquait parfois nos fonds de culotte.>
Marcel Pagnol, La gloire de mon père.