257 Approfondir Les Marches Africains Des Capitaux Pour Le Financement Des Infrastructures
257 Approfondir Les Marches Africains Des Capitaux Pour Le Financement Des Infrastructures
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A
u fur et à mesure qu’un pays se développe et adopte un système 165
d’économie de marché, il doit se doter de mécanismes efficaces
d’allocation du capital. Ce processus doit se faire de manière
continue en s’adaptant aux changements, comme ceux que l’on a
connus depuis la crise financière de 2008. L’efficacité d’un marché est
le résultat de l’interaction entre un grand nombre d’intervenants. Au fil
du temps, un marché financier contribue de manière endogène à
moderniser le système financier tout entier comme on l’observe dans de
nombreux pays africains.
Dans l’ensemble, les économies africaines ont montré une résilience
considérable aux chocs financiers lors de la récente crise financière
mondiale en enregistrant une solide croissance macroéconomique. Des
taux de croissance supérieurs à 5 % lors des dix dernières années ont
abouti à l’émergence d’une classe moyenne dans de nombreux pays.
Alors que le développement du secteur financier reste encore limité
dans la plupart des pays, certains progrès se font jour. Les banques
locales, les fonds d’investissement et les sociétés d’assurances sont bien
plus compétitifs que par le passé, et proposent des instruments et des
services bien mieux adaptés aux besoins des moyennes et grandes
entreprises locales et des investisseurs. Davantage de banques déploient
Graphique 1
Capitalisation des Bourses africaines
(en Md$)
167
JSE : Johannesburg Stock Exchange ; SE : Stock Exchange ; BRVM : Bourse régionale des valeurs
mobilières.
Graphique 2
Dette obligataire interne
(en % du PIB)
168 L’Afrique du Sud et l’Égypte constituent les plus gros marchés des
titres obligataires en Afrique, suivis du Nigeria, du Maroc et du Kenya.
Hors Afrique du Sud, l’échéance moyenne des titres émis est inférieure
à cinq ans (cf. graphique 3).
Graphique 3
Échéance moyenne de la dette obligataire interne
(en nombre d’années)
OBLIGATIONS DE PROJET :
OPPORTUNITÉ ET CADRE D’ÉVALUATION
Les besoins annuels de financement des infrastructures en Afrique
sont évalués à 93 Md$, parmi lesquels 45 Md$ sont investis chaque
année, dont plus de la moitié par le secteur public (PIDA, 2010 ;
AICD, 2010). Selon la BAD et la Banque mondiale, environ un tiers
de ces besoins peuvent être satisfaits par une optimisation des appro-
ches opérationnelles, réduisant les besoins annuels de 31 Md$. Des
améliorations fondamentales des techniques de financement doivent
remplacer ou au moins compléter les financements traditionnels qui se
montrent incapables de satisfaire les énormes besoins. Répondre à ce
défi nécessite un changement d’attitude et devra obliger les gouverne-
ments africains à penser de manière innovante, à repousser les limites
pour améliorer leurs marchés financiers et pour s’assurer de leur dé-
termination à financer les plans de financement des infrastructures.
Entre 2003 et 2013, l’Afrique subsaharienne représentait 3 % des
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RECOMMANDATIONS
Pour que le potentiel des marchés africains de capitaux puisse se dé-
ployer, les gouvernements de tous les pays du continent doivent mettre
en place et renforcer l’infrastructure des marchés de capitaux. Ils doivent
s’assurer que les conditions économiques restent stables pour permettre
aux investisseurs de s’engager en toute confiance sur des actifs de plus
longue durée. Cela s’applique à l’environnement politique et des affaires,
à la gestion budgétaire, à la politique monétaire et à l’ensemble de la
politique économique qui doit être tournée vers la croissance. Les États
doivent également être proactifs dans la mise en place de réformes qui
renforcent les institutions et la structure de marché :
– ils doivent stimuler la fourniture et l’utilisation de notations de
crédit sur les marchés locaux de capitaux qui améliorent la transparence
du marché et fournissent une référence pour les émetteurs privés ;
– ils doivent rechercher une plus grande efficacité et une plus grande
transparence sur les marchés locaux des obligations en adaptant les
processus et les procédures d’émission d’obligations plutôt que d’ap- 175
pliquer les procédures des marchés d’actions, permettre aux régulateurs
d’autoriser les innovations comme les fonds d’amortissement ou l’en-
registrement de références, mettre à jour les règlements pour autoriser
l’émission obligataire par des véhicules de titrisation avec une note de
crédit minimale, et proposer des incitations fiscales pour les émissions
d’obligations de projet d’infrastructures ;
– ils ont également un rôle actif à jouer dans le développement des
marchés domestiques de capitaux, en tant qu’émetteurs de référence.
Les États doivent accepter la responsabilité d’établir une courbe de
rendements de référence pour le marché obligataire ;
– ils doivent également promouvoir les fonds de pension et les
OPCVM (organismes de placement collectif en valeurs mobilières), s’as-
surer de leur gestion professionnelle et d’une réglementation appropriée
pour catalyser l’épargne à travers les investisseurs institutionnels ;
– ils doivent s’engager dans des réformes du secteur de l’infrastruc-
ture afin de parvenir à une gouvernance efficace et à une bonne gestion
des ressources et des organismes, définir des cadres réglementaires
sectoriels et des tarifs, et fournir des mesures d’encouragement de la
participation du secteur privé.
Les États doivent ouvrir leurs marchés aux banques d’investissement
qui sont essentielles pour le fonctionnement des marchés de capitaux.
Elles structurent et diffusent les offres de titres et elles entretiennent la
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NOTES
1. Voir le site : www.africanbondmarkets.org/en/.
2. Dans la construction de cet indice, l’IMFA/BAD utilise les six facteurs suivants : macroéconomie,
gouvernance, infrastructure financière du marché obligataire, accès au marché obligataire et stratégie
d’émission, base d’investisseurs et participation active des agents économiques. Il reflète les préconditions
établies par le cadre de diagnostic du groupe de travail du G20 sur les marchés obligataires en monnaie
locale.
3. Selon les critères définis par la BAD pour les pays à faibles revenus.
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