Note - Juin 2018

Déchets plastiques : actualité et enjeux

Le plastique, une matière au coeur de plusieurs enjeux environnementaux 2

Une matière dérivée du pétrole 2
Une production de déchets exponentielle 3
L’impasse du recyclage 4
Emballages et plastique, inséparables ? 6
Le plastique au coeur de l’actualité politique 7
Une directive en préparation en Europe 7
La Feuille de route économie circulaire française fait l’impasse sur le plastique 8

1
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Le plastique, une matière au coeur de

plusieurs enjeux environnementaux

Le plastique est une matière qui concentre aujourd’hui de nombreux enjeux

environnementaux, liés d’une part à la consommation de ressources qu’il
requiert pour sa fabrication et d’autre part à la production de déchets qu’il
entraîne du fait de sa courte durée de vie.

Le plastique en quelques chiffres

- Jusqu'à 5 billions de sacs plastiques sont utilisés chaque année

- 13 millions de tonnes de plastique se retrouvent dans les océans
chaque année
- 17 millions de barils de pétrole sont utilisés pour la production de
plastique chaque année
- 1 million de bouteilles en plastique sont achetée chaque minute
- 100 000 animaux marins sont tués en raison de la pollution par les
plastiques chaque année
- 50 % des plastiques utilisés pour la consommation sont à usage unique

Source : :
http://worldenvironmentday.global/sites/default/files/toolkit_with_nature/Key%20Messages_French_
250518.pdf

Une matière dérivée du pétrole

La consommation de plastique a été multipliée par 20 dans le monde dans
les cinquante dernières années1. Aujourd’hui 6% de la production de pétrole au
niveau mondial est utilisée pour produire du plastique. On estime que ce chiffre
sera de 20% en 2050. La tendance actuelle des investissements en matière
d’installations de production de plastique révèle une logique absurde, où la
production de plastique n’est plus justifiée par un besoin réel mais par la
disponibilité de matières fossiles à bas prix2.

1
Roland Geyer, Jenna R. Jambeck and Kara Lavender Law, Production, use, and fate of all plastics
ever made , Science Advances 19 Jul 2017.
2
https://www.foodandwaterwatch.org/sites/default/files/ib_1702_fracking-plastic-web.pdf

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Cette situation fait du plastique une matière fortement émettrice de gaz à effet
de serre. La Commission européenne estime ainsi que la production et
l’incinération du plastique est responsable de l’émission 400 millions de
tonnes de CO2 dans le monde chaque année, soit l’équivalent des émissions
annuelles d’un pays comme la France, tous secteurs confondus3.

Une production de déchets exponentielle

Le plastique se caractérise par une faible durée de vie moyenne, principalement

du fait du recours massif à l’usage unique pour les emballages et d’autres
produits de consommation courante (lingettes, gobelets, pailles..).

Du fait de leur petite taille et des caractéristiques de consommation, ces

plastiques sont parfois abandonnés ou rejetés4 dans la nature, où ils mettent
entre 100 et 1000 ans à disparaître complètement. Les déchets plastiques
abandonnés dans la nature terminent leur vie dans les océans. Les pays
européens jettent chaque année entre 150 000 et 500 000 tonnes de
plastique dans les océans.

Cette situation a des conséquences désastreuses sur la flore et la faune

marine pour laquelle les déchets plastiques sont sources de mortalité ou de
maladie, par suffocations, enchevêtrements ou intoxications. Une fois dans
l’océan, les plastiques se fragmentent et deviennent des microplastiques
(diamètre inférieur à 5mm) et des nanoplastiques (inférieurs à un demi-
millimètre), qui sont si petits qu’ils peuvent pénétrer les membranes cellulaires
des animaux marins. Ces débris invisibles intègrent notre chaîne alimentaire,
ingérés par des poissons. Un déchet plastique mesurant quelques millimètres
produit ainsi 1000 milliards de nanoparticules de 100 nanomètres5.

3
http://www.statistiques.developpement-
durable.gouv.fr/fileadmin/documents/Produits_editoriaux/Publications/Datalab/2016/chiffres-cles-du-
climat-edition2017-2016-12-05-fr.pdf
4
Envols involontaires de déchets au moment de la collecte ou sur les sites de traitement.
5
UNEP, Marine plastic debris and microplastics – Global lessons and research to inspire action and
guide policy change, 2016.

3
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Estimation de la consommation de produits plastiques à usage unique par

Français6

→ 49 pailles / personne/ an (soit 3,234 milliards d’unités chaque année)

→ 40 Gobelets de café / personne/ an (soit 2,165 milliards d’unités)
→ 996 Mégots/ personne / an (soit 53,939 milliards d’unités)
→ 96 Bouteilles plastiques/ personne / an (soit 6 355 millions d’unités)
→ 5 contenants de vente à emporter / personne/ an (soit 334 millions d’unités)

L’impasse du recyclage

Les caractéristiques intrinsèques au plastique en font une matière complexe à

recycler. Raisonner exclusivement en termes de recyclabilité n’est donc
pas pertinent pour construire un modèle durable autour du plastique :

➔ Le plastique mis sur le marché est aujourd’hui majoritairement non

recyclable ou “faiblement recyclable”. C’est à dire que les
caractéristiques de ces plastiques (types de résine, taille, poids,
débouchés possibles pour la matière recyclée obtenue…) les rendent
techniquement ou économiquement difficiles, voire impossibles à
recycler. En ce qui concerne les emballages, environ 50% d’entre eux ne
sont pas recyclables à l’heure actuelle7.
Cette situation explique en partie les mauvais chiffres de recyclage des
plastiques. En France, le taux de recyclage des plastiques est inférieur à

6
Estimations réalisées à l’occasion de l’étude commandée par Seas at Risk au cabinet Eunomia, intitulée :
SINGLE-USE PLASTICS AND THE MARINE ENVIRONMENT, Leverage points for reducing, single-
use plastics, Seas At Risk, juin 2017.
N’hésitez pas à nous contacter pour obtenir les données issues du rapport, compilées par pays.
7
Entre 27 et 42% seulement des emballages plastiques pourraient être recyclés à des coûts
satisfaisants selon PlasticEurope.
Selon CITEO, on pourrait atteindre 55% de recyclage des emballages en plastique en développant le
tri. Pour espérer aller au-delà, il faudra développer les technologies de recyclage chimique,
notamment de dépolymérisation des plastiques.

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25%. En Europe il est de 30%, et dans les meilleurs pays européens, il

ne dépassent pas les 40%.

➔ Le plastique ne se recycle pas à l’infini. Contrairement à d’autres

matériaux qui peuvent fonctionner en boucle fermée (métaux, verre…),
le recyclage du plastique permet donc d’économiser des ressources
mais pas d’éviter le recours aux matières premières vierges. Avec le
recyclage mécanique, on estime à 40% la perte de matière au cours
du processus de recyclage. Les technologies de recyclage chimique,
qui pourraient permettre de régénérer le plastique grâce à la
dépolymérisation ne fonctionnent pour l’instant pas à l’échelle industrielle
et se révèlent très gourmandes en énergie8.

➔ Le recyclage du plastique pose des problématiques de santé

publique : La matière plastique se caractérise par la possibilité d’y
intégrer de nombreux additifs qui peuvent être nocifs pour l’homme ou
l’environnement (métaux lourds dans certains colorants, retardateurs de
flamme bromés, phtalates, nanomatériaux…). Par ailleurs, la présence
de ces composants empêche parfois leur recyclage.

8
ADEME, Recyclage chimique des déchets plastiques : situation et perspectives, 2015.
http://www.ademe.fr/recyclage-chimique-dechets-plastiques-situation-perspectives-etat-lart-avis-
dexperts

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Emballages et plastique, inséparables ?

Léger et bon marché, le plastique s’est imposé au fil du temps comme la

matériau privilégié pour emballer les aliments. Ainsi, aujourd’hui, 55 % des
unités d’emballages mises sur le marché en France sont en plastique.
Conséquence logique, les emballages sont responsables de près de 60%
de l’ensemble des déchets plastiques produits chaque année en France9,
tout secteur confondu et seuls 24% de ces emballages plastiques sont
aujourd’hui orientés vers des filières de recyclage.

Contrairement à une idée reçue, une étude récente10 publiée par les Amis de
la Terre Europe et Zero Waste Europe démontre que les emballages
plastiques à usage unique ne permettent pas de lutter contre le gaspillage
alimentaire. Dans certains cas, le conditionnement sous plastique peut même
encourager ce gaspillage.

9
Les emballages représentent 2 Millions de tonnes de déchets plastique sur 3,5 Millions de tonnes de
déchets plastique au total (voire l’étude : Denkstatt, The potential for plastic packaging to contribute to
a circular and resource-efficient economy (Identiplast, 2015)).
10
Rapport : “Gaspillage alimentaire en Europe, le plastique à usage unique ne résout pas le
problème. Comment mieux faire”, Zero Waste Europe et les Amis de la Terre Europe, 9 avril 2018

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Le plastique au coeur de l’actualité politique

Le sujet du plastique est sur le devant de la scène de l’actualité

environnementale depuis quelques années : conscience croissante de la part
des citoyens sur les problèmes liés au plastique11, engagements internationaux
pris12 et réglementations nationales contraignantes notamment pour réduire la
place de l’usage unique13.

Une directive en préparation en Europe

A l’échelle européenne, la Commission européenne a rendu publique le 28

mai une proposition de directive pour lutter contre le plastique à usage
unique. Cette proposition va faire l’objet de négociations entre le Parlement
européen et le Conseil et devra être définitivement adoptée d’ici les élections
européennes de mai 2019.

Le texte vise 15 produits en plastique identifiés comme particulièrement

problématiques pour l’environnement : les contenants alimentaires, les
emballages en plastique souple, les pailles, les ballons et leurs tiges en
plastique, les gobelets, couverts et assiettes, les bouteilles, les cotons-tiges, les
lingettes, les protections hygiéniques, les sacs, les mégots et les filets de
pêche.

Les mesures proposées sont de différents ordres :

- Interdiction pure et simple du produit et remplacement par une
alternative réutilisable ou biodégradable → pour les cotons-tiges,
assiettes, couverts, pailles et tiges pour les ballons ;
- Création (ou extension) d’une filière de responsabilité élargie des
producteurs (REP), ce qui suppose que le producteur du déchet paye
pour la gestion des déchets, y compris la récupération des déchets
abandonnés dans la nature → pour les mégots, les filets de pêche, les

11
Les résultats de l’Eurobaromètre (p.47) montrent que 92% des citoyens européens estiment qu’il
faut prendre des mesures pour réduire le plastique à usage unique. Par ailleurs, une étude anglaise
publiée en mars 2018 montre que 84% des britanniques estiment nécessaire de restreindre l’usage
du plastique à des usages “essentiels”.
12
Résolution de l’ONU votée par l’ensemble des Etats membres en décembre 2017 pour agir contre
la pollution marine.
13
Les sacs plastiques à usage unique ont été interdits dans de nombreux pays européens dont la
France. La France a par ailleurs interdit les coton-tiges en plastiques et les cosmétiques rincés
contenant des microbilles de plastiques. L’interdiction des gobelets et assiettes en plastique doit
entrer en vigueur le 1er janvier 2020.

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contenants de vente à emporter, les gobelets, les sacs, les lingettes et

les emballages en plastique souple ;
- L’obligation d’information du consommateur quant aux impacts sur
l’environnement → pour les protections hygiéniques et les lingettes ;
- Des objectifs de recyclage de 90% pour les bouteilles plastiques
d’ici 2025 et des obligations de conception (bouchon attaché à la
bouteille) ;
- Des objectifs de réduction “significatifs” → pour les contenants de
vente à emporter et les gobelets.

Ci-dessous un tableau récapitulatif des objets plastique à usage unique visés

par la Commission et les différentes stratégies pour s’attaquer au problème.

La Feuille de route économie circulaire française fait l’impasse sur

le plastique

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En France, le gouvernement s’est fixé l’objectif de 100% plastiques recyclés

d’ici 2025.

Cependant, La Feuille de route économie circulaire publiée par le

Gouvernement en avril comporte très peu de mesures susceptibles de
s’attaquer aux deux enjeux principaux en la matière que sont la recyclabilité du
plastique et sa surconsommation.

Le texte prévoit simplement :

- La possibilité pour les entreprises de prendre un engagement volontaire
de réincorporer du plastique recyclé dans leur production, sans que cela
soit contraignant ;
- La possibilité pour les collectivités d’expérimenter des dispositifs de
consignes solidaires pour les bouteilles plastiques, sans que l’on
connaisse pour l’instant précisément les modalités de financement et
l’ampleur du dispositif, qui ne concernera que les emballages à usage
unique ;
- L’installation d’ici 2020 de filtres de récupération des particules de
plastique sur le sites de production de plastique;
- Le soutien de la France à l’interdiction au niveau européen des plastiques
fragmentables et des contenants en polystyrène expansé.

Ressources complémentaires :

- https://www.unenvironment.org/interactive/beat-plastic-pollution/fr/