Entreprises Et Établissements Publics (EEP) : Quelle Contribution Pour Le Développement Régional Et La Compétitivité Territoriale Au Maroc ?

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Entreprises et établissements

publics (EEP): Quelle


contribution pour le
développement régional et la
compétitivité territoriale au
Maroc ?

Ibtissam BENERRAMI
Doctorante en Economie à la FSJES MOHAMMEDIA
Av des FAR IMM Moujid N°12 benslimane
06 76 06 00 21
[email protected]

Ahmed HEFNAOUI
Professeur universitaire à la FSJES MOHAMMEDIA
06 61 56 92 41
[email protected]
Ibtissam BENERRAMI & Ahmed HEFNAOUI 90

Résumé
Entreprises et établissements publics (EEP): Quelle contribution pour le
développement régional et la compétitivité territoriale au Maroc ?
Les Etablissements et Entreprises Publics (EEP), acteurs décisifs dans
l’économie nationale, concourent de manière considérable à la mise en œuvre
des politiques publiques, à la réalisation de projets structurants sous un
partenariat public privé et à la création des conditions encourageant
l’investissement privé et permettant l’accélération du rythme de développement
économique et social, la diversification des sources de croissance et l’amélioration
des conditions de vie des citoyens.
A ce propos, les orientations gouvernementales concernant les EEP visent le
renforcement de leur rôle dans la dynamique économique et sociale via
l’accélération de l’exécution de leurs programmes d’investissement ainsi que
l’amélioration de leurs performances et de la qualité de service rendu aux
usagers, tout en veillant à consolider continuellement leur mode de gouvernance.
De nombreux chantiers sont ainsi menés pour renforcer les performances
des EEP et améliorer l’efficacité de leur gestion, à travers particulièrement la
réforme du dispositif de gouvernance, de contrôle et de transparence des EEP, la
contractualisation de leurs relations avec l’Etat et la mise en place d’une gestion
active du portefeuille.

Mots-clés : Etablissement, public, entreprise, partenariat, privé,


performance.
Classification JEL : G31,G32.

Dossiers de Recherches en Economie et Gestion Dossier N° 7 Mars 2019


Entreprises et établissements publics (EEP) … 91

Abstract
Companies and public corporations (EEP): Which contribution for regional
development and territorial competitiveness to Morocco?

The Public Establishments and Companies (EEP), decisive actors in the


national economy, contribute in a considerable way to the implementation of the
public policies, completion of projects structuring under a private and to the
creation of the conditions encouraging the private sector investment and allowing
the acceleration of the rhythm of economic development and social public
partnership, the diversification of the sources of growth and the improvement of
the living conditions of the citizens.
On this subject, the governmental orientations concerning the EEP aim at
the reinforcement of their role in the economic dynamic and social via the
acceleration of the execution of their investment plans as well as the
improvement of their performances and of quality of service returned to the
users, while taking care to consolidate their mode of governance continuously.
Many building sites are thus carried out to reinforce the performances of the EEP
and to improve the effectiveness of their management, through particularly the
reform of the device of governance, control and transparency of the EEP, the
contractualisation of their relations with the State and the installation of an active
management of the wallet .

Keywords: Establishment, public, company, partnership,


deprived, performance
JEL classification: G31 ,G32 .
Ibtissam BENERRAMI & Ahmed HEFNAOUI 92

Introduction

Notre article s’articule autour de la performance du secteur public, un


projet qui vient d’analyser les bonne pratiques de gouvernance , qui portent les
EEP comme étant un acteur majeur de prise de décision dans le cadre d’un
partenariat public privé ( PPP )ma thèse doctorale, vers un nouveau pallier en
termes de reddition et de transparence d’une part, et ambitionne d’améliorer
l’efficacité du contrôle financier de l’Etat sur ces organismes en l’orientant vers
l'appréciation des performances et la prévention des risques d’autre part et ce, à
travers la clarification des objectifs du contrôle et des responsabilités des acteurs
et l’introduction d’une nouvelle typologie, mieux adaptée, de contrôle en
répondant à la problématique suivante : Dans quelles mesures les EEP
contribuent-ils au développement régional et à la compétitivité des territoires
au Maroc?

En effet, Le rôle des Établissements et Entreprises Publics (EEP) dans la


dynamique économique du pays est appelé à se consolider en 2016 et ce, en
harmonie avec les objectifs d’encouragement de l’investissement privé national et
étranger.
Cet essor est reflété par la consolidation de la consistance du portefeuille
public et de ses performances opérationnelles et financières qui ne cessent de
progresser, soutenant davantage les mutations qualitatives du modèle de
développement économique et social du Maroc.

1. Performances du portefeuille public

La composition du portefeuille public se présente comme suit :

- 212 établissements publics, couvrant majoritairement sept groupes


sectoriels opérant dans les domaines clé de l’économie nationale, à savoir
l’agriculture, la santé, l’éducation, l’urbanisme et l’aménagement, les
infrastructures, l’énergie et le secteur financier.
Il convient de signaler qu’en 2015 et avec l’entrée en vigueur du nouveau
découpage régional, le nombre des Chambres Professionnelles a été réduit
passant de 72 à 40 Chambres (12 Chambres d’Artisanat contre 24 auparavant, 12

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Entreprises et établissements publics (EEP) … 93

Chambres d'Agriculture contre 16 et 12 Chambres de Commerce, d’Industrie et de


Services contre 28), étant précisé que le nombre des Chambres de Pêche
Maritime est resté inchangé (4). De même, ce portefeuille a connu la création de
l’Agence Nationale des Plantes Médicinales et Aromatiques.
- 44 entreprises publiques à participation directe du Trésor, représentées
majoritairement (37 unités, soit 84%) par les sociétés à participation publique du
Trésor de grande importance : OCP SA, HAO, ADM, CAM, MASEN, RAM et Barid Al
Maghrib.

La répartition sectorielle de ces 256 EEP se présente comme suit :

Figure 1 : répartition sectorielle du portefeuille public

Source : rapport sur le secteur des entreprises et établissements publics, DEPP


2016.
Cette répartition fait ressortir l’importance relative des EEP opérant dans
les secteurs socioéducatifs qui représentent 30% du portefeuille public, suivis de
ceux agissant dans le secteur de l’habitat, de l’urbanisme et du développement
territorial avec 21%. Le secteur de l’agriculture et de la pêche maritime est
présent à hauteur de 12%, alors que la composante ressources naturelles (eau,
énergie et mines) absorbe 15%.
Par ailleurs, certains de ces EEP détiennent des filiales ou des participations
au nombre total de 442 unités dont 236 sont détenues majoritairement
(participation publique directe et indirecte supérieure ou égale à 50%) et 206 sont
détenues minoritairement (participation publique directe et indirecte inférieure à
50%).
Le portefeuille public se distingue, en particulier, par une forte implantation
aux niveaux régional et local avec 172 EEP (145 Établissements publics, 9
Ibtissam BENERRAMI & Ahmed HEFNAOUI 94

entreprises à participation directe du Trésor et 18 entreprises relevant des


Collectivités Territoriales). Cette distribution reflète ainsi une contribution
substantielle du portefeuille public au développement territorial du pays et une
réelle implication dans le renforcement de la déconcentration et de la
décentralisation de l’action publique.
1.1Consolidation des performances des EEP
1.1.1 Indicateurs d’activité
• Investissements
Le volume d’investissement prévisionnel des EEP au titre de l’exercice 2016 est de
108 MMDH, confirmant ainsi le maintien de ces investissements à un niveau élevé
et ce, conformément au choix résolument volontariste des pouvoirs publics en la
matière. Cet effort est porté à hauteur de 70%, par une quarantaine d’EEP ou
groupes d’EEP tel que cela ressort du tableau ci-après :
Tableau 1 : l’investissement prévisionnel au titre de l’exercice 2016

Source : rapport sur le secteur des entreprises et établissements publics, DEPP


2016.

Cet effort d’investissement des EEP est adossé aux visions stratégiques du
pays couvrant des secteurs névralgiques. Ainsi, la répartition sectorielle montre
que 97% des investissements des
EEP seront dédiés, en 2016, aux secteurs des infrastructures, des
transports, de l’eau, de l’énergie et des mines de l’agriculture ainsi que les
secteurs financiers et de l’habitat et les secteurs sociaux.

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Entreprises et établissements publics (EEP) … 95

Figure 2. Répartition sectorielle des investissements prévisionnels au titre


de l’exercice 2016

Source : rapport sur le secteur des entreprises et établissements publics, DEPP


2016.

• Chiffre d'affaires (CA)


En 2016, le CA prévisionnel des EEP est appelé à enregistrer une
progression de 6% par rapport à l’exercice 2015 pour atteindre les 223,8 MMDH.
Cette évolution est en relation notamment avec l’amélioration escomptée du CA
du Groupe OCP, de l’ONEE, de la RAM et des Régies de Distribution.
Cet essor de la production des EEP confirme la tendance observée en 2015
et 2014. Ainsi, les probabilités de clôture de l’année 2015 font ressortir un CA de
211,2 MMDH, en augmentation de 7% par rapport à 2014.
Cette hausse s’explique essentiellement par la poursuite de la progression
du CA du Groupe OCP en relation avec l’augmentation du chiffre d’affaires à
l’export, de l’ONEE, des Régies de Distribution, du Groupe HAO, de l’ONDA et de
l’OFPPT.
Rappelons qu’en 2014, le CA avait connu une augmentation de 4,2%
passant de 190,1 MMDH en 2013 à 198 MMDH. Cette hausse résulte
principalement de l’augmentation du CA du Groupe OCP qui représente à lui seul
25% du secteur (+4% avec 48,9 MMDH contre 46,9 MMDH en 2013) en relation
avec le retournement favorable du cycle des cours des phosphates. Plus de 80%
Ibtissam BENERRAMI & Ahmed HEFNAOUI 96

du CA est le fait d’un groupe de 10 EEP parmi lesquels figurent le Groupe OCP,
l’ONEE (29,6 MMDH, en augmentation de 6% par rapport à 2013) et la RAM (13,9
MMDH en hausse de près de 4%).

Figure 3 : chiffre d’affaires des EEP durant la période 2013 -2016

Source : rapport sur le secteur des entreprises et établissements publics, DEPP


2016.

1.1.2 Structure financière


• Fonds Propres
Les Fonds Propres des EEP poursuivront leur consolidation en 2016 et 2015
à l’instar de ce qui été enregistré au cours des dernières années. En effet, ces
Fonds Propres avaient atteint 452,5 MMDH en 2014, en amélioration de 6,8% par
rapport à 2013.
Cette augmentation est particulièrement le fait de la CMR (+4,9% avec 86,5
MMDH), de la CNSS (+11,8% avec 70,3 MMDH), du Groupe OCP (+8,8% avec 51,7
MMDH), du FDSHII (+7,6% avec 50,9 MMDH), du Groupe CDG (+16,8 avec 22,7
MMDH), de l’ONCF (+2% avec 21,9 MMDH) et de l’ONEE (-5,3% avec 18,8 MMDH).
Il est à signaler que le recul des fonds propres de l’ONEE est dû à l’aggravation du
déficit des capitaux propres (- 4,8 MMDH en 2014 contre -3,9 MMDH en 2013) et
au léger recul de ses capitaux propres assimilés (-1% avec 23,5 MMDH).
• Endettement
L’évolution de l’endettement des EEP se révèle concomitante à celle de
leurs investissements, de leurs actifs et de leurs fonds propres.

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Cet endettement est appelé à s’inscrire en légère hausse, en 2015 et 2016,


par rapport au niveau atteint en 2014, année durant laquelle, les dettes de
financement ont connu une hausse de 15,6% par rapport à 2013 (214,7 MMDH
contre 185,8 MMDH). Près de 80% de ces dettes sont le fait de 6 entités qui
réalisent d’importants programmes d’investissement : ONEE, Groupe OCP, ADM,
ONCF, Groupe TMSA et CAM.
Les variations de ces dettes enregistrées en 2014 s’expliquent
essentiellement par :
- des mouvements à la hausse qui sont le fait des EEP suivants : ONEE (+3%
avec 53,9 MMDH), Groupe OCP (+94,5% avec 42,5 MMDH), ADM (+4,1% avec 37,5
MMDH), ONCF (+11,5% avec 19,3 MMDH) et Groupe TMSA (+6,4% avec 11,5
MMDH), tous engagés des programmes d’investissements ambitieux ;
- des mouvements à la baisse relatifs en particulier au CAM (-17,1% avec 7,5
MMDH), à la
RAM (-16,5% avec 4,1 MMDH), à l’ONDA (-0,03% avec 3,6 MMDH),au
Groupe HAO (-3,5% avec 3,6 MMDH), à Casa Transport (-5,5% avec 1,8 MMDH) et
à la STRS (-2,5% avec 1,7 MMDH).
1.2 Relations financières entre l’Etat et les EEP
Les transferts budgétaires entre l’Etat et les EEP constituent des
composantes importantes des ressources et des charges du Trésor et ce, à travers
deux principaux types de flux à savoir d’une part, les subventions débloquées par
l’Etat au profit d’EEP dont l’activité nécessite d’être subventionnée en vue
d’assurer le financement d’investissements structurants ou de plans de
développement ainsi que la réalisation de missions de service public et d’autre
part, les recettes versées par les EEP à l’Etat sous forme de dividendes et parts de
bénéfices, de produits de monopole et de redevances d’exploitation du domaine
public.
1.2.1 Transferts budgétaires de l’Etat aux EEP
Au titre du projet de loi de finances 2016, les projections en matière de
subventions budgétaires en faveur des EEP sont de l’ordre de 25 MMDH.
La mobilisation de ces subventions s’explique essentiellement par
l’accompagnement des investissements des EEP impliqués dans des projets
stratégiques et des projets structurants (programme autoroutier, projet de Ligne
à Grande Vitesse, amélioration de la production d’énergie et des mines, mise à
niveau des infrastructures…), l’envergure des programmes destinés aux secteurs
socio-éducatifs (amélioration de l’enseignement et de la recherche scientifique,
Ibtissam BENERRAMI & Ahmed HEFNAOUI 98

création de nouveaux CHU, missions de service public et les programmes dédiés


au monde rural…).
Au titre de la loi de finances 2015, les réalisations en matière de
subventions budgétaires en faveur des EEP ont atteint 17.295 MDH à fin août
2015 (contre 16.078 MDH à fin août 2014), soit un taux de réalisation de 67% par
rapport aux prévisions actualisées de l’année 2015 (25.772 MDH).
Concernant l’exécution de la Loi de Finances 2014, le total des subventions
versées aux EEP avait atteint 25.519 MDH dont 52% au titre des dotations de
capital et d’équipement et 48% au titre du fonctionnement. Ces transferts
représentent 9,7% des dépenses totales du BGE y compris les dépenses
d’investissement. Le graphique ci-après représente la structure des transferts
budgétaires aux EEP en 2014 :
Figure 4 : structure des transferts budgétaires aux EEP en 2014

Source : rapport sur le secteur des entreprises et établissements publics,


DEPP 2016.
Les transferts budgétaires de l’Etat aux EEP sont essentiellement destinés
aux secteurs prioritaires suivants : secteur social (11.702 MDH), énergie et mines
(4.272 MDH) et agriculture (3.887 MDH). Le graphique, ci-après, retrace la
répartition sectorielle des subventions aux EEP à fin décembre 2014 :
2. Amélioration de la gouvernance et de l’efficacité de gestion des EEP
L’année 2016 est appelée à constituer l’année de l’accélération de la
concrétisation d’importantes réformes dont la plupart ont vu la mise en place du
cadre légal et réglementaire y afférent en 2015. En effet, l’année 2015 est
particulièrement marquée par la finalisation et la mise en place de réformes

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Entreprises et établissements publics (EEP) … 99

structurantes pour l’économie nationale et ce, dans un environnement de plus en


plus compétitif et exigeant en termes de gouvernance, de qualité de service,
d’infrastructures et logistiques concurrentielles et dynamiques. Ainsi, outre la
réforme de la Loi Organique relative aux Lois de Finances (LOLF) qui aspire à
améliorer la lisibilité de l’action publique et à l’orienter vers l’atteinte de résultats
clairement prédéfinis tout en assurant une meilleure transparence de leurs
budgets et de leur gouvernance, l’année 2015 a connu la publication du nouveau
cadre juridique régissant le Partenariat Public-Privé (PPP), à travers la publication
de la loi n° 86-12 relative aux contrats de PPP le 22 janvier 2015 et du décret n° 2-
15-45 pris pour son application le 1er juin de la même année et ce, après un débat
parlementaire riche, couronné par l’approbation à l’unanimité de ladite loi.
De même, dans le cadre des efforts déployés pour améliorer le climat des
affaires, en particulier la transparence des petites et moyennes entreprises, la
profession de comptable agréé a été dotée d’un cadre légal dédié permettant de
réglementer et d’instituer une Organisation professionnelle dédiée à cette
profession et ce, en vertu de la loi n° 127-12 publiée au Bulletin Officiel le 20 août
2015. En effet, cette loi vise à réorganiser cette profession en vue de remédier aux
insuffisances relevées au niveau du cadre réglementaire régissant actuellement le
titre de comptable agréé. Cette loi s’inscrit également dans l’esprit de la
Constitution en contribuant au renforcement de la transparence financière et à la
moralisation des affaires et ce, à travers la modernisation du fonctionnement et
de la gouvernance de la profession comptable et l’instauration d’un climat de
confiance pour l’investissement.
D’autres chantiers de réformes sont menés dans l’objectif d’améliorer
davantage la gouvernance des EEP et de renforcer l’efficacité de leurs actions et la
qualité de leurs interventions et ce, dans la perspective de mieux contribuer à
l’amélioration de la compétitivité et de la productivité du tissu économique
national, au développement de la connectivité des territoires, à l’attrait des
investissements et à la réduction des coûts des facteurs. Il s’agit particulièrement
de la consolidation du dispositif de gouvernance et de transparence des EEP, de
l’amélioration du mode de passation de la commande publique et de la mise en
place d’une politique de Gestion Active du Portefeuille.
Ibtissam BENERRAMI & Ahmed HEFNAOUI 100

2.1 Partenariat public privé : levier de développement des


investissements publics
Le déploiement du cadre juridique des PPP, entamé en 2015, a pour objet
de définir un cadre général unifié et incitatif au développement des PPP au Maroc
au profit de l’Etat et des EEP.
Les principaux objectifs escomptés consistent à :
- harmoniser le cadre général de préparation, d’attribution et de suivi des
projets PPP ;
- créer un cadre plus incitatif pour intensifier le recours aux PPP dans les
différents secteurs pertinents y compris les secteurs non marchands ;
- offrir une plus grande visibilité aux investisseurs nationaux et
internationaux pour le développement des projets PPP et créer de nouveaux
mécanismes de gestion de la commande publique.
A cet égard, le recours aux PPP s’inscrit dans le cadre de l’évolution
qualitative du rôle de l’Etat et des autres organismes publics, appelés à renforcer
davantage leurs partenariats avec les opérateurs privés. Il constitue ainsi un levier
de premier choix et une alternative de financement pertinente pour accompagner
les investissements publics afin de renforcer le infrastructures du pays, accroître
sa compétitivité et améliorer les conditions de vie des populations. De même, le
PPP permet de bénéficier de l’expertise et des capacités d’innovation et de
financement du secteur privé et d’améliorer ainsi l’effectivité et la qualité des
services et l’efficience des dépenses publiques. Il représente enfin un changement
culturel dans les relations entre les secteurs public et privé se traduisant par la
maîtrise des coûts, le partage des opportunités et des risques et le renforcement
de la qualité des services publics.
La mise en place du nouveau cadre vient également consolider et
compléter le cadre juridique existant et ce, via la généralisation de l’habilitation
du secteur public à contracter des contrats PPP compte tenu des nombreuses
expériences réussies en la matière dans divers secteurs que le Maroc compte à
son actif. Cette nouvelle loi sur les PPP est basée sur les principes de bonne
gouvernance, de corrélation entre responsabilité et reddition des comptes et
d’égal accès des citoyens aux services publics.
Elle assoie également les règles relatives à la concurrence et à la
transparence dans l’attribution des projets PPP, à l’évaluation préalable des
projets pour s’assurer de la pertinence du choix du PPP et au dialogue compétitif

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pour maximiser les chances d’avoir la meilleure offre et l’excellent rapport coût-
avantage au profit de la personne publique. Cette loi introduit aussi le partage
optimisé des risques pour veiller au maintien de l’équilibre économique du
contrat et de la rémunération sur la base du niveau de performance ainsi que des
mécanismes de suivi et de contrôle durant les phases d’exécution et
d’exploitation du projet.
De même, parmi les apports fondamentaux de cette loi figure l’obligation
d’évaluer les contrats de PPP par la personne publique ainsi que la mise en place
d’un ensemble de dispositions et de mécanismes pour assurer une meilleure
gouvernance et un pilotage plus efficient des projets PPP. Ainsi :
- la loi a prévu les clauses minimales et pertinentes à préciser dans un
contrat de PPP pour assurer sa pérennité, l’équilibre des relations et l’intérêt des
usagers ;
- cette loi fait obligation d’informer sur les contrats PPP en publiant une
synthèse des principales clauses ;
- elle fait obligation d’établir annuellement un rapport sur l’exécution du
contrat PPP et le niveau de satisfaction des obligations des deux parties.
Le succès durable des PPP dépend fortement de la qualité de préparation
des projets, de la rigueur et de la transparence dans l’attribution des contrats, de
la clarté des clauses des contrats conclus et de la convergence des attentes des
citoyens, de l’Etat et du secteur privé en termes de qualité de services,
d’optimisation des coûts et de rentabilisation des capitaux investis. En effet, le
caractère durable des contrats PPP peut être appréhendé à travers les éléments
suivants :
- un plus grand soin dans la préparation des projets pour mieux répondre
aux attentes des usagers avec le souci permanent de préserver le patrimoine et la
qualité de service ;
- la soumission des projets à l’évaluation préalable pour s’assurer que le
mode PPP est le mieux adapté pour leur réalisation et pour leur exploitation et
permettre, ainsi, la pérennité des contrats ;
- le renforcement de la bancabilité des projets et l’optimisation des charges
de financement à travers un ensemble de mécanismes idoines : partage des
risques, octroi de suretés/garanties, préservation de l’équilibre économique des
contrats, institution de la possibilité de faire substituer la personne privée
défaillante ;
Ibtissam BENERRAMI & Ahmed HEFNAOUI 102

- l’institution d’un cadre global de gouvernance des contrats de PPP


couvrant les phases d’accompagnement, d’approbation, d’autorisation,
d’information, de contrôle, d’évaluation et de Reporting.
Par ailleurs et afin de permettre le développement du tissu productif
national, le nouveau cadre légal des PPP intègre la préférence nationale et
favorise la promotion des petites et moyennes entreprises et l’émergence
d’acteurs nationaux disposant du savoir-faire et des moyens adéquats.
Cette approche partenariale constituera un nouveau relais pour
l’amélioration de l’offre marocaine en infrastructures et services et ce, en
parallèle à l’intensification continue de l’investissement public direct. Elle
permettra également de renforcer la gouvernance économique et
l’environnement des affaires en termes d’efficacité, de célérité et de
transparence.
A cet effet, la mise en oeuvre de ce nouveau cadre légal et réglementaire
suppose la synergie des efforts et la conjugaison des capacités publiques et
privées en vue d’identifier les projets publics de développement les plus
pertinentes susceptibles d’être réalisés en mode PPP et pouvant répondre aux
dispositions contenues dans ledit cadre juridique.
Par ailleurs, afin de compléter le dispositif juridique et opérationnel
permettant de développer le recours au PPP, un ensemble de guides
méthodologiques et de manuels didactiques sont élaborés en vue de permettre
le renforcement et la professionnalisation du recours au PPP.
2.2 Renforcement de la gouvernance et de la transparence du portefeuille
public
Dans l’objectif de renforcer la contribution des EEP à la dynamique de
développement économique et social et à l’amélioration du climat des affaires et
de la compétitivité du pays, des efforts sont déployés pour le renforcement de la
gouvernance de ces EEP et de leur transparence à travers la finalisation du projet
de réforme globale du système de leur contrôle et de leur gouvernance, la
consolidation des avancées réalisées en termes de déploiement des bonnes
pratiques de gouvernance des EEP recommandées par le Code marocain de
bonnes pratiques de gouvernance des EEP et de la généralisation progressive de la
contractualisation de leurs relations avec l’Etat ainsi que le renforcement de la
transparence de ces organismes à travers notamment le développement de leurs

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Entreprises et établissements publics (EEP) … 103

instruments de gestion, la poursuite des audits externes de ces organismes et


l’amélioration de leurs délais de paiement.

Conclusion :
Il est à noter qu’en répondant à l’objectif de l’article étant donné que les
EEP contribuent effectivement au développement régional et à la compétitivité
des territoires par le renforcement de la transparence et la gestion active du
portefeuille public.
Et ceci en relation avec l’amélioration du climat des affaires qui occupe une
place de choix dans la stratégie gouvernementale visant à bâtir une économie
solide, capable de faire face aux défis de l’amélioration de la productivité et de la
compétitivité de son système productif, des actions seront entreprises au cours
de l’année 2016 pour le développement continu des instruments de gestion des
EEP, la consolidation de leurs transparence et la convergence vers les normes
comptables internationales, l’amélioration de leurs relations avec les parties
prenantes à même de contribuer à la facilitation de la pratique des affaires au
Maroc et ce, en capitalisant sur les avancées réelles réalisées au cours des années
2014 et 2015 qui ont été marquées par la conduite de nombreuses opérations et
la finalisation et/ou la mise en place effective de nombreux cadres législatifs et
réglementaires en la matière.
Ainsi, dans le cadre de la mise en place de la nouvelle réglementation des
marchés publics consacrant l’harmonisation des procédures de passation de la
commande publique en élargissant son champ d’application aux Collectivités
Territoriales et à certains Établissements Publics (EP).
Sur un autre plan, un accompagnement particulier des EEP est assuré en
matière de délais de paiement des fournisseurs des EEP dans l’objectif d’améliorer
l’efficacité de leur commande publique et dans le sillage des efforts déployés par
le Gouvernement.
De même, en matière de contrôle financier, le Ministère a veillé à
l’élaboration de deux nomenclatures des pièces justificatives des dépenses des
établissements publics, destinées aux contrôleurs d’Etat, aux trésoriers payeurs et
aux agents comptables, l’objectif étant d’accélérer et d’harmoniser les procédures
d’engagement et de paiement des établissements publics.
Pour leur part, les opérations d’audits externes des EEP lancées par le
Ministère de l’Économie et des Finances après accord du Chef du Gouvernement,
ont été poursuivies dans l’objectif de renseigner sur l’efficacité des processus de
Ibtissam BENERRAMI & Ahmed HEFNAOUI 104

gouvernance, de management des risques, de contrôle et de fixation des objectifs


stratégiques des EEP. Elles visent également à évaluer l’efficacité et l’efficience de
la gestion des ressources publiques, des décisions des managers, des
organisations des EEP et de l’atteinte de leurs objectifs permettant, en définitive,
d’apprécier les performances des EEP.
Les principales recommandations mises en oeuvre par les EEP audités
concernent les volets relatifs à la gouvernance et à la gestion, notamment,
l’adoption de textes de loi, la mise en place d’une nouvelle organisation, la mise
en place des systèmes d’information et des indicateurs de performances,
l’élaboration d’un schéma directeur des ressources humaines, la formalisation des
procédures, la mise en place de la comptabilité générale et l’élaboration de
l’inventaire du patrimoine. Le suivi de la mise en oeuvre des recommandations
des audits externes a incité les EEP audités à lancer plusieurs chantiers de réforme
et des projets structurants, ce qui a eu un impact positif sur leur gestion en
termes d’amélioration de la gouvernance et de modernisation des outils de
gestion. Le programme d’audit externe des EEP, en cours de réalisation, porte sur
l’audit de la fonction commerciale (facturation/recouvrement) au niveau des
Régies Autonomes de Distribution d’eau et électricité de Marrakech, de Kenitra,
d’Oujda et de Meknès, ainsi que l’audit stratégique et l’examen des scénarii de
devenir de la Société Marocaine d'Ingénierie Touristique (SMIT) et de l’Office de
Commercialisation et d’Exportation (OCE).
De même, les actions menées dans l’objectif de consolider la transparence
et améliorer la lisibilité des comptes des entreprises marocaines portent
notamment sur la mise en place de la loi n° 127-12 réglementant la profession de
comptable agréé et instituant une Organisation professionnelle des Comptables
Agréés et la convergence vers les normes comptables internationales.
En matière de responsabilité sociale et environnementale (RSE) et de
développement durable, de nombreux EEP ont enregistré des avancées notables.
Ainsi, à titre d’illustration, le Groupe OCP intègre les enjeux sociaux,
environnementaux et économiques à tous les niveaux de son activité et ce, en
relation avec sa position de leader mondial. Dans ce sens, les investissements
écologiques renforcent la compétitivité du Groupe tout en lui permettant, entre
autres, de réaliser des économies en eau et en énergie, de recycler, d’améliorer et
d’éliminer les déchets d’une manière responsable. En outre, le Groupe réalise des
investissements substantiels dans des infrastructures sociales grâce à des

Dossiers de Recherches en Economie et Gestion Dossier N° 7 Mars 2019


Entreprises et établissements publics (EEP) … 105

programmes sociaux, adressés aux populations les plus défavorisées, pour faciliter
notamment l'accès à l'éducation.

Quant à la gestion active du portefeuille public, le Ministère de l’Economie


et des Finances a conduit en 2014 une réflexion, appuyée d’une étude confiée à
un cabinet externe et la consultation des principaux EEP et départements
ministériels concernés, pour identifier les actions devant encadrer le rôle de l’Etat
actionnaire et ce, dans l’objectif de mettre en place une gestion active du
portefeuille public (GAP). Ce mode de gestion trouve son fondement dans la
nécessité de mieux incarner le rôle de l’Etat actionnaire, en plus des deux autres
rôles joués par l’Etat, à savoir l’accompagnement stratégique et le contrôle. En
effet, la valorisation patrimoniale du portefeuille public a été focalisée jusqu’à
présent essentiellement autour des actions de privatisation et de création ou de
filialisation, alors que, compte tenu des enjeux économiques et stratégiques dudit
portefeuille, les fonctions de valorisation du portefeuille doivent être renforcés,
dans un cadre formalisé, pour accompagner un périmètre pertinent d’EEP dans
leurs efforts de développement stratégique, de renforcement de leur leadership
sectoriel, d’amélioration de leur rendement, de diversification de leur mode de
financement, en s’appuyant notamment sur les PPP et le développement de la
rémunération des fonds propres et en préservant leurs capacités de financement
de leurs programmes d’investissement.
Les résultats de cette étude ont abouti également à la nécessité de
formaliser la stratégie actionnariale publique encadrant la fonction de l’Etat
actionnaire afin de préciser les lignes directrices de cette fonction dans le cadre
d’une charte et déterminer le premier périmètre des EEP devant faire l’objet de ce
mode de gestion. Le périmètre proposé a été sélectionné sur la base de critères
permettant d’apprécier l’intérêt d’application d’une telle gestion active,
notamment l’enjeu socio-économique porté par l’EEP, les attentes de l’Etat vis-à-
vis de cette entité, son type d’activité et son stade de développement. Ce
périmètre sera composé, dans un premier temps, d’une trentaine d’EEP portant
l’essentiel des performances économiques et financières. Par ailleurs, la stratégie
actionnariale a fixé des objectifs clairs, mesurables et adaptés au besoin des EEP
concernés, visant tout d’abord le développement du leadership des entités
publiques dans les secteurs stratégiques pour assurer la croissance de l’économie,
la création des effets d'entraînement sur l’économie nationale, l’amélioration de
Ibtissam BENERRAMI & Ahmed HEFNAOUI 106

la compétitivité de l’offre Maroc et le renforcement des pratiques de bonne


Gouvernance.
En termes d’engagements à l’égard de son portefeuille, l’Etat actionnaire
contribuera, à travers cette charte, à développer davantage les EEP et à
encourager les synergies, à mettre en place une politique de dividendes
responsable, lisible et transparente et à respecter l’autonomie de gestion et
l’intérêt social des EEP. En contrepartie, les EEP sont appelés à développer des
modèles de croissance viables, préserver et développer la valeur du patrimoine
public, répondre à l’obligation de transparence et de reddition de comptes, piloter
les EEP par la performance et améliorer le Reporting et développer les
compétences internes.

Enfin, l’étude a conclu à la proposition d’un projet de loi relatif à la gestion


active du portefeuille public relevant de l’Etat, intégrant les principes et modalités
nécessaires pour encadrer et régir les principales fonctionnalités afférentes à la
gestion active (ouverture du capital, cession de parts minoritaires, fusion/scission,
augmentation de capital…). Ce projet de loi vise la mise en place des mécanismes
garantissant d’une part la transparence des opérations patrimoniales accomplies
par l’Etat et d’autre part la souplesse requise pour s’adapte rapidement à des
changements de contexte pouvant affecter telle ou telle position actionnariale de
l’Etat.

Dossiers de Recherches en Economie et Gestion Dossier N° 7 Mars 2019


Entreprises et établissements publics (EEP) … 107

Références bibliographiques :
Rapports et études :
• Le code Marocain de bonnes pratiques de gouvernance des entreprises et
établissements publics –bilan de la gouvernance des EEP ;
• Commission nationale de la gouvernance de l’entreprise : code marocain de
bonne pratiques de gouvernance des entreprises et établissements publics : (2008);
• Rapport sur les établissements et les entreprises publics PLF 2016 (2016) ;
• Ahmed Belfahmi, (2014) « La gouvernance des entreprises publiques au Maroc »,
Tunis 21/05/2014.

Articles :
• « Performances du portefeuille public : investissements en hausse »(2007), la
gazette du Maroc, 17/11/2007 ;
• « Maroc : La performance des établissements et entreprises publics en
appréciation en 2012 », MAP 22/10/2013 » ;
• Abdelaziz Talbi (2010) ,« La gouvernance des entreprises publiques au Maroc »,
HAWKAMAH – Paris du 1er au 3 mars 2010

Liste des tableaux


• Tableau 1 : l’investissement prévisionnel au titre de l’exercice 2016

Liste des figures


• Figure 1 : répartition sectorielle du portefeuille public
• Figure 2. Répartition sectorielle des investissements prévisionnels au titre de
l’exercice 2016
• Figure 3 : chiffre d’affaires des EEP durant la période 2013 -2016
• Figure 4 : structure des transferts budgétaires aux EEP en 2014

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