La Blockchain Une Révolution de Lintermédiation

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La Blockchain, une révolution de l’intermédiation :

un gain pour les entreprises au détriment des tiers


de confiance ?

Hervé Guimon, Jean-Louis Lathière

Directeur de mémoire : Monsieur Jacques AMAR


Executive Master “Finance d’entreprise et pilotage de la performance”

16 Février 2018
Avant propos

« la blockchain est à la confiance, ce qu’Internet a été à la communication »


(Henri Verdier, 2016)
Sommaire

I. Les concepts clés


II. La problématique
III. Etat des lieux , limites et perspectives de la blockchain
IV. Les hypothèses retenues
V. Les points de rupture dans la dynamique contractuelle
VI. La méthodologie
VII. Le terrain – Gare de Massy TGV
VIII.La situation initiale – constat de dysfonctionnements
IX. La solution disruptive : mise en place de la blockchain
X. Les résultats
XI. Les apports académiques et managériaux
Le Bitcoin

Inventé en 2008 par « Satoshi Nakamoto »


Les origines
Innovations Contexte
• Architectures décentralisées • 2007/2008 Crise des subprimes
• Cryptographie asymétrique (sans intermédiaires) • Crise de confiance généralisée

Architecture centralisée Architecture décentralisée

Objectif Limites actuelles


Faisabilité d’une crypto-monnaie basée sur un ➢ Dérives illicites et
système de confiance répartie entre tous les vulnérabilité de certaines
membres sans tiers de confiance. plate-forme, mais réaction des
autorités
-> déjà accepté par certains commerces au
Japon, US, Australie, … ➢ Volatilité extrême

➔ Pour ces raisons, son intérêt pour les entreprises paraît bien moindre que celui de la
technologie sous-jacente, la Blockchain
Qu’est ce que la Blockchain ?

Définition : Un registre de transactions numérique infalsifiable et distribué en P2P


instaurant la confiance sans intermédiaires.

Caractéristiques Propriétés
• Cryptage asymétrique et hachage • Sécurité
• Historisation et partage des données • Traçabilité et audit
• Réplication des données • Autonomie
• Code Open Source • Transparence

Validation quasi-instantanée : Gain


de temps par rapport aux délais des
tiers de confiance
Élargissement des applications à tous les modèles transactionnels - smart contract

La puissance de la Blockchain ne se limite pas à des transactions statiques : les contrats


passés entre des agents peuvent inclure des variables d’où la création du « smart contract ».

En 1993, le principe du « smart contract » est d’automatiser les relations contractuelles, en


évitant les interventions humaines. Tous les secteurs économiques seront concernés
(obtention d’un prêt bancaire ou indemnisation d’un sinistre).

Selon Szabo (1997), le « smart contract » ou contrat intelligent est un programme


informatique mettant en application un contrat traditionnel (non numérique) et exécutant
automatiquement les clauses de ce contrat dès que les conditions sont réunies.

Source : https://faizod.com/blockchain-technology/
La problématique

La Blockchain, une révolution de l’intermédiation : un gain pour les entreprises au

détriment des tiers de confiance ?

Intermédiation : la présence et le rôle d’un intermédiaire dans le cadre d'une


transaction contractuelle

Tiers de confiance : intermédiaire qui valide, sécurise et atteste la transaction entre


l’acheteur et le vendeur

La technique Blockchain permet de rechercher des données, définir les termes du contrat, de
lancer des opérations et de valider sa bonne exécution de manière automatique.

La transaction entre A => B a eu lieu de manière transparente, sécurisée et sans avoir eu


recours à une quelconque intermédiation coûteuse.
État des lieux de la Blockchain

Etude Deloitte 2016 sur l’Industrie financière (présentation ?)


• Aura un impact sur leur métier pour 92%
• Seuls 9% ont des craintes ou des doutes sur cette technologie
• Frein à l’adoption : incertitudes sur la réglementation pour 49%
• Blockchain plus pour son potentiel à améliorer l’existant qu’en terme
d’innovation métier
• Nette préférence pour les consortium et les blockchains privées (70%)
• Etude de cas avec une mise en œuvre dans une banque. Bilan : gains conséquents
et optimisation des processus

Limites & perspectives


• Consommation électrique -> surtout liée à la spéculation, évolutions techniques
en cours
• Réglementation -> impactera les crypto-monnaies plutôt que les applications avec
smart contracts
Les hypothèses retenues

1ère hypothèse

• La mise en place et les frais de fonctionnement d’une blockchain représentent-ils un


investissement trop important pour une entreprise ?
• Le coût énergétique élevé de la validation des transactions sera-t-il un frein à son
déploiement ?

2ème hypothèse

• Une meilleure sécurisation des transactions et une réduction de l’intermédiation permises


par la blockchain répondront-elles complétement aux attentes des entreprises ?
• Les smart contracts tiendront-ils leurs promesses en termes de baisse des coûts de
transaction notamment en limitant les incertitudes liées aux recours contentieux ?
La méthodologie d’une étude de cas

Démarche exploratoire pour une vision large sur le Bitcoin, puis la Blockchain
➢ Finance d’entreprise et institutions financières
➢ Bitcoin -> Blockchain et enjeux pour les entreprises

Approche déductive
1. Cadres explicatifs sélectionnés : théorie de l’agence, coûts de transaction,
dynamique contractuelle
2. Observer de manière empirique l’impact de la Blockchain sur ces cadres

Données Primaires : Approche qualitative par Etude de cas


➢ Entretiens semi-directifs ➢ Analyse thématique
➢ Secteur non financier car moins étudié ➢ Stratégie
➢ Grand groupe : diversité des projets de Blockchain ➢ Retours attendus

Remarque : le nombre réduit de cas, limite la généralisation de l’observation


➢ Etude sectorielle large par cabinet d’étude
Données Secondaires : Approche quantitative ➢ Industrie financière
➢ Attentes en économie et gouvernance
La remise en cause des coûts de transaction grâce au smart contract

Transaction actuelle

A Intermédiaires Experts Contentieux B

Williamson, O.E. (1975), Markets and Hierarchies : Analysis and Antitrust


Implications, New York, The Free Press.

Nouveau processus

A Intermédiaires Experts Contentieux B

« Smart Contract »
Les points de rupture avec la théorie de l’agence

Structure verticale Structure horizontale

Asymétrie de
l’information

Divergence d’intérêts
Principal

Tiers de Contractant Contractant Contractant


A B …
confiance

« Smart contract »
Agent

Jensen M.C., Meckling W.H. (1976), Theory of the Firm, Managerial Behavior,
Agency costs Ownership structure, Journal of Financial Economics, Vol. 3, 345-360
Le terrain-1

CA : 32,3 Mds € / Effectifs : 260 000


Nbre de voyageurs : 5 millions / jour
Nbre de gare voyageurs : 3 029

Start-up
Données mobilisées :
KEEEX
Filiale
AREP - Données primaires :
2 entretiens semi directifs
 face à face d’1h30 avec
AREP
 entretien téléphonique d’1h
avec KEEEX

- Données secondaires :
 étude Deloitte
 articles de recherche

Données sources: Rapport annuel d’activité


Le terrain-2

Les enjeux de la gestion des déchets :

Utilisation de la Blockchain (BC) pour mailler les différents intervenants de la chaine de


tri : 4 400 M3 de déchets divers par an soit l’équivalent d’une piscine olympique

Gare de Massy TGV

4 700 Voyageurs par jour


Trafic multiplié par 2,5 en
15 ans

Données sources: rapport frequentation SNCF


Situation initiale : constat de dysfonctionnements

1. Les Clients ne triaient plus car 3. L’Entreprise de collecte ne faisait


ils constataient que les sacs étaient plus passer de camions de tri, car le
mélangés au moment du nettoyage. contenu des bacs étaient
indifférenciés.

2. L’entreprise de Nettoyage sortait 4. L’Unité Gare ne disposait pas de


systématiquement tous les bacs au données fiables et donc ne pouvait
quotidien, sans tri, encombrant la exercer aucun contrôle sur la qualité
voie publique. et la quantité de déchets.

situation initiale : La gestion non rigoureuse de la collecte des déchets a deux incidences
financières :
• Des amendes mises par les services municipaux ;
• Des doutes sur l’exactitude de la facturation.
Recherche de solutions

A - Options rejetées en raison des coûts de mise en place


➢ Augmentation des contrôles par le recrutement d’agents supplémentaires ;
➢ Sollicitation de tiers de confiance pour auditer les processus.

B - Solutions techniques peu contraignantes : fluidifier la circulation de l’information


➢ Installation de QR code puis de beacons bluetooth sur les bacs ;
➢ Pesée manuelle puis automatique à l’aide d’une balance connectée.

C - Résultats des premières expérimentations


➢ Réhabilitation du rôle des agents de terrain ;
➢ Meilleurs échanges d’informations entre les employés, les commerçants et la gare ;
➢ Identification d’une origine des failles : décalage des dispositions des contrats avec le
quotidien du site.

Questions toujours en suspens :


• Persistance de l’ asymétrie d’information entre la gare et l’entreprise de collecte ;
• Réflexion sur l’adaptabilité des contrats ;
• Recherche d’un système de stockage, d’authentification et de partage des
données.
La solution retenue : la blockchain et les smart contracts

Transposition du circuit de collecte sur la Blockchain Ethereum

1. AREP définit une unité de comptage 3. Les camions des prestataires sont 5. Le signal de la balise du camion
qui sera le kilo. également équipés de beacons déclenche le smart contract du transfert
Aucune crypto-monnaie n’est utilisée. bluetooth. de propriété des déchets.

+kg

2. A chaque beacon bluetooth est associée 4. Les balises et la balance connectées transmettent à la
une nature de déchet. Blockchain la catégorie et le poids des déchets à évacuer.

Effets du nouveau dispositif :


• Reconnexion de l’ensemble des intervenants ;
• Identification des déchets (poids et nature) ;
• Suivi par tous du trajet en temps réel ;
• Smart contract automatise et fiabilise le transfert de la gare vers le prestataire.
Les frais liés à l’utilisation de la blockchain

Coûts d’installation et de maintenance :

➢ Création d’ un smart contrat : mise en place simple , rapide, peu coûteuse et adaptable
aux changements de prestataires ou de configuration ;
➢ Formation du personnel non significative grâce à l’usage d’outils intuitifs ;

➢ Frais de maintenance quasi inexistant, seul le minage des transaction est facturé.

Bilan carbone :
➢ Dépenses de consommation du minage sont compensées par l’amélioration valorisante
du traitement des déchets (recyclage)
Les gains constatés

Organisation Economie
Renégociation des
Confiance restaurée sans
termes des contrats ->
intermédiaire
factures approuvées

Satisfaction du travail fait Moins d’amendes,


: moins de poubelles Augmentation de la
visibles qualité du tri

Rationalisation du temps Gains de productivité


des agents Valorisation des déchets

Le secteur de traitement des déchets concerne tous les lieux qui accueillent du public.
Le fonctionnement de la BC est techniquement adaptable à toutes les configurations des gares.

La nouvelle organisation autonome supprime ou rend obsolète les contrôles par des tiers de confiance /
intermédiaires et réduit les risques de contentieux.
Les apports

Les apports académiques :

➢ Sujet innovant et peu étudié sous l’angle économique ;

➢ Impacts des nouveaux concepts : Bitcoin – Blockchain – Smart Contract sur


l’organisation et le fonctionnement traditionnels des entreprises.

Les apports managériaux :

➢ Preuves de la transposabilité de la technologie Blockchain ;

➢ Exemple pratique d’utilisation : de la réduction initiale des coûts à la création de


valeur.
La Blockchain, une révolution de l’intermédiation :
un gain pour les entreprises au détriment des tiers
de confiance ?

Hervé Guimon, Jean-Louis Lathière

Directeur de mémoire : Monsieur Jacques AMAR


Executive Master “Finance d’entreprise et pilotage de la performance”

16 Février 2018

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