Servation 'Quest Centre: Archiv Butare
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ARCHIV
servation de Ia biodiversitë
BUTARE de I 'Quest et du Centre
121400
3LrIlX6
Pratiques culturelles, Ia sauvegarde
ella conservation de Ia biodiversité
en Afrique de I'Ouest el du Centre
Actes du Séminaire-Atelier
de Ouagadougou (Burkina Faso),
du 18 au 21 juin 2001
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publication, sousquelque torme ou par quelque moyen que ce Soit— support electronique ou mecanique, photocopie ou autre
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spécialite mentionnés dana Ia présente publication ne soot donnés qua titre d'intormation et le tait qu'ilssoient mentionnés ne
signifie pas que le Centre es approuve,
Avant-propos
Les communications qui y sont présentdes proviennent des différentspays de Ia zone que
sont: le Burkina, la Côte d'Ivoire, le Niger, le Togo et la Guinée.Elles ont pour auteurs
des chercheurs appartenant a diverses disciplines a savoir: 1'agronomie, La geographie,
l'histoire, La socio-anthropologie, etc. Les approches utilisées ont done diffdrentes,
bien que le theme soit commun. Les discussions, parfois difficiLes a mener suite a des
difficultds de vocabulaire ou de communication, ont enrichissantes et ont permis a
chacunde comprendre 1'intérêt d'une approche interdisciplinaire, surtoutlorsqu'un sujet
aussi complexe que La diversitd biologique et la diversité cultureLle au service du
développement est traité.
Dans l'ensemble, toutes les communications présentdes dans cet ouvrage apparaissent
comme une contribution d'importance a la nécessité dans laquelle se trouvent les pays
africains d'intdgrer les savoirs et les pratiques endogenes dans les politiques
environnementales. Toutes ont eu a montrer, diversement, comment les sociétés
africaines, en particulier celles de l'ouest, confrontées a de graves problèmes de
degradation ou de surexploitation de leurs ressources natureLles et de disparition de
nombreuses espèces utiles, pourraient puiser dans Leurs savoirs beaux et dans les
pratiques culturelles pour faire face a ces situations. C'est ainsi que de très nombreuses
modalités de sauvegarde et de conservation de La biodiversité par ces sociétés ont dté
identifiées et analysees. A titre illustratif, les dimensions suivantes ont mises en
exergue:
- sacralisation par La religion traditionnelle, les mythes et les rites, des forêts, bois,
La
bosquets, arbres et de certaines espèces végétales et animates;
- les interditsd'ordre mystique, totémique, coutumier et juridique;
- le droitcoutumier et diverses sortesde rCglementation;
- le role de certains acteurs: femiiic. chefs de terre et de village
—
les savoirs, techniques et pratiqtie uIuii ales
- La littérature orate et l'art exaltant Ia heaut' de Li IhIuIre ( eontes,récits, mythes, poésie,
chansons...).
V
L'évocation de tous ces aspects traditionnels de sauvegarde et de conservation de la
biodiversité en vue de proposerdes strategies < pour enracinerles politiques,les plans et
programmes locaux ou nationaux d'utilisation de cette biodiversité dans les cultures
locales et nationales >> fait de cet ouvrage une contribution majeure et de qualité au
développement de la recherchescientifique pour le développement.
Innocent Butare
Juin 2003
Avant-propos
Table des matières
Introduction 9
Actesdu séminaire-atelier 11
3 Preservationde la biodiversité:
les réponsesdes religionsafricaines 47
6 Connaissances etpratiquestraditionnelles
pour uneconservation de la biodiversité
au BurkinaFaso 103
12 Representations végétales
commesoubassement auneaction
de sauvegarde et de conservation de la biodiversité 213
Annexes 263
Annexe I 265
Annexe2 269
Annexe 3 273
L'homme, depuis des siècles, a toujours utilisé les plantes pour satisfaire ses besoins
quotidiens (alimentation, soins de sante, etc.). Cette situation est particulièrement vraie
pour les pays africains et plusieurs auteurs estiment que plus de 80% de la populationsont
tributaires des ressources naturelles pour leur survie. Malgré cette importance pour
l'alimentation, I'artisanat, la médecine traditionnelle, l'industrie, etc., force est de
constater que de nos jours, ces ressources sont menacées par la croissance
demographique, l'urbanisation,la deforestation, le surpâturage, les feux de brousse. Acela
sajoutent les effets néfastesde la reduction du nombrede variétésde plantes cultivées par
les paysans et a lapratiquede Ia monoculture vulgarisée par les institutions de recherches.
De plus, la base trophique des populations, surtout des citadins, se réduit ; les gens
n'utilisentplus qu'un nombre limité de plantes pour s'alimenter,se soigner, se loger...
Toutes ces pressions anthropiques conduisent, dans la plupart des cas, a une
surexploitation qui entraIne Ia disparition, sinon Ia raréfication de nombreuses espèces
utiles. Heureusement on note dans toutes les regions d'Afrique Subsaharienne diverses
formes de savoirs locauxqui permettent,encore, unegestion same et durable des terroirs
et de Ia diversité végetale.
Les paysans africains ont su conserver et gérer au mieux une diversité de semences
adaptées a différentes conditions et sociales. Ii est temsTh rassembler tout
ce savoirlocal, le sumettre a 1'analyse scientifique pour mieux l'integrer dans Iscience
moderne.
- faire le point sur les recherches en cours sur les pratiques culturelles favorisant la
sauvegarde et la conservation de Ia diversité vegetale en Afrique de l'Ouest et du
Centreet sur les menaces, les défis et les opportunités
Introduction
Actes du Séminaire-Atelier
I
Gestion des espèces végétales
sacrées dans le milieu Madare
au Burkina Faso : cas du rônier,
du karité et du néré
1.1. La biodiversité
La mémoire, par definition, est une aptitudea se souvenir. Dans sa dimension collective,
c'est aussi un ensemble de souvenirs qui est lie a un groupe et qui permet a chaque
individu d'avoir le sentiment d'appartenance et la nécessité de participera La vie et a la
surviedu groupe. La mémoirecollective est ainside I'ordre de la production, de la gestion
1.2.2. La culture
Ce qui ne répond pas au modèle occidental n'est pas pris en compte. Méme les
scientifiques, qui ont tenté de s'orientervers Ia prise en compte des valeurs culturelles
locales, ont taxes de retardataires et leurs résultatsremis en question. Cette exclusion
explique, on ne le dira jamais assez, les multiples des projets. Aujourd'hui, la
Une méthode d'enracinement fondde sur Ia génétique culturelle exige en premier lieu que
l'on instaure de nouvellesrelations avec le passé, des relations chargées de sens. Selon
d'Haenens (1989), en se fondant sur le sens, ii s'agit de porter la réflexion sur trois
globalités: la globalitépostérieure on prospective, la globalité antérieureou génétique, la
globalitd présenteou diagnostique.
Or nos communautés villageoises baignent encore dans i'oralité. Ii sagit donc de mener
seulement une enquéte oralede type classiquepourrecueillir linformation sur Ia gestion
et Ia conservation de Ia biodiversité. Ii sagit de repérer, a travers les récits, les proverbes,
I'art, les rites, les comportements, etc., le sens profond des relations des communautés a
Ii sagit ici de comprendre, a travers une communauté ethnique, celle des Madare,cette
culture de sauvegarde et de conservation de la biodiversitéet cela a partir du fonds
religieux. Trois essences floristiques ont dtd choisiespour &ayernotre propos.
Les Madare occupent un territoirede forme rectangulaire s'étendant sur 140 km environ
du sud au nord et 90 km dest en ouest. Ii est coupé en biais, au nord par la frontière
malienne. Du côtd sud, Ia frontière se situe au iie degrd de latitudenord et a environ 70
km. Les Madare sont frontaliers avec les Bwaba au nord et a Vest, les Tiefo au sud, a
l'ouest les Sembla, les Senoupo, les Dioula et les Bolon. Certainsmembres de ces ethnies
limitrophes constituent des enclaves a l'intérieurdu territoireconsidéré. Le relief y est plat
et le climat de type tropicalavec deux saisons: une saison sèche, longue de huit a neuf
mois, et une autre, courte, de trois a quatre mois. La végétation est celle de La savane
La traditionorale soutient que les Madaresont venusdu Mandé aux iie et 12 siècles. us
auraienttrouvé sur place les Bwabaqui leur auraientaccordé l'hospitalité. En réalité, les
résultatsdes archdologues attestentque la region est habitéepar l'homme environ50.000
ans avant J.-C. Entre 15 000 et 5000 ans avantJ.-C., les traceshumainessont de plus en
plus nombreuses (matériels, premiers outillages, etc.). La découverte de fragments de
céramique et les preuves de l'apparition des plantes cultivées et de domesticationdes
animaux montrent un debut d'organisation des sociétés.
Encorede nos jours, près de 98% de la populationvit de l'agriculture qui est,tout compte
fait, un modede vie et non seulement une activitépurement dconomique. L'agriculture et
le paysannatsont la base fondamentale de la cultureet de l'organisation socio-politique en
milieuMadare.
Le village, fondé sur des rapports interlignages propres a l'ethnie, est régi par une
administration fortement décentralisée dont les principaux responsables sont les "Vore" ou
ames, ou grands frères, ou encore "Prayé", ou anciens.
L'autoritéest exercéepar:
Le chefde village Kirevoest chargé des affaires administratives du village. Lautorité qu'il
exerce repose sur Ia force de la communauté et non sur sa puissance individuelle. Ii est
donc un responsablemoral et non un dictateur. Le chef de village (et non du village)est
nomméen principe pour sept ans dans Ia même famille en suivantla lignee maternelle.
La nature ici est percue comme un don de l'être supérieur Wuro (Dieu). Ii est lêtre
transcendant, crdateur de l'Univers et de ihomme. Etant invisible, ii a delegué ses
pouvoirsa certains intermédiaires dont Tesprit de Ta brousseappeld sogo, responsablede
Ia gestionde lenvironnement.C'est avec Iui que le fondateurdu villagea noud un pacte
avantde sinstaller. Ii faut préciserque sogo ne sidentifie pas seulement au sol, a Ia terre
ou a Ia plante, mais a ce qui donnevie, fait croItre tout ce qui se trouve dans Ia nature.
A la fondationdu viTlage, par les soins du chef de terre, les espaces sacrés, demeures des
esprits, sont délimités et formellement interdits a lexploitation. Certaines essences
vegetaTes et espèces animaTes classées comme sacrées sont protégées par la communauté
tout entière.En cas de violationsde Ta coutume, des sanctions sont infligees aux fautifs
par les autorités compétentes, les ksduzo, qui sont les juges. Ensuite des sacrifices
expiatoires et propitiatoiressont effectués pour calmer les esprits. Parmi Tes essences
protégdes pour leur sacralité nous pouvons citer : Vitellaria paradoxa (karité), Parkia
biglobosa (néré), Borassus aethiopum (rônier), Afzelia africana, Hibiscus cannabinus,
Adansonia digitata (baobab), Bombax costatum (fromager), Khaya senegalensis
(calicedrat), Tamarindus indica (tamarinier).
Cette liste nest pas exhaustive, dautant pTus que certainesessences sont protégéespar des
familTes. IT en est de même pour les espèces animaTes ou encore Tes poissons qui sont
sacrés. Trois plantes sacrées V paradoxa (karité), le Parkia biglobosa (néré) et le
Borassus aethiopum (rônier) peuvent servir dillustration pour comprendre comment Ta
communauté agit pour leur sauvegarde.
Après la creation, l'utilité de certaines plantes fut révélde aux hommes par les animaux ou les
genies a travers des songes. Ainsi, la femme du forgeron, premier homme créé par Dieu,
enceinte et a terme, accoucha graceaux soins du chatqui utilisales feuilles de karitd.
Après lui viennent les ancêtres, ceux qui ont connu la renaissancedans l'au-delàet qui
sont les garants de Ia tradition sous Ia protection du grand esprit Do. Ce sont eux qui
inspirent a la communautésa manière d'être homme et d'être au monde. Ils sont comme
presents dans la communautévillageoise non seulement parce qu'on parle d'eux et qu'on
les invoque, mais encore parce que différents signes attestent leur existence et leur
presence possibles(caveau familial, autel tombal, masque, nom imposeau petit-fits, biens
conserves dansle trésor familial ou kuku, etc.).
L'esprit de La brousseest symbolise par les feuilles vertes de néré ou de karite et Fherbe
sisalo. A l'occasion d'un ddcès survenu en brousse, le corps est attache sur un brancard
confectionnea partir de branchesde nere pour être enterre a Vorée du village. Devantle
cortege qui sebranle vers le village, une canne sur laquelle sont attachdes des feuilles
vertesde néré, symbole du sogo. Aux funérailles, un rameau de néré attachea un arc ou a
unecanne personnifie le defuntet c'est a eux que s'adresse la prière. Sur le catafaLque,les
feuilles vertes du nere sont deposees par Les initiés en redisant les prouesses accomplies
par le défuntlors de Finitiation ou des grandeschasses. Danscette ethnie,le nere tient une
place de choix sur le plan reLigieux. IL joue pour la mere de famille le role quejoue Le
rônierpour le chefde famille. Ses feuiLLestoujours vertessont symbolede la vie qui renaIt
et donc le symbole de Pinitiation.
Do, esprit fondateur de lethnie et du village, fut reveLe aux hommes par le masque de
feuilles de néré ou de karite: Do lui-même vientde la brousse. Les masques de feuilles sont
les plus anciens. Ils ouvrent la danse pour montrer La primauté de La broussesur le village,
celle de l'esprit sogosur le Do et cellede la naturesur La culture. L'espritest materialise par
plusieurs elements de Ia nature, dont La tige du rônier qui symbolise le Do de la maison.
Dans la mentalité madare, le rônier represente la vie tranquille et l'arbre de vie.
Le néré, le karitéet le rônier sont donc des essences sacrees,car offertes par le createuret
entrantdans les rites culturels. La question qui resteposée aujourd'hui est l'origine de cette
sacraLite. Généralement, les anciens interviewés repondent par les mythes fondateurs.
La noix de karité est Te produit de base pourla production du beurre de karité servanta La
cuisine, aux massages et a leclairage. Les déchets issus de Ta transformation servent a
La tradition est une somme d'expériences accumuldes depuis des siècles, voire des
milldnaires. La durabilitéde Ta tradition et des coutumes en tant que survivances depend
de leur enracinement dans ha vie religieusequi nourritlimaginaire, encouragel'initiative
culturelle et suscite Témergence de nouvehles mdmoires culturelles. La sauvegarde des
essences sacrdes telles que Te néré, Te karité et le rônier par Ta communautémadare
sinspire de Ta cosmogonie et de la religion qui en a résulté. Les coutumesentrant dans ce
projetet qui ont initiéeset instituées a différentes périodes de Ta vie de la communautd
montrent, si besoinen encore, que la créativité et Ta durabiTitd sont flues du religieux
et du sacré. ElTes construisent une identité individuelTe et collective et favorisent
lintdgration intercommunautaire. Or, aujourd'hui, nous assistons a une derive vers
l'utiTisation uniquement matdriaTiste de la biodiversité, oubTiant que Ta vie dune
communauté est hoTiste. Comment, aTors, mettre a profit Tes experiences millénaires des
communautés pour Ta sauvegarde de Ta biodiversité? Peut-on encore initier une méthode
fiableet scientifique pour ceTa?
De plus en plus, nos Etats sengagent dans une gestion globalisante de l'environnement et
de la biodiversité. Les textes ont tendance a substituer a la gestioncommunautaire ancrée
dans la culture orale une gestion nationale. La ddcentralisation proposée ne prend en
compteque l'aspect administratif et financier. Cette ddcentralisation risque d'aboutir a une
centralisation miniaturisée. Or nos sociétés sont encore de l'oralité et ignorent La
bureaucratie et la centralisation.
Par essence, la ddcentralisation, qui n'est pas une désappropriation du centre, est le
processus par lequel les preoccupations du centre sont ramenées vers les collectivités
localesafin de leurpermettrede prendreleurs responsabilités. Elleest plutôtrecherche du
dynamisme et de I'efficacité. La.culture de La décentralisation est synonyme de culturede
fondation, de responsabilité assurée, d'autogestion, de projet et de prospective. La
ddcentralisation en tant que processus d'initiation, dinnovation et de fondationoffre un
contextefavorable a Pemergence d'une nouvelle de la gestionde lenvironnement
et de la biodiversité. La procedure de décentralisation en cours peut permettre aux
collectivités locales, notamment les collectivités ruralés, de prendre conscience de leurs
responsabilités dans la gestion de la biodiversité et de faire siennes les preoccupations de
la communautd nationaleet internationale.
Conclusion
Dans la mesure oC la culturepeut percue comme lensemble des creations dun peuple
pour vivre avec la nature et avec d'autres peuples, elle est un facteur qui insuffle aux
peuplesla confianceet la motivation nécessaires pour prendreen charge leur destin qui
mobilise leurs energies créatrices en vue dun développement authentique. Les efforts
dintégration dans les pays du Sahel devraient retenir cette maxime afin dimpliquer
effectivement les communautés de la sous-région dans la sauvegarde de leur
environnement. Décentralisation et procedure d'intégration vont de pair dans la lutte pour
Ia sauvegarde de la biodiversité. Elles permettent aux communautés a la base de
renouvelerleurs savoirs et savoir-faire, de les partager avec dautres communautés et de
participer ainsi a luniversel.
Lécole, heritage colonial, telle quelle se présente aujourdhui, coupe l'enfant de son
milieuet donc de sa terre. Quoi de plus normalqueles elites seloignentde la terre et que
les pouvoirspolitiques ou socio-économiques ne sy intéressent que pour lexploiteret cela
de façon abusiveet démesurée?
Cette education se déroule au sein de la famille oü, trèsjeune, lenfant est mis en contact
avec les réalités du milieu soit par des contes soit par les experiences. Ii y est invite a
respecter Ta tradition et a Ta perpétuer au béndfice des générations futures. La familleest la
cellule de base de toute société propice a Ia creationde sens pour la surviedu groupe. Elle
est donc Te lieu favorable a Ta communication qui est en fait lusage de linformationpour
faire sens et faire vivre. Le comportementde Ta société en depend puisque cest un
ensemble de familles qui la constitue.
En réalité, lécole doit nous permettre de comprendre que Tes savoirs locaux des
générations précédentes ne sont pas derriere nous et qu'iT ne peut y avoir que lien,
continuation et donc tradition vivante.
Les structures de recherches ont déjà mené plusieurs etudes dans le domaine de Ta
sauvegarde de Ta biodiversité ; seulement, Tes résultats ne sont pas restituésau public. Or
la recherchese propose de faire oeuvre déducation. Comment et permettrede
transformer des coutumes si les résultats des recherches et etudes ne sont pas communiqués?
KiethgaJ. B., 1986. Résultats desfouilles d'une ruine defera Benaen 1985. Laboratoire
de datationau C14, Université de Lyon II.
Sanou G., 1976. Sacrifices palens et liturgie eucharistique. Essai sur les rites.
Ouagadougou, 67 p.
Sanou G., 1980. Le monde comme dehors et dedans : essai sur la philosophieMadare.
3
These cycle, Univ. Strasbourg (France), 99 p.
- lattributiondun statut special aux forêts sacréesa l'exemple de ce qui existe pourles forêts
classées, mais en les mettant sous la responsabilité des autorités coutumières et
traditionnelles;
Introduction
Les problèmeslies a l'environnementpréoccupentet continuent de préoccupertous les
pays africains, tant les facteurs et les champsde degradation sont nombreux. Depuis la
pollutiondes eaux, de l'air, jusqu'àla deforestation, ceuvre de l'homme, en passantpar la
désertification nécessaire, cuvre de la nature, ces preoccupations appellentinquiétudes et
interrogations. Si l'on n'y prend garde, le continentafricain déjà mine par des problèmes
socio-économiques risque de se retrouverdans une situation encore plus inconfortable:
manque de ressources naturelles, déséquilibres de toutes sortes, conflits divers, famine,
etc. Par ailleurs, il apparaIt impérieux de trouver les voies et moyens de lutter contre cet
Ctat de fait.
II en est de méme dans nos sociétéstraditionnelles.Eneffet, il ne fait aucun doute que lerespect
de l'environnementen général et de la forêten particulierpar les pouvoirs traditionnelsne date
pas d'aujourd'hui.Ii suffit de jeter un regard sur le nombre et Ia valeur en biodiversitédes foréts
dites sacrées a travers le continent africain pour s'en convaincre. Et pourtant, ladministration
chargée de la gestion de la politique forestière continue daccorder très peu dattention aux
méthodes traditionnellesde la preservationde labiodiversité.
- Comment, en dehors de toute protection légale, les foréts sacrées ont pu resister au
drameforestierivoirien?
- Comment intégrer ces pratiques dont l'efficacité n'est plus a ddmontrer dans des
programmes nationaux de protection de la biodiversité?
En Côte-dIvoire, presque tout le monde agresse la forét. Les hautes personnalités qui
s'octroient de grandes superficies de terres pour des réalisationsagricoles. LEtatdéclasse
des forêts pour des raisons politiques et Les paysans pratiquent encore
lagricultureitinérante sur brfllis. Les Chefsde terre continuent de vendre des portions de
forêts a des allogènes et autres opérateurs pour scolariserleurs enfantsou
résoudre dautres problèmes socio-économiques. Les producteurs de bois de feu et surtout
de charbonde bois doivent approvisionner les nombreux ménages qui nont pas encore
adopté le gaz butane. Les exploitants forestiers interviennent, pour leur part, en vue de Ia
- elles renseignent sur les relations entretenues avec d'autres peuples, voisins ou
lointains
- elles renferment,sans doute, des espèces végétales et animales menacées ailleurs par
une fortepressionhumaine.
Pourquoiet comment, en dehors de toute protection idgale, les forêts sacrdes ont-elles Pu
resisterau drameforestierivoirien?
Ii ressort des contacts et entretiens avec les initids, les sacrificats et dépositaires de la
traditionet des valeursculturelles et les populations locales:
Par ailleurs, a travers les cultes aux ancêtres, les rites et cérdmonies initiatiques, les
populations et les gardiens de latraditionmarquent leur communevolonté de preserver les
richesses naturelles, culturelles et spirituelles que constituent et véhiculent les foréts
sacrdes. Cette adhesion volontaire est La deuxième raison qui garantit la sauvegarde des
forêts sacrées. Ces pratiques sont entre autres:
C'est pour toutes ces raisons que les pouvoirstraditionnels ont toujours use de sagesse, de
prudenceet de prévoyance dans la gestiondurable des ressources naturelles considérdes
commeun don de Dieu.
Ii apparaIt donc très utile de s'inspirer des strategies de conservation et de gestion des
forêts sacrées par les pouvoirs traditionnels pour une meilleure conservation de la
biodiversité. Ceci pourrait se faire a travers:
- 1'attribution d'un statut special auxforêts sacréeset leur classement comme patrimoine
culturelnational.
- la croissance demographique;
Cependant, ii est heureuxde constater que des pistes de solutions pourprotégerces foréts
ont proposées par les populations riveraines elles-mêmes a savoir:
Conclusion
Les forêts sacrées sont une réalité en Côte-d'Ivoire. Elles constituent un espace
d'expression culturelle indéniable pour les populations locales. Ces for&s sacrCes
permettentde protégerla biodiversité dont elles sont,aujourd'hui,un veritablesanctuaire.
C'est pourquoi elles doivent sauvegardées, protdgées et surtout réhabilitées. Les
pratiques traditionnelles, mieuxqueles lois et décrets, ont a la base de la surviede ces
hots de preservation que sont les foréts sacrdes.
Dakouri M. GADOU
Institut dEthno-Sociologie, UniversitO de Cocody,
Abidjan (COte-d'Ivoire)
Résumé
Cette se propose de revisiter dans les traditions africaines pour les faire mieux
connaItre, afin d'y trouver d'autres fondements plus adéquats pour une gestion
autocentréeet efficiente des ressources naturelles et de l'environnement.
Introduction
En effet, le droit moderne, par la rationalisation et Ia sécularisation dont ii est porteur, est
naturellement et profondementinadequat au contexte africain oü les droits coutumiers, en
matière de detention ou dutilisation collectives des terres, par exemple, relèvent de
considerations a la fois sociales, culturelles, et surtout religieuses. Aussi le
passage dune de subsistance a une economie dechange (de profit) largement
monetarisee contribue-t-il dans une certaine mesure a dénaturerlexploitationdes milieux
naturels,etant donné quici, la nature sanalyse dabord et surtoutcomme un gisementde
ressources naturelles ou dénergie quil faut exploiter.
Ce qui frappe le plus, toutefois, dans cette diversité, c'est moms la difference que la
ressemblance, momsia diversité que l'unité. Car, si, du pointde vue du milieu,les peupies
et ieur culture different entre eux, si les différents milieux imposent différents types
d'activités, de production matdrietle, ce qui est frappant, c'est que partout, en forét comme
en savane ou en montagne, c'est i'unité culturelle de i'Afrique noire. "Au-delà de i'extréme
diversité des sociétés, des cultures et de leurs histoires, Memei-Fotê (1991), cette
unite est aujourd'hui admise par ta piupartdes historiens et des anthropoiogues sous des
termes varies : fonds communs, identité, africanité".
Ce fond de culture commun trouve son fondement dans la tradition reiigieuse que
partagent toutes les sociétés africaines pré-coloniales, pre-isiamiques et pré-chrétiennes.
Cette tradition reiigieuse, qui se lie et se dévoiie dans la vision unifiée du monde, 'se
présenteideologiquement, Memel-Fotê (1961), comme une conception générate de
l'univers, de ia vie et de i'homme, unetotalité cohérente qui continue d'informer lame et le
comportement des peupies".
Ainsi les visions ethniques attestent-etles en Afrique i'existence d'un monde, non
seulement comme une réaiité objective et matérielie, mais encore comme concept: wase
(Duala), agbemé (Mina), dunia (Matinké-Bambara), man (Agni-Baouie), gbamiadodo
(Dida). Ce monde, selon ies cosmogenèses africaines, 'quatre entrent dans sa
formation. L'éiément premier c'est le Feu, céleste,manifeste dans te chaud et le
sec, correspondant a la saison sèche, le feu engendrele deuxième lAir, manifeste
Par ailleurs, ce monde, chez les Africains, se subdivise en deux spheres, l'une visible,
lautre invisible, mais les deux en inter-relation perpétuelie par le jeu des puissances
invisibles. Le monde invisibleperceptible par ceux qui ont une double vue, c'est-à-dire les
nyctosophes (devins, voyants, sorciers), c'est le monde souterrainhabitd par les genies et
les ancêtres, propriétaires et maItres de la terre, le ciel la demeure de iêtre supreme,
Olorun, le dieu supreme des Yoruba, Amma des Dogons, des Bamildké, Lagotapè des
Si
Dida-Godié-Bété, tandis que Ia terre est l'espace occupé par les êtres vivants : les
hommes, les animaux, les eaux, les plantes.
A vrai dire, ia religion traditionnelleafricaine, qui fonde cette vision, semble être une
religion de lalliance entre ihomme et la nature par la mediation des genies,des
ancêtresetde Dieu. Elungu(1987) exprime bien cettealliancelorsqu'il 'Encore une
fois, la symbolique noire traditionnellepresuppose lunité de l'homme avec sa société, de
ihomme clanique et de lunivers, et sappuie constamment sur elle pour une action a
opérerdans ce monde,pour un sens transcendant, la seuleexperiencepratico-sensible et,
partant, immanente au monde, a Ihomme et sa société'.
Pour tout dire, chez les Africainsen général, la nature est significative ; Calame-Griaule
(1965), parlant des Dogon, <<Dans le monde ainsi créé, tout est "signe" et rien nest
gratuit, c'est-à-dire que chaque parcelle de matière renferme un message destine a
l'homme. La creaturehumaineest en situationdans un univers a son image, dont tous les
sont en rapport avec une certaine vision qu'elle a d'elle-même et de ses
problèmes, la culture dogon est en effet un "humanisme". L'homme cherche son reflet
dans tous les miroirsdun univers anthropomorphique dont chaque brin d'herbe,chaque
moucheron est porteur dune "parole". C'est ce que les Dogon nomment "parole du
monde", (...), "le symbole".
L'arbre, de ce fait, "représente la vie humaine qui prend racine dans la terre profondedes
ancêtres, et qui s'épanouit dans la tige et les feuilles: entre les racines, la tige et les
feuilles, une communication perpétuelle de vie, dans un flux incessant, circule, reliant
ainsi l'au-delà et l'ici-bas... Panni les arbres, ceux qui restent verts toute l'année ont le
privilegede représenter les ancétres(tels "mulemba", "cikusukusu, kapuluayi" (Kabasélé,
1986).
En effet, l'arbre est très important dans les cosmogonies africaines, car l'hornme et
l'animal, pour se nourrir et se soigner, ont recoursaux fruits, aux feuilles, aux aux
racines de l'arbre. La vocation de larbre est alors d'entretenirla vie des vivants, en
particulierdes êtres humains. C'est ainsique "l'arbre figure la médianegénétique de la vie
universelle. Ses fruits donnent des graines, ces graines, conime des spermatozoIdes,
tombentdans la terre, puis germent: c'est la renaissance après la mort. Ce phénomène en
fait le remède symbolique de la stérilité, de limpuissance et la restaurationde Ia vie
menacée. Son importance est essentielle dans les cultes, les therapies et l'alimentation'.
La nature, en Afrique, est aussi percue comme une génitrice. Ainsi des sociétés
s'identifient-elles a elle commeleur "père et leur "mere" ; tel est le cas des chasseurs de
En effet, chez les Lélé (ZaIre), Beti (Cameroun ), Gouro, Agni-Baoule (Côte-d'Ivoire),
etc., cultivateurs de céréales et de tubercules, la traditionreglementela frequentationde la
forêt selon le sexe (frequentation suspendue pour les femmes lélé tous les trois jours),
selon la saison (Gouro), selon les jours. En effet, chez les Agni, mais aussi chez dautres
peuplesakan, Ia forêt ne tolère Ia venue de personne (sauf les hommes pour extraireleur
yin de palme), pendant les jours dits noirs ou néfastes (f1e). Tout le monde est oblige de
rester au village. Sous un aucun prétexte, la femme ne doit se rendre ce jour-là en forêt;
car les genies (asiè busum en Agni), les vrais propriétairesdes terres rentrentce jour-là en
possession de leur territoire et de leurs biens. Cejour ndfastecorrespond soitau vendredi
soit au mercrediselon les regionschez les Agni, mais aussi aujour de la fête de l'igname
(Agni, Abe, Abidji), de la fête de la generation (adjukru, Abe)... La tradition indiqueaussi
le procdde de capture, lespèce et le nombredanimaux accessibles aux chasseursbenis par
les ancêtres (Beti). Par ailleurs, a tel moment, le calendrierrituel prescrit Ia cloture de la
forêt a la chasse, a la pêche; a tel autre moment, ii en ordonnel'ouverture.
Ii y a egalement, au titre des strategies, la morale qui tantôt proscrit le bruit susceptible
soitdeloigner le gibier(Gouro)soit de réveillerles espritsmalveillants et dexciter leur ire
(Lele),tantôt le prescrit comme antidote de la mort infligde par le grosgibier (Beti). Cette
morale interdit aussi, dans Ia plupart des sociétés africaines, aux femmes en règles de se
rendreen forêt, en ce sens que le sang des menstruessouillela nature. Si, chez les Akan,
une femmeest surprisepar ses règles alors queue est au champ ou au travail,elle viendra
"pardonner' lendroit en déposantdes oeufs. Elle evitera,ainsi, de connaltreune série de
malheurs. Aussi, chez les Krou, des personnes qui se sont accouplées la nuit au village ne
peuvent-t-elles se rendre au champpour y travailler quaprès sêtre lavées ; car ii ne faut
pas emmener des impuretés sexuelles au champ, a plus forteraison y commettrel'adultère
ou simplement y consommer des relations sexuelles.
Le rapportsymbiotique qui lie l'homme a son environnement, en tant que nature ou partie
du monde,considéré comme un géniteurdivin, justifie certaines pratiquesrituellestels les
procédésou ritesmagico-religieux qui présidenta la chasse des Pygmées et des Mbochi,
tels, les nombreux rites des Baoulé: 'Faisantappel a ces forcesde la nature, si
nombreuses et si mystérieuses, le Baoulé va créer une multitude de divinités. Ces
puissances invisibles qu'il craint, il va essayer de les domestiquer en leur offrant
sacrifices, prières, et libations. Ces forces mystérieuses sont innombrables : l'eau, le
rocher, les arbres, les plantes au poison si dangereux (...). Sans oublier toute une action
psychologique : augures, confessions, incantations, rites de medications, qui sont des
tranquillisants dune efficacité (Guerry, 1970).
En effet, si "tous les principauxphénomènesde la nature sont des dieux spéciaux : les
astres, les eaux, le tonnerre, l'arc-en-ciel, l'éclair [et que] toutes les grandes activités
fondamentales de l'économie sociale ont leur dieu: dieu de l'agriculture, de la forge, de la
péche, de Ia poterie..." (Memel-Fotê, 1962), la terre (dodoen Dida et Bété ; asiè en Agni-
Baoulé)apparaIt aux yeux des Africains cominela matrice universelle et le receptaclede
toutes les puissanceset de toutes les divinités ; ainsi les divinités chtoniennes confèrent-
elles a la vegetation, sortie de la mère-déesse terre, après sa fécondationpar le Feu
(énergie) et l'Air (souffle), un caractère sacral. C'est pourquoi le travail de l'homme ne sera
possiblequepar sanctiondes locataires invisibles de la terre. De là découlentles rites qui
précèdentles semailles et récoltes : par des libations, des sacrifices et des offrandes, on
implore le pardon des divinités, non seulement pour le desagrément cause, mais
pour rendre favorable la semence : "Toute la journée, le Baoulé vit avec des
objetsvivants. Quand il conmience a cultiversonchamp, en enfoncantsa houe dans le sol,
ii présenteses excusesa la terre: "Pardonne-moi, Terre, si je te frappe ainsi,ce n'est pas
par méchanceté, mais parce quej'ai besoin de toi pour ma nouniture et celle des miens.
Sois indulgente pournous." Ala chasse, il parlea son filet, lui demande d'être favorable et
de lui faire obtenir une bonne qualité de gibier. En traversant la rivière, ii supplie
"Excuse-moi, je suisobligede te traverser, ne me tue pas" (Gueny, 1970).
"II est formellement interdit, Ibo (1999), de pécher du Poisson dans la rivière sransi
qui abrite les silures sacrds. Ii est interditde faire des champsaux environs de
la rivière. Ce qui permet de conserverun petit massif forestier protégeant le cours deau
contre l'assèchement ; ii est dtabli un jour de la semaine (soupe) oü ii est ddfendu aux
femmes de se rendre a La rivière, favorisantainsi la remise a niveau de La petite mare. En
cas de violation de Fun de ces interdits, le coupable doit sacrifierun animal domestique".
La rivière, de même que la petite forêt qui abrite la rivière, sont aussi sacrées,conférant
ainsi un caractère intdgré a l'approche traditionnellede conservation de la biodiversité.
Comme a Sapia, a Gbanhui il y a une famille qui gère la chose sacrée. Un jour de la
semaine est dédié aux caImans sacrés... Ce jour-là, il est dgalement interdit au commun
des mortels de se rendre a la rivièreyonyongo. Toutes les espècesaquatiques de La rivière
constituent des interdits alimentaires pourtous les habitants du village. Les caImans sacrés
sont nourris par les populations avec le riz, La banane, l'igname, le manioc, etc. La
complexité et le caractère integral de l'approche de Gbanhui resident dans le fait qu'ici non
seulement Ia rivière yonyongo, les poissons et les caImanssont sacrds et protégés, mais
aussi la forét de 2 hectares dans laquelle se trouve la rivière, jalousementpréservée. Ii
s'agit dune veritable "reserve" oü ii est interdit de faire la chasse et de cultiver des
champs... Les singes de Soko sont concentrés dans les arbres d'une petite forêt noire qui,
par sa diversité floristique, représenteune relique de ce que fut autrefoisce biotope. La
traditioninterditde cultiveret de faire Ia chasse dans cette forêt qui ceinture le village"
(Ibo, 1999).
En parlant du pays agni, Eschlimann (1992) "Si pour uneraison ou pour uneautre,
mais surtoutpour la cueillette des médicaments, une personne est amenéea pdndtrer dans
un endroit sacré ou interdit, elle va dabord consulter le devin-guerusseur. Celui-ci lui
indiquera les precautions a prendre et les offrandes a faire : déposer des oeufs, par
exemple, au pied dun arbre, qu'il aura eu le soin de bien préciser". Aussi toute personne
Dans le méme sens, l'exploitation des plantes therapeutiques doit être précédde de
cérémonies religieuses. Ii s'agit souvent de rites lids a l'horaire, a Ia topographie de Ia
plante et a la technique. Coulibaly (1995), ddcrivant ces rites, en pays bambara, dit
"Celui-ci [lhoraire] concerne deux moments de la journée reputes favorables a la
cueillette et a la collecte des plantes. Il sagit de laube et du crépuscule. Ii est même
souvent recommandédopérerle matin, des le second chant du coq, cest-à-dire vers 5 h,
ou le soir lorsque, après le coucherdu soleil, ii est certain que tout le monde a rejoint le
village (...). La collecte du vegétal se fait a des distances et a des positions variables du
village (...). La chaIne de la collecte incrimine souvent des directions opposées(sud-nord
ou est-ouest). Des indications sont données sur la topographiede la plante. Elle doit par
exemple être seule de son espècedans la boiserie, être la plus petite ou la plus en vue ; elle
nest utile qu'adossée ou enlacée a tel autre specimen, etc. Lexpéditionexige un materiel
précis. Souvent les mains suffiront a la cueillette et au transport au village. En d'autres
situations, des instruments diffdrents sont recommandés: faucille, couteau, herminette, etc.
Le sac d'incirconcis, la calebasse achemineront la plante'.
Par ailleurs, selon Coulibaly(1995), dans les cdrdmonies lides a Ia cueillette de Ia plante
thdrapeutique rentrent aussi ce qu'il appelle les precautions sociales : "I! y a enfin les
precautions sociales qui, en fin de collecte, conditionnent souvent l'efficacitd de tout ce
qui a prdcédé".
Ces precautions peuvent d'ailleurs commencer un peu plus avant, dans la mesureoü, la
plupart du temps, l'opérateur ne doit jamais être vu en pleine action. De retour de la
brousse, ii devra negliger les salutations qui lui sont adressées. Au village, d'autres
indications ddcident du lieu d'érection du foyer oü infuseront les plantes (cour de Ia
grande maison familiale, pas de la chambre a coucher, milieu de la chambre a coucher,
douchièrd, etc.). Là aussi, des interdictions sociales comme converser ou saluer peuvent
être exigées" (Coulibaly,1995). En effet, si par mégarde, ii y avait violation de ces
interdits, violation qui constitue un crimequi peut stériliser La terre, ii faut absolument une
reparation du méfait. Celle-ci nécessite Ia réalisation d'une cdrémonie spéciale qui rdpare
la fécondité de Ia terre et lave les coupables de leur crime. En fait, par cettecérémonie de
Après l'énumdration de ces strategies,non exhaustives, l'on pourrait s'interroger sur leur
portée. A cette preoccupation, Memel-Fotê (1990) Au-delà de leur fonction
symbolique, ces strategies rituelles ont obtenu deux effets positifs le renforcement de la
cohesion sociétale, la sauvegarde du milieu environnemental. Forêts et eaux, dans les
civilisations de l'arc et de la pagaie, ont garde, sur le long terme, leur verdeur, leur
fécondité et leur generosite. Dans les civilisations des clairières et de l'altitude, sauf
exception des regions surpeupléeset troublées, cette tendance s'est maintenue, assurant
l'avenirde lanimal, de l'arbre, de leauet du sol. La parentétotémique(...) et la vénération
des sanctuaires des dieux ont assure de maintesespèces vivantes uneprotection discrete,
certesinsignifiante localement, mais importante probablement a léchelle continentale. S'il
est vrai que la chasse collective constitue 'un signe de sante', les interdits des Lélé
frappantIa coupe du bois de chauffageainsi que le puisage de leau et reglementant a
chasse visent a preserverun dquilibre avec Ia reserveen fore et en faunede la forêt. Les
Senufoont bien sflr fait mieux avecles bois sacrés,"Ilots naturels", "témoins de l'ancienne
fore" préhumaine, toujoursverts et sombres, "vraies musdes botaniques" selon Coulibaly
(1995) >.
A vrai dire, les endroitsinterdits serventde lieu de refuge et de reproduction tant pour la
flore que pour Ia faune. Les espèces vegetates et animales, ainsi que les poissons, sy
multiplient facilement. Sous couvert de religion de l'alliance communauté-nature sest
donc ddveloppé un equilibreentre reproduction des espèces et predation par Ihomme, ce
dernier s'assurant ainsi de la conservation du patrimoine ecologique dont il vivait. Ce
souci de lequilibre, en particulier de Ia predation par I'homme et de la
reproduction des espèces,comme on Ic voit, se lit dans un certain nombrede pratiques et
de dispositions traditionnelles ou anciennes qui avaientcours a l'aube de l'ère coloniale.
Par leurs strategies daction donc, qui vont de la liturgie(prière, sacrifice) a la technologie,
en passant par une déontologiecodée, spécialisée, mesurée, les sociétés traditionnelles
africaines ont assureIa pérennité des sols, des climats, des populations, de la biodiversité
(faune et fore) jusqu'à Ia veille de léconomiede traite (15è et l8
siècles) et mêmejusqu'à
la fin du 19è siècle oil lon voit apparaItre une autre vision de Ia nature, non plus fondée
Conclusion
Cette vision du monde, fondée sur une ideologie religieuse, et les pratiques rituelles
(prières, offrandes, sacrifices, respect des interdits...) qui l'accompagnent,ont permis a
L'Africain traditionnelde vivre en harmonie avec sa nature-environnement, ce partenaire
divin et demeure elective de nombreuses puissances, <<car les hommes cherchaientavant
tout, Iliffe (1997), a s'adapter a l'environnement plutôt qu'à le transformer, et a
a la disparitionen cas de mauvaises récoltes. Les ideologies mettaient1'accent
sur la defensede La civilisation contre la nature, et sur La fécondité >>.
Mais aussi, par ses moyens de survie (chasse, cueillette, elevage, pêche, agriculture) et
l'outillagetechnique qui leurest associéqui très souples et exerçaientuneviolence
mesuréesur la nature, 1'Africain traditionnel techniquement et socialement adapté a
Ia nature. <<Tous ceux dont on dit qu'ils sont agriculteurs, pasteurs, pêcheurs, chasseurs
connaissent une intimitévivante avec La nature ambiante. us y sont adaptés en totalité (...)
L'homme africainde la campagne est intimementmêlé a la nature ambiante. Ill'est du
point de vue d'une technologie mécanique. II l'est aussi du point de vue spirituel en ce
sens qu'il appréhende Ia nature comme l'intermédiaire privilégié entre Lui et une
communauté de puissances (...). Son rapport au monde, aussi pragmatiquequ'il soit,
influe sur ses comportements (...). La naturene sedéfinit pas commeun ensemble
mécanique de possibilités, mais conime un ensemble par lequel sont signifiées des
intentionnalités multiples. Ii ne se plie pas a des nécessités, mais ii obéit a des injonctions
et des prescriptions, et il y répond par des souhaits, par des Iouanges et des
interrogations >> (Houis, 1971).
Pour tout dire, l'Afrique possédait un patrimoine biologiqueet ecologique très riche dfl a
la diversité de ses naturels : de l'equateurjusqu'aux extrémités nord et sud
on trouve quatre milieux naturels (equatorial, tropical, desertique, méditerranéen) aux
paysages végétaux très contrastés (forêt dense de la République Démocratique du Congo,
savanes du Nigeria, steppe des pays du Sahel, immense aride du Sahara, fore
méditerranéenne du nord du Maghreb, par exemple). Les terres riches et fertiles ne
manquentpas, même si des solsdes regions tropicales et equatoriales sont le plus souvent
de mediocre qualite. Malheureusement, on assiste depuis plusieurs années a une
deforestation pratiquement irreversible de ce patrimoine, et elle se poursuit
irrévocablement avec une vitesse sans cesse accrue. La faune s'est considérablement
appauvrie. Plantes et animaux restentsoumis a des pressions considérables et multiples.
Ces espèces floristiques et fauniques, si elles ont survécu, c'est parce que les sociétés
traditionnelles unies et fermes sur leur representation du monde et leurs pratiques,
c'est parce que l'Africain ancien s'était toujours efforcé de se conformer a tout un
Ainsi donc, Ia premiere chose, a nos yeux, qui s'impose aux hommes d'action est le
changement de mentalité, cest-à-dire, ne plus considérer ces strategies comme relevant
d'un archaIsme qui n'a plus de sens aujourd'hui, comme Font pensé et cm plusieurs
auteurs,rompus au positivisme : les 'superstitions"des peuplesprimitifs leur permettent
de stabiliser leur vie en trouvant certaines explications a ce qui serait autrement
inexplicable" (Sears, 1969). Car l'implication des populations a quelque politique
d'environnement nécessite la connaissance des données permanentes composant cet
environnement nature! I'homme, la terre, les la fore, la faune, etc. Ceci
nous paraIt un préalablenécessaire, entendu que dans les sociétés africaines méme
d'aujourd'hui, le caractère sacré de l'alliance originelle avec les forces telluriques
inhérentesau milieu naturel, queplusieurs pratiquestraditionnelles d'essence liturgique
tendent a perpétuer, continue a marquerprofondémentles comportements individuels et
collectifsa l'égard de la nature-environnement. On ne saurait en consequenceintervenir
dans les sociétés africaines arbitrairement ni impunément sans frustrer des populations
queI'on voudraitaider. La questionfondamentale est alors de réconcilierles populations
avec leur nature-environnement, si tant est quelles doiventparticiperde facon active a Ia
preservation de leur biodiversité.
Si ce préalable est accepté, ii ne s'agira plus de reléguer au second plan, mais plutôt
d'évacuer les principes et les méthodes de Ia gestion traditionnellede la biodiversité,
commepar le passé, dans la mise en place des systèmes d'exploitation de la nature.
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Dans une partie du sud-ouest du Burkina Faso, les plantes sont diversement utilisées.
Dans cette perspective, elles sont conservées de différentes manières en vue d'une
utilisation durable. L'implication des femmes dans ce processus est non negligeable.
Introduction
Nos diffdrents projets nous ont conduits a les utilisations traditionnelles des
plantes au Burkina Paso, en particulier dans la region sud-ouest, remarquable dans
I'ensemble du pays par sa richesse en espèces floristiques. Nous avons pu mettre en
evidence le role important que pouvaientjouer deux types d'acteurs peu concernés par les
etudes précédentes, a savoir les femmes et les tradipraticiens, qui utilisent de très
nombreuses espèces végétales.
I. Methodologie
- le domaine sahélien, lequel est caractérisé par une steppe a arbrisseaux, arbustes et arbres
souvent et pour la plupart rabougri en relationavec le climat et le surpâturage
(Acacia nilotica ; Acacia raddiana (Mimosaceae). Les graminées, essentiellement
annuelles, (Andropogon gayanus var. tridentatus) prédominent avec Aristida stipoides
pérenne;
- le domainesoudanien se différencie en deux secteurs:
Au coursdes différents projets,nos entretiens ainsi que nos sorties sur le terrain se sont
fait en association volontaire avec des personnes ressources comme des tradipraticiens,
Nos principaux informateurs ont donc des tradipraticiens (environ 100 personnes,
appartenant aux associations de tradipraticiens de Bobo Dioulasso, Orodara, Banfora et
Sindou) (Olivier, 1999 ; Olivier et al., 2000) et des femmes pratiquant la médecine
pediatrique ou la gynécologie et l'obstétrique (villages de Houndé, Sara, Bondoukui,
Wolokoto et yule de Bobo Dioulassoen particulier(Flahaut, 1999).
1.3. Méthodologie
Cette s'est dérouiéeentre octobre 1997 et septembre 2000. Les travaux de terrain,
les enquêtesethnobotaniques et les sortiesdestinéesa preparerdes dchantilions d'herbier
ont dté rdpartiessur toutes les saisons de manièrea disposerde rdcoites concemantles
plantes pérennes et annuelles, ainsi que les différents stades vegetatifs facilitant la
determination botanique (fleurs et fruits).
II. Résultats
- médecine genérale:
- décoction a boire et pour se layer (53 % des recettes);
- applications locales (24 %);
- pediatrie-gynecologie-obstetrique:
- décoction a boire et pour layerI'enfant(70 %);
- lavements et bains de siege (11 %);
- mddecine vétérinaire:
- décoction a faire boireavec du sel (47 %);
- poudre de plantes a faire avaler avecdu sel (13 %) (méthode specifiquea la
mddecine vétérinaire).
Les types d'organes végétaux utilisés sont fort varies, allantdes racines, des des
feuilles ou plantes entiCres, des fruits auxfleurs:
a
Nos enquêtes ontpermis de sélectionnerdes espèces végétales activités tinctoriales,laplupart
d'entre elles déjàconnues (Chevalier 1900; Nacro etMillogo-Rasolodimbi,1994).
Cependant, dansle cadred'un projetvisant a la mise en place de fihières de valorisation, ii
nécessairede choisir des espèces,très abondantes, et dont la récolte ne devait pas
mettre en peril la conservation. C'est ainsi qu'i! a retenu:
- les feuilles d'Anogeissus leiocarpus, utilisées traditionnellement par les Peuls pour
obtenir un colorant natureljaune;
les gaines foliaires de Sorghum bicolor, colorant rouge, servant localement pour la
coloration de masques lors de cérémonies coutumières dans la region de Bobo-
Dioulasso ou pour teindre le cuir dans Ia region de Kaya;
Toutes ces espèces sont cultivables ou le sont potentiellement. Nous avons identiflédes
sites potentiels de cultures. En revanche, l'uti!isation des racines de Cochiospermum
planchoniiou de C. tinctorium pour obtenir un colorantjaune ne semble pas participera
une meilleure conservation de ces espèces.
Nous avons identiflédes sites riches en certaines espècesmédicinales, sites conserves par
les populations pour leur intérêten médecine. C'est le cas par exemplede certaines zones
du tenoirde Sogosagasso, de Wolokoto, richesen Securidaca longepedunculata.
Elles sont nombreuses, possèdent genéralement divers usages dont les usagesalimentaires
sont importants, et sont utilisées le plus souvent par les femmes (Helmfrid, 1997), alors
que les usages médicinaux concernent egalementles tradipraticiens (vonMaydel, 1990).
III. Discussion
Les différents projets cites et les résultats obtenus ont permis de constater le role
important de différents types d'acteurs dans I'utilisationtraditionnelle de la biodiversité.
A sa manière, chaque groupe identiflé possède des pratiques favorables et d'autres
défavorables a Ia protection et a la conservation de Ia biodiversité.
Les nombreusesespèces récoltées constituent une source non negligeable qui entre dans
les rations alimentaires quotidiennes (fruits ou feuilles pour les sauces). La nécessité de
pourvoir aux besoins alirnentaires incite a la protection de nombreuses espèces, quasiment
domestiquees, produites désormais en pépinière pour certaines espèces (karité, néré,
tamarin) dans les champs ou bien <<protegees>> et géréespar les femmes en brousse lors
des coupes de bois. Là encore, ii peut s'agir de comportements individuels qui peuvent
être remis en cause par un coupeur de bois ou d'autres femmes et nous soulignons la
C'est pour limiter l'impact de ces récoltes qu'il est a notre avis nécessairede développer
des formations sur les bonnes pratiques de récoltes (favoriser les récoltes de racines
secondaires), voire de remplacer, lorsque c'est possible, les racines par les feuilles en
diffusantles résultatsdes recherches en laboratoire. Ii faut combattre l'idée selon laquelle
'la racine est plus forte que la feuille"et doit donc être utiliséepour soigner les adultes,
eux-mémes<<plus forts que les enfants>>, soignés, eux, principalement avec des feuilles
(Flahaut, 1999). L'exemple est le Nauclea latifolia Sm, dont les feuilles possèdent la
mêmeactivitéanti-diarrhéique que les racines (activité anti-microbienne) (Sourabie et al.,
1995). A noter, pour cette espèce, que les racines possèdent une certaine toxicité, en
particulierpour les enfants, et que le remplacement par les feuilles, outre qu'il favorisela
conservationde cette espèce, les effets secondaires néfastesdes preparations a
base de racines(Olivier et al., 2000).
Par ailleurs, alors que nous avons rencontrd plusieurs fois des jardins de cases auprès des
femmes,en revanche,les jardins de plantes médicinales entretenus pas les tradipraticiens
sont rares : tout au plus, nous avons Pu constater que les tradipraticiens qui rdcoltent
generalement par eux—mémes leurs plantes sont sensibles aux bonnes pratiques de
récoltes et cherchent a conserver "leurs bons sites en réduisant l'impact des
prélèvements. Cependant, sans volonté commune,ni organisation, les efforts des uns sont
annulés par les abus des autres et unesensibilisation nous paralt fortement nécessaire.
Dansce sens, des projets d'identification des variétés locales des plantes cultivées peuvent
egalement être une des voies de protection et de conservation de la biodiversité
(Bognounou, comm. pers.).
82 a
Pratiques culturelles, Ia sauvegarde et conservation
de a biodiversitO en Afriquede I'Ouestet du Centre
Conclusion
Les projets varies que nous avons prdsentds montrent l'importance du rOle des femmes,
non pas uniquement en raison de la coupedu bois, sujetbienconnu, illustréet discuté, qui
a fait l'objet de nombreux projets,mais pour ce qui concemeles plantesmédicinales et de
cueillette.Nous pensons que des projets d'appui devraient prendre en compte ces deux
aspectsdu rOle des femmes pour améliorerla protection de la biodiversité.
De la méme manière,si les résultats concemantle rOle des tradipraticiens retrouvéslors
des enquêtes ethnobotaniquespeuventparaItrebanals, en revanche,nous espéronsavoir
propose quelques pistes afin de limiter La disparition des plantes médicinales et de
favonser La conservation de ces espèces si précieuses formationaux bonnes pratiques de
récolte et de séchage a travers les associations de tradipraticiens, remplacement des
racines par les autres organes végétaux en tenant compte des rdsultats scientifiques
souvent peu disséminds et valorisés, culture d'espèces en voie de rardfaction, mise en
place de jardins de plantes médicinales. Nous avons montré, sur un exemple,
que les variétds locales des plantes cultivdes méritent une attention renouvelde, car elles
constituent une partie de La biodiversité, potentielLementintéressante.
Remerciements
Les auteurs souhaitent remercier les populations, les autorités coutumières et les
nombreux indicateurs des villes et villages qui ont participéa nos enquêtes,ainsi que M.
0. Bognounou (INERA), pour Ta determination botanique des et La
verification des noms vernaculaires Lors des enquêtes ethnobotaniques. Cette a
soutenuefinancièrement par l'Union Européenne et la Cooperation Francaise.
Adjanohoun E., Akd Assi L., Dan Dicko L., DaoudaH., Delmas M., De Souza S., Garba
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Jean-Baptiste OUEDRAOGO
CNRST/INSS, 03 BP 7047 Ouagadougou 03
(Burkina Faso)
Ii existe différents niveauxde diversité biologique. 11 y a d'abord la diversité des espèces,
chaque espèce ayant sa propre fonction au sein de son environnement immédiat. Ii faut
donc veiller a Ia conservation des diverses espèces.
Ensuite, ii existe une diversité au sein d'une même espèce, c'est-à-dire la diversité
genétique. Chaque être vivant est compose de diverses combinaisons de genes. Les
croisements excessifs a l'intérieur d'une espèce (endogamie) sont sources de problèmes
provenant d'une diversité insuffisante du patrimoine génétique qui peut mettre en danger
la survie de l'espèce. D'oü l'intérêt de maintenirIa diversité a l'intérieur des espèceset
entre les espèces.
Le plus souvent, cette << erosion>> phytogenetique s'accompagnaitde celle des savoirs et
savoir-faire locaux relatifs aux espèces cultivées et aux techniquescoutumièresde leur
production. Mais alors, qu'adviendrait-il si, pour des raisons quelconques non
souhaitables, mais susceptibles de se produire, ii fallait revenir aux sources vivrières
locales pour alimenter les populations sahéliennes ? De plus, les ressources génétiques
constituent un enjeu et scientifique majeur pour les sociétés contemporaines.
En effet, la connaissance, la maItrise et l'accès aux ressources génétiques font l'objet
d'une competition internationale dans laquelle s'engagentdes Etats, des entreprises et des
individus, mobilisant pouvoirs publics, scientifiques, agriculteurs et consommateurs.
Toutefois, la pressionintense exercée par les activités humaines tend a les rdduire, voire a
les faire disparaltre alors que, paradoxalement, le developpement requiertde les entretenir
plutotet de les adapter aux evolutions du long terme.
II. Methodologie
- une mise en perspective historique des sociétés rurales Mossi, c'est-à-dire l'histoire du
peuplement, Ia chronologie des occupations successives de l'espace rural et les droits
d'usage des ressources naturelles, d'occupationet d'exploitation des terres;
- une analyseanthropologiquedes faits et ayant marqué les populations
rurales dans leur vie individuelle et collective, et qui revêtent une signification
particulière liée au milieu nature!, notamment les longues sécheresses et la
désertification des trois décennies L'analyse anthropologique incorporera !a
Mais d'abord, comment ces connaissances relatives aux usages de la biodiversité se sont-
elks constituéesdans l'espace et dans le temps et queues en sont les modalités pratiques
et techniques de transmission de génération en génération?
L'appropriation des plantes, leur contrOle et I'accès a leurs produitspour les diversusages
des hommes ont toujours fait l'objet d'une réglementation plus ou moms rigoureuse
suivant les sociétés. Cette réglementation peut être de nature coutumière, et donc orale
c'est le cas des bosquets sacrés qui s'observent dans les villages Mossi et oü sont
préservées de rares espèces végétales, mais pour combien de temps encore? (Ouedraogo
et Bognounou, 1996).
Dans les relations entre sociétés humaines et le poids des hommes, c'est-à-
dire leur charge numérique sur l'espace rural, représente une donnée de premiere
importance dans la conservation et Ia gestion de la biodiversité. En effet, le nombre
d'habitants vivant a l'intérieur d'une geographique precise permet de mesurer
l'action de la société sur le milieu, surtout lorsque cette société est a vocation agricole ou
pastorale oü les populations sont sédentaires ou semi-nomades et nomades comme les
sociétés Mossi du centre-nord. Les techniques agricoles en vigueurdans ces sociétés sont
essentiellement manuelles, et au mieux comprennent un faible appoint d'une force
animale pour des rendements agricoles le plus souvent médiocres. D'oC le recours
incessant aux produits de la nature comme complement alimentaire dans une
ruralequi a longtemps fonctionné presque en circuitfermé, une largepartde la production
servanta nourrir les producteurs et les sociétés co-habitantes dans un cadre d'echanges
d'une dimension au plus régionale. Or de la maItrise de Ia nature a différentes par
une société donnée dependent a la fois I'utilisation optimale qui peutêtre faite des ressources
naturelles et la capacité de cette société a se défendre ou a dominerles autres sociétés.
excellent. Les résultats ont chiffrés avec precisionaux USA oü l'on estime que par ce
procédé(mulch farming), la perte en terre peutêtre vingtfois inférieure a ce qu'elle serait
en terrain flu>> (Marchal, 1978).
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Connaissances et pratiques
traditionnelles pour une conservation
de Ia biodiversité au Burkina Faso
Introduction
De Sardan (1989), dans sa réflexion sur les savoirs populaires, soulignaitque 'dans le
champ du développement rural, trois grands domaines sont concernés : les savoirs
populaires en matière dagriculture,d'elevage et d'environnement ; les savoirspopulaires
techniquesen matière de sante humaine et animale ; les savoirs populairestechniques en
matière de gestion et d'économie...
I. Definition de terme
Le terme vient du latin <<tradere>' qui veut dire faire passer a un autre, remettre. Ii
s'appliquea l'héritagetransmisoralement puis par <<La tradition est toujoursun bien
commun, une réalité oil les valeurs de vie sont communiquées. Elle est donc vivante,
dynamique>> (Sanou et Traoré, 1999). Mis d'aucuns pensent qu'elle est chargee de
pesanteursociologique et plutôt statique.
Selon Bognounou (1993), le mot mystique <<traditionnelle peut revêtir plusieurs sens
>>
pour certains anthropologues sociaux et, comme le notent Dubreuil et Tarral (1976), pour
les pays du tiers monde qui ont connu les effets du colonialismesous toutes ses formes,
cette notion de "traditionnelle' ddsignerait l'état des choses antdrieures a Ia colonisation,
prdexistant a l'interventioncoloniale. Le mot traditionnel ddsignerait ce qui existait avant.
Une telle definition est peu satisfaisante. Hagen, cite par Dubreuil et Tarral (op. cit.),
reconnaissant que les sociétés caractérisées par le traditionnel sont diverses et présentes
dans toute société globale, même dans les modernes, propose un certain modèle de la
socidté traditionnelle en retenant cinq principaux critères:
2. Le comportement est régi par la coutume (la tradition)et non par la loi (droit).
4. Les positions individuellessont déterminées par la naissance, plus que par l'apport
personnel. Le statutest souventplus recu qu'acquis.
5. La productivité est basse. Cette socidté traditionnelle est vouée a une sorte
de répétition, plus qu'a la transformation.
A travers ces cinq critères, on peut percevoir une certaine limite aux connaissances
traditionnelles qu'il est intellectuellement honnête de reconnaItre. Mais certaines sont
dignesd'intérêt. Ce sont quelques-unes de ces connaissances et pratiques quenous allons
presenter en tant que simples d'échanges et de discussionspour le present atelier,
en abordant les rapports des sociétés traditionnelles avec leur environnement a travers
l'agriculture, l'élevage et la gestion coutumière de l'espace rural au BurkinaFaso.
Barrau (1990) faisait remarquer que "dans le domaine de la production vegetale, les
avancées scientifiques et techniques se sont traduites, au cours notamment des quarante
dernières années, par d'évidents et remarquables progrès agricoles et horticoles. Elles ont
eu toutefoispour corollaires une homogeneisation et une spécialisation croissantes de la
fore cultivée ainsi que l'impositiona de riombreuses regions du globe de modèlesagro-
techniques et agro-économiques standardisés conçus dans les conditions
environnementales et sociales des pays développés. Cette remarque, si elle est fondée du
fait que c'est par le biaisdes transfertsinter-continentaux de plantes cultivées a l'occasion
des voyages des explorateurs européens que les regimes alimentaires se sont améliorés, ne
porte aucune indication sur les potentialités agricoles et vegetales du continentafricain, en
particulierdu Sahel, oü les populations tiraientpourtantl'essentiel de leur subsistance des
plantes (Ouedraogo et Bognounou 1996). Selon Portères (1962), si l'Afrique paraItavoir
peu fourni aux autres continents, c'est parceque nous venons de la connaItre, que c'est un
continentrude a l'homme, et difficilement rajeunissable pour diverses raisons, et
parce qu'une confusion a régné et règne encoresur I'originede certainesgrandesplantes
alimentaires. Pourtant on lui doit les caféiers et le palmier a huile, les sorghos céréaliers,
les mils pénicillaires, etc. Ky-Zerbo,cite par Ouedraogo et Bognounou (1996), de faire
remarquerque l'Afriquen'étant pas un 'videtechnologique", on notera,en rapportavec la
satisfaction des besoins et regimes alimentaires, la domesticationréussie de nombre de
céréales, de légumineuses et quelques tubercules commele montrele tableauI.
A côté des plantes cultivées, on peut egalementnoter une série de plantes spontanées,
herbacées, ligneuses et champignons, qui occupent une place de choix dans l'alimentation
ordinaire ou en pdriode de pénurie alimentaire. Pour ces raisons, certaines d'entre elles
sont dpargnées dans les champs de culture, formant les parcs dont on a pane dans les
paragraphes précédents. Quelques-unes et leur mode d'exploitationsont consignésdans le
tableauII.
Les parties de plantes valorisées a des fins alimentaires ou autres sont les feuilles, les
fleurs, les fruits, les graines,les exsudats, la sève, l'écorce, les tuberculeset les racines.
Dans la gestionde l'espace rural, les populations rurales ont des pratiquesqui contribuent
a la preservation de l'environnement.
Une pratique dutilisation rationnelle de lespace supervisée par les chefs de terre
traditionnels Tengsoba chez les Moose, Tinibèchez les Bwaba, Tikatu chez les Kassdna.
On ne soulignera jamais assez le role important de ces gestionnaires des terroirs,
distributeurs de lusufruit temporaire du sol, que Portères (1950) décrivait ainsi
"Personnage pleindexpérience,chef religieux se portant garant du maintiende la fertilité
du parcours cultural, veillant a ce que chaqueretour culturalsur un territoirey retrouvele
potentielde fertilité nécessairea lexploitation des successions et associations vegétales
traditionnelles sur lesquelles base le régime alimentaire de la collectivité . Ces chefs
de terre, dont lautorité malheureusement de nos jours semble remise en cause,
maintenaient en reserve des territoires destinés a digérer le croIt démographiquetout en
maintenant le régime alimentaire general.
En matière de gestion de l'espace rural pour l'élevage, Bognounou (2000) rapporte que
les Peuls distinguent un certain nombrede complexessollvégétation dont trois paraissent
- du Ceekol, désignant les rives et les lits de marigots, rdservé au pâturage aérien.
Bolaare et Ceekoi sont des milieux riches du pointde vue floristique, tant en ligneuses
qu'en herbacées.
Conserves et gérés a des fins exciusivement pastorales, ces milieux méritent d'être
souligiies en tant qu'entités concouranta une sauvegarde en diversitébiologiquedans le
contextedu climat sahélien.
Dans le souci de gérer des entitésecologiques pour leurs besoins culturels, les populations
rurales ont préservé des bois ou forêts sacrés qui sont des sites de rites sacrés.
- la méfiance des gestionnaires en raison des risques de vols d'objets sacrés (masques,
autels).
ce sont des sites de conservation in situ d'espèces végétales oi elles peuvent exprimer
leurs potentialités génétiques;
- ce sont des reservoirs fauniques, des refuges pour de nombreuses espèces animales,
notamment les pythons et varans;
Selon Sanou et Traoré (1999), pour minimiser les actions individuelles ou collectives
préjudiciablesa l'environnement, les sociétés traditionnelles ont mis en place un certain
nombre de <<garde-fous>> constitués par les interdits et les totems. Pour ces auteurs,
1'interdit s'applique a la communauté villageoise, tandis que le totem touchegénéralement
la famille appelée clan. Hasberget al. (1996) ont une vingtaine d'espèces
végetales totémiques lignagères chez les populations riveraines des forêts classées de
Tiogo et de Laba. Lamien et Bayala (1995) ont une dizaine d'espèces d'arbres
que les populations s'interdisent d'exploiter pour le bois de chauffe pour diverses
croyances mythiques. Les raisons des interdits et des totems souvent a Ia
logique cartésienne et pourtant leur importance en matière de protection de
l'environnementest considerable.
Vis-à-vis de la fore spontanée, les populations rurales ont des interdits allant de la coupe
des arbres a la consommation. Au niveau de la biodiversité agricoleegalement, ii existe
des interdits allant de la selection jusquà Ia conservation. Comme exemples, ont peut
noterau Yatenga qu'unejeune femmene peut pas conserver des semences, qu'il faut
d'approcher les semences d'une sourceacide comme le tamarin, que le vieux to ne doit pas
toucheraux semences.
Dans Ia plupart des cas, ii sagit des espèces des Iieux sacrés comme les bois, les collines
et les rivières. La composition floristiquede ces lieux sacrés vane en fonction des regions
et de la fore en place. Dans le plateaucentral du BurkinaFaso, les espèces courantes des
bois et collines sacrés sont: Parkia biglobosa, Anogeissus leiocarpus,Tamarindus indica,
Khaya senegalensis,Adansonia digitata, Piliostigma reticulatum, Securinega virosa,
Cassia sieberiana,Balanitesaegyptiaca, Acaciapennata. Dans Ta zoneouest, les espèces
sacrées sont Mitragyna inermis, Pterocarpus santalinoides, Cola laurifihia, Ceiba
pentandra, Syzygium guineense, Crateva religiosa. Ces espèces sont generalement
autorisées a la coupe en dehors du lieu sacré. Certainesespèces taxées de hantécs par des
esprits sont protégées de coupe. Les plus communes sont : Tamarindus indica, Afzelia
africana,Lannea acida, Calotropis procera et Ficus spp.
Des plantes dont Ta physiologic est ignorée par les populations sont taxdes de mystiques et,
de cc fait, sont protégées. Les espèces du genre Ficus sont les plus connues dans cc type de
protection. En effet, l'inflorescence des Ficus est un syncarpe donnantFailure dun fruit. En
fait, c'est linflorescencequi est consommée comme un fruit. Si bien que le Ficus apparaIt
comme une espèce dont ihomme ne peutjamais voir 1'inflorescence. Du coup, les Ficus
passentpourdes piantes mystiques et, de cc fait, sont protegees. Par ailleurs, les espèces de
Ficuscauliflores sont protégées, car dies traduisent Ta prospérité. Quand un Ficuscauliflore
commeFicuscapensis pousse dansun champ ou dansune concession, ii est a cause
de cette perception. Tamarindus indica, appelé arbre de est
genies, protégé de la coupe.
Seule la cucillette de fruits de feuilles et décorcesmédicales cst autorisée.
En Afrique, chaqucclan, voire chaque farnille, a son totem vis-à-vis des plantes ou des
animaux. La pratique consiste a ne pas tuer lanimal ou la plante totem dc famillc ou du
clan,qui cst Ic protecteur ou le défenseur de Ia famille. Cest cc que Sanou et Traoré (1999)
Les populationslocales ont une denomination des plantes liée a plusieurs considerations.
Cette pratique revêt un aspectde preservation des plantes.
La denomination de la plante peut être faite par similitude a lhomme ou aux organes
numains. C'est le cas de Paullinia pinnata appelée Nussa nou, c'est-à-dire 5 doigts en
moore, en rapport avec ses feuilles. La denomination de la plante peut être faite par
rapport aux effets de Ia plante sur Ihomme.Ainsi Stereosperrnurn kunthianurn est appelée
Nivilinga en moore pour l'effet hallucinogène de l'espèce. Elle peut être faite en
rapport avec les consonmateurs de la plante : Annona senegalensis(Bataarna) en moore,
ou kanté du chien, Lannea velutina(warn sabaga) en moore, raisinierdu singe. Ii existe
egalementdes denominations de plante par similtitudea lanimal, Gombreturnaculeaturn
ou kodentaabga, egale patte de perdrix. Crateva religiosa ou koltoega est une
denomination en rapport avec le biotope, c'est-à-dire Baobab de leau. Gardenia
sokotensis ou Tang rambrezunga en moore veut dire bois sec de la colline. Ces
considerations ethnologiques interviennent de facon subtile dans la preservation des
ressowcs végétales.
Conclusion
L'approche de conservation in situ, qui est en train d'être mise en uvre a travers le
programme d'aménagementdes formations naturelles, est fort louable, mais force est de
constater qu'eIle ne vient qu'en "sauvetage" des anciennes reserves forestières qui
en regressionconsiderable, sous Ia pressiondes populations riveraines. La questionde la
valorisation de la pratique des bois sacréscommesystème endogène de conservation de Ia
diversité biologique reste posée. Créés sur leur propre initiative, les populations locales
sont responsables de la gestionde ces bois sacrés.
La protection de ces forêts et bois sacrés nous paraIt dans toute politique de
conservation de la biodiversitd reposant sur les fondements socioculturels de l'Afrique.
Quelques mesures concourant a cette protectionpeuvent ddictdes:
3. les intégrer dans Ia liste des aires protegees et donner les moyens nécessaires aux
gestionnaires traditionnels;
4. clarifier le foncier, Ic legislatif a propos de ces aires. En tenir compte dans les
programmes damenagementet de gestiondes terroirs;
6. développer par une sensibilisation l'intérêt pour ces bois sacrés en tant que valeur
socioculturelle de Ia communauté, notarnment en direction des fractions jeunes
soumises au risqued'acculturation;
9. envisager le bornage de ces entitésde peur queles jeunes "acculturés'ne les grignotent
a des fins agricoles.
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Au Togo, des savoir-faire ont permis depuis très longtemps d'assurer une gestionsame et
durable des ressources végétales. us passent par [a creationet Ia gestiondes forêtssacrées,
mais aussi des techniques culturales qui se maintiennent de nosjours. En ces périodes de
crises generalisdes et d'échec de presque tous les programmes de gestion de
l'environnement, ne peut-on pas recourir a ces méthodes locales pour améliorer les
techniques conventionnelles ?
Introduction
D'une superficiede 56 600 km?, le Togo, pays de l'Afrique de l'Ouest, est situé entre 6°
et 11° de latitude Nordet entre 0° et 2° de longitude Est. Au sud du 8è parallèle, le climat
est de type subequatorial guinéen a quatre saisonsdont deux pluvieuses ; au nord, il est a
deux saisons. La population togolaise est estiméea 4 402 500 habitants dont 85% sont des
ruraux. Le Togo compteplus de quarante ethnies, ce qui lui confère une veritable diversité
culturelle. Les sols ferrugineux,les solsferrallitiques,les vertisols et les sols peu sont
les plus frequents. Les formations vegétales dominantes sont les savanes. Les forCts denses
humides seretrouvent danslapartieméridionale des Monts du Togo (Akpagana, 1989) et sous
forme de foréts sacrées (Kokou, 1998). Toutes ces forêts sont malheureusement très
degradées, surtout par des cultures vivrièresou de rentes (Tengué, 1994).
A l'instar de toute l'Afrique tropicale, le Togo offre une grande diversitdde conditions
favorables a une diversité d'ecosystèmes. Ceux-ci regorgent de multiples
espèces vdgétales dont dependent les populations. Malheureusement, ces
naturels sont sujets a une degradation poussée de leurs ressources en raison de la forte
pression anthropique. Cette degradation se traduit par l'appauvrissementdes sols, la
destruction massive des la perte de la diversité biologique. Diverses
initiatives ont mises au pointpour remédier a ce problème, maisIa plupartd'entre elles
sont restées sans résultats satisfaisants. II s'agit notamment de classements d'aires et de
reboisements. Ces derniers sont executes avec des essences exotiques qui, malgré leur
grande valeur sylvicole, nécessitent beaucoup d'entretien. Or les populations locales
connaissent mieux dans leur milieu un grand nombre d'espèces forestières (Conklin,
1980), dont certaines fournissent de Ia nourriture pour l'homme et le bétail,
ainsi que Ia couverture des soins de sante. Ces connaissances sont malgré tout
marginalisees, voire ignorées. Pire encore, les pratiques traditionnelles sont encore
considérées comme negatives et Ia seule solution valable reste un transfertde technologie
(Puig et al., 1993). La gestion de l'environnement par la repression se poursuit et Ia
conservation de Ia diversitC biologique a travers les aires protégées a Pire, les
populations revendiquent leurs droits sur ces aires et en occupent de larges portions. Dans
L'exempledes forêts sacrées signale dans plusieurs pays africains est très eloquent a cet
egard liDe Larozière (1949), Pélissier (1980), Lahueg (1980), N'Tiama (1987),
Achoundong (1990), Dongmo (1990), Sobze (1993) et Kokou (1998)1. Selon Sibanda
(1999), la religion, les croyances et les tabous forment en Afriquela pierreangulairede la
gestion des ressources naturelles. D'autres formes de pratiques culturelles conservent
durablement la biodiversité. Ce sont:
I. Methodologie
Cette est fondée sur des données recueilliessur le terrain par chacunde nous, mais
aussipar divers auteurs que nousavonsconsultés. Nous avons egalement eu des entretiens
avec les directeurs de certains servicesadministratifs tels que les Directionsde la Faune,
de la Flore, de l'Ecologie, du Plan d'Action Forestier National, ainsi que de certaines
Organisations non gouvernementales telles la Fédération des Organisations Non
Gouvernementales du logo (FONGTO), les Amis de la Terre et CARE-International.
La spiritualité est une importante composante dans l'utilisation des ressources naturellec. Ii
fait naItre un profond respect pourtoutes les creatures, notamment les forêts et certaines
espèces végetales.
Au Togo, ii existedes foréts sacréessur toute i'étendue du tenitoire, notamment dans les
Regions3 Maritime et de la Kara. Signales depuis longtemps par Chevalier (1933) et
Aubréville (1937), ces hots de forêts sont précieusement préservés par les populations
riverainesqui pourtantmanquentde bois de chauffeet de terrescultivables.
Dans la Region de Ia Kara, les forêts sacréesde Doufelgou sont les plus remarquables.
Chaque village possède sa forêt sacrée qui abrite i'esprit de l'ancêtre fondateur. Toute
profanation conduirait a des maiheurs.
Celles de la Region Maritime côtière ont dtudiées en detail. On en distingue deux types:
- les foréts des vaudous qui abritentle pantheondes dieuxprotecteurs des villages;
- les forêtsdes ancêtres qui abritentles ancêtres défunts.
Dans toutes ces forêts, ii est interdit de chasser, d'allumer le feu, de récolter du bois de
chauffe ou d'uvre, de faire paItreles animaux et d'installerdes parcelies de culture. Les
populations locales ont la responsabilité de la protection et de la conservation de ces sites
sacrés. Ii y existeen outre des forêts pare-feuqui assurentLa protection des villages contre
les incendies et les vents violents.
Lesetudes ont montréque toutes ces forêts 'protégées"par l'homme sont des sanctuaires
de la diversité biologique(Kokou, 1998 ; Kokou et al., 1999 ; Kokou et a!., 2000). Les
travaux effectués sur 53 hots forestiers ont permis de recensersur une superficie de 17,2
ha 649 espèces vegetales réparties en 90 families dont 72 de Dicotylddones, 15 de
Monocotylédones et 3 de Ptéridophytes, alors que ia fore du Togo compte 2 484 espèces.
Ces etudesmentionnent egalement52 espècesnouveiles4 pour la fore du Togo. Danscet
effectif, on cite 10 genres nouveaux.
Des interdits frappent certaines espèces végétales qui sont ainsi considérées cornme
espècesfétiches. Elles bénéficient de fait d'une protection stricte.
Ainsi, chez les nawda de Doufelgoudu Nord Togo, certains arbres tels que Adansonia
digitata (to'de), Miliciaexcelsa (torn'be) et Borassus aethiopiurn (kpadbe) abriteraientles
esprits des ancétres et sont ainsi protégés. C'est ainsi que, par exemple, pour tailler un
pied de M. exelsa, ii fautréunirtoutela famille en vue de prendreIa decision. Toute action
individuelle est proscrite. II est a noter que cette manière de faire tend a disparaItre
aujourd'hui.
Certaines espèces de palmier a huile sont egalement dans les cultures, car
prédestinées a des rites religieux. C'est le cas d'Elaeis guineensis var. idolatrica ou
afande, aux palmes non dissequeeset d'E. guineensis var. virescens, localement connue
sous le nom de sede, dont les fruits jaune-orangé a maturitéservent a fabriquerl'huile de
palmerancie (kole) utiliséedans les cérémonies dufa.
L'agriculture traditionnelle qualifiee d'itinérante sur brIllis, avec des jachères plus ou
moms vieilles, a permis une gestion durable des et de leurs ressources
naturelles. Néanmoins, dans un contexte global d'absence de jachères, certaines pratiques
innées, comme l'agroforesterie traditionnelle, Ia polyculture et les champs de case,
permettent une gestion et une conservation durablesdes ressources naturelles.
L'agroforesterieest une technique culturale très ancienne chez la plupart des peuples
indigènes. Elle consiste en l'entretien d'arbres dans les champs et dans les jachères pour
des raisonsalimentaires, médicinales ou autres.
Dans le norddu Togo, des agro-systèmesa Vitellariaparadoxaet a Parkia biglobosa sont très
frequents. Ces deux espèces foumissent des produits alimentaires et médicaux pour les
hommes et les animaux. Dans laRegion des Plateauxouest, lespaysans desespèces
comme Albizzia spp, Harungana madagascariensis, Trema guineense, Eythmph1eum
guineense dans les champs et jachères. Elles fournissent essentiellement du bois de feu
domestique. L'Ong Association pourla Promotion de l'Agro-forestrie (APAF) a dans
cetteregion les pratiques agro-forestièrespour les mettre au goôt du jour. Elle y recense deux
principales,authentiquementtraditionrielles(APAF-CIFCDet PACIPE, 1999):
Dans Ia partie septentrionale du pays, on note souvent les formes suivantes : sorgho-
arachide-niébé, mais- niébé, manioc-riz, sorgho-arachide-niebé-voandzou, fonio-millet,
etc. Elles sont souventassociées a une stratearborde de karité-néré-palmier doum. Dans la
Region des Plateaux ouest, les associations suivantes mais-manioc-riz-légumes verts,
maIs-manioc-nidbé, manioc-igname-niébd (Tsatsu, 1987). On garde dans le champ de
grands arbres qul fournissent de l'ombrage, des fruits de cueillette, de la fertilisation
passive, mais efficace, des sols, etc. Dans La partie côtière, sous une mosaIque de
cocotiers, de manguiers, de neem, de palmier a huile, etc., on a pu noter les associations
manioc-maIs-niébd, manioc-mais-niébé-voandzou-oseille, manioc-maIs-nidbé-oseille, etc.
La polyculture permet ainsi une meilleure gestion des terroirs et d'dviter l'érosion des
ressources gdndtiques en diversifiant Ia production. Les monocultures prônéesaujourd'hui
sur le mode occidental sont ainsi une. menace sur la biodiversité, car elles utilisent
beaucoup d'engrais et de pesticides qui polluent et appauvrissentrapidement les sols.
Elles sont aussi une menacepour les cultures traditionnelles.
Dans le nord du Togo, ii existe une structurationconcentriquedu système agraire. Dans cette
distributionspatiale, les champs oujardins de cases, <<institutions>> des regions septentrionales
uniquement,sont directementlocalisds autour des maisons.Leur miseen place et leur entretien
sont directementassures par les femmes. Les travaux que nous y avons effectudsmontrentque
surdes sols enrichispar Ia fumure, Ladensitéde l'agro-biodiversitéestassez importante.Ainsi, a
DapaongdansI'extrCme nord, nous avons Pu recenser 18 a 21 especes cultivdessur environ
30 m2. Sur cette méme superficie,nous avons comptdau centre du pays (a Kdtaoet a Kara) 14 a
22 especes. II fautfaireremarquerque sur ces parcelles,on note diverses variétdsappartenanta
lamême espèce.Aiiisi, on a pu observerdiversesvariétésdepiment (Capsicurnannuurn),niebd
(Vigna unguiculata),etc.
Dans le contexte actuel oü l'échec est constaté pour toutes les techniquesde gestion de
l'environnement et de Ia diversité vegetale, ii serait judicieux de se rabattre sur les
connaissances des populations locales. Elles peuventpermettre, dans tine largemesure, de
trouver des solutions addquates. Le present travail a permis de relever certaines de ces
pratiquestraditionnelles. Ii est opportun que les gestionnaires de l'environnementet des
ressources integrent les savoirs traditionnels dans la conception des programmes
nationaux. Cela implique non seulement l'associationdes populations locales, mais aussi
la prise en compte de Ia pratique méme. Ii s'agira de faire prendre conscience de
1'importance et du respect de ces pratiquesendogènes. La gestion locale des forëts et de
leurs ressources, la polyculturetraditionnelle et Ia pratique des jardins de cases sont autant
de valeurs qui peuvent être exploitées a cet effet. Les Organisations non
gouvernementales doiventen apporterleur appui et leur savoir-faire. Les recherchessont
a leurs balbutiements pour tolls les faits que nous venons de relater. La diversité
biologiqueet la gestiondes forêts sacrdes du sud du Togo sont bien connues. II en est de
mémede l'étude de l'agroforesterietraditionnelle du nord du pays. II reste:
Par ailleurs, Ia prise en compte des femmes dans ces programmespeut être une bonne
chose. Elles assurent l'approvisionnement domestique en ressources végétales,
notamment le bois-energie, les produits de soudure comme les farines de baobab et de
néré, Ia fabrication de la moutarde, la cueillette et la valorisation de condiments
legumiers, etc.
Ainsi, Ia gestion des ressources génétiques sera en accord avec la Convention sur la
diversité biologique qui préconise a son article 8, alinéaj la preservation et le maintiendes
connaissances, innovations et pratiques des communautés autochtones et locales qui
incarnent des modes de vie traditionnes présentent un intérêt pour la conservation et
l'utilisationdurablede Ia diversité biologique.
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Les paysanssahéliensont toujours maintenu et entretenu des arbres dans leurs champs.
Cette pratiqueagricoleséculaire dans cette region, après avoir décriéecommeobstacle
a une meilleure exploitation des tenes, est admise aujourd'hui comme une technique
incontournable d'utilisation et de conservation des terres et de Ia biodiversité dans un
environnement fragile qui se degrade rapidement. Les paysans de Bogodjotou
n'échappentpas a Ia tradition.
Dans une enquête sur l'agroforesterie paysanne, des espèces ont citées comme
favorisant le développement des cultures, tandis que d'autres sont reconnues pour être
génantes. Ainsi, des arbres sont maintenusdans les champs pour d'autres fins que leurs
seulseffetsbenefiques surles cultures. Mais a Bogodjotou, même les espècesqui auraient
des effets positifs peuventêtre suppriméspour conquénr quelques metres carrés et faire
ainsi 'plus de place aux cultures". Une telle situation pose le problème de
l'equilibre entre l'espace disponiblepour la production agricoleet la conservation de la
biodiversité.
Ii apparaIt alors trèsclairement que les paysans sont a La fois une mémoire vivanteet des
experts de leurs terroirs. Aussi,normalement, devraient-ils être incontournables pour toute
intervention dans ces milieux, quelles qu'en soient Ia natureet les raisons.
Introduction
Mais aussi important que soit cc role d'abri de l'arbre, justifie-t-il le maintien et
l'entretien de plusieurs arbres dans un champ qui n'excède que rarementl'hectare ? En
fait, les arbres sont a usages multiples et ce seul avantage peut justifier leur presence,
même s'il peut être défavorable aux cultures,commel'a révélé l'enquétedont les résultats
sont présentésici.
Le terroir de Bogodjotou, qui couvre environ 6200 ha, est caractéris par une jachère
réduite a sa plus simple expression, un debut de degradation des terres qui se manifeste
par l'apparition de loupes d'érosion et des techniquesde conservation et de restauration
commeIa fumureet le zal, nouvellement introduitset adoptésrespectivement par 85% et
23% des exploitations. L'extension de loupes d'érosion nécessite des interventions
preventives urgentes.
I. Methodologie
II. Résultats
TableauII: Raisonsdu maintien, du suivi etde l'entretiendes arbres dans les champs
La gene que constituent des arbres pour des cultures se traduit par l'arrêt du
ddveloppement au stade montaison pour les céréales, le filage de Ia plante entière qui
aboutit a des tiges chétives, buissonnantes et fragiles avec des feuilles jaunissantes.
Lorsque Ia culture atteint l'épiaison, les sont stériles. L'aspect buissonnant se
manifeste aussichez le sesame, le niébé.Les boutures de manioc se dessèchent a l'ombre,
tandis que ses tubercules, lorsqu'ils se forment, sont minces et effilés.
Lorsque l'effet de l'arbre est en revanche stimulant, les plantes deviennent plus
vigoureuses et d'un vert foncé, avec des feuilles larges, des ou des gousses, des fruits
bien développés permettantconséquemment une bonneproduction. Le manioc s'enracine
profondément et produitde gros tubercules. Lespaysans affirment, dans leur majorité,que
le sorgho, le niébé, le maIs, le sesameet le maniocne se cultiventpas sous des arbresdont
aucun d'ailleurs n'a Ia propriété de favoriser leur ddveloppement. Aussi certains arbres
sont-ils coupds pourfaire plus de place aux cultures.
Le groupe invoque9 raisons pour maintenirdes arbres dans les champs, alors que les
individus en invoquent au maximum 7. Dc plus, le groupe cite une raison telle que Ia
production de gomme, qui n'a pas etC citée et que la politique nationale veut promouvoira
travers Ia plantation de gommiers (tableau III).
:
Combreturn micranthurn et Komdi coupésparce quejugés sans importance et
broutés seulement par les dromadaires
Enqutés Arbresconserves
1 Diospyros mespi1fonnis, Khaya senegalensis, Prosopis africana, Combretum
glutinosum, Guiera senegalensis, Pterocarpuserinaceus, Acacianilotica, Ficus
ilatyphylla, Ziziphus mauritiana, Sclerocaryahirrea, Piliostigmareticulatum,
Balanitesaegyptiaca
•
2 sansjachère
3 Piliostignza reticulatum, Acacia albida, Guiera senegalensis
4 Piliostigmareticulatum, Combretum glutinosuin, Khayasenegalensis,
)iospyrosmespilforinis, Pterocarpuserinaceus,Acacia nilotica
5 sansjachère
6 sansjachère
7 sansjachère
8 Combretum glutinosum, Pterocarpus erinaceus,Acacia nilotica
9 sansjachère
10 Lannea microcarpa, Pterocarpuserinaceus
Ces arbres sont gardes pourleur utilité comme: l'ombre pour le reposet la prise de repas;
leurs feuilles mortes, l'attraction et le repos des animaux sources de déjections
fertilisantes, les fruits consommés et vendus, l'utilisation de leurs organes dans Ia
pharmacopde.
Ici, 10 espècesnon citéespar les individus sont venuesenrichir la liste des arbres dans les
jachères, parmi lesquelles on cite Mitragyna inermis, Securidaca Iongipedunculata,
Lawsonia inermis, Limeum viscosum et Boscia senegalensis. Utilisant les arbres a
plusieurs fins, les paysans se rappellentceux qui sont disparuset dont us sont les seuls
a avoir la mémoire (tableauV).
Enquétés Especescitécs
1 Commiphora africana, Limeum viscosum, Securidaca longipedunculata,
Komdi(nom local)
.2 Pterocarpuserinaceus,Acacia nilotica, Diospyros mespilformis,Khaya
senegalensis, Anogeissus leiocarpus
3 Balanitesaegyptiaca,Pilostigmareticulatum, Pterocarpuserinaceus,Acacia
.
nilotica, Combretum glutinosum, Sclerocaryabirrea
4 Sclerocaryabirrea, Feretia apodanthera
5 Feretia apodanthera,Acacia senegal
.
6 Combretum glutinosum
.
7. Combretum glutinosum
8 Combretum glutinosum
9 Combretum glutinosum
10 Sclerocaryabirrea, Pilostigmareticulatum, Khayasenegalensis,Balanites
aegyptiaca
Neuf espèces sont relevées mortes dans les champs et les jachères parmi lesquellesles
plus citées sont C. glutinosum (5), S. birrea (3), P reticulatum, K. sengalensis,Acacia
nilotica, Balanites aegyptiaca, Feretia apodanthera, Pterocarpus erinaceus (2) et D.
mespilformis,A. leiocarpus (1). La raison La plus invoquée est l'écorçage soit pour La
pharmacopée, soit pour la fabrication de cordages. Ce traitement affaiblit l'arbre en
I'exposant au dessèchement et a l'attaque de différents ennemis. Khaya senegalensiset
Piliostigmareticulatumsont particulièrement victimes de ces récoltes d'dcorce et sont
donc très menaces, l'écorce de Ia premiere espèce servant de médicamentet celle de la
seconde a Ia fabrication de cordages. L'utilisation de branches d'A. nilotica comme
cloture ont eu raison de telles espèces.
- quatre espècessont plantées pour leurs effets fertilisants et leurs intdrêts alinientaires et
médicamenteux;
On comprend alors aisément qu'un des paysans ait refuse de planter Pterocarpus
erinaceuset Acacia nilotica, que l'agent forestierlui a proposes, parce qu'il jugeait leurs
effets sur les cultures negatifs.
Si les paysans de Bogodjotou pouvaient planter des arbres dans leurs champs, leur
préfCrenceporterait sur A. albida, A. digitata, H. thebaica, P. reticulatum, Z. Inauritiana,
Ii apparalt,dans les pages précédentes, et sans surprise, que les paysans connaissent bien
les arbres de leur terroir. Mais comment les percoivent-ils et queue importance leur
accordent-ils dans leurs deux principales activités? (tableau VII)
Au niveau agricole, l'arbre est important dans le champ avant tout pour proteger les
cultures contre le vent et les averses. Son second role est lie a la lutte contre l'érosion, Ia
Mais que reprdsente l'arbre pour les différentes composantes de la société: individu,
famille, village, terroir et le pays tout entier ? A cette question les paysans répondent
clairement et situentles niveaux d'intérêts, méme si ceux-ci se recoupent
Les enquêtésen ont une idée bien preciSe, comme le montre le tableau ci-dessous oii us
expriment leurS idées. L'appreciation de 1'utilité de 1'arbre a ces différentes fait
ressortirune fois de plus cette vision et cette apprehension holistiques de l'arbre par les
paysans (tableauVIII).
- le changement de comportements des agents des Eaux et Forêts pour une meilleure
comprehension a leur endroit et une attitudeplus conciliante;
- la sensibilisation des bergers qui coupent les arbres pour leurs troupeaux;
Tableau X: Les especes, leurs utilisations et leur qualité pour ces usages.
2
-
I
F En
++++
++4-±
+++-f
±4-4-4-
+
4-
4-
7 ao
+++
4-4-4-
4--I-++
+
±
4-+ 4-4-
Td
4-4-4-
+++
r i
4-++
+++
nt
-I--f-f
4 ±4-4--f +-H- 4-
5 -44-4-+ 4+4--I- ±4* ±4-+4- +++4- -H--H-
6 ++-H- -4--H--f
++++ -I--f+ -1-4-4- -f+++ 4—I-I-f
+++4- -H-4-+ -H-+ +++ 4-+-4-4- +++ 4-±+4-
++±+ +-4-+ +4-f +4-f+ +4-f +++
0 ++ ++++ +4-4-4- 4-4- +4-4-4-
11 ++ + +4- 4-4- +4-4-
U -f+ +4-4- 4-4-f +-H-+ +4*4- 4-4-4- +4--f
13 +4- +++4- +4-4- 4-f-f +4+ +4-4-4- 4—f-f +4-4-f +4* +4-f+
14 4-4- +4-4- +4* -f-f+4- 4--f-f-f +4-4- 4*4-
15 +4- -4-4-4-4-
17 +4- 4-+4-
18 ++ 4- 4- +4+ -
19 4-4-
26 +4-
27 ++
28 4-4- 4-4-f-f ±4-4-4-
43 -f++
44 +4--f +4-4- 4-f-f-f
45 4--f +4-4-
46
47 +4-4--f
Dans ce tableau,on constate aussi que 14 espèces sur 46 (30,4%) sont utilisées comme
source de bois de construction de case, de hangar et de grenier. Les meilleuresespèces
pour ces usages sont celles dont le bois est très resistantet inattaquable par les termites et
les autres insectes, notammentles foreurs. Les piliers de case ou de grenierstires de ces
arbres ont une durée de vie très longue qui depasse la dizaine d'années.
Les qualitds du bois utilisé pour Ia confection de mortiers doivent rdunir les mêmes
caractéristiques. Et concernant cet ustensile, le bois dont il est tire a ses qualites renforcées
par les pluies. Aussi laisse-t-on les mortiersêtre arroséspar l'eau de pluie. Autrefois,les
mortiers des famillesprincieresdtaient extraits des arbres ayantles bois les plus durs et les
plus résistants, car ces farnilles ne sauraient faire fabriquerleurs mortiers,trop sollicités,
frdquemnient. Ils doiventdonc avoir une longevitd exceptionnelle.
Les arbres dont les racines et l'écorce sont recherchées pour la pharmacopéeou pourIa
teinture peuvent être considdrés comme menaces aussi. Pour la pharmacopée et la
teinturerie, ii s'agitrespectivement de 13 (28,2%) et 9 espèces (19,5%).Les habitants de
Bogodjoutou ont d'ailleurs soulignd que cet pour des buts médicauxest Ia cause
principale de la mort des Khaya senegalensis. Ii en est de mémepour celles qui serventa
fabriquer des mortiers, des pilons, qui sont des outils de cuisine essentiels, même si
certains pilons et mortiers, selon les espèces dont ils sont issus, peuvent être utilisés
pendant plusieurs dizaines d'années.Lesespèces fourragères, qui représentent 56,5% des
espècescitées, mdritent aussi une attentionparticulièrequant a leur
Ener Cons Alh Phah Clot Matai Proco Cord Curd Fourr Phaa Herbi Pesti Teint Tann
Ener 30 14 18 16 13 II 19 7 10 16 4 3 2 9 2
Cons 14 4 I 2 2 0 0 0 0 0 I 1 2 2 2
Alh 9 1 0 4 0 1 15 1 1 3 2 0 0 2 0
Phah 13 2 5 0 0 1 1 4 0 2 1 0 0 2 0
ClOt 15 9 2 8 0 7 7 1 6 6 1 0 0 2 1
Mata Ii 5 4 8 7 0 11 2 3 5 1 0 0 3 0
Procol6 5 12 11 6 11 0 2 6 9 2 0 0 2 0
Cord 4 2 2 3 1 2 2 2 0 2 1 1 0 3 1
Curd 7 4 3 6 6 4 6 0 0 0 5 0 1 1 0
Fourrlô 6 8 10 6 5 6 2 5 1 2 1 1 7 2
Phaa 2 3 3 3 1 1 2 1 0 2 0 0 1 1 0
Herbi 2 2 0 2 1 1 1 1 1 1 0 1 0 1 1
Pesti 2 0 1 0 0 0 0 0 2 1 1 0 0 0 0
Teint 9 6 4 7 2 3 3 1 7 1 1 1 0 0 2
Tann 2 2 0 1 1 0 0 1 0 2 0 1 0 1 1
Les données relatives aux arbres fourragers montrent qu'ils sont aussi sources de produits
de pharmacopée humaine, de matériaux pour l'artisanat, de produits varies
commercialisés. Les paysans citent seulement 8 arbres herbicides et 7 autres utilisés
commepesticides. Quant aux espècesqui fournissent des produits tinctoriaux, qui sont au
nombre de 36, elks sont aussi utilisées comme fourrage, plantes alimentaires, bois de
construction, etc. Cet usagemultiple des arbreschampêtres, a quelques espècesprès, est le
même que celui décrit par Nouvellet(1992).
La polyvalence peut être cause d'exploitationabusive des espèces qui ont cette qualite
comme celle qui a provoqué Ia disparition de Prosopis africana, I'arbre du forgeron. En
revanche, si l'utilisation multiple pouvait inciter des plantations de conservation, les
espèces Seraient sauvées. Ii ne peut en être ainsi que si paysans, botanistes, forestiers,
médecins, chimistes, tradipraticiens de la pharmacopée, aménagistes et
développeurs collaborent pour inventorier les espèces polyvalentes menacées et
entreprendre les operations nécessaires de collecte de semences et de rriise en place de
pépinières. En effet, malgré les différentes sensibilisations de plantations d'arbres,
l'habitudeest loin d'être acquise. Ii s'agitde constituerde véritables arboretums-banques
de genes, in situ notaniment, de ces arbres polyvalents et d'en initieraussi la promotion
pour des plantations de certaines espèces dans les concessions.
Les paysansplantent rarement des arbres au village, a plus forte raison dans les champs.
La raison, entre autres, est qu'ils ont garde un comportementdes temps de l'abondance
des arbres dans les terroirs,qui rendaitimpensableune plantation, sansoublierqu'ils n'en
maItrisaient pas la technique. De plus, il est admis traditionnellement que celui qui plante
un arbre n'en mangera pas les fruits. Heureusement, depuis les fetes de l'arbre et la
distribution de plants dans les villages, les villageois ont planté des espèces, souvent
exotiques, dans leurs concessions. En revanche, ils n'y plantent que rarement, sinon
jamais, des espèces locales. Ils entretiendront une espèce qui y pousse spontanément a
condition qu'elIe n'y soit pas proscrite,car tous les arbres ne sont pas "bons" dans une
concession.
Si les vieux d'aujourd'hui détiennenttoutes ces connaissances, c'est parce qu'elles leur
ont transmises. Comment se fait alors cette transmission?
Concernantles pratiques agricoles, les enfantsy sont initiés des le bas age. En effet très
souvent des t'age de 5 ou 6 ans, l'enfant armé de son "ilèr" et accompagnéde son repas
suit son père au champ et 1'imite. Cependant, ii se consacrera a cette initiation selon son
bon vouloiret mêmeses fantaisies et ses humeurs, comme it mangera sonrepas a sa guise.
Aucunecontrainte : ii s'agit de voir ce quefait le pèreet de I'imiter selon sonbon vouloir.
Mais ta vue répétéede l'actionpousse a l'imitation,a cet age.
Tableau XII : Arbres acceptés (+) et proscrits (-) dans les concessions
P.africana + + +
Cafricana + + +
Bantan + + -1-
Tchélia + + +
Makkabani + + +
Wagna + + +
S.birrea
P retkwlata - - -
T.indica - - -
K. senegalensis -
C. procera - - -
A.paiida - - -
C. micranthum -
On notera, a travers ce tableau,un accord parfaitdes hommes et des femmes sur les deux
categories d'arbres, ce qui n'est point car la preservation et le renforcement de Ia
sante de toute la famille incombent aux deux conjoints. Et de fait, les deux ont Ia méme
connaissance, passée de père a fils et de mere a flue, de tout ce qui preserve ou
comprometle bien-être familial.
Les arbres plantés dans les concessions le sont pour leur presencejugde benefiquepour
les famillesou pour les usages médicaux qu'on peut fairegéneralement des organes. Ainsi
Z. mauritiana,qui preserve des accidents, est aussisource de bienfaits. 11 est aussielagué
pour produireplus de fruits qui peuvent rapporterjusqu'à 50.000 F CFA par an. L'arbre
protegeles membres de la concession contre les sorcierset les serpents. A. digitata, dont
l'dcorce peutêtre utilisée pour la confection de cordages, n'accueillecommeoiseauque le
grand Aigle appeléZéban, qui peut y construireun nid, pondreet avoir des petits. Si, au
retour d'un enterrement, une personne continue a else effrayée, on lui fait embrasser
Les rdsultatsqui sont présentds dans les pages précédentes montrent très clairement Ia
connaissance holistique qu'ont les paysans de Bogodjotou des arbres de leur tenoir. C'est
une réaiitd qu'on ne saurait négligerdans l'approche et Ia solution d'un problème,quel
qu'il soit, du terroir.
Les pratiquants actuels de I'agroforesterie villageoise présentée ici, jeunes ou vieux,
affirment qu'ils ont toujours connuces arbres dans les champs qui sont instailés dans des
espacesboisés. Ainsi, l'agroforesterieau Sahel est une très anciennepratique paysanne.
Bile est une association plus ou moms intime de différentes composantes végetales,
commele définitHuxley(1983).
Cette pratique d'integration des cultures dans les forêts, qui a profondémentmodiflé le
paysage forestier sahélien en la separation spatiale entre champ et forêt, en
crdant l'ailiance de i'arbre et du champ(Pélissier, 1993) tout en rardfiant Ia forét, est une
caractéristique du Sahel. Et pourtant, si les caractéristiques botaniques des espèces
iigneuses sont bien connueS, celles relatives a l'agroforesteriesont loin de l'être mieux,
faute d'une prise en compte des savoirs et des connaissances que les paysans ont de leur
environnement (Kotschi et al., 1990 ; Michon, 1991 ; Philipose, 1995 ; Harsh, 1995).
Les résultats de cette enquête, qui montrent cette connaissance holistique qu'ont les
paysans de Bogodjotou de l'arbre dans leurs terroirs, sont incontournables.
Incontournables dans toute intervention, non seulementdans ce domaine specifiquement
présenté ici, mais aussi dans tout autre de leur terroir. Qu'il s'agisse d'opérations de
recherche conm-ie de développement, les paysans sont des spécialistes et la mémoire
vivante de leurs terroirs. Aussi leur concours est-il absolument indispensable. Et toute
recherche pour une meilleure comprehension et une amelioration de l'agroforesterie, en
particulier, et des conditions de vie des paysans au Sahel doit être participative, c'est-à-
dire fondée sur la cooperation chercheurs-paysans-developpeurs (Kotschi et al 1990
Dupré, 1991).
Bile est indispensable pour toutes les recherchessur les espèces ligneuses (Duprd, 1991),
pour ieur valorisation alimentaire (Chastenet, 1991), comme source d'énergie, dans la
pharmacopée, 1'agriculture (Huxley, 1983) et toute la problematiquede 1'agroforesterie
(Crose et Gwyme, 1983), singulièrement pour Ia maItrise des probièmesde competition
pour i'eau (Ong et Odongo, 1991) et ia gestion même de i'arbre, et enfin pour Ia
valorisation et l'integrationdu savoirpaysan dans Ia solution de leurs probièmes (Basant,
1991 ;BendaetLupaga, 1983).
Enfin, comment restituer les résultatsde toute recherche conduite dans un terroir ? Ii est
en effet temps de finir de considérer les paysans commede simplesobjets de recherche et
comme de simplesarchives. L'enrichissement doit réciproque. Cette restitution, aussi
difficile puisse-t-elle doitêtre la preoccupation et la règle de conduite des chercheurs.
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Guierasenegalensis
/
Ficusplatyphylla gnaphalocarpa Djédjey
Sabara
Hyphaene thebaica Gangaw
Khaya senegalensis Farré
Lannea microcarpa Falunfa
Mitragynainermis Kaabé
Parkia biglobosa Loutou
Pergularia tomentosa Potoké
Piliostigmareticulatum Kossorey
Prosopisafricana Zamtouri
Pterocarpuserinaceus Tolé
Sclerocaiyabirrea Diney
Securinegavirosa Sankana
Sterculiasetigera Bobollé
Stereospermun kunthianum Baritouri
Tamarindus indica Bossey
Terminalia avicennioides FarkaIhanga
Vitellariaparadoxa Boulanga
Vitexdoniana Boye
Ximenia americana Morrey
Ziziphus indica Darey
Jean-Pierre JACOB
Institut de Recherche
pour le Développement, Ouagadougou
Résumé
Dans Ia mesureoü deux de ces problèmes renvoient, pour leur analyse, a l'examen des
maItrises territoriales, cet article est l'occasion de presenterles formes que prennentces
institutions dans La zone. Des suggestions sont proposées en fin d'article pouraméliorerLa
miseen cuvre de programmes de développement.
Introduction
Les habitants de Ia zone comprise entre Ia nyc droite du Mouhoun et la nyc gauche du
Petit-Bald viennent, dans leur grande majorité, du pays nuna, sur la nyc gauche du
Mouhoun, de Ia region de Zawara, Sili, Bouly, Pano. Ils traverseront Ic fleuve a partir du
XVII1è siècle, pour fuir des guerres dont us situent les causesdans les dissensions internes
aux groupes auxquels ils appartiennent. Pour s'installer, us contactent.d'abord Ic village
de Kien et y séjournent mdme parfois, cc village, installéa proximité de la nyc doite du
Mouhoun, universellement tenu commeIc plus anciende la zone (ii disparaItra dans
les années 1910). Auxdires des informateurs, le lignage fondateur de Kien (de patronyme
Kien)est moms intéressd par l'agriculturequepar I'exploitationdes ressourcesfauniques
et la peche sur Ic Mouhoun, et il interviendra peudans l'installationpratiquedes premiers
migrants. Pourtant, ii est reconnu comme maître territorial de l'espace dans lequel Ia
inajoritd des communautds vont s'installer. Les différents groupements humains
s'éloignent ainsi progressivement du fleuve et repoussentIa forêt en directiondu nord-
ouest et du sud-ouest, en s'dtablissant a proximitd de marigots et de rivièresnon pérennes.
C'est de leurs contacts avec Ic village de Kien, puis avec Boromo (Ic second village
installd dans Ia zone), que les différents groupes disent adopter progressivement Ia langue
winye, langue réputde n'être parke au departque par les seuls habitants de ces premiers
villages. Le winve présentd localement comme Ic résultat des interactions
ue u man pougouli et sa temme sissala.
En même temps que leur village, les premiers lignagesqui arrivent tant sur Ia nyc gauche
que sur la rive droite du Petit-Bale installent un autel de la terre, lieu de
rencontre des hommesavec le <<genie de la terre>> [sin nyuboj, <<esprit>> de Ia fécondité
le plus puissant d'un territoiredonné. Selon les paroles prononcdes par l'ancêtre a
<< >>
l'installation de l'autel, cet esprit punira plus ou moms sévèrement les enfreintes aux
prescriptions coutumières (la voie>> winye, [wiunye lada]). Leschefs de terre de la rive
<<
gauche du Petit-Bale veulent des villages peuplés et dynamiques. 115 installent donc un
autel de la terre <<doux >>, de manièrea accueillirle maximum de personnes, sansrisquer
quecelles-cine soient frappdes par l'autela la moindreerreur commise. De fait, c'est sur
cette rive qu'on trouve les plus grandsmarches(Oury, Boromoi, Solobuly, Danduo,Siby)
et les communautés les plus importantes ddmographiquement (quinze villages a l'heure
actuelle). Une route commerciale, reliant le Mali au Ghana, traversait même la region au
debut du l9 siècle. En revanche,les communautés de la rive droite du Petit-Bale,plus
isolationnistes (quatre actuellement), conserventjusqu'à nos jours une terre << aigre >> qui
est réputéefrapperavecforce touteruptured'interditou même la simpleexpressiond'un
mdcontentement vis-à-vis des habitants d'une communauté de la zone. Les villages
utilisent bien entendu cette caractéristique pour dissuader les velléités d'installation
allochtone. Du fait de cette difference de terres, les richesses ne circulentpas librement
entre les deux rives : ii est interdit de transporter le mu en d'une zone a J'autre Ct
selon leur lieu d'habitation, les femmes enceintesdoivent accomplirun rituel particulier
avant de traverser le Petit-Bale. Le tableau I, ci-dessous, réunit quelques-unes des
informations pour les deux sous-ensembles constitutifs du Gwendegue.
•• de Bagassi, PompoI,
•
Biforo(a l'ouest)
Villages actuelsconóernds Koupelo, Souboye, Habd, Wibo,Boromo,Siby,Bitiako,
Nanou Lalembouly, Kwena, Oulo,
Oury, Solobuly, Souho,
Lapara, Wako, Virou, Balao
Maltresterritoriaux Kwena, Nanou Kien,Wilo,Boukxinissi,Kna
sous-rdgionaux
Origineethnique. Bwa,nuna, marka Nuna, pougouli, dagara
Villages disparus(a) i
Dby,Gou,Remu,Dahanyebon Kien, Yobwé, Nmbinubon
Type d'autel de Iaterre <<aigre >, très répressif << doux >>, moms rdpressif
L'ensemble des humains winye, qu'ils soient situés sur Ia rive gauche ou
sur Ia rive droite du Petit-Bale, luttent pour leur survie pendant tout le l9 siècle et Ia
premiere partie du 20è siècle (guerres esclavagistes, attaques de sociétés secretes,
déprédations dues aux animaux sauvages, trypanosomiase le long du Mouhoun), et
beaucoup ne survivront pas aux Dans le contexte des guerres du l9 siècle
(razzias peuhl, jihad de MamadouKarantaoen 1860, razzias des Zarma de Babato vers
1885) notamment, des villages entiers disparaissent corps et biens, des individus sont
sommes de choisir entre la conversion a l'islam, la mort ou le marché aux esciaves,des
familiesentières sont déplacées ou brisées par les flux et reflux incessants des migrations
forcdes. Ces "grandes" guerres qui leur sont imposdes défont l'étanchéité de la
configuration bipolaire du Gwendégué, puisqu'une fois les chefs de guerre de chacunede
ces zones mis en difficultés (pendant le jihad de Karantao), de nombreux villages se
portent mutuellement assistance (envoi de guerriers, recueil de réfugids...) et ce, queue
que soit ieur situation de part et d'autre du Petit-Bale. De cette datent
l'homogénéisation ethnique, et, notamment, le basculementdans l'influence winye des
villages de la rive droite du Petit-Baleet la constitution de systèmes d'alliance entre les
chefferies de terre des différents villages a envergurevéritablementrégionale et trans-
clanique.
Par ailleurs, entre ces grandes guerres, les Winyepoursuiventde leur pleine initiativede
plus petits conflits inter et intra-villageois. Le vol très frequentde femmes mariées entre
villages dont les chefferies de terre ne sont pas alliées provoque des guenes d'une ou deux
journées.Les conflits intra-villageois sont ddclenchés, au nom de l'<< honneur>>, par des
leaders de factions qui s'opposent au pouvoir local (Jacob, 2001). Cette contestation des
pouvoirsest une constante dans la société et elie se traduit par de nombreuses conduites
de defection (exit options). En cas de désaccord avec les autoritds en place, les individus
ou les sous-groupes migrent vers d'autres villages (notamment chez leurs oncles
maternels chez lesquels ii peuvent toujours trouver de la terre), créent de nouvelles
cornmunautés, du moms tant que l'abondance des ressources le leur permet, ou, sans
changer de village, installent leur propre autel de la terre ou se replient sur un culte
lignager(culte des ancêtres) en refusantd'aller sacrifier plus longtemps a l'autelde terre
commun.
L'orientation vers l'extérieurdu role de chef de terre est particulièrement importante dans
trois types de situation oü il est appelé a traiter de problèmes d'environnement
<<régionaux>>. Ce sont respectivement:
- la tâche de gestiondes communaux, notamment des mares et des cours d'eau, sis surle
territoire d'un groupe donné, mais pechés régulièrement par un ensemble de
communautés voisines, limitativement
Les pêches collectives sont assujetties a des procedures de << pré-partage (Chauveau,
>>
fait que la ressource soit un bien collectif n'entraIne pas de dissociation entre autoritéet
responsabilité et n'a pas pour effet d'inciter - comme dans le scenarioprévupar l'auteur -
chacun des usagers a Ia ressource avant qu'un autre ne le fasse a sa place.
L'étude des procedures de << pré-partage >> (qui s'inspire des variables relevdes par
Chauveau, 1991) permet de distinguer 6 règles définissant l'accès et l'exploitationde la
ressource dans le cas des pêches collectives du Gwendégué (tableauII).
Dimension temporelle Reglementation des périodes de péche (réservée a la saison sèche coup
.. d'envoi donnépar le chefde terre responsable de la zone aprèssacrifice
sur les lieux)Reglementation des parties de pêche, limitéesdans le temps,
les pecheurs ayant obligation d'entrer et de sortirde I'eau ensemble. La
repartition des pécheurs sur les bergespar village et par famille est la
. mêmed'une saisonal'autre
Dimension technique Réglementation des engins etdes techniques de péche(nasse [cigui] pour
. les femmes et filet individuel [gwadal pour les hommesdans les mares,
interdiction de Iatechniquede pêche par barrage de l'eau pourles rivières
Dimensioninformationnelle ContrOledes informations concernant I'état de Ia ressource par les
[sin fellamal, membresdu conseil des anciens,<< envoyés>> du chefde terre
•
Sur la rive droite du Petit-Bale, la situation est sensiblement similaire, les villages de
Kwena et de Nanou accueillant puis installant sur les tenes qu'ils contrôlent une sdrie
d'établissements humains (des villages marka et winye dans l'orbite d'influence de
Kwena, des villages bwa danscelle de Nanou).
2.2.1. Les conflits a propos des limites de terres entre villages autochtones
D'autre part, tes types de maItrise territoriale qui sont actualisés et remémorés en ces
occasions ne visent en aucun cas un accaparement foncier. Du point de vue des maItres
territoriaux, l'institution est d'abord un acte d'autorité sur des hommes, produit et
renouvelé régulièrement a l'occasion d'événementsfonciers (accès a une nouvelle terre,
rappel des conditions d'accès a d'anciens fonds, conflits). Ii est un acte politico
symbolique, la référence a l'espace permettant un rappel de la relation entre hommes,
celle, hiérarchique, entrele groupe des demandeurs et celui des cédeursde terres.
Gruénais (1986) propose le même type d'analyse lorsqu'il dit que <<pour le pouvoir Ia
terre en elle-même, 1'étendue, n'a pas de sens. Le marquage opéré << a I 'origine est
l'expression de l'établissementd'une relation privilégiée entre l'espace et une figure
d'autorité sur une partie de l'espace. Cette relationprend sensdans Ia mesureoà elle est
reconnue. La terre ne devientpertinente pour le pouvoir que peuplée d'individus qui
acceptentla relation, laquelle est alors un lieu d'exercicede l'autorité. C'est a partir de
cette triple relationespace/autorité/groupe que se dessine le territoire>>. Autrementdit, il
n'est pas questionpour les chefs de terre impliqués dans Ia resolutiond'un conflit de ce
type de se faire reconnaItre par ce moyen tel ou tel droit sur les ressources concretes des
terroirsdes villages qui ont fait appela eux. Ils se boment a verifierqu'on ne leur conteste
pas le monopolede gestionrituelle sur les <<états des ressources et qu'on leur reconnaIt
bien un role de tuteurs,c'est-à-direde <<passage oblige >> dans l'accès a leur exploitation
paisible. Ils considèrentqu'ils ont accompli pleinementce rOle torsqu'ils ont agi comme
sacrificateurs a leur autel de la brousse et ont immoléles victimes que les parties en litige
ont condamnées a offrir pour regler définitivementle problème (voir exemple ci-
dessous).
Par ailleurs, il faut plusieurs conditions a 1'intervention des maItres territoriaux d'une zone
donnée. Nous listerons ces conditions ci-dessous. D'abord, ii faut que les villages en
désaccordexpriment un besoin reel d'arbitrage.Autrementdit, il faut des protagonistes
véritablement résolus a trancher la vérité ou qui menacent, par leur conduite, de troubler
t'ordre social si cettevérité n'est pas connue.
Ensuite, ii faut que cette demande d'arbitrage n'ait pas satisfaitepar l'administration
locale, qui reste en Ia
general premiere référence dans ce genrede situation. Vu l'attitude
de désengagement qu'onttoujours adoptée, dans ta zone, les autorités officielles des qu'il
s'agitde problèmes de terres, cettecondition est très souvent satisfaite. Le préfet renvoie
en effet très souvent a la palabre entre villages Ia resolution des litiges fonciers ou des
conflits sur l'appropriationdes ressources naturelles (voir l'exempte ci-dessus), tout en
Enfin, ii faut que les maItres territoriaux auxquelsii est fait appel possèdent, commeon l'a
déjà la << bonne histoire >>, c'est-à-dire le récit structure convaincant qui fait
autorité et ddfinitivement leur competence a trancher pour l'espace en question.
Bien entendu, cette << bonne histoire >> doit obligatoirement se référer a la hiérarchie
impliquée par l'histoire du peuplement et la chronique de l'occupationde l'espace, avec le
rappel des repèresvisuels de limites par des ancêtres nommés. C'est-à-direqu'en
principe un conflit entre villages de deuxième ou de troisième generation entralne le
recours aux instances coutumières du village qui est leur tuteur commun ou des
descendants de ces tuteurs, quel que soit l'endroit oü us se sont installés depuis que ce
village-tuteur a disparu. Cependant, donné les défaillances de la mémoire orale,
I'inévitable plasticitd des récits, Ia circulation de versions divergentes de l'ancienneté
relativede tel ou tel village,Ia disparitiond'un grand nombrede communautés (donc de
garantspouvantcorroborerles prétentions des uns ou des autres) et les intérêts opposes
des individus qui s'affrontent, la detention, par ceux qui doivent trancher, d'un
argumentaire soutenu permettant de faire Ia preuve d'un savoir supdrieur ou donc de
forcer et d'imposer sa decision, est déterminante. C'est par exemple le cas dans la
resolution du conflit sur des limites de terres présenté ci-dessous, impliquant quatre
villages autochtones (Habé, Souboye, Koupelo, Kwena):
<<Le chef de terre de Habé et celui de Koupelo se disent tous les deux tuteurs
des gens du village de Souboye plus recent. Les gens de Habé disent que
toutes les terres de Souboye leur appartiennent et ceux de Koupelo
egalement. Les gens de Habé disent qu'us se sont installés dans la zone
avant ceux de Koupelo, mais ceux de Koupelo disentque c'estfaux. Ilya des
années, un conflita oppose Habé et Souboye. C'est une Nogo de Souboye
mariée a Habé qui a déclenché Ic conflit. Les Nogo de Souboye cultivaient
un terrain depuis longtemps. Cette année-là, us avaient même semédu mu.
Leur saur Nogo mariée a Habé est venue sur le même terrain semer de
1'arachide, poussée par ses mans. Certains plants de mu ont même
arrachés. Donc le conflit était a que la
sont I de Boromo,
sans succès. Le problème était si grave qu'on a fait appel au chef de terre
d'un quatnième village, Gniepego Ganou de Kwena. Gniepego a envoyé son
fuis, qui est venu dire que les terres des trois villages de Habé, Souboye et
Koupelo lui appartiennentpuisque c'est Kwena qui les a tous installés. Ce
jour-là, ni ceuxde Koupelo, ni ceux de Habé n'ont su que dire. us n'ontpas
pu contester cette affirmation. C'est donc le chefde terre de Kwena qui a
regle le conflit et c'est sur son autel de brousseque se sontfaits les sacrifices
Le Gwendegue n'est pas, au depart, une zone d'accueil particulièrement privilegiee par
les migrants. La culture cotonnière y démarre assez tard (années 1975) et cette zone
charnière entre l'est et l'ouest du pays n'est pas prioritaire dans la << carte mentale >> des
candidats au depart. Cependant, une immigration y prendplace, inegale selon les villages,
et cc, des la Premiere République (1960-1966), pour s'accentuerpendant la sécheresse des
années 1971-1974. Certains villages recoivent beaucoup de migrants (Bitiako, Siby,
Balao, Wako, Lapara, etc.),pendantque d'autres n'en accueillent pratiquement pas (Oury,
Wibo, Kwena, etc.). Ces disparités s'expliquent par le role que jouent les elites
autochtones - ressortissants ou chefs de village - affiliées au parti alors dominant (le
Rassemblement Démocratique Africain), dans la repartition des flux de populations. Ces
elites s'efforcent en effet d'obéir aux consignes venues de plus haut, qui recommandent
l'accueil <<en douceur >> des populations allochtones, mais dies ne peuventle faire qu'en
les orientant de préférence vers les terroirs dans lesquels dIes possèdent des allies
politiquesou des parents- les deux categories se confondent souvent. Or la carte virtuelle
des implantations possibles est d'une certaine manière déjà déterminée depuis de
nombreuses années. Depuis 1946 précisément, puisque c'est de cette qui marque
les <<debuts de la politique >> en milieu rural voltaiqueque datent les affrontements qui
voient s'opposerpourla premiere fois villages acquis au RDAa ceux qui le sont a l'Union
VoltaIque puis au PRA, pour l'envoi d'élus a l'assemblée territoriale et a l'assemblée
nationale constituante. Les appartenances ont donc eu le temps de se rigidifier et de
prendre l'allure de factions sous-régionales irréconciliables.
Les jugements fonciers entre nous et Souho et les migrants mossi ont
chauffe >. Même certains de Siby soutenaient Souho. Tousjugeaient que
Baloa bienpetitpour avoir le pouvoir sur une telle zone. Ces gens de
Souho avaient commence a partagerlaforêt a notre insu. Ii mefallait arrêter
toutecetteanarchie. Cette nature a un propriétairequi est le chefde terre de
Balao. J'ai soutenu dans mon action par ceux de Bouloumissi avec qui
nous gérons les terres. Nous sommes allés a Boromo devant 1 'administration
pourrégler ce litige. Souho est le dernier village arrivédans cette zone. Ii ne
peut donc pas jouer le premier role. Ii y a une hiérarchie, un ordre
d'anciennetélie au premier arrivé. Après Kien, les villages les plus anciens
ayant le plus de droitsfonciers sont Balao, Kwena, Habé, Wako pour notre
zone Boromo, Nanou, Wibo pour Ia zone sud. Les gens de Souho, par Ia
voix de File (chef de village de Souho), ont voulu remettre en cause la
légitimité de Balao en matière de maItrise territoriale. I/s nous ont invites a
trancher la vérité par des offrandes collectives a la brousse. En temps que
chefde terre,j'ai refuse, car les consequences sont mortelleset nousaurions
fait beaucoup d'orphelins a Souho. Nous avons beaucoupde neveux utérins
là-bas. Eux aussi en ont chez nous. Pourquoi s'entre-tuer par lafaute d'un
individu ? Ils ont essayé de nousfaire du mal. Ils ont enterré des poules (5)
pour que le maiheur nousfrappe a Balao, moi et le conseil des anciens. Le
mal qu'ii voulait s'est retourné contre File. De retour de Boromo, il s 'est
cogné a unjeune en vélo, ici même a Siby. Ii a transporté a Kalembouly
pour des soins, avec la convocation qui nous destinée dans sa poche.
- celui qui rend possibleune explication, par les hommes,des choses qu'ils ont produites
ou qui leur sont << offertes >> par la nature, en permettant leurtransformation du statutde
choses non appropriées a celui de choses appropriables;
D'une part, la liste des categories de ressources convertibles ou non convertibles n'est pas
totalement figée, et le chef de terre possède une certaine marge de manuvre lui
permettantde << s'arranger>> avec les pressions actuelles pour la marchandisation d'un
nombrecroissantde choses. Ainsi, le chef de terre de Boromo centre urbain possédantun
grand marché oü resident de nombreux << difficiles a contrôler autorise,
moyennant compensation, la vente d' un certain nombre de produits de cueilletteen debut
de saison des pluies (tableauIII), ce que leschefs de terre des petits villagesenvironnants
continuent d'interdire. Ii n'en reste pas moms qu'il n'y a pas d'arrangement possible
permettant la vente de ressources plus importantes, notamment la terre de brousse,
sanctionnée, selon la croyance partagée, par la mort de celui qui se risquerait a un tel
commerce (6).
Le second type de revenu provientde son implicationdans la plupart des demandes des
hommes cherchant a tirerparti de leur environnement naturel, ou cherchant a recoñfirmer
la légitimite des accès des uns et des autres auditenvironnement en cas de conflit foncier
notamment. Ces demandes requièrent soit une transformation surveillée des <<
182 -- '.
k
Pratiques
rt
culturelles, Ia sauvegarde et aconservation
Pr, Af-,-,, p -I,-, 'fl, Pt ri' ('pntr
Tableau Ill : Convertibilité et non convertibilité de quelques ressources
Appartiennent au chef de terre tous Les biens tombés sur le sol. A l'epoque pré-coloniale,
les sociétds lobi, bwa et winye ont largement utilisé cet interdit de contact avec la terre
pour dépouiller les cornmercants jula, en creusantdes tranchées destinées a faire tomber
les ânes (et leur charge !) sur le territoirede la communauté (Kambou-Ferrand, 1993).
On fait des dons a des cultes villageois ([nambinu], [venu], [nambwe], etc.) pour Le karité
et Le néré ou a des cultes familiauxde type [jomol, pour le mu. Dans ce dernier cas, ce
Trois grandstypes de menaces pèsent sur les systèmes locaux de gestion des ressources
naturelles tels que nous les avonsddcrits l'urbanisation,les strategies de développement
axées sur l'approche villageoise et Ia marchandisation des ressourcesnaturelles(produits
de cueillette, de chasse, de pêche, terre).
L'urbanisation concerne surtout la yule de Boromo, et elle a un double effet : une pression
pour Ia vente saisonnière de produits de cueillette << interdits Iiée a une demande
>>
Comme mus I'avons souligné, de par son statut très important de << disjoncteur/
conjoncteur>>symbolique et institutionnel, le chef de terre se trouve dans une position de
grand collecteuret de grand << mangeur>> (de victimes sacrificielles, de biens <<perdus >>,
d'amendes auxquelles ii condamne les individus en faute). Si ces opportunités de manger
existent, elles mêmeprobablement plus importantes a l'époque pré-coloniale, elles
sont inégalement exploitées, ce que Ia culture locale reconnaIt << officiellement >>. Les
chefsde terre du pays winye font partie de réseaux de <<noblesse>> différents, constitués
par la reunion de l'ensembledes chefs ou des descendants des chefs de terre des villages
intronisés par une mCme famille initiatrice, qui est generalement le maître territorial des
villages concernés. Les populations et leurs chefs font couramment la distinction entre ces
réseauxen parlant de l'appartenancede certains villages a des noblessesqui <mangent
grand >> [ji pemi ou, au contraire, a des noblesses qui << mangent petit >> [ji febe]. Les
premieres exploitent au maximum leurs possibilités de prélèvement et leurs chefs de terre
Conclusion et suggestions
- soit pour determinerles structures du pouvoir foncierdans une zone spécifique. Dans
le Gwendégué, les communautés nouvellement arrivées ont souvent installées sur
les brousses de villages abandonnés. En méme temps que les terres, ces communautés
ont repris les obligations d'allégeance souvent importantes, mCme si elles restent
symboliques >> - auxquelles assujettis les anciens villages vis-à-vis de leurs
tuteurs fonciers;
- soit pour connaltre les lignages aptes a répondre a des demandes d'arbitrage inter-
villageois (en cas de conflit sur les limites de terres entre communautés notamment).
Les villages disparus possédaient parfois d'importantes maItrises territoriales et le
recours aux ressortissants de ces villages, même lorsqu'ils sont installés ailleurs,
demeure essentiel pour assurer les regulations actuelles entredes villagesimplantés sur
Ia même maItrise territoriale. Actuellement, selon notre recensement, il existe 8
lignages- lignageGanouet lignage Aka a Kwena,lignageBoudo a Nanou, lignage Ivo
a Balao, Yao a Wibo, Sougné a Boromo, Mien a Koupelo, Elola a Bouloumissi- qui
peuventjouer, selon les espaces,un role a ce niveau.
Dans toutes les interventions concernant Ia mise en valeur des ressources, les maItres
territoriaux doivent être a la fois connus et intégrés au processus de decision.Or bien peu
de projets paraissentles prendreen compte. Lesprojetsde foresterie, anciens (de Zeeuw,
1995) ou nouveaux [(RPTES, (Ilboudo, 2000)1, réalisés en forêt classée de Solobuly,
n'échappentpas a la règle. La SNVproposaitd'integrer dans sonComitéde Gestion de Ia
Forêt Classée(CGFC) I'ensembledes villages winye et nuna riverains de la forét (Balao,
Souhou, Solobyly, Secaco, Bouloumissi), sans d'ailleurs que les agents du projet ne
paraissent avoir conscients du fait que ces villages entretiennent des relations
hierarchiques (notamment a cause de la dépendancefoncière de certains d'entre eux) et
sont d'ailleurs en conflit a ce propos depuis des anriées. La démarche RPTES, qui en est a
ses debuts, avait, quant a elle, totalement exclu de son diagnostic participatifles deux
principaux maItres territoriaux de la zone - Balao et Bouloumissi (Ilboudo, 2000) - avant
de corriger Ic tir et de les intégrer dans les négociations sur le devenir de la forêt classée.
Que l'on soit intéressépar une problematiquede gouvernance locale (Lavigne, 2001) ou
de soutiena la biodiversité (Koné, 2001), les conventions locales, qui ne doiventrien aux
interventions externes (comme celles que nous avons décrites a propos des comrnunaux
halieutiques), doivent être caractCrisées spigneusement, a la fois dans les regles
opérationnelles qu'elles imposent (règles daccès, règles d'exploitation) et dans les
finalités queces rêgles poursuivent (règles contitutionnelles et règles de choix collectif).
C'est, en effet, a la condition d'être documenté fidèlement et complètement qu'il est
possible d'aborder le probléme de leur validation par les autorités etatiques (9).
4. Les groupes qui défrichent les terres sur lesquellesus s'installentbénéficientde droits
plus sflrs que ceux qui s'installentsur les anciennesjachères d'autres exploitants. Cette
difference de droits s'applique dans un contexte intra-villageois (un lignage
installé dans un village autochtone) ou inter-villageois (un village nouveau venu
s'installersur le territoire d'une communauté ancienne).
5. Ii s'agitd'une ordaliepar les pouletspar le ba>> [sin kwe magurul, oü le sacrifiant tue
<<
successivement plusieurs volailles, les positions prisespar les victimes (couchées sur le
ventre, sur le dos, sur le côté, etc.), a leur mort permettantde répondre progressivement
a une question sur la réponse de laquelle les hommesne s'accordent pas (qui est le
responsable de tel crime '! qui est le propriétaire de telle terre ?). Le dernier poulet
sacrifld n'est pas mange par les hommes, mais enterréet << mange >> par la brousse a qui
l'on confie le soin de sanctionner celui qui a commis le crime ou celui qui a menti
(c'est-à-dire qui a accaparé la terre sans&re legitimé a le faire).
6. Deux cas fameux (un en pays winye-voir I'exemple mentionné en 3.2.2., ci-dessuset
un autre sur la rive gauche du Mouhoun) sont regulièrement par les
informateurs.
7. Selon Meyer-Bisch (2000), un régime est sam s'iI sait maintenirles distinctions entre
les ordres du politique (judiciaire, exécutif,legislatif), mais aussi entre les ordres sur
lesquels se fonde Ia société civile (bio-social, culturel, ecologique).
Chacun de ces ordresest pourvu de sa temporalité propre et ne doit pas en changer, par
8. Ii est possible que les quelques ventes de terres qui ont Pu se réaliser a cette
nous n'avons jamais Pu verifier s'il y avait bien eu transaction marchande -
l'aient pour ne pas tout perdre>> : les chefs de terre auraient venduauxmigrants
Mossi une terre devenuepropriété de l'Etat depuis 1937. En milieu urbain, une telle
reactionest rdgulierement observée avant le lotissement d'une zone.
Bourdieu P., 1972. Esquisse d'une théorie de Ia pratique, précédée de trois etudes
d'ethnologiekabyle. LibrairieDroz, Genève, 269 p.
Chauveau J.-P., 1991. La pêcheartisanale et les ressources naturelles renouvelables. E.
Le Bris, E. Le Roy, P. Mathieu(sous Ta dir), L'appropriation de Ia terre enAfrique
noire.Karthala, Paris, pp. 109-115.
Dupuis J., 1824. Journal ofa Residence in Ashantee. London, Printed forHenry Colburn,
263 p. + appendices.
ElsterJ., 1986. Le laboureur et ses enfants. Deux essais sur les limites de la rationalité.
Paris, Editions du Minuit, 199 p.
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E. Le Bris, E. Le Roy (etudes réunies par), Espaces disputes en Afrique Noire.
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297 p.
Liberski D., 1991. Les Dieux du territoire, unite et morcellement de l'espace en pays
kasena (Burkina Faso). Thesedoctorat, Paris Ecole Pratiquedes Hautes Etudes,Vè
section, 384 p.
Meyer-Bisch P., 2000. La corruption des ordres et des acteurs du politique la lutte
contre le fric. In G. Blundo (sous la dir.), Monnayer les pouvoirs . espaces,
mécanismes et representationsde la corruption, NouveauxCahiers de 1'IUED, 9,
pp. 64-86.
Introduction
Le Mali est un pays continental de 1.241.000 Km2 occupé du nord au sud par les
saharien(50% du territoire), sahélien (30%), soudanien et guinéen (environ
20%). PIus des deux tiers du pays sont occupés par les domaines sahélien et saharien.
Cette situation géographique affecte la repartition de la population sur l'ensemble du
territoire. La densité moyenne est de 6 hab/km2dans le nord du pays et peut atteindre 345
hab/km2 au niveau des superficies arables plus arrosées. La forte pressiondemographique
au sud conduit a une surexploitation des terres pour la satisfactiondes besoins sans cesse
croissants. Au même moment, les techniques de production rurale restent encore
rudimentaires (agriculture itinérante, elevage extensifde prestige, abattage de la forét pour
les besoins pratique des feux de brousse, etc.) En consequence, le Sahel et le
desert avancent inexorablement, pendant que la savane recule. A cheval sur les zones
soudanienne et sahélienne, le Béledougou couvre une superficiede 16 300 km2. Ii paie un
lourd tribut dans le cadre de l'exploitationde ses ressources naturelles. La satisfaction de
tous les besoins de la population de Bamakodependde la zone situéedans un rayon de 20
a 200 kmautourde cetteville.
Cette réaliséedans le Bélédougou, voudraitd'une part identifierla perception des
populations de la zone sur leurs problèmes environnementaux, et d'autre part dresser un
inventaire des representations et pratiques de gestion des plantes afin d'integrer les
culturels aux programmes de gestion de l'environnement. Ce qui permettra
d'établir un lien intime entre ces programmes et les populations locales.
I. Le milieu
Le Bélédougou est situé au nordde Bamako. Il est peupléde Bamanan et couvrele cercle
de Kolokani, une partie du Mandé, le Cercle de Kangaba a l'ouestde Bamako (zone de
peuplement Mandéka ou Malinké) et une partie du Djitoumou de peuplement egalement
Bambara. Chacun des trois périmètres géographiques constitue une entité homogenedu
Les moyennes pluviometriques sont d'environ 1000 mm. Le climatest de type soudanien
a deux saisons (saison sèche et saison des pluies). Ii est caractérisd par I'harmattan
(pendant la saison sèche) et la mousson(pendantla saison des pluies). On y distinguela
savane arborée, Ia savane-parc et les milieuxvegetaux prochesdes villages. On trouve des
formations initiates relictuettes sous forme de bois sacrés au voisinage des villages.
Globalement, ii est possible de distinguerune strate arborée plus ou moms dense, une
strate arbustive et un tapis graminéen. L'action anthropique y est partout présente. La
savane-parc, constituée uniquement d'arbres sétectionnds, couvre les terres en
exploitation et les jachères. Elle est constituée d'arbres fruitiers ou craints IlVitellaria
paradoxa (karitd), Parkia biglobosa (ndré) et Adansoniadigitata (baobab)].
Les milieux vdgétaux proches des villages forment un paysage compose d'essences
plantées soit pour leurs fruits, soit pour leur ombre tMangifera indica (manguier),
Azadirachta indica (neem) et Carica papaya (papayer)j, ou d'espèces spontanées de ta
savane [Ceibapentandra (fromager)I.
Certaines pratiques humaines sont nocives pour cet environnement déjà fragilisdpar la
sécheresse. En effet, l'extension des champs, t'exploitation des versants, les feux de
brousse(tardifs souvent) sont des pratiquescourantes.
2.1. Le déboisement
Les feux de brousse constituent une tradition dcologique dans le Bélddougou. us peuvent
être accidentels et involontaires. Les feux de défrichement sont souvent a
l'origine de feux de brousse involontaires. 11 est de tradition, dit-on, que la population
locale soit la premiere a provoquer le feu de brousse. Les feux volontaires, généralement
précoces, ont moms d'effets nocifs sur l'environnement que les feux tardifs qui
provoquent plus d'inconvénients. En effet, certaines etudes reconnaissent plus
d'inconvénients que d'avantages aux feux de brousse. Les effets les plus marquants des
feux concernent la diminution de la teneur en matière organique, la baisse de capacité
d'échange cationique et l'augmentationdu pH du so!. Le role du feu sur le sol reside
surtout dans Ia denudationdes terres qui sont exposées au vent, a la pluie et au soleil. Ii
accentue ainsi l'érosion et la "ferrugination" par bandes dont l'effet ultime est la
"bowalisation", un phénomène irreversible. Le feu tardif peut être a l'origine du retard de
la croissance des végétaux, les jeunes pousses brüldes chaque année par les feux.
Cela entraIne un rabougrissement des plantes" (Maire et al., 1994). Malgréces pratiques
nuisibles, ii existedans le Bélédougou une logique de gestion des ressources axée sur les
representations et les pratiques traditionnelles.
La logique de gestionde l'arbre est sous-tendue par des strategies diverses. Ces dernières
reposentsur des pratiques d'exploitationdes ressources ligneuses relatives a la logique
d'arbre craint et a celled'arbre utile.
Certaines autres plantes, quels que soient leur taille, leur habitat ou leur port, sont craintes.
Celles que nous avons recensées parmi ces espèces sont le jala ou caIlcédrat (Khaya
senegalensis), le santan (Daniellia oliveri), le lèngèn (Afzelia africana), le banan ou
fromager(Ceibapentandra) et le bounboun ou kapokier(Bombax costatum).
L'arbre apparaIt comme un qu'il faut crairidre, defier, combattre ou vaincre. Cette
conception particulière de Ia relation homme-arbre est encore vivace dans le Bélédougou.
Elle a forcément une incidence sur le modelage du paysagedu terroir.
Dans la zone, les ménages n'utilisent pas certaines essences vegétales comme
combustibles. Certaines sont consignées dans le tableau I ci-dessous.
La sanction encourue pour avoir brfllé le bois interdit a la combustion peut aller de Ia
tensionsociale entre membres d'une méme famille ou du méme village aux maladies et
méme a la mort. Cette croyance est encore très vivace et permet d'dpargner quelques
espèces qui sont a régéndration lente.
Les essences utiles et craintes des champset des jachères sont propriétésde celui qui a
procédé au premier défrichement. Elles sont liées au "droit de hache' ou "a la terre'. La
mise en valeur de la terre est signifiee par le droit d'usage sur les arbres. Ce droit d'usage
sur-le-champ et sur l'arbre est inalienable, selon le droit coutumier. L'exploitationet la
consommation sont assurées par le groupe elargi, c'est-à-dire la famille ou même la
communauté villageoise, et permettent de preserver ainsi, collectivement, Ia gestion des
ressources naturelles.
La cueilletteest une activitétraditionnelle qui joue un grand role dans Ia vie quotidienne
des villages de la zone enquêtee. Nous ne traiterons pas des plantes médicinales dans ce
chapitre.
3.4.1. Le bois
Une pareille selection est de nature a limiter Ic prélèvement du bois de service sur le
"stock naturel'.
Les fruits jouent un role très important dans l'alimentation du Bamanan. Les produits
alimentaires qu'offre l'arbre contribuent, par leur complémentarité, a l'equilibre
nutritionneL Ces produits forment souvent la base de l'alimentationpendant les périodes
de soudure.
Les essences, dont les fruits ou autres organes sont consommés, sont strictementprotégées
au momentdes défrichements.
Les feuilles, commeles fruits, sont les aliments essentielsdes périodes de soudure. Les
feuilles sont exploitées en toute saison. Elles sont, par leur qualité alimentaire,
irremplaçables. Elles sont les plus consommées avec tous les plats de cérdales, a
l'exception de Ta bouillie. Comme le signale Pélissier(1966), au Senegal, "consommées
fraIches, elles tiennent lieu d'dpinard, riches en sels minéraux et en vitamines A et C.
Mais, séchées, elles sont le plus souvent transformées en poudre mêlée aux sauces pour
les rendre mucilagineuses et aux plats a base de céréales auxquels elles donnentliants et
onctuosité. Les analyses des nutritionnistes révèlent en particulier l'extraordinaire richesse
des feuilles de baobab séchées en calcium et en fer dont le mU est gravementdéficitaire.
Cent grammesde feuilles de baobab séchéeset réduites en poudre fournissent,en effet,
a
Pratiquesculturehes, Ia sauvegardeet conservation
ciaIa biodiversité en Afriquede I'Ouest etduCentre
deux mule milligrammes de calcium, alors que le même poids de lait n'en procure que
cent vingt ; la même quantité d'arachide,cent cinquante, et la même mesurede mu ou de
poisson, trente. De mêmecent grammes de feuilles de baobab séchées procurent quarante
neuf milligrammes de fer, contre quatre pour le même poids de mu, 2,5 pour le même
poids d'ceufs ou de poisson sec, un pour le même poids de riz ou de manioc. Aucun autre
produit de cueillette (qu'il s'agisse du néré ou du tamarin, pourtant très précieux) ni
aucune autre plantecultivée (aussibien le gombo, que le niébé ou les feuilles de manioc)
ne joue un role capital dans l'equilibre de la ration alimentaire du paysan de la brousse
sahélo-soudanienne". Si les feuilles de baobab sont riches en oligo-éléments, le potentiel
alimentaire en gucides provientdes céréales.
Conclusion
Partagée par tous les membres de Ia communauté, cette vision permet a chacun d'agirde
faconautonome, mais harmonieuse, en l'absence de contrOle centralisée ferme.
- le transfertdu droitde propridté sur les ressources naturelles aux utilisateurs locaux;
Pélissier P., 1966. Les paysans du Sénégal. Saint Yirex (Haute Vienne), Imprimeri
Fabrègue, 944 p.
Marcel SOW
Centre d'Etude et de Recherche
en Environnement, Université de Conakry (Guinée)
Résumé
En Afrique, les savoirs ancestraux ddtenus par les structures traditionnelles, qui
contribuenta La sauvegarde de la biodiversité, ont souvent occultés. Pourtant, dans
diverses communautés, ces savoirs, auxquels maintes sociétés sont inféodées, ont
largement favorisé Ia protection des ressources naturelles. II existe, dans Ia plupart des
regions de Ia Guinée, des lieux sacrés (forêts sacrées, bosquetset cimetière) oil les divers
de Ia biodiversité jouissent d'une protection integrale contrôlée par les chefs
traditionnels. Dans ces lieux, des activités comme Ia pCche et Ia coupe du bois sont
interdites ou simplement autorisées pendant une période de l'année. Constituant un
d'identité culturelle, les ressources végetales provenant de ces lieux sont
valorisées par les guérisseurs traditionnels et utilisées (cas du rônier) dans des cérémonies
culturelles. Dans les communautés Malinkés, Coniagui et Bassari, ii existeune legislation
traditionnelle promulguée par les chefs coutumiers, qui rdgit l'exploitationrationnelle des
ressources naturelles dans les différents corps de mCtiers.
L'ensemble des acquis devrait Ctre pris en compte par les décideurs dans Ia conception
d'un programme de gestion integrée et durable des ressourcesnaturelles. Pour y arriver,
une recherche sur les pratiquesculturelles prévalantdans les lieux sacrés et Ia promotion
de Ia legislation traditionnelle en la matière apparaissent comme un passageoblige.
Introduction
Dc nosjours, les savoirs ancestraux sur les plantes, les animaux, les maladies, au lieu de
se développer, régressentau contactdes techniques nouvelles. Le presentarticletente de
Essentiellement constitués par les forêts sacrées, les bosquets se rencontrelit un peu
partoutdans le pays. us sont un pan important de l'identité des populations locales(Jonas,
1998). D'après le rapport PNUE/GUINEE (1996), l'origine de ces lieux remonte a l'âge
des communautés qui les adorent. C'est pourquoi leur conservation est placée sous la
responsabilité des chefs traditionnels. Des multiples fonctions de l'arbre, il en est une
essentielleen Guinéequi trouve son fondementdans les croyancesa la fois mystiques et
religieuses : c'est la dimension sacrée de l'arbre. Houngnihin (1998) note que
l'implantationdes sanctuaires et les rites qui se déroulentdans les forêts et les plans d'eau
ont permis la survie des ressources naturelles dans maintes regions. Pélissier (1980)
signale que Ia forêt et le bois sont, pour de nombreusesethnies africaines, les domaines
des ancétres fondateurs. Ils abritent les tombes et le pantheon des demi-dieux dont les
arbres sacrés sont les demeures. Pour Bertrand (1992), sur le plan socio-culturel et
magico-religieux, Ia forêt est le repaire des esprits et Ic support des representations
mythiques collectives.
Au Fouta Djallon, les forêts villageoises et les bosquets sont, depuis des temps reculés,
objet d'une protectionintegrale contretoute exploitation assuréepar les sagesdu village.
Certaines espèces arborescentes1 font objet dune gestion rationnelle. Même pendant les
ddfrichements culturaux, ces espèces sont et bénéficient dune protection
particulière (Diallo et Diallo, 1999). Daprès Dube (1994), les galeries du Fouta Djallon
ont un role majeur despace tampon pour la regularisation des cours d'eau et leur
conservation est géneralement favorisde par les coutumeset réglementations villageoises.
Une récente réalisée par PNUEIGUTNEE (1996) révCle que certains bosquets et foréts
constituentles seules structuresou reserves traditionnellesde conservationin situ. Des animaux
sont egalementconsidéréscomrnesacrés. Leurpéche et leurchasse sont,de ce fait, interditesou
autorisdesseulement a certainespériodes de l'année. La méme precise que des pratiques
traditiotmelles courantes en Guinée, permettant d'accroItre la culture de certairis arbres,
présententun intérCt socio-culturel evident. Par exemple, dans Ia region maritimede Ia Guinée,
ii n'est pas rarequ'à Ia naissance d'unenfant son cordon ombilical soit enterré avec un jeune
plant d'arbre fruitier (colas Ic plus souvent).Cet arbre devient lepremier cadeau du nouveau-ne.
L'étude signale enfm que certaines traditions en Guinée forestière favorisent la protection des
animauxen considérantleur consommationcomme un totempourcertainesfamilies.
Pour contrôler la legislation, un certain nombre de dispositions a pris par les chefs
coutumiers. Par exemple, Ia surveillance systématique de la brousse du ressort des
chasseurs symboles d'hommesde la loi. Leurs constats sur tout autredélit portés a
l'attention des chefs de village appelés a trancher en college des sages. Face aux rares
réfractaires, le village, a travers le pouvoir coutumier, brandissait l'amende fixée par et
pour le village.
Chez les Bassari et les Coniagui, Ia legislation villageoise joue un role preponderant dans
la gestionde la rOneraie villageoise. Les prises de decisionconcernant cette gestion sont
discutees collegialement en assemblée sous la presidence du chef coutumier. L'application
des lois qui en résultent est confiée a un masque appele <Loukouta>, sous l'autorite du
chef de villagequi les programme ou les designepour telle ou telle action. Lesmasques
sont, en general, très respectéset leur ordre est immédiatement exécuté même par les
chefs de village, quand ceux-ci sont en contradiction avec les règles de la coutume. Les
masques font payer des amendes a tous les citoyens en faute, y compris les chefs de
villageet chefs coutumiers.
- entreprendre une recherche plus poussée pour cerner les attitudes, connaissances et
pratiques ayantpermis aux populations de vivre en equilibre avec leurs terroirs pendant
longtemps;
- procéder a un recensement et a un classement typologique des foréts sacréesa travers
le pays;
- réaliser un inventairedes ressourcesnaturelles des foréts sacrées en vue de bâtir une
stratégie d'aménagement et de protection de ces ressources;
Conclusion
La presente révèle que les facteurs socio-culturels tels que les traditions, les
coutumes, les croyances et les tabous sont des determinantspour influencer les
comportements des populations vis-à-vis de Ia sauvegarde de la biodiversité. Lies aux
valeurs et normes sociales, ces facteurs motivent les decisions, pratiques et actions
durables.
Lorsque des facteurs socio-culturels motivent des utilisations durables des ressources
naturelles, les décideurs devraient logiquement valoriser les savoirs traditionnels des
communautés en matière de gestion de Ia biodiversitéen préservant les traditions, les
coutumes et les croyances des divers groupes culturels et en intégrant les acquis de la
legislation traditionnelle en la matière dans Ic cadre législatif et réglementaire de la
gestion de la biodiversité. Une telle démarche, ainsi que le constate Galwen (1992),
favorise une integration des actions de conservation au tissu socio-culturel, cc que
recommande, d'ailleurs, la legislation internationale sur les droits de I'homme, qui
favorise le droit a chaquepeuple de preserversa propre culture.
Jonas I., 1998. Forets sacrés patrimoinesauvé. Bise, Feux de brousseet deforêts, 26 p.
Fatima MOUNKAILA
Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Université
Abdou Moumouni, Niamey (Niger)
Résumé
Introduction
Sansperdre de vue le fait que toute actionde sauvegarde de 1'environnement qui se veut
efficace doit s'inscrireobligatoirement dans une approcheglobale de lutte, nous pensons
que nul ne peut être sur tolls les fronts a la fois. C'est pourquoi nous avonschoisi, tout en
restant dans le cadre de cette approche, de nous intéresser a l'une des composantes les
plus visiblesde notre cadre de vie : le couvert vegetal victime a La fois de 1'insécurité
alimentaire, de Ia pauvreté, de Ia crise de l'energie, tous maux qui ne sont ni nouveauxni
inconnus au Sahel, mais qui sont causes de l'exploitationdésordonnde souvent observée.
Les anciens modes et regles de prélèvements devenus inadaptés a la situation ont
délaissés, alors que les nouveaux, ceux que propose l'administration,sont ostensiblement
rejetespar les populations. Commentalors comblerle fossd d'incommunicabilitéqui s'est
ouvert entre les politiquesgouvernementales et ceux en faveur de qui ces politiques sont
misesen ceuvre ?Au vu du succèsplutôtmitigéde programmes de sauvegarde du couvert
végétalet de la biodiversité conduitsa grands frais, il
t plus que temps de se tourner
vers des strategies concuesavec la participation 1'adhesion des populations. Or si, dans
son principe, I'approcheparticipativeest largement entrée dans les murs des projets de
développement, ii n'est pas sür qu'elle ait eu partout l'assentimentdes acteurs, faute de
s'être suffisamment intéresséeaux savoirs locaux et a leurs soubassements. De nombreux
mythes et representations demeurent dans les mémoires qui rappellent que certains
dquilibresont rompus et que les populations sont sensibles aux maux occasionnéspar ces
ruptures. s'agit par exemple de tous ces récits de monstres gardiens et dispensateurs
Il
d'eau (source de vie), dévoreurs souvent de belles et jeunes flues qui, du Serpent du
Wagadou de l'Ancien Ghana au genie de la Mare de Yalambouli1 au Niger, veillaient
jalousement sur les points d'eau et biefs de l'espace sahélien ; il s'agit egalement de ces
representations qui liaient intimement la vie des honimes a celle des végétaux qui les
entouraient. Aujourd'hui, ces végétaux disparaissent, constatent les hommes du Sahel,
conscients que cette disparition sera irrémédiablement suivie de la leur propre.
1 Mare del'ouest nigerien oà eut lieu lesacrficedeTouladont lalégende racontëepar Boubou Hama a portée al'ëcran
par Anna Scering etMoustapha Alassane
Dans les textes de tradition orale songhay-zarma, les plantes sont en effet belles comme
les femmes du Sahel, a momsque ce ne soit ces dernières qui se veulentaussibelles,en se
comparant aux premieres. Al'occasiondes cérémonies socioculturelles ou de toutes autres
assemblées de femmes, en effet, la crème de Ia cite qui aime faire son propre se
décrit comme
fri ga satak, in ga matak
In ga hima kaydiyafuubay
Les mots satak et matak, qui sont des verbes devenus des onomatopées sémantiquement
chargeesen raison de leurs sonorités, décrivent l'appréciationa la fois visuelle et gustative
que I'onpeut avoirde cetteherbechargéed'eau, qui accompagne avecbonheurun certain
couscous de mu cuit a I'étuvée et imprégnd de beurre fondu abondant, en cette saison
bénie. Quand elles veulent se mettre durablementen valeur, les femmes songhay-zarma
se << chantent>>, comparables a ces arbres prestigieux en pays de Sahel que sont le karité,
le kapokieret le ficus. Une de leurs devises populaires ne dit-elle pas du reste que:
Taalisi bulanga-ize ga
Tuuri na banji kaa, a naji kaa
A wasa
Ce qui se traduit:
ii n'estpas de reprocheafaire au karité (Vitellaria paradoxa).
Quand un arbre a offert son et son beurre,
Ii en afait assez.
Peut-on mieux valoriser les plantes qu'en les louant, ainsi que font ces Sahéliennes qui les
assimilent a ce qu'elles ont de plus cher et de plus beau, c'est-à-dire elles-mémes ?
D'ailleurs, Ta beauté vegetaTe se chante aussi au masculin. Dans les vers que les jeunes
flues composent et disent sur 1'aire des jeux du village pour le jeune homme coqueluche
de !'année,Ali Biyo, le be! homme au teint anthracite, est décritcomme:
Droit et mince comme la tige d'inflorescencede l'oignon
Lumineux comme un de mu en phase de maturation.
(chant jeunes files, enregistré sur disqueet rendu célèbrepar la cantatrice Waybi Karma)
de
Parmi les rites naguiire observes dans les villages songhay-zarma du Niger autour du mu
par exemple, les enquêtes menées ont permis de relever deux qui paraissent
particulièrement intéressants quant aux savoirs que masquent les representations, et en
raison de leur implication dans la gestionde l'environnement physique et socioculturel. Ii
Le rite du mu nouveau, qui revient a mettre a l'index le champ jusqu'au moment jugd
propicea la récolte,est révélateur de trois soucis du chefd'exploitation:
- affirmer solennellementson pouvoir de decision pour maintenir son autoritd sur les
membres de sa famille (la hiérarchie au sein de l'exploitation confèreen effet au chef
le pouvoirsur les decisions agraires);
Auplan culturel, ce rite permetde réaffirmer le pacte initial entreles genies qui ont
prise a la fois sur les forces de la nature et sur la terre d'une part, et d'autre part les
hommes qui n'en ont que l'usufruit,un principe qui devraitcontinuer a mettre en garde les
populations contre Ia propension actuelle de manger aussi son capital. Quant au rite des
mule bottes, bien qu'appartenanta un passé presque mythique compte-tenu des deficits
vivriers actuels, il permettait, par le sacrifice d'un taureau, de renforcer La position de
l'exploitant concerné, de faire taire les jalousies, d'offrir l'occasion de consommer de Ia
viande et d'honorer ainsi le mu en introduisant un festif dans l'alimentation de
tous. Pour Le paysan modeste, sacrifier au rite des mule bottes constituaitpar ailleurs un
moyen de réintégrer le groupe dont la récolte exceptionnelle l'avait momentanément
excLu. Pour La population, c'est l'occasion de visiter et de découvrir qu'un
champ producteur de milLe bottes est d'abord et avant tout un lieu entretenu et travaiLlé,
Nous avons donné les textes qui suivent comme mythes en ce sens qu'ils renvoient
toujours a une réalité,méme quand ii ne s'agit que d'une rdalité passée. En se référant a ce
qui précède et aux histoires encore racontées dans les villages, ii semble bien que, par le
passé, des règles et conduitesprotectrices des végétaux aient davantage observées,du
fait de la disponibilité plus grande de Ia ressource et du fait queIa consolidation récentede
l'Islam dans les villages n'avait pas désacralisé certains lieuxrespectéset craints. II n'y a
pas, dans les terroirs de Nazey et Tongom, de plantes maléfiques, mais ii en existe qui
protégdes du fait des representations que les populations s'en faisaient.
Veritable arbre du paradis, le daaray dit utile ici-bas pour ses fruits et ses feuilles
dans l'au-delà, ii est sense allaiter les par autant de mamelles qu'il porte de baies.
C'était là une raison utile et supplémentaire de ménager l'arbre pendant la saison oil il
porte ses fruits, car ses feuilles, constituant un excellent fourrage, lui valent egalement
l'agressiondes chèvreset des chevriers. Si les habitantsdes villages de Nazey et Tongom
ne le plantentpas encore de facon systématique, ses pousses naturelles sont, semble-t-il,
presque toujours et de plus en plus protégéespar des clotures.
Cet arbusteformait autrefois des buissons inextricables, gardés par des genies qui y
Clisaient domicile, raconte en substance un habitantdu village de Nazey. En cas de coup
Pourtout man, se voir privéde la place réservéesur le lit conjugal revient, en effet, a lui
denier son statut de pilier de la famille autant que l'arbre qui dans la brousse servait de
tuteur a nombrede lianeset de plantes grimpantes.
Voilà bien là, en effet, une menace susceptible de retenir le zèle destructeurde plus d'un
man. Ce qui ressort des messages réinterprétésde ces chants et mythes,c'est une volontd
affirmée de protection des végétaux et une mise en garde claire contre l'exploitation
désordonnée de la ressource. Vivaces dans les villages, les savoirs que véhiculent ces
mythes sont encore réutilisables pour combler l'interface, trop souvent laissée vide, du
savoir local et du savoir universel. C'est là que peuvent entrer en lice les différents
groupements (ONG et associations) qui oeuvrent dans les villages, mais aussi les
initiativesindividuelles. Dans cettelogique, les femmes, gardiennes et transmetteuses des
premiers savoirs et representations populaires, ceux qui demeurent longtemps dans
quelques lobes des cerveaux des individus et des groupes, les femmes donc pourraient
jouerun role de premier plan dans les mises en ceuvre de programmes de sauvegarde et de
conservation de la biodiversité en Afrique sahélienne.
II faut répondre a la question posée par un appel aux fenimes aussi bien collectivement
qu'individuellement,comme actrices et comrne partenaires dans les programmes qui
visent a mieux poser les problèmes environnementaux des villages sahéliens et a mieux
les résoudre, parce qu'elles détiennent des atouts pour cela.
Même si cues demeurent invisibles sur le champ du développement, les femmes des
villages n'y sont pas moms présentes par leurs productionsd'ouvrièresagricoles, et prétes
a ceuvrer pour améliorer leur cadre de vie et leurs revenus. Premieres victimes de Ia
degradationde l'environnementphysique, elles s'affirment disposées a s'engager dans
toute entreprisevisant a sauvegarder, voirea restaurerle couvert végétal qui leur garantit
leur survie et celle de leur cheptel. Ayant la chargedes soins a donneraux enfantset aux
vieillards de leurs villages, elles y restent arrimées, constituant de ce fait une main-
d'cuvre stable pour le suivi de toute action de développement durable. Données pour
victimes de la division sexuelle du travail qui leur attribue les tâches les plus longues et
les plus répétitives (tâches domestiques et de cueillette), elles en tirent une grande
connaissance de leur terroirqu'elles parcourenten long et en large, par les cheminsde Ia
corvée d'eau et de la corvée de bois. Détentrices du petit bétail et techniciennes de
l'élevage d'embouche,elles sont en changeantle mode d'alimentationde leurs
bétes, d'alléger considérablement la pressionexercée sur les jeunes pousses et le fourrage
aérien dont l'exploitation,telle qu'elle se fait actuellement, est mortellepour les grands
arbres. Machines hydrauliques des sociétés sahéliennes, dies peuvent, par le petit contrôle
qu'elles exercentsur l'eau, en prélever pour des tâches d'arrosage limité. Nettoyeuses et
'panseuses" des terres appauvries, elles savent réparer les dégats, ainsi qu'elles l'ont
démontré en récupérant des terres pratiquement mortes dans Ic cadre du Projet KeIta au
Niger. Enfin, ii convient de mettre a profit Ia sollicitude onusienne et universelle dont elles
bénéficient encore pour l'heure, pour les lancer sur ces nouveaux chantiers.
La plantation d'un arbre a l'endroit d' ensevelissement du placenta et des morts d'un
certain age ou d'une certaine notoriété semble-t-il, une pratique courante dans
certaines regions du Niger (PAN/LCD/GRN, mai 2000).
Une telle pratique pourrait être valablement restaurée sans que soit une
quelconque relation animiste entre l'acte de planteret l'individu qui arrive ou s'en va sur
cetteterre pétrie d'islam qu'est le Niger d'aujourd'hui.Ce serait,pour le nouveaucitoyen,
a la fois une dette patriotique que de continuer a veiller sur "son arbre" et une dette du
souvenir a regler vis-à-vis des devanciers.
Conclusion
D'une réflexion en cours, qui vise a agglutiner des idées du passé et de l'avenir et a
combler l'interface du savoir local et du savoir universel en "musclantle savoir local',
pour paraphraser la devise du Centre Point-Sud de Bamako (Mali), on ne pouvait que
baliserdes pistes que seuls l'usage et la pratiquetransformeront en chemin.
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hL
Les variétéstraditionnellesau sud du Sahara, comme par exempleau Burkina Faso, sont
adaptées a leur environnement habituel de culture, mais restent victimes surtout de Ia
sécheresse, ce qui occasionne des rendements très faibles. De ce fait, les paysansadoptent
de plus en plus des variétés modemes améliorées, non seulement parce que La diversité
des espècescultivées dirninue, mais aussi parce que les connaissances locales relativesa
ces espèces se perdent. Ces connaissances sont souvent liées aux pratiques socio-
culturelles qui jouent un grand role dans la maItrise de l'environnementagro-écologique
par la connaissance des conditions climatiques, des sols, des facteurs biotiques qui
influent sur les pratiques culturales. Ce qui montre qu'il existe be! et bien des systèmes
indigènes de gestion de 1'environnement garantissant le maintien de Ia diversité
biologique agricole. Les paysans possèdent leurs propres critères de gestion qu'ils
exploitentvariablement d'une region a l'autre, d'un groupeethnique a l'autre en fonction
de l'environnement, de leur culture, des rites et des activités agricoles qu'ils mènent. Ces
méthodes, qui assurent de facon le maintien de La variabilité génétique des
plantes cultivées, sont aussi une garantie pour un flux d'echange génique entre les
cultivars locaux et leurs proches parents sauvages. Ii s'agit alors de prouver les réalités
scientifiques de ces pratiquessocioculturelles qui ont longtemps contribué au maintiende
La diversité des espècescultivées en milieu paysan.
Introduction
I. Méthodologie
Les enquêtes se sont déroulées dans la zone soudano-sahélienne du Burkina Faso qui
couvre les provinces suivantes : le Yatenga, le Nayala, le Sourn, le Lorum, le Namentenga
et le Zoundwéogo. Les villages enquétés sont regroupés par site et ont retenus de
communaccord avec La FNGN et les chercheurs du CNRST selon les critères suivants:
Seront notes:
- Ia densitéde La population,
- autres ressources.
Ii s'agit de situer la place des espèces concernées dans l'étude par rapport aux espèces
cultivdes et de prdciser queue agriculture on pratique dans le village. L'existence des
espècessauvages apparentees aux espècescultivées sera dgalement notée.
II. Résultats
Les résultats du tableauIII montrent les pourcentages des réponsesqui caractérisent les
manifestations de Ia nature permettantaux paysans de spéculersur les dates des debuts
des pluies, les dates de semis et de juger si la saison sera bonne ou mauvaise. Ii est
clairement indiqué que les signes les plus observes proviennent du comportement
végetatifdes plantes : l'état de La floraison, de la fructification des espècesbien précises
est un signe que Ia saisonpluvieuse sera bonneou pas d'unepartpar rapportauxquantités
d'eautombées, leurs repartitionsdans le temps et dans l'espace, et d'autre partpar rapport
a la productivité méme des plantes cultivées. A côté des plantes, le comportement de
certaines espèces d'animaux augure une bonne ou une mauvaise saison des pluies. On
remarque d'ailleurs que les plantes et les animaux interviennent beaucoupplus que les
astres et les rites dans les signes observes par !es paysans.Faut-il aussi voir la diversité
des interactions entre les plantes et les animaux dans tout donné ? C'est aussi
les qui manquent le plus dans un environnement pour determinerl'état de la
biodiversité qui prévaut.
LES SIGNES La chute des feuilles du tamarinier - Ponte des pintades sauvages - Apparition de constellationa l'ouest Predictiondes
INDICATE(JRS (Tamarindusindica), du karité - La cigogne construitson nid des 6 (petite Ourse) Nionniosés
DU DEBUTDE (Vitellariaparadoxa) et du figuier - Retour de Ia cigogne au village - Déclinaison du soleil de sa Indicationdes
LA SAISON DES (Ficus gnaphalocarpa) - Vol de silokoe et kilimbadu sud trajectoirehabituelle moislunaires
PLUIESET/OU Feuillaisonet floraison du raisinier vers le nord - Les ventssoufflent vers l'est
DES DATES DE (Lannea microcarpa) et du prunier - Les cou-cou de l'éperviersont - Montée de la chaleur
SEMIS (Boscia senegalensis)africains répétitifs - Apparition des premiers
Floraisondu Pterocarpus lucenv - La mue des lézards et des nuages
Jaunissementet chute des feuilles de margouillats - Grondementsrépétésdu
Lannea acida - Sortie des crapauds des manes tonnerredes les premieres
Apparitiondans les lits de rivières de pour Ia brousse pluies
Stylochyton hypogaea - Croisements persistants des
Maturité et fructiticationdu raisinier crapauds
(Lannea microcarpa), du prunier
(Sclerocarya birrea) et do karité
(Vitellaria paradoxa)
MOrissement et dessèchement des
fruits de Lannea microcarpa et de
Sclerocarya birrea
GoOt aigredes fruits
LES SIGNES - Feuillaison de Boscia senegalensis - Vol (retour)du Kilimba et do
- Les vents soufflent d'est en ouest
INDICATEURS - Jaunissementet chute des feuilles de Silokoe du nord vers le sud - Retour des tourbillonsde sable
DE LA FIN DE - Retour des Tilo (D) au village -
Lannea microcarpa, Sclerocarya Beaucoup de grondements de tonnerre
LA SAISON birrea, Adansoniadigitata L., - Absence de Ia cigogne du village pendant les pluies
DES PLUIES Borassusaethiopum, Lannea - Ponte et des eufs du - Chutes de filets cotonneux
acida et Sterculia setigera - Apparition do brouillard matinal
- Floraison duAcaciaalbida, Bembé (D), - Legdinga
Roucoulementsrépétés des (7 fois successivement)
Bakorini peker (D) tourterelles les matins - Orientation destiges d'est en ouest
- Epiaison de Pennisetum glaucum, - Le rat (Weringa: M) creuse son - Apparition des6 a l'est
Pennisetum pedicellatum, Loudetia terrier au coucher do soleil
togoensis - Apparition des Mimiman (D) ou
Sandozo (5)
La jachère, les brflhis sont souvent utilisés comme solution pour lutter contre les
adventices. Ce cas arrive lorsque tout le champ est envahi par des adventices comme
Striga herinontheca, parasite du sorgho et du mu, etlou les autres comme Ipomoea
eriocarpa, Eragrostistremula, Hyptisspicigera, Imperatacylindrica; ce dernierpossède
un système racinaire rhizomateux concurrençant fortement les cultures. Le champ est
abandonnejusqu'àla reconstitution du so! signa!ée par !'apparitionde certaines espèces et
la disparition des adventices. Dans certains groupes interroges, i! est ressorti que le
paysan, pour !utter contre !e Striga, mélange des graines de néré a ses semences pour
semer. Ces espèces semblent avoir la capacitdde combattre le Striga.
Souvent les champs paysans sont caractérisés par leur aspect hétérogène: chaque champ
de
comprend multiples micro-habitats dus aux différents types de sols, a la diversité de la
végétation (arbustes, mauvaises herbes et proches parents sauvages de la culture). Les
différentes variétés peuvent avoir seméesdans des endroits specifiques du champ. Des
genotypes d'une population qui y est cultivée ont au hasard a plusieurs
endroitsdu champ, de sorte que chaque variété de population est sujettea différents types
de pression de selection. Cet hétérogène des champs paysans ne conduit pas
uniquement a la pressionde selection variétale, mais il est aussiunecondition favorable a
Ia protection de certaines variétés de culture contre le stress environnemental.
A l'image de bon nombrede villagesprospectés dans les sites et les provinces, la majorité
des paysans gerent une importante quantité de variétés (8-18 variétés de sorgho, 5-7
variétés de mil, 2-5 variétés d'arachide, 4-6 variétés de niébé et 4-7 variétés de gombo):
parmi celles-ci, près de 20 % sont considérées commeintroduites soit des regions voisines
soit de l'extérieur du pays (Ghana, Mali, Niger). Le reste des variétés (près de 80 %) est
dit local et est l'objet d'heritage (cultivées depuis près d'un siècle dans une même
communauté).
-
-
3,4
Toeyogdin 15 s - - 10,5 - - - 5 - 5 - 3,4 - - -
Z Tougouri 10 - - - 5,3 - - - 5 - 10 - 3,4 3,4 3,4 -
Zomnoogo 10 - - - 10,5 - - - - - 5 - - - 3,4 -
Issigui 10 - - - 10,5 5,3 5,3 - 5 - 5 5 3,4
KaIn 10 5 5 5 10,5 - - - 5 5 - - 3,4 3,4 -
KaIn-ouro 15 5 5 5 - - - - 5 10 - - 3,4 6,9 -
Z Kaulx-mxo 10 - - 5 10,5 10,5 - - 5 5 - - - -
Oula 10 10 10 5 - 5,3 - 5 - - 6,9 3,4 - -
Sisam-Kdg 10 - - 5 5,3 5,3 - - 5 - - - 3,4
Thou 15 - - - 5,3 - 5,3 - 5 - - - -
•- 5 5,3 -
-
S
5
-
-
-
-
-
-
6,9 -
-
-
-
-
-
gérer des variétés a cycles différents pouravoirde quoi se mettre sous la dent pendant les
-
Anishetty N. M. and Perret, 1981. The IBPGR in relation to African crop genetic
resources. FAO/IBPGR Newsletter, 46, pp. 31-36.
IngramF. B. and Williams J. T., 1984. In situ Conservation ofwild relatives ofcrops.In J.
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resources. Development Dialogue, 1-2, 173 p.
Parada R.S. and Arora R.K., 1991. Plant genetic resources : general perspective.Jii:
Plant GeneticResources-Conservation and Management. R. S. Paroda and R. K.
Arora eds., IBPGR, New Delhi, pp. 1-24.
Habitudes alimentaires:
une source de conservation de Ia
biodiversité en Côte-d'Ivoire
Introduction
Le travail s'appuiesur des exemples choisis dans le nord du pays et sur des cas
specifiques pris dans le sud forestier. Les données utilisdes proviennent d'enquêtes faites
sur le terrainet dune base documentaire. Les etudes de terrain se déroulent depuis 1988.
II s'agit d'enquetes ponctuelles faites sur la base d'entretiens avec des personnes
rencontrées sur leur lieu de travail (agriculteurs, ouvriers agricoles, bouviers et bergers,
commercants sur les marches), d'inventaires botaniques de forêts classéesreconnues pour
avoirconserveun niveau de leurs potentialités naturelles et d'observationsdirectes.
Les variables danalyse sont l'aire ethno-culturellLe, les techniques culturales, les végétaux
ou protégds, les raisons de leur sauvegarde, les techniques de protectionet les
caractères du milieunaturel (climat, végétation et sols et des données d'ethno-botanique
pour tenir comptedes espèceset de leur utilisation).
L' des techniques de production et de protection des espèces a servi a rechercher les
differences de pratique selon les groupes ethno-culturels. Concernant les raisons de la
sauvegarde, on s'intéresse aux roles des espèces dans l'alimentation, aux modes de
consommation, a la périoded'acquisitionet a la fréquenced'utilisation des organes. Les
donnéessont traitéespar statistiques descriptives et par cartographie.
II. Résultats
Curieusement, malgré ces mutations, les espèces entrant dans 1'alimentation conservent
leur importance. Elles semblent moms variées que celles des autres formes d'utilisation.
En revanche, leurs prélèvement et utilisation restent assidus. Elles font l'objet de
sauvegarde et de protection. Par exemple, dans la region de M'bengud, assécher un
individu de Parkiabiglobosa est un délit qui vaut l'opprobrede la communauté.
Cette expression désigne l'ensemble des pratiques et des connaissances qui, dans une
société donnée, qualifientou disqualifient les végétaux en tant qu'alimentsou améliorant
un aliment. Font partie des habitudes alimentaires tout comportement nutritionnel
structure par les murs et tout aliment dont Ia consommation est régie par Ia coutume et
les tabousen vigueur. Ainsi,pour une société donnée, on peut dresser un récapitulatif des
végétaux consommés et de leurs modes de consommation. Ces habitudesvarientsuivant
les sociétés.
Ii est net que les différentes cultures sont adaptées au climat, car le régime pluviométrique
imposele nombrede saisons culturales. Dans les zonesde climat a une seule saison de pluies,
Ia préférence est aux cultures a cycle strictement long s'il sagit de tubercule ou strictement
courtpour les céréales. Dans le nord-ouest,le mals donnedeux a trois récoltes pourune seule
de riz et d'arachide par an. Au nord-est (Ia region la plus sèche du pays), ii n'existe qu'une
seule saison de sorgho et d'igname. Dioscorea cayenensis-rotundata permet une récolte
précoce a faibles rendements vite Dans le sud humide a courtes saisons sèches, les
cultures traditionnellessont des especes a cycle long (Manihot esculenta et Musa sp.).
Actuellement, une modification sensible du climat du pays (Brou et a!., 1999) concourta
l'expansion des cultures d'un type décologie vers d'autres regions aux conditions
climatiques naguère différentes. Mais elles sont tenues par des populations ayant une
tradition alimentaire intégrantleur consommation (Kouadio, 1999a). Des déplacements de
population du centre savanicole du pays ont provoqudune expansion des Dioscoreaceae
dans le sud forestier(Hauhouotet a!., 1984). De même, le développement de Zea mays
dans le centre, le centre-ouestet le sud est le •fait de Malinké et de Sénoufo (Fusiller,
1987). L'expansiondes Dioscoreaceae dans la region Sarhala est due a la descente des
Sénoufo.
La qualitedu sol n'est pas un obstacle majeurau déplacementdes cultures,car celles qui
passent 1u sud vers le nord sont des plantes moms exigeantes,tel Manihot esculenta.
Celles venant du nord vers le sud sont aussi par leur nature moms exigeantes
(Ndabalishye, 1995) et trouventdans le sud, plus humide, des conditions plus favorables.
Finalement, Ia repartition des cultures vivrièresa uneorigine plus humaine que naturelle.
Les populations autochtones de chaque region persistent a pratiquer leurs cultures
traditionnelles et semblent réticentes a l'adoption de nouvelles cultures. Le niveau de
réceptivite vane selon les peuples. A part le riz, les autres céréales comme le mil et le maIs
sont souvent mal assimilés par les peuples de forét et du centre qui les consomment
comme produits accessoires, alors que les tubercules partant de ces regions sont plus
facilement acceptés ailleurs. Les nouvellesintroductions sont le fait d'allogènes refusant
de se convertir a Ia consommation de produits locaux qui, méme cultivés pour Ia vente,
leur restent toujours Les traditions alimentaires se transportentdonc d'abord et
essaient ensuite de se caler a la nature des lieux (Koby, 1996). Cette habitude conduit
aussi les techniques culturales.
Ii en rdsulte une reduction des espaces naturels, une extension des jachères et des
formations vdgétales de plus en plus pauvres en nombred'espèces. Sur un autre plan, ces
habitudes alimentaires ont des avantages pour la conservation des milieux naturels.
Certaines espèces ne sont pas des aliments, mais sont reconnues indispensables a
l'alimentation. On rapporteque dans la region d'Abidjan,les fumeuses traditionnelles de
poissons utilisentplusieurs essences pour le séchage du poisson.Mais La préférence va a
Entandophragmautile (sipo) et Terminalia superba (fraké), dont le feu est réputé donner
au Poisson fume une consistance qui satisfait plus aux normes de conservation et de
consommation.
Contrairement a ce que dit Schnell (1957), les produits de cueillette ne sont pas
accessoires et leur consommation ne se fait pas au hasard. Cette consommation est régie
par des traditions qui expliquent d'ailleurs pourquoi l'action de l'homme se traduit dans
leur repartition spatiale. Ces plantes constituent un reservoir d'aliments entrant dans
Lesutilisations sont guidees par les goütset préférences. Les fruits d'Irvingia gabonensis
serventa Ia confection d'une sauce consommée dans le centre du pays, mais qui trouve
toute sa reputation dans l'ouest et le sud-ouest. De méme, parti du centre, un
assaisonnement (apki en langue Baoulé) produit a partir des fruits de Ricinodendron
heudelotii conquiert aujourd'hui tout le pays. Suivant les sociétés, les populations
emploient divers organes de plantes (les populations du centre ne consomment pas les
fruits de Raphia hookeripourtantprisésdans le centre-ouest). Les aliments produits sont
trèsdiversifies (tableauII).
Certaines espèces se mettent en place dans des conditions specifiques. Uvaria chamaese
développe presque toujours dans les bosquetsde forêts denses en milieu de savane. Cette
liane y trouve un contexteforestier, donc pauvre en graminées, et un support arboré qui lui
permettent d'être hors de portée des feux de brousse et d'dtirer ses tiges. Dans le cas
contraire,elle se tasse en buisson qui résiste fortementaux saisons sèches (figure 3) et
feux de brousse. Landoiphia hirsuta résiste difficilement a la modification de son
environnement. Ii exige un environnement a microclimat forestier dont La destruction
entraIne son dessèchement rapide.
Selon nos enquêtes, les populations ne suivent pas les techniques modernes d'agro-
foresterie, parceque Les seules idées de régdnération des sols ou de creation de parc a bois
de chauffe ne semblent pas suffisantes. En revanche,tout individu d'espècesalimentaires
est sauvegardé. Car iL produitdes alimentset son entretien est une signature spatiale qui
traduit L'appartenancede la terre a un membre de la communauté villageoise.
Depuis près d'un quart de siècle, pluseurs espècesde plantes alimentaires de cueillettc
sont a l'abandon et en voic de disparition au profit de plantes plus performantes et
d'inttoductionrdcente (AkéAssi 1992). Ilamon et al. (1999) précisent que l'appantiondu
florido, un clone, entraine Ia disparition de varietés locales de Dioscoreaceae
Dci tinioignaes regus dans les igions th Mankono font etat d uni rn in Ire production
de Solanurn nigruin depuis I apparit )fl di buphorb a heti io hvlla ( ette ispece tris
envahissante dans Ii ultur s icrait apparue we ii dcviloppeni nt dii blocs de cul nrc
mécanisee di ni (Kouadio 1998)
Une promotionet une amelioration des espècesentrant dans les habitudes restent a faire
en prenant commeespace-unité le terroir villageois pour Ta detection, le recensementet la
selection des espèces valorisables. A ce niveau, l'absence totale d'une réelle volonté de
récupérationet d'améliorationde ces produits de cueilletten'existe pas comme c'est le
cas pour les produits de consonimation plus courante. Or beaucoup de produits de
consommation de masse sont devenus aussi populaires par une politique de
développement qui a conduit et soutenu la selection des semences, 1'amelioration des
techniques culturales, Ta recherche de rendements toujours plus accrus et Ta vulgarisation.
Les efforts continuent d'être centres sur ces vivriersde base et les cultures industrielles.
Les produits de cueillette sont totalement oubliés malgré leur utilisation souvent très
generalisee. La raison fondamentale est que 1'uniformisation culturelle rend les peuples de
plus en plus dependants de quelques produits standardisés et laisseainsi a l'abandon des
espèces domestiquées, lesquelles sont en voie de disparition. La conservation des
habitudes a Ta consommation de ces produits de cueilletteest donc une voie pour leur
conservation. La domestication, l'amélioration de capacités nutritionnelles et du
conditionnement de ces produits sont donc indispensables. Elles conduiront a leur
preservation tout en elargissant la garnme des produits de consommation courante, c'est-
a-dire une preservation de la diversité alimentaire et des milieuxnaturels qui leur sont
associés.
La diversité des cultures est source d'une diversité des habitudes alimentaires, laquelle
entretient une diversitéd'espèces domestiquees ou non, mais sauvegardees et entretenues.
Chaquegroupe ethno-culturel a une selection, basde sur sa culture alimentaire, d'espèces
très diversifiées et de valeurs reconnues. Dans chaque terroir villageois, l'habitude a la
consommation de ces espèces conduit a leur sauvegarde. Cette sauvegarde contribue au
développement d'autres vdgétaux en créant des conditionsenvironnementales favorables
au maintien d'autres individus et habitats naturels. Maiheureusement, les brassages de
populations et la modification des habitudes alimentaires concourent a une dévalorisation
dconomique et sociale des espèces et, ainsi, a leur abandon. Finalement, ces espèces
disparaissentau profit de nouveaux produits. Le développementdes sociétés aussi
une amelioration des savoir-faire et ía conservation de Ia biodiversitd indispensable
pour un développement soutenu, la prise en compte des habitudes nutritionnelles est
incontournable. Ces habitudes expliquent les modes d'exploitation des ressources
naturelles. Leur conservation est sans aucun doute un moyen efficace de lutte contre la
degradation des milieuxnaturels en Côte-d' Ivoire.
Brou Y.T, Servat E. et Parturel J-E., 1998. Contribution a l'analyse des interrelations
.
entre activités humaines et variabilité climatique cas du sud-ouest ivoirien.
Académiedes Sciences de Paris (Sciences de la Tene et des Planètes), pp. 833-838.
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(France), CIRAD/INRA/ORSTOM/CORAF, par J. Berthaud, N. Bricas, J-L.
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HauhouotA.. Koby A.T. et Atta K., 1984. De la savane a laforét: des migrations
des populations du centre-Bandama. International Development Research Centre
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Geographie Tropicale, 221 p.
Koby A. T., 1996. Elements pour une géographie critique de la question alimentaire en
Afrique: le cas ivoirien. Cahiersde Geographie tropicale,3, pp. 49-59.
Kouadio Y.B., 1999a. Approvisionnement des villes et pression demographiqueagricole
sur les milieuxnaturelsdansles zones rurales: quelquesnotes sur le cas de Daloa
et de sa region. Communication présentée aux 1 lèmes journées Geographiques de
Côte-d'Ivoire : Villes et Développement, Daloa, 10 p.
Kouadio YB., 1999c. Mobilité des cultures, mutation technologique et degradation des
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ivoirienne, 51, pp. 159-168.
Kouadio YB., 1998. Paysage et utilisation du sol dans unfrontpionnier de savanes sub-
soudanaises : dynamique des milieux nature/s en pays malinkéde Dianra (nord-
Quest Côte d'lvoire).These de 3ème Cycle, Université de Cocody-Abidjan, 212 p.
Schnell R., 1957. Plantes alimentaires et vie agricolede l'Afrique Noire : essai de
phytogéographie alimentaire. Ed. Larose,Paris, 223 p.
Discussion
Discussion
Discussion
Discussion
Discussion
Discussion
lOhOO-10h15: Pause café
11h15: Cloture
268 I
Pratiques cuftureIes,Ia sauvegarde et eonservation
de Ia biodiversitéen Afriquede I'Ouestet du Centre
Annexe 2
Institut de l'Environnement
et de Recherches Agricoles 5. NiéyidoubaLAMIEN
(INERA)
04 BP 8645 Institut de l'Environnement
Ouagadougou04 et de Recherches Agricoles (INERA)
Tél. :(226) 34 02 70/3471 12 04 BP. 8645
Fax: (226) 3402 71 Ouagadougou04
E-mail: [email protected]. Tél. :(226) 34 02 70/34 71 12
Fax : (226) 3402 71
2. BELEM / Mamounata E-mail : [email protected]
18. AKPAGANAKoffi
Les deux documentaires ont illustré comment les pratiques culturelles ont permis aux
communautés locales de conserver et de sauvegarder non seulement diverses espèces
vegetales, mais aussi des connaissances sur les vertus therapeutiques des principaux
organes des plantes.
Les participants a l'atelier ont ensuite echangé sur les questions d'ordre general:
- Avec les transformations actuelles au scm des sociétés africaines, ces pratiques
traditionnelles peuvent— elles encore être efficaces?
Est-ce que la sacralitédes espècescitées existe toujours ? Qu'est-cc qui fonde cette
sacralitéet quel est son impact sur la perception de l'environnementet l'utilisationdes
ressources naturclles?
Des discussions, ii est ressorti qu'il ne s'agit pas d'idéaliser les coutumes, mais d'attirer
l'attention sur l'esprit qui fonde et justifie ces comportements pour en tirer le meilleur
parti. Ii s'agit aussi de comprendre comment les communautés pourraient s'appuyer
dessus pour protégerleurs ressources naturelles menacées. Ainsi, un effort doit donc être
fait par les chercheurs pour aider les populations a se redonnerconfiance quant a leur
Dans les methodologies de recherche, ii faudrait veiller a montrer que les facteurs
socioculturels tels que les traditions, les croyances sont des de protectionet de
sauvegarde de la biodiversité. Car ces facteurs motivent les decisions et les actions qui
aboutissent a la conservation durable des ressources naturelles.
Par la suite, les discussions ont centrées autour des trois themes suivants
- et opportunités;
Pratiques culturelles : menaces
renforcés par des travauxscientifiques pour accroItre leur biodiversité notamment par des
espéces susceptibles de procurer des revenus aux populations.
Les pratiques paysannes de protection des espèces utiles en milieu paysan (culture et
amelioration des variétés, mise en culture de graminées sauvages, aménagement de
bosquets de plantes médicinales, jardins de case) sont autant d'atouts sur lesquels les
programmes d'amélioration des soins de sante primaire (plantes médicinales)
d'améliorationdes revenus (plantes tinctoriales) ; de maintien de la diversité dans les
habitudesalimentaires.
Ces opportunités devraient être saisies et renforcécs par des recherches orientées sur les
themes suivants:
- Le manque d'intérét de la part des pouvoirs publics pour les pratiques culturelles
traditionnelles serait lie leur formation, a l'influence des religions, a leur statut de
citadins et peut-Ctre a l'ignorance.
Actions
Créneauxa utiliser:
- confréries traditionnelles;
- confessions religieuses;
- radio rurale;
- presserurale;
Sensibilisationdes décideurs
Actions
Actions
- organiser des modules de formation pour permettre, d'une part, une bonne
comprehension du role des pratiques culturelles en matière de gestion de la
biodiversité et, d'autre part, une meilleure sensibilisation de l'opinion publiquc.
Renforcement de Ia legislationcoutumière
Actions
- organiser des rencontres avec les confréries et autres acteurs pour valider les aspects
pertinentsde la legislation traditionnelle;
Actions:
Actions
Actions
En plus des fonds propres, les Etats devraient solliciter auprès des organisations et
conventions internationales les fonds nécessaires pour soutenir les programmes de
renforcement des pratiques traditioimelles de protection de la biodiversité.
- les voles et moyens de rehabilitation des contenus des mythes pour les utiliser
comme moyen de diffusiondes connaissancesauprèsdes populationsdansles paysafricains.
280 et
Pratiques culturelles, Iasauvegarde Iaconservation
de Ia biodiversitéen Afriquede I'Ouestet du Centre
Pourmener ces recherches de manière concertéeet des dispersions d'energie et de
ressources, ii a reconunandé de mettre en place un réseau fonctionnanta deux niveaux:
- des réseaux de travail qui seront constitués en fonction des projets et des
collaborations sur ces projets.
- regrouper l'ensemble des personnes intéressées par le theme, quelle que soit leur
activité(recherche, développement, acteurs locaux, etc.);
- creation d'un site Web qui présenteles objectifs, les membres,les projets en cours, les
activités du réseau, etc.;
- organisation d'une rencontre annuelle, dont Ic lieu sera un pays du réseau, different
chaque année;
- edition d'un bulletinsemestriel reprenant les informations sur l'ensemble des projets
en cours.
1111111 HI II
HH
ationa Devetopment
ecenreCentre
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Centrede rerherchespssssrte
dmvetenementrnte natrnnat
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