TS Génétique SVT
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biotechnologies -
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Term S Spé
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Enseignement
obligatoire
II/ Les travaux de Mendel : une première rupture scientifique avec la naissance de la génétique
L’approche de Mendel est révolutionnaire dans sa démarche expérimentale, l’analyse statistique de ces
résultats et leurs présentations sous forme de fractions et symbolisées par des lettres. Les résultats de ces
hybridations sur le petit pois comestible lui ont permis de mettre à jour des Lois et de proposer une nouvelle
théorie de l’hérédité réfutant du même coup les anciennes par mélange et direct. Mendel apporta également
un éclairage nouveau sur la fécondation en proposant, à la suite de ses fécondations croisées, une
contribution à part égale des deux gamètes.
III/ Les travaux de Morgan : une seconde rupture conceptuelle avec la théorie chromosomique de
l’hérédité
Les travaux de Morgan ont permis d’appréhender l’hérédité liée au sexe, les gènes liés et la notion de
recombinaison. La théorie chromosomique de l’hérédité aboutit à l’établissement des premières cartes
génétiques et à l’invention du mot gène : unité de fonction, de recombinaison et de mutation.
Introduction
Au cours de votre scolarité, les notions d’hérédité, de chromosomes, de gènes et d’allèles, ou de
transgénèse, d’O.G.M et thérapie génique sont apparus progressivement et se sont affinées. Ces concepts qui
vous semblent si familiers aujourd’hui sont issus de travaux âgés de 150 à 20 ans seulement.
Quelles ont été les grandes étapes des découvertes scientifiques qui ont jalonné l’histoire de la
génétique?
¢ L’Antiquité
à Les Egyptiens pensaient que le sperme se formait dans la moelle osseuse de la colonne vertébrale (moelle
épinière actuelle). S'écoulant directement dans le membre viril, cette semence constituerait également le squelette de
l'embryon.
à Empédocles d'Agrigente (495-435 av. J.C.) proposa la théorie des 4 éléments pour expliquer le monde. « La
terre, l’air, l’eau et le feu sont les racines de toutes choses » sous l’action conjuguée de forces opposées Amour et Haine.
Cette théorie fournie une explication cohérente du monde jusqu’au XVIIe. Empédocle, contrairement à l'opinion de l'époque,
prétendait que l'embryon ne provenait pas uniquement de la semence mâle, mais qu'il était le résultat du mélange de 2
liqueurs : c'est la théorie de la double semence. Le sperme provient de toutes les parties, dures ou molles, du corps de
l'homme, raison pour laquelle il peut facilement le "représenter". Quant au sexe, il dépendait uniquement du degré de la
matrice (placenta). Empédocles se croyait immortel et se jeta dans l’Etna pour prouver ses dires...
à Hippocrate, naquit en 460 av. JC., dans l'île de Cos, au large des côtes de l'Asie Mineure. Le "père de la
médecine" prétendait que le testicule droit donnait des garçons et le gauche des filles.
à Pour Aristote (le Stagirite), né en 384 av. JC. à Stagire en Macédoine, le sperme vient du seul sang, les testicules
ne jouant aucun rôle dans la procréation. Cette idée sera soutenue pendant plusieurs siècles, notamment par Galien né en l'an
130 ap. JC. nommé "le médecin des gladiateurs" ce qui lui permit de parfaire l'anatomie humaine en soignant les blessés et en
ouvrant les cadavres. Le sexe des enfants était, pour Aristote, déterminer par l'acte amoureux : « Tout dépend de la vigueur
avec laquelle l’homme s’accouple avec sa femme », « plus le mari met de cœur à l’ouvrage, plus ses chances d’obtenir un
petit mâle augmentent ». Enfin, pour Aristote, premier scientifique puisqu’il proposa les prémisses de la démarche
expérimentale en expérimentant, « le monde est fixe, éternel et immuable ».
¢ Au Moyen-Age
à La Bible explique par le passage de la genèse l’apparition du monde en 6 jours. L’homme est apparu à partir de
glaise.
à La Bible n’évoqua la génération spontanée que dans le « livre des Juges » où des abeilles sont engendrées par la
carcasse d’un lion. Pourtant la génération spontanée reste une explication très courante au Moyen-Age, fruit d’observation et
d’imagination.
à En 1250, plusieurs naturalistes soutiennent que le sperme est produit par le foie, siège de tous les processus
physiologiques importants.
à A cette époque, la reproduction était un sujet tabou, on expliquait les enfants par reproduction spontanée. Un
médecin réputé de son époque, Philippe Bombast von Hohenheim dit Paraclèse (1493-1541) donna même la recette de la
génération spontanée alchimique pour obtenir des enfants : « Mettez du sperme humain dans une jarre, magnétisez-le et
couvrez-le de fumier de cheval pendant 40 jours. Il croît un homoncule invisible à l’œil. Laissez-le ensuite achevez sa
croissance à la température d’une matrice de jument pendant 40 semaines tout en le nourrissant de sang humain. Il en sortira
un petit homme à la taille d’un enfant. »
¢ A la Renaissance
à Les siècles se suivent et apportent un cortège d’explications, toutes aussi peu fiables, au mystère du sexe des
bébés. Sont invoquées les influences du régime alimentaire, de l’âge, des saisons, de la Lune... L'Eglise qui interdisait la
dissection cadavérique et n'admettait pas une quelconque modification des notions acquises est largement responsable de la
stagnation des avancées scientifiques.
à Pour Ambroise Paré (1509-1590), chirurgien successivement des quatre rois de France Henri II, François II,
Charles IX et Henri III, les deux semences mâle et femelle contribuent à la formation de l'embryon : "et s'il y a plus grande
quantité et qualité plus vigoureuse de la semence de l'homme, il se fera un masle : au contraire, si la semence de la femme
surmonte celle de l'homme, tant en quantité qu'en vertu, il se fera une femelle ?"
à La reproduction sexuée fait toujours « recette ». Le chimiste flamand Jean Baptiste van Helmont (1577-1644)
propose pour faire apparaître :
- des souris « très bien formées » en 21 jours : « Il n’est que comprimer une chemise un peu sale, une chemise de femme de
préférence, dans un vase garni de froment. Un ferment venant de la chemise, transformé par l’odeur des grains, change en
souris le blé lui-même »,
- Terminale S Spécialité SVT : Dossier 3 : Des débuts de la génétique aux enjeux actuels des 3
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- des scorpions : « Creusez un trou dans une brique, mettez-y de l’herbe de basilic bien pilée : appliquez une seconde brique
sur la première et bien exposez le tout au soleil : quelques jours plus tard le basilic ayant agi comme ferment, vous verrez
naître de petits scorpions.
à Cinq ans après la découverte par De Graaf (1641-1673) des "œufs" dans les femelles, Van Leeuwenhoek (1632-
1723), inventeur du microscope, montre qu'il existe dans le sperme de l'homme de « vers spermatiques » baptisés
spermatozoïdes par Duvernoy (1777-1855) en 1851, mais leur rôle reste mystérieux. Dans cette semence, certains biologistes
comme le Hollandais Stephan Hamm, en 1640, voient des homoncules, futurs hommes...(Doc. 1). En 1677, le problème de la
semence femelle débattu depuis l'Antiquité, est résolu par Bartholin (1655-1738) qui montre qu'elle est sécrétée par des
glandes bulbo-vaginales dites aujourd'hui glandes de Bartholin et servent à la lubrification du vagin.
I-2 Les connaissances scientifiques sur l’hérédité à la publication des travaux de Mendel en 1866
Doc. 1 : Dans le sperme, certains Doc. 2 : En 1605, Duret avance encore l'idée que les feuilles
biologistes comme le hollandais d'un arbre, quand elles tombent par terre se " tournent en
Stephan Hamm, en 1640, voient des oiseaux volants", et que celles qui vont dans l'eau donnent
homoncules, futurs hommes... des poissons. D'autres auteurs pensent que les fossiles
D’après Histoire des sciences de la vie, naissent par génération spontanée.
éditions Nathan université, 1997. D’après Histoire des sciences de la vie, éditions Nathan université,
1997.
« prouvaient » ! On pensait donc que les enfants correspondaient à une transition graduelle
entre les caractères parentaux, un peu à l’instar de la codominance !
o l’hérédité directe : Les cellules reproductrices possèdent en leur sein des petites parties
du corps déjà préformées qui se ré-assembleraient pour construire un individu.
o la fécondation chez les animaux avec participation équitable des deux gamètes, et
depuis 1855 une sexualité chez les algues.
¢ Mendel Johann est un fils de paysan de Moravie (à l’époque province de l’Empire Autrichien,
aujourd’hui République Tchèque), né en 1822 dans l’actuelle ville de Brno où il passa toute sa vie à
l’exception de ses années d’études.
¢Poussé par son instituteur et l’abbé local à poursuivre des études supérieures, il est
malheureusement contraint, pour des raisons financières, d’abandonner l’université d’Olomouc. Il entre alors
dans le monastère de l’ordre des Augustins, à vocation enseignante, dans sa ville natale et prend le nom de
frère Grégor Mendel.
¢Loin de se retrouver isolé, Mendel assure l’enseignement dans sa région et en profite pour
parfaire sa formation scientifique, de 1851 à 1853, à l’université de Vienne en s’initiant à la biologie
cellulaire qui débute mais surtout en complétant sa formation initiale par des études de physique, biologie et
de statistiques. Il prend connaissance, à cette époque, des débats qui divisent les scientifiques sur
l’hérédité et les processus de fécondation.
¢En 1856, Mendel entame ses expériences d’hybridations (technique jusqu’alors utilisée dans le
but unique de créer de nouvelles variétés) sur le petit pois comestible (Pivum sativum) qui le rendront
célèbre, en 1900, lors de la « redécouverte » de ses travaux. Il meurt en 1884, dans son monastère, à l’âge de
62 ans.
II-2 Le petit pois comestible Pivum Sativum, matériel de choix pour Mendel
¢ Le choix porté par Mendel, sur le petit pois comestible n’est pas fortuit, mais mûrement réfléchi.
¢ Le pois Pisum sativum (Doc. 4), est une plante à fleurs de la famille de Fabacées, hermaphrodite
autogame. Cette plante pratique donc l’autofécondation : les grains de pollen (à n chromosomes) localisés
dans les étamines au niveau des anthères d’une fleur viennent sur le stigmate de la même fleur pour
atteindre et féconder les ovules (à n chromosomes) localisés dans l’ovaire.
Chaque graine est le résultat d’une fécondation d’un grain de pollen avec un ovule.
Comme l’ovaire contient plusieurs ovules, au sein de l’ovaire on rencontre plusieurs graines.
L’ovaire porteur de nombreuses graines est appelé alors, le fruit.
Chaque graine contient un embryon (à 2n chromosomes) qui donnera après développement,
germination et croissance, un nouveau plant de petit pois.
Doc. 5 : Les atouts du petit pois comestible pour les études génétiques de Mendel.
D’après Term S spécialité, éditions Bordas, 2001, modifié Remérand 2002.
Autofécondatio
n
Des variétés
facilement
reconnaissable
s
Les hybrides
obtenus sont
fertiles
8 - Terminale S Spécialité SVT : Dossier 3 : Des débuts de la génétique aux enjeux actuels des
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¢ Mendel n’est pas le premier hybrideur puisque le croisement artificiel d’individus de même espèce
ou d’espèces différentes est pratiqué depuis 1761 par le botaniste allemand Josef Koelreuter (1733 – 1806).
Mais contrairement à ses prédécesseurs qui démontrèrent que les hybrides de F1 montrent des caractères
intermédiaires à ceux de leurs parents, dans l’ensemble, Mendel décide d’étudier non plus la descendance
globale entre les parents et les descendants mais la présence ou non de tel ou tel caractère en particulier
dans la descendance (Doc. 6). Il n’utilise plus l’hybridation pour obtenir de nouvelles variétés de plantes mais
comme outil expérimental afin d’expliquer l’apparition de caractères dominants chez les hybrides.
¢ La première étape de son travail consista à obtenir des lignées pures (des homozygotes pour les
caractères considérés comme facilement reconnaissables). Pendant 2 ans, Mendel procède à une série
d’autofécondation sur ces différentes variétés. Il obtint ainsi, des souches pures, dont il a vérifié la constance
des caractères, en regardant sur les générations suivantes s’il obtenait toujours les mêmes caractères : par
exemple, des petits pois à graines rondes ne doivent donner que des petits pois à graines rondes. Il nomme
ces caractères les « caractères différentiels constants ».
¢ La seconde étape, qui consista en des séries de croisements raisonnés, est issue d’une méthode
scientifique innovatrice, radicalement différente de celles de ses prédécesseurs : la démarche expérimentale
dite hypothético-déductive (Doc. 7) : à partir d’observations il émet une hypothèse qu’il soumet à une
série d’expériences. Les résultas des expériences lui permettront de valider ou de réfuter son hypothèse
de départ. Les expériences sont donc réfléchies à l’avance, définies dans un but précis.
De plus, Mendel utilise pour la première fois en biologie l’outil mathématique, les probabilités
et les statistiques, ces dernières étant utilisées jusqu’ici uniquement pour décrire l’Etat en dénombrant
« hommes et choses » (Doc. 6). Il multiplie les expériences et les observations pour gommer l’effet du hasard
et les erreurs. Il présente ses résultats sous forme d’équation, de moyennes et de ratio (fractions).
II-4 Les études expérimentales de Mendel, ses analyses statistiques et ses résultats
¢ De 1858 à 1863, Mendel réalise de très nombreux croisements (ou hybridations pour reprendre
le terme de l’époque) afin d’étudier la transmission 1 seul caractère présent chez les parents sous 2 formes
ou monohybridisme (Doc. 8) parmi les 7 « caractères différentiels constants » : 13.000 plants et 300.000
graines seront analysés.
¢ Mendel réalise également des études portant sur la transmission de 2 caractères, le dihydridisme.
¢ Dans toutes les expériences de croisements de lignées pures, ne différant que sur 1 seul caractère
(fleur de pois blanche ou violette, graine de pois ronde ou ridée…), la première génération ou F1 présente à
100% une des deux formes alternatives des parents (fleur de pois blanche ou violette, graines de pois rondes
ou ridée…) dit dominant.
- Terminale S Spécialité SVT : Dossier 3 : Des débuts de la génétique aux enjeux actuels des 9
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Doc. 6 : La démarche innovante de Mendel. Mendel décide d’étudier non plus la descendance
globale entre les parents et les descendants mais la présence ou non de tel ou tel caractère en particulier
dans la descendance. La première étape de son travail consista à obtenir des lignées pures, la seconde
consista en des séries de croisements raisonnés. Enfin, il réalise une analyse statistique des résultats.
D’après Term S spécialité, éditions Bordas, 2001, modifié Remérand 2002.
ETAPE N°1
A partir d’un fait, d’une observation, d’un Sujet : Faits, acquis, constats, résultats
constat, d’acquis autour d’un sujet, d’expériences antérieures
Les recherches portent sur quoi ?
ETAPE N°2
ETAPE N°3
ETAPE N°4
ETAPE N°5
J’observe les résultats des recherches Analyse des résultats puis Validation ou rejet
documentaires et/ou expérimentales, de l’hypothèse et réponse partielle ou totale à
j’analyse ces résultats et je les interprète. Si la problématique
la conclusion des recherches est affirmative, Interprétation des résultats. Confrontation de la ou
je valide l'hypothèse de départ. En cas de des conclusions avec l’hypothèse de départ et
réponse négative, l'hypothèse de départ ne se
trouve pas vérifiée et donc était fausse, je dois
donc réponse à la problématique ou non
faire une nouvelle hypothèse
- Terminale S Spécialité SVT : Dossier 3 : Des débuts de la génétique aux enjeux actuels des 11
biotechnologies -
Les fécondations croisées donnent des résultats équivalents quelle que soit la nature du gamète.
Les gamètes contribuent tous les 2, à part égale, à la formation de l’embryon.
12 - Terminale S Spécialité SVT : Dossier 3 : Des débuts de la génétique aux enjeux actuels des
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A Mendel confirme les observations de ses prédécesseurs qu’ils mentionnent. Sa conclusion est
improprement nommée aujourd’hui Première loi de Mendel : Loi d’uniformité des hybrides de première
génération.
¢ L’autofécondation des F1 donne des F2 dans laquelle ¾ des plantes présente la forme alternative
dominante des parents et ¼ l’autre forme alternative, récessive. Des caractères observés chez les parents,
deux générations auparavant, se retrouvent ainsi intacts en F2, ce qui est à l’encontre de la théorie des
mélanges.
A Mendel conclut que chez l’hydride F1, le caractère dominant et le caractère récessif masqué sont
réunis mais restent distincts, séparés, ils ne se mélangent pas ! C’est le concept d’hérédité particulaire.
ACes caractères se disjoignent, se séparent au moment de la formation des gamètes (« cellules
polliniques et cellules ovulaires » de l’époque de type A ou a pour chaque sexe), puis se ré-associent au
hasard lors de la fécondation. Mendel émet ainsi sa première Loi nommée aujourd’hui Deuxième Loi de
Mendel: il y a ségrégation au hasard des caractères héréditaires lors de la formation des cellules sexuelles.
ALa disjonction chez les hybrides de F1 se traduit par la formule A + 2Aa + a avec A et a deux
formes alternatives d’un même caractère (fleurs blanches et violettes par exemple).
pure hybride
A 1/2
formule
F
¼A ¼ Aa
hybride
Plante Plante
a
hybride pure A + 2 Aa + a
Ovules
1/2
¼ Aa ¼a
¢ Les fécondations croisées donnent des résultats équivalents quelle que soit la nature du gamète.
AMendel conclut que les gamètes contribuent tous les 2, à part égale, à la formation de l’embryon.
¢ Lorsque l’on suit la descendance de 2 caractères sous 2 formes alternatives au sein de croisements
F1 x F1, les résultats en F2 donnent 9/16, 3/16, 3/16 et 1/16 (Doc. 9).
AMendel émis alors la Troisième Loi de Mendel : les caractères sont transmis à la génération
suivante de manière indépendante : le caractère jaune de la fleur est transmis de façon indépendante du
caractère ridé de la graine par exemple. Les 7 « caractères différentiels constants » de Mendel sont indépendants
les uns des autres et sont transmis de manière aléatoire.
Ainsi, après les travaux de Mendel publié en 1867, le monde scientifique (Doc. 10) :
- devrait abandonner la théorie d’hérédité des mélanges et adopter la théorie de l’hérédité
particulaire. Mendel à introduit l’idée d’un support matériel, symbolisé par une lettre, pour
chaque caractère héréditaire : par exemple le caractère « lisse » dominant est symbolisé par la
lettre L et le caractère « ridé » récessif est symbolisé par la lettre r. Mendel matérialise avec ses
lettres un « élément » qui transmet les caractères d’une génération à l’autre. Cet « élément
mendélien », également appelé « unité » ou « facteur héréditaire » correspond à la notion de gène.
- devrait abandonner la théorie de l’hérédité directe. En effet, si chaque caractère est déterminé
par un support matériel, l’hérédité ne peut plus résulter de la transmission de petites granules
contenant des organes préformés. Les caractères sont gouvernés par des éléments particulaires,
existant sous différentes formes (ridés ou lisses…) et transmis de façon indépendante et aléatoire à
la descendance
- concevoir la contribution à part égale des gamètes lors de la fécondation
- adopter une nouvelle méthode de travail avec la démarche expérimentale et l’utilisation des
statistiques et d’une symbolique des résultats (lettres pour symboliser les caractères)
- Terminale S Spécialité SVT : Dossier 3 : Des débuts de la génétique aux enjeux actuels des 13
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III/ Les travaux de Sutton et Morgan : une seconde rupture conceptuelle avec la théorie
chromosomique de l’hérédité
III-1 La construction intellectuelle de la théorie chromosomique de l’hérédité par Sutton
¢ En 1875, Hertwing observe pour la première fois la fécondation chez l’oursin avec la pénétration
du spermatozoïde dans l’ovule et la fusion des noyaux.
Flemming et Van Beneden décrivent en 1879 et 1881 la mitose et notamment comment les
« bâtonnets », nommés en 1888 chromosomes car ils prennent la coloration, se fissurent sur toute leur
longueur et se partagent de manière équitable entre les deux cellules filles.
Van Beneden décrit en 1883, les étapes de la méiose et notamment la réduction de moitié du
nombre de chromosomes dans les gamètes et le retour à la diploïdie lors de la fécondation.
¢ Les travaux de Mendel connus uniquement des hybrideurs, restèrent dans l’ombre du monde
scientifique pendant 34 ans, jusqu’en 1900, d’une part parce qu’il était difficile de faire une croix sur
l’hérédité par mélange pour de nombreux chercheurs malgré l’évidence, c’est le poids des habitudes, et d’autre
part parce que l’étude de la cellule n’en était qu’à ses balbutiements, pour des raisons techniques
essentiellement. Enfin, certains résultats de croisements ne suivent pas les lois de Mendel.
¢ Cuénot en France et Bateson en Angleterre, généralisent ces lois de Mendel au monde animal en
réalisant des croisements expérimentaux respectivement sur les souris et les papillons.
¢ Bovéri montre que des anomalies chromosomiques entraînent des anomalies de caractéristiques
héréditaires, confirmant l’importance des chromosomes dans l’hérédité.
¢ Sutton distingue les chromosomes selon des critères morphologiques et arrive à les suivrent
pendant la méiose. Il suggère, sans pouvoir le prouver formellement, une répartition aléatoire des
chromosomes paternels et maternels dans les gamètes. Il prévoit même le nombre de combinaisons
chromosomiques possibles, c’est-à-dire le nombre de gamètes différents possibles, en fonction du nombre
de chromosomes de l’espèce : 2n avec n le nombre de paires de chromosomes de l’espèce (chez l’Homme 223).
¢ Sutton rapproche ainsi le comportement des chromosomes homologues de celui des éléments
(facteurs ou unités selon les auteurs) mendéliens ou gènes (Johanssens en 1909).
Pour expliquer la première Loi de Mendel, c’est-à-dire la ségrégation indépendante des différentes
versions d’un caractère au moment de la formation des gamètes, cette ségrégation indépendante des deux
éléments mendéliens (ou gènes) se comprend en postulant que chaque élément mendélien (gène) est porté
sur un chromosome homologue. Chaque élément mendélien (gène) sera alors séparé de manière
indépendante en même temps que les chromosomes homologues lors de la méiose.
Pour expliquer la seconde loi de Mendel, c’est-à-dire la ségrégation indépendante de plusieurs
couples de caractères, les deux éléments (gènes) d’un couple se séparent indépendamment des deux éléments
- Terminale S Spécialité SVT : Dossier 3 : Des débuts de la génétique aux enjeux actuels des 15
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Sutton établit les premiers caryotypes avec distinction entre chromosomes homologues
(autosomes) et chromosomes hétérologues (sexuels). Il suggère une répartition aléatoire des
chromosomes paternels et maternels dans les gamètes lors de la méiose. Il prévoit le nombre de
gamètes différents possibles, en fonction du nombre de chromosomes de l’espèce : 2n avec n le
nombre de paires de chromosomes de l’espèce.
Sutton explique les 2 lois de Mendel en postulant que chaque gène (mot qui sera inventé par
Johanssens en 1909 pour remplacer selon les auteurs les « facteurs », « éléments » ou « unités »
mendéliens) est porté par un des chromosomes homologues (1ère Loi) ou sur la même paire de
chromosomes homologues (2ième Loi).
Loi de pureté des gamètes Loi de ségrégation indépendante de
plusieurs couples de caractères
Chrs Paternel Chrs Maternel Chrs Paternel Chrs Maternel
Gène 1 Gène 1
Gène 2
(gènes) d’un autre couple de caractère, exactement comme les chromosomes d’une paire d’homologues se
séparent indépendamment des chromosomes d’une autre paire d’homologues.
Enfin, les gamètes porteurs d’un assortiment de chromosomes avec leur élément mendélien (gène et
leurs allèles) se ré-associent, au hasard comme les gamètes, lors de la fécondation.
Ainsi, sur la base des résultats de croisements de Mendel (De Vries, Correns, Tschermak , Cuénot et
Bateson notamment), d’observations cytologiques et d’hypothèses, Sutton proposa la théorie
chromosomique de l’hérédité : les éléments mendéliens (ou gènes) sont portés sur les chromosomes.
III-2-1 Confirmation de l’hypothèse de Sutton : un gène est porté par un chromosome donné
¢ En suivant la transmission du caractère couleur des yeux chez la drosophile, Morgan a mis en
évidence que le sens du croisement chez ces animaux était important. En effet, une femelle sauvage croisée
avec un mâle aux yeux blancs ne donne pas la même descendance qu’une femelle aux yeux blancs croisée
avec un mâle sauvage. De plus, en travaillant sur les F1 et les F2, Morgan n’obtient toujours pas de résultats
conformes aux lois de Mendel (Doc. 12).
¢ A cette même époque, grâce aux découvertes de Stevens, on apprend que les mâles sont XY et les
femelles XX (Doc. 12). Morgan propose alors d’expliquer les résultats particuliers obtenus lors des
croisements de mâles aux yeux blancs avec des femelles sauvages par le positionnement de l’allèle (Bateson,
1902) « blanc » (white) sur le chromosome X. Il appelle cela « l’hérédité liée au sexe ». Pour la première
fois un gène, la couleur des yeux, avec ses formes alléliques, blanc ou sauvage, est assigné à un
chromosome clairement identifié, l’X.
III-2-2 Plusieurs gènes sont sur un même chromosome, en file indienne, et peuvent donc se
recombiner
¢ Si l’on considère que les caractères sont gouvernés par des gènes portés sur les chromosomes, il
devient évident que chaque chromosome porte plusieurs gènes. En effet, le caryotype d’une drosophile
comporte 8 chromosomes (4 paires de chromosomes) mais possède bien plus de 4 gènes !! Morgan en apporte
la preuve en démontrant que les caractères longueur des ailes ou couleur du corps sont comme la couleur des
yeux portés par le chromosome X (Doc. 13). Morgan, suite à de nombreux croisements, montre que la
drosophile possède 4 groupes de liaison c’est-à-dire 4 groupes de gènes liés : 1 par paire de chromosomes !
¢ Des croisements montrent que chez les F2 issus de F1 x F1, on obtient (Doc. 14):
- un certain % d’individus aux phénotypes parentaux ce qui prouve bien que les allèles sont
transmis ensemble,
- et un % complémentaire d’individus aux phénotypes recombinés, prouvant que les allèles liés
sur le chromosome ont été dissociés lors de la méiose.
Morgan reprend une idée du cytologiste Janssens qui avait observé des chiasmas et suggère, qu’au
cours de la méiose, des échanges de chromatides ou crossing-over s’opèrent.
¢ En ce qui concerne la transmission des gènes liés, les mêmes croisements donnent toujours les
mêmes résultats et notamment les mêmes % de phénotypes parentaux et recombinés. Morgan postule
alors que la position, le locus, d’un gène est constante et que la fréquence des recombinés (ou crossing-
over) est proportionnelle à la distance entre les gènes : 1% de recombiné = 1cM ou centimorgan. En
réalisant de nombreux croisements au sein de chacun des 4 groupes de gènes liés Sturtevant, un étudiant de
Morgan, détermine la position relative des gènes les uns par rapport aux autres sur les 4 chromosomes : les
premières représentations linéaires des gènes ou cartes génétiques sont établies (Doc. 15).
¢ A la suite des travaux de Morgan, le gène est un petit segment de chromosome situé à un locus
donné qui est défini comme étant :
- une unité de fonction car indispensable à l’établissement d’un caractère
- Terminale S Spécialité SVT : Dossier 3 : Des débuts de la génétique aux enjeux actuels des 17
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Doc. 13 : Grâce à l’hérédité liée au sexe, Morgan et Stevens confirment les travaux théoriques de Sutton :
les gènes sont portés par les chromosomes.
Morgan explique ces résultats de croisements par une hérédité liée au sexe.
Doc. 14 : Plusieurs gènes sont sur un même chromosome, en file indienne, et peuvent donc se
recombiner.
18 - Terminale S Spécialité SVT : Dossier 3 : Des débuts de la génétique aux enjeux actuels des
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- une unité de mutation car susceptible d’être modifier et de donner naissance à de nouveaux
allèles.
- une unité de recombinaison car chaque allèle peut être le jeu d’un crossing-over.
¢ En 1920, la théorie chromosomique de l’hérédité marque encore une nouvelle rupture dans
théorie de l’hérédité par rapport à l’approche mendélienne:
- les éléments mendéliens sont des gènes en file indienne situés à un locus donné sur des
chromosomes, devenus support de l’hérédité.
- la seconde loi de Mendel, la disjonction indépendante des couples de gènes, n’est réalisable
que si les 2 gènes considérés sont sur des chromosomes différents (= gènes indépendants) ou
suffisamment éloignés sur le même chromosome (= gènes liés mais très éloignés avec un %
de recombinés avoisinant les 25% comme si c’était un couple de gènes indépendant !).
¢ A cette époque, le monde scientifique n’a encore aucune idée de la nature chimique du gène ni de
la relation génotype-phénotype.
En 1868, Miescher, met à jour, pour la première fois, l’ADN : Acide DésoxyriboNucléique. Sa nature
chimique est alors révélée : l’ADN est constitué d’acides nucléiques.
Entre 1882 et 1920, Kossel, Fischer et Levene, entre autres, montrent que l’ADN est une succession
de nucléotides. Chaque nucléotide comprend : un groupement phosphate, un sucre (désoxyribose) et une base
(Adénine, Thymine, Cytosine ou Guanine).
En 1928, Griffith et en 1944 Avery, prouvent que l’ADN est une molécule informative mais ce n’est
qu’en 1952 qu’Hershey et Chase montrent que l’ADN est bien le support de l’hérédité.
En 1953 Watson et Crick publient un modèle de structure de l’ADN : c’est une molécule en double
hélice, antiparallèle, composée d’une succession de nucléotides dont les bases s’associent par complémentarité
deux à deux : A-T et C-G.
En 1957, Meselson et Stahl démontrent que la réplication de l’ADN est semi-conservative.
En 1902, Garrod montre qu’il existe une relation entre gène et enzyme à la suite de l’étude de
patients atteints d’une maladie génétique récessive (à l’époque, « qui se transmet comme un facteur mendélien »)
sans gravité l’alcaptonurie (présent dans les urines, l’alcaptone est un produit résiduel issu de la dégradation
d’acides aminés comme la tyrosine ou la phénylalanine). En parallèle, Garrod établissait que la maladie
provenait d’un dysfonctionnement d’une enzyme impliquée dans le métabolisme de la tyrosine.
En 1941, Beadle et Tatum précise la relation : « un gène – une enzyme »
En 1961, Yanofsky apporte la preuve de la relation entre « un gène – une protéine ».
En 1961 également, les biologistes français Jacob et Monod, prix Nobel de Médecine, découvrent le
rôle de l’ARNm dans la synthèse des protéines.
Entre 1961 et 1966, par calcul on découvre qu’il faut 3 nucléotides pour coder les 20 acides Aminés
(2 nucléotides ne permettent de coder, à l’aide des combinaisons des 4 bases différentes que 16 acides aminés, 3
nucléotides offrent 64 combinaisons différentes avec des redondances). En 1966, grâce à Nirenberg, Matthaei
puis Khorona, le code génétique, universel et redondant, est entièrement déchiffré.
Fin 1966, le dogme central de la biologie moléculaire (union de la biochimie et de la génétique
formelle) est établi : L’ADN est le support de l’hérédité à partir duquel un ARNm est transcrit. Cet
ARNm sort du noyau pour être traduit par des ribosomes dans le cytoplasme et permettent ainsi la
synthèse d’une protéine.
IV-2 La révolution technologique des années 1970 débute avec la découverte des enzymes de
restriction
¢ En 1970, Arber découvre que les bactéries, pour se protéger des virus, possèdent des enzymes, les
endonucléases, qui dégradent, découpent tout ADN étranger.
Smith isolent le premier ces ciseaux moléculaires, Nathans les utilisent pour découper l’ADN de virus
en fragments dits de restriction.
¢ Chaque enzyme de restriction (endonucléase) coupe l’ADN en un site particulier : les coupes
peuvent être franches ou non mais toujours cohésives c’est-à-dire capable de se combiner avec une séquence
complémentaire qui a été coupée avec la même enzyme de restriction. La liaison se fait par une autre enzyme :
une ligase.
Les généticiens utilisent ces ciseaux moléculaires, 500 espèces différentes à ce jour, pour découper des
molécules d’ADN de grande taille en fragments de restriction de tailles variables, séparés par électrophorèse.
L’utilisation de différentes enzymes de restriction, ensemble et séparément, permet d’établir, par
comparaison, une carte de restriction de la molécule d’ADN initiale. Cette carte révèle l’agencement des
fragments de restriction les uns par rapport aux autres et de parties chevauchantes en parties chevauchantes,
une cartographie physique de l’ADN est alors réalisée.
¢ Les enzymes de restriction, puis les ligases, sont les premiers outils permettant de manipuler le
génome grâce à un ensemble de techniques regroupées sous le terme de génie génétique.
IV-2-2 Les enzymes de restriction permettent le clonage des gènes et leur séquençage
- 1 des deux brins d’ADN à séquencer qui servira de matrice (patron) à la synthèse, in vitro, par
une enzyme, l’ADN polymérase, des fragments d’ADN complémentaires de tailles différentes,
- une amorce qui permet à l’ADN polymérase de s’accrocher au brin à séquencer,
- des nucléotides en excès,
- quelques nucléotides radioactifs pour le repérage du fragment d’ADN par autoradiographie,
- de rares nucléotides dit « fin de synthèse » qui stopperont l’ADN polymérase. Ces derniers peu
nombreux s’insèrent au hasard lors de la réplication artificielle. On dépose un seul type de
nucléotide « fin de synthèse » par tube : « A, T, C ou G fin de synthèse ».
Lors de la réplication artificielle, l’ADN polymérase, construit le brin d’ADN complémentaire à partir
du brin à séquencer. L’ADN polymérase prélève alors, dans le milieu et au hasard, des nucléotides non
radioactifs, radioactifs ou « fin de synthèse ». L’ADN polymérase va donc produire des fragments de tailles
différentes selon que l’insertion du nucléotide « fin de synthèse » s’est faite plus ou moins tardivement lors
de la synthèse du brin complémentaire. Les quelques nucléotides radioactifs insérés au hasard permettent de
mettre en évidence les fragments d’ADN nouvellement synthétisés, après autoradiographie.
On obtient ainsi 4 lots au sein desquels l’ADN polymérase aura réalisée des brins complémentaires
radioactifs, de tailles différentes en fonction du moment de l’insertion du nucléotide « fin de synthèse ». Mais
chaque lot sera homogène quant à la terminaison du brin complémentaire néoformé. En effet, pour le tube
qui ne contenait que des nucléotides « fin de synthèse » de type Adénine, tous les fragments se terminent par A,
pour le tube où seuls des nucléotides « fin de synthèse » de type Thymine ont été introduits tous les fragments
finissent par T…
Une électrophorèse est ensuite menée avec les fragments des 4 lots, déposés côte à côte, sur le même
gel. On obtient 4 électrophorèses en parallèle, une électrophorèse de fragments se terminant par A, une
autre se terminant par T, une autre par C et enfin une dernière par G.
Les brins de tailles différents, révélés par autoradiographie, sont ainsi classés du brin le plus court
qui migra le plus loin, au brin le plus long qui migra le moins loin. Si le brin qui migra le plus loin appartient
au lot dans lequel seul le nucléotide « fin de synthèse » de type Adénine avait été ajouté, alors cela signifie que le
brin d’ADN à séquencer commence par le nucléotide Adénine. Si le second fragment d’ADN polymérisé se
trouve être dans l’électrophorégramme du lot « nucléotide fin de synthèse de type T », le second nucléotide du
gène est T… Le déchiffrage de la séquence génique se fait dans le sens inverse du sens de migration des
fragments.
Une fois le gène séquencer il sera cloner. Ce même travail réaliser avec l’ensemble des gènes,
permettra de constituer une banque de gènes représentant l’ensemble du génome. Ces différents gènes pouvant
servir à leur tour de sondes ou pour des transgénèses…
¢ Un polymorphisme génétique ou polyallèlisme a ainsi été mis à jour par les enzymes de restriction.
En effet, le simple changement d’un seul nucléotide par mutation ponctuelle, peut modifier le site de
reconnaissance d’une enzyme de restriction et générer des fragments de restriction différents. Le
polymorphisme de longueur des fragments de restriction (RFLP) a permis de prouver l’unicité génomique
des individus et d’établir une carte d’identité génétique de chaque individu.
¢ Les OGM sont des organismes génétiquement modifiés, aux propriétés nouvelles et intéressantes
pour l’Homme.
- Terminale S Spécialité SVT : Dossier 3 : Des débuts de la génétique aux enjeux actuels des 21
biotechnologies -
¢ Les différentes applications des OGM se font dans la recherche fondamentale, l’agronomie,
l’industrie agroalimentaire et la pharmaceutique.
La recherche fondamentale est le premier grand domaine d’application des OGM. L’étude de la
fonction d’un gène isolé par clonage et donc de la protéine correspondante est facilitée par la transgénèse. On
introduit le gène à étudier dans une plante référence et on espère une modification du phénotype. On peut
permettre la sur-expression (augmentation de son expression) d’un gène ou sa répression (diminution
d’expression).
L’un des buts visés par la transgénèse est l’amélioration des plantes cultivées et des animaux
d’élevage afin de leur faire:
- produire plus en augmentant les rendements des cultures en diminuant par exemple l’impact des
ravageurs pathogènes, en fixant l’azote atmosphérique ce qui limite le recours aux engrais azotés,
en permettant le développement de plantes adaptées à des régions climatiques et pédologiques
difficiles (tomates résistantes aux fortes concentrations de sel dans le sol)
- produire mieux en réduisant les épandages de produits phytosanitaires en permettant aux plantes
de produire leur propre insecticide ce qui préserve l’environnement des pollutions (résistance à la
pyrale chez le maïs).
Enfin les OGM permettent de produire des molécules étrangères en grande quantité et à moindre
coût par rapport à la fabrication traditionnelle en biofermenteur ou par rapport à la chimie de synthèse. Ainsi,
dans l’industrie des molécules sont fabriquées par ce biais notamment des bioplastiques (plastique
biodégradables qui devraient à terme concurrencer et remplacer les plastiques dérivés du pétrole). En
pharmaceutique l’insuline, l’hormone de croissance GH, des vaccins, des plaquettes sanguines sont produits par
des bactéries, des végétaux ou récupérés dans le lait de certaines vaches. Ces molécules purifiées sont produites
en grandes quantités à moindre coût mais surtout exemptes de toutes contaminations potentielles
contrairement à ces mêmes molécules extraites de tissus animaux ou de cultures bactériennes.
¢ Les OGM présentent de risques potentiels non négligeables pour l’Homme et l’environnement.
Les gènes de sélection introduits dans la plante avec le gène d’intérêt, représentent un danger. Ces
gènes, généralement des gènes de résistance à des antibiotiques, pourraient être transmis des OGM vers les
micro-organismes proches de la flore intestinale de l’Homme ou de la flore du sol. De tel flux de gènes sont
connus entre micro-organismes. Des bactéries pathogènes pour l’Homme pourraient ainsi acquérir une résistance
à un antibiotique qu’elles ne possédaient pas naturellement.
Un autre soucis vient de l’insertion au hasard du transgène dans le génome de l’organisme, ce qui
peut provoquer des mutations et conduire à des perturbations pour l’OGM. Ce dernier pourrait même alors
produire des molécules nouvelles dangereuses pour le consommateur.
Les OGM producteurs de leur propre pesticide sont susceptibles d’induire et d’accélérer, dans la
population ciblée, l’apparition d’allèles de résistance au pesticide. L’allèle de résistance se propagerait
rapidement, car il confère un avantage sélectif énorme pour son porteur. Les agriculteurs auront recours aux
produits phytosanitaires en plus grande quantité pour éliminer ces ravageurs résistants et donc en définitive,
l’agriculture arrivera à l’effet inverse de celui escompté : la pollution des sols au lieu de la protection de
l’environnement. Ces allèles de résistance à des pesticides peuvent également théoriquement être transférer sur
22 - Terminale S Spécialité SVT : Dossier 3 : Des débuts de la génétique aux enjeux actuels des
biotechnologies -
des mauvaises herbes environnantes proches des OGM cultivés, adventices qui sera difficile d’éliminer sans
détruire ses propres récoltes.
¢ Les acquis de la génétique peuvent être mis en œuvre à différents niveaux pour identifier une
pathologie d’origine génétique, en évaluer les risques de transmission, en prévoir les effets voire la guérir.
¢ Le dépistage permet de calculer une probabilité de naissance d’un enfant affecté par une anomalie
chez une femme enceinte. La médecine à mis en place des méthodes pour dépister ces anomalies sans avoir
recours à des examens de diagnostics qui, d’une part, peuvent présenter un risque pour la santé de l’enfant et de
la mère et d’autre part sont souvent, complexes et coûteux à réaliser.
¢ L’étude des arbres généalogiques a pour but de déterminer si la maladie héréditaire présente dans
une famille se transmet selon le mode dominant ou récessif, automosal (chromosomes 1 à 22) ou gonosomal
(sur le X ou le Y). Avec ces informations, le risque de transmission de la maladie à la descendance d’un
couple peut être évalué. Il doit être tenu compte également de la fréquence de la maladie dans la population à
laquelle appartient le couple.
Dans le cas de la trisomie 21, le dépistage prend en compte l’âge de la mère, le dosage d’hormones
dans le sang maternel et l’analyse de paramètres morphologiques à l’échographie comme la clarté nucale
(supérieure à 3 mm chez les enfants trisomiques). Pour les cas de trisomie 21 par translocation (2 chromosomes
21 et un troisième 21 soudé à un autosome, généralement le chromosome 14), le risque d’enfant trisomique est
évalué à 10-15% soit beaucoup plus que des « trisomies classiques ». Le facteur de risque ainsi calculé n’est
pas fiable à 100%, cette analyse ne constitue donc en aucun cas un diagnostic.
¢ Si le risque de transmission d’une maladie, évalué par les arbres généalogiques ou calculé en
prenant en compte différents paramètres, s’avère plus élevé que dans la population générale un diagnostic est
mis en place. Selon la date du diagnostic, une amniocentèse, choriocentèse ou cordocentèse sera réalisée,
suivie de l’analyse de caryotype ou de la recherche de gènes ou marqueurs génétiques. Ces analyses sont
réalisées à partir des noyaux des cellules épithéliales recueillies dans le liquide amniotique (amniocentèse) ou de
globules blancs prélevés dans le sang fœtal (choriocentèse et cordocentèse), mis en culture.
¢ Les progrès spectaculaires effectués par la génétique moléculaire depuis 10 ans permettent d’espérer
compenser les effets d’une mutation à l’origine d’une maladie génétique.
déficiente. Seules les maladies monofactorielles (où un seul gène est en cause) sont potentiellement traitables par
la thérapie génique.
¢ De nombreuses difficultés restent à contourner. Des virus sont utilisés comme vecteur après
élimination de leur pouvoir pathogène. La première difficulté consiste à mettre au point de tels vecteurs viraux
adaptés aux gènes à transporter et capables d’atteindre les cellules cibles. Ensuite il faut que cet allèle en
s’insérant au hasard n’endommage pas le génome du patient. Puis il faut que cet « allèle médicament »
s’exprime, en quantité suffisante, et en particulier sur de longues périodes. Enfin, il faut veiller à ce que ce
vecteur n’entraîne pas de réaction immunitaire qui conduirait à l’élimination du vecteur-gène médicament.
Des essais cliniques ne sont envisagés qu’après les essais in vitro puis des tests pré-cliniques sur
l’animal.
¢ La thérapie génique pose des problèmes éthiques puisqu’elle représente une modification du
patrimoine génétique du patient. En France, depuis 1994, seule la transgénèse des cellules somatiques est
autorisée, les modifications génétiques sur des cellules sexuelles donc transmissibles aux générations
suivantes sont interdites.