La Prise en Charge Des Tumeurs Neuro Endocrines Du Col Uterin: A Propos Dun Cas Et Une Revue de La Litterature
La Prise en Charge Des Tumeurs Neuro Endocrines Du Col Uterin: A Propos Dun Cas Et Une Revue de La Litterature
La Prise en Charge Des Tumeurs Neuro Endocrines Du Col Uterin: A Propos Dun Cas Et Une Revue de La Litterature
9(11), 734-738
Article DOI:10.21474/IJAR01/13797
DOI URL: http://dx.doi.org/10.21474/IJAR01/13797
RESEARCH ARTICLE
LA PRISE EN CHARGE DES TUMEURS NEURO ENDOCRINES DU COL UTÉRIN : À PROPOS D’UN
CAS ET UNE REVUE DE LA LITTÉRATURE
ZenabAlami1,2, Sara Amrani Joutei1,2, Samiya Mhirech1,2, Amina Bouziane1,2, M. Yessoufou1,2, Wissal
Hassani1,2, FatimaZahrae Farhane1,2 and Touria Bouhafa1,2
1. Faculté De Médecine Et De Pharmacie De FES, Université Sidi Mohammed Ben-Abdellah, Maroc.
2. Service de Radiothérapie Hôpital d’oncologie CHU Hassan II FES Maroc.
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Manuscript Info Abstract
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ManuscriptHistory Les tumeurs neuroendocrines sont une entité rare des tumeurs du
Received: 28 September 2021 tractus génital féminin, elles représentent 1,4% de tous les cancers
Final Accepted: 30 October 2021 invasifs du col de l'utérus. Ce sont des tumeurs rares, de mauvais
Published: November 2021 pronostic. Les options thérapeutiques sont souvent extrapolées à partir
du cancer du poumon à petites cellules et d'études rétrospectives
Key words:-
Tumeurs Neuroendocrine, Col Utérin, limitées. Le traitement préféré est une approche multimodale associant
Radiothérapie chirurgie, radiothérapie et traitement systémique. Nous rapportons le
cas d'une patiente traitée pour une tumeur neuroendocrine du col utérin
au service de radiothérapie du Centre Hospitalier Universitaire Hassan
II de FES.
Patient Et Observation:-
Madame D.S. agée de 47 ans, nullipart et nulligeste, sans antécédent pathologique notable, Admise pour prise en
charge de menometrorragies associées à une hydrorrhée purulente et douleur pelvienne, le tout évoluant dans un
contexte d’amaigrissement et d’altération de l’état général. L’examen Gynecologique a retrouvé une masse en chou
fleur expulsée du col utérin, friable et saignante au contact. Les parois vaginales semblaient non envahies mais les
paramètres étaient infiltrés.
L’échographie pelvienne a retrouvée une masse hétérogène de 10cm au dépend du col utérin expulsée dans le vagin
avec effacement des culs-de-sac vaginaux, non doplerisée.
L’étude Anatomopathologique a objectivé la présence d’un processus tumoral malin, indifférencié. L’étude
immunohistochimique est revenu en faveur d’un carcinome neuro-endocrine à petites cellules du col utérin. En effet,
les anticorps anti EMA, anti pancyto-kératine et anti synaptophysine étaient positif. Quant aux anticorps anti P40 et
anti chromogranine, ils étaient négatifs.
L’imagerie par résonance magnétique pelvienne (Image 1)a retrouvé une masse tumorale du col utérin de 9.5cm.
Elle envahit le corps utérin, les culs-de-sac vaginaux et le tiers supérieur du vagin. Le scanner Thoraco Abdomino-
pelvien a montré un processus tumoral du col utérin localement avancé avec des adénopathies iliaques externes
droites et des adénopathies lombo-aortiques. Aucune localisation secondaire à distance n’a été objectivée. La
maladie a été classée stade III selon la classification 2018 de la FIGO. La décision thérapeutique, retenue en réunion
de concertation pluridisciplinaire , était une radio -chimiothérapie concomitante suivie d’une curithérapi e utéro
vaginale.
La radiothérapieétait délivrée selon une technique tridimensionnelle à la dose de 46Gy sur le pelvis (Utérus en
totalité, le col utérin, les deux tiers supérieurs du vagin, les paramètres, toutes les aires ganglionnaires pelviennes et
Lombo Aortiques. À noter qu’un complément de dose a été délivrée sur les adénopathie pelviennes, les adénopathies
Lombo-Aortique et les paramètres à la dose de 66Gy, 54Gy et 56Gy respectivement, en tenant compte de la dose
reçu par curiethérapie.
La curiethérapie à haut débit de dose utéro vaginale était délivrée en 4seances de 7Gy selon un protocole
hébdomadaire.
L’évolution a été marquée par la progression de la maladie localement et à distance 3mois après la fin de la RCC.
Discussion:-
Les tumeurs neuroendocrines sont une entité rare des tumeurs du tractus génital féminin, le col de l'utérus étant le
site primaire le plus courant. Décrites pour la première fois par Albores-Saavedra en 1972, ces tumeurs représentent
1,4% de tous les cancers invasifs du col de l'utérus[1]. La classification 2014 de l'Organisation mondiale de la santé
(OMS) classe les tumeurs neuroendocrines du col de l'utérus comme étant de bas grade (précédemment appelées
tumeur carcinoïde et tumeur carcinoïde atypique) ou carcinomes neuroendocriniens de haut grade (anciennement
appelés carcinome à petites cellules ou carcinome neuroendocrinien à grandes cellules)[2].
Les carcinomes neuroendocriniens du col utérin sont classés en utilisant le même système de classification de la
Fédération internationale de gynécologie et d'obstétrique (FIGO) utilisé pour d'autres histologies cervicales [3]. Le
système de stadification FIGO 2018 permet à l'imagerie et aux résultats pathologiques à modifier le stade de la
tumeur. Il s'agit d'un changement crucial pour les carcinomes neuroendocriniens du col de l'utérus étant donné le
taux plus élevé de métastases ganglionnaires et distantes au moment du diagnostic. Les directives des sociétés
savantes recommandent qu'étant donné le taux élevé de métastases à distance dans les tumeurs neuroendocriniennes,
l'évaluation par imagerie devrait inclure une tomodensitométrie (TDM) ou une tomographie par émission de
positons (TEP) / TDM [4]. Pour une maladie confinée au col de l'utérus à la fois cliniquement et radiologiquement,
l'imagerie par résonance magnétique pelvienne (IRM) est considérée comme la meilleure méthode d'imagerie pour
les tumeurs de plus de 10 mm pour évaluer la taille de la tumeur et l'extension locale de la maladie[5].
Le SGO et le Gynecologic Cancer Intergroup (GCIG) recommandent une thérapie multimodale pour tous les stades
des tumeurs neuroendocrines du col de l'utérus, associant chirurgie, radiothérapie et chimiothérapie.Pour la maladie
à un stade précoce (tumeurs ≤ 4 cm) et N0 à l'imagerie, l'hystérectomie radicale et la lymphadénectomie pelvienne
suivies d'une chimiothérapie avec du platine et de l'étoposide est la prise en charge principale recommandée en
prenant en considération une radiothérapie supplémentaire [4].
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Il n'y a pas d'études prospectives comparant la chirurgie à la chimiothérapie pour les tumeurs résécables de stade
précoce. Une étude d'Ishikawa et al [7] portant sur 93 patients atteints d'un carcinome neuroendocrinien de haut
grade de stade I-II du col de l'utérus a montré une survie globale médiane de 111 mois et une survie sans maladie de
47 mois. Il y avait une variabilité significative quant à la façon dont les patients étaient traités, mais la majorité des
patients (95%) ont subi une chirurgie radicale. Les auteurs ont conclu que même au stade précoce de la maladie, la
récidive locale et les métastases à distance se produisaient fréquemment et qu'une stratégie de traitement plus
efficace était donc nécessaire.
Wang et al. [8] ont comparé une chirurgie à une radiothérapie avec ou sans chimiothérapie chez 146 patients atteints
d'une maladie de stade I-II. Les auteurs ont constaté qu'il y avait une tendance à une moins bonne survie sans échec
et survie spécifique au cancer pour les femmes ayant subi une chirurgie radicale par rapport à celles qui n'ont pas
subi de chirurgie qui sont respectivement de (41% vs 61%, p = 0,086) et (48% vs 62%, p = 0,122).
Sur la base des résultats contradictoires de multiples études rétrospectives, le rôle de la chirurgie pour les tumeurs
neuroendocrines de stade précoce ne semble pas être clair, mais il est certain que la chirurgie seule sans
chimiothérapie adjuvante et / ou radiothérapie n'est pas appropriée pour toute patiente présentant des carcinomes
neuroendocriniens de haut grade du col de l'utérus [9].
Contrairement au rôle de la chirurgie pour les patients atteints de tumeurs neuroendocrines, le rôle de la
chimiothérapie est bien établi. Il n'y a pas de schéma de chimiothérapie standard, mais en raison de ses apparences
pathologiques et de ses comportements cliniques similaires au cancer du poumon à petites cellules, presque toutes
les patientes atteintes d'un cancer du col de l'utérus à petites cellules reçoivent du platine et de l'étoposide dans le
cadre de leur traitement primaire [6].
Pour ce qui est de la place de la radiothérapie dans la maladie localisée, une étude rétrospective portant sur 68
patients atteints de la maladie de stade IB1-IIA rapportée par Lee et al [10], a suggéré qu'une hystérectomie radicale
suivie d'une chimiothérapie adjuvante pourrait être suffisante, car les patients qui ont reçu une radiochimiothérapie
ne semblaient pas avoir de meilleurs résultats. Dans une étude multicentrique japonaise, le risque de récidives
pelviennes après la chirurgie était plus faible si les patients recevaient une radiothérapie postopératoire (16%) par
rapport aux patients n'ayant pas subi de radiothérapie (25%) mais la différence n'atteignait pas la significativité (OR
0,61, 95% CI 0,16 à 2,01) [7]. Les données du MD Anderson Cancer Center [9] ont montré que les sites les plus
courants de première récidive se trouvent à l'extérieur du bassin : 38% dans les poumons, 34% dans le foie et 25% se
présentant comme une carcinomatose. Une récidive cérébrale a été observée chez 25% des patients, et toujours dans
le cadre de métastases pulmonaires ou hépatiques concomitantes. Si les patients recevaient une radiothérapie,
seulement 21% avaient des récidives dans le champ d’irradiation.
Pour la maladie à un stade précoce, il semble y avoir accord que la chimiothérapie est un élément clé du traitement,
mais il existe des données contradictoires sur le rôle de l’association chirurgie radiochimiothérapie.
Hoskins et al [13] ont d'abord rapporté que l’association cisplatineétoposide pouvaient être administré en toute
sécurité en même temps que la radiothérapie, avec un supplément de cisplatine et d'étoposide administrés après la
radiothérapie (radio-chimiothérapie concomitante (RCC) suivie d'une chimiothérapie). Une approche associant RCC
suivie d'une chimiothérapie a montré que pour le stade IB-IVB, une RCC avec ≥ 5 cycles de cisplatine-étoposide
était associée à une amélioration de la survie sans maladie à 5 ans (63% vs 13%, p = 0,025) et survie globale (75%
vs 17%, p = 0,016) [8]. La récidive de la maladie à distance était le type de récidive le plus courant (28%) et le
résultat clinique était corrélé à l'étendue initiale de la maladie. Le taux de survie sans maladie à 3 ans était de 55% et
les récidives étaient peu probables après 3 ans [12].
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Bajaj et al [14] ont rapporté les résultats de 73 patients atteints de carcinome cervical à petites cellules de stade IB2-
IV1 traités par radio-chimiothérapie. La survie globale de tous les patients était de 48%, en faveur d’une radio-
chimiothérapie concomitante suivie d'une chimiothérapie adjuvante par rapport à une radio-chimiothérapie
concomitante uniquement (HR 0,49, p = 0,10). Le nombre de cycles (cisplatine-étoposide) était associé à une
amélioration de la survie globale (HR 0,45, p = 0,01) et à une diminution de la récidive (HR 0,67, p = 0,07). Les
patients recevant du cisplatine-étoposide avaient une meilleure survie globale (59% vs 44%) et un taux de récidive
plus faible (65% vs 74%) par rapport à ceux recevant du cisplatine uniquement.
Dans l’étude de Robin et al [15] portant sur 100 patientes atteintes d'un cancer du col neuroendocrinienlocalement
avancé non métastatique, il a été démontré que l'ajout de la curiethérapie, par rapport à la radiothérapie externe seul,
était associé à une amélioration de la survie médiane de 49 contre 22 mois (HR 0,48, IC à 95% 0,25 à 0,88). Il n'y
avait aucune différence de survie globale pour les patients traités par chimiothérapie néoadjuvante par rapport aux
patients ayant reçu une chimiothérapie débutée en même temps que la radiothérapie (HR 0,85, IC à 95% 0,48 à
1,50).
Conclusion:-
Le carcinome neuro endocrine est une variante rare des cancers du col de l'utérus. Il est de mauvais pronostic avec
une survie globale moyenne de 40 mois et un taux de survie globale à 5 ans de 34%. Le traitement multimodal
associant chirurgie radicale et chimiothérapie adjuvante ou néoadjuvante avec étoposide et cisplatine est le pilier du
traitement de la maladie à un stade précoce, tandis que la l’association radio-chimiothérapie conviennent aux
femmes atteintes de carcinome neuro endocrine du col utérin localement avancé.
Conflit d’intérêt
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts
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