L'Homme Et Ses Motivations. La Psychologie de Paul Diel - Alain Bavelier
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Alain Bavelier
L'HOMME
ET SES MOTIVATIONS
La psychologie
de Paul Diel
RETZ
1, RUE DU DÉPART
75014 PARIS
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Remerciements
Avertissement
© Retz, 1998.
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Avant-propos
tative qui n'est pas sans analogie avec celle de Descartes qui, à peine
plus âgé, entreprit lui aussi une révision fondamentale à partir de la
découverte du pouvoir de la raison logique. Descartes voulait tirer du
raisonnement mathématique une méthode qui permettrait de mieux
penser et de mieux vivre : faire un discours de la « Méthode pour bien
conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences». De même,
la préoccupation centrale de Paul Diel a été de créer une méthode intros-
pective qui aiderait chacun à purifier ses imaginations exaltées pour
calmer son impulsivité et gagner une vision plus authentique du monde
extérieur et de soi-même.
En étudiant l'imagination exaltée, Diel s'est avisé qu'elle est la falsifi-
cation d'une fonction juste dont l'importance est capitale dans la conduite
de la vie. Chacun, en effet, joue sans cesse dans son for intérieur avec la
représentation d'images plaisantes ou inquiétantes qui l'orientent vers des
objets satisfaisants ou le mettent en garde contre des objets décevants ou
dangereux. C'est le processus naturel de la délibération. Quand ce jeu
imaginatif s'exalte, l'individu se laisse séduire ou angoisser par des idées
vaines, et sa vie s'en trouve plus ou moins profondément perturbée.
Chacun cherche sa satisfaction mais, de son fait, il risque de la manquer.
Pour se prémunir contre ce danger, les hommes ont depuis toujours
élaboré des repères : règles de conduite, préceptes moraux, visions
mythiques ; ils ont essayé ainsi de déterminer ce qu'il faut faire et ne pas
faire, croire et ne pas croire, ce qui est satisfaisant et insatisfaisant : le
Bien et le Mal. Ces croyances sont utiles un temps ; puis elles s'usent et
dégénèrent en routines; ou bien, absolutisées et dogmatisées, elles se
changent en fanatisme et risquent, au nom du Bien, d'engendrer une
autre forme de Mal. L'époque moderne en est précisément arrivée à un
stade où les valeurs léguées par la tradition se trouvent ébranlées; le
désarroi moral est devenu général, entraînant des souffrances de toutes
sortes pour les individus et la société. Toutes les cultures ont connu de
telles périodes de décadence ; elles étaient alors remplacées par d'autres,
plus jeunes, venues de pays voisins : ainsi la Grèce a supplanté l'Égypte
avant de s'effacer elle-même devant Rome, puis le christianisme a pris la
relève. Mais aujourd'hui toutes les cultures sont en crise sans que la
science, principal facteur de leur ébranlement, qui paraissait pour cer-
tains appelée à devenir le fondement universel des valeurs, ait justifié cet
espoir.
Comment trouver cette satisfaction plus sûre que tout homme
recherche ? Comment définir en quoi elle consiste ? Et comment aider
l'imagination à moins errer dans un domaine aussi vital ? L'originalité de
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PREMIÈRE
PARTIE
L a v i e d e P a u l D i e l
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«Dans la plus grande salle, un arbre immense était dressé, [...] couvert
de jouets et de cadeaux, envois de l'archiduchesse. La fête consistait, le 24 au
soir, à faire défiler les enfants en rang deux fois autour de l'arbre et à les
envoyer se coucher aussitôt après, sans qu'aucun cadeau n'ait été distribué.
Ils n'avaient que le droit de regarder. [...] Le 25, la fête continuait : elle
consistait à aller à la grand-messe en chapeau haut deforme, comme d'ailleurs
à toutes les fêtes carillonnées. Le 26, les jouets avaient disparu de l'arbre. »
(Rapporté par M Diel d'après le récit de son mari.)
pait déjà d'orphelins. Celui-ci, devenu son tuteur, le place dans un foyer.
Paul y fait la connaissance du jeune Svoboda, qui devient son ami et
influencera ses choix d'adolescent. C'est lui qui l'initiera à la physique et
aux mathématiques. Mais il lui donnera aussi l'exemple du dénigrement
et de l'ironie, dont le psychologue se souviendra lorsqu'il fera de l' accu-
sation une des catégories de la fausse motivation.
Plus tenté par le football et les livres que par l'école, il n'étudie que
les matières qui l'intéressent, parfois bien au-delà des exigences du pro-
gramme, laissant subsister par ailleurs des lacunes qui expliquent son
échec au bac. Las de la scolarité, jaloux des jeunes ouvriers du foyer qui
gagnent déjà leur vie, il refuse de redoubler et persuade son tuteur de
lui trouver un travail ; il s'invente pour cela des justifications (« Je ne vais
pas abuser de la générosité de cet homme et me faire payer une nouvelle
année d'études. ») dont il comprendra, des années plus tard, le mécanisme
subconscient. Embauché comme aide-comptable dans une brasserie, il se
fait renvoyer au bout de quelques mois, surpris avec un roman de
Dostoïevski sur les genoux et un livre de comptes rempli d'erreurs sur sa
table. Que dire à Me Gründler? Rien. Il quitte le foyer discrètement et
le voilà à la rue.
À dix-huit ans, il vagabonde dans Vienne. Les étés sont chauds mais
les hivers rudes. Heureusement, il y a des cafés accueillants et des biblio-
thèques tranquilles ; quelques menus travaux lui donnent un peu d'argent
et, lorsque la santé flanche, il trouve à l'hôpital un vrai lit, des repas
chauds et la possibilité de s'adonner entièrement à la lecture. Vagabond,
il ne sera jamais clochard : il garde sa dignité. Il conserve une apparence
soignée, se lave l'été aux fontaines publiques, l'hiver dans la cuvette de
Svoboda, ou bien il va aux toilettes des gares quitte à faire parfois des
kilomètres à pied. Ses anciens camarades de stade et de lycée, devenus
étudiants, ne se doutent pas qu'il vit en marginal; ils l'admettent tout
naturellement dans leurs «fraternités». Il refuse de participer aux beu-
veries, mais il ne boude pas les rixes et les duels, le plus souvent ano-
dins. Plus gênant pour lui est son goût des jeux d'argent auquel il n'arrive
pas à résister et qui, pour trouver de quoi miser, lui fait gaspiller en tra-
vaux utilitaires des heures qu'il aurait pu consacrer à la lecture et à
l'étude. De plus, l'hiver est de retour et, avec le froid, les plaisirs de
l'errance diminuent...
Après un an de vagabondage et de lectures fiévreuses mais décousues,
et coupable malgré tout d'avoir déçu son tuteur, il revient vers
M Gründler et, en accord avec lui, prend la décision de se présenter à
nouveau au bac. Revenu au foyer avec les livres nécessaires, il travaille
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Le théâtre
Il sort de l'hôpital à vingt-deux ans ; il a envie de vivre. Le sport, qui le
passionnait, lui est interdit par son infirmité, mais il découvre avec enthou-
siasme le théâtre, pièces d'avant-garde et répertoire classique. L'idée lui
vient de ne plus écrire seulement des poésies mais d'autres œuvres (et
pourquoi pas un roman ?) dans lesquelles il donnerait libre cours à tout
un jeu de sentiments dont ces mois de concentration l'avaient éloigné.
Le théâtre va aussi lui procurer un gagne-pain plus régulier que les
« petits boulots » précédents et plus conforme à ses dons. Engagé comme
figurant, il travaille pour lui-même les rôles des acteurs qu'il côtoie et
fait des progrès. Il gagne assez vite de quoi se loger sommairement et
subsister... pour autant que le démon du jeu le laisse en repos. Il s'inté-
resse aux filles qui, de leur côté, ne restent pas indifférentes à ce jeune
homme qui ne manque pas de prestance, d'intérêt, ni de hardiesse. Est-
il sur la voie du « déchaînement », qu'il qualifiera plus tard de banalisa-
tion et diagnostiquera comme une maladie de l'esprit ? Curieusement, ses
écrits de l'époque reflètent des préoccupations tout autres : il y est ques-
tion de sens de la vie, d'amour, de sainteté, d'opposition entre matière
et esprit. En fait, ce qu'il redoute le plus et fuit avec une méfiance de
«nerveux», c'est une autre sorte de banalisation : l'embourgeoisement
(qu'il appelle « standing »), avec la situation, l'appartement, la profession,
et tout le cortège de soucis mesquins qui accompagnent la réussite exté-
rieure et font perdre à ceux qui s'y laissent prendre leur élan essentiel.
Acteur doué, sa candidature est retenue par un metteur en scène qui
veut créer une troupe. Formé jusqu'ici sur le tas, il va bénéficier de
conseils et devenir un professionnel. Le théâtre est maintenant le centre
et le sens de sa vie. Il joue tous les rôles, tous les auteurs, classiques et
modernes, Shakespeare, Schiller, Ibsen, Wedekind, au cours de tournées
à travers l'Autriche et la Bohême. Son nom est souvent en tête d'affiche.
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Informations pratiques
L'APM, fondée par Paul Diel et ses élèves en 1964, a pour but la diffusion de son
oeuvre et le développement de sa pensée.
Ses activités comprennent :
• des formations de quatre ans à la psychothérapie de la motivation et de deux
ans à la relation d'aide, organisées par l'IFPM (voir ci-dessous) ;
• un séminaire annuel (mai ou juin) ouvert à tous ceux qui s'intéressent à
l'approche de la psychologie de la motivation ;
• des ateliers : initiation, approfondissement de la théorie, réflexion en commun
sur des problèmes personnels, traductions du langage symbolique (mythes,
rêves) ;
• la publication d'une revue semestrielle ;
• des conférences ;
• des entretiens d'orientation et de conseil ; des psychothérapies (la liste des thé-
rapeutes agréés peut être communiquée sur demande).