Cours HFE Section C
Cours HFE Section C
Cours HFE Section C
[email protected] 1
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
[email protected] 2
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
Chapitre 1: Les faits économiques du néolithique et de l’Antiquité Parallèlement, la découverte de l’irrigation, de la traction animale, de
la roue et, plus tardivement, du travail des métaux (le cuivre, l’étain, le
1. La révolution Néolithique bronze, le fer), a amélioré la productivité et la production agricole ; un
surplus se dégage (pour la première fois de l’histoire de l’humanité) et
Le terme « Néolithique » signifie en Grec : nouvelles pierres (Néo : permet une division du travail, qui a, à son tour, amélioré encore une fois la
nouveau, Lithos : pierre) ; c’est donc l’âge de la pierre taillé. productivité.
Selon les anthropologues, les premières formes de pratiques Par ailleurs, la sédentarisation de la population (regroupement stable
économiques de l’humanité sont apparues durant l’âge « Néolithique » (entre des peuples) a entrainé la nécessité d’instaurer des structures politiques pour
la fin de l’ère glaciaire-8 000 ans Av. Jc- et le début de l’antiquité ou l’âge des veiller { l’ordre et { la sécurité de la société ; la levée des impôts était l’une
métaux-3500 av. J.C-). L’âge Néolithique est qualifié de « la première des prérogatives principales de ces structures ; et pour pouvoir mieux taxer,
révolution économique » ou « première révolution industrielle » car il marque l’écriture est inventée (3500 av. J.C). L’accroissement de la quantité et de la
une grande rupture avec l’âge antérieur où l’homme passe de statut de variété des produits agricoles, ainsi que le développement de la division du
chasseur au statut de producteur. Durant cette époque, les groupes travail a créé un besoin d’échange, ce qui a fini par inventer le troc (échange
humains se dotaient d’une économie de production fondée sur l’agriculture, d’une marchandise contre une autre) et puis la monnaie (600 av. J.C);
l’élevage, et la poterie.
2. Les civilisations de l’antiquité
L’agriculture est la première pratique (innovation) économique
découverte par l’homme, il y a environ 10 000 ans, sur les rives de l’Euphrate Avec l’invention de l’écriture, l’humanité rentre dans une ère nouvelle,
et du Tigre (La Mésopotamie ou l’Irak actuel). La découverte de l’agriculture celle de l’histoire ou de « l’Antiquité » ; cette dernière se situe entre la fin du
fut suivie par la mise en place du système de propriété privée. Néolithique (vers 3500 an Av. JC) et le début du Moyen Age (la fin du 4 ème S
Ap. Jc). Durant cette ère, plusieurs civilisations se sont succédées en
La modification du climat (réchauffement climatique)1 serait à contribuant, chacune, à préparer le terrain à la grande révolution industrielle
l’origine de cette « révolution néolithique » ; un climat plus sec et parfois du 18ème siècle. La première de ces civilisations en est donc bien la
aride a entraîné ; vers 8000 ans av. J.-C. ; une raréfaction de nourriture Mésopotamie qui est du coup l’héritière du Néolithique; viennent ensuite la
(animaux et gibiers) et un déséquilibre entre la population et les civilisation Egyptienne, les Grecs, les romains, les phéniciens et les
ressources. Poussés par la nécessité, les hommes se mettent alors à cultiver carthaginois.
la terre pour assurer le complément de ressources nécessaires à la survie. La
culture de la terre oblige l’homme de cesser le nomadisme, c’est-à-dire de se L’antiquité correspond donc { la période des civilisations qui se sont
sédentariser. Progressivement, la possession de la terre fertile devient développées entre la préhistoire (avant l’apparition de l’écriture) et le début
alors un enjeu vital, d’où le passage de la propriété collective à la propriété du moyen âge (la chute de l’empire romain), autour de la méditerranée.
privée.
2.1. La Mésopotamie
1
Ce réchauffement est d’ordre naturel, contrairement au (re) réchauffement Le mot Mésopotamie signifie en grec « le pays entre deux fleuves » :
constaté depuis quelques décennies, qui est artificiel et dû à l’action humaine et l’Euphrate et le Tigre (méso : milieu, entre, et potamós : fleuve). La
qui risque de déboucher plutôt sur des difficultés réelles à la civilisation Mésopotamie correspond { l’Irak actuel.
humaine !
[email protected] 3
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
Grâce à ces deux fleuves, l’agriculture prospère et le développement Le 4ème siècle avant J.C. est la période où la Grèce atteint un sommet
de l’irrigation permet d’atteindre des rendements élevés et de pratiquer des dans son niveau de développement économique ; à cette date, elle est
cultures variées : céréales, légumes, fruits, et le jardinage (les célèbres « considérée comme l'économie d'échange et de production la plus avancée du
jardins suspendus de Babylone »). monde. Le commerce intérieur est libre, les activités ne sont pas
réglementées. Le droit de propriété est reconnu et protégé. Il existe même des
Et la pauvreté de cette région en matières premières a conduit les sociétés par actions. Cette liberté s’accompagne cependant d’un certain
mésopotamiens à développer le commerce, en important ces matières et en interventionnisme en matière de commerce extérieur. La grande part de
exportant les biens manufacturés comme les produits de textiles. l’activité économique est réalisée par les esclaves et les étrangers ; le surplus
généré par ceux-ci permet aux grecs libres de s’adonner { temps complet aux
La Mésopotamie est aussi connue pour être la première civilisation à activités culturelles et philosophiques.
inventer l’écriture (le fameux code d’HAMMOURABI, gravé sur des tablettes
d’argile). 2.4. L’empire Romain
[email protected] 4
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
Le croissant fertile
[email protected] 5
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
Chapitre 2: Les faits économiques dans le moyen âge Le principe de la solidarité sociale est traduit par l’instauration d’une
sorte de « trésor public » (Baït al-Mâl), chargé de la gestion des recettes et
A la suite de l’effondrement de l’empire romain par les invasions les dépenses de l'État. Les recettes englobent aussi bien les propriétés
Mongoles, entre 300 et 600 an après J.C, le monde occidental (Europe) rentre agraires (terrains, constructions) que les pièces de monnaie ou les minerais
dans un âge de repli et décadence dans tous les domaines, c’est le « Moyen de toutes sortes, et les biens qui reviennent de droit aux musulmans si
Age » qui est donc la période de l’histoire occidentale (européenne) situées personne ne se déclare, en être le propriétaire. Les dépenses représentent les
entre la fin de l’antiquité et la chute de l’empire Byzantin vers 1453 ap. J.C (le dons et les aides aux nécessiteux, ainsi que la réalisation d’infrastructures
début de la période de renaissance). publiques. Des registres (Dawawin) 5 ont été instaurés où sont détaillés les
Il faut rappeler que le « moyen âge » du monde occidental correspond à mouvements des avoirs de et vers « Baït al-Mâl » ; Les principales sources des
la période de prospérité du monde Musulman. recettes sont :
- La Zakat; c’est l’impôt islamique, qui s’élève { 2,5 % des revenus et
1. Le monde musulman actifs liquides excédant le revenu minimum (nisab), 05% de la valeur
des terres agricoles irriguées, 10 % de la valeur des terres agricoles
La civilisation musulmane est située entre le 7ème et le 15ème siècle. non irriguées6.
Dans le domaine économique cette civilisation est fondée sur quatre principes - La «Jizya» est une sorte de taxe acquittée par les non musulmans
fondamentaux1: la liberté économique, l’esprit d’entreprise poursuivant des (juifs et chrétiens) résidents en contrepartie de leur sécurité et
objectifs convenables (licites), l’utilisation correcte de la propriété 2, et la protection.
solidarité sociale. L’économie fonctionnait alors selon le régime de - Le Khumus (butin de guerre), la Sadaka…
libéralisme social (mélange du libéralisme et du socialisme).
Dans le domaine agricole, on note que la rareté de l’eau dans les
Le commerce y était florissant : « la densité des relations commerciales territoires musulmans a conduit au perfectionnement des techniques
au sein du monde musulman formait une espèce de marché mondial de d’irrigation telles que la « canalisation » (du mot arabe : qanat).
dimension encore jamais vu ; le développement des échanges avait permis
des spécialisations régionales dans l’industrie comme dans l’agriculture »3. 2. Le monde occidental
L’essor du commerce est favorisé par le faible coût d’échange (coûts de
transaction) dû { l’usage d’une monnaie unique : le dinar (en Or), convertible Le moyen âge du monde occidental (l’Europe) se subdivise en deux
en monnaie argent (dirhem)4. On note aussi l’invention et l’utilisation périodes à caractéristiques économiques différentes :
fréquente du chèque é dans les transactions commerciales, conjointement à
la découverte et { l’utilisation du papier et de l’imprimerie. 2.1. L’économie Domaniale (haut Moyen âge)
Durant la première partie du Moyen âge (entre le 4ème siècle et le 10ème siècle),
1 l’Europe se replie sur « l’économie domaniale » ; qui est fondée sur :
François Guéranger : Finance islamique ; illustration de la finance éthique.
DUNOD, 2009 ; Le « domaine », c’ est un territoire réunissant diverses activité (culture de
2
Ceci inclut la proscription de l’intérêt (riba) la terre, élevage, artisanat…), enfermé et s’autosuffisant) ;
3
Maxime Rodinson et Luis Garnet, cités par Lhachemi Siagh dans : l’Islam et le
monde des affaires. Edition Alpha, 2007 ; 5
Une sorte de comptabilité nationale au sens contemporain.
4 6
François Facchini: Islam et développement économique. Sociétal, juillet n°57, Lachemi Siagh dans: l’Islam et le monde des affaires. Edition Alpha, 2007 ;
2007
[email protected] 6
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
Le « servage » qui est un rapport social de travail ; fidélité tenu par un vassal à un seigneur, qui lui offre en contrepartie une
protection et un fief. Le vassal fait mettre en valeur son fief par des
Dans cette économie, ce sont les paysans (les serfs) qui mettent en paysans et devient alors leur seigneur.
valeur la propriété foncière (les terres), sous la domination des seigneurs, ou
de l'église (terres appartenant aux seigneurs, ou à l'église). Ils en tirent leurs Dans cette économie féodale, la rotation des cultures (l’assolement)
propres moyens d'existence, mais ils doivent verser aux propriétaires de devient triennale (rotation triennale des cultures) : un champ est cultivé en
fortes redevances en argent, en nature ou en travail. De plus, à partir du 7 ème céréales la première année, en légumes la deuxième année, et est laissé en
siècle, la dîme (du latin « dixième ») vient s’ajouter. jachère l'année suivante. Ce système permet un accroissement de la
production agricole et génère des excédents que les paysans peuvent vendre
Les serfs (Les paysans) étaient (théoriquement) des hommes libres ; ils avaient sur les marchés. La culture des terres se fait par la charrue.
des obligations mais aussi des droits. Ils font partie intégrante du domaine !
Lorsque celui-ci était partagé au moment de la mort d’un seigneur, ils Les besoins élémentaires en nourriture sont satisfaits, il y a
passaient d'un maître à l'autre en même temps que les animaux de la ferme. suffisamment de nourriture pour que l’élevage des animaux se développe,
Ces paysans sont de véritables (serviteurs) dont les conditions matérielles ce qui accroît la consommation de viande et de produits laitiers par les
sont généralement pire que celles des esclaves de Rome.1 hommes. Leur niveau de santé s’améliore et la démographie reprend. Par
ailleurs, grâce { l’élevage, l’industrie du cuir et de la laine se développent.
L’une des principales pratiques de cette économie est « la rotation
biennale des cultures » : afin de limiter l'épuisement des sols, un champ de On note l’invention de la lettre de change (en Italie) qui permet à un
céréales est laissé en jachère (non cultivé) une année sur deux, et sert alors de acheteur de régler son vendeur { l’aide d’une reconnaissance de dette. Cette
pâturage. lettre peut être convertie par son détenteur en monnaie locale s’il en a besoin.
On note que durant cette période, le commerce a beaucoup reculé.
3. La pensée économique dans le moyen âge
2.2. L’économie féodale (bas Moyen âge)
Dans le monde occidental (Europe), la pensée économique s’inspirait
Elle est développée en Europe durant la deuxième partie du Moyen âge
d’abord de la « morale chrétienne » : l’église condamnait le travail
(entre le 10ème siècle et la renaissance). Ce sont les domaines de la
marchand, et les prêts à intérêt. C’est Thomas Aquin qui fut le principal
précédente période qui se regroupent en féodalité. Cette période, parfois
auteur { libérer l’esprit de l’homme chrétien { travers ses tentatives de
qualifiée de période d’expansion médiévale est aussi caractérisée par un
réconcilier « raison et religion ». Sa réflexion portait sur l'échange, le juste
essor des activités commerciales, tant locales qu’internationales.
prix et le taux d'intérêt ; il met la distinction entre l'intérêt (acceptable
lorsqu’il s’agit d’une juste compensation) et l'usure, c’est-à-dire le prêt à
L’économie féodale est donc fondée sur deux principes: intérêt à un taux abusif et motivée par le seul profit.
Le « fief » qui est la propriété foncière ;
Dans le monde musulman, la pensée économique est illustrée
Le « contrat vassalique » : engagement de travail, d’aide, de conseil et de
notamment par Ibn Kheldoun dans son ouvrage El Muqadima où il montre
par exemple la relation entre la population, la division du travail et la
1
La mise en valeur des domaines leur permettait d’en tirent leurs propres moyens croissance économique.
d'existence.
[email protected] 7
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
[email protected] 8
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
[email protected] 9
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
Chapitre 3 : Le capitalisme : genèse et développement 2. Les fondements (les principes de base) du capitalisme
Le système capitaliste repose sur un certain nombre de principes
1. Définition d'organisation sociale.
Le terme capitalisme provient du mot latin « caput », qui signifie « la 2.1. Les fondements juridiques et économiques
tête » (pour les grecs, la richesse se mesurait selon le nombre de tête de bétail Le droit de propriété (propriété privée) non seulement des biens de
possédée); son emploi a été popularisé, au XIXe siècle, par les socialistes consommation, mais aussi des biens de production ;
allemands dont Karl Marx et F. Engel. Pour K. MARX, le capitalisme est un La liberté économique qui englobe à la fois la liberté d'entreprise
mode de production dont le rapport social fondamental est le salariat, (créer son entreprise) et la liberté d'échange (acheter, vendre,
c'est-à-dire l’exploitation par les capitalistes de la plus-value produite par les stocker des produits, spéculer 2…) : c’est ce que Adam Smith désigne
travailleurs (la plus-value est la différence entre la valeur d’un produit et par sa fameuse expression « laisser faire, laisser passer ».
le salaire de l’ouvrier qui a fabriqué le produit) . Max Weber définit le La régulation de la production par le marché : le marché est le
capitalisme comme l’ensemble des actions qui reposent sur l'espoir d'un noyau du capitalisme ; il dicte quoi, combien, et comment produire à
profit par l'exploitation pacifique des possibilités d'échange. travers la loi de « l’offre et la demande »
En général, le capitalisme est un système (ou régime) économique1 2.2. Les fondements idéologiques, scientifiques et techniques
basé sur la propriété privée des moyens de production, la liberté La recherche de profit et l’accumulation du capital : la recherche
économique, et la régulation par le marché. Le mécanisme de base du du profit est une finalité essentielle pour le capitaliste. Cette finalité
capitalisme est l'accumulation du capital (pour Karl Marx, cette pousse ce dernier à réinvestir continuellement son profit (et son
accumulation s'accompagne de l'exploitation de l'homme par l'homme, mais capital) pour, d’abord augmenter les capacités de production de son
pour Max Weber, cette accumulation résulte de l'éthique des entrepreneurs entreprise, et ensuite accroitre ses ventes et donc son
refusant le luxe et la consommation).Sa finalité est la réalisation du « profit » profit. L’accumulation du capital consiste { transformer les profits
réalisés en capital productif (machines, équipements…) pour
Dans le capitalisme, il y a deux types d’agents économiques : les accroitre de plus en plus les profits.
capitalistes et les salariés (employés ou ouvriers) ; les premiers étant des
propriétaires des moyens de production (terres, machines, matières La recherche du progrès ou l’innovation : cette recherche est dictée
premières…) n’utilisent pas eux-mêmes leurs moyens de productions, mais { la fois par le souci du capitaliste d’accroitre son profit (en attirant
les mettent à la disposition des salariés. Le rapport liant ces deux classes est plus d’acheteurs), et par la concurrence qui élimine les entreprises
appelée « le salariat » qui est l’une des caractéristiques fondamentale du moins compétitives (dont les produits ne sont pas de bonne qualité
capitalisme. ou dont les prix sont plus chers). Ce mécanisme provoque aussi bien
la création d'activités nouvelles que le déclin d'activités anciennes.
Les fondements (les principes de base) du capitalisme
[email protected] 10
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
3. L’émergence et les formes du capitalisme Suite au mouvement de la Réforme (protestantisme)2, entamée vers le
13ème siècle, les esprits des européens ont été libérés et encouragés à faire le
L’essor du capitalisme est le plus souvent associé { la veille de la commerce et à accumuler la richesse. Une classe de bourgeois et de gros
révolution industrielle, quand les formes de propriété privée des moyens de marchants a été apparue.
production et de salariat commencent à se développer. Ses origines
remontent toutefois plus loin dans l’histoire jusqu’{ l’antiquité où des 3.2. Le capitalisme Industriel
systèmes identiques avaient été mis en place par les Mésopotamiens, les
Phéniciens, les Grecs, les Romains (sauf que les rapports dominants y étaient Dans ce capitalisme, l’industrie est une activité essentielle, et elle est la
de type d’esclavage et de servage).Pour Marx, le capitalisme est un système principale source de création de richesse. L’accumulation de capital s’y fait
qui est à la fois une étape et un agent dans l'histoire de l'humanité, par le réinvestissement des profits 3 réalisés en de nouveaux moyens de
caractérisée par la lutte des classes ; cette lutte conduit à terme à sa production (machines, matières premières, et usines…). Cette forme
disparition sous l'action du prolétariat. Les sociologues allemands du début dominait l’Europe (et progressivement le reste du monde) depuis la
du XXe siècle y voient la caractérisation d'un état institutionnel de la société révolution industrielle anglaise jusqu’aux années 1970 !!. Son développement
globale et expliquent son émergence par des données culturelles et est donc associé au phénomène de la révolution industrielle.4
religieuses. Ainsi, Werner Sombart l'associe à la mentalité juive, tandis que
3.3. Le capitalisme financier
Max Weber invoque l'éthique protestante !!!
La finance y est une activité essentielle, et y est une source importante
Depuis le moyen âge, le capitalisme a pris trois principales formes : le d’enrichissement. L’accumulation de capital repose principalement sur
capitalisme marchand (commercial) durant la 2 ème partie du moyen âge ; le l’investissement (et réinvestissement) dans les marchés financiers (bourse
capitalisme industriel au 19ème et 20ème siècle, et le capitalisme financier à des valeurs) sous formes de placement en actifs financiers (actions,
partir du 20ème siècle. Le capitalisme s’est développé d’abord en Europe pour d’obligations….). Les profits tirés de cet investissement sont appelés
s’étendre progressivement dans presque le monde entier. Le critère de « dividendes » et « intérêts ». Ce type de capitalisme caractérise l’économie
distinction entre ces formes de capitalisme est la nature de la source mondiale contemporaine puisque la forme dominante de l’accumulation est
d’enrichissement et de création de richesse. bien « l’accumulation financière ». En effet, depuis, le début des années 1970,
on assiste { un développement accéléré de la finance si bien qu’on parle
3.1. Le capitalisme commercial ou marchant
aujourd’hui de la « financiarisation de l’économie mondiale ». Ce phénomène
Il est dit « commercial » car l’activité dominante ainsi que la principale est traduit par :
source de création de richesse est le commerce (le commerce international
surtout) ; la richesse y est mesurée par la quantité détenue en métaux 2
Avant la Réforme, l’église condamnait l’accumulation de richesse, et interdisait
précieux (l’Or et l’Argent). L’accumulation de capital s’y fait par le aux européens de pratiquer le commerce, les prêts à intérêt.
réinvestissement de la marge commerciale1 réalisée. Cette forme de 3
Le profit est la différence entre le montant de vente de produits finis et les coûts
capitalisme a dominé l’Europe du moyen âge quand le commerce était de production.
l’activité dominante. Il a été initié successivement en Italie, en Espagne, en 4
La révolution industrielle est définie comme le passage d'une économie fondée
Hollande et en Angleterre. sur l'agriculture et l’artisanat à une économie reposant sur l’industrie et la
production mécanisée et à grande échelle. Elle est d’origine anglaise et s’est
1
La marge commerciale est la différence entre le prix de vente et le prix d’achat déroulé entre 1760 et 1830, elle s’est diffusée progressivement en Europe
de marchandises continentale, aux USA, puis au Japon et au reste du monde.
[email protected] 11
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
L'accroissement important des flux financiers au plan national et inégalitaire et un système fiscal assure une redistribution des richesses
international, qui est acceptée par les contribuables les plus aisés qui ne se révoltent
pas ni ne s’évadent du territoire où ils sont fiscalement imposables.
L'importance accrue du rôle et de l'influence des acteurs financiers
Relèvent de ce modèle l’Allemagne, la Suisse mais aussi, de façon plus
(banques, marchés financiers, fonds de pension….),
surprenante : le Japon.
L'endettement accru des entreprises et des ménages est une
dynamique de la consommation qui repose de plus en plus sur le crédit, 4. Les critiques du capitalisme
Le rôle des marchés financiers dans le déclenchement des crises
économiques. Depuis ses origines, le capitalisme a fait et continue { faire l’objet de
nombreuses critiques. Le capitalisme est considéré comme étant une source
Le développement des marchés financiers et leur interconnexion au d’inégalités sociales et de misère pour la classe des travailleurs, et une
niveau mondial se traduit par la « globalisation financière » source d’opportunisme et d’égoïsme et, ce faisant, il contribue à détruire
les solidarités et les liens sociaux. Le capitalisme est-il perpétuel ?
Notons qu'actuellement, la quasi-totalité des économies du monde ont
une orientation fondamentalement capitaliste ; mais la forme varié d’une Les défenseurs du capitalisme (Les économistes libéraux) voient dans ce
région { une autre selon la place respective de l’Etat et du marché et selon la dernier un système qui reproduit constamment les conditions de sa propre
conception même de l’entreprise et des rapports sociaux ; on distingue ainsi : existence, les détracteurs de ce système (les marxistes) n’y voient qu’une
étape de l’évolution de la société humaine vouée { la disparition.
Le capitalisme anglo-saxon construit sur le principe de la liberté
d’entreprendre, le profit { court terme, la consommation plutôt que sur Pour Karl MARX, le capitalisme devra disparaitre à terme en conséquence
l’épargne, le crédit comme source de financement, l’individualisme (les de ses contradictions: la libre concurrence et la propriété privée produisent
initiatives, la réussite, l’échec, relève toujours des individus) plutôt que de l’innovation qui amène { la concentration (monopole) ; cette dernière
la solidarité sociale, l’enrichissement comme une fin qui doit être provoque une baisse tendancielle du taux de profit et une exacerbation des
recherchée par tous les moyens(en s’enrichissant le plus vite possible, conflits de classes. Par ailleurs, le capitalisme divise la société en deux classes
les riches donnent ainsi l’exemple aux pauvres qui se rendent compte et entretient entre elles des rapports d’exploitation : les capitalistes qui
alors que l’on peut toujours s’en sortir si l’on a la volonté). La détiennent les moyens de production exploitent les prolétariats (ouvriers)
redistribution de la richesse peut et doit relever de l’initiative privée. qui n’ont rien d’autre que la force de travail ; selon Marx, la recherche
Relèvent de ce modèle bien sûr les États-Unis, le Royaume-Uni, continuelle du profit et de la plus-value, conduit toujours les capitalistes à
l’Australie, le Canada. maintenir les salaires bas (salaire de subsistance), voire les diminuer pour
augmenter la plus-value, sinon, ils augmentent la durée du travail pour le
Le capitalisme Rhénan construit aussi sur la libre entreprise et la même salaire. Ils réinvestissent continuellement une partie de la plus-value
propriété privée des moyens de production, mais l’épargne est préférée pour produire plus de richesse et donc augmenter le profit. Le problème ici
à la consommation à crédit, le souci du long terme est préféré au profit est que les ménages (les travailleurs) ne peuvent pas consommer plus car les
de court terme, l’esprit collectif est préféré { l’esprit individualiste. Les salaires sont faibles alors la production ne peut pas être écoulée (entièrement
banques interviennent à côté des entreprises et il existe une symbiose vendue) ; il en résultera donc une crise de surproduction. Ceci va entraîner :
entre les grands groupes industriels et les banques. On peut parler d’une faillite, chômage, moins de consommation. A partir de l{, les capitalistes n’ont
sorte de communauté industrialo-financière sous le regard bienveillant plus aucun intérêt { investir pour maintenir l’économie, ce qui débouche sur
des syndicats qui jouent le jeu. Le modèle rhénan est également moins une crise du capitalisme puis sa disparition.
[email protected] 12
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
J. SCHUMPETER rejoint Marx en affirmant que la cause de peut se faire que par le commerce en général et le commerce maritime en
l’autodestruction du capitalisme n’est pas économique mais sociale: elle tient particulier.
à la disparition de la classe des entrepreneurs qui est le moteur du
Capitalisme. Le rôle des entrepreneurs tient { leur capacité d’innovation et du 5.1.2 Les Physiocrates
changement (détruire les méthodes anciennes pour en créer de nouvelles
Ecole d'économistes français du XVIIIe fondée par François Quesnay.
plus efficaces)1. Schumpeter explique la disparition de cette classe par « la
Pour les physiocrates, les lois de l’économie existent et sont immuables, ce
concentration industrielle » sous forme de grosses entreprises
sont des lois naturelles, irrévocables et voulues par Dieu. Ils considèrent que
bureaucratisées qui éliminent les entrepreneurs incapables de les
le développement ne peut se faire que par le développement de l’agriculture,
concurrencer. L’innovation est ainsi empêchée, ce qui aboutira à la mort du
source unique de richesse. et sur la paysannerie, qu'ils considéraient comme
système capitaliste. La solution pourrait être alors le socialisme qui n’a pas
la seule classe productive ; le commerce et l'industrie permettant seulement
besoin de moteur.
de distribuer la richesse produite, et s'analysant en conséquence comme une
5. La révolution industrielle activité stérile.
1
Schumpeter parle du processus de « destruction créatrice ».
[email protected] 13
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
Sur le plan de la production, la RI (anglaise) a touché : 1807, la locomotive à vapeur en 1804 ; et avec l’invention et la diffusion des
hauts fourneaux au coke dans la sidérurgie et la métallurgie, le fer est alors
A la nature de la production : le déclin de la production agricole et utilisé en grande quantité dans la production de ponts, de chemins de fer et
artisanale et l’accroissement de la production industrielle et les articles d’immeubles.
manufacturés ; l’apparition de nouvelles activités (coton, sidérurgie,
mécanique, métallurgie …) 5.4. Les facteurs à l’origine de la révolution industrielle
La renaissance de l’Europe: elle succède au Moyen-âge, et a permis une
Aux modes de production : la substitution de la machine au travail forte production et une véritable révolution intellectuelle dans tous les
manuel (machination de la production), l’utilisation du charbon (vapeur) domaines (l’âge des lumières) ; elle a permis de libérer les esprits et les
comme source d’énergie (avant la RI, les seules sources d’énergie disponibles
initiatives individuelles, et d’entamer un large mouvement de découvertes
étaient le vent, l’eau et l’énergie humaine et animale brutes) ; une nouvelle scientifiques (imprimerie…) et géographiques (colonisation). Dans le
forme d’organisation de travail (la division du travail ou la spécialisation des domaine économique, cette renaissance correspond à deux étapes
tâches) ; importantes de la pensée économique, le mercantilisme et la physiocratie qui
ont constitué une source d’inspiration pour A. Smith et son courant libéral.
A la localisation de la production : la production se fait désormais dans
des usines, en zones urbaines, et non plus à domicile et en zones rurales ;
La révolution agricole : elle a été entamé depuis le 17ème siècle, et a
A la nature de l’emploi : le développement du salariat (travail salarié). permis de réaliser des gains importants de productivité ; ces gains ont
permis { l’agriculture anglaise de libérer de la main-d’œuvre { l’industrie et
Trois industries sont particulièrement concernées par cette RI: le de lui offrir des débouchés (machines et techniques agricoles). De plus, cette
textile, l’énergie et la métallurgie. L’innovation dans l’industrie textile est le révolution a permis l’apparition de grands propriétaires fonciers détenteurs
point de départ de la RI ; cette industrie fut la première à être mécanisée ; une de capitaux qui les avaient investis par la suite dans l’industrie.
vague d’inventions a en effet révolutionné les méthodes de filage, de tissage
et d’impression des motifs et des couleurs. La navette volante en est la La Demande : durant le 18ème siècle, l’Europe et notamment l’Angleterre,
première et la principale, diffusée dans le tissage du coton vers 1760, elle a a connu un accroissement important de la demande en produits ; cet
amélioré la productivité d’environ 30 %. accroissement a été dû { la fois { la croissance démographique et { l’influence
du commerce extérieur (marchés coloniaux) ; alors que la pression de la
La découverte et l’utilisation du charbon comme source d’énergie a demande appelle le progrès technique pour augmenter la production, la
révolutionné les méthodes de production et de transport ; celles-ci ont été croissance démographique a fourni de la main d’œuvre moins chère pour
mécanisées par l’introduction de la machine { vapeur1: bateau à vapeur en l’industrie ; le commerce extérieur a fourni à la fois de nouveaux marchés et
de nouvelles sources de matières premières.
1
Les historiens datent en général l’invention du mécanisme moderne de Le développement de transports : ce dernier a été à la fois une cause et
transformation de la vapeur en énergie mécanique de TAQI AL-DIN (1526- une conséquence de la RI ; l’apparition des roues, des canaux et des chemins
1585), philosophe, scientifique et astronome turque.
[email protected] 14
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
de fer a permis la baisse des coûts de transports et l’élargissement des Amplification des mouvements de colonisation : la RI a été { l’origine
marchés ainsi que la facilité d’y accéder. d’une véritable course { la conquête de nouveaux territoires pour servir les
industries des grandes puissances. L’Europe des 18 ème et 19ème siècles,
5.5. Les conséquences de la révolution industrielle particulièrement l’Angleterre et la France, se partageaient presque le monde
Progressivement, la Révolution industrielle anglaise s’était entier sous forme de colonies. Cette course à la colonisation a été déclenché
accompagnée de transformations radicales dans les domaines principalement par le besoin à la fois de trouver des débouchés à la
démographique, culturel, géopolitique ou encore dans l’organisation du surproduction générée par la RI et de trouver de nouvelles sources de
travail : matières premières.
Production et Transport : Ces transformations ont bouleversé les L’évolution du rôle de l’Etat : les développements induits par la RI ont
techniques de productions ; la mécanisation de l’industrie permet désormais conduit les Etats { s’engager dans la vie économique { la fois pour maintenir,
une production textile et métallurgique massive à des prix bien plus bas voire amplifier le processus d’industrialisation, et pour en atténuer les
qu'auparavant. Elle sont aussi bouleversé les modes de transports dont le conséquences négatives sur la classe ouvrière, et ultérieurement sur
chemin de fer et les bateaux à vapeur deviennent vite les symboles. l’environnement (développement durable) ; l’engagement des Etats se fait au
travers les politiques économiques.
Explosion démographique, Exode rural, et Urbanisation : en
améliorant les conditions de vie dans les régions urbaines, la RI a entrainé 5.6. Les principaux courants économiques après la révolution
une croissance exponentielle de la population urbaine ; cette croissance a été
industrielle
renforcée par les flux importants des gens venant des régions rurales ; ainsi,
entre 1800 et 2010, la population mondiale est passée d’environ 1 milliard { 5.6.1 Les Classiques/ Néoclassiques
environ 7 milliards. Le taux d’urbanisation est passé (en Angleterre) de 14% Adam Smith est le fondateur du courant économique classique, appelé
en 1750 à 48,3% en 1840 ; la population du Londres est passée de 1 117 000 « économie politique », avec la publication, en 1776, de son ouvrage
en 1800 à 2 685 000 en 1850 à 7 256 000 en 1910.La part de la population « recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations ».ce courant
a développé les bases de l’économie : « la main invisible du marché », la
agricole est passée de 46% { 28,6% pour l’Angleterre entre 1750 et 1850 : la
« division du travail » (A. Smith), la « loi des rendements décroisant et
population agricole a quitté les campagnes pour aller dans les villes y l’avantage comparatif » (D. Ricardo », la « loi des débouchées » (J.B. Say). Le
travailler dans l’industrie. courant Néoclassique n’est qu’un prolongement naturel du classique,
développé à partir de la fin du 19ème siècle (L. Walras, A. Pareto, Hayek, A.
Division sociale : deux classes vont se constituer et devenir antagonistes : Marshall, Pigou…), il se distingue du courant classique par son approche
la classe ouvrière d’une part, la classe capitaliste d’autre part ; cette nouvelle « Microéconomique » et son « raisonnement à la marge ». Ces deux courants
division sociale a favorisé les rapports d’exploitation ; elle a renchéri les partagent les mêmes principes, à savoir :
capitalistes et a appauvri les ouvriers. Il faudra attendre la seconde moitié du
Liberté économique : Libre échange (international), Libre concurrence,
vingtième siècle pour voir cette distinction s’atténuer avec la montée en
Libre entreprise
puissance d’une importante classe moyenne.
[email protected] 15
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
L’individualisme économique : C’est la satisfaction des intérêts individuels continuellement une partie de la plus-value pour produire plus de richesse et
qui permettra la satisfaction de l’intérêt général de la société. : chaque donc augmenter le profit.
individu essaye de maximiser son profit, les entrepreneurs vont réinvestir
une partie de leurs profits, pour produire encore plus, et faire encore plus Le problème est que les ménages ne peuvent pas consommer plus car
de profits. Ceci finit par créer plus d’emplois, plus de revenus, plus de les salaires sont faibles alors la production ne peut pas être écoulée. il en
richesses. C’est l’effet d’accumulation du capital. résultera donc une crise de surproduction. Ceci va entraîner : faillite,
Economie de marché : L’économie de marché est un système où la nature chômage, moins de consommation. A partir de l{, les capitalistes n’ont plus
des biens produits, des quantités à produire et des prix sont déterminés aucun intérêt { investir pour maintenir l’économie, ce qui débouche sur une
par la libre confrontation sur le marché de l’offre et de la demande. Ainsi, crise du capitalisme puis sa disparition.
si on laisse l’économie de marché fonctionner librement sans intervention
de l’état, l’économie va s’autoréguler. SMITH appelle ça « MAIN INVISIBLE 5.6.3 Les Keynésianismes
». Les marchés ont une tendance naturelle { revenir { l’équilibre. Offre =
Le courant keynésien est apparu dans le sillage de la crise la plus grave
Demande
du capitalisme de 1929 ; il a pris son acte de naissance avec la publication,
1936, de l’ouvrage de Keynes de la « Théorie générale de l’emploi, de
Selon ces deux courants, ce sont les individus privés (producteur et l’intérêt, et de la monnaie».
consommateur) qui sont l’essentiel et qui font mieux l’économie, le rôle Le courant keynésien ne se veut pas une remise en cause du
économique de l’Etat doit être limité au minimum : l’émission de la monnaie,
capitalisme, mais seulement une critique de certains aspects de l’approche
veiller à la libre concurrence, participation pour certains ouvrages publics.
classique et néoclassique. Ainsi, contrairement aux classiques et
L’Etat doit se concentrer sur les fonctions régaliennes :-ordre public, - Néoclassiques, Keynes prône l’interventionnisme de l’Etat, adopte l’approche
défense nationale, -justice, -relations diplomatiques… Macroéconomique, reconnait { la monnaie un rôle actif dans l’économie
réelle, et met l’accent sur la demande. La pensée Keynésienne considère que
5.6.2 Le Marxisme la crise de 1929 est due à la sous-consommation des ménages résultant de
Courant de pensée fondé par Karl Marx avec la publication de « le leur forte tendance à épargner ; ceci a poussé les producteurs à réduire leur
capital » en 1867 ; les fondements de ce courant reposent sur les capacité de production et d’investissement, et a fini par augmenter le volume
contradictions du capitalisme, alors à son stage de sauvagerie ; selon Marx, le de chômeurs. Cette explication a conduit { recommander l’intervention de
capitalisme est fondé sur le profit et la plus-value (différence entre la valeur l’Etat (par des politiques budgétaires et monétaires) pour stimuler la
d’un produit et le salaire de l’ouvrier qui a fabriqué le produit) ; ces deux consommation et, par extension, améliorer la demande effective des
éléments constituent paradoxalement les deux principaux facteurs de sa producteurs afin de relancer la production et l’emploi.
destruction. De plus, le capitalisme divise la société en deux couches sociales
et entretient entre elles des rapports d’exploitation : les capitalistes qui 5.6.4 Le Monétarisme
détiennent les moyens de production exploitent les prolétariats (ouvriers) Le monétarisme est un courant de pensée développée dans les années
qui n’ont rien d’autre que la force de travail. 1950-60 par les économistes de l'école de Chicago, dont le chef de file fut
Milton Friedman ; son objectif est de restaurer les idées libérales face à
Ainsi, selon Marx, les capitalistes s’efforcent toujours de maintenir les l’interventionnisme keynésien Cette théorie réaffirme l'ancien postulat selon
salaires bas, voire les diminuer pour augmenter la plus-value, sinon, ils lequel : Toute augmentation de la masse monétaire (argent disponible)
augmentent la durée du travail pour le même salaire. Ils réinvestissent entraîne une hausse des prix.
[email protected] 16
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
[email protected] 17
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
Chapitre 4 : Les faits économiques entre les deux guerres 40 % des importations mondiales de matières premières ;
mondiales Entre 1921 et 1929 la production industrielle américaine a augmenté
de 50 %.
1. L’environnement économique d’avant la crise de 1929
Le développement des marchés financiers et des activités de crédit ont
encouragé les ménages américains à jouer en bourse (investir leur argent
A partir des années 1880, de nouvelles innovations techniques
dans les actions, mais aussi spéculer) ; ils comptaient bien s’enrichir car la
(ampoule électrique en 1879, le moteur électrique en 1882, le moteur à
valeur des actions ne cesse d’augmenter depuis 19193(L’indice des actions a
explosion1 au milieu des années 1880) ouvrent la voie à la deuxième
progressé de près de 300 %).
Révolution industrielle. L’industrie se développe alors très rapidement et
l’organisation du travail et de production se développe pour consacrer le N.B. l’Allemagne se distinguait par le phénomène de « l’hyperinflation »4 :
modèle de « la grande entreprise2 » (en France, la production automobile est Pour rembourser ses dettes (paiement de réparations des dégâts causés aux
passée de 1’850 véhicules en 1898, { 45’000 en 1913), le commerce alliés), l’Allemagne a eu recours { la création monétaire. L’inflation s’installe
international et les investissements étrangers connaissent aussi un essor sans et les prix s’envolent et changent plusieurs fois dans la journée (Il faut
précédent (durant le XIXème siècle, le volume du commerce mondial est plusieurs milliards de marks pour acheter une baguette de pain).
multiplié par 25. Le stock des investissements { l’étranger passe de 1,2
milliards en 1825 { presque 48 milliards en 1913. La période s’étendant de
2. La pensée économique d’avant la crise de 1929
1880 à 1914 est considérée comme la première véritable phase de
mondialisation économique ; pour l’Europe et les Etats-Unis, cette période
est qualifiée de « la belle époque ». Sous l’impulsion de l’Angleterre, l’Europe 2.1. La pensée classique (1776 - fin 19ème S)/ Néoclassique (fin 19ème S-
dominait le monde économiquement et technologiquement crise de 1929):
Les années 1920 étaient une période d’expansion économique (les Adam Smith est le fondateur du courant classique, appelé « économie
années folles). L’expansion était plus forte aux Etats-Unis qui deviennent la politique », avec la publication de son ouvrage « recherche sur la nature et les
première puissance économique mondiale : à la veille de la crise, les Etats- causes de la richesse des nations » en 1776. Les trois principaux économistes
Unis représentaient : de ce courant sont : A. Smith « la main invisible du marché » et la « division
du travail », D. Ricardo « La loi des rendements décroissants et l’avantage
45 % la production industrielle mondiale, comparatif », et J.B. Say « La loi des débouchées ».
44 % de la production mondiale de charbon,
51 % de l’acier mondial, La pensée néo-classique n’est qu’un prolongement naturel de la
pensée classique. Ses principaux auteurs sont : L. Walras, C. Menger, W.
Jevons, A. Pareto, A. Marshall. La pensée néo-classique se distingue de celle
1
Suite à cette invention, Carl Benz, puis Gottlieb Daimler lancent les premières
voitures à essence
2
Aux Etats-Unis, Henry Ford met en place, en 1913, le système de production de
3
masse et de travail à la chaîne ; le temps de montage est passé de 728 minutes Une somme de 400 dollars investis en 1919 sur le marché boursier serait devenue
auparavant à 93 minutes ; le prix du véhicule passe, de 850 $ en 1908 à 265 $ en 21 000 dollars en 1929,
4
1922 (plus de 15 millions d’exemplaires de la fameuse voiture Ford T sont Il y a « hyperinflation » quand l’inflation (l’augmentation des prix) ne cesse de
vendues entre 1908 et 1927). s’accélérer pour atteindre des niveaux incontrôlables (plus de 30%).
[email protected] 18
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
classique par son approche « Microéconomique » et son « raisonnement à la destruction. De plus, le capitalisme divise la société en deux couches sociales
marge ». Ces deux courants partagent les mêmes principes, à savoir : et entretient entre elles des rapports d’exploitation : les capitalistes qui
détiennent les moyens de production exploitent les prolétariats (ouvriers)
Liberté économique : Libre échange (international), Libre concurrence, qui n’ont rien d’autre que la force de travail.
Libre entreprise.
3. La crise économique de 1929
L’individualisme économique : C’est la satisfaction des intérêts
individuels qui permettra la satisfaction de l’intérêt général de la société. : On appelle « crise de 1929 » ou « la Grande Dépression »la période de
chaque individu essaye de maximiser son profit, les entrepreneurs vont l'histoire du monde capitaliste qui va du krach boursier de 1929 aux États-
réinvestir une partie de leurs profits, pour produire encore plus, et faire Unis jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, et qui s’est propagée au reste du
encore plus de profits. Ceci finit par créer plus d’emplois, plus de revenus, monde (les économies capitalistes) entrainant une importante déflation et
plus de richesses. C’est l’effet d’accumulation du capital. une explosion du chômage.
Economie du marché : L’économie de marché est un système où la nature 3.1. Les Etats-Unis : l’épicentre de la crise
des biens produits, des quantités à produire et des prix sont déterminés
par la libre confrontation sur le marché de l’offre et de la demande. Ainsi,
Le point de départ de la crise de 1929 est le « krach boursier 1 » de
si on laisse l’économie de marché fonctionner librement sans intervention
Wall Street (Bourse de New-York) déclenché dans la journée du jeudi 24
de l’état, l’économie va s’autoréguler. SMITH appelle ça « MAIN
octobre 1929 (qualifié de « jeudi noir »). Le déclenchement de ce krach a
INVISIBLE». Les marchés ont une tendance naturelle à revenir à comme origine l’annonce (durant le mois d’octobre 1929) de la baisse des
l’équilibre. Offre = Demande
prix et des bénéfices industriels. Suite à cette annonce, certains
spéculateurs décident de vendre leurs actions pour réaliser une plus-value
Selon ces deux courants, ce sont les individus privés (producteur et (puisque les prix des actions étaient encore à niveau élevés). Cette réaction
consommateur) qui sont l’essentiel et qui font mieux l’économie, le rôle des spéculateurs a entrainé une baisse des prix des actions, entrainant, à
économique de l’Etat doit être limité au minimum : l’émission de la monnaie, son tour, une panique générale, puisque la majorité des détenteurs d’actions
veiller à la libre concurrence, participation pour certains ouvrages publics. se sont mis eux aussi à vendre massivement leurs titres ; les cours des
L’Etat doit se concentrer sur les fonctions régaliennes :-ordre public, - actions s’effondrent alors et entrainant l’effondrement de toutes les autres
défense nationale, -justice, -relations diplomatiques… valeurs boursières.
2.2. La pensée Marxiste Durant la seule journée de 24 octobre, environ 13 millions d’actions
sont proposées à bas prix sur le marché sans pour autant trouver d’acheteurs.
Courant de pensée fondé par Karl Marx avec la publication de « le A la fin de cette journée, les cours (prix) des actions baissent de près de 30 %.
capital » en 1867; les fondements de ce courant reposent sur les Le lundi 28, les cours baissent encore de 13 %. Le mouvement baissier
contradictions du capitalisme, alors à son stage de sauvagerie ; selon Marx, le
capitalisme est fondé sur le profit et la plus-value (différence entre la valeur
1
d’un produit et le salaire de l’ouvrier qui a fabriqué le produit) ; ces deux Un krach boursier (ou crise boursière ou encore crise financière) est défini
éléments constituent paradoxalement les deux principaux facteurs de sa comme la chute soudaine et brutale des prix des actifs financiers (actions,
obligations,…).
[email protected] 19
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
continue jusqu’en 1932 : l’indice des cours des actions est passé de 238% en 3.3. Mécanismes de transmission et la crise du capitalisme mondial
1929 à seulement 36% en 1932.
En raison notamment de l’intensité des relations financières et
3.2. Du krach boursier à la crise économique. commerciales internationales et du poids de l’économie américaine, la crise
économique s’étend { l’ensemble des économies capitalistes.
A partir de 1930, le krach boursier se transforme en crise bancaire,
puis en crise réelle (économique). Le passage de la crise boursière (chute de Le rôle des mouvements internationaux de capitaux : À la fin des
toutes les valeurs boursières) à la crise bancaire s’est fait par trois années 1920, les États-Unis étaient le premier prêteur mondial de capitaux.
principaux facteurs : Suite { la crise et aux pertes qu’elles ont subies, les banques américaines
rapatrient massivement leurs capitaux déposés (prêtés) { l’étranger afin de
Le retrait massif des dépôts bancaires par la clientèle ; pallier leurs difficultés internes. Les pays débiteurs (Allemagne, Australie,
Le défaut de remboursement (défaillance) des emprunteurs des Argentine, Pologne…), en subissent les conséquences et leurs banques sont
banques; entrainées à la faillite.
Les pertes financières subies par les banques à la suite de
l’effondrement de la valeur de leurs actifs financiers. Les politiques du protectionnisme : dans le souci d’endiguer les effets
de la crise, les États-Unis, et par la suite le reste du monde, se sont amenés à
Ces trois facteurs ont entrainé une crise de liquidité au niveau des instaurer des barrières douanières ; ainsi, aux USA, les droits de douanes
banques (les banques ne se prêtaient plus de crédits entre elles par manque sont accrus sur 25 000 produits et le tarif moyen sur les importations
de confiance), Beaucoup de banques, ne pouvant plus distribuer de crédits, protégées passe de 39 % { 53 %. A cela, s’ajoutent les dépréciations
ont dû alors faire faillite (entre 1930 et 1932, plus de 773 banques ont fait monétaires volontaires, des taxes, des quotas, l’instauration de normes
faillite). sanitaires et autres obstacles administratives. Les économies se replient sur
elles-mêmes : pour les États-Unis, le rapport exportations sur PIB à prix
La crise de crédits a affecté négativement l’investissement et la courants passe de 5 % en 1929 { 3,7 % en 1938 et pour l’Europe occidentale,
consommation ; l’argent se fait très rare, la consommation des ménages a il passe de 14,5 % à seulement 7,1 %. Ce recul du commerce international
chuté, entrainant la chute de l’investissement des entreprises (aggravée par le constitue un facteur supplémentaire de freinage de l’activité économique.
manque de financement bancaire). Beaucoup d’entreprises ont due alors faire
faillite. La crise bancaire se transforme alors en crise réelle (économique) 3.4. Les analyses (explications) de la crise
En effet, l’économie américaine est frappée par une stagnation de Pour les économistes libéraux (néoclassique { l’époque), la crise de
grande ampleur. L’indice du PIB passe de 163% en 1929 à 147,4% en 1930, 1929 est une crise classique due au blocage des mécanismes du marché
136,1% en 1931 et 115% en 1932. L’indice de la production industrielle (la flexibilité des prix) qui assurent l’équilibre économique ; ce blocage
passe de 105% en octobre 1929 à 52% en juillet 1932. En 1933, 24,9 % de la s’explique par la rigidité des salaires à la baisse. Une politique
population active était au chômage, et deux millions d’Américains étaient d’équilibre budgétaire et le libre jeu des mécanismes de l’offre et de la
sans-abri. L’indice des prix à la consommation passe de 165% en 1929 à demande devraient suffire { faire retourner l’économie vers un équilibre
124% en 1933. (N.B : la baisse de l’indice des prix à la consommation est de plein-emploi.,
synonyme de la « déflation » qui est la baisse générale et continue des prix des
biens et services).
[email protected] 20
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
L’approche Marxiste (surproduction) : la crise de 1929 est une crise ceux qui en avaient besoin pour rembourser, et la panique générale
de surproduction générale due à une insuffisance de la demande (sous- aurait pu être évitée.
consommation). L’insuffisance de la demande est due, { son tour, {
l’accentuation des inégalités dans la répartition des revenus : la part des 3.5. La pensée économique dominante après la crise : Le Keynésianisme
travailleurs dans le revenu national a diminué (à cause de
l’appropriation de la plus-value par les capitalistes),pour les marxistes, Le courant keynésien a pris son acte de naissance avec la publication,
la crise de 1929,est un révélateur des contradictions internes du 1936, de l’ouvrage de Keynes de la « Théorie générale de l’emploi, de
capitalisme. Ils considéraient donc que le capitalisme conduirait à des l’intérêt, et de la monnaie. ». Le courant keynésien ne se veut pas une remise
crises sans cesse plus violentes, jusqu'à la destruction complète du en cause du capitalisme, mais seulement une critique de certains aspects de
capitalisme. l’approche classique et néoclassique. Ainsi, contrairement aux classiques et
Néoclassiques, Keynes prône l’interventionnisme de l’Etat, adopte l’approche
L’approche Keynésienne (sous-consommation): Keynes considère Macroéconomique, reconnait { la monnaie un rôle actif dans l’économie
que la crise de 1929 est due à la sous-consommation des ménages réelle, et met l’accent sur la demande comme principal moteur de croissance.
résultant de leur forte tendance à épargner (ne pas consommer tout son
revenu) ; ceci a poussé les producteurs à réduire leur capacité de 3.6. Conséquences de la crise
production et d’investissement, et a fini par augmenter le volume de
chômeurs. Cette explication a conduit { recommander l’intervention de Chômage de masse: en 1932, 30 millions de chômeurs dans le
l’Etat (par des politiques budgétaires et monétaires) pour stimuler la monde (contre 10 millions en 1929).
consommation et, par extension, améliorer la demande effective des Pauvreté générale: au milieu des années trente, on estime par
producteurs afin de relancer la production et l’emploi. exemple 1/5 des britanniques est sous-alimentée.
Déflation : les prix des biens et services ont baissé fortement sans
Le surinvestissement : Pour I. Fisher, le surinvestissement qui qu’il ait pour autant d’acheteurs.
caractérise la toute fin des années 1920 serait { l’origine de cette crise.
L’investissement aurait dépassé les capacités d’épargne. 4. L’avènement du Socialisme
L’investissement aurait donc été alimenté par un excès de crédits et un
surendettement des opérateurs. Le surendettement aurait, par la suite, Le socialisme se présente à la fois comme une exigence « morale »
freiné la consommation des ménages et déclenché la déflation. (assurer le bonheur du plus grand nombre, condamner la misère et
l’exploitation), une critique du capitalisme industriel du XIX siècle et un projet
Selon M. FRIEDMAN, c'est la réaction des autorités monétaires de réorganisation de la société.
américaines des USA au krach boursier (politique restrictive) qui a Dans une perspective marxiste, le mot de « socialisme » désigne la
constitué le principal élément de transmission de la crise boursière à phase post capitaliste des sociétés humaines où a disparu la propriété
l'économie réelle. La crise aurait pu être évitée si, au lieu de réduire la privée des moyens de production et d'échange et où s'exerce la force
quantité de monnaie en circulation dans l'économie et de faire monter contraignante de l'État.
les taux d'intérêt, elles avaient au contraire augmenté la quantité de Le socialisme peut se définir comme un régime économique qui repose sur
monnaie pour éviter la hausse des taux d'intérêt. Dans ce cas, les la socialisation des mayens de production et la planification centrale de
banques, auraient pu trouver des liquidités, accorder des prêts à tous l’activité économique.
La pensée de K. MARX est la référence essentielle du socialisme.
[email protected] 21
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
4.1. L’émergence du socialisme librement ses passions au travers de la constitution des coopératives de
production et de consommation où tous auront droit à un travail.
A partir de la seconde moitié du XIXe siècle, le capitalisme accentue la
concentration du capital (il aggrave la division de la société capitaliste où la Robert Owen (1771-1858)considère que l’intérêt de chaque individu
minorité s’accapare de la grande partie de la richesse).Le mouvement se trouvant en opposition à celui des autres, il en résulte un véritable état de «
ouvrier émerge parallèlement pour mettre en avant la « question sociale et guerre sociale » ; il a une nouvelle conception de la société, fondée sur la
morale» de l’économie (amélioration des conditions de vie et de travail pour coopération.
les travailleurs).
Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) : il considère que la division du
Suite à la révolution bolchéviste (1917), les socialistes russes
travail engendre l’amélioration de productivité ; mais, pour lui, cette
parviennent au Pouvoir et mettent en place le socialisme comme régime
amélioration est pour l’essentiel l’effet de la force collective de travail. Au
économique. sein du capitalisme, le capitaliste s’approprie (vole) le surplus qui naît de la
mise en commun de ces forces individuelles et qui égale à la différence entre
Après 1945, de nombreux pays d’Europe occidentale, et des pays le produit de la force collective de travail et le produit de la somme des forces
décolonisés s’inspirent de l’expérience russe pour adopter le socialisme individuelles. Il défend donc l’instauration d’un nouvel ordre social fondé sur
(Chine, Venezuela, Cuba, Algérie…). le mutualisme, le crédit gratuit et le fédéralisme.
Depuis, le socialisme est associé { la gestion de l’économie par l’État et
Socialisme scientifique
au développement du secteur public par les nationalisations (collectivisation
des moyens de production)
K. Marx : il fait la distinction entre travail et force de travail. Ce que
4.2. Les fondements théoriques du socialisme vend le travailleur et achète le capitaliste, c’est la force de travail (la capacité
à travailler pendant un temps donné). Ce que vend le capitaliste (en vendant
Les premières réflexions sur le socialisme sont relativement anciennes : les marchandises produites), c’est la valeur du travail dépensé pour produire
on distingue deux catégories de théories socialistes : socialisme utopique, et les marchandises en question. La différence entre la valeur du travail et la
socialisme scientifique. valeur de la force de travail donne lieu à la « plus-value » (le profit) ; c’est une
valeur créée par les travailleurs mais appropriée par les capitalistes (il y a
Socialisme utopique donc un rapport d’exploitation au sein du capitalisme).
[email protected] 22
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
générateur de la plus-value; la substitution du capital au travail provoque une 4.3. Les fondements juridiques et économiques du socialisme
baisse tendancielle des taux de profit. Lorsque ceux-ci auront suffisamment
baissé, il en résultera un blocage de l’accumulation qui prendra la forme du La propriété collectiviste des moyens de production : elle prend deux
déclenchement d’une crise capitaliste. formes principales :
Pour Marx, il faut donc socialiser la propriété des moyens de La propriété sociale : les moyens de production appartiennent à la
production pour restaurer l’harmonie entre nature de la production et nature société entière par l’intermédiaire de l’Etat ; ce qui implique que la terre,
de la propriété, de manière { organiser rationnellement l’émancipation le sous-sol, la totalité des entreprises industrielles et des institutions de
définitive de l’humanité. crédit soient nationalisés.
Friedrich Engels (Philosophe et théoricien socialiste et La propriété coopérative : les moyens de production appartiennent au
communiste allemand 1820-1895) : Il était grand ami de Karl Marx avec groupe de travailleurs qui les utilisent dans le processus de production.
lequel ils fondent en 1846 le Comité de Correspondance Communiste dont le Elle concerne l’artisanat, le commerce de détail, les exploitations
but est d'unifier les socialistes des différentes parties de l'Europe. Engels aide agricoles…
Marx à rédiger un texte écrit pour rendre accessibles à tous les principes Bien sûr, cette organisation n’interdit pas { chaque citoyen de disposer de
communistes. Cet ouvrage, intitulé le "Manifeste du Parti communiste", est biens durables destinés à satisfaire des propres besoins (véhicules, maisons,
publié anonymement en février 1848. Après la mort de ce Marx, Engels mobiliers…)
assure, à partir des brouillons laissés par son ami, la rédaction définitive et la
La planification économique : { la place du marché, c’est l’Etat qui
publication des livres II et III du Capital.
organise l’activité économique à travers des plans applicables dans tout le
pays et sur la quasi-totalité des secteurs ; c’est la planification centrale selon
Lénine (1870-1924) dans son ouvrage « L’impérialisme, stade laquelle l’Etat prend les décisions sur quoi, combien, et comment produire ;
suprême du capitalisme » il a analysé la concentration de la production sous c’est le plan qui fixe impérativement le niveau des différentes productions, les
forme de l’émergence des monopoles, la fusion du capital bancaire et du techniques de production et la répartition des revenus.
capital industriel conduisant à la constitution du capitalisme financier, et il
pose la question du développement inégal et des modes de transition des Historiquement, on distingue deux modèles :
régimes économiques.
Le modèle centralisé ou administratif (l'Union Soviétique, certains pays
Rosa Luxemburg : Dans son ouvrage « L’accumulation du capital » de l’Europe de l’est, certains pays de l’Asie, l’Algérie,…): pouvoir
(1913), elle étudie la manière dont le capitalisme étend sa domination sur les économique centralisé, les rapports économiques administrés, la
formes sociales pour permettre la réalisation de la plus-value, et elle en planification touche tous les secteurs, concurrence inexistante, monopole
déduit sa tendance à étendre progressivement sa domination sur les marchés du change et du commerce extérieur (pour assurer la stabilité des prix
extérieurs et les pays coloniaux. Elle en déduit qu’à l’issue d’une nécessaire à la planification) :
mondialisation achevée, le capitalisme étant parvenu à désintégrer toutes
les formes sociales antérieures, la crise « ultime » du capitalisme sera
Le modèle économique décentralisé (L‘Indonésie, Le Chili…): il
alors inévitable et l’avènement du socialisme inéluctable.
supprime l'administration et la bureaucratie dans les rapports
économiques et utilise les outils proprement économiques,
[email protected] 23
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
particulièrement le mécanisme des prix ; il limite les plans de l’Etat { la pouvoirs qui organisent la production est analogue à celui qui caractérise le
détermination des rapports structurels du développement économique ; il capitalisme : travail soumis et aliéné, extraction de surtravail.
donne l’autonomie de gestion aux entreprises publiques ; il limite le Mais il n’a pas dénationalisé les grandes industries de base et le système du
crédit mis en place { l’étape maoïste, même s’il a révisé les formes
monopole de change et du commerce extérieur.
d’organisation de son insertion dans une économie de « marché ».
4.4. Les principaux modèles socialistes Le plan reste impératif pour ce qui concerne les gigantesques
investissements d’infrastructure exigés par le projet
Le Modèle soviétique : il repose sur :
La Chine est entrée dans la mondialisation à partir de 1990 par la voie du
L’accumulation primitive : pour réaliser l’accumulation de capital ({
développement accéléré des exportations manufacturées que son système
investir dans l’industrie), il fallait dégager un surplus (partie non-consommée
productif autorisait. L’attraction des capitaux étrangers dont la Chine a
de la production) ; Ce surplus fut fondé sur l’idée de l’exploitation de
bénéficié n’est pas { l’origine du succès de son projet. C’est au contraire le
l’agriculture : politique de prix bas imposés sur les achats de l’Etat et vente {
succès de ce projet qui a rendu l’investissement en Chine attractif pour les
prix élevés par l’Etat des consommations intermédiaires
transnationales occidentales. Le succès de l’émergence de la Chine est
intégralement le produit de ce projet souverain.
Le modèle d’accumulation extensif : Les investissements se La Chine se situe en dehors de la mondialisation financière. Son système
dirigeaient vers la construction d’usines nouvelles et la mise en service d’une bancaire est intégralement public et replié sur le marché du crédit interne au
quantité supplémentaire de machines, bien plus qu’au renouvellement et { la pays. La gestion du yuan relève toujours de la décision souveraine de la Chine.
modernisation de l’outil industriel.
Les pays émergents (autres que la Chine) sont bien des « marchés
Le modèle de consommation : il se caractérise par le choix en faveur émergents », ouverts à la pénétration des monopoles de la triade
de la consommation collective non marchande (éducation, santé, loisirs...) et impérialiste. Ces marchés permettent aux monopoles de soutirer à leur profit
du choix pour les secteurs de biens de production une part considérable de la plus-value produite dans les pays en question. La
Chine est autre ; c’est une nation émergente dont le système permet de
On reconnait la propriété privée de la terre (pour les bénéficiaires conserver en Chine l’essentiel de la plus-value qui y est produite.
du partage)
[email protected] 24
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
Chapitre 5 : L’évolution économique depuis 1945 les frontières nationales de telle sorte que les événements, décisions et
activités situés { n’importe quel endroit dans le monde peuvent affecter les
1. La mondialisation individus et les communautés en tout point du globe.
1.1. Définitions Effacement des frontières nationales. La frontière entre ce qui est local
et ce qui est global devient de plus en plus floue. Il est par conséquent plus
Le terme « mondialisation » (de l’anglais Globalization) est apparu difficile de distinguer ce qui est « interne » de ce qui est « externe ».
aux Etats-Unis dans les années 80 pour qualifier l'interdépendance
économique croissante des pays. Elle est définie comme un mouvement de Polarisation de l’activité économique : La triade (Japon, Amérique du
rapprochement des économies du monde entier. Elle est un processus de Nord, Europe occidentale) représente 94 % du chiffre d’affaires mondial.
libéralisation des échanges, d’investissements, des flux de capitaux, et de la Sur les 104 premières entreprises transnationales mondiales, seules 5 ne
concurrence au niveau mondial. font pas partie de la triade. La triade contrôle 80 % des IDE dont 92 % sont
investis dans les même pays.
1.2. Les principales phases de la Mondialisation L’importance hégémonique du capital financier : la capitalisation (capital
financier) représentait 42 % du PIB en 1990 et, à peine 8 ans plus tard, elle
Deuxième moitié de XIXs- 1914 (Angleterre): Entre1840 et 1913, le s’élevait { 120 %.La dépendance de la grande industrie vis-à-vis des banques
volume du commerce mondial est multiplié par sept. Entre 1800 et s’accroît. De plus en plus de banques gèrent alors le secteur productif.
1913, la part du commerce international dans le PIB mondial est
passée de 1 % à 8 %. De même, les flux croisés de capitaux et de biens 1.4. Les acteurs de la mondialisation
se sont accompagnés d’une immense transhumance humaine. Les
flux migratoires s’intensifient dans des proportions spectaculaires. Les firmes multinationales (FMN) : 2/3 du commerce mondial ; en
Au cours du XIXe siècle, 60 millions d’Européens ont émigré vers les 2001, on comptait 63000 MFN avec 820000 filiales. BM, FMI,
autres continents, un mouvement de population sans précédent. GATT/OMC : Ce sont des organisations internationales à vocation
économique et monétaire qui travaillent à une reconstruction
Depuis 1945 : les USA : GATT, OMC (1995), plus de 65000 FMN systématique des cadres juridiques, commerciaux et financiers des
nations et des instances internationales. Ils disposent d’énormes
1.3. Principales caractéristiques de la mondialisation économique pouvoirs et leur intervention installe systématiquement une
libéralisation des marchés. L’ONU, la PNUD, la CNUCED et l’OIT, qui
Intensification du commerce : Entre 1950 et 2006, le volume des accompagnent le développement des pays du Sud et défendent les
exportations a été multiplié par 30 alors que celui du PIB ne l’a été que par 8.. salariés, sont marginalisés.
Le taux annuel de croissance du commerce mondial, a atteint 5,8% après la
Deuxième Guerre mondiale. Le FMI (Fond Monétaire International) et la BM (Banque Mondiale)
Croissance de l'investissement étranger direct et de flux de capitaux ont été crées en 1944 à la suite des accords de Bretton Woods. Les
Production et consommation à l'échelle de la planète mesures dites « d’ajustement structurel » diffusent les normes libérales
dans les pays dits « bénéficiaires ». Par l’intermédiaire de prêts, ces
Concurrence mondiale
organismes imposent l’ouverture des marchés, les privatisations, le
Interdépendance. Par l’effet de l’échange et de la diffusion de
contrôle des budgets des états.
l’information, les activités sociales, politiques et économiques transcendent
[email protected] 25
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
L’OMC (l’Organisation Mondiale du Commerce) a été créée en Pour faire fructifier leur liquidité, les banques (de Wall Street)
1995 pour remplacer le GATT (Accord Général sur les Tarifs cherchent donc de nouveaux emprunteurs. Elles se tournent alors vers des
Douaniers et le Commerce). C’est une organisation internationale de emprunteurs à risque2 qui veulent acquérir un logement (car les bons
plus de 130 membres disposant d’un arsenal de règles contraignantes, payeurs (les emprunteurs solvables) ont déjà emprunté.). Elles développent
de sanctions et de mécanismes obligatoires d’arbitrage. Elle promeut donc de nouveaux crédits : les crédits hypothécaires ou les « subprime ». Les
le commerce international par la déréglementation des échanges et subprime sont des crédits immobiliers garantis par les biens achetés,
tente de capter les nouveaux marchés souvent au détriment du respect accordés à des ménages américains à faible revenu, avec des taux
des droits humains et environnementaux. d’intérêt variables sur une longue période (30 ans)dont le
remboursement ne commence qu’après la seconde année. Le principe des
1.5. Les facteurs de la mondialisation : “subprime” est que les banques ont la possibilité de revendre les logements
saisis (en cas de défaillance d’un emprunteur) ce qui leur permettrait de
Libre échange (marchandises, services, population, capitaux) récupérer leurs créances tout en faisant des plus-values confortables. Le
Développement du transport développement des subprime provoque alors un « boom immobilier » ; le
Technologie de l’information et de la communication montant des crédits subprime distribués s’élève { environ 1 000 milliards de
dollars en 2007 (le PIB des États-Unis était de 13 807 milliards de dollars)
2. La crise économique 2007-2008
Pour limiter les risques éventuels, les banques les ont fait supporter à
d’autres { travers la technique de la « titrisation3 » en fabriquant des “titres
La crise est venue du marché immobilier américain (crédits
subprime) ; la crise s’est ensuite propagée { l’ensemble du système financier structurés” (mélangeant des crédits plus ou moins risqués) et en les vendant
sur le marché. Puisque ces titres sont émis par des banques mondialement
par le biais de la titrisation, dont la finalité était pourtant de permettre une
meilleure répartition des risques financiers. Les banques ont subi des pertes célèbres et certifiés AAA par les agences de notation4, les plus grandes
banques internationales ; les fonds de pensions (qui gèrent les retraites), les
colossales, et la perte de confiance a gagné l’ensemble des marchés créant la
banques d’investissement… du monde entier n’hésitaient d’investir dans ces
panique et l’effondrement des cours boursiers. Les pertes de richesse et le
durcissement des conditions de financement des agents non financiers ont titres. Ces organismes vont ensuite vendre une partie de ces “titres ” { leurs
clients, et en conserver une partie (car leur rendement est intéressant).
freiné la consommation et l’investissement productif. Progressivement, la
crise s’est diffusée sur l’ensemble des pays industrialisés et les PVD
En 2006, La FED a procédé à augmenter ses taux d’intérêt
directeurs, ce qui a fait augmenter les taux d’intérêt des crédits ; étant donné
2.1. Les origines de la crise : le marché immobilier américain (les
Subprime)
[email protected] 26
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques
que les subprime sont des crédits à taux variables, les mensualités 1 ont ménages. L’investissement et la consommation chutent et entrainent
augmenté fortement, et les ménages endettés se trouvent alors incapables de récession et chômage ; c’est la « crise économique ou réelle »
rembourser leurs dettes. Les banques ont procédé à saisir les logements 2 puis
à les revendre ; la mise en vente massive des logements saisis par les banques La production industrielle a chuté (entre 2008 et 2009) de 31 % au
entraine l’effondrement de leur prix. C’est ainsi que la « bulle immobilière » Japon, 14 % en Italie et en Allemagne, 16% en France ; Les exportations ont
éclate. Les banques, ne pouvant récupérer qu’une petite partie de leurs chuté de plus de 37% au Japon, plus de 22% en Allemagne. A la fin de 2009,
créances, ont subi des pertes énormes ; Le 15 septembre 2008, la 4° banque le nombre de personnes au chômage dans le monde devrait atteindre environ
d’investissement Américaine LEHMAN BROTHERS est déclarée en faillite ; sa 200 millions de personnes.
disparition provoque une grande panique financière à Wall Street et ensuite
au monde entier. 2.3. Réaction (intervention) des autorités publiques :
2.2. La diffusion de la crise Politiques monétaire : baisse des taux d’intérêt et de refinancement,
injection de liquidités sur le marché ;
La faillite de LEHMAN Brothers a été un véritable coup de tonnerre à la
bourse de Wall Street qui perd 4,4% en quelques heures... soit 700 milliards $, Nationalisation des banques (4 en GB, 2 aux USA), rachat aux
et plus de 3600 milliards pendant 3 jours ; c’est la « crise financière ». banques des titres douteux (700 Milliards dollar aux USA).
Lehman Brothers gérait 600 milliards de $ avec toutes les autres grandes
banques de la planète ; sa faillite déclenche des faillites en cascades des 2.4. Les conséquences de la crise sur l’économie algérienne
autres banques ; entre septembre 2007 et octobre 2008, le CAC40 (bourse de
Paris) perdra 50%, le Nikei japonais perd 50% et le dow Jones américain plus Le faible taux d’intégration financière de l’Algérie a relativement
de 40%. On parle de crise systémique car tout le système bancaire mondial protégé son économie des effets directs de la crise financière. Le système
est touché. financier algérien se caractérise par la domination du secteur bancaire et un
rôle faible ou inexistant du marché financier. Le secteur bancaire algérien est
Les pertes dues à la chute des prix de l’immobilier et à la chute de la peu ouvert sur l’extérieur : 90% du marché bancaire est assuré par des
valeur de leurs titres en bourse ont mis les banques au bord de la faillite. capitaux nationaux. Les banques algériennes n’ont pas une activité
Face { ces risques de faillite, les banques refusent de se prêter de l’argent. Le internationale importante.
système bancaire se bloque alors complètement (c’est la crise bancaire ou
crise de confiance). De plus, la non-convertibilité totale du dinar a conféré une protection
contre les flux d’entrée et de sortie des capitaux ;
La crise de confiance se transforme vite en « crise de crédit » lors que
les banques refusent d’accorder de nouveaux crédits aux entreprises ou aux Par ailleurs, le ralentissement de l’activité industrielle dans les grands
pays consommateurs de pétrole (USA, France, chine,…) a affecté leur
demande en pétrole ; ceci a entrainé une chute des prix de pétrole : En effet,
alors qu’en juillet 2008, le baril de pétrole brut coûtait 147 dollars, le 13
1
La mensualité est la somme à rembourser par l’emprunteur chaque fin du mois ; Juillet 2009, son prix ne valait pas plus de 60 dollars. En 2009, la balance
elle comprend une partie du crédit plus les intérêts. commerciale a enregistré une chute drastique de plus de 72% par rapport à
2
Près de 2 millions de maisons ont été saisies en 2007. Le total des saisies en 2008.
2008devrait dépasser les 5 millions (aux USA).
[email protected] 27
Université de Bejaia - L1 SECSG Histoire des faits économiques