Chapitre III

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Chapitre III : Extraction solide-liquide

1 – DEFINITIONS
L'extraction solide-liquide est l'opération fondamentale qui a pour but, par
immersion dans un liquide et mise en solution d'extraire un ou plusieurs constituants
d'un solide.
Il s'agit d'une opération de transfert ou d'échange de matière entre une phase
solide contenant la matière à extraire et une phase liquide.
Le champ d'application de l'extraction solide-liquide étant très vaste, le grand
nombre de vocables employée pour définir les opérations et les produits circulants
impose la définition de quelques termes couramment utilisés.
Le liquide d'extraction, appelé solvant, dissout un (ou plusieurs) constituant
solide ou liquide, dénommé soluté(s) pour donner une solution ou extrait (solvant+
soluté(s)). Le solide appauvri en soluté(s) est appelé raffinat ou résidu ; il est inerte
ou insoluble. Les noms de surverse ou sousverse sont employés pour désigner les
phases sortantes des appareils industriels fonctionnant en continue. La solution
extraite sort par la partie supérieure, le solide inerte par la partie inférieure.
On peut noter des définitions de quelques extractions solide-liquide respectant un
mode opératoire particulier :
La lixiviation lavage ou lessivage (leaching en anglais) : elle s'applique
essentiellement en hydrométallurgie ou dans le cas de la pollution des nappes
phréatiques par les déchets des décharges: le solide divisé est mis en contact à un
liquide s'écoulant à chaud ou à froid, qui solubilise le soluté.
La macération est la mise en contact plus ou moins prolongée à froid d'un liquide
et du solide (des plantes) en vue d'extraire les parties solubles. Cette opération est
fréquente pour l'extraction des parfums.
La percolation consiste à mettre en contact un lit de particule et un fluide en
écoulement généralement chaud, pour extraire en continu le soluté. La préparation du
café relève de cette opération.
La décoction consiste à mettre en contact un solide divisé en suspension dans un
liquide à l'ébullition. C'est le principe utilisé parfois pour le thé. Lorsque le fluide
s'écoule sur le solide à une température légèrement inférieure à la température
d'ébullition et que l'on laisse refroidir le mélange ensuite, il s'agit d'une infusion.
L'élution consiste à extraire le soluté fixé à la surface d'un solide par le solvant. C'est
le processus mis en œuvre par la chromatographie.
2- EXEMPLES D'EXTRACTION SOLIDE-LIQUIDE
Les industries agroalimentaires, pharmaceutiques et de la parfumerie utilisent
fréquemment ce type d'opération au moyen d'un solvant : l'eau, l'alcool ou les solvants
organiques chlorés.
Quelques exemples peuvent être cités.
- La caféine est extraite à l'eau du café et du thé. Le café décaféiné est obtenu par
son élimination de la caféine du grain vert ou par des solvants chlorés.
- Les parfums naturels sont isolés des plantes (fleurs, racines, tiges) par les
alcools ou les corps gras et donnent des teintures, infusions ou pommades.
- Les huiles alimentaires (colza, soja, tournesol, arachide) sont extraites des
graines oléagineuses par pression puis extraction à l'hexane.
- L'or et l'argent sont isolés des minerais par dissolution dans une solution de
cyanure de potassium.
- Le cuivre e st extrait des minerais à faible teneur (< 1,5 %) sous forme de
sulfate par l'acide sulfurique ou une solution de sulfate ferrique.
3. MECANISME D'EXTRACTION : ETAPES DU TRANSFERT DE
MATIERE
3.1. Processus élémentaires
L’extraction solide-liquide est réalisée par contact intime du solvant avec le
solide et suivi d'une décantation et filtration. Elle se définie comme le résultat du
transfert du soluté présent dans le solide vers le liquide. Ce transfert exige un certain
temps et introduit la notion de vitesse d'extraction qui est régi par trois processus
élémentaires (figure 1).
1 - Passage du solvant dans le solide et dissolution du soluté au sein des particules du
solide
2 - La diffusion du soluté du cœur vers la surface de la particule
3 - La diffusion du soluté depuis la surface de la particule vers le cœur du solvant
Figure 1 : Mécanisme de transfert du soluté au cours de l'extraction solide-liquide.
3.2. Paramètres agissant sur le transfert de matière
• La nature du solvant: Il doit être sélectif, posséder une grande capacité de
dissolution, une température d'ébullition peu élevée, une faible viscosité et être si
possible non toxique, ininflammable et non explosif.
• La température: L'élévation de la température augmente généralement, la solubilité
du soluté dans le solvant et le coefficient de diffusion du soluté au sein du solvant.
Une température trop élevée risque de dégrader les molécules thermosensibles.
• Degré d'agitation : maintien le solide en suspension, homogénéise le liquide et
favorise les échanges de chaleur et de matière à la surface du solide.
• Concentration résiduaire du soluté: la vitesse d'extraction dépend du taux de
saturation du solvant. Dans le cas ou le soluté est un liquide dans un solide poreux, la
dissolution propre du liquide est rapide et la vitesse de transfert dépend surtout de la
vitesse de diffusion dans le film liquide à la surface du solide. Néanmoins dans le cas
des cellules végétales, à parois très imperméables, c'est la diffusion interne (dialyse)
qui est très lente et qui règle la vitesse de transfert car la vitesse de dissolution du
soluté dans le solvant n'a qu'un effet négligeable. Ceci revient à dire qu'une agitation
vigoureuse des particules dans le solvant a peu d'influence sur un phénomène de
dialyse.
• Humidité: ce facteur est important dans le cas des solvants hydrophobes car la
diffusivité est inversement proportionnelle à la teneur en eau du solide.
3.3. Notion d'étage de transfert: bac mélangeur -décanteur
La totalité du processus peut être décomposé expérimentalement par un bac
mélangeur décanteur qui assure le contact entre le solvant liquide et le solide puis la
séparation mécanique des deux phases (figure 2).
Figure 2 : Bac mélangeur décanteur.
La conception de l'étage idéal est celui d'une extraction pour laquelle la solution,
séparée du solide (extrait liquide) est en équilibre avec la solution qui se trouve au
contact du solide (raffinat solide). Cela revient à considérer que ces 2 liquides ont une
même composition ⇒ composition de la solution liquide (B + C) = composition de la
solution liquide (c C + c B).
Cette description de la figure 2 représente ce qui est réalisé dans un réacteur
discontinu (extraction dans une ampoule à décanter dans le laboratoire). L'ensemble
constitue l'étage unitaire symbolisé par le schéma simplifié suivant :

Figure 3: Représentation d'un étage théorique ou idéal.


En régime permanent le bilan sur le soluté peut s'écrire:
Lixi + Siyi = Loxo + Soyo
Dans l'industrie les extractions se font très souvent selon des opérations continues
en raison du grand tonnage de matière à traiter et par des méthodes à contre-courant.
Elles sont caractérisées par un cheminement ininterrompu du solide et du solvant.
Il existe de nombreux types d'appareils permettant ces opérations : les extracteurs à lit
mobile ou fixe et les extracteurs à immersion.
Le schéma du procédé est alors représenté par une succession de plateaux (figure 4).
Figure 4 : Représentation d'une extraction liquide-solide continue.
4. REPRESENTATION DES EQUILIBRES DANS L'EXTRACTION SOLIDE-
LIQUIDE
4.1. Le diagramme triangulaire et le diagramme de distribution
A partir des droites de conjugaison du diagramme ternaire sur la courbe
binodale, il est possible de représenter le diagramme de distribution y = f(x)
caractérisant les phases à l'équilibre (figure 5).
La partie A'P de la courbe binodale représente la phase solide(y), la partie C'P
représente la phase liquide (x).
A partir d'un mélange M on obtient à l'équilibre deux phases à l'équilibre de

composition x = et y = traduisant respectivement les fractions massiques

de B dans le liquide et B dans le solide.

Figure 5 : Représentation des équilibres : La droite de conjugaison LS Correspondant


au point H. x, y : Fractions massiques du soluté des phases liquide et solide
4.2. Diagramme ternaire modifié
Les mécanismes d'extraction mettent en jeu de nombreux processus élémentaires
: adsorption, absorption, diffusion, solubilité partielle ou totale ... Pour simplifier
l'étude dans le cas de l'extraction solide-liquide on peut admettre quelques hypothèses
simplificatrices.
4.2.1. Hypothèses simplificatrices
 Le soluté B à extraire est soluble en toute proposition dans le solvant C.
 Il n'y a pas d'adsorption sélective de la solution B + C sur le solide inerte A.
 Le temps de contact et l'agitation sont importants.
Ces hypothèses traduisent des situations idéales pour lesquelles la concentration
de la solution (B + C) au cœur et à la surface du solide A et celle de la phase liquide
(B + C) autour du solide sont identiques : xi = yi·
Dans ces conditions la courbe d'équilibre y = f(x) se confond avec la lère bissectrice ce
qui se traduit par des droites de conjugaison (SL) verticales. La représentation sur la
courbe y = f(x) n'offre alors aucun intérêt.
• Si le solide inerte A est insoluble dans le solvant C, la partie liquide de la courbe C'P
de la figure 5 est alors confondue avec le côté CB du triangle rectangle.
4.2.2. Représentation de la courbe d'équilibre des compositions des surverses et
des sousverses (figure 6)
Lorsque l'ensemble des conditions simplificatrices sont réunies le diagramme
ternaire (A + B + C) est représenté en portant

z= en fonction x = et de y = avec :
A: Masse du solide A Inerte [kg]ou [mole]
B : Masse du soluté liquide [kg] ou [mole]
C : Masse du solvant liquide [kg] ou [mole]
Indice S : Signifie que le constituant est sur la surface ou dans le solide (sousverse)
Indice L: Signifie que le constituant est au cœur de la phase liquide (surverse) Ces
masses peuvent être converties en débits dans le cas des procédés en continu [kg/h]
ou [mole/h]
x : Rapport massique ou molaire du soluté BL et de la solution liquide (solvant CL +
soluté BL) de la surverse avec 0 < x < l
y : Rapport massique ou molaire du soluté BS et de la solution liquide (solvant CS +
soluté BS) dans la sousverse avec 0 < y < l
z : Rapport massique ou molaire du solide A et de la solution liquide (solvant C +
soluté B) dans la sousverse ou dans la surverse avec 0 < z <
Puisque sur la figure 6 la courbe de sousverse n'est pas horizontale, cela signifie
que la solution (B + C) au cœur du solide A est adhérente à la surface et z varie avec
la composition y de la phase liquide. Lorsque la masse de solution (Bs + Cs) retenue
par le solide est indépendante de la composition, la courbe des compositions des
sousverses est alors une horizontale.
Pour la composition de la solution d'une sousverse Sn donnée, on trouve la valeur
de ySn sur l'axe des abcisses. Celle de la surverse L est xL. La courbe L'L (figure 6)
indique que le solide est soluble dans le solvant C de sorte que zL ≠ 0.

Figure 6 : Diagramme ternaire solide A – solvant - C soluté - B avec les droites de


conjugaison verticales.
5. CAS DE L'EXTRACTION SOLIDE-LIQUIDE CONTINUE
5.1. Extraction à étage unique
L'analyse du processus de séparation des phases dans le bac mélangeur décanteur
revient à considérer d'une façon générale que sur un plateau donné un mélange de
débit massique M conduit à deux courants, la surverse Let la sousverse S (fig. 7). En
régime permanent le bilan matière global s'écrit:
M=L+S (1)

Figure 7 : Extraction à l'étage unique.


Soit les compositions définies précédemment sur la figure 6 avec :

xL = yS = et xM =

zL = zS = et zM =

indice L : la composition considérée est celle de la phase liquide dans la surverse


indice S : la composition considérée est celle à la surface du solide dans la sousverse
indice M : la composition considérée est celle du mélange
Le bilan matière pour la surverse :
M.xM = L.xL + S.yS (2)
Le bilan matière pour la sousverse conduit à :
M.zM = L.zL + S.zS (3)
Les relations (1) et (2) conduisent à :

= (4)

Les relations (1) et (3) conduisent à :

= (5)

L'égalité des équations (4) et (5) signifie que les points M(xM, yM), L(xL,yL) et
S(xS,yS) sont alignés sur la figure 8

Avec : (6)

Figure 8 : Points représentatifs des courants S et L issus du mélange M.


Les relations (4) et (5) peuvent également s'écrire :

= et = (7)

Cela signifie que la position du point M entre L et S est déterminée par la règle
des segments inverses et est accessible par les débits des phases liquides de la
surverse L et la sous verse S.
5.2. Cas de l'extraction liquide-solide continue à contre-courant à étages
multiples
5.2.1. Introduction
Nous allons analyser l'extraction continue à contre-courant à étages multiples
dans lesquels il y a mélange du solide et du solvant, extraction et séparation
mécanique du solide et de la solution.
Nous allons considérer que l'on se trouve dans les conditions d'équilibre à
souverse variable. Nous avons vu que dans ce cas la courbe de sousverse n'est pas
linéaire et que si on a xi = yi les droites de conjugaison sont verticales.
Les courants de surverse L et de souverse S sont indicés avec celui du plateau
dont la phase est issue.
Nous nous plaçons dans la situation d'un régime permanent. Pour une extraction
solide-liquide à n plateaux nous avons le schéma de la figure 9.
5.2.2. Relation entre les phases à l'équilibre
Selon le schéma de la figure 9, les phases L et S de même indice quittent le même
plateau; elles sont à l'équilibre.

Figure 9 : Schéma d'extraction solide-liquide.


Les hypothèses retenues pour la notion d'équilibre revient à dire que le liquide de
la sousverse à l'intérieur et à la surface du solide Si a la même composition que le
liquide Li de la surverse, soit yi = xi, soit encore les droites de conjugaison sont
verticales.
5.2.3. Relation entre les phases qui se croisent
A l'aide de la figure 9 nous pouvons effectuer les bilans massiques entre le plateau i
quelconque de la colonne et une extrémité de la colonne.
Bilan global:
L1 + Si = Li+1 + S0 (8)
⇒ L1 - S0 = Li+1 - Si = P (9)
P représente le débit massique net en chaque point de la colonne.
Soit:

x= y= et z =
Les bilans massiques sur les fractions y et z sont effectués à partir des données de
la figure 10 pour laquelle nous nous sommes placés dans un cas général puisque la
courbe de surverse n'est pas confondue avec l'axe des x.
Le bilan massique sur la fraction x et y s'écrit à partir de (9):
Li+1xi+1 - Siyi = Pxp = (Li+1 - Si) xp (10)
P.xp est le flux net de B dans la colonne.
Le bilan massique sur la fraction A s'écrit à partir de (9) :
Li+1zi+1 - Sizi = Pzp = (Li+1 - Si) zp (11)
P.zp est le flux net de A dans la colonne.
Les relations (10) et (11) conduisent à :

= = (12)

La relation (12) traduit l'alignement des points Li+1 (xi+1, zi+1), Si (yi, zi) et P(xp,zp)
(figure 10).
Le point P n'a pas de signification physique sur le diagramme mais constitue un
pôle de construction. Cette relation entre les phases qui se croisent Li+1 et Si est en
particulier applicable aux 2 extrémités de la colonne.

Figure 10 : Bilan sur les phases qui se croisent Si; et Li+1.


La connaissance des titres de ces phases permet de positionner le point P en
traçant les droites L1S0 et L0Sn. En effet les phases L1 et S0 se croisent à une extrémité
et les phases L0 et Sn à l'autre extrémité.
5.2.4. Détermination du nombre de plateaux théoriques
A partir du point L1, l'équilibre de phases L1 et S1 nous donne le point S1en
traçant la verticale en L1. La surverse S1 croise la sousverse L1. Ces deux point sont
alignés avec P. Le tracé de S1P donne L2 qui est en équilibre avec S2. On obtient S2
traçant la verticale en L2 ………etc.
On compte le nombre de droites de conjugaison (les verticales) qui donne le
nombre d'équilibre donc le nombre de plateaux. On obtient pour notre construction
(figure 10) 4 plateaux.
5.2.5. Relations pour calculer les débits des phases entrante et sortante
Soit le point Q (figure11) l'intersection des segmentsS0L0 et SnL1. La règle des
segments inverses nous permet d'écrire que le rapport des bilans massiques est
accessible avec le rapport de la longueur de deux segments, soit :

= et =
Ainsi la mesure de la longueur des segments permet d'accéder au rapport des
débits entrants puis des débits sortants qui doivent être égaux en régime permanent. Il
est également possible de vérifier si les débits de la surverse et la sousverse sont
constants tout au long de la colonne.

Figure 11 : Calcul des débits L et S.


5.3. Efficacité des étages

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