Le Mawlid Ou Mouloud Sur La Balance Du Qour'âne Et de La Sounna

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Compilé par

Abou Chou’ayb, Mouhammad M. Harouna


Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

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Abou Chou’ayb, Mouhammad M. Harouna

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Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

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Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Table des matières


Table des matières ..................................................................................... 5
Introduction ................................................................................................ 7
Méthodologie et Principes ...................................................................... 10
I. Définition du Mawlid ........................................................................... 12
II. Origine du Mawlid .............................................................................. 13
1. Le Messager et ses compagnons connaissaient-ils le Mawlid ?
................................................................................................................ 13
2. Qui a donc initié cette pratique inconnue des textes ? ............... 16
III. Les preuves de l’illégalité du Mawlid ......................................... 23
IV. Les ambiguïtés des Mawlidistes et leurs démentis ........................ 34
La première ambiguïté et la réponse................................................. 40
La deuxième ambiguïté et la réponse ............................................... 43
La troisième ambiguïté et la réponse ................................................ 46
La quatrième ambiguïté et la réponse............................................... 47
La cinquième ambiguïté et la réponse .............................................. 50
La sixième ambiguïté et la réponse ................................................... 53
La septième ambiguïté et la réponse ................................................. 60
La huitième ambiguïté et la réponse ................................................. 64
La neuvième ambiguïté et la réponse ............................................... 65
La dixième ambiguïté et la réponse .................................................. 67
La onzième ambiguïté et la réponse.................................................. 67
5
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

V. Les dérives lors des célébrations du Mawlid .................................. 71


1. L’exagération dans les éloges du Messager ........................... 71
2. Le culte des saints et l’adoration des tombes ............................ 73
3. Le voyage vers d’autres mosquées que les trois saintes ......... 74
4. La propagation des hadiths mensongers ..................................... 75
5. La mixité ............................................................................................ 76
6. L’utilisation des instruments de musique et la danse ............. 76
7. Le dépouillement des fidèles.......................................................... 77
VI. Récapitulatif ....................................................................................... 79
Conclusion ................................................................................................ 80
Bibliographie ............................................................................................ 81
Lexique ...................................................................................................... 85

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Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Introduction
La louange est à Allah, nous Le louons, implorons Son secours et
Lui demandons Son pardon. Nous nous réfugions auprès d’Allah
contre les maux de nos propres âmes et les méfaits engendrés par
nos actions. Celui qu'Allah guide, nul ne pourra l'égarer, et celui
qu'Il égare, nul ne pourra le guider. J'atteste qu'il n'y a point de
divinité digne d’adoration à part Allah, Seul sans aucun associé, et
j'atteste que Mouhammad est Son serviteur et Son Messager.
Ô vous qui croyez ! Craignez Allah comme Il doit être craint, et ne
mourrez qu'en étant pleinement soumis.1
Ô hommes ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d'un seul être, et a
créé de celui-ci son épouse, et qui de ces deux a fait répandre (sur la terre)
beaucoup d'hommes et de femmes. Craignez Allah au nom duquel vous
vous implorez mutuellement, et craignez de rompre les liens de sang.
Certes Allah vous observe parfaitement.2
Ô vous qui croyez ! Craignez Allah et parlez avec droiture afin qu'Il
améliore vos œuvres et vous pardonne vos péchés. Quiconque obéit à Allah
et à Son Messager obtient certes une grande réussite.3
Certes la parole la plus véridique est la parole d'Allah, et la
meilleure voie est la voie de Mouhammad. Les plus maléfiques
des choses sont les choses nouvelles, et toute chose nouvelle est

1 Sourate3Verset102
2 Sourate4Verset1
3 Sourate Versets
33 70-71

7
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

innovation, toute innovation est égarement, et tout égarement mène


à l'Enfer.4
Parmi les sujets qui font couler beaucoup d’encre et de salive dans
la communauté, il y a celui de l’innovation et des pratiques
apparues après le Messager d’Allah. D’aucuns les acceptent
toutes, d’autres les rejettent totalement et une autre catégorie en
trie.5
Dans un objectif d’éclaircissement et de mise en garde, nous avons
jugé utile, pour nous d’abord et ensuite pour celui qui nous lira, de
choisir l’une de ces innovations et de la peser sur la balance du
Qour’âne et de la Sounna.
Après réflexion, notre choix porta sur le Mawlid, francisé en
Mouloud, pour les raisons suivantes :
Premièrement : C’est une fête qui tend à être intégrée et officialisée
dans la totalité des pays musulmans, alors qu’elle ne trouve aucune
source dans l’Islam ;6
Deuxièmement : C’est un événement qui se répète chaque année et
ramène les mêmes débats ;
Troisièmement : Ces dernières années des gens commencent à
attribuer à des savants de la Sounna des propos mensongers au
sujet du Mawlid ;

4 C’est par cette formule (Innal hamda lillahi…) que le Prophète commençait ses
sermons et discours ; elle est nommée Khoutbatoul hâjja.
5 Nous n’avons pas trouvé nécessaire de faire une introduction sur l’innovation

parce que nous avons déjà traité la question de manière détaillée dans notre
compilation « La Bid’a sur la balance du Qour’âne et de la Sounna ». Pour plus de
détails, que le lecteur s’y réfère.
6 Certains partent jusqu’à prétendre que la nuit du Mawlid est meilleure que

Laylatoul Qadr !!!

8
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Quatrièmement : Avec internet, nous commençons à entendre des


faux arguments qui n’étaient pas connus dans nos pays avant.
Vu tout cela et bien d’autres éléments, une analyse scientifique des
faits s’impose pour faire apparaitre les choses sous leurs formes
réelles, afin que la vérité devienne évidente et que le faux se dissipe,
car le faux est destiné à disparaître.7
Nous demandons à Allah de nous assister pour mener à bien cette
recherche et de nous pardonner pour nos faiblesses et nos erreurs.
Âmîne !!!

Ouagadougou, Safar 1437 H/Novembre 2015

Le compilateur

7 Sourate17Verset81

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Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Méthodologie et Principes
Dans l’élaboration de ce livret, nous nous sommes fixés certains
principes et règles que nous pouvons résumer comme suit :
 Nous référons tout verset, tout hadith et toute parole de
savant à sa source, avec le plus de précisions possible
(numéro de volume, de page, de hadith…etc.), afin de
rassurer le lecteur et de lui donner la possibilité de vérifier la
véracité et la justesse des dires et traductions ;8

 Nous n’utilisons, par la grâce d’Allah, que les hadiths


authentifiés par les grands spécialistes de la science des
hadiths. Nous citons généralement les références des livres
de Cheikh Al-Albâniy()9 juste pour leur accessibilité,
mais en s’y référant le lecteur pourra trouver les propos et
sentences des autres savants, comme Al-Hâfiz Ibn Hadjar
Al-Asqalâniy(), Imam Azzahabiy(), Imam Al-
Haythamiy() et bien d’autres ;

 Nous appuyons chaque parole par un verset, un hadith ou


un consensus, car notre travail ne consiste en réalité qu’en
une compilation. Nous ne donnons pas notre propre point

8 Afin de faciliter les recherches aux lecteurs, nous avons précisé la maison
d’édition de chaque livre utilisé et très souvent le numéro et la date de l’édition
aussi. Le lecteur pourra consulter la bibliographie pour cela.
9 Il s’agit de Mouhammad Nâçiroud-dîne Al-Albâniy(). Savant contemporain

et un des piliers incontestables de la science lors du siècle passé. L’un des plus
grands spécialistes de la science des hadiths. Ses multiples œuvres font office
d’autorité dans le domaine. Il a le mérite d’avoir revivifié la science islamique et
d’avoir redoré son blason. Il naquit en 1333H (1914) et mourut en 1420H (1999).

10
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

de vue, mais celui des savants, et toujours suivi des


arguments ;

 Nous ne suivons aveuglement aucun avis, aussi répandu


soit-il, tant qu’il n’est pas suivi d’un argument solide ;

 Il est possible que nous répétions plusieurs fois un même


texte, en des endroits différents, afin de faciliter la
compréhension au lecteur et de le dispenser de retourner en
arrière à chaque fois ;

 Certaines informations importantes seront mises en bas des


pages, le lecteur est donc prié d’y faire attention et de les
consulter à chaque fois ;
Nous implorons Allah() de récompenser, par Son Paradis,
l’auteur, ses parents, ses enseignants et toute personne ayant contribué, de
près ou de loin, à la réalisation de cet écrit.
Âmîne !!!

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Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

I. Définition du Mawlid
Etymologiquement, Mawlid désigne le lieu ou l’instant de la
naissance. C’est avec ce seul sens qu’il était connu en langue arabe.10
Mais de nos jours, le Mawlid, communément déformé en Mouloud
ou Mawloud, désigne aussi la célébration annuelle de la naissance
du Messager d’Allah. Il est tenu le 12 Rabi’oul Awwal de chaque
année, date présumée de la naissance du Noble Messager.11
Le terme peut aussi désigner la commémoration de la date de
naissance d’un Cheikh d’entre les Chouyoukh12 du Soufisme, comme
Albadawiy, Arrifâ’iy, Ahmad Attidjâniy, Ibrahim Niass et autres,
ou de certains membres de la famille du Messager, comme Aliy,
Fâtima, Al-Hassane ou Al-Housseyn. Les Mawlids de nos
jours se comptent par plusieurs centaines dans le monde islamique,
preuve de la dégradation.



10 Voir Mou’jamoul-loughatil arabiyyatil mou’âçira(p.2494) de Dr Ahmad Moukhtâr


Oumar( ).
11 Voir I’ânatou-tâlibîne(Volume3/p.361) de Abou Bakr Addoumyâtiy().
12 Pluriel de Cheikh.

12
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

II. Origine du Mawlid


Pour mieux cerner une pratique et être sûr de lui avoir attribué le
statut juridique qui lui convient, il est important de la situer dans
l’histoire et de retrouver ses initiateurs.
Pour cela, nous procéderons en essayant de répondre à deux
questions :

1. Le Messager et ses compagnons connaissaient-ils le Mawlid ?


A l’unanimité de tous les musulmans, le Mawlid est totalement
inconnu du Messager d’Allah, de ses compagnons, de leurs élèves
et des quatre Imams et leurs pairs. C’est ce qui explique l’absence
totale d’un quelconque texte au sujet du Mawlid provenant de l’un
d’eux, et même le terme n’était pas connu avec ce sens.13
Imam Ibn Taymiyyah()14, en parlant du Mawlid, dit : « Les
prédécesseurs ne l’ont pas fait, alors que si c’était réellement une
bonne chose ils l’auraient faite, car les raisons pouvant le justifier
étaient déjà là15 et il n’y avait aucun empêchement. Si cela était
purement bien ou que le bien y était dominant, les prédécesseurs
seraient plus dignes de l’initier que nous, car ils aimaient et

13 De toute l’histoire de l’Islam, nul n’a jamais contesté cette réalité, les défenseurs
du Mawlid comme ses détracteurs. Jamais le Mawlid n’a été fait ou même imaginé
par les premiers musulmans.
14 Il naquit en 661 et mourut en 728 H.
15 C’est-à-dire que tout prétexte que pourraient utiliser les promoteurs du Mawlid,

comme l’amour du Messager ou l’envie de se rappeler de lui, ne sont pas des


choses nouvelles ou des désirs qui étaient absents des cœurs des compagnons ;
mais malgré tout cela, eux ils n’ont pas innové.

13
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

respectaient le Messager d’Allah encore plus que


nous ».Iqtidâ’ouç-çirâtil moustaqim(Volume2/p.619)

Imam Al-Fâkihâniy Al-Mâlikiy()16 dit : « Je ne connais à ce


Mawlid aucune source, ni dans le Qour’âne, ni dans la Sounna, et
cela n’a jamais été rapporté d’un des savants de la communauté
qui sont des modèles en matière de religion et qui suivent les voies
des prédécesseurs. Il s’agit plutôt d’une innovation initiée par les
destructeurs17 de la religion et une incitation malsaine de l’âme,
grâce à laquelle se sont enrichis les dévoreurs ».Almawrid fî
amalil mawlid(p.20-21)

Imam Ibn Al-Hâjj Al-Mâlikiy()18 dit : « Quand le festin de


Mawlid est dépourvu de musique et qu’on se contente juste de
préparer à manger, mais que l’intention est de célébrer le Mawlid,
et qu’on y invite les frères et que toutes les turpitudes précitées
sont évitées, cela reste quand même une innovation, même juste
avec cette intention, car c’est une manière de rajouter dans la
religion une pratique que les prédécesseurs ne faisaient pas. Le fait
de suivre les prédécesseurs est mieux et plus obligatoire que le fait
de vouloir ajouter dans la religion quelque chose, car de tous les
hommes, ils étaient ceux qui suivaient et respectaient plus
ardemment le Messager d’Allah et sa voie, mais avec tout cela, il
n’a jamais été rapporté de l’un d’entre eux qu’il a déjà pris même
l’intention de faire le Mawlid ».Almadkhal(Volume2/p.10)

16 Il naquit en 654 et mourut en 734 H.


17 Il fait allusion aux Fâtimiyyah, dont le nom juste est Oubeydiyyah. Nous
parlerons d’eux plus loin Inchâ Allah.
18 Il mourut en 737 H.

14
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Cheikh Ibn Bâz()19 dit : « Il n’est pas permis de célébrer la


naissance du Messager ou d’une autre personne, parce que cela
fait partie des innovations dans la religion, car le Messager ne
l’a pas fait, ni ses califes bien-guidés, ni les autres compagnons, ni
ceux qui les ont suivis avec perfection lors des générations
gracieuses, alors qu’ils étaient les plus grands connaisseurs de sa
voie et ceux qui l’aimaient le plus ».Houkmoul Ihtifâl bil
Mawlid(p.3)

Cheikh Mouhammad Ach-chouqayriy()20 dit : « Le fait de


prendre le jour de sa naissance comme jour de rassemblement et de
commémoration est une innovation et un égarement que ni la
législation ni la raison n’ont apportés. S’il y avait en cela un bien,
comment est-ce que Abou Bakr, Oumar, Outhmâne, Aliy, les
autres compagnons, les Tâbi’înes, les élèves des Tâbi’înes, les
Imams et leurs élèves ne s’en seraient pas rendus
compte ?»Assounanou wal moubtada’ât(p.139)
Même ceux qui ont commis l’erreur d’autoriser le Mawlid sous
certaines formes n’ont pas eu le choix que de reconnaitre qu’il n’est
pas connu du Messager, ni des compagnons et ni de ceux qui les
suivirent.

Al-Hâfiz Ibn Hadjar()21 dit : « Le Mawlid est une


innovation qui n’est rapportée d’aucun des vertueux prédécesseurs

19 Il naquit en 1330 et mourut en 1420 H.


20 Il naquit en 1321 et mourut en 1371 H.
21 Il naquit en 773 et mourut en 852 H.

15
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

des trois premières générations ».Hassanoul


Maqçid(Volume1/p.196)22

Imam Assouyoutiy()23 dit : « La première personne à


innover le Mawlid est cet homme de Erbil, le roi Almouzaffar
».Hassanoul maqçid(Volume1/p.189)

As-sakhâwiy()24 dit : « Rien n’a été rapporté des pieux


prédécesseurs dans les trois générations gracieuses en ce qui
concerne le Mawlid, il a été plutôt innové après ».Almawridour-
rawiy(p.12)25

Abou Châmah()26 dit : « Parmi les plus belles choses


innovées à notre époque-ci, il y a ce qui se faisait à Erbil chaque
année, lors du jour correspondant à celui de la naissance du
Prophète ».Albâ’ith ala inkaril bid’i(p.95)
2. Qui a donc initié cette pratique inconnue des textes ?
Si à l’unanimité des savants cette pratique ne vient ni du Prophète
ni de ses compagnons, on est naturellement tenté de se demander
d’où elle vient, à quel moment de l’histoire elle a été initiée et par
qui.

22 Hassanoul maqçid est un livret de Assouyoutiy édité dans son recueil de Fatawa
Alhâwîy lil Fatawa(Volume1/p.189-197).
23 Il naquit en 847 et mourut en 911 H.
24 Il naquit en 831 et mourut en 902 H.
25 De Moulla Aliy Alqâriy qui mourut en 1014 H.
26 Il naquit en 599 et mourut en 665 H.

16
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

L’avis le plus juste et qui est le plus soutenu par l’histoire, est que le
Mawlid fut l’œuvre des Oubeydiyyah, faussement appelés
Fâtimiyyah27. Tous ceux qui sont venus après l’ont pris d’eux.

Taqiyyoud-dîne Almaqriziy()28 dit dans son livre


Almawâ’iz wal I’tibar(Volume1/p.490), sous le titre Les jours
que les califes Fâtimiyyah prenaient comme jours de fête et
de réjouissance : « Tout au long de l’année, les dirigeants
Fâtimides avaient des fêtes et des jours de réjouissance et de
rassemblement, qui sont : la fête de fin d’année, la fête du début de
l’an, le jour d’Achoura, le Mawlid du Prophète, le Mawlid de
Aliy Ibn Abi Tâlib, le Mawlid de Al-Hassan, le Mawlid de Al-
Housseyn, le Mawlid de Fâtima, le Mawlid du dirigeant en
exercice, la première nuit de Radjab, la nuit de la quinzaine de
Radjab, le début de Cha’bâne, la nuit de la quinzaine de
Cha’bâne… ».
Ensuite Taqiyyoud-dîne Almaqriziy continue en expliquant qu’une
importance particulière était accordée aux six Mawlids, et
concernant le Mawlid du Prophète, il cita quelques pratiques que
le roi, ses notables et la masse faisaient et les mets qui y étaient
préparés.

Aboul Abbas Alqalqachandiy()29 nous rapporte également


dans son livre Soubhoul A’châ fi Sinâ’atil

27 Ils sont appelés Fâtimiyyah, Fatimides en français, parce que leur fondateur a
prétendu être descendant de Fâtima, la fille du Prophète. Mais ils ont été
démentis et leur tricherie a été mise à nu par les savants en généalogie et les
historiens.
28 Il naquit en 764 et mourut en 845 H.
29 Il naquit en 765 et mourut en 821 H.

17
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Inchâ(Volume3/p.502-503) comment était célébré le Mawlid chez


les Fâtimiyyah.
La première célébration du Mawlid eut lieu en 362 de l’hégire sous
l’initiative du dirigeant des Oubeydiyyah, Almou’izz li dinillah ; il
sera ensuite supprimé par Al-Afdal, fils du chef des armées, qui
deviendra lui-même chef des armées après son père, puis il sera
ramené par Al-Âmir Bi Ahkâmillah.

Cheikh Mouhammad Almouti’iy()30, ancien Mouftiy de


l’Egypte, dit : « Parmi les choses innovées qui soulèvent trop de
questions, il y a les Mawlids. Les premiers à les innover au Caire
sont les dirigeants Fâtimiyyah et le premier d’entre eux à le faire
fut Almou’izz li dinillah. Il quitta le Maroc pour l’Egypte au mois
de Chawwal 361 H et arriva à Alexandrie au mois de Cha’bâne
362 H ; il entra au Caire le 7è jour de Ramadan de la même année
et y innova six Mawlids : le Mawlid du Prophète, le Mawlid de
Aliy Ibn Abi Tâlib, le Mawlid de Fâtima, le Mawlid de
Hassan, le Mawlid de Housseyn et le Mawlid du dirigeant en
exercice. Ces fêtes sont restées telles quelles, jusqu’à ce que les
abolisse Al-Afdal fils du chef des armées. (…) Pendant le règne de
Al-Âmir Bi Ahkâmillah, les six Mawlids ont été ramenés après que
Al-Afdal les ait abolis et que les gens les aient presque
oubliés ».Ahsanoul kalâm(p.44-45)

Almaqriziy() dit : « Al-Afdal, le fils du chef des armées,


abolit quatre des Mawlids, celui du Prophète, celui de Aliy, celui
de Fâtima et celui du dirigeant en exercice, et ne leur accorda
aucun intérêt. Le temps passa au point où les gens avaient oublié

30 Il mourut en 1352 H.

18
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

leur mention même, mais les enseignants se mirent à en reparler


au dirigeant Al-Âmir bi Ahkâmillah avec redondance (…) et il
répondit à leur requête ».Almawâ’iz wal
I’tibar(Volume1/p.432-433)
Le règne d’Al-Âmir bi Ahkâmillah dura de 495 à 524 de l’hégire,
donc c’est dans cet intervalle qu’il ramena le Mawlid.
Nous pouvons retrouver ces informations dans plusieurs ouvrages,
comme Al-Ibdâ’(p.126) de Cheikh Aliy Mahfouz, Mouhâdarâtoul
fikhriyya(p.84) de Aliy Fikriy, Tarikhou Al-Ihtifâl(p.69) de
Assandoubiy et d’autres.
Qui sont donc les Oubeydiyyah ?
Les Oubeydiyyah représentent l’une des sectes les plus mécréantes de
l’Islam. C’était une secte qui épousait la croyance de la secte
Ismâ’iliyyah31. Son fondateur s’appelle Oubeydoullah Ibn
Maymoune Al-Qaddah. Certains historiens rapportent que c’était
un mage qui s’est mélangé aux musulmans afin de semer la
confusion. Il voulut se faire grand en s’inventant une généalogie
remontant jusqu’à Fâtima, fille du Prophète, mais son
mensonge fut vite dévoilé par les savants.
Les Oubeydiyyah ont tué des milliers de musulmans, surtout les
savants, démoli des mosquées, ils ont forcé les gens à se convertir à
la religion chiite Ismâ’iliyyah, ils se sont rendus permis l’alcool, la
fornication et d’autres pratiques, ils ont rendu obligatoire l’insulte

31 Pour plus de détails, voir Al-Ismâ’iliyyah Tarikh wa Aqâ’id de Cheikh Ihsâne


Ilâhiy Zahîr() et Ach-chi’a’toul Ismâ’iliyyah rou’yatoun minad-dâkhil de Alawiy
Tâhâ( ).

19
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

des compagnons, certains d’entre eux se sont proclamés Prophètes,


d’autres Mahdiy32 et d’aucuns dieux.33

Imam Ibn Kathîr()34 dit : « Les Fâtimiyyah étaient les plus


riches des califes, les plus tyrans, les plus injustes, leurs rois
avaient les pires des récits, les pires des intentions. Dans leur
contrée les innovations et les turpitudes étaient manifestes, les
gens du mal étaient nombreux et les vertueux d’entre les savants
et les adorateurs étaient bien peu ».Albidâyatou wan-
nihâya(Volume16/p.456-457)

Assouyoutiy() dit dans son livre Târikhoul


Khoulafa(p.66)35 : « Je n’ai cité aucun des califes de la dynastie
Oubeydiyyah car leur règne n’était pas légal pour plusieurs
raisons, comme le fait qu’ils ne soient pas de Qouraych ; ils n’ont
été appelés Fâtimiyyah que par les ignorants, car en réalité leur
ascendant est un mage. (…). Alqâdiy Abou Bakr Albâqilâniy dit
que Alqaddâh est le grand-père de Oubeydoullah et il était mage.
Oubeydoullah rentra au Maroc et prétendu être descendant de
Aliy alors qu’aucun des savants spécialistes dans la science des
généalogies ne le connaissait, et les ignorants les ont appelés

32 Mahdiy est une personne qu’Allah suscitera vers la fin des temps pour qu’elle
ramène la justice sur la terre après qu’elle ait été remplie d’injustice. Il s’appellera
Mouhammad Ibn Abdillah comme le Messager et il sera de sa descendance. A
noter que le Mahdiy des gens de la Sounna est différent du Mahdiy des chiites
qui n’est qu’un mythe. D’après eux, il serait en vie depuis 1200 ans enfoui dans
une grotte attendant le moment. Pour plus de détails sur ces fables, voir Matâ
youchriqou nourouka ayyouhal Mountazar de Cheikh Outhmâne Alkhâmis( ).
33 Voir pour plus de détails sur leurs crimes Addawlatoul Fâtimiyyah de Cheikh

Aliy Mouhammad Aç-çallâbiy( ).


34 Il naquit en 700 et mourut en 774 H.
35 Ce qui signifie « L’histoire des califes ».

20
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Fâtimiyyah. Ibn Khallikan dit que la plupart des savants ne


reconnaissent pas l’authenticité de la filiation de Oubeydoullah ».

Ach-châtibiy()36 dit : « Les Oubeydiyyah, qui ont gouverné


l’Egypte et la Tunisie, ont prétendu que les règles de la loi
islamique concernent seulement les lambdas, mais quant aux
leaders ils ont dépassé ce stade, et donc toutes les femmes leur sont
permises, de la même manière tout ce que l’univers contient leur
est licite à la consommation ».Al-I’tiçâm(Volume2/p.44)

Imam Ibn Taymiyyah() résume : « Ils sont les plus pervers


des gens et les plus mécréants ».Majmou’oul
Fatawa(Volume35/p.120-132)
Pour ne pas perdre le lecteur dans les labyrinthes de l’histoire, nous
nous contenterons de ces informations. Ce qui est à retenir est que la
secte Oubeydiyyah est l’une des plus mécréantes, et ce sont ses
leaders qui ont eu l’idée du Mawlid.37
Note importante : Certains sont d’avis que le Mawlid fut plutôt
l’œuvre de Al-Mouzaffar Abou Sa’id Kawkaboury, roi d’Erbil, vers
1207 du calendrier grégorien, et d’autres disent que cela fut l’œuvre
du roi de Mossoul, Cheikh Oumar Ibn Mouhammad Al-Moulla.
Mais il suffit pour concilier ces positions de dire que :
Premièrement : L’histoire nous a clairement nommé les premiers
initiateurs du Mawlid, qui sont les Oubeydiyyah. C’est à leur époque

36Il mourut en 790 H.


37Pour celui qui veut plus de détails sur l’histoire noire de cette dynastie, ses rois,
leurs croyances et leurs crimes, qu’il consulte Siyarou A’lamin-
noubalâ’(Volume15/p.141-215) de Imam Azzahabiy(), qui décortiqua la famille
de ses entrailles jusqu’au déclin, tout en prenant le soin d’exposer leurs actes.

21
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

qu’on retrouve les premières traces du Mawlid dans les livres


d’histoire et cela est indéniable ;
Deuxièmement : Il est fort probable que Cheikh Oumar Ibn
Mouhammad Al-Moulla ait copié le Mawlid auprès des Oubeydiyyah,
car ces derniers ont gouverné un certain temps Mossoul, qu’ils ont
conquis depuis 347 de l’hégire, et Cheikh Oumar Ibn Muhammad
Al-Moulla est né en 549 de l’hégire ;

Abou Châmah() dit : « Le premier à l’avoir célébré à


Mossoul fut Cheikh Oumar Ibn Mouhammad Al-Moulla, l’un des
célèbres hommes pieux. C’est son initiative qui fut perpétuée par le
roi d’Erbil et d’autres ».Albâ’ith(p.96)
Synthèse : Nous pouvons résumer ce chapitre comme suit :
1-Tous sont unanimes que le Mawlid du Prophète n’est pas connu
de lui-même, ni de ses compagnons et de leurs élèves ;
2-Ses premiers initiateurs, les Oubeydiyyah, sont « les plus pervers et
les plus mécréants des gens », or si c’était un acte de bien, Allah ne
l’aurait pas « caché » à tous les pieux prédécesseurs et Imams pour
ensuite le dévoiler aux pires des gens ;
3-Les pratiques qui s’y faisaient sortaient clairement de l’Islam.

Cheikh Almouti’iy() dit : « Si tu savais ce que les


Fâtimiyyah et Almouzaffar faisaient lors du Mawlid du
Prophète, tu aurais la conviction qu’il est impossible de le juger
légal ».Ahsanoul kalâm(p.52)
Même de nos jours, ces pratiques continuent dans la plupart des
pays, comme nous le verrons.


22
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

III. Les preuves de l’illégalité du Mawlid


Bien qu’il soit devenu désormais une fête chez la plupart des gens,
le Mawlid est une pratique interdite et illégale pour les raisons
suivantes :
Premièrement : L’unanimité de tous les musulmans sur le fait que
cette pratique soit une innovation, car inconnue des textes.
L’innovation étant un grand péché, il va de soi que le Mawlid soit
interdit.

D’après Â’icha, le Prophète a dit : « Quiconque innove dans notre


affaire-ci (la religion) une chose ne s’y trouvant pas, elle est à rejeter ».38
Dans une autre version, toujours d’après Â’icha, le Prophète a
dit : « Quiconque pose un acte au sujet duquel il n’y a pas un ordre
émanant de nous, il est à rejeter ».39

Al-Irbâd Ibn Sâriya raconte : « Un jour le Prophète dirigea la prière


de Fajr, ensuite il nous fit face et il fit un sermon lourd en sens qui fit
couler les larmes et secoua les cœurs. Un homme lui dit donc : « Ô
Messager d’Allah, ceci a l’air d’être un prêche d’adieu ! Que nous
conseilles-tu donc ? » Il dit alors : « Je vous enjoins la piété ainsi que
l’écoute et l’obéissance à l’autorité, fut-elle un esclave d’Abyssinie. Celui
d’entre vous qui vivra après moi verra certes beaucoup de divergences ; je
vous ordonne donc de suivre ma voie et la voie des califes bien-guidés,
cramponnez-vous y et saisissez-la avec vos molaires. Je vous mets aussi
en garde contre les choses nouvelles, car toute chose nouvelle est

38 Rapporté par Alboukhâriy(2697) et Mouslim(1718).


39 Rapporté par Mouslim(1718).

23
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

innovation, toute innovation est égarement {et tout égarement mène à


l’Enfer} ».40
Après avoir rejeté toute pratique qu’il n’a pas légiférée dans le
premier hadith, dans celui de Al-Irbâd Ibn Sâriya le Messager
d’Allah nous enseigne que toute pratique religieuse nouvelle est
une innovation, étrangère à la religion et source de divergence ;
ensuite il nous indique le seul rempart contre l’égarement qui est de
se cramponner à sa voie et à celle de ses compagnons.
Demandons-nous : le Mawlid est une chose nouvelle ou une
pratique du Messager et de ses compagnons ? Entre celui qui
s’adonne au Mawlid et celui qui s’en éloigne, lequel est le plus en
conformité avec ces injonctions du Messager dans le hadith ?
Partant de ces hadiths et des autres textes interdisant l’innovation
religieuse, nous disons que le Mawlid est interdit aussi car étant
dans le lot des innovations, or il n’est pas légal d’adorer Allah au
moyen d’actes innovés.

Imam Ibn Taymiyyah() dit : « Les actes d’adoration sont


basés sur le respect de la législation et le suivi des textes, pas sur
les passions et l’innovation. L’Islam est bâti sur deux fondements :
Le premier : Que nous adorions Allah, l’Unique, sans associé ;
Le deuxième : Que nous adorions Allah au moyen de ce qu’Il a
légiféré par la langue de Son Messager, et non pas l’adorer avec
les passions et les innovations.

40Rapporté par Abou Daoud(4607), Annassâ’iy(1578), Attirmidhiy(2676) et Ibn


Mâdja(42). La partie entre les crochets est rapportée par Imam Annassâ’iy. Le
hadith est authentifié par Cheikh Al-Albâniy() dans Silsilatous-
sahiha(Volume6/p.526/Hadith n°2735).

24
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Allah dit : Puis Nous t'avons mis sur la voie de l'Ordre [une
religion claire et parfaite]. Suis-la donc et ne suis pas les passions
de ceux qui ne savent pas. Ils ne te seront d'aucune utilité vis-à-
vis d'Allah. Les injustes sont vraiment alliés les uns des autres ;
tandis qu'Allah est le Protecteur des pieux.41
Il n’est permis à personne d’adorer Allah que par ce qu’a légiféré
Son Messager comme obligation ou recommandation, mais pas
qu’il adore Allah par des choses innovées ».Majmou’oul
Fatawa(Volume1/p.70)

Imam Ibn Radjab()42 dit : « Quant aux actes d’adoration,


ceux d’entre eux qui sont totalement hors de l’ordre d’Allah et de
Son Messager sont renvoyés à leurs auteurs qui rentrent sous le
joug du verset : Ou bien auraient-ils des associés [à Allah] qui
auraient établi pour eux des lois religieuses qu'Allah n'a jamais
permises ?43. Toute personne qui cherchera à se rapprocher
d’Allah par un acte qu’Allah et Son Messager n’ont pas dit être
un acte rapprochant d’Allah, son acte est nul et lui est renvoyé, et
il est semblable à ceux dont la prière auprès de la Ka’ba ne
consistait qu’en sifflement et battements de mains, il est pareil à
celui qui cherche à se rapprocher d’Allah en écoutant la musique,
par la danse, par le fait de se dénuder la tête hors du pèlerinage, et
autres innovations qu’Allah et Son Messager n’ont aucunement
légiférées comme acte rapprochant d’Allah ».Djâmi’oul Ouloumi
wal Hikam(Volume1/p.177-178)
Pour plus de détails sur l’innovation, voir notre compilation La
Bid’a.

41 Sourate45Versets18-19
42 Il naquit en 736 et mourut en 795 H.
43 Sourate Verset
42 21

25
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Deuxièmement : Le fait qu’il n’y ait ni verset, ni hadith, authentique


soit-il ou même mensonger, faisant mention du Mawlid, ni une seule
parole d’un seul prédécesseur de la communauté, ni des Imams des
quatre écoles et autres, est une preuve que cette pratique ne peut ni
nous rapprocher du Paradis, ni nous éloigner de l’Enfer, car si
c’était un bien pour nous, il aurait été du devoir du Messager de
nous le transmettre.

D’après Ibn Amr, le Prophète a dit : « Il n’y a eu aucun Prophète


avant moi, sans qu’il ne soit une obligation pour lui d’indiquer à son
peuple toutes les voies de bien qu’il connait, et de le mettre en garde
contre toutes les voies de mal qu’il connait ».44

D’après Abou Zhar, le Prophète a dit : « Il ne reste aucune chose


pouvant vous rapprocher du Paradis et vous éloigner de l’Enfer qui ne
vous a pas été montrée ».45
Ces hadiths montrent que tout acte non-légiféré ne peut nous
rapprocher du Paradis, ni nous éloigner de l’Enfer, il n’est donc que
ruine de l’âme, source de divergence entre les musulmans et une
porte vers la dérive et l’égarement. Toute personne qui innove un
acte dans la religion et espère avoir des récompenses pour cela,
sous-entendrait de ces deux choses l’une : soit le Messager ne le
connaissait pas, du moment où il ne l’a pas indiqué à sa
communauté, soit le Messager a failli à sa mission et n’a pas
transmis expressément certaines choses.

44Rapporté par Mouslim(1844).


45Rapporté par Attabarâniy(1647) et authentifié par Cheikh Al-Albâniy()
dans Silsilatous-sahiha(Volume4/p.416/Hadith n°1803).

26
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Troisièmement : S’il n’y a aucune trace de cette pratique dans les


sources, alors elle ne fait pas partie de la religion d’Allah, car Allah
a clos Sa religion en révélant à Son Messager, lors du pèlerinage
d’adieu, le verset suivant :
Allah dit : Aujourd’hui J’ai parachevé pour vous votre religion, J’ai
parfait sur vous Mon bienfait, et J’agrée pour vous l’Islam comme
religion.46

Imam Mâlik()47 dit : « Quiconque invente une chose que les


prédécesseurs ne faisaient pas et l’estime bonne, il a certes
prétendu que le Prophète a trahi sa mission. Or Allah a dit :
Aujourd’hui J’ai parachevé pour vous votre religion, J’ai parfait
sur vous Mon bienfait, et J’agrée pour vous l’Islam comme
religion.. Ainsi donc, toute chose qui n’était pas dans la religion
ce jour-là (c’est-à-dire le jour de la révélation de ce verset) ne le
sera pas aujourd’hui ».Al-I’tiçâm(Volume1/p.62)48
Prétendre que le Mawlid est une pratique islamique malgré
l’absence de texte revient à démentir ce verset et à déformer la
religion d’Allah. Ce qui est encore plus surprenant, c’est que les
personnes qui font la promotion de cette innovation et des autres
nous diront qu’elles croient sans l’ombre d’un doute que la religion
d’Allah est parachevée et complète. Si tel est vraiment le cas, qu’ont-
elles donc à défendre et promouvoir une chose qui n’est pas dans la

46Sourate5Verset3
47Il naquit en 93 et mourut en 179 H.
48 Imam Mâlik() disait ces propos moins de 200 ans après la mort du

Messager, puisque lui-même décéda en 179 H. Que dire alors des innovations
apparues un millénaire après le Messager et que certains essayent de nous
ajouter dans la religion.

27
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

religion et qui n’a de conséquences que la division de la


communauté et les débats stériles ?
Quatrièmement : L’imprécision de la date de naissance du
Messager d’Allah.
Il n’y a en effet aucun texte nous précisant la date de naissance du
Messager d’Allah ; la seule chose certaine est qu’il est né un lundi.
Or si Allah attendait de Ses serviteurs un quelconque culte
commémorant la naissance de Son Prophète, Il prendrait le soin
de leur préciser sa date ou d’ordonner au Prophète de le faire,
comme ce fut le cas pour les dates des autres événements et fêtes. Il
y a en réalité plus de cinq avis différents des historiens sur la date
de la naissance du Messager, et aucun de ces avis ne se fonde sur
un texte venant de lui.
Voir pour cela Albidâyatou wan-nihâya(Volume3/p.374-376) de Imam
Ibn Kathîr, Al-Isti’âb(Volume1/p.30-31) de Ibn Abdil-Barr et Latâ’ifoul
Ma’ârif(p.232-233) de Ibn Radjab.
En plus de cela, la date présumée et sacralisée, le 12 Rabi’oul
Awwal, est contestée par des astronomes musulmans, comme
Abdoullah Ibn Mouhammad Ibn Ibrahim dans son livre Taqwimoul
azmâne, Mahmoud Pacha, Mouhammad Souleymane…etc.49
C’est à cause de cette divergence des historiens que le roi Al-
Mouzaffar, premier à initier le Mawlid à Erbil, alternait entre le 8 et
le 12 Rabi’oul Awwal.50

49 Voir Rahiqoul makhtoum(p.61) de Cheikh Safiyyour-rahmâne Al-


Moubârakafouriy( ), ou sa version française Nectar cacheté(p.82).
50 Voir Wafayâtoul A’yâne(Volume4/p.118) de Ibn Khallikâne().

28
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Cinquièmement : En Islam chaque jour sacré est décrété par Allah


et Son Messager, et non par les serviteurs.

Anas Ibn Mâlik dit : « Le Prophète arriva à Médine et trouva que


ses habitants avaient deux jours pendant lesquels ils s’amusaient lors de
la période antéislamique. Il leur dit alors : « Je suis venu vous trouver
avec deux jours pendant lesquels vous vous amusiez, mais Allah vous les
a remplacés par deux autres qui sont meilleurs : le jour de l’immolation et
le jour de la rupture ».51

Ibn Taymiyyah() dit : « Les fêtes représentent une partie des


institutions religieuses, et l’attitude à y observer est de suivre les
textes, et non pas d’innover. Dans la vie du Prophète, il y a eu
des sermons, de grands événements en de nombreux jours, comme
le jour de Badr, de Houneyn, de Khandaq, l’ouverture de la
Mecque, son émigration, son entrée à Médine, ses nombreux
prêches pendant lesquels il cita les fondements de la religion, mais
malgré tout, ces jours ne furent pas pris comme des jours de fête.
Seuls les chrétiens agissent ainsi en prenant les jours des
événements de la vie de Issâ comme fêtes, ou encore les juifs. Les
fêtes sont des institutions religieuses, donc ce qu’Allah a institué
comme fête, on le suit, et au cas contraire, on n’innove pas dans la
religion une chose ne s’y trouvant pas ».Iqtidâ’ouç-çirâtil
moustaqim(Volume2/p.618-619)
Sixièmement : C’est à Allah seul de déterminer comment un jour
sacré doit être célébré, et non la raison humaine. Pour comprendre
cela, prenons le cas du vendredi :

51 Rapporté par Abou Daoud(1134), Annassâ’iy(1556), Ahmad(12006) et


Albaghawiy(1098).

29
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

D’après Abou Hourayra, le Prophète a dit : « Le meilleur des jours


sur lequel se lève le soleil est le vendredi. C'est le jour où fut créé Adam,
le jour où il fut introduit au Paradis et le jour où il en ressortit ; c'est
aussi le jour où se tiendra la fin du monde ».52

D’après Abou Loubâba Ibn Almounzir, le Prophète a dit : « Le


vendredi est le meilleur des jours. Il est plus important pour Allah que le
jour de la fête de Ad’hâ et celui de la fête de Fitr53. Il a cinq(5)
caractéristiques : Allah y a créé Adam, Il l'a renvoyé du Paradis ce
jour-là, Il lui a repris son âme ce jour, il y a une heure pendant laquelle
Allah donne au demandeur tout ce qu’il demande, tant qu'il ne s'agit pas
d'une chose interdite, et c’est ce jour-là que se tiendra la fin du
monde ».54
Ces deux hadiths montrent clairement que le vendredi est le
meilleur des jours et le plus bénit. Si nous utilisons la raison
humaine, nous pourrons déduire que le jeûne de ce jour comporte
sans doute beaucoup de mérites et de bénédictions, de même que
veiller sa nuit doit être source de miséricorde divine. Pourtant
quand nous retournons aux textes, nous nous rendons compte
qu’Allah a décrété toute autre chose. Il a en effet interdit qu’on
veille en prière la nuit du vendredi de manière spécifique et le fait
qu’on jeûne son jour exclusivement.

D’après Abou Hourayra, le Messager d’Allah a dit : « Ne


différenciez pas la nuit de vendredi des autres nuits par la prière et ne

52Rapporté par Mouslim(854), Abou Daoud(1046) et Attirmidhiy(491).


53C’est-à-dire la fête de Tabaski (comme on l’appelle ici) et la fête de Ramadan.
54 Rapporté par Ahmad(15548) et Ibn Mâdja(1084), et déclaré Bon par Al-

Albâniy() dans Almichkât(Hadith n°1363).

30
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

jeûnez pas spécifiquement le jour de vendredi au détriment des autres


jours, sauf si cela coïncide avec un jeûne que l’un d’entre vous faisait ».55

Abou Hourayra dit : « J’ai entendu le Prophète dire : « Que l’un


d’entre vous ne jeûne le vendredi qu’avec un jour avant ou après ».56
Etant donné qu’Allah n’a jamais décrété sacré un jour sans dire aux
serviteurs comment ils doivent s’y comporter, si le Mawlid est
légiféré, qu’on nous dise alors quelles sont les règles de sa
célébration. Mais avant cela, il faudrait d’abord prouver qu’il a été
légiféré, ce qui est impossible.
Septièmement : Cette fête est l’œuvre de personnes appartenant à
une secte égarée, à savoir les Oubeydiyyah, que beaucoup de savants
ont qualifiée de mécréante. Allah aurait-Il privé les trois meilleures
générations, les Imams et autres saints vertueux de cette idée, si
c’était un bien, pour la confier à des pervers, voire des mécréants ? Il
s’agit là d’une chose contraire à la raison des gens de la Sounna.

Cheikh Mouhammad Ach-chouqayriy() dit : « Le fait de


prendre le jour de sa naissance comme jour de rassemblement et de
commémoration est une innovation et un égarement que ni la
législation ni la raison n’ont apportés. S’il y avait en cela un bien,
comment est-ce que Abou Bakr, Oumar, Outhmâne, Aliy, les
autres compagnons, les Tâbi’înes, les élèves des Tâbi’înes, les
Imams et leurs élèves ne s’en seraient pas rendus
compte ?»Assounanou wal moubtada’ât(p.139)

55 Rapporté par Mouslim(1144).


56 Rapporté par Alboukhâriy(1985) et Mouslim(1144).

31
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Les gens de la Sounna considèrent qu’il est impossible qu’Allah


prive les meilleures générations d’un acte de bien pour le dévoiler
aux égarés venus après eux.

Imam Ibn Kathîr(), en commentaire du verset Et ceux qui


ont mécru dirent à ceux qui ont cru : “Si ceci était un bien, ils (les
pauvres d’entre les compagnons) ne nous y auraient pas
devancés”., dit : « Quant aux gens de la Sounna et du consensus,
ils disent au sujet de tout acte et parole qui n’est pas rapporté
authentiquement des compagnons qu’il s’agit d’une innovation,
car si c’était un bien, ils nous auraient devancés dans son
accomplissement, car ils n’ont laissé aucune pratique d’entre les
bonnes pratiques sans s’empresser de l’accomplir ».Tafsirou Ibn
Kathîr(Volume13/p.12)
Huitièmement : Célébrer la naissance du Messager d’Allah est
une manière flagrante d’imiter les chrétiens qui commémorent aussi
chaque année la naissance de Jésus. Pourtant l’un des principes de
base de l’Islam, faisant l’unanimité de tous les savants musulmans,
est l’obligation d’éviter toute imitation des mécréants dans toute
pratique ayant une connotation religieuse.

Imam Ibn Taymiyyah(), parlant du fait de faire d’un jour un


jour de fête pour un évènement qui s’y est produit, dit : « Seuls les
chrétiens agissent ainsi en prenant les jours des événements de la
vie de Issâ comme fêtes, ou encore les juifs. Les fêtes sont des
institutions religieuses, donc ce qu’Allah a institué comme fête, on
le suit, et au cas contraire, on n’innove pas dans la religion une
chose ne s’y trouvant pas ».Iqtidâ’ouç-çirâtil
moustaqim(Volume2/p.618-619)

32
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Le Mawlid et la fête de la nativité (Noël) ont en effet des similitudes


troublantes :57
1) Ni Mouhammad ne connaissait le Mawlid, ni Jésus ne connaissait
la nativité ;
2) Ni les compagnons de Jésus n’ont connu la nativité, ni les
compagnons de Mouhammad n’ont connu le Mawlid ;
3) Les chrétiens ont pris la nativité des païens et des gens qui étaient
sur une voie contraire à celle de Issâ (Jésus) et les musulmans ont
fait de même en prenant cette fête des mécréants Oubeydiyyah ;
4) Les chrétiens célèbrent Noël à une date qui n’est pas celle de la
naissance de Issâ et les musulmans font de même…etc.
Certaines personnes, ne raisonnant apparemment pas, ne sont pas
gênées de dire que si la naissance de Issâ est célébrée, alors qu’il
est inférieur à Mouhammad, alors la naissance de ce dernier a
toutes les raisons d’être célébrée !!!
Synthèse : Après un bref aperçu de l’origine du Mawlid, voici en
résumé le statut du Mawlid au regard des textes. A partir de ce qui
précède comme textes et arguments, nous sommes en droit
d’espérer qu’il ne subsiste plus aucun doute dans les esprits des
gens sincères que le Mawlid n’a rien d’une fête islamique.



57 Comble de malheur, cette année (1437 H/2015) il est probable que les deux
« fêtes » tombent le même jour ou à un jour d’intervalle.

33
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

IV. Les ambiguïtés des Mawlidistes58 et leurs démentis


Ceux qui autorisent le Mawlid ne fournissent en réalité aucune
preuve authentique et claire, tirée du Qour’âne ou de la Sounna,
comme ils l’ont totalement reconnu eux-mêmes, en attestant
clairement que ni le Messager d’Allah ni ses compagnons ne l’ont
fait et ne l’ont connu. Cependant ils n’hésitent pas à s’accrocher à
toute ambiguïté que leurs esprits leur insufflent, fut-elle des plus
absurdes. Ils prennent des textes et leur assignent des
compréhensions et déductions qui auraient apparemment
« échappé » au Messager, aux compagnons et aux Imams, et par
cela ils essayent de convaincre les faibles d’esprit et les ignorants
que cette pratique est bien et bonne, bien qu’elle soit une
innovation.59
Leur argumentation se résume à prendre des textes, versets ou
hadiths, et à leur donner des sens nouveaux, des sens inconnus des
premières générations et introuvables dans les livres des anciens,
comme s’il y eut une autre révélation après le Messager. Et il ne
fait aucun doute que cette manie est contraire aux textes qui nous
astreignent à tenir compte des interprétations des prédécesseurs, car
c’est notre seul gage contre l’égarement :60

58 Ce mot, nous ne l’avons pas inventé dans l’objectif de coller un sobriquet à des
musulmans, mais c’est juste pour éviter de dire à chaque fois « ceux qui disent
que le Mawlid est légal ».
59 Dans notre compilation La Bid’a nous avons démontré, à base de versets et

hadiths, qu’il est impossible qu’une adoration soit innovée et bonne en même
temps.
60 Pour plus d’arguments sur l’obligation de suivre les pas des prédécesseurs, voir

notre compilation La Sounna(p.52-56).

34
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Allah dit : Les tous premiers [croyants] parmi les émigrés et les
Auxiliaires et ceux qui les ont suivis parfaitement, Allah les agrée, et
ils L'agréent. Il a préparé pour eux des Jardins sous lesquels coulent les
ruisseaux, et ils y demeureront éternellement. Voilà l'énorme succès !61

D’après Imrâne Ibn Houçayn, le Messager d’Allah a dit : « Les


meilleurs des humains sont ceux de ma génération, ensuite ceux qui les
suivront et ensuite ceux qui les suivront ».62

D’après Abou Moussa Al-Ach’ariy, le Messager d’Allah leva ses


yeux vers le ciel et dit : « Les étoiles sont la garantie du ciel, et quand les
étoiles s’en iront, il adviendra du ciel ce qui lui a été prédit ; je suis la
garantie de mes compagnons, et quand je m’en irai il adviendra de mes
compagnons ce qui leur a été prédit ; mes compagnons sont la garantie de
ma communauté, et quand mes compagnons s’en iront, il adviendra de
ma communauté ce qui lui a été prédit ».63
Partant de ces textes et bien d’autres, il n’est aucunement permis à
un musulman de prendre un verset ou un hadith et de l’interpréter
selon sa passion ou de sorte qu’il marie son avis.

Imam Ach-châtibiy() dit : « Ce que les générations d’après64


pourraient prendre pour un argument en faveur de ce qu’elles
prétendent, n’est en rien un argument, car si c’était un argument,
il n’aurait pas échappé à la compréhension des compagnons et de
ceux qui les suivirent, et ensuite que ceux-là le comprennent. Le

61 Sourate9 Verset100.
62 Rapporté par Alboukhâriy(2651) et Mouslim(2535).
63 Rapporté par Mouslim(2531).
64 C’est-à-dire les générations venues après les compagnons, les Tâbi’înes et les

grands Imams.

35
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

fait de mettre en application les textes ambigus d’une manière


différente de celle des prédécesseurs est une façon de contredire
leur consensus, et tout celui qui contredit le consensus est dans
l’erreur, or la communauté de Mouhammad ne s’unira jamais sur
l’égarement. Ce que les prédécesseurs feront, que ce soit un acte ou
une abstention, est la voie à suivre, la vérité et la guidée ; vu qu’il
n’y a que la vérité et l’erreur, toute personne qui contredira les
prédécesseurs est en erreur, et cela est suffisant. (…) Très souvent
tu trouveras les gens de l’innovation et de l’égarement utiliser le
Qour’âne et la Sounna comme arguments, mais en les tordant, de
sorte qu’ils soient conformes à leurs avis ; ils tirent des ambiguïtés
de ces deux sources (le Qour’âne et la Sounna), ils les lancent aux
visages des lambdas, pensant qu’ils sont sur une chose qui tient
(…). Beaucoup d’entre les sectes s’accrochent en réalité aux sens
apparents de certains textes tirés du Qour’âne ou de la Sounna
pour prouver l’authenticité de leurs avis, alors que leur
interprétation de ces textes n’a jamais été mentionnée et n’a jamais
effleuré l’esprit d’un des
prédécesseurs ».Almouwafaqat(Volume3/p.280-282)

Imam Ach-châtibiy(), en guise de conclusion du chapitre,


dit : « Pour tout cela, il est obligatoire pour toute personne qui
réfléchit pour mener une argumentation de prendre en compte la
compréhension des premiers musulmans et leur pratique, car cela
est plus à même de conduire à la vérité et plus intègre en science et
œuvre ».Almouwafaqat(Volume3/p.289)

36
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Al-Hâfiz Ibn Abdil-Hadiy()65 dit : « Il n’est pas permis de


forger, pour un verset ou un hadith, une interprétation à laquelle
les prédécesseurs n’adhéraient pas, qu’ils ne connaissaient pas et
qu’ils n’ont pas enseignée aux gens, car cela signifierait qu’ils ont
ignoré la vérité sur le point en question, qu’ils s’en sont égarés et
que l’antagoniste, qui est venu bien après, lui, l’a cernée ».Aç-
çârimoul mounkiy(p.318)

Imam Ibn Al-Qayyim()66 dit : « Forger une interprétation


au Livre d’Allah, contraire à celle des prédécesseurs et des Imams,
implique l’une des deux choses : soit l’interprétation est une erreur
à la base, soit les propos des prédécesseurs sont une erreur. Mais
toute personne dotée de raison sait qu’elle est plus digne d’être en
erreur que les prédécesseurs ».Moukhtaçarou Sawâ’iqil
moursala(Volume1/p.373)
En effet il n’est impossible à personne de prendre un verset ou un
hadith et de lui donner un sens allant avec son avis, du moment où
l’histoire a témoigné que même des mécréants, juifs, chrétiens et
autres, se sont souvent servis de versets pour appuyer leur
mécréance. Pour donc éviter qu’une personne s’adonne à cette
pratique, les textes nous astreignent à nous conformer à la
compréhension des premiers musulmans, à leurs têtes les
compagnons.

Imam Ach-châtibiy() dit : « Il est possible à toute personne


qui suit les textes ambigus, les détourne de leur contexte,
interprète les versets en leur donnant des sens qu’ils (les versets)

65 Il naquit en 705 et mourut en 744 H.


66 Il naquit en 691 et mourut en 751 H.

37
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

ne tolèrent nullement auprès des prédécesseurs, qui s’accroche aux


hadiths faibles ou qui se base juste sur son avis, d’utiliser, afin de
prouver l’authenticité de son acte, sa parole ou une croyance qui
marie ce qui lui convient, un verset ou un hadith qui n’accepte pas
cet acte, cette parole ou cette croyance en réalité. La preuve est que
toutes les sectes connues pour leur innovation essayent de prouver
leur innovation par un verset ou un hadith sans hésiter ».Al-
I’tiçâm(Volume2/p.125)

Imam Ach-châtibiy() dit encore : « C’est pour cela que tu ne


trouveras aucune secte d’entre les sectes égarées, ni aucun
protagoniste dans les règles d’ordre jurisprudentiel ou dogmatique,
qui est incapable d’appuyer son avis avec le sens apparent de
certains textes, comme nous l’avons déjà vu. Pire encore, nous
avons vu des pervers qui utilisent des arguments, qu’ils attribuent
à la loi islamique pure, pour appuyer leur pratique perverse, (…) il
est même possible qu’un chrétien utilise des textes pour montrer la
véracité de ce qu’il fait ».Almouwafaqat(Volume3/p.288)
En résumé, l’attitude des Mawlidistes se résume à suivre les
ambiguïtés et à délaisser les textes clairs sur l’interdiction d’innover,
or cette attitude est celle de ceux qui s’égarent.
Allah dit concernant ceux-là : C'est Lui qui a fait descendre sur toi le
Livre, et il s'y trouve des versets sans équivoque, qui sont la base du Livre,
et d'autres versets qui peuvent prêter à d'interprétations diverses. Ceux
qui ont au cœur une inclinaison vers l'égarement, mettent l'accent sur les
versets à équivoque, cherchant ainsi à semer le désordre en essayant de leur
trouver une interprétation, alors que nul n'en connaît l'interprétation, à
part Allah. Mais ceux qui sont bien enracinés dans la science disent :

38
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

“Nous y croyons, et tout ceci est de la part de notre Seigneur ! ” Mais,


seuls les doués d'intelligence s'en rappellent.67

Â’icha rapporte que le Prophète lit une fois ces versets et


dit : « Quand vous verrez des gens suivre les textes équivoques, voyez
clair en eux, c’est d’eux qu’Allah parle ».68
L’objectif de cette introduction est de faire comprendre aux lecteurs
que le fait de prendre un verset ou un hadith et de l’interpréter en
sa faveur est une chose aisée, et c’est pour éviter cette situation
qu’Allah et Son Messager nous ordonnent d’emboiter les pas de
ceux qui ont vu comment le Messager a vécu et ont entendu
comment il a expliqué les versets, c’est-à-dire les compagnons. Donc
pour toute ambigüité qui sera soulevée sur ce sujet ou sur un autre,
nous pouvons dire à son auteur : « De quel prédécesseur tu tiens
cela ? Le Messager, les califes ou le consensus des compagnons ? »
La seconde ruse des innovateurs est de se cacher derrière les erreurs
de certains savants pour prouver la légalité de leur pratique, comme
si les propos des savants, même dépourvus d’arguments, peuvent
être des sources de législation. Dans le démenti des ambigüités qui
suivent nous aurons l’occasion de traiter certains exemples de cette
ruse.
Les ambigüités proprement dites :
Voici une dizaine d’entre les ambigüités qu’utilisent certains pour
essayer de rendre légal le Mawlid. Nous avons été contraint à traiter
autant d’ambigüités parce qu’avec les nouvelles technologies de

Sourate3Verset7
67
68Rapporté par Alboukhâriy(4547), Mouslim(2665), Attirmidhiy(2993) et Abou
Daoud(4598)

39
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

l’information et de la communication, des idées et conceptions qui


n’auraient jamais effleuré l’esprit des gens de nos contrées sont
apparues et se sont répandues rapidement, notamment chez les
instruits, du fait de leur accès à la toile mondiale (internet).69
Il est évident que certaines explications que nous essayerons de
donner lors des démentis de ces idées pourraient ne pas être cernées
par certains de nos lecteurs. Donc si une telle situation venait à se
présenter, nous leur conseillons d’avoir à chaque instant à l’esprit ce
qui a été dit lors de la démonstration de l’illégalité de cette pratique
et dans la brève introduction que nous venons de faire.

La première ambiguïté et la réponse


Ambiguïté : Allah dit : Dis : “[Ceci provient] de la grâce d'Allah et de
Sa miséricorde ; Voilà de quoi ils devraient se réjouir. C'est bien mieux que
tout ce qu'ils amassent”.70
Les Mawlidistes disent que ce verset est une preuve du Mawlid, car la
miséricorde désigne le Messager, et Allah nous demande de nous en
réjouir, donc par conséquent on doit se réjouir de sa naissance.
Réponse : Cette lecture du verset est erronée car :
Premièrement : Cette interprétation du verset n’a été rapportée
d’aucun prédécesseur de la communauté ; or il n’est pas légal de
déduire d’un verset une sentence qui n’a jamais été rapportée du
Messager ou des prédécesseurs, car cela revient à dire que toutes
les générations passées étaient dans l’égarement, jusqu’à ce

69 L’internet est un couteau à double tranchant, car il peut guider comme il peut
égarer ; donc aux utilisateurs d’en prendre garde et de savoir que la science ne
s’obtient pas en tapant sur le clavier ou en se rendant sur les sites « islamiques ».
70 Sourate Verset
10 58

40
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

qu’apparaisse l’individu auteur du commentaire ou de la


déduction. Si ce verset est un argument du Mawlid, alors le
Messager, ses compagnons et tous les Imams sont des pécheurs
puisqu’ils ne l’ont pas exécuté !
Deuxièmement : Cette interprétation contredit l’avis des
prédécesseurs sur ce verset. En effet, dans les livres de Tafsir, nous
retrouvons que dans ce verset la « miséricorde » désigne le
Qour’âne, et il suffit de lire le verset qui précède celui-ci pour s’en
rendre compte.
Allah dit : Ô gens ! Une exhortation vous est venue de votre Seigneur,
ainsi qu’une guérison pour ce qui est dans les poitrines, un guide et une
miséricorde pour les croyants. Dis : “[Ceci provient] de la grâce d'Allah et
de Sa miséricorde ; Voilà de quoi ils devraient se réjouir. C'est bien mieux
que tout ce qu'ils amassent”.71
L’ « exhortation », le « remède des cœurs » et la « miséricorde » sont
tous des termes désignant le Qour’âne.

Imam Ibn Kathîr() dit : « Ce verset est similaire à la parole


d’Allah Nous faisons descendre du Qour’âne, ce qui est une
guérison et une miséricorde pour les croyants. Cependant, cela ne
fait qu'accroître la perdition des injustes. ainsi qu’à Sa parole :
Dis : “pour ceux qui croient, il est une guidée et une guérison”. .
Quant au verset 58 Dis : “[Ceci provient] de la grâce d'Allah et
de Sa miséricorde ; Voilà de quoi ils devraient se réjouir. C'est bien
mieux que tout ce qu'ils amassent”., il signifie ‘’C’est pour ce qui
leur est venu de la part d’Allah, comme guidée et religion de vérité,
qu’ils doivent se réjouir, c’est la plus grande chose qui mérite leur
réjouissance ».Tafsirou Ibn Kathîr(Volume7/p.370-371)

71 Sourate10Versets57-58

41
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Imam Ibn Djarir Attabariy()72 dit : « Allah dit à Son


Prophète Mouhammad ‘’Ô Mouhammad, dit à ces gens qui te
traitent de menteur et traitent de faux ce qui t’a été révélé de ton
Seigneur : Ô humains, c’est de la grâce qu’Allah vous a accordée,
c’est-à-dire l’Islam, qu’Il vous a expliqué, auquel Il vous a
appelés, et c’est de Sa miséricorde dont Il vous a gratifiés, qu’Il a
fait descendre sur vous et du fait qu’Il vous ait ainsi enseignés ce
que vous ne savez pas de Son Livre, c’est-à-dire ce Qour’âne,
Voilà de quoi ils devraient se réjouir. C'est bien mieux que tout ce
qu'ils amassent”. Allah veut dire que l’Islam auquel Il les a
appelés et le Qour’âne qu’Il leur a révélé sont meilleurs que ce
qu’ils amassent comme déchets de cette vie d’ici-bas, ses richesses
et ses trésors. C’est ce que nous venons de dire qui est l‘avis des
commentateurs ».Tafsirout-tabariy(Volume12/p.193)
Imam Al-Qourtoubiy rapporte le même avis dans son livre
Tafsiroul Qourtoubiy(Volume11/p.10-12).

Imam Ibn Al-Qayyim() dit : « Les propos des prédécesseurs


tournent autour du fait que ‘’la grâce d’Allah et Sa miséricorde’’,
dans ce verset, désignent l’Islam et la voie du
Messager ».Idjtimâ’oul Djouyouch(p.8)
Imam Attabariy, dans Tafsirout-tabariy(Volume12/p.193-198), a cité
les différents avis des prédécesseurs sur le sens du verset, et le
constat est qu’eux tous disent qu’on parle du Qour’âne et de l’Islam.
Troisièmement : Dans aucun texte, hadith comme verset, la
miséricorde n’a été liée à la naissance du Messager d’Allah, mais
plutôt à la prophétie qu’il a reçue ou au Qour’âne.

72 Il naquit en 224 et mourut en 310 H.

42
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Allah dit : Nous ne t’avons envoyé que comme miséricorde pour


l’humanité.73

Abou Hourayra rapporte que des gens ont dit au Messager d’Allah
d’invoquer Allah contre les mécréants et qu’il leur dit : « On ne m’a pas
envoyé comme maudisseur, mais on m’a plutôt envoyé comme
miséricorde ».74
La deuxième ambiguïté et la réponse
Ambiguïté : Le Messager d’Allah jeûnait les lundis, et quand il fut
interrogé sur la raison, il répondit : « Je suis né ce jour-là et j’ai reçu la
révélation ce jour-là ».75
D’après les Mawlidistes, le fait que le Messager ait jeûné ce jour est une
preuve solide.
Réponse : Nous pouvons répondre à cette ambiguïté en huit points :
Premièrement : Cette compréhension est inconnue des
prédécesseurs de la communauté.
Deuxièmement : Le hadith dit juste que le Messager a jeûné le
lundi parce qu’il y est né et y a reçu la prophétie. En quoi cela
concerne le Mawlid qui se tient le 12 Rabi’oul Awwal ? Lequel des
compagnons du Messager a déduit de ce hadith un argument
pouvant justifier le Mawlid ?
Troisièmement : A bien réfléchir, ce hadith est un argument contre
ceux qui célèbrent le Mawlid et non pas un argument pour eux. En
effet, en se contentant du jeûne du lundi et en ne faisant aucune

73 Sourate21Verset107
74 Rapporté par Mouslim(2599).
75 Rapporté par Mouslim(1162) d’après Abou Qatâda.

43
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

mention du Mawlid annuel, le Messager nous indique que le fait


de jeûner ce jour est la seule chose légiférée, donc la seule
susceptible de nous rapprocher du Paradis. Celui qui initie toute
autre chose que le simple jeûne, il aura certes essayé de devancer le
Messager d’Allah ou de le contredire.
Allah dit : Ô vous qui avez cru ! Ne devancez pas Allah et Son
Messager. Et craignez Allah. Allah est Audient et Omniscient.76
Quatrièmement : Dire qu’on peut faire le Mawlid sur la base de ce
hadith, revient à dire qu’on peut inventer une adoration en se
basant simplement sur une qui existe déjà. Donc on peut célébrer
l’anniversaire de toutes les batailles du Messager, on peut jeûner
le jour de l’ascension de Issâ, du moment où le Messager a jeuné
le jour où Allah donna la victoire à Moussâ sur Pharaon77 ; on
peut célébrer le jour où Daoud vainquit Djâlout (Goliath) ; on peut
jeûner le jour où Allah délivra Ayyoub de sa maladie…etc.
Ce que nous voulons montrer par ce point, c’est qu’ouvrir la porte à
ces genres de déductions aboutira à une dénaturation totale de la
religion, car chacun pourra inventer une pratique en se basant sur
quelque chose qui existe déjà.
Cinquièmement : Dire que le Mawlid et le jeûne du lundi sont tous
identiques sauf que c’est la forme qui diffère, revient à dire que la
légalité des cinq prières est synonyme de la légalité de la prière à
tout moment78, que la légalité du pèlerinage pendant les mois bien
connus, implique qu’il l’est le restant des mois de l’année, que le

76 Sourate49 Verset1
77 C’est-à-dire le jour de Achoura.
78 Or nous savons que la prière, malgré ses mérites et sa place, est formellement

interdite à certaines heures, de même que le jeûne, le pèlerinage…etc.

44
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

jeûne pendant le mois de Ramadan suppose qu’il est légal le restant


des mois de l’année...etc. ! Pourtant malgré le fait que la prière
s’accomplira telle quelle, que le jeûne sera fait naturellement, de
même que le pèlerinage, les Mawlidistes nous diront certainement
que cette déduction est fausse, parce qu’il y a des textes qui ont
spécifié des heures et/ou des mois pour la prière, le jeûne et le
pèlerinage, donc il ne sied pas de faire une extrapolation. Nous leur
dirons alors : « Il en est de même pour le Mawlid ; le Messager a
jeûné le lundi seulement, donc ne faites pas d’extrapolation ».
Sixièmement : Ce qui est surprenant, c’est que la plupart de ceux
qui appellent à la célébration du Mawlid ne jeûnent pas le lundi et
n’y incitent pas les gens, comme ils le font pour le Mawlid, alors que
c’est la seule pratique légiférée pour la naissance du Messager. A
ces gens nous devons dire Voulez-vous échanger le meilleur contre ce
qui lui est inférieur ?79
Septièmement : Si l’intention de ceux qui font le Mawlid est
réellement d’être reconnaissants envers Allah, les textes et même la
raison voudraient que leur remerciement soit à l’image de celui du
Messager d’Allah, car il est le plus reconnaissant des serviteurs, et
comme le dit Allah : Il y a certes pour vous un excellent modèle à
suivre dans le Messager d’Allah pour quiconque espère en Allah et au Jour
dernier.80
Qui est plus reconnaissant envers Allah que Son Messager ? Qui
espère pouvoir remercier Allah plus que ne l’a fait le Messager
d’Allah en se contentant de jeûner ?

79 Sourate2Verset61
80 Sourate33Verset21

45
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Huitièmement : Le Messager n’a pas jeûné le lundi juste parce


qu’il y est né, mais aussi parce qu’il y a reçu la révélation, comme
dit dans le hadith, et aussi parce que les œuvres y sont présentées à
Allah.

Oussama Ibn Zayd rapporte qu’il demanda au Prophète pourquoi il


jeûnait les lundis et jeudis. Il dit : « Pendant ces deux jours, on
présente les œuvres des serviteurs au Seigneur de l’univers. J’aimerais
donc que mes œuvres soient présentées alors que je jeûne ».81
Laquelle de ces caractéristiques se retrouve dans le 12 Rabi’oul
Awwal ? Aucune sans aucun doute, car il n’y est pas né et en plus le
Mawlid ne coïncide pas forcément avec le lundi.82

La troisième ambiguïté et la réponse


Ambiguïté : Le jeûne d’Achoura
Abdoullah Ibn Abbâs dit : « Quand le Prophète arriva à Médine et vit
les juifs jeûner le jour de Achoura, il dit : « Quel est ce jour ? » Ils dirent :
« Ceci est un grand jour : c’est le jour où Allah a sauvé Moussâ et son
peuple de leur ennemi et noya Pharaon et son peuple ; et Moussâ y a
observé le jeûne ». Le Messager dit alors : « Je suis plus digne de
Moussâ que vous ». Il jeûna alors ce jour et ordonna aux gens de le
jeûner ».83

81 Rapporté par Ahmad(21753), Abou Daoud(2436) et Annassâ’iy(2357), et


authentifié par Cheikh Al-Albâniy() dans Sahihou Abi
Daoud(Volume7/p.195/Hadith n°2105).
82 Chose étonnante, il y eut des gens qui ont déclaré « déconseillé » le jeûne du

lundi quand il coïncide avec le Mawlid, car il s’agirait d’un jour de fête à l’image
de la fête de l’immolation ou de la rupture. Soubhânallah !!!
83 Rapporté par Alboukhâriy(2004) et Mouslim(1130).

46
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

D’après les Mawlidistes, cela est la preuve que le Messager lie des dates
aux grands événements religieux, et qu’à chaque fois que cette date se
présente, c’est une occasion de la commémorer.
Réponse : Cette argumentation est fausse, car :
Premièrement : Qui a compris ainsi ce hadith parmi les
prédécesseurs ? Déduire le Mawlid d’un tel hadith est sans aucun
doute une manière de tordre le cou aux textes et d’user de la
passion pour les interpréter, tout en faisant fi des principes de
l’argumentation.
Deuxièmement : Ce hadith est en réalité un argument contre les
Mawlidistes. En effet, le fait que le Prophète ait institué le jeûne de
Achoura et qu’il n’ait rien institué pour la date de sa naissance est la
preuve que rien n’y est légiféré. Car de la même manière que nous
savons tous que le Messager n’a pas oublié de transmettre, de
cette même manière il est évident aussi qu’il n’a rien caché, c’est
juste que cette date n’a aucune valeur en Islam.
Troisièmement : Le fait qu’Allah ait révélé la date de la victoire de
Moussâ sur Pharaon, et n’ait rien dit sur les dates des grands
événements liés aux autres Prophètes et sur la date de naissance de
notre Messager est la preuve qu’Allah n’attend rien de Ses
serviteurs pendant ces dates, car ton Seigneur n'oublie rien84.

La quatrième ambiguïté et la réponse


L’ambiguïté : Beaucoup de savants, comme Assouyoutiy, l’ont autorisé.
Réponse : Cette argumentation est des plus dérisoires d’un point de
vue scientifique, car :

84 Sourate19Verset64.

47
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Premièrement : Le fait que certains savants l’aient autorisé n’est en


rien un argument, car il n’y a ni verset ni hadith qui renforce leur
avis. Dans le cas des questions sujettes à divergence, l’ordre
qu’Allah nous a donné est de les renvoyer au Qour’âne et à la
Sounna pour y chercher les arguments, et non pas suivre l’avis
qu’on veut, encore moins un avis sans argument.
Allah dit : Ô vous qui avez cru ! Obéissez à Allah et à Son Messager,
ainsi qu’à ceux qui détiennent le pouvoir parmi vous. Et si vous divergez
sur une question, alors ramenez-la à Allah et à Son Messager, si vous
croyez vraiment en Allah et au Jour dernier : ceci est meilleur pour vous, et
c’est la meilleure compréhension.85

Ibn Taymiyyah() dit : « Il n’est permis à personne d’utiliser


les paroles d’une autre personne dans les questions de divergence.
Il n’y a d’argument que dans un texte (Qour’âne ou Hadith), un
consensus des savants rapporté sur une question ou une preuve
déduite, mais pas juste les propos de certains savants. On a besoin
des arguments légaux pour prouver les propos des savants, et non
pas qu’on utilise les propos des savants pour annuler des
arguments légaux ».Majmou’oul Fatawa(Volume26/p.202-
203)
Donc nous comprenons de là que l’appréciation que fait un savant
ou un groupe de savants d’un acte, n’en fait pas une adoration, tant
qu’ils ne fournissent pas des preuves solides.
Deuxièmement : Même si des savants des générations d’après l’ont
autorisé, cela n’est pas un argument, car tous les compagnons, leurs
élèves et les Imams qui les suivirent n’ont jamais pensé au Mawlid à
l’unanimité. Et il ne saurait y avoir de comparaison entre les

85 Sourate4Verset59

48
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

premières générations et les dernières en matière de science,


d’obéissance au Messager et de crainte d’Allah.

Ibn Taymiyyah() dit en parlant des rassemblements innovés


et Mawlids : « Si des personnalités religieuses ont eu à le faire, il a
aussi été délaissé, jugé détesté et condamné par des gens qui, s’ils
ne sont pas mieux que les gens du premier groupe, ne leur sont pas
inférieurs. Même s’il venait à s’avérer qu’ils sont inférieurs, nous
dirons alors que les élites viennent de diverger sur la question,
donc elle doit être renvoyée auprès d’Allah et de Son Messager,
et là il s’avère que le Livre d’Allah et la Sounna du Messager
d’Allah sont avec ceux qui l’ont condamné, et non pas avec ceux
qui l’ont permis, de même que tous les prédécesseurs, qui sont
évidemment meilleurs que les contemporains ».Iqtidâ’ouç-çiratil
Moustaqîm(Volume2/p.613-614)
Ceci dit, le topo est que les dernières générations ont contredit la
totalité des savants des premières, or il ne fait aucun doute que sur
les questions religieuses, ceux qui sont proches de l’époque de la
prophétie sont plus proches de la vérité que ceux qui sont venus
après les multiples scissions et sectes.
Troisièmement : Les savants sur lesquels les gens se basent sur cette
question très souvent, tels que Assouyoutiy86, ont fait allusion au
Mawlid sous une forme totalement différente de celle des
Mawlidistes, qui s’adonnent à des pratiques allant de la perversité au
Chirk, en passant par l’innovation.
Mais à noter que même sans ces déviations le Mawlid reste interdit
car il demeure sans aucun argument.

86 Voir ses propos dans son épître Hassanoul Maqçid(Volume1/p.189).

49
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

La cinquième ambiguïté et la réponse


Ambiguïté : Le Mawlid est désormais une fête approuvée par tout le
monde et dans tous les pays.
Réponse : Cette argumentation est pire que tout ce qui a précédé,
car :
Premièrement : Le nombre n’a jamais été un argument dans les
questions religieuses en Islam, et Allah a blâmé ‘’le grand nombre’’
dans plusieurs versets.
Allah dit :
Et si tu obéis à la majorité de ceux qui sont sur la terre, ils t'égareront du
sentier d'Allah : ils ne suivent que la conjecture et ne font que fabriquer
des mensonges.87
Mais la plupart des gens ne sont pas reconnaissants.88
Mais la plupart des gens s'obstinent à être mécréants.89
Mais la plupart des gens n'y croient pas.90
Et la plupart des gens ne sont pas croyants malgré ton désir ardent.91
Telle est la religion droite ; mais la plupart des gens ne savent pas.92
Le Messager d’Allah aussi nous a expliqué que le grand nombre
n’est pas un argument, surtout à notre époque-ci.

87 Sourate6Verset116
88 Sourate2Verset243
89 Sourate Verset
17 89
90 Sourate Verset
40 59
91 Sourate Verset
12 103
92 Sourate Verset
12 40

50
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

D’après Abdoullah Ibn Mas’oud, le Messager d’Allah a dit :


« L’Islam a commencé étant étranger et il deviendra étranger comme il
l’était à son début. Annonce donc la bonne nouvelle aux étrangers ». Les
gens lui dirent : « Qui sont les étrangers, ô Messager d’Allah ? » Il dit :
« Ceux qui vont se faire vertueux lorsque les gens seront corrompus ».93
Dans la version de Amr Ibn Al-Âç, le Messager répondit : « Des
personnes vertueuses qui seront au milieu de beaucoup de mauvaises
personnes, et ceux qui leur désobéiront seront plus nombreux que ceux
qui leur obéiront ».94
La masse ignorante est donc plus synonyme d’égarement que de
guidée, ce qui lui fait perdre tout poids d’un point de vue juridique.
Deuxièmement : Le Messager a prédit qu’une époque viendra où
les innovations seront répandues au point où celui qui s’en
abstiendra sera vu comme l’égaré et l’innovateur, donc par
conséquent le fait que beaucoup s’y adonnent ne signifie rien.

Abdoullah Ibn Mas’oud95 dit : « Que feriez-vous si vous êtes envahis


par une « Fitna »96 dans laquelle l’adulte vieillira, l’enfant y sera élevé et
que les gens prendront comme une Sounna (voie à suivre
impérativement), et quand une personne en délaissera une chose, les gens
s’écriront : « la Sounna a été délaissée ». Les gens dirent à Abdoullah Ibn

93 Rapporté par Mouslim(145), Attirmidhiy(2629) et Ahmad(16690).


94 Rapporté par Ahmad(6650), Attabarâniy dans Al-Awsat(8986), et déclaré Bon
par Cheikh Al-Albâniy() dans Silsilatous-sahiha(Volume4/p.153/Hadith n°1619).
95 C’est une parole de Ibn Mas’oud, mais il s’agit d’une sentence du Messager

vu que les choses mentionnées ne peuvent être établies que par révélation. Il
s’agit d’un principe connu chez les savants de Hadith et de Ouçouloul Fiqh.
96 Le terme « Fitna » prend différents sens en fonction du contexte, mais il désigne

en général un fléau, une calamité, un malheur…etc. d’ordre spirituel. Ici il


désigne une pratique ou conception qui n’a aucune source en Islam.

51
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Mas’oud : « Quand arrivera cela ? » Il dit : « Quand vos savants s’en


iront, mais que vos lecteurs de Qour’âne seront nombreux, quand vos
doctes de la loi seront peu et que vos dirigeants seront nombreux, quand
les dignes de confiance seront peu et quand la vie d‘ici-bas sera
recherchée par les actes dédiés à l’au-delà et que les gens chercheront la
science pour une autre raison que la religion ».97
Ne nous empressons donc pas de démentir une chose juste parce
qu’elle nous est étrangère, encore moins de la prendre pour une
vérité absolue juste parce que nous en avons héritée de nos aïeux et
que beaucoup d’entre nous s’y adonnent.
Troisièmement : Il n’est pas intelligent de penser qu’une pratique
est légale juste parce que dans notre localité presque tout le monde
l’observe.

Ibn Taymiyyah() dit : « Celui qui croit que ces coutumes


contraires à la voie du Messager font l’objet d’un consensus,
pensant que la communauté les a acceptées et qu’elle ne les a pas
désavouées, il est en erreur dans sa supposition. Il n’a jamais
manqué et il ne manquera jamais une personne qui se lèvera pour
interdire toutes ces coutumes contredisant la voie du Messager.
Il n’est donc pas permis d’insinuer un consensus en se basant sur
ce qui se fait dans une ville d’entre les villes musulmanes ; et les
coutumes des autres alors ? Si la majorité des savants ne s’est pas
appuyée sur les pratiques des savants de Médine (qui était la ville
du Messager) et leur consensus du vivant même de Imam Mâlik
(…), comment le croyant savant pourra-t-il s’appuyer sur des
coutumes qui sont généralement l’œuvre de la masse ignorante,

97Rapporté par Al-Hâkim(8590) et Addârimiy(191), et authentifié par Cheikh Al-


Albâniy() dans Salâtout-tarâwih(p.5).

52
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

des gens sous le joug de la masse ou encore des gens ayant à leur
tête des ignorants qui ne sont pas ancrés dans la
science ?»Iqtidâ’ouç-çirâtil moustaqîm(Volume2/p.587-588)
La sixième ambiguïté et la réponse
Ambiguïté : Ibn Taymiyyah a autorisé le Mawlid.
Il a dit : « Il en est de même pour ce que les gens innovent, comme fête, en
imitation aux chrétiens qui célèbrent la naissance de Jésus, soit par amour
pour le Prophète soit en respect pour lui, il est possible qu’Allah les
récompense pour cet amour et l’effort… ».Iqtidâ’ouç-çirâtil
moustaqim(Volume2/p.619)
Il dit encore : « Les prédécesseurs ne l’ont pas fait, alors que les raisons
pouvant le justifier étaient déjà présentes et il n’y avait aucun
empêchement ».Iqtidâ’ouç-çirâtil moustaqim(Volume2/p.619)
Réponse : La réponse à cette ambigüité peut se faire en ces points :
Premièrement : A considérer que cette parole soit réellement de Ibn
Taymiyyah et qu’elle n’ait pas été retirée de son contexte, nous
rappellerons aux Mawlidistes qu’Ibn Taymiyyah, en soi, n’est pas un
argument, et qui mieux que lui le sait.

Ibn Taymiyyah() dit : « Il n’est permis à personne d’utiliser


les paroles d’une autre personne dans les questions de divergence.
Il n’y a d’argument que dans un texte (Qour’âne ou Hadith), un
consensus des savants rapporté sur une question ou une preuve
déduite, mais pas juste les propos de certains savants. On a besoin
des arguments légaux pour prouver les propos des savants, et non
pas qu’on utilise les propos des savants pour annuler des
arguments légaux ».Majmou’oul Fatawa(Volume26/202-203)

53
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Donc même venant de Ibn Taymiyyah, ou même de plus grand que


lui, le Mawlid restera et demeurera illégal et innové.98
Deuxièmement : Cette parole de Ibn Taymiyyah a été tronquée, les
parties dérangeantes ont été supprimées et elle a été traduite avec
passion et arrière-pensée. Voici ce qu’Ibn Taymiyyah a dit :99
« Il en est de même pour les fêtes que les gens innovent, en
imitation aux chrétiens qui célèbrent la naissance de Jésus, soit par
amour pour le Prophète, soit en respect pour lui ; il est possible
qu’Allah les récompense pour cet amour et l’effort, et non pas pour
leur innovation. Parmi ces fêtes, il y a par exemple le fait de
prendre le jour de la naissance du Messager pour un jour de fête,
alors que les gens divergent sur la date en question même. Les
prédécesseurs ne l’ont pas fait, alors que si c’était bien, les raisons
pouvant le justifier étaient déjà présentes et il n’y avait aucun
empêchement. Si cela était purement bien ou que le bien y était
dominant, les prédécesseurs seraient plus dignes de l’initier que
nous, car ils aimaient et respectaient le Messager d’Allah encore
plus que nous. La grandeur de l’amour et du respect qu’on lui
porte se manifeste dans le fait de le suivre, de lui obéir, de faire
revivre sa voie, en secret et en public, de répandre ce avec quoi il a
été envoyé, et de se lancer au combat pour cette cause avec le cœur,
la main et la langue. Telle était la voie des premiers, d’entre les
Mouhâdjirounes et les Ançars, et de ceux qui les suivirent avec
perfection. La majorité d’entre ces gens (ceux qui font les

98 Contrairement à ce que pensent certains, Ibn Taymiyyah n’est pas une preuve
de l’interdiction du Mawlid, mais plutôt les versets et hadiths que nous avons
exposés, comme celui disant « Toute chose nouvelle est une innovation, toute
innovation est égarement et tout égarement mène à l’Enfer ».
99 Ceux qui répandent cette ambigüité ont tronqué totalement les parties que nous

avons soulignées !

54
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Mawlids), tu les trouveras motivés pour ces genres d’innovations,


avec de bonnes intentions et beaucoup d’efforts, pour lesquels on
peut espérer pour eux une récompense, mais tu les trouveras
négligents au sujet du Messager dans les domaines où il leur a
été ordonné d’être motivés. Ils sont à l’image de celui qui embellit
le Qour’âne et ne le lit pas, celui qui le lit mais ne le suit pas, de
celui qui embellit une mosquée mais n’y prie pas ou y prie peu…
».Iqtidâ’ouç-çirâtil moustaqim(Volume2/p.619)
Il est donc évident que Ibn Taymiyyah voit cet acte comme une
innovation dont on doit s’éloigner.
Troisièmement : Personne n’a osé dire qu’Imam Ibn Taymiyyah
considère légal le Mawlid durant toute l’histoire, si ce n’est sept
siècles après sa mort, et ce par des gens dépourvus de toute
honnêteté intellectuelle, car la position de Ibn Taymiyyah sur le
Mawlid est claire et limpide dans ses écrits.
Il dit : « La même chose peut-être dite au sujet de la veillée du
Mawlid et autres. En effet, les choses nouvelles détestées sont toute
chose qui n’a pas été déclarée souhaitable dans la législation ; il
s’agit du fait d’initier une chose qu’Allah n’a pas autorisée. Toute
personne qui fait d’une pratique une œuvre religieuse et un moyen
de se rapprocher d’Allah, sans qu’il n’y ait une institution d’Allah
à ce sujet, est un innovateur et un égaré, et c’est de lui que le
Messager parle en disant que « toute innovation est un
égarement ». L’innovation est à l’opposé de la législation
divine ».Majmou’oul fatawa(Volume23/p.133)

Il dit encore : « Quant au fait de s’adonner à un rassemblement


autre que les rassemblements légiférés, comme lors de certaines
nuits de Rabi’oul Awwal, qu’on dit être la nuit de la naissance du

55
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Messager, certaines nuits de Radjab, le 18 Zoul hijja, le premier


vendredi de Radjab, le 8 Chawwâl, que certains ignorants
appellent la fête des vertueux, ils constituent des innovations que
les prédécesseurs n’ont pas déclarées souhaitables et n’ont pas
faites ».Majmou’oul fatawa(Volume25/p.298)
L’avis de Ibn Taymiyyah est limpide.
Quatrièmement : Quand Ibn Taymiyyah dit : « Il en est de même pour
les fêtes que les gens innovent, en imitation aux chrétiens qui célèbrent la
naissance de Jésus, soit par amour pour le Prophète, soit en respect pour
lui ; il est possible qu’Allah les récompense pour cet amour et l’effort, et
non pas pour leur innovation100 ». Il parle de l’ignorant ou de celui qui
s’est trompé, mais qui était motivé par une bonne intention. Il est
récompensé pour sa bonne intention, son erreur est pardonnée,
mais l’innovation restera interdite et il ne recevra aucune
récompense pour cela.
Il dit : « Il n’y a aucun doute que celui qui les célèbre (les fêtes
innovées), parce qu’il a mal interprété un texte après un effort de
réflexion ou parce qu’il a suivi aveuglement quelqu’un qu’il juge
plus savant que lui, aura une récompense pour sa bonne intention
et pour la partie de son acte conforme à la législation, et quant à la
partie innovée elle lui est pardonnée s’il a rempli les conditions du
Idjtihâd ou du Taqlid101. Tout ce qu’il y a comme bien dans ces

100 Ceux qui veulent induire les gens en erreur, suppriment volontairement la
portion « et non pas pour leur innovation ».
101 Le Taqlid est le fait de suivre l’avis d’un savant qu’on juge digne de confiance

sans connaitre son argument. Cela est permis pour l’ignorant qui n’est pas
capable de comprendre les argumentations, mais seulement le temps qu’ils
apprennent. Le Taqlid devient par contre interdit quand il a pour motivation le
fanatisme ou le suivisme aveugle. L’Idjtihâd est le fait de mener des réflexions sur
les textes religieux lorsqu’on remplit certaines conditions qui ont trait au savoir.

56
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

fêtes est dû au fait qu’elles renferment en partie des choses légales,


comme le jeûne, l’évocation d’Allah, la lecture du Qour’âne, les
génuflexions, les prosternations, les bonnes intentions dans
l’adoration d’Allah, dans Son obéissance et Ses invocations. Quant
à ce qu’elles renferment d’interdit, leurs conséquences sont effacées
grâce au pardon d’Allah, pour le fait que la personne ait fait un
Idjtihâd ou un Taqlid. Cela est valable pour tout ce qu’on peut
citer comme bien se trouvant dans certaines innovations
interdites ; mais cette portion de bien n’est en rien un prétexte
pour que ces fêtes ne soient pas dédaignées, interdites et délaissées
pour s’en tenir à ce qui est légiféré et ne comportant aucune
innovation. De la même manière qu’on retrouve cela (une portion
de bien dans l’innovation) chez ceux qui ont ajouté un Azan
pendant la prière des deux fêtes, même chez les juifs et les chrétiens
on trouve des bienfaits dans leurs actes d’adoration, car forcément
leurs actes renferment une part légiférée, de la même manière que
leur parole renferme quelques vérités rapportées des Prophètes.
Mais malgré tout cela, nous n’observerons pas leurs actes
d’adoration ni ne rapporterons leurs paroles, car toutes les
innovations renferment forcément un mal dominant le bien qu’il y
a, car si le bien y était dominant la législation islamique n’allait
pas les délaisser. Nous, nous utilisons le fait qu’elles (ces fêtes)
soient une innovation pour démontrer que son péché est plus
grand que son utilité, et c’est cela qui fait son interdiction. Son
péché peut être effacé, pour certaines personnes, pour le fait
qu’elles aient fait un Idjtihâd ou autre, de la même manière que le
péché de la forme d’usure ou du vin, faisant l’objet d’une
divergence, est effacé pour ceux qui ont fait un Idjtihâd parmi les
prédécesseurs ; mais avec tout cela, il demeure obligatoire
d’expliquer la réalité des choses aux gens, afin que personne

57
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

n’imite celui qui les a rendues licites par erreur dans son Idjtihâd,
et on ne doit pas être négligent dans la recherche de la science qui
fait la lumière sur la réalité des choses. Cet argument est suffisant
pour démontrer que ces innovations renferment des hérésies dans
le crédo ou dans les circonstances dans lesquelles elles sont tenues,
et qu’elles sont contraires à ce avec quoi le Messager est venu, et
que le bien qu’elles renferment est négligeable, et donc il ne doit
pas être utilisé comme prétexte ».Iqtidâ’ouç-çiratil
Moustaqîm(Volume2/p.612-613)
Cette parole d’Imam Ibn Taymiyyah n’est que l’explication d’un
hadith authentique du Messager.

D’après Amr Ibn Al-Âç, le Messager d’Allah a dit : « Lorsque le


juge tranche en faisant son effort de réflexion et parvient à la vérité, il a
deux récompenses, et s’il tranche en faisant son effort de réflexion et se
trompe, il a une récompense ».102
Ce hadith signifie que le savant qui se trompe, après de sincères
efforts pour parvenir à la vérité, de même que l’ignorant, qui est
motivé par une bonne intention et qui n’a pas été négligent dans sa
quête de la vérité, sont tous récompensés pour leur bonne intention,
mais pas pour l’erreur, qui leur est pardonnée d’ailleurs.
Tel est l’avis de tous les savants de la Sounna. Voir Alqawloul
moufid ala Kitabit-tawhid(Volume1/p.385-386) de Cheikh Ibn
Outheymîne, qui y explique la même chose.
Ibn Taymiyyah ne se contente pas de tout cela, mais il énumère en
plus quelques méfaits des Mawlids.

102 Rapporté par Alboukhâriy(7352) et Mouslim(1716).

58
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Il dit : « Quant à ce que renferment les fêtes innovées comme bien,


il est étouffé par les maux des innovations qui sont dominants,
comme le fait que les cœurs vont s’y attacher et vont s’en
contenter, au détriment de beaucoup d’actes méritoires, au point
où tu trouveras beaucoup de gens les observer d’une manière dont
ils n’observent pas les prières nocturnes de Ramadan et les cinq
prières. Il y a aussi le fait qu’à cause d’elles (les fêtes innovées), les
leaders et la masse vont moins s’adonner aux obligations et aux
actes méritoires et ne plus y trouver un goût. Tu peux trouver un
homme qui y fournit des efforts et y fait ce qu’il ne fait pas dans les
obligations ou les actes méritoires, comme si cette innovation était
une adoration pour lui et que les obligations ou les actes méritoires
sont des coutumes103, et cela est contraire à la religion. Il perd
ainsi ce qu’il y a dans les obligations ou les actes méritoires comme
pardon, miséricorde, adoucissement du cœur, pureté,
concentration, exaucement des invocations, les délices de la
conversation spirituelle et autres. Même s’il ne perd pas tout cela,
il perdra forcément une grande partie. Il y a aussi comme maux, le
fait que le bien devienne inconnu et déprécié et que le mal devienne
bien et apprécié, et tout ce que cela implique comme ignorance de
la plupart des gens de la réalité de la religion des envoyés et la
prolifération des graines de l’obscurantisme. Il y a aussi le fait
que…etc.104 ».Iqtidâ’ouç-çiratil Moustaqîm(Volume2/p.613-
615)

103 Cette parole est une vérité qui se voit sur ceux qui observent cette fête. La
prière, les jeûnes facultatifs, le respect des règles vestimentaires, des principes du
commerce, la recherche du savoir et autres, suscitent en eux moins d’intérêt et
d’engouement que le Mawlid et les autres innovations.
104 Il poursuivit ses critiques sur ces innovations…

59
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Note importante : Ibn Taymiyyah n’est pas la seule victime de cette


supercherie, d’autres de ses confrères ont subi le même sort. Nous
avons des cas encore plus flagrants, comme :
-Le cas de Ibn Kathîr à qui les Mawlidistes attribuèrent des livres
qu’il n’a jamais écrits, mais qui sont plutôt l’œuvre de Chamsoud-
dine Mouhammad Ibn Nâçirid-dine Addimachqiy ;
-Le cas de Imam Ach-chawkâniy à qui on a attribué une parole qui
se trouverait dans son livre Albadrout-tâli’, alors qu’elle ne s’y trouve
pas. En plus Imam Ach-chawkâniy est l’auteur d’une épître contre
le Mawlid qu’il entame par :
« Je n’ai jusqu’à là pas trouvé un seul argument établissant cela
que ce soit dans le Qour’âne, la Sounna, le consensus, l’analogie
ou une autre forme d’argumentation. Les musulmans sont plutôt
unanimes que cela ne s’est jamais fait dans la meilleure génération,
ni celle qui suivit ».
-Le cas de Ibn Al-Qayyim à qui on attribue une parole dans son
livre Madâridjous-sâlikîne, alors qu’elle ne s’y trouve pas.
Les mensonges et diffamations des innovateurs sur les savants, sur
ce sujet et sur tous les autres, sont nombreux.

La septième ambiguïté et la réponse


L’ambiguïté : Célébrer le Mawlid est une manifestation de l’amour que
nous avons pour le Messager, et seuls ceux qui ne l’aiment pas s’y
opposent.
Réponse : Cette justification ne tient pas car :
Premièrement : Le conflit n’est pas entre ceux qui aiment le
Messager et ceux qui ne l’aiment pas, mais entre ceux qui

60
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

prétendent l’aimer, tout en lui désobéissant, et ceux qui veulent se


contenter de ce qu’il a légiféré, du fait qu’il leur a interdit
l’innovation.
Deuxièmement : L’amour du Messager, à considérer qu’il soit réel,
n’est pas une excuse pour innover dans la religion d’Allah, au
contraire, cela doit être une force nous éloignant de toute
innovation.
Troisièmement : L’amour du Messager ne se manifeste pas par
l’innovation, mais en le suivant et lui obéissant.
Allah dit : Dis-leur : Si vous aimez réellement Allah, suivez-moi, et
Allah vous aimera et effacera vos péchés. Dis-leur : Obéissez à Allah et au
Messager ; et si vous vous détournez, sachez qu’Allah n’aime pas les
mécréants.105
Allah dit concernant les hypocrites : Et ils disent : “Nous croyons
en Allah et au Messager et nous obéissons”. Puis après cela, une partie
d'entre eux se détourne : ceux-là ne sont point les croyants. Et quand on
les appelle vers Allah et Son messager pour que celui-ci juge parmi eux,
voilà que quelques-uns d'entre eux s'éloignent. Mais s'ils ont raison sur la
question, ils viennent à lui totalement soumis. Y a-t-il une maladie dans
leurs cœurs ? Ou doutent-ils ? Ou craignent-ils qu'Allah les opprime,
ainsi que Son messager ? Non ! ...mais ce sont eux les injustes. Par contre
la seule parole des croyants, quand on les appelle vers Allah et Son
messager, pour que celui-ci juge parmi eux, est : “Nous avons entendu et
nous avons obéi”. Et voilà ceux qui réussissent.106
Ces versets montrent clairement que prétendre suivre et aimer le
Messager dans les propos, tout en lui désobéissant, est l’attitude

105 Sourate3Versets31-32
106 Sourate24Versets47-51

61
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

des hypocrites. Si l’amour de tous est réel, que tous se contentent


donc de le suivre et de lui obéir, sans innover ni se détourner, car
quel manque de respect envers lui serait plus grave que le fait de
vouloir instaurer des choses après lui ?
Quatrièmement : L’amour du Messager d’Allah doit être dans nos
cœurs toute l’année et à chaque instant, pas seulement pendant un
jour ou quelques heures. C’est justement ce qui explique le fait que
le Mawlid n’ait aucun effet sur les gens.

Cheikh Ibn Outheymîne()107 dit : « Le cas de ceux-là est


comparable au cas de ces gens qui organisent des Mawlids en
visant le bien, mais du fait qu’ils ont visé le bien au moyen d’actes
innovés, le mal résultant s’est avéré plus grand que le bien, car ces
Mawlids donnent de l’engouement illégal à une heure précise, et
ensuite cela est suivi d’une paresse et négligence illégale dans la
pratique religieuse tout le restant de l’année. C’est pour cela que tu
trouveras que ceux qui exagèrent dans ces innovations sont
négligents et moins motivés dans les actes légiférés. Ceci montre
que les innovations ont un impact sur les cœurs, et même si ses
initiateurs essayent de les embellir, au final elles ne feront
qu’égarer l’homme davantage, car le Prophète dit : « Et toute
innovation est égarement ».Alqawloul moufid ala Kitabit-
tawhid(Volume1/p.385)
Cinquièmement : Si le Mawlid est un acte montrant qu’on aime le
Messager et que ceux qui s’en abstiennent ne l’aiment pas, c’est
qu’alors ni ses compagnons ni les Imams ne l’aimaient réellement,
car aucun d’eux n’a fait de Mawlid. Mais quel musulman osera dire
cela ?!

107 Il naquit en 1347 et mourut en 1421 H.

62
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Sixièmement : Très souvent les gens s’adonnent au Mawlid, pas


parce qu’il est la preuve de leur amour pour le Messager, mais
parce qu’il est facile à faire et pour cacher leur manquement dans
l’observation des obligations qu’ils jugent dures.

Cheikh Mouhammad Rachid Ridâ()108 dit dans Zikral


mawlidin-nabawiy : « Il fait partie de la nature des hommes
d’exagérer dans l’extériorisation du respect des dirigeants de la
religion ou des affaires mondaines pendant leur situation de
faiblesse dans l’affaire religieuse ou mondaine en question, car
dans cette manifestation de respect il n’y a aucune difficulté ;
ainsi, ils remplacent par cela ce qui leur incombe comme actes
difficiles qui font l’essence de la religion ou de la vie. Mais en
réalité, le respect réel est celui qui pousse à l’obéissance de celui
qu’on respecte, à la loyauté et la sincérité envers lui et à
l’observation des actes qui soutiendront son affaire, renforceront sa
religion, s’il s’agit d’un prophète, et sa royauté, s’il s’agit d’un roi.
Les prédécesseurs respectaient le Prophète et les califes plus que
ceux qui vinrent après eux, et ne parlons même pas du sacrifice de
leurs biens et leurs personnes dans ce cadre ; mais malgré tout, en
matière d’extériorisation du respect par la bouche, ils sont en deçà
des gens des siècles-ci, pendant lesquels la religion fut négligée. Il
n’y a aucun doute que le grand Prophète est celui qui mérite le
plus d’être respecté, mais son respect réel ne signifie nullement
qu’on innove dans sa religion, par augmentation ou par
diminution, par permutation ou changement. Et la bonne
intention ne rend aucunement licite l’innovation dans la religion,
car la plupart des choses initiées par les gens d’avant nous (les
juifs, chrétiens et autres), comme changement dans leur religion,

108 Il naquit en 1282 et mourut en 1354 H.

63
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

c’était avec une bonne intention, et ils n’ont cessé d’innover dans
l’objectif de manifester leur respect et ce avec une bonne intention,
jusqu’à ce que leurs religions soient devenues totalement
différentes de ce qu’avaient apporté leurs Messagers. Si nos pieux
prédécesseurs s’étaient montrés négligents et complaisants comme
ceux-là et comme ceux qui les suivirent, empan pour empan,
coudée pour coudée, notre religion se serait détériorée ; mais fort
heureusement, les pieux prédécesseurs nous ont préservé tous les
fondements de la religion, donc ce qui nous incombe c’est de
retourner à cela et de nous y accrocher avec les molaires ».
La huitième ambiguïté et la réponse
Ambiguïté : Nous faisons le Mawlid pour nous rappeler du Messager
d’Allah, afin de le prendre comme modèle.
Réponse : Cette justification est aussi fausse que la précédente, car :
Premièrement : Le musulman doit avoir une pensée pour le
Messager à chaque instant de sa vie, pas pendant une nuit de
l’année.
Deuxièmement : On n’a pas besoin d’innover pour se rappeler du
Messager, car Allah et Son Messager ont déjà institué des
pratiques pour parvenir à cette fin, telles que l’Azan, l’Iqama, la
prière, les cours religieux, qui ne sauraient être faits sans mention
de son nom, les prières sur lui et bien d’autres. Si ces actes, se
répétant plusieurs fois dans la journée du musulman, ne lui ont pas
suffi pour se rappeler du Messager, alors rien ne lui fera se
rappeler de lui.
Troisièmement : Les compagnons aimaient, respectaient, imitaient
et se rappelaient du Messager mieux que n’importe qui, mais
pourtant ils n’ont jamais eu l’idée d’innover quelque chose pour
64
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

cela, ils se contentaient juste de ce que le Messager avait déjà mis


en place.
Quatrièmement : Le constat est que la plupart de ceux qui font la
promotion du Mawlid sont des gens qui n’imitent même pas le
Messager d’une manière correcte, ni dans l’apparence, ni dans
l’accoutrement, ni dans les actes d’adoration…etc. Si l’objectif du
Mawlid est réellement de motiver les gens à imiter le noble
Messager, il est alors temps que les Mawlidistes revoient leurs
méthodes et qu’ils reviennent à ce dont se contentaient Abou Bakr,
Oumar, Outhmâne, Aliy et tous les autres compagnons et Imams,
car leurs méthodes ont prouvé leur inefficacité.
Cinquièmement : Le fait de transformer notre religion en un
vêtement circonstanciel, qu’on porte certains jours et qu’on ôte
d’autres jours, n’est-il pas l’ultime objectif des ennemis de l’Islam ?
Qu’ont donc les Mawlidistes à vouloir œuvrer dans ce sens eux
aussi ?

La neuvième ambiguïté et la réponse


Ambiguïté : Il est rapporté qu’Ourwa a dit : « Thouwayba est une captive
de Abou Lahab. Abou Lahab l’a affranchie et elle allaita le Prophète.
Après la mort de Abou Lahab, un de ses proches le vit en rêve dans un
mauvais état et il lui dit : « Qu’est-ce que tu as trouvé après ta mort ? »
Abou Lahab dit : « Après vous avoir quitté, je n’ai trouvé aucun repos,
sauf qu’on me donne à boire un tout petit peu pour avoir affranchi
Thouwayba ».
Les Mawlidistes disent donc que si Allah a diminué au châtiment d’un
mécréant pour le fait qu’il ait manifesté sa joie suite à la naissance du
Messager, c’est que le musulman aura une récompense en faisant de
même.
65
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Réponse : Nous répondons ainsi :


Premièrement : Qui a compris le hadith de cette manière parmi les
prédécesseurs ?
Deuxièmement : Ce hadith n’est pas authentique car il est
Moursal109. Ourwa n’est pas un compagnon, mais plutôt un Tâbi’îne ;
or les propos qu’on lui attribue parlent d’événements qui datent de
bien avant sa naissance, ou même celle de ses parents.
Troisièmement : Même si le hadith était authentique, il ne pourrait
pas servir d’argument du moment où il s’agit d’un rêve, or un rêve
n’a aucun poids juridique, à l’unanimité des savants de l’Islam.
Quatrièmement : Ce hadith faible affirme qu’Abou Lahab affranchit
Thouwayba avant même qu’elle n’allaite le Messager, or ce qui est
connu auprès des historiens est que Abou Lahab l’a affranchie
longtemps après.110
Cinquièmement : Ce hadith affirme que les bonnes actions du
mécréant lui seront profitables, ce qui contredit le Qour’âne qui
nous dit : Nous avons considéré l'œuvre qu'ils ont accomplie et Nous
l'avons réduite en poussière éparpillée.111
La condition de validité première de toute adoration est l’Islam et la
pureté de la croyance, ce qui est absent chez le mécréant.112

L’une des catégories des hadiths faibles et inaptes à l’argumentation.


109

110 Voir Al-Içaba fi tamyiziç-çahâba(Volume4/p.250) de Ibn Hadjar Al-


Asqalâniy() et Al-Istî’âb(Volume1/p.12) de Ibn Abdil Barr().
111Sourate25Verset23
112 Mais pour le cas d’Abou Tâlib (pas Abou Lahab), il est authentiquement
rapporté que le Messager a intercédé en sa faveur pour que le châtiment lui soit
réduit et Allah a exaucé.

66
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Sixièmement : En plus du fait qu’il soit inapte pour l’argumentation,


à aucun endroit du hadith il n’a été dit qu’Abou Lahab l’a affranchie
parce qu’elle lui a annoncé la naissance du Messager, comme
l’affirment les Mawlidistes, c’est plutôt un mensonge ou une
mauvaise déduction.

La dixième ambiguïté et la réponse


Ambiguïté : Albayhaquiy rapporte que Anas Ibn Mâlik a dit que le
Messager d’Allah a refait son baptême après avoir reçu la prophétie.
Réponse
Ce hadith est faux. Sa chaine de rapporteurs comporte un homme
du nom de Abdoullah Ibn Mouharrar qui est très faible en matière
de hadith. Il est déclaré faux par Albayhaquiy lui-même, Ibn Hadjar
Al-Asqalâniy, Imam Annawawiy, Imam Albazzâr, Imam Azzahabiy
et bien d’autres.113

La onzième ambiguïté et la réponse


Ambiguïté : Lorsque Djibril, en compagnie du Messager, fit l’ascension
et le voyage nocturne (Isrâ’ et Mi’râdj), arrivé à Bethlehem, il demanda au
Messager de descendre de la monture pour prier. Après la prière, il lui
dit : « Sais-tu où tu viens de prier ? » Le Messager dit : « Allah est plus
savant ». Djibril répondit : « Tu viens de prier là où Jésus est né ».
Les Mawlidistes disent qu’il s’agit là d’une preuve qu’on peut inventer une
adoration pour commémorer la date d’une naissance.
Réponse

113Voir Talkhiçoul Habir(Volume4/p.269) de Ibn Hadjar Al-Asqalâniy(),


Almajmou’(Volume8/p.412) de Imam Annawawiy() et Sounanoul
Koubra(Volume9/p.505/Hadith n°19273) de Albayhaquiy().

67
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Premièrement : Cette version du hadith est fausse. Parmi les défauts


de sa chaine de transmission, il y a le fait qu’elle comporte un
homme du nom de Is’hâq Ibn Ibrahim Ibn Al-Âlâ’ Azzoubaydiy,
qui est très faible. La version est déclarée fausse par Imam Ibn
Kathîr, Imam Azzahabiy, Ibn Hibbâne, Imam Ach-chawkâniy, Ibn
Al-Djawziy et d’autres. Il est aussi rapporté par d’autres, mais avec
des chaines toutes extrêmement faibles.114
Deuxièmement : Ce hadith contredit une parole authentique du
Messager.

D’après Houzayfa Ibn Al-Yamâne, le Messager d’Allah a dit : « On


se présenta à moi avec Albourâq, animal blanc, plus grand que l’âne mais
plus petit que le mulet. Nous n’avons pas quitté son dos jusqu’à notre
arrivée à Baytoul maqdis (Jérusalem) ».115
Beaucoup de compagnons ont authentiquement rapporté l’histoire
de l’ascension sans citer cela.116
Donc il n’y a pas eu d’arrêt entre la Mecque et Jérusalem comme le
dit Allah : Gloire et Pureté à Celui qui de nuit, fit voyager Son serviteur
[Muhammad], de la Mosquée Al-Haram (de la Mecque) à la Mosquée Al-
Aqsa (de Jérusalem) dont Nous avons béni l'alentour, afin de lui faire voir
certaines de Nos merveilles.117

114Voir pour plus de détails Tafsirou Ibn Kathîr(Volume8/p.407) de Imam Ibn


Kathîr(), Al-Isrâ’ wal mi’râdj(p.69) de Cheikh Al-Albâniy() et Zâdoul
Ma’âd(Volume3/p.31) de Ibn Al-Qayyim().
115 Rapporté par Ahmad(23284), Attirmidhiy(3147) et Ibn Hibbâne(33).
116 Assahihou min Qissâtil Isrâ’i et Adda’ifou min Qissatil Isrâ’i de Cheikh Amr
Abdoul-Moun’im( ).
117 Sourate Verset
17 1

68
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Synthèse : Voici les quelques ambiguïtés que soulèvent les


Mawlidistes et le constat général que nous faisons est qu’il s’agit
soit de textes qui ne sont pas authentiques, soit de textes
authentiques qu’ils interprètent selon leurs passions, à l’habitude
des innovateurs.
Imam Ach-châtibiy() dit : « L’innovateur, parce que la
passion a pris le dessus sur lui et parce qu’il ignore la voie de la
Sounna, s’est imaginé que ce que sa raison lui montre est le droit
chemin et pas un autre ; il l’a donc suivi et a fini par s’écarter du
droit chemin et s’est égaré tout en pensant être sur la meilleure
voie. Il est comparable à celui qui marche la nuit sur la voie droite
mais qui n’a aucun guide ou repère pour s’orienter ; il n’est pas
loin de s’en écarter et de se retrouver à errer. L’innovateur dans
cette communauté ne s’est égaré que parce qu’il a suivi la passion
et les désirs de l’âme au lieu de se soumettre totalement aux
sentences d’Allah, et c’est cela la différence entre l’innovateur et
les autres. L’innovateur fait de sa passion son premier objectif et
ensuite il fait suivre les arguments ».Al-I’tiçâm(Volume1/p.230-
231)

Il dit encore : « Les innovateurs sont appelés « les gens des


passions » car ils ont suivi leurs passions, ils ne se sont pas
accrochés aux arguments religieux et ils n’ont pas manifesté leur
dépendance à leur endroit. Ils ont plutôt privilégié leurs passions,
se sont appuyés sur leurs avis et ils ont ensuite regardé les
arguments à la lumière de cela (leurs passions) ».Al-
I’tiçâm(Volume3/p.133)
Pour plus de détails sur les ambiguïtés et prétextes des Mawlidistes,
voir Arraddou alâ Choubouhât man adjâzal ihtifâl bil mawlid de Abou

69
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Mou’âz Assalafiy, Alhiwâroul wadjiz baynal mâni’ wal moudjiz de


Abou Ammâr Yâssir Ibn Mouhammad, Alqawloul asl fi houkmil
ihtifâli bi mawlidi khayrir-roussoul de Cheikh Ismâ’îl Al-Ançâriy ou
Rassâ’ilou fi houkmil ihtifâli bil mawlid regroupant les livres de
plusieurs savants sur la question sur plus de 900 pages. Nous nous
sommes beaucoup inspirés de ces livres pour la rédaction de cette
épitre.



70
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

V. Les dérives lors des célébrations du Mawlid 118


Dès lors que le Mawlid n’est pas une prescription islamique, il
faudrait s’attendre à des dérives et de néfastes conséquences.

1. L’exagération dans les éloges du Messager


Il n’est pas permis de dépasser certaines limites dans les éloges du
Messager d’Allah.

D’après Oumar, le Messager d’Allah dit : « N’exagérez pas dans


mon éloge, comme ont exagéré les chrétiens au sujet du fils de Maryam.
Je ne suis qu’un serviteur, dites donc : serviteur et Messager d’Allah ».119

Abdoullah Ibn Abbâs rapporte que le Messager d’Allah lui a dit :


« Je vous mets en garde contre l’exagération dans la religion ; ceux qui
étaient avant vous n’ont été détruits que par l’exagération dans la
religion ».120
Mais lors des cérémonies du Mawlid, ces limites sont oubliées et
plusieurs blasphèmes sont proférés, comme :
-L’invocation du Messager

118 Par la grâce d’Allah, tout ce que nous dirons dans ce chapitre, nous pourrons le
prouver avec des vidéos et photos à l’appui. Ces choses se retrouvent aussi dans
les documents spécialement écrits pour le Mawlid par ses défenseurs. Ce sont des
documents qui renferment les histoires à y conter, les poèmes à y lire et l’attitude
à y tenir. Nous avons à titre d’exemples, Albourda, Mawlidoul Manâwiy, Mawlidoul
Idroussiy, Mawlidoul Barzandjiy, Mawlidoul Bour’iy, Mawlidoud-dassouqiy…etc.
119 Rapporté par Alboukhâriy(3445).
120 Rapporté par Annassâ’iy(3057) et Ibn Mâdja(3029), et authentifié par Cheikh

Al-Albâniy() dans Zilâloul Djanna(p.46/Hadith n°98).

71
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Il est dit dans le poème Albourda(p.8) : « Ô la plus noble des créatures,


où chercherais-je protection, en cas de grand malheur, si ce n’est auprès de
toi ».
Alors que seul Allah doit être invoqué.
- Le fait de conférer au Messager des attributs d’Allah.
Il est dit dans Albourda(p.8) : « Parmi tes bienfaits, il y a la vie d’ici-bas
et sa coépouse (l’au-delà), et parmi tes connaissances il y a la science de ce
qu’il y a sur les tablettes préservées et ce que la plume a écrit ».
Alors qu’Allah dit concernant les deux mondes : A Allah
appartiennent la vie future et la vie d'ici-bas.121
Allah dit concernant la science de l’invisible : Dis : “Nul de ceux
qui sont dans les cieux et sur la terre ne connaît l'inconnaissable, à part
Allah”. Et ils ne savent pas quand ils seront ressuscités !122
-Prétendre que le Messager fut créé de lumière et qu’il est la
première des créatures, bien avant la plume, les anges, les tablettes,
les cieux…etc.
-Prétendre que quand Âmina prit la grossesse du Messager, Allah
décréta que toutes les femmes enceintes accoucheront des hommes,
les portes des cieux s’ouvrirent, les animaux des Qouraychites
parlèrent, les animaux sauvages de l’orient véhiculèrent
l’information jusqu’à l’occident, toutes les maisons furent
illuminées, Maryam et Âssiya vinrent assister à la naissance…etc.
-Dire que le Messager n’a pas d’ombre, car sa lumière fait éclipser
celle du soleil et de toute source lumineuse.

121 Sourate53Verset25
122 Sourate27Verset65

72
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

-Prétendre qu’Allah redonna vit aux parents du Messager d’Allah


afin qu’ils croient en Lui et ensuite Il les fit mourir.
-Prétendre que le Messager d’Allah vient assister aux cérémonies
de Mawlid. Pour cela, à un moment des festivités, ceux qui assistent
se mettront debout en guise de salutation au Messager qui vient
d’arriver, d’après eux.
Et bien d’autres fables qui n’ont d’objectif que ternir l’image de
l’Islam et faire passer ses adeptes pour des écervelés et des faibles
d’esprit.

2. Le culte des saints et l’adoration des tombes


Le culte des saints et l’adoration des tombes sont des pratiques qui
sont formellement interdites en Islam.

D’après Â’icha, le Prophète, lors de sa maladie qui entraina sa


mort, a dit : « Qu’Allah maudisse les juifs et les chrétiens ; ils ont pris les
tombes de leurs envoyés comme lieu de culte ».123

Â’icha raconte encore : « Lors de la maladie du Prophète, une de ses


femmes évoqua une église se trouvant dans une contrée de l’Abyssinie.
Oum Salama et Oum Habiba, ayant elles aussi été là-bas, se mirent à
parler de sa beauté et des images s’y trouvant. Le Prophète leva donc
sa tête et dit : « Ceux-là, quand un homme vertueux d’entre eux meurt,
ils construisent un lieu de culte sur sa tombe et y mettent ces images ;
ceux-là seront les pires des gens le Jour de la Résurrection ».124

123 Rapporté par Alboukhâriy(1330) et Mouslim(529)


124 Rapporté par Alboukhâriy(427) et Mouslim(528)

73
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Djoundoub dit : « J’ai entendu le Prophète, cinq jours avant sa


mort, dire : « Sachez que ceux qui vous ont devancé prenaient les tombes
de leurs envoyés et hommes vertueux comme lieu de culte. Ne prenez pas
les tombes comme lieu de culte ; je vous l’interdis formellement ».125
Ces hadiths concernent le simple fait de prendre la tombe comme
lieu de culte, qu’en est-il du fait d’invoquer donc le mort ? Sans nul
doute qu’il s’agit d’un acte de polythéisme faisant sortir de l’Islam.
Pourtant pendant les cérémonies de Mawlid, l’adoration des tombes
est l’une des activités auxquelles les gens s’adonnent le plus dans
certaines localités. Nous avons à titre d’exemple la tombe ou le
mausolée de Aboubacar Hassoumi au village de Kiota126, celle de
Ibrahim Niass à Kaolack au Sénégal, celle de Ahmad Tîdjâne à Fès
au Maroc…etc. Devant ces lieux se tiennent des adeptes des sectes
soufies pour invoquer les Chouyoukh morts !127
Ce culte des saints devient encore plus évident pendant les Mawlids
organisés en l’honneur des différents Chouyoukh du soufisme.128

3. Le voyage vers d’autres mosquées que les trois saintes


Il est interdit en Islam de faire ses bagages pour se rendre dans une
mosquée précise, autre que celle de la Mecque, de Médine et de

125Rapporté par Mouslim(532).


126Il est situé à 150 kilomètres au Nord-est de Niamey.
127 Par la grâce d’Allah, nous disposons des vidéos prouvant ce que nous

affirmons.
128 Quel verset ou hadith tordront-ils encore pour justifier les Mawlids des

« saints » ?!

74
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Jérusalem, avec l’intention d’y accomplir une adoration ou en se


mettant en tête que la prière y est plus méritoire.129

D’après Abou Hourayra, le Messager d’Allah a dit : « Ne faites vos


bagages que pour vous rendre dans trois mosquées : la mosquée de la
Mecque, la mosquée du Messager et la mosquée de Jérusalem ».130
Pourtant pour les cérémonies du Mawlid, il y a, dans presque tous
les pays, des localités privilégiées où se rendent les gens pour
l’occasion.

4. La propagation des hadiths mensongers


En Islam, transmettre de fausses informations ou des informations
non-vérifiées est un grand péché, surtout quand ce mensonge
concerne Allah ou Son Messager.
Allah dit : Dis : “Mon Seigneur n'a interdit que les turpitudes (les
grands péchés), tant apparentes que secrètes, de même que le péché,
l'agression sans droit et d'associer à Allah ce dont Il n'a fait descendre
aucune preuve, et de dire sur Allah ce que vous ne savez pas”.131

Abou Qatâda dit : « J’ai entendu le Prophète, arrêté sur ce minbar,


dire : « Ô hommes ! Je vous mets en garde contre le fait de trop
m’attribuer des paroles. Quiconque veut dire quelque chose à mon sujet,
qu’il ne dise que la vérité. Celui qui dira ce que je n’ai pas dit, qu’il
prépare sa place en Enfer ».132

129 Mais cela est permis pour le cas de la recherche du savoir ou dans le cadre
d’une formation, car dans ces cas la mosquée n’est pas l’objectif, mais juste un
moyen pour l’atteindre.
130 Rapporté par Alboukhâriy(1189) et Mouslim(1397).
131 Sourate Verset
7 22
132 Rapporté par Ahmad(22032), Addârimiy(237) et Ibn Mâdja(35).

75
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Abdoullah Ibn Amr rapporte que le Messager a dit : « Transmettez


de ma part ne serait-ce qu’un verset, et rapportez des enfants d’Israël
leurs récits, il n’y a aucun problème à cela ; mais quiconque ment sur moi
qu’il prépare sa place en Enfer ».133
Tous les savants sont unanimes sur l’interdiction d’attribuer au
Messager d’Allah toute parole mensongère.
Les cérémonies du Mawlid sont des occasions pendant lesquelles les
gens véhiculent un très grand nombre de hadiths mensongers et de
fables.

5. La mixité
Généralement les cérémonies du Mawlid se tiennent dans une
ambiance mixte, sans aucune démarcation entre les hommes et les
femmes, et peu d’entre ces femmes portent le voile islamique légal,
et peu d’entre ces hommes s’imposent les règles islamiques. Dans
une telle situation les frottements, les attouchements et autres
péchés sont inévitables. Plus écœurant encore, les organisateurs de
ces cérémonies n’interpellent jamais les femmes sur leur
accoutrement, ni ne commandent aux hommes de s’écarter d’elles.

6. L’utilisation des instruments de musique et la danse


Pendant les cérémonies du Mawlid, les gens s’adonnent à des chants
avec instruments de musique et des danses.134

Ce hadith est rapporté par plus de soixante-dix compagnons. Voir Tourouq hadith
Man kazaba alayya de Imam Attabarâniy().
133 Rapporté par Alboukhâriy(3461) et Ahmad(6198).
134 Ce que les gens appellent généralement « cantiques islamiques ».

76
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Cheikh Mouhammad Rachid Ridâ() dit : « Les Mawlids sont


des marchés de perversité, avec des tentes pour prostituées, des
coins d’alcool et de danses où les hommes se rassemblent pour
apprécier les danseuses impudiques, habillées mais nues, et un lieu
pour d’autres types de débauches dans les paroles et les actes, pour
faire rire les gens ».Al-Manâr(Volume2/p.74)
7. Le dépouillement des fidèles
Il n’est un secret pour personne que l’une des raisons qui explique
la perpétuation du Mawlid est le gain que les Chouyoukh et leurs
proches tirent des cérémonies pendant lesquelles leurs victimes se
présentent à eux avec des dons et des sommes importantes.135 Ces
gains sont cependant illicites car ils sont les fruits des fables qu’ils
racontent aux serviteurs et souvent ce sont des frais obligatoires
pour parvenir au Cheikh et le toucher. C’est un fait qui est bien
connu chez les soufis, principaux partisans du Mawlid.
L’un d’eux affirme : « Il fait partie des bonnes attitudes que doit
avoir celui qui est avec les saints, de ne pas garder pour lui seul
une nourriture, un habit ou une femme. Qu’il ne les prive de rien
d’entre les déchets mondains. Le Cheikh Youssouf Al-Ajamiy
disait à ses gardiens : « Quand quelqu’un tape à la porte, regardez
par le judas de la porte ; si vous le voyez avec un présent pour les
fouqaras136, alors ouvrez-lui, sinon n’ouvrez pas car il s’agit de
visites vaines ». Quand des gens lui firent des remarques sur ses
propos, il répondit : « Notre bien le plus précieux est notre temps,
et le bien le plus précieux des fils de la vie mondaine est leurs

135 Dans certaines localités il arrive même que ces Chouyoukh décident d’étaler le
Mawlid sur plusieurs jours pour que les fidèles puissent faire leur tour et que
chacun d’eux (les Chouyoukh) ait sa part de déchets mondains.
136 Terme que les soufis utilisent pour se désigner.

77
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

biens. S’ils nous du plus précieux de leurs biens, nous leur


donnerons du plus précieux de notre bien ».Addourratoul
kharida(Volume3/p.93)137
Synthèse : Même si le Mawlid était une chose permise, les savants
sont unanimes qu’il serait devenu interdit, au vu du mal et des
péchés qui en découlent.



Il s’agit d’un document de référence de la secte soufie Tidjâniyyah. Il est écrit


137

par Mouhammad Fathâ Assousiy Attidjâniy.

78
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

VI. Récapitulatif
Après un aperçu historique sur l’origine du Mawlid, un
argumentaire montrant son illégalité et le fait qu’il s’agisse d’une
innovation et enfin un démenti des différentes ambiguïtés que
soulèvent les Mawlidistes, nous pouvons retenir ce qui suit :

1. Le Mawlid n’est pas connu du Messager d’Allah, des


compagnons, de leurs élèves et des quatre Imams ;
2. Le Mawlid est apparu après les trois vertueuses générations qui
sont la référence de l’Islam ;
3. Le Mawlid a été innové par une secte mécréante, à savoir les
Oubeydiyyah ;
4. Ceux qui promeuvent le Mawlid n’ont aucun argument sur lequel
ils se basent si ce ne sont des interprétations des plus dangereuses,
car ouvrant la porte vers tout égarement, et inconnues des
musulmans pendant des siècles ;
5. Le Mawlid est une occasion pendant laquelle sont promus
différentes formes de Chirk, des mensonges sur le Messager
d’Allah et la perversité.
En résumé, le Mawlid, quel que soit la manière dont il est organisé et
le motif, n’est pas une pratique islamique et il est à délaisser par
tous.



79
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Conclusion
Par la grâce d’Allah, ici prend fin ce modeste travail. Nous prions le
lecteur de nous faire part de toute remarque, suggestion ou erreur
qu’il aurait vue, car Allah n’a prescrit la perfection qu’au compte
de Son Noble Livre, le Qour’âne. Si par contre ses inquiétudes se
situent au niveau d’un avis qu’il trouve inexact, qu’il nous fasse
parvenir son avis suivi d’arguments clairs, authentiques et
pertinents. Tout ceci afin que le livre soit de plus en plus bénéfique
au fil des éditions.
Acheminez vos suggestions, remarques et inquiétudes à l’adresse
suivante :
: (+226) 65572727 ou (+227) 88112886
: [email protected] ou [email protected]
Je ne veux que la réforme, autant que je le puis. Et ma réussite ne dépend
que d'Allah. En Lui je place ma confiance, et c'est vers Lui que je reviens
repentant.
Louange à Allah et que la paix et le salut soient sur Mouhammad.
Âmîne !!!

80
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Bibliographie
Aç-çârimoul Mounkiy de Al-Hâfiz Ibn Abdil-Hadiy, Ed.
Mou’assassatour-rayyâne. (Première édition 1424 H)
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Adda’ifou min Qissatil Isrâ’ de Cheikh Amr Abdoul-Moun’im, Ed.
Dârous-sahaba. (Première édition 1413 H)
Addawlatoul Fâtimiyyah de Cheikh Aliy Mouhammad Aç-çallâbiy,
Ed. Mou’assassatou Iqra’. (Première édition 1427 H)
Ahsanoul kalâm de Cheikh Mouhammad Almouti’iy, Ed. Matba’a
Kourdistan Al-Ilmiyyah. (Edition 1329 H)
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Almadkhal de Ibn Al-Hajj, Ed. Maktabatou Dârit-tourâth
Almajmou’ de Imam Annawawiy, Ed. Maktabatoul Irchâd.

81
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Almawâ’iz wal I’tibar de Taqiyyoud-dîne Almaqriziy, Ed. Dârou Sâdir


Almawrid fî amalil mawlid de Imam Al-Fakihâniyn, Ed. Maktabatoul
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Almou’jamoul Awsat de Aboul Qâssim Attabarâniy, Ed. Dâroul
Haramayni. (Edition 1415 H).
Almouwâfaqât de Ach-châtibiy, Ed. Darou Ibn Affâne. (Première
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Dâroul Âçima. (Première édition 1415 H)
Arrahiqoul Makhtoum de Cheikh Safiyyour-rahmâne Al-
Moubârakafouriy, Ed. Dâroul Wafâ. (Vingt-unième édition 1431 H)
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Dârous-sahaba. (Première édition 1413 H)
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Alhawâmidiy, Ed. Maktabatous-saffâ. (Edition 2007)
Djâmi’oul Ouloum wal Hikam de Ibn Radjab, Ed. Mou’assassatour-
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koutounil arabiyyah
Idjtimâ’oul Djouyouch de Ibn Al-Qayyim, Ed. Dâroul Bayâne.
(Troisième édition 1421 H)
Iqtidâ’ouç-çirâtil moustaqim de Imam Ibn Taymiyyah, Ed.
Maktabatour-rouch
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Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Majmou’oul Fatâwa de Imam Abdoul-Halim Ibn Taymiyyah, Ed. Al-


Malik Fahd.
Mou’jamoul-loughatil arabiyyatil mou’âçira de Dr Ahmad Moukhtâr
Oumar, Ed. Âlamoul koutoub. (Première édition 1429 H)
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Sahihou Mouslim de Mouslim Ibn Hajjâj, Ed. Dârou Tayba. (Première
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Maktabatour-rouchd. (Edition 2006)
Salâtout-tarâwih de Cheikh Al-Albâniy, Ed. Maktaboul islamiy
Silsilatoul Ahâdithis-sahiha de Cheikh Mouhammad Nâçiroud-dine
Al-Albâniy, Ed. Maktabatoul ma’ârif
Siyarou A’lamin-noubalâ’ de Imam Azzahabiy, Ed. Mou’assassatour-
rissâla
Soubhoul A’châ fi Sinâ’ati Al-Inchâ de Abou Al-Abbas
Alqalqachandiy, Ed. Dâroul koutoubil Miçriyya. (Edition 1430 H)
Sounanou Abi Daoud de Abou Daoud Souleymane Ibn Al’Ach’ath,
Ed. Maktabatoul ma’ârif. (Edition 1424 H)
Sounanou Annassâ’iy, de Abou Abdourrahmâne Ahmad Ibn
Chouayb, Ed. Maktabatoul ma’ârif.
Sounanou Ibn Mâdja, de Abou Abdoullah Mouhammad Ibn Yazîd,
Maktabatoul ma’ârif.
Sounanoul Bayhaquiy de Abou Bakr Ahmad Albayhaquiy, Ed. Dâroul
koutoubil Ilmiyyah. (Troisième édition 1424 H)

83
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Sounanoul Koubra de Abou Abdourrahmâne Ahmad Ibn Chouayb,


Ed. Mou’assassatour-rissâla. (Première édition 1421 H)
Sounanoul Koubra de Abou Abdourrahmâne Ahmad Ibn Chouayb,
Ed. Mou’assassatour-rissâla. (Première édition 1421 H)
Sounanout-tirmidhiy de Mouhammad Ibn Issa Attirmidhiy, Ed.
Maktabatoul ma’ârif.
Tafsirou Ibn Kathîr de Imam Ismâ’îl Ibn Kathîr, Ed. Mou’assassatou
Qourtouba. (Première édition 1421 H)
Tafsiroul Qourtoubiy de Mouhammad Ibn Ahmad Al-Qourtoubiy,
Ed. Mou’assasatour-rissâla (Première édition 1427 H)
Tafsirout-tabariy de Ibn Djarir Attabariy, Ed. Darou Hadjr. (Première
édition 1422 H)
Talkhiçoul Habir de Al-Hâfiz Ibn Hadjar Al-Asqalâniy, Ed.
Mou’assassatou Qourtaba. (Première édition 1416 H)
Târikhoul Khoulafâ’ de Djalâloud-dine Assouyoutiy, Ed. Ministère
Qatari des affaires religieuses. (Première édition 1434 H)
Wafayâtoul A’yâne de Ibn Khallikâne, Ed. Dârou Sadir. (Edition 1990-
1994)
Zâdoul ma’âd de Ibn Qayyim Aljawziyya, Ed. Mou’assasatour-rissâla.
(Deuxième édition 1986)

84
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Lexique
 : Se met devant le nom Allah, et signifie Exalté soit-Il.
 : Se met devant le nom du Prophète, et signifie Paix et salut d’Allah
sur lui.
: Se met devant le nom d’un savant mort, et signifie Qu’Allah
lui fasse miséricorde.
: Se met devant le nom d’un savant vivant, et signifie Qu’Allah
le préserve.

85
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

86
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

87
Le Mawlid sur la balance du Qour’âne et de la Sounna

Abdoullah Ibn Mas’oud dit : « Que feriez-


vous si vous êtes envahis par un fléau dans
lequel l’adulte vieillira, l’enfant y sera élevé
et que les gens prendront comme une Sounna
(voie à suivre impérativement), et quand une
personne en délaissera une chose, les gens
s’écriront : « la Sounna a été délaissée ? »
Rapporté par Al-Hâkim(8590) et Addârimiy(191).

Parmi les actes qui sont tel que décrits par


Abdoullah Ibn Mas’oud, nous avons le
Mawlid qui est devenu une « fête »
islamique et un jour des plus spéciaux.
Pourtant il n’a jamais été célébré par le
Messager, ses compagnons, les quatre
Imams…etc.
Dans ce livret nous nous proposons une
recherche sur les tenants et aboutissants de
cette « fête » pour parvenir à la seule vérité.

Editions88Almisbâh

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