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Tt'!l : 21-2 :J-,I, I. T(Jt:()-'"f~!''' "r,-t en
Etienne Elom F.AHIAKO
Centre ORSTOM de Lomé, B.P. 375 Lomé.
Tél: 21-23-44. TOGO-West Africa

First Meeting of Afro-American Cultures


2-7 August,Buenos Aires 1991
LE DIEU VODU
PRESENTATION

Nous ne pouvons pas d'emblée accepter et aff i rmer qu' il


existe le terme "Vodu". Tel que nous acceptons tous en exemple
que l'arbre en tant que terme, en prenant cet exemple, produit
la planche, le bois et ce dernier fourni des meubles et du
charbon, il n'en exi ste pas chez le "Vodu ". Le terme "Vodu"
n'existe pas au sens vrai.

B. GILLI nous dit ceci: «l'extension du terme vodu a une


myriade de faits et de réalités a fini par nuire à la
compréhension et à la signification originaire du mot. Ainsi,
me disait un de mes informateurs "Au début, ce n'était pas
comme ça. Les vodu n'étaient pas nombreux et les gens les
craignaient Maintenant, on appelle trop de choses
Vodu ... »(1)

Déchi ffrer, déconnecter le mot pour une meilleure


compréhension li ttérai re devient impossi ble. Selon ma propre
perception, étymologiquement Vodu (2) se traduit en deux mots.
Vo = libre, liberté en soi, indépendance et Du = pays, cité,
ville, village ou ferme (lieu d'habitation). Vo-du c'est
d'être libre et mieux vivre chez soi ou encore être à l'aise
dans son lieu d'habitationj on peut aussi dire avoir une
liberté pour fonder, créer une cité. Même le terme Vodu est
difficile à traduire dans les milieux traditionnels. A la
question de savoir ce qu'est le mot Vodu, les praticiens à
nous répondre, disent souvent qu'ils sont des choses qui
aident à mieux vivre dans son lieu = Vo-du. Dans cette
optique, nous pouvons accepter le terme Vodu mais au pluriel
c'est-à-dire les Vodu car le terme n'est pas attribué à un
objet propre.

Ainsi les Vodu sont des enti tés mystérieuses qui


facilitent la meilleure vie et favorisent une meilleure
position dans son environnement.

Pour Goudabla K. KLIGUEH, le mot Vodu, d'origine Adza-


Tado, est composé de deux mots Evo ou Vodzi et Edu (lire
Edou). "Evo ou Vodzi Il en langage du Fa (ou langage rel ig ieux)
signifie l'inconnu, l'invisiblej le devenir, un devenir
que l'on ne connaît pas et que l'on ne peut éventuellement
chercher. Il Edu" signifie monde, ville, village natal, pays
d'origine ou encore communauté. Le terme qui est contracté

(1) B. GILLI - Hevieso et le bon ordre du monde approche


d'une religion africaine. Mémoire pour l'obtention du diplôme
de l'EHESS ( Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales) ,
p.4, Paris - juin 1976, 260 pages.
(2) Lire aussi Vodou ou Vandou
2

pour donner "Vodu" est donc "Evo-du" ou "Evowofe du", le monde


des invisibles ou encore le monde des inconnus (3).

La version de KLIGUEH ne paraît pas plausible; Evo ou


Vodzi en langage du Fa sont des ramas que les devins "Bokon ou
Bokonon" se servent pour déterminer les causes dans la
consultation et Du ou Edu (lire Edou) signifie le signe
"Kpôli" (lire Kponli) du Fa.

«On appelle Vo les petits objets que le devin tient dans


son sac pour les sortir et les utiliser lors de la
consultation de l'oracle» (4).

Le mot Vodu est générique à toutes les divinités. A chaque


circonstance, il faut préciser le genre du vodu dont il
s'agit; par exemple vodu Hebieso, vodu DA, vodu Sakpatè, Axolu
ou Anylgbàto, vodu Nylgblin, vodu Apeli, Ha.l vodu, Goro vodu,
Egou ou Gu vodu etc ••• ; tantôt le mot vodu est utilisé comme
préfixe, tantôt comme suffixe pour la désignation du genre.
Posez la question à un (e) vodusi (ini tié (e) d'un vodu) à
savoir de quel vodu appartient-il ou elle, il ou elle vous
répondra je suis Sosi, Hebiesosi, Agboesi ou Agbisi,
Ananasi, Gusi, Mamisi, Kpesusi, Sakumasi etc ...

Par cette présentation, les vodu se voient constituer des


entités mystérieuses de multiples formes avec des caractères
très variés. Ils sont en permanente relation avec la vie
sociale et quotidienne des Noirs en général et en particulier
dans la Côte du Gol fe du Bénin notamment au Nigéria, Bénin
(ancien Dahomey), Togo, Ghana et la Côte d'Ivoire. toutes
acti vi tés (soc iales, culturelles, agraires, commerciales,
économiques) etc .•. reposent sur eux; par exemple la fondation
d'un nouveau hameau, une ferme voire un nouveau quartier suite
à une extension d'un village ou à l'arrivée d'un nouveau
groupe, se fera toujours sur l'intervention d'un vodu
quelconque (5) De même il faut recourir aux vodu pour la
protection d'une nouvelle habitation; ces derniers vodu
protecteurs ont pour nom "Apel i " et sont faits de formes
di fférentes conformément au clan et la rég ion de son
fabricant.

MATERIALISATION

Les vodu sont en toute sorte matérialisés en statues


anthropomorphes généralement en bois et en terre pétrie. Leurs

(3) G. K. KLIGUEH surnommé "Tse-Toula". Le Vodu une analyse


tri-dimensionnelle; texte ronéotypé, p.1, 1989, 10 pages.
(4) C. RIVIERE - Anthropologie religieuse des Evé du Togo;
p.28, NEA, 1981, 215 pages.
(5) Faire du sacrifice à un vodu par exemple, ériger un vodu
pour la garde du village contre les attaques de tous genres.
3

demeures sont les arbres, la brousse ou la forêt, le ciel, la


. terre (les termitières, les monts, les rochers), le feu,
l'air, les eaux (la lagune, les fleuves, les rivières, les
étangs, les mares, l'océan). Ils sont des émissaires de "Mawu"
ou "Mahou", le Dieu Tout Puissant qui leur a confié le pouvoir
sur la terre et représentent ce dernier pour les hommes. Ils
sont censés habi ter dans des objets et phénomènes naturels
di ts sacrés leur servant d'autels sur lesquels on leur offre
de nourriture et du sang.

ORIGINE
La majorité des vodu proviennent de l'Est, notamment du Bénin
(ancien Dahomey) et plus précisément de la région des Péda.
L' orig ine lointaine reste toutefois impréc ise; les versions
sont très diverses même si quelques spécialistes affirment que
l' orig ine serait de Hevlé. Par contre les vodu qu'on croit
venir de l'Ouest surtout chez les Evé de l'ancien Togo-
Bri tannique et toute la région frontalière du Togo avec le
Ghana si nous allons parler d'un cadre géographique, ont pour
nom le "Trô" (Tron).

Vodu et Tron, qui paraissent à première vue équivalents,


sont employés chez les Evé pour désigner les divinités
secondaires, inférieures à Mawu dans le panthéon. si les deux
mots sont pri s I ' un pour l'autre dans la plupart des groupes
tribaux évé, en raison de l' identi té de nature spiri tuelle et
de la similitude de fonction de leur significatif, le terme
vodu est général isé chez les Gen (<<évéisés»), prépondérant
chez les Evé-Watchi de l'est du Togo, influencés par les Fon,
tandis qu'on lui préfère le terme Trô dans l'ouest du groupe
évé (Anlo, Aguawo). En réalité, le système vodu des grandes
divinités cosmiques et supertribales empruntées aux Fon, s'est
superposé historiquement, puis amalgamé, au système des Trô,
divinités tribales et individuelles, traditionnelles parmi les
Evé ... On remarquera qu'un Trô dénommé de la même façon dans
plusieurs endroits, Nyigbla par exemple, peut avoir plusieurs
théophanies: mâle à Anlogan (Ghana), il est femelle chez les
Evé de Togoville et de Bè qui l'honorent, et dans tel village
près de Tsévié ou d' Anyronkopé, on le vénérera avec d'autres
traits mythiques comme un simple dieu local et non tribal. Le
grand vodu Hebleso, appelé Yeve chez les Anlo, apparaît comme
un dieu de village à Adafienu (6).

CLASSIFICATION
Les vodu sont ici classés de deux catégories : les huileux
et les non huileux. Les vodu classés comme huileux sont ceux
qui reçoivent leurs offrandes accompagnées d' huile rouge de
palme, d' huile de palmiste et de karité tandis que les non

(6) Claude RIVIERE - Anthropologie religieuse des Evé du Togo,


p.27, NEA, 1981, 215 pages
4

huileux, leurs offrandes sont accompagnées que de l'eau


naturelle, l'eau de cologne (parfum) et du talc. Les vodu
huileux semblent provenir de l'Est alors que c'est le
contraire pour les non huileux. Ces derniers ont comme
principale origine le pays des Haoussa.

Les vodu huileux "Amidze-vodu" sont de tendance sorcière


ou la sont totalement. Font partie de cet te catégorie, les
vodu tels que Hebieso, Agboe, Sovi-Sogbo, Sakpat~, Kpakesu,
Sedzroku, Agbadzi, Akpasè ou Kelesi, Loko, Legba, Dagbaze,
Apeli, Toli (Tolegba ou Dulegba), Agè, Egu (Gu), Lisa etc ...

Les vodu non huileux sont des opposants des vodu huileux
c'est-à-dire à la sorcellerie. Parmi ceux-ci nous pouvons
citer les Goro-vodu (Atike enu deka), Alafia ou Kunde (Atike
enu eve), Kofi-vodu ou Gabada, Atigeli, Dente, Atchaba,
Anyidohoedo, lIa.i-fiata (Sirène) ou le dieu de la mer, Koku-
vodu etc ...

Les deux grandes catégories se subdivisent chacune en


plusieurs sous-groupes clanique, tribal, villageois,
familial voire personnel.

- Les vodu claniques ou "Kota-Vodu", sont particul iers à


un clan bien défini et connu sous une appellation reconnu par
tous. Par exemple les P~da-vodu sont exclusivement pour les
Peda, les vodu "kpesu", "Saku.a", ou "1I_a kol~" sont pour le
clan "Tugba" de Glidji et les villages alliés créés par ces
derniers, le vodu "Làkpà" est pour le clan "Ela" à Aneho,
"Nyigblin" ou "Nyigblà" est pour des clans Bè et Togoville
etc ...

- Les vodu tribaux "Ko vodu" sont ceux qui régissent toute
une tribu, une communauté. Les mêmes vodu ou le même vodu
peuvent être désignés en tant que vodu claniques si le clan le
plus dominant de la tri bu impose sa prédominance pol i tique
religieuse.

Par vodu villageois, nous avons ceux ayant donné


naissance ou la fondation d'un village. Souvent ce sont les
"Dulegba" ou "Doulegba" , les "Tovodu" , et le vodu
"Anyogbotsoa" au village de Djeta par exemple.

- Sont nommés vodu famil iaux "Follle vodu" ou "Po.e-vodu" ,


"Togbe-vodu" ou "1I_a vodu" tous ceux appartenant à un ancêtre
fragmentaire direct. Ils sont toujours vénérés par les uniques
descendants de ce dernier. Un vodu personnel ou individuel
peut devenir à la sui te un vodu famil ial selon l'attribution
qu'on lui porte. Outre le "Togbe-Zikpe" trône des ancêtres qui
est d'office pris pour un vodu familial, d'autres tels que
Axolu-Sakpatè, Dà, Sedzroku, Goro, Alafia, Kun de , Atigeli ou
Atigali, Hebieso, Anana-Bluku etc ••. peuvent être transformés
en vodu familial si bien qu'au départ ils étaient le fait d'un
vodu personnel ou individuel.
5

Enfin les vodu personnels ou individuels sont ceux


acquis pour sa propre protection et celle de sa famille. Tous
les vodu sont passés par ce groupe avant de se retrouver dans
les autres groupes cités plus haut. Nous pouvons émettre
quelques réserves quand en ce qui concerne le cas des
amulettes, grigris et quelques vodu qui perdent leur pouvoir à
la suite de la mort de leur possesseur.

Les "Bo", "Zoka" ou "Dzoka" sont des noms donnés à


d'autres divinités. Ceux-ci sont constitués d'objets divers
facilement déplaçables. De forme très variée, leur acquisition
s'effectue dans des conditions particulières.

«Le Bo n'est pas un objet de luxe que le détenteur exhibe


fièrement comme un bijou. C'est une recette à garder au plus
secret de sa chambre pour éviter des suspicions. Le Bo
s'obtient à prix d'argent. Et nul ne voudrait livrer un objet
aussi coûteux à tout venant •.. Bo désigne en clair l'objet
matériel que l'on confectionne selon un rituel particulier que
nous verrons plus loin. Sans le Bo, la seule formule
incantatoire ne peut avoir d'effet» (7)

ACQUISITION

L'acquisition des Vodu répond à des fins différentes :


protection de la maison, santé des enfants, augmentation de la
production agricole et de la pêche, lutte contre la stérilité
de l'époux ou de sa conjointe, contre les envoûtements, contre
le vol, pour s'enrichir, intervention d'un vodu particulier,
en cas de retrouvaille d'un objet vodu, après une
consultation, pour la représentation d'un ancêtre etc ...

Un chef de ménage par exemple, constatant des maladies


fréquentes et la mort subite de ses enfants, était parti dans
le village voisin chez un de ses parents maternels lui
demander l'installation du vodu Axolu-Sakpatè, le dieu de la
variole. De même qu'un éleveur de poulets, pour préserver sa
ferme d'élevage hors de son village d' habi tat ion contre des
vols fréquents en son absence du lieu, avai t acquis le vodu
Sovi pour l'installer dans la ferme. Un autre désireux
d'envoyer son enfant en apprentissage, consul te le Fa. Le
signe issu de cette consultation a conseillé l'installation du
vodu Kpell avant que l'enfant ne parte en apprentissage.
L'achat d'esclaves par un ancêtre a valu l' acquisi tion d'un
Togbe-Zikpe (Trône ancestral) par un de ses membres pour
rappeler la mémoire de l'esclave dans la famille.

FONCTIONS

(7) E.K. AHOUZOU - BO-GBESA, approche explicative du mécanisme


des envoûtements en milieu WACI du Togo. Travail de recherche
de première année. Institut Catholique de l'Afrique de l'Ouest
(ICAO), pp. 11 et 20, Abidjan, juin 1989, 186 pages.
6

Les vodu fonctionnent sur deux caractères spécifiques


doux, faste (sens du bonheur)/furieux, cruel, dur, néfaste
(sens du malheur). D'autres vodu jouent sur les deux aspects.
Les fonctions sont multiples et sont liés à chaque vodu bien
déterminé de même qu'aux amulettes et grigris. Le vodu Axolu-
Sakpatè installé pour défendre contre les maladies fréquentes
et la mort subite des enfants, pourra également être efficace
pour la fécondité de l'un ou de l'autre du couple atteint de
la stérilité. Sovi qui protège contre le vol des cultures, des
plantations, la volaille, pourra servir de gardien contre
toutes les attaques du foyer. Nous connaissons aussi des vodu
qui ont des fonctions très particulières protection,
guérison, charme, envoûtement, maladie d'attaque (tétanos),
accident, vol etc .•.

Ainsi dans le domaine de la guérison, il y a des vodu


spécial istes des maladies comme la folie, la diarrhée, les
maux de ventre et de tête, la variole, la rougeole, la lèpre,
l'épilepsie, la dermatologie, la plaie, les yeux,
l'amaigrissement, convulsion etc ..• Dans le cas du charme, les
procédés sont di vers pr ise du bain sacré du vodu pour la
réussi te des affaires commerciales, un projet, le rendement
d'une récolte, la bonne production de son élevage de volaille
ou bétail, un examen, ou faire une promesse à un vodu ou
encore la prise d'onction d' huile du vodu ou de la poudre
noire même des feuilles et des plantes réduites en poudre. On
pourra leurs adresser une simple prière suivie de promesse
pour la réussite de ses voeux.

«C'est autour des vodu et trô que les clans d'un village
mettent en commun leur destin et leur avenir social en
participant aux rites cycliques qui intéressent toute la
communauté. C'est autour d'un trô familial que le groupe
parental patrilinéaire se retrouve. C'est autour du vodu
vénéré dans un couvent que le groupe des initiés acquiert sa
cohésion, grâce au respect rigoureux que tous portent au code
d'interdits spécifiques et en raison du souvenir des épreuves
supportées. Entre les couvents (hukpame) eux-mêmes, des fêtes
d'installation créent des rapports entre le hukpame-aîné et le
hukpame-cadet à tel point que s'ensuivent fréquemment, après
la sortie d'initiation, des mariages entre membres de l'un et
de l'autre» (8).

DEMEURE DES VODU

Les vodu occupent une variété d'espace. Les Xome-Vodu (les


vodu installés dans des chambres), Kpa.e-Vodu (vodu dans les
enclos), Hukpame-vodu (Vodu des couvents), Agble ou Agble.e-
vodu (vodu des champs), Ko.e-Vodu (vodu des termitières), To-
Vodu (vodu de montagne), Ati ou Ati.e-vodu (vodu des arbres),
To.e-Vodu (vodu des eaux: fleuve, lagune, rivière, lac, étang

(8) C. RIVIERE - op. cit. p.33


7

etc .. ), Apu.e-Vodu (vodu de la mer), Asi.e-Vodu (vodu des


marchés), Agbonu-Vodu (vodu des places publiques), Abodzi-vodu
(vodu des portails) etc ... Même d'autres croient et pensent
qu'il y a des vodu qui sont censés habiter dans les espaces
atmosphériques comme Hebieso, Agboe, Av1eket~ par exemple. Ces
derniers sont représentés, matérialisés dans des couvents
d'initiation de même que les Vodu d'eau tels que Anana-B1iku
ou B1uku (lire aussi Buruku).

«A travers toutes ces classifications apparaît la bipartition


constante entre deux catégories de divinités.

1. Celles qui président aux grands dynamismes de la


nature: phénomènes atmosphériques (foudre d'Hebieso, arc-en-
ciel de Dan), fléaux endémiques de la terre sèche (variole de
Sakpata), puissance de l'eau (Agboe, Avlekete). Les adeptes et
prêtres de ces vodu doivent subir une initiation.

2. Celles qui portent les traits d'ancêtres des temps


immémoriaux ou de défunts vénérés dans une famille. Ces vodu
et trô ethniques ou claniques ne sont pas nécessairement des
ancêtres déifiés, mais ils gravitent autour d'eux, en ce sens
qu'ils ont pu protéger le premier ancêtre qui s'est installé
dans la région. Il peut s'agir aussi d'esprits protecteurs
d'une famille, d'animaux associés à l'origine mythique de
l'ethnie (Togbe Dangbe, le python des Bè et des Xweda), d'un
arbre comme l'iroko (loko) auprès duquel un groupe s'est
installé, ou d'un objet ayant appartenu à un ancêtre, et
considéré comme dépositaire de sa puissance» (9).

En reprenant la classification qui n'est d'ailleurs qu'un


exemple et non une étude complète, nous pouvons déduire ceci :

Xome-Vodu sont les dieux installés dans des pièces


(traditionnelles ou modernes) couvertes de tôles ou de paille
et sont généralement isolées de celles d'habitation. Rare sont
d'autres qui sont exposés dans des pièces attenantes
qu'occupent les détenteurs ou même dans un coin desdites
pièces. La plupart de ces vodu sont Axo1u-Sakpatè, Dzag1i,
Laza, Adzakpa, Ada, Da-Avivono, H8IIIa-trô, Apetoku, Azonoe,
Sagba, ToJCosu, Desu, Agè Gbeto-Gbeno, Boboyabo, Anyidohoedo,
Edi, Ke1esi, Takakosinaka, Togbe-Zikpe, Atchaba (Atchabaga),
Goro ou Kunde, Koku etc •..

- Kpame-vodu; ces derniers sont érigés dans des enclos


bien entretenus et protégés contre l'entrée des animaux et des
enfants. Ces enclos restent ordinairement fermés au public; il
y a des jours spéciaux d'ouverture. Les vodu qui y sont
concernés sont Sakpatè, Sovi, Goro, Da, Ak1ama, Akiti,
Hihenusu, Adzog1a, Kpakesu, Hotok101o etc ...

- Hukpa.e-vodu sont des vodu installés uniquement dans


des couvents d'initiation et sont habituellement des vodu tels

(9) C. RIVIERE - op. cit. pp. 41-42.


8

que Hebieso, Agboe, Avleket~, Anana, Sakpatè, Nyigblin


(Nyigblan), Adayro, Togbahu, Saku.a, Kpesu, Agbo etc •••

- Agble ou Agble.e-vodu sont ceux des protecteurs des


champs. Ils ont comme demeure principale les champs ou espaces
agricoles ou cul turaux. Ils sont en petit nombre et ont leurs
abris surtout à côté des termitières ou une élevation de terre
dans les superficies cultivables ou soit un arbre au milieu ou
dans le champ, un arbre iroko (loko) par exemple. Les vodu le
plus visé dans ce cadre sont les vodu Dà, Loko.

Tous les vodu installés aux champs ont leur pièce A côté
d'une termitière, une voûte de terre ou sous un arbre (iroko,
fromager). Même si le vodu est installé au bord d'un~ lagune,
un fleuve ou une source d'eau, on considère que c'est toujours
dans le champ. Les pièces sont toujours en ciment ou en banco
et couverte de tôles ou de paille.

· Ave ou Aveme-vodu habitent dans la brousse ou la forêt.


C'est surtout Agè, le Fée.

· Kome-vodu ces derniers sont installés auprès des


termitières et des élevations de terre dans les champs ou les
zones vides. Nous pouvons ci ter encore les vodu Agè Gbeto-
Gbeno (détenteur et détentrice de la brousse ou de la forêt)
et DA.

· Tome-vodu, dieux des sources d'eau sont la plupart


érigés au bord des cours d'eau, Notons Toxosu, DA-Anyidohoedo,
Adzakpa par exemple.

• Asime-vodu, dieux des marchés, sont toujours des Legba


érigés sur ces places pour leur protection. Les vodu de cette
classe font partie également de ce qu'on appelle les Agbonu-
vodu c'est-A-dire les dieux gardiens des places publiques. Il
n'y a pas de vodu spécifique pour ces lieux; l'essentiel est
que le vodu qui s'y est installé est fait dans ce sens.

· Agbodzi-vodu sont également des dieux installés aux


entrées des maisons pour jouer le rôle de sentinelle. Ils
vérifient le passage et la sortie de mauvais esprits pouvant
causer de désordre dans le foyer de leur propriétaire. Ces
vodu, on les voit des fois installés à l'entrée des villages.
On les appelle des Tolegba, Dulegba, Nyogboe Tchoa, Fa-Legba,
Akiti, Dema etc ••.

L'espace habitable, champ, brousse, forêt, doit


obI igatoirement un espace appartenant A l ' intéressé. Aucune
personne n'a le droit d'installer un vodu sur un périmètre ne
lui appartenant. Même si cela doit se faire il faut que le
responsable de cette installation soit un allié. Ainsi le vodu
est placé A côté de celui de l'ancien propriétaire et dans sa
propre pièce.
9

Outre les vodu que nous venons de citer, il y a d'autres


qui sont installés à l'intérieur des maisons c'est-à-dire dans
les cours. Ceux-ci surveillent les maisons et leurs occupants.
Ce sont également en forme de monticule de terre (Legba), de
bois tai lIé, d'assemblage de têtes d'animaux etc... Ils ont
pour nom Nyigblin, Kpeli, Apeli, Na, Kofi, Lisa, Gu, Axolu-
Sakpatè, Aklama, Dema ...

«A défaut de pouvoir dénombrer les divinités, est-il


possible d'en dresser une classification et de déterminer
entre elles une hiérarchie ? Il ne semble pas qu'il y ait de
classi f ications généralement admises, toutes dépendant du ou
des critères que l'on utilise pour les élaborer. Les Gen
distinguent ainsi en fonction de l'origine:

1. les Adja-vodu grandes puissances cosmiques venues du


Dahomey, dont nous avons présenté quelques mythes de
création;

2. les vodu tri baux emmenés du Ghana lors de la migration


initiale ou récupérés en cours de route : Sakuma, Kpesu,
Hama Kole, Lakpan, Nyigbla;

3. les home -vodu : vodu du foyer liés à l'ancêtre familial.

Spieth à propos des trô de Ho (Stamme, ch.V) différencie


de la même manière les trô venus de l'étranger (tsatsa trowo)
et les trô des ancêtres (togbui trôwo) qui sont les plus
anciens dieux de la terre et qui siègent, lors d'une extase,
dans les cheveux de leur prêtre. Mais il les répartit aussi
selon leur localisation dans le cosmos : certains habitent le
ciel, d'autres la terre ou l'eau, d'autres sont liés à des
groupes claniques ou à des individus» (10)

LE COUVENT INITIATIQUE
1 l se compose habituellement de plusieurs pièces d'usage
quotidien pour les pensionnaires durant la période de
réclusion. Les commodités (essentiellement les W.C) sont
tenues à part et l'on doits' y rendre la nuit. En cas de
nécessi té, le jour, l' ini tié doit se déguiser en profane,
c'est-à-dire se vêtir de pagne ordinaire de manière à ne pas
se faire remarquer. Les plans n' s 1, 2, 3 et 4 pris comme un
exemple, illustrent bien les dispositions détaillées des
couvents à Anfoin un village du Sud-est du Togo. La carte,
quant à elle, nous montre la position des couvents l'un à
l'autre dans un espace donné. Ce phénomène du regroupement des
couvents est dû à la position géographique du village. En
arrivant de Glidji, les premiers occupants s'étaient tous
rassemblés en un lieu en bordure d'une lagune qui n'était que
la seule voie de communication et d'échange commerciale.

(10) C. RIVIERE - op. cit. p.41.


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REPARTITION DES COUVENTS


ET PLACE DE DANCE
E.. h elle.: \."~' .~"." ...
15

L'évolution des autres quartiers périphériques s'était faite


plus tard. Le site original s'était établi en face de la
lagune où se tenait le marché le plus important de la région.
Le tableau (p.16) explique la répartition des différents vodu
avec leur prêtre (Huno) respectif dans les couvents. Avec ce
même tableau, nous savons déjà le nombre de vodu d'initiation
dont on a accès dans le village.
En 1983, le village d'Anfoin, une localité majoritairement
du clan "Tugbà" et assimilé aux Gen-Mina, totalisait 25
couvents. Les 5 de ces couvents sont occupés par les Peda, un
groupe d'ethnie d'origine dahoméenne (Bénin) qui détient la
deuxième place de la population villageoise. Le nombre de vodu
correspond au nombre de propriétaire. Chaque vodu est dirigé
par seul prêtre assisté des collaborateurs dont chacun a un
rôle particulier responsable de jugement, chargé des
puni tions corporelles, porte-drapeau au cours des cérémonies,
enseignante du langage vodu, surveillante de la vie sociale et
sanitaire des pensionnaires, responsable de la propreté du
couvent et de la place de danse ...

Sur une population de 17 640 en 1981 contre 17 754 en 1970


(11) dont la population féminine était de 9 141 en 1981 les
fermes comprises, au moins les 2/3 étaient des initiés.
Beaucoup de familles s'étaient déplacées pour s'installer
définitivement dans les fermes, hameaux à cause de la culture.
Elles ne reviennent au village centre que pour des cérémonies
de grandes importances surtout les samedis et aussi pour faire
le marché qui a également lieu le même jour. Ce départ
n'affecte pas l'espace religieux et l'on constate l'étroitesse
de cet espace rel ig ieuX: a un impact foncier sur l' act i v i té
religieuse; les vodu surtout des couvents n'ont pas connu ce
déplacement voire ceux dits Togbe-Vodu ou les Togbe-ZiJc.pe.
C'est ainsi que sur 25 couvents initiatiques que regroupe le
village, 8 ont en commun leur place publique "Agbonu" et les
17 autres se rassemblent à 2, 3 ou 4 autour d'une seule place
(ref. à la carte p.14). Les couvents sont installés autour du
quartier central Apetokome, celui du fondateur du village. Ils
sont répartis comme suit : 8 à Kpodji, 8 à Gbagame, 6 à Todome
et 3 à Pedakome. Cette répartition religieuse nous laisse
croire que les vodu ont été introduits dans ce village par les
alochtones et non par les fondateurs; le quartier de ces
derniers n'a pas connu de couvent.

La majorité de la population d'Anfoin, vit dans les fermes


et hameaux où sont érigés d'autres vodu à caractère
individuel. Le centre village étant celui des vodu de couvent
et des ancêtres. Vieux, grands ou enfants, éloignés ou non
retournent au village tous les samedis comme précédemment
évoqué. Soit ils y viennent pour le culte de vodu ou pour le
marché. Une association même des prêtres s'est constitué et
les rassemble tous ce jour pour des séances de travail. De

(11) Recensement de la population et de l'habitat (9-22


novembre 1981) résultat provisoire, p.42, 378 pages.
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17

cette perspective, la présence permanente, surtout au niveau


des religieux est très remarquable. Le lieu de leur rencontre
est Kpodji, le quartier de leur président Kowouvi, prêtre du
couvent n· 2.

INSTALLATION D'UN VODU

Les causes sont déterminées. On est maintenant certain de


l'origine du vodu et lequel il s'agit soit par trouvaille ou
acquisi tion volontaire. Plusieurs cas interviennent mais nous
ne retenons que le terme d'installation proprement di te. On
procède alors à la consultation du Fa qui identifiera le
prêtre initiateur; ce dernier doit certainement être un grand
prêtre du même vodu qui en avait déjà pratiqué et a une bonne
expérience et connaissance des effets le composant. Une fois
le choix du prêtre-ini tiateur connu, l'intéressé va le voir
pour avoir des instructions afférentes caractéristique du
logement du vodu, les nécessai res à procurer, la date, le
droit d'installation.

L'installation d'un vodu "Vodulili" dure le plus souvent 7


jours. Le soir du premier jour consiste à la conduite du
nouveau prêtre à la chambre noire "Amepodexo". On le réveille
le 3è jour pour la prise des bains sacrés. Il passe alors à 7
différents lavements de bains sacrés hors de la concession.
Nous n'entrerons pas dans le détail puisque déjà la veille du
premier jour, des préparatifs secrets se déroulent à
l'intérieur des pièces. La pose de chaque élément consti tuti f
du vodu a ses secrets particuliers qui sont dévoilés à
l'intéressé à chaque étape de la cérémonie. A partir du 4è
jour, les choses les plus sérieuses commencent alors. Le 6è
jour on est assuré que tout est en place et on ne procède qu'à
quelques petites retouches en cas d'omission. Déjà il Y a des
anciens ou anciennes initiés (es) qui animent l'environnement
en chants et danses et ceux-ci durant toute la période
d'installation. Des amis et villages voisins sont invités. Il
est à noter que le soir du premier jour, la cérémonie commence
par la présentation de tout ce qu'il faut pour la cérémonie.
Tout est sérieusement dépouillé pour s'assurer que rien n'a
été oublié. Le 7è jour est uniquement réservé pour la
sacralisation du vodu. Cette sacralisation donne lieu au
sacrifice du sang sur le vodu et tous ses accessoires. Belier,
chèvre et poulets sont sacrifiés et toute la journée sera une
journée de fête. Le vodu reçoit sa puissance et le prêtre se
voit confier ses pouvoirs.

«L'installation du nouveau vodu est sans aucun doute


l'événement le plus important et le plus nécessaire pour le
culte du vodu. C'est grâce à cette cérémonie du Vodulili qu'un
nouveau Hukpame sera installé. C'est grâce à elle que le vodu
pourra commencer à trouver de nouveaux adeptes. C'est encore
18

grâce à elle qu'un groupe de familles lieront leur destin


social à leur histoire religieuse» (12).

RECRUTEMENT D'ADEPTE

Les zones de recrutement des pensionnaires bien qu'elles


ne sont pas uniques ont par contre des relations familiales
entre elles. Elles se situent autour du village central
rel ig ieux et au-delà des ses fermes. Ces zones sont
considérées comme les résidences des parents des anciennes
initiées (13) et celles qui les sauront nouvellement. A Anfoin
l'initiation se fait seulement pour les femmes et non pas pour
les deux sexes comme dans les autres rég ions. Le recrutement
se fait sur plusieurs critères succession, maladie, force,
commission de faute grave. Dans les cas de succession et des
maladies, les nouvelles initiées proviennent toujours dans des
familles respectives. L'initiée doit être obligatoirement une
parente directe de l'ancienne qui avait déjà quitté le couvent
par décès. Le couvent est aussi le même que celui de la
prédécesseuse.

Nous l'avions déjà dit plus haut; les zones ou villages de


recrutement ne sont pas les mêmes; ils diffèrent les uns des
autres du fait du choix des villages de mariage. C'est ainsi
que nous les prouvent les couvents n· B 5, 15 et 17 dans les
pages 19, 20 et 21. Le point de rencontre est le village
d'origine des parents des initiés et leur prêtre. Les origines
sont par contre rares par exemple Vogan, Sévagan, Togoville.

Le jour solennel du recrutement en masse des nouvelles


vodusi est appelé Agbowugbe qui signifie : Agbo = belier, wu =
tuer, (immoler, égorger), gbe = jour. Ainsi le jour de
l'immolation du bélier au vodu est le moment de lui redonner
la vie, la force, la puissance. C'est aussi l'occasion de lui
changer ses parures et le remettre en état de nouveauté. La
cérémonie se. renouvelle tous les 3 ans si les moyens
financiers le permettent.

Les filles qui ne seront pas des candidates ce premier


jour, y seront conduites ultérieurement par leurs parents
conformément à leur programme. La période retardatrice ne doit
pas dépasser 6 mois. La période de réclusion qui était
tradi tionnellement de 3 ans, est désormais ramenée à 1 an et
prend effet à partir du jour du réveil "Fofo" (14) (lire

(12) B. GILL! - op. cit. p.174.


(13) A Anfoin, l'initiation des hommes a été supprimée il y a
plus d'un siècle à la suite d'un incident survenu sur un
certain nombre d'hommes initiés dans les couvents. Par contre
chez les populations Gè, Fon, Pla, Peda ou Xweda, Eve ou Ewé
(Evhe), Ouatchi ou Watchi, continuent d'en faire.
(14) Le premier' jour d'Agbowugbe, les initiés qui seront
capturées, resteront enfermées dans une pièce débarassée de
tous objets (pagne, coll iers, boucles d'oreilles) pendant 6
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Fonfon) de la première initiée et non le jour de sa capture


selon le terme traditionnel. Durant cette période, les initiés
ont à apprendre, langage sacré "Vodugbé" , chansons, danses et
ri tes respectifs (15). Cet apprentissage est sanctionné par
leur libération.

LIBERATION OU SORTIE DU COUVENT

La cérémonie de sortie de couvent se déroule en 3 et 4


étapes successives selon la si tuation mari tale des initiées.
Cette libération permet aux initiées de retrouver la vie
collective (activité économique, sociale, récréative), etc ••
qu'elles avaient abandonnée pour se rendre dans le couvent car
une fois rentrées dans ce cadre religieux, tout ce qui est de
la vie profane lui est interdit voire supprimé.

"Kasoso" la première phase de la cérémonie consiste à la


présentation de l' ini tiée ou des initiées aux publ ics
rassemblés sur la place publique "Agbonu". Vêtues de blanc de
pagne, on révèle désormais leur nom initiatique à l'assistance
chacune à son tour. Le tout se déroule dans une ambiance de
fête, de joie et de danse.

Quant à la deuxième phase dénommée "Sudede" , elle permet


aux nouvelles initiées de se débarrasser du tissu blanc
(Aklala ou Kploba) qu'elles ont encore porté au moins 4 mois
durant après le "Kasoso". Le rituel même de cet te phase a
comme nom "Goyiyi" qui conduit à un bain sacré dans la brousse
ou au bord d'une lagune ou cours d'eau en un 1 ieu caché au
public profane ou plus généralement le lieu est barricadé de
tissus de nattes empêchant le public de voir ou comprendre ce
qui se fait.

La dernière étape consiste enfin aux vodusivi d'avoir


accès à la vie sociale profane. Par ce dernier rituel dit
"Gbexoxo", les initiées sont autorisées à reprendre le langage
populaire qui leur a été interdit durant la période de
réclusion. B. GILLI nous fait le récit suivant : «Adavelolo ou
remise en contact avec la langue profane avec le jour de
Tudhedhe, le vodusi a été 1 ibéré de la plupart des

jours; cette action a pour nom : Hopode. Le 7è jour a lieu la


première cérémonie de leur contact avec le vodu car dans les
premiers 6 jours, il peut y avoir de désaccord entraînant de
retrai t; donc les mettre tout de sui te en contact avec le ou
les vodu entraînera une malédiction et un malheur pour elle ou
elles au cas où le retrait sera indispensable. Un pagne blanc
lui est donné ainsi qu'une ficelle blanche ou noire lui est
remise en guise de collier et perle.
(15) Il faut noter aussi que la plupart des couvents
regroupent plusieurs vodu à la fois; ainsi chaque initiée est
tenue de s'occuper uniquement du vodu qui lui est propre.
Etant donné qu'elles se partagent le même couvent, apprendre
telle chose auprès de sa voisine n'est que personnelle.
23

prescriptions et des interdits. Il lui reste encore l'interdit


de parler la langue profane, et il est obligé aussi de se
présenter en publ ic habillé en terme de Tudhedhe. S'il reste
au village, il lui sera permis de porter uniquement le collier
de cauris auquel est accroché la petite clochette qui annonce
son arrivée. L'interdit de parler la langue profane et
l'obligation de porter les habits seront maintenus pendant
quatre mois, jusqu'à la cérémonie de Adavelolo. Mes
informateurs m'ont affirmé qu'il n'est pas possible de
recommencer à parler la langue profane, le jour de Tudhedhe,
car le vodusi doit récupérer les quatre mois passés dans les
Hukpame, pendant lesquels il ne connaissait pas bien la langue
sacrée. .. La cérémonie est ainsi terminée, mais le vodusi ne
parlera pas tout de sui te la langue profane; pendant sept
jours il parlera un mélange de langue sacrée et de langue
profane. Le septième jour on lui rase les cheveux du front à
trois endroits différents : on appelle cela Agbekodhe (la vie
coupe les cheveux). Après cela, une femme vodusi accompagne le
vodusi jusqu'à un dépotoir, afin qu'il y jette sa "langue de
rage" qui appartenait au vodusi» (16).

c'est à l'issu de toutes ces séries de rite que le vodusi


est libéré de toute prescription sacrée et peut désormais
prendre part à toutes activités publiques (le parler, la
participation aux faits sociaux et aux activités commerciales)
etc ... Cette dernière étape conduit à plusieurs rites tels que
"Asipleple" (contact avec le marché), "Agbleyiyi" (remise de
la houe) (17). "Zakplikpli" (rituel permettant si c'est une
mariée, de reprendre la vie conjugale avec son conjoint),
"Afodetome" (mettre l'initiée en contact avec les danses
populaires profanes) etc ...

Les vodu "Peda-Dagbe" du clan Peda, "Nyigblin à Togoville


et à Bè pour les Evé par exemple sont installés dans des
temples et non dans des couvents ou des lieux dits sacrés. Le
vodu "Peda-Dagbe" qui est presque le même "Togbe-Dagbe" des
Evé, ont leur temple installé un peu partout et dans presque
tous les quartiers de Togoville. A Bè, il est installé dans
une forêt appelée "Forêt classée" au coeur de la ville où a
lieu à titre spécial une initiation des jeunes filles et
femmes mariées voire les fillettes (18); cette initiation qui
dure 3 ans dans la forêt est très différente de celle des
couvents.

Les temples sont aussi des lieux de rituels pour la sortie


ou le baptème traditionnel d'un nouveau-né (exemple des Peda),

(16) B. GILLI - op. cit. pp.166.168.


(17) Ce rituel touche en particulier les hommes qui sont
surtout des agriculteurs. Nous l'avions déjà souligné que
l'initiation des hommes au couvent donc de couvent mixte n'est
pas un fait interdit dans certaines régions comme celles des
Mina, Pla, Peda et Evé par exemple.
(18) Dans ces cas, ce sont les mères qui restent auprès de
leurs enfants durant toute la période.
24

de guérison ou de purification (19). Dans les temples comme le


cas dans les couvents, chaque vodu a sa place liée A ses
fonctions, ses caractéristiques et sa puissance. Leur
disposition dans le temple tient compte de leur relation
fonctionnelle surtout avec le premier vodu installé; le cas du
vodu "Kpakesu" nous le montre clairement avec le plan A la
page 25.

Pour en finir, nous dirons que les vodu occupent une


importante place chez les peuples du Golfe du Bénin en
particulier au Bénin et au Sud-Est du Togo. La carte (p.26) du
village de Pedakondji, un village dépendant d'Anfoin, nous
donne une illustration de l'occupation spatiale des vodu. Avec
une population de 1 361 habitants en 1970 et estimée de 1 800
A 2 000 en 1990, le village est en pleine évolution sur le
plan religieux sans plus parler des dieux ancestraux auxquels
il va rendre des sacrifices A Anfoin, le village d'origine,
périodiquement et surtout pendant la grande fête annuelle dite
"Yaka-Yakè".

CONCLUSION
La côte ouest africaine est dominée par le culte des vodu
qui ont été créés avec toutes les autres créatures de
l'univers par Mawu ou Mahou l'Etre Suprême en qui croient les
peuples de cet te côte. Ce cul te est caractérisé par
l'utilisation d'éléments symboliques empruntés A la nature
(arbres, animaux, terre, ciel, fer, air, eau), des entités
divinisées génériquement dénommées vodu. Ce suprême, le tout
puissant, l'immortel créa Segbo-lisa, Anana-Bliku ou Bluku
(lire aussi Buruku), Legba et Gu-Lisa et Anana avaient la
mission de donner naissance aux autres vodu (diagramme p. 27);
c'est ainsi que naquirent Sakpatè, Hebieso ou Hevieso, Togbahu
et DA de l'union avec Legba et Gu et la génération de ces
derniers (20).

Mais l'expansion et le terme même des vodu restent


toujours indéfinis. Chacun tente de lui donner sa propre
version; ainsi l'origine même du mot vodu demeure identifiable
ni au Nigeria, ni au Bénin considéré par la plupart des gens
comme la vraie origine. De même la classification des vodu
étant incertaine. Si l'on tente de les classer dans trois
catégories fondamentales A savoir Dzi-vodu (vodu du ciel),
To-vodu (vodu des eaux) et AnyigbA-vodu (vodu de la terre), il

19) Il y a des temples spéciaux dans lesquels on va prendre de


bain sacré pour se corriger de quelques mauvais comportements
surtout si on a tué le serpent python ou vu son cadavre ou
pour solliciter une demande.
(20) E.F. AHIAKO - Contribution A l'histoire et A
l'ethnographie du peuplement des sociétés du Golfe du Bénin
"Le cas des Peda des deux villages de Pedakondji du Sud-Est du
Togo". Mémoire du diplôme de l'EHESS, pp.74-76, Paris, 1983,
310 p.
25

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faut penser tout de suite à des sous-classifications telles


que la place de ceux censés d'habiter dans l'air, feu, océan,
lagune, fleuve, rivière, étang, arbre, termitière, montagne,
brousse, champ etc ...

Ce serait une erreur de dissocier le terme vodu du trô;


les deux parlent d'une seule et même chose; la différence est
que les mots proviennent de deux zones opposées l'Est et
l'Ouest. Les populations de l'Est adoptent le terme "Vodu" et
celles de l'Ouest apprécient le terme "Trô". Ce qu'il faut
noter est que les Trô sont des vodu non huileux et les vodu
proprement dits, consomment la plupart d'huile rouge de palme.

A côté des vodu se placent ce que nous appelons des "Bo",


Dzoka ou Zoka". Comme objets individuels ou personnels, ils
sont faits d'amulettes et de grigris. Leurs fonctions sont
multiples guérison, protection, charme. Selon E.K. AMOU ZOU ,
Bo-Gbesa est en effet une force invisible qui extermine,
réduit à l'impuissance, foudroie, pulvérise et réalise des
choses extraordinaires 21)

Les fonctions des vodu s'appuient sur deux aspects


aspect doux, chaste, patient et aspect furieux, cruel,
énergique. Elles sont propres à chaque quaI i té de vodu voire
pour les amulettes et les grigris. Un vodu peut jouer
plusieurs rôles à la fois rôle de positivité et de
négativité c'est-à-dire guérir, protéger ou attaquer. Les
formes anthropomorphes varient selon l'attribution du nom
vodu-Dà (dieu serpent), Peda-Dàgbe (serpent des Peda) et Dà-
Anyidohoedo (serpent arc-en-ciel) par exemple, sont
représentés dans des formes différentes. C'est ainsi que le
vodu Sakpatè peut s'attribuer de quatre noms dà-Aglozunto,
Dà-Nagan, Dà-zoji, Dà-Tokpon (22). A côté du Sovi, nous
pouvons voir Sovi-Sogbo, Sogbo ou Sovi-Agbadè.

Les vodu couvrent un espace très varié les eaux, la


forêt, la. brousse, les champs, les termitières, les
carrefours, les marchés, les villes et villages, les fermes et
hameaux, les arbres, les places publ iques, les portail s, les
espaces atmosphériques et hydriques. Ces deux derniers espaces
couvrent les vodu tels que Sovi-Agbadè, Hebieso, Agboe,
Avlekete, Anana, Srogboe, Adayro, Togbahu mais représentés sur
la terre dans des couvents initiatiques.

21) E. K. AMOUZOU Bo-Gbesa approche expl icati ve du


mécanisme des envoûtements en milieu Waci du Togo; Travail de
recherche de première année (ICAO - Institut Catholique de
l'Afrique de l'Ouest); Faculté de Théologie, section biblique,
p.5, Abidjan, juin 1989, 186 pages.
(22) J.G. AVOUNDE Initiation au culte du vodu Sakpata et
l'initiation chrétienne Etude comparative en vue d'un
catéchuménat inculture, pp.9-11, Ouidah, Grand séminaire St
Gall, janvier, 1989, 103 pages.
29

Les Afeme ou Ahome-vodu quant à eux, ils sont


innombrables. Leur rôle de protecteur des maisons et ses
habitants contre des attaques est très opérationnel. Ceux des
champs sont à la fois des protecteurs des cultures et
favorisants à une abondante production. Les Tome-vodu et les
Ave-Vodu favorisent la pêche et la chasse florissantes.

Le vodu de couvent sont appréciés par leur rôle primordial


dans la société religieuse. Ces vodu, de quelque nature qu'ils
soient, prescrivent des règles de conduite au présélyte. Les
règles, qualifiés d'éducation sont largement suivies par les
présélytes à tel point qu'après la sortie des couvents ils
sont l'objet d'une crainte soit pour eux-mêmes vis-à-vis de la
société profane et vice-versa. Ils sont frappés de beaucoup
d'interdits (conduite, parler, consommation) etc ... De même la
société profane est tenue de respecter certains interdits
(surtout le comportement, les injures) envers les vodusi.
B. GILLI va plus loin et nous déclare «Nous parlerons
simplement d'''interdits'' car c'est le terme usuel employé dans
le langage courant. Ces interdits ont pour but de faire passer
l'individu à travers des difficultés ou des épreuves qui lui
"forgent" une nouvelle personnalité. Ces prescriptions
semblent exprès accentuer toute sorte de diplôme qui sert à
couper les initiés de la société des laïcs. Les vodusi doivent
à chaque instant s'apercevoir qu'ils sont à l'écart, qu'ils
vivent dans un monde étranger qui ne leur appartient pas (22).

La composition et la taille d'un couvent est


essentiellement en fonction du lieu choisi pour son
implantation et le nombre de vodu à y installer. Dans la
mesure où il y a des ajouts pouvant entraîner une
transformation, quelques pièces notamment les dortoirs
pourront être transférés au domicile du prêtre "Hubono" ou
dans la maison avoisinante. Le plus généralement les couvents
sont construits jouxte la maison du prêtre ou d'un proche
parent d'où s'ouvre toujours une issue permettant de
communication directe les maisonnés, les responsables du
couvent (femmes surtout), et le Hubono avec les initiés.
"Augutokpin" ou "Hudememo" c'est le nom de l'issue secrète,
est uniquement réservée aux initiés, ses parents et les
membres les plus proches et non au public.

Pour terminer, nous ajoutons qu'il y a une autre période


de recrutement en dehors de celle de recrutement massif (15 à
25 voire 30). Cette période intermédiaire appelée
"Kpamekplokplo" intervient 3 ans après "Agbowugbe" et la
cérémonie de "Sudede". Deux ou trois "Kpame kplokplo" peuvent
séparer deux "Agbowuwu" car ce dernier nécessite une forte
dépense. "Kpame" Kpa = enclos, me =
intérieur, dedans,
"Kplokplo" = nettoyage, balayage d'où le nom nettoyage du
couvent est le fait de faire passer quelques initiés dans le
couvent après "Agbowuwu". Il n'y a jamais eu lieu l'"Agbowuwu"
sans le "Kpamekplokplo". Là, elles ne sont pas nombreuses;

(22) B. GILLI - op. cit. P.10S


30

elles ne dépassent guère le chiffre 5. Ce sont des cas


d'extrême urgence qui ne doit pas faire l'objet d'une attente
à une prochaine "Agbowuwu" dont la date ne pourra pas être
prévenue à l'avance.

Toutes les étapes de rites d'initiation consiste à donner


une éducation et conduite adéquate, une formation morale et
sol ide aux présélythes. C'est à travers ces actes que après
leur sortie du couvent, elles se retrouvent face à un nouveau
monde où leurs comportements doivent être contrôlés.

En général les vodu sont conçus comme des entités à


travers lesquelles se fonde l'épanouissement de l'être noir.
Même si on ne doit pas avoir peur de l'homme ni lui avoir une
crainte, on a quand même peur aux vodu. et on les craint. On
peut facilement offenser l 'homme sans se soucier de lui par
contre on ne pourra guère offenser le vodu faute de quoi il se
retournera contre l'agresseur qui payera cher sa faute. Les
enseignements, les recommandations et les interdi ts des vodu
sont plus perceptibles et méfiants que ceux des hommes chez
l'être noir. D'ailleurs cela le prouve bien que dans les
sociétés, les familles ou les foyers tradi tionnels religieux
où le vodu occupe une large place, il s'instaure un respect
total plus qu'une société, une famille ou un foyer
christianisé.
31

LEXIQUE DES NOMS

Ada = Vodu Ehoué Benin


Adayro = Vodu (cf. Hebieso)
Adafienu = Village anloa situé au sud de Denu, face l'océan
Adafienu =
cf. Adafienu
Adavelolo =
Adzakpa = Vodu symbolisé par le crocodile
Agba = séchoir
Afeme = Maison
Agbadzi = Vodu
Afodetome =
Rite de contact avec la danse populaire
Agbekodhe =
Agble-vodu = Vodu des champs
Agbleme-vodu =
cf. vodu des champs
Agbo = Belier
Agbodzi =Portail
Agboesi = Initiée du vodu "Agboe"
Agbisi = Idem
Agbwisi = Idem
Agbowugbe =
Jour d'immolation du belier
Agbowunu = Immolation du belier
Aguawo = Nom de clan
Agutokpin = passage secret
Ahome = maison
Agbonu = Place publique
Agè = Fée
Aklala = Tissu percale
Akpase =Vodu de la sorcellerie
Amidze =
Anana-Bliku =
Vodu de couvent
Anana-Bluku = Idem
Anana-Buruku = Idem
Aneho = Nom de ville
Anfoin = Idem
Anfouin = Idem
Anlo = Nom de clan
Anloa = Idem
Anyidohoedo =
Arc-en-ciel
Anyogboetchoa =
Nom de vodu
Anyrokope =
Nom de village
Apeli = Vodu gardien des cours
Apetoku = Nom de vodu de la région de Tado
Asime-vodu =
Vodu du marché
Asipleple =
Faire le marché
Atchaba = Vodu des esclaves
Atchabaga =
Idem
Atigeli = (famille de Goro-vodu)
Ati-vodu = Vodu des arbres
Atime-vodu =
Idem
32

Avlekete = (famille de Hebieso)


Axolu-Sakpatè = Vodu roi de la terre
Azonoe = Vodu des Ehoue
Bè = Nom de ville
Bo = Grigris, amulette
Boboyabo = Vodu de marché
Dà = Serpent (vodu)
Dà-Aglozunto = Vodu de la terre
Dà-Avivono = Autre vodu Dà
Dagbaze =
Dà-Nagan = Vodu de la terre
Dà-Tokpon = Idem
Dà-Zoji = Idem
Dente = Vodu de chasse
Desu = Vodu du clan des Gen
Du = Ville ou pays
Duko-Vodu = Vodu donnant fondation à une ville ou village
Dulegba = Vodu gardien d'un village
Dzagli = Vodu, famille de sakpatè
Edi = Nom de vodu
Edu = Ville, village
Ela = Nom de dan
Evéïsé = verbe: changement ou passage d'une ethnie à l'ethie
évé
Evo =Objets de consultation
Evowo = Idem
Fôfô = Se réveiller
Fon = Ethnie
Gbagame = Nom
Gbe = Langage
Gbeto-Gbeno = Fée
Gbexoxo = Rituel donnant accès au parler du langage populaire
Gè = Ethnie
Gen = Idem
Goro-Vodu = Nom de vodu
Goyiyi = Rituel permettant de se débarrasser du tissu blanc
Gusi = Nom d'une initiée au vodu Gu
Gu-Vodu = Nom de vodu
Hebiesosi = L'initié au vodu hebieso
Hozikpe = Tabouret ancestral
Hubono = Prêtre
Hudeme (Hudinme) = Issue secrète
Hukpame-vodu = Couvent
Huno = Prêtre
Kasoso = Nom du premier rituel d'initiation
Kelesi = Vodu de sorcellerie
Kenesi = Idem
Kofi-Vodu ou Gabada = Vodu de la folie
Koku ou Koku-vodu = Autre vodu du groupe Sakpatè
Kole = Vodu du clan Tugbà
KQme-Vodu = Vodu de quartier
Kota-Vodu = Vodu clanique
Kpakesu = Vodu des Ehoué
Kpamekplokplo = Passage intermédiaire du couvent
Kpame-Vodu = Vodu du temple
JJ

Kpameyiyi = Entrée dans le couvent


Kpoli =Vodu commun pour le village
Kpesu = Vodu du dan Tugbà
Kpesusi = Initié au vodu Kpesu
Kpoba = Tissu blanc (percale)
Kpodji = Nom de quartier
Kunde = Voir Goro-Vodu
Làkpà = Vodu du clan Ela
Làsà = Vodu de sorcellerie
Legba = Vodu gardien
Lisa = Vodu
Loko = Vodu symbolisé par l'arbre "iroko"
Mahou = Dieu suprême
Mama-Trô =Vodu des ancêtres femelles
Mama-Vodu = cf. Mama-Trô
Mami-Vodu = Vodu
Mamisi = Prêtresse du vodu Mami
Mawu = Dieu
Na = Vodu de la sorcellerie
Nyigbla = Vodu de la forêt sacrée
Nyigbin = Idem
Peda = Nom de clan
Peda-Dàgbe = Vodu du clan peda
Pedakondji = Nom de village
Pedekome = Nom de quartier
Peda-vodu = Vodu du clan peda
Pla = Nom de clan
Sakpatè = Vodu de la terre
Sakuma = Vodu du clan Tugba
Sedzroku = Vodu des Ehoue
Segbo-Lisa = Vodu
Sevagan = Nom de village
Sogbo = Vodu
Sosi = Initié du vodu So
Sovi = Vodu
Sovi-Agbadè =
Vodu
Sovi-Sogbo = Vodu
Sudede = Premier rituel de sortie de couvent
Takakosinaka =
Nom de vodu
Todome = Nom de quartier
Togbàhu = Nom du vodu
Togbe-Vodu = Vodu ancestral
Togbe-Zikpe = Trône ancestral
Togoville = Nom de ville
Tome-Vodu = Vodu d'eau
Toxosu = Vodu des naissances mal formée
Trô = Vodu
Tsévié= Nom de ville
Vaudou= Vodu
Vo = Objets de consultation
Vodou= Vodu
Vodu = Idem
Vodu-Dà = Vodu serpent
Vodu-Apeli =
Vodu gardien des cours de concession
Vodu-Hebieso = Voir Hebieso
34

Vodu-Nyigblin = Voir Nyigblin


Vodu-Sakpatè = Voir sakpatè
Vodu-Anyigbàto = Idem
Vodusi = Initié du vodu
Vodzi = Objets de consultation
Vogan = Nom d'une ville au sud du Togo
Waci = Sous-groupe ethnique dps Evé
Watchi (Ouatchi) = cf. Waci
Wu = Immoler
Xome-vodu = Vonu des chambres
Yeve = cf. vodu
Zàkplikpli = Rite de mise en contact sexuel d'une femme
initiée avec son conjoint
Zoka (Dzoka)= Amulette, grigris
35

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages cités

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