Feux de Brousse

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ANALYSER LES EFFETS DES FEUX DE BROUSSE SUR LES

DIFFERENTS ELEMENTS DES ECOSYSTEMES SOUDANO-


SAHELIENS

La déforestation est un fait réel auquel nous assistons malheureusement avec impuissance.
Parce que les besoins augmentent avec le nombre croissant des populations et que notre
planète, elle ne grandit ni ne grossie, les ressources forestières et d’autres ressources
naturelles terrestres sont soumises à de rudes pressions.
- Exploitation pour bois d’œuvre et charbon
- Exploitation agricole
- Urbanisation
Ces pratiquent ont, à part le fait qu’elle nous permettent de survivre, ont des revers inquiétants
à cause de la mauvaise gestion dont elle fait l’objet.
- déforestation
- dégradation du sol
- changement climatique
- feux de brousse, etc.
C’est le dernier point qui nous intéresse dans cet exposé, qui, nous l’espérons apportera une
contribution dans les prises décisions tant au niveau des ONG, qu’au niveau des gouvernants.
Mais aussi, des écoles et établissements que nous associons dans notre approche de la lutte
contre la déforestation.
Notre étude se porte sur les effets des feux de brousse au niveau des différentes unités
écologiques soudano-sahéliennes. Cette région s’étend du nord du Sahara jusqu’à la région du
golfe de Guinée plus arrosée au Sud.
TYPES DE FEUX DE BROUSSE
Les feux dits « tardifs », ceux qu’on applique à une végétation très sèche, sont violents et ils
endommagent sérieusement ou tuent les ligneux, ils peuvent affaiblir même les herbacés les
mieux adaptés. Ces feux constituent un véritable danger au regard des fréquents déficits
pluviométriques et de l’aridité de la longue saison sèche qui pèsent sur la végétation.
En revanche, les feux dits « précoces », qu’on applique à une végétation plus humide incluant
encore des organes verts, sont bien moins destructeurs à l’égard des espèces ligneuses,
permettant même le bon développement des plus tolérantes ; ils ne nuisent en rien aux
graminées (famille de plantes herbacées) pérennes dont ils assurent au contraire le parfait
épanouissement. Ces feux ont pour avantage d’éviter de bruler entièrement les pâturages et le
couvert végétal.
EFFETS NEGATIFS DES FEUX DE BROUSSE
Les dégâts causés par les feux de brousse varient de la destruction partielle ou presque totale
de la végétation ligneuse et herbacée, à celle des récoltes, des plantations, souvent des
habitations et la perturbation des sites écologiques de la faune.
Les effets négatifs des feux de brousse sont entre autres :
 La savanisation 
 La perte de matières organiques du sol : bien que les matières organiques ne
représentent qu’une petite fraction du sol (1 à 10 % de la masse des sols), elles sont
l’un de ses constituants les plus importants car elles ont un impact direct sur les
propriétés physiques, chimiques et biologiques su sol ainsi qu’un rôle nutritionnel vis-
à-vis de la plante.
 L’insolation trop forte
 L’épuisement des réserves d’humidité
 Evaporation intense
 Le réchauffement de la température de l’atmosphère
 La destruction du couvert végétal
 Destructions, détériorations et dommages aux plantations, au bétail ou à d’autres
ressources naturelles, aux habitations, aux ouvrages, ainsi qu’à la paralysie des
services publics avec l’endommagement ou la destruction des réseaux (électricité et
téléphone).
On peut citer aussi des cas dont les feux de brousse contribuent également :
 L’augmentation du ruissellement ;
 L’érosion du sol ;
 Le lessivage du sol.

Cas de Réserve de Faune de Ouadi Rimé - Ouadi Achim (RFOROA)


Tandis que certains écosystèmes du monde sont extrêmement intolérants au feu et dans un
idéal doivent être protégés contre les incendies (Pereira et al., 2020), d'autres écosystèmes y
sont tolérants, dits « propices au feu ». Ces derniers sont dominés par des espèces dont la
persistance et la reproduction dépendent du passage du feu (Leach et Givnish, 1996; Pereira et
al., 2020). D’autres encore sont « dominés par des espèces qui tolèrent le brûlage mais qui
n'ont pas de dépendance directe au feu » (Pereira et al., 2020). Les écosystèmes ne brûlant que
rarement ou jamais et de façon moins intense, excepté suite à des feux d’origine anthropique,
contiennent des espèces fortuitement tolérantes au brûlage ou extrêmement intolérantes »
(Pereira et al., 2020). Les steppes subdésertiques de la RFOROA en sont un exemple et leur «
tolérance au feu » à travers les réponses de l’écosystème, à petite et grande échelle, fait donc
l’objet de plus amples détails dans les domaines écologiques, pédologiques et atmosphériques.
a) Réponses écologiques
Les conséquences directes du feu sur la biologie locale semblent évidentes : destruction du
couvert végétal et de l’habitat de la micro- et macrofaune, brûlures et mortalité de la faune
sauvage, brûlure des graines des plantes annuelles et du tronc des ligneux (Schmitz, 1996; Gu,
2010 ; Garba et al., 2012). Les conséquences indirectes sur l’écosystème, observables
longtemps après l’événement de feu sont moins évidentes et méritent d’être étudiées. En effet,
la diversité des régimes de feux favorise un large éventail de réactions adaptatives des
populations végétales (He et al., 2019).
 Biomasse
Dans les biomes arides à semi-arides, les variations d’abondance de la végétation ne sont
dictées par les régimes de feu que dans un second temps, les précipitations ayant une
influence majoritaire et plus généralisée (Higgins et al., 2000). Cependant, des tendances sont
perceptibles.
Tout d’abord, l’intensité et la brièveté du feu semblent influencer de façon déterminante la
production de biomasse (Schmitz, 1996; Higgins 2000). Ces deux facteurs sont plutôt
restreints au vu de la quantité de combustible disponible dans les steppes subdésertiques. Par
conséquent, « la chaleur dégagée influence peu le sol à faible profondeur, de même que le
cambium dissimulé derrière l’épaisse écorce des essences pyrophiles et les ébauches foliaires
et florales protégées par les écailles des bourgeons. Il en va de même pour les bourgeons de
remplacement enfouis profondément dans les souches cespiteuses de certaines graminées»
(Schmitz, 1996) et permettant de ce fait la reprise végétative. Simpson et al. (2019) quant à
eux ont montré une divergence dans la production de biomasse des plantes herbacées brûlées
annuellement et non-brûlées. En effet, les premières ont produit une plus grande part de
biomasse racinaire par rapport aux secondes, ce qui leur permet probablement un stock
d’énergie plus important leur permettant « d’initier et de soutenir une repousse précoce ».
Par ailleurs, le passage du feu détruit la litière protégeant le sol du soleil et des intempéries
(Schmitz, 1996). Cependant l’apport fertilisant de la litière ou du charbon résiduel du passage
du feu est différent. En effet, la combustion, proportionnellement à son intensité, entraine des
pertes d’éléments organiques par volatilisation (Basu, 2013). Le sol est donc privé d’éléments
présents habituellement dans la litière fertilisante. Après la combustion complète, une partie
du carbone, dit carbone fixé et les cendres constituent les résidus solides inorganiques restant
à la surface. Ces cendres constituent un apport de minéraux fertilisant, étant principalement
composées de Si, Al, Fe, Ca, mais dont la durabilité est compromise par le facteur érosif et
l’épuisement rapide du sol (Basu, 2013). La repousse de la flore s’appauvrit en quantité et en
qualité, compromettant la régénération du pâturage. De plus, la repousse des chaumes des
annuelles durcit et devient moins favorable à la décomposition, pouvant même être considérée
comme facteur stérilisant (Gillet, 1960b).
De nombreuses études ont montré que la productivité des milieux arides est plutôt défavorisée
par les feux, au contraire des sites humides (Oesterheld et al., 1999), notamment par la
destruction de la litière (Schmitz, 1996). Il semblerait pourtant que l’effet du pâturage soit –
dans une moindre mesure- contraire à cette théorie, promouvant d’avantage la fertilité des
zones arides. Ceci suspend des questions intéressantes quant à l’interaction entre ces deux
agents perturbateurs principaux (Oesterheld et al., 1999).
 Diversité spécifique
Selon l’écosystème considéré, le feu affecte la diversité des espèces végétales de façon
différente. Certains endroits voient leur diversité spécifique diminuer avec l’augmentation du
temps de retour de feu, tandis que d’autres semblent dépendants d’un régime de feu optimal,
auquel l’ « hypothèse de perturbation intermédiaire» fait référence (Connell, 1978; He et al.,
2019), soutenant un niveau exceptionnellement élevé de richesse et d'endémisme des espèces.
Ces dernières se sont adaptées au cours du temps « par des modifications de leurs
caractéristiques fonctionnelles » (Simpson et al., 2019). La réaction des espèces végétales par
rapport à ce facteur de perturbation « dépend de leur sensibilité propre mais aussi de
l’intensité du feu » (Schmitz, 1996). D’autres études révèlent une grande perte de diversité
spécifique là où il n’y a pas eu de feu et dans les parcelles tardivement brûlées, au contraire
des lieux précocement brûlés où les pertes de biodiversité sont plus faibles (Le Floc’h et al.,
1999). La prudence s’impose donc lors de l’étude des caractères végétaux liés au feu à large
échelle car ces dynamiques dépendent fortement de l’histoire biogéographique propre à
chaque écosystème (The Future of Fire Consortium, 2020).
L’une des premières conséquences est que le feu, ayant diminué le nombre d’individus d’une
communauté après son passage, accroît la probabilité d’« extinctions locales en raison de la
stochasticité démographique » et augmente dans un même temps, la variabilité de la
composition en espèce d’un site à l’autre (The Future of Fire Consortium, 2020). Cette
sélection des espèces vestiges du passage du feu, restreint la production parfois très loin de la
biomasse maximale prédite par le climat régional seul (Bond et Keeley, 2005).
Ensuite, dans les régimes de feux de surfaces, comme observés dans la RFOROA, la
végétation est consumée de manière sélective, la strate herbacée surtout, délaissant les arbres
de plus de 2 à 4 mètres grâce à une écorce épaisse et une architecture particulière (Bond et
Keeley, 2005 ; Archibald et al., 2019). La raison principale de la coexistence de ces deux
strates est la fréquence élevée des feux, réduisant l’établissement des semis et empêchant les
jeunes arbres de sortir de la strate des graminées inflammables (Bond et Keeley, 2005). Ce
recrutement sélectif permet une mortalité faible des arbres adultes (Higgins et al., 2000).
Cependant, le facteur supplémentaire de l’abroutissement détient un rôle majeur dans ce
cadre. En effet, les feux ayant détruits les branches mortes épineuses au pied des troncs,
rendent accessible au bétail le seed-shadow de l’arbre convoité pour son ombre et ses fruits, et
ainsi soumis à l’abroutissement des nouvelles plantules et au piétinement intense (Newby,
Comm. Pers., 2020). L’interaction des deux facteurs feux-herbivores pourrait constituer un
enjeu majeur dans la régénération de la strate arborée de la réserve (Bond et Keeley, 2005).
Les prairies dépourvues d’arbres sont considérées comme métastables car le feu y est
suffisamment fréquent et intense pour empêcher la repousse des arbres (Scholes et Archer,
1997). Cet état est tout de même rare dans les environnements semi-arides sur des sols
sableux peu fertiles (Scholes et Archer, 1997).
Suite à un événement de feu, les traits spécifiques et autres caractéristiques sont favorisés
selon les tendances présentées dans le tableau suivant.

Tableau : Influence du passage du feu sur les traits spécifiques et autres caractéristiques des
espèces dans les steppes sahéliennes subdésertiques. TM, Type morphologique ; TV, Type
végétatif.
Trait ou caractéristique Réponse Référence
Famille Fabaceae Croissance encouragée car le feu ayant la propriété (Leach et
d’extraire les nutriments du sol et notamment de Givnish,
volatiliser l’azote, les espèces capables d’établir 1996)
des symbioses fixatrices d’azote détiennent un net
avantage dans les espaces appauvris.
TM Cespiteux Tendance à la prédominance parmi les espèces de (Descoings,
graminées dans les formations herbeuses. 1975)

Postré Forte affectation par le feu mais capacité de (Descoings,


recolonisation efficace permettant la protection du 1975)
sol.

Uniculmaire Présence caractéristique sur sols pauvres. (Descoings,


1975)

Hauteur Petite Favorisation de ces espèces car la couverture (Leach et


végétale vivante et morte sur pied étant réduite, « Givnish,
les herbes dont les feuilles sont proches du sol 1996)
gagnent un avantage […] en allouant moins
d'énergie aux tissus de soutien ».

Recouvre- Dense Favorisation de ce type de couverture végétale (Leach et


ment Givnish,
1996)
Reproduc- Petite graines Favorisation accrue par la dispersion et la (Leach et
tion fécondité en couvert végétal clairsemé. Givnish,
1996)

b) Réponse pédologique
Le feu altère de multiples propriétés chimiques, biologiques et physiques du sol (The Future
of Fire Consortium, 2020). Le premier aspect ayant été développé au point a) traitant de la
biomasse, le tableau explicite en particulier les deux derniers.
Tableau : Influence du passage du feu sur les caractéristiques pédologiques des steppes
sahéliennes subdésertiques.
Caractéristique
Caractéristique Réponse Référence
Biologie Composition en Modification croissante avec les Dami et al.,
espèce des macro- et perturbations engendrées par l’incendie en 2012;
microorganismes surface, et favorisation par certaines sp. Aghakouchak
(hétérotrophes et symbiotes) de la reprise et al., 2020;
des plantes et des processus The Future of
écosystémiques. Fire
Consortium,
2020)
Interaction Perturbation pouvant déclencher « des
plantefongique modifications du biome, détériorer la
qualité de l'eau et provoquer des (Aghakouchak
changements géomorphologiques par et al., 2020)
l'altération des roches»

Physique Horizons Perte « de l'horizon organique et du sol (Dami et al.,


minéral sousjacent par conductivité et 2012;
chauffage par advection lors d'un Aghakouchak
incendie», la destruction de l’humus et des et al., 2020;
caractéristiques d’agrégation et texturales. The Future of
Mais les cendres contribuent dans une Fire
certaine mesure à la formation des sols. Consortium,
2020

Surface Encroûtement et hydrofugation par


l’insolation et l’impact des gouttes de pluie (Schmitz,
n’étant plus interceptées par le couvert 1996; Dami et
végétal devenu absent ou clairsemé. al., 2012;
Accroissement du ruissellement (et Aghakouchak
indirectement une moindre recharge des et al., 2020)
nappes) et, au même titre que le vent,
augmentation du taux d’érosion, prélevant
l’horizon supérieur du sol devenu plus
volatile.

c) Réponse atmosphérique
Le phénomène de combustion rejette dans l’atmosphère une série de substances pouvant
donner lieu à des relations rétroactives avec le milieu à petite comme à grande échelle spatio-
temporelle. Celles-ci sont exprimées dans le tableau suivant
Tableau : Influence des réponses atmosphériques au passage du feu sur les écosystèmes des
steppes sahéliennes subdésertiques et terrestres.

Réponse Conséquence Référence


Fumée Rôles de transporteur (micro-organisme, (Bell et al.,
condensation…) ou de filtre de la lumière 2013 ;The
du soleil, ce dernier rôle pouvant avoir Future of Fire
comme effet de promouvoir la Consortium,
germination et la croissance des plantes. 2020)
Gaz volatils et aérosols En grande quantité, affectation de la santé (Andreae,
humaine et grandes conséquencess 1993;
probables sur le climat régional et Aghakoucha k
mondial. Leur quantité et leur nature et al., 2020;
dépendent des propriétés du feu et de The Future of
celles des combustibles. Le phénomène de Fire
combustion de la biomasse serait l'une des Consortium,
principales sources de pollution de 2020)
l'atmosphère terrestre.
Obscurcissement du Affectation du climat global jusqu’à deux (Saha et al.,
territoire ans après un incendie en Afrique sub- 2019; The
saharienne et en particulier dans la région Future of Fire
du Sahel où un assombrissement initial Consortium,
plus intense et plus durable est constaté. 2020)
L’albédo diminuant dans ces milieux
jusqu’à la moitié de sa valeur initiale,
entraine l’augmentation de l’évaporation
et l’occurrence des précipitations et
modifie à grande échelle la répartition de
l’énergie de la surface terrestre

Refroidissement et Affaiblissement de la mousson dès son (De Sales et


assèchement apparition et diminution des précipitations al., 2015)
étant la cause directe d’une détérioration
de la végétation et d’une baisse évidente
de la productivité primaire brute.

Les cicatrices de brûlures ont donc le pouvoir de modifier le climat régional et donc
potentiellement, les régimes de feu à venir. Par conséquent, il est important de considérer les
modèles de feux de brousse à la fois pour leurs effets immédiats mais aussi sur le long terme
(Saha et al., 2019). Au cours des décennies prochaines, les changements climatiques vont
probablement augmenter les risques de feux de brousse dans le monde (Parry et al., 2007) qui
vont eux même accélérer le réchauffement climatique par les rétroactions du cycle du carbone
(The Future of Fire Consortium, 2020). Ces changements vont ainsi modifier la structure et la
composition de la végétation (Parry et al., 2007).

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