Livre Blanc - Phygitalisation Magasin
Livre Blanc - Phygitalisation Magasin
Livre Blanc - Phygitalisation Magasin
Après le Smart Retailing en 2020, c’est le thème de la transition phygitale qu’ils ont
choisi d’aborder cette année.
Ainsi, à l’aune de la crise sanitaire que nous traversons, nous découvrons à lecture de
ce riche document, des analyses extrêmement pertinentes sur l’évolution des
pratiques du commerce. Les 36 élèves qui se sont prêtés au jeu de la recherche et de
l’écriture, et leurs enseignants qui les ont accompagnés tout au long de ce travail, ont
exploré les évolutions de nombreux secteurs d’activité et nous laissent entrevoir ce
que sera le commerce de demain.
Je tiens à saluer leur travail, d’une qualité rare, et l’investissement de leurs enseignants,
au premier rang desquels Martine Fournier, qui comme l’ensemble des équipes
pédagogiques du CNAM en Grand Est, met son expertise au service du
développement des compétences de nos élèves et leur permet de relever de beaux
défis !
Bonne lecture !
Ce livre blanc « Transition phygitale : vers le meilleur des deux mondes ? » a été écrit
par deux promotions d’étudiants de Master 2 dans le cadre d’un module « Retail,
intégration physique et digitale » au CNAM de Metz et Nancy. Ce phénomène assez
rare est tout à fait remarquable à divers égards.
Il peut sembler naturel à des digital natives de s’intéresser aux nouvelles technologies.
En revanche, ce livre blanc constitue pour les étudiants un véritable exercice de
réflexion et d’appropriation de ce sujet dont ils seront demain les experts. Il s’agit pour
eux de prendre du recul pour bâtir un pont entre d’une part, la partie théorique de
leur apprentissage et en particulier, les articles de recherche qu’ils sont amenés à lire
dans le cadre de leurs cours, et d’autre part, la partie pratique de leur formation en
alternance. Ce recul demande une compréhension fine de la complémentarité entre
théorie et pratique et a sans doute contribué à accroître la maturité des jeunes plumes
de ce livre blanc.
Ce livre blanc représente avant tout le fruit de la belle dynamique enclenchée par
Martine Fournier avec ses étudiants motivés de Master et il restera sans nul doute une
expérience formatrice et inoubliable pour eux.
Nathalie Fleck
L’histoire du Commerce est émaillée de crises ou de révolutions qui ont toutes conduit
à des mutations profondes de celui-ci. Si par exemple, la crise économique de 1929
a conduit à l’émergence de formats commerciaux orientés vers le discount, la
révolution numérique récente a imposé une réinvention des lieux de vente. Lors des
150 dernières années, les échoppes ont fait place aux grands magasins, aux grandes
surfaces, aux e-shops et, aujourd’hui, aux smart shops (Fournier, 2020). La crise sanitaire
que le monde connait actuellement ne fera pas exception et sera probablement un
formidable accélérateur de la phygitalisation du commerce.
1
Devant un consommateur dont les comportements d’achat ont été bouleversés par
la multiplication des canaux de consommation et qui se révèle « channel-agnostic »,
le phygital s’impose aujourd’hui dans l’univers commercial. Badot et al. (2016) relèvent
que le consommateur exige, à la fois, la praticité et la souplesse du numérique
combinées à l’authenticité d’une visite en magasin. Le phygital, par une hybridation
des univers online et offline, conduit au « meilleur des deux mondes »1.
2
Rivet et al. (2018) montrent en effet qu’au plan utilitaire :
Les technologies digitales que l’on retrouve en magasin sont désormais très variées.
Certaines vont privilégier l’autonomie du chaland (self-service, self scanning…).
D’autres vont améliorer l’expérience d’achat grâce à l’utilisation du téléphone du
client (beacon, géolocalisation, services personnalisés…), ou à une meilleure
information disponible en magasin (affichage digital, étiquettes électroniques,
caddies connectés…), voire en immergeant l’individu dans un contexte spécifique
d’achat (réalité augmentée ou virtuelle). L’enjeu de l’adoption de ces différents
dispositifs est d’accroître la valeur de l’expérience de magasinage délivrée au client.
Et c’est un enjeu dont se sont emparés récemment et massivement les commerçants.
La révolution digitale a imprégné tous les comportements de nos vies, nos achats y
compris. La phygitalisation des magasins est en marche et la crise sanitaire mondiale
actuelle ne devrait qu’accélérer le phénomène.
3
Crise sanitaire et modification des comportements d’achat
S’il est incontestable que les ménages ont recentré leur consommation sur
l’alimentaire, les commerçants ont particulièrement fait preuve d’agilité en
dynamisant les canaux de vente ou de livraison adaptés à la crise. Ainsi, les circuits
courts, les magasins de proximité, le drive, le click-and-collect ou la livraison à domicile
ont été plébiscités. « Selon Nielsen France, plus d’un million de foyers supplémentaires
ont essayé le drive sur la première semaine de confinement, dont près de 500 000
retraités » (Badot et Fournel, 2020). Par ailleurs, au 6 septembre 2020, en cumul annuel
mobile, le drive et la livraison à domicile ont progressé respectivement de 30 et 46%
selon la Fédération du Commerce et de la Distribution3.
2 . https://www.fevad.com/bilan-du-e-commerce-au-3eme-trimestre-2020-266-milliards-deuros-de-
chiffre-daffaires/
3 . Fédération du Commerce et de la Distribution, Conjoncture : le commerce et son environnement,
novembre 2020.
4
Si les achats digitaux (e-commerce) ou phygitaux (click-and-collect ou drive)
représentaient à peine 5% des achats alimentaires avant la pandémie, l’adoption de
ces nouveaux comportements d’achat, contrainte par la crise, risque de progresser
et perdurer, chez les plus jeunes comme chez les séniors.
La pandémie, comme toute crise, est vectrice de changement, qui, lui-même, est
source d’innovation.
Le commerce ne fait pas exception à cette règle. Si les situations économiques des
commerçants sont très variables selon les secteurs d’activité et le type de commerce,
chaque commerçant a compris l’intérêt de la multicanalité pour la poursuite de son
activité commerciale. Etre présent en ligne au-delà du point de vente est désormais
devenu une évidence pour nombre de petits commerces traditionnels qui jusqu’alors
étaient restés éloignés de ces enjeux numériques. L’agilité des acteurs de commerce
de centre-ville (Heitz-Spahn et Siadou-Martin, 2020), tout comme celle d’acteurs de
plus grande échelle, sont devenus une condition de leur résilience face à cette crise
sans précédent. Et cette résilience passe par la mise à disposition de canaux
physiques et digitaux de contact que le client pourra utiliser à sa convenance. L’enjeu
résidera alors pour le commerçant dans la gestion intégrée de ces différents canaux
pour en délivrer tout à la fois des synergies et une cohérence commerciale. Dès lors,
l’omnicanalité devient un facteur clé de succès (Cao et Li, 2015), puisqu’en mêlant
de manière cohérente commerce en ligne et en magasin, elle permet de répondre
plus facilement aux attentes spatiotemporelles des consommateurs (Durand, 2020).
Cette distanciation sociale, au travers des différents gestes qui s’ancrent peu à peu
dans nos comportements, accélère le développement du sans contact et plus
généralement des dispositifs permettant la fluidification des parcours d’achat.
5
Comme le soulignent Badot et Fournel (2020), le « sans contact « et le « sans effort »
ont toutes chances de perdurer : « les initiatives offrant une fluidification des parcours
d’achat et la minimisation des efforts des acheteurs pourraient largement se
développer ».
L’innovation a toujours été un élément récurrent du commerce et les crises qui ont
jalonné son Histoire ont constitué des ruptures de paradigmes qui ont favorisé
l’innovation commerciale. La crise sanitaire que nous traversons ne fera pas
exception. La phygitalisation du secteur commercial était déjà en chemin avant le
déclenchement de la pandémie : Cabines ou vitrines connectées, beacons, réalité
augmentée ou virtuelle, puces RFID, reconnaissance visuelle ou faciale, borne de
commande ou de personnalisation, etc. Ces dispositifs phygitaux innovants sont
nombreux et irriguent tous les secteurs du commerce de détail. Ils sont adoptés par les
retailers pour enrichir l’expérience de magasinage ou pour accroître l’excellence
opérationnelle du point de vente.
6
Nous avons mis beaucoup d’énergie et beaucoup d’enthousiasme à explorer ces
différents secteurs d’activité, nous espérons que vous prendrez beaucoup de plaisir à
lire cette contribution
7
BIBLIOGRAPHIE
BABIN BJ, DARDEN WR et GRIFFIN M (1994), Work and/or fun: measuring hedonic and
utilitarian shopping value, Journal of Consumer Research 20 (4): 644-656
8
HEITZ-SPAHN S et SIADOU-MARTIN B (2020), Crise Covid-19 : une analyse de l’agilité des
acteurs de centre-ville, 22ème Colloque Etienne Thil, Octobre, Paris
9
10
CHAPITRE I
DISTRIBUTION GÉNÉRALISTE ET SPÉCIALISÉE
SMART RETAILING : QUAND LA DISTRIBUTION S’EMPARE DU
DIGITAL…
C’est ainsi que les codes de la distribution classique ont basculé pour proposer une
expérience d’achat enrichie par le digital, fortement appréciée et prônée par le
consommateur.
Réinventer le concept du magasin physique, bien plus qu’un défi, une obligation pour
rester dans la course. Bien évidemment, ce n’est pas la première fois que les métiers
de la distribution sont amenés à évoluer, se transformer pour arriver désormais à une
distribution 4.0 (Badot O. et al., 2018). La distribution, une si longue histoire, un si long
parcours avec tant d’évolutions et de pas en avant.
11
Du commerce à la distribution 4.0 : à la rencontre de nombreux
paradigmes
Des zones d’ombres ont ralenti l’expansion de ce commerce dit moderne. Avec la
crise économique des années 1930, d’autres formes de commerces au vu le jour au
détriment du développement des grands magasins. Le commerce est alors plongé
dans un paradigme financier où règne le prix et la minimisation des coûts (Badot O.
et al., 2018) ; le magasin populaire fait alors son apparition.
Péron (2004) le désigne comme « un lieu de vente de produits alimentaires et non
alimentaires avec un choix limité dans chaque catégorie, des articles accessibles à
toutes les bourses ». A la vue de la situation économique, le prix devient LE critère
déterminant dans le processus d’achat.
12
Au vu d’une minimisation des coûts, il envisage ainsi de limiter le volume du personnel
en contact avec les clients et de transférer les coûts et certaines fonctions logistiques
directement à ces derniers. Cullen, précurseur du libre-service tourne la page du
commerce assisté et ouvre les portes à de nouvelles perceptives et horizon au
commerce et à la distribution. C’est par cette optimisation des coûts logistiques et de
merchandising que Cullen donne naissance au hard discount, après la Seconde
Guerre Mondiale. Les sociétés des grands magasins ont compris l’ouverture et
l’opportunité grandissante de cette nouvelle forme de commerce et inventent leur
propre enseignes discount : l’enseigne Uniprix créée par Les Nouvelles Galeries et
Prisunic par Le Printemps. Sur la même lignée, les années 1940 ouvrent la voie aux
centres de distribution, avec une volonté de « restituer la marge aux consommateurs »
(Badot O. et al., 2018, p.35). La famille Leclerc lance en 1949 son premier magasin,
appelé « centre de distribution ». Pour E.Leclerc, « faire du commerce, c’est acheter
le moins cher possible pour revendre le plus cher possible, alors que distribuer, c’est
acheter le moins cher possible pour revendre le moins cher possible ». Cette récession
économique laisse place, dès les années 50, à une période fleurissante, de renouveau
pour les consommateurs : les Trente Glorieuses. C’est l’avènement d’une nouvelle
société de production, de communication et de consommation de masse. C’est l’ère
de « l’hyperchoix » pour les consommateurs. (Badot O. et al., 2018, p.36). La distribution
entre dans un nouvel paradigme ; un paradigme géographique où les commerces
principalement implantés au cœur du centre-ville, migrent vers les périphéries
donnant de nouvelles possibilités aux habitants des banlieues et à une population
désormais motorisée. Nouveau rebondissement dans l’histoire de la distribution : c’est
l’apparition des grandes surfaces alimentaires ; hypermarchés, supermarchés ou
magasins spécialisés. Un nouvel élan pour ce commerce moderne favorisant ainsi la
consommation de masse et répondant à une fonction de distribution de masse que
les petits commerçants de centre-ville n’étaient plus en mesure d’assumer (Ducrocq,
2005).
13
Les années 1970 basculent totalement l’approche d’un marketing plus évolué, où
différenciation et préférence prennent le devant et où le commerce devient une
marque dans son intégralité : « le nom de l’enseigne, ses valeurs, son positionnement
par rapport aux concurrents deviennent des éléments clés dans la gestion des
enseignes » (Badot O. et al., 2018, p.37). La fin d’une époque, le début d’une nouvelle
ère.
Hetzel (2002) et Lemoine (2004) soulignent que le magasin n’est plus simplement une
marque ou un produit, mais qu’il doit être considéré et vu comme « un lieu de vie
plaisant et agréable ».
En outre, une imbrication du monde physique et digital devient plus que vitale pour
la distribution physique. Considérée par ailleurs comme une véritable menace, la toile
du net s’impose comme un canal supplémentaire avec une dimension de
complémentarité à l’enseigne physique. Cette conciliation de physique et digital
amène les distributeurs à « décloisonner leur organisation, par rapport à un
management en silo », répondant à une volonté de créer « des expériences fluides et
sans coutures entre le commerce physique et l’univers virtuel » (Badot O. et al., 2018,
p.42). Le développement du drive et du click and collect illustrent ce rapprochement.
La combinaison des canaux de distribution provient de l’évolution du comportement
du consommateur, perçu et vu aujourd’hui comme hyperconnecté qui a doucement
pris de nouvelles habitudes. Nombreuses sont les enseignes qui ont développé leur
propre site internet de distribution à coté de leur point de vente physiques afin d’offrir
à leur clientèle « un libre-service élargi » perçu comme « un prolongement du magasin
de l’enseigne » (Vanheems R., 2012).
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Cette navigation « online » fait ainsi naître de nouveaux comportements hybrides. Le
consommateur connecté adopte un comportement multi-canal, naviguant d’une
part sur la toile avant de se rendre en magasin pour concrétiser son achat, il s’agit du
comportement ROPO ; Research Online, Purchase Offline. A l’inverse, avec la
prolifération des plateformes de distribution en ligne, le « showrooming
consommateur » prend également de l’ampleur dans la mesure où « la visite sur
internet est parfois le support à la matérialisation d’une transaction dont le processus
de décision a été initié en magasin (Vanheems R., 2012). Les travaux de Shankar et
al., (2003) relèvent que « les avantages associés respectivement aux canaux on-line
et off-line sont susceptibles d’avoir une influence sur la satisfaction que les
consommateurs retirent lorsqu’ils font leur courses ».
L’explosion d’Internet a entraîné des mutations profondes dans la manière dont l’offre
est abordée, dans le comportement de shopping, dans la déambulation en magasins
ainsi qu’au sein de la relation avec le personnel de vente (Vanheems R., 2012).
D’autant qu’aujourd’hui, nous vivons un changement crucial et inévitable : le
paradigme mobiquitaire avec un consommateur toujours plus nomade, connecté et
mobile. Le e-commerce statique donne désormais lieu au e-commerce mobile dans
un commerce dit de « commerce visqueux mobiquitaire » (Badot O. et al., 2018, p.45).
L’idée est simple, dans une logique où le consommateur est en permanence
« attaché » à son smartphone ou autre device, celui-ci est en mesure d’acheter
n’importe où, n’importe quand et où il le souhaite. C’est ainsi qu’est né le
comportement ATAWAFAC (Any Time, Any Where, Any Format, Any Community).
Cette singularité demande une réadaptation des stratégies commerciales et de
distribution des points de ventes physiques afin d’évoluer vers une viscosité
commerciale, qui selon Badot et Moreno, (2016) « représente le commerce usuel,
quotidien, de demain, où des canaux physiques et des canaux électroniques plus ou
moins combinés servent le consommateur au plus près de ses contraintes spatio-
temporelles, de ses pulsions et de ses envies ». Ainsi, pour s’adapter à ces nouveaux
comportements, à une clientèle à la recherche de nouveautés dans leur shopping
d’un point de vue fonctionnel et expérientiel, la distribution se réinvente et surfe sur le
smart retailing.
La mise en place de dispositifs innovants digitaux, cela s’avère être la clé de la réussite
pour l’avenir des acteurs de la distribution. Mobiles, écrans, tablettes, le digital fait
désormais partie intégrante de la vie des consommateurs qui attendent que celui-ci
entre également dans les points de vente avec une digitalisation du parcours
d’achat.
15
Véritable compagnon du client, le smartphone est devenu incontournable lors de la
visite et de l’achat en magasin : les clients sont les premiers à digitaliser le point de
vente, à s’approprier eux-mêmes les technologies.4 Le « web-in-store » et son
incontournable palette de solutions innovantes dispose ainsi d’une place fleurissante
et grandissante au sein du point de vente. Ces technologies, qualifiées de novatrices
ont fait naître de nouveaux comportements et « les clients n’hésitent plus à naviguer
entre l’espace virtuel d’une enseigne et son espace réel, voire de combiner les deux
au même instant, ces comportements se sont progressivement transformés en routine,
en habitude, donnant naissance à des logiques et à des stratégies d’achat inédites »
(Bouzid Y., Vanheems R., 2014). L’idée fixe de dire que le magasin physique est mort
et sans avenir est écartée (Picot-Coupey K., 2013). L’augmentation croissante des
achats en ligne ne diminue pas pour autant l’attrait des points de ventes physiques,
perçus comme un lien social et comme l’élément central du parcours d’achat.5
Pour tendre vers un avenir « serein », les enseignes doivent cependant « restaurer un
lien de confiance et créer une relation plus profonde et plus riche avec les
consommateurs » (Picot-Coupey Karine, 2013). Place alors aux magasins connectés
avec le développement grandissant du smart retailing qui décrit « un contexte
expérientiel, qui entremêle inextricablement physique et virtuel, proximité et distance,
liberté de l’individu et intrusion dans sa vie privée pour délivrer une expérience
omnicanale, enrichie par des technologies jadis réservées au commerce en ligne »
(Bodhani, 2012).
Ainsi, une grande majorité des distributeurs opte pour une réinvention de leur point de
vente en les phygitalisant avec des solutions qui favorisent une expérience efficiente
et excitante (Pantano et Naccarato, 2010). Faire vivre une expérience omnicanale à
des consommateurs devenus ubiquitaires semble être la pierre angulaire dans le
monde de la distribution : « la distribution omnicanale est une expérience de ventes
intégrées qui mêle les avantages des magasins physiques et l’expérience riche en
informations du commerce en ligne, les détaillants pouvant interagir avec les clients
au moyen d’innombrables canaux » (Bezes, 2018). Afin d’avoir une vision unifiée du
client et des synergies profondes, les acteurs de la distribution investissent dans des
outils de connaissances client non plus orientés par canal mais centrés sur le client lui-
même.6 Les parcours omnicanaux favorisent de multiples micro-expériences et
requièrent ainsi une sphère d’interaction plus élargie. C’est pourquoi, dans l’optique
de créer une expérience fluide et sans couture, l’expérience de magasinage se doit
d’être optimisée. Flacandji (2016) la définit comme « l’interaction entre le chaland,
une enseigne et l’ensemble des composants du contexte expérientiel, que celui-ci
soit réel ou virtuel, et qui implique chez lui des réponses à différents niveaux (cognitif,
affectif...)».
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Bornes tactiles, écrans interactifs, cabines d’essayage virtuelles, vendeurs équipés de
tablettes, self-scanning, caddies connectés, carte de fidélité dématérialisée, les
distributeurs introduisent massivement ces innovations technologiques interactives de
communication qui attestent une amélioration de l’image et de la relation client,
jouant sur sa capacité d’attraction.
La vente et la distribution physique doivent tirer parti des technologies pour proposer
à la clientèle une expérience marquante et enrichissante grâce à un aménagement
spatial et des stimulations sensorielles liées aux technologiques numériques qui
enjolivent le magasin physique, renforçant un contact direct avec le produit par le
biais d’un contenu informationnel et d’un cadre ludique. Pour relever le défi de
l’ubiquité, les magasins sont donc repensés pour répondre aux nouvelles pratiques de
mobilité des consommateur (Picot-Coupey Karine, 2013) Gagner en capacités
expérientielles et faciliter un parcours omnicanal sans coutures dans une optique de
développement des ventes et des interactions, il s’agit de l’enjeu majeur du smart
retailing.
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En outre, les stratégies web to store se sont multipliées avec le click and collect, le
retrait en magasin, le drive sans contact et le déploiement de nouveaux services à
destination du grand public. C’est le cas des enseignes du Groupe Casino qui incitent
leur clientèle à utiliser davantage le service Coupe-File afin de scanner et payer aux-
même leurs courses.
En parallèle, E. Leclerc a misé sur son application mobile où les clients peuvent en
amont, et en quelques clics planifier leurs visites en magasin et consulter en direct le
catalogue disponible en points de vente.7
Les travaux récents émanant de Willems et al., (2016) ont permis de répertorier 178
technologies adoptées par la distribution et soulignent leur influence sur la réduction
des coûts coté distributeur et sur la valeur hédonique, utilitaire et symbolique perçue
en magasinage côté shopper. Data in store, gamification du parcours client,
émergence du drive et du click and collect, entrepôts connectés, data & RFID… la
suite de cette lecture rime avec sujets et dispositifs digitaux porteurs, novateurs et
riches de sens pour la distribution et magasins spécialisés. Chacun de ces points a fait
l’objet d’une attention particulière, d’un intérêt et d’un approfondissement poussé
pour en découvrir davantage et partager ce savoir alliant digital et retail.
Nous vous invitons à plonger dans cette première partie de notre livre blanc. Un seul
mot d’ordre : le plaisir de la lecture !
7SIA PARTNERS, « Covid-19 et grande distribution : impacts et réponses du secteur », Sia-Partners, Avril
2020, sia-partners.com
18
BIBLIOGRAPHIE
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? », Recherche et Applications en Marketing, 2018, vol.34, n°1, pp 95-118. DOI :
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de contrôle de soi ? », Management & Avenir, 2014/5 (N° 71), p. 189-200. DOI :
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2014-5-page-189.htm
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19
SHANKAR V., SMITH A. & RANGASWAMY A. « The relationship between customer
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Research in Marketing, 2003, 20,2,153-75
WILLEMS K., SMOLDERS A., BRENGMAN M., LUYTEN K., ET SCHÖNING J., « The path-
topurchase is paved with digital opportunities : An inventory of shopper-oriented retail
technologies. » Technological Forecasting and Social Change, 2016
Ouvrages :
BADOT O., LEMOINE J-F. & OCHS A., « Distribution 4.0 », 2018, Pearson
BADOT O., MORENO D., « Commerce et urbanisme commercial. Les grands enjeux de
demain », 2016, EMS Editions
PERON R., « Les boîtes. Les grandes surfaces dans la ville », 2004, L’Atalante
20
LA GAMIFICATION DU PARCOURS CLIENT EN POINT DE VENTE
PHYSIQUE
La gamification : Définition
La gamification permet de rendre ludique une action qui ne l’est pas initialement. En
point de vente physique, c’est l’acte d’achat et l’expérience client qui est ainsi ludifié.
Cela favorise l’engagement de l’individu qui prend part et permet parfois d’amener
une dimension digitale.
La gamification a été définie dès 2002, par Nick Pelling, un inventeur et programmeur
anglais. Son usage s’est répandu à partir de 2009, lorsqu’il a été repris sur le web.
Cependant, ce concept a ensuite été largement repris. L’un des premiers auteurs à
qui on peut attribuer les théories de la gamification sont Gabe Zichermann dès 2010
et Amy Jo Kim. Dans son livre « Game Thinking » (2018), cette seconde explique que
cinq points fondamentaux sont nécessaires pour créer un processus de gamification
(qu’il soit en physique ou en digital) efficace.
Les points : Les points récoltés par l’individu représentent un marqueur social : ils
permettent de se comparer aux autres. Cela répond à un besoin humain, celui de de
développer son identité.
L’aspect social est renforcé lorsque les points sont distribués par les individus : cela
augmente le sentiment d’approbation.
21
Les feedbacks : Le feedback nous donne des informations sur ce que nous venons de
faire : si c’est positif ou non. De plus, un feedback peut parfois être social, comme par
exemple un commentaire donné par un autre individu.
Applications
22
Selon une étude OpinionWay en France, si les consommateurs devaient jouer à un jeu
proposé par une marque pour gagner des récompenses, près de 70% des Français
préfèreraient le faire avant un achat, que ce dernier ait été prévu ou permis grâce au
gain de ce jeu, plutôt que pendant ou après. (Étude opinion way)
Le moment de l’achat en physique est celui qui permet un plus grand éventail de
possibilités pour apporter une expérience de gamification originale : jouer dans la
queue, utiliser une application connectée, scanner des produits, recevoir messages
personnalisés selon l’expérience et la position, des designs d’espaces. On constate
ainsi que la gamification peut être un déclencheur dans l’acte d’achat pour 32% des
sondés qui sans cet élément n’aurait pas acheté de produit. De manière générale, le
contexte et l’impact financier sont des éléments clés pour maximiser la participation.
(Étude opinionway)
L’objectif va également être de créer une expérience pour le client et d’utiliser les
principes cognitifs du jeu pour que celle – ci soit marquante.
Gamification et omnicanalité
Exemples
Burger King, en 2010 et plusieurs fois depuis, a servi au hasard des burgers à 2 euros,
parmi une sélection de 10 burgers. Ce pari marketing axé sur le hasard, fait par la
marque, a permis de générer 15% de trafic en plus dans ses restaurants sur le mois
correspondant. 40% des clients se sont pris au jeu, ce qui représente des chiffres très
corrects. Début 2018, ils ont lancé une autre campagne basée sur le même principe,
à la gamification encore plus poussée : à l'achat d'un menu King Size, le client se voit
offrir un burger ou un autre menu, mais peut remettre ce gain en jeu pour se voir offrir
une voiture ou... une petite frite. Une fois de plus, le trafic en magasin s’est intensifié et
la communication autour de l’opération a été multiple, en plus d’avoir permis de faire
découvrir de nouveaux produits.
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Le système de vente récent de Nike, pour des sorties limitées initialement, puis de plus
en plus large par la suite joue également sur l’aspect phygital, en amenant le
consommateur en point de vente, après avoir usé d’une bonne dose de gamification.
En effet, après un tirage au sort lors de laquelle l’inscription est parfois ouverte
seulement 30 minutes, le consommateur se rendra avec son ticket gagnant en
boutique afin de récupérer son produit limité. Ces tirages au sort sont parfois
complétés par des quizz. Ils permettent de créer un univers basé sur le hasard autour
du produit, avant de lier le point de vente physique au reste de la stratégie.
Ils indiquent que l’intérêt et le plaisir sont essentiellement des facteurs d’implication
durable. La perception des conséquences négatives d’un mauvais choix et la valeur
de signe représentent le bénéfice direct qui est perçu par les utilisateurs.
Selon l’enquête Opinion Way : On peut considérer que proposer des jeux aux Français
pour qu’ils puissent gagner des récompenses donne une image positive de la marque.
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Ainsi, 69% des personnes interrogées estiment qu’elles pourraient privilégier une
marque qui leur propose ce type de jeux. Le bénéfice lié à l’expérience et, ici, à la
gamification paraît donc être un levier positif de celle-ci.
Motivation
Pour identifier les motivations intrinsèques, il faut savoir à quel type de joueur on
s’adresse. En 1996, R. Bartle en a défini quatre types : le tueur, le collectionneur,
l’explorateur et le social. Le profil de joueur est déterminé sur une base de 200 % : l’un
de types, le plus fort, compte pour 100 %, les autres 100 % sont partagés entre les trois
autres types.
Le collectionneur est plus orienté vers la maîtrise des mécaniques de jeu, l’expertise
afin de briller dans le jeu. Les actions qui lui conviendraient sont celles déjà souvent
mises en place, comme les badges, les points de fidélité, les cartes cadeaux, les
promotions membres etc. Selon l’étude OpinionWay, cela représente 16% des
consommateurs français.
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L’explorateur se focalise sur la découverte et il aspire à connaître les moindres
éléments du jeu. Les actions qui lui conviendraient seraient liées à sa géolocalisation
en magasin, à des chasses au trésor virtuelles, à des jeux de piste en magasin etc.
Selon l’étude OpinionWay, cela représente 19% des consommateurs français.
Le social, enfin, est plus intéressé par les relations au sein du jeu que par le jeu en lui-
même. Peu lui importe de gagner dans l’absolu, en revanche il aime faire partie d’une
équipe et participer à l’effort commun.
Les actions qui conviennent à ce type de joueur/consommateur sont les actions de
coopération et d’échange via la communauté. Selon l’étude OpinionWay, cela
représente 24% des consommateurs français.
Conclusion
Nous avons donc pu dégager et observer les principaux intérêts d’un marketing axé
sur la gamification en point de vente physique. La gamification va permettre
d’améliorer le parcours client. En se basant sur l’omnicanalité maintenant nécessaire,
la gamification va apporter des éléments engageants, différenciants et émotionnels
au consommateur, créant ainsi une relation avec la marque.
L’implication, le bénéfice ainsi que la motivation sont les principales variables qui
influent le consommateur lors d’une expérience de gamification en point de vente.
L’étude OpinionWay a permis de dégager des typologies de consommateurs, par
rapport au jeu. Il faut utiliser ces données ainsi que celles que l’entreprise peut
collecter qu’afin d’orienter la stratégie de gamification.
26
Cependant, comme nous avons pu l’observer au travers des différents exemples, la
gamification se lie très souvent avec l’omnicanalité ou au moins le digital.
27
BIBLIOGRAPHIE
BARTLE, R. (1996). HEARTS, CLUBS, DIAMONDS, SPADES: PLAYERS WHO SUIT MUDS.
DALE S., (2014) Gamification: Making work fun, or making fun of work? Business
Information Review ;31(2):82-90.
28
LE DEVELOPPEMENT D’UN PARCOURS CLICK AND COLLECT
ALIMENTAIRE TOTALEMENT AUTONOME : LE CAS DES
LOCKERS TRI-TEMPERATURE DE L'ENSEIGNE AUCHAN
Pour pallier la corvée des courses perçue par le consommateur, les grandes surfaces
alimentaires se sont ajustées en matière de cyber distribution alimentaire, d’où l’essor
de nouveaux services tels que les drives. C’est une formule simple, rapide mais surtout
gratuite : le consommateur commande en ligne ses articles (click) et les retire sous 24
heures dans un dépôt dédié (collect), parcours assisté donc par un livreur, venant à
la rencontre du client pour charger ses achats dans son coffre d’automobile.
29
Plus récemment, ce canal fait l’objet d’une revisite, avec une proximité renforcée en
zone rurale au profit du drive piéton. C’est le résultat d’une orientation vers de
nouvelles cibles : les citadins. Cette stratégie propose le même parcours que pour le
canal drive historiquement connu, hormis le fait que le client peut récupérer sa
commande dans un point click and collect de son enseigne et ce, sans véhicule, pour
renforcer ainsi sa proximité à son enseigne. En janvier 2020, le parc français comptait
207 drives piétons déjà installés dans les centres-villes.
30
Un parcours d’achat repensé à la volonté des consommateurs
Les courses ordinaires constituent une tâche ménagère à part entière dans le cadre
de la vie domestique. De nombreuses recherches en marketing ont été mises en
exergue pour permettre aux entreprises d’ajuster leur stratégie de distribution car si les
courses sont perçues comme ludiques pour certains consommateurs, elles sont tantôt
perçues comme une corvée pour d’autres. Les résultats de ces recherches sont, en
tout état de cause, multiples et différentes selon le canal :
Pour le parcours digital, cette idéologie est explicitement contraire car le shopper
choisi ce canal pour justement simplifier l’expérience de courses, gagner du temps.
Dans ce contexte, il convient de mettre en place de nouveaux moyens pour lui
permettre de faire ses achats alimentaires rapidement et ainsi les récupérer dans la
journée, quelle que soit sa zone d’habitation pour perdre le moins de temps possible.
En ce sens, les tendances sont à un parcours à prédominance autonome (click and
drive), à un parcours 100% autonome (lockers tri températures).
31
La consigne automatique ou locker d’Auchan Retail
En 2017, Auchan Retail France se lance donc dans ce nouveau service innovant, en
intégrant 250 casiers tri températures, soit le plus grand click and collect autonome
de France, à Saint Etienne-Centre 2, à son apogée, c’est un service gratuit dans un
espace ouvert au public du lundi au samedi de 8h30 à 21h30, l’amplitude horaire est
désormais beaucoup plus élargie.
32
Une proximité renforcée comme facteur clé de succès
Il est possible de percevoir 5 avantages majeurs pour le shopper ayant recours aux
lockers de son enseigne. Les voici schématisés et expliqués.
33
1. Facile : en effet, le shopper doit simplement se connecter et composer son
panier virtuel selon le référencement proposé par l’enseigne. Ensuite, il n’a plus
qu’à sélectionner le parcel locker qui lui convient selon son emplacement
géographique.
2. Économique : ce service proposé est avant tout gratuit, de quoi faire plaisir au
portefeuille du shopper ! De plus, les prix pratiqués sont nécessairement
identiques qu’en hypermarché.
34
Qu’en pensent nos experts ?
C’est un canal qui va tôt ou tard, fortement s’implanter dans toute zone
géographique. Il y a beaucoup d’avantages à gagner. Voyez pour le drive
: si je vis en cité universitaire et que je dois me rendre jusqu’au drive de
Marly ou de Woippy, ça fait du chemin, que j’aimerais éviter en fin de
journée à cause des bouchons. Et ce n’est pas une solution profitable pour
les étudiants n’ayant pas d’automobile. Avec les lockers, c’est nous qui
venons au plus proche de nos clients pour leur permettre plus d’ergonomie
dans leur parcours d’achat alimentaire. Néanmoins, je pense qu’il faut en
premier lieu distinguer 3 zones :
● Les grandes villes telles que Paris, Lyon ou Bordeaux où il y a
énormément de potentiel et de demande pour ce type de canal et
où il sera facile de les développer sur tout ou partie de la ville.
35
● Les hypercentres, comme Metz, Nancy ou Reims, où là, justement il
sera plus adéquat de cibler stratégiquement les lieux d’implantation.
Comme en milieu hospitalier, cité universitaire, à proximité des gares
et centres commerciaux et pourquoi pas, des sièges sociaux. Des
zones donc avec une population active, en manque de temps et
qui cherche surtout à limiter ses déplacements.
Prenons l’exemple de l'hôpital Mercy, imaginez une infirmière qui sort d’une
permanence de 10 heures et qui n’a qu’une hâte : rentrer se reposer, mais
avant, elle doit faire un détour au supermarché pour ses courses. Il convient
de se dire qu’il y a un intérêt certain pour les enseignes de grande
distribution à venir s’implanter ici pour faciliter la vie de ces ménages !
● Enfin, pour les petites provinces et villages, à mon sens il n’y a encore
aucun intérêt à venir s’y implanter. Il faut être certain d’être en
mesure de remplir le locker et d’assurer la demande. Il n’y a, à ma
connaissance, pas encore assez de demande pour permettre à
l’enseigne d’assurer ses coûts logistiques.
Pour dire vrai, les seules craintes auxquelles nous pourrions être confrontés
seraient du domaine organisationnel et logistique en interne.
Les questions que l’on se pose notamment sont : faut-il l’intégrer dans le
circuit de préparation de commande existant en drive, avec l’addition
d’une camionnette servant à la logistique et l’approvisionnement des
lockers ? Faut-il avoir le même référencement d'offres que pour le drive ?
Faut-il instaurer un nombre limité d’articles ? Est-ce judicieux de proposer
des fruits et légumes ? Ou bien faut-il avoir un service complètement
distinct et autonome pour ce canal ?
36
Conclusion
37
BIBLIOGRAPHIE
AUGEREAU V., CURIEN R., DABLANC L. (2009), Les relais-livraison dans la logistique du
e-commerce, l’émergence de deux modèles, Cahiers Scientifiques du Transport, n°
55, pp. 63-95
GAHINET M-C (2014), Les nouveaux formats alimentaires de proximité : regards croisés
des distributeurs et des consommateurs. Management & Avenir 2014 / 5 (N° 71)
38
LA RFID AU SERVICE DU PHYGITAL
C’est une technologie qui est apparue pendant la Seconde Guerre mondiale et qui
existe toujours plus de 70 ans après.
39
Figure 1 : Redsen Consulting
RFID passive
Dans un tag passif on ne retrouve pas de batterie. La puce doit entrer en contact
avec les ondes du lecteur RFID pour être alimentée. Une fois fait, les données sont
instantanément transmises au lecteur. On peut y trouver des informations simples
comme le numéro de série d’un produit son poids sa taille son prix etc. Mais aussi des
données sécurisées comme ceux qu’on retrouve dans les badges d’accès par
exemple. On parle alors d’authentification car les données sont protégées.
40
Figure 2 : Redsen Consulting
RFID active
Avec la RFID active c’est différent, en effet l’ajout d’une batterie au tag le transforme
en balise autonome ce qui lui permet d’émettre régulièrement ses informations
comme sa position ou sa température par exemple. Sa batterie lui offre aussi un bien
meilleur signale radio que pour la version passive.
Pour le client c’est un gain de temps important. En effet, plutôt que scanner chaque
code barre en caisse, un lecteur RFID est capable de lire plusieurs centaines
d’étiquettes à la minute. Dans les enseignes Décathlon par exemple, on dépose ses
articles dans un bac d’encaissement et tout notre panier s’affiche sur un écran avec
les informations sur les articles et le montant total. Chez Nespresso, on place devant le
lecteur le sac contenant les capsules de café pour se voir afficher la note.
41
Les entreprises aussi y trouvent leurs comptes. La RFID est polyvalente. Elle peut par
exemple servir d’antivol et donc permet de gagner du temps sur l’anti-volage des
produits, au moment du payement la puce est désactivée permettant au client de
ne pas sonner en sortant et dans les autres magasins. Et si ça sonne quand même,
c’est que le produit n’est pas payé. Le magasin est en permanence connecté à la
base de données des lecteurs de puces qui donnent toutes les informations sur le
produit qui sonne. Un excellent dissuasif pour les vols qui ont lieu en caisses en libre
services.
Certaines firmes de la distribution comme Wal-Mart aux États-Unis ont beaucoup misé
sur une logistique plus sophistiquée (réseau d’entrepôts et de plates-formes, systèmes
de suivi des produits par RFID, etc.), ce qui leur offre un une gestion plus efficiente et
plus fiable de la chaine de logistique.
42
Gomus propose aussi une expérience client interactive. Lors de l’essayage, la puce
RFID du vêtement transmet au lecteur de la cabine des informations sur le style du
vêtement et cela déclenche une musique adaptée au style. Dans la boutique
Burberry de Londres, des puces RFID sont intégrées à certains articles pour proposer
des produits associés au client.
43
Le cout que cela représente
En moyenne cela représente 15 centimes d’euros par tag passif et 15 € par tag actif.
Sachant que le prix moyen de vente d’un produit dans une grande surface est de 1.5
euros la RFID représenterait 10% du prix du produit moyen.
Raquette de De 1000 à
Lecteur RFID portable
détection 3000€
44
Conclusion
De plus en plus de détaillants optent pour la solution de la RFID qui offre un équilibre
très positif entre les investissements réalisés et le retour sur investissement généré. Pour
aller plus loin, les magasins peuvent proposer des promotions en identifiant les articles
invendus et restants en stock. La RFID ouvre d'autres opportunités, comme l'utilisation
des données de trajet en magasin pour l'analyse des produits et le comportement
d'achat. De cette façon, il est possible d'identifier les produits les plus utilisés dans les
magasins, d'acheter moins et d'en déterminer la cause. Les solutions RFID ne sont plus
la technologie de demain mais d'aujourd'hui. À l'aube des « mégadonnées », elles
seront probablement un élément constitutif d'un ensemble de données de plus en
plus détaillé pour une gestion optimale des réseaux de distribution.
45
BIBLIOGRAPHIE
BADOT Olivier, PACHE Gilles (2007) Une logistique expérientielle pour la firme de
distribution : du « zéro défaut » au « zéro ennui » Management & Avenir (n° 11),11-28
SITOGRAPHIE
https://www.redsen-consulting.com/transformation-digitale/technologie-rfid-en-6-
points/
https://www.leparisien.fr/economie/consommation/comment-la-puce-rfid-
revolutionne-le-commerce-21-02-2019-8016945.php
https://www.myrfidsolution.com/comment-fonctionne-un-systeme-rfid/
https://zozio.tech/blog/article/Prix%20de%20la%20RFID
46
ENTREPOTS CONNECTES, UNE CLE POUR GERER LE BOOM DE
L’E-COMMERCE ALIMENTAIRE
Historiquement, la plupart des distributeurs opéraient sur le marché via un seul canal
de distribution (magasin, catalogue, ou commerce itinérant, etc.). Aujourd’hui le
challenge des enseignes consiste à concevoir et mettre en œuvre une plateforme
commerciale estompant totalement les frontières entre expériences physiques et
digitales du client de par son omnicanalité. Rigby8 définit l’omnicanalité comme « une
expérience de vente intégrée qui mêle les avantages des points de vente physiques
à ceux d’une expérience en ligne riche en informations, dans laquelle les distributeurs
seront à même d’interagir avec les clients par le biais de canaux innombrables – sites
web, magasins, médias sociaux, supports mobiles, consoles de jeux, télévision, objets
connectés, services à domicile, et plus encore – »
47
L’introduction de ce nouveau canal combinée à la multiplication des points de
contact entre le distributeur et son client bouleverse les habitudes d’achats des
shoppers ou il bénéficie de la combinaison des atouts du magasin avec ceux d’un
magasin en ligne. Ce nouveau modèle a vite séduit les consommateurs et les
enseignes l’ont vite compris, quand en 2015 on comptait environ 2500 drives, en 2020
on en compte plus de 5000 répartis partout à travers la France soit le double.
En 2018 la France est passé numéro 1 Europe avec 7,1% des parts de marché, tout
juste devant le Royaume-Uni (6,3%), et bien loin devant l’Allemagne (1,4%), l’Espagne
(1%) ou encore l’Italie (1,6%). À l’échelle mondiale, la France se place en troisième
position, loin derrière la Corée du sud (20%) et la Chine (18%), bien plus en avance en
ce qui concerne le e-commerce, mais bien devant les États-Unis avec seulement 5,6%
de parts de marché.
48
La crise du covid-19 a engendré de nombreux bouleversements dans la vie des
Français, entre couvre-feux, confinement, fermeture des commerces et hausse du
chômage. Les mesures prises par le gouvernement sur la limitation des déplacements
ont eu tendance à pousser les consommateurs à privilégier les circuits onlines, afin de
limiter voire totalement éviter les contacts avec l’extérieur. Résultat, les ventes en ligne
ont explosé en France et en Europe comme cela n’a jamais été observé passant de
7,8% début 2020 à 9,6% durant le confinement soient plus de 2% en quelques mois.
Déjà le circuit le plus dynamique en 2019, le drive est aujourd’hui l’un des moyens
privilégiés pour faire ses courses, cette performance est liée à une diversification de la
clientèle qui séduit bien au-delà des familles, qui faisaient jusqu’à maintenant la
majorité du chiffre d’affaires.
Cependant pour que l’expérience réalisée par le client soit satisfaisante il faut
respecter un certain nombre de critères. Le premier est que la commande soit réalisée
rapidement, un client qui réalise une commande drive doit avoir la possibilité de la
récupérer dans les heures qui suivent.
49
La deuxième est d’avoir un large choix de produits, si le client ne peut pas choisir les
produits qu’il aime et qu’il a l’habitude d’acheter va se retrouver obligé de prendre
des substituts de produits qu’il ne connaît pas et risque donc d’être déçu. La troisième
est que sa commande doit être complète, si le client commande 10 articles sur le site
internet mais qu’on lui livre seulement 5 articles parce que le magasin est en rupture
de stock sur les 5 autres produits cela va créer une insatisfaction pour le client.
Il est donc primordial qu'à la fin le client soit satisfait si l’entreprise veut que le client se
fidélise à l’enseigne et/ou le drive en question mais aussi pour que celui-ci le
recommande à son entourage (amis, famille, réseaux sociaux …). Cela permettra un
gain de chiffre d’affaires, une baisse de l’attrition et une meilleure image aux yeux des
clients.
Pour ce faire, un nouveau procédé est en train de se mettre en place dans de plus en
plus de grandes entreprises afin de s'assurer du bon déroulé des drives et de faciliter
la tâche des employés, l’intelligence artificielle (IA).
L’IA se déploie remarquablement dans tous les pans de la société au cours des
dernières années, même si nous ne nous en rendons pas toujours compte, elle nous
entoure au quotidien : dicter un SMS, converser avec un service après-vente, calculer
un itinéraire en fonction de la circulation. Tous ces services se fondent sur l’intelligence
artificielle. Au-delà des opportunités qu’elle représente dans notre vie quotidienne,
l’intelligence artificielle gagne du terrain dans les organisations.
En médecine par exemple, elle a pour objectif de rendre visible l’invisible pour
anticiper, prévenir, lire les signes d’un dysfonctionnement à venir et adapter au plus
vite la réponse ou la prise en charge, et dans les entreprises, de modéliser les
comportements afin d’orienter les décisions stratégiques des organisations. Son
caractère prédictif, rendu possible par une meilleure visualisation de l’imperceptible,
par la puissance de calcul de ses algorithmes, lui confère des pouvoirs quasi
maléfiques ou magiques selon les points de vue. L’IA est tantôt présentée comme
initiatrice de la disparition du travail humain au profit de robots, d’un monde hyper
rationnel devenu binaire (1 ou 0, oui ou non, vrai ou faux, etc.) tantôt parée de mille
vertus, libérant l’Homme des tâches ingrates lui permettant de se consacrer à des
tâches plus nobles. Dans cette dernière perception, l’IA parée de vertus, est devenue
la clé de la réduction des coûts et l’accroissement de la performance des entreprises
notamment par l’aide à la décision stratégique mais aussi dans tous les actes de
gestion.
50
En ce qui concerne la grande distribution alimentaire et plus particulièrement le drive,
l’IA est venue s’implanter dans les entrepôts de préparation des commandes. Afin de
répondre à l’engouement des Français pour le drive se traduisant par une forte hausse
des commandes mais aussi de toujours satisfaire le client, de nombreuses entreprises
ont développé la robotisation dès leurs entrepôts de préparation des commandes
drives.
Une fois que tous les articles du casier sont entrés, un employé place le bac sur un
convoyeur pour l'emballage et la livraison.
Decathlon aussi optimise sa gestion des retours avec des robots dans son entrepôt de
40 000m². La gestion des retours produits des commandes internet a été améliorée
avec l’usage du système robot « good-to-man » de Scallog. Les opérateurs, installés
dans des gares, scannent une à une les étiquettes de tous les articles retournés avant
de les ranger dans un espace libre d’une étagère. En mode manuel, les opérateurs
perdraient beaucoup plus de temps à retrouver le bon emplacement de chaque
produit. Grâce à cette technologie, c'est 320 articles à l’heure qui sont traités contre
seulement 90 en mode manuel.
Le cas Carrefour
La société Exotec travaille déjà avec E. Leclerc, Cdiscount ou encore Carrefour, pour
améliorer leur logistique grâce à la robotisation. Mais l’enseigne Carrefour est le
pionnier de la robotisation de ses entrepôts dans l’alimentaire en initiant des plates-
formes XXL à Lyon, Paris et Caen. En effet l’enseigne a mis en place dans ses entrepôts
un système de robotisation permettant aux employés de ne plus avoir à bouger de
leur poste de travail, ce sont les robots qui s'occupent d’apporter les produits.
51
Les robots, allant à une vitesse de 20 km/h, parcourent l’entrepôt d'aller en aller à la
recherche des bacs contenant les produits utiles à la commande. Ceux-ci eux-mêmes
triés par les robots en fonction des ventes (les produits les moins demandés sont au
fond des racks afin de mettre en avant les plus grosses ventes) et des dates de
péremption afin d’éviter toute erreur.
Afin d’en savoir plus j’ai la chance d’interroger une directrice de magasin chez
Carrefour, Muriel Beltrame, qui a bien voulu nous en dire plus sur ce projet.
52
Pourquoi avoir décidé de mettre en place les entrepôts connectés ?
En moyenne 20 000 m² avec plus de 7000 cases où sont stockés les produits,
le tout géré par 26 robots et plus de 180 employés par entrepôt.
Comment ça fonctionne ?
Sur le papier c’est simple mais en vrai ça l’est pas du tout. Pour faire simple
les préparateurs ne se déplacent pas du poste de travail c’est le robot qui
s’occupe d’apporter la marchandise sur le tapis roulant. A chaque
commande les robots se ruent dans les allées à la recherche des bacs
contenant les produits nécessaires à la commande et les apportent aux
préparateurs. Une fois le bac face au préparateur il n’a qu'à se servir et
biper le produit afin de le déduire du stock et le mettre dans le sac de
commande et cela ainsi de suite. Le robot se charge de ranger le bac sur
le rack qui lui est attitré.
Tout est géré par l’entrepôts et vous n’avez plus qu'à livrer les commandes
en magasin ?
Et bien non dans nos entrepôts nous ne disposons pas de l’ensemble des
20 000 références disponibles via l’offre drive il nous faudrait des entrepôts
immenses. Nos entrepôts disposent des produits les plus vendus c’est-à-dire
7 700 références sur les 20 000 possibles soit 40% de l’assortiment, mais ses
40% représentent plus de 63% des paniers réalisés par nos clients. Les 37%
restants sont préparés en magasin par les drivers et concernent
majoritairement les produits traditionnels (fruits et légumes, boucherie,
poissonnerie, charcuterie, fromagerie) et les surgelés.
53
Pourquoi ne pas tout préparer en entrepôt ?
Tout simplement afin de proposer à nos clients des produits frais avec la
meilleure qualité possible, imaginez une tranche de jambon coupé dans
un entrepôt mis dans un sac plastique puis dans un bac et livré le
lendemain, c’est inimaginable. Le produit perdrait de sa fraîcheur et entre
le temps de découpe et le moment où le client le mange on ne sait pas
ce qui peut se passer.
54
À terme cela changera totalement la façon de travailler des enseignes et comme
disait l’ancien champion d’échecs Garry Kasparov, « utiliser les ordinateurs (sous-
entendus l’IA) pour « les aspects les plus ingrats » du raisonnement nous libérera et nous
permettra de consacrer nos facultés intellectuelles à « la créativité, la curiosité, la
beauté et la joie ».
55
BIBLIOGRAPHIE
VYT D, JARA M, MEVEL O, MORVAN T, MORVAN N (2017) Des distributeurs toujours plus
proches du consommateur ? Le cas du drive alimentaire Management & Avenir 93 :
141-160
56
LE DRIVE PIETON OU COMMENT LA GRANDE DISTRIBUTION
S’INVITE EN CENTRE-VILLE
Cet article a pour but de mettre en avant les tendances de consommation phygitales
qui évoluent massivement et prennent une ampleur croissante. En effet, cet article
met en lumière un nouveau concept mis en place par la grande distribution : le drive
piéton. Il allie tant la dimension physique que digitale grâce à un point de vente
physique pour le retrait ainsi qu’un mode d’achat totalement digitalisé via le site
internet/application.
Selon Lombardot & Haikel-Elsabeh, 2017 ainsi que Brûlé-Gapihan & alii, 2017 « devant
un modèle de distribution vieillissant toujours basé sur un principe
d’hyperconsommation de produits alimentaire mais également sur un gaspillage de
matières premières agricoles et de produits de grande consommation, le
consommateur réagit et se transforme petit à petit en citoyen consommateur ».
D’après Dubuisson-Quellier, 2018 et Jaoued & Gonzalez Ch., 2017 « ce citoyen
consommateur fait entrer la grande distribution dans un nouveau paradigme
davantage centré sur l’humain, la valeur d’usage, l’authenticité et le sens. Les clients
sont dorénavant plus à la recherche de ces nouvelles valeurs que d’abondance de
biens proposés par les grandes surfaces ».
Le « phygital » est un mot tout nouveau puisqu’il est seulement utilisé depuis une
décennie à peine. En effet, c’est la contraction des mots « physique » et « digital ».
Cette contraction de mots a été créée suite à la montée du commerce en ligne. Nous
pouvons ainsi nous poser la question suivante : quel est l’avenir du magasin physique ?
57
Afin d’innover de la meilleure façon, il est
important de créer les attentes de la Figure SEQ Figure \* ARABIC 1 : Consommateur
cible. Pour ce faire, la grande distribution ayant un parcours phygital
devient de plus en plus connectée en
proposant plusieurs types de formats à sa
clientèle. En effet, l’e-commerce étant
totalement digital et les points de ventes
étant entièrement physiques, il est
nécessaire de savoir s’adapter à son client :
celui qui se renseigne au préalable en ligne et vient acheter en magasin, celui qui
repère en magasin et finalise son achat en ligne, ou encore ceux qui se font
entièrement livrer, ou enfin les profils traditionnels qui font leurs achats uniquement en
point de vente.
Avec cette idée d’être plus centré sur l’expérience et le comportement client
(Prahalad et Ramaswamy, 2004), les drives ont vu le jour en mettant en évidence une
nouvelle stratégie, le « click and collect ».
Le concept émerge en 2016 dans l’Est de la France par l’enseigne Cora qui souhaitait
avoir un contact supplémentaire surtout de centre-ville avec sa clientèle.
Effectivement, il existe aujourd’hui les lockers9 qui permettent d’ores et déjà un retrait
facile de commande en centre-ville mais ne possède aucun contact humain. C’est
ainsi que la grande distribution s’est rendue compte que le contact humain était
primordial pour un certain segment de population, et pour pouvoir le toucher, le drive
piéton est devenu la solution.
Comme stipulé précédemment, les grandes surfaces alimentaire (GSA) n’ont d’autres
choix que de digitaliser leur offre alimentaire face à la concurrence du E-commerce
et aux nombreuses possibilités que ce dernier propose en termes d’évolution des
modes de consommation.
9 Ce sont des « casiers » mis en libre accès où sont déposées les commandes faites sur le site des drives.
Les clients viennent les récupérer à l’aide d’un code unique.
58
Le service « drive » créé dans ce contexte à l’avantage (selon Jara et alii, 2018 ; Vyt
et alii, 2017 ; Colla et Lapoule, 2015 ; Rouquet, 2014 ; Rouquet et alii., 2010) « d’être à
destination d’un consommateur qui lui reconnait une valeur d’usage dans la maitrise
de la gestion de son temps d’achat tout en se libérant de ses achats corvée en
magasin physique ».
Ainsi, à l’heure actuelle, le « drive piéton » est développé par les plus grands
distributeurs français. Ce terme désigne en effet un local implanté en centre-ville qui
permet de retirer à pied sa commande passée en ligne. Ces points de retrait ont
généralement une superficie comprise entre 60 et 200 mètres carrés. Il est en revanche
à noter pour le moment que « Le drive piéton reste encore modeste en termes de
parts de marché mais l'analyse de ses performances en 2020 confirme qu'il est bien le
circuit le plus dynamique du paysage en France avec une croissance moyenne de
85 % sur l'année… et 179 % lors du premier confinement », notent les experts de Nielsen
dans une récente publication.
Les drives piétons proposent une offre de drive « classique » c’est-à-dire ceux situés en
périphérie et accessibles en voiture. Les différentes enseignes proposent entre 7.000
et 12.000 références de produits de grande consommation, contre 3.500 en moyenne
pour une supérette. Le déploiement de ce nouveau concept est rapide.
L’enseigne E. Leclerc en possède 58, dont 14 à Paris, en aura 100 en 2021 et vise les
200 en 2024. Auchan n'en compte que huit mais prévoit d'en détenir 300 dès 2021.
59
L’intérêt du drive piéton par les géants de la grande distribution
Le drive piéton présente plusieurs avantages tant pour les différentes enseignes que
pour le consommateur. Dans un premier temps, la clientèle aura le choix de
paiement : par carte bancaire en ligne ou directement sur place.
Le directeur de l’enseigne Auchan Drive, Pascal
Damien, nous explique que « Le Drive Piéton est
un concept d’avenir qui répond aux attentes et
aux modes de vie d’une clientèle urbaine,
soucieuse de faire ses courses en un minimum
de temps, au meilleur prix ».
Dans un second temps, avec un marché arrivé Figure SEQ Figure \* ARABIC 3 : Logo Drive
Piétonde
à maturité, avec environ 4000 « drives » en France, les enseignes en grande
devanturedistribution
française cherchent de nouveaux leviers de croissance. Après s’être implantés
partout en France dans les périphéries, le constat qui est fait aujourd’hui est l’absence
quasi-totale en centre-ville de ces enseignes. En effet, ces dernières comme Cora et
E. Leclerc ont été précurseurs dans la conquête du centre-ville. Elles ont été les
premières à lancer le système de drive piéton.
60
Les drives piétons sont implantés non loin10 d’un hypermarché ou d’un drive
« classique » de la même enseigne pour s’approvisionner. L’avantage non
négligeable de ces « petites surfaces » situées en centre-ville est de pouvoir proposer
autant de références que ses homologues en périphérie avec en plus une politique
prix nettement plus agressive (environ 17% moins élevé) que ses concurrents de
centre-ville, selon le directeur des Éditions Dauvers.
Cette politique de prix bas s’explique par un loyer plus faible que les supermarchés
des centres-villes, la surface de ces points de retrait étant très réduite. Seul point
négatif à la taille de ces locaux, ils ne peuvent pas stocker un grand nombre de
commandes et doivent donc être réapprovisionnés toute la journée.
Pour conclure, grâce au phygital, les géants de la grande distribution française ont su
se réinventer en proposant un concept novateur. En alliant digitalisation de la
passation de commandes et retrait en point de vente physique, les drives avaient
depuis 2008 réussi à conquérir de nouveaux clients.
Depuis 2016, et la création des drives piétons, les GSA investissent les centres-villes pour
conquérir un nouveau type de clientèle, comprenant notamment plus de mono-
foyers et de personnes ne possédant pas de véhicules.
10Les drives piétons sont en effet situés en général au sein d’une même ville qu’un hypermarché ou qu’un
drive afin de pouvoir s’approvisionner. Cela peut aller de 5 a 20km.
61
Pourquoi les grandes enseignes de grande distribution ont-elles décidé de
s’implanter dans les centres-villes avec ce nouveau type de commerce ?
Pour vous, quels sont les principaux avantages de ces nouveaux concepts
par rapports aux autres formats de grandes surfaces alimentaires déjà
implantés en centre-ville ?
62
BIBLIOGRAPHIE
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63
L’UTILISATION DU DRIVE (CLICK AND COLLECT) PENDANT LA
CRISE SANITAIRE DU COVID-19, UNE NOUVELLE HABITUDE
D’ACHAT EN DEVENIR ?
Il existe depuis l’année 2000 une méthode pour développer le parcours d’achat des
clients de la grande distribution : le click and collect. Cela désigne le mode d’achat
par lequel un consommateur commande son produit en ligne sur internet et effectue
le retrait de son achat en point de vente. Cette solution de parcours d’achat est créée
par Auchan à Leers (59). Premièrement appelé « Volume Express » le système
s’appelle « Auchan Express » avant de s’appeler définitivement « Auchan Drive ».
64
Le confinement pendant la crise, une obligation pour les clients de
changer leurs habitudes d’achat
Outre le fait de limiter et de ralentir l’économie, la situation a obligé les français à créer
des réserves de denrées alimentaires de première nécessité afin de limiter les
déplacements en dehors de leur foyer. Les français se sont logiquement rués dans les
magasins de la grande distribution. Le marché de la grande distribution a subi une
saturation très rapidement et l’afflux des livraisons n’a pas restreint le nombre de
ruptures. De plus, les clients se sont tournés vers une solution déjà présente et ancrée
dans les magasins mais dont la demande a aussi explosé lors du confinement : le Drive.
65
Comme nous le montre l’infographie12 ci-dessus, les recherches pour faire ses courses
au drive d’un hypermarché ont explosé, elles passent de 720 requêtes mensuelles à
plus de 14800 sur Google. Les clients cherchent une alternative pour éviter le contact
avec d’autres personnes mais aussi pour gagner du temps en commandant
directement à la maison. Dans une tribune LSA publiée le 7 mai 2020 sur le site, les
restrictions imposées par le gouvernement ont aidé à développer l’e-commerce. Par
exemple : le Drive en général a développé sa clientèle : 1.2 million de nouveaux
foyers, dont 500 000 retraités, ont essayé ce canal pendant le confinement. De plus,
le CA de ce format digital a augmenté de +25.5% sur le premier trimestre 2020 par
rapport à la même période, selon Kantar.
66
Sur le premier trimestre, il y a eu une augmentation entre 20% et 40% d’achat
supplémentaire sur les produits alimentaires basiques (pâtes, œufs, lait, café, etc.)
Cette augmentation est due aux comportements des clients qui désiraient stocker des
produits alimentaires chez eux. Ils ont donc réduit leur fréquence d’achat mais ils ont
augmenté leur panier moyen. Le poids du Drive sur les marchés PGC [ndlr : Produits
de Grande Consommation] et Frais LS [ndlr : Libre-Service] ont augmenté d’environ 3
points pendant le confinement, passant de 7% de volume des ventes à 10% de volume
des ventes
Selon ESCP Paris qui a publié une chaire prospective sur le retail du monde d’après,
on y retrouve des hypothèses de la future consommation des clients par rapport à
l’impact du Covid-19 sur le commerce et la distribution. Elles sont au nombre de six :
67
Comment voyez-vous l’avenir du Drive post-covid ?
68
BIBLIOGRAPHIE
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possibles sur les comportements des acheteurs et sur les stratégies des distributeurs ?,
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proches du consommateur ? Le cas du drive alimentaire, Management &
Avenir 2017/3 (N° 93), pages 141 à 160
69
LE DATA-IN-STORE : QUELLES SONT LES NOUVELLES
OPPORTUNITES QUI S’OFFRENT AUX RETAILERS ?
Les nouveaux usages liés à la prolifération rapide d’Internet (réseaux sociaux, sites
web, smartphones, applications mobiles…) et le progrès constant de la technique
(data center, GPS, puces RFID, capteurs…) contribuent à une avalanche de données
produits (appelée data) à grande échelle, qui laisse place à un phénomène
émergeant appelé « Big Data ». Pour toutes les entreprises, le véritable enjeu à l’heure
du Big Data est de pouvoir traiter et analyser correctement et en temps réel
l’abondance de données à leur disposition, qui émanent de sources différentes. Le
but de tout cela est de créer de la valeur de l’entreprise et ainsi pouvoir développer
des avantages compétitifs. Ce phénomène émergeant met les entreprises face à des
enjeux multiples (technologiques, organisationnels, économiques...).
La data, quèsaco ?
70
La connaissance permettra d’anticiper les éléments liés à son environnement et
pourra permettre de développer des offres plus appropriées pour ses clients ou encore
de parfaire son ciblage.
La data est une base de données infinie qui aide à nourrir, capter, appréhender et
déployer les processus de changement. Baptisée « l’or noir de l’économie
numérique », il fallait s’attendre à ce qu’elle attire un regard entrepreneurial aiguisé,
et c’est chose faite, laissant ainsi place à un phénomène de « Big Data ».
Mais c’est quoi ce fameux « Big Data ? ». Comme son nom l’indique, ce mot est
d’origine anglophone et est souvent traduit par les expressions « grosses données » ou
encore dernièrement « méga données ». Ce terme a pris un essor fulgurant lors de trois
grands rapports13 écrits par l’institut McKinsey ou McKinsey Global Institute (Manyika
et Al, 2010 ; Brown Chui et Manyika, 2011 et Manyika et Al ; 2011). Pour cet institut, le
terme de Big Data « décrit des jeux de données dont la taille ou la nature ne permet
pas une capture, un stockage, une gestion et un traitement par des outils de gestion
de bases de données classiques ». Ce concept n’est pas défini en taille, car toujours
pour l’institut McKinsey, « le volume de données considéré comme étant le Big Data
peut varier d’un secteur d’activité à un autre, allant d’une douzaine de Téraoctets14
à Plusieurs Pétaoctets15 ».
13 Clouds, Big Data and smart assets : Ten tech-enabled business trends to watch (Manyika et Al, 2010) ;
Are You ready for the era of « Big Data » (Brown, Chui et Manyiaka, 2011) et Big Data : The next frontier
for innovation, competition and productivity (Manyika et Al, 2011)
14 Un Téraoctet (To) correspond à mille milliards d’octets
15 Un Pétaoctet (Po) vaut mille téraoctets
71
● Vélocité : les données doivent être collectées et traitées en temps réelles avant
leur obsolescence, comme par exemple pour certains usages du marketing
prédictif.
Comme nous l’avons vu, la collecte de données va de pair avec le e-commerce, car
il est facile de recueillir des données sur le web, où tout est traçable, grâce à divers
dispositifs (cookies, tags…). Mais la collecte de données pourrait être enrichie par le
commerce physique.
Les définitions les plus récentes associent même les données collectées aux
algorithmes capables de les traiter. Bien que les algorithmes soient très anciens, ils se
voient revaloriser après les premiers engouements pour la Big Data
Face à cette nouvelle interrogation, très peu voire aucune donnée scientifique et
littéraire n’est disponible sur le sujet. Cette partie sera alors réalisée selon un modèle
plus « probable » que « réalisable » avec des données exhaustives.
Le flux de passants in-store est 10 fois plus important que le flux de passant sur un site
de e-commerce.
72
Les points de vente physiques sont longtemps restés des boîtes noires où la collecte
de données était très faible, où seuls les inputs (comptage du nombre de visiteurs
entrant dans le point de vente) et les outputs (collecte de données grâce au système
de caisse avec les cartes de fidélité) étaient des données identifiées. Mais aujourd’hui,
face au développement technologique, de nombreux outils de collecte de données
in-store commencent à faire leurs apparitions et peuvent permettre la collecte tout
au long du parcours du client dans un magasin. Les outils permettent une collecte,
que je désignerai comme une « collecte en trois phases », à l’entrée (comptage),
dans le magasin (analyse comportementale et suivi du parcours), et l’activation
pendant et après la visite (activation de leviers).
Le comptage
Comme dit précédemment, le comptage client est depuis longtemps une source de
données in store. Cette donnée est recueillie à l’aide de plusieurs techniques :
faisceau laser au niveau d’une porte d’entrée, pression sur un plancher, passage d’un
tourniquet… ces moyens de comptage sont situés à des endroits stratégiques du
magasin. Le comptage compte évidemment le nombre de visiteurs, et non pas le
nombre d’acheteurs. Le système de caisse, lui, permet de recueillir le nombre d’achat.
Grâce à ces deux données, le nombre de passage en magasin et le nombre de
passage en caisse, l’entreprise peut facilement calculer son taux de transformation.
Par exemple, si 10 clients rentrent dans le magasin et que 5 passent en caisse, le taux
de transformation sera de 50%.
73
Exemple
Le suivi du parcours a pour principe le suivi de la localisation d’un visiteur. Il peut être
réalisé par les outils précédemment présentés, mais également par synchronisation
entre un smartphone identifié (device) et des émetteurs (Wi-Fi/Bluetooth). Il permet de
suivre le parcours d’un individu (mais pas ses interactions avec les produits) et offre la
possibilité d’interagir avec lui s’il est connecté (message push, notification, …). Des
solutions technologiques comme le Wi-Fi tracking se développent vitesse grand V
depuis quelques années déjà. Ce système permet de capter de la donnée anonyme
afin de comprendre le comportement des clients en magasin. Aujourd’hui, grâce au
développement de la téléphonie mobile, omniprésente dans le quotidien de
quasiment tous les clients, les smartphones se transforment en « cookie du monde
réel », ce qui permet d’avoir un niveau d’analyse quasiment similaire à celui sur le
Web. Pour résumer, le Wi-Fi tracking est l’équivalent d’un Google Analytics, mais
version point de vente physique. De plus, cette nouvelle technologie peut être, avec
le consentement des clients, associée à des données de profil (carte de fidélité…)
74
Ces deux techniques permettent de déclencher des actions on-device (sur le
smartphone) en temps réel. Mais ces techniques ont une limite… il faut que les clients
aient soit le Wi-Fi soit le Bluetooth activé sur leur mobile, qu’il possède l’application
enseigne (application propre au magasin ou l’enseigne) et qu’ils aient accepté de
recevoir des notifications sur cette applications. Si ces trois points sont remplis, ce
groupement permet alors de développer, à l’instar des sites de e-commerce, des
mécaniques relationnelles comme des offres personnalisées en temps réel pendant le
parcours d’achat, ou alors des relances post-visite…
Exemple
La remise d’une commande Click & Collect pour des produits alimentaires
nécessite toujours un délai de préparation, essentiellement lié aux différents modes
de stockages des produits (produits frais, produits surgelés…). Ce temps de
préparation et d’attente pour le client ont été clairement identifiés comme irritants
pour ces derniers, et l’enseigne a décidé d’agir. L’objectif lié à l’intégration de ces
technologies de collecte de data est clairement d’augmenter la satisfaction de
ses clients en réduisant au maximum le délai d’attente. Cette chaîne de magasin
a décidé d’intégrer deux technologies : suivi de parcours et activation via
beacon.
La méthode est simple : lorsque qu’un client vient pour retirer sa commande Click
& Collect et qu’il arrive dans une zone spécifique du point de vente, un message
prévient les équipes pour qu’elles préparent la commande. Cette pratique de
localisation du client s’appelle le « géofencing ». Une fois que la commande est
préparée, une notification push déclenchée par la technologie du Beacon
prévient le client que sa commande est prête.
75
Ces outils constituent l’in-store analytics. Des nouvelles technologies qui ont permises
une petite révolution dans le monde du retail.
Lors d’une interview réalisée, il cite « en tant que consommateur, je suis très vigilant
sur les données que je partage, en l’occurrence sur internet. Je n’ai pas de réseaux
sociaux et je refuse systématiquement les cookies sur les sites internet. » ce qui
montre déjà une première réticence personnelle. Cependant il complète en
disant « je n’ai pas une connaissance fine du Web et tout ce qui tourne autour de
la data, je suis un « ancien » comme disent les jeunes ! Je pense que les jeunes sont
plus ouverts d’esprit avec ce sujet. De toute manière, la génération Y est la
génération de demain, il faut donc aller dans leur sens ». Mais avec son expérience
personnelle et sa vision d’homme de main, son discours évolue dans un sens plus
optimiste : « aujourd’hui, le client cherche de nouvelles expériences d’achat et un
parcours d’achat innovants. Les temps sont durs pour beaucoup de personnes en
France et ces dernières sont donc très sensibles aux offres promotionnelles. La
collecte de données dans les points de vente physique sur chaque client
permettrait de faire vivre à chacun des expériences uniques et proposer une réelle
personnalisation de chaque offre émanant d’un magasin. C’est ce qu’il se passe
aujourd’hui avec les pure players du e-commerce. Réussir à intégrer ça dans le
commerce physique serait indéniablement utile pour fidéliser une clientèle
devenue beaucoup trop volatile ». Une vision des choses qui montre la
détermination des professionnels pour ces nouvelles technologies dans une
optique de dynamisation du parcours clients.
Interview 6 : Mr. Dolgowicz, directeur du magasin école Grand Est Carrefour Contact Nancy JDA et
formateur des futurs directeurs des magasins Grand Est, est passionné des nouvelles technologies
permettant le développement du commerce physique
76
Face à l’essor de ce phénomène qui promet monts et merveilles, une question reste
primordiale : est-ce que le client est prêt à se sentir « espionné » au profit d’expérience
unique et d’un parcours d’achat plus personnalisé ? Aucune enquête à ce jour ne
montre l’accord ou le désaccord des consommateurs, car ce sujet n’est pas encore
répandu mais est pourtant dans les projets de nombreuses entreprises, qui
chercheraient, à terme, à l’incrémenter dans leurs orientations stratégiques.
Le mot de la fin ?
77
BIBLIOGRAPHIE
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KITCHIN R. (2014), The Data Revolution: Big Data, Open Data, Data Infrastructures and
Their Consequences, London, Sage
78
CHAPITRE 2
LE COMMERCE DE PROXIMITÉ
LA DIGITALISATION DES COMMERCES DE PROXIMITE : UN
PASSAGE OBLIGE POUR RESTER SUR LE MARCHE ?
Alors que 2020 s’annonçait comme une belle année, avec de nouveaux projets, elle
a été une des plus compliquées depuis bien longtemps. L’arrivée du Covid-19 a
définitivement modifié l’histoire, et la vie de tous dans le monde entier. Il y a eu la crise
économique de 2008, les deux guerres mondiales, mais nous avons rarement vu une
épidémie de cette ampleur et avec autant d’impacts. Que ce soit en Asie, en
Amérique, ou encore en Europe, la maladie a frappé les quatre coins du monde, nul
n’a été épargné.
Parmi les plus touchés, on peut citer les commerces de proximité, qui ont dû faire face
à de nouvelles difficultés, alors que beaucoup n’y étaient pas préparés. Il est vrai que
lorsque la première annonce de confinement est tombée, les citoyens se sont rués
vers les géants de la distribution pour s’approvisionner, laissant tomber les plus petits
commerces. Mais rapidement, la tendance s’est inversée et les consommateurs se
sont dirigés vers les enseignes de proximité, pour soutenir ceux qui en avaient le plus
besoin, et qui, sans clients, risquaient la faillite. La manière de consommer a d’ailleurs
quelque peu changé suite au confinement, puisque les consommateurs préférèrent
épauler les plus petits, les producteurs locaux plutôt que les grandes enseignes.
80
Les commerces de proximité n’en sont pas à leur première situation délicate, en
dehors des guerres et crises, ils ont surtout dû faire face à la concurrence : la grande
distribution et le e-commerce.
Depuis de nombreuses années, ils perdent des parts de marchés, et doivent donc
s’adapter aux situations et trouver rapidement des solutions pour continuer de vendre
et donc de vivre.
Il est vrai qu’il est intéressant de redéfinir ce qu’est un commerce de proximité, car la
définition est parfois floue, et s’étend quelque peu sur la définition d’un commerce
standard. Pour l’INSEE, ce sont les commerces alimentaires spécialisés comme les
boulangeries, les boucheries, poissonneries, fromageries, crèmeries, traiteurs... Ce sont
également les supérettes, les marchés, les petits cafés, mais aussi les libraires, bureaux
de journaux, commerces d’habillement, maroquinerie, parfumerie... En bref, les
commerces de proximité regroupent un nombre important de types et formats de
commerces.
Son histoire
81
Avec la révolution commerciale au XIXème siècle, insufflée par Aristide Boucicaut,
fondateur du « Bon Marché », les consommateurs voient apparaître la facilité de se
rendre dans un seul lieu pour faire l’intégralité de leurs courses, avec des prix affichés,
fixes, et des produits en libre-service.
Les français découvrent ensuite les grands magasins, comme les Galeries Lafayette
ou Printemps. Et c’est en 1963 que le premier hypermarché de France se crée. A partir
de ce moment, les consommateurs délaissent les magasins de proximité pour se
tourner vers les géants de la grande consommation. C’est une nouvelle façon
d’acheter, bien plus pratique et rapide.
Durant plus de 20 ans, un déclin significatif des petits commerces se fait sentir, avec la
fermeture de nombreux d’entre eux. A partir de 1990, un ralentissement des fermetures
des magasins se distingue. A partir des années 2000 et de l’apparition du e-
commerce, les commerces de proximité voient naître un nouveau concurrent de taille
: les sites internet, avec la livraison à domicile. Cependant, parallèlement à cela, des
plans de relances des petites enseignes se mettent en place, comme « Vital'Quartier
» 1 et 2, en 2004 ou « Action cœur de ville » en 2017.
82
Ainsi est né le « web to store » qui regroupe les pratiques marketing faites sur internet
permettant d’amener les consommateurs en point de vente physique. Attirer le client
vers la boutique est un point important, surtout lorsqu’on est un petit commerce. Tous
les produits ne sont pas toujours présents sur le site internet, et peuvent être moins
visibles.
Les achats en ligne sont parfois plus raisonnés (en dehors des achats sous promotion).
Le fait de venir à l’intérieur d’une enseigne permet de laisser place aux achats
impulsifs et surtout créer un contact avec les commerçants. Par rapport à la grande
distribution, les consommateurs sont attachés aux commerçants de proximité et petits
commerçants avec qui ils créent de réels liens. L’accueil chaleureux d’une
boulangère, le sourire d’un boucher font toujours plaisir.
Un lien plus fort se crée entre les vendeurs et acheteurs dans ce type de commerce
et peut-être une source de fidélité. Amener le client physiquement en magasin
devient donc stratégique.
La première solution très connue est le click and collect. Vu depuis de nombreuses
années dans les grands groupes, cette solution a prouvé son efficacité à de
nombreuses reprises. Il suffit que le client commande ses produits en ligne et les retire
en magasin. Cela lui permet de gagner du temps tout en allant à la rencontre du
commerçant. Il est tout à fait possible de commander par téléphone, pour les produits
de bouche notamment, et de la même façon de se rendre en magasin pour
récupérer ses produits.
83
Cela a permis d’une part, de faire vivre les producteurs qui n’avaient plus la possibilité
de faire les marchés, et d’autre part, de se faire connaître, de gagner en visibilité et
en notoriété…
Une limite peut être posée sur le click and collect ; celle de transformer le point de
vente en un drive, où le client y verrait uniquement un lieu de retrait de commande
et non un réel magasin. (Barth et Antéblian, 2006 ; Colla et Lapoule, 2011). Les
promotions ne seraient donc plus visibles à leurs yeux, ils éviteraient les actions de
communications et de marketing pour ne pas acheter compulsivement. Une sorte
”d’autorégulation” se mettrait donc en place, pour permettre d’atteindre son objectif
de base : retirer sa commande (Babin et Darden, 1995 ; Baumeister, 2002 ; Dholakhia,
2000).
Nul n’est censé ignorer l’ère du digital. Depuis sa révolution, on ne cesse de voir de
nouvelles technologies apparaître. Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee (2014)
rapprochent la révolution « numérique » à la révolution industrielle. En effet, celle-ci
avait permis de détacher les actions de l’Homme de la production grâce aux
machines. Il en est de même pour la technologie qui automatise le quotidien des
entreprises et des citoyens et peut même aller au-delà des capacités de l’humain (cf.
les intelligences artificielles).
Pour le monde du commerce physique, cela a été dans un premier temps un ennemi,
s’emparant toujours plus de part de marchés, mais qui par la suite, s’est ouvert à un
monde nouveau, et à une solution pour complètement se réinventer. C’est ainsi que
s’inscrit le « web in store », qui reprend le concept de digitalisation du point vente à
travers les innovations.
84
Ces investissements de long terme doivent donc être mûrement réfléchis, et discutés,
mais s’inscrivent dans l’avenir. Un magasin innovant attire toujours la curiosité, même
pour les plus réfractaires aux changements, le sentiment de découvrir une nouvelle
expérience est toujours la bienvenue. En réalité, le phygital pour les petits commerces
est surtout basé sur des services simples comme le e-commerce.
Même si le phygital s’inscrit comme une ligne conductrice dans le futur, il reste
compliqué pour les petits commerces d’investir dans ce domaine. En effet, le frein le
plus important au changement reste le coût. Un petit boucher de campagne n’aura
sans doute pas les moyens de se payer une vitrine connectée.
En revanche, pour les franchises, et les grands groupes comme les supérettes, il n’est
pas rare de voir de l’innovation. On remarque donc un fort déséquilibre entre les
moyens qu’ont les commerces de proximité, notamment pour investir dans le phygital.
Une solution serait peut-être de déployer des aides gouvernementales favorisant
l’installation d’outils digitaux.
Une autre limite pour les commerces de proximité face au digital reste la clientèle,
parfois réfractaire au changement. Pour certains commerces locaux, notamment en
milieu rural, les personnes âgées peuvent représenter plus de 60% des clients. Ces
derniers ont souvent du mal avec la technologie, qui pour eux, remplace l’humain. Ils
ont besoin de garder une relation et un lien simple avec les vendeurs, sans
technologies et sans « artifices ». Ainsi, les bornes connectées, hologrammes et autres
ne seront pas les bienvenues.
La digitalisation pour les commerces de proximité est devenue depuis ces dernières
années un enjeu majeur pour leur « survie » sur le marché. L’année 2020 a montré plus
que jamais l’importance de s’aligner aux tendances digitales pour maintenir une
continuité des ventes. On retiendra donc l’accroissement de la création des sites
internet du retrait de commande et du Click and Collect.
Vous allez donc découvrir dans les prochaines pages les différentes solutions qu’ont
trouvé bibliothèques, salles de sports, ou encore caves à vin pour réinventer
l’expérience d’achat. Digital et point de vente physique s’entremêlent donc, pour
faire vivre à chacun une aventure originale et inattendue.
85
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et avec les technologies digitales. Question(s) de management, 7 : 79-89
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87
DEPOUSSIERER L’IMMOBILIER : LES NOUVELLES AGENCES
IMMOBILIERES A L’HEURE DU DIGITAL
Ce secteur a connu de nombreuses crises. Entre krach immobilier, hausse des prix,
banques réfractaires aux emprunts… L’immobilier a dû se réinventer pour lutter contre
la morosité qui s’est installée au fil du temps à son égard. Aujourd’hui plus que jamais,
l’enjeu est de se démarquer de la concurrence et de s’adapter aux tendances.
Quoi de mieux que le digital pour répondre aux enjeux des entreprises ? Cela est
d’autant plus valable lorsque l’on prend conscience de la nécessité du digital et du
numérique lors de crises comme celle que nous venons de connaître. L’expérience
client doit alors être abordée autrement par les entreprises et réfléchie en adéquation
avec le développement du digital. Digital et point physique ne sont désormais plus
deux choses distinctes, mais bien deux éléments complémentaires.
Peu d’études ont été réalisées sur les agences immobilières. Une étude en particulier
a retenu notre attention : celle de Nathalie Gardes, maître de conférences à
l’université de Bordeaux. A travers ses recherches, Madame Gardes a mis en exergue
l’importance de l’apport du digital dans l’immobilier. Elle a su démontrer que le digital
était un levier de performance dans ce secteur, permettant d’accroître la proposition
de valeur client. D’après Frow et Payne (2005), la proposition de valeur client (PVC)
est « une promesse de bénéfices de valeur que les clients recevront avant et après
l’expérience d’achat ».
La PVC est un levier essentiel pour une entreprise afin que celle-ci puisse se différencier
de ses concurrents.
88
De plus, elle influence la perception du client (En agissant notamment sur la valeur
perçue, la satisfaction et l’attractivité à l’égard d’une marque ou d’un produit). La
PVC est donc bénéfique aussi bien pour l’entreprise que pour le client.
89
Le digital peut-il répondre aux préoccupations des professionnels
de l’immobilier ? Le phygital est-il source de performance pour une
entreprise immobilière ?
Avant l’arrivée massive des outils digitaux, toutes les stratégies des entreprises se
focalisaient sur l’expérience in store. Le point physique était un élément important de
la proposition de valeur, c’est sur cela que s’appuyaient les entreprises pour se
différencier.
Les nouvelles technologies, si elles sont utilisées à bon escient, peuvent permettre de
créer une nouvelle proposition de valeur client plus originale. Cela permet, de
nouveau, d’être un levier de différenciation concurrentielle. Les entreprises de
l’immobilier peuvent se servir des nouvelles technologies pour créer de nouvelles
expériences clients, mais également pour réduire les irritations clients en simplifiant le
parcours client.
90
L’immobilier est souvent synonyme d’anxiété ; il représente un engagement fort d’une
personne et de son patrimoine, il constitue des facteurs émotionnels et financiers
importants. Le digital peut permettre de rassurer le client en lui facilitant la projection
(home staging virtuel, réalité virtuelle…) mais il faut associer cela au contact humain
car il permet de démontrer une réelle empathie envers le client, de travailler sur les
aspects émotionnels (chose que la data ne permet pas). L’agence physique doit
désormais répondre aux attentes des styles de vie des consommateurs : ultra
connecté, volonté d’immédiateté et d’instantanéité.
Pour illustrer tout cela, rien de tel qu’un exemple concret. Connaissez-vous les
Agences de Papa ? Récemment arrivée sur le marché de l’immobilier, cette enseigne
révolutionne le secteur par son fonctionnement.
Son objectif : Digitaliser au maximum les transactions immobilières. L’utilisation des
outils digitaux permet de réduire les commissions. Les Agences de Papa proposent
d’ailleurs une commission fixe de 2000€ pour tout le monde.
91
Pour cela, ils ont misé sur le marketing automation et sur le digital : toutes les
transactions mais également les rédactions de mandats, les rédactions d’annonces
et les estimations de prix, sont réalisées grâce à des logiciels et une application.
L’application permet aux clients de mettre en ligne les annonces de leurs biens
immobiliers. Les processus sont entièrement digitalisés : estimation du prix du bien,
signature électronique des mandats, diffusion de l’annonce sur plusieurs sites
partenaires, possibilité de mise en avant du bien sur Facebook et Instagram, etc.
Cependant, l’enseigne des Agences de Papa a bien compris que le contact humain
restait primordial. Les fondateurs misent sur le qualitatif plutôt que le quantitatif. C’est
pour cela que seulement 1 seule agence physique existe, à Nice. Le contact humain
est assuré grâce à des suivis personnalisés d’agents immobiliers (qui travaillent tous
dans un open-space).
Le secteur de l’immobilier n’a pas dit son dernier mot. S’il reste des changements à
faire pour survivre face aux nouveaux arrivants 100% digitaux, les agences
immobilières ont cependant toutes leurs chances de toujours convenir et satisfaire les
clients, qui rappelons-le, recherchent toujours le contact humain. Et vous, pensez-vous
que les agences immobilières survivront grâce au digital ?
92
BIBLIOGRAPHIE
SITOGRAPHIE
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https://www.forbes.fr/business/comment-les-agences-de-papa-revolutionnent-le-
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vente-devient-un-espace-numerique/
93
COMMENT ET POURQUOI NOTRE QUOTIDIEN SE DOTE DE LA
PHYGITALISATION
En effet, afin d'affronter de nouveaux défis nous pouvons voir émerger dans nos
magasins, centres commerciaux, nos espaces publics, des écrans avec lesquels nous
pouvons interférer. Notre quotidien est donc en mutation et il devient une plateforme
interactive qui va modifier nos relations avec notre environnement et nos
commerçants. Une nouvelle version de nos centres-villes voit le jour grâce à
l'apparition du 5e écran, Bruno Marzloff, 2009 « L’individu devient l’acteur apte à servir
d’intermédiaire et le générateur de nouvelles informations : un point médiatique du
réseau urbain. « De ce passage de l’intime au public, de l’invisible au spectaculaire,
surgit une gamme inattendue d’expériences de la ville » après le cinéma (1er écran),
l’écran collectif de la télévision (2e écran), l’écran personnel de l’ordinateur (3e
écran), et l’écran intime et nomade du téléphone portable (4e écran) les centres
urbains se voient doté d’une nouvelle façon d’interagir avec le public. Les citoyens
deviennent alors acteurs et échangent avec la commune grâce aux bornes
interactives, ils peuvent donner des avis (transport, propreté) ou des idées
d’amélioration.
94
Selon une étude de la FEVAD (la Fédération du E-Commerce et de la Vente à
Distance) 37,5 millions de français achètent sur internet soit près de 85,5 % des
internautes. Le chiffre d'affaires du commerce en ligne est estimé à 87,5 milliards
d'euros, il est en hausse d'année en années. Cette progression est due à une fluidité
et à la rapidité qu’offre le monde en ligne. Face à cette montée du numérique, les
magasins de proximité se sont sentis délaissés et abandonnés par les consommateurs.
Afin de ne pas perdre cette tradition de proximité et de ne pas laisser dépérir nos petits
commerces, des solutions ont été mises en place afin de créer des synergies entre le
commerce en ligne et les magasins physiques.
95
L’application du phygital dans les magasins de proximité et dans
nos villes
Exemple
Le cas Hoppins :
Thomas Matesi
Il est très important dans un premier temps d’éviter la gadgétisation du lieu de vente,
celui-ci ne doit pas ressembler aux magasins tels que la Fnac, Darty ou Boulanger. Il
faut pour chaque point de vente établir une stratégie cohérente sur tous les canaux
en adéquation avec les besoins des consommateurs. Le customer centric prend toute
son importance dans le processus de phygitalisation du point de vente, (Wibed Bata,
2018) « L’expérience client digitale ou la Digital Customer Experience (DCX) est
considérée aujourd’hui comme la clé d’une stratégie gagnante pour la
transformation digitale des entreprises ». Chaque modification de l’espace de vente
doit permettre de faire vivre aux clients une expérience unique d’achat, ils doivent
s’en souvenir et leur donner envie de revenir. Il est donc important pour chaque
magasin de définir ce que propose chaque canal. Le point de vente doit être
fonctionnel, il est donc nécessaire qu’un spécialiste s’occupe de la digitalisation de
cet espace. Chaque canal intégré doit répondre à une ou plusieurs fonctions
marketing en les agençant de façon logique de manière à répondre à l’intégralité
des besoins clients. Il n’est donc pas toujours facile pour les petits commerces
d’appliquer ce développement pour dynamiser l’échange et les interactions entre le
physique et le digital.
En effet, il est parfois nécessaire d’opérer des changements internes pour s’adapter à
cette nouvelle façon de consommer. La facilitation de la phygitalisation par des
entreprises externes semble nécessaire, nous allons essayer de comprendre comment
elles procèdent pour adapter les solutions à chacun. Les entreprises permettant la
digitalisation des points de vente de proximité vont prospecter les commerçants.
Ainsi, ils favorisent le contact et peuvent présenter les offres tout en jouant sur la
proximité qui touche ces petits commerces. Des solutions sont apportées en fonction
des besoins des clients.
96
Les méthodes sont différentes en fonction des besoins, on peut en citer de
nombreuses, comme la création d’un système de gestion omnicanal des commandes
afin d’éviter les ruptures de stocks. Il peut être mis en place un système d’orchestration
des stocks, d’unification des stocks, de ship-from-store.
Pour les métiers du retail, il est possible d’y appliquer une plateforme cognitive
permettant d’appliquer des techniques prédictives. Un tel outil donne une vision à
360° du client en donnant l’intégralité du parcours, elle permet d’anticiper les
demandes en analysant les interactions avec les différents canaux et en détectant
automatiquement les nouveaux comportements. De plus, la plateforme cognitive
met en relation les produits et associe ceux qui ont de plus grandes chances de mener
à une vente additionnelle ou croisée.
Il est important de noter que chaque solution apportée à nos magasins sera différente
en fonction des besoins, des moyens et des produits ou services proposés. Il est donc
très important de faire appel à des professionnels afin que la phygitalisation réponde
parfaitement aux attentes du client final.
97
BIBLIOGRAPHIE
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WEBOGRAPHIE
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Disponible sur : https://business.wishibam.com/wp-content/uploads/2019/06/Livre-
Blanc-Lomnicanal-le-B.A-BA.pdf
98
E-SANTE ET TRANSFORMATION DIGITALE DES PHARMACIES
La France compte plus de 21 000 officines réparties sur tout son territoire. Depuis 2009,
avec la loi « Hôpital, Patients, Santé et Territoires », la pharmacie d’officine est
considérée comme un acteur à part entière des soins de premiers recours. L’activité
de pharmacien a connu un lourd changement de son business model, avec une
ouverture sur de nouvelles missions comme des rendez-vous de bilans de médications
-remboursés par la sécurité sociale ou encore des bilans nutritionnels ou des suivis
annexes comme l’aide à l’arrêt du tabac. Ces nouvelles missions ont poussé les
pharmaciens à revoir leur organisation, la gestion de leurs rendez-vous et leur
logistique. L’enjeu du pharmacien est de comprendre que sa valeur ajoutée n’est pas
dans la boîte de médicament mais dans le service pour lequel viendra
(éventuellement) s’adjoindre une boîte de médicament (Philippe-Pierre Dornier,
2019). Ces compétences techniques reposent sur un savoir général sur les
médicaments nécessaire à leur délivrance. Ces différentes compétences individuelles
relèvent donc du domaine d’expertise du pharmacien diplômé lui valant le titre de
professionnel de santé. (Gregory Reyes, 2013). D’après l’étude AVENIR des
pharmaciens de 2018, 73% des patients estiment que le pharmacien est avant tout un
professionnel de santé. Aussi, l’étude IFOP menée en avril 2020 montre que 97% des
français font confiance à leur pharmacien, tout comme 97% font confiance à leur
médecin généraliste. Ainsi, le pharmacien n’est plus un vendeur de boîtes, mais bien
un professionnel de santé doté d’une expertise médicale et d’un devoir de conseil
envers sa clientèle et patientèle - on parle ici de patientèle pour les personnes ayant
besoin de solutions médicamenteuses avec ordonnance.
La notion de patient-shopper
Aujourd’hui, tout patient qui entre dans une pharmacie devient un potentiel client de
produits parapharmaceutiques. Ce sont ces clients qui permettent aux officines
d'accroître considérablement leur chiffre d’affaires.
99
Les habitudes de ce patient-shopper ont évolué : il veut que le commerce s’adapte
à ses besoins de manière directe et précise et il attend un conseil personnalisé de son
pharmacien. Les enquêtes de l’Observatoire des Métiers et des Professions Libérales
révèlent que le besoin de conseil de ces consommateurs est croissant, même s’il tend
aujourd’hui à emprunter des voies a priori différentes de l’officine, dont internet. Le
patient-shopper n’a plus la patience d’attendre de longues minutes en caisse et veut
disposer en temps réel de ses données médicales, avoir des informations sur les
produits vendus en officine ou encore découvrir de nouvelles technologies au service
de sa santé et de son bien-être.
Depuis 2012 la vente de médicaments sur Internet, délivrés sans ordonnance, s'est
démocratisée. Ce type de vente constitue désormais une part des ventes importante
dans le chiffre d’affaires des officines qui ont eu recours à un site marchand pour
vendre leurs produits. La vente s’effectue sous le contrôle et l’approbation du
professionnel de santé. Jusqu’à maintenant, la loi imposait que le stockage des
médicaments soit dans l’officine. Mais depuis le début de l’année, un projet de loi
prévoit d’autoriser la vente de médicaments en ligne sans stockage au sein d’une
pharmacie physique « traditionnelle ». Ces mesures pourraient permettre à des géants
pure-players comme Amazon de s’implanter sur le marché de la pharmacie en
France, comme il a déjà pu le faire aux États-Unis. La crainte d’une hausse de la
concurrence ne cesse de s'accroître chez les pharmaciens, d’autant plus que l’arrivée
d’une nouvelle concurrence avec des chaînes de magasins spécialisés et les espaces
dédiés de la grande distribution a déjà créé l’inquiétude. (Grégory Reyes, 2013)
100
Pour faire face à cette concurrence émergente, les pharmaciens doivent plus que
jamais réussir à fidéliser leurs clients. Ils doivent valoriser leur atout de conseil, que le
client ne peut pas retrouver sur les sites pure-players ou en grande surface.
« Aujourd’hui, la seule façon de prendre rendez-vous avec son pharmacien, s’il n’est
pas présent sur Internet, c’est par téléphone ou de se rendre au comptoir, ce qui
est très chronophage pour celui-ci. Si un patient prend rendez-vous sur internet, cela
décharge le pharmacien de cette gestion ».
• Vitrines connectées
En plus de moderniser les officines, ces vitrines 3.0 offrent une grande visibilité grâce à
la diffusion d’informations sous forme de multimédia 24h/7j. Qui dit hausse de la
visibilité dit aussi inciter les passants à choisir cette officine et obtenir un avantage
concurrentiel. Ces vitrines à écran numérique remplacent l’affichage traditionnel et
permettent aux pharmaciens de valoriser leurs offres et produits qu’ils proposent. Leur
gestion de l’affichage à distance permet une mise à jour constante des informations
diffusées. C’est donc une excellente manière de se lancer dans le phygital !
101
• Écrans publicitaires connectés
Il est désormais évident que communiquer directement sur le lieu de vente accroît les
ventes. Avez-vous déjà remarqué que l’écran installé au sein de votre pharmacie
habituelle diffusait très souvent des publicités intéressantes pour vous ? Cela n’est pas
anodin. Depuis quelque temps, les pharmaciens installent dans leurs officines des
écrans, parfois géants, mais surtout connectés permettant de délivrer le bon message,
au bon moment et à la bonne personne !
• Linéaires digitaux
Certaines officines possèdent parfois une surface de vente restreinte. Pour élargir son
potentiel d’exposition, les linéaires digitaux permettent de concentrer un maximum
de références grâce à un écran tactile apposé au linéaire physique. Cet écran va
permettre aux pharmaciens de mettre en avant certaines gammes à fort potentiel ou
présenter des produits qui nécessitent trop de place lors de leur exposition physique.
C’est aussi un gain de temps et d’efficacité pour le vendeur : les prix se mettent à jour
automatiquement grâce à un outil d’administration, et des statistiques de consultation
de produits sont disponibles. Le linéaire digital permet donc aux pharmacies d’allier
modernité et performance !
• Borne interactive
La borne interactive permet aux clients de s’orienter de façon autonome vers les
services adaptés à leurs besoins dans la pharmacie. Les bornes les plus évoluées
peuvent lire les codes-barres afin de donner les informations des produits une fois son
code scanné. D’autres peuvent également identifier le client ou identifier une arrivée
de rendez-vous, et lire différentes cartes - carte vitale ou carte de paiement - qui offre
la possibilité au client d’être autonome dans son achat, de sa recherche
d’informations au paiement. Certaines bornes sont même équipées d’intelligence
artificielle pour communiquer avec ses utilisateurs. La connaissance des clients, grâce
aux outils digitaux, est un enjeu majeur pour les officines. Mieux comprendre les
données permettrait de cartographier les clients et leur offrir des offres et services
toujours plus personnalisés en gardant la proximité avec les clients.
Afin de réduire le temps d’attente et la perte de temps dans les files d’attente, les
bornes peuvent également distribuer des tickets de passage. Ceux-ci sont très
intéressants car ils permettent aux clients de continuer leurs recherches dans l’officine
sans se préoccuper de leur place dans la file d’attente.
102
Attention, ces bornes interactives ne se substituent pas aux pharmaciens. Le conseil
de personnel de santé de ces derniers reste de mise. Les clients doivent faire appel
aux pharmaciens s’ils ont des doutes sur l’utilisation des produits ou leurs besoins
spécifiques.
La crise sanitaire a poussé les français à rester chez eux et à changer leurs habitudes
de consommation. Les médicaments étaient bien évidemment considérés comme
des achats de première nécessité, pourtant les français ont préféré opter pour les
solutions digitales qui s’offraient à eux pour limiter les contacts. Les consignes
connectées ou encore les achats via le Click&Collect, autres solutions phygitales, se
sont démocratisées et les pharmacies ont même développé des plateformes de
scan&collect pour délivrer des médicaments sous ordonnance.
Pour rappel, le Click&Collect est un mode de vente qui permet aux clients de réserver
un article en magasin directement depuis un site internet ou une application et les
récupérer en point de vente. Le principe du Scan&Collect est le même que le
click&collect mais il est possible pour les clients de scanner leurs ordonnances
directement sur la plateforme. Le pharmacien n’a plus qu’à préparer la commande
et le patient vient la récupérer.
103
BIBLIOGRAPHIE
SITOGRAPHIE
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104
ATTRACTIVITE, LIEU D’EXPERIMENTATION ET LIVRE AUGMENTE
: DES MOYENS DE DYNAMISER LE LIVRE PAPIER.
L’activité de conseil est un atout de la librairie à travers les sélections et les mots des
libraires, la présence de personnels qualifiés pour orienter les clients et les vitrines. Le
devoir de conseil d’un libraire est très important face aux nombres de parutions qui
sont d’environ 68 000 par an.
105
Chez certains, l’espace commercial est aménagé de façon à créer un certain «
continuum » entre la vie personnelle et la vie professionnelle du gérant mais aussi
l’intimité du client avec son lieu d’achat « De nombreuses librairies indépendantes
mettent en scène un espace habité et inspiré, comme un prolongement de leur
propre espace domestique : matériaux authentiques (bois, pierre), musique de fond
soigneusement choisie, affiches ou œuvres d’arts exposés, meubles chinés visant à
créer une atmosphère accueillante et distinctive » (Sophie Noel, « Le petit commerce
de l’indépendance » p 61).
Les librairies sont conscientes d’être des commerces de passages, c’est pourquoi, elles
mettent tout en œuvre pour renforcer leur attractivité naturelle en diversifiant leur
offre. Avec l’ouverture de plusieurs librairies-cafés pendant ces dernières années
confirme que ce sont des espaces où les individus passent des bons moments, au-
delà de l’acte d’achat.
106
Librairies innovantes
La librairie péniche : un petit bateau nommé « l’eau et les rêves » qui est amarré le
long du canal de l’Ourcq dans le 19e arrondissement a choisi de proposer des livres
neufs ou d’occasions sur l’univers maritime.
La librairie-pâtisserie : Une Sourie et des Hommes propose des pâtisseries et des livres
et des ouvrages spécialisés sur la cuisine et la pâtisserie.
107
Dans l’ensemble, les librairies utilisent aujourd’hui le Click & Collect pour innover et
augmenter leur communication sur les réseaux sociaux afin d’être plus visibles. Elles
doivent également s’adapter aux besoins des clients 24h sur 24h via les smartphones
des clients mais aussi répondre rapidement à la demande et proposer une solution si
le livre est en rupture de stock. Aller chez son libraire doit être un choix personnel.
En dehors des librairies, on peut également parler des médiathèques qui ont mis en
place des outils digitaux.
« Innover la médiathèque avec la mise en place d’un Click & Collect appelé le Bibliodrive,
Des bornes où les documents seront équipés de RFID, les personnes n’ont plus qu’à poser
leur document pour les enregistrer sur leur carte. L’intérêt de ces bornes est de
communiquer à l’aide d’un écran d’ordinateur, les utilisateurs peuvent donc l’utiliser pour
communiquer sur des animations, donner des informations, avoir accès aux
catalogues…Les applications smartphones qui permettent de faire le relais avec le portail
où les adhérents ont leur carte enregistrée, ils peuvent scanner leur document, faire des
réservations... On propose aussi des livres augmentés pour la jeunesse, des boxes de jeux-
vidéo car on sait que les ados vont venir et le jour où ils auront besoin d’emprunter un livre,
ils n’auront pas la peur d’entrer dans le bâtiment. On souhaite amener de l’accessibilité
pour les personnes qui ne peuvent pas se déplacer ou qui ont des handicaps de lecture
(édition pour les DYS) et en même temps de permettre à tous de se retrouver dans le
bâtiment que ce soit des espaces de lectures pour les personnes qui veulent être tranquilles,
des espaces de jeux, des espaces pour les tout-petits. Que chacun puisse se sentir
concerné par ce qui se passe dans la bibliothèque ».
« Le design thinking »
108
Pour Anne-Sophie Prévost le design thinking est ce que nous pouvons appeler « une
stratégie de définition et de transformation d'opportunités de création de valeur, pour
l'organisation comme pour son usager, en solutions » (Prévost,2016). Le design thinking
peut avoir un impact positif sur la culture des équipes, sur l’amélioration du processus
d’innovation et sur les relations plus étroites avec les utilisateurs. Selon Steven J. Bell, le
design thinking peut être lui-même une source d’innovation et bénéficier aux
professionnelles de l’information et de la documentation. Bell rappelle que les
bibliothécaires ne sont pas les designers mais qu’ils peuvent appliquer certains
principes du design thinking pour créer des expériences positives à destination des
utilisateurs. Pour lui, le design thinking est surtout applicable quand la nature exacte
du challenge et des solutions possibles est ambiguë. Les bibliothécaires peuvent
adopter le processus du design thinking en étant plus proactifs pour anticiper la
meilleure expérience possible de leurs utilisateurs.
Nicolas Beudon s'interroge quant à lui sur les résultats concrets du design thinking en
général et propose d’examiner des retours d’expériences en bibliothèque, des succès
et des interrogations. En s’appuyant sur l’enquête du Hasso-Plattner Institut de
Potsdam de 2015, il constate que le monde de l’information et de la communication
est très réceptif au design thinking car il a perçu « bien avant les autres le défi d’innover
que représente le numérique et la montée en puissance des utilisateurs ». Pour lui le
design thinking a une dimension technique visant à améliorer la qualité d’un service,
par exemple, et une dimension plus humaine : « un outil d’empowerment
(responsabilisation) des utilisateurs et des professionnels nécessitant un changement
dans les mentalités ». Beudon souligne l’importance d’expliquer l’objectif et la finalité
du design thinking aux bibliothécaires qui participent dans un projet à long terme pour
éviter au maximum la désillusion et le burn-out. Le design thinking ne doit pas être
porté par un groupe d’individus motivés et ne doit pas être limité à un domaine bien
précis. Le soutien de la direction est également important à tous les stades du projet.
Selon Beudon il faut adopter une vision globale et laisser le design thinking imprégner
toutes les activités d’une organisation, même si ses effets deviennent alors plus difficiles
à quantifier (Beudon, 2017)
Le design du « care »
109
Le design social est défini par Stéphane Vial comme « la branche du design
concernée par le développement de produits et de services visant à résoudre des
problèmes sociaux, par exemple, le chômage, le décrochage scolaire, les tensions
interculturelles, l’obésité, ou le changement climatique ». Les démarches
participatives sont à la recherche de plusieurs moyens afin de résoudre les problèmes
de l’exclusion et de la vulnérabilité. Le design social est un avantage pour aller plus
loin qu’un simple diagnostic et qui invite les citoyens à imaginer eux-mêmes des
solutions. Ils peuvent donc partager avec l’approche WT un problème pour une
personne, une réflexion sur la responsabilité, et des solutions pour les résoudre. Ces
caractéristiques sont liées à l’éthique du « care » qui se base sur la capacité des
personnes à prendre soin des autres, à travailler en groupe, à valoriser les relations qui
vont améliorer la responsabilité, l’attention, les compétences adéquates et la
recherche d’une solution pour aider autrui. Le principe du design du « care » va
permettre d’engager les citoyens dans des démarches dites participatives qui visent
à co-créer des nouvelles bibliothèques afin d’améliorer l’expérience et à intervenir
collectivement sur des problématiques sociales (décrochage scolaire, chômage…).
Créer de nouvelles bibliothèques qui favorisent l’acceptabilité sociale.
Le Bibliolad
Le livre augmenté
Aujourd’hui le livre numérique est considéré comme un objet qui est en transition,
articulant les anciennes formes de l’écrit avec le potentiel du numérique. Pour Milad
Doueihi, « le livre numérique ne saurait être un lieu de fixité : simple miroir, reflet ou
reprise de l’imprimé. Il est, à l’image du monde numérique tout entier, un lieu
d’échange et de communication : un objet interactif, susceptible de manipulations
inadmissibles dans le monde de l’imprimé ».
110
(DOUEIHI Milad, 2010) Dans un contexte numérique, il convient d’appréhender le livre
comme un objet « du » et « de » réseau, qui ouvre « un nouvel espace d’interactivité
et de sociabilité ». On peut parler du livre numérique comme un « hyperlivre » qui est
au centre d’un réseau de données, de textes et de lecteurs. Les lecteurs pouvant
s’approprier le texte et le reconfigurer selon leurs envies mais aussi enrichir le texte
avec des commentaires, des images et des liens, voire même éditer leur version de
l’œuvre.
Ce dernier peut donc entrer dans l’atelier d’un imprimeur du XVe siècle qui est en 3D
et peut ainsi créer son premier livre. Le lecteur a un statut d’acteur qui lui offre une
expérience nouvelle de lecture. Il a également accès à des jeux en complément de
sa lecture. On peut citer un autre exemple de la réalité augmentée avec les éditions
Mollat qui ont réédité en 2011 l’ouvrage de Victor Louis, Salle de spectacle de
Bordeaux.
111
Certaines pages de cette réédition qui est en fac-similé (reproduction à l'identique)
du texte de l’architecte du Grand Théâtre de Bordeaux paru en 1782 avec ses
planches gravées, sont marquées d’un filigrane qui va permettre aux lecteurs
d’accéder à des animations en 3D mais aussi à des vidéos. Lorsque l’on ouvre le livre
devant une webcam, on peut y découvrir des modélisations en trois dimensions où
l’on peut voir des plans au sol et des vues du bâtiment qui se superposent aux façades
et aux plans de coupe dessinés.
Le livre occupe une place prépondérante parmi nos occupations culturelles. En effet,
le livre représente la première catégorie de bien culturels qui sont achetés par les
français. Même si le nombre de grands lecteurs (plus de 20 livres par an) diminue
depuis ces dernières années, ils représentent tout de même 31% des français d’après
l’étude Ipsos pour le CNL en 2019 « la lecture et les français ». La lecture résiste puisque
99% des français se déclarent spontanément lecteurs, 50% des français lisent de façon
quotidienne même s’ils sont nombreux à déclarer lire de moins en moins de livre. 75%
d’entre eux pensent qu’ils liraient plus de livres s’ils avaient plus de temps. La lecture
reste une activité qui est associée au plaisir, à la recherche d’un épanouissement et
à la découverte.
L’essentiel des lectures est toujours représenté par le livre papier. Même si 24% des
français ont lu un ou de nombreux livres numériques en 2019, ils ne sont seulement
qu’1% à utiliser exclusivement le livre numérique. Le livre papier est utilisé souvent pour
faire un cadeau : 84% des français y ont recours pour faire des cadeaux et 72% des
français préfèrent acheter des livres que de les emprunter.
L’alternance entre la matérialité du livre et les livres numériques annonce que le déclin
du livre papier est loin d’avoir lieu. Il s’agit plutôt d’une extension des possibilités
puisque le livre est devenu hybride et cela nous montre qu’il est bien intégré dans la
culture matérielle. « Le livre numérique est un complément du livre papier » (Laurence
Fruchard). Le numérique va favoriser les aspects tactiles du livre papier et montre notre
affection culturelle pour le livre papier et son héritage. Les bibliothèques par exemple,
sont des lieux de circulation du savoir mais aussi de collection et de contemplation.
Comme Darnton nous le souligne : « Que dire de la bibliothèque ? Elle pourrait passer
pour la plus archaïque de toutes les institutions. Cependant, son passé augure bien
de son avenir, car les bibliothèques ne furent jamais des entrepôts de livres, mais elles
ont été et seront toujours des centres du savoir. » (2009). Les bibliothèques sont des
espaces dynamiques qui associent les formats papiers et numériques.
112
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rempart-contre-amazon-1014742
114
LA CRISE SANITAIRE, UN TOURNANT TECHNOLOGIQUE POUR
LES SALLES DE SPORTS
La création des salles de sport remonte aux XIXème siècle et depuis quelques années
de nombreux changements ont pu être constatés partout dans le monde. Le secteur
du fitness et de la musculation s’est grandement popularisé et est devenu une
tendance importante dans la pratique sportive. Nous allons donc à travers cet article
comprendre l’évolution des salles de sport en termes de digitalisation du parcours
client mais aussi de l’amélioration de l’expérience en elle-même. L’année 2020, n’a
pas été une année profitable pour les salles de sport puisqu’avec l’apparition de la
COVID-19, les entreprises ont dû trouver plusieurs alternatives afin de garder contact
avec leurs abonnés.
Par conséquent, depuis le 1er confinement, nous avons vu apparaître un essor des
cours en ligne. Les salles de sport étant fermées à cause des nouvelles règles sanitaires,
une grande partie de la population est restée confinée chez eux sans avoir les moyens
nécessaires pour pratiquer du sport. Difficile donc de voir le côté positif de la situation.
Mais les équipes de salles de sport ont tout de même réussi à garder le contact avec
leurs abonnés en leur proposant des cours en ligne chaque jour, que ce soit sur des
plateformes spécialisées ou sur les réseaux sociaux comme Instagram ou Facebook.
Cette nouvelle tendance a permis d’offrir des alternatives efficaces et gratuites pour
l’ensemble de la population ! Que ce soit l’Appart Fitness ou encore Fitness Park, One
Fitness, Aquafitness mais aussi chez Punch Boxing Studio, tous proposent aujourd’hui
des contenus à la demande et des programmes fitness. Nous assistons donc à une
évolution claire de la pratique sportive et pour en comprendre les tournants et
tendances aujourd’hui, nous allons parler d’histoire…l’histoire de l’évolution de la
pratique sportive dans les salles de sport.
115
Le marché des salles de sports, un secteur en perpétuel
changement
La pratique du fitness est arrivée assez tardivement dans le secteur du sport puisqu’elle
était très peu développée et réservée dans un premier temps aux hommes. L’origine
du fitness vient de l’abréviation de Physical Fitness qui signifie forme physique et
désigne un ensemble d’activités physiques à visée de bien-être, souplesse et aussi de
condition physique.
L’idée d’intégrer cette nouvelle pratique dans le domaine du sport avait pour objectif
de créer un sport accessible à tous et attractif en proposant une multitude d’activités
diverses et variées. Ce besoin de prendre soin de son corps s’est accentué d’abord
aux États-Unis après la 2nd Guerre Mondiale puis avec l’émergence des pratiques
sportives comme l’Aerobics, devenu accessible aux femmes dans les années 1960. A
la suite de cela, en 1970, Jane Fonda a utilisé sa renommée en tant qu’actrice de
cinéma pour créer le premier centre de remise en forme et de pratique de l’aérobic.
Plus de 10 ans se sont écoulés après cette première évolution dans le secteur du fitness
pour que la pratique se popularise et s’étende jusqu’en France. C’est donc dans les
années 1980, que le fitness fait son apparition en France grâce notamment à deux
précurseurs : Véronique et Davina, deux figures emblématiques de l’aérobic. Plus les
années passent et plus les pratiques se diversifient avec des cours devenus
fondamentaux dans les salles de sport. Notamment dans les années 90 et 2000, où
naissent des dizaines de cours de fitness comme le Body training system, le step pour
la partie cardio ou des cours de renforcement musculaire comme les cours d’abdos-
fessiers, le biking, le stretching, l’aquagym, le pilates ou encore le bodysculpt.
Aujourd’hui, de nouveaux cours ont fait leur apparition afin d’amener toujours plus
d’originalité dans les salles de sport et ainsi répondre à une demande de plus en plus
diversifiée et exigeante. On retrouve alors des innovations comme le Body Pump, le
Body Bike, le Body Balance ou le Body Combat, la Boxe, le cross-fit ou encore le HEAT.
Nous avons assisté à une évolution croissante des pratiques sportives dans les salles de
sport au fil des années. Aujourd’hui, la tendance se tourne de plus en plus à proposer
des cours inspirés de la révolution « Les Mills ». Cours brevetés créés par un néerlandais
Leslie Roy Mills et qui aujourd’hui sont utilisés par toutes les salles de sport afin de
proposer un contenu de cours variés et encadrés par des professionnels, il s’agit donc
d’une marque de fabrique.
116
Finalement aujourd’hui, le marché du fitness se porte bien et ne cesse de s’accroître
avec 63 644 salles (représente une croissance de +23% depuis 2017) et environ 65
millions d’adhérents en Europe. Une évolution qui témoigne d’une prise de
conscience de la société et de ses besoins de bien-être et de santé. D’après la
dernière étude “out now : the European Health & Fitness Market Report 2020” tous les
pays européens ont connu une croissance forte. Cependant, l’Allemagne conforte sa
place de leader depuis quelques années avec le plus grand nombre d’adhérents soit
11,7 millions, suivi de près par le Royaume-Uni avec 10,4 millions de pratiquants. La
France, elle, se classe en troisième position avec 6,2 millions de pratiquants, devant
l’Italie et l’Espagne avec 5,5 millions d’adhérents chacun.
Figure 6 : Top 10 European Fitness Markets by revenue in million EUR and share of the
European Market
On peut donc voir qu’il s’agit d’un marché porteur où l’innovation permet à chaque
salle de sports de se différencier mais surtout d’attirer toujours l’intérêt des
consommateurs.16
Malgré la belle croissance qu’a connu le secteur du fitness, celui-ci n’a pas échappé
à la crise de la Covid-19. De nombreux pays ont dû fermer les salles de sport à la suite
des décisions prises par les gouvernements.
16
(Chapitre 1.1) - Origine et histoire du fitness, des débuts à aujourd'hui (fitadium.com)
Fitadium.com – Origine et histoire du fitness, des débuts à aujourd’hui – 28/12/2018
(Chapitre 1.1) - Update et évolution du marché du fitness européen en 2020 - Pepswork
Pepswork.com – Update et évolution du marché du fitness européen en 2020 – 15/06/2020
117
Une décision qui a fortement impacté le secteur mais à l’ère du digital, les salles de
sport ont pu garder le contact avec leurs abonnés. C’est d’ailleurs grâce au
numérique que les solutions ont été offertes aux membres des différentes salles de
sport.
On peut alors parler d’une nouvelle ère, le “fitness numérique”. C’est durant le premier
confinement que nous avons vu émerger de nombreuses nouveautés comme par
exemple des challenges sportifs ou encore des cours en ligne qui ont été lancés via
les plateformes digitales (notamment YouTube, Facebook, Instagram) afin
d’encourager la pratique physique du plus grand nombre. Les salles de sport
proposaient également des applications sportives dédiées afin d’atteindre les
objectifs souhaités. Cette digitalisation de la société et du marché du fitness a donc
offert une possibilité d’adaptation efficace en cette période de crise mais aussi un
nouveau moyen pour les salles de sport de se différencier de leurs concurrents.
Une nouvelle manière de pratiquer le sport à la maison voit le jour, créant ainsi le sport
3.0. Une pratique qui ira au-delà de la salle de sport et accompagnera le client dans
son quotidien et tout au long de son expérience avec l’entreprise.
Le suivi sera complet et ne se limitera pas seulement à une prise en charge sportive
mais deviendra un véritable mode de vie. Finalement après ce premier confinement
et d’après l’étude par le magazine Fitness Challenge, c’est près de 45% des français
qui ont découvert la facilité du sport à la maison et sans forcément avoir le matériel
disponible généralement dans les salles de sport. Trois sports majeurs sont ressortis
pendant le confinement : le fitness pour 61% de la population française, le Yoga à 46%
et le running 30%. Les supports majoritairement utilisés sont les cours en ligne sur
YouTube à 53%, Zoom (la plateforme de web conférence et de chat) à 46%, les lives
Instagram à 40% (beaucoup utilisés par Fitness Park, Aquafitness, l’Appart Fitness…) et
enfin les applications de salles de sport à 19% (plateformes partenaires ou application
même de la salle). On constate donc qu’avec ce premier confinement les salles de
sport ont su s’adapter assez rapidement à la demande des français de garder ce lien
avec leur salle de sport pour pouvoir continuer à pratiquer du sport tout en étant à la
maison. Les salles ont donc réussi le pari de faciliter la pratique du sport en proposant
une multitude d’offres en ligne. On remarque également que les supports préférés des
français sont un mélange entre les cours faits de manière autonome et ceux donnés
par les coachs eux-mêmes en live sur les réseaux sociaux comme Instagram. Mais il
persiste tout de même certaines limites, les plateformes en ligne ne sont pas toujours
accessibles facilement et certaines sont parfois payantes. D’autre part, les cours en
ligne sur les réseaux sociaux sont parfois de mauvaise qualité et difficile à suivre s’il l’on
n’a pas forcément le matériel adapté (télévision connectée, place au sein du
logement…). Le mieux reste quand même le sport en salle afin de pouvoir bénéficier
de tous les espaces et du matériel mis à disposition.
118
L’après confinement, les nouvelles tendances pour améliorer
l’expérience client au sein des salles de sport
Après ce premier confinement, les salles de sports ont pris un virage à 360°C en
intégrant quasiment à toutes les étapes du parcours client un élément digital
permettant d’innover et de proposer une expérience au client toujours plus originale.
L’objectif étant toujours de se démarquer de la concurrence mais aussi de se
différencier en étant au plus près des abonnés. En les suivant tout au long de leurs
objectifs de perte de poids ou de gain de masse musculaire par exemple.
En ce qui concerne les souscriptions en ligne, cela concerne essentiellement les salles
franchisées comme Basic-Fit ou encore Fitness Park qui permettent à une personne de
s’inscrire à une salle de sport en un clic permettant de faciliter les démarches.
Réduisant donc le parcours d’achat de l’individu, en limitant alors les intermédiaires.
Suite au 1er confinement, plusieurs salles ont ouvert leur boutique en ligne afin de
permettre à leurs abonnés de toujours pouvoir acheter leurs produits habituels
(poudre, compléments alimentaires, barres protéinées etc…). Permettant un gain de
temps considérable. L’objectif étant toujours de simplifier le parcours d’achat du
client et donc de pérenniser la relation avec celui-ci en lui proposant toujours plus de
services. Enfin le suivi à travers les applications permet de continuer à voir la
progression d’une personne sans forcément passer par le coach, cela permet de
toujours motiver l’individu dans ses efforts malgré l’absence du professionnel qui le suis
habituellement.
D’autre part, nous avons pu remarquer que les salles de sport ont pris en compte les
premières améliorations qu’elles devaient mettre en place pour consolider leur
relation avec leurs abonnés à la suite du premier confinement.
119
En effet, lorsque le deuxième confinement a été annoncé fin Octobre, les salles ont
mis en place de nouveau service comme le prêt de matériels comme des haltères,
des steps ou encore des barres et des poids pour des disciplines comme le PUMP afin
de répondre à une demande croissante de la part des abonnés. En effet, nous avons
pu constater que de nombreuses personnes mettaient en avant le manque de
matériel, les empêchant de faire certains exercices. On peut donc dire que les salles
de sport ont su encore une fois s’adapter à la crise sanitaire mais aussi aux besoins
émis par les français.
Pour l’après confinement, nous mettrons en place une plateforme qui permettra
de faire des cours à la maison soit en direct soit en différé et nous saurons d’autant
plus présent sur les réseaux. Je pense que clairement la crise sanitaire a eu un
impact important sur la pratique sportive, puisque nous allons devoir nous adapter
et appréhender un possible retour en confinement. Pour cela, nous allons de plus
en plus utiliser les réseaux sociaux, partager du contenu qui permettra à nos
abonnés de pouvoir garder le contact avec leurs coachs mais aussi avec les
cours en cas de besoin. Le virtuel avec les réseaux sociaux comme Instagram ou
Facebook sont donc devenu un point clef dans notre stratégie de fidélisation.
Conclusion
120
Nous avons pu voir à travers cet article que la crise sanitaire de 2020 a été un vrai
tournant pour les salles de sport notamment en France. Nous constatons aujourd’hui
un réel changement en termes d’innovation et d’intégration du digital dans le
domaine du fitness et de la musculation. Il y a eu un avant et un après, aujourd’hui
nous pouvons dire que les salles de sports utilisent pleinement les nouvelles
technologies et notamment les réseaux sociaux qui sont mis à leur disposition.
Toutefois, les cours en ligne et donc le home fitness restent une solution de court terme
car les abonnés peuvent se lasser rapidement des cours en ligne au profit des cours
physiques. D’autant plus qu’une grande partie de la population française aime aller
dans les salles de sport car cela lui permet de créer des relations, d’avoir un contact
avec d’autres personnes, de sortir de son environnement habituel et de voir d’autres
choses. La socialisation est donc une variable très importante, les salles de sport
doivent donc faire attention à ne pas trop prioriser l’originalité à travers les cours en
ligne car le contact humain reste tout de même essentiel dans ce secteur.
121
BIBLIOGRAPHIE
(Chapitre 1.2) - Les clubs ferment mais les cours continuent ! - Fitness Challenges
(fitness-challenges.com) – Article magazine Fitness Challenge (version numérique)
WEBOGRAPHIE
Cnews.fr – Confinement : les cours de sport en ligne pour tenir jusqu’au 11 Mai –
23/04/2020.
Disponible sur : https://www.cnews.fr/conso/2020-04-23/confinement-les-cours-de-
sport-en-ligne-pour-tenir-jusquau-11-mai-947972
122
LA DIGITALISATION DES PETITS COMMERCES NANCEIENS
GRACE A UNE PLATEFORME E-COMMERCE
Consommer local
123
Réinventer le commerce de proximité
La vente physique est depuis toujours à la base de l’activité d’un commerce mais
aujourd’hui, la vente en ligne permet aux commerçants d’être en phase avec les
attentes des consommateurs et de leurs nouvelles habitudes de consommation.
L’avantage pour une boutique ayant franchi le pas du e-commerce est qu’elle est
ouverte et donc accessible 24H/24H et 7J/7J ce qui permet au consommateur de
pouvoir effectuer des achats à n’importe quel moment et plus seulement aux horaires
d’ouverture du magasin physique. Ce mode de procédé a aussi des avantages sur la
gestion des stocks et la gestion de la boutique mais aussi afin de pouvoir toucher une
nouvelle clientèle.
Les commerçants locaux sont pour la plupart débutants sur internet et n’ont pas, ou
que très peu, de compétences en marketing digital. Mais aujourd’hui, grâce à des
procédés facilités, tout le monde peut ouvrir sa boutique en ligne en 48h. Que ça soit
seuls ou aidés par des professionnels du secteur, les commerçants ont aujourd’hui les
mêmes chances que la grande distribution ou les Pure Player de s’implanter
durablement dans l’esprit des consommateurs.
124
L’initiative vient de l’Association des commerçants et des Vitrines de Nancy. Ils sont
partis du constat que les habitudes de consommation ont changé et que les pratiques
d’achat en ligne se sont accélérées avec le confinement. Cette plateforme est donc
un outil qui permettra aux commerces du Grand Nancy d’avoir une plus large visibilité
mais aussi de proposer aux clients le même type de service d’achat en ligne que les
gros sites e-commerce déjà bien ancrés. Ce projet a immédiatement été soutenu par
Laurent Hénart, Maire de Nancy et ex-vice-président du Grand Nancy, accompagné
de plusieurs maires de la Métropole.
Pour les clients, cette plateforme offre la possibilité de consommer local, de continuer
à faire vivre les commerces nancéiens mais aussi de garder le lien avec leurs
commerçants locaux préférés. Aujourd’hui, c’est près de 400 magasins qui sont
référencés sur le site, offrant à ses utilisateurs un très large choix d’enseignes et de
produits Le client à la possibilité de pouvoir récupérer ses achats directement en
magasin ou bien de se les faire livrer gratuitement chez lui.
125
Pourquoi avoir choisi d’adhérer à cette plateforme ?
« Pour nous, il nous a paru évident que nous devions adhérer à cette plateforme.
J’ai repris cet atelier et galerie d’art en octobre 2019 et seulement quelques mois
plus tard j’ai été contrainte de fermer et de cesser toutes activités et ce, pendant
plusieurs mois ce qui a eu un véritable impact sur mon activité.
En tant que boutique d’encadrement historique de Nancy, nos clients sont, pour
la plupart, très fidèles et fréquentent la boutique depuis de nombreuses années.
C’est pour cette raison que nous nous devions de leur proposer ce type de service
et de pouvoir garder le lien avec eux. De plus, nous ne possédons pas de site
marchand nous permettant de vendre nos produits et nos prestations. Cette
plateforme nous a permis de pouvoir vendre nos produits en ligne et de nous
digitaliser. »
« Elle est très bien conçue et très facile à utiliser. Nous pouvons mettre très
rapidement beaucoup d’articles en ligne car la publication se fait
instantanément. Nous pouvons renseigner toutes les informations produit que
nous souhaitons et publier plusieurs photos afin que le client puisse avoir un aperçu
du produit sous tous ses angles, presque comme s’il était en boutique.
Sur nos pages commerçantes, nous avons accès à un véritable tableau de bord
qui nous fournit de nombreuses informations comme l’état de nos stocks, de nos
ventes ou encore le trafic en ligne de notre boutique ».
Interview 10 : Madame Yvonne DEPREZ, gérante de la boutique La Galerie de l’Atelier à Nancy (54).
Le digital est aujourd’hui au cœur du parcours d’achat mais l’humain, même s’il est
accompagné en magasin d’un support numérique telle qu’une tablette tactile par
exemple, ne peut être remplacé au sein d’un magasin physique.
127
BIBLIOGRAPHIE
128
DE LA REALITE VIRTUELLE AU CHOIX DE VOTRE VEHICULE
Pour attirer de nouveaux clients, les concessionnaires doivent désormais miser sur
l’expérience client. Pour cela, ils se sont tournés vers le V-Commerce, ou commerce
virtuel. Ce terme désigne le commerce en réalité virtuelle ou à l’aide de réalité
augmentée. Il peut s’agir de ventes réalisées ou facilitées par la VR. Cette technologie
est en passe de révolutionner totalement l’achat de votre futur véhicule. A travers cet
article, vous allez découvrir comment la réalité virtuelle transforme l’industrie de
l’automobile.
17 Alain Goudey directeur Associé d’AtooMedia et professeur de marketing à NEOMA Business School.
Co-fondateur de l’Institut de Recherche Smart Products & Consumptio
129
Grâce à des dispositifs vous êtes transportés dans un autre monde, sans lien avec
l’environnement réel où se situe votre corps. » Les concessionnaires utilisent une réalité
mixte qui combine à la fois la superposition d’éléments réels (les véhicules et les
options disponibles) et d’éléments virtuels simulés afin de mettre en valeur le produit.
Si la réalité virtuelle fait parler d’elle depuis un petit moment, rares sont les personnes
à l’avoir déjà utilisée pour réaliser des achats (15%). Mais selon GetApp, 43% d’entre
eux seraient tentés par l’expérience et 45% utiliseraient cette technologie si
l’expérience leur était proposée.
Les marques Ford et Chevrolet utilisent notamment la réalité virtuelle pour permettre
à leurs designers et à leurs ingénieurs de libérer leur créativité. Ford va encore plus loin.
La firme a créé un outil intitulé « Co-Creation ». Celui-ci permet aux ingénieurs de
collaborer sur un même projet en temps réel. Malgré les milliers de kilomètres qui les
séparent, les ingénieurs d’Amérique du Nord, d’Asie et d’Europe peuvent ainsi
travailler sur un projet commun à distance.
130
La réalité virtuelle, une arme marketing redoutable
Cela est particulièrement pratique pour les emplacements les plus coûteux ou les
concessions limitées dans l’espace. Il permet également de donner au client une
impression de modernité et de vivre une expérience unique, l’utilisation de la réalité
virtuelle fait vivre au client une expérience nouvelle et intrigante. La VR permet aux
constructeurs de proposer des narrations immersives et de mettre en lumière les
avantages d’un produit, elle fait office de média novateur et excitant, qui permet de
marquer l’esprit de l’utilisateur et de lui laisser un souvenir durable. La réalité virtuelle
aide le commercial à donner la bonne information au client au bon moment.
18Oliver R. L., Satisfaction: a behavioral perspective on the consumer, New York, The McGraw Hill
Company, Inc., 1re éd., 432 p., 1997.1997
131
En effet, l’émergence des aides à la conduite contraint les marques à trouver un
moyen efficace de démonstration. L’utilisation de la réalité virtuelle permet de limiter
la prise de risques lors des essais du client dans une voiture réelle sur une vraie route.
Ce simulateur donne la possibilité au client de tester de manière virtuelle les sensations
de conduite que procurent les différents modèles.
Aucun élément n’ait laissé au hasard, ces simulateurs reproduisent le bruit du moteur,
les sensations de freinage mais également la différence de souplesse des amortisseurs
de chaque modèle proposé par la marque.
132
Vous l’aurez peut-être déjà compris, la profession de commercial dans l’automobile
est profondément modifiée par l’arrivée de cette nouvelle technologie. Les
concessionnaires automobiles peuvent désormais présenter leurs véhicules à leurs
clients n’importe où, dans une boutique, dans un centre commercial, ou directement,
dans le salon du client. Ce dernier peut visualiser l’intégralité du véhicule ainsi que
toutes les options qui l’intéressent, de façon instantanée alors qu’il ne s’est même pas
déplacé de chez lui.
Marcus Kuehne (chef de projet VR expérience chez Audi) s’est exprimé sur le sujet
avec beaucoup d’enthousiasme lors d’une conférence sur la VR organisée par
Nvidia: « Si vous tentez de reproduire la réalité, les gens apprécieront. Mais si vous
rendez possible des choses inenvisageables dans la vie réelle, les gens seront vraiment
excités ». Dans cette idée, le groupe Audi propose par exemple, un effet rayon X, le
casque VR permet d’aller visiter les entrailles de la voiture en approchant le visage
près de la carrosserie.
Les limites de la VR
133
Une des limites que nous pouvons également citer : est celle du motion sickness, il
s’agit de la sensation de déséquilibre provoqué par le port du casque et de
l’immersion dans la réalité virtuelle. Cela se traduit par des nausées, de fortes
sensations de vertiges et des maux de tête. Ces symptômes apparaissent à cause du
déséquilibre entre les mouvements virtuels perçus par le regard et l’absence ou la
différence de mouvements dans le réel. Certains y sont très sensibles alors que d’autres
ne ressentent absolument rien.
Sur le long terme (plusieurs décennies), on peut aussi imaginer des technologies
permettant de stimuler le goût et l’odorat afin pouvoir ressentir les effluves d’un parfum
ou le goût des produits alimentaires dans la réalité virtuelle.
Comme vous l’aurez compris à travers cet article, l’industrie automobile est l’un des
secteurs dans lesquels la réalité virtuelle peut avoir de forts impacts. De la conception
à la vente en passant par la production, la VR peut être utilisée pour simplifier et
améliorer toutes les étapes. Les possibilités liées à la réalité virtuelle ne sont qu’à leurs
débuts, mais elle s’impose à grande vitesse chez vos concessionnaires. Néanmoins,
ces dispositifs présentent certaines limites et restent rien de plus que des outils
améliorant les ventes mais ne sont pas près de remplacer les agents commerciaux de
vos concessions automobiles. Le rapport humain entre l’acheteur et le vendeur reste
primordiale lors d’une vente. Le vendeur est capable de s’adapter à chaque
typologie de clients et c’est à lui de trouver la manière de présentation qui saura
provoquer un coup de cœur.
134
BIBLIOGRAPHIE
RICHIR S., CHRISTMANN, O., 10 janv. 2018, « Réalité Virtuelle et Réalité Augmentée pour
la conception collaborative ». Dans : « Procédés de fabrication additive », Editions T.I.
[Paris, France], 2021
PONCIN I., GARNIER M., « L'expérience sur un site de vente 3D. Le vrai, le faux et le
virtuel : à la croisée des chemins [37] », Management & Avenir, 2010/2 (n° 32), p. 173-
191. DOI : 10.3917/mav.032.0173. URL :
https://www-cairn-info.proxybib-pp.cnam.fr/revue-management-et-avenir-2010-2-
page-173.htm
BOURET J., HOARAU J., MAULEON F., « Chapitre 6. L’humain augmenté et les Soft Skills
», dans : Soft Skills. Développez vos compétences comportementales, un enjeu pour
votre carrière, sous la direction de Bouret Julien, Hoarau Jérôme, Mauléon
135
SCHIAVON N.. « L’avenir de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée dans le
commerce de détail automobile », novembre 2018, [consulté le 6 octobre 2020],
Disponible à l’adresse :
https://www.metadosi.fr/avenir-realite-virtuelle-dans-concession-automobile/
136
QUELLES INNOVATIONS LES CAVISTES METTENT-ILS EN PLACE
AFIN D’ATTIRER PLUS DE CLIENTELE ?
137
Actuellement, l’offre du vin s’est beaucoup élargie et elle reste très diversifiée, les
producteurs et distributeurs sont donc obligés d’aligner leurs stratégies de vente face
à ces nouveaux changements. Contrairement à la grande distribution, les petits
commerçants doivent donc faire preuve d’innovations et d’originalités face à la
demande des clients, en proposant des bouteilles de meilleures qualités avec un label
BIO par exemple.
Afin de rester compétitif dans leurs domaines, les petits cavistes locaux qui n’ont pas
encore su adapter leurs ventes traditionnelles à des ventes plus enrichissantes grâce
à des supports digitaux. Ils adoptent de nouvelles habitudes dans le référencement
client, afin de pouvoir s’adapter aux comportements locaux de consommation. Sans
oublier que la consommation des vins locaux reste un facteur important aux yeux des
clients dans ce domaine. Même si les techniques de vinification et d’élevage
évoluent, macération carbonique, grappes entières, vin de saignée, élevage en
foudre, en cuve béton, inox, bois, amphore. L’histoire demeure et les amateurs de vins
sont toujours plus nombreux à s’y intéresser.
Malgré une digitalisation importante aux yeux des consommateurs dans leurs parcours
d’achat, il ne faut pas oublier une des clés essentielles de la vente, la relation avec le
client ainsi que le conseil. Le fait de bien savoir conseiller un client est un facteur
primordial dans le parcours d’achat du consommateur. Pouvoir partager son
expérience dans le domaine du vin à sa clientèle, permet ainsi d’établir une relation
de confiance et d’instaurer un bon climat de vente. Le caviste se doit donc d’être un
véritable expert dans son domaine, et surtout sur ses produits. Le vin reste une culture
qui se partage au fil des années, et le magasin reste un lieu convivial et d’échange.
C’est pourquoi, le caviste se doit de conseiller et d’orienter au mieux son client en
matière de vin. Cette attitude est adoptée par un grand nombre de caviste, c’est
aussi un élément de différenciation pour les petits commerces de proximité face aux
géants de la distribution. Ils ont ainsi souvent plus d’expérience en matière d’œnologie
et plus de temps à consacrer à leur clientèle, ces intentions permettent de faire la
différence dans l’esprit du consommateur.
138
Pour cela, il ne suffit pas de repenser les métiers concernant la vente, ce cas de figure
concerne la vente de vin dans de petits magasins de proximité. Il faut donc
comprendre pourquoi l’ère post-digitale et les techniques de ventes traditionnelles
avant l’arrivée d’internet, ne fonctionnent plus désormais. La compréhension de cette
nouvelle problématique reste indispensable pour le vendeur, ceci lui permettra alors
de trouver les nouvelles postures et techniques qui permettent de regagner en
performance lors de l’accompagnement du client dans son parcours d’achat. Le
plaisir de l’échange lors de la communication avec le client est donc de nouveau en
course.
Pour le moment, très peu de cavistes arrivent à digitaliser leurs caves avec des
appareils high-tech à la pointe de la technologie.
Par exemple : une vitrine intelligente sur la devanture, celle-ci pourrait alors faire défiler
les produits et les prix proposés en vente dans la cave, ou encore des bornes de
commandes en rayon, celles-ci permettraient au client de faire son panier
directement en version numérique et il aurait accès aux stocks de la cave en temps
réel, cet outil permettrait de gérer au mieux l’affluence en magasin.
« Oui, en travaillant dans ce domaine nous faisons face à ces technologies, nous
effectuons de la veille technologique dans mon entreprise. J’ai déjà utilisé ce genre
de gadgets high-tech en tant que consommateur, mais également dans mon
milieu professionnel.
139
C’est une innovation dans le monde des cavistes. Le magasin Casino en question est
situé avec Franklin-Roosevelt près des Champs-Élysées à Paris.
Selon l’œuvre de François Meyssonnier & Mehdi Zakar (2018) : « Satisfaction du client
et efficience du personnel en contact dans la relation de service » depuis des années
on considère le client comme un acteur de l’entreprise, cette thématique a
beaucoup été étudiée, reprise et approfondie par de nombreux auteurs. Faire passer
le consommateur à un coproducteur lui permet d’avoir de l’importance au sein de
l’entreprise, et donc cela va créer chez lui un sentiment d’appartenance face à
l’entreprise ou la marque. Il faut une socialisation organisationnelle du client, ceci est
un enjeu très important dans la prestation de service.
Cette participation du client se concrétise sous plusieurs formes qui sont à la fois
diverses et multiples. Cette participation peut se présenter sous forme relationnelle,
mentale, physique, émotionnelle, financière, temporelle et comportementale.
L’entreprise se doit donc d’apporter une attention particulière au management du
personnel, qui est en contact avec la clientèle qui aura des attentes particulières.
140
Par suite de ces recommandations en matière de bonne relation client, et à l’étude
des nouveaux outils utilisés dans des caves connectées, comme celle de Casino
présentée auparavant, d’autres outils high-techs peuvent être au service de caviste
ayant une cave en centre-ville. En effet, un petit commerce de proximité ne peut
souvent pas se permettre des dépenses importantes dans l’acquisition d’une vitrine
intelligente par exemple.
C’est pourquoi, plusieurs autres outils d’aides à la conservation ou à la dégustation du
vin par exemple, ou encore des applications permettant de surveiller le vieillissement
des bouteilles en cave, peuvent être utiles et surprendre le consommateur lors de son
parcours d’achat.
Une nouvelle application créée par une start-up française Caveasy va plus loin que
les autres applications traditionnelles.
Tous ces outils présentés auparavant permettent de gérer dans des conditions
optimales, la conservation de bouteilles de vin. Cependant, d’autres outils permettent
d’améliorer la dégustation du client et ainsi de lui apporter une expérience client
unique, qu’il n’aura jamais vu ailleurs.
141
« Une aide quant à la recherche des bouteilles de vins pourrait être un élément
attractif (par exemple tablettes tactiles pour conseiller et éduquer au mieux la
clientèle). Notamment lors de salons ou autres événements afin d’avoir une
traduction des informations concernant le domaine ou des bouteilles, la barrière
de la langue ne serait plus un obstacle ».
« La communication sur ces nouvelles technologies doit être faite en amont. Il faut
créer quelque chose de différent afin de surprendre le consommateur dans son
parcours d’achat. Cela peut aider à vendre, mais il faut que tout ce qui entoure
ce concept soit cohérent, afin que le client soit au mieux servi. Il ne faut pas
négliger l’offre, elle reste primordiale, l’important c’est le produit. Il faut que ce soit
une vraie politique ».
Il existe aussi « Aveine ». C’est un aérateur connecté. Son but est d’aérer le vin
instantanément, pour ainsi permettre une dégustation optimale mais surtout rapide.
Dans le même principe, des carafes connectées ont été inventées, afin d’apprécier
au mieux le vin lors de sa dégustation.
142
Enfin, une application a été réalisée dans le but de
mieux connaitre la bouteille de vin choisie, grâce à un
système de scan. « My Oeno » permet de donner les
principales caractéristiques de la bouteille, que ce soit
la puissance du vin, sa vivacité, ses tanins ou encore
son degré d’alcool en cas de manquement à
l’étiquette.
Dans le même genre, l’application « Idosens Solo » rend la cave intelligente. Cet objet
connecté se fixe sur la porte et envoi directement des alertes sur le smartphone de
l’utilisateur. Ainsi, cette application prévient son utilisateur si la porte a été ouverte
(possibilité de vol), mais aussi la température de la cave ainsi que son niveau
d’hygrométrie.
Il existe un site qui référence les entreprises qui utilisent ces nouvelles technologies,
c’est la « Wine Tech ».
En tant que petits cavistes de quartiers, ces dirigeants d’entreprises se trouvent face à
une évolution de leur marché, des innovations qui l’entourent, mais surtout un
changement des habitudes de consommation leur clientèle. C’est pourquoi, il est
indispensable qu’ils adoptent ces nouvelles technologies au service du monde
œnologique, afin de toujours surprendre la clientèle grâce aux évolutions high-tech.
143
Et donc proposer une offre différente de la concurrence, dans le but de fidéliser sa
clientèle afin d’assurer sa rentabilité et sa productivité.
« Une grosse part des consommateurs de vins ont en général une quarantaine
d’années, ces nouvelles technologies auraient plus pour cible la jeune clientèle, il
faut trouver un équilibre en fonction des attentes de la clientèle actuelle et de la
nouvelle clientèle. Par exemple, dans mon secteur, ma clientèle pourrait être
septique de ce changement ».
144
BIBLIOGRAPHIE
VANHEEMS R., (2018) « Savoir conseiller et vendre à l'ère post-digitale », EMS Editions,
Hors collection
SITOGRAPHIE
Le caviste est un commerçant spécialisé qui porte l'excellence des filières viticoles
(cavistesprofessionnels.fr)
Œnologie 2.0 Bienvenue dans le monde des caves hyper connectées. - A consommer
de préférence (lexpress.fr)
Le caviste connecté 24 h/24 de Casino fait tourner les têtes - La Revue du vin de
France (larvf.com)
Les nouvelles technologies aux services du vin - Blog Les Grappes (leparisien.fr)
145
146
CHAPITRE 3
MODE LUXE ET BEAUTÉ
LORSQUE LE MONDE DU LUXE, DE LA MODE ET DE LA BEAUTÉ
DEVIENT PHYGITAL !
A travers cette partie, nous allons explorer les innovations des marques dans le monde
du luxe, de la mode ainsi que de la beauté. Avec divers exemples et utilisations du
phygital qui regroupent beaucoup de thématiques. Les influences du concept
phygital n'opèrent pas seulement sur les préférences des consommateurs, mais sont
souvent associés à des effets psychologiques dans l'interaction du marketing moderne
ou bien même de la communication, l’interprétation individuelle, la perception de la
marque, les valeurs et produits, respectivement services (Dominika Moravcikova and
Jana Kliestikova, 2017).
147
Intégrer le phygital dans une entreprise va lui permettre d’être au cœur de
l’expérience client, pour mieux les comprendre ou les cerner, puis par la suite
répondre à leurs besoins de manière personnalisée et permettre de se démarquer de
la concurrence.
Le secteur de la mode ne cesse de se transformer depuis la nuit des temps car c’est
le comportement du consommateur lui-même qui va agir sur cela, c’est d’ailleurs
avec la naissance des smartphones que le comportement en magasin a été
bouleversé (Rigby, 2011).
Avec la période actuelle que nous traversons, les grands groupes se réinventent, ainsi,
le physique et le digital ne font plus qu’un : avec à la fois une expérience qui est réelle
mais aussi virtuelle avec l’interaction de contenus digitaux.
Dans le domaine de la mode, cela passe par plusieurs solutions, les unes aussi
innovantes que les autres, pour immerger le consommateur à travers son shopping
dans une expérience innovante dont il va se souvenir. Cela passe par de grands
écrans interactifs où le client pourra voir tous les produits, les tailles disponibles, le guide
des morphologies, etc. Mais aussi une innovation récente pour le monde du phygital
: les cabines connectées que nous pouvons retrouver dans des enseignes très
connues. Les cabines connectées vont permettre de gagner du temps pour les
consommateurs et par le fait d’essayer ses habits ne soit plus considéré comme «
corvée », mais une expérience divertissante et innovante.
148
Cela va permettre de trouver la taille parfaite pour le client, lui proposer d’autres choix
en fonction de l’article, etc.
D’autres innovations se font aussi connaître comme les tablettes tactiles, les puces
connectées aux vêtements, les caméras intelligentes, etc.
Cette ère marque sûrement la fin des boutiques traditionnelles, car toutes ces
innovations permettent de booster les ventes et ainsi gagner en clientèle, beaucoup
d’arguments pour que de plus en plus de magasins s’y mettent.
« Les marques sont conscientes que le commerce n’est plus lié à un seul canal, mais
à une expérience » (Laurent Frayssinet, 2019)
En effet, ces temps de la beauté doivent se mettre à la page avec tout d’abord la
naissance du digital dans les boutiques, et ces dernières années l’apparition du
phygital. L’expérience en magasin se doit d’être personnalisée et mémorable. L’e-
commerce représente un outil non négligeable pour ce secteur d’activité mais ce
sont les boutiques physiques le principal canal de l’achat. Rassembler les deux pour
créer du phygital est donc la solution clé pour le secteur afin de faciliter le parcours
d’achat pour qu’il soit unique.
De nombreuses enseignes se sont penchées sur le sujet avec diverses solutions, que
ce soit des séances de maquillages virtuelles, des écrans virtuels pour bien choisir son
maquillage ou ses produits de beauté en fonction de son type de peau. Plus
d’hésitation entre 2 teintes et un gain de temps pour les clients parfois perdus parmi
les milliers de produits proposés.
L’objectif d’expérience est aussi mis à l’épreuve, cette fois-ci afin de donner aux
consommateurs une expérience riche et continue entre les canaux (Daucé et
Goudey, 2017) et le phygital va donner une impulsion pour développer ce dernier.
Nous pouvons aussi retrouver dans certaines boutiques des écrans et des tablettes
intelligentes guidés par commande vocale pour permettre aux consommateurs de
découvrir les produits en fonction de leurs besoins. Des miroirs connectés ont aussi vu
149
le jour en boutique, ces technologies « rejoignent » l’idée des cabines d’essayage mais
dans le milieu du cosmétique avec des conseils personnalisés pour chaque type de
peaux en fonction de l’analyse du miroir.
Les technologies ont eu un fort impact sur ce marché, selon le Boston Consulting
Group, 51% des consommateurs de ce marché utilisent plusieurs canaux d’achats,
d’abord avec la digitalisation et la montée du e-commerce, puis le développement
du phygital au sein de ce marché.
Ici aussi, l’objectif sera de développer l’expérience client en magasin, qui se déroule
sur les lieux de vente ou de façon virtuelle (Roederer et Filser, 2015). Il est essentiel pour
le monde du luxe d’avoir de très bonnes expériences client et ce sont parfois grâce à
des magasins éphémères que les boutiques de luxe se démarquent : ces derniers
permettent de mêler expérience shopping et technologies.
Nous pouvons aussi dire que le phygital permet « d’enrichir » cette expérience, le
consommateur va combiner les composantes digitales et physiques en boutique
(Belghiti et Badot, 2016) afin d’être immerger dans un parcours unique.
Tous les moyens sont aussi déployés pour ces secteurs, avec les tablettes et écrans
que nous retrouvons ici mais aussi des produits à puce et même des magasins
entièrement connectés.
150
BIBLIOGRAPHIE
EVRARD ET LAVORATA (2018), Digital et luxe : quels impacts sur l’expérience client et
le capital-marque ? Colloque sur le Marketing Digital, Sep 2018, Paris, France
SITOGRAPHIE
Isabelle Barth, « 2021 sera l'année du travail en mode "phygital" » HUFFPOT, 2011
Boston Consulting Group, « Digital or die: the choice for Luxury Brand », BCG 2016
151
LES ROBOTS HUMANOÏDES : LE NOUVEAU CONSEILLER MODE
?
L’arrivée des robots dans notre vie quotidienne va permettre d’assister l’Homme. Mais
surtout de mettre à la disposition de tout un chacun, des machines dotées d’un
appareil sensorimoteur permettant la locomotion et/ou la manipulation, associé à un
système de décision autonome (Ly et Gimbert, 2012).
19
Les Français et les robots (opinion-way.com)
152
Nous remarquons deux styles de robots :
• Robot « Pepper » quant à lui, détecte les émotions/ les ressentis : l’intonation de
la voix, un sourire, le langage corporel, un haussement de sourcil ou encore
l’inclinaison de la tête ou le regard volatile20.
Grâce à ces signaux, le robot sait ce qui pourrait vous plaire et sélectionnera un panel
de vêtements pour vous.
C’est à ce moment précis que l’on peut parler de marketing expérientiel, qui a pour
objectif de proposer au consommateur une expérience d’achat absorbante, hors du
commun ! (Rieunier, 2017). Selon Pine et Gilmore (1999) : « Une expérience a lieu
lorsqu’une entreprise utilise intentionnellement des services en tant que scène et des
marchandises en tant qu’accessoires, pour entraîner les clients individuels d’une
manière qui crée un événement mémorable ».
Ces compagnons d’une nouvelle ère se voient entrer chez de grandes et belles
enseignes, telles que Kiabi, Orange, Carrefour ou encore Nescafé ... Une nouvelle
politique pour celles-ci, puisqu’elles doivent se développer tout en renforçant leur
image en termes d’innovation. La technologie digitale doit être intégrée à leur
stratégie et offrir une expérience premium à la hauteur de leur marque (Amidon,
2001).
20
https://www.acuite.fr/actualite/magasin/109632/un-robot-pour-accueillir-vos-clients-en-magasin-
pourquoi-pas
21
https://www.hcube-conseil.fr/lintelligence-artificielle-va-chambouler-lindustrie-du-luxe/
153
Tout cela dans un seul et unique but : fluidifier le parcours client en mettant les
technologies à sa disposition22.
Le parcours client est destiné soit à un produit soit à un service, il désigne tout
simplement le chemin suivi et les actions que prend le client entre le moment où il
constate son besoin et celui où il passe à l'achat. C’est une notion plus large que celle
du « parcours d’achat » car il prend en compte les dimensions « préachat » et « post-
achat » et se focalise sur l’expérience client dans sa globalité24.
Pour les personnes âgées de 18 à 24 ans, l’élément le plus important reste avant tout
l'anticipation (48%).
22
https://www.relationclientmag.fr/Thematique/techno-ux-1256/Breves/Comment-robotique-
humanoide-reinvente-experience-client-317476.htm
23
https://www.lenouveleconomiste.fr/lesdossiers/la-robotique-humanoide-au-service-du-marketing-
62666/
24
https://www.appvizer.fr/magazine/marketing/data-marketing/parcours-client#definition-du-
parcours-client
25
https://www.leparisien.fr/high-tech/les-francais-prets-a-vivre-avec-des-robots-26-01-2018-7523154.php
154
Nous ne sommes qu’au début de cette transformation phygitale, il faut laisser le temps
aux Français d’apprendre à cohabiter avec ces nouveaux êtres. La relation de
confiance s’installe progressivement. Les enseignes choisissant d’innover en passant
par l’utilisation de robots devront continuer à innover dans le sens des Français,
d’anticiper leurs attentes et d’être avant-gardistes pour toujours les surprendre !
Soyez sans crainte ! Le but n’est pas de bannir les vendeurs/ conseillers bien au
contraire ! Ces robots sont vus comme une opportunité permettant à l’Homme de
faire des choses à la fois plus durables et plus épanouissantes, tout en créant de la
valeur ! Ils seraient utilisés à grande échelle pour épauler des tâches ingrates afin de
permettre à l’Homme de se focaliser sur d’autres actions bien plus enrichissantes car
chacun d’entre nous souhaite que les robots réalisent les tâches qui nous ennuient…
(Kajita, Hirukawa, Harada, Yokoi, 2009)26.
Mais ce n’est pas encore pour tout de suite… ils ne seront pas présents dans notre
quotidien avant un moment car il existe de multiples défis à relever et cela risque de
prendre encore plusieurs années. C’est un véritable ensemble de défis qui ne pourront
être relevés qu’avec de la patience et le développement de partenariats entre
l’industrie et celui de la recherche, avec pour objectif de passer du stade de la
fabrication de prototypes robotiques à celui d’une véritable industrie de la robotique
de service (Maissonnier, 2012).27
155
« Le Printemps est une entreprise française exploitante de grands magasins qui se
positionne principalement sur des marques de mode, de luxe et de beauté. Cette
maison mise énormément sur l’expérience client, en capitalisant sur la fidélité de
leurs clients, et en créant une communauté qui valorise l’expérience vécue par les
fans de mode que par les produits.
Depuis la crise sanitaire due au COVID-19, cette solution pourrait représenter une
belle alternative afin de respecter encore mieux les gestes barrières ! Le tout est de
faire rentrer la technologie dans notre quotidien, malheureusement la France est
en retard sur ce secteur, il faut laisser du temps. Mais nous y arriveront ! »
Il semblerait que la venue des robots humanoïdes dans notre quotidien, surtout en
point de vente, serait majoritairement la bienvenue. Toutefois de nombreux défis
technologiques et numériques restent encore à travailler.
156
BIBLIOGRAPHIE
LY ET GIMBERT (2012), L'insertion des robots dans la vie quotidienne (avec un focus sur
les robots humanoïdes) Annales des Mines - Réalités industrielles 2012/1 94-102
157
LA PERSONNALISATION PRODUIT : LE SHOPPER DEVIENT SON
PROPRE DESIGNER
158
Une expérience retail unique et personnalisée, c’est ce dont à quoi aspirent les
consommateurs et c’est le défi que se lancent de nombreuses marques de prêt-à-
porter depuis quelques années. Valoriser son client par un environnement qui lui
ressemble, lui permettre de vivre une expérience unique, tels sont les nouveaux enjeux
des marques pour conquérir et fidéliser des clientèles devenues volatiles dans un
contexte d’hyper-consommation et de standardisation.
C’est précisément ce que nous allons aborder : les nouvelles technologies numériques
constituent un élément clé : miroirs digitaux et interactifs, analyses de données,
conception assistée par ordinateur... permettant aux consommateurs de vivre une
expérience mémorable en magasin et permettant de repartir avec leur propre
vêtement conçu sur place.
159
Nous nous intéresserons plus particulièrement à la co-création d’un produit, dans le
secteur de la mode. D’autant plus que dans ce contexte d’évolution du
comportement et des nouvelles technologies « les enseignes de mode doivent aller
au-delà de la simple offre de nouveaux produits » (Andajani, 2015). Il s’agit ainsi d’un
sujet qui n’est pas passager mais qui est voué à se révolutionner. Et vous verrez que
certains processus de personnalisation produit mis en place par des entreprises du
secteur de la mode, sont autant originaux que surprenants.
La personnalisation produit est donc un concept innovant qui permet aux entreprises
de se démarquer par une singularité et de se différencier par rapport à leurs
concurrents grâce à de nouvelles technologies numériques présentes en magasin.
L’enjeu est de s’intéresser davantage à l’expérience du client pour tenter de se
différencier de la concurrence et être authentique. Les nouvelles technologies
numériques permettent de contribuer à l’expérience du client en magasin et
notamment en créant les produits directement en boutique, faisant vivre une
expérience unique aux clients, lui permettant de concevoir lui-même son produit.
Le shopper conçoit lui-même son produit, il prend donc plaisir à le créer et à vivre
cette expérience qui lui permet d’obtenir le vêtement de ses rêves tout en sachant
qu’il est le seul à l’avoir.
160
Mais, comment le secteur de la mode arrive-t-il à investir son consommateur ?
L'expérience pop-up "Knit for you" explore la production localisée tout en donnant aux
individus la possibilité, de co-créer des vêtements sur mesure, grâce à une technologie
interactive.
Une machine à tricoter de haute technologie permet de confectionner des pulls sur
mesure, pendant ce temps les clients patientent. Vous pensez que cela n’est pas réel
? Et bien si, l’enseigne Adidas propose ce concept innovant dans son magasin pop-
up de Berlin depuis 2017, en nommant son action « Knit for You ».
Le pop-up s’organise telle une usine où le client fait partie de la chaîne, en scannant
les mesures de son corps et en choisissant les couleurs ainsi que les motifs de son pull.
Le pull est produit assez rapidement : en 4 heures, sous les yeux du client.
Plus en détails, le corps du client est scanné afin d’obtenir ses mesures. Puis, des motifs
sont projetés sur le torse du client afin qu’il choisisse celui qui lui convient le mieux.
161
Être chaussé en moins de 90 minutes...
Seriez-vous tenté(e) de vous rendre à New-York pour vivre une expérience inoubliable
? Laquelle ? Créer votre propre paire de chaussures, à votre goût, dans la boutique
Nike By You, tout cela en 90 minutes. La marque de chaussures américaine propose
de créer sa propre chaussure personnalisée en magasin dans la boutique Nike By You
à New-York.
Désormais, avec le concept Nike By You, fini l’attente pour tous les clients pressés, enfin
presque, car 90 minutes permettront de récupérer sa paire de chaussures
personnalisée.
Jessica Robert, auto-entrepreneuse depuis juillet 2020, connaît bien cet engouement
dans le secteur de la mode. Elle s’est lancée dans une aventure nommée « Les
pinceaux en folie 28» et personnalise des paires de chaussures en peignant
directement des motifs, des dessins ou encore des portraits selon les goûts de ses
clients.
28
https://www.instagram.com/les_pinceaux_en_folie/
162
Cette activité est née sous la passion de la peinture, Jessica a commencé à peindre
des tableaux, des décorations pour des évènements tels que des baptêmes, des
mariages ou encore des anniversaires puis s’est mise à peindre sur les chaussures de
son petit garçon de 4 ans.
Par l’intermédiaire des réseaux sociaux et de son entourage, sa créativité lui a permis
de devenir auto-entrepreneuse et de commercialiser des paires de baskets uniques
aux 4 coins du monde : France, Belgique, Réunion et cela ne cesse de s’émanciper.
Les clients peuvent choisir leurs modèles de chaussures de toutes sortes ou envoyer
leur propre paire. Jessica crée ainsi des paires de baskets uniques par l’intermédiaire
d’une peinture choisie par le client lui-même.
163
Économiquement la personnalisation est très rentable pour les entreprises, le prix
additionnel que le consommateur est prêt à payer en plus oscille entre +20% et +50%
du prix initial du produit, ceci est un vecteur de croissance impactant pour les
marques.
À savoir que la personnalisation des produits est aussi fortement présente sur le web, il
faudra évidemment être un peu plus patient, le temps de réceptionner son article
dans sa boîte aux lettres.
164
BIBLIOGRAPHIE
DARMON (2001), Quel avenir pour la vente en face à face ? Gestion 26(3) ; 53-60
SITOGRAPHIE
http://www.influencia.net/fr/actualites/media-com,retail,futur-ultra-personnalisation-
5-tendances,8275.html [en ligne] Publié le 27/03/2018, publié par Laetitia Faure
Des pulls à la demande : Adidas présente « Knit for you » (fashionunited.fr) [en ligne],
publié Le 29/03/2017 par Aurore Hennion
Nike Opens New NIKEiD Studio in New York - Nike News [en ligne], publié le 04/10/2007,
press release
165
SHOWROOMING ET WEBROOMING, L’OMNICANALITE AU
SERVICE DES VENTES
166
Le développement du showrooming ces dernières années peut s’expliquer par la
diversité de points de contact mis à disposition aux clients par les enseignes.
L’augmentation de ces derniers a complexifié le parcours client et son identification.
(Heitz-Spahn, Belaud, et Yildiz, 2018). Alors qu’en est-il pour les magasins physiques ?
Le showrooming est-il nécessairement un problème ?
En ce qui concerne le secteur de la mode, c’est celui qui est le plus touché par le
phénomène de showrooming29. En effet, à part quelques exceptions d’enseignes de
prêt-à-porter, la plupart des vêtements de marques sont vendus à divers endroits et
notamment sur des sites internet revendeurs pure players30. (Asos, Zalando, etc...) Ces
sites pratiquent généralement une politique de prix agressive et n’hésitent pas à
effectuer des promotions toute l’année et user de techniques de promotions digitales
comme le retargeting, Google Ads, etc.
29 Selon une étude IFOP Wincor Nixdorf de 2014. Lermite, C. (2015). Showrooming,
webrooming... Mais c'est quoi exactement, et comment s'en servir ? URL : https://www.lsa-
conso.fr/showrooming-webrooming-mais-c-est-quoi-exactement-et-comment-s-en-
servir,22499
30 Entreprise vendant exclusivement sur internet
167
Ainsi, plus un achat est urgent, moins le shopper adoptera un comportement de
showrooming. L’intérêt pour les magasins est donc de créer un sentiment d’urgence,
d’exclusivité chez le shopper pour qu’il se concentre moins sur l’aspect financier
(Gensler, Neslin, Verhoef PC 2017).
Il est également important de noter que les produits vestimentaires sont plus aisément
touchés par le phénomène de showrooming car il s’agit de produits hédoniques dont
le risque d’achat perçu est faible. Pour contrer cet effet, il serait tentant de s’aligner
sur les prix pratiqués par les sites web, cependant il est essentiel de proposer une offre
de service que ne peuvent proposer les marchands du web. (Heitz-Spahn et Yildiz,
2015). La difficulté pour ces marques est que les plateformes de vente multi-marques
offrent une possibilité de visibilité importante. Les marques doivent donc faire des
choix entre visibilité, prix et leur image.
Certains clients ressentent donc le besoin de ressentir un lien social, de vivre une
expérience physique avec des interactions sensorielles.
Un client ayant fait une première recherche internet sur le produit ou l’enseigne où il
se rend en physique sera plus assuré et se retrouvera plus aisément dans les allées et
produits. Cette facilitation de déplacement induit moins de butinage de la part du
shopper. Il sera donc moins sensible aux différents stimuli mis en place au sein du point
de vente.
31 Source étude « The store of Brick & Mortar » Mood Media 2017
168
L’enjeu pour les points de vente physique est de mettre en place des stratégies de
fidélisation, d’expérience, de conseil client pour que le client vienne effectuer ses
achats en boutique quoi qu’il arrive. Certaines marques de prêt-à-porter s’en sortent
bien sur ce point de vue grâce à la montée en puissance des réseaux sociaux, nous
pensons principalement à Instagram, qui propose la possibilité d’effectuer des achats
via la plateforme, le référencement de produits, etc.
Le réseau social est omniprésent en matière de mode. Quasiment tous les magasins
physiques disposent d’un compte sur le réseau social. Cela permet de faire découvrir
facilement les nouvelles pièces et de développer les ventes.
Utiliser ce phénomène peut s’avérer essentiel pour des articles de mode pointus ou
techniques ce qui peut notamment être le cas pour des vêtements techwear ou
outdoor où les vêtements sont conçus avec des spécificités propres comme
pourraient l’être des produits high-techs.
Les politiques comme les médias ont largement relayé ces initiatives et ont invité les
français à soutenir les petits commerçants durement touchés par la crise. Doit-on
s’attendre à un regain des ventes en physique dans les mois et années à venir ? Est-
ce que cette crise sanitaire à laquelle notre pays fait face est en train de modifier les
comportements d’achats ? Une nouvelle façon de consommer serait-elle en train de
voir le jour ? Difficile de le prévoir mais il semble que les boutiques physiques n’ayant
pas de canaux de distribution autre que le physique aient compris l’intérêt du multi-
canal. Leur expertise de vente en physique permettra de mieux utiliser les canaux
digitaux.
169
Comment lier showrooming et webrooming
Ainsi, l’objectif pour ces marques n’est plus de développer uniquement le chiffre
d’affaires d’un magasin mais plutôt d’avoir une vision plus globale de
développement. Il est essentiel de prendre en compte que lors d’une vente, ce n’est
pas uniquement un point de contact qui a déclenché l’acte d’achat, mais plusieurs.
Cela met donc en lumière plusieurs difficultés, comment prendre en compte la part
d’implication de chaque canal dans la vente d’un produit. Est-ce grâce aux conseils
d’un conseiller de vente, la dernière publication sur Instagram, ou une publicité
Google Ads qui a fait basculer la vente ? L’heure est donc à la recherche de l’élément
déclencheur de la vente. Tout l’intérêt pour les marques est de déterminer quels
canaux sont complémentaires et lesquels peuvent permettre de déclencher des
ventes auprès des cibles.
Dans l’avenir, la plupart des ventes de produits de mode seront de seconde-main. Les
marques et leurs points de contact deviendront probablement des showrooms. Ces
dernières doivent trouver le moyen d’utiliser ce phénomène à leur avantage si elles
ne veulent pas voir le chiffre d’affaires fortement diminuer. Que cela soit en termes
d’image ou en termes de qualité de confection, les marques ont tout intérêt à
travailler pour voir leur produit avoir une seconde vie après le premier achat neuf.
170
L’évolution du parcours client avec la crise sanitaire
« Ce qui est sûr c’est qu’il est délicat de répondre à cette question car c’est
l’environnement et le contexte qui ont forcés le client à se comporter
différemment.
Et ce sont même les entreprises qui ont innové pour créer de nouveaux parcours
client, ce qui est innovant car d’habitude il s’agit plus de s’adapter aux besoins
du client. Par exemple, le multi-canal est la réponse à l’envie d’acheter dans
n’importe quel lieu à tout moment.
La Covid-19 a créé des contraintes et on se rend compte que les entreprises ont
mis en avant des dispositifs, notamment le click and collect et la prise de rendez-
vous. Cette dernière est assez nouvelle et le click and collect a été boosté.
Certaines personnes vont continuer à avoir leurs habitudes car le commerce est
un lieu de lien social et d’échanges malgré toutes les contraintes. Certaines
personnes auront toujours besoin de liens sociaux et continueront à se rendre en
magasin et les autres favoriseront les moyens digitaux. La véritable question est :
est-ce que ces changements sont durables. Les quelques éléments de réponse
dont nous disposons sont que suite à des moments de privation, de crise, il y a un
effet d’essor et de consommation à la sortie de la crise. Ce qui est dangereux
dans notre cas et qu’avant la crise, nous étions dans une dynamique de
développement durable, de meilleure consommation, et qu’à la sortie nous
pourrions être pris d’une frénésie et de se dire « on se lâche ».
171
Il devient important de comprendre que les entreprises du secteur vestimentaire ou
de tout autre secteur doivent miser sur un mix digital et physique afin de proposer un
parcours client le plus complet possible. En effet, selon LSA Conso, 61% des visiteurs
mixtes convertissent en achats33. Un pourcentage bien supérieur aux visiteurs
purement online et offline. Les personnes adoptant un comportement de
showrooming et de webrooming dans un contexte de distribution multicanale sont
appelées free-riders. Cependant ils n’adoptent pas le même comportement en
fonction de leur stratégie. Ceux adoptant une stratégie de promotion vont effectuer
du showrooming et ceux adoptant une stratégie de prévention effectuent du
webrooming. (Heitz-Spahn et Yildiz, 2015).
33Source LSA Conso, Chardenon, A. (2017). Baromètre des achats multicanaux CSA/Fullsix/LSA : la high-
tech championne du ROPO. URL: https://www.lsa-conso.fr/barometre-des-achats-multicanaux-csa-
fullsix-lsa-la-high-tech-championne-du-ropo,257457
172
BIBLIOGRAPHIE
GENSLER, NESLIN ET VERHOEF (2017), The showrooming phenomenon: it’s more than
just about price. Journal of Interactive Marketing 38 : 29-43
HEITZ-SPAHN ET YILDIZ (2015), Qui sont les « showroomers » et les « webroomers » ? : Une
approche par la théorie du focus régulateur, Conférence : 31ème Congrès de
l’Association Française de Marketing
HEITZ-SPAHN, YILDIZ ET BELAUD, Investigating the factors driving channel choice and
retailer choice in an omni-channel environment, Projectics / Proyéctica / Projectique,
2018/3 (n°21), p. 43-60
173
INNOVATION X LUXE, LA DERNIERE COLLABORATION A LA
MODE
Le marché du Luxe assure une progression importante chaque année ainsi qu’une
forte rentabilité. Ce secteur en progression de 4% par rapport à l’année 2018,
générant ainsi 1 300 milliards d’euros en 2019 et pesant près de 230 milliards d’euros34,
n’échappe pas, pour autant, à la révolution digitale. Si actuellement le e-commerce
ne représente qu’une faible part des ventes du secteur, il tend à évoluer et gagner
en puissance. Le secteur suit donc cette tendance et adopte le e-commerce comme
canal de vente, bien que seul 10% des consommateurs effectuent leurs achats
exclusivement en ligne35. Du côté des millennials36, la part de ces achats est plus
importante, car la génération Y se veut plus connectée. La multitude de canaux, tout
comme la digitalisation, impactent le secteur et plus particulièrement l’acheteur lui-
même (Kapferer, 2016), Internet déboussole le secteur du luxe.
174
L’intérêt, et donc l’objectif des entreprises du secteur, est d’incorporer ces nouvelles
technologies sans nuire à leur image, en conservant le prestige associé à leurs
produits. L’heure est donc aux interrogations vis-à-vis de l’impact de la digitalisation
sur le client et plus particulièrement sur son expérience d’achat.
175
La marque Burberry, notamment, s’est positionnée comme précurseur dans ce
domaine et a rendu, dès 2012, son flagship londonien connecté. Les clients avaient
alors la possibilité de mettre en scène les produits via un écran grâce à une puce
RFID37. Si en 2012 la marque a lancé une réelle tendance, attention tout de même au
« faux-digital ».
Les marques de luxe font face à des paradoxes, assurément ces dernières souhaitent
toucher des cibles de plus en plus larges tout en conservant leur image
d’inaccessibilité. Internet, ou encore les technologies, ne doivent pas venir entacher
cette image haut de gamme, au contraire, elles sont là pour enrichir l’expérience
client. Mais où se trouve la limite ? Qu’entendons-nous par faux-digital ? En souhaitant
améliorer leurs points de vente, elles se retrouvent face à une multitude de solutions,
or certaines de ces solutions, pourtant technologiques et digitales, ne vont pas dans
ce sens et au contraire, donnent au client la sensation d’être délaissé. Nous pensons,
par exemple aux bornes de commande. Ces technologies laissent le client seul,
l’excluant ainsi du point de vente, son environnement, sa théâtralisation, son concept,
son histoire ou encore ses valeurs, nous pouvons même parler de technologies
passives. Les marques doivent aussi veiller à ce que ces technologies ne fassent penser
à de l’automatisation, possiblement assimiler à une production de masse, exactement
tout l’inverse de l’image souhaitée. A contrario, les marques ont tout intérêt à innover,
autant en matière de technologie, qu’en matière d’idée pour conserver leur capital-
marque et ainsi continuer de séduire leurs clients, tant par leurs produits que par leur
monde.
176
Dans un premier temps, la maison italienne Dolce&Gabana, dévoilait en septembre
dernier, sa « Virtual Boutique Expérience » à Osaka, au Japon. Leur promesse : un
shopping virtuel dans les boutiques iconiques de la maison, le tout depuis chez soi sur
un site web dédié. Un réel succès pour la marque aux deux lettres, qui a déployé cette
expérience en France. Envie de faire votre shopping dans la célèbre boutique du 3/5
rue du Faubourg Saint Honoré ? Alors, rendez-vous sur
virtualboutique.dolcegabbana.com.
Dans un second temps, l’exemple de la marque Gucci qui lançait, l’été dernier, un
service d’achat virtuel permettant aux clients d’échanger en temps réel avec des
conseillers de la marque, le tout depuis leur canapé Ces innovations, quelque peu
précipitées par le contexte sanitaire, sont pourtant de réelles réussites pour les
marques. Étant parvenues à conserver leur image d’inaccessibilité, de lieux magiques
et de conseil sur-mesure et haut de gamme malgré la distance. Or, le luxe et la mode
ont connu en 2020, un autre levier de digitalisation, et ce pour un incontournable du
secteur.
Comme tous les ans, les grands noms de la mode et du luxe se préparent pour
l’événement incontournable du secteur : la Fashion Week 38. Si les autres années la
Fashion Week, qu’elle soit à Londres, Paris ou Milan, rassemble des millions de
personnes dans des lieux spectaculaires, cette année marque un bouleversement
pour les Maisons de luxe.
Différentes maisons ont ainsi opté pour le format vidéo. Dior a fait le choix d’une vidéo
de 15 minutes, qui, dès les premières secondes, plongeait l’internaute dans un univers
fantastique mêlant créatures magiques et histoire de la mode.
38Fashion Week ou semaine de la mode en français. Événement du monde de la mode ayant lieu tous
les six mois.
177
Chanel, quant à elle, réalisait une vidéo conçue à la façon d’un shooting photo,
liberté, fun et naturel étaient au rendez-vous. Une autre prestation vidéo est à retenir,
celle d’Alexandre Vauthier qui a marqué les esprits avec une vidéo de seulement 25
secondes. Si l’on retient l’originalité de la prestation, les collections elles, étaient
presque impossible à visualiser. Outre les vidéos, d’autres maisons sont allées au-delà,
jusqu’à entrer dans l’univers des jeux vidéo, une manière ludique et astucieuse pour
faire découvrir les collections. Valentino et Balenciaga sortent du lot avec,
respectivement, pour l’un, une version d’Animal Crossing où l’on pouvait déambuler
sur une ile paradisiaque à la découverte des pièces de mode. Et la seconde, un jeu
nommé « Afterworld : The Age of Tomorrow », où chaque internaute, identifié sous
l’avatar de son choix, pouvait par la suite déambuler dans différents univers, au fil des
niveaux l’internaute découvrait les nouvelles collections de la marque.
Bilan de cette année 2020 sur les podiums : une Fashion Week imaginée différemment,
de l’originalité non pas seulement dans les collections mais aussi par le mode de
présentation.
178
Le regard des consommateurs sur la digitalisation et les innovations associées aux
marques de luxe est à prendre en compte. Bloggeuse et présente sur Instagram
depuis huit ans, Marie-Charlotte Gravière (@mc_graviere) cumule près de 80 000
abonnés. Passionnée par les nouvelles tendances, la mode et le luxe, elle est une
consommatrice assidue de ces produits. Mais quelle image lui renvoie ce secteur
? Comment effectue-t-elle ses achats et dans quel but ? Que pense-t-elle des
nouveautés de ce secteur prestigieux ?
Un plaisir, quelque chose qui attire et séduit, mais aussi des pièces que l’on ne voit
pas sur monsieur tout le monde, c’est ainsi qu’elle décrit le luxe de manière
synthétique. Marie-Charlotte privilégie les achats en magasin avec pour
arguments le conseil client, l’image de la marque, son univers et surtout le fait de
pouvoir toucher, porter et essayer le produit sur elle. Or, elle nous explique passer
des commandes en ligne « lorsque je cherche une pièce rare et donc introuvable
en boutique, ou alors quand l’article n’est plus disponible ». Lorsque qu’on
l’interroge sur ce qu’elle pense du digital dans ce secteur, elle répond, « je pense
que la plupart des gens préfèrent réaliser ce types d’achats en magasin pour le
relationnel, le SAV etc… Toutefois les innovations présentes dans ce domaine
tendent à se développer jusqu’à devenir habituelles et indispensables. Oui, je
pense donc que le digital peut représenter une belle opportunité pour le secteur
».
179
BIBLIOGRAPHIE
DALL’OLMO RILEY ET LACROIX (2003), Luxury branding on the Internet: lost opportunity
or impossibility? Marketing Intelligence & Planning 21(2): 96-104
NYECK ET ROUX (1997), WWW as a communication tool for luxury brands: compared
perceptions of consumers and managers, 24th International Research Seminar in
Marketing. Communications and Consumer Behavior, june 3-6, La Londe les Maures,
IAE Aix-FNEGE, 296-316
VANHEEMS ET LELART (2015), Réussir sa stratégie cross et omni-canal, pour des marques
et des entreprises connectées. Paris : Eds EMS.
180
QUEL EST LE ROLE DU VENDEUR DANS LES BOUTIQUES
CONNECTEES ?
Avec la montée en flèche et sous l’impulsion d’Internet, les parcours d’achat se sont
progressivement digitalisés. La digitalisation a d’abord suscité l’intérêt des clients
particuliers. Ainsi, les ménages ont peu à peu intégré Internet dans leurs parcours
d’achat et cette digitalisation a transformé leur comportement, leurs attentes et leur
état d’esprit dans le monde réel. Les vendeurs situés en première ligne ont subi de
plein fouet les changements de comportement d’un client, qu’ils ne parvenaient plus
à comprendre.
181
Dans un premier temps, les hiérarchies des vendeurs ne se sont pas posées de
questions sur les changements de comportements de leurs clients. Leurs stratégies
restaient identiques et les vendeurs devaient se débrouiller seuls, sans consigne, pour
gérer les nouvelles situations de vente auxquelles ils étaient de plus en plus souvent
confrontés.
Mais on s’est vite rendu compte que les techniques de vente traditionnelles conçues
avant l’arrivée d’Internet, ne fonctionnaient plus. Il était donc nécessaire de réinventer
ces métiers de vendeurs, conseillers, commerciaux afin de les aider à trouver les
postures, les rituels et les techniques qui leur permettront de regagner en performance,
en satisfaction personnelle et en plaisir de l’échange. Comme cela a été démontré
depuis des décennies, les vendeurs sont la clé dans la satisfaction et la fidélisation des
clients. Leur rôle est fondamental.
Les vendeurs sont placés en première ligne face aux clients, mais leur métier doit être
réinventé pour être en phase avec les attentes et l’état d’esprit des clients à l’ère du
digital.
Connecté
Les équipes de vente doivent être connectées pour être en phase avec les clients qui
utilisent le digital avant, pendant et après la rencontre commerciale. Ainsi les vendeurs
doivent avoir la capacité de mener un entretien de vente et de répondre à une
demande en utilisant les technologies digitales et être capables de poursuivre la
relation et la conversation par voie digitale, une fois l’échange terminé. Être sur la
même longueur d’onde qu’un client ou prospect, c’est également pouvoir utiliser les
mêmes outils que lui.
Le digital va offrir des leviers d’action inédits aux équipes de vente, que ce soit avant,
pendant et après la rencontre avec ses clients. Celles-ci pourront développer de
nouvelles stratégies d’approche, inventer de nouvelles techniques de vente et de
négociation grâce au digital mais aussi poursuivre autrement la relation et la
conversation avec son client jusqu’à la prochaine rencontre commerciale.
182
Humain
La digitalisation amène la rencontre avec autrui de plus en plus rare. Ce qui est
nouveau pour la force de vente c’est de réussir à donner encore plus de valeur à la
relation humaine. Lors d’un passage en magasin, le client doit ressentir la qualité de
cette relation, la rareté, la personnalisation des échanges.
L’humain ne doit pas ressembler à un robot, suivre un script. L’humain révèle la
bienveillance dont fait preuve une entreprise, une marque avec son client. Le vendeur
doit prendre en compte la singularité du client qu’il a en face de lui, ses émotions, ses
attentes.
Attentionné
Un vendeur attentionné, c’est quelqu’un qui va être vraiment à l’écoute de son client
et qui va tenter de le comprendre. Un vendeur va considérer chaque client comme
un invité auquel on a envie de faire plaisir. Lors de leurs échanges, le vendeur devra
faire preuve de bienveillance et cordialité. La relation humaine est indispensable pour
créer une relation forte entre le client et l’entreprise, la marque. Désormais, accueillir
un hôte, c’est lui faire vivre un échange inspirant et générateur de bonheur comme
l’évoque David Meyer au travers de ses propos «If you feel loved, you feel happy » et
« to be satisfy, people needs to belong ». (Meyer D., 2017, Conférence au Big Retail
Show, NRF, New York).
Professionnel
Un vendeur accompagnera son client tout au long de son parcours d’achat, voire
même d’un parcours de vie, qu’il soit personnel ou professionnel. Désormais la force
de vente prend une place importante dans la vie du client, il faut savoir être là quand
le client en a besoin et l’accompagner du mieux possible tout au long de son
parcours.
Original
Lors d’un échange, le client souhaite avoir en face de lui quelqu’un d’authentique,
de vrai. Il ne veut pas avoir l’impression que le vendeur récite un discours imposé par
sa direction ou qu’il joue un jeu. Le vendeur doit être lui-même, avec sa personnalité,
son caractère, ses passions etc.
183
Une étude révèle, que ce dont se souviennent le plus les clients après un échange
avec un vendeur, ce sont les anecdotes personnelles qu’il leur a racontées (Flacandji
M., 2017, op. cit.).
Cette liberté où tout est à portée de main (produits, entreprises, marques, amis,
relations, informations, prises de rendez-vous, services…) grâce au monde virtuel
transforme indéniablement la relation des individus au monde réel.
A l’heure actuelle, les clients dans leur relation avec la marque ou l’entreprise
recherchent de la proximité et une facilitation dans leur quotidien personnel ou
professionnel, un accompagnement plus global, une personnalisation et une
contextualisation. L’émotion est un élément important au sein d’une expérience qu’ils
souhaitent authentique, vraie et génératrice de lien social.
Dans son ouvrage, Savoir conseiller et vendre à l'ère post-digitale, Régine Vanheems
propose le schéma ci-dessous pour résumer les attentes des clients :
184
Désormais, les clients attendent des vendeurs qu’ils sortent d’une relation purement
marchande, mais qu’ils les accompagnent dans leur parcours d’achat et de vie. Par
exemple, Bledina ne vend plus des « petits pots pour bébé » mais « aide les parents à
mieux nourrir leur bébé ». L’individu vit aujourd’hui de nombreuses expériences de
navigation sur écrans. Face à ces expériences virtuelles et automatisées, lorsqu’il
quitte son écran il recherche autre chose.
Lors d’une rencontre, certains clients vont poser une question à laquelle ils ont déjà la
réponse grâce à leur navigation sur Internet. Cela leur permet de tester la
compétence de leurs interlocuteurs pour décider s’ils continuent la discussion avec
eux ou s’ils préfèrent qu’elle s’arrête là.
Aujourd’hui les clients attendent de leur rencontre avec un vendeur un véritable plus,
une personnalisation de leur échange et une facilitation de leur parcours d’achat.
Comme précisé ci-dessus, le client aime que le vendeur personnalise leur échange. Il
ne veut plus avoir l’impression de faire face à des discours formatés et stéréotypés.
Désormais on souhaite des discours adaptés à chaque individu.
185
Un individu attend et aime dans la relation avec un vendeur qu’on l’écoute et qu’on
s’occupe de lui, qu’on le conforte dans son choix, qu’on l’aide à trouver son produit
dans le magasin (pour pas qu’il ne perde de temps), qu’on personnalise les échanges,
qu’on puisse partager une passion commune, qu’on lui donne de la connaissance
etc.
Une question que se pose de nombreuses entreprises est : Faut-il équiper la force de
vente de technologies digitales ? Dans un monde où les clients sont de plus en plus,
voire tous, connectés il est important de mettre en place une symétrie des
équipements. Généralement, lorsqu’une équipe de vente est équipée avec des outils
digitaux, elle va pouvoir agir favorablement sur son organisation, sa relation avec ses
clients et sa performance commerciale.
Aujourd’hui, les entreprises font face à une multitude d’outils et technologies destinés
aux commerciaux. Il est primordial de choisir les équipements qui correspondent à
votre entreprise, en fonction de vos stratégies. Des outils sont destinés à réduire les
coûts supportés par les commerciaux dans leur organisation et leur quotidien : temps,
efforts et coûts psychologiques (inquiétude, difficultés de saisies des données, de
réactivité…).
D’autres vont aider à améliorer la relation avec leur clientèle : capacité à rassurer, à
répondre plus facilement et rapidement au client, à prendre en charge plus
efficacement son problème, à proposer de nouveaux services, à créer de nouvelles
zones de convivialité et d’échange… Et certains, à impacter leur performance
commerciale : capacité à augmenter le panier d’achat, à générer du cross-selling, à
augmenter le nombre de visites, à générer plus de satisfaction client, plus de fidélité,
plus de recommandations…
En magasin, les tâches et les missions d’un vendeur ou d’un chef de rayon sont
multiples : veiller à la bonne tenue du rayon, éviter les ruptures, gérer les stocks, suivre
les chiffres-clés, échanger avec les fournisseurs, mettre en place des opérations
commerciales, afficher les prix, faire les inventaires… En premier lieu, la technologie
peut donc aider la force de vente dans son quotidien et l’alléger dans les tâches
répétitives ou peu créatrices de valeur grâce à des robots, des logiciels, des étiquettes
électroniques par exemple.
186
La technologie peut également contribuer à améliorer la relation des équipes de
vente avec leur clientèle. Voyons l’exemple de Darty :
Darty a proposé aux vendeurs de l’un de ses magasins de répondre eux-mêmes aux
clients sur les réseaux sociaux. Les résultats de cette expérience ont été excellents tant
côté client que vendeur. Les clients étaient contents de retrouver « en vrai » les
vendeurs qui leur avaient répondu sur les réseaux sociaux. Quant aux vendeurs, ils
étaient heureux de la reconnaissance que les clients avaient à leur égard. Lorsque la
conversation commence on-line et se poursuit off-line, elle peut générer de nouvelles
formes de convivialité, puisque clients et vendeurs ne sont plus anonymes au moment
où la rencontre a lieu.
Une entreprise doit sélectionner l’ensemble des fonctionnalités digitales qui sont
pertinentes et qui vont permettre d’optimiser et d’enrichir l’expérience client.
Quelles sont les fonctionnalités qui vont transformer l’expérience client de demain ?
Nous assistons à la prolifération des écrans digitaux : certains magasins ont mis en
place des écrans géants dès l’entrée du magasin, ce qui a l’avantage de mettre en
scène le client dès son arrivée dans le magasin. On retrouve par exemple des
témoignages d’instagramers, des photos sur les écrans.
Des outils qui permettent le repérage des produits en magasin voient également le
jour. L’entreprise Findbox a créé un outil de reconnaissance. Par exemple chez
l’enseigne Metro on trouve des boitiers Findbox. Comment cela fonctionne-t-il ?
prenons comme exemple les cartouches d’encre : On arrive avec une cartouche
d’encre vide, on la passe sous un système de reconnaissance et un signal lumineux
nous indique où se trouve la cartouche sur le rayon.
187
Microsoft a lancé son casque HoloLens qui permet de voir son produit à 360°, changer
les composants, la couleur, découvrir tous les bénéfices tel un argumentaire.
Beaucoup d’entreprises ont déjà adopter des outils digitaux qui permettent
l’optimisation des tests et des essayages produits d’un client. Par exemple chez un
opticien, en se plaçant simplement devant une borne, un client, peut tester
virtuellement différents modèles de lunettes. Il y a aussi les miroirs connectés : on entre
avec l’article que l’on souhaite essayer dans la cabine d’essayage, il est
immédiatement reconnu, on peut aller consulter le réseau social de notre choix pour
avoir l’avis de nos amis, on peut appeler le vendeur pour changer la taille, la couleur
et le vendeur reçoit sur sa tablette l’intégralité des informations qui vont lui permettre
d’optimiser la qualité de son conseil.
Dans les années à venir, le rôle du vendeur dans les boutiques connectées sera
amené à constamment évoluer. On trouvera des vendeurs qui deviendront de
véritables démonstrateurs : on ne sera pas choqué d’en croiser qui seront en train
tester les produits. Tout sera fait pour doter le vendeur des bons outils qui vont lui
permettre de faire tester l’usage du produit ou optimiser sa qualité de conseil.
Dans une boutique, le client va vivre un parcours d’usage immersif avec le produit : le
vendeur présente le produit et il nous fait immédiatement vivre l’expérience au sein
de concept merchandising. Par exemple chez sonos, certains stores (à New York) sont
équipés de petites maisonnettes totalement insonorisées où le client va pouvoir tester
ce que le produit donnera dans notre salon.
Malgré la large palette qui existe d’outils digitaux, il est très important de choisir les
bons outils qui correspondent aux besoins de votre entreprise, de vos vendeurs.
Cumulées les uns aux autres, toutes ses fonctionnalités digitales vont transformer
progressivement les parcours clients. Quand on les sélectionne il faut penser aux
différents usages qu’en feront les forces de ventes et clients et non pas à la solution.
Une fois en place en magasin, il faut que ça fonctionne. Il également primordial de
préparer les équipes de ventes à cette grande transformation.
188
Les boutiques connectées sont-elles exclusivement l’avenir ? Pour répondre à cette
question, j’ai souhaité interviewer une dirigeante d’une boutique de prêt à porter qui
n’as pas encore équipé son magasin et son équipe de vente avec des outils digitaux.
Mme. Poremba est en train d’étudier le fait d’intégrer du digital dans sa boutique.
Elle pense à l’installation d’une télévision qui permettra de diffuser tout au long de
la journée des défilés avec les articles du magasin. Elle a les réseaux sociaux de la
boutique. Dans un futur proche elle imagine mettre en place des cabines
d’essayages connectées, grâce à un miroir tactile qui permettra aux clients de
rechercher les articles de la boutique, demander une autre taille, couleur etc.
189
BIBLIOGRAPHIE
190
LES CABINES CONNECTEES, L’INNOVATION QUI REINVENTE
L’EXPERIENCE SHOPPING EN MAGASIN
Dans son ouvrage « commerce et urbanisme commercial » paru en 2016, Olivier Badot
décrit une crise du commerce physique se traduisant par un ralentissement du taux
de consommation et de fréquentation par le public dans les points de ventes
physiques et ce, peu importe leurs formes (centres commerciaux, boutiques
indépendantes, chaînes, etc.). Déjà, en 2013 le chiffre d'affaires de tous les secteurs
liés à la distribution physique était en recul par rapport au commerce en ligne.
191
Il représentait de 0,1 à 12% de CA de moins contre 19% de plus pour le e-commerce
et 160% pour le m-commerce39. Cet effet a contraint de nombreux grands magasins,
centres commerciaux à fermer leurs portes. Les enseignes telles que GAP, Promod ou
Abercombie & Fitch dont les points de ventes physiques connaissaient jusqu’à présent
un grand succès ont dû faire face à un ralentissement de leurs activités.
Malgré tout, les points de ventes physiques drainent encore du trafic. Une étude
réalisée en 2015 a démontré que 90% des clients français procédaient à une
recherche post achat en ligne avant de se déplacer en magasin (sondage IFOP,
2015). Ces résultats prouvent que les services contenus par le e-commerce ne sont
pas toujours suffisants pour influencer les consommateurs puisqu’un grand nombre
d’entre eux ressentent toujours le besoin de se déplacer dans les points de ventes
physiques avant de procéder à l’achat.
Certains facteurs jouent un rôle clé en faveur des points de ventes physiques et permet
à certaines enseignes de résister à la concurrence du e-commerce. Par exemple,
toucher et essayer les produits, évoluer physiquement dans l’univers de la marque et
recevoir des conseils personnalisés de vendeurs professionnels restent des atouts
importants aux yeux des consommateurs.
Conscientes de ces atouts, les enseignes n’hésitent pas à employer de grands moyens
pour se différencier de leurs concurrents et offrir à leur clientèle une expérience
shopping remarquable au sein de leurs points de ventes physiques.
192
Ces stratégies se tournent par exemple, par l’utilisation de techniques de marketing
expérientiel, dont l’enjeu est de générer du trafic en magasin et fidéliser durablement
leurs clients (Sophie Rieunier, 2017).
Dans le secteur de la mode et du prêt à porter, on peut par exemple, citer Victoria’
Secret comme référence en termes d’expérience shopping. La marque de lingerie
représente son identité visuelle en ligne ainsi que dans ses 1500 boutiques présentes
dans le monde. Son image qui lui est propre, glamour et extravagante est représentée
dans chacune des enseignes à travers la décoration et l’atmosphère parfumée. Tous
ces éléments visent à séduire la clientèle et à lui donner envie de revenir en offrant
une expérience gratifiante. Le taux élevé de fréquentation des points de ventes
physiques de la marque permet de juger de la pertinence de ses stratégies (Olivier
Badot, Kawtar Abouhazim, 2016).
L’essayage en magasin est un élément clé qui permet aux enseignes de prêt-à-porter
de résister à l’achat en ligne. Celles-ci emploient de grands moyens pour rendre ces
espaces confortables et chaleureux.
dessayage-se-deshabille/
193
- Le premier, sans intention d’achat, qui est « orienté principalement par la
recherche de plaisir en magasin » 41 grâce par exemple à l’atmosphère de
l’enseigne, des produits qu’elles proposent ou influencé par des critères sociaux
(sorties entre amis…) ;
Néanmoins, les individus se rendant en magasin sans réelle intention d’achat seront
plus difficiles à convaincre. Deux facteurs peuvent jouer un rôle sur l’incitation d’achat
de ce type de clientèle : la capacité du vendeur à maîtriser les techniques de
commercialisation lui permettant de capter l’attention des clients sur un ou plusieurs
produits en magasin. Le second facteur concerne l’aménagement de l’espace de
vente. Celui-ci doit répondre à différentes règles de merchandising dont le but est de
favoriser le développement du commerce. Un bon agencement repose sur 4
principes :
41LABBE-PILON B, LOMBART C, LOUIS D. (2011), Les smart shoppers : profils et réactions de ces acheteurs «
malins » face à des réductions de prix immédiates, « Management & Avenir », Management Prospective
Ed
194
Figure 7 : Intérieur d’une des boutiques de l’enseigne Pimkie
Les stratégies mises en œuvre pour aménager les cabines d’essayages prouvent la
nécessité de leur présence en magasin. Néanmoins, leur gestion peut parfois s’avérer
complexe et ce à différents niveaux. Certaines problématiques liées aux équipes de
ventes peuvent se faire ressentir. La gestion des cabines est une tâche prenant du
temps aux vendeurs, ils ont l’habitude de repasser derrière les clients pour remettre les
produits en rayon. Bien qu’ils puissent limiter le nombre d’articles autorisés en cabine,
ils n’ont pas de réelle incidence sur le temps qu’un client va y rester. En fonction de
leur nombre, les vendeurs doivent également faire face à l’affluence dans ces
espaces et veiller à la sécurité des produits. Tous ces éléments fragilisent le rôle de
conseiller du vendeur qui peut être facilement surmené face à la quantité de tâches
qui lui sont confiées.
Ces différents problèmes peuvent avoir un effet direct sur le comportement des
consommateurs. Le manque de conseils et d’assistances de la part du vendeur peut
faire naître un sentiment de frustration chez le client.
195
Par exemple, si la taille d’un article ne convient pas et que le vendeur est occupé, le
client va lui-même se déplacer en boutique pour rechercher le produit correspondant
ce qui peut possiblement générer un sentiment d’insatisfaction. D’autres éléments
peuvent freiner l’intention d’achat du client, il peut en effet se sentir découragé face
à une longue file d’attente vers les cabines.
Progressivement, les stratégies ont évolué, les spécialistes du marketing ont d’abord
parlé de stratégie multi-canal, qui consiste à proposer plusieurs canaux de distribution
pour commercialiser les produits et services d’une entreprise. Une enseigne disposant
seulement d’un point de vente physique qui décide de créer un site marchand pour
commercialiser ses produits en ligne adoptera ce type de stratégie par exemple.
196
Très vite, une autre forme de stratégie a vu le jour, le cross canal qui se constitue, en
quelque sorte comme l’évolution logique du multi-canal « en ce sens où elle prend en
considération le fait que le client utilise éventuellement de multiples canaux différents
pour faire ses achats ».42 Elle s’exécute par la mise à disposition de la même
information à travers différents points de contact (site web, mobile, catalogue en
magasin) pour le client. Le cross-canal facilite nettement le parcours d’achat pour le
consommateur, lui apportant un réel confort. En 2012, Vanheems souligne que la
distribution cross-canal offre une vue unifiée de la marque au client. A contrario, c’est
une vraie aubaine pour les enseignes car ce type de stratégie permet de stimuler les
ventes.
Aujourd’hui, les chercheurs parlent même d’omnicanalité désignant le fait que tous
les canaux de contact et de vente possibles entre l'entreprise et ses clients sont utilisés
et mobilisés pour ce type de stratégie. Ce type de stratégie n’est pas seulement
centré sur le parcours d’achat du client mais désigne tous les contacts pris à l'initiative
des prospects et ceux émanant des enseignes. L’omnicanal se constitue comme une
solution pour répondre à l’optimisation de l’expérience client. La fusion des canaux
émane également de ce type de stratégie. Le click & collect par exemple, qui permet
aux clients de commander leurs produits en ligne et de les récupérer en magasin est
un exemple d’action omnicanale. Un grand nombre d’enseignes de mode et de prêt-
à-porter a adopté cette pratique, comme par exemple H&M, Pimkie ou Zara.
La digitalisation des points de vente est également une résultante de la mise en œuvre
de stratégies omnicanales. Plus précisément, elles consistent à adopter des
applications digitales au sein d’un point de vente physique dans le but d’accroître
l’efficacité commerciale mais aussi d’optimiser l’expérience client en magasin. La
mise à disposition de tablettes tactiles aux vendeurs, l’insertion de bornes tactiles en
magasin ou l’encaissement dématérialisé sont des exemples de cette alliance du réel
et du virtuel.
L’intégration du digital au sein des points de ventes physiques a fait naître un nouveau
commerce dit connecté où les champs des possibilités sont nombreux tant les
technologies digitales évoluent. C’est aussi un critère de différenciation pour les
enseignes, leur permettant de se démarquer de la concurrence en offrant à leurs
clients une expérience shopping inédite grâce au phygital.
42
VANHEEMS R. (2015), Chapitre 7. Le consommateur en mouvement : la place du mobile, objet
connecté, digitalisation du point de vente in LELART C.(coord.), « Réussir sa stratégie cross et omnicanal »,
EMS Editions
197
Ayant conscience de leurs pouvoirs dans la décision d’achat des consommateurs, de
nombreuses enseignes de prêt-à-porter s’emploient de plus en plus, à transformer ces
cabines d’essayages classiques en espaces interactifs.
Les technologies, intégrées dans le quotidien des consommateurs, ont un impact sur
leur comportement. De ce fait, lorsqu’elles sont intégrées au sein d’une surface de
vente, elles provoquent des attentes chez les potentiels clients. Ils recherchent
notamment, un gain d’efficacité et une amélioration de la prise en compte du
contexte et de l’environnement par la proposition d’interfaces intuitifs. Le phygital
provoque également de nombreuses attentes sur le plan émotionnel des utilisateurs.
Ils souhaitent être stimulés, séduits ou bien surpris par l’intégration de certaines
technologies dans les surfaces de ventes (Bruno Daucé, Alain Goudey, 2017).
198
Un panneau de commande optionnel, par exemple, intégré au miroir peut permettre
aux clients de changer la lumière du miroir de la cabine d’essayage pour simuler les
conditions dans lesquelles ils souhaitent porter le vêtement par exemple. Ces éléments
« vont participer à créer directement des stimulations sensorielles au niveau des clients
» 43 et permettant ainsi de générer des sentiments positifs par rapport à l’expérience
qu’ils sont en train de vivre.
Différentes problématiques rencontrées par les vendeurs sont en lien avec la gestion
des cabines traditionnelles. Précédemment, nous avons énoncé différents dispositifs
de cabines d’essayage connectés tels que les technologies RFID ou les miroirs
connectés. L’étude de leurs fonctionnalités permet de se rendre compte que ces
innovations se présentent comme des solutions à ces divers problèmes.
La technologie RFID utilisée par la marque ETAM donne la possibilité aux clients
d’essayer leurs articles chez eux et de les renvoyer à la boutique sans aucun frais. C’est
également un avantage en termes de gestion du point de vente pour les vendeurs.
En effet, ce dispositif peut permettre de réduire le taux d’affluence des cabines
d’essayages présentes en magasin. En conséquence, le vendeur retrouve son rôle de
conseiller sur lequel il peut mobiliser son énergie.
43Rieunier, S. (2017), Chapitre 1. Pourquoi investir dans le marketing sensoriel et expérientiel ?, « Marketing
sensoriel et expérientiel du point de vente », Marketing/communication, Dunod
199
L’intégration de miroirs connectés en magasin, le dispositif « tendance » des cabines
intelligentes est également un atout pour performer ce rôle de conseiller. Grâce à ces
espaces interactifs, le vendeur communique directement avec son client, sans même
avoir besoin de se déplacer. Il peut également visualiser les articles sélectionnés par
son client, sans même les avoir vus et ainsi le diriger vers d’autres articles assortis aux
pièces déjà choisies.
Ainsi, l’intégration de dispositif phygital au sein même des cabines d’essayage est un
réel atout pour les vendeurs en termes de gestion opérationnelle. Elles constituent
également un levier de performance de la gestion de la relation client en facilitant le
parcours d’achat.
Nous pouvons affirmer, sans conteste, que cette alliance du réel et du virtuel est un
élément déterminant permettant aux points de ventes physiques de résister à un
certain déclin du chiffre d’affaires de nombreuses enseignes dû au déploiement du
commerce en ligne au début du XXI siècle. Ces récentes évolutions placent le
phygital comme une solution innovante permettant de garantir le succès des points
de ventes physiques. Dans le secteur de la mode et du prêt-à-porter, les cabines
connectées se révèlent être des atouts importants pour sublimer l’expérience
shopping en magasin.
200
BIBLIOGRAPHIE
LABBE-PILON, LOMBART ET LOUIS (2011), Les smart shoppers : profils et réactions de ces
acheteurs « malins » face à des réductions de prix immédiates, « Management &
Avenir », 49, 62-83
SITOGRAPHIE
201
FITIZZY. Disponible sur https://www.fitizzy.com/cabine-dessayage-connectee-
renouveau-des-magasins/ consulté le 26 octobre 2020
202
LUXE ET DIGITAL : UNE NOUVELLE IMAGE POUR LA MAISON
GUERLAIN
La maison Guerlain
Cependant, nous verrons que le luxe aborde plusieurs facettes et il est aujourd’hui
compliqué pour ces dernières d’ignorer cette nouvelle tendance qui a le pouvoir de
changer son image alors que celle-ci peut parfois être considérée comme vieillissante.
Cependant, elles doivent tout de même faire attention à ne pas perdre leur identité
au milieu de tous ces changements. Il est important qu’elles essayent d’adapter leur
image en fonction de ces nouvelles technologies mais qu’elles veillent à ne pas
perdre de cohérence dans leur discours afin que les consommateurs puissent toujours
y retrouver les mêmes valeurs. Pour cela, il est important que ces maisons de luxe
voient ces nouvelles technologies comme un allié et non pas comme un obstacle.
L’objectif étant de mieux cerner les besoins des consommateurs, d’améliorer
l’expérience client et par conséquent d’augmenter les ventes.
203
Il faut savoir que de nos jours les nouvelles technologies sont diverses et donc que les
possibilités qui s’offrent à eux sont nombreuses.
Le marché du luxe se doit de garder une certaine image, notamment une image de
sélectivité à laquelle ils adhèrent depuis des années. En effet, comment faire en sorte
pour ces maisons de luxe d’associer l’accessibilité qu’offre le digital avec l’exclusivité
et la rareté d’une marque de luxe ? Il s’agit là de tout l’enjeu du défi pour ces
dernières. En adoptant cette nouvelle technologie dans leurs stratégies, le plus
important pour ces marques est donc de faire en sorte de réussir à toujours satisfaire
leurs consommateurs ainsi que de conserver leur image et leurs valeurs. Mais ces
dernières ont leurs cartes à jouer et elles l’ont bien compris. Il s’agit là pour elles de
réussir à proposer à leurs clients un accompagnement personnalisé plus poussé mais
aussi de leur proposer des services inédits qui sauront les convaincre.
L’ambition pour la maison Guerlain depuis quelques années est donc de proposer à
ses clients des expériences nouvelles et innovantes. En 2019, la marque a décidé
d’installer, au sein du magasin Harrods de Londres, un dispositif phygital inédit : The
Fragrance Consultation. On a vu apparaitre ces derniers temps le « Frangrance Wall »
de Dior au Sephora La Défense ou encore le nouveau concept de la maison de Paco
Rabanne chez Selfridges…
204
Mais cette fois-ci Guerlain a voulu innover et aller plus loin dans sa proposition. Grâce
à une tablette tactile présente dans le magasin, Guerlain propose à ses différents
clients un questionnaire pour qu’ils puissent créer leur propre profil olfactif. Le
déroulement du questionnaire est simple : le client est tout d’abord invité à sentir 5
fragrances différentes puis de les noter sur cette tablette tactile selon leurs
préférences. Selon les résultats qui en découlent, The Fragrance Consultation soumet
à la personne 3 échantillons afin qu’il puisse faire de nouveau un choix. Son profil
olfactif est donc dévoilé et le diagnostic peut ainsi être établi. Il sera ensuite temps de
passer du virtuel au réel… Et on retrouve donc ici tout l’avantage du concept du
phygital. Une fois le profil olfactif connu, le conseiller de vente peut faire essayer la
fragrance qui est la plus adaptée au client et par conséquent celle qui est la plus
susceptible de lui plaire. « The Fragrance Consultation » est un moyen ludique et
original de faire connaitre ses différents produits au public mais il s’agit aussi de leur
offrir un conseil personnalisé.
A travers cette expérience, les clients se sentent écoutés, privilégiés et vivent quelque
chose d’unique. Ceci leur permettra alors d’avoir une bonne image de la marque et
surtout de la garder en mémoire. La maison Guerlain a pu remarquer que la mise en
place de ce mur de parfum a eu un impact positif sur la satisfaction de ses clients mais
aussi sur ses ventes. En effet, une fois ce dispositif installé, les clients se sont pressés dans
la boutique, piqués par la curiosité et voulant à tout prix profiter de cette nouvelle
expérience. De plus, certains ont déclaré que le mur leur a ainsi permis de découvrir
de nouvelles senteurs et ainsi de créer un nouveau besoin. Des clients satisfaits
garantissent alors à Guerlain une hausse de ses ventes. La marque renforce donc ici
l’expérience client par une immersion qui se fait via le marketing sensoriel en
considérant le consommateur comme un être sensible (Jallais, 2006).
205
Ayant parfaitement compris l’importance des nouvelles technologies, Guerlain a opté
pour diverses nouvelles expériences. En effet, outre le fait d’intégrer le phygital au sein
de ses rayons de parfums, la marque l’avait tout d’abord intégré au sein de son rayon
maquillage et accessoires. Depuis Avril 2018, Guerlain a, grâce à des tablettes tactiles
au sein de ses différents magasins, mit en place des applications qui permettent à ses
différents clients de tester virtuellement et en temps réel les teintes de rouge à lèvres,
de fars à paupières, de blush mais aussi d’accessoires. Sans pour autant renier son
héritage et toutes ses valeurs, la maison Guerlain se présente ainsi comme un acteur
innovant en utilisant les potentialités du digital. Cette expérience connait un franc
succès notamment auprès de la clientèle féminine qui se sent mieux accompagnée
et conseillée durant l’acte d’achat. De plus, il est également possible de personnaliser
son flacon de parfum à travers une solution de customisation interactive pour le
commerce connecté. A ce jour ce système est disponible dans plusieurs boutiques en
ligne Guerlain en Europe comme en Espagne, en Italie ou encore au Royaume-Uni. Il
sera ainsi possible de personnaliser la forme et la couleur du flacon ainsi que d’y faire
graver le message de votre choix.
A travers ces différents processus mis en place, Guerlain renforce ainsi son expérience
client en offrant un service sur mesure, une expérience enrichie et ainsi un gain de
proximité avec ses clients (Möller et Wilson, 1995). Cependant, outre la technique pour
développer ces expériences clients, la marque a réussi à conserver comme priorité sa
relation client qui est un facteur essentiel pour eux et pour leur image (Keller, 1993).
206
Ils ont réussi à intégrer l’outil numérique comme renforcement de cette expérience et
non comme un remplacement. En effet, il faut que les clients puissent garder en
mémoire la relation humaine qu’ils ont connus lors du processus de vente. On peut
alors conclure que Guerlain a à cœur de renforcer l’expérience client.
Cette démarche peut être considérée comme le début de ce qui sera normal et
courant d’ici quelques années. La marque a compris l’importance de s’y préparer dès
maintenant afin de ne pas être déconnecté des nouvelles pratiques et par
conséquent de ne pas être déconnecté de ses clients et de leurs attentes. Comme
nous avons pu le voir auparavant, elle veille également aux démarches innovantes
qu’elle entreprend afin que celles-ci restent en adéquation avec ses valeurs. Depuis
toujours, les piliers des actions de la marque sont la créativité et l’émotion. Il est donc
primordial pour eux d’innover et de continuer à se développer à travers les nouvelles
technologies afin de refléter cette exigence. Les performances observées dû à ces
différentes expériences prouvent à la marque qu’elle a fait le bon choix. Cela permet
donc à Guerlain de poursuivre sa démarche en partant du savoir-faire du produit en
s’étendant de manière innovante au service. A l’inverse, nous pouvons constater que
les marques de luxe sont encore très peu avancées dans le domaine du phygital.
Certaines se démarquent grâce à des initiatives et expériences originales mais c’est
encore peu fréquent. Pourtant les maisons de luxe qui s’essayent à ces nouvelles
technologies ne reviendraient pas en arrière. En effet, de vrais résultats sont perçus et
ces initiatives s’avèrent payantes. Selon différentes études, nous avons pu observer
que les clients qui ont un engagement digital avec la marque sont amenés à plus
dépenser en boutique. On peut alors parler d’une « révolution » qui a été mise en
place de la part de ces marques pour faire intervenir les nouvelles technologies dans
leurs campagnes marketing. En effet, ces différentes expériences représentent
aujourd’hui une notion qui s’avère être déterminante pour développer sa réputation
mais aussi pour gagner des parts de marché. Ces dernières permettent aux clients non
seulement de recevoir un accueil unique par les vendeurs mais aussi de vivre une
expérience inoubliable qui sera portée par ses services innovants. Le débat entre luxe
et phygital est loin d’être fini cependant le concept est déjà très engagé avec
beaucoup de marques qui ont intégré ces transformations digitales à leurs stratégies.
207
BIBLIOGRAPHIE
208
COMMENT L’ORÉAL INTÈGRE LE PHYGITAL, DE LA
CONCEPTION DU PRODUIT JUSQU’À L'EXPÉRIENCE BEAUTÉ
“Nous sommes parvenus à un point où la technologie est devenue cruciale dans les
domaines du marketing et de la transformation."
Lubomira Rochel - Directrice Générale Digital, l’Oréal
Le groupe l’Oréal a toujours su rester dans l’air du temps et des nouvelles technologies
afin de rester proche de sa clientèle et de donner la meilleure expérience client au
sein de ses magasins.
Le monde du cosmétique est autant concerné par le numérique que les autres
secteurs d’activité, car les habitudes des clients(es) évoluent en fonction de toutes
ces technologies. C’est pour cette raison que l’Oréal se réinvente en termes de digital,
mais aussi de phygital !
Séduire, engager et fidéliser le consommateur 2.0 est devenu essentiel pour les
grandes enseignes du secteur de la beauté et du cosmétique. La digitalisation est
désormais un facteur essentiel, d'ici la fin de l’année 2021, on estime que deux tiers
des 2 000 PDG mondiaux s’appuieront sur des stratégies digitales pour améliorer
l’expérience client. La notion d’expérience client désigne les interactions entre une
entreprise et un consommateur, avant, pendant, mais aussi après son achat. Celle-ci
peut se faire en présentiel mais aussi en digital par le biais de canaux digitaux (mails,
réseaux sociaux, publicités en ligne, etc.).
209
Le groupe l’Oréal est convaincu qu’en intégrant les progrès technologiques,
l’expérience client ainsi que le mode de travail des équipes seront beaucoup plus
faciles ! Christina Monnoyeur, directrice digitale aux opérations chez L’Oréal a donné
des indications sur leurs stratégies. En effet, différentes méthodes sont existantes,
comme par exemple les impressions 3D afin de concevoir des prototypes.
« L’Oréal est un groupe qui s’investit beaucoup en termes de phygital dans le monde
de la coiffure, ils ont même lancé leurs propres écoles avec, par la suite dans le futur,
des salons 100% connectés. » Florian, coiffeur en collaboration avec la marque
Au-delà du digital qui rassemble beaucoup de sujets pour le groupe, L’Oréal s’investit
dans la notion grandissante du phygital.
Bien plus que le digital, comme nous l’avons énoncé au sein de ce livre blanc, le
phygital va permettre d’allier le monde physique avec le monde digital. Le but ici est
le même, proposer la meilleure expérience client possible.
210
Les objectifs de notre société, avant nous parlions de production, mais le marketing
d'aujourd'hui se veut plus humain (Vargo et Lusch, 2004). Plusieurs causes peuvent être
à l’origine de cela : les consommateurs sont A.T.A.W.A.D.A.C: ils ont un contrôle total
concernant leurs achats et peuvent comparer en quelques secondes 2 produits
similaires. C’est en partie grâce au développement des smartphones que nos
expériences en magasin ont, elles, aussi changé (Rigby, 2011) car c’est en utilisant son
téléphone que le consommateur peut comparer.
Les nouveaux outils ont permis de créer le salon E-motion, concept que L’Oréal a
développé dans plus de 40 000 salons dans le monde. Il mise sur des objectifs de
transformation numérique. « J’entends souvent le terme « coiffure 3.0 » quand je suis
en formation et je suis d’accord avec ça il ne faut pas laisser de côté ce secteur, tout
le monde est touché par le digital et le phygital » Florian, coiffeur en collaboration
avec la marque
Des dispositifs pour ces salons numériques, par exemple, le réassort des produits
(livraison le jour même) permettent aux professionnels de la coiffure d’être formés en
ligne, d’avoir une vitrine digitale mais aussi de découvrir les dernières tendances afin
d’inspirer leurs clientèles. Ces espaces de coiffure ont aussi à leur disposition
l’application « Style My Hair » permettant à la cliente de visualiser en coloration depuis
leur smartphone, mais aussi des miroirs connectés pour tester en direct avec une
conseillère, un nouveau look.
211
Les travaux les plus récents en termes de phygital (Feenstra et Glérant-Glikson, 2017)
se sont penchés sur les SSIT (Self-service information technologies) à l’aide de
technologies interactives qui permettent aux consommateurs de produire un service
en toute autonomie, sans vendeur.
Le plus gros travail pour le phygital se penche donc du côté des professionnels de la
coiffure, mais L’Oréal développe d’autres de ses technologies avec des miroirs
connectés en magasin (pour le maquillage ou les soins) et des diagnostics de peau
grâce à un selfie seulement !
Aussi, dans l’une de leurs filiales, Nyx, nous pouvons découvrir une expérience client
100% digitale au sein du point de vente. En boutique, les consommateurs peuvent
retrouver toutes les gammes de produits mais aussi un « beauty bar » proposant des
tutos sur-mesure grâce à des écrans intégrés au cœur des rayons. Il y a même un «
community wall » où les client(e)s peuvent partager en direct sur les réseaux sociaux
leurs expériences au sein de la boutique.
Pour conclure, l’Oréal s’affirme en tant que leader dans son secteur tant et prouve ici,
qu’elle sait s’adapter rapidement aux mouvances du marché avec une grande
efficacité.
212
BIBLIOGRAPHIE
KURTALIQI (2019), « Valeur d’usage d’une application mobile et impact sur la relation
au point de vente : le cas des applications d’aide à l’achat », Gestion et
management, Université d’Angers
213
SITOGRAPHIE
L’Oréal, « Des prototypes aux rayons : l’impact du digital sur la chaîne de production
» Actualité du groupe, 2020
ESSCA School of Management, « Mon nom est ssit, je suis là pour vous aider ! Une étude
empirique sur la création de valeur en magasin avec les aides à la décision digitale »
Archives ouvertes, 2018
214
NIKE ET LE PHYGITAL, UN PARI GAGNANT !
Depuis longtemps, Nike possède une telle légitimité sur le monde du sport mais aussi
de la phygitalisation de leur point de vente, qu’ils ont décidé de créer des magasins
100 % phygitaux. Mais quel est le concept d’une telle innovation ? Le principe de ces
magasins est d’avoir une immersion 100 % digitale tout en plongeant le
consommateur dans une expérience nouvelle et unique avec une présentation
soignée, des nouvelles technologies mais aussi une approche digitale du
merchandising.
Fonctionnalité du magasin
Après avoir déjà construit deux « house of Innovation 002 » qui se situent à Shanghai
et New-York, Nike a récemment inauguré leur troisième magasin 100 % phygital qui se
situe à Paris sur les Champs-Élysées, on peut dire qu’ils savent faire les choses en grand
!
215
Figure 9 : Escalier écologique à Paris
Les fonctionnalités de ces nouveaux points de vente ont pour but d’apporter de
l’aération grâce à l’exploitation du verre au sein des 2 400 M2 de surface de vente.
Les mannequins et néons ont un rôle tout aussi important car ils vont permettre
d’exposer l’ergonomie des pièces portées.
En plus du design et des bornes interactives qui sont entreposées un peu partout dans
les différents niveaux, Nike décide d’avancer dans ses démarches écologiques en
créant dans chacun de ces trois points de vente, une architecture écologique. Par
exemple sur celui de Paris, la création d’un escalier baptisée « Move To Zero » a été
fait avec 85 tonnes de de matériaux.
Pour Nike et surtout Heidi O'Neil, le président du volet consumer et marketplace « Nike
Paris et les autres house of innovation représentent notre volonté de créer des lieux
inspirants qui en même temps offrent les produits les plus innovants à tous les athlètes
». Il ajoute également « En entrant dans la House of Innovation, les consommateurs
feront l’expérience de notre concept retail le plus immersif d’une manière
entièrement personnalisée, les reliant au monde de Nike grâce à leur relation avec
notre marque, à travers notre portfolio digital. »
216
En concevant ses magasins, Nike met en avant un espace dédié pour les enfants, «
l’espace kids pôle », le but de ce rayon est d’obtenir un moment d’interaction avec
les enfants tout en créant un essayage personnalisé et exclusif pour eux.
En parlant de personnalisation, la marque propose également le même principe avec
son Bra Fit qui permet aux femmes de savoir quelle est la brassière qui leur va le mieux
tout en la personnalisant.
La relation entre le digital et le physique fait écho aux solutions disponibles sur son
application avec les services Buy online, Reserve in store, Nike Scan to learn, Nike Scan
to try, Nike shop the look qui permet d’assurer un service intelligent et personnalisé tout
en digitalisant ses différents rayons.
217
Entre suprématie et savoir, quels sont les enjeux d’une House Of
Innovation ?
Le sujet n’est pas qu’axé simplement sur les consommateurs mais aussi sur les salariés
travaillant dans ce genre de domaine, il n’est plus question d’être « un simple vendeur
» mais plutôt un coach sportif et vestimentaire pour que chaque relation avec ses
clients soit unique. Nike possède un centre de formation unique au monde qui permet
aux collaborateurs d’être formés dans des meilleures conditions possibles grâce à des
plateformes d'entraînement qui vont permettre d’accueillir les clients plus facilement.
Bien que les infrastructures soient harmonieuses et modernes, l'enjeu écologique y est
de rigueur, chaque grosse construction au sein de ces bâtiments est faite d’une
énergie renouvelable comme l’escalier au sein de la House innovation à Paris mais
aussi avec l’aide des présentoirs qui montrent les parties écologiques du produit.
218
Quels sont alors les bénéfices pour l’enseigne ?
Il semble évident que les bénéfices sont multiples, que cela soit pour l’enseigne mais
aussi pour le consommateur.
La valorisation de la marque
Qui dit nouveau point de vente, dit nouvelle technologie, et dit nouveaux dispositifs
digitaux. Le point fort de ces infrastructures est la sensation d’être dans un univers
futuriste mélangeant le sport et le phygital. La mise en place de bornes interactives,
ainsi que coach et vendeur formés à la vente va considérablement augmenter la
satisfaction des consommateurs car l’attractivité des différents étages va donner un
sentiment d’appartenance à la marque et aussi proposer une expérience plus simple
et personnalisée pour chaque client.
Valoriser son client par un environnement qui lui ressemble, lui permettra de vivre une
expérience unique, ainsi que de donner à un client la possibilité de pouvoir participer
à la réalisation d’une paire de sneakers ou à du textile permet de créer beaucoup
plus d’affect envers la marque. Le consommateur va donc se sentir impliqué au sein
de la marque et à la conception puisque c’est lui qui va donc apporter la touche
finale au produit en « co-créant » avec la marque.
Le mot d’ordre est donc de créer une expérience inoubliable qui va ensuite
provoquer de la curiosité à d’autres consommateurs.
Pour susciter une curiosité, il faut la création d’un concept nouveau, qui peut-être soit
par la création d’une nouvelle technologie dans une paire de sneakers visant à
améliorer les performances pendant une course comme avec les Nike Air Zoom mais
aussi par la création d’un bâtiment révolutionnaire. Mais comment rendre curieux les
consommateurs ?
219
Par le bouche-à-oreille qui demeure encore aujourd’hui, un moyen de
communication très important pour les entreprises qui va encore plus se développer
à l’aide des réseaux sociaux. Révolutionner le phygital grâce à une expérience cross-
canal - e-shop, pop-up stores et corners au sein de boutiques multimarques boosté
par une volonté forte de co-création, de visibilité, de proximité et de crédibilité gagne
donc du terrain. (Thomas Loisel, 2019)
Les premiers ambassadeurs d’une enseigne ne sont pas les salariés ou les
ambassadeurs mais plutôt les consommateurs de la marque.
Le but premier est de pouvoir fidéliser tout en proposant des expériences mais aussi
faciliter la décision d’acte d’achat tout en recueillant de nombreuses données clients.
Les objectifs sont simples :
1. S’informer grâce aux bornes : obtenir des informations sur ce qui est devant le
client pour ensuite avoir du contenu supplémentaire sur la création du
vêtement ;
2. Comparer un produit à un autre grâce aux miroirs connectés : le miroir va
permettre de donner un rendu sur le vêtement s’il était porté ;
220
3. Personnaliser : le pouvoir de pouvoir personnaliser les vêtements de sa marque
préférée ;
4. Acheter facilement : avec l’aide de du smartphone, du paiement sans contact
et de l’application Nike ;
5. Partager sur les réseaux sociaux : mettre des photos de ses propres créations
sur les réseaux sociaux en identifiant le magasin va donner un rayonnement
médiatique sans précédent pour le swoosh.
En conclusion, le phygital doit rassembler tout ce qu’on trouve dans un circuit cross
canal, c'est-à-dire pouvoir réserver des articles depuis la maison, tout en essayant les
produits pour pouvoir se faire livrer si on ne peut pas le prendre le jour même.
L’expérience client doit être inoubliable, c’est là où le marketing sensoriel va entrer en
jeu, les facteurs d’ambiance du magasin, musique, senteurs, couleurs, sensations
tactiles sont nécessaires, afin de susciter des réactions favorables à l’acte d’achat et
une expérience plaisante en point de vente (Sophie Rieunier, 2018). Les nouvelles
technologies doivent donner un nouvel aspect qui manque dans des magasins plus «
traditionnels ». Le magasin physique n'a pourtant pas dit son dernier mot, mais il
s'hybride désormais avec le numérique (Olivier Badot, 2018).
Snipes est une enseigne qui mélange sneakers et vêtements le tout dans un univers
urbain, le petit plus de cette enseigne se voit au niveau technologique, Snipes
mise tout sur le digital en proposant des tablettes connectées qui gèrent à la fois
la musique, les néons, et les commandes etc…
Pour lui, Nike se développe beaucoup plus facilement car la gamme qu’il propose
est plus performante et développée que ses principaux concurrents. Il revient sur
l’exemple de Nike qui a su développer également une gamme textile pour tout le
monde que cela soit sur un simple jogging à leur marque haut de gamme
spécialisée dans le domaine du sport (acg : all conditions gear). Toujours dans la
continuité de son discours, il pense que si un jour Nike arrête de commercialiser ses
articles au sein des revendeurs, cela n’affectera même pas leur chiffre tellement
que la marque est connue et possède une telle légitimé dans le domaine des
sneakers.
221
BIBLIOGRAPHIE
SITOGRAPHIE
Thomas Loisel, 20 mai 2019, emarketing.fr, Pourquoi une stratégie phygital fait sens ?
(En ligne)
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innovation-sur-les-champs-elysees,1235181.html
http://www.madjor.com/en/knowledge/inside-shanghai-001-nikes-first-house-
innovation
https://www.nike.com/house-of-innovation
https://www.digilor.fr/le-phygital-cest-quoi/
https://www.oasis-commerce.com/blog/quest-ce-que-le-phygital-et-comment-le-
mettre-en-place-en-magasin/
https://sneakerspirit.com/fr/ce-quil-faut-savoir-sur-la-monumentale-nike-house-of-
innovation-paris/
222
QUAND L’INNOVATION NOUS EMBELLIT : L’EXPERIENCE
CONNECTEE AU SEIN DES MAISONS DE BEAUTE
La France est le premier pays exportateur, il domine le marché planétaire des produits
cosmétiques. Marché clé pour l’économie française, la beauté est un secteur
dynamique. Selon les chiffres du cabinet d’analyse Zion Market Research, d’ici 2024,
le marché mondial des cosmétiques devrait peser 863 milliards de dollars. En effet le
marché mondial des produits cosmétiques affiche un taux de croissance annuel
impressionnant : 4,9% en 2017, 5,5% en 2018 et 5,25% en 2019. En 2020 son taux de
croissance devrait de nouveau se situer entre 5 et 6% (Taux Statista - marché mondial).
Mais alors comment font ces marques pour appréhender les innovations ? Quelles sont
leurs stratégies ? Comment répondent-elles à des demandes parfois très exigeantes ?
223
L’omnicanal : l’allié pour ne rien oublier
Actuellement, une société doit opter pour une stratégie omnicanale afin de ne pas
perdre le consommateur dans ses étapes d’achats. Grâce à cette stratégie,
l'entreprise pourra identifier les potentiels modes de consommation de ses clients. Ce
terme désigne l’idée d’une utilisation mutualisée de tous les canaux de contact et de
vente de l’entreprise. Elle désigne tout autant les contacts pris à l'initiative des clients
ou prospects que ceux émanant de l'entreprise.
Pour mettre en place une stratégie omnicanal, il est important de comprendre votre
clientèle, c’est-à-dire connaître les tendances vente, connaître les tendances de
consommation, connaître les commentaires clients avec les axes d’amélioration, de
critique ou des produits phares. Par conséquent il faut adopter une approche centrée
sur le client, dite « customer centric », appréhender leurs comportements et leurs
préférences de consommation. Grâce à cela, les canaux ainsi que les points de
contact pourront être appropriés pour communiquer avec vos clients. Lorsque vous
vous adressez à votre communauté, l'image de marque doit être solide et unifiée, il
est nécessaire de coordonner les messages dans l’ensemble des canaux et médias,
c’est-à-dire : avoir le même ton. Cette stratégie d’omnicanalité doit être prévue sur le
long terme, elle vous permettra de construire des relations durables avec vos clients.
Ces liens permettront de favoriser la fidélisation et les achats répétés.
D’après une étude consacrée au marché cosmétique réalisée en 2020 par SEMrush,
les internautes visitent les sites de beauté très majoritairement en utilisant leur
smartphone :
Ces résultats nous indiquent que l’utilisation des smartphones est courante, malgré
cela les magasins ne désemplissent pas. Le magasin reste un point d'ancrage et
d’accès facile pour le consommateur. Il faut être prudent face à l’utilisation de ces
technologies qui peuvent parfois laisser le client seul. Le but n’est pas de l’exclure du
monde de la marque, avec les valeurs qu’elle prône.
224
Il faut pouvoir trouver un juste milieu afin de développer des idées novatrices afin de
séduire et conserver les attraits de la marque. Lors de mon interview avec Ilana, ce
point de vue et ses limites ont pu être abordées.
Interview 20 : Mme. Ilana CORNU Coordinatrice Passage Bleu & Qiapo - Nancy
Le terme phygital a été étudié et défini par Belghiti et Badot en 2016, cette notion
représente la fusion qui s'opère entre les activités digitales et les activités physiques.
Mais alors comment le digital peut-il amener le consommateur au sein d’un magasin
de beauté ?
Aujourd’hui le client n’est plus seulement intéressé par un produit qui lui plait. Il
recherche des marques véhiculant des valeurs proches des siennes, avec des produits
de qualité, proposant en plus une expérience d’achat, plutôt que la simple acquisition
d’un bien.
225
« L’e-commerce ne remplace pas le point de vente physique, bien au contraire : les
deux se complètent dans le cadre d’une expérience omnicanale alliant l’efficacité
du digital à l’émotion et au service du magasin, qui font la différence de Sephora »
Martin Brok, PDG de Sephora.
En effet, l’expérience n’est pas impactée que sur la personnalisation, elle y est aussi
sur sa fluidité. Cette interview ci-dessous appuie cet argument.
Valérie a fait ressortir l’avenir et les bénéfices du digital. Notamment pour faciliter la
vente, rendre le parcours d’achat plus fluide et indépendant. Passage Bleu souhaite
investir et fournir chaque magasin d’une borne digitale afin d’accroître le chiffre
d’affaires et donner une plus-value à leur clientèle. Seulement il ne faut pas négliger
cette arrivée au sein des magasins afin que la clientèle ne se sente pas négligée.
C’est un outil d’appui et d’aide à la vente qu’il faut accompagner de vendeurs
experts.
Interview 21 : Mme. Valérie SERRA Gérante et indépendante du Passage Bleu Saint - Memmie Châlons
en champagne
Le phygital met des outils innovants à la portée du grand public, en appui d’un
vendeur. Il améliore l'expérience marketing en point de vente physique.
Le phygital peut se mettre en place à différents niveaux, par exemple sur un niveau
digital par le biais du click & collect (commander un produit en ligne et le récupérer
en magasin à proximité), des avis consommateurs (relayer des expériences
consommateurs peut attirer d’autres consommateurs dans le point de vente ou sur le
site), le product locator : indique au consommateur que tel ou tel produit est
disponible dans un magasin à proximité/ store locator : présente tous les magasins
disponibles à proximité (deux technologies différentes mais qui ont le même but :
attirer le client en point de vente).
226
Il peut se mettre en place avec un niveau physique, avec l’utilisation du paiement
mobile (payer grâce à son smartphone), la réalité augmentée (dans un magasin de
vêtements on peut mettre un miroir virtuel qui fait office de cabine d’essayage sans
que le client ait besoin de se déplacer), les bornes de commande (elles permettent
aux consommateurs de commander sur place un produit, et de se faire livrer chez lui
ou en click & collect), les vendeurs connectés (par le biais des équipements fournis
comme chez Sephora grâce aux Ipod que les vendeurs/vendeuses possèdent ils
peuvent renseigner un client très facilement et donc fluidifier les interactions entre le
digital et le physique).
Quelques chiffres…
74% représente le pourcentage de Français qui veulent pouvoir faire leurs achats
quand ils veulent, où ils veulent (sources : Havas Paris).
Vous trouverez ici un schéma qui nous permet d’avoir un détail précis du parcours
d’achat avec la phygitalisation des points de vente.
227
L’exemple « New Sephora Experience »
228
• Le Color Profile, pour trouver la bonne nuance de fond de teint
Grâce à l’insertion de ses bornes, les clients deviennent autonomes. Ils peuvent
commander seuls, profiter de leurs avantages fidélité, rechercher les nouveautés…
Par le biais des tablettes chaque consommateur peut tester librement les produits,
essayer différentes teintes de rouges à lèvres ou de fonds de teint. Cette autonomie
permet aux vendeurs de se libérer et de se rendre plus disponible pour répondre aux
questions particulières ou accompagner les clients indécis. Ces services digitaux
permettent de créer une communication virale. Par exemple : les Beauty Board, de
par leur utilisation chaque client a la liberté de publier sa photo avec ses réalisations.
229
Cela peut inciter d’autres consommateurs à acheter les produits, mais aussi à les
reposter sur les réseaux sociaux.
Toutefois, la mutation des commerces est très importante s'ils veulent rester pertinents
face aux géants du e-commerce. On peut noter que malgré l'avènement du phygital
par le biais des commerces traditionnels de biens, le phygital s'étend également à
d'autres secteurs, par exemple celui de l'hôtellerie, de la restauration, et dans
n'importe quel autre secteur où le digital commence à empiéter sur le physique.
Amazon - grâce à son nouveau supermarché conceptuel, Amazon Go, qui a pour
particularité de ne pas avoir de caisses (le magasin fonctionne par le biais de
centaines de caméras, de capteurs et d'une application liée à son smartphone). Il
développe une partie maquillage et beauté en vendant du mascara, de la poudre,
des pinceaux…
En 2020, les cyber acheteurs ont privilégié l’achat en ligne de produits de beauté chez
un géant du commerce en ligne : Amazon (25,1 % des e-acheteurs y ont passé
commande d’un cosmétique). Yves Rocher talonne de près l’entreprise de Jeff Bezos,
avec 24,4 % d’acheteurs, suivi de près par Sephora et Nocibé. (Classement 2020 des
sites e-commerce beauté en nombre de clients – FEVAD).
230
BIBLIOGRAPHIE
HEITZ-SPAHN, YILDIZ ET BELAUD (2018), Investigating the factors driving channel choice
and retailer choice in an omni-channel environment, Projectics / Proyéctica /
Projectique, 43-60
SITOGRAPHIE
Alioze (agence d communication beauté depuis 2008) « Les chiffres clés de la beauté
et marché des cosmétiques en 2020 » par Sarah LAURENT 26 Août 2020
Chiffres Beauté 2020 & Tendance Marché - France & Monde | Alioze
Site banane pourpre « PHYGITAL : Le meilleurs des deux mondes » par FOURNIER
Martine PHYGITAL : Le meilleurs des deux mondes (bananepourpre.fr)
Site banane pourpre « La Minute Marketing : Le phygital en 2 min chrono » par BAUER
Chloé La Minute Marketing : Le phygital en 2 min chrono (bananepourpre.fr)
231
L'EXPERIENCE CLIENT REINVENTEE : LE CAS THE NORTH FACE
Avant les années 1980, les entreprises ne prêtaient pas suffisamment d’importance
aux comportements des consommateurs, notamment concernant les aspects
émotionnels. A cette époque seules les composantes cognitives de l’attitude du
consommateur, étaient privilégiées par les entreprises.
Gilmore et Pine complètent cette définition en 1998 en expliquant que pour eux,
l’expérience client « s'agit de l’idée d’un nouveau type d’offres, qui dépasse le stade
des services pour proposer aux consommateurs des expériences singulières,
mémorables et économiquement valorisées » (Gilmore et Pine, 1998).
232
Ces auteurs vont donc plus loin en affirmant que les entreprises se doivent de faire
vivre des expériences uniques à leurs clients. Cette notion d’expérience unique peut
être complétée par Dubet (1994) qui affirme que chaque consommateur interprète
différemment son expérience, ce qui la rend unique. Filser (2002), considère
également qu’il est essentiel de faire vivre des expériences mémorables aux
consommateurs, et ce peu importe les produits ou services vendus.
Néanmoins, toutes les expériences ne procurent pas cet effet d’immersion. Ainsi, les
expériences plus routinières et banales ne procurent pas d'émotions intenses ou
uniques (Carù et Cova, 2003).
Certaines marques ont bien compris que les consommateurs étaient à la recherche
de plaisir, d’évasion et de divertissement durant leur activité de consommation. C’est
notamment le cas de la marque The North Face, spécialisée dans les vêtements et
accessoires de sport.
233
Le mur d’escalade
En Corée du Sud, en 2014, un concept store The North Face a mis en place une
installation originale et surprenante dans le but de piéger ses clients.
Durant des séances d’essayage en cabine, les clients voient le sol disparaître sous leurs
pieds et ont deux choix qui s’offrent à eux : se laisser tomber sur le matelas situé
quelques mètres plus bas ou s’agripper au mur d’escalade.
Lorsqu’ils sont agrippés au mur, les participants découvrent alors une veste suspendue
au plafond, avec une consigne qui s’affiche : attraper l’article en moins de 30
secondes. Si le défi est réussi, le client remporte le fameux vêtement.
Accéder à la vidéo :
234
Les chiens de traineaux
La marque ne s’est pas arrêtée là puisqu’elle a fait vivre une autre expérience à ses
clients en 2015. Cette fois-ci, l’expérience mêlait fiction et réalité.
Lors d’un événement organisé dans l’un des points de vente coréen The North Face,
les clients étaient invités à porter un casque de réalité virtuelle, qui les plongeait au
cœur du pôle Sud, tiré par des chiens de traîneaux. Au moment où le client retire son
casque, de réels huskys sont dans le magasin, accrochés au siège du participant, et
entament une course dans le centre commercial. Une réelle expérience dite
immersive.
Accéder à la vidéo :
44
Lien vers la vidéo YouTube : https://youtu.be/FSfkE4emoBE
235
La tyrolienne
Enfin, en 2016 et à l’occasion de son 50ème anniversaire, la marque a fait vivre des
sensations fortes à ses clients. Lors de cet événement, le client avait la possibilité de
ne pas payer son article, à une seule condition : relever le défi de la tyrolienne.
Si certains clients étaient réticents et ont refusé de faire de la tyrolienne au-dessus des
rues d’une ville de Corée du Sud, d’autres ont accepté le défi pour au premier abord
voir leur article offert, et ont, en plus, pu vivre une expérience hors du commun.
Accéder à la vidéo :
45
Lien vers la vidéo YouTube : https://youtu.be/yh6SBmRE9eE
236
Grâce à ses événements uniques en son genre, le pari de la marque d’offrir une
expérience mémorable à ses clients est amplement réussi.
Ces expériences hors normes proposées par l’entreprise sont, par ailleurs, en
adéquation avec la ligne éditoriale de The North Face puisqu’elle axe sa
communication autour du sport extrême.
Un sentiment de satisfaction
Lorsque le consommateur vit une expérience extraordinaire, il est absorbé par celle-
ci et est donc satisfait. En effet, « ce qui produit du plaisir c'est l'immersion totale du
consommateur dans une expérience originale » (Cova et Cova, 2004). Fornerino et al.
(2008) ont également démontré que les émotions ressenties lors d'une expérience
marquent le consommateur et permettent d’avoir un sentiment positif à l’égard de la
marque qui a procuré ces émotions.
Cette satisfaction est favorable pour une marque puisque les consommateurs vont
avoir une volonté de ré-achat, et deviennent ainsi fidèles. De la même manière, la
satisfaction va entraîner d’autres sentiments, notamment de la confiance et de
l'engagement. De ce fait, les clients vont devenir de réels ambassadeurs de la marque
: ils vont la recommander à leur entourage, ainsi que sur les réseaux sociaux ou sur le
web.
C’est donc mission réussie pour la marque The North Face, qui ne cesse de surprendre
ses clients avec des expériences toujours uniques les unes que les autres. Elle a donc
bel et bien compris qu’une entreprise ne devait plus seulement vendre un produit ou
un service, mais offrir une expérience.
237
« Aujourd’hui, les manières de communiquer sont très normées : les consommateurs
sont entourés de messages publicitaires, que ce soit l’affichage dans la rue, les
publicités télévisées, les spots radios, les publicités sur internet… Il est donc
indispensable que les marques tirent leur épingle du jeu, dans un monde où les
individus sont assommés d’informations qui les poussent constamment à la
consommation. […]
Pour une entreprise, il est essentiel de faire vivre des expériences uniques à ses
clients : cela permet de communiquer avec leurs émotions, et c’est certainement
le meilleur vecteur d’attachement des clients à la marque. Et surtout, en utilisant
de manière stratégique leurs émotions, l’entreprise contribue à créer un lien fort
avec ses clients. Celle-ci sera alors davantage en phase avec leurs besoins, ce qui
multipliera les chances de déclencher un acte d’achat. […]
Interview 22 : Mme. Alice Panzani, cheffe de publicité au sein de l’agence de communication Speedi
Rychi Nylon
238
BIBLIOGRAPHIE
ARNOULD ET PRICE (1993), River magic: extraordinary experience and the extended
service encounter, Journal of Consumer Research, 20, 1, 24-45
CSIKSZENTMIHALYI (2004), Good business leadership flow and the making of meaning.
New York, Penguin Books
239
CHAPITRE 4
SPORT CULTURE ET TOURISME
QUAND LE DIGITAL FRANCHIT LES MURS DU COMMERCE ET
S’INTRODUIT DANS LE SPORT, LA CULTURE ET LE TOURISME
Dans le domaine muséal, il ne s’agit plus de faire « la simple acquisition d’une somme
de connaissances » (Bourgeon-Renault et Jarrier, 2015), l’expérience de visite muséale
étant davantage appréhendée comme « interactive » selon Dierking et al. (2000). Le
numérique s’est progressivement installé dans la consommation du tourisme et ce,
tout au long du parcours du visiteur dans une logique d’amélioration de son
expérience. Cela va, à ce titre, de la recherche d’informations concernant le voyage
ou le site à visiter, jusqu’à la réservation en passant par la gare ou l’aéroport. Là
encore, le numérique s’est progressivement installé dans une logique d’amélioration
de l’expérience en réduisant les temps d’attente et la gestion des flux. Aussi, le
tourisme a rapidement pris le tournant du numérique, là où la crise sanitaire a eu des
conséquences sans précédent, faisant baisser de 70% le tourisme mondial entre
janvier et août 202046.
241
L’introduction du digital a aussi franchi les murs des stades dans un contexte où la
connectivité des équipements apparaît comme une thématique de premier rang
pour tous les acteurs du sport. Ce phénomène est renforcé, d’autant plus dans un
environnement où « les technologies et les solutions numériques évoluent rapidement
tout comme les comportements des usagers »47. Le Cinéma, quant à lui, n’en est
qu’au début de sa transformation digitale.
Quels que soient les secteurs, qu’il s’agisse du tourisme, du sport ou de la culture, le
consommateur ne cherche plus à répondre à des besoins, à consommer pour vivre,
mais à consommer pour exister au travers de sensations et d’émotions qui accèdent
à son intégrité, à son identité (Carù et Cova, 2001), et à sa subjectivité (Holbrook et
Hirschman). L’expérience est ainsi placée au cœur des préoccupations des acteurs
de nombreux secteurs qui doivent aborder le consommateur en impliquant ses
sentiments, ses fantasmes et le plaisir hédonique résultat “d’activités ludiques ou de
jouissance esthétique”, (Holbrook et Hirschman, 1982).
242
Des propos qui vont dans le sens des recherches de Bourgeon-Renault soulignant que
le recours aux outils interactifs peut être considéré comme « un levier potentiel
d’enrichissement expérientiel ». Dans cette perspective, les outils interactifs de
médiation peuvent être relatifs « à des audioguides, applications mobiles, bornes
multimédia et tablettes tactiles, etc », intégrer des fonctionnalités visuelles plus ou
moins innovantes (animations 2D, 3D, réalité́ augmentée, etc.) et être destinés à un
visiteur unique ou à de petits groupes de visiteurs, ce qui complexifie leur définition »
(Bourgeon-Renault, 2015).
243
Covid-19 : vers une redéfinition des loisirs ?
Dans un tel contexte, les avis sont nombreux et divergents et il est certain que la
pandémie laissera des traces sur l’accès aux secteurs de la culture, du tourisme et du
sport. Les acteurs des différents secteurs devront s’adapter et cette adaptation
posera incontestablement des problématiques, notamment logistiques. Ces
problématiques logistiques feront office, à ce titre, d’accélérateur de la
transformation digitale de nombreux secteurs.
48
Étude sur la connectivité des enceintes sportives, source : https://www.sports.gouv.fr/IMG/pdf/etude-esc-
cahier-1-vf.pdf
49
https://presse.louvre.fr/96-millions-de-visiteursbr-au-louvre-en-2019/
244
BIBLIOGRAPHIE
ADAMS et al., (2004), Interactivity: Moving Beyond Terminology, Curator: The Museum
Journal, 47, 2, 155-170
DIERKING et FALK (2000), Learning from museums: Visitor experiences and the making
of meaning, Walnut Creek, California, AltaMira Press
245
FAN EXPERIENCE ET STADE CONNECTÉ :
L’APPLICATION MOBILE, PILIER D’UNE NOUVELLE FAÇON DE
CONSOMMER LE SPECTACLE SPORTIF
Chacun côtoie, dès son plus jeune âge, la pratique sportive et en développe ainsi
certaines connaissances et rudiments ce qui lui permet d’en porter un jugement
d’ordre émotionnel et esthétique et ce de façon individuelle et collective. Le sport
classique, qui consistait en la pratique d’une activité physique interagissant avec un
public simple spectateur, a connu une mutation liée à une perspective expérientielle,
elle aussi indispensable et nécessaire dans le milieu du spectacle sportif. Et si la
connectivité des stades était la clé d’une expérience nouvelle mais nécessaire du
spectacle sportif ?
246
De plus, si l'implication du consommateur dans le spectacle sportif est forte, c’est
justement parce-que ce bien expérientiel présente les caractéristiques d’un bien
éphémère, imprévisible (le résultat n’est pas connu à l’avance, là est aussi
l’importance d’une bonne expérience), intangible et subjectif. Le fan est impliqué,
engagé, ce qui lui confère ce statut de « consomm’acteur » et « spect’acteur ».
À ce titre, la fan experience peut être définie selon Yoshida (2017), comme « les
réactions cognitives, affectives, sociales et physiques du consommateur de sport à
des points de contact directs (achat et consommation) et des points de contact
indirects (médias et réseaux sociaux) avec une organisation sportive, ses produits ou
d’autres consommateurs ».
Il ajoute également que « l’enjeu pour l’industrie du sport spectacle est de maintenir
l’attractivité des évènements sportifs dans les stades en optimisant l’expérience de
nouveaux services reposant sur la technologie Wi-Fi. Dans cette nouvelle ère, le Web
3.0 et l’Internet des objets redéfinissent la chaîne de valeur des événements sportifs
en bouleversant l’organisation des interactions avec les spectateurs ». Dans cette
perspective, le stade qui « sert de théâtre fermé dans lequel se déroule le drame
sportif du match […] » (Edensor, 2015), enrichit l’expérience du fan et devient un
véritable outil d’expérience digitale.
247
Le stade connecté, levier d’une fan experience réussie
Le stade connecté, tel qu’il peut être entendu dans sa définition la plus courante,
désigne un stade où un certain nombre de technologies se retrouve à disposition de
ses utilisateurs. Ces technologies favorisent, entre autres choses, la circulation de
l’information mais aussi une connexion massive de milliers d’utilisateurs aux réseaux
mobiles pendant l’événement auquel ils assistent.
À cela, nous pouvons ajouter toutes les technologies qui vont permettre de donner
vie au stade avant, pendant et après l’événement sportif. Entendons ici par exemple
l’optimisation du remplissage du stade, la maximisation des revenus pendant
l’événement et l’interaction avec l’environnement du stade (accessibilité, conditions
météorologiques…). Par ailleurs, Chanavat et Desbordes (2016), soulignent que le
stade connecté permet « de dynamiser la visibilité des marques, de multiplier les points
d’interactions - et donc de collecte de données - avec le spectateur, et d’immerger
ce dernier dans une expérience de consommation « augmentée ».
Autrement dit, c’est un stade qui répond à la fois au besoin interactif du spectateur
avant l’événement, mais aussi pendant et après (Bal et Fleck, 2015). Quant au m-
stadium, il place le smartphone du fan au centre de sa propre expérience. À travers
cette interface, le fan a la capacité d’interagir avec le stade autour de certaines
étapes qui renforcent son expérience et complètent son parcours : se rendre au
stade, accéder au stade, se repérer dans le stade, se restaurer dans le stade, quitter
le stade…
248
Diverses technologies au service du stade connecté
Outre le fait de pouvoir lire de l’information, les solutions NFC permettent « d’échanger
de données cryptées entre deux terminaux sur une faible distance (environ 10 cm) et
ainsi d’émuler des objets complexes tels que les cartes de paiement » (Bal et Fleck,
2015). À titre d’exemple, les abonnées des Tampa Bay Lightning peuvent accéder au
stade sans billet, grâce à un maillot qu’ils reçoivent en début de saison dans lequel
est insérée une puce RFID.
Les technologies d’analyse : comme leur nom l’indique, elles permettent « d’analyser
et de transférer des données permettant d’optimiser physiquement et virtuellement la
vie du stade ». Ces technologies permettent, entre autres choses, de suivre en temps
réel les fans à l’intérieur du stade et aux abords et de « suivre, analyser et piloter » leurs
agissements et comportements.
249
Ces fonctionnalités sont présentes au Metlife Stadium de New York grâce au logiciel
Command Center de la société RoundArch. Grâce à ce logiciel, le Metlife Stadium
peut gérer les flux d’entrée et de sortie, mais aussi gérer instantanément les
approvisionnements des espaces de restauration. Ainsi, cela permet un pilotage du
personnel lorsqu’il s’agit de prendre les commandes alors que les temps d’attente sont
trop longs. La technologie d’analyse du logiciel ne s’arrête pas là puisqu’elle adapte
« les promotions diffusées sur le réseau d’écrans du stade en fonction des profils de
consommateurs situés dans chaque tribune ».
250
décibels). Sur le modèle des concours
de tweets avec Hashtags lors d’un
match entre deux équipes.
Capteurs intégrés aux portes et sièges du Maintenance du stade : surveillance de
stade la température, de la luminosité́, de la
qualité́ de l’air et l’état du recyclage
des déchets. Automatisation des
lumières dans certains endroits moins
fréquentés du stade afin d’économiser
l’énergie.
Drones Replay vidéo, livraison de marchandises
ou jeux avec les spectateurs à la mi-
temps (pilotage du drone du club à
partir de l’application du stade).
Dans ce contexte de stades intelligents et connectés, Intel propose des solutions qui
« fournissent aux fans et au personnel une foule d'informations sur la disponibilité des
parkings, les lignes de toilettes et de concessions, les améliorations de sièges, les offres
spéciales, etc. Les supporters bénéficient d'une expérience pratique et personnalisée,
avec des lignes plus courtes et des indications pour naviguer plus rapidement dans les
stades et les parkings bondés. Le personnel reçoit des mises à jour immédiates sur ce
qui se passe dans le stade, ce qui augmente son efficacité et sa capacité à sécuriser
les lieux ».51 Autrement dit, tous les capteurs intégrés dans le stade offrent au
spectateur des informations sur l’accessibilité au stade (arrivée et sortie), sur les files
d’attente des sanitaires ou encore sur « le nombre de hot-dogs disponibles ». En dehors
de cela, les solutions développées par Intel fournissent aux exploitants du stade des
informations en temps réel sur les fans et leurs habitudes de consommation mais aussi
sur les flux et la sécurité en anticipant le comportement des supporters.
51 Smart Stadiums Take the Lead in Profitability, Fan Experience, and Security, Intel, 2014
251
Lors de cette interview, Yann Abdourazakou revient sur le concept de stade
connecté en le définissant au travers de tous les outils digitaux relatifs aux
applications, aux informations sur le stade (accessibilité, entrée, sortie), aux temps
d’attente pour accéder aux sanitaires ou pour se restaurer. Se pose alors la
question « comment monétiser ces technologies ? ».
Yann Abdourazakou fait le constat que le stade est connecté « à ce qui est dans
notre poche ». En cela, il fait évidemment référence au smartphone. Pour lui, il
existe une relation étroite, voire une connexion intime et profonde entre le fan et
son terminal principal. En effet, le smartphone apparaît comme un moyen
d’interagir avec des marques mais c’est aussi l’opportunité pour celles-ci d’être
toujours présentes dans l’esprit de l’utilisateur (l’auteur revient ici sur l’économie
de l’attention).
Par ailleurs, il existe plusieurs niveaux d’interactions entre le fan et le stade, qui doit
être connecté non seulement à l’équipe, aux joueurs, mais aussi au public. Pour
cela, l’enceinte sportive va englober une multitude de services qui vont interagir
en temps réel directement avec le fan. Dans cette perspective, la spécificité du
sport relève d’une économie de l’instantanéité, c’est d’ailleurs ce sur quoi
l’économie des services sportifs est fondée. Quand le fan manque une action, il
ne peut pas la rattraper. Comme le rappelle Mark Cuban, on a d’un côté la
volonté que le fan regarde ce qui se passe sur le terrain, et d’un autre côté, la
dimension interactive du stade ainsi que tous les services qui gravitent autour du
match. Ces services peuvent faire passer le fan à côté du vrai produit, le match.
Bien que chacun vive le spectacle différemment, il est incontestable que la
technologie est embarquée sur le fan et la problématique de l’attention se pose.
D’autres outils et technologies permettent de définir le stade connecté, comme
tout ce qui est relatif à la gestion de l’atmosphère : température, éclairage, effets
sonores. Autant de technologies qui posent à nouveau la problématique du coût.
Qu’est-ce que cela rapporte aux gestionnaires de sport ?
Yann Abdourazakou revient ensuite sur l’Hospitality Management qui occupe une
place centrale aux États-Unis, où deux choses sont fondamentales : les toilettes et
la nourriture. Dans ce sens, il faut être capable de répondre au besoin
d’instantanéité du fan : s’il a envie d’aller aux toilettes, quelles sont les plus
proches avec le moins d’attente ? De même, s’il a envie de se restaurer, où se
trouve le stand de restauration le plus proche, combien cela va lui coûter et
combien de temps attendra-t-il ? Ces deux éléments constituent la base d’une
bonne expérience. L’Hospitality Management est renforcé par l’utilisation du
téléphone portable qui permet de répondre à ce besoin d’avoir accès à tout de
manière très rapide.
252
Grâce au smartphone, les gestionnaires de l’événement ont un regard sur la
position géographique du fan dans le stade, où ils se déplacent, ce qu’ils aiment
et ce qu’ils veulent.
Pour autant, Abdourazakou précise que ce qui est fait aux États-Unis n’est pas
forcément mieux que ce que l’on retrouve en Europe. La culture de l’expérience
du fan est différente selon les continents voire les pays.
Abdourazakou revient par la suite sur la crise sanitaire et souligne que les stades
vont devoir s’adapter et se positionner dans un monde post Covid-19. Il estime
que la pandémie va nécessairement redéfinir la Fan Experience : cela se
retrouvera par exemple au niveau des applications dont le futur sera de rassurer
les personnes présentes dans le stade. Aussi, il ajoute que la pandémie va
remettre sur le devant de la scène certaines innovations et en accélérer d’autres.
Des éléments tels que la connexion à un réseau Internet et tout ce qui permet de
définir qui la dimension ludique et divertissante du spectacle sportif feront toujours
partie du spectacle sportif dans les années à venir.
Interview 23 : Mr. Yann Abdourazakou, Full Professor in the Department of Management and Marketing,
California State University, Dominguez Hills, le 04 janvier 2021
253
Le Groupama Stadium, le bon élève des stades connectés en
France
Les auteurs identifient plusieurs enjeux majeurs dans l’évolution des fans. Il s’agit dès
lors de répondre à un désir « d’instantanéité », « d’accessibilité » et à un « besoin de
reconnaissance ». En cela, les auteurs mettent en avant un supporter qui « veut avoir
accès à tout, partout » un peu comme s’il était chez lui… alors qu’il se trouve dans un
stade ! Ce sentiment d’instantanéité est d’ailleurs renforcé par l’avènement des
nouvelles technologies et le développement de nouveaux terminaux mobiles. On
assiste clairement à la digitalisation de la relation client/supporter et ce tout au long
de son parcours, de la réservation de son billet à son retour chez lui et même après où
son expérience fera l’objet de souvenirs.
254
Soulignons enfin que l’Olympique Lyonnais espère générer 70 millions d’euros de
revenus additionnels chaque saison à travers l’introduction de technologies
connectées dans le Groupama Stadium. En effet, Desbordes et Chanavat terminent
en ajoutant que « ces services 2.0 dernière génération traduisent la volonté du club
de développer l’expérience stade. Globalement, il s’agit de conjuguer confort,
interactivité et sécurité afin de faciliter l’échanger et la convivialité pour tout type de
spectacles ».
255
En outre, les auteurs ajoutent que « les applications mobiles peuvent être considérées
comme la quintessence de l’interface dynamique entre l’utilisateur et les
technologies, offrant un niveau d’expérience augmenté ». Oscar Davila52 appuie le
caractère fondamental et indissociable du fan dans son expérience au stade en
soulignant que « les applications mobiles peuvent couvrir tous leurs besoins. C’est aussi
la principale source de revenus des organisations et des marques sportives ». Si le
smartphone est l’outil de l’expérience digitale du fan, il est aussi le cœur de la cible
du marketing sportif, en cela, Glebova et Desfontaine définissent le smartphone
comme « la carte de visite et la carte bancaire du fan ». En effet, le smartphone est le
recueil d’innombrables informations sur le fan mais c’est aussi un moyen précieux
d’accéder au commerce en ligne. Quel autre bien que le smartphone possédons-
nous en permanence ?
Aussi, grâce aux applications mobiles, le fan jouit d’une importante interaction avec
son environnement mais aussi avec le stade. Le Staples Center (arène multisports
située à Los Angeles), souligne que « les applications permettent aussi aux clients
d’interagir avec le stade pour partager les contenus filmés par les fans eux-mêmes
(concours de selfies).” L’émergence du Web 2.0 introduit le caractère interactif et
participatif du fan à travers l’apparition de nouveaux terminaux mobiles permettant
l’émergence de nouveaux services mais aussi de nouveaux médias. Aujourd’hui, les
interactions avec le spectateur sont bouleversées par l’Internet des objets et le Web
3.0 où la technologie Wifi apparaît comme un levier pour une bonne fan
experience. En cela, la définition du m-stadium paraît opportune dans la
compréhension de la notion de stade connecté puisqu’elle place le smartphone au
centre de l’expérience du fan. Par ailleurs, Glebova et Desfontaine (2020),
considèrent que les applications mobiles font partie intégrante de la culture des
spectateurs sportifs, leur permettant d’accéder, entre autres choses, à une
expérience améliorée et plus confortable (temps d’attente dans les toilettes et aux
espaces de restauration, flux d’entrée et de sortie du stade…).
L’application VOGO illustre parfaitement l’intégration de l’expérience du fan dans son
terminal principal. En effet, VOGO SPORT FAN « est une solution de diffusion LIVE de
contenus audiovisuels, qui enrichit l’expérience des spectateurs au travers de
contenus multi-caméras et de fonctionnalités de replay ».
Cette solution, disponible sur smartphones et tablettes, s’adresse tant aux clubs,
qu’aux ligues et fédérations mais également aux diffuseurs TV et organisateurs
d’événements. Cette solution s’adapte aussi bien aux sports collectifs qu’aux sports
individuels et événements outdoor. À travers VOGO SPORT, de spectateur, le fan
devient un « spect’acteur » en le rapprochant au plus près de l’action : le spectateur
peut ainsi « accéder aux flux des caméras et devenir son propre réalisateur ».
Directeur d’EuroLatam Sports Marketing Summit – Sports Marketing and Commercial Innovation
52
256
Guy Müller (président délégué de l’ASVEL Lyon-Villeurbanne) a d’ailleurs déclaré lors
du Grand Est Numérique 2020, que l’application permet « d’assister à un événement
en bénéficiant d’une assistance vidéo sur son écran. Comme à la maison, devant sa
télé. On se déplace pour voir du spectacle et vivre un moment unique et privilégié
dans les meilleures conditions, au plus près de l’action ». Cela se traduit, en autres
choses, par le choix privilégié d’un angle de vue, la fonction replay pour voir ou revoir
une action (et ce à vitesse ralentie, normale ou accélérée) avec possibilité
d’effectuer un arrêt sur image. De plus, le fan se voit même offrir l’opportunité de créer
un clip personnalisé à partir de diverses séquences de l’événement qu’il aura au
préalable enregistrées. À cela s’ajoute la possibilité d’avoir accès à un contenu
exclusif et enrichi autour de statistiques en direct live, d’interviews exclusives ou encore
d’un contenu venant tout droit des coulisses et même des audio inédits du match.
257
Dans cette interview, le Professeur Michel Desbordes fait un bref retour sur
l’avènement du stade connecté en France en revenant sur l’Euro de Football
2016 dont l’organisation a été obtenue en 2009. Finalement, c’est à ce moment-
là que les smartphones (naissance du premier iPhone en 2007), ont commencé à
se démocratiser véritablement, occupant une place de plus en plus
prépondérante dans la vie de ses utilisateurs. À partir de là, ces derniers prenaient
des vidéos et des photos en masse et désiraient partager ce contenu. C’est ainsi
que l’idée de stade connecté a été intégrée, en posant néanmoins des questions
loin d’être sans conséquences. En effet, se posait alors la question de « qui allait
payer ». Lorsque l’on prend le cas du Stade de France, par exemple, comment
imaginer une infrastructure d’une telle envergure, capable d’accueillir jusqu’à
80 000 personnes, couvrir la connexion simultanée de milliers d’utilisateurs ? Cela
nécessitait incontestablement des coûts considérables, alors que les
organisateurs d’événements n’y voyaient pas vraiment un intérêt particulier. Dès
lors, il y’avait d’un côté, les consommateurs qui se demandaient ce qu’ils allaient
pouvoir diffuser comme information, et d’un autre côté les organisateurs qui se
posaient la question : « ça me rapporte quoi ? ». Le consommateur accordait
déjà une importance certaine à la géolocalisation en partageant à sa
communauté le message « j’y étais », mais est-ce que cela rapportait réellement
de l’argent aux gestionnaires de sport ? Concrètement, on assistait à un réel
décalage entre une offre qui voyait tout l’intérêt du digital mais qui représentait
aussi un coût. Un coût que le consommateur, d’autant plus jeune, ne voyait pas
forcément, la culture numérique faisant partie intégrante de sa vie.
Mais alors, comment dégager de l’argent ? Comment faire de tout ce qui relève
de la communication et du marketing, quelque chose qui génère des recettes ?
La réponse se trouvait dans la proposition de services monétisés, annexes au
noyau dur du spectacle sportif qu’est le match. Ici, les services de restauration
jouaient et jouent toujours un rôle primordial puisque grâce aux outils digitaux et
de connexion, le fan peut commander et se faire livrer de la nourriture,
directement depuis son siège, cela permettant de générer des recettes.
258
Si le fan arrive à 19h30 de bonne humeur, il voudra manger avant le match, boire
un verre avec ses amis, en bref : consommer. Tandis que si le fan arrive en retard
au match, il sera énervé et n’aura pas le temps de consommer.
Figure 18 : Mr. Michel Desbordes, Professeur des Universités, Université Paris-Saclay, l 11 janvier 2021
La tête relevée vers le spectacle sportif ou baissée sur son smartphone ? Intitulé La
transition phygitale : vers le meilleur des deux mondes, ce livre blanc fait le récit d’une
synergie entre le commerce et le digital. Dans le cadre d’un spectacle sportif,
nombreux sont les partisans de l’introduction du digital. D’autres, au contraire, sont
amenés à penser que le digital produit un phénomène dit de « tête baissée » du
supporter sur son terminal principal, le détournant ainsi de l’essence même du
spectacle sportif : le produit match. Finalement, n’oublions-nous pas là l’étymologie
du mot spectacle, du latin spectare qui signifie regarder ?
259
BIBLIOGRAPHIE
BAL et FLECK (2015), Connected Stadium: A Pillar for Football Clubs’ Marketing
Development? In Marking a Difference Through Marketing, pp.41-58
YOSHIDA (2017), Consumer experience quality: A review and extension of the sport
management literature, Sport Management Review 20, p.427-442.
260
SITOGRAPHIE
DOCUMENTS
ÉTUDE SUR LA CONNECTIVITÉ DES ENCEINTES SPORTIVES (2018), Ministère Chargé des
Sports
SMART STADIUMS TAKE THE LEAD IN PROFITABILITY, FAN EXPERIENCE AND SECURITY
(2014), INTEL
261
L’EXPERIENCE TOURISTIQUE DE A À Z, VERS LE SMART
TOURISME ?
Dans cet article nous aborderons les différentes expériences touristiques que peut
vivre le voyageur tout au long de son parcours client, puis nous évoquerons le smart
tourisme, ses enjeux et ses limites.
262
Le parcours du touriste
Le contact se fait par mail, en agence ou pour appel. [...] Dans un voyage sur
mesure, nous aimons rencontrer nos clients car même beaucoup d’éléments
passent par la communication non verbale. Les clients parlent entre eux et on peut
récolter des informations qu’ils ne nous auraient pas dit.
Une fois qu’ils nous ont contacté et que nous avons cerné leurs attentes on leur
propose un voyage, celui qui nous semble correspondre au mieux à ce qu’ils
veulent puis envoie un devis. La suite se déroule par mail ou téléphone.
A leur retour, nous avons pris l’habitude de rappeler nos clients pour savoir s’ils ont
apprécié leurs voyages et apprendre aussi de nos prestataires.
Je pense que cela permet de fidéliser nos clients car cela montre qu’ils sont
importants pour nous, ils aiment raconter leurs vacances ! Cela permet de les
connaitre encore mieux. Aujourd’hui, nous avons certains clients qui n’ont plus
qu’à nous donner une destination et une date et nous nous chargeons de tout.
53 Lainé Linda, Dossier de l’été 2019 : les chiffres clés de l’e-tourisme (2019), l’écho touristique,
https://www.lechotouristique.com/article/dossier-de-lete-2019-les-chiffres-cles-de-le-tourisme
263
Selon une étude de la société Schofields, ainsi que celle de la SNCF associée au
Cabinet Bolero, 34 % des sondés français et 51 % des « millenials » (18 – 34 ans) utilisent
les réseaux sociaux pour s’inspirer pour leurs voyages. 70% des 18-34 ans s’inspirent de
posts Instagram pour voyager.
De plus, la confiance portée aux avis des internautes est beaucoup plus importante
que celle donnée par la marque en elle-même. En France, 83 % des personnes
déclarent que les avis les aident clairement dans leurs choix54.
Ainsi, pour orienter les consommateurs, les professionnels du tourisme ont tout intérêt
à développer leur stratégie et apparaitre sur des plateformes comparatives telles
TripAdvisor ou Booking.com. Ces sites émettent un tri des lieux touristiques,
hébergements et restaurants par la note attribuée par ses visiteurs. Plus la note est
bonne, plus le lieu a des chances d’être consulté et visité. Ainsi, nos voyages sont
influencés par l’avis des autres et par les récits de leurs expériences touristiques. C’est
pourquoi, la publication de récits expérientiels doit être au cœur de la stratégie
inbound des entreprises du secteur.
Le récit expérientiel promet et décrit aux clients ce qu’ils vont vivre en voyageant vers
une destination ou un lieu touristique. Mais il n’évoque pas seulement le voyage en
lui-même, le récit intervient lors de la recherche d’informations, de la préparation du
voyage, de la figuration du touriste dans son pays d’accueil et de l’après voyage
(lorsqu’il raconte son voyage).
Selon l’auteur, la mise en récit ou storytelling joue ainsi un rôle important dans la mise
en œuvre opérationnelle de ces dimensions essentielles à la création d’une
264
d’expérience touristique mémorable et pourra permettre de créer un univers
susceptible de favoriser la surprise chez le client.
L'expérience client est là pour donner un nouvel élan aux destinations et lieux
touristiques. Les offres se renouvellent et se différencient pour faire vivre des choses
exceptionnelles et mémorables.
Dans le voyage sur mesure c’est quelque chose qui existe plus que dans le voyage
de groupe. […] En Asie, quand une famille part avec un guide privé par pour
rencontrer des habitants, elle pourra participer à l’artisanat, manger chez des
habitants…
Les gens sont à la recherche de ce type d’expériences qui rendent le voyage
unique. Car en effet, quand on rentre de séjour et qu’on raconte qu’on a vu le
Machu Picchu, oui, beaucoup de personnes l’ont vu. Mais vivre une expérience
avec une famille même participer à une fête de famille, c’est là où on a le meilleur
retour.
265
D’autres auteurs ont défini la MTE à travers plusieurs dimensions. Dans leurs recherches,
Salvador et El Euch Maalej (2020) indiquent pour qu’une expérience soit mémorable
elle « doit comporter des éléments de surprise et de ravissement tout en fournissant
également un contexte que les consommateurs vont mémoriser et partager ».
Selon l’article, si les participants ressortent de leur séjour en disant qu’ils ont appris,
découvert, créé quelque chose, ou rencontré quelqu’un, alors cette expérience sera
mémorable.
Les auteurs Kim, Ritchie et Tung pensent quant à eux qu’une expérience touristique
mémorable sont en général positive et « semblent être liées à l’abondance des
options de services et aux expériences partagées ». Et cela, les compagnies de
transport de voyageurs l’ont bien compris.
Les compagnies aériennes et la SNCF ont mis en place divers outils pour fluidifier le
parcours client dans leurs aéroports et gares. Cela passe notamment par de
l’affichage, du personnel sur les lieux, par la dématérialisation des billets et l’envoi de
notifications de rappels qui informent le numéro du quai avant notre départ… De
nombreux services sont associés. Nicolas Lefebvre (2015) indique que « la qualité de
l’offre elle-même et peut-être plus encore celle du service associé assuré par les
professionnels concernés ont bien entendu un fort impact sur la satisfaction globale
du client. » Afin de fidéliser leurs clients, les transporteurs de voyageurs ne proposent
plus uniquement le trajet d’un point A à un point B mais vendent une expérience de
voyage. Des services sont associés dans le but de satisfaire et accompagner au mieux
le voyageur : location de voiture, bar, wifi à bord, réservation d’hôtel… L’expérience
dure jusqu’au retour de voyage par l’envoi de questionnaire de satisfaction ou de
campagne e-mailing.
Une fois arrivé à destination, le client continue à vivre son expérience touristique à
travers les conditions d’hébergement, les visites et activités pratiquées.
Depuis longtemps les nouvelles technologies ont leur place dans l’expérience de
visite, comme l’indique Benoit Paquay, expert marketing au Centre de compétence
du tourisme (Belgique), en citant l’un des premiers outils utilisés dans les musées :
l’audioguide.
266
Pour lui, le tourisme expérientiel c’est donner du sens à la consommation touristique. Il
souligne que le tourisme est par nature expérientiel puisqu’il prend sa source dans
l’imaginaire, le rêve et le plaisir55.
Oui, c’est quelque chose que l’on souhaite développer au sein du musée. Hormis
le tourisme expérientiel il y a la culture tout court. Le public a à cœur de vivre une
expérience particulière, vivre une découverte des collections de manière
innovante
Ces dernières années nous avons mis en place des actions culturels qui permettent
ce type d’expérience. […] nous avons mis en place des jeux grandeurs nature : le
Cluedo et les Escape Game. Le but n’est pas de faire « Disneyland au musée »
mais de créer un temps de découverte ludique. On se sert de l’entrée « jeu » pour
permettre une découverte différente, décalée. Au mois d’octobre, nous aurions
dû présenter notre 3ème Cluedo autour du Moyen-Âge. L’idée c’était d’incarner
des personnages en lien avec cette époque et de retrouver le meurtrier. Cela
permet aux visiteurs de vivre un temps particulier au sein de la structure muséale.
Lors du premier Cluedo, nous avions beaucoup de néo-visiteurs qui se sont dit qu’à
l’aide de ce jeu ils ont franchi la porte et ont vu la richesse des collections du
musée et donc ont eu l’envie de revenir. Il y a un réel enjeu de fidélisation du
public.
De nouveaux concepts émergent dans le monde des musées afin de moderniser les
visites, les rendre plus ludiques et permettre aux visiteurs d’interagir avec l’art. C’est le
cas d’Imagine Belgium, une start-up bruxelloise qui a pour but de révolutionner
267
l’expérience touristique. Les fondateurs sont partis du constat suivant : les gens ont de
moins en moins de temps, privilégient les courts séjours, ils sont pressés et très
connectés. La start-up propose de s’immiscer dans la culture belge durant 60 minutes.
Cette visite, conçue pour toute la famille, associent dans ses 4 salles, le cinéma 4D, la
réalité virtuelle, l’hologramme et un simulateur de vol. Le tout permet au visiteur de
découvrir l’histoire la Belgique, ses Arts et ses peintres, la gastronomie et enfin, les
différents territoires de la Belgique.
Enfin, les empreintes numériques laissées par les clients durant leur parcours
(réservation en ligne, achat de e-billet, publication sur les réseaux sociaux …) sont
soigneusement collectées et utilisées par les entreprises : bienvenue dans l’ère du Big
Data !
Grâce au Big data on « industrialise le sur mesure » mentionne Ondet (2015), auteur
de « Le Big Data au service du tourisme ». En effet, les nouvelles technologies
permettent d’accélérer la vitesse de transmission et de collecte de données ainsi que
l’exécution des calculs réalisés dans les datacenters. Avec l’intelligence artificielle, les
professionnels peuvent contrôler et perfectionner leurs actions marketing en ligne et
limiter le risque lors de la prise de décision.
268
Le smart tourism : définition et enjeux
La seconde avancée est celle des usages, notamment due à la génération des
milléniaux qui représente des personnes engagées, souhaitant donner du sens à leur
consommation. C’est une génération qui consomme plus que la moyenne lors de leurs
voyages.
Enfin, le tourisme intelligent émane d’une évolution des destinations. On observe une
compétition féroce entre les tours opérateurs, les agences, entre les hôteliers et les
nouvelles plateformes d’hébergement collaboratif. C’est un tourisme de masse qui
s’est installé dans nos sociétés. Dans le monde, 1,5 milliards de touristes internationaux
ont été enregistrés en 2019, c’est une hausse de 4% par apport à l’année
précédente57.
Les principaux objectifs des professionnels du tourisme sont de séduire les futurs clients,
mettre en valeur un territoire en prouvant de son attractivité, et engendrer de l’activité
économique pour les partenaires publics. Selon Lagier et Montargot, « Le tourisme
doit, en effet, refléter, la volonté de construire et d’animer une destination touristique,
de manière adaptée à l’échelle d’une ville ou d’un territoire (Gretzel et al., 2015).
Il doit pouvoir contribuer, via l’utilisation des technologies, à une meilleure utilisation
des ressources (infrastructures, transport, consommation, énergie, espaces…) et à une
gestion plus efficace et durable de la destination (Buhalis et Amaranggana, 201558) ».
Ainsi, les données et les statistiques sont indispensables pour mettre en place des
actions et mesurer l’expérience. Ainsi, le concept de smart tourism est assez récent. Li
(2016),
sur l’intégration du tourisme dans la smart city ? », Management & Avenir, vol. 107, no. 1, 2019, pp. 13-35.
269
Maître de conférence en IA, en donne la définition suivante : “Smart tourism is ideally
placed to meet the personalized demand of tourists, improving tourists' satisfaction,
while realizing the common sharing and intensive use of resources.” (« Le tourisme
intelligent est idéalement conçu pour répondre à la demande personnalisée des
touristes, en améliorant leur satisfaction, tout en réalisant le partage commun et
l'utilisation intensive des ressources »).
Avec le digital on vit une expérience touristique augmentée avant, pendant et après
le voyage. C’est une nouvelle façon de vivre le voyage, la destination communique
avec le voyageur notamment à l’aide de la réalité augmentée ou par la mise en
place de chatbot prenant l’image d’un conseiller virtuel sur les sites. Par exemple,
l’application Yuge permet d’optimiser le parcours du skieur sur les pistes empruntées
selon l’affluence.
Les touristes vivent aussi une expérience touristique intégrée. Ainsi, les outils nous
donnent la bonne information au bon moment. Franck Gervais parle du concept du
« chrono responsive » : des informations dynamiques sont envoyées sur le mobile du
client mais elles ne renseignent pas le même message selon le moment (un départ
dans un mois, un jour ou 20minutes).
Enfin, pour lui, le smart tourism est aussi une expérience communautaire. Notre réseau
est une partie intégrante de notre voyage. On partage nos expériences, les photos
de nos voyages, de nos visites.
270
Le numérique une solution à la crise sanitaire
Nous avons numérisé et mis en ligne les collections afin de les découvrir. Dans
l’analyse des publics, on prend de plus en plus en compte la fréquentation sur les
visites virtuelles puisque ce sont des publics à part entière. Cela permet de garder
du lien avec notre public, permet des contrecarrer des difficultés d’éloignement
pour des publics éloignés de voir nos collections et enfin ça rend visible l’action du
musée. Mais le virtuelle ne pourra jamais supplanter le contact humain avec le
médiateur.
Sur le site archéologique de Grand, sous le village il y a des souterrains gallo-
romains qui ne sont plus accessibles pour des raisons de sécurité. On l’un des tout
premier site à développer le casque de réalité augmentée. Ils découvrent ainsi le
cheminement sous le village. Cela permet de montrer quelque chose qu’on ne
voit plus mais par-contre certains publics sont complètement hermétiques à ça.
Dans le numérique il faut mettre beaucoup de tempérance.
Enfin, dans notre dernier projet Giga Pixel, nous pourrons naviguer à travers les
œuvres et sur le tableau pour voir des détails qu’on ne peut pas voir à l’œil nu.
Le smart tourism est concept en plein essor, les professionnels du tourisme développent
leur offre et leur moyen de communication afin de satisfaire les touristes et voyageurs.
Toutefois, ces avancées remettent parfois en cause les codes déontologiques et
l’éthique.
Le Big Data associé aux technologies d’intelligence artificielle fait ses preuves dans
divers secteurs d’activité. Ils permettent aux décideurs et marketeurs d’améliorer leurs
stratégies mais également de proposer des expériences innovantes en points de
vente.
271
Afin de limiter l’intrusion dans la vie privée des consommateurs, les entreprises doivent
elles-mêmes décider et organiser un usage raisonné et sincère des données
collectées dans une logique d’échange équitable de valeur avec les
consommateurs.
Une autre forme d’intrusion peut être vécue dans les lieux fortement fréquentés. 64 %
des voyageurs postent des photos de voyages sur les réseaux et 73 % des « millenials
». L’internaute partage ses expériences sur les réseaux sociaux, des lieux qu’il a visité,
à la recherche du plus grand nombre de likes. Cela peut être un atout pour un lieu,
un territoire qui se voit mis en valeur gratuitement. Cependant, certaines
photographies ont fait le buzz, suscitant l’envie à d’autres internautes de se rendre sur
ces lieux pour prendre leurs propres photos. En effet, des listes de « lieux
instagrammables », destinations très en vogue sur les réseaux sociaux, naissent sur le
web causant parfois du tort. Certaines photos choquent et atteignent l’intégrité des
lieus, comme celles prises à Auschwitz où des personnes se prennent en photos
marchant sur les rails alors que 1 million de personnes sont décédées à cet endroit.
Il arrive que les habitants soient dérangés par les bruits et par les passants prenant la
pose devant leur porte, les lieux naturels se voient détériorés et doivent parfois fermer.
Par exemple, la Rue Crémieux à Paris, la plage « pop-corn » à Fuerteventura ou
encore la grotte secrète au Canada.
Finalement, une fois reproduits et publiés des milliers de fois, ces clichés idylliques
entrainent un phénomène d’uniformisation des images. Ainsi, les photos de voyage
ne sont plus spontanées et rendent le lieu « commun ».
Conclusion
Le parcours client du touriste évolue vers une autonomisation des pratiques. Le client
veut s’informer avant de réserver et l’avis des autres compte énormément. Le touriste
gagne également en autonomie lors de ses visites ou ses déplacements puisque
nombreuses sont les applications disponibles pour fluidifier son parcours mais
également lui apporter une expérience enrichissante. Grâce à l’exploitation des
données, ces expériences physiques et digitales personnalisent le parcours client. Elles
sont notamment source de satisfaction. Les professionnels du tourisme ont tout intérêt
à développer des outils favorisant la création de souvenirs.
272
In fine, les pratiques liées au smart tourism garantissent un voyage plus simple et riche
en émotions, mais doivent rester dans les règles de l’éthique.
273
BIBLIOGRAPHIE
ARTICLES SCIENTIFIQUES
LAGIER J. et MONTARGOT N., Quelle est la vision des acteurs publics, institutionnels et
privés sur l’intégration du tourisme dans la smart city ?, Management & Avenir, vol.
107, no. 1, 2019, pp. 13-35
ONDET O., Le Big Data, au service du tourisme, Annales des Mines - Réalités
industrielles, vol. août 2015, no. 3, 2015, 77-79
YUPENG L., CLARK H., CHAO H. et LIQUIONG D., The concept of smart tourism in the
context of tourism information services, Tourism Management 58, 2016, 1-8
ARTICLES JOURNALISTIQUES
274
Lainé Linda, Dossier de l’été 2019 : les chiffres clés de l’e-tourisme (2019), l’écho
touristique, https://www.lechotouristique.com/article/dossier-de-lete-2019-les-
chiffres-cles-de-le-tourisme
275
UNE EXPERIENCE DE LOISIR À REINVENTER : LE CINEMA
CONNECTÉ
Avec l’arrivée de nouveaux concurrents comme Netflix, Disney + et Prime Vidéo, les
cinémas doivent se différencier. Transformer l’expérience cinématographique
actuelle en une nouvelle expérience de spectacle qui répondrait aux attentes d’un
spectateur en quête d’avantages de sensations et d’émotions pourrait être une piste
intéressante.
276
La Film Expérience reprend les 3F d’Holbrook et Hirschman (1982) : Fantasies, feelings
and fun. Ces variables comportementales sont présentes dans la Film Expérience,
avec la fantaisie et la beauté du film, les sentiments grâce à l’immersion et le plaisir
qui en découle. En effet, le spectateur passif a laissé la place à un spect’acteur actif,
créatif et collaboratif. L’expérience co-créée avec le spectateur, paraît donc plus
enrichissante, la dimension temporelle est biaisée: le public risque de ne plus voir le
temps passer, mais surtout la dimension hédonique-sensorielle puisque la vue, le
toucher, et l'ouïe sont sollicités.
L’aspect social apparaît également lors des séances, puisque lors des temps de
réflexion où l’on utilise son smartphone, le dialogue est permis, chose qui n’était pas
possible dans les cinémas standards.
Par le biais d’un système de QR Code ou d’une application mobile, le film interactif
plonge le spectateur dans son histoire en lui soumettant, notamment, une série de
choix pouvant modifier l’issue du film. Le film interactif a été testé au cinéma de
Bordeaux, entre escape game et cinéma, ce dernier a su faire ses preuves dans la
région bordelaise et s’imposer en tant que véritable innovation cinématographique.
277
L’Araignée Rouge, le premier film interactif
Le film a été traduit par un scénariste de cinéma et de jeux vidéo pour que l’on puisse
intégrer le comportement de l’utilisateur, comme un personnage, à la manière des
jeux vidéo, explique Maeva Maurel. Après avoir breveté une technologie de
reconnaissance audio, du même style que Shazam, les scénaristes ont créé plusieurs
films. En fonction des réponses des utilisateurs, une fin sera proposée (celle qui
obtiendra le plus de votes). Ensuite, le smartphone va décoder grâce à la
reconnaissance audio de quelle fin il s’agit et adapter la réponse sur l’application soit
en félicitant l’utilisateur d’avoir trouvé le coupable soit avec un message que la
supposition est fausse. Le film est également visible en entier pour les non-utilisateurs
de l’application.
Un dispositif transmédia
Un film interactif comme vu précédemment est donc transmédia. Il peut être défini
comme un ensemble de contenus répartis sur différents médias, ici l’écran de cinéma
et le téléphone.
Selon Jenkins, la narration transmédia suit 7 principes, à prendre en compte pour créer
un film transmédia entre jeu et cinéma :
278
• La continuité dans l’histoire qui vient enrichir la précédente grâce à un nouvel
élément, dans le but de créer une suite au film ;
• La multiplicité des supports, l’histoire est répartie sur plusieurs médias, ici l’écran
de cinéma et le téléphone ;
• L’immersion, faisant entrer l’utilisateur dans le film, en tant que spect’acteur.
Grâce à des outils digitaux de réalité virtuelle, nous pouvons entre jeu vidéo et
film, donner un rôle au spectateur pour l’impliquer dans le film ;
• La sérialité : c’est à dire reproduire un succès littéraire, artistique ou autres en
film, par adapté à aujourd’hui ;
• Le caractère participatif de la narration laissant parler l’utilisateur. En donnant
la voix au spectateur (sur l’issue du film notamment), nous l’impliquons
davantage.
Maeva Maurel est designer depuis une douzaine d’années. Elle a débuté en tant
que graphiste et a évolué dans le domaine de l’expérience utilisateur : dispositif
transmédia, rapport au digital… Quand il y’a 6 ans, on lui a proposé à la réalisation
d’un film interactif (mentionné dans cet article) : l’Araignée Rouge.
L’équipe a fait plusieurs tests sur les comportements des utilisateurs, avec un
large panel de personnes en les classant par catégories d’âge ; elle s’est rendu
compte qu’il fallait compter quatre secondes entre le passage écran de cinéma
vers celui du smartphone. En effet, l’attention est prise à 80% face à son écran
car le spectateur est en immersion. Le film a donc été adapté en faisant des
plans plus longs, lorsque le consommateur doit utiliser l’application pour qu’il
n’ait pas l’impression de faire un choix entre les deux écrans.
279
Le cinéma est un loisir à repenser, en utilisant des dispositifs transmédia intégrant la
gamification dans les salles, où les spectateurs sont en réelle immersion. Plus
dynamique, le concept est novateur. En effet, la co-création est au cœur du
marketing expérientiel “nouvelle génération”. Nous avons vu à travers cet article ce
qu’est la Film Experience et comment construire un film de ce genre. Il s’agit donc
d’une nouvelle manière d’aborder le cinéma intégrant la phygitalisation.
280
BIBLIOGRAPHIE
JENKINS, H. Convergence Culture, where old and new media collide. New York
University Press (2008)
Pine, J.B, & Gilmore, J.H, The Expérience Economy : Work is Theater and Every Business
a Stage, Harvard Business Review (1999)
281
LE DECOLLAGE DU DIGITAL DANS LES AEROPORTS
"The future airport will be data-centric; airports will migrate to an ecosystem where
data collaboration among stakeholders will be efficient, systems will be interoperable,
and passengers will have greater control over their journey through personalization. »
Frost & Sullivan veut ici dire que le futur de l’aéroport sera concentré sur la gestion des
données et que les aéroports vont migrer vers un écosystème où la collaboration entre
les données et les parties prenantes sera efficace. Les systèmes seront interopérables
(capacité d’un système à fonctionner avec un autre sans restriction d’accès) et les
passagers auront le contrôle total de leur voyage notamment grâce à la
personnalisation. Si l’on résume, plus le temps passe et plus le digital va prendre une
place très importante au sein des aéroports, les voyages ne seront donc plus une
contrainte pour les passagers car ils pourront totalement les contrôler.
282
Les avantages du phygital dans les aéroports
De nos jours, le phygital est un élément presque indispensable dans les aéroports tant
sur le plan de la satisfaction client que sur le bon fonctionnement de l’infrastructure.
Le phygital va en effet permettre de réduire les files d’attente, d’améliorer
l’organisation et la dématérialisation du processus d’enregistrement des passagers
mais aussi d’améliorer la gestion des flux des passagers.
Pour l’aéroport
On retrouve aussi des caméras installées à des endroits stratégiques dans les aéroports
et qui peuvent suivre le visage des passagers. Elles permettent de connaître le temps
que met le voyageur pour passer dans une zone, effectuer les contrôles, mais
également le temps consacré aux boutiques et à la restauration entre autres. Grâce
aux données récoltées, les aéroports sont en mesure d’améliorer l’expérience du
client.
283
Pour le voyageur
« Le but c’est […] rendre le parcours passager le plus fluide possible et surtout
enlever ces zones de stress qui existent quand on prend l’avion. Le fait d’avoir une
application qui nous guide jusqu’au parking sans encombre, ça rassure. Pareil
quand on est dans le terminal et qu’on reçoit des informations utiles sur son
smartphone, ça rassure également. »
Interview 27 : Mr. Laurent Blanchart, Directeur marketing « Digital Business Transformation », Aéroport
Charleroi, Belgique
284
Depuis le parking
« On a déployé […] des caméras ANPR (Automatic Number Plate Recognition) sur
une partie de notre parking avec, à l’intérieur du parking, un affichage dynamique
qui permet d’orienter le passager vers une place disponible, et ça lié à une
application. […] Ça permet vraiment d’avoir une fluidité », souligne Laurent
Blanchart.
Comme nous avons pu le voir auparavant, les contrôles sont aujourd’hui de plus en
plus automatisés grâce aux données biométriques qu’utilisent les aéroports.
NETWORKS ASIA (2018) nous le confirme dans sa revue. Le voyageur ne va donc pas
perdre de temps lors des différents contrôles dans l’aéroports puisque tout se fera
automatiquement grâce à la reconnaissance faciale ou digitale.
Comme exprimé auparavant, des applications sont mises en place par les aéroports.
D’après CMO INNOVATION (2018), l’application mise en place par l’Aéroport
Malaisien permet également aux voyageurs d’effectuer eux-mêmes l’enregistrement
et le dépôt de leurs bagages.
« On a déployé […] des caméras ANPR (Automatic Number Plate Recognition) sur
une partie de notre parking avec, à l’intérieur du parking, un affichage dynamique
qui permet d’orienter le passager vers une place disponible, et ça lié à une
application. […] Ça permet vraiment d’avoir une fluidité. »
Interview 28 : Mr. Xavier Watel, Responsable service clients, Aéroport Paris-Beauvais, France
285
Grâce à la reconnaissance faciale, le client pourra bientôt scanner son passeport
depuis une borne en libre-service ou via l’application mobile de l’aéroport où il se
trouve. Son visage pourra donc être enregistré et capté par un automate à chaque
passage. Ses données biométriques pourront donc l’autoriser ou non à déposer ses
bagages, puis à embarquer59.
Grâce à CMO INNOVATION (2018), nous savons que l’application mise en place par
l’aéroport Malaysien donne aussi accès à un « click and collect’ » grâce auquel les
voyageurs peuvent acheter des produits en ligne pour les récupérer auprès de la
porte d’embarquement prévue pour leur vol.
« Oui, on évolue, mais peut-être pas au rythme auquel il faudrait évoluer. […] C’est
vrai que quand vous êtes dans de très grands aéroports (Etats-Unis)
automatiquement il faut réussir à faire consommer le passager tout en le faisant
attendre », explique Xavier Watel.
Pour conclure, il faut rappeler qu’il est très important d’étudier le comportement client
au sein des aéroports avant de se lancer dans la mise en place d’une innovation
phygitale. Nous en avons l’exemple car, il y a quelques années, un aéroport avait pris
le pari de mettre en place des bornes interactives numériques à disposition des
passagers. Elles ne sont aujourd’hui que très peu utilisées, en effet les voyageurs
préfèrent recevoir des informations et des conseils directement sur leur smartphone.
59 https://www.voyages-d-affaires.com/compagnies-aeriennes-digitalisation-20190509.html
286
Cet exemple nous prouve que la transformation digitale est un réel défi aujourd’hui
en raison des habitudes et des préférences des clients qui évoluent plus rapidement
que la mise en place programmée des technologies.
Il reste tout de même des défis sur lesquels parier comme l’utilisation de robots
intelligents pour récupérer les bagages comme l’une des prochaines étapes de
transformation digitale des aéroports.
287
BIBLIOGRAPHIE
NETWORKS ASIA, 2018. Digital transformation in airports takes off with biometrics and
blockchain. 2p
288
COMMENT L’EVENEMENTIEL A DU SE REINVENTER FACE A LA
CRISE SANITAIRE DE LA COVID-19 ?
60 Ragot Xavier, « La crise de la Covid-19 changera-t-elle notre façon de faire de l’économie ? Analyses
et prévisions économiques par temps de crise », Revue de l'OFCE, 2020/2 (166), p. 5-21.
61 Lazar Marc, Plantin Guillaume, Ragot Xavier, « Introduction », dans : Marc Lazar éd., Le monde
d'aujourd'hui. Les sciences sociales au temps de la Covid. Paris, Presses de Sciences Po, « Hors
collection », 2020.
62 Trainar Philippe, « Les conséquences économiques du Covid-19 », Commentaire, 2020/2 (Numéro 170),
289
Contexte et nouveaux besoins
C’est avec une certaine inquiétude que vivent les professionnels de ce secteur
générant 450.000 emplois directs et indirects, et qui a déjà perdu 80% de son chiffre
d'affaires cette année. Résultat : ce sont des mois d’arrêt quasi total et des entreprises
en grande difficulté. L’activité est en baisse de – 70 % à – 90 %, un chiffre alarmant.
Les pertes de chiffre d’affaires sont estimées à 32 milliards d’euros, début septembre
2020 et le bilan risque de s’alourdir.
Le besoin de renouveau
Les événements virtuels ont l’avantage d’obtenir plus facilement une plus large
audience, car il n’existe pas ou peu de limite de capacité d’accueil ou encore de
complication liée à un déplacement lointain. De ce fait, les personnes n’habitant pas
dans la même région, voire le même pays, peuvent toutefois participer à un même
évènement. Un autre avantage du digital ? Peu de risque d’annulation, surtout dans
le contexte sanitaire actuel !
290
Mais comment mêler physique et digital ?
Aujourd’hui, nombreux sont les exemples qui illustrent le phygital dans le secteur de
l’événementiel. C'est ce qu'explique Julien Maselli, CEO de l'agence Goodnight :
"Nous pouvons par exemple créer des rooms accessibles en réalité virtuelle et dans
lesquelles vous êtes représenté par un avatar (…). Il est possible d'intégrer un logo et
des produits, dans un décor de salle de réunion ou d'un showroom prenant la forme
d'un appartement haussmannien...". Pour ce faire, des casques de réalité virtuelle à
usage unique sont envoyés !
Biarritz Tourisme propose également un nouvel outil innovant pour attirer les
congressistes, qui mêle virtuel et présentiel. En partenariat avec le prestataire biarrot
Ace Event, la ville offre, dans plusieurs de ces salles, une solution d’évènements qui
permet à distance de maintenir le lien avec son public.
Cette offre s’adapte aux congrès, mais aussi aux conférences, séminaires et aux
spectacles. Le principe ? Les intervenants présents sont filmés par des professionnels
de l’audiovisuel qui retransmettent l’évènement à l’auditoire présent mais également
sur une plateforme à un public à distance amené à interagir et participer ainsi
pleinement aux échanges (répondre aux sondages, réagir, poser des questions,
voter… et tout cela en direct !). Ainsi, Biarritz Tourisme permet à de nombreux acteurs
de réaliser des évènements hybrides, combinant présentiel et distanciel.
291
De nombreuses animations participatives sont proposées allant du blind test aux
photobooth. Moon Event propose également la création de véritables show
interactifs sur les plateaux : cours de danse à distance, jeux de rôle, ou encore
humoristes, tout est faisable ! En associant plateau de télévision, plateforme digitale,
animations, show et box gourmandes, Moon Event recrée toutes les activités et les
émotions d’un événement physique classique.
Interview 29 : Mme. Nathalie B., Responsable Communication Externe, EDF Commerce Est
292
Analyser ses résultats : mesurer l’impact de l’évènement et de son succès à distance
293
BIBLIOGRAPHIE
Lazar Marc, Plantin Guillaume, Ragot Xavier, « Introduction », dans : Marc Lazar
éd., Le monde d'aujourd'hui. Les sciences sociales au temps de la Covid. Paris, Presses
de Sciences Po, « Hors collection », 2020.
294
LA PHYGITALISATION DES MUSEES, UNE NOUVELLE FAÇON DE
CONSOMMER L’ART ?
Le thème qui va être abordé dans cette partie du livre blanc concerne la
phygitalisation des musées. Ce thème a été choisi car la phygitalisation de ce milieu
est de plus en plus courante et les moyens mis en œuvre par les établissements sont
notables.
Pour ce sujet, vont être abordés dans un premier temps les musées dits « traditionnels »
et la faible fréquentation de ceux-ci malgré l’aspect mémoire/découverte/loisir qu’ils
peuvent proposer.
Pour donner suite à cela, va être constatée la mutation de notre société qui entraina
par la suite la mutation de l’art en lieux physiques. Le but sera de proposer une
approche qui peut convaincre des personnes plus jeunes de visiter un musée via des
outils qu’ils apprécient. Cela aura pour but de pointer du doigt le rôle central d’un
téléphone dans cette envie de se moderniser de par différents moyens.
La seconde partie permettra de traiter des premiers musées 2.0, proposant ainsi des
aspects classiques répondant aux attentes des amateurs d’art mais aussi leur transition
avec des œuvres et ateliers types pour une clientèle bien précise adepte des
nouvelles technologies. Les thèmes des visites digitales et les applications qui leur sont
liées (comme MA VISITE disponible au Musée d’arts de Nantes par exemple), d'œuvres
numériques et de l'expérience client de manière générale que procurent des
œuvres/lieux « interactifs » seront mis en avant.
295
Les musées traditionnels, une expérience démodée ?
Afin de débuter cette première partie, définir le musée semble primordial. Il existe de
nombreuses définitions mais celle qui a un sens pertinent est celle proposée par
l’ICOM (International Council of Museums):
« Le musée est une institution permanente sans but lucratif, au service de la société et
de son développement, ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et
transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement
à des fins d’étude, d’éducation et de délectation. »
Il s’agit d’une définition évocatrice qui aborde différents éléments et englobe toutes
les fonctions de ce type d’établissements.
A première vue, un musée semble être le lieu idéal pour la culture étant donné son
aspect gratuit, professionnel dans la conception des expositions et également
instructif via le personnel qualifié qui transmet son savoir aux visiteurs. Comme le disent
André Gob et Noémie Drouguet dans leur ouvrage « La muséologie » (2003) :
« Les quatre fonctions définies ci-dessus correspondent aux missions qui sont assignées
au musée par la société ; Le musée comme lieu de loisir et de plaisir, le musée comme
lieu de découverte, le musée comme lieu de mémoire, le musée comme activité
touristique »
Mais alors pourquoi l’intérêt des français pour ce type de structure ne représente
qu’un faible pourcentage de la population nationale avec moins de 10 000 000 de
visiteurs en 2019 selon le CMN (Centre des monuments Nationaux). D’autant plus que
ce bilan pointe des lieux très plébiscités et au contraire des musées avec une faible
fréquentation annuelle. La réponse se trouve tout simplement dans la mutation de
notre société. Il existe beaucoup de rivaux dans le milieu de la culture et en particulier
depuis l’essor des nouvelles technologies. Ce raisonnement peut être consolidé via
une autre source du CMN pointant du doigt une hausse de la fréquentation des sites
internet des musées de 23.08% représentant environ 13 millions de pages vues. Les
musées ont donc tout pour attirer du public et pourtant les chiffres ne semblent pas
suivre en point physique. Mais alors pourquoi la culture offerte à tous semble aussi
difficile à proposer dans ces points physiques ? Est-elle trop vieillissante pour notre
société ? Comment toucher un public plus vaste ? Comment consommer l’art à
l’époque du numérique ?
La première solution pointée du doigt est bien évidemment de proposer une nouvelle
façon de consommer l’art. Pour ceci il semble nécessaire de s’adapter au « customer
centric » et proposer une expérience visiteur qualitative. Pour cela il faut immerger le
visiteur dans un réel univers mis en place. Selon N’Gary et Petr (2012),
296
« Les solutions mobiles favoriseraient une plus grande interactivité entre l’œuvre et le
visiteur [et permettraient de] mieux contextualiser, d’apporter des informations
complémentaires, de dynamiser le parcours, de mettre en lumière des œuvres ou des
points d’intérêt de l’objet culturel ».
Il ne faut donc plus résumer un musée à ses œuvres mais également personnaliser ses
locaux, sa billetterie, son espace d’accueil ou encore l’accompagnement proposé
lors des visites. Avec une charte et un univers propre, les musées sauront sans doute
mieux convaincre les visiteurs passant devant l’établissement. Actuellement les
musées proposent des collections prestigieuses contenant une base de visiteurs fidèles
mais n’exploite pas les atouts du numérique pour séduire le public de demain, les
jeunes et adolescents. Pour convaincre cette clientèle, il serait intéressant de proposer
des œuvres plus adaptées à leur univers via des moyens qui leur sont propres.
Comme nous le savons, cette génération est appelée « Digital Native » et ce n’est pas
pour rien, ils sont nés lors de cet essor numérique et sont ainsi accommodés à la
télévision, aux smartphones et autres réseaux sociaux. Quelle serait donc la solution
idéale ? Une exploitation des réseaux sociaux de la part des lieux culturels serait
fortement recommandée pour apporter une visibilité plus vaste pour ce public. Il en
est de même pour des moyens plus ludiques et interactifs qu’une pancarte ou un
audio-guide par exemple.
Ce concept est très récent et se voit être une réponse à l’essor des nouvelles
technologies abordées précédemment. Divers moyens sont donc possibles pour
agrémenter un lieu via des canaux digitaux via les exemples cités ci-dessus. A ces
quelques exemples il est possible de rajouter ces concepts déjà aperçu dans des
musées et qui justement proposent une réelle différence pour les jeunes visiteurs :
• Les Vidéos : Afin de captiver l’attention rien de mieux que de proposer un film
ou un court métrage en rapport avec l’univers ;
297
• La présence de télévisions / musique pour proposer une atmosphère en rapport
avec l’exposition ;
• Des ateliers ludiques proposant des jeux/dessins/mises en scènes pour les plus
jeunes ;
• Des bornes d’informations digitales qui proposent un catalogue des œuvres
exposées avec photo et descriptif ;
• Les réseaux sociaux, bien évidemment un moyen parfait pour partager des
photos des œuvres et faire connaître certaines pièces au plus grand nombre ;
• Des applications mobiles, permettant un grand nombre de fonctionnalités.
Ce dernier point permet de se pencher sur l’utilisation des smartphones au sein d’un
musée et d'évoquer les diverses fonctionnalités types. Des applications intéressantes
et novatrices permettront d’appuyer son utilisation primordiale dans cette transition
des musées 2.0.
Comme le pointe Imen Ben Nasr dans son ouvrage Quel est le rôle de l’application
mobile dans la valorisation de l’expérience muséale ? (2017) :
Voici donc une liste pertinente des nouveaux concepts que proposent les musées via
la simple utilisation d’un smartphone. En premier lieu les plans interactifs. Ils sont
présents dans de nombreux musées et se placent comme des « essentiels » de la visite
à notre ère. Que ce soit via des tablettes au sein du musée ou en passant par une
application, la visite se fait ainsi plus ludique et permet de fluidifier le parcours de visite
de chacun en plus d’apporter un aspect « chasse au trésor » pour les plus jeunes. En
parlant d’applications mobiles, c’est également un point non négligeable pour
enrichir l’expérience de la visite, de plus les fonctionnalités sont nombreuses :
• QR code à flasher que ce soit dans le musée et parfois même dans la ville si
elle se veut historique ;
• Des œuvres commentées permettant de plonger l’auditeur dans le contexte
de l’œuvre et avoir des explications plus poussées. Ce point peut également
servir de fil rouge avec un storytelling s’étalant sur tout le musée ;
• La réalité augmentée, encore peu répandue mais exploitée en priorité dans
des lieux historiques pour proposer une visite d’antan d’un site parfois en ruine.
Il est également possible de s’axer sur le créneau du storytelling pour captiver
le visiteur.
298
Avec ceci, le projet PHYGI’TALES datant de 2019 proposant une vision de la « 5ème de
couverture » d’un support et lui donnant vie. Cela peut être un livre, une carte postale
ou encore un tableau pour le cas présent, le projet ne semble être qu’à un stade de
développement et n’est compatible qu’avec peu de supports mais imaginez-vous
pouvoir scanner la Joconde pour l’entendre vous raconter des anecdotes sur sa
création, incroyable n’est-ce pas ? Pour ceci il suffit de disposer d’un smartphone, de
l’application PHYGI’TALES et ensuite scanner l’œuvre désirée. Rien de plus simple et
de plus ludique pour un enfant réticent.
Autant dire qu’avec cette application le visiteur est bien encadré et passe un
agréable moment. Un concept qui, nous l’espérons, verra le jour dans le plus
d’établissements possibles.
299
BIBLIOGRAPHIE :
HALLEM Y, NASR I et LAGIER J (2017) Quel est le rôle de l’application mobile dans la
valorisation de l’expérience muséale?, Management & Avenir 2017/2 (N° 92),87-108
WEBOGRAPHIE :
300
LE DIGITAL AU SERVICE DES GARES
Depuis longtemps, les gares de France possédaient une réputation de lieux froids,
emplis de courants d’air, très peu entretenus et abritant de nombreux pigeons. Or, ces
bâtiments, pour la plupart mythiques et enregistrés au Patrimoine National et Culturel
regorgent désormais de modernité à travers leurs boutiques et les services proposés
en gare.
Les gares deviennent de véritables lieux d’expérience et ne sont plus seulement des
lieux d’attente. D’autant plus que certaines d’entre elles ont déjà opté pour le digital
en gare dans le but de favoriser l’expérience et harmoniser le parcours client.
La célèbre expression “on n’est jamais mieux servi que par soi-même” prend tout son
sens dans cette nouvelle génération de clients self care. Ce nouveau comportement
est arrivé notamment grâce à la Big Data qui a permis à tous les consommateurs
d’accéder à n’importe quel contenu à tout moment. Révolu est le temps où les clients
étaient servis par des commerçants et où ils confiaient leurs achats à d’une tierce
personne. Aujourd’hui, l’autonomie est un ingrédient principal de la recette de leur
satisfaction. En effet, le self care, traduit littéralement par “faire soi-même” permet à
chacun de résoudre et trouver des réponses à des problématiques qu’il a lui-même
soulevées. Cette notion consiste à donner “la possibilité d’effectuer tout ou partie des
actions de gestion de son compte” dit Thibault de Clisson, CEO de Knowesia.
D’ailleurs, selon une étude de Forrester de 2017, on apprend que 72% des
consommateurs préfèrent trouver la réponse à leur question sans passer par un service
client. Cette étape jugée trop fastidieuse est une perte de temps et d’énergie pour
des choses qui peuvent être faites par soi-même. De ce fait, si chaque client est en
capacité à participer activement à son parcours d’achat et à maîtriser les processus
de la gestion de son compte, il sera plus propice à être fidèle à cette marque. En
devenant acteur de son achat et de son parcours, le client se sent concerné et
prendra part à l’entièreté de sa satisfaction en voulant la rendre optimale.
301
Les conséquences de l’autonomisation des clients ne sont que vertueuses car elle
intègre directement le client dans son parcours et lui permet de monter en
compétences dans sa propre démarche d’achat.
La mobiquité est un terme équivalent à ATAWADAC63 défini par Xavier Dalloz, analyste
expert en stratégie digitale et correspondant du CES (Consumer Electronics Shows) en
2002. Ce mot est né de la fusion de “mobilité64” et “ubiquité65”.
Dès lors qu’une entreprise maîtrise son processus et sa stratégie digitale, elle possède
une valeur ajoutée notoire sur son marché auprès de ses clients.
“Le phygital commerce est un point de vente physique qui intègre les données et
méthodes du monde digital dans l'optique de développer son chiffre d'affaires67”
63 ATAWADAC : Any Time, Any Where, Any Device, Any Content (tradl : tout le temps, partout, tout
support, tout contenu).
64 Nom féminin (latin : mobilitas), propriété, caractère de ce qui est susceptible de mouvement
65 Nom féminin (latin : ubique), fait d’être présent partout à la fois ou en plusieurs lieux en même temps
66 Journal of Economics, Business and Management, Vol. 5, No. 3, March 2017
67 Glossaire emarketing
302
Alors, les consommateurs ATAWADAC ont bien fait comprendre à toutes les enseignes
qu’il était nécessaire de suivre cette tendance pour pouvoir capter leur attention et
les satisfaire en les rendant responsables et en leur offrant un service toujours plus
personnalisé et innovant.
Les gares de France ont d’ailleurs succombé à cette tentation de l’alliance du digital
et du physique. Depuis quelques années, elles l’utilisent pour redonner un coup de
modernité et d’innovation au sein de leurs murs.
Les gares de France sont des lieux qui traversent le temps depuis des dizaines
d’années. Cependant, las de traîner cette image vieillissante sur ses rails, la SNCF a
décidé de rendre son image plus moderne et plus actuelle en passant par de
nombreuses restructurations de leur stratégie marketing.
Les années 2019 et 2020 ont été des années phares en ce qui concerne la
digitalisation des gares, notamment dans les boutiques SNCF. En effet, les plus grandes
gares de France (Strasbourg, Paris toutes gares, Lyon, Marseille etc.) et les gares
secondaires (Metz, Nancy, La Rochelle etc.) ont été pourvues de pôles de LSA68. Ces
tablettes interactives disposées dans les boutiques SNCF sont des outils en libre accès
qui permettent aux clients de préparer leur voyage comme ils pourraient le faire à
partir de leur laptop ou de leur smartphone.
303
L’expérience phygitale va encore plus loin à bord des TGV Inoui. Il est possible pour
les clients de commander directement leur repas sur l’application via leur numéro de
réservation et le barista sert directement le client à sa place. Comme évoqué
précédemment, le customer empowerment est à son comble avec ce service de
livraison à bord. Le parcours du client est totalement maîtrisé par le client grâce à ses
outils digitaux. Le smartphone est devenu en quelques sortes le nouvel outil de
consommation.
En 2005, Lafley Chairman, le PDG de Procter & Gamble introduit dans la logique des
marketeurs ce qu’on appelle les MOT qui sont les “moments clefs qui, dans les
interactions entre un client et une entreprise, vont avoir une forte influence en positif
ou en négatif sur leur perception de la marque”.
En ayant le sentiment que chaque contact entre le client et l’entreprise est porteur
d’une image positive ou négative, la SNCF met un point d’honneur sur les formations
en NRC70 axée customer centric auprès des agents SNCF. Le digital est également un
point sur lequel les agents de service doivent être formés afin qu’ils soient aptes
d’apporter des solutions et donner des conseils digitaux dans le but de rendre
autonome le client.
En adaptant ses espaces de vente pour y inclure une partie digitale, la SNCF ne fait
pas que moderniser son image. Elle participe également à une amélioration de son
service.
304
D’un point de vue rationnel, les tablettes de
LSA sont beaucoup plus compactes que les
guichets et les bornes libres services blanches
utilisées jusqu’alors en gare. L’avantage de
ces tablettes réside dans le fait qu’elles sont
plus maniables : un poste de quatre tablettes
augmente de manière accrue le rendement
au mètre carré. Le fait de disposer plusieurs
supports augmente également le nombre de
clients servis à la minute et, indéniablement,
diminue le temps d’attente en gare.
305
BIBLIOGRAPHIE
ALI ACAR O., PUNTONI S. (2016) Customer Empowerment in the Digital Age, Journal of
Advertising Research, 56 (1), 4-8
PAQUIER M.C., DEPARIS M., EL EUCH MAALEJ M. (2020), L’expérience vécue en gare
par les voyageurs mobiquitaires : caractéristiques et dimensions
MORAVCIKOVA D., KLIETSIKOVA J., Brand Building With Using Phygital Marketing
Communication, Journal of Economics, Business and Management, Vol. 5, No. 3,
March 2017
306
TOURISME ET GAMIFICATION : VOYAGER A L’ERE DU DIGITAL
EN DEPIT DE LA COVID
Pour pallier cette perte drastique, certains acteurs du secteur ont choisi de saisir le
tournant du numérique en ayant recours à la Gamification, comme outil, afin de
contourner les contraintes liées à la crise sanitaire, tout en saisissant les enjeux actuels
du secteur du tourisme liés à la redéfinition du concept de valeur perçue de
l’expérience client (Maghraoui et Zouaoui, 2019).
307
La Gamification, une notion frontière à explorer dans le tourisme
digital
La Gamification (ou en français ludification) est un processus qui consiste à utiliser les
mécanismes du jeu dans d'autres domaines.
L’INSEE définit le tourisme par « les activités déployées par les personnes au cours de
leurs voyages et séjours dans des lieux situés en dehors de leur environnement habituel
pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs,
pour affaires et autres motifs non liés à l'exercice d'une activité rémunérée dans le lieu
visité ».
L’arrêt contraint du tourisme (dans bon nombre de pays) début 2020, a laissé le
champ libre à des initiatives nouvelles, qui en plus d’avoir bénéficié d’une forte
visibilité, ont su susciter beaucoup d’engouement de la part des populations
confinées par la crise sanitaire.
Ainsi, lors du 1er confinement on pouvait à partir d’un smartphone, d’une tablette ou
d’un ordinateur dialoguer avec un habitant des iles Féroé afin de le guider à pied, en
bateau ou en hélicoptère dans l’exploration des montagnes du site via l’interface
Remote Tourism.
Il était et il est toujours possible d’explorer le château de Versailles via l’Oculus Rift
(casque de réalité virtuelle totalement immersif). Grâce au jeu Vivez Versailles
disponible sur la plateforme Steam, l’utilisateur a le choix entre visiter le château dans
le passé où il pourra, par exemple, rencontrer les membres de la cour ou revivre des
moments historiques comme le bal masqué de Louis XV !
308
Dans le même genre, la bibliothèque nationale de France a développé Fantasy, un
jeu interactif d’environ 40 minutes, où l’utilisateur doit sauver le royaume d’Istyald. Par
le biais de cette quête, l’utilisateur explore les sources mythiques et historiques de ce
genre littéraire présentes à la BNF. Bien que la BNF n’ait pas attendu le confinement
pour la sortie de son jeu interactif, ce dernier lui aura tout de même permis une
meilleure visibilité.
Avant la crise sanitaire les jeux-vidéos souffraient d’une image négative souvent
utilisée par les médias et les politiciens comme la cause de nombreux maux
sociétaux. Mais pendant le 1er confinement la société a pu constater certains
bénéfices des jeux-vidéos (leur pouvoir de socialisation notamment), leur
permettant alors de bénéficier d’une réévaluation de leur perception.
Ce qui était déjà vrai, depuis les années 1990, à travers les nombreux mondes
virtuels existants (comme « Club Penguin », « Panfu », « Blablaland », et bien
d’autres), n’a fait que se confirmer pendant la crise sanitaire. Ainsi les jeux vidéo
ont pu redorer leur image en s’imposant au plus grand nombre comme un lieu
fédérateur d’échange et de partage permettant de créer mais également de
garder du lien social.
Cette nouvelle perception des jeux vidéo a en partie été formalisé par
l’Organisation mondiale de la Santé : Ainsi l’OMS, qui en 2018 reconnaissait la
dépendance au jeu vidéo comme une maladie, s'est associée à 18 acteurs du
monde du jeu vidéo pendant le 1er confinement afin de lancer la campagne
« Play Apart Together » (jouez ensemble, mais à distance) qui visait à entretenir les
liens sociaux tout en respectant les contraintes sanitaires grâce aux jeux vidéo en
ligne !
Interview 31 : Mr. A. Anstett, étudiant Master II Audiovisuel Médias Interactifs Numériques et Jeux,
parcours conception de dispositifs ludiques
309
La crise sanitaire a, sans aucun doute, participé de façon importante à la
recrudescence d’un nouveau type d’initiatives usant de la Gamification, leur
conférant de surcroît une visibilité nouvelle. Ce phénomène nous amène ainsi à
imaginer l’éventuelle démocratisation prochaine d’une nouvelle forme de tourisme
permettant à l’utilisateur de pratiquer des activités touristiques, tout en restant
physiquement, au sein de son environnement habituel.
Plusieurs travaux ont démontré l’impact fort de la Gamification sur les apprenants.
Agissant de façon positive sur l’apprentissage grâce au concept de flow – « état de
bonheur subjectif dans lequel l’individu se trouve particulièrement motivé, concentré,
voire absorbé par une activité. Le « flow » suppose une motivation intrinsèque élevée
où l’individu mobilise l’ensemble de ses facultés pour accomplir l’objet de sa
motivation » (Ndao, Gilibert et Dinet, 2018) - et au sentiment d’immersion qu’il génère,
la Gamification permet aux apprenants de développer plus aisément leurs
compétences. De plus, l’environnement ludique induit par la Gamification engendre,
lui-même, motivation et plaisir chez l’utilisateur.
310
Ces caractéristiques intrinsèques de la Gamification participent activement au
concept « learning by doing » (apprendre en faisant), transformant notre touriste,
autrefois visiteur d’une réalité, en acteur de sa propre réalité, lui, permettant dès lors
d’établir des liens cognitifs entre les savoirs en cours d’acquisition et ceux
préalablement intégrés (Ndao, Gilibert et Dinet, 2017).
« C’est naturel que tous les secteurs voient un intérêt à se lancer dans les jeux vidéo
ou dans la Gamification, car les jeux vidéo sont aujourd’hui omniprésents dans la
société, et de plus en plus de personnes les utilisent. L’intérêt pour une entreprise est
que cela montre qu’elle est innovante, ouverte à l’évolution de la société ou
connectée aux tendances, et ça leur permet également de toucher un public plus
large », explique A. Anstett.
Il faut également prendre en compte le lien étroit qui unit la notion d’expérience client
à la notion de satisfaction (notion clef dans les politiques marketing actuelles). La
satisfaction est l’un des facteurs constitutifs du processus de fidélisation, processus qui
est, lui-même, un objectif pour bon nombre d’entreprises, car levier d’accroissement
du chiffre d’affaires et de la rentabilité. De ce fait, nombreuses sont les entreprises
désirant utiliser la Gamification comme tremplin. Néanmoins, pour user de ce tremplin
de la façon la plus efficace possible, il est nécessaire d’accompagner la Gamification
d’autres actions différenciantes.
Ainsi, accompagner cette première étape entièrement digitale (dans nos exemples)
du parcours client d’une seconde étape phygitale pourrait être une piste intéressante
à explorer. Le phygital s’inscrivant aisément dans la continuité de la dynamique
instaurée au sein du 1er point de contact, il participerait de ce fait à conserver l’attrait
suscité antérieurement. L’essentiel étant de ne pas marginaliser ce point de contact
innovant du reste du parcours client.
Ainsi la Gamification, si elle est utilisée à bon escient, par ses mécanismes attractifs et
motivants, peut permettre aux acteurs du tourisme de conquérir de nouveaux publics
tout en modernisant leur image auprès de leurs clients actuels.
311
La Gamification, c’est donc l’occasion pour les lieux touristiques de transformer la
valeur perçue par leurs clients et leurs prospects en augmentant leur expérience
vécue.
Comme dit précédemment, la Gamification peut s’avérer être un réel tremplin pour
les professionnels du tourisme. Néanmoins, pour pouvoir jouir des effets positifs de la
Gamification, la nécessité d’un consensus entre le secteur des jeux-vidéos et le
secteur du tourisme est incontournable.
312
BIBLIOGRAPHIE
BAUDET, C., TERMINE, F., & PLUMEZ, J. (2015). Co-design multidisciplinaire : un cas de
ludification touristique selon une approche de Design Science. 3ème journée de
recherche AIM - Serious Games et Co-design : Faites vos jeux !, Association Information
et Management (AIM)
BAYNAST, A. D., LENDREVIE, J., & Lévy, J. (2017). Mercator - 12e éd. (Marketing master,
1) (French Edition). Paris, France : DUNOD
NDAO, M., GILIBERT, D. & DINET, J. (2017). Les variables psychologiques médiatisées
par le serious game dans l’insertion et la formation. Revue internationale de
psychosociologie et de gestion des comportements organisationnels, vol. xxiii(55), 277-
296.
313
CONCLUSION
LE PHYGITAL, CLE DE RESILIENCE DU COMMERCE FACE A LA
CRISE ?
314
Comme Badot et Fournel l’affirment (2020), « les initiatives offrant une fluidification des
parcours d’achat et la minimisation des efforts des acheteurs pourraient largement se
développer ». Dès lors, nous pourrions assister à une recrudescence du « sans
contact » et du « sans effort » ; les dispositifs phygitaux y auraient alors toute leur place.
D’autres outils digitaux déployés s’inscrivent dans une stratégie phygitale plus
expérientielle construite autour du plaisir du client, obtenu grâce au divertissement, à
la théâtralisation ou à la personnalisation de son parcours. Là encore, Badot et Fournel
(2020) font l’hypothèse d’un besoin de réenchantement de la part du consommateur
après cette période difficile. Les outils phygitaux seront alors particulièrement précieux
pour combler ce besoin hédonique lié à l’expérience d’achat, de spectacle ou de
tourisme.
Pour autant, si le recours à ces nouveaux dispositifs phygitaux s’intensifie, cela doit
néanmoins nous conduire à nous interroger quant à leur pertinence et leur pérennité :
Déployer des outils technologiques dans un magasin, une enceinte sportive ou un
aéroport, ne génère pas systématiquement des retombées positives auprès des
clients. La condition prioritaire réside dans la valeur perçue de ces technologies : Il ne
s’agit pas d’adopter du digital pour le digital et de faire du point de vente « un simple
miroir de la boutique en ligne » (Bezès, 2019, p.109), mais d’apporter au client une
valeur ajoutée réelle, que ce soit sur un plan fonctionnel ou sur un plan plus
expérientiel.
315
o La formation des clients et des personnels à l’utilisation de ces
technologies. Celle-ci dépendra notamment de l’utilité perçue de
l’innovation tout comme de sa facilité d’utilisation perçue (p.274) ;
o La sécurité de ces technologies : la mise en place de dispositifs digitaux
en magasin va nécessairement générer des flux de data que les retailers
vont devoir sécuriser au plan légal sous la contrainte du RGPD, mais aussi
au plan commercial pour ne pas perdre la confiance des clients ;
o La création de contenu : « le déploiement de technologie de smart
signage et d’animation intelligente du point de vente augmente
drastiquement le besoin en contenu. Ces éléments sont en effet très
gourmands en photos, vidéos, sons et toutes les entreprises n’ont pas les
ressources en interne pour renouveler le contenu nécessaire » (p.275) ;
o La maintenance des systèmes : la pérennisation de ces systèmes
électroniques passe par leur maintenance dont le coût peut être lourd ;
o La récolte des données : la transformation phygitale va générer des
datas qu’il faudra collecter et protéger en conformité avec la
contrainte du RGPD.
316
Quoiqu’il en soit, la question de l’impact du digital sur la relation client et
particulièrement sur la proximité qu’il perçoit de son commerçant, reste largement à
investiguer. Ainsi, le phygital, par sa nature combinatoire entre physique et digital,
brouille les limites entre monde réel et monde virtuel. Comme l’évoquent Deparis &
Voropanova (2018), le rapport à l’espace et au temps du consommateur connecté
en mobilité se transforme. Cette perception, nécessairement impactée par le
phygital, reste à explorer.
317
BIBLIOGRAPHIE
BEZES C. (2019), Quel smart retailing en magasin pour quelle expérience omnicanal
vécue ?, Recherche et Applications en Marketing 34, n°1, pp 95-118
318