Les Ravageurs de Bananier
Les Ravageurs de Bananier
Les Ravageurs de Bananier
(Cosmopolites sordidus)
Le charançon noir du bananier est plupart des pays producteurs de
un insecte de l'ordre des coléop- bananes et de bananes plantains.
tères1. C'est un ravageur majeur
des cultures de bananes desserts
Ce Bulletin de Santé du Végé- et plantains. Le sous-groupe
tale répertorie les bioa- Cavendish est particulièrement
gresseurs qui ont été observés sensible aux charançons. Les
sur les bananiers au cours des adultes volent rarement et seul un
mois de Juin, Juillet et Août faible pourcentage d'individus se
2015. Les suivis ont été réalisés déplace jusqu'à 25 m tous les six
dans 5 parcelles à Cacao, Ma- Charançon du bananier adulte
mois. Originaire d'Asie du Sud-Est, (Cosmopolites sordidus) (CA-973)
couria, Saint-Laurent-du- ce ravageur est présent dans la
Maroni et Régina. Toutes les
1
Coléoptère : ordre d'insecte portant deux paires d'ailes dont deux élytres : étui recouvrant les
parcelles suivies étaient en ailes postérieures de l'insecte. Les coléoptères sont des insectes à métamorphose complète :
agriculture conventionnelle. qui comportent plusieurs stades larvaires. Leur corps formé de plaques de chitine (appelé
sclérite) assemblée entre elles leur donne un aspect à la fois robuste et souple.
Cycle et description du ravageur
Rostre
Cycle complet =
5 à 7 semaines
en conditions
tropicales,
de l’œuf
à l'adulte
1 2
Dissémination du ravageur
Les charançons adultes sont assez peu mobiles mais la migration des insectes peut cependant contaminer les
parcelles voisines. La contamination des cultures de bananiers se fait principalement par l’intermédiaire des
plants infestés et par la population présente dans les déchets du précédent cultural : pseudo-troncs de ba-
naniers laissés au sol. A l'échelle de la parcelle, les populations de charançons sont réparties en agrégats.
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Méthodes de lutte
Les méthodes prophylactiques consistent à in-
specter les plants que l'on souhaite trans-
planter sur une nouvelle parcelle afin de
vérifier que ceux-ci sont indemnes. Les rejets
contaminés peuvent être soit parés1 afin de
retirer les larves et les œufs de charançons
soit être éliminés.
Dans les nouvelles plantations, les populations
de charançon sont absentes ou relativement
faibles. Des expérimentations menées aux
Caraïbes montrent que les pertes de produc-
tions peuvent passer de 5 % chez les pieds
mère à plus de 40 % chez les rejets de
troisième cycle. La réalisation de rotations est
efficace pour éviter les pullulations de cha-
rançons dans certaines zones.
Des pièges avec phéromones d’agrégation2 (la
sordidine) peuvent être disposés dans les par-
celles de bananiers pour faire de la surveil-
lance (Photo ci-contre). Le seuil de nuisibilité
est estimé à 7 charançons piégés par semaine
pendant 4 semaines consécutives. Les capsules Piégeage du charançon
de phéromones doivent généralement être du bananier à Cacao
changées tous les mois. Ces capsules de (CA-973)
phéromones et les pièges sont disponibles
auprès du fournisseur Biosystèmes. Pour plus d'informations sur le piégeage du charançon du bananiers,
consultez le lien : http://cultures-tropicales.ecophytopic.fr/node/2850
Observations en Guyane
Pour le moment, des pièges des phéromones ont été installés sur deux parcelles à Cacao et Régina.
Dans les semaines qui viennent, il est prévu de disposer d'autres pièges à Saint-Laurent-du-Maroni,
Macouria, Montsinéry, Kourou, Javouhey et Iracoubo. Un charançon adulte a été repéré à Régina lors
de la pose du piège à phéromone. La répartition des pièges sur la région permettra d'avoir une idée
plus précise de l'évolution de ce ravageur en Guyane.
1
Le parage est une technique qui consiste à supprimer les racines et les parties nécrosées du bulbe du rejet que l'on souhaite sélectionner.
2
Les phéromones d’agrégation permettent d'attirer les mâles et femelles d'une même espèce. Il s'agit de molécules chimiques produites par
les insectes leur permettant de communiquer pour faciliter la recherche de nourriture
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LES CERCOSPORIOSES DU BANANIER
(Mycosphaerella musicola et M. fijensis)
La cercosporiose noire ou maladie des raies noires du bananier est provoquée par le champignon Mycosphaerella
fijiensis. La cercosporiose jaune ou maladie de Sigatoka est provoquée par le champignon Mycosphaerella musicola.
Les bananiers cultivés pour la banane dessert (bacove) sont sensibles aux deux maladies. Les bananiers plantains
sont sensibles à la cercosporiose noire mais ils sont largement tolérants à la cercosporiose jaune. En climat
tropical la cercosporiose noire prend généralement le dessus sur la cercosporiose jaune.
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Cycle de la maladie
La première source de contamination d'un bananier sain provient d'un autre bananier atteint par la maladie.
Les spores1 de Mycosphaerella sp. permettent par l'intermédiaire du vent et de la pluie la dissémination de
la maladie à courte distance – d'un plant à l'autre – et à longue distance – d'une parcelle à l'autre. Pour germer
1 à la surface foliaire, les conidies et ascospores ont besoin d'eau. Le champignon se développe ensuite à
l’intérieur et à la surface des feuilles provoquant des nécroses. L'optimum de température pour le
développement de Mycosphaerella fijiensis est de 27 °C.
Reproduction
asexuée du
champignon
Dispersion à courte
Production de conidies à la distance par le vent et
surface foliaire (cellules l'eau des spores de
microscopiques) champignon
(conidies)
Reproduction
sexuée du Ascospores
champignon
Dispersion à courte et
longue distance des
ascopores par les
courants aériens
Nécroses foliaires
étendues
Production d'ascospores à
la surface foliaire
Ascospores Conidie
1 cm
Les ascospores et
Lésions foliaires en
les conidies germent
Plant de bananier forme de tirets Plant de bananier
et pénètrent la feuille
fortement infecté par via les stomates sain
la cercosporiose
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Méthodes de lutte
Les méthodes préventives consistent à limiter l'irrigation par aspersion qui peut favoriser la dissémination
et le taux de germination des spores de Mycosphaerella sp. Comme le développement de cette maladie est
favorisé par les hygrométries élevées, on veillera également à implanter la bananeraie sur un terrain bien
drainé avec une densité de plantation optimale (entre 1650 et 1850 pieds /ha sont conseillés aux Antilles).
D'autre part, la fertilisation devra être raisonnée à l'échelle de la parcelle pour avoir des bananiers en bonne
santé et plus résistants à la maladie. Une bonne fertilisation permet notamment une émission de nouvelles
feuilles plus rapide que la progression de la maladie.
Les parcelles mises en jachère seront rapidement débarrassées de tous résidus pour ne pas créer de foyer
d'infestation de la maladie.
La lutte génétique : le sous-groupe Cavendish est très sensible à la cercosporiose. Des tests menés par le
CIRAD sont actuellement en cours pour introduire et multiplier in-vitro des variétés de bananes dessert
tolérantes aux cercosporioses. Ces variétés seront bientôt disponibles à la vente en Guyane sous forme de
plants certifiés.
Des fongicides sont homologués pour cette maladie : consulter le site e-phy du ministère de l'agriculture, de
l'agroalimentaire et de la forêt : http://e-phy.agriculture.gouv.fr/. Pensez à respecter les conditions d'emploi
des produits phytosanitaires. L'utilisation répétée d'un même fongicide peut conduire à l'apparition de
résistances, rendant son emploi inefficace.
Observations en Guyane
Les parcelles visitées dans le cadre de la surveillance biologique du territoire sont toutes atteintes
par la cercosporiose, à des degrés divers. Un partenariat avec le RITA Guyane permettra prochaine-
ment d'avoir un suivi régulier et précis de la cercosporiose du bananier avec 5 parcelles réparties sur
la Guyane.
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Risque phytosanitaire
Alerte organisme nuisible : La maladie de Moko
La maladie de Moko
La maladie de Moko du bananier est causée par la bactérie Ralstonia
solanacearum race 2. Cette souche spécifique de R. solanacearum
s'attaque principalement à la famille botanique des
Musaceae (incluant les bananes et plantains) mais peut aussi avoir
des hôtes alternatifs tels que le taro, les heliconias ornementaux (Bec
de perroquet) et les goyaviers.
Observations en Guyane
Les symptômes au niveau du feuillage sont sou-
vent confondus avec la fusariose du bananier (ou
maladie de Panama) causée par Fusarium oxys-
porum. Sur les pieds jeunes et vigoureux, les je-
unes feuilles se décolorent, jaunissent et finissent
par chuter.
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Au niveau du pseudo-tronc, une coupe permet d'observer
une coloration brune des cellules.
La hampe florale peut noircir complètement et la présence
d’un abondant exsudat bactérien sur la fleur est un argu-
ment supplémentaire pour le diagnostic de la maladie.
Noircissement de l'inflorescence
(DAAF-SALIM)
D'un pays à l'autre, la maladie peut être disséminée via le matériel de plantation infecté et les fruits du ba-
nanier. Toute partie de bananier est susceptible d'être porteuse et donc vectrice de la bactérie. Au niveau
des bananeraies, la maladie peut se transmettre d'un plant à l'autre par l'intermédiaire des outils de taille,
via les contacts racinaires et, sur des distances moyennes (de l'ordre de 90 km) par le biais d'insectes volants.
La terre et l'eau contaminées peuvent également propager cette maladie.
Méthodes de lutte
La première méthode prophylactique consiste à ne pas importer de plants de bananiers provenant de pays
ou la maladie est implantée. L'importation de tels plants est interdite.
En cas de suspicion sur votre parcelle contacter la DAAF de Guyane (contacts disponibles en fin de bulletin).
Pour lutter contre la propagation de la maladie, les pieds atteints pourront être détruits avec création d'une
zone tampon sans culture de bananiers dans un périmètre de 5 à 20 m. D'après la littérature, la bactérie
responsable de la maladie de Moko peut survivre pendant plus de 18 mois dans le sol. Il est donc conseillé
de respecter une période de deux ans avant de replanter des bananiers sur les parcelles infectées. Entre
chaque parcelle, les outils, bottes, chaussures seront désinfectés.
De manière générale, on évitera de transplanter des rejets de bananiers d'une parcelle à l'autre : cette
mesure permettra également de limiter la propagation de nématodes et de charançons.