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Mannuel Semmences

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2020

LE GUIDE DU SEMENCIER DE
CHAMPIGNONS (VAR PLEUROTES)

Par André Mukam


Ingénieur Agronome,
spécialiste en Vulgarisation
Agricole
01/09/2020
I. Le minimum de matériel nécessaire
Voici le minimum de matériel dont j'ai eu besoin afin de réaliser mes premiers essais de culture.
L'utilisation d'autres techniques de culture peut demander d'autres ustensiles. Il est possible de
gagner en confort et d'obtenir de meilleures conditions d'asepsie en utilisant une hotte à flux
laminaire ou une glove box. Mais pour débuter, voici le matériel de base:

Une cocotte minute vous servira à stériliser vos substrats. Veillez à bien consulter et respecter
le mode d'emploi de votre cocotte minute avant de l'utiliser.

Une gazinière ou un bec bunzen: une petite zone stérile (environ 10cm de diamètre)
appelée "cône de stérilité" sera créée autour de la flamme et vous permettra d'effectuer
vos manipulations dans de bonnes conditions d'asepsie. Soyez toujours attentif et
prudent lorsque vous effectuez des manipulations et veillez à ne jamais utiliser d'alcool
ou de gants à proximité d'une flamme.
– Du petit matériel de laboratoire: gants, masque, scalpel, gel hydroalcoolique, alcool
à 70°, eau de javel, seringue et aiguille: ce matériel vous aidera à travailler dans de
bonnes conditions d'asepsie.

Box à inoculation ou Glove Box


– Des céréales bio (le seigle est la céréale la plus utilisée pour la culture de champignons)
Toutefois il est possible d’utiliser d’autres céréales tel que le Mais, le Mil, le Sorgho
et le blé. des pots confitures et du polyfil ou ouate filtrante: Les céréales vous
serviront à propager votre mycélium produit sur gélose nutritive afin d'inoculer un
substrat de fructification. Il est important que les céréales utilisées soient bio, car si elles
sont traitées avec un fongicide, le mycélium ne pourra pas se développer.

Cependant d’après mon expérience, je recommande d’utiliser principalement comme


céréales, le maïs ou le mil rouge qui sont très disponibles sur notre marché local et qui
produisent moins de contaminations. L’inconvénient du sorgho est lié à la petitesse de
ces graines, donc lorsqu’on le traite il y’a souvent accumulation d’eau.

Selon les espèces, une multitude de substrats de fructification peuvent être utilisés par
les champignons (paille, copeaux de bois ou sciure de bois, papier, carton, marc de
café, ect.). Vous aurez besoin de sacs en plastique (type congélation) pour contenir vos
substrats, ainsi qu'un vaporisateur pour maintenir une humidité satisfaisante. Attention
cependant si vous utilisez des copeaux de bois ou de la sciure, la plupart des
champignons n'aiment pas le bois de résineux (veillez à trouver du bois de feuillu).

L’une des principales menaces de la production du mycélium c’est les contaminations par
d’autres moisissures et la plus redoutable c’est la moisissure verte.

1) D'où peuvent venir les contaminations?

• Vous
Le corps humain abrite de nombreuse bactéries, levures et virus. C’est pourquoi vous devez
vous laver les mains avec du gel hydroalcoolique et utiliser si possible des gants et un masque.
• L'air
L’air ambiant est rempli de contaminants, et à chaque mouvement ou respiration, la masse d’air
déplacée créée un risque pour votre culture! Evitez de tousser ou d'expirer en direction de votre
matériel lorsque vous effectuez une manipulation.

• Le substrat
La contamination est souvent due à une mauvaise stérilisation du substrat. Les durées de
stérilisation sont différentes selon les matériaux utilisés.

• Le matériel
Tout ce que vous allez toucher durant la manipulation doit être soigneusement désinfecté à l'eau
de javel, à l’alcool 70° ou stérilisé à la flamme (pour les objets en métal comme les scalpels ou
les aiguilles des seringues).

• L'inoculum
L’inoculum utilisé pour inoculer le substrat (que ce soit une culture liquide de mycélium, une
seringue de spores ou un morceau de tissu) peut être une source de contamination s'il n’a pas
était soigneusement préparé.

• Les contaminants mobiles


Toute les petites bêtes comme les mouches, les mites, les fourmis et autres insectes
éventuellement présents peuvent être un vecteur potentiel de contamination.
2) Comment maintenir des conditions d'asepsie correctes?

Voici 7 conseils qui vous aideront à éviter les contaminations:

• Désinfectez le plan de travail


Avant toutes manipulations commencez par vaporiser de l'eau de javel (diluée à 10%)
ou de l'alcool à 70° sur votre plan de travail. (attention n'utilisez pas d'alcool si vous
utilisez une gazinière ou un bec bunsen!)

• Enlevez vos bijoux


Pensez à retirer vos bagues, montres et bracelets qui peuvent être des sources de
contaminations.

• Lavez-vous les mains


Utilisez un gel hydroalcoolique ou de l'alcool à 70° pour vous laver les mains et les
poignets avant de manipuler le matériel ou utilisez des gants (aussi nettoyés à l'alcool)

• Evitez les courants d'air


Fermez les fenêtres et essayez, lors de vos manipulations, de faire des gestes brefs et
précis afin de limiter au maximum le mouvement d'éventuels contaminants en
suspension dans l'air.
• Attention à votre respiration
Respirez doucement et n'expirez pas en direction du matériel, ou mieux utilisez un
masque.

• Restez dans le cône de stérilité


La flamme d'un bec bunzen créée théoriquement un "cône de stérilité" de 10cm autour
d'elle. Ce cône est de 5cm pour une lampe à alcool. Vous devrez effectuer vos
manipulations le plus près possible de la flamme (sans vous bruler). Vous pouvez
utiliser plusieurs lampes à alcool pour augmenter cette zone stérile.

• Humidifiez l'air
En faisant bouillir de l'eau pendant une petite demi-heure, vous pouvez humidifier l'air
ambiant et ainsi faire retomber toutes les particules en suspension. Ainsi, les
manipulations sont réalisées dans de meilleures conditions d'asepsie.
En suivant ces 7 conseils simples vous réduirez considérablement les risques de
contamination et vous obtiendrez un meilleur taux de réussite lors de vos cultures.

II. ITTINERAIRE TECHNIQUE DE PRODUCTION DES SEMENCES

Il existe plusieurs écoles de production des semences. Les démarches et les itinéraires
techniques varient d’une école à une autre. D’après notre école voici la démarche à suivre :
 Etape 1 : Production des semences de Pré-Base (Soit la Génération Zéro)
Cette étape consiste à prélever un fragment de champignon et à le faire développer sur un milieu
de culture. Généralement cette étape nécessite un niveau d’asepsie très élevé au vue de la
richesse des sucres pharmaceutiques nécessaires pour la production des milieux de culture.

Image d’une Boite de pétri colonisée par du mycélium de pleurotes


 Etape 2 : Première Multiplication (Production des Bases 1) sur céréales
Cette phase marque le début de la multiplication de la semence. L’intérêt de multiplier la
semence est dû au fait que les semences de bases sont en petite quantité et sont donc très
couteuses. Il est donc important de transplanter les semences sur d’autres supports pour
augmenter leur quantité et réduire le cout d’inoculation des ballotes.
Les premières générations de semences se font généralement sur des céréales pour éviter une
transition drastique entre un milieu très riche (Gélose nutritive) et un milieu pas suffisamment
riche (Rafles de maïs, sciure ou paille). Les céréales représentent ainsi un milieu intermédiaire
idoine en raison de leur forte richesse en amidon et en sucres.
Le principal avantage des céréales, c’est qu'ils sont très nourrissants pour les champignons et
qu’ils forment des grains qu'on peut facilement disperser dans le substrat. Leur inconvénient
majeur, c’est qu’ils fournissent également un substrat idéal pour d’autres organismes. Les
risques de contamination sont donc bien plus élevés qu'avec du blanc cultivé sur de la sciure de
bois.

Plusieurs céréales peuvent être utilisées pour la préparation des premières générations, soit à
savoir : Le maïs, le blé, le riz paddy, le mil, le sorgho, le seigle etc…

1) Protocole de préparation des céréales

Beaucoup de céréales peuvent être utilisées à condtition qu'elles soient bio (sans
fongicide). Je recommande cependant le seigle qui est relativement simple à préparer:
Rincez-le dans une bassine ou une grande casserole puis videz l'eau.

Répétez cette opération 2 à 3 fois, jusqu'à ce que l'eau soit claire.


Versez ensuite de l'eau chaude (du robinet) sur le seigle.

Vous pouvez ajouter un peu Chaux éteinte au mélange (environ 10% du poids du substrat)
afin de stabilier le pH. Recouvrez votre récipient et laissez tremper le seigle pendant 12 à 24
heures.
Vous devez ensuite faire bouillir votre seigle pendant 10 minutes avant de l'égoutter à l'aide
d'une passoire.

Laissez égoutter 1 heure minimum: le seigle ne doit plus être humide.


Remplissez ensuite vos pots au 2/3. Pour faciliter l'échange gazeux, vous devez utiliser
un couvercle filtrant sur vos pots de confiture. Recouvrez ensuite vos couvercles avec une
feuille d'aluminium.

Placez vos pots dans votre cocotte minute et stérilisez votre seigle pendant 90 minutes.
Lorsque vos céréales auront refroidies, vous pourrez procéder à l'inoculation.
2) Inoculation des céréales

L'inoculation des céréales est une étape "sensible" aux contaminations. Veillez à bien
respecter les règles de stérilité afin de maintenir des conditions d'asepsie correctes lors de vos
manipulations.
Après avoir stérilisé vos céréales,

retirez la feuille d'aluminium sur chaque couvercle et dévisez légèrement le couvercle de


chaque pot dans le cône de stérilité de la flamme,

stérilisez à la flamme la lame de votre scalpel,

puis laissez refroidir la lame (à côté de la flamme) entre 20 et 30 secondes.


Découpez votre gélose en 4 (il s'agit ici d'une gélose de 5,5cm de diamètre),

et inoculez chaque pot avec un morceau de gélose.

entre chaque prélèvement de gélose, pensez à stériliser la lame de votre scalpel à la


flamme.
Après avoir fini la manipulation, placez vos pots de céréales inoculés dans votre incubateur.

Sur cette photo, vous pouvez voir à gauche le mycélium en train de se développer à partir du
morceau de gélose après 2 jours dans l'incubateur, et à droite un pot de seigle complétement
colonisé après avoir passé 15 jours dans l'incubateur.

Lorsque vos céréales sont colonisées, vous pouvez vous en servir pour inoculer (voir: le
lardage) différents substrat de fructification à base de copeaux de bois, de paille, de marc de
café, de papier ou différents déchets agricoles

Protocole de préparation des semences de deuxième et troisième génération


sur rafles de maïs

Etape 1 : Préparer les bocaux


Avant de se lancer dans le mélange du substrat il faut bien se rassurer d’avoir au préalable lavé
les bocaux (avec du détergent et de l’eau de javel), percé des trous sur les couvercles (pour la
respiration du mycélium) et y mettre du coton pour filtrer l’air qui pénètre dans les bocaux.

Etape 2 : Préparation du substrat


La préparation du substrat est une étape très importante dans la production des champignons,
en effet si le substrat est mal préparé (généralement si les dosages ne sont pas exacts ou si il y’a
un excédent d’eau), le risque d’échec sera très élevé.

Dosages pour la préparation du substrat


 5 l d’eau
 Une demi-cuillère à café de fongicide
 4 cuillères à café d’urée
 4 boites de tomate de chaux éteinte
 2 sceaux de 10 l de rafles de maïs (Bien concassés)
 Ajouter de la poudre de maïs pour 10% du poids du substrat (Optionnel)

Etape 3 : Remplissage des bocaux


Pendant le remplissage des bocaux, veillez à ne pas trop les remplir et surtout à bien compacter
le substrat.

Etape 4 : Stérilisation
Stérilisez les bocaux dans votre stérilisateur pendant 4 h ou dans une cocote minute pendant
1h.
Etape 5 : Inoculation et incubation

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