Droit Pénal
Droit Pénal
Droit Pénal
Le droit pénal considère que dans le monde réel, il est inévitable d’avoir recours à
une répression minimale pour inciter au respect des règles. Pour que ces règles
puissent être suivies par tous il est nécessaire de les codifier, de les écrire et de les
rendre publiques. Le droit pénal est un droit répressif, c’est un droit de la punition
(d’où son nom) et de la dissuasion. Voici le plan du cours de droit pénal marocain :
1
1. LE DOL GENERAL
2. LE DOL SPECIAL
B. L’ERREUR DANS LES INFRACTIONS INTENTIONNELLES
1. L’ERREUR DE DROIT
2. L’ERREUR DE FAIT
§ 2 : LA FAUTE NON INTENTIONNELLE
A. LA FAUTE QUASI DELICTUELLE
1. LE PRINCIPE D’IDENTITE DE LA FAUTE CIVILE ET DE LA FAUTE PENALE
2. L’APPLICATION DU PRINCIPE D’IDENTITE DE LA FAUTE CIVILE ET DE LA FAUTE PENALE
B. LA FAUTE CONTRAVENTIONNELLE
1. L’ELEMENT VOLONTE DANS LES FAITS CONTRAVENTIONNELS
2. L’ELEMENT FAUTIF DANS LES FAITS CONTRAVENTIONNELS
SOUS SECTION 2 : L’IMUTABILITE
§ 1 : INSUFFISANCE DES FACULTES INTELECTUELLES
A. L’AGE
B. ALIENATION MENTALE
§ 2 : ALTERATION PASSAGERE DES FACULTES INTELLECTUELLES
A. LE SOMMEIL
B. L’IVRESSE
C. L’EMPLOI VOLONTAIRE DE SUBSTENCES STUPEFIANTES
D. LES ETATS PASSIONNELS OU EMOTIFS
CHAPITRE 2 : ÉLEMENT ANTIJURIDIQUE
SECTION 1 : LA JUSTIFICATION PAR L’ORDRE DE LA LOI ET LE COMMANDEMENT DE L’AUTORITE LEGITIME
§ 1 : L’ORDRE DE LA LOI
A. L’ORDRE DE LA LOI
B. LA SIMPLE AUTORISATION DE LA LOI
§ 2 : LE COMMANDEMENT DE L’AUTORITE LEGIIME
A. LE COMMANDEMENT ILLEGITIME
1. LES ATTEINTES A LA SURETE INTERIEURE DE L’ETAT
2. LES USURPATIONS
B. L’ORDRE ILLEGITIME ISSU D’UNE AUTORITE LEGITIME
1. LES ABUS D’AUTORITE
2. LES EMPIETEMENTS
SECTION 2 : LA SUFFISANCE D’UNE CONDITION : L’ORDRE DE LA LOI OU LE COMMANDEMENT DE
L’AUTORITE LEGITIME
§ 1 : L’ORDRE DE LA LOI SANS LE COMMANDEMENT DE L’AUTORITE LEGITIME
§ 2 : LE COMMANDEMENT DE L’AUTORITE LEGITIME SANS L’ORDRE DE LA LOI
A . L’EXECUTION D’UN ORDRE MANIFESTEMENT ILLEGAL NE JUSTIFIE JAMAIS L’INFRACTION
B. L’EXECUTION D’UN ORDRE APPAREMMENT LEGAL JUSTIFIE TOUJOURS L’INFRACTION
SECTION 3 : LA JUSTIFICATION PAR LA CONTRAINTE PHYSIQUE
§ 1 : ELLE DOIT ETRE D’ORIGINE EXTERNE
§ 2 : ELLE DOIT ETRE IRRESISTIBLE
§ 3 : ELLE NE DOIT PAS Avoir ETE PROVOQUE PAR UNE FAUTE DE L’AGENT
SECTION 4 : LA JUSTIFICATION PAR NECESSITE
§ 1 : L’ETAT DE NECESSITE
A. LES DISPOSITIONS PARTICULIERES
B. FONDEMENT
C. CONDITIONS
§ 2 : LA LEGITIME DEFENSE
A. FONDEMENT
B. CONDITIONS
1. LE CAS GENERAL
2. LES CAS PARTICULIERS
DEUXIEME TITRE : LE DELINQUANT
CHAPITRE 1 : NOTION DE DELINQUANT
SECTION 1 : L’AUTEUR DE L’INFRACTION
PARAGRAPHE 1 : LES PERSONNES PHYSIQUES
CHAPITRE 2 : CLASSIFICATION DES INFRACTIONS
SECTION 1 : CLASSIFICATION DES INFRACTIONS EN FONCTION DE LEUR NATURE POLITIQUE, MILITAIRE
OU DE DROIT COMMUN
PARAGRAPHE 1 : LES INFRACTIONS POLITIQUES
2
A. CRITERE DE LA DISTINCTION
PARAGRAPHE 2 : LES INFRACTIONS MILITAIRES
A. CRITERE DE L’INFRACTION MILITAIRE
B. INTERETS DE LA DISTINCTION
SECTION 2 : CLASSIFICATION DES INFRACTIONS EN FONCTION DE LEURS ELEMENTS JURIDIQUES
GENERAUX
TITRE TROIS : LA REACTION SOCIALE
CHAPITRE PREMIER : LES MANIFESTATIONS OBJECTIVES DE LA REACTION SOCIALE
SECTION 1 : LES PEINES
SOUS-SECTION 1 : LES PEINES PRINCIPALES
PARAGRAPHE 1 : LES PEINES CORPORELLES
A. CRIMES PASSIBLES DE LA PEINE DE MORT
B. LA LEGITIMTE DE LA PEINE DE MORT
PARAGRAPHE 2 : LES PEINES PRIVATIVE DE LIBERTÉ
A. RÉCLUSION, EMPRISONNEMENT, DÉTENTION
1. RÉCLUSION
2. EMPRISONNEMENT
3. DÉTENTION
B. DISPOSITIONS COMMUNES AUX TROIS PEINES PRINCIPALES PRIVATIVES DE LIBERTE
PARAGRAPHE 3 : LES PEINES RESTRICTIVES DE LIBERTE
PARAGRAPHE 4 : LES PEINES PRIVATIVE DE DROIT
PARAGRAPHE 5 : LES PEINES PECUNIAIRES
A. MONTANT
B. MODALITES D’EXECUTION
SOUS-SECTION 2 : LES PEINES ACCESSOIRES
PARAGRAPHE 1 : LES PEINES PRIVATIVES DE DROIT
A. L’INTERDICTION LEGALE
B. LA DEGRADATION CIVIQUE
C. LA SUSPENSION DE CERTAINS DROITS CIVIQUES, CIVILS ET DE FAMILLE
D. LA DISSOLUTION D’UNE PERSONNE JURIDIQUE
PARAGRAPHE 2 : LES PEINES PECUNIAIRES
A. LA PERTE OU LA SUSPENSION DU DROIT AUX PENSIONS SERVIES PAR L’ETAT
B. LA CONFISCATION PARTIELLE DES BIENS APPARTENANT AU CONDAMNE
1. INFRACTIONS PASSIBLES DE LA SANCTION
2. EXECUTION DE LA SANCTION
C. LA PUBLICATION DE LA DECISION DE CONDAMNATION
CHAPITRE 2 : L’INDIVIDUALISATION DE LA SANCTION PENALE
SECTION 1 : L’ATTENUATION DE LA SANCTION
PARAGRAPHE 1 : LES EXCUSES ATTENUANTES
A. L’EXCUSE DE MINORITE
B. L’EXCUSE DE PROVOCATION
C. L’EXCUSE DE SOUMISSION
1. DETENTION ET SEQUESTRATION DE MAJEURS OU DE MINEURS DE DIX-HUIT ANS
2. DETENTION ET SEQUESTRATION DE MINEURS DE DOUZE ANS
PARAGRAPHE 2 : LES CIRCONSTANCES ATTENUANTES
A. CONDITIONS D’APPLICATION
B. EFFETS DES CIRCONSTANCES ATTENUANTES
SECTION 2 : L’AGGRAVATION DE LA SANCTION
PAPAGRAPHE 1 : LES CIRCONSTANCES AGGRAVANTES
A. DOMAINE DES CIRCONSTANCES AGGRAVANTES
B. EFFETS DES CIRONSTANCES AGGRAVANTES
PARAGRAPGE 2 : LA RECIDIVE
A. PREMIER TERME DE LA RECIDIVE
B. DEUXIEME TERME DE LA RECIDIVE
PARAGRAPHE 3 : LE CONCOURS REEL D’INFRACTION
CHAPITRE 3 : L’EXTINCTION DE LA SANCTION PENALE
SECTION 1 : EXTINCTION PAR LA MORT DU CONDAMNE
PARAGRAPHE 1 : EFFET SUR LES PEINES
PARAGRAPHE 2 : EFFET SUR LES MESURES DE SURETE
PARAGRAPHE 3 : EFFET SUR LES AUTRES CONDAMNATIONS
3
SECTION 2 : EXTINCTION PAR LA DISPARITION DE L’INFRACTION
SOUS SECTION 1 : L’ABROGATION DE LA LOI PENALE
PARAGRAPHE 1 : MODALITES D’APPLICATION
PARAGRAPHE 2 : EFFETS
A. SUR L’ACTION PUBLIQUE
B. SUR LA CONDAMNATION
C. SUR LA SANCTION PENALE
SOUS SECTION 2 : L’AMNISTIE
PARAGRAPHE 1 : MODALITES D’APPLICATION
PARAGRAPHE 2 : EFFETS DE L’AMNISTIE
A. EFFETS SUR LA RESPONSABILITE PENALE
B. EFFETS SUR LA RESPONSABILITE CIVILE
A. DÉFINITIONS
La plupart des définitions du droit pénal proposées par la doctrine sont très larges.
Ainsi il est défini comme « l’ensemble des règles juridiques qui organisent la réaction
de l’état vis-à-vis des infractions et des délinquants » ou comme « le droit de
l’infraction et de la réaction sociale qu’elle engendre » ou encore comme
« l’ensemble des normes juridiques qui réglementent le recours de l’état à la sanction
pénale ».
Ces définitions incluent dans le domaine du droit pénal à la fois les règles de droit
pénal de fond et les règles de procédure pénale.
Le législateur réserve l’expression droit pénal aux règles pénales de fond. Dans ce
sens, le droit pénal peut être défini comme « l’ensemble des règles ayant pour objet
de déterminer les actes antisociaux, de désigner les personnes pouvant en être
déclarées responsables et de fixer les peines qui leur sont applicables ». Plus
brièvement encore, le droit pénal peut être présenté comme « l’ensemble des règles
ayant pour objet la détermination des infractions ».
4
2. LA PROCÉDURE PÉNALE AU MAROC
La procédure pénale – ou droit pénal de forme – a pour objet de fixer les règles
relatives à la recherche, à la poursuite et au jugement des auteurs d’infractions.
L’intégralité de ces règles figure, dans le code de procédure pénale.
Généralement, le droit ne se confond pas avec le contentieux, qui n’en est qu’une
manifestation pathologique, par contre le droit pénal est un droit contentieux par
nature.
Les textes régissant la vente, le contrat de société s’appliquent sans donner lieu à
procès en l’absence de contestation entre les intéressés. En revanche, la mise en
œuvre des textes répriment le meurtre, le vol ou la corruption ne se conçoit pas
indépendamment de l’intervention des autorités judiciaires puisque ces textes ne
définissent pas une activité licite, mais au contraire les conséquences de la violation
de certains interdits.
Il résulte de ce lien entre les deux matières que la qualité d’une législation pénale ne
peut être appréciée indépendamment de celle du système procédural qui en assure
la mise en œuvre.
Le droit pénal, qui a pour objet la définition juridique des infractions, doit être
distingué d’autres disciplines qui étudient l’infraction sous un ongle politique,
sociologique ou scientifique : la politique criminelle, la criminologie et la
criminalistique.
a. POLITIQUE CRIMINELLE
La politique criminelle est un concept introduit au début du XIX siècle. Elle définie
comme « l’ensemble des procédés répressifs par lesquels l’Etat réagit contre le
crime »[1]. La doctrine s’accorde à donner à l’expression un sens plus large en
intégrant dans la politique criminelle les mesures préventives tels que
l’aménagement urbain, la lutte contre les fléaux sociaux, la prise en charge éducative
des enfants… Dans cette acceptation élargie, la définition donnée à la politique
criminelle est « l’ensemble des procédés par lesquels le corps social organise la
réponse au phénomène criminel ».[2]
b. CRIMINOLOGIE
5
Le droit pénal, qui s’attache à la définition juridique des infractions, doit également
être distingué de la criminologique, qui étudie les causes de la criminalité et, les
divers modes de traitement du délinquant et de prévention de la récidive.
c. CRIMINALISTIQUE
d. LA PENOLOGIE
L’article premier du Code pénal marocain dispose que « la loi pénale détermine et
constitue en infraction les faits de l’homme qui, à raison du trouble social qu’ils
provoquent, justifient l’application à leur auteur de peines ou de mesures de sûreté ».
Selon les termes de l’article précité, le droit pénal général réunit les règles
applicables à l’ensemble des infractions ou une partie d’entre elles, comme, par
exemple, celles fixant le champ d’application de la loi pénale dans le temps et dans
l’espace ou celles déterminant les causes d’irresponsabilité pénale ou encore les
règles précisant la nature des peines et leurs modalités d’application. Ces règles
générales, sont contenues dans les dispositions préliminaires, le livre 1er et le livre II
du Code pénal marocain.
Le droit pénal spécial a pour objet de définir les diverses infractions particulières en
décrivant leurs éléments constitutifs, les peines qui leur sont applicables et les règles
spécifiques de procédure ou de fond auxquelles elles sont soumises par dérogation
aux principes du droit pénal général et de la procédure pénale.
La matière du droit spécial est très dispersée. Le livre III du Code pénal marocain
contiennent les infractions fondamentales : meurtre, homicide ou blessures
involontaires, violences, agressions sexuelles, trafic de stupéfiants, vol, escroquerie,
abus de confiance, destructions, corruption, faux…
6
Le droit pénal est la branche du droit qui détermine :
Le droit pénal général étudie les règles applicables à toutes les infractions. Au sens
large, il englobe aussi l’étude des peines.
Le droit pénal spécial comporte l’étude des différentes infractions (meurtre, vol,
agression, escroquerie…).
Le droit est traditionnellement divisé en deux grandes branches : d’une part, celle du
droit public, qui régit les rapports d’une personne avec l’Etat et dans laquelle
figurent le droit administratif et le droit constitutionnel, d’autre part, celle du droit
privé, qui régit les rapports entres les personnes et qui comprend en particulier le
droit civil.
Les règles de droit pénal impliquent l’existence d’une sanction d’un caractère
spécial : la peine. A la différence de la sanction civile, qui est essentiellement
réparatrice (dommages intérêts, restitutions), la sanction pénale est répressive
(châtiment infligé au coupable ; l’amende va à l’Etat, non à la victime).
7
Aux termes de l’article premier du Code pénal marocain, « la loi pénale détermine et
constitue en infraction les faits de l’homme qui, à raison du trouble social qu’ils
provoquent, justifient l’application à leur auteur de peines de mesures de sûreté ».
En définitive, l’article premier du Code pénal marocain précise que la loi est seule
compétente pour la détermination des infractions, c’est à dire, exclure toute autre
source de droit en matière pénale.
TITRE PREMIER : L’INFRACTION
DEFINITION
L’article 110 de la loi pénale, définie l’infraction comme : « un acte ou une abstention
contraire à la loi pénale et réprimé par elle ».
La plupart des infractions sont des actes positifs (ex. meurtre, vol, agression). De
même, la loi pénale sanctionne des abstentions (ex. omission de secours à personne
en péril – article 431 du Code pénal marocain).
Chaque infraction comporte des éléments qui sont particuliers à sa définition légale :
ils sont étudiés en droit pénal spécial. Par exemple, pour le vol, l’élément légal est
l’article 505 du Code pénal marocain réprimant ce crime, l’élément matériel est l’acte
tendant à soustraire une chose appartenant à autrui, l’élément moral, notamment
l’intention de soustraire.
A signaler que, même si tous les éléments de l’infraction sont réunis, il arrive qu’une
immunité légale fasse obstacle aux poursuites :
§ Immunités familiales : pour les vols et d’autres infractions entre certains parents ou
conjoint (articles 534 et 535 du Code pénal marocain), pour la non révélation
d’infractions commises par certains parents et alliés (article 297 alinéa 2) ;
8
§ Immunité diplomatique : pour les infractions commises par les représentants d’un
Etal étranger (convention de Vienne, 1961 et 1963) ;
INTRODUCTION
En vertu de l’article 3 du Code pénal marocain « nul ne peut être condamné pour un
fait qui n’est pas expressément prévu comme infraction par la loi, ni puni de peines
que la loi n’a pas édictées ».
Aux terme de l’article 6 de la loi pénale qui dispose « lorsque plusieurs lois ont été en
vigueur entre le moment où l’infraction a été commise et le jugement définitif, la loi,
dont les dispositions sont les moins rigoureuses, doit recevoir application ».
La loi pénale s’applique, depuis sa promulgation jusqu’à son abrogation, à tous les
actes commis après l’entrée en vigueur de la loi ; elle ne s’applique pas aux actes
commis et définitivement jugés avant cette entrée en vigueur.
9
Un acte commis sous l’empire d’une loi déterminée, et non jugé définitivement au
moment où entre en vigueur une loi nouvelle. Si l’acte a été jugé définitivement, la loi
nouvelle lui est donc inapplicable, sauf les exceptions de l’exécution des peines :
La peine cesse d’être exécutée quand elle a été prononcée pour un fait qui, en vertu
d’une loi postérieure au jugement définitif, n’a plus le caractère d’une infraction
(article 5 du Code pénal marocain)
Le principe de non rétroactivité est une garantie de liberté individuelle ; la loi doit
avertir avant de frapper. C’est un corollaire de la règle plus générale de la légalité, et
garantie fondamentale de liberté individuelle. Le fondement du principe, libéral,
conduit à un deuxième principe : l’application immédiate des lois plus douces,
favorables à l’intéressé, à des faits antérieurs non jugés définitivement (article 6 –
Code pénal marocain)
B. L’EXCEPTION
C’est ainsi que malgré l’application de ce principe par le juge pénal qui est tenu
d’appliquer la loi pénale en vigueur au moment de l’infraction, l’article 8 du Code
pénal marocain applique aux mesures de sûreté la loi en vigueur au moment du
jugement de l’infraction.
Ceci s’explique par le fait que les mesures de sûreté n’ont pas un caractère répressif
et cherchent uniquement la rééducation du délinquant ou la protection de la société.
Ce texte répond d’une part aux souhaits du législateur qui veut faire bénéficier les
délinquants de la clémence des nouvelles lois et s’aligne d’autre part sur les droits de
l’homme.
Mais la véritable exception a ce principe de la non rétroactivité des lois réside dans
le Dahir du 29 Octobre 1959 qui était déclaré applicable même aux infractions
commises avant son entrée en vigueur.
Cette mesure a été prise à l’occasion de la célèbre affaire des huiles nocives qui a
coûté la vie a des citoyens et qui a porté préjudice a la sécurité alimentaire et à la
salubrité des Marocains. Et en raison du vide juridique que connaissait le système
juridique Marocain de l’époque, il était nécessaire de frapper sévèrement toutes
personnes qui serait tentée de porter atteinte à la santé des citoyens.
10
§ 2 : APPLICATION DE LA LOI PÉNALE DANS L’ESPACE
A. CHAMP D’APLICATION
B. NOTION DE TERRITOIRE
Le territoire sur lequel la loi pénale marocaine est applicable est l’espace sur lequel
s’étend l’autorité politique de l’Etat. Aux termes de l’article 11 de cette loi, « sont
considérés comme faisant partie du territoire, les navires ou les aéronefs marocains
quel que soit l’endroit où ils se trouvent, sauf s’ils sont soumis, en vertu du droit
international, à une loi étrangère ».
Le droit pénal n’admet pas que l’on réprime la simple pensée coupable. L’infraction
n’existe comme telle qu’avec un minimum de matérialisation de l’attitude coupable.
Le plus souvent, l’infraction consiste à commettre un acte interdit par la loi : il s’agit
des infractions de commission.
Ce sont les plus fréquentes, Ex. meurtre, vol, corruption… Elles supposent, pour leur
consommation :
11
Une initiative physique de la part du coupable (Ex. geste du meurtrier qui appuie sur
la détente, du voleur qui s’empare de la chose, du corrompu qui sollicite des offres,
promesses ou reçoit des dons…)
Il s’agit dune abstention sans résultat positif direct la loi pénale prévoit certaines
obligations d’agir.
Ex. omission de déclarer la naissance d’un enfant (article 468 du Code pénal
marocain), non révélation de crime aux autorités judiciaires ou administratives (article
299 du Code pénal marocain), non témoignage en faveur d’un innocent poursuivi
(article 378 du Code pénal marocain). Il existe de multiples infractions d’omission
dans le droit pénal des sociétés.
Ex. laisser intentionnellement quelqu’un se noyer sans lui porter secours, l’omission
de porter secours à une personne en péril.
§ 2 : LA TENTATIVE
Phase interne :
Phase externe :
12
· Préparation de l’infraction (étude des lieux, achat d’instruments, d’armes) ;
· Exécution.
Selon l’article 114 de la loi pénale « toute tentative de crime qui a été manifestée par
un commencement d’exécution ou par des actes non équivoques tendant
directement à le commettre, si elle n’a été suspendue ou si elle n’a manqué son effet
que par des circonstances indépendantes de la volonté de son auteur, est assimilée
au crime consommé et réprimée comme tel ».
Un commencement d’exécution ;
1. COMMENCEMENT D’EXECUTION
Ils ne sont pas punissables sur le plan de la tentative ; mais ils peuvent parfois être
réprimés à titre d’infractions distinctes.
Exemples
Exemples
13
· Briser la vitre d’une voiture pour voler à l’intérieur ;
Autrement dit, ce désistement doit réunir deux conditions, pour qu’il n’y ait pas
tentative punissable : il doit être antérieur à la consommation de l’infraction, et
volontaire de la part de l’agent.
Le remords tardif est sans effet sur les éléments de l’infraction, (Ex. restituer la chose
volée, donner des soins à sa victime).
b. Désistement volontaire
Aux termes de l’article 114 précité, on ne tient pas compte du mobile qui a poussé
l’agent à s’arrêter (remords, peur), il faut un désistement spontané, vraiment
volontaire. Ainsi la tentative demeurera punissable si le désistement est causé par un
événement extérieur.
c. L’infraction impossible
L’article 117 du Code pénal marocain dispose : « la tentative est punissable alors
même que le but recherché ne pouvait être atteint en raison d’une circonstance de
fait ignorée de l’auteur ».
L’infraction impossible est un cas particulier d’infraction manquée, elle ne pouvait pas
réussir (Ex. vol d’un poche vide).
La répression de la tentative est exclue par la loi parfois pou des raisons tenant à la
faible gravité de l’infraction, parfois en raison de la nature de l’infraction.
· La
tentative de crime est toujours punissable (article 114 du Code pénal
marocain) ;
· La
tentative de délit n’est pas punissable en principe qu’en vertu d’une
disposition spéciale de la loi (article 115 du Code pénal marocain) ;
14
· La
tentative de contravention n’est jamais punissable (article 116 du Code pénal
marocain).
L’acte n’est une infraction punissable que s’il y a responsabilité pénale, c’est-à-dire si
son auteur matériel est un être humain responsable, jouissant de ses facultés
mentales (l’imputabilité), à défaut de quoi il n’y a pas responsabilité, et ayant commis
une faute (la culpabilité).
Autrement dit, pour qu’une action ou une abstention constitue une infraction
punissable, il faut que l’agent ait commis une faute et que cette faute lui soit
imputable.
L’agent auquel l’acte est matériellement imputable ne sera coupable que s’il a
commis une faute.
1. LE DOL GENERAL
La faute intentionnelle est une notion d’ordre moral ; elle est fonction de la
responsabilité de chaque délinquant ; il importe donc de prendre en considération
soit les mobiles, soit l’intention frauduleuse.
15
En droit pénal marocain, le mobil n’influe pas sur l’existence de l’infraction qui
demeure punissable, même si le mobile de l’agent était honorable.
La règle de l’indifférence des mobiles n’est pas absolue : les tribunaux leur accordent
attention, ils servent souvent de base à l’attribution du bénéfice des circonstances
atténuantes. En droit, le législateur lui apporte certains tempéraments. La sévérité
particulière des articles 163 à 218.9 sanctionnant les crimes et délits contre la sûreté
de l’Etat, ne puisse s’analyser en faisant abstraction du mobile ; de même l’article
473 du Code pénal marocain sur l’enlèvement des mineurs fait du mobile avéré une
circonstance aggravante du crime « Si le coupable se fait payer ou a eu pour but de
se faire payer une rançon par mes personnes sous l’autorité ou la surveillance
desquelles le mineur était placé, la peine, quel que soit l’âge du mineur, est la
réclusion perpétuelle »
b. La théorie classique
Cette théorie définit le dol général, sur un plan purement intellectuel, comme un
mécanisme mental en rapport avec le type d’infraction défini par la loi. La théorie
classique distingue dans le dol général deux éléments constitutifs :
L’élément volonté
La connaissance est en elle-même insuffisant. Elle ne signifie rien si elle n’est pas
associé à la volonté délibérée d’agir ou de s’abstenir. l’agent sait, par exemple, être
le détenteur précaire de telle somme, il en refuse néanmoins la restitution. La volonté
délictueuse naît de cette décision.
2. LE DOL SPECIAL
16
C’est la faute intentionnelle. Le dol général n’est pas, en effet, toujours suffisant pour
déclencher la responsabilité pénale ; dans de nombreuses infractions, la loi exige en
outre un dol particulier : le dol spécial ou spécifique.
Le dol spécial c’est une intention précise. En plus de la volonté consciente de violer
la loi pénale, il est exigé, par exemple en cas de vol, la volonté de s’approprier de la
chose d’autrui (article 505 du Code pénal marocain).
A défaut de cette intention précise exigée par la loi, l’agent n’est pas punissable au
titre de l’infraction intentionnelle caractérisée par le do spécial. En revanche, il peut
être puni sous une autre qualification : si, par exemple, l’agent commet un homicide
sans avoir eu l’intention de tuer mais simplement de blesser, il pourra être
condamné, conformément à l’article 403 de Code pénal marocain du chef de coup et
blessures volontaires ayant entraîner la mort sans intention de la donner.
Le dol spécial peut donc être défini comme le fait d’avoir délibérément agi pour
obtenir les conséquences préjudiciables de telle ou telle infraction. Dans quelle
mesure peut-on imputer à l’agent, soit les conséquences préjudiciables qui étaient
simplement prévisibles, soit les conséquences préjudiciables qui ont dépassé ses
prévisions ?
Le dol indéterminé
La doctrine distingue le dol déterminé et le dol indéterminé. Dans le premier cas, les
conséquences préjudiciables de l’infraction appréciées, au moment de l’action,
étaient nettement prévues ; dans le second cas, elles étaient seulement prévisibles.
Par exemple, les conséquences du meurtre délibérément projeté sont déterminées
avec exactitude. En revanche, l’agent qui porte volontairement des coups à autrui ne
peut ignorer que son action est susceptible de produire différentes conséquences,
faciles à énumérer mais dont il ignore, au moment de l’action, laquelle en sera le
résultat. L’agent doit-il être puni comme s’il avait voulu ces conséquences ? la
réponse classique est affirmative car, ayant la capacité de comprendre et de vouloir,
l’agent est censé prévoir un dommage prévisible ; l’ayant prévu et n’ayant rien fait
pour l’éviter, il est censé l’avoir voulu.
Les articles 267, 400 à 403 du Code pénal marocain consacrent nettement cette
règle en proportionnant la peine applicable en cas de coups et blessures volontaires
à la gravité du préjudice subi par la victime.
L’infraction peut également produire des conséquences plus graves que celles que
l’agent était à même de prévoir. L’exemple classique est celui de l’agent qui porte
des coups à une femme enceinte ont il ignorait la grossesse et dont il provoquera de
ce fait l’avortement. il y a là dol prêter intentionnel, dol au-delà de l’intention. seul un
lien de causalité matérielle permet de relier ce résultat non voulu à l’acte commis par
17
l’agent. ce dernier tombera-t-il sous le coup de l’article 400 du Code pénal marocain
réprimant l’avortement ? le lien de causalité subjective faisant défaut, on doit
admettre que l’agent ne sera punissable au pénal que sur la base de l’article 400 du
Code pénal marocain.
Si le dol général implique que l’agent ait la connaissance du caractère illégal de ses
actes, faut-il admettre que l’erreur ou l’ignorance puisse être exclusive de l’intention
criminelle chaque fois qu’elle fait disparaître les éléments intellectuels du dol ?
1. L’ERREUR DE DROIT
Elle peut consister soit dans l’ignorance de la loi pénale, soit dans une interprétation
inexacte de ses dispositions. La règle nul ne peut invoquer pour son excuse
l’ignorance de la loi pénale intégrée dans l’article 2 du Code pénal marocain
s’oppose absolument à ce que l’erreur de droit constitue une cause de non
culpabilité.
2. L’ERREUR DE FAIT
C’est celle qui porte sur la matérialité de l’acte accompli par l’agent.
Le pharmacien qui, par exemple, au lieu du remède prescrit par le médecin, livre par
erreur un poison violent occasionnant ainsi le décès du malade, est coupable non
pas du crime d’empoisonnement, mais du délit d’homicide par imprudence.
De même, le fils qui tue son père par erreur, croyant tuer une autre personne, ne
commet pas un parricide, mais un meurtre simple. La circonstance aggravante de
parricide est effacée par l’erreur de fait.
18
· Erreur
sur la personne. Le meurtrier se trompant de victime, mais n’en ayant pas
moins pour les mêmes raisons demeure responsable ;
· Il
en est de même si c’est par maladresse que le coup dirigé contre une personne
atteint une victime imprévue ;
· Infraction impossible.
Les articles 432 et 433 du Code pénal marocain relatifs à l’homicide et aux blessures
involontaires fournissent la définition de la faute pénale non intentionnelle. Aux
termes de l’article 432 « Quiconque, par maladresse, imprudence, inattention,
négligence ou inobservation des règlements, commet involontairement un homicide
(…) est puni de l’emprisonnement de trois mois à cinq ans et d’une amende de 250 à
1.000 dirhams ».
19
La répression de la faute pénale même très légère ressortit explicitement des termes
de l’article 432 du Code pénal marocain. Une simple imprudence, une simple
inattention, en dehors de toute inobservation des règlements, est susceptible
d’engager la responsabilité pénale de l’agent dès l’instant où, à raison du trouble
social provoqué, l’acte ou l’abstention se révèle « contraire à la loi pénale et réprimé
par elle » (article 110 du Code pénal marocain).
Si, sur la base de l’identité des deux fautes, on suivait le principe de droit civil, la
faute lourde est assimilée au dol, il faudrait condamner pour homicide volontaire
l’agent coupable d’un homicide involontaire commis à la suite d’une très grave
imprudence. La règle ni infraction, ni peine sans texte interdit l‘assimilation d’une
faute non intentionnelle à une faute intentionnelle, l’assimilation d’un délit à un quasi-
délit.
C’est une conséquence du principe de l’identité des deux fautes lorsque les procès
sont engagés parallèlement ou concurremment à propos de la même infraction.
Cette harmonisation s’opère en fonction de la primauté du criminel sur le civil,
principe dégagé très tôt au Maroc sur la base du Code d’instruction criminelle de
1913 et consacré par le Code de procédure pénale de 2003. l’autorité sur le civil de
la chose jugée au pénal est la conséquence fondamentale de ce principe ; mais
l’harmonisation des deux procès s’arrête à ce niveau.
B. LA FAUTE CONTRAVENTIONNELLE
Il est vrai que l’article 133, alinéa 3 du Code pénal marocain semble poser le principe
de la contravention infraction matérielle. Aux termes de ce texte « les contraventions
sont punissables même lorsqu’elles ont été commises par imprudence… » ; l’article
116 du Code pénal marocain sur la tentative et l’article 129 sur la complicité
semblent par ailleurs confirmer la thèse de la contravention, infraction purement
matérielle.
20
Si l’article 133, alinéa 3 du Code pénal marocain pose le principe de la répression
contraventionnelle de la simple imprudence, il souligne cependant l’existence
exceptionnelle « des cas où la loi exige expressément l’intention de nuire ».
Comme dans les infractions quasi-délictuelle, la faute réside en l’espèce dans une
négligence, une imprudence ou une inobservation des règlements. Deux différences
fondamentales séparent cependant la faute quasi-délictuelle et la faute
contraventionnelle d’imprudence.
Lorsque « la loi exige expressément l’intention de nuire » (article 133, alinéa 3 du
Code pénal marocain), l’agent est coupable d’une faute contraventionnelle
intentionnelle. Cette faute n’est pas présumée et obéit, dans son analyse, aux
normes dégagées à propos du dol général et du dol spécial. Seuls les articles 116 et
129 du Code pénal marocain, remarquablement adaptés à la faute
contraventionnelle d’imprudence, viennent en matière de tentative et de complicité
conférer à la faute contraventionnelle intentionnelle un aspect purement matériel :
dans les deux cas il est totalement fait abstraction de l’intention coupable.
A. L’AGE
L’insuffisance des facultés intellectuelles peut tenir à l’âge (minorité). On est majeur
à 18 ans. Il existe cependant certains règles spéciales entre 12 et 18 ans :
1. MOINS DE 12 ANS
Le mineur de douze ans qui n’a pas atteint dix-huit ans est, pénalement considéré
comme partiellement irresponsable en raison d’une insuffisance de discernement. Il
bénéficie de l’excuse de minorité, et ne peut faire l’objet que des dispositions de la
loi de la procédure pénale (article 138 du Code pénal marocain).
3. AU DESSUS DE 18 ANS
Les délinquants ayant atteint la majorité pénale de dix-huit ans révolus, sont réputés
pleinement responsable (article 140 du Code pénal marocain).
B. ALIENATION MENTALE
Les juges du fonds doivent s’expliquer sur l’état mental du prévenu à la date des
faits, et sans se borner par exemple à viser le comportement du prévenu à
l’audience.
1. IRRESPONSABILITE TOTALE
Les agents qui, au moment des faits qui leur sont reprochés, se trouvaient, par suite
de troubles de leurs facultés mentales, « dans l’impossibilité de comprendre ou de
vouloir », sont considérés comme totalement irresponsables et doivent être absous
(article 134 du Code pénal marocain).
2. IRRESPONSABILITE PARTIELLE
22
compréhension ou sa volonté et entraînant une diminution partielle de sa
responsabilité, doit être considéré comme partiellement irresponsable (article 135 du
Code pénal marocain).
A. LE SOMMEIL
L’individu qui dort n’a pas conscience des actes perpétrés durant son sommeil. Les
infractions de commission commise pendant une crise de somnambulisme naturel
doivent être regardées comme le fait d’un irresponsable obéissant à des impulsions
inconscientes et irrésistibles. En revanche, l’incidence infractionnelle du
somnambulisme provoqué par le sommeil hypnotique doit pouvoir être imputée non
seulement à l’agent imprudent, mais surtout à l’hypnotiseur, en ce cas complice par
provocation.
B. L’IVRESSE
L’ivresse est un état passager dû à l’absorption excessive d’alcool. Elle peut enlever
à l’agent toute faculté de discernement. Il faut la distinguer de l’alcoolisme, état
pathologique durable.
L’ivresse est-elle une cause de non imputabilité ? Le Code pénal marocain est à cet
égard sans équivoque. Aux termes de l’article 137, en effet, l’ivresse ne peut en
aucun cas, exclure ou diminuer la responsabilité.
23
Le droit pénal assimile purement et simplement à l’ivresse ce type d’intoxication dont
les conséquences peuvent être un facteur de criminalité. L’article 137 du Code pénal
marocain refuse d’exclure ou de diminuer la responsabilité de l’agent.
Une violente passion, une trop forte émotion peuvent incontestablement altérer
l’élément moral. Le Code pénal marocain pose ainsi une règle rigoureuse en
estimant que « les états passionnels ou émotifs…ne peuvent, en aucun cas exclure
ou diminuer la responsabilité »
Un fait justificatif est une circonstance qui enlève son caractère illégal à un acte
normalement contraire à l’ordre social. Il ne se contente pas de neutraliser l’élément
légal, il fait également disparaître l’élément moral puisque’ aucune faute ne peut être
imputée à l’agent, ainsi que l’élément matériel dont l’apparence seule est
infractionnelle puisque cette action ou cette omission ne saurait analysée comme un
comportement pénal. Ce qui en d’autres circonstances eut été infractionnel se trouve
justifié par le droit. Il y a donc transgression apparente de l’ordre pénal, mais il n’y a
pas infraction. En conséquence, si le fait justificatif est établi, les poursuites doivent
prendre fin ; aucune sanction ne peut-être prise à l’encontre de l’agent qui ne
présente pas un état dangereux ni anti-social ; la responsabilité civile du fait
personnel de l’agent ne saurait non plus être retenue, car l’existence du fait justificatif
est exclusif de la faute. Les causes de justification font disparaître l’infraction qui,
pour être constituée, doit nécessairement comprendre un élément antijuridique.
L’étude de l’élément antijuridique se confond avec celle des trois faits justificatifs
généraux prévus dans les articles 124 et 125 du Code pénal marocain.
Dans le premier cas, la justification résulte d’un ordre de la loi qui impose à une
personne d’accomplir un acte. L’infraction est légale.
24
SECTION 1 : LA JUSTIFICATION PAR L’ORDRE DE LA LOI ET LE
COMMANDEMENT DE L’AUTORITE LEGITIME
Aux termes de l’article 124-1° du Code pénal marocain « Il n’y a ni crime, ni délit, ni
contravention :
1° Lorsque le fait était ordonné par la loi et commandé par l’autorité légitime ».
Autrement dit, l’acte infractionnel ne peut être justifié que si sont réunies deux
conditions : l’ordre légal et le commandement de l’autorité.
A. L’ORDRE DE LA LOI
Il suffit par lui-même à justifier l’acte si l’ordre du supérieur n’est pas nécessaire.
L’ordre de la loi peut être non seulement l’ordre formel qui résulte d’un texte légal,
mais également l’autorisation de la loi, que cette autorisation soit expresse ou tacite.
a. Principe
Lorsque la loi réglemente l’exercice d’une profession ou d’un sport, elle autorise tous
les actes qui entrent dans l’exercice normal de cette profession ou dans la pratique
usuelle de ce sport.
25
les coups ou autres violences ou voies de fait ont entraîné une mutilation, amputation
ou privation de l’usage d’un membre, cécité, perte d’un œil ou toutes autres infirmités
permanentes, la peine est la réclusion de cinq à dix ans ».
b. Limites
A. LE COMMANDEMENT ILLEGITIME
L’absence de légitimité est fondée soit sur le défaut de titre de commandement, soit
sur la contravention flagrante à l’ordre de l’autorité légitime. Le Code pénal marocain
prévoit toutes les possibilités de commandement illégitime. Les infractions les plus
graves sont érigées en crimes et concernent la sûreté intérieure de l’Etat ; les autres
sont des délits et correspondent à des usurpations.
C’est l’hypothèse de la guerre civile qui est ici visée par le Code.
26
Six infractions différentes peuvent être dégagées des textes légaux. Les unes
concernent le commandement illégal exercé sur des militaires professionnels. Les
autres concernent le commandement de bandes armées dont la composition, semble
s’apparenter beaucoup plus à une association de malfaiteurs qu’à un corps de
bataille.
« tout commandant qui maintient son armée ou sa troupe rassemblée après que le
licenciement ou la séparation a été ordonné ». Cette infraction est purement militaire.
Une troupe ne saurait licenciée, mais démobilisée.
« toute personne qui, sans ordre ou autorisation du pouvoir légitime, lève ou fait
lever des troupes armées, engage ou entrôle, fait engager ou entrôler des soldats ou
leur fournir ou procure des armes ou munitions ». Il est difficile de spécifier la
situation envisagée par cette infraction dont un des éléments constitutifs est fonction
de la qualité des recrutés qui doivent être des militaires.
« toute personne qui, soit pour s’emparer de deniers publics, soit pour envahir des
domaines, propriétés, places, villes, forteresses, postes, magasins, arsenaux, ports,
vaisseaux ou bâtiments, appartenant à l’ETAT, soit pour piller ou partager des
propriétés publiques nationales, ou celles d’une généralité de citoyens, soit enfin
pour faire attaque ou résistance envers la force publique agissant contre les auteurs
de ces crimes, s’est mis à la tête de bandes armées, ou y a exercé une fonction ou
commandement quelconque ». La bande peut être une armée privée et ce sont de
véritables actes de guerre civile que semble vouloir réprimer ce texte dont la finalité
27
est différente de celle de l’article 294 du Code pénal marocain sanctionnant moins
sévèrement les dirigeants d’une simple association de malfaiteurs.
« ceux qui ont dirigé l’association, levé ou fait lever, organiser ou fait organiser les
bandes séditieuses ou leur ont sciemment et volontairement, fourni ou procuré des
armes, munitions et instruments de crime, ou envoyé des convois de subsistance, ou
qui ont de toute autre manière apporté une aide aux dirigeants ou commandants des
bandes ». Le texte vise ici l’instigateur, l’organisateur de l’insurrection, le véritable
commandant illégitime.
2. LES USURPATIONS
a. Est constitué en infraction par l’article 380 du Code pénal marocain, le fait de
s’immiscer sans titre dans des fonctions publiques civiles ou militaires, ou le fait
d’accomplir un acte d’une de ces fonctions. Une telle action constitue une atteinte
directe aux droits et prérogatives de la puissance publique qui, seule, nomme aux
emplois civils et militaires.
La première hypothèse est prévue par l’article 261 du Code pénal marocain, elle vise
« tout magistrat ou tout fonctionnaire public astreint à un serment professionnel qui,
hors le cas de nécessité, continue à exercer ses fonctions sans avoir prêté
serment ».
La deuxième hypothèse est formulé par l’article 262 du Code pénal marocain, elle
concerne « tout magistrat, tout fonctionnaire public révoqué, destitué, suspendu ou
légalement interdit qui, après avoir reçu avis officiel de la décision le concernant,
continue l’exercice de ses fonctions » et « tout fonctionnaire public électif ou
temporaire qui continue à exercer ses fonctions après leur cessation légale ».
c. Dans les deux cas a et b envisagés, la déférence à l’ordre fondé sur l’usurpation
de l’agent n’est pas constituée en infraction par le Code pénal marocain. En
revanche, l’exécution par le subalterne de l’ordre émanant de l’autorité illégitime doit,
sauf le cas de complicité, s’analyser comme une action justifiée.
Deux cas sont envisagés par le Code : les abus d’autorité et les empiètements.
28
a. Les abus d’autorité commis par des fonctionnaires contre des particuliers
Le principe est posé par l’article 225 du Code pénal marocain. L’ordre illégitime sera
en l’espèce le fait de « tout magistrat, tout fonctionnaire public, tout agent ou préposé
de l’autorité ou de la force publique qui ordonne ou fait quelque acte arbitraire,
attentatoire soit à la liberté individuelle, soit aux droits civiques d’un ou plusieurs
citoyens ». l’objet de ce texte est de garantir la liberté individuelle et les droits
essentiels des citoyens contre l’arbitraire des magistrats et des agents d’autorité, à
quelque niveau qu’ils se situent dans la hiérarchie. La détention arbitraire (articles
227 et 228 du Code pénal marocain), le refus de respecter l’immunité parlementaire
(article 229 du Code pénal marocain) ou l’inviolabilité du domicile (article 230 du
Code pénal marocain), l’usage sans motif légitime de violence (article 231 du Code
pénal marocain) etc…
b. Les abus d’autorité commis par des fonctionnaires contre l’ordre public
Le principe est posé par l’article 257 du Code pénal marocain ; l’ordre illégitime sera
le fait de « tout magistrat ou fonctionnaire public qui requiert ou ordonne, fait requérir
ou ordonner l’action ou l’emploi de la force publique contre l’exécution d’une loi ou
contre la perception d’une contribution légalement établie ou contre l’exécution soit
d’une ordonnance ou mandat de justice, soit de tout autre ordre émané de l’autorité
légitime ». C’est une hypothèse que l’on ne peut envisager que dans un contexte de
guerre civile.
2. LES EMPIETEMENTS
Les infractions prévues sous cet intitulé par le Code pénal marocain sont destinées à
assurer la protection pénale de la séparation des pouvoirs. Ainsi, il sera illégitime le
commandement de l’autorité judiciaire lorsqu’il aura pour objet non seulement de
s’immiscer dans les attributions de l’autorité administrative, mais également
d’empiéter sur le pouvoir législatif.
Deux infractions peuvent être dégagées de l’article 237 du Code pénal marocain :
· Interdiction
d’édicter « des règlements contenant des disposition législatives ».
Ce sont non seulement les arrêts de règlement, émis par les cours souveraines dans
l’ancien droit français, qui sont prohibés par ce texte fondamental, mais également le
procédé de l’ijtihad, spécifique au droit musulman ;
29
Interdiction d’édicter des règlements en matière administrative ;
· « En
intimant des ordres ou défenses à des cours ou tribunaux » article 238 du
Code pénal marocain ;
· En
statuant « sur des matières de la compétence des cours ou tribunaux » article
239 du Code pénal marocain.
Exemples
30
Procédure Pénale) et de décerner des mandats de comparution, sans commettre les
délits de violation de domicile ou d’arrestation arbitraire.
Il est bien évident qu’il ne saurait y avoir d’exercice légitime de l’autorité en dehors
de l’ordre de la loi ; dès l’instant où un officier ou un agent d’autorité abuse de ses
fonctions ou usurpe un commandement ou empiète sur un autre pouvoir, son
commandement perd de droits toute légitimité puisqu’il est fondé sur une infraction
(abus, usurpation, empiètement) ; les subordonnés peuvent du reste, refuser
d’obtempérer à ce commandement. Toutefois, l’apparence de ce commandement
peut passer pour légitime. L’obéissance à un tel commandement, est-elle suffisante
pour justifier une infraction ? deux systèmes peuvent être dégagés à partir des textes
légaux.
1. PEINE DE MORT
a. L’article 171 du Code pénal marocain : Attentats contre le Roi, la famille royale ou
la forme du gouvernement.
b. L’article 204 du Code pénal marocain : Attentats ayant pour but … de susciter la
guerre civile.
En sont passibles, aux termes de l’article 205 du Code pénal marocain, les individus
faisant partie sans y exercer aucun commandement ou emploi déterminé de bandes
armés si, toutefois, leur commandant est coupable d’une des infractions visées par
l’article 203 du Code pénal marocain.
3. MESURES DE SURETE
31
Cette sanction est une faculté dont dispose le juge, conformément à l’article 145 du
Code pénal marocain, lorsque l’agent subordonné bénéficie d’une excuse
absolutoire, hypothèse prévue par le Code pénal marocain dans deux situations
différentes :
a. Aux termes de l’article 212 du Code pénal marocain, ceux qui ayant fait partie
d’une bande armée, sans y avoir exercé aucun commandement et sans y avoir
rempli aucun emploi déterminé, bénéficient d’une excuse absolutoire pour les faits de
sédition décrits aux articles 203 à 205 du Code pénal marocain, s’ils acceptent de se
retirer au premier avertissement des autorités civiles ou militaires, ou même
ultérieurement lorsqu’ils ont été appréhendés hors des lieux de la réunion séditieuse,
sans arme et sans opposer de résistance. Ce qui fonde, semble-t-il, l’excuse
absolutoire, et partant la réduction de la sanction à d’éventuelles mesures de sûreté
est la déférence immédiate au commandement d’une autorité indubitablement
légitime.
b. Les abus d’autorité commis par des fonctionnaires. Dans les deux cas prévus par
le Code pénal marocain, si l’agent démontre avoir agi par ordre de ses supérieurs
hiérarchiques dans un domaine de leur compétence, c’est-à-dire s’est contenté de
déférer au commandement de l’autorité légitime, il bénéficie aux termes des articles
225 alinéa 2 et 258 du Code pénal marocain, d’une excuse absolutoire. Dans le
premier cas (abus contre des particuliers), il semble que le bénéfice du texte puisse
être étendu aux autres abus d’autorité (articles 227 à 232 du Code pénal marocain)
dans la mesure où ces derniers ne constituent que des cas d’application du principe
général dégagé dans l’article 225 alinéa 1. dans le second cas en revanche, la règle
posée dans l’article 258 du Code pénal marocain concerne uniquement les
magistrats et les fonctionnaires publics, elle ne saurait être étendue aux agents
spécialement visés par l’article 260 du Code pénal marocain, « commandants,
officiers ou sous officiers de la force publique », dont le comportement pénal ne peut
en aucun cas être légalement excusé.
Le principe il n’y a pas d’infraction sans texte s’applique aux militaires subordonnés
du commandant légitime dans le cadre des quatre infractions prévues par l’article
202 du Code pénal marocain, ainsi qu’aux civils, simples exécutants d’ordres
consécutifs à des empiètements (articles 237 à 239 du Code pénal marocain) où à
des usurpations de fonctions (articles 261, 262, 380 du Code pénal marocain).
Aux termes de l’article 124-2° du Code pénal marocain « Il n’y a ni crime, ni
délit, ni contravention :
1° ……….
Dans les deux cas envisagés par le texte, il s’agit expressément de la seule
contrainte physique : l’agent est soit matériellement forcé d’accomplir, soit
matériellement placé dans l’impossibilité d’éviter.
« La force majeure est tout fait que l’homme ne peut prévenir, tel que les
phénomènes naturels, l’invasion ennemi, le fait du prince, et qui rend impossible
l’exécution de l’obligation.
N’est point considérée comme force majeur la cause qu’il était possible d’éviter, si le
débiteur ne justifie qu’il a déployé toute diligence pour s’en prémunir.
N’est pas également considérée comme force majeure la cause qui a été
occasionnée par une faute précédente du débiteur ».
Ce texte est adapté à l’article 124-2° du Code pénal marocain dont il constitue, en
dépit de son antériorité, un prolongement précis.
Trois conditions sont nécessaires pour que la contrainte physique puisse être érigée
en fait justificatif.
§ 3 : ELLE NE DOIT PAS Avoir ETE PROVOQUE PAR UNE FAUTE DE
L’AGENT
33
que l’état et l’entretien du véhicule doivent être insusceptibles de permettre la
prévision de cette défaillance. Il appartient à l’agent de prouver qu’il n’a commis
aucune faute d’omission relativement à cet entretien.
La loi marocaine offre ainsi, en cas de nécessité, le choix entre deux maux : elle
permet l’accomplissement d’une infraction pour éviter un mal qu’elle estime encore
plus grave. Ce choix fondé sur une permission de la loi, c’est l’état de nécessité.
L’état de nécessité, fait justificatif, n’étant pas expressément formulé par le droit
pénal marocain, il doit être induit des dispositions particulières que lui consacre, le
Code pénal marocain. On peut l’analyse comme un principe général du droit qui, s’il
n’est pas formulé explicitement par le législateur, se trouve véritablement en
suspension dans l’esprit de notre droit.
Huit textes du Code pénal marocain font une application univoque de l’état de
nécessité, fait justificatif général.
1. RUPTURE DU JEUNE
3. AVORTEMENT
« L’avortement n’est pas puni lorsqu’il constitue une mesure nécessaire pour
sauvegarder la santé de la mère ». (article 453 du Code pénal marocain)
4. ABANDON DE FAMILLE
Ce délit peut apparaître nécessaire s’il est fondé, dans tous les cas envisagés par le
Code, sur un motif grave. (article 479 du Code pénal marocain)
34
5. DESTRUCTION OU MUTILATION D’ANIMAUX DOMESTIQUE OU D’ELEVAGE
Ces différents délits cessent d’être infractionnels s’ils sont commis par nécessité
(articles 602 et 603 du Code pénal marocain).
Ce texte justifie en cas de nécessité le dépôt sur la voie publique « des matériaux ou
des choses quelconques qui empêchent ou diminuent la liberté ou la sûreté de
passage » (article 608-10° du Code pénal marocain).
Cette contravention sera justifiée si le refus est fondé sur un motif valable. (article
609-3° du Code pénal marocain).
Aux termes de l’article 193-3° du Code pénal marocain est coupable d’atteinte à la
sûreté extérieure de l’Etat, délit passible en temps de paix d’un emprisonnement d’un
à cinq ans, « tout marocain ou étranger qui survole le territoire marocain au moyen
d’un aéronef étranger sans y être autorisé par une convention diplomatique ou une
permission de l’autorité marocaine ». Bien que le texte ne le précise pas, une telle
infraction est sans aucun doute justifiée par la nécessité de la commettre dès
l’instant où la déférence à la norme pénale peut raisonnablement s’analyser comme
un risque mortel pour l’équipage de l’aéronef.
B. FONDEMENT
1. FONDEMENT SUBJECTIF
a. Si la contrainte morale, omise par l’article 224-2° du Code pénal marocain, n’est
pas érigée en fait justificatif autonome, peut-elle du moins fonder l’état de nécessité ?
On peut être tenté de l’admettre en analysant, par exemple, un texte comme l’article
453 du Code pénal marocain, justifiant l’avortement nécessaire.
35
Cependant cette considération subjective qui, en l’espace, peut déterminer le choix
du médecin, n’est pas à même de fonder d’autres justifications : un musulman ne
saurait, par exemple, être contraint moralement à rompre le jeune. De surcroît, en
droit pénal marocain, les états passionnels ou émotifs « ne peuvent, en aucun cas
exclure ou diminuer la responsabilité » (article 137 du Code pénal marocain). C’est
au contraire l’état de nécessité qui peut, en certains cas exceptionnels, venir justifier
l’infraction lorsque celle-ci est fondée sur une contrainte morale spécifique, telle celle
qui est décrite par l’article 538 du Code pénal marocain : Est ainsi, sans nul doute,
justifiée l’infraction commise sous la pression d’un chantage.
2. FONDEMENT OBJECTIF
Le seul critère susceptible de justifier l’infraction nécessaire, quelle que soit sa nature
juridique, réside dans l’intérêt social. La société n’est pas, en effet, fondée à punir si
le bien sacrifié par la transgression du droit a une valeur moindre ou égale au bien
sauvegardé par la commission de l’infraction. En effet, dès l’instant où cette
nécessaire transgression de l’ordre juridique n’est pas inspirée par un tempérament
anti-social est sans objet. Si la sanction pénale n’est pas nécessaire, donc injustifiée,
on doit considérer l’infraction comme nécessaire, donc justifiable.
C. CONDITIONS
Il est bien évident que l’infraction nécessaire doit être subordonnée à de stricte
conditions. Si la transgression du droit pénal peut être justifiée par un péril actuel et
injuste, encore faut-il qu’elle soit nécessaire et mesurée.
a. Un péril actuel
L’actualité du péril ressortit des huit textes du Cod pénal. C’est ainsi qu’aux termes
de l’article 435 du Code pénal marocain, l’avortement thérapeutique peut intervenir
« pour sauvegarder la santé de la mère ». De même la rupture du jeune prévue par
l’article 222 du Code pénal marocain ne peut, en droit malékite, être fondée que sur
une nécessité physique ou professionnelle… etc.
b. Un péril injuste
Le péril ne doit pas avoir été causé par une faute de l’agent ; si, par exemple, la
destruction d’animaux prévue par l’article 602 alinéa 1 du Code pénal marocain a été
réalisée à la suite d’une « violation de clôture » (article 602 alinéa 2 du Code pénal
marocain), l’infraction ne saurait être justifiée quand bien même la vie de l’agent eut
été sérieusement menacée. Il en va de même dans le cadre de l’article 603 alinéa 2
36
du Code pénal marocain, lorsque, après avoir pénétré dans une propriété privée au
mépris d’une interdiction, l’agent a été contraint, pour se défendre, de détruire
l’animal.
Les huit textes du Code pénal marocain sont univoques : l’agent a le choix entre
deux maux ; aucune autre alternative ne lui est offerte ; l’infraction est l’unique
moyen de conjurer le péril. Aux termes de l’article 453 du Code pénal marocain, par
exemple, le médecin est contraint de pratiquer un avortement, car c’est le seul
moyen de « sauvegarder la santé de la mère ». En revanche, aux termes de l’article
609-3° du Code pénal marocain, le refus d’obtempérer à une convocation de
l’autorité publique ne se trouverait pas justifié si l’agent immobilisé pour « un motif
grave » avait la possibilité légale de se faire représenter.
Il ne paraît pas douteux qu’une certaine proportionnalité soit exigée pour justifier
l’infraction. Cette proportionnalité est une conséquence même du fondement objectif
de l’opinion légale, à savoir l’intérêt social.
Infraction justifiables
Si le bien sauvegardé a une valeur supérieure au bien sacrifié, l’intérêt social exige la
transgression de l’ordre pénal et l’infraction est justifiée. Exemples : la vie de
l’équipage de l’avion transgresse dans l’hypothèse²de l’article 193-3° du Code pénal
marocain ; la santé de la mère dans l’hypothèse de l’article 453 du Code pénal
marocain, celle du croyant dans l’hypothèse de l’article 222 du Code pénal marocain.
Infractions injustifiables
Quid si c’est la vie d’une personne qui est en jeu (exemple : pour sauver sa propre
vie un automobiliste tue une autre personne) ? Une réponse négative s’impose : Si la
permission de la loi ouvre en droit marocain un choix, ce choix est mesuré ; il ne
peut, en effet déboucher sur un homicide nécessaire qui étant, par hypothèse,
délibéré, ne pourrait être défini que comme un meurtre (article 392 du Code pénal
marocain). Si on justifiait le meurtre nécessaire, on ne pourrait qu’approuver la
torture nécessaire.
37
préféré réglementer cette application particulière de l’état de nécessité en l’érigeant
en principe justificatif autonome.
L’article 124-3° du Code pénal marocain « Il n’y a ni crime, ni délit, ni contravention :
1° …..
2° …..
A. FONDEMENT
B. CONDITIONS
L’article 124-3° du Code pénal marocain pose des conditions générales, l’article 125
pose, dans certains cas déterminés, des conditions particulières.
1. LE CAS GENERAL
38
fondement même de la légitime défense. Les conditions nécessaires à la justification
seront donc fonction du caractère de l’agression.
En cas de riposte contre une attaque déjà passée, il n’y a pas légitime défense, mais
vengeance privée.
En cas de défense contre un mal future, un mal éventuel. Il n’y a plus urgence, la
défense sociale peut jouer et peut notamment être mise en œuvre sur la base des
articles 425 à 429 du Code pénal marocain relatifs à la répression des menaces
contre les personnes ou les biens.
Injuste, c’est-à-dire antijuridique ; l’agression ne doit pas être légale. Une saisie
mobilière, exécutée conformément aux articles 460 et s du Code de la Procédure
Civile, ne saurait évidemment justifier une obstruction violente du débiteur dont la
défense n’est certes pas légale.
Quid si l’agression est injuste mais perpétrée par une autorité légitime ? Exemple :
Arrestation sans mandat d’arrêt. Il ne paraît pas douteux qu’en droit marocain, le
refus d’obtempérer à un tel ordre, au moyen de violences correspondant à une
défense légitime, ne soit justifié, puisque seul le délit de rébellion est prévu par le
Code et qu’il n’est pas permis d’ajouter ou de retrancher à la loi.
Quid enfin si l’agression est perpétrée par un agent excusable, par exemple, aux
termes de l’article 418 du Code pénal marocain par un mari trompé, blessant son
épouse et l’amant de cette dernière « à l’instant où il les surprend en flagrant délit
d’adultère » ; si l’épouse et l’amant ripostent, sont-ils en état de légitime défense ?
Une réponse affirmative s’impose, car si l’excuse de provocation a pour
conséquence d’atténuer la peine de l’agent, elle ne fait pas disparaître l’infraction : la
défense de l’amant ou de l’épouse est partant légitime et donc justifiée.
39
Principale application de l’état de nécessité, la défense pour être légitime doit
normalement constituer le seul moyen de s’opposer à l’agression. L’agresseur
défenseur n’avait pas d’autre alternative : subir l’injustice ou rétablir le droit.
Il est deux cas particuliers où le Code semble renoncer à la mesure imposée par
l’article 124-3° du Code pénal marocain. Aux termes de l’article 125 du Code pénal
marocain, en effet, « sont présumés accomplis dans un cas de nécessité actuelle de
légitime défense :
Ce texte n’est pas une simple application de l’article 124-3° du Code pénal
marocain ; il en constitue au contraire une dérogation dans la mesure où il établit, en
cas d’attaque particulièrement grave, une présomption de légitime défense. L’agent,
auteur de l’homicide ou des blessures, n’est pas tenu de prouver, l’attaque étant
actuelle et injuste, que sa riposte était nécessaire. Devant la gravité de l’agression,
l’agent semble dispensé de délibérer un choix : il opte d’emblée pour la défense que
la loi veut, en ce cas, présumer nécessaire.
40
CHAPITRE 1 : NOTION DE DELINQUANT
Le droit positif ne donne pas une définition du délinquant. Toutefois, la loi n’hésite
pas à indiquer les sujets de droit susceptibles de supporter la réaction sociale à
l’occasion de la commission d’une infraction.
L’article 126 du Code pénal marocain dispose que les peines et les mesures de
sûreté sont applicables aux personnes physiques, tandis que, l’article 127 du même
code précise que les personnes morales ne peuvent être condamnées qu’à des
peines pécuniaires et aux peines accessoires : la confiscation partielle, la dissolution
et la publication du jugement de condamnation. Il ajoute que le tribunal peut les
soumettre aux mesures de sûreté réelles : confiscation du bien ayant un rapport avec
le trouble social et fermeture de l’établissement.
L’auteur d’une infraction est la personne qui réalise le trouble social. Cette
observation limite les concepts de responsabilité et d’auteur à l’être humain,
personne physique pleinement douée de ses facultés intellectuelles et mentales.
Ceci dit, les animaux et les choses ainsi que les être humains privés des dites
facultés ne peuvent supporter la responsabilité pénale de leur comportement.
Les personnes physiques, les êtres humains, peuvent accomplir l’infraction, à titre
d’auteur, de responsable principal de la réaction sociale. La loi pénale considère
comme auteur d’une infraction toute personne qui l’exécute matériellement.
Dans l’hypothèse où la personne qui exécute n’est qu’un figurant, le droit positif
attache la qualité d’auteur à l’individu qui dirige la réalisation de l’infraction.
41
La classification des infractions s’articule sur plusieurs critères ; la nature de
l’infraction, la nature de la peine, la gravité de l’une et de l’autre, les différentes
conditions générales de l’infraction, l’objet de l’infraction etc…
On ne fait presque jamais attention aux actions qui ont pour ut la contestation des
institutions politiques d’un ETAT. Lorsque leurs résultats coïncident avec ceux des
infractions ordinaires, de droit commun, la plupart du temps l’observateur se contente
de les aligner. Or l’infraction politique doit être distinguée du délit de droit commun
car son auteur ne correspond pas aux observations formulées sur la personnalité du
criminel envisagé par le juriste et le criminologue. Si les actes de l’un et de l’autre se
ressemblent, leurs motivations divergent catégoriquement.
Se traduisant par une contestation des institutions, de l’usage qu’en font les
responsables, l’infraction politique ne produit guère le même effet que le meurtre, le
vol. cette nécessité de distinction implique la recherche d’une définition d’ensemble,
d’un critère de l’infraction politique par rapport à l’infraction de droit commun.
A. CRITERE DE LA DISTINCTION
1. CRITERES DOCTRINAUX
42
INTERET DE LA DISTINCTION
L’expérience démontre que dans la majorité des cas, le militaire qui commet une
infraction ne ressemble pas au délinquant ordinaire. La motivation de son acte, sa
matérialisation et ses buts ne reviennent presque jamais à la haine, la cupidité, le
profit, l’égoïsme.
L’action délictueuse du militaire s’explique par des raisons engendrées par son genre
de vie spécial et par la doctrine sociopolitique dont il est convaincu.
Les droits positifs actuels consacrent à la délinquance militaire des textes adaptés
tels que les prescriptions du Code de Justice Militaire (dahir du 10.11.1956).
Sur le plan du fond, le délit militaire peut être envisagé des points de vue subjectif et
objectif. Selon la première conception, l’infraction militaire revient à l’action
délictueuse qui ne peut être commise que par un élément de l’armée ; on ne la
conçoit pas de la part d’un civil. Ex. la désertion, la désobéissance, l’abandon de
poste et la violation du règlement disciplinaire intérieur à un établissement militaire.
Dans la deuxième conception, c’est l’honorabilité de l’armée qui est en cause, par
conséquent, tous ceux qui s’en révèlent responsables, qu’ils soient militaires ou civils
deviennent passibles de la justice pénale militaire.
B. INTERETS DE LA DISTINCTION
Sur le plan international l’auteur d’une infraction militaire n’encourt point l’extradition
lorsqu’il remplit les conditions vues dans l’infraction politique.
Sur le plan du droit interne, les différences de régimes sont plus intéressantes. La
condamnation à l’occasion d’une infraction militaire ne compte pour récidive. Selon
l’article 160 du Code pénal marocain que si elle concerne une infraction de droit
commun commise dans le cadre des institutions militaires (catégorie des infractions
militaires mixtes).
43
Le Code de Justice Militaire prévoit toutes les peines criminelles de droit commun ; il
leur ajoute quelques sanctions spécifiquement militaires telles que la dégradation et
la destitution.
Par exemple, aux termes de l’article 490 du Code pénal marocain, « sont punies de
l’emprisonnement d’un mois à un an, toutes personnes de sexe différent qui, n’étant
pas unies par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles ». C’est là
une infraction strictement fondée sur le confessionnalisme musulman (crime et
péché de zina).
De même, aux termes des articles 191 et 192 du Code pénal marocain, l’espion
coupable d’une atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat est passible, « en temps de
guerre » de la réclusion de cinq à trente ans, et « en temps de paix » d’un
emprisonnement d’un à cinq ans.
Il est toutefois nécessaire que la sanction pénale soit adapté par le juge au degré de
responsabilité propre à chaque délinquant. Lorsque la sanction pénale est
temporaire, l’individualisation du châtiment par le juge peut non seulement s’opérer
dans les limites du minimum légal, mais également excéder ces limites sous la forme
d’une atténuation au-dessous du minimum ou d’une aggravation au-dessus du
maximum. C’est là tout le problème de l’individualisation de la sanction pénale. Celle-
ci est rarement définitive ; elle n’est pas même toujours appliquée ; il importe donc de
s’interroger sur ses causes d’exemption ou d’extinction.
44
1. SURETE DE L’ETAT
1. Attentat contre le Roi ou l famille royale (article 163, 165, 167 du Code pénal
marocain) ;
2. Crimes contre la sûreté extérieure de l’Etat (articles 181, 182, 185, 190 du
Code pénal marocain) ;
45
3. Crimes contre la sûreté intérieure de l’Etat (articles 201, 202, 203 du Code
pénal marocain).
2. ORDRE PUBLIC
a. Homicides volontaires
Violences envers un fonctionnaire public ayant entraîné sa mort (article 267 alinéa 5
du Code pénal marocain), meurtre aggravé (article 392 du Code pénal marocain),
assassinat (article 393 du Code pénal marocain), parricide (article 396 du Code
pénal marocain), infanticide aggravé ou prémédité (article 397 du Code pénal
marocain) ou consécutif à une exposition (article 463 du Code pénal marocain),
empoisonnement (article 398 du Code pénal marocain).
b. Homicides involontaires
c. Violences
e. Récidive criminelle
46
L’article 155 du Code pénal marocain dispose « si le premier crime ayant été puni de
réclusion perpétuelle, la peine édictée par la loi pour le second crime est la réclusion
perpétuelle ».
f. Actes de terrorisme
Lorsque les faits ont entraîné la mort d’une ou de plusieurs personnes (article 218-3 ;
dernier alinéa du Code pénal marocain).
1. RÉCLUSION
c’est la seule peine criminelle privative de liberté ; elle peut être soit perpétuelle
(article 16-2° du Code pénal marocain), soit prononcée « à temps » pour une durée
de cinq à trente ans (article 16-2° du Code pénal marocain). Bien qu’exceptionnelle
au regard du principe que pourrait représenter la réclusion à temps, la réclusion
perpétuelle est une sanction souvent prévue par le Code : 28 infractions en sont
passibles ; il n’est donc pas inopportun de délimiter son champ d’application ;
a. Récidive criminelle
Selon l’article 155 du Code pénal marocain « Quiconque ayant été, par décision
irrévocable, condamné à une peine criminelle, a commis un second crime quelle
qu’en soit la nature, est condamné :
…….
47
– à la réclusion perpétuelle, si le maximum de la peine édictée par la loi pour le
second crime est la réclusion de trente ans ; »
b. Sûreté de l’Etat
c. Ordre public
· Concernant les monnaies ou effets de crédit public (article 334 du Code pénal
marocain) ;
· En
écriture publique ou authentique (articles 352 et 353 du Code pénal
marocain) ;
· Faux
témoignage en matière criminelle ayant déterminé la condamnation de
l’accusé à la réclusion perpétuelle (article 369 du Code pénal marocain).
Enlèvement : de majeur (article 437 du Code pénal marocain), de mineur (article 473
du Code pénal marocain).
48
· Recel aggravé (article 572 du Code pénal marocain) ;
2. EMPRISONNEMENT
c’est la seule peine délictuelle privative de liberté. C’est une peine « à temps ».
a. Principe
Délit correctionnel ; infraction que la loi punit d’une peine d’emprisonnement dont elle
fixe le maximum à plus de deux ans (article 111 du Code pénal marocain) ;
Délit de police : infraction que la loi punit d’une peine d’emprisonnement dont elle fixe
le maximum à deux ans ou moins de deux ans (article 111 du Code pénal marocain).
b. Exception
· La
récidive peut entraîner un emprisonnement de 10 ans (articles 156 et 157 du
Code pénal marocain) ;
· Certains
délits sont punis d’un emprisonnement inférieur à un mois. Exemple :
l’article 325 du Code pénal marocain : suppression, dissimulation ou lacération
d’affiches apposées en exécution d’une décision judiciaire ;
Dans les trois exceptions, la catégorie de l’infraction n’est pas modifiée (article 112
du Code pénal marocain) bien que la durée de l’emprisonnement déroge au principe
posé par l’article 17 du Code pénal marocain.
3. DÉTENTION
c’est la seule peine contraventionnelle privative de liberté. C’est une peine « à
temps ».
a. Principe
b. Exceptions
49
Aux termes de l’article 5 du dahir du 26.11.1962 portant approbation du texte du
ode pénal, lorsqu’un texte spécial, antérieur au Code pénal marocain, édicte une
peine d’emprisonnement dont le maximum est inférieur à un mois, l’infraction
constitue alors une contravention.
a. Principe
b. Exception
2. CALCUL DE LA PEINE
a. PRINCIPE
b. Exceptions
Révocation du sursis
La première peine est alors exécutée avant la seconde, sans possibilité de confusion
avec cette dernière (article 56 alinéa 3 du Code pénal marocain).
lorsqu’il est vérifié qu’une femme est enceinte de plus de six mois, la peine
privative de liberté prononcée contre elle ne peut être exécutée que 40 jours après
sa délivrance.
· Ils
ont à leur charge, et sous leur protection, un enfant de moins de dix-huit ans
insusceptible d’être recueilli « dans des conditions satisfaisantes » par une personne
publique ou privée.
A. DEFINITION
B. DUREE
Cinq ans minimum, le maximum étant déterminé par chaque infraction puni de
la résidence forcée (article 25 alinéa 1 du Code pénal marocain). Comme un seul
cas d’application est prévu par le Code (article 234 : coalition de fonctionnaires), on
peut poser en principe que la durée maximum de la peine est fixée à dix ans.
C. CONTROLE ET SANCTION
Il s’agit de la seule dégradation civique qui est une peine criminelle principale
d’une part (article 16-5° du Code pénal marocain), d’autre une peine accessoire à
une peine criminelle principale (article 36-2° du Code pénal marocain).
A. DEFINITION
2. Privation du droit d’être électeur ou éligible et « en général de tous les droits
civiques et politiques » (article 26-2° du Code pénal marocain).
52
4. Incapacité d’être tuteur ou subrogé tuteur, si ce n’est de ses propres enfants
(article 26-4° du Code pénal marocain).
5. Privation du droit de port d’armes (article 26-5° du Code pénal marocain) et donc
du droit de chasser.
B. DUREE DE LA PEINE
Deux à dix ans « sauf dispositions spéciale contraire » (article 26 dernier alinéa
du Code pénal marocain).
Abus d’autorité commis par les fonctionnaires contre les particuliers (articles
225, 227, 229 du Code pénal marocain).
E. PEINE DE REMPLACEMENT
Seule peine principale pécuniaire, l’amende sanctionne d’une part des délits
(article 17-2° du Code pénal marocain), d’autre part des contraventions (article 18-2°
du Code pénal marocain). On peu la définir comme une obligation pour le condamné
de payer au profit du trésor une somme d’argent déterminée, comptée en monnaie
ayant cours légal dans le Royaume (article 35 du Code pénal marocain).
A. MONTANT
1. EN MATIERE DELICTUELLE
La loi n° 25-93 promulguée par le dahir n° 1-94-284 du 25 juillet 1994 (15 safar
1415), a fixé désormais à 1200 dirhams le taux minimum de l’amende, peine
principale délictuelle (article 17-2° du Code pénal marocain).
53
Si une infraction est passible de l’amende seule, quel que soit son taux
maximum mais dont le minimum est supérieur à 1200 dirhams, cette infraction est
délit de police (article 111-4° du Code pénal marocain).
2. EN MATIERE CONTRAVENTIONNELLE
La loi n° 3-80 promulguée par le dahir n° 1-81-283 du 6 mai 1982 (11 rejeb
1402), a fixé à 20 dirhams le taux minimum de l’amende et à 200 dirhams le taux
maximum (article 608 du Code pénal marocain). En cas de récidive, l’amende peut
être portée au double (article 611 alinéa 2 du Code pénal marocain).
B. MODALITES D’EXECUTION
Le montant des amendes est recouvré par les soins de l’administration des
finances. L’extrait de la décision de condamnation constitue le titre en vertu duquel le
paiement peut être poursuivi par toutes voies de droit sur les biens du condamné.
54
A. L’INTERDICTION LEGALE
L’interdiction légale ne s’attache qu’aux peines criminelles. Elles n’a pas à être
prononcée. Elle s’applique de plein droit (article 37 du Code pénal marocain).
Elle est donc exclue lorsqu’un crime a été sanctionné par une peine délictuelle
à la suite d’une excuse ou de circonstances atténuantes.
3. INTERDICTION DE JOUISSANCE
5. DUREE DE LA SANCTION
55
est donc perpétuelle si la peine principale est perpétuelle (article 38 du Code pénal
marocain).
B. LA DEGRADATION CIVIQUE
Cette sanction d’une part est une peine criminelle principale, d’autre part est
une peine accessoire à une peine criminelle principal (articles 15-5° et 36-2° du Code
pénal marocain).
Elle s’attache de plein droit à toutes les peines criminelles principales autre
qu’elle-même et, de ce fait, n’a pas à être prononcée (article 37 du Code pénal
marocain). En revanche, elle ne peut être associée aux peines délictuelles
prononcées pour crime (article 40 du Code pénal marocain).
2. DUREE DE LA SANCTION
Celle-ci est liée à certaines peines délictuelles « dans les cas déterminés par la
loi », en sorte que lorsqu’un crime a été puni d’une peine délictuelle par suite d’une
atténuation de la peine, non seulement l’article 37 du Code pénal marocain relatif à
la dégradation civile est inapplicable mais également l’article 40 du Code pénal
marocain, car seules en fait des peines sanctionnant des délits se voient associés
par le code cette peine accessoire.
2. DUREE DE LA SANCTION
Pour qu’une telle peine accessoire puisse être prononcée, il faut admettre que
les membres ou les dirigeants de la personne juridique aient préalablement fait
l’objet d’une condamnation à une peine principale.
a. Si la personne juridique est « fondée sur une cause ou en vue d’un objet illicite,
contraire aux lois, aux bonnes mœurs ou qui a pour but de porter atteinte à la religion
islamique, à l’intégrité du territoire national, au régime monarchique ou de faire appel
à la discrimination » (article 3 de la loi n° 75-00).
b. « S’il apparaît que l’activité de l’association est de nature à troubler l’ordre public »
(article 7 alinéa 1 de la loi n° 75-00).
c. « En cas d’infraction aux dispositions de l’article 5 », c’est-à-dire aux formalités de
constitution de la personne juridique.
L’article 27 de la loi 75-00 étend aux associations étrangères les mêmes règles.
2. EXECUTION DE LA SANCTION
La dissolution ne peut être prononcée que dans les cas prévus par la loi et en
vertu d’une disposition expresse de la décision de condamnation (article 47 alinéa 2
du Code pénal marocain). Dans ce cas, la dissolution entraîne la liquidation des
biens de la personne juridique.
1. PERTE DEFINITIVE
57
Elle est liée de plein droit à la condamnation à mort et à la réclusion perpétuelle
et, de ce fait, n’a pas à être prononcée.
Elle est liée facultativement aux trois autres peines criminelles. La suspension
dure autant que l’exécution de la peine.
a. Confiscation facultative
Elle est exceptionnelle, le juge est parfois tenu de la prononcer. Elle peut
porter :
· Soit
sur « une fraction des biens du condamné ». un seul cas prévu par le Code
pénal marocain : en matière de sûreté extérieure de l’Etat (article 199 alinéa 3 du
Code pénal marocain) ;
· Soit
sur les biens désignés à l’article 43. Deux cas prévus par le Code pénal
marocain : contrefaçon de monnaie (articles 334 et 341) ou des sceaux de l’Etat
(articles 342 à 344 et 350) ;
· Soit
sur des biens spécialement désignés. Un seul cas prévu par le Code pénal
marocain : en matière de sûreté extérieure de l’Etat (article 199 alinéa 1 et 2).
· Soit
sur des biens désignés à l’article 43. on retrouve, au niveau délictuel, les
contrefaçons de monnaie ou de sceaux (articles 338 à 380 et 341 ; 345 à 349 et
350) ;
o Cinq cas prévus en matière délictuelle : sûreté intérieure (article 207), corruption
(articles 248 à 255), maisons de jeux et loteries non autorisées (articles 282, 283 et
285), infractions à l’exportation (article 287), atteinte à la propriété littéraire ou
artistique (article 575 à 579) ;
2. EXECUTION DE LA SANCTION
Quelle que soit sa forme, la confiscation ne peut être effectivement réalisée que
lorsque la condamnation est devenue irrévocable. C’est l’administration des
domaines qui est chargée de poursuivre l’aliénation des biens confisqués « dans les
formes prescrites pour la vente des biens de l’Etat » (article 46 du Code pénal
marocain), et le code précise que seules les dettes légitimes antérieures à la
condamnation grèvent les biens confisqués « jusqu’à concurrence de leur valeur ».
Le législateur a voulu ainsi éviter que des engagements fictifs ou frauduleux passés
en prévision de la condamnation puissent venir obérer indûment les biens dévolus à
l’Etat.
59
C. LA PUBLICATION DE LA DECISION DE CONDAMNATION
Dans les cas déterminés par la loi, la juridiction de jugement peut ordonner que
sa décision de condamnation sera publiée ou affichée.
1. BUT DE LA SANCTION
C’est une peine mixte dont le principal aspect est purement pécuniaire à l’égard
du condamné qui en supporte le coût. C’est également une peine morale destinée à
assurer la réparation du scandale causé par l’auteur de l’infraction. Bien que leur
finalité soit similaire, il ne faut pas confondre cette peine accessoire avec l’insertion
dans la presse ou l’affichage des jugements obtenus par la victime à titre de
dommages intérêts et de réparation civile du préjudice causé notamment en matière
d’injure ou de diffamation.
Elle peut être prononcée en matière criminelle ou délictuelle, mais « dans les
cas déterminés par la loi ».
Parfois la loi en fait une obligation au juge. Un seul cas prévu dans le Code
pénal marocain : en matière de banqueroute (article 569 du Code pénal marocain).
Le plus souvent la publication est facultative. Quatre cas prévus par le Code
pénal marocain : outrage à fonctionnaire public (article 263 alinéa 3), usurpation de
fonction, de titre ou de nom (article 388 alinéa 1), dénonciation calomnieuse (article
445 alinéa 1), atteinte à la propriété littéraire et artistique (article 578 alinéa 2).
3. EXECUTION DE LA SANCTION
La juridiction doit :
c. Dans un ou plusieurs journaux qu’elle désigne ou par affichage dans les lieux
qu’elle indique. L’affichage ne peut excéder un mois et bénéficie d’une protection
particulière.
60
L’article 141 du Code pénal marocain fixe à cet égard les prérogatives du juge :
« Dans les limites du maximum et du minimum édictés par la loi réprimant l’infraction,
le juge dispose d’un pouvoir discrétionnaire pour fixer et individualiser la peine en
tenant compte d’une part, de la gravité de l’infraction commise, d’autre part de la
personnalité du délinquant ».
Elle peut être fondée soit sur une cause légale d’atténuation, il s’agit alors des
excuses atténuantes, soit sur une cause judiciaire d’atténuation, il s’agit alors des
circonstances atténuantes. Dans l’un et l’autre cas, la sanction est atténuée, mais
« la catégorie de l’infraction n’est pas modifiée », même si le juge prononce une
peine « afférente à une autre catégorie d’infraction » (article 112 du Code pénal
marocain).
61
d’excuses peuvent être dégagés du droit pénal général marocain : une excuses
générale liée à la minorité, une excuses spéciale liée à la provocation et une excuses
utilitaire liée à la soumission.
A. L’EXCUSE DE MINORITE
Elle est générale dans la mesure où toutes les infractions commises par le
mineur de moins de douze ans, voire de 12 à 18 ans, sont susceptibles d’être
excusées.
· Si
l’infraction commise était passible de la peine de mort, de la réclusion perpétuelle
ou de la réclusion à temps de 30 ans pour un délinquant majeur, le mineur doit être
condamné à une peine de dix à quinze ans d’emprisonnement (article 493 alinéa 3
du Code de la procédure pénale) ;
· Si
l’infraction commise était passible de la réclusion à temps, il doit être condamné à
une peine de trois à dix ans d’emprisonnement ;
· Si
l’infraction commise était passible de l’emprisonnement, le maximum et le
minimum de la peine prévue par la loi doivent être diminués de moitié.
2. EN MATIERE DE CONTRAVENTION
Soit être condamné à l’amende prévue par la loi (article 468 du Code de la procédure
pénale).
B. L’EXCUSE DE PROVOCATION
62
Il s’agit d’une excuse spéciale qui s’applique « à une ou plusieurs infraction
déterminées » (article 144 du Code pénal marocain). Cette norme peut s’appartenir à
la légitime défense dans la mesure où l’agent a été poussé à commettre l’infraction
par une attitude antérieure de l’agresseur ; elle s’en différencie, car elle suppose une
agression déjà consommée. L’excuse de provocation vient en quelque sorte atténuer
la portée pénale de l’excès de légitime défense, de la disproportion entre la riposte et
l’attaque. Elle peut également, selon les cas, trouver son fondement dans une trop
forte émotion : si « les états passionnels u émotifs » ne peuvent exclure ou diminuer
la responsabilité (article 137 alinéa 1 du Code pénal marocain), ils peuvent
cependant parfois excuser l’infraction et partant atténuer la sanction.
1. DOMAINE DE L’EXCUSE
a. Principe
Ce domaine est étendu par le code aux réactions suscitées non seulement par
les crimes et délits « contre les personnes » (l’excuse vient ici atténuer les effets
pénaux d’une légitime défense excessive), mais également par les crimes et délits
« contre la moralité publique » (l’infraction semble ici excusable par la « légitime »
émotion de l’agent).
L’article 416 du Code pénal marocain dispose « Le meurtre, les blessures et les
coups excusables s’ils ont été provoqués par des coups ou violences graves envers
les personnes ».
L’article 417 du Code pénal marocain dispose « Le meurtre, les blessures et les
coups sont excusables s’ils ont été commise en repoussant pendant le jour
l’escalade ou l’effraction des clôtures, murs ou entrées d’une maison ou d’un
appartement habité ou de leurs dépendances ».
Adultère de l’épouse : L’article 418 du Code pénal marocain dispose « Le meurtre,
les blessures et les coups sont excusables, s’ils ont été commis par l’un des époux
sur la personne de l’autre, ainsi que sur le complice à l’instant où il les surprend en
flagrant délit d’adultère ».
Attentat à la pudeur : Aux termes de l’article 419 du Code pénal marocain « Le crime
de castration est excusable s’il a été immédiatement provoqué par un attentat à la
pudeur commis avec violence ».
L’article 421 du Code pénal marocain dispose « Les blessures et les coups sont
excusables, lorsqu’ils sont commis sur la personne d’un adulte surpris en flagrant
délit d’attentat à la pudeur ou de tentative d’attentat à la pudeur, réalisé avec ou sans
violences, sur un enfant de moins de dix-huit ans.
Les mêmes faits sont excusables lorsqu’ils sont commis sur la personne d’un
adulte surpris en flagrant délit de viol ou de tentative de viol ».
63
Fornication : L’article 420 du Code pénal marocain dispose « Les blessures faites ou
les coups portés sans intention de donner la mort, même s’ils l’ont occasionnée, sont
excusables lorsqu’ils ont été commis par un chef de famille qui surprend dans son
domicile un commerce illicite, que les coups aient été portés sur l’un ou l’autre des
coupables ».
b. Exception
· Attentat contre la vie ou la personne du Roi (article 163 du Code pénal marocain) ;
2. EFFET DE L’EXCUSE
Lorsque le fait d’excuse est prouvé, le tribunal est tenu d’atténuer la sanction
pénale encourue par l’agent.
S’il s’agit d’un délit, l’agent sera condamné à un emprisonnement d’un à trois
mois ‘article 423-3° du Code pénal marocain).
C. L’EXCUSE DE SOUMISSION
Elle est utilitaire dans la mesure où la réduction de peine ne peut s’analyser que
comme une prime à la soumission ; elle est, à cet égard, proche de certains excuses
absolutoires ; le Code pénal marocain envisage expressément cette cause dans son
article 440 en cas d’atteinte portée par des particuliers à la liberté individuelle. Bien
que le texte ne le précise pas, cette excuse semble uniquement concerner la
détention et la séquestration de majeurs ou de mineurs de dix-huit ans, des textes
spéciaux étant réservés à la protection des mineurs de dix-huit ans (articles 471 à
475 du Code pénal marocain).
Pour apprécier la portée de l’excuse, il est nécessaire, sur la base des textes du
code, tels qu’ils ont été modifiés par le dahir portant loi n° 1-74-232 du 28 rebia II
1394 (21 mai 1974), de définir avec précision les éléments constitutifs des infractions
excusables, ainsi que la sanction qui leur est applicable.
64
a. Les infractions excusables
« Ceux qui, sans ordre des autorités constituées et hors le cas où la loi permet
ou ordonne de saisir des individus, enlèvent, arrêtent, détiennent ou séquestrent une
personne quelconque » (article 436 alinéa 1 du Code pénal marocain), ainsi que
leurs complices (expressément assimilés à l’auteur par l’article 439 du Code pénal
marocain).
· Sont
punis de la réclusion de cinq à dix ans si la détention ou la séquestration a duré
moins de 30 jours (article 436 alinéa 1 du Code pénal marocain) ;
· De
la réclusion de dix à vingt ans si la détention ou la séquestration a durée trente
jours ou plus (article 436 alinéa 2 du Code pénal marocain) ;
· Si
l’arrestation ou l’enlèvement a été exécuté avec une des circonstances
aggravantes suivantes :
· Si
l’une des quatre infractions de l’article 436 a eu pour but de procurer aux auteurs
des otages ;
o Soit pour favoriser la fuite ou assurer l’impunité des auteurs d’un crime ou d’un délit ;
· Si
la personne victime d’une des quatre infractions de l’article 436 du Code pénal
marocain « a été soumise à des tortures corporelles », les agents sont punis de mort
(article 438 du Code pénal marocain).
65
Le tribunal est tenue d’en faire bénéficier « tout coupable qui, spontanément, a
fait cesser la détention ou la séquestration ». la portée de l’excuse est plus ou moins
atténuante selon la gravité du préjudice subi par la victime :
Dans les cas prévus à l’article 436 du Code pénal marocain. Si la personne
détenue ou séquestrée est libérée « en bonne santé » :
· Moins
de dix jours accomplis depuis son arrestation ou enlèvement, la peine est
l’emprisonnement d’un à cinq ans (article 440-2° du Code pénal marocain) ;
· Entre
le dixième jour et le trentième jour accompli, depuis son arrestation ou
enlèvement, la peine est la réclusion de cinq à dix ans (article 440-2° alinéa 3 du
Code pénal marocain)
Dans les cas prévus à l’article 437 du Code pénal marocain. Si l’otage est libéré
« en bonne santé » avant le cinquième jour accompli depuis celui de l’arrestation ou
enlèvement, la peine est réduite à la réclusion de cinq à dix ans (article 440-1° alinéa
2 du Code pénal marocain). Cette excuse est également applicable « si les actes
criminels ayant eu pour but l’exécution d’un ordre ou l’accomplissement d’une
condition, la libération a eu lieu sans que l’ordre ait été exécuté ou la condition
accomplie » (article 440-1° alinéa 3 du Code pénal marocain).
Les articles 472 alinéa 2 et 473 alinéa 2 du Code pénal marocain relatifs à
l’enlèvement ou au détournement d’un mineur de douze ans prévoient également
une atténuation de la peine encourue par l’agent.
· Est
puni de la réclusion de dix à vingt ans (article 472 alinéa 1 du Code pénal
marocain) ;
· Est
puni de la réclusion perpétuelle, si le coupable « se fait payer ou a eu pour but
de se faire payer une rançon » (article 473 alinéa 1 du Code pénal marocain) ;
· Est
puni de mort, si l’enlèvement est suivi de mort (article 474 du Code pénal
marocain).
b. Atténuation de la peine
Elle intervient « si le mineur est retrouvé vivant avant qu’ait été rendu le
jugement de condamnation » :
66
· Dans le cas de l’article 472, la peine est la réclusion de cinq à dix ans ;
· Dans le cas de l’article 473, la peine est la réclusion de dix à vingt ans.
A. CONDITIONS D’APPLICATION
67
Toutes les juridictions de jugement, qu’elles soient de droit commun ou
d’exception, disposent de cette prérogative.
· Si
la peine édictée est la mort, le tribunal criminel applique la peine de la réclusion
perpétuelle ou celle de la réclusion de 20 à 30 ans (article 147 alinéa 1 du Code
pénal marocain) ;
· Si
la peine édictée est celle de la réclusion perpétuelle, le tribunal criminel applique
la peine de la réclusion de 10 à 30 ans ;
· Si
la peine édictée est la réclusion à temps, trois hypothèses sont prévues par le
texte (article 147 alinéa 3, 4, 5) :
o Si le minimum de la peine édictée est la réclusion de dix ans, le tribunal criminel
applique la réclusion de 5 à 10 ans ou une peine d’emprisonnement de 2 à 5 ans ;
o Si le minimum de la peine édictée est la réclusion de cinq ans, le tribunal criminel
applique une peine d’emprisonnement de un à cinq ans ;
o L’interdiction des droits prévus à l’article 26-1° et 2° du Code pénal marocain pour une
durée de 5 à 10 ans ;
· Si
la peine édictée est la résidence forcée, la juridiction prononce la dégradation
civique ou un emprisonnement de six mois à deux ans (article 148 alinéa 1 du Code
pénal marocain) ;
· Si
la peine édictée est la dégradation civique, l’agent se verra condamné soit à une
peine d’emprisonnement de six mois à deux ans, soit à la privation de certains des
droits énumérés à l’article 26 du Code pénal marocain.
68
Le juge « même au cas de récidive », et sauf disposition légale contraire,
« dans tous les cas où la peine édictée est celle de l’emprisonnement et de l’amende
ou l’une de ces deux peines seulement », peut réduire la peine au dessous du
minimum légal, sans toutefois que l’emprisonnement puisse être inférieur à un mois
et l’amende inférieur à 200 dirhams (article 149 du Code pénal marocain).
· Soit
réduire la peine au-dessous du minimum légal, sans toutefois que
l’emprisonnement puisse être inférieur à six jours et l’amende à 12 dirhams ;
· Soit
substituer l’amende à l’emprisonnement, sans qu’en aucun cas cette amende
puisse être inférieure au minimum de l’amende contraventionnelle. Dans ce cas, si la
peine de l’emprisonnement était seule édictée par la loi, le maximum de cette
amende peut être fixé à 5000 dirhams.
Selon l’article 147 alinéa 6 du Code pénal marocain, le tribunal criminel peut :
· Soit la supprimer.
Aux terme de l’article 151 du Code pénal marocain, le juge, « même au cas de
récidive » peut :
· Soit
réduire la détention et l’amende jusqu’au minimum prévu par le code pour les
peines contraventionnelles ;
· Soit
substituer l’amende à la détention dans le cas où cette dernière peine est
édictée par la loi.
Attachées de plein droit à une peine principale, elles en suivent le sort, le juge
n’ayant pas le pouvoir de les modifier directement. S’il se borne, par suite de
circonstances atténuantes, à réduire la peine principale dans son taux ou dans sa
durée, celle-ci n’en subsiste pas moins avec son accessoire.
69
crime et passible de réclusion n’est condamné qu’à un emprisonnement, que
deviennent l’interdiction légale et la dégradation civique ? Elles disparaissent, car,
précise l’article 37 du Code pénal marocain, elles « ne s’attachent qu’aux peines
criminelles » et non pas à la catégorie de l’infraction ; l’agent contre qui est prononcé
une peine délictuelle peut, en revanche, conformément à l’article 40 du Code pénal
marocain se voir interdire « l’exercice d’un ou plusieurs des droits civiques, civils ou
de familles visés à l’article 26 ».
Les circonstances aggravantes peuvent donc être définies comme des circonstances
accessoires du fait principal, fixées limitativement par la loi et qui déterminent une augmentation
des peines ordinaires.
a. Circonstances de moyen
Ex : Escalade (vol, article 509 du Code pénal marocain), réunion (rébellion,
article 302 du Code pénal marocain), port d’armes (mendicité article 331 du Code
70
pénal marocain), fausses clés (vol, article 510 du Code pénal marocain), effraction
(vol, article 510 du Code pénal marocain), violence (vol, article 509 du Code pénal
marocain), port illégal d’uniforme (vol, article 510 du Code pénal marocain), véhicule
(vol, article 509 du Code pénal marocain) …etc.
b. Circonstances de lieu
Ex. : chemins publics (vol, article 508 du Code pénal marocain), maison habitée (vol, article
509 du Code pénal marocain), aéroport (vol, article 508 du Code pénal marocain), gare
ferroviaire (vol, article 510 du Code pénal marocain)… etc.
c. Circonstances de temps
Ex. : nuit (vol, article 509 du Code pénal marocain), période prohibée (pêche,
article 31 alinéa 3 dahir du 16 juillet 1974), au cours d’un incendie (vol, article 51O du
Code pénal marocain).
a. Circonstances fondées sur la nature des relations qui unissent l’agent à sa victime
car ces relations lui imposaient un devoir particulier de respect, Ex. : parricide (article 397
du Code pénal marocain, crime commis par le sujet sur la personne du souverain)
car ces relations étaient de nature a lui faciliter l’infraction. Ex. : vol du domestique (article
509 du Code pénal marocain) ou de l’ouvrier (article 509 du Code pénal marocain).
Ex. : la préméditation aggrave le meurtre (article 393 du Code pénal marocain) et les
blessures volontaires (article 400 du Code pénal marocain).
Ex. : la mendicité est un délit puni de l’emprisonnement d’un à six mois (article 326
du Code pénal marocain) ; si le délit est réalisé en simulant des infirmités, il est puni
de l’emprisonnement de trois mois à un an (article 327-2° du Code pénal marocain).
71
2. MODIFICATION DE LA CATEGORIE DE L’INFRACTION
Les circonstances personnelles n’ont d’effet qu’a l’égard du seul participant auquel
elles se rapportent (article 130 alinéa 2 du Code pénal marocain) ; en revanche, les
circonstances réelles sont supportées par le complice ou le coauteur, « même si
elles ne sont pas connues » de lui (article 130 alinéa 3 du Code pénal marocain).
L’article 154 du Code pénal marocain dispose « Est (…) en état de récidive légale, celui
qui, après avoir été l’objet d’une condamnation irrévocable pour une infraction antérieure
(1er terme de la récidive), en commet une autre » (2é terme de la récidive).
Seule une condamnation pénale peut être prise en considération. Cette première condition
est Imposée par l’article 154 du Code pénal marocain, explicité à cet égard par les articles 155 à
160 du Code pénal marocain. Mais qu’est-ce qu’une condamnation pénale ? c’est une
condamnation à une peine, au sens technique de ce terme ; le prononcé, par le tribunal, d’une
mesure de sûreté, même lorsqu’elle vient sanctionner un crime ne saurait être pris en
considération parmi les antécédents du récidiviste. La plupart des mesures de sûreté
interviennent, en effet, essentiellement comme sanction accessoire d’une peine principale et
c’est, dès lors, cette dernière qui fonde le premier terme de la récidive ; exceptionnellement, ce
sera la récidive qui fondera le prononcé de la mesure de sûreté ; c’est le cas de la relégation.
Si la condamnation n’était que définitive, il n’y aurait pas récidive, mais concours réel
d’infraction. On peut justifier cette règle en rappelant que le droit marocain ne punit sévèrement
qu’après avoir donné à l’agent un avertissement solennel qui se traduit par l’irrévocabilité de la
sanction : les délais accordés à l’agent pour attaquer la décision sont écoulés et toutes les voies
72
de recours sont épuisées ; la condamnation est passée en force de chose jugée. En cas de
prescription, voire même en cas de grâce, il est indifférent que la peine ait été subie, car la
condamnation subsiste ; il n’en irait différemment que si la condamnation ou ses effets avaient
été effacés par l’amnistie, la réhabilitation ou le sursis définitivement acquis à l’issue du délai
d’épreuve.
1. NATURE DE LA RECHUTE
Elle ne doit pas être une conséquence de la première condamnation. Ex. : le délit d’évasion
ne saurait constituer le second terme de la récidive. L’article 310 du Code pénal marocain prévoit
du reste que la peine sanctionnant l’évasion se cumule, par dérogation à l’article 120 du Code
pénal marocain, avec toute peine temporaire privative de liberté infligée pour l’infraction ayant
motivé la première condamnation.
Elle ne doit pas non plus être une conséquence de l’infraction ayant motivé la première
condamnation. Ex. : les infractions prévues par les articles 317 à 325 du Code pénal marocain et
sanctionnant « l’inobservation de la résidence forcée et des mesures de sûreté » ne peuvent, non
plus, constituer le second terme de la récidive, car on peut légitimement estimer qu’elles ne sont
commises, à l’instar de l’évasion à laquelle elles s’apparentent, que pour échapper aux
conséquences de cette condamnation.
On peut parler de récidive générale si l’aggravation de peine est infligée quelle que soit la
nature respective des infractions successives, et de récidive spéciale si la loi exige que la
deuxième infraction soit identique à la première. Le droit pénal marocain utilise les deux
systèmes.
73
2. DELAI DE RECHUTE
a. Récidive perpétuelle
Pour admettre l’état de récidive, la législation ne tient pas compte de l’intervalle de temps
qui a séparé les deux infractions.
b. Récidive temporaire
Le législateur exige, pour admettre la récidive, que les infractions se soient succédées
dans un délai préalablement fixé. Au-delà du délai fixé, la commission d’une nouvelle infraction
ne déterminera pas l’état de récidive par rapport à la première infraction.
Les deux systèmes sont retenus par le droit pénal marocain qui impose la temporalité ou la
perpétuité de la récidive, en fonction de la gravité des infractions.
Ex. : la fornication, telle qu’elle est définie par l’article 490 du Code pénal marocain
(1ére qualification) et l’outrage public à la pudeur, tel qu’il est prévu par l’article 483 du Code pénal
marocain (2e qualification).
Le tribunal est en ce cas tenu d’apprécier le fait « suivant la plus grave d’entre elles »
(article 118 du Code pénal marocain) et de prononcer une seule peine. En l’espèce choisie, les
fornicateurs seront donc jugés pour un outrage.
Il y a infraction d’habitude lorsque un acte pris isolément n’est pas punissable : seule sa
répétition constitue l’infraction.
Ex. : mendicité (article 326 du Code pénal marocain) ; vagabondage (article 329 du Code
pénal marocain) ; excitation habituelle de mineur à la débauche (article 497 du Code pénal
marocain) ; vie commune avec une prostituée (article 498-3° du Code pénal marocain) ;
proxénitisme hôtelier (article 501 du Code pénal marocain) ; tolérance habituelle de l’exercice de
la débauche dans un local privé (article 503 du Code pénal marocain).
Ex. : port illégal de décoration, de titre, d’uniforme (articles 382 à 384 du Code pénal
marocain) ; non représentation d’enfant (article 477 du Code pénal marocain) ; recel (article 571
du Code pénal marocain).
74
Il y aura, en revanche, concours ou cumul réel (ou matériel) d’infractions, lorsque l’agent
accomplira « simultanément » ou successivement » « plusieurs infractions non séparées par une
condamnation irrévocable » (article 119 du Code pénal marocain).
L’agent se distingue dès lors du délinquant occasionnel parce qu’il a commis plusieurs
infractions ; il n’est pourtant pas un récidiviste puisqu’il n’a pas reçu, sous la forme d’une
condamnation irrévocable, l’avertissement solennel de ne pas recommencer. La sanction qui doit
lui être appliquée ne peut que faire l’objet d’une mesure particulière.
75
A. PEINES PERSONNELLES
Qu’il s’agisse d’une exécution capitale ou d’un décès naturel, « la mort du
condamné » est une cause d’extinction des peines principales et accessoires
supportées par la personne même de l’agent, c’est-à-dire de toutes les peines
privatives ou restrictives de libertés ou de droits. C’est là une évidence qu’il est à
peine nécessaire de mentionner, mais que l’on doit cependant dégager de l’article
49-1° du Code pénal marocain qui en pose le principe.
B. PEINES PECUNIAIRES .
Leur transmissibilité et donc leur imputation sur les patrimoines des héritiers vont
manifestement à l’encontre du principe de la personnalité des peines, puisque, en
l’espèce, une personne étrangère à l’infraction va subir la sanction prononcée contre
l’auteur de cette infraction. On peut, cependant, tenter de justifier cette anomalie
juridique en argent de la mutation nécessairement subie par la créance de la
société : dés l’instant où elle a pénétré les patrimoines des héritiers, elle est devenue
une dette et fait, à ce titre, partie du passif de la succession.
1. CONDAMNATIONS COTRADICTOIRES
76
Pour que la peine pécuniaire puisse être légalement exécutée sur les biens
successoraux, il est nécessaire que les conditions posées par le Code de la
Procédure Pénale soient remplies au jour du décès ; il faut donc que la décision ait
acquis l’autorité de la chose irrévocablement jugée, c’est-à-dire qu’elle ne puisse
plus faire l’objet d’aucune voie de recours ordinaire ou de pourvoi en cassation dans
l’intérêt des parties.
L’article 93-1° du Code pénal marocain estime opportun de rappeler que la mort du
condamné est le terme nécessaire des mesures de sûreté personnelles.
Elles sont exécutée nonobstant le décès du condamné .La confiscation peut donc être
poursuivie, dans les mêmes conditions que pour les peines, sur les biens successoraux. Quant à
l’indignité réelle, susceptible de venir se greffer définitivement sur l’activité d’un établissement
commercial frappé de fermeture, c’est sa perpétuité qui gratuit sa transmissibilité aux héritiers
A la différence de l’action publique qui ne peut être exercée que contre les auteurs et
les complices, l’action civile qui tend à la constatation d’une dette civile de réparation
peut être exercée contre les héritiers de l’agent décédé. La mort du prévenu laisse
subsister l’action civile dont l’objet, conformément aux articles 105 à 108 du Code
pénal marocain est constitué par les frais de justice, les restitutions et les
dommages- intérêts .
A. CONDAMNATION CONTRADICTOIRE
Les condamnations civiles ne peuvent être exécutées sur les biens successoraux que si
elles sont définitives, c’est dire qu’elles ne peuvent plus faire l’objet d’aucune voie de recours
ordinaire (appel ou opposition).
77
Elles ne deviennent exécutoires que si le délai de l’opposition est expiré. En
effet, la prolongation du délai d’opposition édicté par le Code de la Procédure pénale
lorsque la notification n’a pas été faite à personne, n’est opposable qu’au ministère
public et non à la partie civile.
Si la loi pénale est abrogée, l’infraction disparaît et partant la sanction. Il peut en aller
de même par simple effacement du caractère délictueux de l’acte reproché à l’agent.
Le Roi, décide, en usant de ses attributs régaliens, que l’infraction n’a jamais existé :
la fiction s’impose au droit et l’infraction disparaît.
A. PRINCIPE
B. EXCEPTION
Selon les termes de l’article 7 du Code pénal marocain, les loi temporaires « même,
après qu’elles aient cessé d’être en vigueur, continuent à régir les infractions
commises pendant la durée de leur application ».
78
L’abrogation s’oppose à l’introduction de l’action publique, le fait ne pouvant plus être
qualité pénalement.
B. SUR LA CONDAMNATION
L’article 52 du Code pénal marocain dispose : « ..l’abrogation de la loi pénale fait obstacle
à l’exécution de la peine non encore subie et met fin à l’exécution en cours ».
L’article 5 du Code pénal marocain dispose : « …si une condamnation a été prononcée, il
est mis fin à l’exécution des peines tant principales qu’accessoires ».
La règle est posée par l’article 9 du Code pénal marocain : « l’exécution d’une
mesure de sûreté cesse lorsque le fait qui l’avait motivée n’est plus constitutif
d’infraction par l’effet d’une postérieure ou lorsque cette mesure de sûreté est elle-
même supprimée par la loi », sous réserve toutefois des dispositions de l’article 103
du Code pénal marocain.
79
A. SOIT UN CARACTERE REEL
La loi en « détermine les effets sous réserve toutefois des droits des tiers »
(article 51 alinéa 2 du Code pénal marocain).
Les poursuites ne sont pas encore engagées lorsque la loi est publiée
Si c’est la juridiction d’instruction qui est saisie, elle est tenue de rendre une
décision de non-lieu ; si c’est la juridiction de jugement, elle doit relaxer.
80
La condamnation est effacée du casier judiciaire, et, en cas de difficulté
d’interprétation de la loi, le demandeur peut utiliser la procédure de rectification
conformément aux dispositions du Code de la Procédure Pénale.
Enfin, aux termes de l’article 94 du Code pénal marocain, « la loi portant
amnistie de l’infraction ou de la peine principale, à moins qu’elle n’en décide
autrement par une disposition expresse, arrête l’exécution des mesures de sûreté
personnelles… », sous réserve toutefois des dispositions de l’article 103 du Code
pénal marocain.
Quoi qu’il en soit, l’infraction amnistiés a bel et bien existé dans le passé et
c’est par la technique de la rétroactivité que le fait délictueux a disparu, qu’il a cessé
d’être antijuridique. Il est donc normal qu’il soit impossible d’en supprimer toutes les
traces.
Celui-ci ne peut non plus se retourner en indemnité contre l’Etat pour obtenir
réparation du préjudice causé par son incarcération.
Le Code pénal marocain prend le soin de préciser dans son article 51 alinéa 2
que la loi doit définir les effets de l’amnistie « sous réserve toutefois des droits des
tiers ». les « tiers » ne pouvant être, en l’espace, que les victimes de l’infraction
amnistiée, force est d’admettre que l’amnistie n’éteint pas l’action civile de la victime.
Cet effet limité de l’amnistie emporte deux conséquences.
L’agent amnistié est passible « des autres condamnations qui peuvent être
prononcées » :
81
§ Les frais et dépenses du procès (article 105 du Code pénal marocain) ;
Dans quelle mesure l’origine délictueuse des faits ouvrant l’action civile va-t-elle
lui conserve le régime spécifique de l’action civile à origine pénale ? En d’autres
termes, la juridiction répressive demeure-t-elle compétente à l’égard de l’action
civile ? Deux situations doivent être distinguées.
La prise civile n’a pas encore porté son action devant le juge pénal, au moment
de la publication de la loi d’amnistie. Elle ne peut dès lors plus le faire, l’action
publique étant éteinte.
82