Mo 4
Mo 4
Mo 4
La biomasse phytoplanctonique et bactérienne libère du phosphore (présent dans les constituants cellulaires)
pendant la décomposition dans les sédiments. Le P reste sous forme dissoute en conditions réductrices et
peut migrer par les eaux interstitielles au cours de la diagenèse précoce.
Dans les milieux euxiniques et réducteurs, le P peut regagner la colonne d’eau et remonter vers les eaux de
surface où il participera à la productivité (productivité soutenue par le recyclage du P avec des eaux de fond
anoxiques !!).
Dans les environnements moins réducteurs, le P libéré par décomposition de la MO peut précipiter à
l’interface eau/sédiment où dans le sédiment pour former des grains phosphatés. La concentration des
particules phosphatées par des mécanismes sédimentologiques (remobilisation dans les milieux agités et
dépôt) donnent naissance à des phosphorites.
Le Baryum (Ba) est accumulé sous forme de barytine (BaSO4) dans les cellules du phytoplancton. La
barytine est protégée de l’eau de mer à l’intérieur de la structure organique, incorporée dans le sédiment la
barytine est protégée de la dissolution car les eaux interstitielles sont peu agressives.
Il est démontré dans les environnements récents que la teneur en Ba est proportionnelle au flux de MO qui se
dépose sur le fond marin. La teneur en Ba permet de calculer le flux de MO et donc d’estimer la
paléoproductivité. Ce n’est pas le cas des sédiments réducteurs où la sulfato-réduction intervient et libère le
Ba en solution où il peut migrer dans les eaux interstitielles soit regagner la colonne d’eau soit précipiter à
l’interface eau/sédiment.
Le Ba se retrouve dans les sédiments à l’aplomb des zones de productivité faibles à modérées. Pour des
productivités fortes, les sédiments sont le siège de conditions réductrices défavorables à sa préservation.
La matière organique
Les éléments associés à la MO
Les métaux sensibles aux conditions redox sont solubles sous formes réduites (Fe2+, Mn2+) et insolubles
sous formes oxydés (Fe3+ et Mn4+). D’autres métaux comme l’U, le V et le Mo ont un comportement inverse
qui se répercute sur la composition chimique des sédiments marins.
Un transfert de ces éléments en solution de la colonne d’eau vers les eaux interstitielles provoque la
réduction et la précipitation de ces éléments dès qu’ils franchissent le front redox ce qui maintient le gradient
et permet un pompage en V, U et Mo (système plus complexe pour le Mo mais globalement identique au V et
U) et donc un enrichissement de ces métaux dans le sédiment.
Dans le cas de milieux euxiniques où le front redox gagne la colonne d’eau, le phénomène est encore plus
important.
A l’inverse, il n’y a pas d’enrichissement en ces éléments dans le sédiment si le front redox est plus enfoui
dans la pile sédimentaire.
D’autres éléments comme le Ni, le Cu, le Co et le Zn sont apportés au sédiment via des complexes organo-
métalliques et de complexes chlorurés. Au + le flux de MO est important, au + ces éléments seront enrichis
dans le sédiment.
Les R sédimentaires marines, à grains fins et peu carbonatées présentent un rapport C/S = 2,7. Cette
relation indique qu’une roche qui présente un excès de S (C/S < 2,7) reflète des conditions propices à la
formation des sulfures de fer et/ou l’incorporation de S réduit à la MO → résultat de conditions euxiniques. Un
déficit en S (C/S > 2,7) est le reflet d’un milieu impropre à la formation de sulfures, malgré la présence de
MO, témoin de conditions pauvres en sulfates → eaux douces ou saumâtres.
La matière organique
Sédimentologie de la MO
Des campagnes
océanographiques (années
1960-1970) ont permis
d’avoir une idée des
concentrations en Corg
dans les différents
domaines de l’océan et ce
par type de lithologie:
Ce sont les domaines marins peu profonds qui contiennent le plus de MO et compte tenu des épaisseurs de
sédiments accumulés, il s’agit là de la zone où l’essentiel de la MO est piégée.
La matière organique
Sédimentologie de la MO
A) Le taux de sédimentation ou l’épaisseur de sédiments accumulés par unité de temps est corrélable à la
quantité de MO dans les sédiments marins récents ou anciens.
La formule de calcul du taux d’accumulation massique (TAM) d’un constituant X du sédiment est:
Le TS n’a pas d’influence lorsque des conditions anoxiques de fond règnent (puisque la dégradation est plus
lente qu’en conditions oxiques) et quand la quantité de MO terrigène (provenant du continent) est très faible.
La matière organique
Un TS très élevé se corrèle négativement avec le COT car le flux de particules excède celui de MO ce qui
provoque une diminution de la teneur en MO dans le sédiment. Cet effet de dilution est fonction de la
lithologie: pour les blackshales, certains auteurs mentionnent des TS de 40 -100 m/Ma. Ces relations bien
établies pour le Quaternaire sont difficiles à estimer pour l’ancien compte tenu du pouvoir de résolution
temporel des outils stratigraphiques disponibles et du bruitage par la compaction.
La matière organique
B) Le tri granulométrique et le rôle des minéraux
La répartition des particules organiques dans la Mer Noire est fonction des zones de productivité primaire,
des zones d’anoxie mais également de la granulométrie de la MO. La MO de densité faible (fine
granulométrie) à tendance à s’incorporer aux sédiments fins ce qui explique l’augmentation du % de MO en
fonction de la taille des particules sédimentaires:
Les sables contiennent 4 fois moins de MO que les argiles les plus fines. On constate donc une grande
affinité de la MO pour les argiles.
C) La resédimentation
Les conditions climatiques locales favorisent la productivité planctonique et donc l’accumulation de MO sur le
fond. La sédimentation anoxique de fond (1200-1400 m) est perturbée régulièrement par l’arrivée de coulées
turbides en provenance des bordures oxygénées (250-750 m) du bassin dont la MO est nettement plus
altérée que la MO qui sédimente au centre du lac.
profondeur de
1400 m
La matière organique
Figure synthétisant les différents facteurs qui influencent la sédimentation des particules organiques.
La matière organique
Les roches carbonées
La MO dans une roche est quantifiée par le % massique de COT. Rappelons que la MO se compose outre le
C d’autres éléments en concentration plus faible comme l’H, l’O, le S et l’N. Une roche qui contient 1% de
COT contient en réalité entre 1,2 et 1,9 % de MO!!
Les roches carbonées - riches en MO – comprennent les charbons, les sapropélites et les schistes
bitumineux ou laminites organiques.
Les argiles feuilletées sombres et riches en MO appelées black shales par les anglo-saxons. Les roches
mères pétrolières comme les argiles noires du Kimméridgien de la mer du Nord ou les black shales du
Crétacé inférieur de l’Atlantique.
Les black shales sont appelés également hot shales quand leurs teneurs en U est forte.
On parle également au Paléozoïque Inférieur d’ampélites (schistes argileux riches en MO et en pyrite)
Les varves sont des doublets de lamines alternativement claires et sombres, déposées en eau calme
pendant une année et définis initialement dans les lacs périglaciaires. Les varves (définis dans des lacs
glaciaires) sont des dépôts de fond dont l’alternance correspond à des modifications saisonnières des flux
sédimentaires. La couche claire est formée de matériaux grossiers (silts ou sables) correspondant à la
décharge fluviatile de printemps lors de la fonte des neiges. Les tests carbonatés ou siliceux de plancton
peuvent s’ajouter à cette lamine minérale. La lamine foncée qui se dépose à l’automne et en hiver, lorsque
les apports détritiques se réduisent, en particulier lorsque la surface du lac est gelée, et que le
refroidissement des eaux conduit à un retournement de la stratification des eaux. La plongée des eaux
froides, plus denses sous les couches d’eaux plus chaudes, conduit à la décantation des particules fines
(argiles et MO) qui se trouvaient jusque là dans un état colloïdal dans la couche d’eau superficielle
(épilimnion).
L’épaisseur des varves est très variables et dépend de l’importance des apports détritiques. Selon les lacs,
l’épaisseur d’un doublet peut varier de quelques millimètres à 4 cm, la couche sombre étant généralement
moins épaisse que la couche claire.
La matière organique
La matière organique
La matière organique
La matière organique
L’analyse des séries du Carbonifère aux USA a montré que des cycles de durée respectives de 396 ka, 118
et 44 ka sont estimés et correspondent relativement bien aux variations des paramètres orbitaux de la Terre
(ou cycles de Milankovitch).
Charbon, La Ricamarie
La matière organique
The two coal seams visible here are
amalgamated a few hundred metres
updip from this site.
The split contains marine sands and
silts
Des variations de flux de MO dans les alternances calcaire-black shale ou marne-black shale. Variations de la
productivité primaire, modifications des apports terrigènes ou des changements des conditions redox de la
colonne d’eau ou sur le fond peuvent expliquer de telles alternances.
Un lien existe donc entre le % de CaCO3 et le COT dans les alternances où le flux de carbonates varie. Il en
résulte des lithologies fort différentes depuis le calcaire blanc bioturbé au black shale noir laminaire.
La matière organique
La matière organique: exemples tirés de la littérature
Analyses de publications sur la MO.
Objectifs:
Objectifs
Décrire les changements de l’origine
biologique et de l’impact diagénétique
sur la MO à partir de conditions redox
différentes dans la colonne d’eau et
dans le sédiment.
Colonne stratigraphique:
stratigraphique 14 mètres
d’épaisseur.
La teneur en soufre est liée à la teneur en TOC car le S est exclusivement lié à la pyrite. La teneur en S
corrigée sur base sans carbonate est remarquablement constante à l’exception des trois premiers bancs
carbonatés.
Les analyses Rock–Eval révèlent un indice d’oxygène (OI) élevé pour le Pliensbachien, la zone
tenuicostatum et pour les trois horizons carbonatés uniquement.
L’indice d’hydrogène (HI) de la MO est très bas (< 200 mg HC/g TOC) pour le Pliensbachien et la zone
tenuicostatum. Il augmente dans la zone falciferum (550-650 mg HC/g TOC) et diminue dès que l’on passe à
la zone bifrons.
La quantité de MO extractable varie entre 100 et 13 500 ppm. Quand ces valeurs sont normalisées par
rapport aux concentrations en TOC, on observe alors des valeurs moyennes de 40–70 mg extract/g TOC
avec des pics >100 mg extract/g TOC. La composition moyenne de la MO extraite est approximativement de
25% aliphatic, de 30% aromatic hydrocarbons, de 40% resins, et de 5% d’asphaltenes.
Les valeurs absolues du rapport pristane/phytane varie entre 1.1 et 2.5, et indique un dépôt dans un
environnement oxygéné.
Posidonia Black Shales
Posidonia Black Shales
Posidonia Black Shales
Posidonia Black Shales
La balance entre la perte par
évaporation et l’arrivée d’eau
continentale se marque par
des flux unidirectionnels
entrants ou sortants des
eaux de surface et par
l’absence de courants de
fond.
Le potentiel de préservation de
la production phytoplanctonique
de surface est très élevé car la
colonne d’eau est en
permanence anoxique jusqu’à
mi-hauteur par stagnation des
eaux en été et la forte
production primaire.
Un apport important de
nutriments par des taux de
lessivage et d’altération
continentale ce qui provoque
des booms algaires massifs et
donc la stabilisation de la
chémocline avec une couche
d’eau douce en surface.