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Mo 4

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La matière organique

En conditions anaérobies, la dégradation des


glucides libère des ions ce qui diminue le pH et
inhibe la précipitation des carbonates.

CH2O + O2 → H2O + CO2 → H+ + HCO3-

Par ailleurs, la production d’anions provoque une


sursaturation ce qui favorise la précipitation de
carbonates.

Dans la nature ambiante et compte tenu des


conditions de P, T° et saturation, le milieu devient
préférentiellement plus acide par dégradation de la
MO et donc la dissolution des carbonates solides
(exple: corrosion des tests carbonatés des
foraminifères planctoniques).

A l’inverse, on peut précipiter des carbonates dans


un milieu plus basique par libération d’anions OH-
dans des réactions faisant intervenir le Fe. Exple
formation des nodules de calcaire dans les marnes
riches en MO.

CH2O + 2Fe2O3 + 3H2O → HCO3- + 4Fe2+ + 7OH-


CH2O + 4FeOOH + H2O → 4Fe2+ + HCO3- + 7OH-
La matière organique
Les phosphates

La biomasse phytoplanctonique et bactérienne libère du phosphore (présent dans les constituants cellulaires)
pendant la décomposition dans les sédiments. Le P reste sous forme dissoute en conditions réductrices et
peut migrer par les eaux interstitielles au cours de la diagenèse précoce.

Dans les milieux euxiniques et réducteurs, le P peut regagner la colonne d’eau et remonter vers les eaux de
surface où il participera à la productivité (productivité soutenue par le recyclage du P avec des eaux de fond
anoxiques !!).

Dans les environnements moins réducteurs, le P libéré par décomposition de la MO peut précipiter à
l’interface eau/sédiment où dans le sédiment pour former des grains phosphatés. La concentration des
particules phosphatées par des mécanismes sédimentologiques (remobilisation dans les milieux agités et
dépôt) donnent naissance à des phosphorites.

Les éléments associés à la MO

Le Baryum (Ba) est accumulé sous forme de barytine (BaSO4) dans les cellules du phytoplancton. La
barytine est protégée de l’eau de mer à l’intérieur de la structure organique, incorporée dans le sédiment la
barytine est protégée de la dissolution car les eaux interstitielles sont peu agressives.

Il est démontré dans les environnements récents que la teneur en Ba est proportionnelle au flux de MO qui se
dépose sur le fond marin. La teneur en Ba permet de calculer le flux de MO et donc d’estimer la
paléoproductivité. Ce n’est pas le cas des sédiments réducteurs où la sulfato-réduction intervient et libère le
Ba en solution où il peut migrer dans les eaux interstitielles soit regagner la colonne d’eau soit précipiter à
l’interface eau/sédiment.

Le Ba se retrouve dans les sédiments à l’aplomb des zones de productivité faibles à modérées. Pour des
productivités fortes, les sédiments sont le siège de conditions réductrices défavorables à sa préservation.
La matière organique
Les éléments associés à la MO

Les métaux sensibles aux conditions redox sont solubles sous formes réduites (Fe2+, Mn2+) et insolubles
sous formes oxydés (Fe3+ et Mn4+). D’autres métaux comme l’U, le V et le Mo ont un comportement inverse
qui se répercute sur la composition chimique des sédiments marins.

Pour une eau de mer normalement


oxygénée, le fer et le manganèse sont
oxydés et se déposent à l’interface
eau/sédiment et peuvent être
incorporés dans le sédiment.

Si des conditions réductrices se


développent dans le sédiment, les
oxydes et oxyhydroxides de fer et de
Mn sont réduits.

Le fer migre pour précipiter sous forme


de pyrite.

Le Mn solubilisé n’est pas incorporé


aux sulfures et sera relâché vers la
colonne d’eau si le front redox se situe
à l’interface eau/sédiment. A l’inverse,
si le front redox se situe dans le
sédiment, le Mn pourra précipiter sous
forme de carbonate (rhodocrosite) si les
conditions de pH le permettent.
La matière organique
Les éléments comme l’U, le V et le Mo forment des oxyanions solubles dans l’eau de mer normalement
oxygénée. Pour des conditions réductrices présentes dans les eaux interstitielles et si le front redox se situe à
l’interface eau/sédiment, un gradient géochimique se forme entre la colonne d’eau et les eaux interstitielles
qui ne contiennent plus ces éléments sous forme solubles car ces éléments sont réduits et forment de
nouveaux oxyanions insolubles.

Un transfert de ces éléments en solution de la colonne d’eau vers les eaux interstitielles provoque la
réduction et la précipitation de ces éléments dès qu’ils franchissent le front redox ce qui maintient le gradient
et permet un pompage en V, U et Mo (système plus complexe pour le Mo mais globalement identique au V et
U) et donc un enrichissement de ces métaux dans le sédiment.
Dans le cas de milieux euxiniques où le front redox gagne la colonne d’eau, le phénomène est encore plus
important.
A l’inverse, il n’y a pas d’enrichissement en ces éléments dans le sédiment si le front redox est plus enfoui
dans la pile sédimentaire.

D’autres éléments comme le Ni, le Cu, le Co et le Zn sont apportés au sédiment via des complexes organo-
métalliques et de complexes chlorurés. Au + le flux de MO est important, au + ces éléments seront enrichis
dans le sédiment.

Si la dégradation de la MO se fait en conditions réductrices, le Ni et le Cu principalement sont libérés des


complexes et incorporés dans les sulfures de fer. Si la dégradation de la MO se fait dans des conditions
oxydantes, alors les métaux sont solubilisés et ne sont pas incorporés au sédiment. Le Cu et le Ni sont des
marqueurs de productivité.

Les R sédimentaires marines, à grains fins et peu carbonatées présentent un rapport C/S = 2,7. Cette
relation indique qu’une roche qui présente un excès de S (C/S < 2,7) reflète des conditions propices à la
formation des sulfures de fer et/ou l’incorporation de S réduit à la MO → résultat de conditions euxiniques. Un
déficit en S (C/S > 2,7) est le reflet d’un milieu impropre à la formation de sulfures, malgré la présence de
MO, témoin de conditions pauvres en sulfates → eaux douces ou saumâtres.
La matière organique
Sédimentologie de la MO

1. Répartition de la matière organique dans les sédiments marins récents

Des campagnes
océanographiques (années
1960-1970) ont permis
d’avoir une idée des
concentrations en Corg
dans les différents
domaines de l’océan et ce
par type de lithologie:

- Silts et argiles des marges


continentales ont des
teneurs moyennes (en
masse) en Corg les plus
élevées (jusqu’à 1%)
- Carbonates et sables ne
dépassent pas 0,3 % en
Corg
- En domaine océanique
profond, quelque soit la
lithologie, on a des teneurs
qui ne dépassent pas 0,25
%.

Ce sont les domaines marins peu profonds qui contiennent le plus de MO et compte tenu des épaisseurs de
sédiments accumulés, il s’agit là de la zone où l’essentiel de la MO est piégée.
La matière organique
Sédimentologie de la MO

2. Facteurs sédimentaires influençant la concentration en MO dans les sédiments marins et lacustres

A) Le taux de sédimentation ou l’épaisseur de sédiments accumulés par unité de temps est corrélable à la
quantité de MO dans les sédiments marins récents ou anciens.

La formule de calcul du taux d’accumulation massique (TAM) d’un constituant X du sédiment est:

TAM (X) = (%X) x DS x TS

où DS est la densité sèche du sédiment brut en g/cm³


où TS est le taux de sédimentation exprimée en cm/ka ou m/Ma

Droite de corrélation positive entre le taux d’accumulation de


sédiments et celui d’accumulation du Corg dans les
environnements marins actuels et récents (d’après Heath, 1977
in Tyson, 1985).

Les taux d’accumulation élevées accélèrent le transit de la MO


au travers des différentes zones de dégradation aérobie et
anaérobie et donc le degré de dégradation est réduit.
La matière organique

Le TS n’a pas d’influence lorsque des conditions anoxiques de fond règnent (puisque la dégradation est plus
lente qu’en conditions oxiques) et quand la quantité de MO terrigène (provenant du continent) est très faible.
La matière organique

Un TS très élevé se corrèle négativement avec le COT car le flux de particules excède celui de MO ce qui
provoque une diminution de la teneur en MO dans le sédiment. Cet effet de dilution est fonction de la
lithologie: pour les blackshales, certains auteurs mentionnent des TS de 40 -100 m/Ma. Ces relations bien
établies pour le Quaternaire sont difficiles à estimer pour l’ancien compte tenu du pouvoir de résolution
temporel des outils stratigraphiques disponibles et du bruitage par la compaction.
La matière organique
B) Le tri granulométrique et le rôle des minéraux

La répartition des particules organiques dans la Mer Noire est fonction des zones de productivité primaire,
des zones d’anoxie mais également de la granulométrie de la MO. La MO de densité faible (fine
granulométrie) à tendance à s’incorporer aux sédiments fins ce qui explique l’augmentation du % de MO en
fonction de la taille des particules sédimentaires:

Cas des Viking Shales du Canada (d’après Hunt, 1963) où


les Silts contiennent en moyenne 1,79 % de MO
les Argiles (entre 2-4 µm) contiennent en moyenne 2,08 % de MO
les Argiles (<2 µm) contiennent en moyenne 6,50 % de MO

Les sables contiennent 4 fois moins de MO que les argiles les plus fines. On constate donc une grande
affinité de la MO pour les argiles.

C) La resédimentation

La redistribution de la MO par les courants


gravitaires (courants de turbidité) qui déplacent
les sédiments y compris les particules organiques
vers les parties profondes des bassins et
contribuent au dépôt de couches riches en MO.

Cas du lac Tanganyika et de la marge angolaise


La matière organique
Le lac Tanganyika (grand lac Est-Africain) est caractérisé par une pente littorale très forte et une stratification
des eaux conditionnée par l’existence d’eaux chaudes en surface (épilimnion) et plus froides en profondeur
(hypolimnion).

Les conditions climatiques locales favorisent la productivité planctonique et donc l’accumulation de MO sur le
fond. La sédimentation anoxique de fond (1200-1400 m) est perturbée régulièrement par l’arrivée de coulées
turbides en provenance des bordures oxygénées (250-750 m) du bassin dont la MO est nettement plus
altérée que la MO qui sédimente au centre du lac.

A l’inverse sur la bordure de la marge


angolaise, des courants de turbidité
apportent dans le milieu abyssal oxygéné
des sédiments riches en MO déposés à
profondeur de de plus faibles profondeurs dans la zone
1250 m à minimum d’oxygène. Ces sédiments
sont ensuite recouverts par des argiles
hémipélagiques qui protègent la MO
partiellement dégradée.

profondeur de
1400 m
La matière organique

Figure synthétisant les différents facteurs qui influencent la sédimentation des particules organiques.
La matière organique
Les roches carbonées

La MO dans une roche est quantifiée par le % massique de COT. Rappelons que la MO se compose outre le
C d’autres éléments en concentration plus faible comme l’H, l’O, le S et l’N. Une roche qui contient 1% de
COT contient en réalité entre 1,2 et 1,9 % de MO!!

Les roches carbonées - riches en MO – comprennent les charbons, les sapropélites et les schistes
bitumineux ou laminites organiques.

Les charbons correspondent à l’évolution physico-chimique de débris de végétaux supérieurs au cours de


l’enfouissement ou houillification (voir classification des charbons).
On distingue les « charbons chandelles » ou [cannel-coals] coals provenant de l’accumulation de spores.

Les charbons d’algues ou sapropélites contiennent essentiellement des algues microscopiques et se


forment en milieu marin ou lacustre. Il s’agit de roches à grain fin, compactes, à cassures conchoïdales ou se
débitant en lamelles.
Les bogheads (du nom d’une localité d’Ecosse) sont constituées par une algue
Chlorophycée, très commune dans l’actuel et dont les accumulations sont connues
depuis le Cambrien. Il existe des noms locaux comme la coorongite (Australie), la
torbanite (Ecosse), la n’hangellite (Mzambique), la balckachite ou balkashite
(Kazhakstan), l’olénikite et la cheremchite (Sibérie) et la marahuite (Brésil) ainsi que
la kukersite (Ordovicien Supérieur d’Estonie).

La tasmanite composée d’algues Chlorophycées Tasmanites punctatus retrouvées


au Dévonien du Canada, dans le Jurassique d’Alaska et dans le Permien inférieur
de Tasmanie (Australie).
La choungite ou shungite (Chounga en Karélie) est observée en Russie et en
Sibérie dans les terrains du Protérozoïque sous forme de lits peu épais de quelques
mm à quelques cm.
La matière organique
Les laminites organiques ou schistes bitumineux (bien que ces roches ne soient ni schisteux ni bitumineux)
sont laminées et enrichies en MO pour produire de l’huile par distillation. Elles correspondent à une succesion
de lits inframillimétriques alternativement organique et minérale déposée parfois de façon périodique
(structure varvée).

Les argiles feuilletées sombres et riches en MO appelées black shales par les anglo-saxons. Les roches
mères pétrolières comme les argiles noires du Kimméridgien de la mer du Nord ou les black shales du
Crétacé inférieur de l’Atlantique.
Les black shales sont appelés également hot shales quand leurs teneurs en U est forte.
On parle également au Paléozoïque Inférieur d’ampélites (schistes argileux riches en MO et en pyrite)

La rythmicité et la cyclicité des dépôts organiques

Les varves sont des doublets de lamines alternativement claires et sombres, déposées en eau calme
pendant une année et définis initialement dans les lacs périglaciaires. Les varves (définis dans des lacs
glaciaires) sont des dépôts de fond dont l’alternance correspond à des modifications saisonnières des flux
sédimentaires. La couche claire est formée de matériaux grossiers (silts ou sables) correspondant à la
décharge fluviatile de printemps lors de la fonte des neiges. Les tests carbonatés ou siliceux de plancton
peuvent s’ajouter à cette lamine minérale. La lamine foncée qui se dépose à l’automne et en hiver, lorsque
les apports détritiques se réduisent, en particulier lorsque la surface du lac est gelée, et que le
refroidissement des eaux conduit à un retournement de la stratification des eaux. La plongée des eaux
froides, plus denses sous les couches d’eaux plus chaudes, conduit à la décantation des particules fines
(argiles et MO) qui se trouvaient jusque là dans un état colloïdal dans la couche d’eau superficielle
(épilimnion).

L’épaisseur des varves est très variables et dépend de l’importance des apports détritiques. Selon les lacs,
l’épaisseur d’un doublet peut varier de quelques millimètres à 4 cm, la couche sombre étant généralement
moins épaisse que la couche claire.
La matière organique
La matière organique
La matière organique
La matière organique

Varves, Passumpsic Valley,


East Barnet, VT
Les lamines claires sont très
épaisses comparées aux
lamines sombres.

Chronologie appliquée aux varves


Dried block of varved clay, Boquet R., Willsboro, New
York
Indication d’une année enregistrée en doublet de lamines:
lamine claire = (S)ummer
Lamine foncée = (W)inter
Mesures de l’épaisseur totale de doublets de lamines pour
l’enregistrement illustré ci-dessus
La matière organique

Les cyclothèmes charbonneux sont les premières


séries sédimentaires pour lesquelles une cyclicité ou
rythmicité a été reconnue dès la fin du 18e siècle dans
les charbonnages anglais. La succession de séries
contenant des veines de charbons séparées par des
passées comprenant des fossiles d’organismes marins
militaient en faveur d’une rythmicité de la
sédimentation.

Le concept de cyclothème est proposé par un géologue


américain pour caractériser la succession de bancs
déposés pendant un cycle transgressif-régressif
observé dans les couches du Carbonifère supérieur
des USA (Pennsylvanien). La succession des bancs, la
lithologie et leurs épaisseurs sont essentiellement de
nature allocyclique (càd contrôlée par des paramètres
extérieurs comme le climat, l’eustatisme ou la
tectonique). La superposition de séquences
élémentaires ou cyclothèmes charbonneux est illustrée
sur le graphe de droite.

La succession peut s’expliquer soit par une subsidence


rythmique, soit par des variations climato-eustatiques
(plus vraisemblable) et aboutissant à la migration des
paysages mais surtout à la destruction rapide de la
végétation et à son ennoiement lors de la phase
transgressive.
La matière organique

L’analyse des séries du Carbonifère aux USA a montré que des cycles de durée respectives de 396 ka, 118
et 44 ka sont estimés et correspondent relativement bien aux variations des paramètres orbitaux de la Terre
(ou cycles de Milankovitch).

Ce contrôle ne permet cependant pas


d’expliquer toutes les séries de cyclothèmes
charboneux et on suggère aujourd’hui que le
cyclothème est largement influencé par le
contexte sédimentaire dans lequel il se forme
comme le montre l’exemple des différents
cyclothèmes observés dans un
environnement fluvio-deltaïque.

En contexte fluviatile, le contrôle autocyclique


de la sédimentation sera beaucoup plus
marqué que dans un contexte littoral marqué
par les variations du niveau-marin.
La matière organique
Graissessac
Ancienne carrière de charbon
Ancien front de taille fait plus de 50 m de hauteur
Cinq couches de charbon sont visibles

Charbon, La Ricamarie
La matière organique
The two coal seams visible here are
amalgamated a few hundred metres
updip from this site.
The split contains marine sands and
silts

Section in the Oread Limestone


at Atchison, Kansas
Classic Upper Pennsylvanian
cyclothem
La matière organique
Les alternances calcaire-marne sont
des alternances lithologiques que l’on
peut observer sur le terrain ou par
forages et qui peuvent s’exprimer
également entre des marnes et des
black shales pour autant que les séries
soient riches en MO. Ces alternances
s’observent sur de grandes épaisseurs
et correspondent souvent aux cycles de
Milankovitch.

Ces alternances peuvent s’expliquer


par :
- la fluctuation, lors du dépôt, de l’un
des constituants comme la variation de
la teneur en carbonate de calcium,
- la combinaison de plusieurs
fluctuations qui déterminent le contenu
en C (org ou minéral) comme la
productivité carbonatée des eaux de
surface ou des changements dans la
dissolution des carbonates

Des variations de flux de MO dans les alternances calcaire-black shale ou marne-black shale. Variations de la
productivité primaire, modifications des apports terrigènes ou des changements des conditions redox de la
colonne d’eau ou sur le fond peuvent expliquer de telles alternances.

Un lien existe donc entre le % de CaCO3 et le COT dans les alternances où le flux de carbonates varie. Il en
résulte des lithologies fort différentes depuis le calcaire blanc bioturbé au black shale noir laminaire.
La matière organique
La matière organique: exemples tirés de la littérature
Analyses de publications sur la MO.

1. Les Posidonia Black shales dans le


Lias (Toarcien Inférieur) d’Allemagne:
influence des variations du niveau-
marin sur l’évolution des faciès
organiques
Posidonia Black Shales
Méthode:
thode
Analyses géochimiques sur des
éléments et analyses Rock Eval sur
160 échantillons
Analyses de biomarqueurs sur plus de
80 échantillons

Objectifs:
Objectifs
Décrire les changements de l’origine
biologique et de l’impact diagénétique
sur la MO à partir de conditions redox
différentes dans la colonne d’eau et
dans le sédiment.

Colonne stratigraphique:
stratigraphique 14 mètres
d’épaisseur.

Démarre dans le Pliensbachien par


des sédiments carbonatés de plate-
forme déposés en eau peu profonde et
bien oxygénée.
Le Toarcien Inférieur démarre par des
mudstones marneux fortement
bioturbés et riches en faunes
benthiques macroscopiques.
Deux horizons de black shales sont
intercalés dans les marnes de la
« tenuicostatum zone ».
Posidonia Black Shales
SB
Une transition graduelle se produit
vers les shales bitumineux à huile de
la « falciferum zone » en relation avec
une transgression rapide et un
approfondissement du bassin. H
S
Ces shales bitumineux contiennent 5 T
bancs ou horizons carbonatés et
passent graduellement à des black
shales riches en MO de la « bifrons
zone ».
MFS

La stratigraphie séquentielle à l’échelle


du 2nd ordre montre une évolution
T
progressive depuis un bas niveau
S
marin vers un haut niveau marin. Le
T
contact entre le cortège transgressif et
le haut niveau marin correspond à la
surface d’inondation maximale (MFS).
La surface de transgression se situe
entre le cortège de bas niveau et celui
transgressif.
TS
LST
SB
Posidonia Black Shales
Méthode:
thode
Mesure du TOC, du % de CaCO3. Pyrolyse réalisée sur roche totale avec un ROCK–EVAL II-PLUS analyzer
pour déterminer le type de kérogène et la maturité de la MO. Extraction de la MO, séparation
chromatographique et analyses
Posidonia Black Shales
TOC corrigé et calculé sur une base sans carbonate est sensiblement plus fort (%) et on note une diminution
graduelle au cours de la zone à bifrons.

La teneur en soufre est liée à la teneur en TOC car le S est exclusivement lié à la pyrite. La teneur en S
corrigée sur base sans carbonate est remarquablement constante à l’exception des trois premiers bancs
carbonatés.

Les analyses Rock–Eval révèlent un indice d’oxygène (OI) élevé pour le Pliensbachien, la zone
tenuicostatum et pour les trois horizons carbonatés uniquement.

L’indice d’hydrogène (HI) de la MO est très bas (< 200 mg HC/g TOC) pour le Pliensbachien et la zone
tenuicostatum. Il augmente dans la zone falciferum (550-650 mg HC/g TOC) et diminue dès que l’on passe à
la zone bifrons.

La quantité de MO extractable varie entre 100 et 13 500 ppm. Quand ces valeurs sont normalisées par
rapport aux concentrations en TOC, on observe alors des valeurs moyennes de 40–70 mg extract/g TOC
avec des pics >100 mg extract/g TOC. La composition moyenne de la MO extraite est approximativement de
25% aliphatic, de 30% aromatic hydrocarbons, de 40% resins, et de 5% d’asphaltenes.

Seule la distribution des hydrocarbures aliphatiques seront analysés.

Les valeurs absolues du rapport pristane/phytane varie entre 1.1 et 2.5, et indique un dépôt dans un
environnement oxygéné.
Posidonia Black Shales
Posidonia Black Shales
Posidonia Black Shales
Posidonia Black Shales
La balance entre la perte par
évaporation et l’arrivée d’eau
continentale se marque par
des flux unidirectionnels
entrants ou sortants des
eaux de surface et par
l’absence de courants de
fond.

Pour un bas niveau marin (<


50 m), la colonne d’eau est
bien mélangée et dans la
ZAV. La chémocline (ou front
redox) est situé dans le
sédiment ou proche de
l’interface eau/sédiment.
L’accumulation de MO se
produit préférentiellement en
été quand l’apport d’eaux
continentales dope la
quantité de nutriments et
transporte la MO terrigène
vers le bassin.
Posidonia Black Shales
Très peu de MO est
préservée suite à la
dégradation de la MO dans
la colonne d’eau en
conditions aérobiques.

Il n’y a que de manière


périodique que des
conditions anoxiques sont
établies dans la colonne
d’eau comme l’atteste des
biomarqueurs
caractéristiques de bactéries
vertes photoautotrophiques
sulfurées.

La chémocline remonte dans


les eaux de fond mais les
conditions aérobies
reviennent très vite.
Posidonia Black Shales
En période de haut niveau marin (> 80
m), il y a des échanges entre les eaux
de surface et de fond sur la plate-
forme. Pendant la période de
mousson en été, une forte productivité
est enregistrée car beaucoup de
nutriments sont disponibles et les
eaux chaudes en surface sont riches
en algues phytoplanctoniques et
favorisent la croissance du
zooplancton.

Il se forme une pycnocline et


thermocline stable avec des eaux
salines froide qui proviennent de la
Téthys alors que les eaux de surface
pauvres en sel et chaudes sont
exportées.

La stratification de la colonne d’eau


induit une remontée de la chémocline
depuis l’interface eau/sédiment jusque
dans la colonne d’eau. A la
chémocline et dans la zone photique
des bactéries sulfurées
photoautotrophiques se développent.
Posidonia Black Shales
Pendant l’hiver, l’évaporation est
intense et la faible arrivée d’eaux
continentales induit l’entrée d’eaux
salines normales en surface qui
plongent et crée des courants de
fortes densité sur le fond qui vont
poussés hors de la plate-forme les
eaux pauvres en oxygène et la
chémocline va retourner à proximité
de l’interface eau/sédiment.

Une proportion de la MO accumulée


précédemment sera dégradée au
cours de la période d’hiver dysoxique.
Cependant, le potentiel de
préservation de la MO est
relativement grand comparé à la
période de bas niveau marin.
Posidonia Black Shales
La situation intermédiaire en
terme de niveau marin (intervalle
transgressif) consiste en
échanges très réduits entre le
bassin et la Téthys.

Le potentiel de préservation de
la production phytoplanctonique
de surface est très élevé car la
colonne d’eau est en
permanence anoxique jusqu’à
mi-hauteur par stagnation des
eaux en été et la forte
production primaire.

Un apport important de
nutriments par des taux de
lessivage et d’altération
continentale ce qui provoque
des booms algaires massifs et
donc la stabilisation de la
chémocline avec une couche
d’eau douce en surface.

Des cyanobactéries contribuent


également à la biomasse marine
quand les nutriments sont
piégés dans les eaux de fonds.
Posidonia Black Shales
Dans des conditions pauvres en
nitrates, les cyanobactéries ont
la faculté de fixer l’azote
atmosphérique ce qui donne un
avantage compétitif.

Les particules de MO et les


pellets fécaux qui tombent dans
la colonne d’eau sont peu
soumises aux conditions de
dégradation compte tenu de la
faible épaisseur de la couche
oxique.

Une association diversifiée de


bactéries est observée comme
l’indique les biomarqueurs
(acyclic isoprenoids, especially
pentamethylicosene and
squalene).
Ceci permet l’incorporation de C
léger dérivé de bactéries dans
les carbonates précipités durant
la diagenèse précoce.

La période de niveau marin


intermédiaire garantit donc les
meilleures conditions de
préservation de la MO.

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