Evolution Et Évaluation Des Politiques Publiques Au Maroc2
Evolution Et Évaluation Des Politiques Publiques Au Maroc2
Evolution Et Évaluation Des Politiques Publiques Au Maroc2
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ELIAS Norbert, La civilisation des moeurs, Paris, Calmann-Lévy, 1973
« Il estime que les sociétés modernes se sont engagées dans un long processus d'interdiction, peu à peu
intériorisée, de la violence physique (Elias, p.172.). Ce processus s'est accompagné d'un travail de socialisation,
sur plusieurs générations, faisant du contrôle et du refoulement des pulsions primitives des individus un critère
de leur civilité et de leur modernité ».
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Les constitutions de 1992 et de 1996 stipulent dans leur préambule que le royaume « adhère totalement, aux
droits et aux obligations découlant des chartes des organisations (internationales), comme il réaffirme sa
détermination à se conformer aux droits de l’Homme universellement reconnus ».
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Cet indicateur résulte de l'effort fourni par les autorités publiques ces
dernières années afin de réduire l'écart existant entre les zones rurales et
urbaines d'une part, les écarts entre les différentes zones à l'intérieur des
pôles urbains et ruraux, d'autre part.
Il est évident que ces différents processus ne peuvent pas aboutir sans
déclencher une réaction de résistance multiforme, parfois déclarée, mais
souvent latente de la part des acteurs sociaux et institutionnels.
Les deux principales missions du Parlement sont, le débat et l’adoption des lois
après un examen attentif, et le contrôle de la bonne application par l’exécutif
des lois votées et le compte rendu aux électeurs de l’action des ministres et de
l’administration. Si la première requiert que les projets de textes soient
accompagnés d’une analyse en amont (évaluation ex ante, études d’impact,
rapports administratifs ou autre…), la seconde met plus directement en relief
l’importance de l’évaluation à posteriori de l’action publique.
Sur tous ces points notre procédure législative est défaillante. L’accès à
l’information est sans doute l’un des points noirs de la procédure. Il est rare
que les parlementaires aient accès aux études et documents préparatoires en
amont qui ont précédées l’élaboration d’un texte. Dans ce domaine, pas plus
que nous n’avons de pratique en matière d’évaluation, nous n’avons pas dans
notre culture administrative de traditions réellement établies.
Ces initiatives rarissimes, malgré leur intérêt, rencontrent des obstacles qui
limitent leur impact :
Le cinquième problème ce sont les difficultés d’accès aux données pour réaliser
les évaluations indépendantes et fiables ;
Pas plus que dans les textes, la pratique de l’évaluation au Maroc n’est
susceptible de faire état de réalisations probantes. N’étant pas intégrée en
vertu de dispositions juridiques contraignantes au système et à la chaîne de
production de la norme publique. La démarche évaluative n’a donné lieu qu’à
une production quantitativement faible et qualitativement disparate.
Les moyens mis en place ont varié entre Investissement massive dans les
infrastructures de base, organisation des conditions d’exploitation des terres
ainsi mises en valeur (aménagements fonciers, plans de rotation, encadrement
technique et logistique…), distribution de primes et subventions pour favoriser
l’intensification de la production.
Au cours des années 1980, il y a eu remise en cause de cette politique par la
politique dite « d’ajustement structurel ».
Le programme d’ajustement engagé dans l’agriculture s’articule autour de deux
axes majeurs :
- Désengagement de l’Etat
- libéralisation des échanges
Il n’est plus question « d’autosuffisance » mais de simple « sécurité
alimentaire », donc développement des exportations, capables de fournir les
devises suffisantes pour importer les denrées alimentaires que l’agriculture
n’arrive plus à produire, les « Offices de mise en valeur » s’étaient désengagés
de toutes les prestations de services et des opérations à caractère commercial
qu’ils assuraient auparavant. Désormais les pouvoirs publics n’ont plus le souci
de mise en concordance de la production avec l’évolution de la consommation
intérieure.
L’Etat avait privatisé des activités comme le commerce des engrais ou les
services vétérinaires.
Les commerces intérieur et extérieur des produits agro-alimentaires avaient
été libéralisés. Les prix de la plupart des produits agricoles précédemment
réglementés avaient été aussi libéralisés, à l’exception de la farine de blé
tendre ordinaire et du sucre.
La mise en œuvre de la stratégie PMV élaborée par le gouvernement marocain
a engendré, au cours des quatre dernières années, une amélioration de
l’investissement dans le secteur agricole, et a permis de générer des effets
positifs en termes de valeur ajoutée, d’emploi et des exportations. Cependant,
malgré ces avancées, des contraintes structurelles, dont souffre le secteur
agricole depuis des décennies, empêcheront la pleine réalisation des objectifs
de la stratégie, tels qu’ils ressortent des évaluations faites à l’horizon 2020. Les
bénéfices ainsi escomptés du PMV, risquent de se transformer en des effets
contrastés pour l’agriculture marocaine et, partant, pour l’ensemble de
l’économie et de la société.
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1990, les programmes d’ajustement négociés avec le FMI furent arrêtés mais la
politique de libéralisation des échanges fut au contraire accentuée. Les
politiques conduites tout au long des précédentes décennies ont failli en
n’arrivant pas à apporter une réponse au défi de la sécurité alimentaire.
Malgré l’importance stratégique du secteur et les progrès enregistrés, le
secteur reste marqué par plusieurs insuffisances qui sont résumées par Najib
Akesbi en :
- déficit de production et de productivité
- omnipotence des aléas climatiques
- ressources naturelles limitées et en dégradation continue
- structures foncières archaïques et contreproductives
- systèmes d’exploitation faiblement intensifs
- filières mal articulées avec le reste de l’économie
- pauvreté et analphabétisme de la population
- carence des infrastructures,
- sous et mal financement
- une dépendance alimentaire de plus en plus pesante
- Faire face aux nouveaux enjeux tout en préservant les équilibres sociaux
et économiques ;
- Accompagner la profonde mutation que connaît le système agro-
alimentaire mondial.
Pour atteindre ces objectifs, le PMV repose sur deux piliers majeurs :
l’agriculture moderne et solidaire.
L’agrégation
L’agrégation est un modèle d’organisation des agriculteurs autour d’acteurs
privés ou d’organisations professionnelles à forte capacité managériale.
Pour les agriculteurs agrégés, ils vont pouvoir améliorer leur revenu et mieux
valoriser la production à travers l’amélioration de la qualité de la production et
un accès à un marché fiable d’acquérir de nouvelles compétences et de
nouvelles technologies d’avoir l’opportunité de reconversion dans des filières
plus valorisantes.
Le Pilier II :
Enfin le PMV se distingue par le fait qu’il est le premier plan sectoriel à être
décliné au niveau régional. En effet, 16 Plans Agricoles Régionaux (PAR) ont été
élaborés et mis en œuvre en fonction des possibilités et des engagements de
chacune des 16 régions du pays.
Critiques :
Nul n’ignore que l’action du Ministère de l’Agriculture revêt au Maroc, depuis
l’indépendance, un caractère stratégique qui lui confère une place toute
particulière au sein de l‘Etat. Ce positionnement se lit aussi à travers le nombre
considérable de travaux et d’études consacrés à ce secteur. Cette situation crée
donc un contexte favorable à la mise en œuvre de la démarche évaluative qui
est certes en soi productrice de savoirs, mais requiert tout autant la
préexistence d’informations et de données. Enfin ce département est sans
doute celui dont l’organigramme comporte le plus d’entités administratives
nommément chargées d’activités évaluatives. Esquisser un premier
rapprochement entre les attributions d’une part et la pratique d’autre part nous
a semblé mériter intérêt.
L’espace rural apparaît toujours, comme le parent pauvre dans l’évolution qu’a
connue le pays dans tous les domaines. Le PMV prend-t-il en considération
cette réalité ?
Le plan Maroc Vert a été élaboré par un bureau d’études étranger dans une
opacité quasi totale. Il adopte un modèle productiviste « à l’ancienne »,
abandonné par les pays développés vu sa forte utilisation d’engrais, de
pesticides et d’eau dont les conséquences écologiques et environnementales
sont néfastes à long terme.
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Ne pas exprimer explicitement la volonté de favoriser les filières les plus vitales
pour la sécurité alimentaire, est un non-choix qui est en fait un choix… pour
perpétuer la dépendance alimentaire du pays.
Le PMV ne se pose pas ces questions et ne leur apporte donc pas de réponse.
Le Plan Maroc Vert s’inscrit dans la lignée des plans sectoriels engagés depuis le
début des années 2000 ; tels « Azur » pour le tourisme, « Emergence » pour
l’industrie, « Rawaj » pour le commerce, « Halieutis » pour la pêche… réalisés
sans le moindre souci de coordination, ils s’ignorent donc royalement les uns
les autres, Chaque plan affiche ses propres objectifs et ses propres moyens,
quitte à ce que ceux des uns entrent en conflit avec ceux des autres l’addition
de plusieurs plans sectoriels ne donne pas, une stratégie globale et cohérente
pour le pays.