Université Du Québec À Montréal: Thèse Présentée Comme Exigence Partielle Du Doctorat en Sociologie
Université Du Québec À Montréal: Thèse Présentée Comme Exigence Partielle Du Doctorat en Sociologie
Université Du Québec À Montréal: Thèse Présentée Comme Exigence Partielle Du Doctorat en Sociologie
DOMESTIQUES ET PERFORMANCES
THÈSE
PRÉSENTÉE
PAR
NDEYE SINE
MAI 2008
Avertissement
La diffusion de cette thèse se fait dans le respect des droits de son auteur, quia signé le
formulaire Autorisation de reproduire et de diffuser un travail de recherche de cycles
supérieurs (SDU-522 - Rév.01-2006). Cette autorisation stipule que "conformément à
l'article 11 du Règlement no 8 des études de cycles supérieurs, [l'auteur] concède à
l'Université du Québec à Montréal une licence non exclusive d'utilisation et de
publication de la totalité ou d'une partie importante de [son] travail de recherche pour
des fins pédagogiques et non commerciales. Plus précisément, [l'auteur] autorise
l'Université du Québec à Montréal à reproduire, diffuser, prêter, distribuer ou vendre des
copies de [son] travail de recherche à des fins non commerciales sur quelque support
que ce soit, y compris l'Internet. Cette licence et cette autorisation n'entraînent pas une
renonciation de [la] part [de l'auteur] à [ses] droits moraux ni à [ses] droits de propriété
intellectuelle. Sauf entente contraire, [l'auteur] conserve la liberté de diffuser et de
commercialiser ou non ce travail dont [il] possède un exemplaire.»
REMERCIEMENTS
Cette étude que j'ai le privilège de vous présenter, n'aurait pu se réaliser sans la
générosité, la disponibilité et le soutien de nombreuses personnes et d'organismes.
Nous souhaitons tout d'abord remercier notre directeur de thèse Benoît Lévesque,
professeur associé au département de sociologie à l'université du Québec à
Montréal, (UQAM) et notre codirecteur Louis Favreau, professeur associé au
département de travail social à l'université du Québec en Outaouais (UQO) qui
nous ont accompagnés dans cette aventure si riche en enseignements.
Nous tenons à souligner le support financier que nous a accordé la Fondation Ford
à travers l'Institut international pour l'éducation (IlE), sans lequel ce travail
n'aurait jamais été fait ici au Canada. Nous remercions aussi la chaire de recherche
pour le développement des collectivités (CRDC! UQO) et le Centre de recherche
sur les innovations sociales (CRlSES), le personnel, les étudiants, pour nous
avoir offert les meilleures conditions de travail et pour le soutien financier qu'ils
nous ont accordé.
Nous souhaitons remercier également Jean Marc Fontan, professeur au
département de sociologie à l'UQAM pour ses conseils, sa disponibilité et sa
promptitude à aider.
Un grand merci à toutes celles et tous ceux avec qui j'ai partagé mes moments de
doutes, d'angoisse et qui ont eu les mots qu'il fallait pour me rassurer. Je pense à
Mikailou Sy, à Chantal Faucher et à leurs enfants Olivier et Ismaël. Un gros
merci pour m'avoir adoptée et offert cette chaleur familiale qui me manquait tant.
Merci à Stéphanie G. Marceau de la chaire de recherche en économie sociale pour
sa générosité et sa capacité d'écoute, à Sylvie Champoux de l'ARUC pour tous les
mots gentils et sa compassion, à Hélène Gélinas du Crises pour sa délicatesse.
A Nathalie Mc Sween, Youssouf Sanogo, Moustapha Bamba, Richard Allaire,
Boubacar Bâ et Pape Thione Dieng, nous disons aussi un grand merci pour
l'appui technique, les corrections et critiques apportées à mon travail. Nous
111
tenons à remercier également les personnes avec qui nous avons collaborées au
PAME, au PAMECAS, à L'UMECU ainsi que dans les ONG et structures
gouvernementales.
Permettez-moi d'avoir une pensée pieuse pour ma mère à qui je dois ce goût pour
les études et cette volonté d'aller toujours de l'avant malgré les nombreux défis de
la vie. Cette persévérance, je la dois aussi à mon père qui a toujours placé en moi
une confiance sans faille. Je les remercie pour m'avoir appris les vraies valeurs et
j'espère être encore sur le bon chemin. Pour mes sœurs, je ne peux que louer leur
esprit de famille sans lequel je n'aurais jamais osé laisser mes enfants pendant
quatre longues années. Ce travail m'a amenée à m'éloigner de mes filles et de
mon mari, à me priver et à les priver de cette chaleur familiale. Que dire pour mon
mari sinon apprécier à sa juste valeur ce que cette thèse nous aura couté comme
sacrifice.
,
A ma mère, cette femme si douce qui est partie après
une caresse,
,
A mes filles:
Fatou Thiam Tine,
Khadija Tine et
Bijou Tine
TABLE DE MATIÈRE
RÉSUMÉ xviii
INTRODUCTION GÉNÉRALE 1
1ÈRE PARTIE :
CHAPITRE 1:
ÉLEMENTS DE PROBLÉMATIQUE ET DE MÉTHODOLOGIE :
LA M1CROFINANCE COMME LEVIER DE DÉVELOPPEMENT 22
Introduction 22
d'analyse 36
Conclusion 43
Conclusion 57
vi
Conclusion 69
Conclusion 82
CHAPITRE II :
SÉNÉGAL
Introduction 85
1- La situation socio-économique 86
Conclusion 116
CHAPITRE IIT :
Introduction 118
Conclusion 127
VII
CHAPITREN:
DEFINITION DE LA MICROFINANCE ET MÉTHODOLOGIE
1- Éléments de compréhension des concepts 151
1-1 Une définition opérationnelle de la microfinance 151
1-2 La richesse et ses composantes dans la microfinance 157
1-2-] Performance économique et performance sociale 158
1-2-2 Accumulation et autonomie en microfinance 164
1-2-3 Grille d'analyse de la microfinance 167
2- La démarche méthodologique 169
2 -1 Cadre théorique et posture épistémologique 169
2-2 Une démarche qualitative ] 76
2-1-1 Le choix d'une évaluation sociale 177
2-3 Échantillonnage et Population à l'étude ] 8]
2-3-1 la sélection des structures financières décentralisées ] 82
2-3-2 Les caisses de base représentant chaque structure financière 185
2-4 Les instruments de recueil de données ]86
2-4-1 La recherche documentaire: 187
2-4-2 L'entretien semi-dirigé 188
2-4-3 L'observation participante 190
2-4-4 L'analyse des données 191
Conclusion 192
Vlll
ZÈME PARTIE:
CHAPITRE V:
CONDITIONS D'ÉMERGENCE ET DE DÉVELOPPEMENT DES
INSTITUTIONS DE MICROFINANCE
Introduction 196
de Dakar 196
populations 202
..................................................................................................... 205
Conclusion 208
Conclusion 219
3-2 Profil institutionnel et qualité de membre dans les trois IMF 226
IX
Conclusion 254
CHAPITRE VI:
Introduction 256
refinancement. 301
Conclusion 310
CHAPITRE VII:
Introduction 313
PAMECAS 322
(TPE) 341
Xl
TPE 344
ANNEXES 379
BIBLIOGRAPHIE 391
Tableau 3.8 Performance fmancière des SFD constituées en réseaux en FCFA 139
Tableau 6.22 Comparaison dépôt à vue / dépôt à terme en FCFA en 2003 296
xiii
............................................................................................................................. 301
Tableau 6.28 Aperçu sur les rendements avec ou sans subvention 306
Tableau 6. 31 Aperçu sur les avoirs des trois structures en FCFA 309
Tableau 6. 33 Récapitulatif des ressources financières mobilisées par les trois !MF
............................................................................................................................. 311
Tableau 7.34 Les deux formes d'utilisation du capital social dans l'accès au crédit
............................................................................................................................. 336
ABRÉVIATIONS
XVI
Notre thèse est axée sur trois cas représentatifs des formes d'organisation de
microfinance au Sénégal, en l'occurrence l'Union des mutuelles du partenariat
pour la mobilisation de l'épargne et du crédit (UM-PAMECAS), de l'Union des
mutuelles d'épargne et de crédit de l'UNACOIS (UMECUI DEF) et le
programme d'appui à la micro-entreprise de l'Agence d'exécution des travaux
d'intérêt public (PAME/AGETIP). Elle dresse un portrait assez détaillé de ces
institutions, prises dans leurs dynamiques d'actions internes et d'interactions avec
le milieu. D'abord, dans la diversité des approches, les structures de microfinance
sont replacées dans leurs contextes d'émergence avant d'être examiné à travers les
profils institutionnels qu'elles adoptent et leurs formes organisationnelles. L'étude
relève, à ce niveau, la nécessité de prendre en considération, dans l'appréciation
de la microfinance, la diversité des acteurs, des objectifs et des finalités des
institutions qui la composent. Ensuite, le passage dans l'analyse de l'institution de
financement à l'activité financée ainsi que l'appréciation de l'apport des
partenaires au développement montre la démarche partenariale qui doit s'opérer
autour de la microfinance. Elle ne se limite pas à l'octroi de crédit, le financement
suit un processus participatif et interactif de ressources financières, sociales,
humaines et culturelles dont la mise à contribution peut engendrer à la fois la
réalisation des objectifs poursuivis mais aussi des externalités positives. En effet,
la démocratisation des ressources, la valorisation des activités dites populaires ou
informelles à travers un entrepreneuriat de type nouveau, la recherche de
performance et d'autonomie, le renforcement de la solidarité, le développement
d'un esprit civique de participation au bien commun sont autant de richesses qui
participent d'une microfinance performante. La thèse montre ainsi que
l'évaluation de la microfinance ne peut se limiter à une analyse isolée de sa
performance financière. Elle nécessite de l'insérer dans son contexte social et de
discerner toutes les transactions sociales qui rendent possibles sa performance.
Enfin, l'analyse des enjeux qui interpellent la microfinance laisse voir que son
ancrage dans un processus viable de développement nécessite de renforcer et
d'arrimer les richesses sociales et économiques aux priorités locales de
développement par un accompagnement adéquat.
1 Nous retenons la définition de l'emploi de Dominique Méda (1995) pour qui: <<l'emploi, c'est le travail
considéré comme structure sociale, c'est-à-dire comme ensemble articulé de places auxquelles sont attachés
des avantages et comme grille de distribution de revenus. L'emploi, c'est le travail salarié dans lequel le
salaire n'est pas seulement la stricte contrepartie de la prestation de travail, mais aussi le canal par lequel les
salariés accèdent à la formation, à la protection, aux biens sociaux» (Méda, 1995: 136). Elle rejoint la
définition de Castel (1995) : « un montage spécifique de travail et de protection» .
2 En effet, la déréglementation du travail avec la flexibilité, la sous-traitance et les NT! ont engendré des
licenciements ainsi qu'un taux de chômage et de sous-emploi de 65 %.
) Castel (1995) parle des « métamorphoses de la question sociale» poùr désigner une situation ou les
solidarités sont questionnées, les statuts sociaux et professionnels remis en question et les protections souvent
mises à mal par une doctrine économique inspirée des néoclassiques. Selon lui, la question sociale « est une
aporie fondamentale sur laquelle une société expérimente J'énigme de sa cohésion et tente de conjurer le
risque de sa fracture» (Castel, 1995 : 25).
4Selon l'enquête sur les priorités de 1991,33 % des ménages vivent en dessous du seuil de pauvreté, contre
57,9 %, d'après l'enquête réalisée auprès des ménages en 1994-1995. Le seuil de pauvreté était évalué à
787 FCFNjour/adulte à Dakar, à 429 FCFA dans les autres villes et à 281 fCfA dans le milieu rural
2
Au Sénégal, ces activités initiées par les populations ont fini par être appuyées
par l'État avec le recours à la microfinance qui s'est fait à deux niveaux: il a
d'abord été question d'une volonté politique de promouvoir l'emploi non salarié 7
afin de résorber le premier type de chômage consécutif aux problèmes liés à
l'agriculture et à l'industrie. Ensuite, l'entrée massive des populations dans le
; Alors que « l'emploi designe le travail salarie et implique subordination et droits sociaux, l'activite designe
( ... ) le travaillibere des liens de subordination et du même coup de droits sociaux qui vont avec. » (Clerc,
1999 81)
6 L'espace public est pris dans le sens de Meda (1995 89) (et non celui de Habermas pour qui il est
seulement un lieu politique). Les espaces publics seraient des «. lieux où peuvent s'exercer le choix et la
démocratie, sans doute au niveau le plus local et donc de redistribuer nOD seulement le travail (et les biens qui
lui sont attachés) mais aussi l'activité politique. »
7L'emploi non salarié fait allusion à l'auto emploi ou au travail rémunérateur. le bénévolat n'est toutefois pas
concerné
3
L'activité de microcrédit s'est inscrite dès lors dans une sphère plus complète
qui comprend, au fur et à mesure de son évolution, d'autres outils financiers tels
que l'épargne, la micro-assurance, le transfert d'argent, pour former la
microfinance. Ainsi, sous une forme d' intermédiation financière et sociale 8
(Ledgerwood, 1998), la microfinance s'est faite valoir comme un élément majeur
d'insertion des populations défavorisées, mais aussi un levier de changement,
contribuant à la création de richesses économique et sociale et, « défendant la
nécessité de politiques publiques définies par les différents acteurs concernés et
non exclusivement par l'État» (Gentil, 2002). Cependant, la reconnaissance du
rôle stratégique du secteur financier décentralisé dans le développement ne doit
nullement occulter la place prépondérante de l'activité sociale dans le processus
de création de richesses surtout dans le contexte particulier sénégalais.
8La notion d'intennédiaire financière est définie ici par deux critères: une population relativement pauvre,
ou tout au moins exclue du système bancaire classique, et des opérations d'épargne et de crédit de faibles
montants. L'intennédiation sociale inclut, elle, des séances de formation et d'alphabétisation qui peuvent aller
avec l'octroi de crédit.
4
La microfinance est ainsi vue comme un outil transversal qui, par effet
d'entraînement, peut avoir des impacts sur différents aspects du développement et
pas seulement sur les activités économiques. En effet, les créations d'activités et
de revenus peuvent induire des changements dans les comportements de ceux qui
en bénéficient. Il est vrai que l'emploi salarié a toujours joué «un rôle
d'intégrateur social, capable d'assurer à chaque homme une fonction, un revenu et
un statut» (Clerc, 1999: 81), il n'en demeure pas moins que le travail pris dans
son sens strict, qu'il soit rémunéré ou rémunérateur, constitue une source de
subsistance et d'accomplissement du lien social. D'ailleurs, l'importance du
travail dans l'intégration sociale a engendré une orientation de « l'insertion par
l'économique 9 ». Ce choix politique s'est fait suite à la crise de l'État providence
et à l'accroissement du taux de chômage. Dans sa conception originale, l'insertion
économique « doit jouer le rôle de sas vers l'économie de marché, de passerelle
9 L'insertion par l'économique privilégie« la mise en situation de travail et J'activité qui sont conçues conune
de nature à permettre aux individus de retrouver des repères et de jeter les bases d'un cheminement ultérieur»
(ELBAUM, 1994 cité par Laville, 1996: 19)
5
vers l'entreprise en procurant des opportunités de travail (... ), qui sont des
tremplins pour retrouver des chances d'obtenir un emploi permanent» (Laville,
1996: 19). Cependant au Sénégal, l'objectif final ne constitue pas un retour à
l'emploi comme dans les pays développés 10, mais simplement l'exercice d'une
activité rémunératrice perfonnante et pérenne du fait de la caractéristique de la
clientèle de la microfinance.
10 Cene politique d'insertion menée par J'État sénégalais sur reprise du modèle français est différente de
l'approche française de l'insertion par J'économique dans laquelle les activités d'insertion jouent un rôle de
tremplin, une passerelle vers un emploi permanent. Mais même s'il est vrai qu'elle joue ce rôle de« sas»
(Laville, J999), il n'en demeure pas moins que «l'emploi auquel il tend se situe dans une sphère médiane qui
permet J'articulation entre initiative publique et initiative privée» (Enjolras (1996), dans sa critique du droit
de l'insertion, chez Rosanvallon).
Il Les aspects concrets de l'empowerment doivent être définis dans chaque contexte culturel spécifique.
6
12 Une progression de 3,3 % sur le sociétariat entre 1999 et 2000 - (BCEAO, 2001).
[3 Ces performances sont analysées à la fin de chaque exercice financier par la mission pour la réglementation
et le développement de la micro finance (MRDM-BCEAO).
14 Cette théorie repose sur l'idée qu'un développement basé sur les ressources locales, contrairement à un
développement centré sur l'apport des ressources extérieures, favorise une plus grande indépendance
(Gélinas, 1994). Dans ce cas précis, elle suppose la capacité des institutions financières décentralisées de
canaliser l'épargne locale pour la diriger vers le financement de projets locaux.
7
Dès lors, l'analyse à laquelle nous avons procédé permet non seulement
d'évaluer la contribution de la microfinance, mais aussi de montrer les conditions
et les mécanismes de la synergie entre des structures formelles devant poursuivre
une logique à la fois économique et sociale et des populations immergées dans un
jeu social, souvent à la recherche de la seule logique de sortie de crise. En effet,
les populations pauvres, par un processus de réappropriation 16 (Assogba, 2002)
de l'outil financier et à travers des mécanismes sociaux, développent des
stratégies pour contourner les difficultés auxquelles elles se heurtent, à la fois
dans l'accès au financement et dans l'exercice de leurs activités. Ces pratiques,
15 Le Recensement général des demandeurs d'emploi (RGDE-1999) indique que 58,6 % des
demandeurs d'emploi n'ont pas de diplôme.
16 Vu sous l'angle d'une réappropriation, ce processus par constitue « une mise en œuvre d'un
ensemble de logiques, de stratégies de préservations des acquis du passé et d'adaptation aux
possibilités offertes par les facteurs de changements en cours [...] Ce processus adaptatif se fait à
travers des stratégies de métissage ou d'hybridation entre le maintien de "l'ancien" et
l'incorporation du "nouveau", maintien dont les résultats apparaissent toujours aléatoires et
problématiques» (Assogba, 2002 : 113).
8
17 « On parle d'asymétrie d'information, parmi les parties à un échange lorsque l'une possède une
information privée à laquelle l'autre n'a pas accès. Cette information privée porte sur des éléments
susceptibles d'affecter les bénéfices nets que l'autre partie peut tirer du contrat. Ainsi, celui qui détient
l'information privée est susceptible de désavantager considérablement l'autre partie}) (Boissin, 1999 : 101).
18 La nouvelle sociologie regroupe trois courants à savoir, le mouvement anti-utilitariste dans les sciences
sociales (MAUSS), l'approche de l'économie et la régulation-convention.
19 Ces auteurs ont conclu dans leurs analyses que la loi Parmec était source de dysfonctionnement dans
l'évolution normale des IMF.
9
20 C'est le cas des nombreuses études réalisées par le département de microfinance de l'école nationale
d'économie appliquée (ENEA) de Dakar.
21 Selon PoJanyi, on peut distinguer différentes approclJes d'encastrements dont celle de « l'encastrement
structurel des relations marclJandes », c'est-a-dire les réseaux attribués a Granovetler, et celle de
« l'encastrement politique» des relations marchandes chez Laville, qui tient compte des différents modes
d'allocation existants dans une société (marchand, non marchand et non monétaire).
22Dakar est la région la plus urbanisée du pays, avec 96 % de sa population sur 550 !<m2, elle est aussi la plus
importante du point de vue démographique (avec deux millions d'habitants sur 10 millions) Dakar est
subdivisée en six communes. Dakar, qui constitue le centre-ville et un peu la périphérie, et puis Pikine,
Guédiawaye, Thiaroye et enfin RufisquefBargny. Dakar et Thies concentrent 40 % des structures financières
décentralisées
10
23Pour davantage de rigueur, la méthode comparative nécessite de comparer ce qui se situe à des
niveaux semblables et à retenir les caractéristiques essentielles de ce que l'on veut comparer, sans
oublier de tenir compte du milieu d'où elles sont tirées.
11
économique qui, à travers trois entrées théoriques, propose une grille de lecture
qui révèle davantage les logiques des acteurs sociaux. Dans cette conjecture, les
activités des populations sont plus vues sous le registre d'une économie populaire
ou d'une économie solidaire émergente qui serait porteuse d'une nouvelle
dynamique de développement. Tout en participant de la remise en cause du primat
de l'économie sur le social et sur sa démocratisation, le dispositif théorique
élaboré nous a permis de répondre du comment de la contribution de la
microfinance dans la création de richesses marchande et non marchande au
Sénégal.
Nous avons dès lors utilisé de façon transversale l'approche des logiques
d'action afin de donner des clés de compréhension aux actions des acteurs
engagés dans le processus de financement des populations. Aussi, au-delà de
l'originalité des analyses régulationnistes du développement (Ominami, 1986,
Quemia, 2002), la méthodologie adoptée par cette approche nous a permis de voir
à la fois l'influence des formes institutionnelles des structures de microfinance sur
la pertinence de leur intervention et d'expliquer les différentes architectures qui
conduisent à des trajectoires alternatives de croissance et de crise. Mais
auparavant, l'approche sur les mouvements sociaux nous a éclairé dans la
reconstitution de la dynamique historique d'émergence et de soutien des
instituions de microfinance (IMF) au triple niveau des populations à travers leur
recomposition socio-économique, des pouvoirs politiques par l'organisation et le
contrôle de ('outil financier et des partenaires au développement dans
l'accompagnement qu'ils offrent.
faite à travers une approche intégrée de la microfinance qui doit à la fois inciter et
s'adapter à de nouvelles façons de faire des populations.
Ces différentes étapes nous ont permis de rassembler des éléments, mais aussi
d'amorcer une théorie sur la problématique du financement des activités de
populations pauvres dans le contexte sénégalais par les IMF. Cette problématique
nous l'avons évaluée à travers trois modes d'organisations financières
13
Nous avons ainsi orienté notre recherche vers une approche qualitative avec
quelques indications quantitatives. La description chiffrée des catégories
marchandes comme la performance financière permet de déterminer leur
importance relative dans le processus de création de richesses. Cependant, en
résumant l'information utile uniquement à des considérations quantitatives, on en
perd des parties essentielles qui peuvent être significatives. L'approche qualitative
nous a ainsi permis d'appréhender les mécanismes d'organisation et de
fonctionnement des trois modèles d'intervention et d'évaluer leur adéquation avec
leurs objectifs originels ainsi que les besoins des populations. Cependant, dans
cette perspective, on ne peut saisir la réalité qu'à travers l'idée que s'en font les
acteurs. En effet, l'objectivation des processus sociaux doit passer par la
réintégration du sens donné par les acteurs. Cette quête des sens et des
significations s'est faite à travers l'analyse empirique.
14
24 Défmition donnée par la banque mondiale dans son bulletin d'information en septembre 2005,
http://ww'.l'.cgap.org!docs/KeyPrincMicrofinance_fre. pdf
25 Dans cette perspective, les objectifs financiers classiques (revenu ou patrimoine, sécurité ou performance)
sont conciliés avec des paramètres sociaux, éthiques et envirOImementaux (Bourque et Gendron, 2003). C'est
dans ce sens que la responsabil ité sociale a été ajoutée aux critères d'appréciation de la micro finance
26 L'approche "sociale-démocrate". ou ce qu'on a appelé l'État social ou l'État providence. s'est aussi
développée au Sénégal dans un contexte de contradiction entre un objectifde libéralisation du travail pour des
raisons d'ajustement et une volonté de répondre à la demande sociale, en garantissant l'emploi.
16
La dimension des acteurs sociaux ouvre ainsi sur les acteurs sociaux impliqués
dans la microfinance, le processus entrepreneurial qui a abouti à la création de
chaque IMF, les objectifs initiaux, ainsi que les caractéristiques socio
économiques des zones d'intervention.
participé à leur mise en place et à leur fonctionnement, afin de faire ressortir leur
capacité de réinterprétation et de réappropriation des dispositions réglementaires.
Notre thèse est ainsi subdivisée en deux parties. La première partie est
structurée en quatre chapitres. Le premier chapitre est consacré à la construction
théorique de la microfinance comme outil de développement et à l'élaboration des
éléments de son cadre d'analyse. Il analyse les approches de la microfinance
inscrite dans les perspectives de développement avec ses objectifs d'insertion
économique et sociale des populations.
Le second chapitre est entièrement consacré aux différents services que les
institutions offrent aux populations et à leurs membres. Les conditions et
modalités d'élaboration et d'administration des produits sont analysées de façon
comparative. Tout aussi comparatif que le précédent, le chapitre examine les
performances financières des institutions tout en relevant les différences dans
l'élaboration des indicateurs de performance, mais aussi dans leurs appréciations.
CONTEXTE INSTTITUTIONNEL ET
SOCIOÉCONOMIQUE DE LA MICROFINANCE
AU SÉNÉGAL
CHAPITRE 1
ÉLEMENTS DE PROBLÉMATIQUE
ET DE MÉTHODOLOGIE:
Introduction
Ce chapitre rend d'abord compte du cadre théorique que nous avons adopté et
qui met en place une analyse de la microfinance sous trois dimensions: la
dimension des acteurs sociaux, les processus de codification des règles ou
dimension institutionnelle des IMF et la division du travail, ainsi que les formes
de coordination ou dimension organisationnelle. L'approche s'appuie sur une
combinaison des théories sur les nouveaux mouvements sociaux, celles de l'école
de la régulation et celles sur les logiques d'action. Leur articulation est inscrite
dans le cadre théorique de l'économie sociale dont la démarche offre une nouvelle
grille de lecture des actions émergentes et alternatives des populations pour les
insérer dans une approche plurielle du développement plus démocratique et plus
équitable. La microfinance est ainsi différemment inscrite dans des programmes
de développement avec des objectifs et des approches multiples. Aussi, il se
trouve que l'on s'accorde de moins en moins sur ce que doit être Je
développement. Notre analyse soulève deux niveaux de discussion. Le premier
niveau met en opposition le renouvellement du discours sur le développement
face aux limites de l'approche libérale. Le second niveau de discussion questionne
la fin du monopole des mécanismes marchands devant une économie plurielle. Le
cheminement de l'analyse théorique dans ce chapitre s'est ainsi fait à travers trois
23
axes. Le premier axe fait le choix d'un cadre interprétatif élaboré à partir des
approches sur les nouvelles formes d'actions collectives des nouveaux
mouvements sociaux et de celle de la régulation. Le second axe procède à une
analyse des changements du discours sur le développement et la perspective
régulationniste pendant que le troisième éclaire sur les implications de la
reconnaissance du social.
En dépit des politiques qui prônent l'individu et les libertés individuelles, les
conduites collectives demeurent un centre d'intérêt du fait des nouveaux groupes
de solidarité et de revendication qui redéfinissent l'action sociale. Ces nouveaux
mouvements sociaux sont analysés par différentes approches, telles les approches
24
fait sens (Alain Touraine) bref, on se refuse à réduire les conduites sociales à être
27
des conséquences du jeu d'un système plus ou moins contradictoire .»
(Wieviorka, 2000).
27 En définissant le mouvement social comme « l'action conflictuelle d'un acteur dirigeant ou populaire pour
le contrôle social des modèles d'Wle société, c'est-à-dire de son historicité» Touraine (1993: 18) rejoint
quelque peu l'approche marxiste qui a toujours vu dans l'action sociale des réponses aux contradictions du
système capitaliste. Seulement les valeurs et les revendications qui accompagnent les nouveaux mouvements
sociaux privilégient la résistance ail contrôle social et l'autonomie. Et à Wieviorka (1996) de faire remarquer
que « l'espace public est aussi de plus en plus pénétré par des panicularismes culturels qui demandent à y être
reconnus ... » (Wieviorka, 1996 :258).
28 Le modèle culturel peut prendre la forme d'un instrument de transformation de la pratique sociale.
29 Les éléments du système d'action historique sont constitués des éléments de l'activité économique; le
modèle culturel correspondant à la production, la mobilisation à l'organisation du travail, la hiérarchisation à
la répanition, les besoins à la consommation
26
300e J'avis de Selmick, repris par Giroux « une organisation est un instrument rationnel conçu pour
accomplir une tâche alors qu'une institution est un produit naturel des besoins sociaux. L'institution est, selon
lui, le fruit des interactions et des mécanismes d'adaptation. Imprégnée d'une valeur qui dépasse les
nécessités de la tâche à accomplir, l'institution devient pour ses membres une source d'attachement et
d'identification. Elle symbolise les aspirations d'une communauté}) (Giroux, 1993 : 9).
31 L'historicité désigne « la nature particulière des systèmes sociaux qui, au-delà de leur reproduction
combinée avec des accidents qui pourraient les faire changer, au-delà de leur possibilité d'apprentissage et
d'adaptation, ont la capacité d'agir sur eux-mêmes par l'intermédiaire d'un ensemble d'orientations
culturelles et sociales. }) (Touraine, 1973 : 33).
27
Mais c'est moins la méthode que la théorie sur l'acteur social qui retient ici notre
attention. L'acteur est une référence pour souligner la réciprocité du pouvoir,
l'importance des relations informelles.
Dans les deux approches sur l'acteur social, la réciprocité s'apprécie au niveau
de la participation à travers des réseaux sociaux. Par ailleurs, l'analyse stratégique
reste assez imprécise sur la façon dont se construisent les règles au sein de
l'organisation. Elle met surtout en avant les stratégies des acteurs vis-à-vis des
règles déjà en place, et insiste principalement sur le comportement rationnel des
acteurs face à ces règles. L'approche de la régulation dans la perspective de Jean
Daniel Reynaud (1995) a tenté de combler cette lacune, tout en restant dans la
continuité de l'analyse stratégique (De Terssac, 2003). En étudiant les mécanismes
qui interviennent dans la production, le maintien, la destruction et l'application des
règles dans les organisations, l'analyse qui y est faite, essaie de comprendre
comment s'effectue la construction des règles, celles par lesquelles un groupe
social se structure et devient capable d'actions collectives. En cela, il conduit à
envisager l'ordre social non plus de façon statique, mais à la manière d'un ordre
négocié et dynamique. Toutefois, l'analyse se précise davantage pour notre
perspective avec l'approche de l'économie des grandeurs et celle des conventions
(Boltanski et Thévenot, 1991) qui examinent les organisations en terme de
conventions et d'accords. Elle est complétée par l'approche de la régulation qui
développe une perspective ho liste sur les régulations que ces systèmes de règles
permettent et sur leur répercussion au sein de l'institution.
L'hypothèse centrale de l'économie des conventions est que les accords entre
individus, même lorsqu'ils se limitent au contrat d'un échange marchand, ne sont
pas possibles sans un cadre commun, sans « une convention constitutive»
(Enjolras, 1996). Il y a ainsi un certain nombre de compromis entre les grandeurs
ou logiques d'action humaines. La coordination s'obtient lorsque deux personnes
« mobilisent le même registre d'action (c'est-à-dire quand elles s'appuient sur le
même principe de justification de leur action) ... » (Enjolras, 1993 : 95).
Les travaux de Boltanski et Thévenot (1991) ont permis de relever que les
33
justifications se référent à différents ordres de généralités . Dès lors pour qu'une
justification soit légitime, il lui faut s'ancrer dans un cadre commun, consensuel.
Ce cadre commun établi par les acteurs doit être objectif et s'appuyer sur des
dispositifs cohérents composés d'objets ayant acquis une reconnaissance générale.
La reconnaissance permet ainsi l'établissement légitime de grandeurs 34
hiérarchiques parmi les individus au sein des sociétés ou des organisations, en
fonction de l'investissement consenti au bien commun de tous.
Le bon fonctionnement des organisations est ainsi conditionné par l'obtention
de compromis entre diverses formes de systèmes de valeurs ou ordres de
généralité. Ceux-ci constituent des cadres communs auxquels correspondent des
formes ou des principes légitimes, d'accords, à partir desquels sont réglés les
conflits. En fait « les grandeurs deviennent particulièrement saillantes dans les
situations de disputes, telle qu'on peut les observer dans de nombreuses occasions
de la vie quotidienne» (Boltanski et Thévenot, 1991: 26). Dès Jors,
l'identification des mondes auxquels se situent les grandeurs est une phase
33Ces ordres de généralités reposent sur des principes de la philosophie politique développés historiquement
par différents auteurs et qui continuent d'inspirer les théories et pratiques actuelles.
Notre attention s'est particulièrement portée sur les différents mondes 35 mis en
place et les logiques d'actions qu'ils pennettent. Dans la cité domestique, le lien
entre les êtres est conçu comme une génération du lien familial, un territoire dans
lequel s'inscrit la relation de dépendance domestique. Ici, la grandeur est un état
de dépendance d'où les personnes tirent l'autorité qu'elles peuvent à leur tour
exercer sur d'autres. Ce monde ne se déploie pas seulement dans le cercle des
relations familiales, mais aussi dans les relations personnelles qu'entretiennent les
gens. Un des principes supérieurs communs dans ce monde est le respect de la
tradition et de la hiérarchie qui établit un ordre entre les êtres de nature
domestique. L'individu devient dans ce monde un «maillon pris entre un
supérieur dont il reçoit, (... ) et des inférieurs qu'il englobe et qu'il incarne ».
(Boltanski et Thévenot, 1991 : 116). Le rapport de grandeur se situe ainsi dans le
respect et la responsabilité de l'ordre des êtres d'une même maison. Cet ordre fait
que les grands ont des devoirs à l'égard de leur entourage, ces devoirs réclament
le rejet de l'égoïsme, contrairement à la cité marchande ou le principe supérieur
commun est représenté par la concurrence qui est elle-même la résultante des
actions d'individus mues par des désirs qui les poussent à posséder les mêmes
biens. La cité domestique peut aussi être opposée à celle industrielle, caractérisée
par la recherche de l'efficacité et de la performance dans l'organ isation, et dont
les valeurs sont basées sur l'intérêt, le désir, l'égoïsme. En revanche, les tensions
entre mondes domestique et civique36 peuvent s'atténuer dès l'instant qu'il y a
chez l'un et l'autre un renoncement au particulier. L'intérêt de procéder à une
comparaison de ces trois mondes se trouve dans le fait que les mouvements
sociaux de solidarité partent très souvent de l'espace domestique, des liens forts
vers des liens plus affaiblis mus par des intérêts individuels ou de groupes.
35 Ces mondes sont au nombre de six à savoir le monde de l'inspiration. celui domestique, celui de l'opinion,
31
Ainsi, il apparaît que les acteurs sociaux puisent dans différents principes de
justification pour légitimer leurs actions. L'analyse à partir des différents mondes
peut être révélatrice de sens, mais aussi de tensions dans la mesure où les acteurs
sociaux impliqués dans la microfinance au Sénégal sont porteurs de leurs cultures
particulières, de leurs objectifs, mais aussi de leurs stratégies. Cette approche est
d'autant plus pertinente que les principes de justifications du monde domestique
sont partout convoqués dans les rapports socio-économiques au Sénégal. En effet,
les rapports entre individus sont fortement teintés de considérations domestiques,
caractéristiques de la prégnance de la culture.
La raison (... ) est que fidèle à sa méthode (elle) s'efforce de repérer à partir
des comportements entre agents les codifications nouvelles qui sont en
gestation. La préoccupation est ici de tenter de mettre au jour celles des
"nouvelles microrégularités" nées des rapports entre agents et qui porteuses
d'avenir, sont susceptibles de constituer des "formes élémentaires" des futures
formes structurelles des régimes d'accumulation postfordiens (Coriat, 1994 :
133).
37 Une fonne institutionnelle est définie comme "toute codification d'un ou de plusieurs rapports sociaux
fondamentaux» (Boyer, 2004).
34
Il est dès lors évident que nous nous référons plus à la méthode qu'aux
résultats auxquels les recherches faites sur la base de l'approche régulationniste
ont abouti. Ceci pour principalement trois raisons. D'abord, la centralité du
rapport salarial n'étant pas le modèle dominant; par conséquent, elle ne sied pas
pour les pays du Sud (Quemia, 2002). Ensuite, le secteur informel qui constitue ici
le modèle de régulation dominant ne peut recevoir les mêmes analyses que celui
des salariés qui disposent de conventions collectives. Enfin, il s'avère que les
modes de régulation sont variables d'un pays à un autre. En effet, des études dans
différents pays du Sud ont fini par démontrer que les différences nationales de
performances économiques sont liées aux formes institutionnelles en place, donc à
la nature des rapports sociaux dans chaque pays (Ominami, 1986). De la même
façon, les performances de la microfinance sont liées aux formes institutionnelles
qu'elle met en place et par conséquent aux rapports sociaux qui s'y établissent. Il
demeure cependant qu'une
38 "Le concept de mode de régulation vise à qualifier toute période de croissance stable" L mode de régulation
devient alors un ensemble de processus et de comportements, à la fois collectifs et individuels, qui a trois
propriétés. D'abord. il permet la reproduction des rapports sociaux fondamentaux codifiés dans les formes
institutionnelles. Ensuite, il soutient le régime d'accumulation. Enfin, il assure la compatibilité d'une
multitude de décisions et d'actions décentralisées et poteutiellement contradictoire. )} (Lamoureux, 1996).
35
39 Ces principes sont l'égalité des personnes par un fonctionnement démocratique, la détermination
de l'activité de l'entreprise par les membres, la participation à J'activité de l'entreprise entraîne la
participation de son financement et J'appropriation durablement collective des excédents réinvestis
dans l'entreprise commune (D'Amours, 2006).
40 L'économie solidaire s'est développée à partir de la notion de service de proximité. Elle désigne
un ensemble d'initiatives reposant sur l'implication des usagers et combinant ressources
marchandes, non marchandes (don et subventions publiques) et non monétaire (bénévolat). Elle
reconstruit, selon Laville deux problématiques à l'origine de J'économie sociale, la combinaison
des formes de travail, d'une part, et la contribution à un débat pluraliste sur les institutions
pertinentes de la démocratie.
38
De façon générale, on peut dire que l'évaluation comporte toujours J'idée d'un
retour de la société sur elle-même: elle pose la question de l'articulation entre
les diverses dimensions de la production des connaissances, les connaissances
ainsi construites et le progrès social et économique. De plus, l'évaluation veut
s'imposer (ou être utilisée) comme nouvelle forme de régulation du social,
inscrite au cœur des rapports entre la science et la société et entre la science et
la politique. » (Légaré et Demers, 1993 : 7).
Conclusion
41 De 1997 à 2002, le Sénégal avait renoué avec une croissance économique de 5 % sans que cela se fasse
sentir par la population. Il faut peut-être remarquer que cette croissance était soutenue par le seul secteur des
BT? et de l'industrie (Banque de France, rapport zone franc. 2002)
47
de ces plans. Dans cette même dynamique, le Programme des Nations Unies pour
le Développement (PNUD, 1996) va introduire le concept d'indice de
42
développement humain (IDH). Cette évolution du concept de développement a
été fortement influencée par les analyses de Sen (1999), qui propose de
l'appréhender comme un processus d'expansion des libertés réelles dont jouissent
les individus.
Il ne fait aucun doute que la croissance du PNB ou des revenus revêtent une
grande importance en tant que moyen d'étendre les libertés dont jouissent les
membres d'une société. Mais d'autres facteurs déterminent ces libertés: les
dispositions économiques ou sociales [... J, et tout autant les libertés politiques
et civiques (Sen, 1999a : 15).
42 Dans le cadre du lancement du rapport mondial sur le developpement humain, l'IDH est presente comme
un indice composite de trois élements fondamentaux, à savoir: la longévité, le savoir et le niveau de vie. Plus
riche en information, il supplee le PNB pour mesurer le développement d'information
43 Dans cette perspective, et avec l'aide du nouvel instrument de mesure proposé par le rapport
PNUD, le capital physique c'est-à-dire les actifs productifs « ne représente plus que 16 % de
l'ensemble, le capital naturel20%et le capital humain 64%)} (Viveret, 2002: 30)}.
48
Par ailleurs, Gélinas (1994) relève que même si le discours des institutions
internationales semble avoir changé, les pratiques demeurent dans l'approche
néolibérale. En effet, les multiples connotations du développement ou « l'ajout de
qualificatif subtil» au terme « développement» ne changent en rien ses
fondements économiques basés sur la civilisation occidentale (Latouche, 1986).
Pour Morin (2002), qui abonde dans le même sens, il ne s'agit ni plus ni moins
que « d'adjoindre» un volet social ou une composante écologique, sans pour
autant remettre en question l'accumulation capitaliste. Lorsque le social est
44 Dans Paroles de pauvres, Ly et Faye (2002) cherchent une saisie interne de comment les pauvres
définissent leurs propres situations. En cela, elle se définit à travers les opinions individuelles et se mesure par
les réponses directes des ménages comme indicateur Le Sénégal privilégie cette nouvelle façon de définir la
pauvreté par les pauvres eux-mêmes afin de mettre en exergue des dimensions que les mesures
conventionnelles ne peuvent déceler
45 Ce capital social est différemment pris selon qu'on est chez Bourdieu pour qui c'est un bien privé ou chez
Putman qui le prend comme un bien collectif Nous l'expliquons dans le chapitre suivant..
49
reconnu comme actif par l'approche néo-libérale, c'est pour être instrumentalisé
aux seules finalités économiques.
L'importance du social est aussi reconnue par les régulationnistes. Mais loin
de la théorie de la dépendance qui conditionnait les pays sous-développés, la
réflexion ainsi que les recherches à partir de la théorie de la régulation a abouti à
une typologie explicitant la variété des modes de développement 47 (Ominami,
1986). En effet pour les tenants de cette théorie, la crise a pour origine les rigidités
institutionnelles construites par le binôme État-marché et qui empêchent les
processus d'ajustement de se développer jusqu'à l'équilibre. Cette thèse fait tenir
aux institutions un rôle actif dans le processus d'ajustement. Elle insiste sur les
rapports sociaux et la dynamique des formes institutionnelles et pose des jalons
intéressants pour comprendre la logique des institutions. Axée initialement sur le
rappo11 salarial, l'approche n'en demeure pas moins un outil explicatif même si la
centralité du rapport salarial pose problème dans les pays sous-développés
caractérisés par (une économie de rente et) l'importance du secteur informel.
46 Lautier se méfie d'une instrumentaJisation de l'État. En cela, il se réfère au titre ainsi qu'au contenu du
rapport sur le développement dans le monde 2002 de la Banque Mondiale: des institutions sur le marché.
41 Le développement est entendu ici comme une «conjonction d'un régime d'accumulation et d'un mode de
régulation (Boyer et Saillard, 1995 :545).
50
Avec ces nouvelles orientations, il apparaît à travers les récentes théories sur
le développement que l'enjeu est moins le choix d'un modèle de développement
que le meilleur créneau possible d'insertion dans le marché mondial à travers
['innovation. La perspective d'une liberté d'option, devant la crise des modèles, la
diversification des situations concrètes et le refus de remèdes à vocation
universelle donnent une fonction nouvelle aux choix économiques nationaux. Car,
comme le constate Morin (2002), « la mondialisation a installé l'infrastructure
d'une société monde qu'elle est incapable d'instaurer» (Morin, 2002 : 46), par ce
fait les économies nationales sont comme contraintes de se spécialiser tout en
innovant pour y être compétitives. Cette démarche est d'autant plus aisée que les
approches sur le capital social sont venues répondre à un vide conceptuel dans les
principales théories du développement économique et social en formalisant la
façon de prendre en considération les dimensions sociales (Gadrey et Catrice,
2005, Sen, 2000, Viveret, 2002) et partant les caractéristiques nationales. En effet,
la reconnaissance du social étant faite, l'enjeu principal porte aujourd'hui sur « les
conséquences qu'il faut en tirer pour remodeler les interventions de l'État et pour
moderniser et démocratiser le système de production. » (Lévesque et Mendell,
1999: 9). Ainsi, parallèlement au renouvellement de l'État au Nord, sa
construction au Sud pose à nouveau le débat sur la place que les activités de
l'économie dite « informelle» peuvent prendre dans le processus de
développement des pays du Sud et les formes d'interventions nécessaires.
Selon Favreau (1996), les activités de l'économie sociale peuvent être soit
transitoires, soit participer à l'émergence d'un nouveau modèle de développement.
Cela dépend
48 Cette méthodologie a en fait été appliquée par un groupe de chercheurs pour déceler les différentes
trajectoires latino-américaines. Il a été ainsi possible de confronter et d'emichir les notions de base élaborées
initialement dans les pays développés à la réalité des pays sous-développés.
51
Cette réponse de Favreau annonce les couleurs d'un choix d'une régulation
qui intègre à la fois les pôles capitaliste, (dans ses rapports marchands), étatique
(dans ses formes de propriétés institutionnelles) et relationnel (avec un élan
réciprocitaire) (Favreau, 2005a). Convaincue que les stratégies d'actions
solidaires constituent la clé de voûte d'un autre type de développement, cette
approche place l'économie sociale comme un projet de consolidation d'une
économie où le travail et la solidarité seraient valorisés. Cependant, le
développement dont il s'agit à ce niveau « est moins considéré comme un jeu de
causes à effets entre différents facteurs; il est plutôt conçu comme une
mobilisation économique, sociale et culturelle de toutes les potentialités d'un pays
(... ) autour d'un certain nombre d'objectifs» (Favreau, 2000: 52).
Mendell, 1999 : 9). Elle occuperait désormais une place plus importante dans un
modèle de développement à partir d'une alticulation de trois formes d'économies
(marchande, non marchande et non monétaire) (Laville, 1994). L'approche se
focalise de façon spécifique sur la manière dont se déploient les actions
entreprenariales afin de mettre en évidence ce qui fait leur cohérence et leur
efficacité (Defourny, 1991).
50 L'auteur précise: « les positions par rapport à l'économie sociale seront colorées par la façon dont cette
dernière est inscrite dans le modèle de développement en émergence.» (p9)
53
51
devrait dès lors être complétées par une démocratie sociale capable de prendre
en charge les intérêts collectifs à l'issu de concertation (Lévesque, 2004). Ce type
d'économie suppose un ensemble d'activités économiques à finalités sociales qui
s'inscrivent dans la construction de nouveaux rapports entre le social et
l'économique. Elle constitue en cela, un processus, une régulation économique
combinant à la fois des ressources marchandes, non marchandes et non monétaires
(Erne et al., 1996, Roustang et ali., 1996). Mieux, elle offre "un potentiel de
développement de nouvelles formes de régulation démocratique, d'identité et
d'utilité sociale» (Favreau et Fall, 2002 : 5).
53 De façon générale les régulations socio-économiques qu'offre l'insertion par l'économique preTUlent trois
principales directions (Defoumy et al., 1998) la fonnation d'une économie intermédiaire, la constitution d'un
secteur d'utilité sociale et la construction de nouveaux rapports entre solidarités et territoire.
55
54 Nous faisons allusion ici au sommet socio-économique de 1996 ou plusieurs écrits, colloques, conférences,
Québec. Avec l'entrée en œuvre des centres locaux de développement (CLD) (... ), des fonds sont prévus
pour fournir un soutien des entreprises d'économie sociale» (Joval, 1999: 5).
55 Les municipalités sénégalaises disposent de budgets dont les portefeuilles sont laissés à l'appréciation des
intervenants. Aussi elles dépendent encore de la coopération décentralisée pour mener à bien leur pol ilique.
56
Il paraît évident à l'issu des travaux de Niang (1996) que les activités du
secteur populaire tendent à dépasser le stade d'hésitation et de balbutiement pour
se doter d'objectifs clairs et précis. Mieux, la structuration des activités semble
renfermer un processus d'institutionnalisation et aussi de pérennisation. Vues sous
cet angle, et prenant en considération les conclusions selon lesquelles l'informel
obéit à « une rationalité qui n'est pas dissociable de l'ensemble de la socialité»
(Assogba, 2004, Castel, 2003, Latouche, 1991), on peut avancer que les activités
de l'économie populaire au Sénégal participent d'une économie sociale et
solidaire instituante. Il est dès lors possible au-delà des différences de niveaux et
de formes selon que l'on soit au Nord ou au Sud, d'appréhender globalement cette
économie sociale émergente sans risquer de perdre de vue les réalités particulières
(Defourny et al., 1999).
56 La globalisation, plus que la mondialisation, mettrait en branle un phénomène social Lotal nouveau plus
riche que la somme des éléments la composant (Op. cil. p 105)
57
Conclusion
57 Dans cette approche des logiques, Enjolras (1993) en distingue quatre: les logiques marchandes, les
logiques domestiques dont la coordination est fondée sur la confiance, les logiques solidaires coordonnées par
le principe de réciprocité et celles administratives ou civiques coordonnées par les principes de l'intérêt
général et de la standardisation. L'association serait ainsi comme un dispositif de compromis entre toutes ces
logiques.
58 Non dans le sens de contrôle, mais de l'appréciation.
58
;9Cette approche contraire a celle des fUlances solidaires est, selon Amoureux (2003 :68) « une forme de
micro finance qui prône l'institutionnalisation en banques commerciales, pour accéder au marché monétaire,
une rentabilité élevée pour attirer des investisseurs privés.»
60 Il évoque ici la tripartition de l'analyse économique de Walras en économie pure, « domaine du vrai»,
économie appliquée « domaine de l'utile» et économie sociale.
61La responsabilité sociale de l'entreprise s'inscrit dans le développement durable à travers des services qui
favorisent le développement des communautés locales (Boudon, 2003).
62 Le thème prend de J'importance et différentes initiatives sont en cours, qui développent des approches et
des outils sur la mesure et le renforcement des perfonnances sociales en microfinance. L'initiative Social
Perfonnance lndicators (SPI) du réseau CERISE en est une des très avancées. Le SPI est pris en compte
aussi, par le chantier 'fmance solidaire' qui réfléchit sur la relation entre finance solidaire et liens sociaux
avec comme objectif d'élaborer et de promouvoir des propositions et stratégies de transfonnations socio
économiques.
59
63 Les systèmes de sociabilitè ont pour fonction « ... de garantir la loyauté des membres, de maintenir la
cohésion des groupes, de favoriser le contrôle social et de pennettre aux membres de la communauté de
définir leur identité» (Sané, 2003 : 208)
64 L'auteur ne fait pas référence à une chronologie de l'émergence des coopératives, mais à la nouveauté des
éléments qui les composent
60
Une seconde analyse laisse voir que l'entrepreneuriat est rattaché à la création
de valeurs, de conséquences sociales (Lévesque, 2002, Laville et Nyssens, 2001)
pour certaines approches tandis que pour d'autres il est une question de
comportement, de structure, de personnalité, de style d'apprentissage (Favereau,
1994), de culture... etc. Dans la perspective de J'économie sociale
l'entrepreneuriat est davantage associé à l'innovation sociale (Defourny, 2005,
Lévesque, 2004b). Il permet aujourd'hui une nouvelle lecture des caractéristiques
qui pmiicipent à la réussite de l'entreprise dans un contexte de chômage, de
création de très petites entreprises (ou de micro entreprises) et de nouvelles
formes de coopératives. Nous analyserons d'abord l'apport de la sociologie des
organisations, puis celui de l'économie sociale dans la constitution d'un nouvel
entrepreneuriat avant de voir le contexte spécifique sénégalais.
C'est sous l'angle des changements sociaux que l'entreprise classique a pris le
virage vers des entreprises plus démocratiques, qui participent à de nouvelles
exigences de performance. En effet, les analyses de Crozier sur les jeux d'acteurs
qui fondent les dynamiques des organisations, de Reynaud à Wiewiorka, en
passant par Touraine, rappellent l'importance du mouvement social et de la
négociation 65 pour créer les règles d'organisation au travail.
65 La négociation « ouvre des perspectives de compromis entre intérêts opposés, sans trop déchirer le tissu
social, elle permet d'ajuster les solutions aux problèmes; elle remplit les blancs des règles légales,
nécessairement incomplètes. Les administrations passent d'une gestion dite' irnpérativiste' (faire se
conformer à la norme quiconque y est assuJetti) à une gestion ' négoclatnce' (au cas par cas, avec de
multiples dérogations, en prenant en compte les demandes des usagers). Cette plus grande indétermination de
61
la règle, il son tour, produit de nouvelles négociations, et le cycle s'accélère. )} (Bourque et Thuderoz, 2002 :
15).
66 Ce changement de perspective a aussi eu des effets sur la notion de qualification, de
responsabilité, de performance et de compétence (zarifian, 1994, 1999),
62
67 Des mesures d'accompagnement voulaient que les GIE soient exonérés de tout taxe et beaucoup de fonds
étaient mis en place, destinés à ce type de structure.
67
En effet, il s'avère que les activités des populations pauvres s'appuient sur le
capital social pour se constituer ou s'améliorer. Dans le cadre de la micro finance,
ce capital social est particulièrement ciblé à la fois par les lMF et les ONG à
travers des stratégies d'intermédiation sociale. L'intermédiation sociale est définie
comme « un effort de construction de la capacité institutionnelle des groupes et
d'investissement dans le potentiel humain de leurs membres» (Ledgerwood,
1998: 89). Elle implique la constitution d'un capital social sous la forme d'un
groupe susceptible de générer un capital d'informations, permettant aux
institutions financières d'instaurer une relation de confiance sur laquelle baser le
crédit. Elle serait en fait une intermédiation financière assortie d'une composante
de renforcement des capacités afin de faciliter J'accès au crédit et à l'épargne.
L'intermédiation sociale vise l'accroissement de la capacité d'autonomie des
groupes marginalisés. Plusieurs approches sont développées allant de
l'élaboration de composantes complémentaires au crédit à l'offre de formations
optionnelles au développement d'entreprises ou à la possibilité du groupe de
mener spontanément d'autres activités communautaires.
68
que cela soit de façon coopérative ou individuelle. Mieux, ces actions peuvent
constituer un passage important vers l'appropriation qui, lorsqu'elle est réalisée,
permet une meilleure utilisation des ressources ainsi qu'un renforcement du
capital social.
Conclusion
70 Le moodll-moodll est vu plus comme un acteur social, une catégorie sociale qui évolue dans le
connotation pour d'autres auteurs comme Giroux (1997), chez qui, l'éthique
serait un signe d'un contrôle social croissant, «(avec), entre autre, comme
conséquence de limiter encore davantage la marge d'autonomie ou de liberté d'un
grand nombre de citoyens» (Giroux, 1997 :16). Mais toujours est-il que le retour
à l'éthique semble impulser un déplacement majeur du pouvoir politique hors de
l'État, déplacement entamé par les mouvements sociaux et qui s'inscrit
aujourd'hui dans la problématique générale du développement durable avec,
comme trame de fond, une économie normative avec des principes de justice,
d'égalité et de responsabilité pour les générations présentes et futures.
72
À la faveur de la remise en question de la notion de travail , le débat se pose
sur la représentation idéologique de l'économie selon laquelle seule l'activité
économique est productrice de richesse. Car de là même manière que le travail, la
73
définition de ce qu'est la richesse est issue d'une convention dont le double
objectif est «de valoriser certaines activités plus que d'autres, (en l'occurrence les
productions matérielles et marchandes) et d'assurer à l'économie les moyens
d'affirmer son autonomie en lui donnant le statut d'une science objective assise
sur des comparaisons quantitatives» (Viveret, 2002 : 12).
72 Méda (1995) explique les trois actes par lesquels la notion de travail a été inventée afIn d'élaborer ce quj
devait être la rjchesse. « ... le travail n'étant défIni que de manière dérivée. comme ce qui pennet de créer de
la richesse» p (80) et plus loin l'emploi ne serait qu' « un montage spécifIque de travail el de protection»
(Castel, 1995).
73Dont Malthus est le principal acteur dans son 'Principe d'économie politique' en 1820. Son objectif était de
donner une signifIcation claire et objective de la richesse.
74 En effet en introduisant la notion d'utilité, l'économie rompait avec la politique, la morale ainsi que la
recherche du bjen commun, faisant du vice privé une vertu publique. Avec les travaux de Say, J.B dans son
'Traité d'économie politique'
72
« Être riche est d'abord le fait d'un individu qui dispose de ce qui lui est
propre pour vivre et jouir de sa vie» (Berthoud, 2003 : 276). Dans cette approche,
75
la richesse est d'abord richesse sociale , ensuite 'puissance' permettant de
produire à nouveaux. Berthoud (2003) l'appréhende dans un processus extérieur
ou matériel de production reproduction et en relève deux types d'usages de biens:
« l'usage du semblable par le semblable» et « l'usage des biens matériels ». Il
faut cependant remarquer que l'abord de Berthoud s'est fait sous l'angle de la
consommation. Celle-ci est devenue
75 Cette conception de richesse sociale est différente de l'acception que l'économie en donne. En
intégrant la notion de richesse sociale, on tente de modifier l'armature théorique de l'économie par
rapport à cette nouvelle donne. Ce qui s'avère diffIcile car l'économie va assimiler sociale « à la
somme des enrichissements individuels issus de l'échange marchand» (Méda, 1995: 208) ou
comme une « production socialement organisée» (op.. cil, p210). Il esl fait référence ici au cadre
institutionnel formel des échanges.
73
Cette capacité ne dépend pas seulement d'un niveau de vie économique, mais
également de ce que « Sen appelle les "fonctionnements" individuels, c'est-à-dire
des "manières d'être", des "manières de faire" propres à chacun, dans un contexte
culturel donné.» (Perret, 1995: 24). Ainsi, dans l'évaluation du bien-être, il
7
propose j'évaluation des opportunités réelle/ des individus. L'intérêt de
l'approche de Sen réside dans le fait qu'elle nous permet de faire un glissement
des biens vers ce qu'ils procurent, des revenus vers ce qu'ils permettent
d'accomplir. Dans la même lancée, Sue (1997)78 constate, à travers la mutation
actuelle des sociétés, l'émergence d'une véritable économie de la personne, dans
76 Ces biens comme la santé ou le talent ne dépendent pas de l'organisation sociale, en revanche les biens
sociaux sont constitués de toutes les libertés de base de l'individu.
78 Il suggère d'améliorer l'efficacité et la production sociale. Déjà, dans une autre analyse sur « la société en
mutation ou l'avènement du quaternaire» (1996), il proposait une « nouvelle richesse» des nations, en
opposant aux causes de la richesse des nations de Smith, « le savoir, des services et la construction de la
demande.» (p 74)
74
laquelle l'implication humaine jouera le premier rôle: « les liens créeront plus de
richesse que les biens. Le temps consacré à l'information, à la formation, la
réalisation de soi, d'activités familiales, de socialisation, de production
individuelle ou collective, d'engagement associatif, ... etc. Ce temps-là est
productif}) (Sue, 1997 : 10).
79 Toutefois, elle se comprend mieux avec Méda (1995) qui reprend les conclusions de Malthus dans sa
volonté de définir la richesse. Malthus conclut, dit-elle « si donc ( ... ), nous voulons faire de l'économie
politique une science positive fondée sur l'expérience et susceptible de donner des résultats précis, il faut
prendre le plus grand soin d'embrasser seulement les objets dont l'accroissement ou la diminution peuvent
être susceptibles d'évaluation. Un pays sera donc riche ou pauvre, selon l'abondance ou la rareté des objets
matériels dont il est pourvu, relativement à l'étendue de son territoire)} (Méda, 1995: 67).
75
Il ressort de cette analyse que la richesse n'est pas que matérielle et que son
acquisition suppose aussi des prédispositions sociales et cognitives. En situant sa
production dans l'interaction entre les ressources et les individus, l'économie
Le capital humain est défini comme les connaIssances, les aptitudes, les
compétences et autres attributs. L'OCDE le mesure par la durée de scolarité et les
degrés de qualification (Schuller, 2001). Mais une approche plus large veut que
les aptitudes, habilités et connaissances ne soient pas seulement des résultats de la
formation et l'éducation mais aussi par d'autres types de transmission. « Les
77
81
Le concept de capital culturel décrit par Pierre Bourdieu (1979, 1986) relie
explicitement un aspect du capital humain aux conditions culturelles dont il est
issu. Selon Bourdieu, le capital culturel englobe un type unique de connaissances
ayant une valeur culturelle. Comme tout autre capital humain, le capital culturel
est influencé par la formation et l'éducation; de plus, l'accès à ce type de capital et
son accumulation laissent présager et entraînent souvent la richesse et une
position sociale élevée. Le capital social par contre ne comporte pas un élément
unique, mais diverses ressources. Ces ressources ont pour point d'origine les
relations socialement structurées ou les réseaux qui relient l'individu à une famille
et à des groupes d'individus dans différents sphères (quartiers, écoles, lieux de
travail, ... etc.). Ce qui importe surtout, c'est que le capital social facilite l'action
axée sur un but. Le capital social a connu trois grandes approches suivant trois
auteurs.
Pour Bourdieu (1986), le capital social est une ressource employée par les
individus pour appuyer leurs stratégies, pour maintenir ou améliorer leur position
dans la hiérarchie sociale. Bourdieu le définit comme
81 Bourdieu a procédé à une distinction analytique sur les contributions des trois fomles de capital à la
construction et à la reconstruction des systèmes de différenciations sociales
78
Par analogie avec les notions de capital physique et de capital humain -les
outils et la formation qui améliorent la productivité individuelle-, celle de 'capital
social' fait référence à des caractéristiques de l'organisation sociale telles que les
réseaux, les normes et la confiance sociale, qui facilitent la coordination et la
coopération pour le bien de tous (Putman, 2006:37). Son utilisation du concept de
capital social est influencée par Coleman et, malgré les différences entre les
champs d'intérêts, ils considèrent tous deux que le capital social est un bien
82 La définition qu'en donne Coleman est la suivante « une variété de différentes entités, avec deux éléments
en commun: tous sont des aspects de la structure sociale, et ils facilitent certaines actions des acteurs
individus ou organisations- dans le cadre de cette structure.(social capital in the creation of humain, American
journal of sociology, n094, 1998, p598: Cité par Perret, 2003)
79
public, une ressource collective que l'on tend à sous-estimer. Dans son analyse, il
cherche à montrer l'impact des institutions sur les gains économiques. En
d'autres termes, Putman (1995) palt du principe qu'il y a une influence de la
structure sociale sur l'efficacité économique dès l'instant que les institutions sont
une forme de capital social. La pertinence de l'approche par le capital social est
qu'elle permet
83 Bover! (2006) tire de cette réflexion la conclusion selon laquelle Je capital social serait principalement
constitué de deux objets Je réseau et les conventions. Et c'est la régularité des coordinations qui contribue à
la formation des institutions.
80
84 La sociabilité est prise dans le sens de Forsé repriS par Mercklé, « la notion de sociabilité ne désigne pas la
qualité intrinsèque d'un individu (... ) mais J'ensemble des relations qu'un individu entretient avec les autres,
et de des formes que prennent ces relations}) (MerckJé, 2004 : 39).
85 Dans l'acception de Lemieux (1998), les transactions constituent tous les transferts de ressources entre
acteurs
81
En définitive, le capital social constitue une bonne entrée pour comprendre les
ressources dont disposent les lMF et les populations au Sénégal et l'utilisation
qu'elles en font. Il constitue un critère transversal dans le cadre de l'analyse des
IMF. Le capital social garde une importance dans le processus de création de
richesse dès l'instant qu'il participe au renforcement des aptitudes des
populations, à la mutualisation des ressources et des risques, mais aussi à
l'amélioration du capital de confiance. 11 est susceptible dès lors de renforcer la
capacité des IMF à répondre aux besoins des populations.
Conclusion
86 Les fonctionnements sont les modes de vie et de pratiques sociales qui déterminent l'usage des
biens et leur confèrent une plus grande utilité. Les capabi/ités représentent la capacité réelle qu'on
les individus à atteindre les buts qu'ils se fixent.
83
Ces réflexions vont réorienter les positions sur la justice sociale (et aussi la
redistribution), le bien-être et le développement des hommes et des pays, à des
niveaux macro et micro. Aussi, la globalisation des échanges et des problèmes a
suscité progressivement le besoin de relier plus spécifiquement les questions
économ iques, sociales et environnementales. Au niveau macro, l'Indice de
développement humain (lOB) qui en ressort est un indicateur composite de la
richesse économique, de la santé et de l'éducation. Au niveau micro, les
mouvements d'intégration, de coopération et d'entre aide, créent aujourd'hui
des nouveaux besoins de connaissance des particularismes locaux. En effet, le
suivi des objectifs que ces mouvements se fixent, nécessite l'amélioration de la
qualité des statistiques sociales et leur comparabilité, ce qui soulève un ensemble
de problèmes conceptuels (harmonisation des concepts et nomenclature) et
techniques (homogénéisation des dispositifs d'enquêtes) (Perret, 2002). Pourtant,
des pratiques de reporting se multiplient, centrées sur des aspects plus
spécifiques, particulièrement dans le monde de l'entreprise.
Deux constats peuvent être faits à cette étape de l'analyse des éléments de
notre problématique. D'abord, il s'est posé de façon indéniable, par rapport à
l'environnement international, le problème du renouvellement de l'intervention de
l'État qui laisse de plus en plus de place à J'initiative collective. Ensuite, la
reconnaissance du social dans le processus économique permet une dynamique
entrepreneuriale qui autorise des formes de travail et de coopérations atypiques,
84
MICROFINANCE AU SÉNÉGAL
Introduction
1- La situation socio-économique
,- ... - - - "
Ric:11ard
To
r'Jam"" ,
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qg~'::> . Diourbel
• Tan-baccunda
La pauvreté est l'un des plus grands fléaux auxquels fait face le Sénégal, à l'instar
des pays sous-développés. La lutte pour la réduction de la pauvreté voire son
éradication est aujourd'hui une des préoccupations du gouvernement sénégalais.
Le Document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRPlI - 2006) récemment
élaboré par l'État du Sénégal est le cadre de référence de l'élaboration des plans
sectoriels de développement et des programmes d'investissements 88 . Il indique
l'ampleur de la pauvreté en ces termes: « Au Sénégal la proportion des ménages
vivants en dessous du seuil de pauvreté (fixé à 2400 calories, par équivalent adulte
et par jour) est estimée à 57, 9 % (ESAM-I). Sur la base des extrapolations
établies à partir du QUID, l'indice de la pauvreté des ménages se situe à environ
53,9 %, soit un léger recul par rapport à 1994, en raison certainement de
l'accroissement du revenu par tête sur la période 1995-2001.
Cette pauvreté est localisée pour une large part dans les zones rurales et plus
singulièrement dans celles du Centre, du Sud et du Nord-est. L'incidence de la
pauvreté varie en zone rurale entre 72 % et 88 % alors qu'en zone urbaine, elle
varie entre 44 % et 59 % (EPPS, 2001).
Ménages Individus
88Dans le cadre du contexte de mise en œuvre du premier DSR?, le gouvernement a entrepris un certain
nombre de réformes qui visent j'amélioration de la qualité du service public, la gouvernance économique, la
gouvernance judiciaire, la Gouvernance locale et la décentralisation
88
Elle traduit la probabilité d'une personne, qu'elle soit pauvre ou non, à subir
une perte significative de bien-être en conséquence d'un changement de
situation (ou d'un choc). L'analyse de la vulnérabilité porte donc tant sur la
nature des forces agissant sur le bien être d'une personne que sur son aptitude
sous-jacente à se protéger des risques et des chocs auxquels elle est exposée
(DSRP Il, 2006 : 2).
Il s'est engagé d'abord de façon directe dans le secteur productif entre 1974
1978. Cet interventionnisme économique était surtout incité par l'accroissement
de ses ressources financières, à la faveur du relèvement des cours mondiaux des
produits arachidiers et des phosphates. Toutefois, l'environnement économique
international devenant plus instable, suite à la montée en puissance de nouveaux
concurrents et à la financiarisation des relations, a favorisé des politiques de
baisse des barrières tarifaires et par conséquent de la protection. Les répercussions
de cette situation se sont fait sentir pendant longtemps par l'industrie locale.
89Entendue comme «l'accroissement des responsabilités et des possibilités des particuliers dans certains
domaines en contrepartie de la réduction de celles de l'État» (De Soto, 1994 . 21)
90 Chaque secteur de l'économie a ses propres éléments explicatifs spécifiques en plus des
politiques d'ajustement structurel
92
La situation sera d'autant plus difficile que, les conceptions de l'emploi d'une
part, comme facteur et résultat de la croissance et d'autre part comme mesure
sociale d'urgence allaient se heurter, entre autres, au caractère structurel des
problèmes d'emploi ainsi qu'à l'insuffisance d'esprit d'entreprise des personnes
ciblées dans les domaines auxquels on voulait les confiner (Fall, 1997). La
question de l'emploi étant considérée comme un dérivé de la politique
d'ajustement qui est essentiellement économique, ce n'est donc pas un hasard si
son traitement n'a pas fait l'objet d'une politique sectorielle. En effet, en
l'absence de politique réelle, globalisante, les décideurs ont laissé de côté des
facteurs non moins importants dans l'analyse du problème de l'emploi. D'ailleurs,
un Plan d'action pour l'emploi (PAPE) adopté en 1988 par le gouvernement
reconnaissait que « la stratégie de l'État n'épuise pas tout le contenu d'une
politique d'emploi pas plus qu'elle n'exprime les différences d'avec les autres
formes de création d'emploi» (Gueye, 1997: 65).
Mais malgré ces mesures, les évolutions structurelles se sont traduites par une
régression de la protection sociale, un recul du salariat et une précarisation des
emplois. À ce chômage ouvrier s'est ajouté celui des ruraux migrants vers la ville,
à cause de difficultés liées aux aléas climatiques ou à un équipement désuet.
Aussi, de nombreux nouveaux demandeurs d'emploi, surtout des jeunes et des
femmes, font chaque année leur entrée sur le marché du travail. Ce chômage
consécutif à la fois aux licenciements et au non-emploi de la population active a
non seulement un impact direct en termes de précarité, mais également des effets
indirects sur les ménages et sur le développement du secteur informel (Lachaud,
1989). Ceci, d'autant que les performances enregistrées avec la reprise de la
croissance économique n'ont pratiquement pas eu d'impacts sur la vie des
93
91 En ce sens qu'ils finiront par commanditer des études pour la mesure des dimensions sociales de
j'ajustement
92Notamment la croissance du chômage, et la diminution du revenu réel gui, immanquablement, créent une
nouvelle pauvreté
93 Nous appelons handicap les éléments qui caractérisent la majorité des populations pauvres: faiblesse ou
absence de niveau d'instruction, de niveau de qualification, non-accès au crédit.
94
Dans cet ordre d'idée, la nécessité de cornger les effets néfastes des
programmes d'ajustements structurels et d'étendre la protection sociale, a fait
cibler l'emploi non salarié avec la mise en place de deux structures 96 . Le choix
était ainsi fait pour une intervention dans ce secteur97 (Maldonado, 1999). Il s'en
est suivi, autour de ce secteur, un débat sur les formes de mise au travail de la
population active, dans le cadre de l'élaboration d'une politique nationale
d'emploi. Cette politique s'est inspirée de l'approche néo-libérale selon laquelle
les autorités doivent tout au plus faciliter la tâche des opérateurs privés. La
tendance était désormais à la réhabilitation du secteur informel et des unités du
secteur intermédiaire. Deux principales mesures ont été retenues: les autorités ont
d'abord cherché à légaliser des activités qui échappent à son contrôle en mettant
en place au niveau local une réglementation très souple. Ensuite à un niveau
supérieur, des mesures ont été prises, pour faire émerger le haut de gamme de
94L'insertion comme catégone d'action publique visant a pallier les defaillances des mécanismes
d'intégration. Ces programmes s'opposent à l'aide sociale (Loriol, 1999).
96 Des fonds spéciaux de financement centrés sur l'insertion des jeunes diplômés et gérés par le Groupe
Opérationnel Permanent d'Émde et de Concertation (GOPEC) et un Fonds National de l'Emploi (FNE) pour
les chômeurs. Ces deux fonds étaient logés au niveau de la Délégation à l'Insertion, à la Réinsertion, et à
l'Emploi (DIRE)
97 En fait, Maldanno (1999) souligne que les autorités publiques sont souvent partagées entre le libéralisme et
l'interventionnisme dans le développement de travail atypique.
95
l'informel pour lui donner le statut de petites et moyennes entreprises (PME) par
l'octroi de crédits 98 . La nouvelle démarche est soutenue d'abord par des
programmes de microcrédit, puis par la microfinance comme un outil original
d'aide au développement. Ce second niveau d'intervention avait aussi pour
objectif d'encourager l'entrepreneuriat en allégeant les procédures
administratives. Conjointement, un accent a été mis sur l'emploi ponctuel et
temporaire de la main-d'œuvre non qualifiée avec des programmes à haute
intensité de main-d'œuvre 99 . Cependant,
Parallèlement à ces mesures, les populations ont déve Joppé des stratégies
d'entreprise qui ne sont pas nécessairement fondées sur la logique de croissance
telle que l'envisagent les pouvoirs publics. Celles-ci découlent souvent d'une
dynamique sociale particulière inscrite dans une situation de précarité, voire de
crise. L'un des éléments les plus remarquables des stratégies d'adaptation des
populations est le redéploiement des réseaux de solidarité, Les différenciations
socio-économiques sont en effet tempérées par les systèmes de solidarité qui
génèrent des flux financiers importants. La solidarité joue ainsi le rôle de correctif
des disparités. Le recours à la parentèle, avec une intégration plus marquée dans
les réseaux familiaux et à leur renforcement, constitue généralement le premier
réflexe en contexte de précarité. En effet, les réseaux familiaux de solidarité,
100 Le Sénégal s'est doté d'une charte culnlrelle nationale dont le projet de Rapport Général se proposait
«d'insérer le fait culrurel dans un projet global de société (o, ) et de combanre les torces d'aliénation
culturelle» (Diagne, 1992 279).
101 Les érudes ont révélé que la conjoncrure économique des années 80 marquée par une grave crise est un des
facteurs explicatifs de l'émergence des moodu-moodu. Selon Sarr (2003 :160), « le moodu-moodu en tant que
personnage social s'est construit dans un double mouvement contradictoire. Il est un être errant ouvert au
monde. Il est aussi un être absolument ancré dans ses valeurs sociales de base et fortement inséré dans un
réseau de solidarité confrérique.» Sané (2003) voit dans la particularité de moodu-moodu une capacité à
mobiliser des ressources selon deux axes: un axe de similirude suivant des réseaux de parenté ou de
communautés dispersées géographiquement et un axe de contiguïté, suivant des réseaux de voisinage. Au
delà des explications basées sur des assignations religieuses ou de parenté, Ndiaye (1998), de son côté,
identifie le moodu-moodu comme un pur produit de la ville, une « création» qui répond aux caractéristiques
d'une classe sociale moyenne, mais dont les éléments qui fondent sa réussite ne sont plus fonction des
performances scolaires et des diplômes acquis. Le «moodu-moodu » est ainsi caractérisé par un esprit
d'entreprise et d'initiative.
97
mettre en exergue les conditions d'émergence ainsi que les mécanismes sociaux
qui ont favorisé l'insertion économique de cette catégorie de travailleurs.
Ainsi, de part et d'autre, des initiatives individuelles, mais aussi des activités
socio-économiques portées par des groupes se sont développées. Ces initiatives
populaires avaient cependant besoin, à un moment donné de leur évolution, d'une
assistance technique et institutionnelle. L'appui le plus significatif est venu
d'organismes non gouvernementaux (ONG) dans le cadre de l'aide au
développement social des populations. En effet, en faisant de la participation
locale le principe fondamental de leurs interventions, les ONG ont créé une
nouvelle dynamique associative au Sénégal. De l'avis de Ly, « la présence et les
actions des ONG ont créé chez les populations J'idée qu'elles doivent et peuvent
participer au développement local, ce qui se traduira par un mouvement
associationniste différent de celui qui avait cours jusqu'alors» (Ly, 2002 : 64).
Dès lors, les réactions et formes d'adaptation de la société civile ont évolué et
se sont enrichies tant des stratégies développées par les populations que de cel les
des organisations d'appui. Les nouveaux liens sociaux qui s'établissent
s'affaiblissent davantage (Granovetter, 2000, Mercklé, 2004) et laissent profiler
une dynamique sociale et économique particulière au Sénégal à travers des
stratégies originales, soit de contournement, soit d'adaptation ou de survie. Les
mouvements sociaux locaux qu'ils mettent en place, animent « des activités
économiques qui combinent "initiatives et solidarité" et qui prend 'J'expression'
de nouvelles formes de régulation socioéconomique, politique, d'identité et
d'utilité sociale.» (Favreau, 2005b: 4). Qu'ils préfigurent simplement une
nouvelle forme de gestion sociale de la pauvreté ou une réponse inédite à des
besoins sociaux, ces mouvements de recomposition sociale ont été à l'origine
d'une redéfinition des espaces politique, économique et social.
À la fin des années 80, les pays de J'Union monétaire ouest-africaine (UMOA)
ont connu une crise économique sans précédent, liée à la faiJlite des banques
classiques et à la fermeture de beaucoup d'entre elles. Toutes les catégories étaient
concernées: les banques commerciales, les crédits agricoles et les banques de
99
102 Le taux d' analpbabétisme au Sénégal est 48,9 % chez les hommes et 70 % chez les femmes et 60 % pour
l'ensemble des personnes âgées entre 1Sans et plus (Daffé, 2005)
]00
103 Elles privilégient le secteur urbain par rapport au secteur rural, les grosses transactions par rapport aux
petites, les crédits au secteur non agricole au détriment du secteur agricole
101
Les travaux sur le secteur informel, sa dimension sur le marché du travail et sur
les biens de consommation ont amené les chercheurs à se pencher sur sa
dimension financière. Ces études ont permis de révéler les caractéristiques d'une
finance informelle qui permet à l'ensemble de la population non bancarisée de
trouver des circuits pour épargner et avoir accès au crédit. La finance informelle
est définie comme « un des mécanismes non officiels, mais originaux qui
permettent de faire circuler la monnaie à travers des créances et des dettes. Elle
définirait l'ensemble des transactions effectuées, en marge des règles établies par
des intermédiaires non agréés et non enregistrés» (Lé lait, 1990 : 32).
On peut par ailleurs remarquer une absence de passerelle entre l'une et l'autre
structure financière pour répondre de façon sécuritaire et souple à la demande en
financement de la majorité de la population sénégalaise. C'est donc dans un
double contexte de réorientation des programmes d'emploi et de réforme d'un
vide fmancier que s'apprécie le recours à la microfinance dans sa forme
décentralisée. L'émergence de la forme institutionnalisée de la microfinance au
Sénégal entre dans le cadre de la politique volontariste de l'État, appuyée par
J'aide extérieure. Son contexte est alors marqué par le désengagement de l'État du
secteur économique avec l'adoption d'une politique monétaire et ['établissement
d'une banque centrale; la responsabilisation des acteurs privés et
l'encouragement du financement du développement par les ressources internes
103
mobilisées par les actions conjointes des populations à travers des financements
appropriés (Ndour, 1997). Du coup, les objectifs de financement du
développement par des ressources propres vont permettre de cumuler le crédit à
d'autres produits. De ce fait, la réalité du système financier reflète J'existence d'au
moins trois secteurs: bancaire, autonome (ou informel) et intermédiaire. Ce
maillage institutionnel qui préfigure l'ossature d'un marché financier ouvert en
milieu urbain comme rural, sera accompagné par un début de collaboration entre
institutions de microfinance (IMF) et banques classiques, mais aussi par « ... le
désengagement progressif des projets (de développement) et ONG au profit des
intermédiaires de proximité à qui on confie de plus en plus les lignes de
financement» (FaIl et Faye, 2002: 43). L'introduction de ce nouvel outil, à la
faveur de la réforme bancaire sera le catalyseur d'une implication sans précèdent
des populations sénégalaises, conséquence d'une redynamisation et d'une
reconfiguration de l'espace socio-économique.
L'environnement social sénégalais est caractérisé par une stabilité malgré les
difficultés économiques. En fait, le Sénégal est animé par une volonté de créer les
conditions d'une bonne gouvernance. La bonne gouvernance dans la perspective
des approches sur le développement humain sous-tend le développement et la
réduction de la pauvreté. Mieux,
elle définit les mécanismes, les processus et les institutions qui guident les
relations politiques et socio-économiques et permettent aux citoyens et aux
acteurs sociaux de faire connaître leurs intérêts et d'exercer leurs droits.
Elle est globalement considérée comme llne capacité institutionnelle de
gestion des affaires de l'État reposant essentiellement sur les principes de
transparence, de participation, de responsabilité, d'équité et de primauté du
droit (PNUD, 2001 : 16).
S'il est vrai que le manque de transparence constitue le handicap majeur des
pays sous-développés, il reste que des efforts se font allant dans le sens de la
104
104 Cette position a longtemps été celle des organisations internationales, en "occurrence la Banque Mondiale
105
\05 Cette approche considère le secteur infonnel comme une modalité du fonctionnement du secteur
capitaliste liée aux formes nouvelles d'accumulation dérégulée dont les stratégies d"accumulations reposent à
la fois sur le fonnel et l'infonnel
106
(... ) caractérisé par la jeunesse des responsables des exploitations, les faibles
barrières à l'entrée dans la branche au niveau des mises de fonds généralement
assurées par une épargne personnelle, l'utilisation de technologies simples et
de rapports sociaux non salariaux, absence de comptabilité, faible
différentiation entre l'unité de production et l'unité domestique (Hugon,
2001 : 66).
activités 106 . Cette catégorie serait celle du secteur informel de promotion (Niang,
1996).
106 Ce niveau est facilité par la sous-traitance, qui permet l'insertion des unités informelles dans la chaîne de
~roduction
07 Il est alternatif dans la mesure ou il procède à une réorientation de la politique de développement
économique « Au lieu de chercher à attirer des industries « locomotives» par des mesures d'incitation fiscaJe
et des subventions, ceux-ci accordent plus d'importance aux entreprises qui « poussent sur le terrain»et sont
intégrées à l'économie locale» (Hull, 1987: 29).
108
(Hull, 1987). Les investissements devraient être mis à la disposition des nouvelles
entreprises en expansion qui créent le plus d'emplois et sont les plus novatrices.
Une nouvelle génération d'instruments financiers axés sur le capital-risque allait
naître.
IOH Les PME constituent 80 à 90 des entreprises au Sénégal, avec seulement JO % des emplois contre 80 %
dans le secteur informel, 1,25 % des chiffres d'affaires et20 % de la valeur ajoutée. Les activités informelles
contribuent jusqu'à 60 % du PIB (source CCIAD)
109
qui le constituent (Castel, 2003, Niang, 1996). Ensuite, par la démarche initiale de
s'engager dans des activités rentables d'auto emploi, le micro entrepreneur n'est
plus un bénéficiaire passif d'une aide sociale sous forme de don (Laville, 1999)\09.
Il ne s'agit plus d'une relation de donateur-bénéficiaire comme cela se passait
avec les premiers programmes d'aide au développement (Ledgerwood, 1998). Le
micro - entrepreneur épouse les comportements d'un client actif, demandeur de
services financiers dont il est tenu de rembourser et dont il a besoin pour le
développement des activités qu'il a choisi d'exercer délibérément. Finalement, ce
qui devait être une répression institutionnelle, quant à sa nature et ses modalités,
semble se transformer, « en une négociation entre son utilité avérée ou supposée
et les préjudices réels ou présumés que ces dernières peuvent causer à la
collectivité ou à l'État» (Niang, 1996 : 72) 110.
109 Les activités créées pour défendre une identité collecti ve en s' ajustant aux règles du système
dont ils font partie vont en retour profondément modifier les relations d'entraide qui étaient à leur
origine. » (Laville, 1999 :36)
110 Seulement, la marge de tolérance institutionnelle accordée varie d'une activité à une autre mais aussi selon
les périodes. Aussi, les positions opposées et controversées du renouveau des doctrines néolibérales
(Maldonnado, 1994) trouvent une explication dans l'analyse de Niang. En effet, selon lui, en émergeant, les
activités informelles novatrices surprennent la législation et du coup la rendent caduque. Cetle impréparation
pour en rendre compte la met « dans une posture d'hésitation et de réversibilité quant aux mesures à prendre
dans les cas ou l'activité jouit d'une forte légitimité sociale» (Niang, 1996: 72).
III Selon Ledgerwood (1998:39), « un marché cible est composé d'un groupe de clients potentiels qui ont en
commun certaines caractéristigues, tendent vers les mêmes comportements et sont susceptibles d'être attirés
par une combinaison spécifique de produits et de services. »
110
1
Au Sénégal, l'exclusion financière 12 dont les populations sans revenu ou à faible
revenu font l'objet a suscité une double réaction de la part des populations
d'abord, ensuite des pouvoirs publics, En effet, face aux multiples formes de
pratiques de finances informelles et la création d'associations d'épargne et de
crédit par les populations, l'État s'est attelé à mettre en place un système financier
intermédiaire institutionnalisé.
la proximité, la simplicité des procédures d'octroi de crédit, le recours à des garanties nouvelles,
( ...) constituent autant de solutions aux principaux effets pervers dans la relation institution client
à savoir, le comportement opportuniste des agents (moral hazard) et le risque de mauvaise
sélection de partenaires (adverse selection) (Lapenu, 1997 : 93).
112 Une personne se trouverait ainsi « en situation d'exclusion financière ou de dèsaffiliation financière
lorsqu'elle subil W1 degré de handicap de telle intensité que, [... J, dans l'accès à certaines fonnes de prêts el
financement, dans la capacité à préserver son épargne ou dans la possibilité de s'assurer contre les risques de
l'existence. elle ne peut plus normalement socialement vivre dans la société qui est la sienne)} (Servet,
2002: 15).
111
Par ailleurs, le crédit est un terme générique qui recouvre des opérations très
variées: prêt, avance, découvert, escompte cautionnement, ... etc. Il est tout acte «
par lequel une personne agissant à titre onéreux met ou promet de mettre des
fonds à la disposition d'une autre personne ou prend dans l'intérêt de celle-ci, un
engagement par signature, tel qu'un aval, un cautionnement ou une garantie»
(Pizard, 2000: 264)}. Il constitue donc une possibilité d'emprunter légalement
organisée. Il est devenu omniprésent dans la société de consommation. Ce crédit
est susceptible de donner les moyens d'une production future sous deux formes.
La première favorise l'investissement d'une entreprise à savoir le crédit à la
production. Il permet ainsi aux entrepreneurs d'investir et de développer leur
activité. La deuxième forme permet de relancer ou de maintenir l'activité
économique. En effet, en encourageant les particuliers à consommer par
l'intermédiaire de mesures de facilité, il participe de façon efficace à l'activité
économique ainsi qu'à sa relance. Il est spécifiquement destiné aux ménages et se
présente comme un crédit à la consommation. Ce type de crédit concède à une
augmentation supposée du pouvoir d'achat des individus du moment qu'il leur
permet, avec des facilités de paiement, d'accéder à des biens qu'ils ne peuvent
acheter comptant. Ce nouveau type de crédit est pris en compte depuis peu par la
microfinance. Mais, le crédit a toujours été au cœur des relations sociales sans
avoir été aussi formel (Adams et Fitchett, 1994). Selon cet auteur, la relation
créancier-débiteur suit un certain nombre de cercles. La famille est le premier
auquel on s'adresse. Si elle est inexistante ou dans l'impossibilité de répondre à la
demande, on se tourne vers les amis. Ces derniers appartiennent au même groupe
social. Les relations de crédit s'inscrivent ainsi dans les diverses relations
interpersonnelles qui entourent l'individu pour s'en départir progressivement et
finir dans une relation plus économique et dépersonnalisée.
112
L13 Cette réciprocité constitue un des principes de comportement économique et « correspond à la relation
établie entre des groupes ou personnes grâce à des prestations qui ne prennent sens que dans la volonté de
manifester un lien social entre les parties prenantes. » (Laville, 1997).
113
Les associations dont elle relève ont la capacité de créer des mécanismes
originaux qui permettent de faire circuler la monnaie en contrepartie d'une
accumulation temporaire des créances et des dettes (Gentil, 1985, Lélart, 1990).
Une analyse des AREC a permis de relever des aspects qui fondent à la fois sa
pertinence et ses limites dans la résolution des problèmes des populations des pays
sous-développés. En effet, ces associations d'entraide, dont l'initiative, la gestion
et le contrôle démocratique, relèvent de la base, attestent de la vitalité des
institutions économiques et sociales, informelles certes, mais capables d'une
constante adaptation. Leur grande flexibilité et leur souplesse les opposent à la
rigidité des banques. Elles constituent des systèmes durables et ne dépendent pas
du marché financier formel. Et, lorsque certaines de ses formes se rétractent ou
sont en voie de disparition, d'autres apparaissent progressivement ou évoluent
pour prendre des formes d'une organisation formelle 114.
Leur efficacité, mais aussi dans une certaine mesure leur faiblesse, demeure
dans le fait qu'elles ne sont pas assujetties aux réglementations sur le taux
d'intérêt, ni aux directives d'encadrement du crédit ni même à l'obligation de
maintenir des ratios de liquidités spécifiques (Vonderlack et Schreiner, 2003).
Aussi, leurs coûts en ce qui concerne les opérations de prêts et de dépôts, s'ils ne
114 Beaucoup de groupements d'épargne et de crédit ont été au début des AREC récupérées et réorganisées
avec l'aide de l'État ou d'ONG
114
sont pas nuls, demeurent plus bas que ceux des systèmes financiers modernes.
Elles adoptent des règles et des règlements tacites, tirés directement de la culture
locale 115 (Crozier et Friedberg, 1977). Les AREC se caractérisent aussi par une
absence de gestion lorsque les levées ne font pas l'objet d'une rencontre entre les
membres. De plus, le manque de garantie à fournir à l'entrée faisait penser qu'il n
y avait pas de conditions préétablies. Pourtant, à l'entame, les membres prennent
toujours la peine de discuter des conditions de fonctionnement, des délais à
respecter ainsi que des pénalités en cas de défaillance de l'un entre eux. Quant au
contrôle, il est assuré par l'ensemble du groupe (Sine, 1996). Par l'engagement
tacite ou par la parole donnée, ce système oblige à faire des économies et
constitue par conséquent un moyen d'épargner (Jacquier, 1999).
L'intérêt de s'arrêter sur les aspects de l'informel financier réside dans une
double approche de l'épargne dans le processus du développement. D'abord,
qu'elle soit formelle ou informelle, l'épargne constitue un lieu d'apprentissage
d'une nouvelle forme de solidarité et de démocratie. Cette organisation fait en
sorte que « chaque unité monétaire qui circule se trouve être le résultat de
l'épargne d'une autre personne» (Thiveaud, 1997 : 180). Ainsi, tout citoyen qui
épargne participe à la redistribution de la richesse. L'épargne est alors vue comme
un levier de la démocratisation, en ce sens qu'elle permet une meilleure allocation
des ressources entre personnes défavorisées. Elle constitue aussi, dans une
certaine mesure, une passerelle des AREC vers les IMF. Celles-ci constituent un
autre niveau de satisfaction des besoins des populations, qui ne gêne en rien
l'appartenance à une AREC. La mobilité sociale des individus et leur pluriactivité
face aux nouvelles exigences économiques constituent autant d'éléments
explicatifs d'un double engagement dans les systèmes financiers formel et
informel. Aussi, dans ses formes les plus avancées, les AREC ne demandent
généralement ni le déplacement ni le regroupement des membres, par conséquent,
elles ne mobilisent pas ses membres.
liS Cette culture particulière est vue comme un sous- ensemble de la culture nationale
115
Ensuite, si d'un côté, l'épargne est vue comme un moyen de réduire les
risques de non-remboursement, d'un autre, elle est capable de prévenir la
dépendance. Ainsi, la nouvelle orientation qui s'opère avec une primauté faite sur
J'épargne garde toute sa pertinence dans une perspective d'autonomisation.
Aujourd'hui, l'accès au crédit devient non pas secondaire, mais tributaire à
l'épargne. En effet, la mobilisation et la sécurisation de l'épargne ainsi que la
promotion de sa culture sont considérées comme des objectifs prioritaires. Cette
nouvelle option confirme l'orientation fondamentale de Développement
international Desjardins (Dll) qui s'est faite sur « un développement
d'institutions financières dont les principales ressources proviendraient des
communautés desservies, par opposition à de simples guichets de crédit disposant
exclusivement de fonds externes» (Gaboury, 2003). Cette approche de DID est
inscrite dans la démarche des mutuelles d'épargne et de crédit réunies au sein du
Partenariat pour la mobilisation de l'épargne et du crédit au Sénégal
(PAMECAS). Aussi, l'épargne jouerait un rôle « décisif dans
l'institutionnalisation des systèmes intermédiaires, en fournissant (aux
populations) des ressources autonomes à moindre coût» (Goldstein et Barro,
1999: vi). Mieux, l'apport de l'épargne locale sur Je financement du
développement demeure dans certains cas une nécessité. Cette approche d'une
mobilisation de l'épargne intérieure constitue pour Gélinas (1994) une voie de
sOl1ie pour les pays du tiers monde permettant le passage d'un développement à
crédit l16 à un autofinancement du développement du tiers monde. Mais le débat
sur la priorité de l'épargne en pose paradoxalement un autre plus sensible sur les
formes de ce produit. Car imposer une épargne obligatoire, qu'elle soit solidaire
ou non, supposerait d'exclure inévitablement une certaine couche de la
population. Dans la conclusion de leur étude, Goldstein et Barro (1999), proposent
une diversification des produits de l'épargne. En effet, disent-ils, « L'observation
de l'épargne montre que pour qu'un produit d'épargne soit apprécié, il doit
répondre à un besoin [... ]. Par conséquent, il apparaît que pour développer
l'épargne, il faudra lier le produit à un besoin précis» (Goldstein et Barro, 1999 :
116 L'auteur fait ici allusion à la fois aux moyens et aux modèles extérieurs de développement
116
64). Cette proposition bien que pertinente ne clos guère le débat sur l'épargne des
populations très démunies.
Conclusion
117 Cene modernisation revêt, selon Nyssens et Larraechea (1994 : 208), deux acceptions. « Pour les uns
elle est centrée sur le développement d'un marché capitaliste: pour les autres la modernisation passe par une
intégration du progrès technique grâce à l'implantation de politiques économiques adéquates, et ce, en
référence systématique au processus d'industrialisation suivi par les pays développés. »
117
118 Cette approche de l'éccnomie locale permet selon l'auteur de réfléchir sur la nécessité d'influer sur les
termes de l'échange entre économie populaire et économie publique ou économie populaire et économie
locale.
CHAPITRE III
LE CONTEXTE INSTITUTIONNEL
DE LA MICROFINANCE AU SENEGAL
Introduction
119Dans la conception durkheimienne, un groupe est intégré quand leurs membres se sentent liés les uns des
autres par des croyances, des valeurs, des objectifs communs, le sentiment de participer à un ensemble sans
cesse renforcé par des interactions régulières. L'intégration est dès lors une caractéristique collective
contrairement à l'insertion qui elle vise des individus qui sont exclus à la participation à un système intégré.
119
ce cadre juridique adopté par les législations nationales des différents États de
l'union, détermine les conditions d'émergences, de création, de fonctionnement,
de contrôle et de disparitions des structures de microfinance au Sénégal à
travers: la loi nO 95-03 portant réglementation du cadre et des dispositions
I20
générales qui régissent les IMEC , le Décret d'application nO 97-1106 de la loi
95-03 et les instructions de 1 à 8 de la BCEAO portant sur les règles et les
normes de gestion (Diokhané, 2004 : 4).
Ces dispositions spécifiques font que pour être reconnue par la loi, une
institution exerçant des activités de collecte d'épargne et d'octroi de crédit doit
être régie par les principes de la mutualité ou alors de la coopération avec le
Sénégal. Les institutions qui relèvent d'une coopération sont régies par la
convention-cadre qui organise l'exercice d'activités d'épargne et/ou de crédit dans
le cadre des dispositions particulières convenues avec le Ministère des Finances.
Les institutions mutualistes sont régies par la loi PARMEC (95-03). Au sens de
cette loi, dans son article 2, est considérée comme institution mutualiste ou
coopérative d'épargne et de crédit «un groupement de personnes, doté de la
personnalité morale, sans but lucratif et à capital variable, fondé sur les principes
d'union, de solidarité et d'entraide mutuelle et ayant principalement pour objet de
collecter l'épargne de ses membres et de leur consentir du crédit. » Ces institutions
sont tenues de respecter les règles d'actions mutualistes ou coopératives comme
stipulé dans l'article 11 de la loi. Selon cette disposition, l'adhésion des membres
doit être libre et volontaire et son nombre n'est pas limité. Aussi, la démocratie
doit régir le fonctionnement des institutions de base selon le principe « une
personne, une voix» quel que soit le nombre de parts sociales détenues par
chacun et le vote par procuration doit être exceptionnel. La rémunération de ses
L'autre caractéristique est une limite de la loi qUI provient de son côté
excluant. En effet, elle écarte les institutions financières informelles de type
tontine ou tontiniers. Or, les flux financiers que mobilisent ces institutions ne sont
123
pas négligeables mais son développement n'a pas été pris en compte par la loi.
Hormis cette incapacité à prendre en compte les finances informelles, la loi innove
par «le primat qu'elle accorde d'une part à J'intermédiation de proximité et
d'autre part au lien de confiance qui doit exister entre les membres» (Mayoukou,
1998 : 49). La proximité et la confiance constituent des mécanismes sociaux sur
lesquels reposent les structures financières décentralisées.
confiance serait comme «un simple choix rationnel, celui de maximiser son utilité
espérée.» (Lorenz, 2001 : 112). Une telle approche fait de l'engagement dans une
relation un résultat d'un examen attentif d'opportunités (Thuderoz et Mangematin
,2003). Toutefois, qu'elle soit interpersonnelle ou institutionnelle, faire confiance
est un choix intentionnel et un acte mutuel.
au sens de la loi ». Ce lien commun est défini comme une identité de profession,
d'employeurs, de lieu de résidence, d'association ou d'objectifs. Ainsi, les liens
de proximité spatiale, relationnelle ou culturelle sont déterminants dans le choix
des membres actifs de la structure de base. Les personnes ne remplissant pas ces
conditions ne peuvent être, selon la loi, que des membres auxiliaires l21 . Mais la
proximité ne se limite pas seulement aux conditions de la constitution. Elle doit
aussi régir le fonctionnement. En effet, «la proximité suppose, en dehors des
aménagements techniques, des actions de la part des opérateurs qui garantissent la
qualité, la professionnalisation du personnel et l'égalité d'accès au service».
(Laville et Lévesque, 2000 : 53).
[1 reste vrai que l'évolution dans le temps des structures de base repose sur
leur viabilité et leur croissance stable, seules ou affiliées. Ces recommandations
faites par la loi ne sont que très peu respectées au Sénégal. En effet, il y a une
prolifération des structures de base qui est de plus en plus décriée (Diokhané,
2004). Aussi, à l'exception de quelques réseaux solides, les structures de base
développent très tôt des relations de coopération avec le système bancaire afin de
s'assurer un refinancement en dernier ressort ou de pouvoir recycler leurs
excédents de trésorerie. En fait, l'injonction légale obligeant les mutuelles à ne
pas détenir dans leurs coffres une somme d'argent excédent 500 000 FCFA
précipite leur rapport avec les banques classiques. Cette attitude est à la fois
positive et négative. Elle est positive dès l'instant qu'elle permet aux banques
classiques de capitaliser l'épargne. Mieux, elle protège les membres contres les
détournements et vols. Mais, elle comporte des risques liés aux conditions de
refinancement des IMF par les banques.
Conclusion
Paradoxalement, les récentes études ont révélé une trop grande souplesse des
conditions de création de ces structures qui gagneraient à être précisées et
renforcées afin d'éviter la prolifération de structures non viables (Diokhané,
128
Par ailleurs, en dehors des dispositions spécifiques édictées par la loi 95-03, il
y a des dispositions non spécifiques aux SFD qui organisent les sociétés
commerciales et les GlE et qui sont prises en compte dans les mécanismes
d'octroi de prêts. Elles se réfèrent à l'acte uniforme du 17 Avril 1997 de
l'organisation de J'harmonisation du droit Africain (OHADA) et sont relatives
entre autres au droit de crédit, des garanties, le droit du recouvrement, celui des
investissements, du travail et de la sécurité sociale ... etc. Des études montrent que
le respect de ces cinq paliers crée des dysfonctionnements (Diokhané, 2004) du
fait soit de leur formalisme contraignant soit de leur inadaptabilité au secteur de la
microfinance et plus spécifiquement aux SFD.
davantage coordonnées par l'État. Ces structures d'appui sont constituées des
bailleurs de fonds, des structures de refinancement, celles d'accompagnement et
divers autres intervenants. Cependant, le secteur cherche à valoriser la
concertation à travers des structures comme l'association des professionnels de la
microfinance (APIMEC) ou le comité national de concertation (CNC).
Ainsi structurée, la loi n'apporte pas un grand éclairage sur les approches et
les caractéristiques des différentes institutions de microfinance. Une fine analyse
des études faites sur ces structures permet d'en relever quelques particularités.
Elle nous permet de voir dans la démarche essentiellement trois types de
systèmes financiers. Il s'agit d'abord des institutions mutualistes ou coopératives
d'épargne et de crédit qui ont un rôle central pour la mobilisation de l'épargne
130
Activité de crédit
Les institutions d'épargne et de crédit Activité d'épargne obligatoire et volontaire
Système mutualiste
Activités de crédit
Les expériences de crédit direct Épargne volontaire
Système non mutualiste
Activité de crédit
Les projets a volet crédit
Système dépend de la forme adoptée par le projet
,
Source: Enquete N. Sme (2007)
122 Notons que ces groupements sont à mis chemin entre les institutions mutualistes du point de
vue du fonctionnement et les expériences de crédit directement avec qui ils présentent les
conditions d'acquisition de "agrément.
131
En second lieu, il y a les Expériences de crédit direct (ECD) qui sont des
organisations ayant comme activité unique ou principale la distribution de crédit.
Les ECD concernent les systèmes qui ont privilégié le crédit comme activité
centrale de leurs opérations sans le lier obligatoirement à la constitution préalable
d'une épargne, avec des nuances qui s'expliquent par les spécificités locales.
Certaines de ces expériences font référence, dans leur mode opératoire, au modèle
de Gramen Bank, notamment en ce qui concerne la constitution de groupes
solidaires dont les membres se cautionnent mutuellement.
En dernier lieu, nous avons les Projets à volet crédit qui eux sont des
organisations pour lesquelles l'octroi de crédit est une activité accessoire. Les
PVC ne font pas du crédit leur activité centrale. Ce volet est une composante
parmi d'autres, qu'ils renforcent, le cas échéant. Dans ce domaine également, la
nature des expériences fait apparaître une certaine diversité. En ce qui concerne
les modes opératoires, les volets crédit de plusieurs projets ne se distinguent pas
toujours des activités « crédit» des deux types d'expérience précédents. Ceci
traduit l'attention que portent certains projets sur les réalités sociales dans
lesquelles ils interviennent (Soulama et Zett, 2002). Un souci de capitalisation, lié
à une volonté de pérennisation, a, en effet, conduit quelques organisations
132
une forme d'action, de politique sociale utilisée par des acteurs publics ou
privés philanthropiques pour servir certains objectifs tels que l'aide sociale, la
création d'emploi, le développement financier, le rétablissement de la dignité
des personnes exclues de l'activité économique. Il répond aux besoins
d'individus qui cherchent à gagner leur vie en exerçant une petite activité
indépendante. Il ne s'agit pas au premier abord d'activités bancaires à
proprement parler [... ], il inclut parfois des dispositifs d'épargne et peut
impliquer un refinancement auprès du secteur bancaire sous la forme de crédit
(Reifner, 2002 : 412).
123 Ce processus d'autonomisation passe par une mobilisation de ressources avec les intérêts liés aux prêts,
une incitation à l'épargne. étant entendu que celle-ci n'est pas une condition sine qua non dans ce système.
133
les organismes de micro crédits sont des quasi banques qui s'adressent à
des emprunteurs n'apportant aucune garantie. Dans les pays plus
développés, il existe des institutions de microcrédit qui ne sont pas des
banques mais des intermédiaires qui fédèrent ensuite leurs besoins (Attali,
2001 : 61).
l'avenir et nuire ainsi à leur adaptation l24 . Toutefois la valeur d'intérêt commun
défendue par des personnes organisées peut souvent apparaître comme d'un
intérêt général et justifier sa prise en charge par l'État et par les partenaires au
développement. Aussi, au-delà de l'intérêt commun qui peut se retrouver dans
tous les projets collectifs et qui peut parfois même s'effriter avec la taille de
l'institution, il y a la propriété du capital qui induit la possession de droit de
contrôle par les sociétaires mais aussi l'allocation des bénéfices résiduels. En
décidant de l'égalité dans le pouvoir de décision entre les membres et non
membres au prorata de leur participation au capital, les institutions mutualistes
instaurent un autre système de valeur plus démocratique et se démarquent du
système basé sur le principe de l'actionnariat.
Épargne: à vue, à
. Structures
· Forme terme, prévoyance · ONG à but
autonomes,
coopérative, Crédit : Population pauvre, caritatif,
. Réseaux, crédit social, de secteur informel, · Initiatives des
• Forme
associative, . Structure consommation, fonctionnaires, populations,
crédit productif retraités · Partenaires au
rattachée à un
• Projet Micro assurance, développement,
programme
Transfert d'argent - État
Source: Enquête, N.SlI1e (2007)
124 L'auteur induit ici l'idee selon laquelle les formes de coopératives peuvent être limitée dans Je temps du
point de vue de leur efficacité.
135
125 La Cellule d'Assistance Technique aux Caisses Populaires d'Épargne et de crédit (AT-CPEC) a été créée
par arrêté DO 137731 MEF du 5 novembre 1992 pour assurer la tutelle du Ministère de l'Économie et des
Finances sur les Mutuelles d'Épargne et de Crédit (MEC) Aussi, l'arrêté n° 001702 du 23 février 1993 a fixé
les dispositions transitoires relatives à J"organisation, aux conditions d'agrément et de fonctionnemeDt des
Structures Mutualistes d'Épargne et de Crédit (SMEC).
136
De 300 IMF en 1999, le nombre a très vite évolué en doublant en trois ans
(624 en 2002) pour atteindre 700 en 2003 et passer à 728 en Mai 2004. Ce progrès
est dû en partie au rôle fondamental des ONG qui accompagnent l'État dans sa
politique de promotion du secteur, et les autres partenaires au développement qui
s'activent dans la lutte contre la pauvreté. Le graphique suivant atteste du
dynamise du secteur.
600
700 +---------------,....-...,.---1--,.-----1
600
500 f-----,--r-----l
400
300 .:..-.r-o..-_-I
200
100
o
1999 2000 2001 2002 2003 maL04 DONT7
RESEAUX
126 Les données de 2003 de la cellule AT/CPEC font état de 724, alors que celles de la Direction de la
microfinance comptabilisent 728
137
160
140
120 aMlJTUël1.ES ET RESEAUX
100 AGREES
80
60
•
_GROUPEMENTS RECONNUS
40
20
o • .. 1.''t-nl:"l. 1.- 1
1. 1
,
1.
Enfin, le marché est dominé selon la BCEAO (2003) par seulement quatre
institutions. Il y a d'abord le Crédit mutuel du Sénégal (CMS) avec 53.58% des
dépôts et 28.37% des crédits. Le CMS fait parti des pionniers dans le financement
décentralisé. Il a débuté ses opérations d'épargne et de crédit en 1988 grâce à un
financement de la coopération française et l'appui du Centre International de
Crédit Mutuel (CICM), une association française des mutuelles. À la fin de 2002,
le CMS l28 avait un important réseau national avec 7,5 milliards d'encours de
crédit, 16 milliards d'encours d'épargne et plus de 150.000 membres.
Les trois premières structures sont des structures mutualistes, constituées sous
forme de réseaux. Elles occupent 80% du marché total de la microfinance. Aussi,
l'ACEP a renoué avec la croissance après sa réorientation. En somme, l'analyse
de la performance des sept (7) autres réseaux que compte le système financier
décentralisé (SFD) sénégalais a permis à la Direction de la microfinance de
comparer les positions de ces réseaux dans le secteur. Elle a donné les résultats
suivants.
Nbre bénéficiaires Volume total de Encours total de dépôt Encours dc crédit pour les
plus en plus avec le Luxembourg, ... etc. Aussi de plus en plus de fonds de
contrepartie sont orientés vers le financement du secteur de la microfinance (fonds
de Contrepartie Sénégalo--Suisse et Sénégalo--Belge par exemple).
Il apparaît que face aux échecs des politiques économiques ayant accentué, le
chômage et le sous- emploi (Fall, 1997, Gueye, 1997), le crédit est vu au Sénégal,
comme une solution de sortie de crise permettant aux populations de s'insérer par
l'exercice d'activités (Ly, 2002) économiques. Seulement cette solution requérait
une nouvelle approche pour au moins deux raisons. La première est que
l'expérience avec les nombreux plans et programmes a montré que les politiques
publiques n'atteignent leurs objectifs qu'à la condition d'être mises en œuvre et
appropriées par des acteurs capables d'agir dans la proximité, de détecter les
besoins et de proposer des réponses adaptées. La seconde raison est que la volonté
politique de démocratiser le droit à l'initiative (Hull, 1987), de susciter et de
soutenir le potentiel entrepreneurial des populations pauvres a coïncidé au Sénégal
avec un fort développement d'initiatives populaires et solidaires (Ly, 2002, Ly et
Faye, 2002) attestant d'une volonté de celles-ci de se prendre en charge. Ainsi,
l'échec des banques de développement, l'exclusion des populations par les
banques classiques (Buss et Terry, 1999, Hane et Gaye, 1994), mais aussi les
pratiques financières informelles ont participé à l'orientation et au renforcement
du microcrédit comme un levier de développement.
145
quelque soit la forme qu'elle prend, elle s'appuie sur la réciprocité au niveau de
son installation et de son développement. Incidemment, cela confère à sa
dimension économique un soubassement social puisqu'elle s'appuie sur la
réciprocité et l'engagement mutuel des membres ou clients au départ. Aussi, la
consolidation économique se fait par un métissage de ressources. En plus de celles
réciprocitaire des membres, il y a les ressources publiques de l'État et celles
privées des bailleurs de fonds et partenaires au développement. De la même façon
que la dimension économique, celle politique s'ancre aussi dans cette réciprocité
à travers le processus de participation démocratique des mem bres et opère une
délimitation (zone d'intervention géographique, secteurs d'activités) et une
détermination (définition des objectifs) d'un espace autonome, régulé et ouvert à
son environnement et à d'autres espaces publics.
1)0 La question de "evaluation est aussi consecutive au debat sur les enjeux de la microfinance entre
accessibilite des populations ou viabilite des structures (Roy, 2005),
147
131 Cette notion d'employabilité a été considérablement renouvelée. Elle se définissait selon Loriol (1999) qui
reprend Ledruc, (1966), comme « l'espérance objective ou la probabilité plus ou moins élevée que peut avoir
une personne à la recherche d'un emploi, d'en trouver un. » (p37). Elle s'appuie essentiellement aujourd'hui
sur une appréhension des capacités personnelles du demandeur d'emploi, son aptitude supposée
J32 Un exercice de classification qui ressort des assises de la WWB el du PNUD indique chez les bailleurs de
tonds un choix des aspects teclrniques plutôt qu'organisationnels dans leur perspective de rentorcement des
capacités des institutions de microfinance. En effet, les bailleurs de tonds et les praticiens ne se sont jamais
entendus sur les champs prioritaires dans le développement institutionnel des structures de microfinance.
Pendant que, pour les premiers, la capacité de gestion du crédit figure au premier rang, pour les seconds, il
s'agirait plutôt des structures de décision, du rôle du conseil et de la direction.
148
revenus seulement, mais de richesses que porte notre recherche. Autrement dit,
nous nous intéressons aux systèmes d'actions et d'interaction, qu'ils soient
codifiés ou non, mais qui participent de la création de richesses. Le passage d'une
phase d'expérimentation à celle de consolidation et de croissance laisse voir des
logiques d'actions capables de pérenniser la microfinance, mais suscite en même
temps un certain nombre de questionnements sur la pertinence de ses produits de
financement et le respect de ses objectifs initiaux.
La question qui sert de trame à notre recherche est ainsi de savoir: par quels
mécanismes et sous quelles conditions, la microfinance contribue à la création
d'activités génératrices de richesses au Sénégal? Elle est subdivisée en deux
questions spécifiques:
Dès lors, le but de notre recherche est d'abord sociologique, tourné vers la
connaissance et la compréhension, utiles pour la résolution et/ou l'atténuation du
problème de financement des activités des populations pauvres. Il est aussi
scientifique dès l'instant que Ja recherche s'achemine vers un renouvellement des
approches théoriques au Sénégal et cherche à proposer des analyses et
interprétations susceptibles de guider l'action et de faciliter la prise de décision
dans le cadre de la microfinance. Ainsi, la double perspective de décrire et
d'évaluer la microfinance comme dispositif capable ou non de création de
richesses nous amène à adopter deux objectifs spécifiques de recherche.
Notre premier objectif est d'apporter une meilleure visibilité à la démarche des
lMF au Sénégal par une comparaison des expériences de microfinance à travers
trois modes d'intervention différents dans leurs processus d'émergence, mais
aussi dans leurs processus institutionnels et organisationnels. En effet, la diversité
des expériences de microfinance empêche une quelconque généralisation de ses
pratiques et seul un examen au cas par cas permet de se prononcer sur J'efficacité
de telle ou telle autre expérience. L'analyse des modes d'intervention et
l'évaluation de leurs performances économiques et sociales permettent
d'apprécier, pour chaque institution, sa capacité contributive à la création de
richesse.
MÉTHODOLOGIE
une entreprise financière qui doit, à terme, couvrir ses dépenses et dégager
une marge sans appui extérieur pour être viable et continuer à offrir ses
services. Par ailleurs, les clients des institutions de microfinance ont besoin
des services financiers pour, entre autres, sécuriser leurs disponibilités et
mener principalement des activités économiques (MPMEEFMF, 2004 : 5).
IJS Selon Lévesque (200Ia), la financiarisation a été rendue possible par la déréglementation publique et les
nouvelles technologies d'information qui ont permis au secteur fillancier de s'autonomiser par rapport à
l'économie réelle. Cette financiarisation pourrait aboutir à un détournement des o~iectifs sociaux.
IJ6 Cette approche est aussi celle des finances solidaires. Dans les cas ou la micro finance est présente dans
les pays du Nord, on parle plus de finance solidaire. Mais alors que la micro finance repose sur le lien social,
et s'en sert. la finance solidaire tend à le reconstruire.
154
dans l'équilibre que les tendances économiques et sociales peuvent trouver au sein
d'une même institution. (RISQ, 2003).
Le second niveau d'appréciation laisse voir les formes que peut prendre
l'intervention. La typologie à laquelle nous avons procédé dans la partie
précédente de la thèse nous a montré un premier niveau de distinction des formes
institutionnelles que la microfinance présente dans l'UEMOA (projet de crédit
direct, mutuelle d'épargne ... etc.). Mais de façon plus explicite, on peut voir trois
types d'intervention sur l'espace financier qui ciblent directement ou
indirectement les populations pauvres. Certaines institutions sont avant tout des
organisations financières cherchant à développer un segment de marché sous
exploité par les acteurs financiers présents sur le marché. Généralement, ce sont
des investisseurs qui à travers des structures capitalistes préfinancent les IMF. Ces
financements peuvent se faire sous forme de prêts bonifiés ou non. D'autres sont
des organisations à finalité sociale pour qui l'outil financier n'est qu'un outil
parmi d'autres et qui doit être mis au service d'un objectif de service à une
communauté. C'est le cas des projets à volets crédit. Pour d'autres encore, ce sont
les caractéristiques construit collectif et enracinement social qui sont à
légitimer. Les mutuelles et coopératives relèvent de cette troisième forme
d'intervention.
La diversité des formes institutionnelle s'explique dès lors par la pluralité des
modes d'intervention en rapport aux ressources mobilisées et à la finalité
poursuivie. Parmi ces trois formes d'intervention, seules les structures mutualistes
ou coopératives fonctionnent sur la base d'une gestion collective et démocratique
avec à l'appui la constitution d'organes de gestion. En fait, à ce débat sur la
stratégie de l'intervention, s'ajoute un autre sur la participation des populations
concernées. La finalité du développement étant de redonner un pouvoir aux
populations, la MF devrait leur permettre de prendre J'initiative dans le processus
pour parvenir à une meilleure appropriation de l'outil. Cependant le choix d'une
155
137 Du fait de la difficulté de rentabiliser à terme les activités éducatives (Laroque, 1997)
156
Mais dans tous les cas, l'intermédiation financière se couple d'une intermédiation
sociale dans le but de renforcer l'accessibilité des services aux populations.
Une dernière approche, cette fois-ci politique vient remettre en cause ce qui
précède. L'approche politique, à la différence des trois premières, ne se focalise
plus sur la réalisation des objectifs de l'organisation, mais considère que tout
individu peut avoir ses propres critères pour juger de la performance d'une
organisation. Dans ce contexte, la performance ne pourrait s'apprécier dans
159
l'absolu, mais par rapport à un référentiel dont le choix appelle un jugement, une
interprétation. La performance serait ainsi une construction sociale.
140 L'objectif du rating s'inscrit dans la chaîne de transparence flnancière. laquelle consiste en la production,
142 La compétence est vue ici comme une production collective. Elle est mise en opposition avec la
qualification qui serait une reconnaissance d'une qualité individuelle. (Amadieu et Cadin, J996)
160
par des ratios tandis que l'on ne s'accorde pas encore sur l'efficacité de la mesure
de la performance sociale (Jacquand, 2005)143.
l44
Néanmoins, les travaux du CERISE ont permis de mettre en place deux
approches dans la mesure de la performance sociale: une centrée sur l'institution
et l'analyse des procédures pour réaliser ses objectifs sociaux et une autre centrée
sur les clients et les impacts de l'institution. Dans la première approche,
l'évaluation apprécie les principes et les intentions; les processus et les actions et
la relation entre les principes et les actions (en vérifiant que l'organisme se donne
les moyens d'atteindre les objectifs qu'elle s'est fixés). En revanche la seconde
approche procède à l'évaluation des principes et les résultats se rapprochant des
normes sociales déterminées antérieurement ou alors à la mesure de l'impact c'est
à-dire les changements survenus chez les clients (et les non clients) du fait de
l'activité de l'IMF (Lapenu, 2004). Dans les conclusions à mi-chemin de ses
travaux, quatre dimensions sont jusqu'ici considérées comme révélatrices des
l45
performances sociales: le ciblage des pauvres et des exclus , l'adaptation des
services et des produits à la population cible, J'amélioration du capital social et du
capital politique des clients et la responsabilité sociale de l'institution.
On peut dès lors voir dans la démarche une préoccupation pour apprécier
l'utilité sociale des IMF, préoccupation qui est de plus en plus pm1agée dans le
secteur des finances solidaires. L'utilité sociale est définie par le Réseau
d'investissement social du Québec (RlSQ) comme tous « les effets quantitatifs et
qualitatifs issus des activités de l'entreprise au bénéfice de son milieu, de sa
143 « Les termes "performance sociale" ont différentes significations en fonction des personnes. Pour certains,
accomplir une mission sociale est synonyme d'évaluation de l'impact. ( .. ). Pour d'autres, les liens entre
l'accès aux services financiers et la réduction de la pauvreté sera implicite, inruitif et/ou dépendra d'autres
variables sur lesquelles une institution financière n'aura aucun contrôle», dira-t-il. Aussi poursuit-il «le
brouhaha actuel autour de la perfonoance sociale confond souvent les deux notions distinctes de réactivité du
client et d'impact social ». (Jacquand, 2005).
144 Après l'élaboration des outils de mesure de la performance financière. financeurs et promoteurs ont senti
la nécessité de suivre les réalisations sociales des IMF La réflexion enclenchée par l'Initiative sur les
indicateurs de performances sociales a réuni le CGAP, le CERISE et des investisseurs éthiques comme la
fondation Argidius autour d'une équipe de recherche depuis 2002 (lserte et c., 2003).
145 Critère qui a déjà fait l'objet d'une mesure dans une érude faite au Sénégal avec la BCEAO et le CGAP.
162
Le concept d'utilité sociale prend cependant les formes d'une convention pour
justifier et apprécier de nouvelles régulations qui tendent vers des externalités
positives. Il est inscrit au cœur de l'évaluation des activités de l'économie sociale.
Selon Gadrey et Catrice (2005 : 522),
146 Par capabilité, Sen entend un ensemble de vecteurs de fonctionnement qui indique qu'un individu est
libre de mener tel out el type de vie (Sen, 2000) Deux notions peuvent y être dislinguees dans ce concept·
la capacite, c'est-à-dire être capable de faire quelque chose, et les potentialites de les faire -being and doing
163
Par ailleurs, bien que centrée sur l'analyse des procédures de l'IMF, la
performance sociale dont nous faisons état dans notre travail jette un regard sur
les impacts de l'institution en terme de nouvelles capabilités des populations
qu'elle finance. L'utilité sociale 147 serait alors le développement des capacités
d'action en terme de renforcement de capital social et humain dans le cadre de la
création et du maintien d'activités performantes par les populations. Dès lors, on
ne saurait apprécier la performance sociale des lMF sans estimer l'adaptabilité des
produits et des services qu'elles proposent.
147 Il s'agit d'une recherche d'une utilité sociale plus que d'un utilitarisme L'utilitarisme suppose la
maximisation des utilités pour le bien-être collectif (Parijs, J991). Seulement, les théories sur l'utilité sociale
se veulent plus explicites sur le mode de distribution et s'inscrivent dans un cadre de référence socialement
défini et construit, qui vise il soutenir autant le réseau de relation sociale que la vie matérielle.
164
(... ) il faut que les conditions de la compétition soient justes. Il faut que la
performance découle de responsabilité individuelle, quelle soit la
manifestation de sa liberté, de son travail, de ses efforts et de ses sacrifices. La
chance et les dons ne peuvent justifier des épreuves de performance (Dubet,
2004 : 30).
L'autonomie est dès lors, dans notre perspective, une capacité des individus et
des groupes à s'organiser et à s'administrer eux-mêmes à travers l'appropriation
des outils et des mécanismes de fonctionnement de leur institution ou
167
Nous avons ainsi trois principales dimensions: la finalité nous renvoie aux
acteurs sociaux et à leur projet entrepreneurial. Son analyse éclaire sur les
motivations, les ressources mobilisées, les moyens déployés et les compromis
opérés. Elle est l'aboutissement d'un processus. La finalité peut toutefois faire
l'objet de modification, dépendamment des difficultés auxquelles l'organisation
fait face. Cette finalité poursuivie a ainsi un impact sur la forme institutionnelle.
Le système d'information
Gouvernance Les formes d'exercice du pouvoir
La stratégie et la prévision
2- La démarche méthodologique
Le cadre d'analyse que nous avons mis en place, autour de l'approche des
nouveaux mouvements sociaux, de l'action sociale et des théories de la régulation,
fait appel à deux paradigmes: J'individualisme méthodologique et l'approche
holistique.
148 Au sens méthodologique, la notion d'individu a une tout autre signification: « elle implique
seulement que. pour expliquer un phénomène social, il faut retrouver ses causes individuelles.
c'est-à-dire comprendre les raisons qu'ont les acteurs sociaux de faire ce qu'ils tont ou de croire ce
qu'ils croient» (Berthelot, 2000 : 292).
149 Dans cette perspective. la compréhension d'une action ne se réfère pas à la sociologie
compréhensive mais au sens que j'acteur donne à son action et qui en est la cause. La notion de
compréhension chez Weber s'applique aux comportements individuels et se base sur deux
catégories: les actions traditionnelles et les actions affectives
170
analytique de type systémique (les relations entre les éléments font système et
celui-ci les dételTI1ine) » (Berthelot, 2000 : 285).
150 Terme utilisé par Karl Polanyi ("encastrement" ou "embeddedness " en anglais), il va élaborer
la définition suivante de l'économie: «L 'économie est le procès institutionnalisé d'interaction
172
entre l'homme et son environnement, cette interaction lui fournissant de façon continue les
moyens matériels de satisfaire ses besoins ».
151 En fait, la sociologie interprétative part du constat que les structures et les institutions sociales
pointent vers des apories de J'existence sociale et non vers des invariants.
151 Le problème de la démarcation est introduit par Popper dans sa discussion des procédures de vérification
comme critère de validité de la connaissance. Mais contrairement à la conception positiviste de la science
selon laquelle la vèrification constitue ce qui marque la spécificité de la science par rapport aux autres types
de connaissance, pour la sociologie interprétative de Weber, la science sociale n'est qu'une théorie de second
173
degré, « l'interprétation des interprétations préscientifiques». Cette approche pose en fait le problème de la
définition de la théorie sociale par a rapport à la connaissance commune.
Ij) Cette mise il l'épreuve passe par 4 étapes l'épreuve de la cohérence interne du système; la recherche de
la forme logique de la théorie, la comparaison de la théorie à d'autres théories. la mise à l'épreuve de la
théorie par les applications empiriques des conclusions.
Ij4 Le président Julius Nyerere disait il ce propos: « une université dans une nation en développement peut
être confrontée à deux dangers le danger d'adorer aveuglément les "normes internationales" mythiques qui
peuvent jeter de l'ombre aux objectifs de développement national: et le danger de forcer une université à se
replier sur elle-même et se couper du monde» in 'Africanisation des sciences sociales dans le contexte de la
globalisation " Bulletin d'information du CODESRIA. W 3 et 4, 2001
174
Il est vrai que les concepts, les mots, les pratiques sociales sont dotés de
signification qu'un esprit formaté de l'extérieur ne saurait décrypter sans se mettre
dans une posture de discernement. Appréhender les pratiques sociales dans le
contexte africain revient, alors, essentiellement à considérer toutes les pratiques
comme significatives même les plus banales (Assogba, 2004). Il convient
pourtant d'être prudent afin de ne pas verser dans un parti pris (une sorte de
subjectivisme) et donner aux concepts des charges qu'on ne saurait valider. Le
chercheur, quelque africain qu'il soit, vit dans une communauté scientifique et
partage, par conséquent, le langage de celle-ci. Le problème épistémologique se
situe dès lors dans la validation et la diffusion des outils que le chercheur ou le
groupe de chercheurs arrive à élaborer. L'exemple de la compréhension et de la
définition de la pauvreté en Afrique fait école et ouvre de nouvelles perspectives
pour une reconstruction des motivations et des raisons microscopiques sous
jacentes aux phénomènes macroscopiques.
D'abord, les populations africaines sont connues pour être réticentes aux
enquêtes. Notre expérience nous a montré que la relation enquêté enquêteur peut
facilement être biaisée par l'attitude des populations qui ont une grande
175
expérience des enquêtes de terrains et qui sont capables de « donner la réponse qui
sied ». C'est ce qui rend pertinente la démarche itérative avec une diversification
des méthodes de recueil de données dans ces situations. Il faut aussi remarquer le
biais que la traduction des questions peut induire. Ces questions lorsqu'elles sont
pensées et élaborées en français peuvent courir le risque d'être en décalage dans
leur interprétation. Ensuite, le matériau informatif (documents et études sur les
IMF) est difficilement accessible, du fait d'une part de sa rareté et d'un autre, du
flou qui entoure à la fois les données statistiques consolidées des structures, mais
aussi les pratiques et motivations qui sous-tendent chaque structure.
Nous avons dès lors élaboré une double démarche méthodologique, qui
s'appuie sur une analyse qualitative et systémique des institutions de microfinance
à travers la dimension des acteurs sociaux, celles des formes institutionnelles et
organisationnelles. L'interprétation et la compréhension des données recueillies
nous permettent, dans une seconde démarche, de procéder à une évaluation de la
pertinence des IMF. Ces !MF ont d'abord fait l'objet d'une sélection sur la base
de critères prédéfinis. Aussi, nous avons mobilisé une kyrielle d'outils de collecte
et d'analyse de données que nous avons adaptés à nos besoins spécifiques
Les méthodes qualitatives sont très utiles pour expliciter la théorie qui sous
tend un programme; pour comprendre le contexte dans lequel le programme
opère; pour décrire ce qui est réellement mis en oeuvre dans le programme;
pour évaluer la cohérence entre la théorie du programme et ce qui est
effectivement mis en oeuvre; pour aider à comprendre les processus qui ont
permis la réalisation des effets du programme; pour identifier quelques-unes
des conséquences non souhaitées du programme; pour apprendre comment
faire en sorte que les résultats du programme soient utilisés; ou pour
synthétiser les leçons apprises au sujet d'un programme ou d'un ensemble de
programmes comparables (Perret, 1996 : 3).
L'évaluation ex tempore l55 à laquelle nous avons procédé dans chaque cas
étudié suit une finalité d'apprentissage. La démarche d'évaluation est déterminée
par plusieurs types de questions suivant les dimensions de la recherche.
Seulement, Eme (2006) met en garde. Tout se passe, dit-il,
(... ) comme si objectifs, buts, finalités étaient le plus souvent stabilisés alors
qu'ils ne cessent d'être déséquilibrés par des réalisations de l'organisation et
les acteurs extérieurs. Ici encore, il faut les prendre comme des médiations de
J'action sans cesse objets de disputes plus ou moins explicites et souvent
implicites (Erne, 2006 : 7).
155 L'évaluation ex tempore, est une évaluation dont le déroulement et la réalisation se font au fur
et à mesure du déroulement de l'action à évaluer. En fait dès l'instant que nous considérons la
performance et partant la richesse plus comme un processus que comme un résultat l'évaluation ne
peut être ex post.
178
(op.cit.l1). Ce qui fait que nous l'avons complétée par L1ne approche par résultat
pour apprécier la performance économique.
loin d'être seulement une méthode, la comparaison est largement une stratégie
d'enquête et de recherche qui imprègne l'ensemble de la démarche du
chercheur, de la définition de la problématique, au choix du terrain, en
passant par la construction des données, leur analyse et leur explication
(Vigour, 2005 : 17).
156 Confère le Plan de développement et projection financière pour les institutions de microfinance,
(CGAP, 1998)
181
La typologie faite suivant la loi a mis en place deux types de SFD qui sont
sous le contrôle du Ministère des Finances du Sénégal: les institutions
mutualistes, aussi appelées coopératives d'épargne et de crédit et les expériences
de crédits directs 158 . Dans notre analyse préliminaire, nous avons constaté au sein
des institutions mutualistes deux modèles d'intervention suivant le processus
d'émergence. Celui qui, avec la coopération internationale, a été transposé et
appliqué à l'aide d'un monitorage et le modèle réapproprié et redéfini par la
157 À la différence de l'approche quantitative qui procède par échantillonnage probabiliste ou non
probabi liste.
159 Selon les données de la BCEAO. CMS est constitué de 116995 membres contre le PAMECAS qui le suit
avec 64 432 en 2000
160 La Fédération nationale des GIE de la pêche inscrit son action seulement dans les activités de pêche, aussi
elle n'a pas développé de politique de rapprochement aux populations
160 N'ayant pas encore ces données, une pré enquête devra compléter ce niveau de la méthodologie
184
très diversifiées ont émergé du secteur informel. Elle constitue une expérience
récente, mais au grand dynamisme.
~
Caractéristiques
Processus d'émergence
PAMECAS
forme associative
rattaché à un
Mode d'organisation réseau réseau
programme (AGETIP)
micro finance (épargne, volet crédit microfinance (épargne
crédit, transfert
Activités exercées microcrédit , crédit, transfert
d'argent, micro
assurance santé) (épargne) d'argent)
milieu urbain,
milieu urbain :
milieu urbain milieu rural
Populations cibles secteur informel, privé.
artisans Tous secteurs
Fonction publique
Confondues
crédit productif crédit social (suivant crédit productif
Type de crédit Crédit de lignes de crédit) crédit de
consommation Crédit productif consommation
DIOl ACDII État du FENU/AGETIP/État initiative de
Promoteurs
Sénégal du Sénégal - l'UNACOIS
Source: Enquête, N.Sine (2005)
Le choix des caisses dans la zone géographique de Dakar nous a ainsi amené
dans trois localités différentes de la région de Dakar: Médina, Pikine et
186
Cambéréne.
Au sein de chaque caisse, nous avons constitué deux groupes de recherchee grâce
à l'échantillonnage par choix multiples. Le premier groupe composé d'élus et de
techniciens pour chaque institution, nous permet de mieux appréhender et rendre
compte des normes, des systèmes de valeurs, des représentations. Le second
groupe est formé par des entrepreneurs individuels et collectifs les plus
performants pour chaque structure de base. La performance de l'entrepreneur
collectif (groupements ou associations) ou individuel suppose à la fois l'exercice
d'une activité rémunératrice à plein temps qui permet de dégager des profits, un
accès fréquent au crédit, un remboursement correct et une épargne régulière non
obligatoire. Nous avons ainsi choisi pour chaque caisse deux groupements et de
deux entrepreneurs individuels.
Ces différents échantillons nous donnent une analyse à trois niveaux pour les
structures constituées en réseaux. Le premier niveau est celui de la direction d'où
émane les procédures de fonctionnement. Le second est constitué de la caisse de
base, lieu d'application de ces politiques. Le dernier niveau est celui des membres
ou clients. À travers ces différents niveaux, nous avons procédé à une sélection
rigoureuse des critères de ceux qui sont susceptibles de mieux nous informer.
Ainsi après le directeur, Je PCA de la structure mère et un analyste de crédit, les
répondants sont constitués pour chaque caisse du gérant d'un administrateur,
d'un membre du comité de crédit, d'un membre du comité de surveillance ou de
déontologie. Les membres sont pris à travers les deux groupements et entreprises
individuelles.
Une analyse plus fine s'est faite avec les documents de base de chaque
structure à savoir les statuts et règlements intérieurs, leurs manuels de procédures
comptables et les politiques de crédits. Aussi nous nous sommes intéressés aux
procès-verbaux de réunions des différents organes pour mieux apprécier la
régularité avec laquelle les instances se réunissent ainsi que la récurrence
d'éléments dans les ordres du jour. En dernière instance, nous avons examiné les
données financières compilées au niveau de la direction de l'IMF. Ces données
ont concerné les exercices de 2003 et 2004. Elles ont fait l'objet d'une
confrontation avec celles recueillies au niveau de chaque caisse. Il est vrai qu'une
seule caisse ne peut pas démontrer toutes les tendances, mais au moins, il nous est
possible à ce niveau d'avoir plus de détails sur la fiabilité des informations. Les
caisses ont ainsi servi à accéder à des informations moins officielles, à rencontrer
de façon plus fréquente les membres, mais aussi la population environnante.
Par ailleurs, avec les nouvelles technologies de l'information, nous avons fait
recours à d'autres sources: revues électroniques, CD-ROM, ... etc. Nous sommes
188
Les thèmes généraux des guides ont repris les aspects organisationnels,
institutionnels et financiers ainsi ceux sur les externalités. De façon spécifique,
les questions ont cherché à collecter des informations sur l'historique de l'activité,
l'organisation et la gestion de la structure, J'efficacité et la productivité des
ressources. Des entretiens semi-dirigés ont ainsi été faits, avec les élus, les
techniciens et les entrepreneurs, autour des thématiques su ivantes : l'identification
du promoteur (s), l'historique de l'installation de la structure, la structuration de
l'organisation et la gouvernance, la performance financière et sociale.
Aussi, des focus groups ont été organisés avec les différents organes et les
groupements. Cette méthode permet de mixer l'approche individuelle et
l'interrogation collective. En favorisant l'expression des participants, le focus
nous permet de vérifier nombre d'informations et d'apprécier par delà le niveau
d'imprégnation ou d'appropriation des concernés. Les séances avec les organes
ont été faites en marge des situations de travail. Avec les rôles et responsabilités
de chaque organe comme prétexte, ces rencontres nous ont permis d'aborder
plusieurs aspects comme: leur calendrier annuel, le nombre de demandes par
séances, le nombre de crédits, les critères d'appréciation des demandes de crédit,
les raisons de rejets, les modalités de remboursement des prêts. Aussi les rapports
entre organes, le processus de surveillance du travail des élus et des techniciens,
l'implication du comité de surveillance dans le processus d'élaboration et de mise
en place des politiques), la périodicité des réunions les formes et relation de
travail entre la direction et les membres du CA. Ces entretiens nous ont permis
d'apprécier les profils et processus organisationnels des IMF et de façon précise la
santé démocratique des institutions. Le choix de faire des focus avec les
groupements nous a permis d'avoir l'appréciation des membres qui sont aussi des
clients sur les performances de leurs structures respectives, leur niveau de
satisfaction par rapport aux services et produits offerts, les conditionna lités lies à
ses services ainsi que l'impact de l'interdépendance entre le membre et la
structure sur les activités de ces derniers.
190
161 Une catégorie « correspond à une classe de manifestations. de phénomènes ( ... ) parmi lesquels
on peut ranger un segment de la conduite observée» (Grawitz. 2001 : 780).
192
envisage de considérer les textes comme des objets qui peuvent être saisis et
analysés essentiellement comme s'ils avaient les mêmes caractéristiques que les
objets matériels» (Sabourin, 2003 : 363). Les thèmes (ou la représentation sociale)
sont délimités « en noyau central de notions». Cette démarche est plus utilisée
dans les recherches ou J'on vise plus à connaître la vie sociale d'un point de vue
d'un diagnostic en termes de problèmes sociaux et d'évaluer la présence des
attitudes pour les résoudre». L'analyse de contenu à laquelle nous avons procédé
est de type qualitatif. Elle s'est faite sur la base de rétroactions constantes entre le
discours, les extraits segmentés traitant d'une distinction de sens, l'élaboration
des catégories descriptives afin d'aboutir à leur classification pour discerner les
phénomènes semblables. Elle se caractérise par deux opérations:
Conclusion
L'analyse montre que les éléments qui fondent ces structures, prises comme
des construits sociaux, se construisent de manière progressive par un processus
d'accumulation et de capitalisation financière et sociale. Il apparaît ainsi, à travers
Je positionnement, l'institutionnalisation et la gouvernance des 1MF, tout un
194
DE LA PERTINENCE DE LA MICORIFNANCE
AU SÉNÉGAL
FINANCIÈRES DÉCENTRALISÉES
CHAPITRE V
CONDITIONS D'ÉMERGENCE ET DE
MICROFINANCE
Introduction
l'océan Atlantique sur ses limites nord, ouest et sud. La région de Dakar, occupe
une position stratégique très intéressante sur les routes internationales de
l'Atlantique méridionale et centrale et fOime la partie du continent la plus
rapprochée de l'Amérique. Ancienne capitale de l'Afrique occidentale française
(AOF), Dakar a hérité de la colonisation un rayonnement sur le plan économique
et commercial, en AfI'ique et dans le reste du monde. Il constitue un centre
cosmopolite de rencontres et d'échanges sur Je plan culturel, politique et
commercial, tant au niveau sous-régional qu'international. Dakar abrite aussi la
capitale nationale et concentre une grande partie du potentiel économique, social,
administratif et politique du pays. Elle abrite également le siège du gouvernement,
de l'Assemblée nationale, du conseil constitutionnel, de la Cour de cassation, de
toutes les directions nationales et Je siège de la presque totalité des organisations
nationales et internationales installées au Sénégal.
La région joue les premiers rôles au plan national. Sa zone urbaine fournit
55 % du PIB sénégalais. Avec le port, Dakar assure 4/5 du commerce extérieur, la
quasi-totalité des importations et 80 % des exportations. L'aéroport de Yoff,
plaque tournante internationale, est le pivot des activités touristiques. Les activités
économiques restent dominées par les secteurs secondaire et tertiaire. La pêche
reste le premier secteur de l'économie nationale. Le seul secteur de la pêche
artisanale a créé environ 50.000 emplois directs et plus de 150.000 emplois
indirects. Quant à la pêche industrielle, elle débarque environ 88.000 tonnes/an.
Par ailleurs, la région comporte une zone rurale à forte vocation agricole. Une
agriculture orientée vers la production maraîchère en raison de conditions
édaphiques et climatiques assez favorables au développement de cette activité
dans les Niayes où le sol est hydromorphe et la nappe phréatique peu profonde.
Aussi Dakar dispose d'un important cheptel et de plusieurs abattoirs de type
industriel. Quant au secteur de l'artisanat, le nombre d'artisans évoluant à Dakar
se chiffre à 100.000 et l'artisanat contribue beaucoup à la création d'emplois. La
région concentre environ 70 % du parc total du transport routier. Ce secteur
rencontre de grosses difficultés depuis un certain nombre d'années (engorgement)
et la circulation reste caractérisée par un fort désagrément aux heures de pointe.
jouissant d'une certaine considération sociale. Les nombreuses études qui se sont
focalisées sur le phénomène ont permis de voir des traits caractéristiques qui
fondent les éléments de réussite du baol-baol (Diouf, 1995). En immigrant dans
les villes, les baol-baol ont transposé la solidarité villageoise, « partageant la
nourriture et le logement ». Le lien commun est ensuite passé de la relation de
parenté à l'appartenance à la confrérie Mouride. En effet, au-delà des relations
fondées sur la parenté ou l'auto-désignation ethnique, l'exemple des baol
baol témoigne de la reproduction de l'image homogène des mourides/ 62 . Il est vrai
que J'espace religieux sénégalais offre, en plus du religieux, un site d'observation
de dynamiques sociales. 11 s'affirme par la même occasion comme un lieu de
recomposition sociale et politique. Il s'y ajoute que,
162Les mourides sont des musulmans qui appartiennent à une confrérie religieuse, le mouridisme.
163La communauté est ici vu comme un cercle de sociabilité et de réciprocité qui définit les rôles
de chacun à travers le système des attentes tacites de tous les membres, un ordre sous un double
aspect d'obligation et de soutien et dans lequel le contrôle social est garanti par l'assistance et la
solidarité» (Sané, 2003 : 204).
201
Les IMF sont présentées avec un souci de retracer le cheminement par lequel
elles ont été mises en place ainsi que les objectifs qui ont prévalu à leur
constitution. L'analyse s'est focalisée pour chaque IMF sur une zone
d'implantation d'une de ses structures principales de base l65 . Le prétexte est ici de
donner une certaine visibilité de la diversité des zones d'intervention et des
caractéristiques des populations ciblées. Ainsi, l'étude du PAME s'est faite à
travers sa seule structure installée à la Médina alors gue celle du PAMECAS, qui
est présent à travers toute la région de Dakar, s'est appuyée sur la mutuelle de
base de Pikine, en l'occurrence la MEClB. La caisse de base de Cambéréne a
constitué le point d'encrage de notre analyse à l'UMECU, qui se distingue par son
omniprésence géographique.
165 Ces zones, rappelons-le, ont été choisies à travers les caisses les plus performantes pour chaque
lMF
203
nationale avec pour but principal de relayer l'État ou des bailleurs de fonds dans
des programmes destinés à la population défavorisée. Ses interventions traduisent
Ja voJonté du gouvernement sénégalais à assurer une protection sociale des
populations, en particulier au niveau des zones les plus défavorisées. Ses
investissements cherchent ainsi à faciliter l'accès des populations des zones
urbaines, péri-urbaines et rurales, aux services sociaux de base. Aussi, l' AGETIP
s'est inscrite dans la création d'emplois et une distribution de revenus à très
grande échelle à travers son approche « Haute intensité de main d'œuvre»
(HIMO) au niveau des jeunes en particulier. Parallèlement, l'AGETIP a fini par
juger de la nécessité d'accompagner J'insertion des populations à travers la mise
en place du PAME. En effet, « sa création en janvier 1993 obéit à des finalités
spécifiques dont la priorité est la facilitation de l'accès au financement pour les
PME, les micro-entreprises, les femmes et de manière plus générale les couches
sociales relativement défavorisées. » (M.W -Directeur du PAME).
la première caisse est implantée en 1995 à Rufisque. C'est un projet qui visait
l'implantation de 20 mutuelles il Pikine et Rufisque au bout de cinq ans. Dakar
(commune) n'était pas concerné. Mais après on s'est rendu compte qu'il y
avait un besoin. Les gens pensaient que la pauvreté était seulement dans la
banlieue. Aussi avant l'échéance, nous avions dépassé les prévisions, ce qui
nous a valu d'aller au-delà (S.T., marketingiPAMECAS).
on s'est alors dit que puisque c'est nous qui alimentons les banques, pourquoi
ne pas mettre en place une structure de financement nous-mêmes. À partir de
là, nous avons eu des forces, des pionniers parmi nous. Avec eux, on a installé
la première mutuelle qu'on peut considérer comme une mutuelle
expérimentale. En moins d'un an, nous avons eu des résultats qui sont allés
au-delà de ce qu'on espérait. Cela nous a poussé à en installer une autre à
Dakar, ainsi de suite, tout en prenant soin de nous rapprocher de nos membres
(1. L., présidentIUNACOIS-DEF).
166 Mbour est un département qui se situe dans la région de Thies et qui est à 70 km de Dakar L'activité
principale à Mbour est la pêche la zone côtière de Mbonr attire l'essentiel des touristes La prudence voulait
que !'UNACOIS s'installe d'abord dans des zones où elle compte un grand nombre de membres. Selon Lam
(PCAl, « on pouvait y rencontrer les commerçants, les éleveurs, les pêcheurs, les agriculteurs. les maraîchers,
les artisans el même ceux qui faisaient du tourisme )}
169 En effet, r article 2 de la loi stipule: sont considérées comme institution mutualiste ou coopérative
d'épargne et de crédit: un groupement de personnes, doté de la personnalité morale, sans but lucratif et à
capital variable. fondé sur les principes d'union, de solidarité et d'entraide mutuelle el ayant principalement
fOur objet de collecter r épargne de ses membres et de leur consentir du crédit
70 Nous utiliserons le sigle PAMECAS à la place de celui de l'UM-PAMECAS
208
Conclusion
172 Nous rappelons que l'UMECU et le PAMECAS sont présentés à partir des caisses de base qui
ont été sélectionnées.
210
@ Olo' _~
D'-~"
(2 t"C' """J~
CJ ~~~It"T.t"i!~
174 Le village artisanal est considéré comme la vitrine de l'artisanat à Dakar, car il demeure parmi les sites les
plus visités par les touristes
212
En janvier 1995, à la faveur des fonds logés par les bailleurs, les modes et
principes de financement du PAME ont dû s'adapter davantage aux besoins d'une
plus large couche de la population. La zone d'intervention est maintenant
constituée des communes de Pikine, Rufisque et Dakar. Aussi, le projet s'intéresse
à d'autres activités comme la restauration, l'aviculture, le petit commerce,... etc.
De plus avec le programme de renforcement de capacités des femmes exécuté en
partenariat avec une ONG luxembourgeoise (KFW), le PAME compte intervenir
dans des zones à forte concentration d'activités économiques initiées par les
groupements de femmes. Il s'agira principalement de Thiés, Fass-boye, Pout,
Mboro, Sébikhotane, Kaolack et Saint-Louis. Le programme compte en 2003
21721 membres actifs 175.
]7; Le membre actif est celui qui détient un compte non vide et/ou qui a contracté un prêt
213
Pikine est l'une des zones les plus peuplées de la banlieue dakaroise.
Actuellement sa population est estimée à 768.826 habitants dont 383.192 hommes
et 38.5634 femmes '76 . La densité est très forte et tourne autour de 4147 habitants
au km 2. Le nombre de ménage y est très important, il est estimé à 94442. Le taux
d'accroissement moyen annuel est de 2,4 et sa population est très hétérogène.
Pikine se caractérise par une diversité démographique qui s'explique par
l'historique de la ville, l'immigration 177 et sa proximité par rapport à la ville de
17(, Direction de la Prévision el des Statistiques Projection de populations issue du recensement de 2002
Dakar, DPS. janvier 2004
177 Les premières populations de Pikine sonl constituées de personnes el ménages 'déguerpis' du centre ville
au debout des années 1950 Ces populations étaient composées de différentes ethnies qui s'étaient installées
214
Dakar. Cette position stratégique lui confère un rôle de réceptacle pour les
nombreux immigrants qui sont à la recherche d'emplois à Dakar, mais aussi de
cité dortoir pour les travailleurs et professionnels qui ne peuvent habiter dans leurs
milieux d'activités, en l'occurrence le centre ville.
L'activité économique y est très dynamique et se situe principalement dans les
domaines de la production, de l'artisanat et des services mais aussi du
maraîchage. Au plan des activités de production, Pikine abrite de nombreuses
entreprises de type moderne et artisanal dans la zone de la route de Rufisque qui
concentre une bonne partie du tissu industriel du Sénégal. En plus des entreprises
de services publics ou parapublics 178, de nombreuses entreprises artisanales y sont
créées. Ce sont de petites unités '79 plus ou moins structurées qui évoluent dans
l'infonnalité. Par ailleurs, les activités de commerce sont très développées à
Pikine. La population s'adonne au petit commerce un peu partout, dans les
quartiers (les boutiques), les rues (marchands ambulants) et les marchés, ce qui
fait que les échanges commerciaux sont très intenses. Cette situation est favorisée
aussi par l'existence de deux grands centres commerciaux en l'occurrence le
marché 'Zing' qui polarise de nombreux quartiers et le marché de 'Sandika' qui
constitue un lieu où convergent tous les produits récoltés au Sénégal et dans la
sous région. Il est ainsi le lieu de rencontre de nombreux producteurs de fruits et
légumes mais aussi des vendeurs de la banlieue et ses environs. Le secteur du
transport n'est cependant pas en reste. Artisanal ou clandestin, le transport
constitue à Pikine un véritable réseau ou évoluent des chauffeurs de 'cars
rapides', des taxis 'clandos', des apprentis et autres personnes qui vivent
directement des activités du transport (propriétaires, mécaniciens, laveurs 180 de
voitures qui ambitionnent d'en avoir une, ... etc). Les activités de service avec les
au centre ville et des lieux environnants. Par ailleurs Pikine est une zone d'accueil d'immigrés issus de
l'exode rural ainsi que de la sous régions (guinéens, maliens, gambiens.... )
178 La SONATEL (Société Nationale de Téléphone), la SENELEC (Société Nationale d'Électricité), la SDE
(société des Eaux), la poste, ... etc.
18D Ceux-ci sont constitués par des jeunes victimes de la déperdition scolaire où n'ayant jamais fréquenté
J'école
215
181 MECIBIPAMECAS, CMS (Crédit Mutuel Sénégalais), ACEP (Alliance pour le Crédit el l'Epargne),
MECFTP (Mutuelle d'Epargne et de Crédit de femmes teinturieres de Pikine)
216
CARTOGRAPHIE
Réseau actuel
182Les lébous sont une ethnie de pêcheurs au Sénégal, ils sont apparentés aux wolofs
183DPS Projection de population du Sénégal issues du recensement de 2002 Dakar, DPS, janvier
2004
219
Conclusion
~
PAMECAS PAME UNACOIS
Caractéristique
Zones d'intervention Dakar- Thies -Mbour Dakar et Banlieue Toules les régions du
Sénégal.
Nombre de caisses de 28 01 40
base en 2004
L'analyse laisse voir que les stratégies de démultiplication des caisses de base
des trois institutions, bien que différentes, s'appuient toutes sur une certaine
prudence. Alors que le PAME est parti d'une cible homogène en l'occurrence les
artisans avant de chercher à se diversifier, le PAMECAS de son côté va chercher à
investir la ville après avoir expérimenté sa démarche dans la banlieue.
L'UMECU, quant à elle, s'est appuyée sur les zones où elle avait une forte
présence de ses membres et très peu de concurrence, pour ensuite élargir son
champ d'action. Aussi, les trois structures présentent le même profil de
constitution en réseau. Il s'agit pour elles de procéder par une démarche qui va
vers « l'extension à plusieurs sites d'une initiative locale expérimentée avec
succès ... » (Lebossé, 1998 : 65). Par ailleurs, malgré une volonté de se distinguer
de l'autre, le jeu de la concurrence ainsi que la recherche d'une meilleure
pénétration font que la population ciblée finie par être la population défavorisée,
tout au moins dans la région géographique de Dakar. Mais pendant que le PAME
cherche à se spécialiser dans l'artisanat de production, les structures mutualistes
se focalisent principalement sur le commerce en plus des activités agricoles et de
pêche, à l'UMECU et de l'immobilier au PAMECAS. Cependant avec des
contextes et des ressources différentes, les trois structures financières
décentralisées laissent voir des niveaux d'organisation différents.
lMF. Elle révèle l'enjeu que l'institutionnalisation constitue pour des structures
émergentes qui ont l'ambition d'être des leviers de développement.
l'institution ainsi que l'étendue, les limites et les conditions d'exercice de leurs
pouvoirs et la composition et les caractéristiques du capital social (article 12 de la
loi) 184.
Ensuite, à un second niveau d'organisation, il est mis en place un statut type l8S
pour toutes les structures financières décentralisées qui laisse certains articles
inachevés puisqu'ils relèvent de l'option que chaque institution aura à prendre.
Cette démarche permet, selon le législateur, « de faciliter son utilisation tout en
respectant l'autonomie des institutions »186. Ainsi dans certains cas, la
réglementation ne pose pas de contrainte particul ière et l'institution a toute
latitude pour compléter les articles du statut. C'est le cas pour les zones
d'implantation et d'intervention, le lien commun ainsi que les modalités afférentes
aux mandats des organes, aux réunions et à la convocation des assemblées
générales. Les valeurs nominales pour les parts sociales et l'adhésion sont aussi
laissées à l'appréciation des institutions par décision des assemblées générales.
Cependant, d'autres articles notamment ceux qui contiennent des normes de
gestion financières, sont complétés en tenant compte des limites imposées par la
réglementation. Ces articles concernent entre autres, la réserve générale qui selon
l'article 49 du décret régissant les IMF 187 , qui ne peut être inférieure à 15 % sur
les excédents nets avant ristourne de chaque exercice et après imputation
éventuelle de tout report à nouveau déficitaire. De même, la proportion des
activités autres que l'épargne et le crédit ne peuvent excéder 5 % des risques de
l'institution. Mieux, l'article 48 du décret d'application de la loi prévoit que:
184 L'article 3 du décret d'application de la loi stipule que:« Le capital social des institutions esl constitué
de parts sociales dont la valeur nominale est détenninée par les statuts. Les parts sociales sont nominatives,
individuelles, non négociables, non saisissables par les tiers et cessibles selon les condilions fixées dans les
statuts. )}
18.1 « Sous réserve des dispositions particulières de la présente loi et des textes prises pour son application, les
statuts de l'institution déterminent notamment l'objet et la durée de J'institution, le siège social, les conditions
d'adhésion, de suspension, de démission ou d'exclusion des membres, les modes d'administration et de
contrôle» Art 17 de la loi 9503.
Tiré du texte introductifau statut des institutions mutualistes ou coopératives d'épargne et de crédit
186
6 de l'article Il de la loi postule: « la constitution d'une réserve générale est obligatoire. Les
187 L'alinéa
sommes ainsi mises en réserve ne peuvent être partagées entre les membres )}
224
La loi laisse ainsi aux !MF la liberté de conclure des accords avec d'autres
institutions similaires, des organ isations ou des institutions financières afin d'aider
leurs membres à acquérir des biens et services offerts par de tierces parties dans le
cadre de leurs objectifs. C'est le cas par exemple des séances de formation que
l'institution peut offrir à son personnel, à ses membres ou aux élus. L'institution
peut aussi, souscrire des contrats d'assurance en vue de couvrir les risques liés à
son activité et au profit de ses membres, à titre individuel ou collectif. 11 lui est
aussi loisible de créer, en cas de nécessité, des sociétés de services en vue de
satisfaire les besoins de ses membres et de réaliser ses objectifs, sous réserve des
dispositions légales régissant la constitution et le fonctionnement de telles
sociétés. En outre, l'institution peut entreprendre toute autre activité jugée utile
pour l'intérêt de ses membres 188,
La loi laisse également une marge de manœuvre aux institutions quant aux
formules qu'elles peuvent prendre pour faire face aux difficultés que leur
développement peut poser. Toutefois dans tous les cas de figure, la loi incite à la
prudence dans la gestion et ne fait aucune dérogation là-dessus. Mieux l'article 50
du décret prévoit que la proportion du risque portée par l'institution ne peut
excéder le double des dépôts des membres, Cependant malgré ces dispositions, il
est à noter une faiblesse de la fréquence des contrôles, faute de moyen pour les
structures de suivi, Par ailleurs, une des dispositions de la loi qui connaît
beaucoup de succès est sans nul doute la possibilité des mutuelles de se regrouper
188 La mise en place d'un service d'assurance-santé par le PAMECAS découle d'une lecture de
cette disposition de la loi (article 28)
225
en union ou en réseau (art 38 et 39)189. Au Sénégal, le réseau est pris dans le sens
d'une union de mutuelles d'épargne et de crédit affiliées, qui ont en commun
l'identité de vocation et les objectifs visés. Au regard de la configuration des
réseaux, les mutuelles deviennent des caisses ou des institutions de base. Les
institutions de base sont, de ce fait «principalement constituées de personnes
physiques et obéissant aux règles d'action prévues à l'article 11 » de la loi portant
réglementation des structures financières décentralisées. Ceci fait que les unions
doivent présenter le profil suivant:
P'eRaOUNEl
TECHtI.~UE.
UNION
189 Article 38 de la loi: «Deux ou plusieurs institutions de base peuvent se regrouper, pour
constituer une union. Une institution de base ne peut être membre de plus d'une union ayant la
même vocation. Les unions ont pour membres. les institutions de base dûment agréées ou
reconnues )}
226
190 Selon l'article 3 du décret: « Le capital social des institutions est constiTué de parts sociales dont la valeur
nominale est déterminée par les statuts. Les parts sociales sont nominatives, individuelles, non négociables,
non saisissables par les tiers et cessibles selon les conditions fixées dans les statuts»
227
nous convoquons une assemblée générale tous les deux ans et elle est
l'occasion de renouveler les structures. Les membres de la caisse élisent par
vote à la majorité simple les différents membres des organes. L'AG apprécie
aussi les exercices précédents, approuve les comptes et statue sur les
réorientations à faire, par exemple l'affectation des résultats ou s'il faut
changer une politique. Aussi eJle adopte le projet de budget. (... ) (M .L.,
PCA/UMECU-DEF).
Nous sommes un peu partout. Et nous nous réunissons une fois par mois. Il peut
arriver qu'on convoque des réunions extraordinaires.» (O.N, membre
CAIUMECU). Le CC, lui est chargé de gérer la distribution du crédit
conformément aux politiques et procédures en matière de crédit;
nous nous retrouvons pour délibérer sur les demandes de crédit. Le gérant met
à notre disposition et les demandes et les renseignements sur les demandeurs
pour qu'on puisse voir s'ils sont en règle. On a besoin de leur historique de
crédit, on doit aussi savoir si l'activité est pertinente, ces genres de choses ...
sont épargne aussi (O.F., membre CC/UMECU).
c " de 1> .
1:100 "n.h." (le"
~rM"""" .... c .. ...,. ..
du dépannage surtout pour des questions de fond. En fait, je peux être à court
d'argent alors qu'il y a des membres qui attendent de l'argent que ce soit un
retrait ou un financement, il est plus pratique pour moi de demander d'abord à
l'autre gérant à côté au lieu d'attendre que la direction réagisse. (... ), Il Y a
aussi le fait qu'avant d'installer une nouvelle caisse, le futur gérant est pris
sous l'aile du gérant de la caisse la plus proche dans la zone (O.N, membre
CA/UMECU).
Par ailleurs, dans les principes, les unions sont des structures de coopération
politiques et techniques constituées entre les caisses pour regrouper leurs forces
tout en conservant leur autonomie. Elles sont investies d'une fonction légale de
représentation, de promotion, d'appui et surtout d'uniformisation des politiques
financières et de contrôle des caisses affiliées. En fait
Les unions ont pour mISSion de protéger et de gérer les intérêts de leurs
membres, de leur fournir des services de tous ordres, notamment administratif,
professionnel et financier en vue de concourir à la réalisation de leurs
objectifs. Elles agissent en qualité d'organisme de surveillance, de contrôle et
de représentation des institutions de base qui leur sont affiliées (art 39 de la
loi).
Structures
PAME UM-PAMECAS / UMECU
Or"anisation
Directeur général
Directeur général
Direction générale Différents dépanements
Différents dépanements
Les organes (CA, CC, CS)
Gérant ou Directeur
Caisse de base ----- Service technique
les organes: CA, Cc. CS
Organes de gestion CA et CC CA. CS.CC
Au niveau caisse de base:
Membre des organes de DG et une équipe technique de membres des caisses de base
gestion !'AGETlP Au niveau union. membres des
organes des cai sses de base
Qualité de l'adhérent Client Membre
Source: Enquête, N.Sme (2007)
Dans le cadre du contrôle interne, il est suggéré que « les organes chargés de
la surveillance et du contrôle au sein des institutions peuvent recourir à toute
assistance technique en vue de les aider à accomplir efficacement leur
mission ... » (cf. art 59). Ce contrôle interne est assuré dans le cadre des
235
mutuelles par le CS, dans une certaine mesure, par le CA, du fait que les
anomalies constatées doivent faire l'objet d'un rapport soumis à ce dernier et à
j'institution à laquelle elle est affiliée. Mais le contrôle se situe aussi à un niveau
externe. En effet, les institutions ont l'obligation de communiquer des rapports et
états financiers annuels au ministre, dans un délai de six mois suivant la clôture de
leur exercice. Pour les confédérations, fédérations ou organes financiers, leurs
données consolidées doivent être communiquées à la Banque Centrale et à la
Commission bancaire, dans le même délai. Toutefois, les articles 66 et 67 de la loi
prévoient que le ministre peut procéder ou faire procéder à tout contrôle des
institutions, et ceci, à tout moment. De même, ces deux structures bancaires « ...
peuvent, de leur propre initiative ou à la demande du ministre, procéder à des
contrôles sur place des organes financiers et de toutes sociétés sous le contrôle de
ces derniers ». Et comme le secret professionnel n'est pas opposable à l'autorité
judiciaire, les responsables des institutions sont tenus de se soumettre au contrôle
de ces structures au risque de faire face à des sanctions 195.
Par ailleurs, les procédures diffèrent selon qu'il s'agit d'une structure de type
mutualiste ou de type projet. Du fait de leur caractère temporaire, les projets de
crédits directs ou à volet crédit font l'objet de plus de contrôle de la part des
autorités. D'abord, le taux d'intérêt pratiqué est établi en concertation avec les
autorités locales et dans le respect du taux usuraire. Ainsi, les prétextes avancés
par les structures financières à caractère mutualistes ne se justifient pas pour les
projets. En effet pour des raisons de pérennisation, les taux d'intérêt sont
libéralisés pour permettre aux IMF de développer une certaine autonomie
financière. Ensuite, il est loisible au PAME de tenir une comptabilité qui lui est
propre, contrairement aux institutions mutualistes qui sont tenues de respecter le
plan comptable édicté par la BCEAO. Mais, les dispositions du Ministère et de la
Banque centrale pour la surveillance et le contrôle externe leur sont appliquées.
Ainsi, de la même façon que pour l'agrément, la convention peut être abrogée
i9j Les sanctions sont à trois niveau suivant la gravite de l'infraction: disciplinaires, pecuniaires ou penale
L'opposition au contrôle (vises aux articles 66 et 67) et la communication de documents sciemment inexacts
ou falsifies sont passibles d'un emprisonnement
236
institutions de base. Il arrive souvent que des membres, qui sont confrontés à des
problèmes de remboursement, contractent des prêts dans d'autres caisses. Selon
le rapport de fin d'exercice (2003), le test de couplage de données dans trois
mutuelles réalisé en septembre 2003 a permis d'identifier une douzaine de
sociétaires ayant un compte dans deux mutuelles.
Mais le contrôle c'est aussi le respect des manuels de procédures dans les
modes de prise de décision et de coordination. Deux actions répréhensives sont
souvent notées dans les caisses de base. L'aspect le plus remis en cause est le
plafond de crédit fixé à 70 % de l'encours de l'épargne dans chaque caisse. Les
caisses de base repoussent Je plus longtemps possible le recours au refinancement
par l'union, allant même jusqu'à rendre critique le portefeuille à risque (PAR). Le
favoritisme pour les membres des organes est aussi une autre faiblesse des
institutions mutualistes malgré la standardisation des procédures pour permettre
l'application stricte des politiques de crédit, ainsi qu'une séparation des tâches. Ce
favoritisme est plus accentué au niveau de l'UMECU. Hormis les dispositions
prises par la loi dans ces différentes applications pour assurer le contrôle, on se
rend compte que les techniques d'information utilisées, comme le système
comptable, mais aussi les ressources humaines dont dispose l'IMF constituent des
indicateurs de la qualité de son système d'information.
196 Aquadev est une ONG belge qui se spécialise dans l'appui institutionnel. ADAbanking est lm outil de
gestion est particulièrement utilisé du fait de la gratuité de sa licence en pays sous-développés.
191 Le planet rating est un système d'audit externe élaboré par planet finance
239
Le choix du personnel technique diffère selon qu'on est dans telle ou telle
autre structure. La qualification constitue le critère de sélection pour l'embauche
des techniciens tandis que les élus sont choisis suivant leur qualité de membres
des structures de base. Cependant, une comparaison des profils des dirigeants
entre les deux structures mutualistes nous permet de faire deux remarques
afférentes à la qualité des personnels et aux critères de leur choix.
19X D'autres situations comme un SIG peu fiable ou pas cohérent ou alors si l'institution atteint précocement
un fort taux de croissance peuvent être il l'origine de fraude.
240
199 «Est compétent celui qui au-delà de toute prescription de son travail saura maîtriser une situation soit
imprévue dans sa production, soit nouvelle dans son contenu}> (Zarifian, 1994 : 112).
241
201 Son élaboration peUl demander parfois la contribution d'un consultant externe
242
constitue la gestion concertée des mutuelles installées dans des zones non
homogènes,
des plans d'affaires individuels pour les caisses, portant sur une période de
trois ans, sont en cours d'élaboration au niveau de l'UM-PAMECAS. Dans la
même lancée, on a mis en place un système de zonage qui fait que les gérants
des caisses d'une même commune se retrouvent autour du directeur de
l'union ou de son adjoint pour discuter de questions spécifiques à leurs caisses
respectives (S.T,MarketingiPAMECAS).
Cependant, s'il est facile de chercher à standardiser les comportements dans une
structure comme le PAME (du fait de son organisation interne) ou le PAMECAS,
(vu son degré d'organisation et partant de développement), il reste encore
202 Cest le rôle de la coordination par le marché. L'économie de la convention va au·delà des contrats (qui
considère que les contrats comme des accords interindividuels explicites ou implicites). Pour eux, il n'y a ni
contrat, ni contrainte, mais des principes communs permettant d'ordonner les personnes et/ou les choses. Ces
actions doivent être raisonnables et justifiables au regard d'autres.
243
beaucoup à faire pour une structure comme l'UMECU. Il y existe encore, à tous
les niveaux des processus informels dans l'exercice du pouvoir ainsi que dans la
gestion. S'il est vrai que l'UMECU jouit d'un capital social important, il reste que
la qualité d'homme d'affaires ne coïncide pas souvent avec les capacités
nécessaires pour administrer une structure. Les hommes qui la composent sont
issus du secteur populaire et sont souvent handicapés par un manque de discipline
par rapport à des dispositions surtout lorsque celles-ci n'émanent pas d'eux. On y
note une grande libelié d'action selon qu'on appartienne aux pionniers, qui
gardent toujours un sentiment élevé d'appartenance. L'influence de ce groupe de
personnes qui a été à l'origine de la mise en place de la structure ne fait
qu'exacerber les rapports au pouvoir.
Il apparaît ainsi que le respect strict des politiques et procédures peut être
difficile devant certains cas de figure, surtout quand les processus humains entrent
en jeu. Toutefois, ceci n'empêche que les règles de fonctionnement restent à être
légitimées par les membres, cela n'enlèverait rien aux dimensions humaine et
interpersonnelle qui immanquablement ont un impact dans les relations de travail
et qui font que le leadership est de plus en plus privilégié sur l'autorité.
il reste beaucoup à faire sur le partage et Je respect des rôles entre la direction
technique et les élus, parce qu'il Y a de plus en plus de difficultés dans leur
cohabitation. On parvient difficilement à trouver un équilibre et je pense que
la loi devrait se pencher de prés notamment en ce qui concerne les grands
réseaux, le rôle des directions générales, le rôle des CA ... si on veut plus de
203 Selon Blake et Mouton (1987): « il est possible pour une organisation d'atteindre des
performances correctes en établissant un équilibre entre les nécessités de production et le maintien
du moral des employés à un niveau satisfaisant». Le management institutionnel serait plus
performant selon les auteurs puisqu'il tendrait vers un management fondé sur le travail d'équipe,
ce qui constitue l"idéal des managements.
245
Pourtant de l'avis de Gurtner (2002), dans son analyse sur l' autonom ie des
dirigeants, « le CA n'est pas l'organe de décision essentiel. C'est l'équipe
dirigeante, composée de cadres salariés, qui est à l'origine des projets et décisions
et les fait avaliser par le CA »(Gurtner et al., 2002: 142). Par ailleurs, les conflits
ne se situent pas seulement entre élus et techniciens. Ils sont plus récurrents entre
techniciens et membres. Nous avons décelé trois niveaux de conflits.
204 Desroche (1983 :183) a analysé les diverses combinaisons et alliances possibles dans la
perspective d'une entreprise sociale avec Je quadrilatère Gestionnaire, Administrateurs, Employés
et membres selon que c'est une entreprise participative, autogestionnaire ou socialisée qui
participent à l'organisation et la définition des services (avec une intervention de la puissance
publique).
246
remboursement. Pourtant, on avance de façon unanime dans les lMF que «les
membres (ou clients) sont tellement impatients de recevoir l'argent qu'ils sont
capables de signer tout ce qu'on leur donne. Ils ne prêtent pas tellement attention
aux conditionnalités, ni parfois au taux d'intérêt ». (K.N, Gérant MECIB).
Par ailleurs, l'analyse laisse voir des relations de travail différent selon qu'on
est dans l'une ou l'autre structure mutualiste. Tandis qu'au PAMECAS salariés et
élus travaillent en étroite collaboration, à l'UMECU on peut remarquer qu'il y a
des logiques différentes entre les dirigeants et les élus et un rapprochement entre
ces derniers et les membres. Et si pour le premier cas le niveau d'organisation
constitue l'élément explicatif; pour le second, la raison est à chercher dans la
perception que les élus se font de l'institution. En effet, le principal handicap des
hommes d'affaires se trouve être une confusion des pionniers dans le respect de
leurs prérogatives, à l'image des reproches faits aux acteurs du secteur informel
de ne pas être capable de distinguer la gestion de l'entreprise de celle de la
famille.
Dès lors si l'organisation est pensée comme une famille comme le dit un des
responsables :« nous sommes une famille et le personnel est constitué de nos
enfants, nos neveux et nièces ... » (LL., président/ UMECU), il devient tout à fait
naturel que le père de famille se permette de s'immiscer dans les décisions des
organes pour procéder à des «arrangements ». De plus, le «masla 205»
(compromis) sénégalais qui veut que dans une relation toutes les parties y trouvent
leur compte, laisse voir un encastrement des échanges économiques dans des
logiques sociales. L'institution reste ainsi fortement marquée par des logiques
domestiques. Elle relève d'une gestion plus situationnelle et moins standardisée
des membres qui s'avère difficile à codifier. Les situations qu'elles gèrent sont
alimentées par les rapports de cohabitation, la familiarité ou les liens de parenté
qui unissent le personnel et les membres. Ce qui fait que les conflits peuvent
généralement trouver des règlements locaux, de gré à gré qui n'ont pas la portée
Au-delà de cette analyse des procédures formelles, il apparaît que les schémas
élaborés dans les différents documents de bases des lMF peuvent faire l'objet
d'une mauvaise application. Dans les faits, les acteurs impliqués dans ce
processus sont confrontés à des difficultés qui se reflètent à trois niveaux. Ces
difficultés ont inévitablement des impacts sur l'efficacité du fonctionnement de la
structure.
206 La cité représente un ordre de généralité ou des biens communs selon les tenants de l'économie des
grandeurs. Les cités désignent les divers modèles d'ordre légitime qui se sont développés historiquement et
qui renvoient il six démarches philosophiques. Le modèle de cité est une réponse il la multiplicité des
principes de biens communs existant dans le monde et il la primauté d'un seul sur tous les autres. Et les
justifications traduisent les principes supérieurs mis en cause dans chaque situation
248
c'est nous qui sommes en contact avec la réalité, il peut arriver qu'on soit
confronté à des problèmes de respect des normes, les délais d'attente qui
n'arrangent généralement pas les entrepreneurs, la garantie, surtout celle-là,
elle ralentit notre travail. Parfois, il y a des critères plus pertinents pour
249
octroyer le crédit à un membre. Mais on est tenu à cette rigueur (K.N., gérant
de la MECIB).
Dans ces cas, le gérant peut se référer soit à l'organisation interne du réseau,
soit à son propre jugement. Il n'est pas exclu que les dirigeants à la base dérogent
aux textes même s'ils sont confinés dans une procédure standardisée plus
rigoureuse au PAMECAS qu'à l'UMECU. Par ailleurs, ces différentes difficultés
peuvent rendre nébuleuse la gestion des caisses et celle de l'organisation faîtière.
Si au PAMECAS la structuration en réseau laisse voir une logique d'une parfaite
intégration avec une dynamique participative des acteurs à la base en plus de
l'informatisation des caisses qui sécurise les pratiques financières; à l'UMECU
en revanche, on se situerait dans une logique additive. En effet, l'absence d'une
planification stratégique fait que l'union n'est pas encore parvenue à coordonner
de façon efficace le travail des structures de base. Au-delà de l'inégalité dans la
distribution du pouvoir, cet état de fait pose un problème de gouvernance à
l'UMECU.
207Cette approche est développée par l'école de J'apprentissage qui appréhende l'élaboration de la stratégie
comme un processus émergent.
250
Ceci présage une rupture 209 avec une nouvelle génération et de nouvelles
façons de faire plus adaptées à la législation. Ainsi, l'OMECO se trouve dans une
phase à la fois de consolidation et de professionnalisation. Mais dans ce processus
où le poids social s'estompe en faveur de nouveaux liens faits d'alliance et de
calcul, il reste évident que le principal risque auquel l'institution est confrontée est
que cette rupture soit mal maîtrisée et mal comprise par les membres. Le
processus devrait dès lors être accompagné de formation et d'information. Car,
d'un côté, J'embauche des personnes qui n'ont ni l'histoire ni la culture de
l'association peut engendrer des ruptures et une perte de cette richesse sociale qui
209 Avec cette rupture, ]'UMECU cesse d'être considérée comme une cité domestique ou des logiques liées à
la chaîne des générations réunissent et ordonnent les membres selon la tradition. mais aussi où \'irulOvation
est souvent source de discorde C'est le passage de la cité domestique à celle civique (avec le contrat social
de Rousseau) selon la théorie des conventions, ou il a peu de personnalisation des relations.
251
ne demande qu'à être organisée. D'un autre côté, les conflits de compétence
doivent être réglés afin que la structure puisse fonctionner avec des nonnes
apprises et comprises. En fait, il s'agit ici d'une recherche d'un équilibre des
pouvoirs et des devoirs entre responsables élus, techniciens et membres,
autrement la gestion de l'UMECU restera liée aux routines défensives issues du
secteur populaire et qui empêcheraient les apprentissages.
210 Les autorités religieuses et coutumières ont été approchées afin de faciliter la mise en confiance
des populations
253
mettre à l'abri les employés, les membres, mais aussi les ressources financières 211 .
Ce dispositif de sécurité devrait être paltagé par l'ensemble des réseaux
d'Afrique de l'Ouest membres du Centre d'innovations financières (CIF). D'un
autre, des centrales de risques sont de plus en plus initiées. La centrale constitue,
Cependant, l'application de cet outil pose encore problème du fait entre autres
de la production et de la qualité de l'information. De plus, ces différents niveaux
de renforcement au PAMECAS peuvent affaiblir l'aspect institutionnel surtout
dans sa mission sociale en disqualifiant les populations les plus pauvres au travers
d'une sélection adverse.
Au niveau du PAME, son modèle institutionnel renseigne sur son choix initial
de ne pas associer les clients à la gestion et à la propriété directe. Cette option fait
que l'opérateur (l' AGETIP) conserve un rôle prépondérant dans la gestion et la
prise de décision. Aussi le programme n'est pas à l'abri du risque de crédit qui est
inhérent à toutes les institutions. Le PAME peut aussi faire face à des conflits
d'intérêts dans ses négociations avec les bailleurs de fonds. Il reste évident qu'on
« se plie souvent aux exigences des bailleurs afin de bénéficier de lignes de crédit.
Nous sommes tenus de suivre la volonté du bailleur. D'ailleurs, l'une de nos
recommandations est l'assouplissement de leurs conditions de refinancement.»
(MT., Comptabilité/PAME). Mais ce qui pmticularise le PAME c'est la phase
d'autonomisation institutionnelle qu'il a entamée. En effet, sa reconversion en
système mutualiste force le programme à une redéfinition de ses services, des
publics cibles, ainsi qu'une réorganisation interne.
Conclusion
212L'autogestion veut que tous ceux qui travaillent dans l'entreprise participent à sa gestion et tous ceux qui
participent à sa gestion travaillent dans r entreprise.
213 Le rating ou notation désigne J'anribulion d'une note à une institution afin de synthétiser ses principales
caractéristiques et de pouvoir la comparer aux autres institutions de son secteur selon Planet finance. Le
rating Girafe est spécialement conçu pour noter la santé financière et organisationnelle des institutions de
micro finance afin de favoriser leur refmancement. Sa méthodologie se fonde sur la collecte et J'analyse
d'informations qualitatives et quantitatives, financières et non financières
255
214Catégorie des travailleurs issus du secteur informel. Le concept sera expliqué dans la troisième
partie
CHAPITRE VI
Introduction
1-1 Les activités de crédit: Une option commune vers la maîtrise du risque
de crédit
Ils sont constitués de petits crédits accordés pour les petites activités
marchandes, ils cherchent à exploiter des situations particulières, ponctuelles ou
des opportunités. Cette formule met en place des critères exceptionnels. Au
PAME, ce type de prêt est souvent pris en charge par les lignes de crédit. Le
principal crédit exceptionnel est financé par le programme KFW. En effet,
De la même façon que le PAME, à travers une formule souple, les structures
mutualistes répondent aux besoins du secteur informel de survie et de promotion
d'échapper aux usuriers des marchés (centres commerciaux). Au PAMECAS, le
Crédit Dioni Dioni ou crédit Flash répond à ce type de prêt; en revanche,
l'UMECU cible à travers cette formule les commerçantes et commerçants
détaillants qui ont besoin de renouveler leurs marchandises de façon journalière.
Par ailleurs, si ce type de crédit s'inscrit dans des situations conjoncturelles,
ponctuelles pour le PAME et le PAMECAS, il demeure une des forces de
l'UMECU, malgré son caractère tout aussi exceptionnel. En effet, la procédure est
plus régulière à l'UMECU non seulement du fait que les commerçants constituent
sa principale cible, mais aussi et surtout de son implantation dans les marchés et
d'une quasi-absence de barrière à l'accès du produit. Au PAMECAS, la modicité
des sommes n'enlève rien à la rigueur avec laquelle le prêt est traité. La démarche
du crédit flash suit le principe de la caution solidaire. Les femmes qui sont
particulièrement ciblées, se regroupent par trois pour réunir une épargne
journalière de 3.000FCFA qui constitue la caution aux prêts. Les sommes
octroyées varient de 25 000 et 100 000 FCFA par personne dans le groupe, avec
259
La population ciblée est caractérisée par une absence totale de revenu ou par la
petitesse de ses activités économiques. Par conséquent, le produit fonctionne
suivant les principes du microcrédit. En effet, des formules souples de cautions
sont requises qu'elles soient solidaires à travers le groupe ou numéraire. Il
constitue dès lors le premier niveau de la microfinance. Il accompagne
généralement l'entrée en activité marchande qui vise essentiellement la
satisfaction de besoins primaires. Mais une fois que J'activité fonctionne de façon
convenable, la nature du besoin en financement peut changer.
Les agents de crédit de la caisse reçoivent deux fois dans la semame les
membres qui ont formulé des demandes de prêt afin de procéder à des entretiens.
Le but est de collecter le maximum d'informations sur le client et son activité. La
nécessité de cet exercice s'explique par le fait que,
on a à faire à des personnes qui évoluent surtout dans le secteur informel, nous
aidons à chiffrer J'activité et à déterminer le besoin en crédit. Nous apprécions
261
Le dernier critère est la garantie « qui vient en dernier lieu pour compléter un
dossier déjà bon» (A. G., DCCP). Les demandes de prêts ficelés sont soumises au
comité de crédit qui se réunit pour statuer et délibérer. Cependant, malgré les
précautions prises dans chaque étape du montage du dossier de demande de prêt,
('institution court toujours le risque de non remboursement du fait qu'elle n'a
aucune prise sur le déroulement normal de l'activité. D'abord parce que le suivi
reste très épisodique après le démarrage de celle-ci. Normalement, il devrait
suivre un processus allant de l'utilisation du prêt au recouvrement, en passant par
262
Mis à part cette ligne de crédit, il est prévu des crédits d'urgence. Cette
formule qui est une variante du crédit régulier, est souvent destinée au
financement de besoins sociaux ou liés à des événements particuliers. Sa
spécificité se trouve à la fois par rapport au délai de traitement du dossier et aux
fonds décaissés. Dans ce cas d'espèce, le Directeur de la caisse, que cela soit au
PAMECAS, ou à l'UMECU, peut anticiper sur l'approbation du comité de crédit.
Il se chargera, à la réunion qui suit, d'aviser le comité de l'octroi du crédit. La
dérogation faite ici à la procédure normale constitue surtout pour le PAMECAS
un effort de prise en charge des besoins sociaux. Pourtant, le crédit d'urgence
constitue une autre particularité de l'UMECU. Il suit le cours des événements
sociaux ou des opportunités des commerçants la plupart du temps. Si les montants
varient seulement entre 75.000 et 100.000FCFA au PAMECAS, à l'UMECU, ils
concernent des sommes beaucoup plus importantes. Rappelons que l'UNACOIS
s'active dans le commerce d'impo11ation et de distribution des produits tels que
les denrées de première nécessité qui, en certaines périodes de l'année,
enregistrent une forte demande.
du groupe sur le bénéficiaire compte tenu pour eux d'un double risque de
pénalisation: perte de la caution solidaire et perte du crédit. Le guichet FCM
constitue ce qu'on peut appeler le niveau de test du client au PAME. De façon
générale, avec le crédit régulier les IMF mettent en place des paliers de confiance
au fur et à mesure que l'emprunteur procède à des dénouements corrects de son
prêt et que son activité performe.
215 Le PAR est le montant de tous les prêts en cours dont au moins un est en situation d'impayé
216 L'exonération de certains produits el la diminution considérable des taxes rendent plus
compétitives les PME qui sont de plus en plus considérées comme des moteurs du développement
267
217 Il est de 2573. dont [PRES: 301, FNR : 204. Fonction Publique: 295. Secteur privé: 1787
268
Types de crédit
CREDIT
CREDIT EXCEPTIONNEL CREDIT REGULIER
PROFESSIOl\'NEL
Caractéristiques
Activité performante
Population ciblée Entrée en activité En activité
Consommation
Démarrage
Type de financement Démarrage Investissement
Fonds de roulement
Structures
PAME PAMECAS UMECU
Caractéristiques
Les deux tableaux laissent voir la prudence avec la quelle le crédit est traité
par l'institution. Dans leur volonté de maîtriser le risque lié au crédit, seul le
PAME se limite à l'appréciation des aspects économiques de l'activité. Les
institutions mutualistes combinent les informations économiques liées à l'activité
et les informations sociales sur le promoteur à travers son vécu quotidien.
Pourtant, ces éléments d'appréciation ne semblent pas suffisants pour permettre
l'accès au crédit. D'autres précautions sont prises à travers l'arrimage du prêt à un
Une nouvelle approche au sein des IMF veut que la rentabilité de l'activité
retienne plus l'attention des politiques de crédit. Mais même si ('expérience a
démontré que la garantie était moins pertinente du fait que les populations ont mis
en place des mécanismes de solidarité permettant de disposer des garanties par
procuration, il n'en demeure pas moins qu'elle reste déterminante. Nous appelons
garantie par procuration, ce processus qui permet au créditeur d'emprunter la
somme exigée ou de louer le matériel d'autrui et d'en disposer comme garantie à
un prêt. Celle-ci prend donc d'autres formes sans cesser d'être excluante. Nous
pouvons distinguer dans la procédure de demande de crédit les garanties explicites
et les garanties implicites
La garantie est une caution donnée à un tiers. Elle constitue un pré requis pour
l'accès au crédit. Qu'elle soit allégée, partagée ou rigoureuse, selon que l'on soit
à J'UMECU, au PAME ou au PAMECAS, la garantie constitue le premier
élément sur lequel les bénéficiaires butent dans l'accès au crédit. On peut
distinguer deux types de garanties sollicitées à savoir les garanties réelles et celles
270
D'abord, il arrive que des fonds externes soient logés par les bailleurs avec des
lignes de crédit pour soutenir une clientèle précise. «Ce qui arrive c'est que les
structures ne s'en servent que rarement préférant garder une certaine image
auprès de ceux-là (les bailleurs) qui sont des clients» (LN, gestionnaire de
crédit/PAME). Ces fonds peuvent expliquer la faiblesse des taux d'impayés
surtout au PAME. Les institutions mutualistes, elles, s'accordent sur le fait d'user
des fonds seulement au niveau de l'union et de continuer le recouvrement des
impayés à la base.
Ensuite, des structures mutualistes comme le PAMECAS, constituent des
fonds de garantie internes à partir des frais payés par les membres emprunteurs
par un fonds de prévoyance décès (qu i est égal à 1OOOFCFA, plus 7 % du montant
du prêt) et un autre fonds de cautionnement (égal à 1 % du montant de chaque
prêt). Ces fonds renforcent les précautions prises sur le crédit au PAMECAS et
ne sont utilisés que dans des situations extrêmes de radiation du prêt. En revanche
à l'UMECU, la stratégie se trouve à un autre niveau, les frais de constitution de
dossiers de prêts, ainsi que le taux d'intérêt, sont d'autres moyens pour couvrir le
prêt. Aussi, ils constituent les principales sources de revenus pour une IMF. Cette
stratégie est d'autant plus diffuse qu'elle exacerbe la difficulté liée à la maîtrise de
ces coûts et au calcul des taux d'intérêt par les emprunteurs. L'analyse de ces frais
de constitution de dossiers et des taux d'intérêt permet d'avoir une vision globale
de ce que le portefeuille de prêt peut générer comme revenu pour une IMF.
Le taux d'intérêt est le prix des produits de prêt payé par les emprunteurs, ils
doivent permettre de couvrir intégralement les coûts. Son calcul doit prendre en
compte des paramètres aussi bien à l'intérieur de l'institution (notamment les
coûts d'exploitation, la dotation aux provisions pour créances douteuses et les
réserves le coût des ressources), qu'à l'extérieur (comme les ressources sur le
marché et J'effet de l'inflation). Les taux d'intérêt pratiqués par les rMF doivent
se situer entre le taux de base bancaire et le taux d'usure dans la zone de
l'UMEGA. Au Sénégal, ils avoisinent 27 à 30 % par an, les taux bancaires étant
272
Il y' a le taux d'intérêt uniforme qui est exprimé sur une base mensuelle. Ce
taux s'applique au montant initial du crédit quelque soit la valeur du capital
restant du. On l'oppose souvent au taux d'intérêt dégressif (declining interest
rate) qui, lui est calculé sur la base du montant restant du. Nous, nous
travaillons sur la base du premier type de calcul (M.D,
Corn ptabi1ité/UMECU).
Mais si même tous ces arguments sont acceptables, ils cachent souvent des
faiblesses dans des institutions comme l'UMECU. Il est vrai que l'argument de la
simplicité est essentiel en microfinance, mais le choix du taux d'intérêt uniforme
cache une mauvaise gestion du portefeuille de crédits. Il serait ainsi un moyen de
219 L'application d'un taux d'intérêt unifonne se justifie parfois par le fait que le coût de distribution du crédit
en micro finance est beaucoup plus élevé que dans le secteur bancaire classique du fait des coûts de gestion
par credit incompressible quelle que soit la taille du crédit (Creusot, 1999 4).
273
parvenir à un équilibre financier par un taux d'intérêt effectië2Û qui induit souvent
un coût caché du crédit. Il se trouve en fait que l'UMECU rattrape avec lin taux
d'intérêt élevé, ce qu'il perd à cause d'un manque de rigueur ou simplement de
professionnalisme. Cependant, qu'il soit constant ou dégressif, la logique veut que
le taux d'intérêt soit revu à la baisse quand la structure devient rentable comme le
PAMECAS a eu à le faire.
Le tableau montre l'écart qu'il y' a dans les taux d'intérêt. Il peut sembler
aberrant que l'UMECU continue de fonctionner avec un taux aussi élevé, mais
c'est sans compter sur le fort sentiment d'appalienance de ses membres ainsi que
la souplesse de ses procédures. Par ailleurs, l'étape de l'application du taux
d'intérêt renseigne davantage sur la procédure que prend un prêt. JI apparaît, en
somme que la conception et la mise en place d'un produit de prêt performant
répond à trois objectifs: d'abord, il doit offrir un service sollicité et de qualité à un
nombre croissant de membres ou clients tout en permettant d'atteindre et de
maintenir la rentabilité de l'institution. Cette première étape requiert, un certain
nombre d'exigences. En effet,
220Le taux d'intérêt effectif est le taux que l'emprunteur a réellement payé sur la base du capital qu'il a
effectivement à sa disposition pendant la période considérée. Selon CAPAF, son calcul prend en compte le
taux nominal, la durée, la périodicité des remboursements, le paiement éventuel de commissions ou frais de
dossier, le mode de calcul « constant» ou « dégressif» pour les échéances, la constitution éventuelle
d'épargne obligatoire en préalable et/ou en cours de crédit, les conditions de rémunération de cette épargne.
(CAPAF - Outil de calcul de taux d'intérêt effectif, MICRüFIN)
274
En aval du prêt vient la phase de recouvrement qui est une étape tout aussi
importante. Elle est décrite dans le manuel de procédures des IMF et met en place
des mécanismes de dissuasion du membre défaillant ou délinquant. Malgré ces
dispositions, la prégnance des liens sociaux oblige que le dialogue soit privilégié.
Toutefois, si à l'UMECU il est aisé de faire recours aux vertus sociales locales, à
221 Ces frais incluent les frais liés à l'obtention des capitaux (intérêts sur épargne ou sur emprunt), les
dépenses d'exploitation, les pertes sur prêts el l'inflation. Les dépenses d'exploitation comprennent
évidemment les frais d'encadrement d'un deuxième niveau. Dans le cas du crédit avec éducation. les activités
d'éducation doivent également être rentabilisées à terme (Larocque, 1997: 15).
275
222Les règles PARMEC de provisions sur le crédit sont les suivantes. 91à 180 jours de retard; le crédit est
considéré en souffrance (40 % de la provision); 181 à 365 jours, il est en contentieux (avec 80%des
provisions) et quand c'est supérieur à 365 jours de retard (100 % de la provision) et il est rayé e fin d'année
276
223 Il est de 1,67 % en 2002, puis de 5,42 en 2003 contre 0,44 % et 0,72 % pour le PAMECAS respectivement
en 2001 et 2002. Ces chiffres cachent une grande disparité entre les structures de bases et sont le résultat de
plusieurs causes
277
224 Selon Boissin (1999: 103), « il y a risque de hasard moral dès l'instant ou J'assuré peut adopter
un comportement négligent sachant qu'il bénéficie d'une protection suffisante».
225 Cf manuel de procédure comptabledu PAMECAS
278
Elle n'est pas seulement une épargne volontaire. En fait, l'initiative ne vient
pas toujours des populations. Au PAMECAS, des clubs d'épargne sont mis en
place. Il s'agit d'une collecte journalière d'épargne au niveau des marchés, des
lieux de travail et dans les quartiers à l'image des tontines. Chaque jour, le
collecteur passe et les petites commerçantes bénéficiaires de crédit sont tenues de
verser un minimum selon le montant du crédit pour assurer le remboursement.
Les membres non-détenteurs de crédit et qui font paltie du club d'épargne peuvent
verser le montant qu'ils veulent. Cette épargne n'est pas rémunérée. Ainsi de la
même façon que le crédit exceptionnel suit les opportunités, des formules
d'épargne sont souvent testées par les IMF. Elles sont souvent inspirées des
pratiques sociales et ne sont pas inscrites dans les politiques de crédit et d'épargne
du fait de leurs caractères ponctuels. Au PAMECAS, elles suivent des
programmes, à l'UMECU, elles relèvent de la demande ou de l'offre des caisses.
de crédit veut que dans les crédits réguliers le bénéficiaire puisse épargner trois à
six mois avant de bénéficier d'un prêt. Le montant prêté ne doit pas dépasser le
triple de celui épargné. Le niveau de crédit régulier est jumelé à deux paliers
d'épargne, en amont et en aval. En amont, il yale compte d'épargne à vue ou
d'épargne prévoyance. Il permet au membre bénéficiaire de ce compte de faire des
dépôts comme des retraits à tout moment pour un minimum de SOOFCFA. Ce
compte n'est pas rémunéré et les frais de tenue de compte se chiffrent à 200FCFA
par mois. Il n'existe pas de montant minimum exigé, cependant il est suggéré aux
membres de laisser 1OOOFCFA pour assurer le paiement des frais de tenues de
compte. Lorsque le compte remplit les conditions d'une épargne régulière de trois
mois, le membre peut bénéficier d'un prêt. Le montant obtenu va alors constituer
une épargne nantie qui fonctionne comme un apport pris en terme de garantie
pour l'obtention d'un prêt. En aval du prêt vient l'épargne obligatoire. Cette
épargne est constituée en vue de permettre au débiteur de disposer d'un montant
au niveau de son compte à la fin du remboursement total du prêt. Ainsi à
l'acquisition du prêt il est établi que le bénéficiaire devra dégager une épargne de
10 % du montant. Ainsi à chaque échéance de remboursement une partie est
versée en épargne obligatoire ce qui fait qu'à la dernière échéance le membre aura
atteint les 10 % fixés. Ceci lui permet de disposer d'un capital à son actif pour
bénéficier plus facilement d'autres prêts.
Le plan épargne projet constitue une combinaison mise en place pour aider le
membre à suivre une certaine constance dans ses activités économiques. Au
PAMECAS, cette formule d'épargne est liée à des possibilités de crédit qui
permettent au membre de constituer son apport personnel tout en ayant
l'opportunité de bénéficier de surplus générés. Seulement en liant un crédit à ce
poste, le PAMECAS cherche à utiliser ces montants en faisant des facilités à
l'épargnant. Le crédit Plan Épargne Projet (PEP) découle de cette volonté. De
façon plus précise, il est constitué d'une épargne bloquée qui relève d'un
engagement du membre à épargner, pendant une durée donnée (un minimum de
6mois), une somme d'argent définie ex anté (un minimum de 5 OOO/mois). Au
bout de cette période, il peut récupérer l'argent et les intérêts générés (3 %226). 11
est lié à ce plan une possibilité de prêt avec un taux d'intérêt réduit au regard de
l'épargne constituée et du respect de ses engagements. En effet, le PEP peut
atteindre 1,5 à 5 fois le montant épargné avec un taux d'intérêt de 1,16%
mensuel. Il existe aussi dans ce cas une garantie demandée ainsi que toutes les
autres conditions pour accéder aux prêts, mais une souplesse se fait remarquer eut
égard à l'épargne constituée. Ce produit constitue en fait « une réponse à la
croissance plus rapide du crédit par rapport à l'épargne. » (A.G. DCCP).
L'analyse de l'épargne laisse voir deux tendances. La première est que l'épargne
reste encore liée au besoin de crédit. En conséquence, la croissance régulière de
l'épargne volontaire s'explique par la croissance des nombres de sociétaires et non
de l'augmentation de l'épargne par membre. La seconde tendance est révélée par
les conclusions du rating (2002) au PAMECAS. Elles ont montré une forte
concentration de l'épargne volontaire dont 30 % repose sur seulement 1 % des
épargnants 227 . Même si l'épargne reste encore très volatile (elle représente 70 %
du passif au PAMECAS en 2003), elle atteste d'un besoin et d'une volonté des
populations à s'auto assurer.
Par ailleurs, ce dernier maillon lié au crédit laisse voir un formalisme plutôt
excessif à travers des dispositions souvent contraignantes pour les populations.
Néanmoins, en dépit de toutes ces précautions prises par les IMF pour circonscrire
le crédit, il arrive que les IMF soient confrontées à des risques de sélection
adverse ou de hasard moral qui sont difficilement maîtrisables. Les institutions
cherchent dès lors, à être moins dépendantes des revenus des seuls services liés au
crédit. En effet, tout en étant guidées par les besoins manifestes des populations,
228 L'Afrique subsaharienne représente 5 % des flux mondiaux selon J'ONG ADA dans son «Etude
préliminaire sur la problématique et le produit "transfert d'argent" en 2004. Les trois principaux bénéficiaires
de ces flux Nord-Sud dans cette région sont le Lesotho, le Sénégal et les îles Maurice.
284
que les structures bancaires, mais aussi les services des Postes se rapprochent
davantage des sociétés spécialisées telles le Western Union ou Money Gram. Ce
produit qui est encore récent dans les structures financières décentralisées est aussi
ouvert aux personnes non membres du fait qu'il fonctionne inversement aux
transferts bancaires classiques ou le donneur d'ordre et le destinataire des fonds
doivent tous les deux disposer d'un compte bancaire. Le produit requiert un
protocole d'accord de représentation entre des structures bancaires classiques et
des opérateurs spécialisés dans les transferts d'argent. II se profile aujourd'hui un
second niveau de collaboration. En fait, ce qui arrive de plus en plus c'est que les
banques qui sont les représentants légaux des structures de transfert d'argent,
s'appuient sur des réseaux de mutuelles d'épargne et de crédit pour agrandir leur
chaîne de distribution. Le relais qui est fait sur les IMF s'explique doublement par
leur taux de pénétration de la population et leur présence en milieu semi urbain et
rural. La proximité des IMF avec les populations réduit en fait les délais de
transfert là où celles-ci étaient obligées de se rendre dans une des rares agences
bancaires décentralisées. Mais la prudence veut que le partenariat soit axé sur
deux niveaux de responsabilité. D'une part, les banques classiques doivent veiller
aux contraintes techniques, de l'autre les structures mutualistes doivent disposer
de suffisamment d'argent liquide dans le réseau pour satisfaire à tout moment les
besoins des clients. En fait ce service nécessite à tout moment et en temps réel, un
niveau de contrôle très avancé sur l'ensemble des opérations effectuées sur le
réseau.
les critères essentiels, pour eux, d'un bon service de transfert sont la sécurité,
la confidentialité, la destination (peut-on envoyer l'argent jusqu'au village
d'origine ?) ; le coût, qui n'est pas le principal élément discriminant. Pour les
destinataires finaux, cela signifie un accès de proximité, un service plus
adapté, des coûts de transaction (transport, temps perdu) plus faibles (Barro et
Sander, 2005 : 13).
Du côté des IMF le système constitue une source de revenus sans risques, qui
n'alourdit pas leurs besoins de financement. Également, il peut être un moyen de
fidéliser ou de conquérir une clientèle,
en lui proposant par exemple des services d'épargne adaptés pour pouvoir
conserver une partie des montants reçus (... ). Mettre en place des produits
d'épargne longue permet à l'IMF de proposer, en retour, des crédits à plus
long terme à ses clients. Enfin, des transferts réguliers peuvent aussi permettre
de mieux sécuriser les crédits locaux octroyés aux clients (Barro et Sander,
2005 : 28).
229 Source rapport de la BCEAO 2004 sur les transferts d'argent au Sénégal
230 Elle constitue un des quatre modèles d'intervention des banques commerciales en microfmance analysée
(Barlet, 2003).
287
231 Cet aspect de l'assurance maladie sera développé dans la partie sur l'adaptabilité des produits
des IMF.
232 Le portefeuille de prêt présente trop de risque pour qu'on y investisse des primes d'assurance. Aussi la
banque et l'assurance imposent des attitudes et des niveaux de tolérance par rapport au risque très différent
Si les deux secteurs ne sont pas clairement séparés, l'IMF peut ne pas parvenir à développer une culture de
l'assurance appropriée.
289
confotter les politiques liées à l'épargne. En effet, on se rend compte que les IMF
mobilisent des ressources essentiellement basées sur la collecte de l'épargne des
populations. Cette épargne constitue la première source de financement des rMF
(environ 85 % des ressources globales). Elle est à hauteur de 50 à 75 %233
transformée en crédit aux membres. Mais s'il est vrai que l'épargne joue un rôle
de premier plan dans la gestion du risque, il reste que la micro assurance prend de
plus en plus de place dans le dispositif des produits d'assurance complémentaire,
face à la volatilité de l'épargne. Mieux, en plus de minimiser le risque, elle est
capable de générer des revenus contrairement à l'épargne qui elle est rémunérée.
Par ailleurs, à l'issu de l'analyse des produits financiers offerts par les IMF on
peut remarquer que la couverture du crédit va en fin de compte d'une activité
rentable aux mécanismes de remboursement en passant par la caution, la garantie,
les revenus générés par le taux d'intérêt et l'assurance sur le prêt. Aussi les frais
de constitution de dossier, les pénalités prévues sur retard de paiements sont
autant de revenus que la structure peut recouvrir. Le coût du crédit pour le
mem bre finit par être exorbitant même si ce dernier se trouve parfois dans
l'incapacité de relier tous ces aspects et d'en avoir une idée claire. Il est connu que
les populations pauvres ne prennent généralement pas le temps de comprendre
toutes les conditionnalités liées au prêt. Ces aspects semblent présager une
préséance des considérations économiques sur celles sociales surtout quand on
sait qu'en évoluant, les IMF peuvent perdre sinon leur identité, du moins leur
sensibilité sociale d'origine. Cependant à travers l'analyse du crédit se profile un
jeu social entre l'institution représentée par les élus et les salariés et le membre
emprunteur qui se pose en acteur doté de stratégies pour atteindre ses objectifs. Il
y a d'un côté l'institution qui cherche à travers ses méthodologies de prêts à créer
une certaine relation de confiance et de l'autre le membre qui par des formes de
participation pose les jalons d'un engagement. Loin d'être passif tel un
bénéficiaire, l'analyse met en évidence un processus patticipatif du membre ou du
client qui est à la fois financier et social. Du point de vue financier, le processus
de demande de prêt implique pour le membre un coût qui peut être apprécié à
travers le tableau ci-dessous. L'épargne, la garantie ainsi que la caution sont
récupérées par le membre avec le dénouement du crédit, en revanche le reste des
frais constituent les revenus de l'institution. Du point de vue social, le membre
participe par son capital social et humain à l'instauration d'une relation de
confiance. Les critères de confiance exigés tout au long de la procédure de prêt
sont les suivants.
créances douteuses 234 qUI lui sont associés sont parmi les postes les plus
importants d'une structure de microfinance. En effet, les remboursements en
retard constituent un signal fort pour l'appréciation de la solvabilité d'un
emprunteur. S'il s'avère que l'emprunteur n'est pas en mesure de rembourser son
crédit à une échéance, le capital restant dû est considéré comme « à risque ».
L'analyse de la qualité du portefeuille est basée à la fois sur le calcul d'un certain
nombre de ratios et ('appréciation d'éléments liés au portefeuille de crédits. Elle
dissocie trois niveaux d'information sur le portefeuille des prêts d'une institution
financière.
• Le portefeuille des prêts sains qui est constitué du volume de tous les prêts
en cours dont aucun remboursement du principal n'est en situation d'impayés et
qui n'ont pas fait l'objet d'un rééchelonnement ou d'une restructuration. Ce
portefeuille ne prend pas en compte les intérêts courus.
• Le portefeuille classé à risque (PAR), constitué du montant de tous les
prêts en cours dont au moins un remboursement du principal est en situation
d'impayés depuis quelques jours. Le nombre de jours diffère d'une institution à
une autre (prêts douteux). Au Sénégal, cette période est de 90 jours selon la
BCEAO. Ce portefeuille inclut le montant restant à payer, en l'occurrence les
remboursements échus et impayés et ceux futurs.
• Le portefeuille de prêts restructurés, qui est Je total des prêts qui ont fait
l'objet d'une renégociation ou d'une modification des conditions initiales de
prêts, ajouté aux prêts refinancés. li arrive très souvent que des membres ou
clients ne soient pas en mesure d'honorer correctement le prêt pour des raisons
aussi variées de maladie, de problème d'écoulement de la marchandise, de
financement insuffisant, de dé localisation .. . etc. Dans ces cas de figure,
l'institution renégocie avec le membre après vérification des difficultés évoquées.
Les prêts ainsi restructurés sont automatiquement inclus dans le calcul du ratio du
234 Les IMF créent une charge non comptabilisée en trésorerie utilisée pour augmenter la prOVIsion pour
créance douteuse figurant sur le bilan. Le montant est égal à un pourcentage de la valeur du montant brut du
portefeuille. La provision pour créance douteuse n' est pas une réserve de liquidité, mais plutôt un mécanisme
comptable.
293
portefeuille à risque 235 du fait qu'ils présentent généralement un risque plus élevé
que les prêts sains.
23S Qui est egal au portefeuille classe il risque (nombre de jours) / le montant brut du portefeuille de prêts
294
mutualistes qui présente une similitude dans la gestion des portefeuilles de prêts.
Le PAME est assujetti à une politique spécifique.
Qualité du
2002 2003 2002 2003 2002 2003
portefeuille
Ratio de couverture
de risque
5J,6% 19,9% - 53,4 % 53,2 %
Taux de provision
pour créances 1,8% 2,1 % 57,45 % 3,67 %
douteuses
Source: Enquête, N.SUle (2007)
236 Le PAME affiche un taux de remboursement dans I"ensemble de ses activités qui diminue
allant de 90,06 % en 2001 à 83,98 % en 2003. Des lignes de crédit comme la BIO (banque
islamique de développement) avec 46,18 % en 2002 ou le GF (groupement féminin) sont
responsables de ce manque de performance dans le remboursement
295
Cependant, on peut voir que son encours de crédit s'avère inférieur à celui de
l'épargne. Ce qui s'explique doublement par une forte demande en crédit et la
volatilité de l'épargne. L'autre remarque qu'on peut faire est que l'UMECU
n'affiche pas de prudence en matière d'utilisation des dépôts des membres qui
constituent dans leur majorité une épargne à vue. En effet, les dépôts à vue
dépassent de loin les dépôts à terme aussi bien pour le PAMECAS que l'UMECU.
Structure
PAMECAS UMECU
Épargne
Ce sont les produits issus des intérêts, frais et commissions (dont frais et
pénalité de retard) sur le montant brut du portefeuille de prêts uniquement. Ce
poste comprend non seulement les intérêts reçus en trésorerie, mais le montant des
237
11 Ya une baisse de l'épargne moyenne 3,72 % en 2001
297
2- 2 L'efficacité et la productivité
Ce sont deux ratios qui jouent un rôle très important dans la gestion d'une
institution de microfinance. Ils révèlent le degré d'efficacité d'une IMF au niveau
de l'utilisation de ses ressources, notamment en ce qui concerne ses actifs et son
personnel 238 . Pour les mesurer, les lMF utilisent différents d'indicateurs en
fonction de leurs structures, de leurs gammes de produits et de leurs objectifs de
contrôle. Ils s'apprécient de trois manières différentes selon le dénominateur qui
est pris en considération. Les dénominateurs les plus couramment utilisés sont: le
montant brut du portefeuille de prêts (ou encours de crédit), les actifs productifs et
l'actif total moyen. De l'avis de certains spécialistes comme le Small SEEP
238 Confère le « Système d'information de gestion pour les institutions de micro finance : Guide pratique» du
CGAP 1998
298
239 Le Small Enterprise Education and Promotion (SEEP) Network est une association américaine créée en
1985 et qui rassemble plus de 40 ONG (NGO et PYO) engagées dans des actions de soutIen aux micro et
petites entreprises (MPE) des pays en développement.
24°Les emprunteurs actifs sont les personnes qui ont un prêt pour lequel il reste encore un solde à payer Ce
nombre devrait être calculé en fonction des bénéficiaires de prêts individuels et non du nombre de groupe.
241La norme est de 382 pour le groupe de référence (contre 1023 pour les coopératives) pour le premier cas
et de 145 pour le groupe de référence (contre 243 pour le groupe des coopératives) Le groupe de référence a
été mis en place par le micro banking bulletin en 2002.
242 Le membre actif regroupe les emprunteurs actifs et les épargnants actifs c'est-à-dire les épargnants ayant
un dépôt à terme ou simplement un compte courant non vide
299
Nombre de
18 112 28338 40692 84152 106020 127459 --- 21721
membres aclifs
Nombre
d'agents de \0 Il 43 48 5
crédit
nombre de 5543
143 Le nombre de 17 J employés en 2002 ne concerne que les salariés, en prenant en compte les stagiaires on
arrive au nombre de 235 employés
300
244 Les charges sociales, les impôts sur revenu ou les bénéfices ne sont pas pris en compte
301
en location. Le PAME quant à lui, se résume à son siège dont il n'est pas
propriétaire des locaux, bien qu'il les occupe depuis sa création.
PAMECAS UMECU
2002 2003 2002 2003
Charge d'exploitation 16,5 % 21,1 % 36,01 % 18,12 %
Ratio des cuarges du
11,5% 10,8 % 4,05 % 6,42%
personnel
245 Les ratios de frais généraux étant disponibles seulement à rUMECU, nous avons préféré ne pas y faire
recours. Ils auraient permis de compléter l'analyse de toutes les charges de fonctionnement d'une structure.
302
2-3-1 La rentabilité
Une IMF est rentable lorsqu'elle parvient à couvrir toutes ses charges par les
247
produits d'exploitation . L'appréciation du résultat donne une idée du niveau de
rentabilité de l'institution, mais ne tient pas compte du fait que l'impoltance des
produits d'exploitation peut résulter des subventions ou provenir des emprunts à
taux confessionnels ou aux conditions du marché. L'analyse de la rentabilité doit
donc tenir en compte la part des ressources extérieures et faire la différence entre
les rendements avec ou sans subvention avant de pouvoir apprécier le degré
d'autonomisation financière de l'institution.
247 Dans la publication en 1995 de son étude sur la rentabilité de onze banques solidaires, le groupe
consultatif d'assistance aux plus pauvres (GCAP) de la banque mondiale avait pensé qu'il fallait en général
5à 10ans pour que les IMF parviennent à l'autosuffisance financière et opèratiolU1elle, et ce avec un appui
considérable des bailleurs de fonds. (Grain de sel, 1997: 12) Ce délai semble être confirmé par le ORET
qui, en 1995, c'est-à-dire quatre ans après le démarrage de son projet au Cambodge, affIrmait que: « plus de
50% des charges de fonctionnement (de son projet) sont couvertes par les produits financiers. Cette part
augmente progressivement. .. »(GRET, 1995, p23).
303
248Le taux du marché est souvent référé au taux dont les banques commerciales rémunèrent les dépôts à
tenne de plus de 90 jours
304
• Les emprunts bonifiés qui sont des fonds que l'IMF reçoit par le biais d'un
contrat de prêt ou de tout autre accord contractuel fixant un taux d'intérêt inférieur
à celui en vigueur sur le marché. Il convient pour l'IMF s'il bénéficie d'un
emprunt à taux bonifié ou non.
Ces emprunts sont quelque part responsables des écarts entre les lMF. Elles ne
prennent pas souvent le soin de notifier le taux de leurs emprunts. Toutefois, les
partenaires au développement ont des taux sensiblement égaux allant de 5 à 6%
À la lecture des données, le PAMECAS avec ses fonds propres (3 364 053
765 FCFA contre 734 084 336 FCFA à l'UMECU), et son épargne (7 692 484
000 FCFA contre 4 954 931 934 FCFA à J'UMECU), présente un ratio de dettes
sur fonds propres plus faible. Cependant, l'UMECU présente une santé financière
surtout quand on sait qu'elle n'a pas bénéficié d'une subvention régulière sur des
années comme ce fut le cas pour le PAMECAS avec DID. Aussi, la situation de
l'UMECU se comprend d'autant que la logique des institutions mutualistes veut
qu'elles fassent recours à des emprunts et autres subventions au début de leur
exercice. Il s'agit de laisser ensuite la croissance de l'activité et surtout de
l'épargne se substituer petit à petit aux emprunts externes. Certes, les difficultés
249Cette somme se compose de la manière suivante: 43 392 314 en emprunt à court terme et 2097 735 070
en emprunt à long tenne
305
liées à la gestion durant la première année (c'est-à-dire en 2002) ont été à l'origine
de quelques errements. Cependant, les rectificatifs apportés en 2003 comme le
non recours aux emprunts confirment la volonté de performer et d'exploiter
d'abord les ressources propres.
Le calcul de la rentabilité sur la base ajustée permet de tenir compte des effets
des subventions, de l'inflation, de la dotation aux provisions pour créances
douteuses et de tout élément qui n'est pas normalement inclus dans le résultat net
d'exploitation. Aussi le rendement du portefeuille ainsi que l'autosuffisance
financière sont calculés. L'un pour apprécier la qualité du portefeuille et l'autre
pour évaluer le niveau de couverture des charges d'exploitation retraitées par les
produits d'exploitation. La lecture du rendement nous permet de voir en fin de
compte si les produits d'exploitation couvrent largement les charges de ces
structures.
Rendemenl ajusté de
2,5 % 0,8 % 3,04 % 3,44 % 5,56% 0,24 %
l'actif
251 On n'a pas les fonds propres de 2001 pour pouvoir obtenir le fonds propres moyens entre 2001 et 2002
252 Au niveau de l'UMECU le retraitement se fait seulement pour la subvention ainsi pour calculer ce taux on
prend le montant du résultat net d'exploitation auquel on défalque la subvention d'exploitation et on fait le
rapport sur le montant des fonds moyens de la période Avec l'ajustement le rendement des fonds propres
passe avant et après ajustement de 6,59% à 2,75% en 2003 et de 53,72% à 50,27% en 2002
307
.
Source: Enquete, N.SlI1e (2007)
L'UMECU est née sur fonds propres, et il y a à la suite des appuis qui sont
ventiS "accompagner" le mouvement. Si on regarde la structure des capitaux,
on s'aperçoit qu'il y a beaucoup de capitaux étrangers. Notre stratégie
financière ne se pose pas en terme d'autonomisation, mais d'équilibre
financier: rechercher les capitaux qui permettent à l'UMECU d'être sur le
chemin de la croissance équilibrée, trouver une bonne distribution entre
capitaux propres et capitaux étrangers (M.BD., DGIUMECU).
Performances 200
2001 2002 2003 2001 2002 2003 2002 2003
1
255 Les produits d'exploitation couvrent largement toutes les charges preuve de pérennité et de viabilité
309
charges d'exploitation durant même cette période due à de grosses dépenses parmi
lesquelles, le recrutement impol1ant de personnel, J'informatisation du réseau
ainsi que l'équipement de caisses de bases. En revanche, le taux d'autonomie de
l'UMECU peut s'interpréter par sa maîtrise des coûts du personnel, mais aussi son
recours important au bénévolat. Par conséquent l'autosuffisance financière, qui
n'est autre que le taux d'autosuffisance opérationnelle ajusté des provisions est
plus avérée au PAMECAS en 2003, même s'il reste vrai que les ajustements sont
plus importants pour ce dernier et qu'une hausse des charges d'ajustements
entraîne une altération de ce taux. L'UMECU a dû faire face, elle aussi en 2003, à
une hausse de ses charges avec notamment les créances litigieuses de 2002.
2.293.935.
3.364.053 726458. 963.961. 617.944 734084
Fonds propres 062
765 787 367 572 336
Conclusion
Organ isationnelJe Capacité à être gérée localement avec des ressources humaines
locales dans le respect des procédures et la maîtrise des risques
Adéquation des produits et de la méthodologie aux besoins de la
population
Tableau 6.33 Récapitulatif des ressources financières mobilisées par les trois
IMF
~
PAMECAS PAME UMECU
Performances
Ressources principales Epargne, Lignes de crédits, Epargne,
Subvention, Frais liés au Emprunts commerciaux
Frais liés au crédit, crédit Frais liés au crédit
Frais générés par les autres Frais générés par les
produits et services (dont le autres produits el
transfert d'argent) services (dont le transfert
d'argent)
Résultats de Autosuffisance Rentabilité Autonomie
l'accumulation opérationnelle et financière financière opérationnelle
Source: Enquête, N.Sme (2007)
Lier l'accès au crédit à l'épargne est certes louable, mais peut s'avérer très
difficile comme exigence pour la population défavorisée. Cette disposition risque
d'induire une sélection adverse au PAMECAS même les dirigeants rassurent par
312
le fait que « notre force c'est la qualité de notre organisation. Mieux, beaucoup de
nos caisses sont autosuffisantes, nous en sommes à faire des placements. (... ),
Avec nos membres, nous faisons tout pour les amener à respecter les procédures
normales» (K.F, PCAIPAMECAS). En lieu et place d'une exigence pour imposer
de la discipline à ses membres au PAMECAS, ['UMECU fait preuve d'une
certaine indulgence à l'égard des siens. La volonté de diversifier les ressources en
faisant recours à des moyens financiers extérieurs atteste un besoin de satisfaire
tous ses membres.
256
Dolé yi yamougnou . Les gens veulent s'en sortir, mais n'ont pas les
moyens. Nous faisons preuve de compréhension. Je vous assure que les
moyens sont là, il y a beaucoup d'argent disponible, il faut juste savoir les
chercher. Nous avons une force sociale et tout le monde voit ce que nous
réalisons pour le développement économique de ce pays. Nous allons
mobiliser toutes les ressources nécessaires pour financer nos membres, du plus
petit commerçant au plus grand exportateur. C'est ça notre force (M.L.,
PCA/UMECU).
Introduction
La performance sociale des IMF nous permet, suite à une synthèse de leurs
modes d'organisation et de fonctionnement, de procéder dans ce chapitre à
l'analyse de leur capacité de lecture et de prise en charge des besoins des
populations. Dans ce chapitre nous essayons de comprendre les éléments sociaux
qui fondent la pertinence des produits et services offerts par les IMF. Deux
processus d'intermédiation sociale se dégagent. D'abord, plus que toute autre
dimension, le capital social reste l'élément le plus déterminant dans les
mécanismes de production de richesses à la fois pour les institutions et les
populations. En effet, de son accumulation, son organisation et son amélioration
dépendent d'Une part l'adaptation et l'efficacité des produits offerts par les IMF,
et d'autre l'accès ainsi qu'une meilleure utilisation de ces produits. Ensuite,
l'intervention de partenaires au développement a permis de voir, dans les
cheminements des institutions financières et des promoteurs, des apprentissages
entrepreneuriaux qui sont attestés par des reconfigurations institutionnelles, un
processus évolutif de leurs activités respectives ainsi qu'un perfectionnement sans
cesse de leurs méthodologies. Ces analyses ont montré un réingenering des
structures de microfinance et une convergence sur le membership.
314
Pour les formalistes qui se sont inspirés de Simmel, « ce n'est pas le contenu,
mais la forme des interactions qui importe, et qu'il s'agit de pendre pour objet, si
l'on veut comprendre l'émergence, le maintien, les enjeux et les transformations
des formes sociales» (Mercklé, 2004 :). Dans les chapitres précédents, nous nous
sommes intéressés au contenu des réseaux, il nous parait intéressant alors, à ce
niveau, de voir les formes que les réseaux peuvent prendre d'autant plus qu'en
évoluant, ils peuvent soit présenter de nouvelles configurations ou développer de
nouveaux types de partenariats suivant leur orientation. Ainsi, dans une
perspective transactionnelle, nous avons cherché à décrire la dynamique des
échanges dans les réseaux que les acteurs sociaux mettent en place. Cependant,
nous n'irons pas jusqu'à mesurer leurs propriétés ou à apprécier leur densité
comme en sociométrie, mais le fait que ces connexions existent est révélateur
315
Partie de la structure de base, les IMF ont déployé une extension à la fois
synchronique et diachronique, renforçant par ce fait leur capital social. Le
déploiement synchronique suit une forte pénétration et une mise en réseau des
structures de base en union, alors qu'à un niveau supérieur, des unions se
réunissent sur la base de critères très sélectifs prédéfinis. Ainsi autant les
structures de base se dotent de capacités supplémentaires en intégrant une union,
autant les structures faîtières peuvent acquérir une force de proposition en fédérant
leurs ressources. Ceci constitue un autre type de réseau que la loi n'avait pas
prévu et qui ressort de l'évolution du système financier décentralisé. Le capital
social, dans les deux cas, constitue la passerelle qui mène vers l'acquisition de
plus de pouvoir. Aussi, l'approche structurelle du capital social laisse voir des
morphologies de réseaux différentes: une configuration en réseau vertical à
l'image des unions et une autre en horizontale ou il n'y a pas de hiérarchies. En
fait, sur la base d'objectifs communs et, eu égard au niveau de développement, les
institutions de microfinance se constituent de plus en plus en réseaux à la fois
nationaux et internationaux, dans un souci de bâtir une force commune dotée
d'une capacité de négociation avec la puissance publique.
m Selon Putman (1995), elle est un bien public plutôt qu'une ressource privée, en ce sens qu'elle constiole
un enjeu pour la cohésion sociale et la démocratie. Ce capital social serait constitué par les normes et les
réseaux qui facilitent la confiance, la coopération et l'action co.llective à un niveau macrosocial.
318
Aujourd'hui, la caution solidaire peut aller jusqu'à prendre les formes d'une
association ou même d'une société de cautionnement mutuel. La pertinence de ce
nouveau mécanisme est qu'il allie l'approche de la caution solidaire avec les
principes de mutualité grâce aux procédures d'épargne préalable. La gestion du
risque est dans ce cas assurée à deux niveaux: d'abord par un fonds de garantie,
ensuite par une assurance « du crédit intérieur» qui est une des formes
d'assurance ayant pour objet de garantir le risque de non-paiement du débiteur en
cas d'insolvabilité déclarée ou présumée. Mieux, les choix ne sont plus seulement
affinitaires, mais supposent de plus en plus une convergence dans l'activité. Il se
dégage dès lors dans l'organisation des populations différents paliers de
cautionnements.
L'effet du partage des risques par le groupe, recherché par le programme, s'est
profilé vers une approche par filière intégrée qui, avec la mise en place de fonds
de garantie et intéresse de plus en plus les structures bancaires classiques. En
effet, l'expertise technique ou professionnelle commune constitue un élément
important à la différence des formules originelles de caution solidaire. Il permet la
mise en place de nouvel les formes de coopératives qui demandent une gestion
321
258 Des assises de Dakar. il est retenu qu'une association de cautionnement mutuel est une institution qui
vise il constituer « un mécanisme de garantie du crédit pris par les membres auprès des institutions
tinancières. II intègre les principes du mutualisme et d'épargne préalable du crédit mutuel et l'approche en
groupes locaux ». (CIRAD, 2002) Rappelons que le programme d'appui il la sécurité alimentaire (PASAL) a
mis en place la première expérience de cautionnement mutuel en Afrique.
322
renseigne sur le choix qui est fait d'une structure de cautionnement mutuel comme
coopérative et non comme société.
Avec les 5 % que chaque caisse de base verse au fonds social domicilié au
niveau de J'union, le PAMECAS s'investit dans la prise en charge des besoins des
populations. Mieux, à la mutuelle de base MECIB, on constate un glissement du
fonds social vers la mise en place d'un produit d'assurance santé pour les
populations membres. L'idée d'allier l'épargne - crédit à l'épargne - maladie fait
suite à une lecture des difficultés d'accès aux soins de santé par les populations
défavorisées. En effet, il apparaît dans le contexte sénégalais que les ressources
destinées à la prise en charge des soins de santé proviennent essentiellement des
revenus des ménages qui sont caractérisés par leur faiblesse et leur irrégularité.
323
259 Couverture à 100 % des consultations curatives (y compris les médicaments génériques
disponibles à la pharmacie du poste de santé) et à 60 % sur les frais d'accouchement.
324
coûts moyens des prestations, Jes taux d'utilisation de services de soins de santé et
la forme d'organisation de l'assurance adaptée au contexte de la MECfB.
Ensuite, en cherchant à résoudre des problèmes tels que l'accès aux systèmes
de santé dans des zones aussi défavorisées que la banlieue de Pikine, le
PAMECAS agit sur trois registres. Premièrement, il s'implique davantage dans le
processus de lutte contre la pauvreté. La santé constitue un autre maillon faible
dans le système politique sénégalais. Le PAMECAS cherche ensuite à fidéliser
ses membres par un double engagement. Finalement J'accessibilité aux soins de
base que le produit offre fini par toucher de nouvelles populations du fait de
l'urgence de la demande dans les zones défavorisées.
Enfin, une des précautions prises par la MECIB se situe au niveau du mode de
cotisation. Au lieu du versement direct à la caisse, elle préconise le prélèvement
de la cotisation sur l'épargne, ceci malgré la réticence des membres. En fait, pour
la viabilité de l'assurance, l'enjeu majeur demeure le recouvrement régulier des
contributions des membres. La régularité ne pouvait être garantie sans le
prélèvement direct sur les comptes des membres. Des expériences ont montré que
les mutuelles de santé n'arrivent pas à atteindre de bons niveaux de recouvrement
avec le système de versement volontaire de la cotisation.
326
D'une part, les membres de l'UMECU ont installé une forte interdépendance
entre les relations de parenté et les réseaux économiques. À travers les baol-baol,
l'espace religieux sénégalais offre aussi un site d'observation des dynamiques
sociales qui s'affirme par la même occasion comme un lieu de recomposition
sociale et politique. Mais au-delà des aspects sociaux et religieux, la conviction
d'appartenir à un monde commun peut déboucher sur l'adoption de règles
garantes du vivre en commun. Mieux, un leadership collectif est développé au
sein de ce groupe de personnes qui partagent la même histoire, les mêmes
croyances et qui ont une commune volonté d'atteindre les objectifs qu'ils se sont
fixés. Ce leadership collectif des pionniers participe à motiver le reste des
membres. Il s'évertue à actualiser et à renforcer le sentiment d'appartenance chez
les membres. Ainsi, au-delà du don qui impose à chaque fois une nouvelle
obligation de rendre, la réciprocité que les élus de j'UMECU cherchent à créer
dans ce cas, garde un caractère tout aussi contraignant. Les références à la
religion, aux valeurs cu Iturelles ainsi qu'à l'appartenance à la structure, facilitent
l'établissement de transactions non ponctuelles. Mieux, de la même façon que la
relation n'est pas ponctuelle, le remboursement du prêt contracté ne devient plus
libératoire comme c'est le cas au PAME par exemple, où une expression revient
souvent :« je fais tout pour leur rendre leur argent », excluant tout sentiment
d'appartenance. Cette forte réciprocité à !'UMECU installe une proximité plus
affective que relationnelle qui fait que la confiance reste personnalisée. La
proximité dans le cas du PAME est particulièrement relationnelle. Les rapports du
groupe étant médiatisés par la monnaie ou la marchandise, celui-ci se disloque dès
['atteinte de ses objectifs. Au PAMECAS, cette proximité serait à mi-chemin, elle
dépend très souvent du degré de satisfaction du membre.
328
260Ici, nous entendons par culture ce mode d'action et de pensée inventé par un groupe pour faire face à ses
problèmes, qui a assez bien marché de façon à être validé et partagé. Cette culture particulière est différente
de la culture nationale. Pris dans son sens strict, la culture est caractérisée par des modèles d'agir. de
contrainte, de comportement auxquels les individus adhèrent et se réfèrent dans Je champ des pratiques
sociales.
329
261Le terme enclave n'a aucune prétention religieuse, il désigne seulement ici l'étroitesse et le caractère
mystique des pratiques qui entoure la secte et qui se réfère presque exclusivement au Ndiguel. Le Ndiguel (ou
ordre) constitue chez les mourides un principe supérieur
262 À la lumière des reproches faits aux entrepreneurs du secteur informel de rechigner il investir dans des
créneaux qu'ils ne maîtrisent pas, le sentiment de sécurité peut limiter les ambitions.
263De l'avis de Sané, " ... c'est par les modèles qu'il invente que l'individu entre dans la culture soit en la
reproduisant, soit en J'innovant" (Sané, 2003: 209)
330
s'appuie. Il n'est pas doté ici « de préférences stables en référence à des valeurs
ou des normes qui seraient donnés une bonne fois pour toutes. » (Laville et
Lévesque, 2000), il agit selon plusieurs principes de justification (Boltanski et
Thévenot, 1991) qu'il juge pertinents et dont il est capable de concilier dans le
déploiement de ses activités.
De la même façon que pour les !MF, le point de départ des populations se
trouve être le capital social qui lui offre principalement deux facilités:
331
264 "La force d'un lien est une combinaison (probablement linéaire) de la quantité de temps, de l'intensité
émotionnelle, de J'intimité (la confiance mutuelle) et des services réciproques qui caractérisent ces liens»
(Granovetter, 2000 : 46) Ces liens faibles sont noués par les usagers dans le cadre de l'exercice de leurs
différentes activités.
332
265 Ce sont des associations informelles que des femmes d'un même quartier mettent en place. Au début.
c'était fait pour sortir de l'ennui. Il faut dire que ces femmes étaient généralement inactlves et analphabètes.
Elles ont par la suite commencé à se cotiser afin de mettre en place des activités ou de permettre à celles qui
333
sont rapprochées des IMF. La transition est cependant possible, mais elle n'est pas
sans conséquence, puisqu'elle est susceptible de rompre les liens primaires et le
réseau de départ pour enclencher un processus progressif d'institutionnalisation.
Lorsqu'elle est possible, la transition laisse voir un processus entrepreneurial qui
peut-être soit individuel, brisant les liens de départ, soit collectif avec le
redéploiement du système associatif et la reconfiguration de l'organisation et des
activités. Le témoignage de la présidente d'un groupement au MECIB atteste des
lenteurs et décalages qui peuvent exister dans les groupements.
Il est très difficile de travailler dans certaines conditions et puis les niveaux de
dynamisme différent. Il y a des femmes qui remboursent facilement et qui
veulent avoir un autre crédit, pendant ce temps il y a en qui ne parviennent pas
à tenir correctement leur commerce. Non seulement elles retardent le reste du
groupe dans l'acquisition d'un nouveau crédit, mais on a l'impression qu'on
travaille pour elles. (...).Dans mon cas je fais une autre activité à côté. Mais
c'est très difficile, on pense que je fais un détournement du crédit alors qu'au
MECIB on sait bien que j'ai ouvert un compte individuel (A.S., présidente
GŒ/PAMECAS).
le désiraient d'en exercer. Ces mbotay ont été .l'uoe des cibles privilégiées des programmes d'aide au
développement.
334
Ensuite lorsque les objectifs financiers sont plus explicites, la relation devient
moins folklorique, plus pragmatique et parfois très ponctuelle. Ce principe
associatif suppose un engagement mutuel de deux ou plusieurs personnes qui
s'obligent réciproquement pour un objectif bien déterminé, le plus souvent sur la
base d'une contribution de chacun constituée comme garanti, ou un « apport
personnel» afin de pouvoir bénéficier d'un prêt ou d'une subvention auxquels les
concernés pris individuellement ne pourraient accéder. La règle du jeu consiste à
se retrouver de façon périodique afin de procéder au remboursement. Il constitue
dès lors une manière de contourner l'obligation faite au niveau des IMF de se
constituer en association pour accéder à certaines formules de crédit. La
ponctualité du contrat financier n'altère en rien les rapports sociaux, qui
dépendent plutôt du respect des engagements pris. C'est le type de relation qu'on
observe le plus au niveau des membres de l'UMECU et dans une moindre mesure
au PAME. En effet,
il arrive qu'on soit devant un besoin urgent, comme faire des livraisons
importantes, ou réparer un camion et que je n'ai pas la caution nécessaire
pour le montant que je veux, je peux m'arranger avec des amis qui sont au
niveau de la caisse. Parfois même je peux faire recours à des gens qui ne
sont pas membres pour régler mon problème. Vous savez chez nous, on
fonctionne sur l'urgence surtout ceux qui sont dans le commerce. Les
prévisions de départ sont souvent faussées, alors il faut être prompt à
réagir. C'est notre façon de fonctionner, on a tous besoin l'un de l'autre.
Aujourd'hui tu m'aides et je te le rends demain (A.G,
promoteurIUMECU).
L'utilisation du capital social laisse voir deux aspects. D'une part, les IMF
s'appuient sur la solidarité pour pérenniser leurs activités et de l'autre, que cela
soit de façon conjoncturelle ou structurelle, les stratégies des populations sont
possibles grâce à la confiance. Mieux J'établissement d'un esprit de collaboration
et d'un climat de confiance entre acteurs de la microfinance, l'organisation et le
renforcement du tissu associatif, le renforcement de la cohésion sociale ainsi que
Ja capacité de réseautage sont autant d'éléments qui consolident Je capital social.
336
Tableau 7.34 Les deux formes d'utilisation du capital social dans l'accès au
crédit
Trois types d'apprentissage sont mis en exergue par l'analyse à laquelle nous
avons procédé. L'apprentissage par la formation, celui par l'information et le
processus d'accompagnement. Ils se profilent de trois façons. Il y a les structures
comme le PAME pour qui le crédit est normalement lié à la formation (même si
ce n'est pas toujours le cas). Aussi au niveau des institutions mutualistes on peut
déceler un processus d'apprentissage lié au recours aux services offerts et/ou à
337
cas de figure, la fonnation est entièrement financée par les bailleurs et les services
sont assurés par un personnel externe au PAME qu i offre le cadre et assure la
supervision. Ensuite, une assistance technique est apportée aux promoteurs durant
les visites de l'activité. Les administrateurs de crédit qui font ces visites peuvent
au besoin prodiguer des conseils en gestion aux clients qui rencontrent quelques
difficultés. Enfin, un accompagnement se fait par l'intermédiaire des partenaires
techniques en amont et en aval de celui du PAME. Dans ce cas précis, une caution
est accordée à la structure d'accompagnement dans le montage du dossier de prêt.
266 Dans sa classification, Favereau distingue l'apprentissage individuel qu'on peut définir comme
l'apprentissage des règles. à l'apprentissage collectif Ce dernier résulte selon Julien et Marchesnay
(1996:94),« .. d'un ensemble d'interdépendances fonctionnelles entre acteurs, fondées sur leur appartenance
à un même territoire. Ces interdépendances favorisent un processus d'apprentissage collectif par l'échange
d'information. la réduction de l'incertitude du fait de cet échange et l'innovation systématique partagée.»
situe à des niveaux différents. D'abord à l'endroit du personnel élu, des séances de
formation sont organisées en moyenne tous les deux ans pour les membres des
différents organes. Les structures dirigeantes sont renouvelées au tiers sortant à
cette fréquence à l'issu des assemblées générales et sectorielles. Les nouveaux
membres doivent alors recevoir une mise à niveau sur leurs rôles et
responsabilités à travers les dispositions inscrites dans les différents documents de
base. Ensuite, il yale personnel technique et administratif qui suit de façon
permanente des modules de formation et de perfectionnement sur les outils de
gestion. On peut noter enfin, à l'endroit des membres simples, un apprentissage
informel parce que non élaborée et ne suivant pas une planification formelle. Cet
apprentissage est consécutif aux interactions pour accéder aux services et produits
offerts par les institutions mutualistes. Des connaissances s'acquièrent au travers
des entretiens avec les caissiers qui assurent le premier niveau d'information sur
les produits. Après, les agents de crédit procèdent à des séances d'information par
groupes aux nouveaux demandeurs de crédit suivant un calendrier prédéfini. Mais
parmi toutes ces interactions, les contacts directs entre membres s'avèrent les plus
riches en information, chacun voulant bénéficier de l'expérience de l'autre.
L'apprentissage suit à ce niveau un processus de capitalisation d'informations et
de pratiques. On peut dès lors constater une absence de politique de formation des
membres. En effet, selon P.F(Promoteur/PAMECAS),
que l'accès au crédit seul n'assure pas la réussite de J'activité. Dans l'une et
l'autre structure, il est évoqué, J'absence de financement pour ce genre de service
et l'existence de structures locales qui en fournissent. Cette position des IMF
laisse voir un double handicap: le premier se situe dans la démarche. En effet, ce
chaînon manquant devrait se constituer en amont et en aval du recours aux
services financiers à travers un processus de formation suivi conseil et non plus
comme cela se fait avec les lignes de crédit ou les bénéficiaires reçoivent de façon
ponctuelle une « remise à niveau ». Il est nécessaire que la connaissance du métier
évolue graduellement avec la formation, afin de s'adapter aux nouvelles façons de
faire. Le second handicap se situe dans la méthodologie adoptée pour donner
l'information. Si on s'arrête sur les nombreuses incompréhensions qui existent au
niveau des membres surtout lors des remboursements, on peut penser que les
approches individuelles ne semblent pas être très efficaces.
Dyna-Entreprises est une entité de l'USAID 268 s'est investie dans l'appui
institutionnel des lMF à travers des modules de formations subventionnés pour les
268 Le contrat de service de "Dynamique des Entreprises" (Dyna-Entreprises) est fini en 2004, mais elle aura
la formation est souvent générale et elle se fait sur la base des thèmes comme
la gestion comptable. Il est vrai que nous avons ce genre de problèmes, mais la
généralité avec laquelle le cours est donné n'embrasse pas tous les niveaux du
problème. En plus de la façon dont le cours est dispensé, son caractère
ponctuel aussi pose problème aux promoteurs (M.M.N., promoteur/PAME)
Il Ya, dès lors, un premier niveau micro d'organisation des promoteurs sur la
base de trois critères: la filière, la complémentarité des activités et la zone
d'exercice de l'activité 269 . Ces différentes activités doivent avoir Je même
potentiel de croissance. L'intervention d'organisation et d'encadrement est faite
avec des prestataires de services en matière de formation. L'idée ici consiste à
« impliquer le plus tôt possible les prestataires de services pour les sensibiliser
aux problèmes des promoteurs et d'amener ces derniers à recourir davantage à la
formation, aux études et conseils dans l'exercice de leurs activités. »270
269La zone d'habitation devient de moins en moins pertinente, ce qui dénote la nécessité de se départir de
plus en plus des logiques domestiques.
sur le contexte de son activité et à renforcer par delà son sentiment d'insertion
dans un tissu socioéconomique collectif. La finalité serait d'amener le promoteur
à adhérer à une organisation professionnelle et à formaliser son unité de travail.
L'analyse à laquelle nous avons procédé sur les produits offerts par les
institutions de microfinance a montré trois grandes formules qui coïncident aux
trois niveaux traditionnels de développement d'activités des populations
défavorisées (Lévesque et Mendell, 2000, Niang, 1996). En effet la classification
345
271 Le différé n'excède pas deux mois dans toutes les institutions.
272Au-delà de la discipline en micro finance qui se réfère au dénouement correct du prêt, le membre doit
apprendre à distinguer les sphères domestiques et économiques.
346
je peux vous dire que j'ai fait tous les échelons, les tontines et tout. J'en suis
maintenant à demander 10 millions. Cela ne me suffit même pas. Je suis
obligée de faire un cumul de prêt parce que PAME ne peut pas dépasser ce
plafond. Je reste avec le programme malgré tout parce qu'il y a déjà la
confiance et je peux bénéficier de quelques dérogations, on ne sait jamais
(M.D, promotrice/PAME).
Notons que les niveaux de développement ne sont pas des étapes qUI se
suivent nécessairement. En fait, une entreprise peut débuter par le niveau
intermédiaire ou même s'inscrire directement dans une activité de promotion,
c'est le cas de P.F :
27) Le formel ne fait pas rêfèrence à l'institutionnalisation, mais simplement aux contours plus précis dans
lesquelles l'activité évolue.
347
274 Le Fonds de promotion économique est une ligne de crédit que l'État domicilie dans les banques
commerciales pour les PME.
remboursement sont autant d'éléments qui initient les populations les plus pauvres
à une auto discipline. En second lieu, il est de plus en plus inscrit dans le
financement d'une quelconque activité, une étude de faisabilité, qu'elle soit faite
par des professionnels ou de façon sobre par les agents de crédits. En fait, l'une
des faiblesses des activités du secteur infonnel, en dehors des aspects juridiques
est sans nul doute le manque de visibilité de l'activité ainsi que la viabilité dans
toutes ces formes. Une telle étude présente entre autres trois principaux avantages.
D'abord, elle permet d'appréhender le marché afin d'évaluer la viabilité
économique, technique et financière de l'activité. Ensuite, elle implique les
promoteurs à tous les niveaux du processus d'élaboration du projet d'activité en
vue d'une meilleure appropriation. Enfin, une telle étude permet de disposer d'un
business plan et d'un plan de suivi évaluation. Elle participe par voix de
conséquence à la formalisation de l'activité. En troisième lieu, la double adhésion
des entrepreneurs à la mutuelle et à un groupe de pairs par l'entremise du
cautionnement mutuel lui permet de briser l'isolement, et de se doter d'une
meilleure capacité d'accès aux ressources qu'elles soient sous forme
d'information, d'apprentissages d'une démocratie participative ou représentative
ou alors de capital relationnel.
Dès lors si on se situe sous l'angle d'un développement local qui s'apprécie ici
par l'élargissement du champ des potentialités que des dispositifs financiers
peuvent permettre aux populations locales, on peut voir que, sans être directement
reliées à une structure de gouvernance locale, les IMF concourent à l'insertion
économique des populations et au renforcement des réseaux associatifs locaux.
Elle contribue au renforcement du potentiel de concertation et de partenariat de
deux manières. D'abord à travers le financement, elle contribue à l'élargissement
et à l'ouverture des réseaux locaux par leur inscription horizontale et parfois
verticale dans des réseaux financiers. Ensuite, elle favorise les apprentissages
collectifs suivant la dynamique du partenariat qu'il met en place et les
méthodologies de financement des entreprises.
349
277 Selon le manque qu'elle peut caractériser, la pauvreté est susceptible de se retrouver dans les différentes
couches de la population.
278 Même si au PAMECAS certaines activités étaient jugées à risque avant l'installation du CFE et les
350
La nouvelle subdivision qui s'en est suivie érige les caisses de bases les plus
performantes dans chaque zone en caisses - mères. Les analystes de crédit du
département crédit et contentieux sont dispatchés entre les caisses mères et le CFE
pour prendre en charge le service crédit. L'objectif de cette reconfiguration n'est
pas seulement d'accompagner leurs membres, mais aussi d'accroître le taux de
pénétration en bas, au niveau des populations les plus vulnérables et d'attirer en
haut le maximum de promoteurs avec la revue à la hausse des plafonds de prêts.
En se complexifiant ainsi, le PAMECAS donne les preuves d'une réelle
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280 L'engagement par signature concerne les entrepreneurs membres du PAMECAS qui gagnent des marchés
et ont besoin d' avoir une banque qui se porte garante pour décaisser en cas de non-respect du travail. Notons
qu'il n y a encore jamais eu de décaissement effectif de la part du PAMECAS
353
ET INDUSTHIELS DU SÉNÉGAL'
FINANCIER
UNAC01S/DEF
2a) On se rappelle la promesse des responsables de l'UMECU qui prévoyaient "100 muruelles d'épargne et
de crédit à installer d'ici à la fin de l'année 2001}) (Diaw, 2001) avec un minimum de 03 structures de base
par département. Aussi, l'idée de mettre en place une banque a précédé l'installation de mutuelles d'épargne
et de crédit qui devait constituer un raccourci. Ensuite, la conception qui est retenue pour la mise en place
d'une banque ne semble plus dépendre de la performance des strucrures de base.
354
STRUCTURE FINALITÉS
282
PAMECAS Conforter le CFE en tirant le meilleur parti des TPE et PME
Se convertir en système mutualiste à l'image de l'ACEP pour élargir
PAME
les opportunités.
Professionnaliser et consolider le capital du réseau
UMECU Mettre en parallèle une banque commerciale dont les populations
seraient les premiers bailleurs
,
Source: Enquete, N.Slne (2007)
282 Le centre est encore à mis chemin d'une banque classique avec les références à la loi bancaire et une
institution de microfmance puisqu'il est porté par des mutuelles
355
meilleure croissance en élaborant des formules chaque fois plus précises avec un
souci prononcé dans la maîtrise du risque de crédit. Cette option d'aller de l'avant
et d'emporter, par effet d'entraînement, les promoteurs les plus performants pose
la question pertinente des risques commerciaux sur les objectifs sociaux. Pourtant,
on peut voir dans le choix des JMF de maintenir des activités de micro crédit dans
le dispositif des services financiers une volonté de lier performance économique
et sociale. Inscrit dans cette dynamique de performance des activités qu'il finance,
le PAME adopte un modèle institutionnel plus adéquat tandis que l'UMECU,
moins exigeante, multiplie les opportunités pour ses membres.
Par ailleurs, si on part du constat suivant lequel, les !MF ne se sont pas
formées dans une perspective de rentabilisation du capital investi, mais dans un
objectif de satisfaction d'un intérêt général ou d'un intérêt mutuel, de contribution
au bien commun ou de réponse à des demandes sociales exprimées par certaines
catégories de la population (Laville, 1997), on serait tenté de questionner la
volonté de mise en place d'une structure bancaire par l'UMECU. Mais qu'on
l'appelle banque, portée par une association, ou centre financier soutenu par un
réseau de mutuelles, il demeure que les objectifs dans les deux structures sont les
mêmes. Mieux, elles laissent voir un "isomorphisme institutionnel", c'est-à
dire cette tendance qu'ont des organisations développant leurs activités dans un
même champ à se ressembler et à se conformer à un modèle dominant.
Cependant, les populations, nous l'avons vu, ne sont nécessairement pas passives.
Elles constituent le support sur lequel les politiques sont élaborées, appliquées et
les résultats obtenus. Aussi les IMF restent conscientes que celles-ci gardent une
certaine liberté. Les pratiques de double inscription et de cumul de crédit dans des
institutions différentes par les populations confortent cet état de fait et précipitent
les lMF vers une convergence sur les membres.
283 Dans ce type de stratégie, il y a une vision de r organisation, de son identité et de ses activités qu'on tente
d'actualiser.
CONCLUSION GÉNÉRALE
populations, elle peut être aussi une alternative entre un système bancaire
classique « excluant». Ensuite, la microfinance est vue comme un outil
transversal, qui peut avoir des effets d'entraînement sur différents aspects du
développement et pas seulement sur les activités économiques. En effet, du fait de
sa démarche d'intermédiation, elle s'inscrit dans un processus de démocratisation
des ressources financières et sociales, d'autonomisation, mais aussi de promotion
d'un développement local endogène. La logique de financement participatif et de
gestion démocratique que les structures mutualistes suivent offre une meilleure
lecture du contexte socioculturel et des aspirations des populations locales.
Nous avons dès lors tenté de comprendre, à travers une évaluation processuelle, la
contribution de la microfinance à la création de richesses au Sénégal. Dans la
diversité des formes d'approches de celIes-ci, l'hypothèse principale qui a sous
tendu notre travail s'est articulée autour des structures mutualistes comme forme
institutionnelle capable de générer le plus de performance économique et sociale.
Ces performances se situent à deux niveaux: elles constituent d'abord un
préalable pour les !MF elles-mêmes. Elles permettent ensuite, une meilleure
redistribution des ressources accumulées à travers des mécanismes sociaux
souples et appropriés.
359
Ainsi donc, les théories sur les nouveaux mouvements sociaux, les approches
de la régulation ainsi que celles sur les logiques d'action, nous ont permis
d'apprécier le processus de composition ou de recomposition des IMF. En plus
360
forme de gestion que les mutuelles mettent en place implique une participation
des membres à tous les niveaux de décision. Le partage du pouvoir s'appuie sur
des mécanismes tels J'assemblée générale, le renouvellement des organes de
gestion, l'acquisition de parts sociales. Il se fait par strates selon qu'on est
membre simple, membre d'un organe ou responsable d'un département. Par ces
mécanismes, l'organisation procède à un système de délégation de pouvoir. La
démocratie qui la sous-tend est alors représentative. La participation est
différenciée, chacun agit en fonction de sa position. Elle implique un ensemble de
ressources et de jeux de pouvoirs. En effet, la vocation des mutuelles (ou
coopératives) est de mettre « le capitaJ au service du travail» à partir d'un
fonctionnement démocratique, une personne - une voix. Cependant sous ce label
de mutuelle d'épargne et de crédit se dévoilent plusieurs formes d'organisation.
Des différences peuvent être notées selon qu'on est au PAMECAS ou à
l'UMECU. Au PAMECAS, la gestion est participative, le travail est basé sur
l'expertise. Le PAMECAS se présente comme une société organisée ou les
relations sont structurées et impersonnelles. L'autorité est fondée sur une
hiérarchie formelle, souvent coercitive et l'émergence de valeurs communes ne se
fait qu'après un long temps d'apprentissage. En revanche, à l'UMECU le
fonctionnement est collectif, le choix est fait pour une autogestion, c'est-à-dire une
gestion collective sur des principes d'autonomie et d'indépendance. Les acteurs
sociaux qui ont porté le projet d'une participation au développement et de se doter
les moyens de Je faire, sont ceux-là mêmes qui gèrent encore la structure.
L'UMECU donne encore l'impression d'une communauté ou les relations sont
directes et personnelles. La formule communautaire qui est aussi inscrite dans la
gestion participative est fondée sur la reconnaissance de chacun des membres, ce
qui explique J'originalité de leurs actions. Mais elle use de l'influence qui se
reflète dans les rapports informels au sein de l'organisation. Cette influence
implique une capacité de persuasion et généralement une soumission volontaire
aux demandes d'autrui. Par conséquent, le champ de régulation que l'UMECU
présente est riche en actions novatrices du fait de la flexibilité et de
l'opportunisme de ses membres. Les membres répercutent ainsi à J'intérieur de la
363
structure les modèles sociaux qu'ils paltagent déjà dans la vie sociale. Les deux
modes de gestion à l'UMECU et au PAMECAS s'appuient sur la planification
pour performer. Mais la planification fait que la participation est souvent
abandonnée au profit de la performance. L'UMECU y recourt parce qu'elle est
confrontée à la maîtrise de sa croissance tandis que le PAMECAS y puise sa force
avec la qualité de son personnel et le niveau de réflexion qui accompagne son
processus de développement. Le choix de la performance plus que de
l'implication se reflète ainsi à travers la formalisation des procédures. Mais trop
de professionnalisme peut nuire à la sociabilité. Le perfectionnement des IMF
peut contribuer à diminuer la participation populaire des membres et à la rendre
plus instrumentale, limitant les acteurs aux règles de fonctionnement. Aussi, les
mécanismes de participations deviennent plus sélectifs. Les décisions prises
passent de moins en moins par l'étape de la légitimation pour aller directement à
celle opérationnelle. Pourtant, la participation des membres à la gestion des
mutuelles est extrêmement valorisante pour les populations. Elle constitue une
forme de reconnaissance de leur dynamisme économique et de leur leadership
dans le quartier.
284Dans ses principes, l'UNACOIS oeuvre pour que chaque individu ait la possibilité de travailler pour
mieux enrichir la communauté.
367
Dans leurs objectifs de lutte contre la pauvreté, les IMF mettent en évidence, à
travers leurs produits, trois stratégies d'appui à la population pour l'insertion
économique. La première s'adresse aux groupes les plus vulnérables dans le but
de les aider à démarrer une activité. Les IMF interviennent sur cette catégorie de
populations avec des programmes spécifiques ou des lignes de crédit. Les
populations ciblées sont organisées et parfois formées avant de recevoir des
financements. À ce niveau d'intervention, le ciblage devient nécessaire du fait que
la caractéristique de ces populations requiert des méthodologies particulières qui
ne répondent souvent pas aux politiques standards de crédit. Aussi, les IMF sont
souvent limitées par leur inaptitude à bien appréhender cette catégorie de clientèle
ce qui fait que ce premier niveau de l'intervention devrait être plus structuré et
moins ponctuel. La seconde stratégie d'appui est axée sur les capacités de
production des populations qui exercent déjà de petites activités rémunératrices.
La minimalisation des risques et les capacités financières conditionnent les
formules de financement à ce niveau. Il est vrai que le cautionnement mutuel est
une réponse aux problèmes de remboursement, mais il demeure malgré son usage,
une certaine méfiance dans l'octroi de crédit. De plus, ce second niveau est limité
par "absence de ressources longues qui expliquent la faiblesse des montants
prêtés ainsi que les délais courts des différés. La troisième stratégie d'appui vise
les micro-entreprises les plus promoteuses en vue d'aider leur transformation
avec des formules de crédits plus professionnelles. La mise en place des Centres
financiers pour les Entreprises (CEF) rend visible la performance des IMF dans la
gestion du risque, mais aussi l'évolution de la demande des promoteurs.
Ces différentes stratégies laissent voir une progressivité du crédit. Elle est
conséquente à la qualité de la gouvernance et à la capacité financière de
l'institution. Le développement de l'offre de microfinancement n'est toutefois pas
proportionnel au développement de la demande du fait des caractéristiques des
demandeurs. Cependant, la réussite du modèle Boal-baol permet de voir qu'il n y
a pas de relation proportionnelle entre le degré de pauvreté et la capacité
d'entreprise. Pour que la progressivité du crédit puisse entrainer une progressivité
369
Mais hormis ces contraintes et les stratégies pour les lever, l'analyse identifie
un point principal de convergence entre la microfinance et le développement. Ce
point de convergence s'inscrit dans l'hypothèse de l'insertion économique des
populations pauvres. En effet, pour participer au développement, la dynamique
impulsée autour de la microfinance doit créer les conditions d'accès durable des
populations au capital social et financier et renforcer leur capacité à participer à
l'économie et à la société. Cette exigence en appelle à tous les acteurs, elle se
justifie par le fait que le financement des populations pauvres fait converger à la
fois des choix politiques, économiques et sociaux.
La microfinance au Sénégal constitue ainsi un excellent révélateur des
opportunités économiques, des différenciations sociales, mais aussi de
l'imbrication entre l'économique, le social et le politique. Elle n'est pas seulement
un outil financier, mais devient une démarche politique dont J'objectif est
l'insertion économique et l'élargissement des « capabilités » des populations. Son
évolution ainsi que sa portée présentent plusieurs enjeux.
371
Par ailleurs, qu'il s'agisse d'un processus réel de développement qui s'est
déclenché ou d'une amélioration ponctuelle et lente, il ressort à la lumière de
notre analyse que la microfinance constitue une ressource incitative au
développement, un moyen d'action. Cependant, en s'appuyant sur des
intermédiations sociales, la microfinance met en évidence la nécessité d'une
synergie entre elles et les institutions qui fournissent des services aux populations
pauvres. Cette collaboration serait pertinente à deux niveaux. Elle peut soulager le
personnel des IMF qui n'est pas formé dans l'appréciation des situations sociales
des populations et leur organisation. De plus, une telle démarche concertée
permettrait de contenir les risques d'abus à J'égard des populations. La pertinence
d'éventuels changements d'orientation des lJVlF ne serait plus laissée à la seule
appréciation des IMF, mais ferait l'objet d'un débat. Toutefois pour être efficace,
ce partenariat doit bénéficier de l'influence et de l'arbitrage d'un État qui
circonscrit des politiques de développement local qui lieraient les différents
intervenants dans une perspective sociale et solidaire à la recherche d'un meilleur
rendement social. fi devient dès lors nécessaire d'articuler la microfinance aux
politiques de développement, pas simplement pour le financement d'activités,
mais en élaborant des solutions face à ses défis et enjeux. L'introduction de la
microfmance dans les DSRP doit être centrée sur deux axes principaux:
285
Des prémisses d'un développement s'apprécient ensuite au niveau local,
dans la prise en charge des questions d'urgence par les populations et les IMF.
Bien qu'encore faibles, les investissements dans les secteurs de l'éducation et de
la santé se font de façon plus structurée. Ils gagneraient cependant à être plus
performants, plus conséquents et pérennes. Pour dépasser le stade « d'effets
d'entraînement» ou « d'incidence », ce développement local pourrait se renforcer
dans des objectifs spécifiques à deux endroits.
D'abord, par un maillage plus serré des [MF: Il se ferait à travers une
approche territoriale qui cible les populations des différentes zones, avec des
méthodologies de crédit appropriées, selon la qualité de vie, les niveaux de risques
et les types d'activités. Il implique aussi une plus grande présence des IMF. Le
resserrement du maillage participerait à discipliner les populations par J'évitement
ou la maîtrise de la double inscription. Il permettrait, aussi, un meilleur ciblage
des activités d'accompagnement ainsi qu'une approche sectorielle plus aisée.
Ainsi, l'impact des IMF sur les populations et sur leurs activités pourrait être plus
visible et moins mitigé. En effet, si on prend l'exemple de la mésofinance qui se
développe, il serait hasardeux de l'attribuer exclusivement à la performance des
IMF. Elle constitue une conjonction d'orientations organisationnelles et
politiques, mais aussi de dynamiques créatives et évolutives d'entreprises.
285 Les prémisses ne renvoient pas seulement aux balbutiements mais aussi à une convergence
d'approches et de pratiques.
377
Date de J'entretien .
Nom de l'enquêté ..
1- Identification de l'enquêté
1. Age : Sexe : .
2.Niveau
scolaire: .
3.Formation
professionnelle ..
4.Parcours
professionnel. .
S.Nombre d'années d'expérience acquise .
6. Poste de responsabilité dans la structure ..
I.Dénomination de l'entreprise.
2.Date de démarrage.
3.Statut juridique .
4.Nombre de membre ..
S.Nombre de déposants au 31/12/2004 .
6.Montant des dépôts au 31/12/2004 .
7.Nombre d'emprunteurs ..
8.Encours de crédit au 31/12/2004 .
9.Encours d'épargne au 31/12/2004
1O.Effectif personnel .
II.Zones d'intervention .
Ville Nom du quartier .
12.Nombre de caisses de base .
13. Les documents de gestion: Statut et règlement intérieur. Politique de
crédit. Plan d'affaires Autres à préciser. ..
380
I.La mission ..
2.Les objectifs de l'IMF .
3.Le marché cible ..
4.Secteurs d'activités .
5. Les raisons du choix des lieux d'intervention .
6. La Relation avec les autres promoteurs (amicale, de parenté, hiérarchique, ...
etc.) ..
7. Les partenaires (population, État, bailleurs) ..
8. La particularité de la structure par rapport aux autres IMF .
2.Structuration de l'organisation
(organigramme) .
population .
financier .
6. Préciser les moyens par lesquels ses aspects sont appréciés (sondage,
étude etc.) .
d'investissement. .
Date de l'enquête ..
Identification de l'organe .
Nombre de membres ..
Présents .
N° Prénom et nom Sexe age Niveau d'étude Membre depuis Caisse de base
organes ..
- entre élus, .
- entre élus et membres, ..
- entre élus et salariés .
7.Les mécanismes de résolution de ces conflits .
8. Les aspects positifs et négatifs liés à la participation des organes de gestion .
9. L'impact de la structure sur la population locale
Nom de l'entreprise .
Date de l'entretien .
9. Le marché cible .
10. Disposition d'un local pour l'activité: local fixe de travail (propriétaire ou
location).. , ambulant, Autres à préciser. .
l.Procès du travail. .
Production .
Commerc ialisationlDistribution ..
2.Nombre de travailleurs .
- Parmi eux combien de salariés ..
- Non salariés .
- Combien de membres de votre famille .
3.Procédure de recrutement et types de contrats .
4. Quelles sont les instances de gestion dont vous disposez au sein de l'entreprise
(individuel et collectif)
obligatoire .
10. Identifiez nous les services financiers auxquels vous avez eu recours depuis que
vous avez commencé à exercer votre activité:
-IMF .
-Tontines (préciser montant, durée) .
-Banque commerciale
Préciser: taux d'intérêt, garantie, durée, montant ..
Autres services financiers à préciser .
Il. Quels sont les avantages et inconvénients que ces services présentent pour
vous '" .
-dépôts .
-retraits ..
386
13. Quelles sont les principales contraintes que vous rencontrez dans le cadre de
votre activité: (ne pas citer les différents aspects ci-dessous)
a. Mévente
b. Accès aux crédits (coûts du crédit)
c. législation (cadre réglementaire: taxes fiscales, douanier, litiges
commerciaux)
d. Concurrence (autres petites entreprises, grande entreprise)
e. Coûts des intrants (énergie, télécommunication, transports)
f. Approvisionnement
g. Autres préc iser : .
15. Les principales difficultés que vous rencontrez le plus souvent avec les IMF
a. problème de paiement,
b. demande de crédit non satisfaite,
c. garantie insuffisante,
d. compréhension des modalités de prêt et de remboursement
e. Autres à préciser .
Cas 1
Cas 2
Cas 3
17. Comment l'IMF vous aide t- elle dans la résolution de ces problèmes ..........
2ü.Quelle est l'incidence de votre travail sur le revenu général de votre foyer (sur
le plan matériel et
financier) .
2). Quels sont les éléments qui vous permettent d'appréciez cette
incidence ..
387
22.Pouvez vous nous dire les trois principaux aspects que vous appréciez le plus
dans les procédures des IMF.. (Ne pas lire les réponses.)
a. Taux d'intérêt plus bas que ceux d'autres sources de crédit non officielles
(prêteurs)
b. Source régulière de fonds de roulement
c. Solidarité de groupe ou dynamique de groupe
d. Formation ou assistance technique
e. Efficacité en comparaison avec les banques ou d'autres sources
f. Garanties plus faciles qu'avec d'autres sources de prêts
g. Autres (préciser les aspects sociaux) : .
23. Quels sont les principaux aspects que vous appréciez le moins dans les
procédures des IMF
a. Taux d'intérêt élevés ou fOltes commissions
b. Montants des prêts trop faibles
c. Épargne obligatoire
d. Nécessité de garantie
e. Cycle de prêt trop long ou trop COUlt
f. Problèmes de dynamique de groupe (avec les leaders ou aux réunions)
g. Réunions trop fréquentes ou trop longues
h. Lieu de réunion/bureau pas pratique
i. Politiques de remboursements (fréquence des échéances, montant)
j .Politiques de garanties
k. Coût de transaction pour le client (déboursement lent, doit encaisser les
chèques, etc.)
1. le comportement/attitude de l'agent de crédit ou d'autres employés de
l'institution
m. Insuffisance de la période de différée
n. Autres (préciser) : .
24. les services venant de l'IMF autre que les prêts et l'épargne
-précisez les services et
-quelle appréciation en faites vous .
25. Appréciation générale des services l'IMF .
26. Si vous pouviez changer quelque chose dans les procédures de l'institution
pour les rendre encore meilleures, que proposeriez-vous ? ..
286
1- PAMECAS
286 Au PAMECAS, le travail s'est essentiellement fait avec Mme Sagar Tall* au niveau de l'Union et Mme
Khady Fall* à la caisse de base. Elles nous onl accompagné le temps de l'enquête
389
2- UMECU 287
3_PAME288
287 A l'UMECU, le travail s'est essentiellement fait avec M. Ibrahima Ndiaye et M. Diouck qui nous ont
accompagnés durant le temps de l'enquête. Il a été particulièrement difficile d'enquêter à l'UMECU. Le
Directeur général a tenu à contrôler notre travail allant jusqu'à exiger de passer par lui chaque fois. Ce qui
nous a valu de faire un véritable travail de fourmi en prenant les contacts en dehors de la structure el en
multiplianlles sources. Nous sonunes allés jusqu'à nous demander à des tiers de s'inscrire comme membre.
288Au PAME, le travail s'est essentiellement fait avec M. lbrahima Ndiaye qui nous a accompagnés durant le
temps de l'enquête
390
1. PAMECAS
2. UMECU 290
291
3. PAME
289 Astou Seck a été enquêtée doublement. Elle a été sélectionnée conune présidente du groupement, mais au
cours de l'en quête nous nous sommes aperçu qu'elle s'est détachée du reste du groupe en menant ses
activités propres.
290 La caisse de !'UMECU choisie ne dispose pas réellement de groupement. Il y a seulement des opérations
291 Au PAME, les organes de gestion sont constitués par les gestionnaires, les planificateurs el Je directeur.
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