Jourdain Helene
Jourdain Helene
Jourdain Helene
Hélène Jourdain
Direction :
365 bis rue Jules Guesde
BP 50458
59658 Villeneuve d’Ascq cedex
Tel : 03 20 79 86 00
-2-
L'intérêt des comptines en maternelle
-3-
Remerciements :
Je tiens à remercier sincèrement Madame Fabre et Mme Lucidarme, qui, en tant que
directrices de mémoire, se sont toujours montrées à l'écoute et très disponibles tout au long
de la réalisation de ce mémoire, ainsi que pour l'inspiration, l'aide et le temps qu'elles ont
bien voulu me consacrer,
J'adresse également mes remerciements aux professeurs des écoles et aux parents
d 'élèves qui ont eu la gentillesse de bien vouloir répondre aux questionnaires que j'ai
distribués,
Je n'oublie pas les orthophonistes qui ont pris de leur précieux temps pour m'aider
dans mes recherches et qui ont contribué à leur manière à l'élaboration de ce mémoire
Enfin, merci aux personnes qui ont aidé à la rédaction de ce rapport et à sa relecture.
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Sommaire
Remerciements :..................................................................................................................... 4
Introduction............................................................................................................................ 6
Première partie ..................................................................................................................... 8
L'acquisition du langage chez l'enfant....................................................................................8
1. Qu'est ce que la phonétique ? ....................................................................................... 8
2. Tableau de l'Alphabet Phonétique ................................................................................ 8
3. Et la phonologie dans tout ça... .....................................................................................9
4. Le développement de l'enfant...................................................................................... 10
5. L'évolution de sa prononciation ..................................................................................10
6. La prise de conscience des sons chez l'enfant ............................................................11
La conscience phonétique ............................................................................ 11
La conscience phonologique ........................................................................11
La conscience phonémique .......................................................................... 12
7. L'école maternelle et ses missions .............................................................................. 12
Deuxième partie .................................................................................................................. 13
Qu'appelle-t-on trouble articulatoire ? .................................................................................13
1. Définissons les retards de langage et de parole : ........................................................ 13
2. Qu'est ce que l'orthophonie ? ...................................................................................... 14
3. Focalisation sur le trouble de l'articulation .................................................................15
Quelles en sont les causes ? ......................................................................... 15
Quelles remédiations possibles ? ................................................................. 15
4. Le point de vue des spécialistes : ce qu'en pensent les orthophonistes ......................16
Troisième partie ...................................................................................................................18
Pourquoi utiliser des comptines ? ........................................................................................18
1. Qu'appelle t-on « comptine » ? ................................................................................... 18
2. Existe-t-il différents types de comptines ? ..................................................................20
3. Comptines et troubles articulatoires : quel lien ? .......................................................21
4. L'acquisition du phonème ........................................................................................... 21
Un processus progressif ............................................................................... 22
Le travail sur le rythme : faciliter l'assimilation .......................................... 23
Exemples de comptines orthophoniques ......................................................23
Quatrième partie .................................................................................................................. 26
Résultats des enquêtes et analyse ........................................................................................ 26
1. Présentation des recherches effectuées ....................................................................... 26
Le but ........................................................................................................... 26
Les questions que je me suis posées ............................................................ 27
L'échantillon interrogé et les publics ciblés .................................................28
2. Résultats des enquêtes ................................................................................................ 28
Les parents .................................................................................................. 28
Les professeurs des écoles .......................................................................... 30
3. Analyse ....................................................................................................................... 32
Confrontation des points de vue................................................................... 32
Ce qui a changé dans ma vision des choses .................................................33
En quoi ces enquêtes m'ont elles aidées dans ma recherche. .......................33
Conclusion...........................................................................................................................34
Annexes................................................................................................................................ 35
Bibliographie........................................................................................................................ 37
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Introduction
Voilà une comptine qui pourrait être proposée en maternelle. De structure assez
simple, elle pose tout de même le problème de la prononciation chez le jeune enfant.
Le langage est la base de toute socialisation. Il est évident qu'un enfant doit
apprendre à bien parler pour se faire comprendre et interagir avec ses pairs et les autres. Au
fil du temps les phonèmes propres à la langue vont s'acquérir, et la prononciation va
s'améliorer. Le choix de ce sujet a été arrêté par l'intérêt porté à l'éducation musicale et la
richesse des acquisitions en maternelle. Cette période de la vie est une véritable transition
dans la vie d'un enfant. Il passe d'un environnement proche, familier et restreint à un
groupe classe, beaucoup plus large et inconnu. C'est à cette période que l'enfant apprend à
devenir membre d'un groupe, à se représenter en tant qu'élève et à développer ses capacités
motrices et cognitives. Le langage s'étoffe, le vocabulaire s'enrichit et la prononciation
s'améliore. Les comptines, elles, sont généralement appréciées, mettent de bonne humeur
et peuvent aider à l'intégration des enfants dans ce nouveau milieu. En plus de ces
attributions, on prête également aux comptines la possibilité de rectifier les erreurs de
prononciation. C'est pourquoi, la problématique de ce mémoire sera d'étudier en quoi les
comptines peuvent elles être au service de la remédiation des problèmes de
prononciation ?
-6-
Quatre parties seront détaillées dans ce dossier. La première portera sur le principe
d'acquisition du langage chez l'enfant. Une seconde partie sera l'occasion de définir et de
différencier les différents troubles de la prononciation. Il sera intéressant, dans une
troisième partie de se focaliser sur les comptines et leur usage, et enfin une synthèse et une
analyse clôtureront ce mémoire.
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Première partie
La capacité à pouvoir communiquer avec ses pairs, d'échanger oralement n'est pas
une chose innée. L'enfant à la naissance est incapable de produire un énoncé oral comme
on le fait plus tard au cours de sa vie. Ce n'est pas non plus à l'école que l'enfant apprend à
parler proprement dit ; il ne fait qu'améliorer sa maîtrise langagière. Si l'enfant n'apprend
pas à parler à l'école, c'est qu'en réalité, la grande majorité du travail s'effectue dans
l'environnement familial, avec les proches, et ce, dès la naissance (voire même avant : à
l'intérieur du ventre de la mère).
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3. Et la phonologie dans tout ça...
La phonologie, elle, est une science, qui détermine les phonèmes2 d'une langue : on
distingue, grace à la phonologie, les consonnes des voyelles, ainsi que leur manière d'être
articulées.
2 Unité minimale de sens, non porteur de sens en lui même. Chaque phonème est représenté par un ou
plusieurs graphèmes : [o] a comme graphèmes : eau, au, o, ô, ot, aô, ho
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4. Le développement de l'enfant
Depuis longtemps on se demande comment le langage vient aux enfants. Déjà dans
les années 70, on se demande ce que perçoit l'enfant avant la naissance. Le volet réceptif
du langage est à l'étude et il est prouvé qu'au 6me mois de grossesse, le fœtus est capable
d'entendre la voix de sa mère, mais également de distinguer les sons des bruits (les
battements du cœur de la mère par exemple). Ça n'est qu'à la fin de la grossesse que
l'enfant peut entendre l'ensemble de son entourage.
Plusieurs linguistes se sont penchés sur la question et ont émis des théories sur le
sujet. Ainsi Skinner3 pense que le langage est un comportement comme un autre, qui
s'acquiert par le même principe d'essais – erreurs, où tout essai ressenti comme positif sera
renforcé et où tout essai ressenti comme négatif sera abandonné. À l'inverse de Skinner,
Chomsky4 affirme qu'il y a quelque chose d'inné dans l'être humain quant à l'acquisition de
sa langue : comme une prédisposition génétique à l'apprentissage des phonèmes.
Rejoignant le fait que le langage s'apprend, Piaget5 propose un système de stades de
développement, chaque enfant à un certain age doit avoir atteint le stade correspondant ; ce
modèle d'apprentissage prend en compte le rythme de l'enfant. Enfin, Bruner 6 et Vygotski7
soutiennent le fait que les apprentissages se font grace aux interactions avec son
environnement. Ils mettent en évidence la zone proximale de développement, zone où
l'expert – en dialoguant avec le novice – le fait devenir meilleur et lui fait acquérir des
connaissances. Ces différentes théories souligne le rôle important de l'école, et plus
particulièrement celui de l'école maternelle.
5. L'évolution de sa prononciation
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impensable de faire parler un enfant de 2 mois, tout comme il serait ridicule de babiller
avec un enfant de 4 ans. On part du principe qu'à l'age de 5 ans les bases nécessaires au
langage sont acquises. Ces bases se développeront tout au long de la vie.
- Les premiers mots de l'enfant n'apparaissent qu'aux alentours de 12 mois 10. Cette période
est la plus cruciale quant à l'acquisition des phonèmes et dans la maîtrise de sa
prononciation.
La conscience phonétique
La conscience phonologique
8 Victor de l'Aveyron : « enfant sauvage », qui sans contact avec la langue était dans l'incapacité de
produire des sons, des mots, des phrases.
9 Cf : annexes . L'appareil phonatoire est définitivement formé à l'age de 5 mois.
10 Dépend des enfants, de leur stade de maturité, des stimulations qu'on leur offre et de leur environnement
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sont formés d'unités plus petites : les syllabes et les phonèmes. Elle implique la capacité de
transcrire un phonème par un graphème. Là encore, une distinction peut être effectuée
entre la conscience phonémique et la conscience phonétique. La conscience phonologique
est difficile à acquérir, car la prononciation d'un phonème peut varier d'un individu à un
autre, il existe aussi les phénomènes de co-articulation où « dessin animé » devient :
*dessinimé.
La conscience phonémique
La conscience phonémique est celle qui cible les phonèmes uniquement. Depuis
quelques années des discussions émergent sur l'importance de la conscience phonémique
dans la réussite des premiers pas d'un enfant en lecture. Souvent désignée par des
synonymes, tels que conscience phonologique, conscience phonétique, catégorisation du
son, sensibilité phonologique ; la définition de la conscience phonémique est encore en
débat.
L'enseignant, dans sa pratique, doit prendre en compte ces aspects qui font de
l'acquisition d'une langue un phénomène difficile. Il doit veiller à proposer des activités qui
permettent à ses élèves d'éveiller cette conscience afin d'être préparer au mieux aux
apprentissages langagiers.
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Deuxième partie
On distingue, parmi les troubles réversibles, deux types de retard dans l'acquisition
du langage : les retards de langage et les retards de parole.
Les retards de parole sont relatifs aux erreurs dans la réalisation phonétique des
mots au cours de la chaîne parlée. Il s'agit d'un retard d'évolution et non pas d'apparition
des phonèmes. La plupart du temps, ce trouble phonologique se repère par des inversions
de syllabes dans les mots, des sauts de syllabes, ou encore des remplacements de phonème
-13-
par un autre : tous vont dans le sens d'une simplification de prononciation. Ce sont ces
retards qui m'ont intéressé dans ce mémoire. Ci dessous, des exemples de retards de
parole :
-14-
3. Focalisation sur le trouble de l'articulation
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rééducation du type Diadolab13.
Il est également possible de chanter les comptines de différentes façons ce qui est
moins possible à l'école où toute la classe chante sur le même air. Ceci n'est pas forcément
adapté à ceux qui ont des difficultés. Certains enfants ressentent le besoin de jouer sur
l'accentuation de certaines syllabes, de mêler les paroles à des gestes : taper, battre la
mesure, compter sur les doigts pour repérer le nombre de syllabes, en marchant en même
temps, passer d'une comptine chantée à une parlée, et repérer visuellement les unités de
sens (niveaux GS- CP).
13 Diadolab est un logiciel de visualisation des articulateurs de la parole : travail la conscience articulatoire,
le répertoire phonétique, la phonologie, les praxies fines, le lien graphie-phonie...
14 Extrait d'un entretien avec un orthophoniste roubaisien dont le nom est tu par respect de l'anonymat
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Comme nous l'avons vu précédemment, l'acquisition d'un répertoire complet de
phonèmes s'étend sur plusieurs années. En plus de la complexité inhérente à la production
de certains sons, d'autres facteurs viennent jouer sur la réalisation articulatoire des
phonèmes : la place du phonème dans le mot ou sa combinaison avec d'autres phonèmes
cause des difficultés supplémentaires. Alors que la plupart des transformations visent à la
simplification de phonèmes, il peut arriver que certains complexifient les mots qu'ils
prononcent. Un son nouvellement acquis peut être utilisé à mauvais escient : 'jambre' pour
signifier 'jambe'. Ces transformations inhabituelles peuvent parfois altérer complètement le
sens d'un mot nuire à sa compréhension. Elles peuvent s'expliquer par des otites répétées,
courantes chez les jeunes enfants, qui entrainent une mauvaise audition, temporaire mais
parfois suffisante pour entraver le développement du langage. Il est donc essentiel de
comprendre en quoi les comptines peuvent être utiles.
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Troisième partie
Actuellement, le terme de « comptine » est utilisé par extension pour désigner des
chansonnettes, des jeux dansés, des brefs poèmes, des formulettes aux sonorités étranges
ou comportant un suspense, accompagnant l’enfant entre 2 et 6 ans, tout au long de son
développement.
Les comptines n’ont pas de signification rationnelle, mais sont une jonglerie avec :
"Clarinette, clarinette
• des onomatopées
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Il s’agit d’un texte court, vite retenu (la plupart du temps et chez certains individus),
dont les rimes, mais surtout les assonances, c’est-à-dire les rimes imparfaites, s’appuient
sur la syllabe accentuée :
•"Quatre,
Les comptines sont faites pour être dites en accentuant chaque syllabe. Elles parlent
et chantent à la fois :
Le rythme est souvent proche de celui des enfants : tempo lent pour les
balancements, modéré pour les marches, rapide pour les sauts ou les courses. La pulsation
est toujours suivie spontanément lorsque les enfants se déplacent sur une comptine. Le
rythme étant une des caractéristiques de la comptine, il facilite l'assimilation des phonèmes
et de la sonorité de la langue.
D'un point de vue étymologique « comptine » s'écrit de cette manière car il vient du
mot « compte ». La comptine serait avant tout un « décompte chanté. ». Il serait
intéressant de se demander pourquoi ces comptines ne sont elles pas désignées comme tel ?
Il se trouve que les traditions populaires avaient crainte et répugnance pour l'art de
compter : les nombres n'exprimeraient pas seulement des quantités arithmétiques : ils
recèleraient aussi des idées et des forces inconnues du commun des mortels", tantôt
bénéfiques, tantôt maléfiques. C'est comme cela que le terme de « comptine » a été
introduit : réciter une comptine évite de compter, et empêche le « mauvais œil » de
s'éprendre de nous.
Nous pourrions penser que les comptines sont les résidus d'anciennes pratiques
destinées aux enfants, mais pas du tout. Aussi, si l'on en croit Georges Ifrah, les soldats
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germains récitaient autrefois des comptines pour désigner quel prisonnier tuer. Le sens de
ce mot a donc bien évolué au fil du temps, pour atterrir, aujourd'hui sur les bancs de nos
classes de maternelle.
Il existe plusieurs types de comptines. Elles peuvent être oralisées, écrites, mimées,
chantées, parlées, etc...Les comptines ne sont pas toutes utilisées de la même façon, ni au
même moment dans la journée, dans l'année et même dans le cycle. La plupart des
professeurs les utilisent au matin, au moment des rituels. C'est une façon de travailler le
domaine du « Vivre ensemble », imposé par les programmes. Tous les professeurs
n'utilisent pas les comptines pour un même objectif. Certains semblent les utiliser comme
moyen de transition d'une activité à l'autre. D'autres encore, les proposent à la fin de la
journée, comme une façon de se calmer, se détendre, et de patienter avant l'arrivée des
parents.
Les comptines, en plus de leur intérêt propre au niveau du langage, peuvent être au
service d'autres apprentissages :
- Les comptines qui couplent mots et gestes, qui peuvent faire travailler le sens des
phrases et la motricité fine
- Les comptines qui traitent d'un thème et qui permettent d'acquérir du vocabulaire
spécifique. Ce type de comptines est régulièrement utilisé dans la pédagogie de projet : par
exemple, un travail autour du carnaval induirait l'apprentissage d'une comptine sur ce
même thème.
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3. Comptines et troubles articulatoires : quel lien ?
Les comptines comme il a été dit, ont un rôle non négligeable dans l'acquisition du
langage. Elles permettent en plus de cela de faciliter le passage de l'environnement familial
à l'environnement de la classe : elles introduisent un travail sur le respect et l'écoute de
l'autre. Elles favorisent en cela la cohésion du groupe mais malgré tout, les entretiens avec
les professeurs des écoles ont montré que les comptines peuvent aussi mettre en difficulté
certains élèves. Tous ne sont pas à l'aise avec le fait de chanter devant les autres, d'autres
encore, n'ont pas envie de le faire. Les comptines ne sont pas forcément avantageuses pour
tous les enfants d'une classe, et ses effets sont parfois inverses à ceux attendus. Il faut aussi
pointer que certaines travaillant un phonème particulier peut entraîner d'autres difficultés
en rapport à un autre phonème : si l'objectif est de travailler le phonème /r/ et que le
phonème /k/ - qui apparaît également dans la comptine - pose problème, l'enfant peut se
retrouver en plus grande difficulté qu'auparavant et ne pas savoir prononcer ni le /r/ ni le
/k/. Les comptines sont donc à manipuler avec précaution et toujours après avoir effectué
des observations de ses élèves. Il est aussi important de notifier toutes les acquisitions de
langage pour chaque enfant, et ce, régulièrement, afin de pouvoir évaluer ses progrès et les
difficultés persistantes, qui permettra à l'enseignant de préparer au mieux sa progression
dans le domaine de l'acquisition du langage. Il faudra veiller, par ailleurs, à se renseigner si
un enfant est suivi par un(e) orthophoniste en dehors de l'école. Il ne faudrait pas entraver
le travail du professionnel en perturbant l'élève au sein de la classe. Un autre avantage des
comptines (de la musique en général) est qu'elles aident à la mémorisation. Cependant, il
faut rester vigilant : tous les enfants n'ont pas les mêmes facilités, et ce qui est retenu par
l'un ne l'est pas forcément par l'autre.
Ainsi donc les comptines peuvent jouer sur la prononciation d'un enfant, mais restent
à manipuler avec précaution.
4. L'acquisition du phonème
On peut se demander comment repérer ces troubles sur quelle base on peut s'appuyer pour
pouvoir prendre en charge les enfants susceptibles d'être en difficulté.
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Un processus progressif
Il faut savoir que tous les phonèmes n'apparaissent pas en même temps lors de
l'apprentissage d'une langue. Il existe un ordre chronologique dans leur apparition. Ainsi
les sons /p/, /t/, /k/, /b/, /d/, /g/, /m/ et /n/ apparaissent assez rapidement dans le répertoire
de l'enfant. Ces sons sont relativement faciles à réaliser même avec un contrôle moteur
encore imprécis. En effet, il suffit de produire une légère explosion d'air soit au niveau des
lèvres (p, b et m) ou entre la langue et le palais (t, d, n, k et g).
Entre 2 et 3 ans, l'enfant augmente son inventaire de phonèmes par l'ajout de certaines
consonnes. Tout d'abord apparaissent le /s/ et le /l/, puis le /f/, le /v/ et le /z/.
Ces consonnes demandent une réalisation articulatoire un peu plus complexe puisqu'elles
sont produites par une émission continue d'air (f, v, s, z) ou au moyen d'un mouvement
bien contrôlé de la langue qui s'élève pour ensuite s'abaisser (l). Le phonème /l/ peut ne pas
être réalisé correctement à l'age de 4 ans, chez certains enfants, il n'apparaît qu'aux
alentours de 5 ans.
Trois phonèmes sont habituellement plus tardifs à apparaître chez les enfants
francophones : le /ch/, le /j/ et le /r/. L'origine des difficultés liées à leur prononciation est
qu'ils sont articulés vers l'arrière de la bouche et nécessitent une émission continue d'air :
pour les produire, l'enfant doit maîtriser parfaitement son appareil phonatoire.
En ce qui concerne le /r/, il est très souvent combiné à d'autres consonnes, ce qui constitue
une difficulté supplémentaire : certains enfants savent prononcer les sons séparément mais
éprouvent des difficultés lorsqu'ils apparaissent ensemble au sein d'un même mot. Avant de
savoir le prononcer, les enfants utilisent des stratégies pour se faire comprendre : ils
omettent le phonème qui leur pose problème : 'tou' pour signifier 'trou', ou utilisent un
phonème de substitution, plus simple à réaliser : 'calotte' pour signifier 'carotte'.
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s'influencent l'un l'autre. Ici, le /r/ est articulé en arrière de la bouche et entraîne le /t/ avec
lui, ce qui fait que le /t/ devient un /k/ (consonne également articulée dans l'arrière de la
bouche). Ce type de transformation est très fréquent chez les enfants de 5 ans.
En ce qui concerne les sons /ch/ et /j/, le processus de transformation est plus simple: ils
sont habituellement remplacés par /s/ et /z/ chez les enfants francophones. Leur maîtrise
complète peut s'échelonner jusqu'à l'age de 7 ans.
Lors des rencontres avec les orthophonistes, il a été soulevé l'importance de travailler sur le
rythme : « la structure rythmique des mots et des phrases ». Certains enfants ne savent pas
prononcer un mot parce qu'ils ne le comprennent pas et ne l'envisagent pas comme une ou
plusieurs unité(s) de sens. Si l'on reprend l'exemple du mot « dessin animé » on se rend
compte qu'il est très souvent mal prononcé. Selon les orthophonistes, cela s'explique par le
fait que l'enfant n'entend qu'une unité : *dessinimé. Si l'enfant avait eu conscience qu'il
s'agit en réalité de deux unités de sens, alors celui ci serait mieux prononcé. C'est pour
cette raison que le travail sur la segmentation, le repérage du nombre de syllabes dans un
mot et l'utilisation des mains pour frapper le rythme est indispensable dans la rééducation
de la prononciation.
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Pour les phonèmes [b]/[p]
Le bégogo, le bégonia
Va au papa, va au palais
Boit du tafia, boit du tafia
à la chouette
Tu chercheras la chatte
Je chercherai le chien
Quelle fanfare...farfelue !
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Pour le phonème [k]
Couic couic
Toc toc
Cot cot
Le coq se moque
Clac clac
La canne cancane
C'est ainsi que les comptines peuvent être considérées comme un moyen d'acquérir la
langue, et de travailler sa diction. Certes, l'école maternelle et les orthophonistes ne
semblent pas avoir les mêmes objectifs quand ils en proposent, ces deux utilisations des
comptines sont pourtant complémentaires.
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Quatrième partie
Le but
C'est pour cela que j'ai voulu observer les élèves de petite section. Les TPS ne
parlaient que très peu, et les moyens parlaient déjà une langue convenable. En février, lors
du premier stage, j'ai préparé une grille 15 d'observations. J'ai repéré quels phonèmes les
enfants utilisaient à deux périodes de l'année. Cette observation n'est pas fiable, dans le
sens où elle ne prouve pas que les comptines ont permis d'aider les enfants à mieux
prononcer. Cependant j'ai trouvé cela intéressant car j'ai pu effectuer une comparaison des
résultats, voir les progrès dans l'acquisition de la langue. Elle rejoint tout de même la partie
de l'acquisition des phonèmes : processus progressif qui prend du temps. La grille
comporte une colonne par élève, elle même divisée en deux parties : février et avril. Les
cases colorées correspondent aux phonèmes acquis, par l'élève, soit en février soit en avril.
Quand l'élève l'a acquis en février, il le maîtrise mieux en avril : les deux cases sont
colorées. Le tableau correspond aux acquisitions des consonnes car les voyelles sont toutes
15 Voir annexes
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acquises.
- Comment la maternelle peut elle favoriser tous ces apprentissages ? J'entends par là
le fait que la maternelle dispose d'une organisation particulière : le travail en ateliers peut
être difficile à gérer, les multi niveaux peuvent influer sur les apprentissages : gérer les
élèves en difficulté peut poser problème, les apprentissages peuvent en patir.
- Y a t-il quelque chose de spécial pour que les enfants puissent apprendre autant de
choses en seulement 3 ans ? Les élèves y développent leur autonomie. Chacun doit trouver
sa place dans une classe, c'est un nouvel environnement.
- Les comptines peuvent elles être utilisées dans d'autres contextes, comme lors de
séances de rééducation du langage ? Je me demandais si d'autres personnes utilisaient les
comptines comme les orthophonistes. Si les comptines servent aux professeurs dans
l'acquisition du langage, alors peut être que les orthophonistes s'en servent également.
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L'échantillon interrogé et les publics ciblés
Trois groupes ont répondu à mes enquêtes : des professeurs des écoles, des parents
d'élèves et des orthophonistes. L'échantillon n'est pas assez conséquent pour que j'effectue
des statistiques. Je vais tout de même reprendre les réponses de tous les questionnaires afin
de repérer les réponses qui émanent le plus souvent.
Les parents
Les parents n'ont pas le point de vue professionnel sur la question des comptines et
de leur usage à l'école mais disposent tout de même d'un avis. J'ai voulu interroger des
parents afin de voir ce qu'ils pensaient de l'école maternelle et des pratiques qui lui sont
associées. Trop souvent on entend dire que la maternelle est une classe où l'on joue, où l'on
chante, on avance rarement l'argument qu'en maternelle on travaille. Je vais, question par
question relater ce qui a été répondu :
Les parents ont répondu : un sens du rythme, une première approche musicale,
approche des instruments, de la gaieté, de la bonne humeur, trois parents ont répondu que
la musique pouvait apporter à son enfant une capacité à mémoriser et à écouter, un parent
pense qu'il peut aider au niveau du langage, un autre pense qu'il peut amener des vocations.
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À la question : Comment pensez vous qu'il soit organisé en maternelle et en
élémentaire ?
À la question : Pensez vous qu'il puisse aider votre enfant dans ses apprentissages ?
À la question : quelle importance ont les comptines à l'école maternelle selon vous ?
Un parent n'a pas su répondre, les autres trouvent qu'elles ont une place primordiale,
nécessaire pour les apprentissages futurs : travailler la mémorisation, la socialisation, peut
aider à maîtriser la grammaire et la syntaxe de la langue. Elles peuvent aider au
développement psychologique et comportemental : canaliser ses émotions, se détendre...
Un parent me parle du bien fait pour le langage.
- enrichir le vocabulaire
- améliorer la syntaxe
- améliorer la mémorisation
- autre ?
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l'amélioration de la syntaxe et enfin deux parents ont répondu « autre » : la participation au
sein d'un groupe classe et le développement du respect d'autrui.
Plusieurs professeurs ont bien voulu répondre à mes questions. J'ai interrogé des
professeurs de maternelle mais également des professeurs de cycle 2 qui enseignent en GS
et CP. Tout l'échantillon de professeurs comprend des personnes ayant enseigné dans tous
les niveaux auparavant : elles ont donc une vision globale du développement du langage
chez l'enfant.
À la question : quelle est la place des comptines dans l'éducation des enfants ?
Les professeurs ont répondu : désuètes mais avec une intention de servir
l'apprentissage par répétition, une place plus importante en maternelle, indispensable,
primordiale, transitions entre 2 activités.
Les professeurs ont relevé les comptines numériques, celles qui rejoignent le
patrimoine, celles qui traitent d'un thème particulier, celles qui visent le travail sur le
langage, certaines travaillent sur la structuration de l'espace, la compréhension
Il est souligné par tous les professeurs interrogés qu'elles jouent un rôle dans la
mémorisation de notions, au service d'autres apprentissages, peut aider à développer la
motricité fine, aider à mieux prononcer, s'ouvrir à une culture et se socialiser, apprendre à
devenir élève.
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À la question : ont elles des limites dans leur utilisation ?
Tous les professeurs sont d'accord : oui. Elles peuvent ne pas motiver les élèves, ne
rien vouloir dire. Elles ne sont qu'un outil, un enfant peut utiliser la comptine numérique
sans forcément savoir dénombrer.
Là encore tous les professeurs répondent oui. Certains ne savent pas retenir 2 mots :
ou alors avec beaucoup de mal. Une comptine trop longue peut les mettre en échec. Les
problèmes de prononciation peuvent aussi rendre l'apprentissage difficile. Le manque de
sens peut également jouer sur la mémorisation.
- enrichir le vocabulaire
- améliorer la syntaxe
- améliorer la mémorisation
- autre ?
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pas à l'aise quant à chanter dans un groupe ou faire des mimes.
3. Analyse
Dès les premiers résultats, des oppositions dans les points de vue se sont mises en
place. Je me suis rendu compte que les comptines, bien qu'utilisées en classe et lors de
séances d'orthophonie, n'avaient pas la même « valeur ».
Les orthophonistes semblent penser que les professeurs ne font des comptines que
pour passer le temps, ils n'y voient pas d'intérêt pédagogique. Ils ne croient pas non plus
que le professeur puisse s'en servir pour aider les élèves en difficulté : selon eux, les
orthophonistes utilisent à meilleur escient les comptines. Ils peuvent se permettre plus de
liberté, et voient davantage les progrès.
Cette confrontation des points de vue m'a énormément perturbée, je ne pensais pas
que les comptines à l'école pouvaient être vues de cette façon. Cela peut s'expliquer par le
fait que les professeurs et les orthophonistes ne pratiquent pas les mêmes métiers. Il est
vrai que les professeurs n'utilisent pas les comptines pour régler les problèmes de
prononciation, mais ils peuvent contribuer à la découverte de son appareil phonatoire et
permettre aux enfants de l'utiliser. Les orthophonistes quant à eux sont plus libres dans
l'exploitation des comptines et jeux de rythmes ; ils n'ont pas la contrainte de véhiculer les
valeurs communes : répertoire de chants et de comptines préconisé par les programmes.
Comme il a été signalé plus tôt dans le dossier, les orthophonistes peuvent se permettre de
modifier les mélodies, jouer sur les intensités, et se focaliser sur une seule personne à la
fois.
À l'école, il est vrai que le groupe classe peut mettre certains enfants en difficulté. La
mélodie et l'intensité ne sont pas forcément adaptées à tous les enfants, et certains déjà en
difficulté peuvent se retrouver dans une situation bien pire.
Les parents et les professeurs des écoles n'ont pas non plus la même vision des
choses, comme il a été souligné certains parents voient les comptines comme des
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distractions, non pas comme un travail. Les professeurs, eux, réfléchissent avant de
proposer des comptines aux enfants, et prennent en compte les critères de maturité (sur le
plan phonologique). Alors que l'enrichissement du vocabulaire arrive en deuxième position
chez les parents, il ne se trouve qu'en dernière position chez les professeurs : ces derniers
s'appuient sur le fait que les comptines ne cherchent généralement pas à faire acquérir du
vocabulaire : elles comportent des mots simples et visent le travail des rimes et des
assonances.
Grace à ces enquêtes et ces recherches j'ai appris beaucoup de choses sur la
maternelle et les contenus qu'on y propose. Je regarde d'un œil différent les comptines. Je
me suis rendu compte qu'elles permettaient plein de choses. Les orthophonistes m'ont
également procuré beaucoup de conseils, pour aider les enfants en difficulté et permettre à
ceux ayant un bon bagage langagier de progresser. Ce travail, dès le cycle 1, servira à
préparer les élèves à l'apprentissage de la lecture ; bien lire c'est avant tout bien prononcer
et bien visualiser les sons de notre langue. Le fait d'avoir eu la possibilité d'être en stage en
responsabilité en maternelle m'a fait évoluer en terme de posture, je me sens plus à l'aise
dans la pratique.
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Conclusion
Malgré les difficultés à mener les enquêtes, j'ai appris énormément de choses de ce
mémoire. Ma posture et ma pratique en classe ont été influencé par mes lectures et mes
recherches. J'ai découvert de nouvelles choses et tenté de les mettre en œuvre lors de mes
stages.
La problématique que j'ai choisi n'a pas trouvé de vraie réponse, la remédiation des
retards de paroles ne se fait pas uniquement à l'aide des comptines, beaucoup d'autres
facteurs entre en jeu. Par ailleurs, tous les professeurs n'utilisent pas les comptines avec les
mêmes intentions, elles n'ont donc pas les mêmes effets sur les enfants.
Les entretiens avec les orthophonistes ont aussi démontré que l'utilisation des
comptines en classe pouvaient être en totale contradiction avec le travail de rééducation
qu'ils opèrent. Certains enfants sont frustrés de ne pas savoir prononcer correctement et
d'être tout de même obligé de chanter devant ses camarades. L'enseignant doit veiller à ne
pas mettre en échec ses élèves et s'informer sur les possibles difficultés qu'ils ont. J'ai donc
appris que les comptines avaient un usage limité.
Avec une période de stage plus longue, j'aurais pu avoir des résultats d'observation
plus précis et plus significatifs.
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Annexes
C'est à partir du 5me mois que l'appareil phonatoire de l'enfant a sa forme définitive :
coudée.
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Bibliographie
Dr EGAUD C., 2001, Les troubles specifiques du langage oral et ecrit, les
comprendre, les prevenir et les depister: accompagner l'eleve, Centre de documentation
pédagogique de l'académie de Lyon, Collection Champs de réflexion, chap. 2 et 3.
CHAUVEL D., PERRIER J., 2003, La voix : 50 jeux pour l'expression vocale et
corporelle, Édition Retz
GAGET H., 2001, La lettre des parents : La methode PMI pour s'eveiller en musique,
n°197, août 2001.
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