Analyse Convex e
Analyse Convex e
Analyse Convex e
Cours M1 (4M057)
2017-2018, Période 2
Sorbonne Université
Préface
Ces notes sont principalement destinées aux étudiants qui suivent le cours à
distance ; pour les autres elles seront un complément au cours oral, où parfois
les idées essentielles seront présentées. Réciproquement, certains thèmes de
base ont été inclus ici à des fins de référence ; ils seront traités seulement très
succinctement dans le cours oral. Sauf mention explicite à l’effet contraire, les
notes sont complètes et autonomes ; néanmoins, quelques livres sont indiqués
dans la bibliographie pour des lecteurs désirants d’élargir ses connaissances.
Stanislaw Szarek
i
Table des matières
5 Programmation linéaire 69
5.1 Programmation linéaire, résolution théorique . . . . . . . . . . 69
5.2 Formes canonique et standard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
iii
5.3 Paramétrisation des programmes de base . . . . . . . . . . . . . 74
5.4 L’algorithme du simplexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
5.5 L’acquisition comprimée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Bibliographie 125
iv
Chapitre premier
Convexes, fonctions convexes
1
2 CHAPITRE 1. CONVEXES, FONCTIONS CONVEXES
X2 2
X
conv(A1 ∪ A2 ) ⊂ { λi xi /xi ∈ Ai , λi ≥ 0, λi = 1}
i=1 i=1
Notation 1.2.5. Soit Γ un cône convexe non vide (de sommet 0). On notera
N (Γ) = {0} ∪ Γ ∩ (−Γ)
S
3) Si C ⊂ E est convexe, le cône convexe engendré par C est λC.
λ≥0
∀x ∈ M , ∀λ ∈ R , λx = λx + (1 − λ)0 ∈ M
x+y
et si x, y ∈ M , ∈ M , d’où :
2
x+y
x+y =2 ∈M
2
M est donc bien un SEV.
6 CHAPITRE 1. CONVEXES, FONCTIONS CONVEXES
Une catégorie importante de sous-espaces affines est celle des hyperplans af-
fines.
y+z
Réciproquement, si C \ {x} est convexe, supposons = x avec y, z ∈ C.
2
Alors, si y 6= z, on a nécessairement y, z ∈ C \{x} et par convexité, x ∈ C \{x},
ce qui est une contradiction. Donc x est bien extrémal Pk dans C.
2) Posons C = convA et soit x ∈ C \ A. Soit x = i=1 ti xi une combinaison
convexe avec xi ∈ A telle que la longueur k est minimal ; alors ti > 0 pour
tout i et, étant donné que x 6∈ A, P on a forcement k ≥ 2. On déduit que
−1 k
x = t1 x1 + (1 − t1 )y, ou y = (1 − t1 ) i=2 ti xi ∈ C. En particulier, x ∈]x1 , y[,
un segment ouvert avec des extrémités dans C et donc x 6∈ Ext C.
Définition 1.4.5 (Face d’un convexe). 1) Une face d’un convexe C est un
convexe non vide F ⊂ C tel que :
y+z
x ∈ F, y, z ∈ C, x= ⇒ y et z ∈ F
2
2) Une face de dimension 1 est appelée une arête. Si dim F = dim C − 1, on
dit que F est une facette de C.
Proposition 1.4.6. F est une face d’un convexe C si et seulement si F est
convexe et que si x ∈ F appartient à un segment ouvert dont les extrémités
sont dans C, ces extrémités sont en fait dans F .
Démonstration : On passe d’un point quelconque d’un segment de F au
milieu de ce segment en appliquant l’argument de la Proposition 1.4.2.
Proposition 1.4.7. Toute intersection non vide de faces de C est une face de
C.
Dans le cas des cônes, la notion de point extrémal n’a pas d’intérêt car seul
le sommet du cône est un point extémal. Dans ce cas on peut introduire et
étudier un concept d’une génératrice extrémale, (voir Définition 3.6.8).
Définition 1.4.9 (Hyperplan d’appui d’un convexe). On dit qu’un hyperplan
H est un hyperplan d’appui du convexe C si C est inclus dans l’un des deux
demi-espaces définis par H et rencontre H.
Lemme 1.4.10. Si H est un hyperplan d’appui du convexe C alors F = H ∩C
est une face de C.
1.5. FONCTIONS CONVEXES SUR UN ESPACE VECTORIEL 11
et
f (y) + f (z)
= f (x) = a
2
d’où 0 = 2a − f (y) + f (z) = a − f (y) + a − f (z) .
Or, une somme de nombres réels positifs n’est nulle que si chacun de ces deux
réels est nul, donc les inégalités (*) sont des égalités et par suite y, z ∈ F .
Lemme 1.4.11. Si F est une face de C alors Ext F ⊂ Ext C ; et plus généra-
lement toute face de F est une face de C.
Il faut souligner qu’il existent des faces des convexes qui ne sont pas de la
forme donnée par Lemme 1.4.10 (voir Exemple 1.4.13 ci-dessous), qui justifie
la définition suivante.
On verra des propriétés analogues sans hypothèse de stricte convexité dans les
chapitres suivants.
Lorsqu’on la restreint à son domaine effectif, une fonction convexe devient une
fonction convexe usuelle définie sur un convexe et à valeurs réelles. Inversement,
on a :
Proposition 1.5.6 (Prolongement convexe). Si f : C → R est une fonction
convexe définie sur le convexe C, on peut l’étendre en une fonction convexe f˜ :
E → R ∪ {+∞} en posant
(
f (x) si x ∈ C
f˜(x) =
+ ∞ sinon
Cet artifice permet de manier simultanément des fonctions convexes f, g, . . .
définies sur des convexes différents, et de considérer f + g, max(f, g),. . .
1.5. FONCTIONS CONVEXES SUR UN ESPACE VECTORIEL 13
Démonstration : Sif est convexe, alors pour tous (x, t), (y, u) dans epi (f ),
et tout θ ∈ [0, 1], on a f (θx + (1 − θ)y) ≤ θf (x) + (1 − θ)f (y) ≤ θt + (1 − θ)u,
donc (θx + (1 − θ)y, θt + (1 − θ)u) appartient à epi f , qui est donc convexe.
Réciproquement, si epi f est convexe, alors pour tous x, y ∈ dom f , et θ ∈ [0, 1],
on a (x, f (x)) ∈ epi f , (y, f (y)) ∈ epi f , donc (θx + (1 − θ)y, θf (x) + (1 −
θ)f (y)) ∈ epi f , ce qui signifie que f (θx + (1 − θ)y) ≤ θf (x) + (1 − θ)f (y), et
donc f est convexe.
Définition 1.5.15 (Fonction convexe propre). Une fonction convexe est dite
propre si elle ne prend pas la valeur −∞, et n’est pas la constante +∞. Dans
le cas contraire, la fonction est dite impropre.
Chapitre 2
Espaces vectoriels normés, topologie des convexes et fonctions s.c.i.
Soit (E, k·k) un espace vectoriel normé sur R ou C, en bref un EVN. E est
donc un cas particulier d’espace métrique où la distance est donnée par
d(x, y) = kx − yk
n ∞
X o ∞
X
`1 = x = (xn )n∈N telles que |xi | < +∞ , muni de la norme : kxk1 = |xi |
i=1 i=1
15
16 CHAPITRE 2. EVNS, TOPOLOGIE ET FONCTIONS S.C.I.
n ∞
X o ∞
X 1/2
2
`2 = x = (xn )n∈N telles que xi < +∞ , muni de la norme : kxk2 = xi 2
i=1 i=1
n o
c0 = x = (xn )n∈N telles que xn →n→∞ 0 , muni de la norme : kxk∞ = sup |xi |
i∈N
n o
`∞ = x = (xn )n∈N telles que sup |xi | < +∞ , muni de la norme : kxk∞ = sup |xi |
i∈N i∈N
Dans les exemples ci dessus, 2.1.2 et 2.1.3, en dimension finie ou non, il est très
facile de démontrer qu’on a bien des normes, sauf dans le cas de k·k2 . Dans le
cas de cette dernière norme, seule l’inégalité triangulaire n’est pas évidente à
démontrerP : il faut utiliser le fait qu’elle provient du produit scalaire défini par
hx, yi = pi=1 xi yi sur Rp et par hx, yi = ∞
P
i=1 yi dans le cas de `2 .
x i
Rappelons l’inégalité de Cauchy-Schwarz qui s’applique dans ce cadre :
kx + yk22 = kxk22 + 2hx, yi + kyk22 ≤ kxk22 + 2 kxk2 kyk2 + kyk22 = (kxk2 + kyk2 )2
Définition 2.1.5 (Ensemble ouvert). Une partie A ⊂ E d’un EVN est ouverte
si ou bien A = ∅ ou bien
Définition 2.1.7 (Ensemble fermé). Une partie A ⊂ E d’un EVN est fermée
si son complémentaire est ouvert.
Définition 2.1.9. Une suite de vecteurs (xn )n∈N d’un EVN converge vers un
vecteur x ∈ E si et seulement si kxn − xk → 0 quand n → ∞.
Démonstration : Supposons que A est fermée soit soit (xn )n∈N une suite de
A convergeant vers x ∈ E. Si x 6∈ A, alors, comme Ac est ouvert, il existe une
boule B(x, r), avec r > 0 incluse dans Ac . Cette boule ne peut donc contenir
aucun point de la suite (xn )n∈N , ce qui contredit la convergence de cette suite
vers x. Donc x ∈ A.
Réciproquement, supposons que pour toute suite (xn )n∈N ⊂ A, convergeant
vers x ∈ E, alors x ∈ A et que Ac n’est pas ouvert. Il existe donc x ∈ Ac
18 CHAPITRE 2. EVNS, TOPOLOGIE ET FONCTIONS S.C.I.
1
tel que pour tout n ∈ N, B(x, ) rencontre A. Pour chaque n ∈ N, on choisit
n
1
un point xn ∈ B(x, ). La suite ainsi construite converge vers x 6∈ A, ce qui
n
constitue une contradiction donc Ac est bien ouvert.
Définition 2.1.13 (Adhérence d’une partie). 1) Un point x est adhérent à
un sous-ensemble A d’un EVN E s’il est limite d’une suite de points de A.
2) L’adhérence ou fermeture A de A est l’ensemble des points adhérents à A.
Proposition 2.1.14. L’ensemble A est fermé si et seulement s’il contient tous
ses points adhérents, c’est à dire A = A.
Démonstration : On remarque d’abord que, par définition, on a toujours
A ⊂ A et que par la Proposition 2.1.12, A est fermé. Supposons que A est fermé.
Alors, d’après la Proposition 2.1.12, A contient tous ses points adhérents et
donc A ⊂ A. D’où l’égalité.
Réciproquement, si A = A, A est évidemment fermé.
Définition 2.1.15. Soit A une partie d’un EVN E et x ∈ E. La distance de
x à A est
d(x, A) = inf kx − yk , y ∈ A
Remarque 2.1.26. Lorsque deux normes k·k1 et k·k2 sur un espace vectoriel E
sont équivalentes, toutes les notions topologiques (convergence, fermés, ouverts,
compacts, continuité. . . .) sont les mêmes relativement à k·k1 ou à k·k2 .
Théorème 2.1.29. Sur un EVN de dimension finie toutes les normes sont
équivalentes.
k(λ1 , . . . , λp )k = kλ1 e1 + . . . + λp ep k
Pour cette norme, l’opérateur linéaire T tel que T (λ1 e1 +. . .+λp ep ) = (λ1 , . . . , λp )
est une isométrie.
Corollaire 2.1.31. Dans un EVN de dimension finie E, tout ensemble fermé
borné est compact.
Démonstration : En effet, ce résultat est vrai dans Rp pour la norme k·k1
par le Lemme 2.1.25. Par le Théorème 2.1.29 et la Remarque 2.1.28, elle est
vraie sur Rp pour toute norme et sur tout EVN de dimension finie par le
Corollaire 2.1.30 et la Remarque 2.1.26.
Remarque 2.1.32. Le résultat devient faux en dimension infinie.
Par exemple considérons l’espace `1 des suites (xn )n∈N de réels telles que
P∞ ∞
P
|xn | < ∞, muni de la norme k(xn )k = |xn |, voir l’Exemple 2.1.3 .
n=1 n=1
La boule unité fermée de `1 est un fermé borné non compact. En effet notons
en la suite de réels (0, 0, . . . , 0, 1, 0 . . .) (le 1 en nième place). On a ken k = 1
et ken − em k = 2 pour tous n, m entiers distincts. Donc la suite (en )n∈N n’est
pas de Cauchy dans `1 , de même que ses sous-suites, qui ne convergent donc
pas.
2.1. TOPOLOGIE DES ESPACES VECTORIELS NORMÉS 23
Remarque 2.1.41. Plus généralement, tout SEA de dimension finie (d’un EVN
de dimension quelconque) est fermé. Effectivement, soit Y ⊂ E avec dim Y <
∞ et soit (yn ) une suite dans Y qui converge (vers la limite a qui a priori peut
être dans E \ V ). Alors (yn ) est bornée, disons kyn k ≤ R pour tout n ∈ N.
Donc (yn ) est une suite dans un ensemble compact K = {y ∈ Y / kyk ≤ R}
et sa limite appartient forcément à K ⊂ Y .
Dans un espace qui n’est pas de dimension finie, il existe des formes linéaires
qui ne sont pas continues.
Exemple 2.1.42. Soit E = c00 l’espace des suites de réels nulles à partir d’un
certain rang, P de la norme k·k∞ . La forme linéaire f sur c00 , définie par
muni
f (xn )n∈N = ∞ i=1 xi n’est pas continue.
En effet, f est bien définie et linéaire sur E mais n’est pas bornée sur la boule
unité car en considérant la suite finie de réels comportant n termes non nuls :
sn = (1, 1, 1, . . . , 1, 0, 0, . . .), on a ksn k∞ = 1 et f (sn ) = n → +∞.
Définition 2.1.43 (Espace EVN separable). On dit qu’un EVN E est sépa-
rable s’il existe une suite d’espaces vectoriels de dimension finie dont la réunion
est dense dans E.
On remarquera qu’il est équivalent de dire qu’il existe une suite (xn )n∈N , dense
dans E (la définition habituelle de la séparabilité).
On peut montrer que `1 , `2 , c0 sont séparables mais que `∞ ne l’est pas.
Les boules centrées à l’origine sont des convexes particuliers, en ce qu’ils sont
symétriques, c’est à dire que si x ∈ B(0, r) alors −x ∈ B(0, r) et en particulier
0 ∈ B(0, r).
26 CHAPITRE 2. EVNS, TOPOLOGIE ET FONCTIONS S.C.I.
x
jC (x) = inf{λ > 0 / ∈ C}
λ
(avec la convention inf ∅ = +∞). Alors jC vérifie les propriétés i) à iii) ci-
dessus, et de plus :
x ∈ E / jC (x) < 1} ⊂ C ⊂ {x ∈ E / jC (x) ≤ 1 .
On remarquera :
1) La jauge jC d’un convexe C est une jauge au sens général défini ci-dessus.
2) jC est à valeurs finies si et seulement si l’intersection de C avec toute
demi-droite issue de 0 n’est pas réduite à {0} (C est dit absorbant).
3) La fonction jC est une norme si et seulement si de plus C est symétrique
et ne contient aucune demi-droite issue de 0.
Proposition 2.2.1. L’adhérence d’un convexe (resp., d’un SEA, d’un cône
convexe, SEV) est un convexe (resp., un SEA, un cône convexe, un SEV).
o
existe y ∈ C ∩ B(x, r). Soit z ∈ E tel que x soit milieu du segment [z, y] ; on a
encore z ∈ B(x, r), donc z ∈ C ; d’après le Lemme précédent, le segment ]z, y]
o
est inclus dans C ; en particulier x est intérieur à C.
o
o
Remarque 2.2.9. Si E est de dimension infinie, l’égalité C = C peut être fausse
o
lorsque C est vide.
Par exemple, soit E = c0 , l’espace des suites de réels convergeant vers 0, muni
de la norme k(xn )n∈N k = sup |xn |, voir l’Exemple 2.1.3 et C = c00 , le sous-
n∈N
o
espace des suites nulles à partir d’un certain rang. Alors C = E, mais C = ∅
car toute boule de E contient des vecteurs dont toutes les coordonnées sont
non nulles.
3) D+ est fermé.
4) H est fermé.
5) D+ est d’intérieur non vide.
Les propriétés analogues à 2), 3) et 5) avec D− et D−0 sont également équiva-
r > 0 tel que B(x0 , r) ⊂ H c . Il est alors clair que f B(x0 , r) < a car si
Définition 2.2.12. On dit qu’une partie A d’un EVN est dense dans E si son
adhérence est égale à E.
Proposition 2.2.13. Une partie A d’un EVN est dense dans E si et seulement
si son complémentaire Ac ne contient pas de boule de rayon strictement positif.
alors H, donc est incluse par exemple dans D+ 0 . Donc D est d’intérieur non
+
vide, et H est fermé d’après la Proposition 2.2.10.
Explicitons une suite de H qui ne converge pas dans H : on part d’un P vecteur de
c00 qui n’est pas dans H, soit x = (x1 , x2 , . . . , xn , 0, 0, . . .) avec α = ni=1 xi 6=
0 et on définit la suite (ξk )k∈N∗ par :
α α α
ξk = x1 , x2 , . . . , xn , − , − , . . . , − , 0, 0, . . .
k k k
α
où on a mis k termes en − . Alors, pour tout k > 0, ξk ∈ H et de plus :
k
|αk |
kx − ξk k = → 0 quand k → +∞
k
Donc la suite (ξk )k∈N∗ est dans H et converge vers x 6∈ H.
A ⊂ B ⇒ inf A ≥ inf B
Démonstration : Si f est s.c.i., et f (x0 ) > −∞, alors pour tout t < f (x0 )
l’ensemble {x ∈ E / f (x) > t} est un ouvert contenant x0 , donc contenant aussi
une boule ouverte B(x0 , r), avec r > 0. Donc lim inf x→x0 f (x) ≥ t et en faisant
t → f (x0 ) on obtient lim inf x→x0 f (x) ≥ f (x0 ). Ceci reste évidemment vrai si
34 CHAPITRE 2. EVNS, TOPOLOGIE ET FONCTIONS S.C.I.
f (x0 ) = −∞. L’inégalité inverse est toujours vraie, donc lim inf x→x0 f (x) =
f (x0 ).
Réciproquement, supposons cette égalité est vraie en tout point x0 ∈ E. Soit
t ∈ [−∞, +∞[ et supposons que f (x0 ) > t. Il existe alors r > 0 tel que
inf x∈B(x0 ,r) f (x) > t. Le point x0 est donc intérieur à l’ensemble Ut = {x ∈
X / f (x) > t}. Comme ceci est vrai pour tout x0 ∈ Ut , cet ensemble est donc
ouvert. Le cas t = +∞ est trivial car U+∞ = ∅.
On traduit familièrement cette propriété en disant que les fonctions s.c.i. ne
peuvent sauter que vers le bas :
Remarque 2.3.8. On dira que f est s.c.i. en x0 ∈ E si lim inf f (x) = f (x0 ).
x→x0
Proposition 2.3.9. 1) Si (fi )i∈I est une famille quelconque de fonctions s.c.i.
de E → R, l’enveloppe supérieure des (fi )i∈I , f = supi fi , est également s.c.i.
2) Si f et g sont des fonctions s.c.i. de X dans R ∪ {+∞}, et α, β des réels
positifs, la fonction αf + βg est s.c.i.
T
Démonstration : 1) On a epi f = i epi fi . C’est donc un fermé, comme
intersection de fermés.
2) Pour tout sous-ensemble A de E, on a :
lim inf (αf (x) + βg(x)) ≥ α lim inf f (x) + β lim inf g(x)
x→x0 x→x0 x→x0
Si f et g sont s.c.i., on en déduit lim inf x→x0 (αf (x)+βg(x)) ≥ αf (x0 )+βg(x0 ).
L’inégalité inverse est triviale.
Définition 2.3.11 (Fonction s.c.i. définie sur une partie de E). On dit que
la fonction numérique f : Y → R est semi-continue inférieurement (s.c.i.) si
pour tout a ∈ R, l’ensemble {x ∈ Y / f (x) > a} est un ouvert de Y , c’est à
dire l’intersection d’un ouvert de E avec Y .
2.4. FONCTIONS CONVEXES S.C.I. SUR UN EVN 35
+∞ sinon
Soit (E, k·k) un EVN. En réunissant les résultats sur les fonctions convexes et
les fonctions s.c.i. des deux sections précédentes, on obtient immédiatement les
résultats suivants :
Proposition 2.4.1. Une fonction E → R est convexe s.c.i. si et seulement si
son épigraphe est convexe fermé.
Exemple 2.4.2. Si A ⊂ E alors A est convexe fermé si et seulement si χA
est convexe s.c.i.
36 CHAPITRE 2. EVNS, TOPOLOGIE ET FONCTIONS S.C.I.
+∞ sinon
39
40 CHAPITRE 3. STRUCTURE DES CONVEXES
n p
X o
∗
conv(x0 , . . . , xp ) = x ∈ E / ui (x−x0 ) ≥ 0, i = 1, . . . , p et u∗i (x−x0 ) ≤ 1
i=1
n p
X o
∗
x ∈ E / ui (x − x0 ) > 0, i = 1, . . . , p et u∗i (x − x0 ) < 1 .
i=1
p
X xi
Cet ouvert est non vide car il contient le point x = pour lequel
p+1
i=0
1
u∗i (x − x0 ) = pour tout i = 1, 2, . . . , p.
p+1
ii) ⇒ iii) : Si iii) est faux, soit k le nombre maximum de points affinement
indépendants de C, alors k < n + 1. Soit (x1 , .P . . , xk ) k pointsPaffinement
indépendants de C. Tout x ∈ C peut s’écrire x = ki=1 λi xi , avec ki=1 λi = 1
sinon (x, x1 , . . . , xk ) serait affinement libre et donc k ne serait pas maximal. Il
en est de même de tout x ∈ Aff(C). On a donc Aff(C) = Aff(x1 , . . . , xk ). Or
la direction de Aff(x1 , . . . , xk ) est de dimension k − 1 < n, donc Aff(C) 6= E,
ce qui contredit ii).
o
Démonstration : En effet, par la Proposition 3.1.1 si C = ∅, Aff(C) 6= E.
o
Comme C ⊂ Aff(C) = Aff(C), alors, C = ∅, en utilisant à nouveau la Propo-
sition 3.1.1.
3.1. INTÉRIEUR D’UN CONVEXE EN DIMENSION FINIE 41
Exercice 3.1. Les résultats de cette section sont en général faux en dimension
infinie. Considérons E = c00 (voir Exemple 2.1.42) muni de la norme k · k∞ .
◦
1) Soit C = {(xn ) ∈ c00 / ∀n ∈ N |xn | ≤ n1 }. Montrer que C = ∅ tandis que
Aff(C) = cone(C) = E et alors le coeur de C contient 0.
2) Soi H un hyperplan dense dans E (donné par Example 2.2.15). Montrer
que l’affirmation du Corollaire 3.1.4 n’est pas vraie pour C = H.
∀y ∈ C , hx0 − y0 , y − y0 i ≤ 0 (∗)
(La deuxième égalité suit de d(x0 , C) = min{d(x0 , B), d(x0 , C \ B)} combinée
avec d(x0 , C \ B) ≥ 2r.) Or B est un fermé borné dans un espace de dimension
finie, il est donc compact. La fonction continue y → ky − x0 k atteint donc son
3.2. THÉORÈMES DE SÉPARATION EN DIMENSION FINIE 43
Les deux théorèmes de séparation qui suivent, séparation d’un point et d’un
convexe fermé et séparation d’un point et d’un convexe ouvert, sont vrais
également en dimension quelconque mais la démonstration présentée ici est
particulière à la dimension finie :
Théorème 3.2.2 (Séparation d’un point et d’un convexe fermé dans un espace
de dimension finie). Si C est un convexe fermé non vide d’un espace E de
dimension finie et x0 un point de E n’appartenant pas à C il existe un hyperplan
affine H séparant strictement x0 de C ; c’est à dire que C et x0 sont inclus
chacun dans un demi-espace ouvert différent défini par H. En particulier C est
inclus dans l’un des demi-espaces affines associés à H.
Démonstration : Soient x0 et C comme dans l’énoncé. La distance
d(x0 , C) = inf{ky − x0 k / y ∈ C}
∀y ∈ C, hy − y0 , x0 − y0 i ≤ 0. (†)
Posons f (y) = hy, x0 − y0 i ; la fonction f est une forme linéaire non nulle sur
E. La condition (†) peut être reformulée :
∀y ∈ C, f (y) ≤ f (y0 ).
44 CHAPITRE 3. STRUCTURE DES CONVEXES
Par ailleurs, on a f (x0 ) = f (y0 ) + f (x0 − y0 ) = f (y0 ) + kx0 − y0 )k2 > f (y0 )
Soit H l’hyperplan défini par :
y ∈ H ⇐⇒ f (y) = c,
Corollaire 3.2.5. Soit C un convexe d’intérieur non vide. Par tout point x0
o
non intérieur à C il passe un hyperplan affine H disjoint de C. De plus l’un
des demi-espaces fermés associés à H contient C.
o
Démonstration : On applique le théorème précédent à C. On trouve un
o
hyperplan H contenant C, tel que l’un des demi-espaces ouverts associés à H
o o
contienne C. Le demi-espace fermé correspondant contient l’adhérence de C,
qui coïncide avec celle de C par la Proposition 2.2.8, donc contient C.
Remarque 3.2.6. Sous les hypothèses du Théorème 3.2.4, il revient au même de
dire qu’il existe une forme linéaire non nulle f sur E, de la forme x 7→ hu, xi,
avec u ∈ E 0 , telle que supx∈C f (x) ≤ f (x0 ).
des valeurs distinctes en deux points y1 , y2 ∈ M et soit y(t) = y1 + t(y2 −y1 )
une paramétrisation de cette droite. Alors f y(t) = f (y1 )+t f (y2 )−f (y1 ) et
la restriction de f à la droite y1 y2 prend toutes les valeurs réelles, donc ne peut
être majorée par f (x) pour un x ∈ C. La forme linéaire f est donc bien égale à
une constante a sur M . On a donc M ⊂ H = {y / f (y) = a} qui est l’hyperplan
affine recherché : en effet, comme le demi espace fermé {y / f (y) ≥ a} contient
o o
C, il contient C qui coïncide avec C d’après la Proposition 2.2.8, donc ce demi
espace contient aussi C.
Corollaire 3.2.9. Soit C un convexe fermé de l’espace vectoriel normé E et et
K ⊂ E un convexe compact vérifiant K ∩ C = ∅. Alors, il existe un hyperplan
H qui sépare strictement C et K.
Démonstration : La fonction x → d(x, C) est continue et strictement po-
sitive sur K puisque C est fermé. Comme K est compact, elle atteint son
minimum m > 0 en un point x ∈ K. L’ensemble K 0 = {x ∈ E/ d(x, K) < m}
est un convexe ouvert contenant K et disjoint de C. On peut donc, par le
Corollaire 3.2.7, séparer strictement K 0 et C, donc aussi K et C.
Corollaire 3.2.10 (Théorème de Hahn-Banach dans les espaces de dimension
finie #3). Soit E un EVN et F ⊂ E un SEV. Soit f ∈ F 0 , le dual de F . Alors,
il existe f˜ ∈ E 0 qui est une prolongement de f (c’est-à-dire, f˜(x) = f (x) si
x ∈ F ) et telle que kf˜kE 0 = kf kF 0 .
Démonstration : On utilise le lemme suivant (Exercice !).
Lemme 3.2.11. Soit X un EVN, B = B(0, 1) la boule unité ouverte de X, et
soit f ∈ X 0 , f 6= 0. Alors f (B) = ] − c, c[, où c = kf k.
Pour le Corollaire, on peut supposer que c = kf k > 0. Posons M = f −1 (c),
alors M est un hyperplan (fermé) dans F . Par Lemme 3.2.11, M ∩BF (0, 1) = ∅
et – étant donné que M ⊂ F , il suit que M ∩ BE (0, 1) = ∅. Par Corollaire
3.2.8, il existe un hyperplan H de E tel que H ⊃ M et H ∩ BE (0, 1) = ∅.
Comme dans la démonstration de la Proposition 1.3.14, il existe une forme
lineaire f˜ telle que H = f˜−1 (c). Cette forme vérifie f˜(x) = f (x) si x ∈ M et
si x = 0, alors ”egalement pour tout x ∈ Aff(M ∪ {0}) = f . Autrement dit,
f˜ qui est une
prolongement de f . Par ailleurs, H ∩ BE (0, 1) = ∅ montre que
f˜ BE (0, 1) ⊂] − c, c[ et alors il suit du Lemme 3.2.11 que kf˜k ≤ c = kf k.
L’inégalité inverse étant évidente, le Corollaire suit.
Dans cette partie, on va montrer des théorèmes de séparation qui n’ont pas
d’analogue en dimension quelconque. On utilise des notions, le cône engendré
3.3. AUTRES THÉORÈMES DE SÉPARATION 47
par un convexe et l’intérieur relatif d’un convexe qui n’ont d’intérêt qu’en
dimension finie et qui sont essentielles pour ces théorèmes de séparation.
Corollaire 3.4.1. Par tout point non intérieur d’un convexe de E il passe un
hyperplan d’appui.
3.5. STRUCTURE DES CONVEXES COMPACTS 49
Définition 3.6.1 (Cône convexe saillant). Un cône convexe Γ est dit saillant
si Γ ∩ (−Γ) ⊂ {0}.
Remarque 3.6.2. (i) Il revient au même de dire qu’un cône convexe Γ est saillant
ou que Γ \ {0} est encore un cône convexe, ou encore que Γ ne contient aucune
droite vectorielle.
(ii) Rappelons (voir 1.2.4) la définition N (Γ) = {0} ∪ (Γ ∩ (−Γ)). Alors Γ est
saillant si et seulement si N (Γ) = {0}.
3.6. STRUCTURE DES CÔNES CONVEXES FERMÉS 53
Γ = N (Γ) + Γ0
Le seul point extrémal d’un cône convexe fermé saillant est son sommet. Un
théorème de structure ne peut donc être obtenu à partir des points extrémaux,
il faut faire intervenir des faces particulières, de dimension un, les génératrices
extrémales.
Lemme 3.6.12. Soit Γ un cône convexe fermé saillant d’un espace de dimen-
sion finie. Il existe un hyperplan affine H, ne contenant pas 0, dont l’intersec-
tion avec Γ soit un convexe compact K. De plus Γ est le cône convexe engendré
par K.
On peut supposer que inf x∈L f (x) = 1. (On posera H = {x ∈ E / f (x) = 1}).
A fortiori inf x∈A f (x) ≥ 1, ce qui entraîne par homogénéité que ∀x ∈ Γ, kxk ≤
f (x). Alors le fermé K = {x ∈ Γ/ f (x) = 1} est inclus dans la boule unité de
E, donc est compact.
x
Si x ∈ Γ, x 6= 0 on a f (x) ≥ kxk > 0, donc y = est bien défini, et
f (x)
appartient clairement à H ∩ Γ = K. Comme x = f (x)y pour tout x ∈ Γ,
x 6= 0, on a bien Γ = cone(K).
Démonstration : a) Supposons que C est compact. Soit (un ) une suite dans
Γ(C) qui converge vers un point u de E. b On a un = (λn xn , λn ), avec λn ≥ 0 et
xn ∈ C. Alors (λn ) converge vers un réel λ ≥ 0 (la seconde composante de u) ;
par compacité de C, on peut (quitte à extraire une sous-suite) supposer que
(xn ) converge vers x ∈ C. Alors u = (λx, λ), donc appartient à Γ(C), qui est
donc fermé.
b) Réciproquement supposons Γ(C) fermé. Alors C b = Γ(C) ∩ (E × {1}) est
fermé, et donc C également. Si C n’est pas compact, c’est qu’il n’est pas
borné, c’est à dire qu’il existe une suite (xn ) ⊂ C, avec kxn k → ∞. La suite
(xn / kxn k , 1/ kxn k) est bornée et incluse dans Γ(C). Quitte à extraire, on
peut supposer qu’elle converge vers un point (u, 0), appartenant lui aussi à
Γ(C) (puisque ce cône est fermé) et tel que kuk = 1. C’est impossible car
Γ(C) ∩ (E × {0}) = {0}.
3.7. CONVEXES FERMÉS GÉNÉRAUX DE DIMENSION FINIE 57
Cette proposition montre que le cône asymptotique d’un convexe est formé des
directions des demi-droites affines incluses dans ce convexe.
C = conv(Ext C) + Cas
On note que Cas × {0} est une face de Γ(C) comme intersection de ce cône
convexe avec un hyperplan d’appui et il en résulte Gext Γ(C) ∩ (Cas × {0}) =
Gext(Cas ) × {0}, Lemme 1.4.11.
3.7. CONVEXES FERMÉS GÉNÉRAUX DE DIMENSION FINIE 59
Montrons maintenant que Gext Γ(C) ∩ Γ(C) = Gext Γ(C) . Il suffit de vé-
rifier l’inclusion Gext Γ(C) ⊂ Gext Γ(C) . Si x ∈ C, notons γxb = R+ .(x, 1)
la direction de Γ(C) associée. Supposons que γxb ∈ Gext Γ(C) . Si (x, 1) =
(y, λ)+(z, µ), avec (y, λ), (z, µ) ∈ Γ(C), et si λ, µ > 0, on a en fait (y, λ), (z, µ) ∈
Γ(C), et par conséquent (y, λ) et (z, µ) sont colinéaires à (x, 1) par extrémalité
de γxb . Si au contraire on a par exemple µ = 0, alors (x, 1) = (y, λ) + (z, 0)
avec z ∈ Cas ; alors nécessairement λ = 1, y ∈ C, et x = y + z. Le point
x + z est aussi dans C, puisque z ∈ Cas . Le point (x, 1) étant milieu des points
(x±z, 1) ∈ Γ(C), ceux-ci doivent appartenir à la direction R+ (x, 1), ce qui n’est
possible que si x + z = x = x − z donc z = 0. Donc dans ce cas (z, µ) = (0, 0)
et (y, λ) = (x, 1).
On voit donc que, dans les deux cas, γxb est bien une génératrice extremale du
cône fermé Γ(C).
Comme Γ(C) = cone(C) b et C b est l’intersection de Γ(C) avec l’hyperplan E ×
{1} qui ne contient pas (0, 0) et le Lemme 3.6.13 montre que γxb ∈ Gext(Γ(C))
si et seulement si (x, 1) ∈ Ext (C),
b c’est à dire si et seulement si x ∈ Ext C.
k
X m
X
(x, 1) = αi (xi , 1) + (ui , 0)
i=1 i=k+1
Pk Pk Pm
d’où i=1 αi = 1 et x = i=1 αi xi + i=k+1 ui .
Remarque 3.7.8. Si le convexe fermé C contient une droite affine, il n’a aucun
point extrémal et son cône asymptotique n’a aucune génératrice extrémale.
Démonstration : En effet si u ∈ N (Cas ) , u 6= 0, et x ∈ C, on a x ± u ∈ C,
donc x n’est pas extrémal. Comme N (Cas ) 6= {0}, Cas n’a pas de génératrice
extrémale d’après la Remarque 3.6.10.
Remarque 3.7.9. Si C est un convexe fermé, l’ensemble conv(Ext C) n’est pas
forcément fermé ni borné.
En effet, On a déja vu en 3.5.3 que conv(Ext C) n’est pas nécessairement
fermé et si C est le convexe fermé limité par une hyperbole dans R2 , ses point
extémaux sont exactement les points de l’hyperbole, qui est non borné.
Définition 4.1.1 (Polaire d’une partie). Soit A une partie d’un EVN E. Le
polaire de A est le convexe fermé du dual E 0 défini par :
A◦ = x∗ ∈ E 0 / hx∗ , xi ≤ 1, ∀x ∈ A
B ◦ = x ∈ E/ hx∗ , xi ≤ 1, ∀x∗ ∈ B
61
62 CHAPITRE 4. STRUCTURE DES CONVEXES POLYÉDRAUX
C ◦◦ = C
Ces résultats sont vrais aussi en dimension quelconque : on pourra vérifier que
la démonstration du Théorème 4.1.2 s’applique sans changement dans ce cadre
en utlisisant les théorèmes de séparation du chapitre 6.
N
\
Démonstration : Si x ∈ Ker gi avec x 6= 0, il suit que pour tout g ∈
i=1
6 E0.
Vect{g1 , g2 , . . . , gn } on a g(x) = 0. Donc Vect{g1 , g2 , . . . , gn } =
Réciproquement, si Vect{g1 , g2 , . . . , gn } =6 E 0 , il existe un g ∈ E 0 tel que g ∈
/
Vect{g1 , g2 , . . . , gn }. Par le théorème de séparation d’un point et d’un convexe
fermé (Théorème 3.2.2), il existe x ∈ E = E 00 qui sépare g et Vect{g1 , g2 , . . . , gn }.
Comme Vect{g1 , g2 , . . . , gn } est un SEV, nécessairement, x annule tout élé-
ment de cet ensemble et donc est dans l’intersection des noyaux des gi , i =
1, 2, . . . , N . Par contre, g(x) 6= 0. On en déduit qu’il existe un vecteur non nul
\N
dans Ker gi .
i=1
4.2. REPRÉSENTATION DES CONVEXES POLYÉDRAUX 63
gi (·) ≥ bi , i = 1, . . . , N
Pour tout x ∈ C, soit IC (x) l’ensemble des indices i ∈ {1, . . . , N } pour lesquels
gi (x) = bi . Alors x est extrémal si et seulement si
Vect gi / i ∈ IC (x) = E 0
6 E 0 . Il existe
\ maintenant qu’au contraire Vect{gi / i ∈ IC (x)} =
b) Supposons
alors u ∈ Ker gi , u 6= 0. Posons :
i∈IC (x)
gi (x) − bi
ε = inf , i ∈ IC (x) et gi (u) 6= 0
|gi (u)|
Alors ε > 0 et ε |gi (u)| ≤ gi (x)−bi , pour tout i 6∈ IC (x). On a donc gi (x±εu) ≥
bi pour i 6∈ IC (x).
D’autre part gi (x ± εu) = gi (x) = bi pour i ∈ IC (x) et si gi (u) = 0.
D’où x ± εu ∈ C et comme εu 6= 0, x n’est pas extrémal.
Corollaire 4.2.5. Tout convexe polyédral a un nombre fini de points extré-
maux.
Démonstration : Supposons comme ci-dessus le convexe polyédral C défini
par les inéquations gi (·) ≥ bi , i = 1, . . . , N . D’après la proposition précédente,
si x ∈ C est extrémal, il existe I ⊂ {1, . . . , N } tel que Vect(gi )i∈I = E 0
et gi (x) = bi pour tout i ∈ I. On peut choisir I de cardinal p = dim E.
Inversement pour tout I ⊂ {1, . . . , N } de cardinal p tel que Vect(gi )i∈I = E 0 ,
il existe exactement un point zI ∈ E tel que gi (zI ) = bi , pour tout i ∈ I.
L’ensemble I des parties I de {1, . . . , N } à p éléments telles que Vect(gi )i∈I =
p
E 0 est de cardinal majoré par CN , il en est donc de même de Ext C (qui est
inclus dans {zI / I ∈ I}).
Remarque 4.2.6 (Sommets). Les points extrémaux d’un convexe polyédral sont
aussi appelés ses sommets.
Corollaire 4.2.7. Tout cône convexe polyédral a un nombre fini de génératrices
extrémales.
Démonstration : Si N (Γ) 6= (0), Γ n’a aucune génératrice extrémale. Si
N (Γ) = (0), les génératrices extrémales de Γ sont en bijection avec les points
extrémaux d’un convexe compact K = Γ∩H, où H est un hyperplan bien choisi
(Lemmes 3.6.12 et 3.6.13). Un hyperplan est trivialement polyédral, donc K
est polyédral et par suite a un nombre fini de points extrémaux.
C = conv(x1 , . . . , xq ) + cone(u1 , . . . , us )
Il résulte de la Proposition 4.2.9 que tout convexe polyédral (non vide) est
∗-polyédral.
Définition 4.3.2 (Polytope). Un convexe ∗-polyédral de la forme C = conv(x1 , . . . , xq )
est appelé un polytope.
Proposition 4.3.3. Tout convexe ∗-polyédral est fermé.
Démonstration : On a C = K + Γ, où K = conv(x1 , . . . , xq ) est compact
(Proposition 2.2.4) et Γ = cone(u1 , . . . , us ) est fermé (Corollaire 3.6.5). Il s’en-
suit que C est fermé. En effet, si (xn ) est une suite de C convergeant vers
x ∈ E, on a xn = yn + zn , avec (yn ) dans K et (zn ) dans Γ. On peut supposer
que (yn ) converge vers un point y de K. Alors (zn ) converge vers z = x − y, et
z ∈ Γ puisque Γ est fermé. D’où x = y + z est dans K + Γ = C.
Théorème 4.3.5. La classe des convexes ∗-polyédraux coïncide avec celle des
convexes polyédraux.
Démonstration : On sait déja que tout convexe polyédral est ∗-polyédral
(Proposition 4.2.9).
Réciproquement soit C un convexe ∗-polyédral. Par translation, on peut sup-
poser que 0 ∈ C. D’après la Proposition 4.2.9, son polaire C ◦ est polyédral,
donc ∗-polyédral. Donc, à nouveau d’après la Proposition 4.2.9, son bipolaire
C ◦◦ est encore polyédral. Comme C est fermé (Proposition 4.3.3) et contient
0, on a C ◦◦ = C par le théorème du bipolaire, 4.1.2 : donc C est polyédral.
Corollaire 4.3.6. L’image d’un convexe polyédral de E par une application
linéaire T : E → F est un convexe polyédral de F .
Démonstration : Si C = conv(x1 , . . . , xq ) + cone(u1 , . . . , us )
on a
T (C) = conv(T x1 , . . . , T xq ) + cone(T u1 , . . . , T us )
est le convexe
Proposition 5.1.4. On suppose que C ne contient pas de droite. S’il existe une
direction asymptotique γu ∈ Gext(Cas ) telle que f (u) < 0, alors inf P = −∞.
Dans le cas contraire inf P > −∞, et est atteint en un point de Ext C.
69
70 CHAPITRE 5. PROGRAMMATION LINÉAIRE
C = x = (x1 , . . . , xn ) ∈ Rn / 0 ≤ xi ≤ 1, i = 1, . . . , n
Définition 5.1.6 (Arêtes d’un convexe). Une arrête d’un convexe C est une
face 1-dimensionnelle. On appelle A l’ensemble des arrêtes de C.
Comme C est supposé ne pas contenir de droite, une arête est soit un segment
[s1 , s2 ], et nécessairement dans ce cas s1 , s2 ∈ Ext C ; soit une demi-droite
s + γu , et alors nécessairement s ∈ Ext C, et γu ∈ Gext(Cas ).
Démonstration : i) Si (fi )i∈IC (x0 ) est de rang (n−1), l’intersection des (n−
1) hyperplans affines Hi = {x/ fi (x) = bi } est une droite affine ∆ contenant
x0 . Comme les hyperplans Hi sont d’appui pour C, chaque Hi ∩ C est une face
de C, et il en est de même de A = ∆ ∩ C. Comme x0 n’est pas extrémal, la
face A n’est pas réduite à {x0 }. C’est donc une arête de C, contenant x0 . Un
vecteur directeur u de A vérifie évidemment fi (u) = 0 pour tout ∀i ∈ IC (x0 ) ;
tout autre point x de a vérifie fi (x) = bi , pour tout i ∈ IC (x0 ), c’est-à-dire
IC (x0 ) ⊂ IC (x).
ii) Si (fi )i∈IC (x0 ) est de rang n, x0 est extrémal, il y a une contradiction.
iii) Si (fi )i∈IC (x0 ) est de rang r < (n − 1), on peut trouver n − r vecteurs
indépendants u` , ` = 1, . . . , n − r, tels que fi (u` ) = 0 pour tous i ∈ IC (x0 ) et
` = 1, . . . , n − r.
Alors x0 ±δu` ∈ C pour tout ` = 1, . . . , n−r et δ petit puisque fi (x0 ±δu` ) = bi
si i ∈ IC (x0 ), tandis que fi (x0 ± δu` ) = fi (x0 ) ± δfi (u` ) < bi pour i 6∈ IC (x0 )
et δ suffisamment petit.
Il s’ensuit que toute face de C contenant x0 contient aussi les x0 + εu` , ` =
1, . . . , n−r, donc est de dimension ≥ n−r ≥ 2 : donc x0 n’appartient à aucune
arête de C.
v+w
soit A = γu ∩ C ; si x ∈ A, vérifie x = , avec v, w ∈ C, on a a fortiori
2
v, w ∈ Γ ; si x 6= 0, on a γx = γu , d’où v, w ∈ γx = γu par extrémalité de γu ,
donc v, w ∈ A ; si x = 0, on a v = w = 0 par extrémalité de s = 0. Donc A est
une arête de C.
Réciproquement, si A est une arête de C d’extrémité 0, soit γ = R+ A la demi-
v+w
droite issue de 0 engendrée par A. Si u ∈ γ vérifie u = avec v, w ∈ Γ,
2
soit λ > 0 tel que λu, λv, λw appartiennent à C. Alors λv, λw appartiennent à
A et donc v, w appartiennent à γ, qui est donc extrémale.
Le même raisonnement montre que 0 est un sommet de Γ, qui est donc saillant.
Comme le cône polyédral saillant Γ est engendré par ses génératrices extré-
males, il est donc inclus dans le cône convexe de sommet s engendré par les
arêtes issues de s. L’inclusion inverse est triviale.
Corollaire 5.1.9. Si toute arête issue du sommet s de C est incluse dans le
demi-espace D = {x ∈ E / f (x) ≥ f (s)}, alors le convexe C tout entier est
inclus dans ce demi-espace, c’est-à-dire que s est un programme optimal pour
(P).
Définition 5.1.10 (Sommets voisins). On dira que deux sommets s1 , s2 ∈
Ext C sont voisins si le segment [s1 , s2 ] est une arête de C.
On peut alors modifier comme suit le schéma d’algorithme de recherche d’un
programme optimal :
Il est clair que le convexe polyédral défini par les contraintes ne contient aucune
droite, puiqu’il est inclus dans le cône saillant Rn+ .
74 CHAPITRE 5. PROGRAMMATION LINÉAIRE
Dans toute la suite, le problème d’optimisation considéré est donné sous forme
standard : (
minimiser f (x) = c.x, x ∈ Rn
(Ps )
sous les contraintes Ax = b et x ≥ 0
où A est une matrice à n colonnes, m lignes que l’on suppose de rang m.
j6∈N (x)
ou encore que les vecteurs colonne (Aj )j6∈N (x) sont indépendants.
Remarque 5.3.3. Il résulte immédiatement de ce lemme que pour tout pro-
gramme de base x, l’ensemble N (x) a au moins n − m éléments. Le programme
de base est dit non dégénéré si N (x) a exactement n − m éléments, dégénéré
s’il en a plus.
Si S est une partie non vide de l’ensemble {1, . . . , n}, soit RS l’espace des suites
de réels (xj )j∈S indexées par S ; on a une application naturelle de restriction
rS : Rn → RS , x = (xj )j=1,...,n 7→ xS = (xj )j∈S .
Si (B, une partition de {1, . . . , n} en deux ensembles non vides, on écrira
F ) est
xB
x= pour signifier que x est obtenue par recollement des suites (xj )j∈B
xF
et (xj )j∈F .
Notons que cette écriture est impropre et ambigüe lorsque les ensembles B et
F ne sont pas consécutifs.
De même, la matrice A pourra s’écrire (improprement) A = (AB / AF ), où AB
est le bloc défini par les colonnes Aj , j ∈ B, et AF celui défini par les colonnes
Aj , j ∈ F . On a alors Ax = AB xB + AF xF .
Corollaire 5.3.4. Si x est un programme de base, il existe une partition (B, F )
de {1, . . . , n} telle que cardB = m, que AB soit une matrice régulière et que
−1
xB = AB b, xF = 0. Réciproquement pour toute sous-matrice AB de
A, carrée
A−1
−1 B b
d’ordre m, inversible et telle que AB b ≥ 0, le programme s(B) :=
0
est un programme de base.
76 CHAPITRE 5. PROGRAMMATION LINÉAIRE
s0 = s(B 0 ).
Dans le cas des arêtes infinies issues d’un programme de base, on a la paramé-
trisation suivante :
Lemme 5.3.9. Si a est une arête infinie issue du sommet s, il existe B ∈ B
paramétrisant s et un élément j0 du complémentaire F de B tel que u =
−A−1 j0
A
B soit un vecteur directeur de a. Réciproquement pour tout B ∈ B
ej0
−1 j0
et tout j0 6∈ Btels que A B A ≤ 0, la demi-droite issue de s(B) de vecteur
−1 j0
−AB A
directeur u = est une arête de C.
e j0
78 CHAPITRE 5. PROGRAMMATION LINÉAIRE
Définition 5.3.10 (Vecteur test). Soit (B, F ) une partition de {1, . . . , n},
avec B ∈ B. On a pour tout programme admissible x :
f (x) = c.x = cB xB + cF xF
= cB (A−1
B (b − AF xF )) + cF xF
= cB A−1 −1
B b + (cF − cB AB AF )xF
= cB A−1
B b + tx = f (s(B)) + t(B)x
−A−1 A`
−1 ` B
ii) SiAB A ≤ 0, alors u = est vecteur du cône asymptotique.
e`
En fait u dirige une arête infinie issue de s(B). Si t` > 0, on a f (u) = f (x +
u) − f (x) = t(B)u = t(B)` < 0. D’où inf P = −∞.
0
(A−1 `
B A)j
M (B )j = M (B)j − M (B)k
(A−1 `
B A)k
Quand on fait l’opération sur les lignes mentionnée dans l’énoncé, la colonne
correspondant à l’indice ` ne comporte plus que des 0, sauf sur la ligne nouvel-
lement indexée par `, anciennement par k, où le coefficient vaut 1. Autrement
dit on a obtenu un système équivalent de la forme :
ξ
0 IB 0 D z
xB 0 =
1 0 t d
xF 0
s(B)k
f (s(B 0 )) = −d(B 0 ) = −d(B) + t`
A(B)`k
s(B)k
donc f (s(B 0 )) − f (s(B)) = t` ≤ 0
A(B)`k
Si s(B)k 6= 0 (en particulier si s(B) n’est pas dégénéré), on obtient bien
f (s(B 0 )) < f (s(B)). Si en revanche s(B)k = 0 alors en fait s(B 0 ) = s(B),
c’est à dire qu’on a obtenu une nouvelle paramétrisation du même programme
de base.
Néanmoins même dans ce cas on peut continuer l’algorithme : on parcourt
ainsi une suite de paramétrisations B 0 , B 00 , B 000 . . . de s = s(B).
Deux cas se présentent :
*** soit ces paramétrisations successives de s sont distinctes : alors,
puisque s a un nombre fini de paramétrisations, on finit par obtenir soit un
nouveau programme de base et donc diminuer strictement la fonction objectif,
soit par obtenir une arête infinie (d’où inf P = −∞).
*** soit on retombe sur une paramétrisation de s déjà obtenue : il y a
cyclage, l’algorithme boucle.
En l’absence de cyclage l’algorithme s’arrête en un nombre fini d’étapes et
donne un programme de base optimal (ou bien inf P = −∞).
82 CHAPITRE 5. PROGRAMMATION LINÉAIRE
minimiser g(x, y) = m n m
P
(Paux ) i=1 yi , x ∈ R , y ∈ R
sous les contraintes Ax + y = b et x ≥ 0, y ≥ 0
Soit H un espace de Hilbert réel, c’est à dire un espace vectoriel muni d’un
produitpscalaire (x, y) 7→ hx, yi, complet pour la norme hilbertienne associée
kxk = hx, xi. Comme dans le cas de la dimension finie, si x, y ∈ H, on pose
d(x, y) = kx − yk et pour toute partie A ⊂ H, d(x, A) = inf{d(x, y) / y ∈ A}.
Remarque 6.1.3. Une fonction f définie sur un EVN (ou sur une partie non-
bornée d’un EVN) est dite coercive si limkxk→∞ f (x) = +∞. Le Théorème
6.1.1 dit alors qu’une fonction convexe sci coercive atteint son minimum sur
toute partie convexe fermé d’un espace de Hilbert.
La preuve s’appuie sur le théorème de l’intersection suivant :
85
86 CHAPITRE 6. CONVEXES EN DIMENSION QUELCONQUE
x + x f (x ) + f (x )
1 2 1 2
x1 6= x2 =⇒ f <
2 2
hx − y0 , y − y0 i ≤ 0 pour tout y ∈ C
Grâce à ces résultats, les théorèmes que nous avons vus dans le cadre des EVN
de dimension finie au chapître 2 ont un analogue dans le cadre hilbertien :
Théorème 6.1.9 (Séparation dans un espace de Hilbert #1). Si C est un
convexe fermé non vide d’un espace de Hilbert H et x0 un point de H n’ap-
partenant pas à C il existe un hyperplan affine H séparant strictement x0 de
88 CHAPITRE 6. CONVEXES EN DIMENSION QUELCONQUE
Corollaire 6.1.13. Par tout point non intérieur d’un convexe d’intérieur non
vide de H il passe un hyperplan d’appui.
En dimension finie, les ensembles compacts sont exactement les ensembles fer-
més bornés (voir Chapître 1).
En dimension quelconque, cela n’est plus vrai, même dans les espaces de Hil-
bert : en effet la boule unité fermée d’un EVN qui n’est pas de dimension
finie est fermée bornée mais non compacte à cause du théorème de F. Riecz
qui affirme qu’un EVN est de dimension finie si et seulement si sa boule unité
fermée est compacte, 8.6.8.
Cependant, dans les espaces de Hilbert, on peut démontrer des analogues
des théorèmes concernant les convexes compacts en dimension finie pour les
convexes fermés bornés.
Ceci ne sera plus vrai pour des EVN quelconques où il faudra l’hypothèse plus
forte de compacité.
Alors Fn+1 est non vide et l’hyperplan Hn = x ∈ H / hun , xi = inf y∈Fn hun , yi
Dans les espaces de Hilbert qui ne sont pas de dimension finie, la notion d’in-
térieur relatif n’a pas d’intérêt car la Proposition 3.1.1, qui est essentielle dans
l’utilisation de cette notion n’a pas d’analogue : en effet, si (en )n∈N est une
base orthonormée d’un espace de Hilbert séparable, l’enveloppe convexe fer-
eN
mée conv{ , n ∈ N} est compacte donc ne contient pas de boule mais par
n
contre, elle engendre l’espace tout entier.
La décomposition des convexes fermés non vides de dimension finie n’a pas non
plus d’analogue bien que certains résultats perdurent, en utilisant la conver-
gence faible.
Théorème 6.2.1 (Séparation, cas EVN #1). Soit E un espace vectoriel normé,
C un convexe ouvert de E et x0 un point de E n’appartenant pas à C. Il existe
un hyperplan affine fermé passant par x0 , ne rencontrant pas C. Il revient
au même de dire qu’il existe une forme linéaire continue f sur E telle que
∀x ∈ C, f (x) < f (x0 ).
Les corollaires qui suivent se déduisent du théorème comme dens les cas pré-
cédents de la dimension finie et des espaces de Hilbert.
Corollaire 6.2.3. Par tout point non intérieur d’un convexe C d’intérieur
non vide de E il passe un hyperplan d’appui.
Comme on l’a déja remarqué au paragraphe précédent, dans les EVN quel-
conques, on a besoin d’une hypothèse supplémentaire, la compacité du convexe,
pour obtenir des résultats analogues à ceux des espaces de Hilbert (ou de di-
mension finie) pour les convexes fermés bornés.
Proposition 6.2.10. Soit K est un convexe compact d’un espace vectoriel
normé E. Pour tout hyperplan vectoriel fermé V de E il existe un hyperplan
d’appui fermé de K parallèle à V .
Démonstration : La démonstration est analogue à celle du cas de la di-
mension finie, Proposition 3.4.3.
Remarque 6.2.11. En fait, on voit que soit K est inclus dans un hyperplan
parallèle à V , soit il est inclus dans une bande définie par deux hyperplans
d’appui parallèles à V .
Remarque 6.2.15. Ce résultat est souvent utilisé sous la forme suivante : pour
majorer la fonction f sur K, il suffit de la majorer sur Ext K.
Démonstration : C’est la même que pour les espaces de Hilbert, (6.1.19).
Rappelons qu’une mesure positive µ sur un espace (Ω, A) est dite non-atomique
(ou diffuse) si tout ensemble A ∈ A de mesure µ(A) > 0 contient un ensemble
B ∈ A dont la mesure vérifie 0 < µ(B) < µ(A).
Lemme 6.3.4. Soit (Ω, A, µ) un espace mesuré. Les points extrémaux de la
boule-unité fermée B de l’espace L∞ (Ω, A, µ) sont les éléments de valeur ab-
solue IΩ . Si la mesure est non-atomique, alors pour tout point non extrémal f
de B l’espace WC (x) est de dimension infinie.
Inversement si |f | 6= IΩ , posons u = IΩ − |f |. On a 0 ≤ u ≤ IΩ , u 6= 0, et
|f ± u| ≤ |f | + u = IΩ , c’est à dire kf ± uk ≤ 1. Donc f n’est pas extrémale.
Alors l’ensemble :
R(f1 , . . . , fn ) := {( A fi dµ)ni=1 / A ∈ A}
R
99
100 CHAPITRE 7. RÉGULARITÉ DES FONCTIONS CONVEXES
kx − x0 k
|f (x) − f (x0 )| ≤ M − f (x0 )
r0
b) Montrons que f est lipschitzienne sur toute boule B(x0 , r), r < r0 .
ky − xk
∀y ∈ B(x, r0 − r), |f (y) − f (x)| ≤ (M − f (x))
r0 − r
M − f (x0 )
où A = 2 .
r0 − r
ce qui entraîne que f est bornée supérieurement sur B(y0 , λr0 ), et est donc
lipschitzienne sur B(y0 , λr), pour tout r < r0 , d’après la proposition précédente
et sa preuve.
Corollaire 7.1.4. Si E est de dimension finie, toute fonction convexe f :
E → R ∪ {+∞} est continue et même localement lipschitzienne sur l’intérieur
relatif de son domaine effectif.
La conclusion signifie que la restriction de f à ri(domf ) est continue.
ϕ(s) ϕ(t)
En posant s = αt, on obtient ϕ(s) ≤ (s/t)ϕ(t) et donc si s > 0 : ≤ ,
s t
c’est à dire ∆x0 ,h (s) ≤ ∆x0 ,h (t). Donc ∆x0 ,h est une fonction croissante de
]0, +∞[ dans R ∪ {+∞}.
Une qualité de différentiabilité supérieure est atteinte lorsque la fonction fd0 (x0 , .)
est linéaire. En dimension infinie il est utile de requérir en sus la continuité :
fd0 (x0 , h) et −fd0 (x0 , −h) sont les dérivées à droite et à gauche de la fonction t →
f (x0 + th) au point 0. Leur égalité entraîne que cette fonction est dérivable en
0. La fonction fd0 (x0 , .), E → R, sous-linéaire impaire est alors nécessairement
linéaire.
Soit r0 > 0 tel que f (x0 + h) − f (x0 ) ≤ 1 pour h ∈ B(0, r0 ). Toujours à cause
de l’inégalité de la Proposition 7.2.2, on a fd0 (x0 , h) ≤ 1 pour khk ≤ r0 . Donc la
forme linéaire fd0 (x0 , .) est bornée, de norme ≤ 1/r0 , c’est à dire continue.
pour tout (y, s) ∈ Dx0 ,h . Mais (E × R)0 s’identifie à E 0 × R, c’est à dire que :
ϕ(x, t) = hv ∗ , xi + αt, pour un certain couple (u∗ , α) ∈ E 0 × R. On a alors en
particulier, puisque (x0 , f (x0 )) ∈ Dx0 ,h :
∀x ∈ domf, hv ∗ , x − x0 i ≥ 0
Comme domf contient une boule B(x0 , r) (puisque x0 lui est intérieur), ceci
entraînerait ∀y ∈ B(0, r), hv ∗ , yi ≥ 0 ; ceci resterait vrai pour tout y ∈ E par
homogénéité, et en rempaçant y par −y, on voit qu’alors ∀y ∈ E hv ∗ , yi = 0,
c’est à dire v ∗ = 0 ; mais alors ϕ = 0, ce qui est une contradiction.
On a donc α > 0. En divisant par α, l’inégalité (∗) devient :
hf 0 (x0 ), hi ≥ hu∗ , hi
En remplaçant h par −h, on voit que hf 0 (x0 ), hi ≤ hu∗ , hi, et par conséquent
u∗ = f 0 (x0 ).
ii) Si ∂f (x0 ) = {u∗ }, il résulte du Théorème 7.3.6 que pour tout h ∈ E on a :
∀x ∈ domf, hu∗ , x − x0 i ≥ 0
c’est à dire :
∀x ∈ E, f (x) ≥ −hu∗ , xi + b ≥ g(x)
b) Supposons que ces fonctions prennent des valeurs finies en x0 et que l’une
d’elle soit continue en x0 . Alors si f + g est sous-différentiable en x0 , il en est
de même de f et g, et
D’après le Théorème 7.3.8, on en déduit qu’il existe une fonction affine continue
h telle que
pour tout u ∈ F . En remplaçant u par −u, on obtient donc l’égalité : hu∗ , Aui =
hv ∗ , ui pour tout u ∈ F . Donc v ∗ = A∗ u∗ , qui appartient à A∗ ∂f (Ax0 ).
Chapitre 8
Fonctions convexes conjuguées
La fonction affine hu∗ ,α définie par hu∗ ,α (x) = hu∗ , xi−α vérifie donc hu∗ ,α (x) ≤
0 pour tout x ∈ domf et hu∗ ,α (x0 ) > 0. Pour tout t ∈ R on peut donc trouver
113
114 CHAPITRE 8. FONCTIONS CONVEXES CONJUGUÉES
ρ ≥ 0 tel que ρhu∗ ,α (x0 ) > t − h0 (x0 ). Alors h = ρhu∗ ,α + h0 vérifie h(x0 ) > t
et h(x) ≤ h0 (x) ≤ f (x) pour tout x ∈ domf , donc h ≤ f .
Démonstration : Exercice !
Exemple 8.3.7. Soit u∗ ∈ E 0 : c’est une fonction sur E que nous notons hu∗ , .i
pour éviter les confusions. Alors sa conjuguée est très dégénérée : hu∗ , .i∗ =
χ{u∗ } .
En effet
8.4 Biconjuguée
Exercice 8.1. Si (fi )i∈I est une famille de fonctions de Γ(E) alors (supi∈I fi )∗ =
(inf i∈I fi∗ )(∗)∗ .
x∗ ∈ ∂f (x) ⇐⇒ x ∈ ∂f ∗ (x∗ )
La condition f ∗(∗) (x) = f (x) est vérifiée en particulier dans les cas suivants :
1) lorsque f est sous-différentiable en x et dans ce cas ∂f (x) = ∂f ∗(∗) (x).
2) lorsque f ∈ Γ(E).
Démonstration : On a :
x∗ ∈ ∂f (x) ⇐⇒ hx∗ , xi = f (x) + f ∗ (x∗ )
x ∈ ∂f ∗ (x∗ ) ⇐⇒ hx∗ , xi = f ∗(∗) (x) + f ∗ (x∗ )
et ces conditions coïncident quand f (x) = f ∗(∗) (x). Ceci est en particulier vrai
pour tout x si f = f ∗(∗) c’est à dire si f ∈ Γ(E).
Si ∂f (x) 6= ∅, la fonction f admet une minorante affine continue qui lui est
égale au point x, donc f ∗(∗) (x) = f (x). Alors les assertions x∗ ∈ ∂f (x) et
x∗ ∈ ∂f ∗(∗) (x) sont équivalentes à la même relation hx∗ , xi = f (x) + f ∗ (x∗ ) =
f ∗(∗) (x) + f ∗ (x∗ ).
Dualité de Rockafellar.
Posons h(p) = inf Φ(x, p). On a clairement inf P = h(0). Notons aussi que h
x∈E
ne peut être la constante +∞ (car Φ 6≡ +∞).
Lemme 8.6.4. On a h∗ (p∗ ) = Φ∗ (0, p∗ ), de sorte que sup P∗ = h∗∗ (0) et, si
h∗∗ n’est pas la constante −∞, l’ensemble des solutions optimales de P∗ est
égal à ∂h∗∗ (0).
120 CHAPITRE 8. FONCTIONS CONVEXES CONJUGUÉES
Démonstration : On a :
h∗ (p∗ ) = ( inf Φ(x, .))∗ (p∗ ) = sup Φ(x, .)∗ (p∗ )
x∈E x∈E
= sup sup[hp∗ , pi − Φ(x, p)] = Φ∗ (0, p∗ )
x∈E p∈F
Alors
h∗∗ (0) = sup [−h∗ (p∗ )] = sup (−Φ∗ (0, p∗ )) = sup P∗
p∗ ∈F 0 p∗ ∈F 0
Démonstration : Comme inf P = Φ(x̄, 0), sup P∗ = −Φ∗ (0, p̄∗ ), ces deux
quantités sont égales (et finies) si et seulement si Φ(x̄, 0) + Φ∗ (0, p̄∗ ) = 0.
En écrivant 0 = h(x̄, 0), (0, x̄∗ )i, il résulte (égalité dans l’inégalité de Fenchel)
que cette relation équivaut à : (0, p̄∗ ) ∈ ∂Φ(x̄, 0) (elle entraîne donc (x̄, 0) ∈
∂Φ∗ (0, p̄∗ ), et est équivalente à cette relation lorsque Φ∗∗ (x̄, 0) = Φ(x̄, 0), en
particulier si Φ est sci).
Réciproquement, si cette relation d’extrémalité est vérifiée, on a :
inf P ≤ Φ(x̄, 0) = −Φ∗ (0, p̄∗ ) ≤ sup P∗
mais comme on a toujours sup P∗ ≤ inf P (Remarque 8.6.3), ces deux inégalités
sont des égalités.
Corollaire 8.6.8 (Théorème de Fenchel-Rockafellar). Soient f, g : E → R ∪
{+∞}, deux fonctions convexes. On suppose qu’il existe x0 ∈ E tel que
f (x0 ) < +∞ g(x0 ) < +∞
(H1 )
f est continue en x0
Alors
inf (f (x) + g(x)) = max∗ 0
(−f ∗ (−x∗ ) − g ∗ (x∗ ))
x∈E x ∈E
Démonstration : On applique le Théorème 8.6.6 à la fonction Φ : E × E →
R ∪ {+∞} définie par :
Φ(x, p) = f (x − p) + g(x)
L’hypothèse (H1 ) entraîne bien que la fonction Φ(x0 , .) est finie et continue en
0. On vérifie aisément que :
Φ∗ (x∗ , p∗ ) = f ∗ (−p∗ ) + g ∗ (x∗ + p∗ )
De sorte que le problème P : minimiser (f (x) + g(x))
a pour problème dual P∗ : maximiser (−f ∗ (−p∗ ) − g ∗ (p∗ )).
Exemple 8.6.9. Soit C un convexe fermé non vide de E. Si x0 ∈ E, on a :
d(x0 , C) = inf kx0 − xk = inf [kx0 − xk + χC (x)]
x∈C x∈E
De plus la valeur de (P) est en fait la plus grande des valeurs des problèmes
(Pp∗ ), p∗ ≤ 0.
Définition 8.6.12 (Multiplicateurs de Lagrange). 1) La fonction L : E ×
Rm → R ∪ {−∞}, définie par
(
∗ f (x) − hp∗ , g(x)i si p∗ ≤ 0
L(x, p ) =
− ∞ sinon
est appelée Lagrangien du problème (P).
2) Le m-uplet p̄∗ est appelé un système de multiplicateurs de Lagrange du
problème (P).
Démonstration : Posons
Φ(x, p) = f (x) + χCp (x)
où Cp = {x ∈ E / g(x) ≤ p}. La fonction Φ : E ×Rm → R∪{+∞} est convexe ;
de plus Φ(x0 , p) = f (x0 ) pour tout p ≥ g(x0 ) ; l’ensemble {p ∈ Rm / p > g(x0 )}
est un ouvert, contenant 0 d’après la condition de Slater ; autrement dit la
fonction p → Φ(x0 , p) est constante sur un voisinage de 0, et donc a fortiori
continue au point 0. Les conditions du Théorème 8.6.6 sont donc réalisées.
Explicitons le problème dual (P∗ ), relativement à Φ. La fonction conjuguée
est :
Φ∗ (x∗ , p∗ ) = sup [hx∗ , xi + hp∗ , pi − f (x) − χ{g(x)≤p} ]
x∈E, p∈Rm
d’où :
Φ∗ (0, p∗ ) = sup [hp∗ , pi − f (x)]
x,p : g(x)≤p
∗ ∗
sup[hp , g(x)i − f (x)] si p ≤ 0
x∈E
=
+ ∞ sinon
positifs, de somme négative : ils sont donc tous nuls. D’où la condition (KT)
est vérifiée et x̄ est solution optimale de Pp∗ .
ii) Réciproquement, supposons que x̄ est une solution optimale du problème
sans contrainte (Pp̄∗ ), avec p̄∗ ≤ 0, g(x̄) ≤ 0 et (KT). On a donc :
∀x ∈ E, f (x) − hp̄∗ , g(x)i ≥ f (x̄) − hp̄∗ , g(x̄)i = f (x̄)
124 CHAPITRE 8. FONCTIONS CONVEXES CONJUGUÉES
m
X
∂f (x̄) ∩ ( p∗i ∂g(x̄)) 6= ∅
i=1
Bibiographie
Oeuvres générales pour d’élargir ses connaissances :
125
Index
127
128 INDEX