I-10-140-Diagnostic Des Cancers Signes D'appel Et Investigations Paracliniques Stadification Pronostic

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Question mise à jour le 17 octobre 2011

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la Collection Hippocrate
Épreuves Classantes Nationales

CanCeroloGie
Diagnostic des cancers :
signes d’appel et investigations
paracliniques; stadification; pronostic
I-10-140

Jean-Emmanuel BIBAULT & Ingrid FUMAGALLI


Internes d’Oncologie-Radiothérapie
Pierre BLANCHARD
Chef de Clinique d’Oncologie-Radiothérapie
L’institut la Conférence Hippocrate, grâce au mécénat des Laboratoires SERVIER, contri-
bue à la formation des jeunes médecins depuis 1982. Les résultats obtenus par nos étudiants
depuis plus de 20 années (15 majors du concours, entre 90 % et 95 % de réussite et plus de 50%
des 100 premiers aux Épreuves Classantes Nationales) témoignent du sérieux et de la valeur de
l’enseignement dispensé par les conférenciers à Paris et en Province, dans chaque spécialité
médicale ou chirurgicale.
La collection Hippocrate, élaborée par l’équipe pédagogique de la Conférence Hippocrate,
constitue le support théorique indispensable à la réussite aux Épreuves Classantes Nationales
pour l’accès au 3ème cycle des études médicales.
L’intégralité de cette collection est maintenant disponible gracieusement sur notre site
laconferencehippocrate.com. Nous espérons que cet accès facilité répondra à l’attente des étu-
diants, mais aussi des internes et des praticiens, désireux de parfaire leur expertise médicale.
A tous, bon travail et bonne chance !
Alain COMBES, Secrétaire de rédaction de la Collection Hippocrate

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Diag no stic d es canc er s : s igne s d ’appel et investiga tio ns p ara cliniq ues ;
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Diagnostic des cancers :


signes d’appel et investigations
paracliniques ; stadification ;
pronostic

Objectifs :
– Décrire les principes du raisonnement diagnostique
en cancérologie.

Le diagnostic des cancers recouvre plusieurs aspects :

l Le diagnostic positif de tumeur maligne : il nécessite presque toujours une preuve anato-
mo-pathologique.
l Les facteurs pronostiques ou prédictifs type biomarqueurs, lorsqu’ils existent pour la
tumeur.
l L’identification de la tumeur primitive : le problème se pose devant des métastases révéla-
trices sans tumeur primitive cliniquement décelable.
l Le bilan d’extension de la tumeur primitive : extension loco-régionale et à distance.

A - CIRCONSTANCES REVELATRICES
1. Symptômes en rapport direct avec l’extension tumorale
Ils sont très variables en fonction de la localisation de la tumeur primitive et/ou des métastases.
On ne citera ici que les plus fréquents, ainsi que les caractéristiques communes :
– Caractéristiques générales : le caractère récent (< 6 mois), l’aggravation progressive, l’échec
des traitements symptomatiques usuels sont des caractéristiques en faveur de l’origine
tumorale de symptômes non spécifiques, telles qu’une toux, une constipation…
L’association de symptômes entre eux est également évocatrice (asthénie + toux par exem-
ple). Aucun symptôme n’est absolument constant : le diagnostic ne pourra donc jamais être
éliminé sur l’absence d’un symptôme donné.

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2. L’altération de l’état général : Asthénie, anorexie et amaigrissement

l L’amaigrissement peut être la conséquence directe de l’extension tumorale : tumeur de


l’œsophage entraînant une dysphagie, tumeur du pancréas responsable d’une insuffisance
pancréatique exocrine. A l’opposé, la perte de poids peut aussi liée à un état d’hypercatabo-
lisme responsable d’une perte proportionnelle de tissu adipeux et de masse musculaire.
l L’anorexie est habituelle mais n’explique pas à elle seule l’amaigrissement souvent massif.

l L’asthénie est constante. Ce syndrome est en rapport avec la production de cytokines par la
tumeur. Il est particulièrement fréquent au cours des cancers du pancréas, de l’estomac, du
poumon, du rein.

3. Fièvre au long cours

l Le cancer est une cause fréquente de fièvre au long cours (> 3 semaines). Elle peut avoir plu-
sieurs origines :

– Infection traînante favorisée par la tumeur :


* Abcès pulmonaire sur une tumeur bronchique excavée ou sur un trouble de ventilation,
* Endocardite à entérocoque dont la porte d’entrée est une tumeur colique.
– Volumineuse tumeur nécrotique.
– Production par la tumeur de substances pro-inflammatoires et pyrogènes : lymphome
malin, cancer du rein ou des bronches, métastases hépatiques ou ostéo-médullaires.
– Un syndrome inflammatoire biologique peut être révélateur d’un cancer dans les mêmes
situations que la fièvre.

4. Pathologie thrombo-embolique

Presque tous les cancers sont associés à un risque accru de thrombose veineuse profonde et
d’embolie pulmonaire. Le risque est maximum dans les cancers du pelvis (utérus, prostate), du
pancréas, de l’estomac et du poumon.

A retenir

Le syndrome de Trousseau consiste en la répétition de thromboses veineuses superfi-


cielles et profondes de sièges volontiers atypiques (membres supérieurs), compliquant un
cancer de l’estomac ou du pancréas.

5. Manifestations hématologiques

a) Anémie : ces causes peuvent être multiples, souvent imbriquées :


– Carence martiale consécutive à un saignement chronique,
– Hémolyse,
– Auto-immune au cours d’un syndrome lymphoprolifératif,
– Par micro-angiopathie thrombotique au cours d’un cancer digestif métastatique : on
retrouve des schizocytes. Une thrombopénie et une insuffisance rénale peuvent être asso-
ciées,
– Inflammatoire,
– Par envahissement médullaire : une érythroblastémie peut être présente.

b) Hyperleucytose à polynucléaires neutrophiles :


– fréquente dans les cancers métastatiques pulmonaires ou digestifs, les lymphomes agressifs,
elle peut aussi révéler un syndrome myéloprolifératif (leucémie myéloïde chronique).

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c) Une myélémie est habituelle au cours de la leucémie myéloïde chronique mais peut aussi
s’observer en cas d’envahissement médullaire par un carcinome.

d) Hyperéosinophilie : maladie de Hodgkin,

e) Blastose sanguine : parfois majeure, révélant une leucémie aiguë.

f) Thrombopénie :
– Micro-angiopathie thrombotique,
– Coagulation intra-vasculaire : souvent révélatrice dans la leucémie aiguë promyélocytaire
(LAM3).
– Envahissement médullaire.

g) Thrombocytémie :
– D’origine inflammatoire,
– Secondaire à une carence martiale,
– Syndrome myéloprolifératif.

6. Syndromes paranéoplasiques

On réunit sous ce terme l’ensemble des manifestations qui ne sont pas la conséquence directe
de l’extension tumorale et se produisent à distance de la tumeur. Elles sont très souvent révé-
latrices du cancer. Classiquement, les symptômes régressent lorsque la tumeur est traitée effi-
cacement et réapparaissent en cas de rechute.

a) Syndromes paranéoplasiques endocriniens :

Ils sont dus à la production d’hormones par la tumeur. On distingue :

l Les sécrétions hormonales ectopiques : le tissu dont est issu la tumeur ne produit nor-
malement pas cette hormone. Il s’agit le plus souvent d’un cancer bronchique ou du rein.
– Syndrome de Cushing par sécrétion d’ACTH.
– Syndrome de Schwartz-Bartter : hyponatrémie par sécrétion inappropriée d’hormone anti-
diurétique.
– Hyperparathyroïdie ; sécrétion de parathormone responsable d’une hypercalcémie en l’ab-
sence de métastase osseuse.

l Les tumeurs endocrines, issues d’un organe qui produit normalement cette hormone :
– Tumeurs endocrines pancréatiques : ulcères gastro-duodénaux par sécrétion de gastrine
(syndrome de Zollinger-Ellison), hypoglycémie par sécrétion d’insuline, hyperglycémie par
sécrétion de glucagon, diarrhée par sécrétion de VIP.
– Tumeur carcinoïde sécrétant de la sérotonine : flush, diarrhée.
– Phéochromocytome sécrétant des catécholamines : hypertension artérielle.

b) Syndromes paranéoplasiques neurologiques :

Ils peuvent précéder de plusieurs mois les manifestations directes de la tumeur qui est le plus
souvent un cancer bronchique à petites cellules. Ils sont le plus souvent dus à la présence
d’auto-anticorps dirigés contre un antigène présent à la fois sur les cellules tumorales et le tissu
nerveux. Les lésions cérébrales engendrées sont généralement irréversibles. Classiquement, les
tumeurs associées à un syndrome paranéoplasique neurologique sont de meilleur pronostic.
l Atrophie cérébelleuse responsable d’un syndrome cérébelleux subaigu. Elle s’observe au
cours du cancer du poumon, de l’ovaire, et du sein.

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l Syndrome myasthénique de Lambert-Eaton.


l Polynévrite sensitive de Denny-Brown.

l Encéphalite.

c) Autres syndromes paranéoplasiques :

Leur mécanisme n’est pas toujours connu.


l Polyglobulie consécutive à la production d’érythropoeïtine par un cancer du rein.

l Cholestase en l’absence de métastase hépatique au cours d’un cancer du rein.

l Ostéo-arthropathie hypertrophiante pneumique compliquant un carcinome bronchique non


à petites cellules, elle associe :
– Hippocratisme digital,
– Douleurs des articulations (poignets, genoux, chevilles),
– Radiographie des articulations : épaississement des corticales,
l Manifestations cutanées : en particulier l’acanthosis nigricans en rapport avec un adéno-
carcinome digestif.

A retenir
Nom Cause
Syndromes endocriniens Syndrome de Cushing Sécrétion d’ACTH
Syndrome de Schwartz-Bartter Sécrétion d’hormone anti-diurétique
Hyperparathyroïdie Sécrétion de parathormone
Syndrome de Zollinger-Ellison Sécrétion de gastrine
Flush Sécrétion de sérotonine
Syndromes neurologiques Syndrome de Lambert Eaton Sécrétion d’un antigène
Polynévrite de Denny-Brown Sécrétion d’un antigène
Autre Polyglobulie Sécrétion d’EPO

7. Les urgences

Le diagnostic de cancer peut être évoqué devant un tableau clinique aigu nécessitant une prise
en charge médicale et/ou chirurgicale urgente. En faveur du diagnostic, on s’attachera à retrou-
ver la notion de symptômes apparus quelques semaines auparavant.
– Occlusion ou perforation digestives révélant un cancer colorectal.
– Compression médullaire, le plus souvent dorsale par épidurite néoplasique et/ou ostéolyse
vertébrale avec recul du mur postérieur. L’IRM réalisée en urgence est fondamentale pour
le bilan lésionnel et préciser le niveau exact de la compression.
– Tamponnade péricardique révélant des métastases péricardiques le plus souvent d’un cancer
bronchique.
– Hypertension intracrânienne en rapport avec une tumeur cérébrale primitive ou métasta-
tique : l’IRM est primordiale pour poser l’indication neuro-chirurgicale.
– Insuffisance rénale aiguë obstructive due à un cancer de prostate, du col utérin ou de la vessie.
– Syndrome cave supérieur (œdème du visage et du cou en pélerine, cyanose du visage, dyspnée,
céphalées) due à la compression de la veine cave supérieure par une tumeur médiastinale : le
plus souvent cancer bronchique à petites cellules ou lymphome malin de haut grade.

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– Hypercalcémie (confusion, vomissements, troubles du rythme cardiaque) due à des méta-


stases osseuses ou une sécrétion ectopique de PTH.
– Insuffisance médullaire due à une leucémie aiguë.
– Neutropénie fébrile chimio-induite : survient le plus souvent au nadir de la neutropénie, 7
à 10 jours après la cure de chimiothérapie.

Les urgences en cancérologie


l Occlusion,
l Compression médullaire,

l Tamponnade péricardique,

l Hypertension intracrânienne,

l Insuffisance rénale aiguë,

l Syndrome cave supérieur,

l Hypercalcémie,

l Insuffisance médullaire,

l Neutropénie fébrile.

B - LA NOTION DE TERRAIN

L’interrogatoire va s’attacher à rechercher dans l’histoire du patient des facteurs de risque pour
la survenue d’un cancer.

1. Antécédents familiaux de cancer


Ils peuvent faire suspecter une prédisposition familiale au cancer surtout si les cas familiaux
ont les caractéristiques suivantes :
l Survenus chez des sujets jeunes (< 40 ans).

l Concernent des ascendants ou des descendants au premier degré : parents, frères et sœurs,
enfants.
l Présence de plusieurs cas familiaux (> 2).

l Présence dans la famille de sujets ayant présenté plusieurs cancers.

2. Antécédents médico-chirurgicaux personnels


l Cancer : risque accru de développer un deuxième cancer.
l Malformation congénitale associée à un risque accru de cancer : cryptorchidie (cancer du tes-
ticule).
l Infection virale chronique : hépatite B ou C ++ (carcinome hépato-cellulaire), VIH (risque
accru de lymphome non hodgkinien), bilharzioze (tumeurs de vessie).
l Pathologie chronique associée à un risque accru de cancer : maladie auto-immune, rectoco-
lite hémorragique (cancer du côlon), maladie cœliaque, cirrhose (carcinome hépatocellu-
laire).
l Traitement potentiellement carcinogène : radiations ionisantes (tumeur solide dans le terri-
toire irradié), chimiothérapie cytotoxique (leucémie aiguë), tamoxifène (cancer de l’endomè-
tre), traitement hormonal substitutif (cancers du sein et de l’endomètre), immunosuppres-
seur.
l Antécédents chirurgicaux : exérèse plusieurs années auparavant d’un « grain de beauté « qui
était en fait un mélanome : le diagnostic de malignité peut ne pas avoir été annoncé au
patient.

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Expositions à des carcinogènes


l Le tabac : tout signe fonctionnel respiratoire inhabituel chez un fumeur doit faire rechercher
activement un cancer du poumon.
l L’alcool.

l Les carcinogènes professionnels.

C - L’EXAMEN CLINIQUE
l L’examen doit être complet, incluant l’inspection de tous les téguments, la palpation des
seins et les touchers pelviens.
l La tumeur peut être palpable sous la peau, en particulier au niveau des seins, de la thyroïde, des
testicules, du péritoine. Typiquement, la tumeur présente un aspect dur, indolore, peu mobile.
l La recherche de ganglions satellites est fondamentale. Elle renseigne sur le siège de la tumeur
primitive.
l Un examen clinique réalisé par un spécialiste est utile dans certaines situations, permettant
la réalisation d’une biopsie dans le même temps : tumeurs ORL, du col utérin, du canal anal.

D - LES EXAMENS BIOLOGIQUES

1. Examens utiles pour le diagnostic positif

Les marqueurs tumoraux sont des substances produites par la tumeur et pas (ou peu) par les
tissus sains. Très peu sont suffisamment spécifiques et sensibles pour être réellement utiles au
diagnostic positif :

Siège de l’adénopathie Siège de la tumeur primitive le plus souvent en cause

Cervicale l Cavité buccale,


l Oropharynx,

l Hypopharynx,

l Larynx,

l Cavum,

l Thyroïde

Sus-claviculaire l Poumon
l Abdomen-pelvis

l Sein

Axillaire l Sein
l Mélanome du membre supérieur ou du tronc

Inguinale l Canal anal


l Vulve,

l Vagin,

l Col de l’utérus (si extension au vagin)

l Verge,

l Testicule (si extension scrotale)

l Mélanome du périnée, de l’abdomen ou du membre inférieur

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l L’alfa-foeto-protéine est élevée :


– Dans les carcinomes hépato-cellulaires : un taux très élevé associé à une tumeur d’aspect
compatible en TDM suffit au diagnostic. Cependant un taux normal n’élimine pas le dia-
gnostic. Un taux faiblement élevé peut être en rapport avec une hépatite chronique.
– Dans les tumeurs germinales de type tumeur du sac vitellin.

l La sous-unité ß de l’hormone chorionique gonadotrophique (ß-HCG) est élevée dans les


tumeurs germinales comprenant un contingent syncytio-trophoblastique, dans le cho-
riocarcinome et la grossesse molaire.

l La calcitonine est le marqueur du carcinome médullaire de la thyroïde.

La thyroglobuline : après thyroïdectomie un taux très élevé est en faveur d’un carcinome dif-
férencié de la thyroïde métastatique.

l L’antigène prostatique spécifique (PSA) : en dehors du contexte de prostatite, un taux élevé


est très évocateur d’un cancer de prostate. Mais un taux normal n’élimine pas le diagnostic.

2. Examens utiles pour le bilan d’extension

l Bilan phosphocalcique : calcémie, phosphatases alcalines peuvent s’élever en cas de métasta-


se osseuse.
l Bilan hépatique : transaminases et bilirubine totale sont des marqueurs peu sensibles et non
spécifiques de la présence de métastases hépatiques.
l Signes d’envahissement médullaire : pancytopénie, myélémie, érythroblastémie.

l Lactico-DesHydrogénase (LDH) : un taux élevé est très souvent le signe d’une maladie
métastatique et agressive. C’est un facteur de mauvais pronostic reconnu en particulier dans
les lymphomes non hodgkinien, les tumeurs germinales, les cancers bronchiques à petites
cellules.

Les marqueurs tumoraux : leur taux peut être corrélé à l’importance de la masse tumorale :
l AFP, ß-HCG et tumeurs germinales.

l AFP et carcinome hépatocellulaire.

l PSA et cancer de la prostate.

l Thyroglobuline et carcinome différencié de la thyroïde,

l Le NSE et la chromogranine et les tumeurs endocrines,

l Le CA 19-9 et les tumeurs du pancréas (peu spécifique)

l Le CA 15-3 et les tumeurs du sein.

E - LES EXAMENS D’IMAGERIE

1. Radiographies standards
De moins en moins utilisées à l’heure actuelle.

2. Echographie
C’est un premier examen de « débrouillage », insuffisant pour réaliser un bilan d’extension, qui
permet cependant :

l L’exploration des organes pleins intra-abdominaux : foie, rate, reins, pancréas. Sa sensibili-
té est cependant inférieure au scanner.

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l L’exploration des organes pelviens : vessie, ovaires, utérus, prostate. L’utilisation d’une
sonde endo-vaginale (ovaires, utérus) ou endo-rectale (prostate) augmente la sensibilité et
permet un bilan d’extension plus précis.
l L’exploration des voies biliaires et urinaires : l’échographie est très sensible pour détecter
une dilatation canalaire en rapport avec un obstacle tumoral.
l L’exploration des seins, en complément de la mammographie.

3. Tomodensitométrie (TDM)
Elle doit être réalisée en mode hélicoïdal sans puis avec injection de produit de contraste iodé.
C’est un examen extrêmement sensible pour la détection de tumeurs pulmonaires et médiasti-
nales, hépatiques, rénales, osseuses. Sa sensibilité est moins bonne pour l’exploration du sys-
tème nerveux central, du pancréas, du péritoine et des organes pelviens. Elle est également uti-
lisée pour évaluer la réponse au traitement selon les critères RECIST :

Critères RECIST v1.1

l Réponse complète : disparition des lésions cibles


l Réponse partielle : diminution de 30% de la somme des diamètres des lésions cibles

l Stabilité

l Progression : augmentation de la somme des diamètres de 20% ou de 5mm par rapport


au Nadir

4. Imagerie par résonance magnétique (IRM)

Sa sensibilité est supérieure à la TDM pour l’exploration de l’encéphale, du rachis, du pelvis,


des parties molles des membres. Elle peut également être utile pour la caractérisation d’une très
petite tumeur du sein. Elle se décline sur plusieurs modes en fonction des séquences réalisées
et des organes étudiés : IRM de diffusion, IRM de perfusion, perméabilité, spectroscopie,…

5. Scintigraphie osseuse au technétium 99m

C’est l’hyperactivité ostéoblastique, habituelle autour d’une tumeur osseuse primitive ou


secondaire que cet examen va détecter. Il s’agit d’un examen sensible mais très peu spécifique.
Il existe en effet de nombreux faux positifs (séquelles de fracture, arthrose…) qui doivent faire
interpréter cet examen avec prudence.
Des faux négatifs sont également possibles en cas de métastase purement ostéolytique sans
réaction ostéoblastique.

6. Tomographie par émission de positons (TEP)

La TEP peut utiliser de nombreux radiomarqueurs. Le plus utilisé en routine est le 18-fluo-
rodeoxyglucose (18-FDG).

Elle permet de détecter des tumeurs dont la taille est supérieure à 1 cm et qui présentent une
activité métabolique supérieure aux tissus sains environnants.

Faux négatifs : Faux positifs :


l Tumeur à faible activité métabolique, l Foyer inflammatoire ou infectieux.

l Tumeur de moins de 1 cm,

l Tumeur intra-cérébrale

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La TEP-TDM au 18-FDG a un rôle clé dans :


– le bilan initial et l’évaluation de la chimiosensibilité des lymphomes hodgkiniens (et
dans une moindre mesure des lymphomes non hodgkiniens)
– le bilan initial avant traitement local (chirurgie et/ou radiothérapie) des cancers bron-
chopulmonaires non à petite cellule
– le bilan initial avant traitement local des cancers :
* de l’œsophage
* des VADS
* du col utérin
* du canal anal
* certains cancers thyroïdiens peu différenciés
D’autres radiomarqueurs plus spécifiques de certains types tumoraux sont actuellement en
développement.

F - L’ENDOSCOPIE

C’est l’examen de référence pour le diagnostic des tumeurs des voies aéro-digestives supé-
rieures, gastriques, colo-rectales, vésicales et bronchiques. Dans ce dernier cas, cependant, l’en-
doscopie bronchique ne peut détecter des tumeurs périphériques (situées au delà des bronches
sous-segmentaires), sauf en utilisant des techniques d’électronavigation magnétiques, qui ne
sont pas disponibles dans tous les centres.
Ses intérêts sont multiples :
l Diagnostic positif d’un cancer endo-cavitaire par la réalisation de biopsies.

l Localisation anatomique précise de la tumeur, information indispensable avant d’envisager


un traitement chirurgical.
l Taille de la tumeur et atteinte éventuelle de certains repères anatomiques qui conditionnent l’in-
dication thérapeutique (par exemple atteinte des éperons et de la carène par un cancer bronchique).
l Diagnostic de certaines complications : hémorragie tumorale, sténose serrée.

l Peut permettre un geste thérapeutique palliatif : endoprothèse au niveau de l’œsophage, de la


voie biliaire principale ou d’une bronche, pose d’une sonde en double JJ urétérale, hémostase.

L’échographie endoscopique :
Une sonde d’échographie est positionnée sur l’endoscope. Elle permet de préciser l’importance
de l’extension pariétale, l’atteinte des organes adjacents, la présence de ganglions satellites. Elle
est utilisée pour le bilan d’extension des cancers de l’œsophage, de l’estomac, du pancréas, des
voies biliaires, du rectum et de la prostate. Elle permet également la réalisation de biopsies
trans-pariétales d’adénopathies suspectes ou d’une tumeur du pancréas.

G - L’ANALYSE ANATOMO-PATHOLOGIQUE

1. Moyens d’obtenir des échantillons tissulaires

l Biopsies non chirurgicales :


Elles sont réalisées généralement sous anesthésie locale. Elles ont l’inconvénient d’être souvent
de petite taille et donc de ne pas toujours permettre une étude anatomo-pathologique appro-
fondie. Une biopsie négative n’élimine pas formellement le diagnostic de cancer car elle peut
avoir été réalisée dans une zone non tumorale.
– Par voie endoscopique.
– Par voie percutanée :
* Sous le contrôle de la vue : tumeur cutanée, du sein, ganglion superficiel, biopsie ostéo-
médullaire.
* Sous contrôle radiologique : micro-biopsie mammaire.

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* Sous contrôle échographique : nodule hépatique.


* Sous contrôle tomodensitométrique : nodule pulmonaire périphérique, nodule hépa-
tique, adénopathie profonde, tumeur osseuse.

l Biopsies chirurgicales :
Bien que nécessitant une ouverture cutanée et bien souvent une anesthésie générale, elles peu-
vent être nécessaires dans les cas suivants :
– Du fait les conditions anatomiques : tumeur cérébrale, tumeur profonde située au contact
de gros vaisseaux. Echecs successifs de plusieurs biopsies non chirurgicales.
– Si la biopsie à l’aiguille fait courir un risque de dissémination tumorale : cancers de l’ovai-
re, du rein.
– Afin de réaliser simultanément une exérèse de la tumeur (« biopsie-exérèse «) lorsque le dia-
gnostic apparaît déjà très probable sur les données cliniques et radiologiques et que la
tumeur paraît extirpable dans sa totalité : cancers du sein, du rein, de l’ovaire, du testicule,
de la thyroïde.
Un examen histologique extemporané réalisé en cours d’intervention peut permettre de confir-
mer le diagnostic afin d’effectuer une chirurgie carcinologique.
Si un large prélèvement tissulaire est nécessaire pour porter un diagnostic, en particulier dans
les cas ou une étude de biologie moléculaire est utile : lymphomes malins, sarcomes.

2. Place de l’examen cytologique

L’examen cytologique consiste à étudier la morphologie de cellules étalées sur une lame. Elles
peuvent être obtenues soit par cytoponction à l’aiguille fine de la tumeur, par frottis (col de
l’utérus) ou à partir d’un liquide biologique. L’examen cytologique peut permettre d’affirmer
la malignité mais ne peut remplacer totalement l’examen anatomopathologique qui apporte
d’autres informations. Surtout, sa négativité ne permet pas d’exclure le diagnostic de cancer.

3. Rôles de l’examen anatomopathologique

A retenir
l Affirmer le diagnostic de malignité.
l Préciser le type histologique de la tumeur : l’étude immunohistochimique est souvent utile
en complément de l’analyse standard.
l Préciser le siège de la tumeur primitive à partir du prélèvement d’une métastase, lorsque
celui-ci n’est pas évident cliniquement. L’immunohistochimie est parfois utile.
l Identifier des facteurs de mauvais pronostic, associés à un risque accru de rechute locale
ou à distance :
– Grade histo-pronostic : les critères utilisés sont variables d’une tumeur à l’autre (grade
de Scarff – Bloom et Richardson dans le cancer du sein, grade de Gleason dans le cancer
de prostate…).
– Le degré de différenciation : perte de ressemblance avec le tissu normal correspondant.
Les tumeurs très peu différenciées sont de plus mauvais pronostic
– L’importance des anomalies cyto-nucléaires : irrégularité des bords des noyaux, noyaux
multiples ou polylobés…
– L’index mitotique : proportion de cellules en mitose : élément important pour évaluer le
potentiel évolutif de la tumeur.
l Taille de la tumeur et importance de l’extension aux tissus adjacents, permettant d’établir
le stade TNM post-opératoire.
l Présence d’emboles tumoraux vasculaires ou lymphatiques.
l Présence de cellules métastatiques dans les ganglions lymphatiques satellites de la tumeur
: c’est un paramètre majeur associé au risque de métastase à distance.

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Diag no stic d es canc er s : s igne s d ’appel et investiga tio ns p ara cliniq ues ;
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l Evaluer la qualité de l’exérèse chirurgicale : toutes les limites d’exérèse sont-elles saines ?
l Guider la thérapeutique : la présence de récepteurs aux œstrogènes et à la progestérone sur
les cellules d’un cancer du sein indique l’efficacité potentielle de l’hormonothérapie...

H - BIOMARQUEURS ET BIOLOGIE MOLECULAIRE

Les biomarqueurs deviennent progressivement des outils incontournables en tant que facteurs
pronostic (évolution de la maladie or de tout traitement) ou prédictif (efficacité d’un traitement
donné sur un malade particulier).

Les circuits moléculaires reflètent des anomalies qui peuvent aboutir au cancer. Ils seront uti-
lisés à terme pour créer le profil moléculaire de chaque cancer et proposer un traitement per-
sonnalisé au patient. Certains d’entre eux sont déjà utilisés en routine clinique.

Les principaux biomarqueurs et leurs éventuelles implications thérapeutiques actuelles sont


résumés dans le tableau suivant :

Cancer Biomarqueurs Implications thérapeutiques


Sein Récepteurs hormonaux Hormonothérapie (tamoxifène, anti-aromatase)
HER2 Trastuzumab (Herceptin®), lapatinib (tyverb®)
Ki67 Indication de chimiothérapie adjuvante
MammaPrint
Oncotype DX
uPA
Cancer colo-rectal Kras Cetuximab (Erbitux®)
Braf
MSI-H
18q LOH
Poumon EGFR Inhibiteurs de Tyrosine Kinase
EML4-ALK Inhibiteurs de Tyrosine Kinase
VADS Statut HPV
EGFR
VEGF

I - RECHERCHE DE LA TUMEUR PRIMITIVE DEVANT


UN CANCER METASTATIQUE
Les métastases peuvent être révélatrices d’un cancer, et la localisation de la tumeur primitive
peut ne pas être évidente lors des premières explorations. Le choix des examens complémen-
taires utiles à la recherche de la tumeur primitive est fonction du tableau clinique.

L’analyse anatomopathologique peut être très utile, en particulier grâce à l’analyse immuno-
histochimique, pour la reconnaissance d’un primitif mammaire (recherche de récepteurs hor-
monaux sur la tumeur), prostatique (recherche du PSA), pulmonaire ou thyroïdien (recherche
du TTF1).

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l Devant une tumeur indifférenciée chez un homme jeune, évoluant rapidement, on évo-
quera de principe une tumeur germinale dont le primitif testiculaire peut être inappa-
rent. Le dosage de l’alfa-foeto-protéine et des ß-HCG permettra le diagnostic.

l Chez une femme jeune, c’est le dosage des ß-HCG qui permettra d’éliminer un chorio-
carcinome placentaire.

J - BILAN D’EXTENSION
La connaissance de l’extension loco-régionale et métastatique d’un cancer permet de choisir
l’option thérapeutique la plus adaptée.

Evaluation de l’extension à distance.


Elle est fonction du risque de métastase, lui-même fonction du siège de la tumeur primitive et
des facteurs pronostiques.

A retenir

Primitif à évoquer Explorations utiles


en priorité

Métastases cervicales d’un carcinome ORL l Panendoscopie


épidermoïde l TEP

Métastase axillaire d’un Sein l Mammographie,


adénocarcinome l IRM

Métastases osseuses d’un Sein l Mammographie


adénocarcinome Prostate l Dosage du PSA
Thyroïde l Scintigraphie
Rein thyroïdienne
Poumon l TDM thoracique et
abdominal
l TEP

Epanchement pleural isolé Sein l Mammographie


d’un adénocarcinome Ovaire l TDM thoracique et
Poumon abdominal

Ascite d’un adénocarcinome Ovaire l TDM thoracique et


Côlon abdominal
Estomac l Endoscopies digestives
Pancréas hautes et basses

Métastases hépatiques Côlon l Endoscopies digestives


d’un adénocarcinome Estomac hautes et basses
Pancréas l TDM thoracique et
abdominal

Métastases cérébrales Poumon l TDM thoracique et


d’un adénocarcinome Rein abdomino-pelvien
Mélanome

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Le bilan d’extension comprend le plus souvent :


l TDM thoraco-abdominal

l Scintigraphie osseuse si cancer « ostéophile « : sein, prostate, rein, poumon.

l Biologies hépatique et phospho-calcique : systématiquement faites mais peu sensibles et


peu spécifiques.
l Marqueurs tumoraux lorsque leur taux est corrélé à l’extension : cf. supra.

Les autres examens sont demandés uniquement sur signes d’appel.


Dans les cancers du poumon, on réalise systématiquement une IRM cérébrale, une TDM tho-
raco-abdominale.

Lorsque des métastases ont déjà été identifiées, la recherche d’autres sites métastatiques n’est
pas toujours utile car le plus souvent ne modifie pas l’attitude thérapeutique.

Le bilan d’extension n’est pas utile dans des tumeurs dont le risque métastatique est nul ou très
faible : carcinome in situ (par définition non infiltrant et donc sans risque de métastase),
tumeur cérébrale de l’adulte,

2. Recherche d’une deuxième localisation

Recherche d’un deuxième cancer dans le même organe : mammographie controlatérale au can-
cer du sein diagnostiqué, coloscopie totale en cas de cancer du rectum (ou lavement baryté si
tumeur infranchissable)

Recherche d’un deuxième cancer épidémiologiquement lié : cas des cancers provoqués par
une intoxication alcoolo–tabagique : fibroscopie bronchique et oesophagienne, examen
ORL.

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