Lettre Ouverte À Monsieur Le Premier Ministre, Chef Du Gouvernement, 03 Septembre 2021

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Didier NGALEBAYE Brazzaville, le 03 novembre 2021

Maitre de conférences CAMES/Philosophie


Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines
Université Marien NGOUABI
E-mail : [email protected]
Port. : 00242 05 724 07 41. Lettre ouverte

Monsieur le Premier Ministre,


Chef du Gouvernement,
République du Congo,
Brazzaville.

Objet : Lecture prospective de la gestion de l’état d’urgence mensuel et de


l’obligation de la prise du vaccin liée à la crise induite par la pandémie du Coronavirus.

Monsieur le Premier Ministre,

A l’occasion de votre élévation, en qualité de Premier Ministre, Chef du


Gouvernement, je vous avais adressé une lettre très ouvertement fermée, dans laquelle,
je vous formulais six observations et recommandations sur les principaux
dysfonctionnements de l’Etat congolais, qui rendent les Gouvernements successifs
inefficaces (le paradoxe congolais, le mode ethno-tribal de composition des Cabinets
ministériels, l’iniquité dans la rémunération des membres des Cabinets, l’inactualité de
la grille de rémunération des agents de l’Etat en mission, le séminaire de formation des
membres du Gouvernement à la culture d’Etat et le mode d’élaboration des plans
d’action ministériels).
Je concluais cette lettre comme suit : « Ainsi organisé, votre Gouvernement aurait
toutes les chances de réussir. Autrement, la poursuite de la routine raviverait et
amplifierait les manifestions socioprofessionnelles en cours, rendant le mandat agité ».
De toutes ces suggestions, une seule a été prise en compte : l’organisation d’un
séminaire gouvernemental, mais qui a été biaisé, par le fait que certains membres du
Gouvernement y ont eu le double statut d’auditeurs et de formateurs.
Aujourd’hui, après votre période de grâce, et au regard de l’insolence de
l’actualité, je vous prie de vouloir bien me permettre de donner à la présente lettre un
caractère très fermement ouvert, pour apporter ma modeste contribution à l’analyse
prospective de la prolongation de l’état d’urgence mensuellement et de l’obligation de
la prise du vaccin ‘’contre’’ le Coronavirus, auxquelles votre Gouvernement soumet les
citoyens congolais, dont je fais partie.
Conscient des objections que la présente lettre pourrait susciter sur la légitimité, la
compétence et la crédibilité de son auteur, je voudrais juste indiquer que, mû uniquement
par la mission de service à la communauté (éclairage scientifique sur les problèmes en
débat dans le pays), à laquelle l’Université nous astreint, en plus de la formation et de la
recherche, son seul but est de contribuer à l’amélioration du dispositif national de lutte
contre le Coronavirus, afin d’obtenir le consentement éclairé des citoyens, après chaque

1
fois un bilan général de santé du candidat à la vaccination1, en face de l’affirmation
claire de la responsabilité de l’Etat2, à travers une loi spécifique, en ce qui concerne les
risques éventuels de l’opération sur la vie des citoyens : c’est la modeste manière du
philosophe d’aider le Gouvernement à mieux nous gouverner, en solidarité avec la
prescription historique qu’Edmund Husserl a formulée à ses héritiers de philosophes,
‘’fonctionnaires de l’Humanité’’, nés accidentellement quelque part : « Nous sommes
devenus conscients, au moins d’une façon très générale, que le philosopher humain et
ses résultats n’ont nullement, dans l’ensemble de l’existence humaine, la simple
signification d’un but culturel privé », avant d’ajouter : «Nous sommes donc -comment
pourrons-nous l’oublier ? -les Fonctionnaires de l’Humanité. La responsabilité tout à
fait personnelle qui est la nôtre à l’égard de la vérité de notre être propre, comme
philosophes, dans la vocation personnelle intime, porte en soi la responsabilité à
l’égard de l’être véritable de l’humanité, lequel n’est que tendu vers un Telos et ne peut
parvenir à sa réalisation, si, du moins, il le peut, que par la philosophie, que par nous,
à condition que nous soyons philosophes avec sérieux »3.
Toute autre lecture de ma modeste contribution épistolaire sortirait du cadrage
éthique ainsi posé.
Monsieur le Premier Ministre, je suis conscient des difficultés inhérentes à la
gouvernance publique, complexe par essence. Au Congo, celles-ci sont amplifiées par
deux traits de caractère négatifs : l’absence d’une culture citoyenne désintéressée et
rivée sur l’intérêt national, se justifiant historiquement par le long règne du
monopartisme, ayant affecté et inhibé la conscience individuelle, et l’histoire
tumultueuse du pays (guerres civiles, coups d’Etat et Etat de coups), d’une part, et la
généralisation politico-administrative du réflexe ethnocentriste, qui vide l’Etat de son
âme (lois et règlements), au profit de l’ancrage ethno-tribal, dans le cadre d’un Etat
(ensemble d’institutions, dont le modèle est importé d’Occident, et fonctionne en
parallélité d’avec les coutumes endogènes), sans l’indispensable assise qu’est la Nation
(sentiment historiquement partagé d’appartenance à une même communauté, et de
destin : ainsi, à l’approche de l’élection présidentielle, on voit combien chaque
Congolais redoute la division du pays en Nord/Sud, que les mariages interethniques
n’ont pas conjurée, et que la langue de bois du discours et de la pratique politiques ne
savent pas masquer), d’autre part.
Monsieur le Premier Ministre, en ramenant les concepts philosophiques sur le
terrain de l’action publique que vous conduisez, je sollicite votre haute attention sur la
prorogation mensuelle de l’état d’urgence par le Parlement, sur votre proposition, et la
décision gouvernementale de rendre la vaccination ‘’contre’’ le Coronavirus
obligatoire, dans un contexte où les appréhensions citoyennes n’accèdent pas à vous,
les élites ont démissionné, étant engluées dans les ethnopartis politiques et loges, et où

1
Dont l’absence est l’une des hypothèses pouvant expliquer l’augmentation du taux de décès post-vaccination, et
non pas seulement le simple prélèvement de la tension atérienne.
2
La pratique en cours, comme chez Guenin, est de faire, signer une fiche au vacciné, dans laquelle il se déclare
seul responsable de ce qui peut lui arriver de négatif. Tel ne pouvant pas être l’agissement d’un Etat de droit,
civilisé, l’Etat congolais doit, en tant que ‘’garant de la santé publique’’ (article 36, Constitution du 15 octobre
2021), décliner ses responsabilités quant aux risques qui pourraient survenir de cette opération massive, en
contrepartie de celles du citoyen vacciné, dans la mesure où il l’aura décidé librement, par consentement éclairé.
3
Edmund Husserl, La crise de l’humanité européenne et la philosophie, traduction de Paul Ricoeur, Paris, Aubier,
1977, p. 21.

2
le Gouvernement prend des décisions graves concernant le devenir du pays, sans
consulter, ni écouter le Souverain primaire, seul dépositaire de la souveraineté, auquel
il ne recourt que pendant les élections.

I. Concernant la prorogation mensuelle de l’état d’urgence par le Parlement

1. Je constate que, depuis que le Congo s’est installé dans la pandémie mondiale du
Coronavirus, entre le 31 mars 2020 et le 02 novembre 2021, le Parlement
congolais, sur demande motivée du Gouvernement, a prorogé l’état d’urgence 28
fois, sur la base de l’article 157 de la Constitution du 15 octobre 2015 : « L’état
d’urgence, comme l’état de siège, est décrété par le Président de la République
en Conseil des Ministres. Le Parlement se réunit de plein droit. L’état d’urgence,
comme l’état de siège, peut être proclamé sur tout ou partie de la République,
pour une durée qui ne peut excéder vingt (20) jours. Dans les deux cas, le
Président de la République informe la Nation par un message. Le Parlement se
réunit de plein droit, s’il n’est pas en session, pour, le cas échéant, autoriser la
prorogation de l’état d’urgence ou de l’état de siège au-delà de vingt (20) jours4.
Lorsque, à la suite de circonstances exceptionnelles, le Parlement ne peut siéger,
le Président de la République peut décider du maintien de l’état d’urgence ou
de l’état de siège. Il en informe la Nation par un message. Une loi détermine les
conditions de mise en œuvre de l’état d’urgence ou de l’état de siège ».

2. J’analyse que, jusqu’ici, le Gouvernement et le Parlement ont privilégié une


lecture positiviste et compréhensiviste du Droit, dont le point faible reste la
prospective, dans une mesure où la lettre prime sur l’esprit du texte.
Qu’adviendrait-il, si la lecture de l’article 157 était faite sous l’angle
économique et financier, par exemple ? En face du budget de l’Assemblée
Nationale, exercice 2021, le Règlement intérieur de celle-ci prévoit trois sessions
ordinaires, et que les sessions extraordinaires se tiennent à l’initiative du
Gouvernement. Il en découle que les 28 sessions extraordinaires, au cours
desquelles l’état d’urgence a été prorogé, ont coûté indicativement à l’Assemblée
Nationale les sommes suivantes : Hypothèse 1 : 35 000FCFA, pour chacun des
150 Députés (y compris un collaborateur), et deux jours de travaux, au minimum,
soit : 10 500 000FCFA x 28 sessions : 294 000 000FCFA ; Hypothèse 2 : 150 x
35 000FCFA x 15 jours de travaux (session pleine) : 78 750 000FCFA x 28
sessions : 2 205 000 000FCFA5. Avec cette somme, le plateau technique du
CHU-B aurait pu être amélioré, n’eut été la diversion avec l’équipe canadienne,
dont personne ne répond aujourd’hui. Financées sur les lignes de souveraineté de
l’Etat, ou sur le budget propre de l’Assemblée Nationale, dans un contexte où
l’économie du pays est déstabilisée et que la ressource financière devient rare, ces
dépenses imprévues créent et constituent une ‘’crise financière’’ au sein de
l’institution. Ainsi, en considérant, par extension, cette ‘’crise financière’’ comme

4
Cette clause de fermeture limite l’initiative du Gouvernement, pour éviter l’abus d’autorité ; mais, elle ne peut
pas limiter l’initiative du Parlement, qui a reçu délégation du pouvoir du Souverain primaire.
5
Ce montant est à considérer à la hausse, en tenant compte des sessions du Sénat, qui compte 70 Sénateurs ; la
difficulté d’accès à l’information ne m’a pas permis de faire mieux que raisonner par hypothèses.

3
l’exact équivalent des ‘’circonstances exceptionnelles’’ visées à l’article 157, en
tant qu’elles déstabilisent les finances publiques, on trouve l’argument, tant
cherché, pour arrêter la série routinière des sessions extraordinaires budgétivores.

3. Je suggère que, partant de cette lecture économique et financière de l’article 157


de la Constitution, l’on en tire la même conséquence : « Autoriser la prorogation
de l’état d’urgence ou de l’état de siège au-delà de vingt (20) jours », en ajoutant
la mention : « jusqu’à nouvel ordre », que justifie la réalité de la poursuite de la
pandémie, tant qu’un vrai vaccin n’aura pas été trouvé. Cette lecture en extension
de l’article 157 permettrait de mettre fin au cycle budgétivore de prorogation de
l’état d’urgence.

II. Concernant la décision gouvernementale de rendre obligatoire la prise du


vaccin ‘’contre’’ le Coronavirus

1. Je constate que la Coordination nationale, qui n’est pas un organe de décision,


en l’absence de toute référence à la loi, se donne le pouvoir extraordinaire
d’« Obliger les personnels de santé, des affaires sociales, des enseignements,
de la force publique, des chauffeurs de taxis, bus et autres transports en
commun, ainsi que les vendeurs de marchés domaniaux, à se faire vacciner
au plus tard, le 31 octobre 2021, date butoir »6 (1)7, le Gouvernement ne
maitrise pas les tenants et aboutissants des vaccins auxquels il veut
contraindre les Congolais (2), les vaccins en question n’apportent aucune
immunité (3), ainsi que l’indique le questionnaire suivant, portant sur les
bonnes questions qu’il convient de se poser, avant de prendre le vaccin :

N° Bonnes questions à se poser avant la prise du vaccin Réponses


1. La prise du vaccin implique-te-elle l’arrêt du port du Non
masque ?
2. La prise massive du vaccin ramènera-t-elle une vie sociale Non
normale ?
3. La prise du vaccin immunise-t-elle ? Non
4. La prise du vaccin élimine-t-elle la contagiosité envers Non
autrui ?
5. Connait-on la période exacte d’activité du vaccin ? Non
6. Est-on sûr que la prise du vaccin ne tuera pas ? Non

6
Déclaration du 30 octobre 2021. La Coordination nationale n’étant pas un organe de décision, après le dépôt de
son Rapport au Gouvernement, celui-ci devrait faire la part entre ce qui relève de son pouvoir, en l’entérinant, et
ce qui relève du pouvoir du Parlement. Le danger politique de décider, sans une étude scientifique sur la question
est ainsi manifeste : pour espérer vacciner les Congolais sous un tel délai, il faut préalablement s’assurer des doses
du vaccin et de leur bonne conservation, alors que l’électricité est saisonnière. En plus, il convient de regarder du
côté des agents, chargés de réaliser l’opération qui, face à l’afflux des candidats à la vaccination, en viendraient
nécessairement à pratiquer le vice le mieux partagé des Congolais : le service à la tête du client, au risque de
provoquer des émeutes.
7
Comme si, le Congo n’était plus un Etat de droit, et que les Congolais étaient de gros imbéciles, sans
discernement, alors que la restriction des libertés est totalement du domaine de la Loi, dont l’éthique est aussi bien
le fondement que la finalité.

4
7. La prise du vaccin permet-elle de protéger les autres à Non
100% ?
8. La prise du vaccin empêche-t-elle d’attraper à nouveau le Non
Coronavirus ?

Partant de ce diagnostic, où les risques priment sur les avantages à 100%, il est
curieux de voir le Gouvernement décider de la vaccination obligatoire. Et, c’est cette
curiosité, qui alimente les peurs de la population, qui n’est pas faite d’imbéciles. Il est
aussi curieux de constater la fermeté du Gouvernement, malgré le fait que les décès des
personnalités survenues ces derniers jours concernent bien des personnes ayant
régulièrement pris leurs vaccins8.

2. J’analyse que, sur une question aussi grave, engageant aussi bien la vie que
la liberté des citoyens congolais, votre Souverain primaire, le Gouvernement
de la République et le Parlement prennent des décisions faisant entorse à la
Constitution (« Article 8 : La personne humaine est sacrée. L’Etat a
l’obligation de la respecter et de la protéger » et « Article 36 : L’Etat est
garant de la santé publique »), (1), sur la base des renseignements extérieurs
(2), et sans consulter ni l’expertise nationale (3), ni les Parlementaires (4),
violant ainsi le principe de Souveraineté (« Article 5 : La souveraineté
nationale appartient au peuple, qui l’exercice au moyen du suffrage universel,
par ses représentants élus ou par voie de référendum »). Ce manquement à
l’exemplarité républicaine est un appel à l’infra-droit lancé au peuple.

3. Monsieur le Premier Ministre, la problématique de la vaccination n’est pas un


sujet politique, mais scientifique ; quand les scientifiques ne sont pas
d’accord, le politique devrait éviter et attendre de décider, au regard du
principe de précaution ; ‘’l’avenir étant ce qui n’a pas de visage’’ (Emmanuel
Levinas), tout en ‘’ étant plus riche en promesses que le passé et le présent
réunis’’ (Jules Ndombi)9, pour l’intérêt supérieur de ce Congo que vous aimez
tant, je vous recommande l’extrême précaution, car :

a. Scientifiquement, les différents vaccins actuellement mis en vente le sont de


façon précoce, étant encore en phase expérimentale ; dans l’histoire des
vaccins, la durée moyenne entre la mise au point de la formule et la mise en
vente du produit est de 10 ans (contre quelques mois, pour les vaccins
‘’anti’’-Covid19) ; la communauté scientifique est déchiffrée face à
l’efficacité supposée de ces vaccins : dans ces conditions, comment obliger
les citoyens à prendre des vaccins élaborés à l’extérieur, et dont les tenants
et aboutissants ne sont pas maitrisés ?

8
A cet effet, les études scientifiques récentes les plus pointues établissent l’absence de corrélation entre le taux
élevé de vaccination (Israël, etc.) et les taux de contagiosité et ou de décès.
9
Un sage de la communauté des Mbosi du Congo, Nguilima, ancien Chef de la Zone Mpama, dans le district
d’Abala.

5
b. Ethiquement, bien des éminences scientifiques se lèvent contre cette
vaccination (Raoult, Montagnier, etc.), l’argument officiel, ressassé à
longueur de journées par les Dignitaires, et considérant la vaccination
comme ‘’la parade contre les cas les plus graves de Covid-19’’, ne résiste
pas face à la multiplication des cas de décès de personnalités ayant pris
innocemment toutes leurs doses de vaccin, et l’amplification du doute dans
l’opinion rend suspect le jusqu’auboutisme du Gouvernement, dont les
arguments viennent de l’extérieur, et surtout que la communication sur la
pandémie à Coronavirus est tenue par des politiques, alors qu’il s’agit d’une
matière foncièrement scientifique : dans ces conditions, comment
comprendre la coalition du Gouvernement et du Parlement contre la
Constitution10, et comment comprendre toute cette agitation par et avec
laquelle les membres du Gouvernement, les responsables des institutions
républicaines, les Directeurs généraux des administrations publiques
s’acharnent à décider précocement de l’interdiction de l’accès à leurs
services aux citoyens non vaccinés, comme un effet de mode, avant que le
Parlement n’ait voté la loi y afférente, en dérogation de la Constitution, et
que le Président de la République ne l’ait promulguée ?

c. Juridiquement, la ‘’santé publique’’ étant garantie par la Constitution


(article 36), tout autant que la ‘’la personne humaine’’ (article 8), quel genre
de citoyens sommes-nous, et quel Etat est le Congo, quand, en l’absence
d’une loi dérogatoire, les Présidents des chambres du Parlement, Ministres,
et autres Directeurs généraux, prennent des ‘‘Notes de service’’ obligeant
les citoyens congolais à se faire vacciner, sans les convaincre de la primauté
du bénéfice sur le risque, au moment où décèdent, de façon flagrante, des
personnalités ayant pris toutes leurs doses de vaccin, et où la mémoire
collective reste traumatisée par des désastres antérieurs, dont personne ne
répond à ce jour ?

Pour ne pas conclure, s’il est vrai que l’homme politique se préoccupe des
prochaines élections, tandis que l’homme d’Etat s’occupe des générations futures, le
philosophe et l’homme d’Etat ont en commun, la hantise du temps qui vient : viendra-t-
il comme nous le souhaitons et y travaillons aujourd’hui, ou nous réservera-t-il des
surprises, y compris les plus dramatiques ?
Pour mieux faire face à ce temps qui vient, sans visage, le philosophe, accroché à
la Vérité, au Bien et au Beau universellement partageables, utilise la prospective, pour
démêler les ficelles du temps qui vient, tandis que l’homme d’Etat utilise le principe de
précaution, en ayant les lois et règlements de la République en mains, afin de mieux
canaliser la complexité de l’action publique, liée à sa question centrale : Comment mieux
décider, aujourd’hui, pour demain, que l’ignore ?

10
Le Gouvernement, qui lance les projets de loi, et le Parlement, qui vote ceux-là, violent exactement la Loi de la
même manière : sans fondement légal, le Gouvernement rend la vaccination obligatoire, pendant que le Parlement
et les administrations publiques ferment leurs portes aux citoyens non vaccinés.

6
Or, concernant les deux matières étudiées dans cette lettre, le Gouvernement
congolais ne pratique ni la prospective, ni le principe de précaution ! Il livre ainsi le pays
au hasard.
Proroger indéfiniment l’état d’urgence, à cause d’une lecture positiviste de la Loi,
c’est renforcer la ‘’crise financière’’, dont le pays souffre depuis, et accélérer l’impasse
face à la demande sociale, d’une part, et obliger les citoyens congolais à prendre les
vaccins ‘’anti’’-Covid’’, sans préalablement se faire éclairer scientifiquement et se doter
d’une loi pertinente, c’est procéder à une lecture opportuniste de la Constitution, tout en
invitant le peuple à faire de même : cela, qui est sans forme au présent, peut devenir
monstrueux demain.
Monsieur le Premier Ministre, tout en vous remerciant d’avoir prêté attention à ma
lettre citoyenne, et en considération de ce qui précède, je vous propose de créer une
Commission scientifique11, élargie techniquement aux spécialistes des environnements
virologique et juridique, qui vous dépose un Rapport, sous dizaine, et un projet de loi
éventuel sur l’obligation vaccinale, qu’elle défendra devant le Parlement, avant que
celui-ci ne prenne la suite de son rôle législatif.
Au sortir d’un tel débat public, auquel participeraient les personnalités qui le
souhaiteraient, les Congolais seraient mieux édifiés sur les tenants et aboutissants de la
gestion de la pandémie coronaire au Congo : dans la liberté, la responsabilité, le respect
et la souveraineté, avec une pluvalue sur le relèvement du consentement éclairé de
chaque citoyen, qui ne pourra être apaisé que par la discussion claire, publique et
transparente sur les enjeux de la vaccination12. Car, comme l’a bien vu Jean-Jacques
Rousseau : « Quand un peuple ne défend plus ses libertés et droits, il devient mûr pour
l’esclavage ».
En attendant la fin de ce processus de décision éclairé, le Gouvernement devrait
subventionner les tests, et laisser les citoyens choisir librement, et en toute conscience,
entre le vaccin et le test périodique, tout en observant les gestes barrières.
Entretemps, l’attitude du Gouvernement suscite plus de soupçons qu’elle ne
convainc : elle ne se justifie, ni scientifiquement, ni éthiquement, ni juridiquement.

Didier NGALEBAYE.

Copies :
1. Président du Sénat ;
2. Président de l’Assemblée Nationale ;
3. Cabinet du Chef de l’Etat.

11
Au Congo, on pouvait se féliciter, pendant le confinement, de ce que les Congolais ne décédaient pas du Corona,
avant l’arrivée des vaccins ; mais, depuis lors, le taux de décès monte en flèche : c’est cette disproportion que la
Commission scientifique devra éclairer, pour permettre au Gouvernement de mieux décider.
12
En attendant la fin de ce processus de décision éclairé, le Gouvernement devrait subventionner les tests, et laisser
les citoyens choisir librement, et en toute conscience, entre le vaccin et le test.

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