Talha

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‫سري أعالم النبالء‬

LES GRANDES FIGURES DE


L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)

02

‫طلحة بن عبيد اهلل‬


TALHA IBN OUBAYD-ALLAH
AU NOM D’ALLAH
LE CLÉMENT LE MISÉRICORDIEUX

NOUS LUI DEMANDONS SON AIDE

2. TALHA IBN OUBAYD-ALLAH


‫َط ْل َحة بن ُع َب ْيد الل‬

Talha ibn Oubayd-Allah ibn Outhman ibn


‘Amr ibn Kaab ibn Saad ibn Taïm ibn Mourra
ibn Kaab ibn Louay ibn Ghalib ibn Fihr ibn Ma-
lik ibn Nadr ibn Kinana, le Qourashite, At-
Taïmi, Al-Makki, Abou Mouhammad.
Un des dix promis au Paradis.
Il rapporte plusieurs hadiths du prophète (‫)ﷺ‬.
On en dénombre dans le Mousnad de Baqi ibn
Makhlad, avec les répétitions, trente-huit.
Conjointement, Al-Boukhari et Mouslim ont
rapportés deux de ses hadiths. Al-Boukhari seul
en a rapporté deux autres. Et enfin Mouslim seul
en a rapporté trois supplémentaires.

Ont rapporté de lui :


Ses fils : Yahya, Moussa et Issa.

1
Ainsi que : As-Saïb ibn Yazid, Malik ibn Aous
ibn Al-Hadathane, Abou Outhman An-Nahdi,
Qays ibn Abou Hazim, Malik ibn Abou ‘Amir
Al-Asbahi, Al-Ahnaf ibn Qays At-Tamimi,
Abou Salama ibn Abderrahman et d’autres.

Abou Abd-Allah ibn Manda a dit : C’était un


homme très brun, la chevelure dense, ni crépue,
ni raide et il avait un beau visage. Il pressait le
pas lorsqu’il marchait. Il n’avait pas pour habi-
tude de teindre ses cheveux.
Et Ibrahim ibn Al-Moundhir Al-Hizami relate :
D’après Abdelaziz ibn Imrane : Ishaq ibn Yahya
m’a rapporté : Moussa ibn Talha m’a rapporté :
Mon père avait la peau blanche, le teint légère-
ment rose. Il était de taille moyenne, plutôt petit,
le torse et les épaules larges. Il avait des pieds
imposants. Son allure traduisait la dignité.
Je dis (Dhahabi) : Il fut parmi les premiers à
embrasser l’Islam et subit moult nuisances dans
le sentier d’Allah. Puis il immigra (hijra). Il ne
participa pas à la bataille de Badr – comme cela
est communément admis – car il était, à cet ins-
tant, au Sham pour une affaire le concernant. Son
absence l’affligea d’ailleurs grandement. Le
messager d’Allah (‫ )ﷺ‬lui accorda malgré tout

2
une part du butin ainsi que la rémunération à la-
quelle il avait droit.

Abou Al-Qassim ibn Assakir, le hafizh, a dit


dans sa biographie : Il accompagna Oumar lors-
que celui-ci se rendit à Al-Jabiya1 et Oumar le
désigna à la tête des Mouhajirounes.
D’autres que lui rapportent qu’il avait une main
estropiée des suites de sa défense du messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬le jour d’Ouhoud.

Salt ibn Dinar : D’après Abou Nadra :


D’après Jabir : Le messager d’Allah (‫ )ﷺ‬a dit :
« Quiconque désire voir un martyr marchant sur
Terre, qu’il regarde Talha ibn Oubayd-Allah ! »
Ce récit m’a été transmis par Al-Abarqouhi par
cette voie : Ibn Abou Al-Joud nous a narré : Ibn
Talaba nous a narré : Abdelaziz Al-Anmati nous
a narré : Abou Tahir Al-Moukhalis nous a narré :
Al-Baghawi nous a rapporté : Dawoud ibn Rous-
hayd nous a rapporté : Makki nous a rapporté :
Salt nous a rapporté.

Et il a été rapporté dans le recueil d’Abou Issa2

1
Nom donné à l’entrée principale de Damas du côté
ouest
2
Tirmidhi

3
que le messager d’Allah (‫ )ﷺ‬a dit le jour d’Ou-
houd : « Le Paradis est promis à Talha ! »
Ibn Abou Khalid a dit : D’après Qays : J’ai vu la
main mutilée de Talha avec laquelle il défendit
le prophète (‫ )ﷺ‬le jour d’Ouhoud. Rapporté par
Al-Boukhari.

An-Nassaï rapporte d’après Yahya ibn Ayoub


et autre que lui : D’après ‘Imara ibn Ghaziya :
D’après Abou Zoubayr : D’après Jabir qui a dit :
Lorsque les gens se détournèrent le jour d’Ou-
houd et que le messager d’Allah (‫ )ﷺ‬se retrouva
à l’écart en compagnie d’une douzaine
d’hommes seulement, parmi lesquels Talha, les
polythéistes se ruèrent sur eux. Le prophète (‫)ﷺ‬
appela alors :
– Qui pour nous défendre ?
– Moi ! s’empressa Talha.
– Reste à ta place ! lui ordonna le prophète (‫)ﷺ‬.
– Moi ! dit alors un autre homme.
– Vas-y ! lui dit le prophète.
L’homme sortit alors pour combattre et fut tué.
Puis, le prophète (‫ )ﷺ‬tourna la tête et aperçut un

4
autre groupe de polythéistes ; il appela de nou-
veau :
– Qui pour s’en occuper ?
– Moi ! s’empressa Talha.
– Reste à ta place ! lui ordonna-t-il.
– Un homme des Ansar dit alors : Moi, ô messa-
ger d’Allah !
– Vas-y ! lui dit le prophète (‫)ﷺ‬.
L’homme sortit alors pour combattre et fut tué.
Et ceci n’eut cessé jusqu’à ce qu’il ne reste avec
le prophète d’Allah que Talha seulement. Le pro-
phète dit encore :
– Qui pour s’occuper d’eux ?
– Moi ! dit Talha.
C’est alors que Talha s’engagea et combattit
d’un combat équivalent aux onze autres dans le-
quel ses doigts furent tranchés. Il poussa à cet
instant un cri de douleur « hassi ! »
Le messager d’Allah (‫ )ﷺ‬lui dit alors : Si tu
avais dit, à la place, « bismillah » les anges t’au-
raient élevé aux yeux de tous !
Puis Allah repoussa les polythéistes. Les rappor-
teurs de ce récit sont tous de confiance.

5
Abou Al-Maali ibn Abou Asseroune le sha-
fiite nous a informé : Abdelmou’iz ibn Mouham-
mad nous a narré dans son livre : Tamim ibn
Abou Saïd nous a narré : Mouhammad ibn Ab-
derrahman nous a narré : Mouhammad ibn Ah-
mad nous a narré : Ahmad ibn Ali At-Tamimi
nous a narré : Mouhammad ibn Abou-Bakr Al-
Mouqadami et Abd Al-A’la nous ont rapporté ;
ils ont dit : Al-Mou’tamir nous a rapporté : J’ai
entendu mon père dire : Abou Outhman nous a
rapporté ; il a dit :
Il ne resta ce jour-là – le jour où messager d’Al-
lah (‫ )ﷺ‬combattit – que Talha et Saad ; d’après
ce que tous deux nous racontèrent.
Ce récit est rapporté par les deux Shaykhs 1,
d’après Al-Mouqadami.

Et toujours par sa voie, jusqu’à At-Tamimi :


Abou Kourayb nous a rapporté : Younous ibn
Boukayr nous a rapporté : D’après Talha ibn Ya-
hya : D’après les deux fils de Talha : Moussa et
Issa : D’après leur père :
Un homme parmi les bédouins vint trouver le
messager d’Allah (‫ )ﷺ‬pour le questionner sur

1
Al-Boukhari et Mouslim

6
l’homme étant passé de vie à trépas1 ; qui était-
ce ?
Les compagnons du messager n’osant eux-
mêmes le questionner sur cela de par la grande et
profonde vénération qu’ils avaient pour lui.
L’homme le lui demanda alors une première fois
mais le prophète (‫ )ﷺ‬ne lui répondit pas. Puis il
le questionna une seconde fois mais le prophète
(‫ )ﷺ‬garda à nouveau le silence.
C’est alors que j’entrai par la porte de la mos-
quée, dit Talha, portant ce jour-là des habits
verts. À cet instant, le messager d’Allah (‫)ﷺ‬
m’aperçut et dit :
– Où est l’homme qui questionnait sur celui étant
passé de vie à trépas ?
– Moi, lui dit le bédouin.
– Voici celui que tu cherchais ! lui répondit le
prophète (‫ )ﷺ‬tout en désignant Talha.

Et At-Tayalissi rapporte, dans son mousnad,


un hadith de Mouawiya qui dit : J’ai entendu le

1
De l’expression arabe (‫ ) َق َضى ن َْح َب ُه‬qui exprime implicite-
ment le fait de mourir

7
messager d’Allah (‫ )ﷺ‬dire : « Talha fait partie
de ceux qui sont passés de vie à trépas ! »

Quant à Mouslim, dans son Authentique, il


rapporte d’après Abou Hourayra ce récit : Alors
que le messager d’Allah (‫ )ﷺ‬se trouvait sur le
mont Hira en compagnie d’Abou Bakr, Oumar,
Outhman, Ali, Talha et Zoubayr, le rocher sur le-
quel ils étaient se mit à trembler.
Le prophète (‫ )ﷺ‬s’adressa alors à lui et dit :
« Doucement, il n’y a sur ton écorce qu’un pro-
phète, un véridique et un martyr ! »

Souwayd ibn Saïd : Salih ibn Moussa nous a


rapporté : D’après Mouawiya ibn Ishaq :
D’après la fille de Talha, Aïsha : D’après Aïsha :
Le messager d’Allah (‫ )ﷺ‬a dit : « Quiconque
veut voir marcher sur terre un homme étant
passé de vie à trépas, qu’il regarde Talha ! »

Tirmidhi a dit : Abou Saïd Al-Ashaj nous a


rapporté : Abou Abderrahman, Nadr ibn Man-
sour, nous a rapporté : Ouqba ibn Alqama Al-
Yashkouri nous a rapporté :
J’ai entendu Ali lors de la bataille d’Al-Jamal
dire : Certes j’ai pris de la bouche du messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬les paroles suivantes : « Talha et

8
Zoubayr font partie de mon voisinage au Para-
dis ! »
Ibn Zaydane Al-Bajali et Abou Bakr Al-Jaroudi
ont également rapporté ce récit, comme cela,
d’après Al-Ashaj. Quant à Abou Ya’la Al-
Maoussili, il s’est singularisé en le rapportant
d’après Nadr : D’après son père : D’après
Ouqba.

Douhaym : Mouhammad ibn Talha nous a


rapporté : D’après Moussa ibn Mouhammad :
D’après son père : D’après Salama ibn Al-Akwa’
qui a dit :
Talha fit l’acquisition, non loin de la montagne,
d’un puits et sacrifia un chameau afin de nourrir
et d’abreuver les gens. Le messager d’Allah (‫)ﷺ‬
lui dit alors : « Tu es Talha le brave1 ! »

Soulayman ibn Ayoub ibn Issa ibn Moussa


ibn Talha : Mon père m’a rapporté, d’après mon
grand-père : D’après Moussa ibn Talha :
Le prophète (‫ )ﷺ‬surnomma Talha le jour d’Ou-
houd « Talha le bon ». Et il le surnomma lors de

1
« Al-Fayyad » en arabe, synonyme d’une abondante gé-
nérosité

9
l’expédition d’Al-Ashira1 « Talha le brave ».
Puis il le surnomma le jour de Khaybar « Talha
le généreux » !
(La chaîne de transmission de ce récit est légère-
ment faible)

Moujalid a dit : D’après Shaabi : D’après Qa-


bissa ibn Jabir qui a dit : Il m’a été donné d’ac-
compagner Talha, un temps, et jamais je n’ai vu
quelqu’un distribuer autant d’argent que lui sans
qu’on ne le sollicite !

Abou Ismaïl At-Tirmidhi : Soulayman ibn


Ayoub ibn Soulayman ibn Issa ibn Moussa nous
a rapporté : Mon père m’a rapporté, d’après mon
grand-père : D’après Moussa : D’après son
père :
Une somme de 700 000, en provenance de l’Ha-
dramaout, parvint à Talha. Cela le travailla à tel
point qu’il ne cessait de gesticuler dans sa
couche. Sa femme lui dit alors :
– Qu’as-tu ?
– Je ne cesse de réfléchir, répondit-il. Quelle opi-
nion un homme pourrait avoir de son Seigneur

1
Qui eut lieu en l’an 2 de l’hégire.

10
alors qu’il se trouve en possession d’une telle
somme d’argent ?
– N’as-tu pas pensé à certains de tes fidèles ca-
marades ? Au petit matin, demande donc que
l’on t’apporte divers récipients et partage la
somme, lui conseilla-t-elle.
– Qu’Allah te fasse miséricorde, bien-pensante
que tu es, fille de bien-pensant !
(Elle était Oum Koulthoum, la fille du véri-
dique1)
Puis, lorsque le matin arriva, il fit venir différents
récipients et partagea la somme entre les Mouha-
jirounes et les Ansar. Il adressa à cet égard une
écuelle à Ali. Sa femme, lui dit :
– Abou Mouhammad, ne nous as-tu pas réservé
une part dans tout cela ?
– Où étais-tu tout ce temps durant ? Tu n’as plus
qu’à te satisfaire de ce qu’il reste.
Sa femme termina : Il ne restait alors que l’équi-
valent d’une bourse contenant 1000 dirhams.

Al-Moussallam ibn ‘Allane et un groupe de


savants nous ont informés – par écrit ; ils ont dit :

1
Abou Bakr

11
Oumar ibn Mouhammad nous a narré : Hibat-Al-
lah ibn Al-Houssayn nous a narré : Ibn Ghaylane
nous a narré : Abou Bakr As-Shafii nous a narré :
Ibrahim Al-Harbi nous a rapporté : Abd-Allah
ibn Oumar nous a rapporté : Mouhammad ibn
Ya’la nous a rapporté : Al-Hassan ibn Dinar
nous a rapporté : D’après Ali ibn Zayd qui a dit :
Un homme parmi les bédouins vint demander à
Talha de ses faveurs au nom d’un lien de parenté
qui les unissait. Talha lui dit alors :
Tu es le premier à me solliciter au nom de ce lien.
Je possède une terre et Outhman m’en donne
300 000 ; prends-là donc ! Où si tu le souhaites,
je la lui vends et t’en remets son prix.
L’homme choisit d’en avoir le prix et Talha le lui
remit.

Al-Koudaymi : Al-Asma’i nous a rapporté :


Le juge de Médine, Ibn Imrane, nous a rapporté :
Talha acquitta, le jour de Badr, la rançon de dix
prisonniers !
Et on le sollicita, un jour, au nom d’un lien de
parenté ; il dit : J’ai vendu un verger qui m’ap-
partenait pour la somme de 700 000 mais je peux
encore m’en désister. Si tu le souhaites, je le ré-
cupère pour toi ou bien t’en donne son prix !

12
La chaîne de ce récit est discontinue. De plus, Al-
Koudaymi est un rapporteur faible.

Ibn Saad a dit : Saïd ibn Mansour nous a


narré : Salih ibn Moussa nous a rapporté :
D’après Mouawiya ibn Ishaq : D’après les deux
filles de Talha, Aïsha et Oum Ishaq :
Notre père reçu, le jour d’Ouhoud, un total de
vingt-quatre blessures. Il fut balafré au visage,
son nerf-sciatique fut touché et les doigts de sa
main tranchés. Le reste de ses blessures étaient
sur son corps. Il perdit connaissance. Quant au
messager d’Allah (‫)ﷺ‬, une de ses incisives laté-
rales fut cassée et il fut également blessé au vi-
sage. Il parvint toutefois à rester conscient et à ne
pas s’évanouir. Talha le portait tout en reculant.
À chaque fois qu’un polythéiste s’approchait, il
le combattait durement. Jusqu’à ce qu’il réus-
sisse à le ramener auprès du reste des troupes.

Ibn Ouyaïna : D’après Talha ibn Yahya : Ma


grand-mère Souada bint Aouf Al-Mourriya m’a
rapporté :
Je trouvai, un jour, Talha complètement abattu et
lui demandai :

13
– Qu’as-tu ? Espérons que ce ne soit pas ta fa-
mille1 qui te soucie ?
– Non, tu es une épouse musulmane merveil-
leuse, je le jure ! Je suis seulement en possession
d’une somme d’argent et cela me préoccupe
beaucoup, lui répondit-il.
– Qu’est-ce qui te préoccupe ? Tu n’as qu’à la
partager avec tes compagnons !
Il fit, à ce moment-là, appeler son valet et lui de-
manda de distribuer la somme entre eux. Je ques-
tionnai alors le trésorier : Combien a-t-il donné ?
Il répondit : 400 000 !

Hisham et Aouf : D’après Al-Hassan Al-Ba-


sri : Talha ibn Oubayd-Allah vendit une terre lui
appartenant pour un montant de 700 000 mais
cette somme l’empêcha de trouver le sommeil.
Dès que le matin vint, il la partagea.

Mouhammad ibn Saad : Mouhammad ibn Ou-


mar nous a rapporté : Moussa ibn Mouhammad
ibn Ibrahim At-Taïmi nous a rapporté : D’après
son père :

1
Allusion à elle-même

14
Talha bénéficiait de revenus équivalant à 400
000 en provenance d’Irak. Et 10 000 dinars1,
plus ou moins, lui parvenaient des monts Sara-
wat2. Il tirait également des revenus de diffé-
rentes terres agricoles qu’il détenait.
Il ne laissait aucun membre des Banou Taïm
dans le besoin sans l’aider ou bien éponger ses
dettes.
Chaque année, lorsqu’il percevait ses rentes, il
faisait parvenir la somme de 10 000 à Aïsha.
Et il acquitta pour untel des Taïm la somme de
30 000.

Zoubayr ibn Bakkar a dit : Outhman ibn Abder-


rahman m’a rapporté : Talha ibn Oubayd-Allah
acquitta la somme de 80 000 dirhams3 en faveur
d’Oubayd-Allah ibn Maamar et d’Abd-Allah ibn
‘Amir ibn Kourayz.

Al-Houmaydi a dit : Ibn Ouyaïna nous a rap-


porté : ‘Amr ibn Dinar nous a rapporté : Un des
esclaves de Talha m’a informé que les revenus

1
Pièces d’or de l’époque
2
Chaîne montagneuse partant des environs de la Mecque
et s’étendant jusqu’au Yémen
3
Pièces d’argent de l’époque

15
journaliers de Talha n’étaient pas inférieurs à
mille dirhams !

Al-Waqidi a dit : Ishaq ibn Yahya nous a rap-


porté : D’après Moussa ibn Talha qui rapporte
que Mouawiya le questionna :
– Quelle fortune Abou Mouhammad a-t-il lais-
sée ?
– 2 200 000 pièces d’argent et 200 000 pièces
d’or ! lui répondit-il.
– Il vécut dans l’estime, la générosité et l’hon-
neur et fut tué dans la peine ; qu’Allah lui fasse
miséricorde ! dit Mouawiya.

Et Ar-Riyashi composa les vers suivants pour un


homme de Qouraysh :
Ô toi qui me questionne, sur les meilleurs des
hommes
Trouve-moi sur cela, savant et averti
Les meilleurs serviteurs, se nomment Qourashi
D’abord les immigrés, il faudrait que l’on
nomme
Les tous premiers croyants, au sommet de ceux-

Huit parmi cette élite, l’ont chacun secouru
Ali, Outhman, Zoubayr, compagnons de l’élu

16
Après ces trois Talha, puis deux Banou Zouhra1
S’en suivent deux dévots, amis de Ahmada
Leurs tombes à côté, de celle bien aimée
Quiconque veut chercher, en des gens la fierté
En aucun autres qu’eux, il ne la trouvera

Yahya ibn Ma’ine : Hisham ibn Youssouf


nous a rapporté : D’après Abd-Allah ibn
Mouss’ab : Moussa ibn Ouqba m’a informé : J’ai
entendu d’Alqama ibn Waqqas Al-Laythi le récit
suivant :
Lorsque Talha, Zoubayr et Aïsha partirent pour
exiger la vengeance de Outhman, ils se détour-
nèrent de leur route au niveau de Dhat-Irq2. Ils
renvoyèrent alors Ourwa ibn Zoubayr et Abou
Bakr ibn Abderrahman ; les jugeant tous les deux
trop jeunes.
Je voyais Talha, à cet instant, rester seul, loin de
toute assise, la tête baissée. Je lui dis :
– Abou Mouhammad, je te vois à l’écart de toute
assise ; si tu répugnes autant cette affaire,

1
Abderrahman ibn Aouf et Saad ibn Abi Waqqas descen-
dants de Zouhra
2
Situé à une centaine de kilomètres à l’est de La
Mecque ; c’est l’endroit où les pèlerins en provenance
d’Irak se sacralisent pour le pèlerinage.

17
pourquoi ne la délaisses-tu pas ?
– Ô Alqama, ne me blâme pas, répondit-il. Nous
étions, hier, unis face à nos ennemis mais nous
sommes devenus aujourd’hui deux montagnes
de fer se concurrençant l’une et l’autre !
Néanmoins, j’ai commis envers Outhman ce qui
ne peut être expié, selon moi, que par le prix de
mon sang et le fait que nous exigions sa ven-
geance !
Je dis (Dhahabi) : Ce dont parle Talha est le fait
qu’il ait feint d’ignorer ce qui se tramait contre
Outhman et qu’il ait quelque peu participer, lui
aussi, à ameuter les gens contre lui. Il le fit ce-
pendant selon un effort d’interprétation prove-
nant de sa part.
Il changea par la suite d’avis lorsqu’Outhman fut
tué et regretta de ne pas lui avoir porté secours.
Qu’Allah les agrée tous les deux.
Talha fut le premier à faire allégeance à Ali ; les
meurtriers d’Outhman l’y ayant contraint. Ils le
firent venir jusqu’à ce qu’il prête serment.

Al-Boukhari a dit : Moussa ibn A’yane nous


a rapporté : Abou Awana nous a rapporté :
D’après Houssayn, dans le hadith de ‘Amr ibn
Jawane qui a dit :

18
Lorsque les gens se rencontrèrent le jour d’Al-
Jamal, Kaab ibn Sour se leva et prit le Coran. Il
tourna alors avec au milieu des deux clans, adju-
rant les gens par Allah et l’Islam de préserver
leur sang. Il ne cessa de faire cela jusqu’à ce
qu’on le tue.
Talha compte parmi les premiers à être mort ce
jour-là.
Quant à Zoubayr, il voulut rejoindre ses fils mais
fut rattrapé et tué également.

Yahya Al-Qattane : D’après Aouf : Abou


Raja m’a rapporté ; il a dit : Je vis Talha sur sa
monture les interpeller : « Ô gens, écoutez ! »
Ils s’obstinèrent malgré tout et ne voulurent l’en-
tendre. Il s’exclama alors en ces termes : « Pfff !
Bestioles du feu et mouches convoiteuses ! »
Ibn Saad a dit : Quelqu’un ayant entendu Is-
maïl ibn Abou Khalid m’a informé : D’après Ha-
kim ibn Jabir qui relate :
Talha dit : « Notre attitude perfide dans l’affaire
d’Outhman ne peut être compensé, aujourd’hui,
que par le prix de notre sang. Ô Allah, prends de
moi, en ce jour, ce qui peut te satisfaire pour le
compte d’Outhman ! »

19
Waki’ : Ismaïl ibn Abou Khalid nous a rap-
porté : D’après Qays qui a dit : Je vis ce jour-là
Marwan ibn Al-Hakam lorsqu’il décocha une
flèche en direction de Talha. Elle l’atteint au ge-
nou. Il se vida alors de son sang jusqu’à en mou-
rir.
Ce récit est rapporté par plusieurs rapporteurs
d’après Waki’.
Et dans la version d’Abdelhamid ibn Salih, tou-
jours selon Waki’, figure en plus la parole de
Marwan : « Il était de ceux qui ont contribué au
meurtre d’Outhman ; je ne demanderai plus, dé-
sormais, que vengeance soit faite ! »
Je dis (Dhahabi) : Le meurtrier de Talha est pé-
cheur au même titre que le meurtrier d’Ali !

Khalifa ibn Khayat a dit : Quelqu’un ayant


entendu Jouwayria ibn Asma nous a rapporté :
D’après Yahya ibn Saïd : D’après son oncle :
Marwan décocha une flèche en direction de
Talha et le tua. Il se tourna ensuite vers Abane et
lui dit : « Te voilà à présent débarrassé de cer-
tains meurtriers de ton père ! »

Houshaym : D’après Moujalid : D’après


Shaabi qui a dit : Ali vit le corps de Talha

20
abandonné dans le lit d’une rivière à sec. Il y des-
cendit et essuya la poussière de son visage. Puis
il dit :
« Tu étais bien plus cher à mes yeux, Abou Mou-
hammad, pour que je te retrouve ainsi, jeté à l’air
libre au fond d’une rivière. À Allah je me plains
de mes fautes apparentes et cachées ! »
Au sujet de l’expression employée (‫ُجري وبُ َجري‬
َ ‫)ع‬,
Al-Asma’i1 a dit : Cela signifie : « Les pensées
et les peines qui font tumultes au fond de moi. »

Abd-Allah ibn Idriss : D’après Layth :


D’après Talha ibn Moussarif : Ali parvint à
Talha et trouva ce dernier déjà mort. Il descendit
alors de sa monture et l’assit. Il essuya la pous-
sière de son visage et de sa barbe puis il dit :
« Qu’Allah te fasse miséricorde, qu’Allah te
fasse miséricorde… Si seulement j’avais pu
mourir vingt ans avant ce jour ! »
Le dernier maillon de la chaine de transmission
de ce récit est manquant.

Et Zayd ibn Abou Ounayssa a rapporté :


D’après Mouhammad ibn Abd-Allah (descen-
dant des Ansar) : D’après son père : Ali dit :

1
Grand savant de la langue arabe du 2e siècle de l’hégire

21
« Faites l’annonce au meurtrier de Talha du feu
de l’enfer ! »

Ibn Abou Asseroune nous a informés :


D’après Abou Raouh : Tamim nous a narré :
Abou Saad nous a rapporté : Ibn Hamdane nous
a narré : Abou Ya’la nous a narré : ‘Amr An-
Naqid nous a rapporté : Al-Khadir ibn Mouham-
mad Al-Harrani nous a rapporté : Mouhammad
ibn Salama nous a rapporté : D’après Ibn Ishaq :
D’après Mouhammad ibn Ibrahim At-Taïmi :
D’après Malik ibn Abou ‘Amir qui a dit :
Un homme vint trouver Talha et lui dit :
Vois-tu ce Yéménite (désignant par cela Abou
Hourayra), est-il plus savant que vous concer-
nant les hadith du messager d’Allah (‫ ?! )ﷺ‬Il
nous rapporte certes des choses que nous n’avons
jamais entendues de vous !
Talha lui répondit alors : Je ne doute pas un ins-
tant qu’il ait entendu du messager d’Allah (‫)ﷺ‬
ce que nous n’avons pu entendre ! Sache que
nous avions des foyers à charge et ne voyions le
messager d’Allah (‫ )ﷺ‬que le soir et le matin seu-
lement.
Quant à lui, il était pauvre et ne possédait aucun
bien. Il passait son temps devant la demeure du

22
messager d’Allah (‫)ﷺ‬. Je ne doute donc aucune-
ment qu’il ait pu entendre ce que nous n’avons
nous-même pas entendu !
De plus, crois-tu qu’un homme de bien oserait
dire du prophète (‫ )ﷺ‬ce qu’il n’a pas pro-
noncé ?!

Et Moujalid a rapporté : D’après Shaabi : Ja-


bir entendit Oumar questionner Talha :
– Pourquoi te vois-je poussiéreux, les cheveux
tout ébouriffés, depuis la mort du messager d’Al-
lah (‫ ? )ﷺ‬Est-ce l’autorité de ton cousin qui te
rend ainsi ? (Allusion à Abou Bakr)
– Non, loin de là ! Seulement, j’ai entendu le pro-
phète (‫ )ﷺ‬dire : « Je connais une parole, si
l’homme la prononce au moment de la mort, son
âme trouvera paix et félicité à sa sortie du corps
et elle deviendra pour lui, le Jour de la résurrec-
tion, une lumière ! »
Je n’ai malheureusement pas pu le questionner
sur cela et il ne m’en a pas informé non plus.
Voilà ce qui m’arrive !
– Je sais de quoi il parle ! rétorqua Oumar.
– Vraiment ? À Allah la louange, de quoi s’agit-
il ?

23
– La parole qu’il voulut faire prononcer à son
oncle… dit Oumar.
– Cela ne peut être que ça ! conclut Talha.

Abou Mouawiya et d’autres : Abou Malik Al-


Ashja’i nous a rapporté : D’après Abou Habiba,
un des esclaves de Talha : J’accompagnai Imrane
le fils de Talha, après la bataille d’Al-Jamal, pour
rencontrer Ali. Ce dernier l’accueillit chaleureu-
sement et le fit rapprocher. Puis il dit :
– J’espère qu’Allah nous place, ton père et moi,
parmi ceux qui ont été cités dans ce verset : ﴾ Et
nous ôterons toute rancune de leurs poitrines ;
ils seront frères, face à face sur des divans1 ﴿
Deux hommes de l’assemblée – l’un deux étant
Al-Harith le Borgne – dirent :
– Allah est bien plus juste que ça pour les ac-
cueillir et en faire des frères dans son Paradis !
– Levez-vous et disparaissez ! leur ordonna alors
Ali.
De qui d’autres pourrait-il s’agir, dans ce verset,
si ce n’est de Talha et de moi ?!
Ô mon neveu, si tu as besoin de quoique ce soit,

1
Sourate Al-Hijr, verset 47

24
tu sais vers qui te diriger ! »

Et d’après Abou Hourayra, le messager d’Al-


lah (‫ )ﷺ‬a dit : « Je me revois le jour d’Ouhoud ;
il n’y avait à cet instant personne auprès de moi
en dehors de Jibril, à ma droite, et de Talha à ma
gauche ! »
Il fut d’ailleurs dit à ce sujet :
Talha le jour d’Ouhoud, Mouhammad il sauva
Difficile moment, par lequel il passa
Les lances de ses mains, finirent détournées
Ses gracieuses phalanges, auront été tranchées
Juste après Mouhammad, il devint un imam
C’est lui qui fit en sorte, que triomphe l’Islam

Et on rapporte de Talha qu’il dit : « Toutes les


parties de mon corps furent touchées, le jour
d’Ouhoud, jusqu’à mes parties intimes ! »

Ibn Saad a dit : Mouhammad ibn Oumar nous


a rapporté : Ishaq ibn Yahya m’a rapporté :
D’après sa grand-mère Souada bint Aouf qui a
dit :
Talha fut tué alors qu’il y avait, entre les mains
de son trésorier, 1 200 000 dirhams1 ! Et ses

1
Pièces d’argent

25
biens, dans leur ensemble, furent évalués à trente
millions de dirhams.
La parole la plus étonnante par laquelle je suis
passé, à ce sujet, est celle d’Ibn Al-Jawzi, en
commentaire d’un hadith, qui dit : Talha laissa
derrière lui l’équivalent de trente chameaux
chargés d’or !

Et Saïd ibn ‘Amir Ad-Douba’i a rapporté :


D’après Al-Mouthanna ibn Saïd qui a dit : Un
homme vit en rêve Talha qui lui disait : « Dis à
Aïsha qu’elle me transfert de cet endroit ; les
ruissellements m’importunent ! »
Il se rendit alors auprès de sa fille Aïsha bint
Talha pour lui narrer ce songe.
Elle entreprit aussitôt de partir, accompagnée de
ses proches.
Ils réaménagèrent alors sa tombe de sorte à ce
que l’eau ne l’atteigne plus, puis ils le recouvri-
rent à nouveau de terre.
Rien de lui n’avait été altéré hormis quelques
poils de sa barbe (ou de sa tête).
Trente années s’étaient pourtant écoulées !
Al-Mass’oudi prétendit que c’est sa fille Aïsha,
elle-même, qui le vit en rêve.

26
Il fut tué au mois de Joumada Al-Akhira de
l’an 36 de l’hégire. Certains ont dit que ceci eut
lieu au mois de Rajab. Il avait alors soixante-
deux ans environ. Sa tombe se situe en périphérie
de Bassora1.
Yahya ibn Boukayr, Khalifa ibn Khayat et Abou
Nasr Al-Kalabadhi prétendirent que c’est Mar-
wan ibn Al-Hakam qui tua Talha.
Talha eut d’honorables enfants. Le plus pieux
d’entre eux étant Mouhammad As-Sajjad.
C’était un jeune enclin au bien, dévoué à l’ado-
ration et soumis totalement à Allah. Il naquit du
vivant du prophète (‫ )ﷺ‬et fut, lui aussi, tué le
jour d’Al-Jamal. Ali en fut d’ailleurs très attristé
et dit à ce propos : « Sa bienveillance envers son
père a eu raison de lui ! »

1
Basra

27
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