Thiam, Baba - Etude Sur La Telephonie Rurale Au Senegal
Thiam, Baba - Etude Sur La Telephonie Rurale Au Senegal
Thiam, Baba - Etude Sur La Telephonie Rurale Au Senegal
RURALE AU SENEGAL
Par
Baba THIAM
(Etude pour le compte de l'Institut Panos Londres)
INTRODUCTION
I-1 Télédensité
Les derniers chiffres de la SONATEL dont nous disposons remontent aux exercices
1999 et 2000. A ces dates, les régions de Dakar, Diourbel, Thiès, Kaolack et Saint-
Louis occupaient respectivement les cinq premiers parcs téléphoniques les plus
denses du pays. Selon les statistiques, En 1999, Dakar avait 108 373 lignes,
Diourbel suivait avec 17 515, Thiès venait en troisième position : 11 731 abonnés,
Kaolack (et Fatick) et la région de Saint-Louis ferment la marche avec
respectivement 7 819 et 6 982 lignes. En 2000, la capitale sénégalaise menait le
peloton de tête avec 118 043 lignes, la région de Diourbel pointait toujours en
deuxième place avec 18 660 lignes, Thiès avait sensiblement élevé son nombre
d’abonnés évalué à 12 985. L’antépénultième, la région de Kaolack (avec Fatick)
avait un parc téléphonique de 8 009 abonnés. La dernière place revient encore à la
région de Saint-Louis avec 7 770 lignes.
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Le segment de la téléphonie cellulaire est soumis à une concurrence ‘’encadrée’’.
Deux opérateurs GSM 900 se partagent le marché. C’est la SONATEL Mobiles et
SENTEL. La SONATEL a lancé le premier service GSM en 1996 avec une formule
abonnement « Alizé ». Il aura fallu attendre deux ans plus tard pour voir se
positionner un nouvel opérateur (la SENTEL) sur le marché sénégalais des
télécommunications.
Cette couverture quasi-générale des 192 000 km2 du pays a été possible grâce à
l’investissement de quelque 49 milliards de francs Cfa au cours des quatre dernières
années. Certes, des désagréments existent sur le réseau, mais ces impairs
s’expliquent par un choix de zones prioritaires (voies de circulation et de grandes
concentrations) et par la densité des utilisateurs dans certains lieux comme la
capitale. Une demande a été introduite pour permettre de passer de 900 MHz à 1800
MHz, soit un doublement de la fréquence, acceptée par l’Agence de Régulation des
Télécommunications. Ce qui permet d’augmenter la capacité et la qualité technique
du réseau.
Le parc téléphonique a, en effet, connu une forte croissance ces trois dernières
années, passant de 301 795 en 2001 à 549 345 abonnés en septembre 2003, et
devrait atteindre 586 000 abonnés à la fin du mois de décembre de la même année.
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Le réseau Alizé a été déployé dans 43 nouvelles villes ce qui permet désormais de
couvrir l’ensemble des capitales régionales du Sénégal, la quasi-totalité des capitales
départementales, des sites touristiques et des villages du centre. Hors du pays, Alizé
a doublé ses accords de roaming, permettant à ses clients qui le désirent de voyager
dans plus de 60 pays tout en conservant leur numéro Alizé.
Cette offre s’est enrichie à partir de 1998 de deux formules prepaid sans
abonnement, à savoir Diamono et Diamono J. En janvier 1999, l’opérateur regroupe
toutes ses activités dans Sonatel Mobiles, filiale à 100% de la Sonatel et qui se
positionne en leader incontesté du marché avec 80% du parc de lignes mobiles,
alors que sa concurrente, SENTEL (Sénégalaise des télécommunications), se
contente des 20% restants.
Ce deuxième opérateur, qui a déjà accueilli son 250 000 ième abonné, a reçu sa
licence GSM en juillet 1998. 24 000 abonnés ont fait confiance à l’opérateur au début
des activités. Contrôlée à hauteur de 75% par le groupe Millicom International
Cellular et de 25% par des privés sénégalais, ce nouvel opérateur obtient une
concession d’opération pour 20 ans. C’est au printemps du mois d’avril 1999 que
SENTEL a mis dans le circuit sa formule prepaid. Rappelons que ce nouvel
opérateur s’est limité à cette forme. Mais ses responsables n’écartent pas la
possibilité d’investir la téléphonie fixe dont la libéralisation est annoncée pour le mois
de juillet 2004. A partir de cette date, la Sonatel n’aura plus le monopole sur la
fourniture au public des services de téléphonie fixe.
L’opérateur historique a investi, durant l'année 2000, 64,6 milliards de francs Cfa
pour l’amélioration de ses installations. En 2001, la SONATEL a injecté 48,5
milliards, alors qu’en 2002 le montant a été porté à 75,7 milliards de nos francs.
Le Chiffre d’affaires de la SONATEL, en 2000, était de 126,06 milliards F Cfa pour un
bénéfice net de 42,52 milliards. En 2001, le CA était de 148,21 milliards et le
bénéfice net : 48,5 milliards. Durant l’exercice 2002, le Chiffre d’affaires est de 163
milliards de nos francs, soit une croissance d’environ 10% par rapport à l’exercice
précédent.
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SONATEL SONATEL MOBILES SENTEL
CAPITAL
(Francs Cfa) (Non
50 milliards F Cfa 9 milliards F Cfa
disponible)
Le Secrétaire général d’OSIRIS, Olivier Sagna, estime que ‘’dans le cadre de ces
filiales, les procédures sont bizarres’’. Selon lui, en dehors de l’argent gagné en tant
qu’actionnaire, France Télécom ‘’offre’’ une assistance technique et la SONATEL est
dans l’obligation de payer ces services. Il est difficile de se faire une estimation des
sommes d’argent rapatriées.
I-1-6 Conflits
Le nouvel environnement dans le secteur des télécommunications ne pouvait
manquer d'influencer, au Sénégal comme dans le reste du monde, le dispositif
juridique qui organise le secteur des télécommunications. Dans le souci d’anticiper
sur d’éventuels conflits ou de jouer le rôle d’arbitre, le législateur sénégalais a mis en
place, avec le vote de la loi n°2001-15 du 27 décem bre 2001 portant code des
télécommunications, un organe indépendant de régulation, l'Agence de Régulation
des Télécommunications (ART), susceptible de garantir l'exercice d'une concurrence
saine et loyale, au bénéfice des consommateurs, des opérateurs du secteur. Cette
mise en place de cette structure participe également à épouser l’esprit et la lettre de
l’Accord général sur le commerce des services (AGCS). C’est ainsi qu’un cadre
réglementaire efficace et transparent, favorisant une concurrence loyale au bénéfice
des utilisateurs des réseaux et services des télécommunications est mis en branle.
Un groupe de travail, composé des principaux opérateurs du secteur (Sonatel,
Sonatel mobiles, Sentel et Art) a été mis sur les fonts baptismaux au mois de février
2003. Avec un mandat d’une durée de quatre mois, ce groupe était chargé de la
"validation de la version révisée du catalogue d’interconnexion de la Sonatel qui
s’applique jusqu’au 31 décembre 2003 et de la préparation de la mise en place d’un
comité permanent de l’interconnexion pour l’approbation annuelle du catalogue
d’interconnexion qui lie les opérateurs", indique-t-on. Ce groupe de travail était
chargé de "traiter tous les cas de litiges évoqués par les opérateurs sur
l’interconnexion", de "valider la version complète du catalogue d’interconnexion de la
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Sonatel pour l’année 2003", de "valider le protocole d’accord entre les opérateurs
mobiles" et enfin de "proposer une approche méthodologique pour la mise en place
d’un modèle tarifaire orientant les tarifs d’interconnexion vers les coûts réels
d’utilisation des réseaux".
Les résultats obtenus par ce groupe de travail vont de l’acheminement du trafic des
services d’urgence’’ à l’ ’’approbation des tarifs ADSL’’, en passant par l’Accord tarif
de terminaison entre SONATEL Mobiles (Alizé) et Sentel’’ et l’ ’’Echange de
messagerie écrite entre Sonatel Mobiles et Sentel’’.
II – CONTEXTE
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II-2-1 Structuration organisationnelle du secteur des télécommunications
La Sonatel demeure l’acteur incontournable du secteur avec 100% des lignes fixes et
80% des lignes mobiles
Ce monopole prendra donc précisément fin le 19 juillet 2004 sur le plan juridique.
Cependant, dans les faits, ce monopole persistera encore au moins pendant 18
mois, parce que l’Etat n’a pas entamé dans les délais tout le travail nécessaire au
préalable en vue d’apporter des réponses aux questions déjà évoquées, de l’avis de
M. Ndiongue. Ces questions sont assez complexes sur les plans, technique, juridique
et économique. Leurs études aboutissent souvent à la nécessité de procéder à un
choix sur une pluralité d’options et ce dernier peut être différent suivant les acteurs,
qu’il s’agisse d’un opérateur dominant, un opérateur nouvel entrant, ou d’un
fournisseur de services.
Depuis quelques années, une levée de bouclier était perceptible dans le secteur des
télécommunications. Le Secrétaire général d’OSIRIS reste convaincu que depuis que
la Sonatel a été privatisée, elle n’est plus une société sénégalaise, en terme de
capital. Car la majorité du capital est détenue par France Télécom, une société
française.
Des fournisseurs de services Internet qui s’étaient installés ont disparu à cause des
prix exorbitants pratiqués pendant longtemps par la Sonatel. Selon M. Sagna, la
concurrence était faussée car la société de télécommunication faisait des tarifs
préférentiels pour ses propres filiales (Télécom plus, Sonatel multimédias) qui étaient
branchés directement sur ses installations au niveau des installations techniques. Ce
qui faisait, qu’ils avaient une qualité que les autres ne pouvaient pas fournir car ils
étaient obligés de passer par les liaisons spécialisées avec des débits inférieurs.
Donc, les filiales de la Sonatel dans le domaine de l’Internet bénéficiaient de tarifs
préférentiels, de l’expertise technique de la Sonatel, d’un traitement technique
privilégié.
Le Sénégal est l’un des 20 pays les plus pauvres dans le monde. 154ème sur 174
Etats. Les ménages sont éprouvés. Au sortir d’une enquête basée sur la perception
des populations de leur condition de vie en 2001, il est ressorti des données
recueillies que 67% des ménages sont happés par le cercle vicieux de la pauvreté.
Le taux de croissance était de 1,2% en 2002. Un ratio bien en deçà des prévisions
(5,7%) et de la croissance démographique qui est de l’ordre de 2,7 points.
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II-2-4 Difficile accès à la téléphonie rurale Quelques exemples
M. Sène estime qu’‘’un nombre significatif de villages est aujourd’hui couvert par la
Sonatel. La liste de l’Etat comportait 976 localités. Aujourd’hui, en terme de nombre
de villages raccordés par la téléphonie fixe, nous avons dépassé ce chiffre. Environ
40% des localités ne figurent pas dans la liste de l’Etat. Il s’agit pour la Sonatel, au
delà des obligations du cahier des charges de l’Etat, de couvrir les zones de
concentration de population pour apporter également le téléphone au plus grand
nombre de sénégalais. Il reste aujourd’hui des villages de la liste de l’Etat à couvrir.
Nous travaillons actuellement au raccordement de ces villages en 2004 et 2005. De
ceci, vous déduirez aisément que la Sonatel dépassera de plus de 40% les objectifs
de l’Etat en 2005. Le rendez-vous est fixé en août 2005 pour une évaluation des
villages couverts par la Sonatel.’’
Alors que dans l’esprit et la lettre des textes, tout sénégalais devait avoir un
téléphone disponible dans un rayon de 5 kilomètres, il faut dire que notre enquête à
l’intérieur du pays nous a permis de savoir qu’on est loin du compte. M. Sagna est
d’avis que la mauvaise occupation de l’espace dans les zones rurales,
l’éparpillement des bourgades, occasionnant l’absence de concentration humaine et
le coût élevé des infrastructures filaires constituent autant de facteurs bloquants pour
une pénétration de la téléphonie en milieu rural.
Alors que des villages se vident de leur population pour aller en ville, avec le
phénomène de l’exode rural, la SONATEL s’est fixé comme objectif principal de
raccorder tous les villages de plus d’un demi millier de personnes.
Pour le moment, la SONATEL a doté de téléphone tous les chefs-lieux de
communauté rurale, mais il reste beaucoup à faire quand on remarque que des
utilisateurs parcourent des dizaines de kilomètres qui pour joindre un parent, qui pour
appeler un médecin…
Nous sommes toujours dans la région de Louga, dans la communauté rurale de Keur
Momar Sarr. Une cinquantaine d’abonnés, sept (7) télécentres (un local pour vendre
des services de télécommunications. La SONATEL accorde une autorisation à des
personnes physiques ou morales d’ouvrir et d’exploiter des centres de
télécommunication) plantent le décor de cette localité. Selon le directeur de la radio
communautaire, Fm Keur Momar Sarr, il est difficile d’accéder au téléphone le week
end. Pour des raisons liées à une mauvaise couverture téléphonique, le téléphone
fixe n’a plus de tonalité. De l’avis de Ndongo Sarr, qui a le privilège d’accéder au
téléphone à partir des locaux de la radio communautaire, les populations de 84
villages souffrent de ce déficit d’accès à la téléphonie.
Keur Bakary Diop coupé du reste du monde : des enfants chargés de mission
pour relayer la nouvelle
Samba Niang vit dans ce village d’une centaine d’habitants depuis 50 ans. C’est un
ouvrier qui s’active dans la fabrication de matériels agricoles. Au contraire des autres
localités, Keur Bakary ne dispose même pas de téléphone portable. Selon Samba
Niang, il y a quelques années, les habitants du village étaient obligés de faire 15 km
(jusqu’à Kébémer) pour pouvoir joindre un parent. Les besoins téléphoniques se
limitent, à l’en croire, aux avis de décès, aux annonces de baptêmes. Mais depuis
quelque temps, un village voisin, Thiepp, (8km) dispose d’un télécentre. Et avec
l’avènement du portable, dans une autre bourgade distante de 7 km, Missirah Teug,
on ne parle que du mobile de Ndiémé et de Ngagne. Pour la première, son mari lui a
laissé son téléphone portable avant de retourner en Europe, alors que le second a
hérité du sien avec la bénédiction d’un vieil ami. Pour répondre au téléphone, les
enfants sont de véritables chargés de mission. Ils parcourent les sentiers pour alerter
les populations. Certes l’approvisionnement en électricité fait également défaut dans
ces localités, mais l’alternative, quand la batterie du téléphone se vide, est de se
rendre dans certains villages qui sont pourvus en énergie solaire. Comme on le
constate, un outil aussi personnel que le téléphone cellulaire devient un instrument
communautaire de désenclavement d’un village.12
Fatou Thiam est âgée de 45, mais au premier regard on lui en donnerait 30 de plus.
Les vicissitudes de la vie en milieu rural n’y sont pas étrangères. Le visage grave, le
corps décharné, Fatou Thiam n’utilise le téléphone que pour annoncer des
événements heureux ou malheureux aux membres de sa famille installés dans les
autres régions. La cherté du téléphone l’oblige, dit-elle d’ailleurs, à parler de manière
télégraphique au bout du fil. Il y a quelques années, Fatou Thiam parcourait une
quinzaine de km pour conduire ses enfants à l’hôpital de Kébémer. Mais depuis
l’installation du poste de santé de Thiep, les femmes en état de grossesse avancée
tout comme les malades font à peine 7 km pour se rendre chez le médecin.
Ndèye Laye, la quarantaine sonnée, n’éprouve aucune difficulté pour joindre les
siens. Cette vendeuse de légumes fait à peine quelques… mètres pour répondre à
un coup de fil de ses enfants établis dans les autres parties du pays. Ce privilège, la
malheureuse habitante de Douba (village situé à 5 km de la Communauté rurale de
Koumpentoun) ne l’a pas eu. Au terme de sa grossesse, elle était accompagnée de
son époux pour se rendre au poste de santé de la Communauté rurale. Mais ce
parcours lui aura été fatal. Chemin faisant, elle décède des suites d’un difficile
accouchement. Le bébé ne survivra pas. Selon Ndèye Laye, il faut chercher la raison
dans l’absence d’infrastructures téléphoniques dans la zone qui pourrait permettre de
joindre à tout moment le poste de santé le plus proche.
CONCLUSION
La téléphonie rurale mérite qu’on s’y penche davantage, au regard des besoins
pressants exprimés par les populations rurales. Sur le principe, la téléphonie rurale
vit du trafic arrivée. En effet, les considérables revenus issus du trafic international
permettent d’équiper les villages. Mais on constate que c’est le désert. Selon Annie
Chéneau-Loquay, il n’y a pas de péréquation réelle. Dans le trimestriel ‘’Afrique
contemporaine’’, elle explique, dans un article intitulé, ‘’L’Etat africain face aux
nouveaus réseaux de réseaux de télécommunications : les cas du Mali et du
Sénégal’’, que les taxes représentent un tiers des bénéfices de la SONATEL, soit 31
milliards de F Cfas contre 16 milliards de nos francs issus de sa propre activité.
Selon ses prévisions, la baisse des revenus liés à la suppression de la taxe de
répartition occasionne (ra) une perte de ressources parfois considérables pour les
pays les plus pauvres, ceux qui reçoivent plus d ‘appels qu’ils n’en émettent.
C’est ainsi que Annie Chéneau-Loquay fait noter qu’en 2002, quand le marché sera
totalement libéralisé, les Etats-Unis paieront plus que 23 cents au Sénégal pour une
minute de trafic au lieu de 1,8 dollar auparavant.
Les pouvoirs publics restent timorés, alors que les besoins sont plus que pressants.
M. Sène pense que le téléphone est bien entendu un vecteur de développement
efficace. Selon lui, ‘’la télécommunication, par définition, permet de communiquer à
distance. Elle rend donc d’une part la communication possible quand les distances
sont trop longues et d’autre part, permet de gagner de manière appréciable sur le
temps qu’aurait nécessité un déplacement. Elle permet notamment de gérer les
urgences. L’intérêt pour cela de disposer d’un téléphone est immédiat. Au-delà de ce
rôle, nous notons très souvent dans les correspondances que nous recevons un
besoin crucial de communication avec les populations expatriées. Nous savons tous
que ces expatriés, hormis ce besoin humain de communication avec leur famille,
investissent énormément dans leurs localités d’origine et le téléphone est un moyen
pratique pour piloter ces investissements. Ceci permet aux populations locales
d’attirer ces investissements.’’
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Les solutions alternatives : Organisation commerciale intergouvernementale
africaine de communication par satellite (RASCOM)
Cela fait maintenant une dizaine d’années que les pays africains s’étaient regroupés
autour de l’Organisation commerciale intergouvernementale africaine de
communication par satellite créée en 1992 (RASCOM) dans le but de lancer leur
propre satellite qui serait en mesure de raccorder tous les villages. Ce projet est
l’expression de la volonté des gouvernements africains et des opérateurs de
télécommunications de conjuguer leurs efforts en vue de fournir au continent africain
une infrastructure de télécommunications utilisant la technologie spatiale.
Ce projet RASCOM, composé de 44 pays africains, va, non seulement apporter une
réponse globale à tous les besoins en télécommunications identifiés en Afrique, mais
va particulièrement fournir des services de télécommunications à faibles coûts,
faisant ainsi de l’accès universel une réalité en Afrique.
Selon cet expert en télécommunications, M. Maty Sène, le projet RASCOM suit son
cours. A l’en croire, ‘’les dernières communications que nous avons reçues
indiquaient un lancement du satellite à l’horizon de 2006. Il est donc un peu tôt pour
baser une stratégie sur ce projet sachant que les conditions de commercialisation ne
sont pas figées. Il faut savoir que les propositions que nous avons aujourd’hui, de la
part d’autres opérateurs déjà installés, se révèlent très chères comparées aux tarifs
que la Sonatel pratique. Certains opérateurs de satellite nous propose la minute de
communication à un dollar soit environ 550FCFA. Ces solutions ont été installées
dans des pays de la sous-région, comme au Mali, où la minute de communication
par satellite est facturée à 1000 FCA.’’
Selon notre interlocuteur, ‘’voilà qui est révélateur : il existe des zones rurales de la
sous-région ou les populations doivent payer 1000FCFA la minute pour pouvoir
intéresser un opérateur télécoms dans leur zone. Il n’est pas à ma connaissance
aujourd’hui envisagé d’appliquer ces tarifs au Sénégal pour le rural.’’
Cependant l’espoir reste permis, estime M. Sène pour qui ‘’nous fondons cependant
beaucoup d’espoir sur les technologies mobiles en général. Les opérateurs mobiles
GSM par exemple couvrent un nombre important de villages avec une antenne GSM.
Leur installation dans certaines zones devra cependant souvent accompagner celle
de l’électricité courante. En effet, les antennes émettrices GSM sont très
consommatrices d’énergie rendant impossible l’utilisation du solaire. Les groupes
électrogènes imposent des contraintes d’exploitation difficiles à gérer.’’
Tout est fin prêt pour le grand saut des télécommunications high-tech. Selon Annie
Chéneau-loquay, ‘’grâce à des faisceaux hertziens ou avec des systèmes dits à
boucle locale radio, s’offrent des alternatives moins coûteuses.’’ La technologie
satellitaire, à l’image du Réseau Very Small Aperture Technology (VSAT) et la
constellation de satellites comme Iridium et Global Star, de grands espoirs peuvent
être entretenus pour la téléphonie rurale, mais la minute de communication qui
revient à 3 dollars dissuadent plus d’un. Les déclarations d’intention sont restées en
suspens. Les opérateurs occidentaux y voyaient également l’assèchement d’une
manne financière. Pour la bonne et simple raison que la plupart des communications
passaient par un pays européen.