Voyage Vers Le Qi Gong Suivre L'nergie Mne Au Dao (Bien-Tre Et Sant T. 1) (French Edition)

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Voyage vers le

Qi Gong

« Parvenir au dao
par le chemin de l’énergie »
ou" 以气臻道 "

Claire Zmiro
柯灵 - Ke Ling
Préface

L’intérêt du livre de Claire Zmiro sur le Qi Gong, ou mieux faudrait-il dire


sur « les Qi Gong » est qu’il témoigne de son expérience personnelle. Ayant
vécu plusieurs années en Chine, elle a approfondi sa connaissance de la
culture traditionnelle chinoise. Rien dans son livre ne provient d’une
accumulation de savoir livresque. Tout, au contraire reflète son expérience
personnelle.

Elle ne promet pas un chemin facile pour approcher du dao. A la suite de


Krishnamurti elle prévient que « cela n’est pas facile ».

Sa connaissance de l’anthropologie chinoise, dépasse de beaucoup la mienne


et elle s’efforce par une attention particulière à la traduction des mots ou des
expressions chinoises, de nous en faire saisir toute la subtilité.

Sa voie se résume en trois grandes étapes :

- entrainer le corps pour sentir l’énergie,


- entrainer l’énergie pour changer l’esprit
- entrainer l’esprit pour retourner à l’invisible.

Vaste programme ! Claire Zmiro nous propose alors un art de vivre pour
l’accomplir dans la vie quotidienne. En la lisant, on ne peut s’empêcher de
mettre en pratique certains des conseils qu’elle nous donne. Manière de se
tenir debout, assis ou allongé. Manière de se détendre et de respirer. Manière
de développer son attention (sans tension) et de la porter sur toutes les parties
du corps.

En lisant son livre, on entre dans une certaine forme de Qi Gong, avant
d’avoir reçu les premiers enseignements d’un Maître. Je la remercie pour ce
Voyage vers le Qi Gong qui m’aide à m’approcher du dao par le chemin de
l’énergie.

Bernard Besret
Table des Matières
Dao Yin 導引
La Voie
L’entretien de la Voie
Dao 道
De la tradition du dao 道 … au Taoïsme religieux
La Voie des Immortels
Les grands concepts du Qi Gong
Le Qi 気
Le Yin et le Yang 阴阳
Les cinq éléments 五行 Wu Xing
La circulation céleste
Le shen 神
Le Wu Wei 无为
Le Yi 意
Le Dantian 丹田
Le Xing
Les techniques
Les méditations assises
Le sourire intérieur
La respiration consciente
Les sons curatifs
Les postures et enchaînements
Les massages
Qi Gong et santé
Pratiquer en Chine
Pratiquer en France
Qi Gong en Asie
Dao yin Qi Gong Académie
Centre de culture traditionnelle chinoise (CTCC) de Qi Yun Shan en Chine
Dao Yin 導引

Comptant actuellement en France un peu plus de 40.000 pratiquants, le Qi


Gong 气功 est souvent présenté, à tort, comme un sport ou une technique
médicale.

Cette pratique traditionnelle est en fait beaucoup plus vaste car elle inclut une
dimension philosophique et spirituelle qui est importante et apporte
énormément aux pratiquants de cet art chinois énergétique. C’est à cette
condition que l’on peut aborder le Qi Gong 气功 dans sa version profonde du
Nei Gong 内功 , c’est-à-dire de l’énergie ou l’alchimie interne, ce qui
distingue alors complètement sa pratique d’une gymnastique banale ou
ordinaire.

«Qi Gong est un terme vulgaire qui n’existe que pour les Occidentaux ou
pour les Chinois qui vendent ce produit aux Occidentaux» disait récemment
Georges Charles, professeur de Tao Yin et d’arts du poing chinois. «De la
même manière que Kung Fu, Shop Shui ou Bruce Lee, c’est un terme sino-
américain, en l’occurrence inventé de toutes pièces pour désigner sans
distinction un ensemble de méthodes, d’écoles, de techniques et de
provenances très diverses, intégrant indifféremment des formes médicales,
d’éveil, de santé, de renforcement du potentiel énergétique ou même de
protection martiale».

Le terme «Qi Gong» a par ailleurs connu une quantité impressionnante


d’orthographes. Il y a une vingtaine d’années on écrivait plutôt « Chi Kong ».

Aujourd’hui c’est «Qi Gong» qui prédomine, respectant ainsi la transcription


en piyin du mot chinois 气功 . Entre ces deux époques on a encore pu lire
«Chi Kung», «Ch’i Kung», «Ts’i Kong», etc., etc.
Cela dit, le sinologue a toujours conseillé de prononcer «Tchicongue», même
si les prononciations varient, elles aussi, en fonction des régions. Comme en
France où l’humoriste Patrick Bosso nous rappelle qu’on dit «pneu» dans le
nord et «peuneu» dans le sud, en Chine aussi on dit «Peï Kin» ici et «Beï
Jing» là ; ce qui se traduit en France par «Pékin» et aux Etats-Unis par
«Beijin». D’où l’immense confusion qui règne en matière d’orthographe et de
prononciation de nombreux mots chinois dans leurs transpositions
occidentales.

Si l’on remonte dans l’histoire au fil des textes, il est difficile de retrouver le
terme Qi Gong, exactement. Lors d’une de ses conférences à l’institut de Qi
Gong de Shanghai, le professeur Yan Weibin expliquant longuement les
origines du Daoyin Fa 導引法 conclut en riant… « daoyin fa 導引法 et Qi Gong,
c’est la même chose mais c’est le terme qu’employait les anciens.
Aujourd’hui, on utilise les deux et ils font référence tous les deux mais dans
les textes, vous ne trouverez pas de trace du terme Qi Gong qui est apparu
bien plus tard dans le temps. Il n’empêche qu’il s’agisse bien de la même
chose ! »

L’institut de recherches de Qi Gong de Shanghai a ré-ouvert en avril 2015 les


portes du musée qu’il consacre au Qi Gong et à son histoire qui vous y sera
présentée si vous avez l’occasion de séjourner à Shanghai. L’histoire y est
précise avec de nombreuses photos, des textes, statues, dessins des différents
personnages marquants de l’origine du Qi Gong et les professeurs médecins
de l’institut sont toujours contents de le faire visiter et d’expliquer les
origines du Qi Gong en Chine.
Une des anciennes traces écrites date de la période Tang (618-910) : « Les
merveilleux chapitres décrivant les « actions du souffle » (qigong) présentent
de nombreuses analogies avec ceux sur les techniques du souffle. Mais dans
le monde, on compte à peine une ou deux personnes capables d’en
comprendre la quintessence et de les maitriser parfaitement. »
Dans ce passage, le terme qigong est synonyme de « procédés du souffle »,
techniques utilisant à la fois le souffle externe dans les exercices de
respiration et de gymnastique et le souffle interne dans les divers procédés de
visualisation et de concentration.
Quelques siècles plus tard, à l’époque des Song (960-1279), le terme est
attesté à deux reprises avec un sens légèrement différent : celui
d’ « efficience du souffle ».
C’est à cette période et au Général Yue Fei que l’on prête l’origine du Qi
Gong des huits brocards (ba duan jin). Même si le nom apparait pendant la
dynastie Song, les racines sont antérieures à celles-ci.
Dans son acceptation moderne, ces deux sens anciens de « procédés du
souffle » et « efficience du souffle » sont combinés et le terme est extrait du
contexte taoïste pour être intégré à des contextes multiples. Son champ
sémantique, tout en englobant l’idée de yangsheng « entretien du principe
vital », s’étend aux techniques martiales et thérapeutiques.

Cela a créé une confusion entre les différents termes et leur traduction,
confusion qui, il faut bien le dire, est tout de même pénalisante tant le
vocabulaire nous manque pour traduire avec précision les termes
qu’emploient les maitres de Qi Gong en Chine. Il est parfois plus simple de
maintenir le mot en chinois plutôt que de le traduire d’une manière
incomplète ou insatisfaisante.

Dans l’apprentissage du chinois qui a été le mien, me confrontant alors à


l’écriture et donc à la lecture des caractères, j’ai été à maintes reprises,
étonnée. En effet, mon professeur de chinois pouvait comprendre au travers
d’un simple et unique caractère de nombreuses indications données alors que
la traduction de ce seul caractère ne pouvait se faire autrement qu’en
plusieurs phrases !

La précision des indications se perd vite dans la traduction et parfois, le


professeur doit expliquer au traducteur ce qu’il veut dire longuement avant
que la traduction puisse se faire. Rare sont les traducteurs qui sont également
formés au Qi Gong, ce qui pénalise l’échange… Comment rendre aux mots
leur véritable valeur ? C’est sans doute pourquoi souvent, en Occident, la
plupart des disciplines importées d’Orient, comme les Qi Gong ou le Yoga,
sont malheureusement limitées à des techniques quasiment sportives ou, au
mieux, à un travail sur l’énergétique.

Par chance, j’ai pu vivre en Chine plusieurs années et ainsi apprendre au


contact de maîtres et pratiquants chinois, alors baignée à la source pour
pratiquer et me nourrir de cette discipline passionnante. A la fois, je suis
convaincue que de ne pas tout comprendre, par défaut de maitrise de la
langue chinoise, cela m’a plus avantagée que desservie ! Dans cette pratique
si profonde et atypique, il y a une autre manière d’apprendre…
Au-delà de comprendre les concepts, les idées mais au fil de la pratique, au
contact des maîtres, au suivi du ressenti de l’énergie qui nous guide ou de
l’absence de ressenti corporel parfois, qui nous trace aussi une voie de
compréhension. Et puis, moi qui suis d’un naturel si bavard, cela m’a imposé
le silence, la justesse entre la prise de parole que je voulais constante par
plaisir de partager et celle mesurée et dosée par les efforts que me
demandaient la langue si complexe du mandarin pour exprimer mes idées.

De ce fait, j’ai appris à moins parler et j’y ai découvert plus de compétences


que je ne l’avais imaginé ! Le travail d’observation s’amplifie… et la
compréhension se passe autrement, à un autre niveau plus intériorisé que
mental ou analytique, plus profond.

Lors d’un voyage en famille aux montagnes jaunes, alors que nous étions
dans le village de Qi Yun Shan, ma petite-fille jouait avec une petite chinoise.
Toutes deux âgées de huit ans, l’une parlant français et l’autre chinois et elles
semblaient se comprendre. L’une proposant à l’autre en chinois de venir
jouer à la corde à sauter avec elle et ma petite-fille lui répondant en français
qu’elle était d’accord ! Ma fille, incrédule, lui demande « d’accord pour
quoi ? » « Ben pour jouer à la corde à sauter ! » Nous étions les seules à ne
pas avoir compris la question en chinois. Elles étaient branchées sur la même
longueur d’ondes et la compréhension de la langue n’a dans ce cas que bien
peu d’importance… Beaucoup de choses nous sont transmises par les maitres
de Qi Gong sans qu’une parole soit utilisée. Et ne supposez pas qu’il s’agisse
d’une coïncidence, les exemples se réitèrent sans cesse, vous en avez
sûrement en tête vous aussi !

Non, les Qi Gong ne se bornent pas à leurs aspects sportif et médical ! Ce


sont avant tout des pratiques d’éveil et de méditation en relation avec une
philosophie. Cette dernière était à l’origine taoïste, mais d’autres,
confucianiste, bouddhiste, animiste ou chamaniste, sont venues se greffer sur
cette pratique au fil du temps.
Si bien qu’au-delà des applications visant strictement au renforcement de la
santé dans le cadre de la médecine ou de la famille, ou encore à l’utilisation
martiale, on reconnaît aujourd’hui de nombreuses écoles de Qi Gong dont les
trois principales, reliées à leurs Traditions, sont :
L’école taoïste : Au plan métaphysique basée sur Wu-Wei 吴伟 , le non-agir
- équivalent taoïste du Karma Yoga indien -, cette école travaille à
l’harmonisation entre l’individu et la Nature au sens large du terme.

L’école bouddhiste : Le Taoïsme ayant puissamment imprégné le Chan (le


Bouddhisme chinois 陈佛教 ) et par extension le Zen japonais, il va sans dire
que les Qi Gong ont été récupérés par les Bouddhistes en vue de favoriser la
Libération.

L’école confucianiste : Aspect moral et social de la Tradition chinoise, le


confucianisme s’est emparé lui aussi des Qi Gong mais ici en leur faisant
viser la droiture et la moralité.
La Voie
Avec ce que l’on nomme génériquement «Qi Gong», nous sommes donc en
présence de techniques et d’une philosophie issues de la «Tradition», c'est-à-
dire de la transmission des éléments de sagesse permettant de trouver et de
suivre « la Voie ».

Qu’est-ce que «la Voie» ?

Les Chrétiens l’appellent «le Chemin, la Vérité, la Vie». Ils l’identifient au


Christ, médiateur entre Dieu et les hommes. Mais déjà, chez les Grecs
anciens, le mot «Christos» signifiait aussi bien le «Purifié» que le «Chemin».

Partout dans le monde, la Tradition a témoigné d’une Voie médiatrice, reliant


la conscience de l’individu, apparemment séparée par l’ego et la Conscience
de la Totalité, la Conscience de l’Unité.

Cette Voie, les Chinois l’ont appelée dao 道 (ou tao).

Voyons donc maintenant plus précisément ce qu’ils entendaient par «dao»…


«Vous regardez le dao et vous ne le voyez pas : il est invisible.
«Vous écoutez le dao et vous ne l’entendez pas : il est muet.
«Vous voulez toucher le dao et vous ne l’atteignez pas : il est immatériel».

Voilà, en guise de définition, l’approche par la négative qu’en fait Lao Tseu
ou Lao Zi 老子 (vers 500 avec J-C), le fondateur mythique du Taoïsme. Il met
en contraste ce que n’est pas le dao pour le mettre en lumière… car on ne
peut dire ce qu’il est.

«Le dao est éternel et ne peut être nommé», ajoute-t-il. C’est pourquoi à
défaut d’un autre nom on l’appelle dao.

Cela rappelle étrangement la Tradition judaïque qui, de son coté, rend le nom
de Dieu imprononçable et n’autorise qu’à l’épeler «Yod-Hé-Wav-Hé». Sous
une telle restriction symbolique, tout à fait comparable à l’interdiction de
représenter la divinité par des images, se cache évidemment la volonté
d’enseigner que la Réalité Ultime est différente de tout ce que le mental peut
imaginer.

En nous prévenant que «la voie qui pourrait être une voie n’est pas la Voie
éternelle», Lao Zi nous invite notamment à considérer que le mental, qui
invente constamment des stratégies pour tout contrôler, y compris ce qui le
dépasse, est structurellement incapable d’appréhender le Réel.

Il ne sait que produire des images. Images du réel, images de la voie…

La «Voie vraiment Voie» selon Lao Zi, comme c’est également le cas pour
toutes les Voies spirituelles authentiques, est non conceptuelle. C’est un
silence du mental.

«Celui (l’Esprit) qui connaît le dao n’en parle pas, et celui (le mental) qui en
parle ne le connaît pas». En d’autres termes, le dao n’est pas la doctrine
taoïste.

Une doctrine n’a d’autre but que de servir d’amorce à la Voie, en remplaçant
les préoccupations mondaines par des préoccupations spiritualistes. Mais les
unes comme les autres sont illusoires dans la mesure où elles relèvent de la
compréhension du mental et de la volonté de l’ego.

Elles appellent à des actions dirigées par un acteur : l’ego. Il ne s’agit donc
pas des actions sans acteur, des « non-actions » (Wu-Wei 无为 ), auxquelles
nous invite la Voie.

Le problème essentiel, avec la préoccupation spiritualiste – qu’il ne faut pas


confondre avec la véritable spiritualité, et encore moins avec le Spirituel –
c’est qu’elle ne réussit jamais à s’affranchir du sentiment de supériorité.

Celui-ci est généralement inhérent à l’ego mais, dans ce cas précis, il tire plus
spécifiquement sa subsistance du dogmatisme ou du sectarisme, quand ce
n’est pas du fanatisme.

C’est seulement la destruction de la doctrine, autrement dit de l’ersatz de


voie, qui ouvre la vraie Voie (le dao). Le dao implique en effet le lâcher-
prise, le non-agir (Wu-Wei 无为 ), autrement dit l’effondrement du mental
égocentré, de son orgueil et de son arrogance.

C’est pourquoi cette philosophie est passionnante, comme le souligne


Bernard Besret : « La philosophie taoïste m’intéresse. Une de ses métaphores
contemporaines pourrait être celle du « surfer » : utiliser l’énergie de la vague
pour avancer, dans un laisser-faire, une sorte de lâcher-prise, de non-agir (Wu
Wei). Le « surfer » ne se préoccupe pas du passé, il ne se soucie pas plus de
l’avenir lointain. Il est polarisé sur le futur proche vers lequel l’emporte la
vague. »

Et par là, il ne faut pas entendre la simple adoption d’une attitude humble.
C’est d’une dépotentialisation radicale de la conscience cognitive dont il est
question. Une dépotentialisation qui entraîne nécessairement un
bouleversement fondamental de tout ce qui constituait l’individu à tous les
niveaux. Une véritable révolution neuronale !

Cette Voie n’est donc pas une partie de plaisir. Les Chrétiens l’appellent «Via
Dolorosa», le chemin de la souffrance et la font aboutir à une crucifixion.
Une sacrée différence de conception !

Un instructeur moderne, Uppalari Gopala Krishnamurti, est plus clair encore


puisqu’il qualifie intentionnellement de « calamité » l’éveil spirituel auquel
conduit la Voie. « Ce sera pour vous un choc violent», avertit-il, «qui va
détruire vos nerfs, vos cellules et jusqu’à la moelle de vos os. Je tiens à vous
le dire, ce ne sera pas facile ! ».

Cette terrible vérité concernant la spiritualité, bien souvent occultée dans le


discours religieux conventionnel, est pourtant à l’origine et au centre de ce
qui a motivé les chamanes, les tantriques, les yogis ou les taoïstes dans la
mise au point des exercices physiques, mentaux et énergétiques que l’on
regroupe aujourd’hui sous les noms Qi Gong ou Yoga.

Avec ces techniques, ce dont il s’agit est en effet d’atténuer le choc des
éveils, de se préparer au tsunami des transmutations psychophysiques que la
Voie déchaîne chez ceux qui la suivent, ou plus simplement de calmer les
craintes qu’ils leur arrivent d’éprouver, les paresses qui les freinent ou les
découragements qui les bloquent…

Matthieu Ricard souligne que l’« On ne peut pas imaginer quelque chose de
plus précieux que d'avoir constamment un exemple parfait de ce que peut être
le bout du chemin et de ce que peut être un être éveillé. »

Il m’arrive de penser que… si j’avais été prévenue quand j’ai commencé le


Qi Gong… je n’y serai peut-être pas allée ; heureusement, les maîtres que j’ai
rencontrés, ont su et continuent de me guider sereinement et sans manière,
sans faux semblant, sans se croire supérieurs, sans m’effrayer et en me
rappelant régulièrement de mettre mon ego de côté !
« Fais profil bas, descends ton ego, si tu oublies de le faire, tu ne pourras pas
progresser » me dit encore régulièrement mon professeur de Qi Gong chinois
! Il faut dire que visiblement, nous autres, occidentaux, avons cet ego
surdimensionné qui nous porte à croire que l’on sait ou que l’on a atteint un
niveau supérieur, à nous comparer aux autres alors qu’en pratiquant le Qi
gong, les professeurs nous enseignent que la seule comparaison intéressante
est celle que nous pouvons faire entre le moment où nous avons commencé et
les progrès que nous avons réalisés. Inutile de se croire plus ou moins fort
que les autres, cela n’apporte rien ou à renforcer encore cette image de nous-
même que nous ne pourrons pas gommer pour continuer d’avancer sur la
Voie. C’est aussi une des raisons qui me réjouit quand nous montons un
groupe de pratique et qu’il se compose de débutants, d’élèves plus confirmés
ou de professeurs. On apprend tous de l’autre en même temps que de sa
propre expérience et si on se croit au-dessus du groupe parce que l’on a des
années de pratique, la réalité se rappelle vite à nous et nous confronte aux
progrès qu’il nous appartient de faire encore si nous souhaitons continuer
d’avancer vers La Voie.

Matthieu Ricard nous dit que « Comprendre la nature de l’ego et son mode de
fonctionnement est donc d’une importance vitale si l’on souhaite se libérer
des causes intérieures du mal-être et de la souffrance. L’idée de se dégager de
l’emprise de l’ego peut nous laisser perplexe, sans doute parce que nous
touchons à ce que nous croyions être notre identité fondamentale. »

Nous avons souvent une réticence à cette étape du travail, comme si en nous
séparant de l’égo auquel nous tenons tant il ne resterait plus rien !

Cette différence culturelle entre français et chinois vient sans doute de ce


point essentiel. Je me souviens d’une anecdote racontée par ma prof de
mandarin expliquant les cadeaux reçus et l’attitude qu’elle devait avoir
quand, enfant, elle recevait quelque chose pour son anniversaire. Le fait de ne
pas ouvrir les paquets… car elle devait d’abord les présenter à ses grands-
parents qui choisissaient librement celui des paquets qu’ils allaient prendre
pour eux, puis elle présentait les paquets cadeaux restant à ses parents qui eux
aussi prenaient celui qu’ils allaient conserver. Alors seulement, fille unique
sinon elle aurait dû faire le même exercice devant ses ainés… elle courrait
dans sa chambre et ouvrait, à l’abri des regards, le ou les paquets qui lui
restaient. En l’écoutant raconter son histoire, je me suis dit : Quel effacement
de l’égo ! Je ne vois pas comment nous aurions réagi si enfant, il nous avait
été soudainement demandé de faire la même chose, changeant alors
complètement de perspective, de place. Il nous aurait alors fallu quitter le
centre de la scène… Chez nous, le jour d’anniversaire, nous sommes l’enfant
à l’honneur ! Et même adulte, grand nombre de français ou même plus
largement d’occidentaux, célèbrent entre famille et amis leurs anniversaires
jusqu’à un âge avancé…
Nous avons, au travers de ce rituel, sans probablement le savoir, cultivé le
culte de l’ego quand les chinois se sont appliqués à l’effacer.

Occidentaux, nous manquons souvent de confiance en nous. Pour avoir


accompagné de nombreux managers, soit lors de coaching, soit en formation
au management, j’ai pu le constater. Et pourtant, la confiance en soi qui ne
repose pas sur l’ego est une liberté fondamentale qui n’est plus soumise aux
contingences émotionnelles, une invulnérabilité face aux jugements d’autrui,
une profonde acceptation intérieure des circonstances, quelles qu’elles soient.
Et si cet égo n’était qu’une illusion ? Cette erreur mise à jour, nous pouvons
continuer d’avancer !
On peut aussi faire le constat que les chinois ont une toute autre relation au
corps et au mental que nous.

Chez nous le mental prédomine et le corps est effacé. Nous avons appris à ne
pas nous écouter… La première chose que nous supprimons par manque de
temps, c’est souvent le sport !
Alors que j’accompagnais de hauts dirigeants au fil de séances de coaching,
je cherchais un outil me permettant de reconnecter le corps et le mental,
consciente que décidément, les grands managers en avaient un besoin crucial.
Cet équilibre entre le corps et le mental permet une stabilité et un bien-être
fondamental.

C’est une des raisons qui m’ont conduite vers le Qi Gong. J’y ai alors
découvert un outil, qui certes permet de faire cette connexion ou reconnexion,
mais qui est bien plus puissant que cela et représente, à lui seul, un outil de
développement personnel incroyable !
« Nous prenons les choses de manière trop personnelle. Plus nous nous
accrochons au moi, plus il y a de problèmes. Pas de moi, pas de problèmes »
confirme le tibétain Maître Loka.

Je ne suis pas au bout de mes découvertes, j’entrevois une autre modalité de


conscience, une nouvelle manière d’observer la relation entre l’homme et
l’univers, une façon de gérer les émotions qui s’évaporent, le temps d’un
souffle, libérateur d’une époque où mes actions étaient guidées par ces
mêmes émotions, alors qu’aujourd’hui elles ne sont que le reflet d’un état de
l’instant qui s’harmonise rapidement avec un calme équilibré et serein...

Le travail du Qi Gong contribue à renforcer la confiance en soi, le calme et la


distance par rapport aux évènements, aux émotions, à sa relation à soi-même
et aussi aux autres, à l’environnement, à la nature.
L’entretien de la Voie
Le conditionnement ordinaire, reçu depuis notre plus tendre enfance, a non
seulement construit un ego chez chacun d’entre nous, mais il a aussi suscité
un nombre incalculable de fonctionnements neurologiques, nerveux,
endocriniens et métaboliques qui « incarnent » ce psychisme égocentré dans
le corps.

Nos organismes se sont donc vus imposer, pratiquement dès la naissance,


toutes sortes de détournements dans la canalisation naturelle de l’énergie
vitale, en grande partie pour servir la mécanique plus ou moins perverse, plus
ou moins pathologique, du mental égocentré.

Rien d’étonnant, en conséquence, que les médecins aient tant à faire dans
notre espèce humaine, encore exclusivement dirigée par l’ego !

Là aussi, j’ai pu observer une différence en Chine, que j’attribue à cet ego
différent dans nos cultures. Le médecin chinois renforce le propos de son
confrère, nous indique de bien prendre le traitement prescrit par un autre, sans
même le connaitre alors que le médecin français nous prescrirait autre chose,
quelque chose de mieux… Comme si la compétition entre egos était ouverte
en permanence chez nous, quand l’effacement est de mise en Chine.

Mais en suivant la Voie, une succession de prises de conscience, de plus en


plus profondes, va progressivement modifier ces canalisations énergétiques
jusqu’alors dédiées à l’ego, et même réveiller des énergies latentes,
déterminant à leur tour des changements dans les activités nerveuses et
hormonales et, par extension, plus globalement physiologiques.

Or cela ne va pas sans crise de toutes sortes. Le psy Trans personnel les
appelle « crises d’émergence spirituelle». Et il est un fait que les plus
immédiates sont effectivement de nature psychologique.

Parmi les principaux symptômes on reconnaît naturellement avant tout


l’anxiété ou l’angoisse métaphysique, la dépression ou une grande lassitude
morale, et bien sûr les névroses personnelles qui remontent à la surface.
C’est une des raisons pour laquelle, il est indispensable d’avoir un maître qui
puisse nous guider, comme un guide de montagne nous ouvrant la voie,
quelqu’un qui sache déjà ce qui nous attend pour nous aider à ne pas en avoir
l’appréhension mais à continuer d’avancer en conscience et sans crainte.

Au plan psychosomatique, cela peut aller de l’insomnie aux crises de


tremblement, en passant par les douleurs, les évanouissements ou les
impressions d’être en train de mourir… Bref toutes les manifestations que
l’on est logiquement en droit d’attendre de la libération massive d’une
énergie vitale jusqu’alors bloquée ou détournée par une foule de
fonctionnements égocentriques et par l’inconscientisation, le refoulement de
90% des expériences que la vie propose à la conscience.

Que la Voie amène donc à l’illumination de la sphère psycho-mentale ou à


celle du corps, elle s’actualise toujours en « débranchant » certains circuits
avant d’en brancher d’autres. Et, comme disait U.G. Krishnamurti « cela
n’est pas facile !».

Il n’est d’ailleurs pas exclu que, chez certains chercheurs spirituels


insuffisamment préparés, c'est-à-dire encore trop chargés de problèmes non
résolus au niveau inconscient, les crises d’émergence tournent mal et
conduisent à des troubles mentaux plus ou moins graves.

Les risques de mort et de folie ne sont pas seulement des épouvantails agités
par les Maîtres pour décourager les disciples immatures. Ce sont aussi des
réalités. En Chine, les maîtres de Qi Gong insistent souvent sur l’importance
du professeur et que l’on ne peut pas apprendre seul avec son livre. Ce type
de pratique comporte des risques, allant jusqu’à la folie est-il même donné de
lire dans l’ouvrage remis aux étudiants de médecine traditionnelle de
l’université de Shanghai.

Rassurez-vous tout de même, l’écrasante majorité des échecs sur la Voie sont
plutôt dus à la tiédeur des chercheurs spirituels qu’à une ferveur excessive
qui les mènerait à la folie ou à la mort.
Les recherches en cours nous indiquent clairement que l’activité cérébrale
liée aux émotions positives est particulièrement élevée chez les personnes
pratiquant la méditation que le Qi Gong englobe dans sa pratique. Il semble
ainsi que l’on puisse transformer l’esprit de façon bien plus importante que la
psychologie ne l’avait supposé !
Quoiqu’il en soit, si tant de ces chercheurs estiment indispensable de faire
appel aux techniques des Qi Gong ou du Yoga pour fortifier leur
détermination, renforcer leur réceptivité, se purifier, équilibrer leurs énergies
ou tout simplement éviter de tomber malade, cela n’a jamais été que pour
faciliter cette spiritualisation de l’esprit et du corps, et surtout pour aider à
supporter les modifications fonctionnelles qu’il faudra subir au fur et à
mesure que le Réel s’incarnera et que les illusions de l’ego mourront.

Voilà donc quelle est, à l’origine, la raison d’être des Qi Gong. Non pas de
remplacer la Voie, mais de l’entretenir. C’était en tout cas l’objectif déclaré
de la très ancienne pratique, dite « Dao Yin», ancêtre des Qi Gong et du Taï
Ji Chuan. C’est aussi le sous-titre de cet ouvrage : " 以气臻道 " que l’on peut
traduire par « Suivre l’énergie conduit au dao » ou « l’énergie nous guide sur
la Voie du dao » ou encore « utiliser le Qi pour parvenir au dao ».

Dao Yin (ou Taoyin), l’entretien de la Voie, lors de sa création il y a de cela


plusieurs millénaires, correspondait aux pratiques énergétiques employées
par ceux qui suivaient le dao.

Bien sûr, il devait être clair, à l’origine, que ce n’est pas en appliquant des
techniques énergétiques que l’on atteint ce que les Taoïstes ont appelé «
l’immortalité », métaphore désignant l’éveil de la conscience essentielle, sans
commencement ni fin.

L’objectif est alors de nourrir la personnalité et rendre la vie plus longue.


Hélas, comme parfois, la confusion s’est assez vite installée, et l’on a
commencé à croire que l’immortalité en question se trouvait au bout des
exercices… puis qu’elle pourrait bien être celle du corps physique.

Le Taoïsme, au demeurant, n’a pas été la seule tradition victime de ce vieux


rêve de la « longue vie ». Le Tantrisme et l’Alchimie ont également comptés
beaucoup d’adeptes égarés dans ce fantasme.

L’ego n’espère rien d’autre que de ne jamais finir. Et il s’empare avec avidité
de toutes les techniques lui permettant d’espérer cela possible.
Au final, il se contente naturellement des moyens qui lui sont offerts pour
s’assurer une bonne santé, ce qui en soi n’a évidemment rien de
condamnable… Tout au moins tant que l’obsession pour cette « petite santé »
n’occulte pas la nécessité d’évolution vers la « Grande Santé », c'est-à-dire la
réalisation de soi, l’éveil de la conscience essentielle et enfin cette
illumination du corps que les Chrétiens ont appelée « Incarnation » et les
Taoïstes «Immortalité» xian shou 仙壽 .

Au musée de Qi Gong de Shanghai, il est écrit « yi qi dao… » Parvenir au


dao par le chemin de l’énergie ou utiliser le Qi pour arriver au dao.
Selon les trois grandes étapes du travail, sur lesquelles nous reviendrons plus
en détail :
- Entrainer le corps pour sentir l’énergie,
- Entrainer l’énergie pour changer l’esprit,
- Entrainer l’esprit pour retourner à l’invisible.
Au fur et à mesure de la pratique, les choses s’installent sereinement. Les
émotions se gèrent mieux, l’égo s’efface peu à peu. Le stress cède la place à
la sérénité qui se stabilise et n’est plus conditionnée par l’extérieur. Cela crée
une forme de jubilation interne subtile, ni grande joie ni fierté, juste une
ouverture d’esprit emprunte de gaité et de compassion.
Dao 道
La tradition taoïste est une des plus mystérieuses quant à son origine puisque
son père fondateur, Lao Zi, n’a sans doute jamais existé.

Les théories concernant la réalité historique ou légendaire de Lao Zi sont


nombreuses.

Peut-être était-ce un philosophe anonyme du quatrième siècle avant Jésus


Christ, natif de la province du Ho-Nan, qui aurait été archiviste et astronome
à la cour des Zhou et aurait écrit les dix premiers articles, ou l’ensemble, du
« dao de jing », le
« Livre de la Voie et de la Vertu », avant de partir pour l’Occident.

Mise à part cette hypothèse pseudo historique, il en existe une autre, plus
religieuse, qui voit en Lao Zi la déité qui aurait révélé à des Sages ce texte
sacré du Taoïsme.

Dans une perspective plus rationnelle, Lao Zi pourrait donc bien être une
figure mythologique sciemment inventée par un ou plusieurs Sage(s) à
l’origine du Taoïsme.

D’aucuns pensent même que la paternité de la création de ce personnage


incomberait à Confucius qui, dans ses écrits, le décrit comme un Sage reclus
auprès duquel il avait coutume de se rendre lorsqu’il se retirait pour méditer.

Après tout, Confucius disait peut-être la vérité, et Lao Zi était-il bien une
sorte de Druide ou de Rishi chinois ? A moins que son nom ait été seulement
récupéré en tant que pseudonyme par Zhuangzi – de son vrai nom Zhuāng Zhōu ( 莊
周 / 庄周) ou Lie Tseu, les deux autres grands auteurs de la littérature taoïste,
qui auraient pu s’en servir pour signer un de leurs ouvrages ?...

Cela étant, cinq longs siècles s’étant écoulés entre l’époque de la vie
présumée de Lao Zi et la première apparition du « dao de jing » 道德经 sous
forme d’écorces de bambou, et aucun des grands fondateurs de la pensée
chinoise après Confucius n’ayant jamais mentionné son existence, il est plus
que probable que Lao Zi n’ait été qu’une légende personnifiant tout
bonnement le Vieux Maître, cet « Ancien » que les civilisations
traditionnelles antiques et primitives révérèrent depuis la nuit des temps.

La légende stipule d’ailleurs que sa mère l’a porté pendant quatre-vingt ans et
qu’il est né avec des cheveux blancs, signe d’une sagesse alliant l’innocence
de la jeunesse et la connaissance de la vieillesse dans une sérénité
intemporelle.
De la tradition du dao 道 … au Taoïsme religieux

La référence aux Anciens se retrouve constamment dans le Canon taoïste,


autrement dit dans le « dao de jing » 道德经 , « Le Livre de la Voie 道d ao et
de la Vertu 德 Tö», le Zhuangzi et le Lie Zi 列子 (Le vrai classique du vide
parfait), qui, en replaçant les Maîtres fondateurs dans le cadre de l’âge d’or,
nous les décrivent comme des êtres aux «pouvoirs extraordinaires».

Dans ces textes littéraires classiques, on parle notamment de certains hommes


« qui se balancent à la manière des ours, qui regardent comme un tigre, qui se
secouent comme un héron ». Ainsi, ces écrits datant de 400 avant JC
témoignent du fait qu’en des temps plus anciens encore des Sages mettaient
déjà les disciplines du dao yin en pratique.

On peut donc supposer qu’à l’origine de la civilisation chinoise de grands


Sages, héritiers d’un chamanisme multimillénaire, ont marqué de leur
influence toute la période protohistorique précédant l’emploi de l’écriture.

Ce sont d’ailleurs probablement certains d’entre eux, appelés plus tard


«Fangshi» spécialistes, alchimistes ou magiciens par les Taoïstes, qui
inventèrent les exercices physiques et respiratoires à la source du dao yin.

Mais, encore avant eux, ce furent les «Xian» ( 仙 Immortels) qui établirent les
bases spirituelles de la civilisation chinoise naissante.

Comme les Rishis à l’origine de la civilisation indienne, ces ermites ont


insufflé aux chefs et aux populations les grandes orientations traditionnelles
capables de pérenniser un harmonieux mode de vie en société, basé sur le
respect des principes métaphysiques universels.

Par la suite, une infinité de courants philosophiques sont venus enrichir la


spiritualité essentielle des anciens. Toutefois au cours de cette évolution, le
Taoïsme de Lao Zi s’imposa comme le véritable cœur de la spiritualité
traditionnelle chinoise historique, et le dao de jing 道德经 comme le recueil de
pensées le plus profond que cette civilisation ait pu produire.

Formellement, les 81 articles du Livre de la Voie se présentent, pour la


plupart, comme des conseils de sagesse à l’adresse du Prince ; mais il ne
faudrait surtout pas s’arrêter au niveau sociopolitique qui semble être celui du
discours mais qui n’est, en réalité, qu’une métaphore.

Le propos est beaucoup plus vaste qu’une simple stratégie politique ou


militaire, même si cet enseignement spirituel peut, aussi, trouver
d’éventuelles applications à un niveau trivial.

Même s’il prend pour support la métaphore politique, le dao de jing est donc
bien un texte spirituel ; et il est important de ne jamais perdre de vue qu’en
tant que tel cet écrit ne cesse, à aucun moment, de parler de toute l’histoire
des religions qui a été marquée par le drame de la mésinterprétation des
textes fondateurs ou des paroles des Maîtres.

Et l’époque matérialiste que nous traversons actuellement n’a rien arrangé à


l’affaire.

En partant du principe que le dao de jing est un traité de politique, et non une
exhortation à suivre la Voie, on finit par n’y trouver que des idées totalitaires
extrêmement archaïques. Or, la Sagesse des Maîtres est universelle et
intemporelle.

Le Taoïsme de Lao Zi et de Zhuangzi constitue un modèle de spiritualité


civilisatrice, même si, durant les siècles qui suivirent la fondation de cette
civilisation, les théories du Yin-Yang et des cinq éléments se sont peu à peu
mélangées aux messages du pur Taoïsme spirituel pour former une espèce de
religion nommée «huanglao» 黃老 qui évolua en «taiping dao» 太平道 , la
Voie de la Grande Paix.

Ensuite, «wu tou mi dao» 五斗米道 , l’école des cinq boisseaux de riz, ou
encore appelée La Voie des Maîtres célestes (Tiān shī daò 天師道 ), héritière de la
précédente, avec ses rituels et ses talismans fit sans doute régresser la
spiritualité chinoise au niveau d’une magie chamanique.

De la magie à une alchimie visant à la confection d’élixirs d’immortalité, il


n’y eut qu’un pas, vite franchi. Puis cette alchimie devint interne et, en se
transformant en pratiques de méditations sur l’énergie, relativement
comparables à celles du Tantrisme, elle se rapprocha de la spiritualité des
Anciens, sans toutefois l’atteindre puisque demeurait toujours, dans l’esprit
de nombreux adeptes, une confusion entre l’immortalité spirituelle et la
longévité physique.
La Voie des Immortels
Comme on l’a vu, aujourd’hui encore beaucoup de Taoïstes recherchent les
pouvoirs et la longévité plutôt que l’éveil à la nature éternelle de leur
Conscience réelle.

Toujours est-il que le Taoïsme dào jiào 道教 se subdivise de nos jours en de


nombreuses tendances, plus ou moins spirituelles, parmi lesquelles on
reconnait deux grandes écoles :

L’école du nord, que l’on peut considérer d’une certaine façon comme
plus lente, avec des méthodes visant à obtenir avant tout le calme de
l’esprit.

L’école du sud, plus abrupte, plus rapide, allant plus directement à


l’essentiel, mais plus risquée.

Comme dans beaucoup d’autres Traditions, c’est le Maître qui donne des
instructions, évidemment personnalisées, aux disciples.
Cela étant, après les inévitables tâtonnements du début, l’élève doit
impérativement suivre une progression par étapes visant, dans un premier
temps, à renforcer le corps et à développer l’énergie primordiale, puis, dans
un second temps, à raffiner l’esprit primordial pour ne plus faire qu’un avec
le dao 道 (dào).

En d’autres termes, on passe de la pratique du Ciel Postérieur à la pratique du


Ciel Antérieur ou, si l’on préfère, de la culture de la forme à celle de l’Esprit.
Cette progression part donc d’une forme Yin pour atteindre le Yang pur, le
sans-forme.

Plus précisément encore, l’évolution du disciple se subdivise en cinq


échelons :

Zhu ji lian yi 筑基练已 : A ce premier degré, il est question de bâtir les


fondations, c’est à dire de calmer le mental grâce à des exercices de Qi
Gong, en régulant la respiration, en conduisant l’énergie, en arrêtant les
pensées, en aiguisant la concentration…
L’objectif visé est de créer yao wu 药物 , le médicament intérieur, afin de
stimuler l’organisme et d’éviter les maladies. A ce premier stade, le
disciple devient shen gui xian 神仙鬼 , un Immortel fantôme.

Lian jing hua qi 鍊精化氣 : Vient ensuite le temps de cultiver l’essence


primordiale, yuan jing 元精 , et de la transformer en énergie. Il s’agit à
présent d’établir la « petite circulation céleste » en mariant l’esprit et
l’énergie. C’est le degré de l’Immortel humain.

Lian qi hua shen 鍊氣化神 : Ce troisième stade est celui de la « grande


circulation céleste », c’est-à-dire l’entrée en communication de l’énergie
du corps avec celle de la Terre et du Ciel.
L’énergie, le Qi, se transforme en Shen, en esprit ; et l’adepte atteint le
degré d’Immortel terrestre.

Lian shen huan xu 鍊神還虛 : Après avoir cultivé le Qi et l’avoir


transformé en Shen 神 , le disciple va cultiver le Shen et retourner au vide
ou à l’invisible. En d’autres termes, le Shen se raffine en Yuan Shen 元神 ,
l’esprit primordial. Pour le disciple, c’est l’entrée dans le Ciel antérieur et
la réalisation du degré d’Immortel divin.

Lian xu he dao 练虚合道 : Enfin, arrive le temps de cultiver le vide et de


fusionner avec le dao. A ce stade, toute séparation entre l’intérieur et
l’extérieur est abolie. C’est la Grande Unité. L’adepte est un Immortel
céleste.

Cette poursuite de l’immortalité ou cette recherche du dao, de la Voie,


implique un travail sur le corps, la consommation d’élixirs ou d’herbes,
assortis à des exercices spirituels.

A L’alchimie externe, elixirs, etc… s’ajoutent l’alchimie interne par le


mouvement et la visualisation si fréquemment utilisés dans les Qi Gong.
Les visualisations de l’intérieur du corps sont par exemple comme celle où
le pratiquant capture les essences du soleil et de la lune. L’exercice au
travers du dao yin est associé à des exercices de respiration (rejeter le
vieux et introduire le neuf) et ces pratiques ont contribuées à diffuser
largement le Qi Gong au-delà de la communauté taoïste.

Cela me fait penser au poème chinois que m’a fait découvrir Bernard
Besret, auteur notamment du livre « A la hauteur des nuages, ma
montagne taoïste ».
Tête au ciel

顶天立 Ding Tian, Li Tête au ciel, pieds à la terre,


地 Di
形松意 Xing song, yi Corps détendu, la conscience se dilate.
充 Chong
外敬内 Wai jing, nei jing A l'extérieur, abandon, à l'intérieur, la paix.

心澄貌 Xin cheng, mao Le cœur comme un lac d’eau limpide, l’attitude
恭 gong humble.
一念不 Yi nian bu qi Pas une pensée ne traversant l’esprit,

神注太 Shen zhu tai kong L’esprit s’identifie au vide infini du ciel,

神意照 Shen yi Zhao Quand l’attention revient à l’intérieur,
体 ti
周身融 Zhou shen rong Tout est bon, tout est bien, tout est à l’harmonie
融 rong du Qi.

Certains maîtres insistent sur l’utilité de prononcer un poème de ce type pour


démarrer la pratique, fixer ainsi la concentration, apaiser le mental et mettre
le corps dans les dispositions nécessaires au travail de l’énergie interne. Une
première étape d’apaisement du mental et d’harmonisation avant de démarrer
une pratique plus en profondeur.
Les grands concepts du Qi Gong
Bien qu’on traduise généralement le terme «Qi Gong» par «travail sur
l’énergie», il convient d’intégrer qu’en plus de l’aspect «médico-gymnique»,
c'est-à-dire des exercices dynamiques, des massages et les «six sons curatifs »
visant précisément à stimuler l’énergie vitale et à s’assurer santé et longévité,
cette discipline inclue traditionnellement des exercices statiques de
méditation et des pratiques que l’on regroupe génériquement sous le nom
d’alchimie interne Nei gong 内功 ou Nei dan gong 内丹功 , une alchimie
s’appliquant à la transmutation de l’homme au mental dysfonctionnel en
homme accompli.

C’est d’ailleurs probablement la cohabitation de ces différents niveaux


d’enseignement, en tous points comparables à ce que le Yoga propose avec
les postures du Hatha Yoga, les méditations du Raja Yoga et les pratiques
tantriques du Kundalini Yoga ou du Kriya Yoga, qui a conduit les auteurs
responsables de la diffusion du Qi Gong en Occident, au début des années
cinquante, à le qualifier de « Yoga chinois ».

Tout comme dans le Yoga, il s’agit, en facilitant le mouvement des énergies,


de mettre son microcosme psychocorporel en relation avec le macrocosme, et
surtout de s’éveiller à la pleine compréhension de la Réalité universelle.

Mais bien sûr, pas plus que le terme « Kung Fu japonais » ne serait
réellement approprié pour désigner le Karaté, pas plus l’expression « Yoga
chinois » ne convient vraiment au Qi Gong.

Celui-ci a en effet des spécificités et il y a effectivement quelques grands


concepts taoïstes qui doivent être connus et compris.
Le Qi 気
Pour commencer, le concept essentiel est, bien entendu, le Qi, ou Chi. C’est
le souffle, l’énergie ; mais une énergie telle qu’elle serait définie par un
spiritualiste et non par un matérialiste.

En effet, si le matérialiste, au cas où il « y croirait », voit plutôt l’énergie qui


court tout au long des méridiens d’acupuncture comme une espèce
d’électricité, le spiritualiste, lui, l’apparente plus ou moins directement à
l’Esprit. La Tradition judaïque, par exemple, la nomme « Shin » ou « Souffle
sacré ». Pour les Chrétiens, c’est l’Esprit Saint.

Il est d’ailleurs intéressant de noter que la racine «spir» est commune à


spirituel et à respiration. Rien d’étonnant à cela puisque le mot latin « spiritus
» veut aussi bien dire « esprit » que « souffle ».

La Tradition chinoise, elle, n’est pas très à l’aise avec notre concept moderne
de « spiritualité ». Non qu’elle nie l’esprit. Elle possède même un puissant
concept pour en parler, le Shen, sur lequel nous reviendrons. Mais on a vu
qu’elle préférait parler de « Voie » plutôt que de spiritualité.

Quoi qu’il en soit autorisons-nous, avec nos mots, à qualifier le Qi de


spirituel, tout au moins dans son essence car la tradition chinoise enseigne
l’existence d’une énergie primordiale, Yuan Qi 原气 , un potentiel vital
originel provenant de l’intérieur. Les sinologues utilisent le terme de Yuan Qi
quand ils parlent du qi sur le plan philosophique. C’est alors un concept
philosophique, un qi fondamental qui emplit l’univers et est à l’origine de
toutes choses, de toutes réalités.

En médecine traditionnelle, il revêt plusieurs notions : Yuan, c’est le principe


premier, aussi c’est le qi suprême, fondamental, majeur, originel. C’est le
premier qi qui est possédé par l’individu, avant même sa naissance. Tous les
autres Qi sont créés après la naissance et souvent avec l’aide du Yuan Qi.

Parfois, en le qualifiant de qi ancestral ou de qi hérité, les personnes pensent


que ce qi ne se développe pas et qu’il est consommé au fur et à mesure de la
vie de l’individu. Cependant, il continue d’être produit sans arrêt dans le
corps et de cette façon il peut être régénéré. On peut donc avoir une action sur
ce yuan qi, qui peut être régénéré, préservé, soutenu. Même si sa qualité
dépend de la lignée parentale. Le Qi dit hérité, c’est comme tout héritage, on
peut librement le dilapider ou au contraire, le faire fructifier !

Selon les philosophes, Yuan Qi c’est aussi la matière première du grand vide,
du dao, du vide suprême, de toute matière première visible dans le monde
manifesté.

Aussi le Yuan Qi est lié avec le qi provenant de l’alimentation ou de ce que


vous buvez. C’est lui qui propulse les activités vitales de l’organisme dans les
méridiens, les organes, etc…

Selon le classique des classifications, « le Jing 精 est la racine du Qi


originel, le qi n’est rien d’autre que la transformation du Jing. »

Les textes taoïstes localisent le Yuan Qi dans le Dan Tian 丹田 (champ de


cinabre, situé sous le nombril) ou au Ming Men 命門 (porte du destin dans le
dos au niveau des reins). Il n’y a pas une parcelle de l’organisme qui ne reçoit
pas le Yuan qi. Il part de Ming men, la porte du destin ou porte de la vie mais
il est véhiculé par les trois foyers dont c’est une des grandes fonctions
d’assurer la circulation du yuan qi et aussi dans les méridiens principaux et
dans les vaisseaux extraordinaires.

A ce qi originel s’ajoute six autres formes d’énergies plus spécifiques, des qi


acquis comme le Yin qi, Jing Qi (qi essentiel ou essence porteuse de qi), le
Wei Qi, le zong Qi (zong veut dire ancêtre mais aussi fondamental ou
essentiel c’est aussi le qi complexe), le qi des organes. Le yuan qi visite tous
les organes, se rend à la surface du corps, au niveau des muscles, de la peau
et aussi des fascias jin mo 筋膜 , qui sont des tissus conjonctifs une sorte de
membrane fibroélastique qui recouvre ou enveloppe les muscles, l’os ; qui
maintient ou sépare les organes. (Ils sont reliés entre eux comme une toile
d’araignée, partout dans le corps du sommet du crâne au bout des orteils, de
la superficie jusqu’aux parties profondes.), les pores de la peau et passe par
les trois foyers :

Le foyer supérieur, qui assimile Ying Qi, l’énergie du ciel, par les
poumons qui se manifeste comme une vapeur, une brume légère, se situe
entre les deux sourcils à l’intérieur du corps (3 cuns, environ 4 doigts).
C’est shang dan tian 上丹田.

Le foyer moyen, qui assimile l’énergie des aliments ou énergie de la terre,


par le système digestif, se situe au niveau du sternum, c’est zhong dan tian
中丹田 .

Le foyer inférieur, enfin, où ces deux énergies se confondent en zong Qi


c’est la convergence ou la confluence des énergies, l’énergie provenant de
l’extérieur (air) et vitalisant le sang. Cette dernière énergie, zong, va se
répandre dans tout l’organisme, se différenciant en fonction des différents
organes qu’elle aura à vitaliser. Il se situe au niveau du nombril, environ 2
doigts en dessous le nombril. C’est xia dan tian 下丹田

En acupuncture, quand il y a maladie dans les 5 zang (entrailles) ou les 6 fu


(organes), il faut utiliser les points source ou point yuan du méridien
concerné.

L’ensemble des fonctions du Yuan Qi stimule et réchauffe les organes, les


tissus. Il participe aux multiples transformations qui ont lieu un peu partout
dans le corps. Il vivifie l’activité physiologique dans son ensemble, c’est la
force motrice dans notre vie. Il stimule la croissance et le développement de
notre corps.

Bien sûr, la pratique des Qi Gong va viser à l’unification des formes


fondamentales du qi, tout d’abord en cultivant indépendamment le corps et
l’esprit, puis en les réunissant par le travail simultané de ce que le Taoïsme
nomme la Nature et la Vie, autrement dit - avec nos mots - l’Esprit et
l’énergie.

Cette réunification, qui est l’élément principal de la pratique, est appelée, en


alchimie interne, le
« remède ».

Une fois l’énergie primordiale réalisée sous sa forme grossière, c’est un


raffinage de plusieurs années de pratique qui doit s’ensuivre… jusqu’à ce
qu’elle s’unisse enfin au dao.

Voilà donc en quoi consistent les Qi Gong, ces méditations sur l’énergie
circulant à travers le corps en suivant des canaux bien définis. On distingue
alors plusieurs étapes :
Celle de la posture, le nettoyage de l’esprit, le calme du corps, le cœur et
l’esprit paisibles représentent la première étape du travail du qi gong.
Puis guider les pensées vers l’intérieur, devenir un observateur interne pour
peu à peu ajouter la respiration à l’entrainement.
Cette respiration a la particularité d’avoir une inspiration courte et une
expiration longue. Ensuite, la respiration avec l’énergie, se combine et le dan
tian respire.
Les racines du Qi sont au Dan tian. Cet entrainement respiratoire et le focus
de l’esprit vers l’intérieur du corps se font ensemble. Lors du repos, petit à
petit, le Qi retourne au Dan tian, vers le nombril. C’est le stockage de
l’énergie. Puis arrive l’opportunité de savoir, de sentir si cela se produit. Si
vous sentez l’énergie : Bravo, votre qi produit « la petite médecine ». C’est la
première étape !

L’objectif des Fangshi 方士 ces alchimistes, créateurs du dao yin qui avaient
compris l’importance du nombril dans l’approvisionnement en énergie chez
le fœtus, était finalement de rendre à l’énergie interne l’extraordinaire
dynamisme qui était le sien au stade de la vie utérine, et aux organes la
vitalité qui leur faisait défaut pour fonctionner parfaitement… et ainsi
soutenir les formidables transformations que la Voie impose à ceux qui la
suivent.

« Si vous ne devenez pas comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans
le royaume des cieux. » disait également Jésus (Matthieu 18 : 3).

Il n’y a qu’une Tradition !


Le Yin et le Yang 阴阳
Les points d’acupuncture furent, plus tard, localisés grâce à ces méditations
sur l’énergie, mais déjà, à l’origine, les fang shi 方士 , par le seul exercice de
leur attention, avaient su repérer un canal de fonction dont le courant yin
descend par l’avant du corps depuis la gorge jusqu’au périnée, et un canal
gouverneur dont le courant yang, partant du même point, passe par la colonne
vertébrale et la tête pour arriver jusqu’au palais.

Mais avant d’étudier plus avant ces circuits énergétiques, poétiquement


dénommés « petite circulation céleste », voyons ce que signifient les deux
concepts, fondamentaux dans la culture chinoise, du Yin et Yang.

Selon la science de l’analogie chinoise, toute la pulsation de vie s’établit dans


la circulation de l’énergie entre un pôle négatif Yin et un pôle positif Yang,
représentés dans la nature par les phases antagonistes, comme le jour (yang
阳 ) et la nuit (yin 阴 ), l’été (yang) et l’hiver (yin), le mâle (yang) et la
femelle (yin), la chaleur (yang) et le froid (yin)…

Toutefois cet apparent dualisme est, en réalité, un monisme. Yin 阴 et Yang


阳 ne font qu’un dans la mesure où le yin amène le yang et où le yin est dans
le yang… et inversement bien sûr, menant ainsi toute chose à l’équilibre.

D’ailleurs, traditionnellement on ne représente jamais le cercle du Yin-Yang


qu’entouré d’un autre cercle, plus large, symbolisant l’Absolu ou, pourrait-on
dire, le dao.

Cela étant, il faut tout de même savoir que ces deux concepts, Yin et Yang,
ne sont pas taoïstes à proprement parler. En fait, ils expliquent et complètent
plutôt la philosophie chamanique du Yi Jing 易经, le fameux «Livre des
mutations» qui a servi de référence à quasiment tout ce qui s’est passé en
Chine depuis deux mille cinq cents ans.

Un médecin chinois du 17ème siècle n’écrivait-il pas que « le corps humain,


comme toutes les choses vivantes, fonctionne selon le principe du Yin-Yang,
et pour comprendre le Yin-Yang il n’y a rien de mieux que le Yi Jing ».

Ce Yi Jing, en aidant ainsi à comprendre le Yin-Yang, et comme me le disait


Cyrille Javary, consultant en culture chinoise et spécialiste du Yi Jing, «
permet d’analyser n’importe quel système vivant, que ce soit la cuisine, la
calligraphie, l’acupuncture, l’art militaire, la politique, la poésie ou la Cité
Interdite de Pékin… »

Bref, le Yi Jing donne des outils pour penser intelligemment ce à quoi on a à


faire face dans la vie.
Ce petit texte est un catalogue de soixante-quatre situations types qui sont
rabotées jusqu’à leur structure énergétique. Ce qui permet à la fois de les
définir, et en même temps de faire apparaître leur propension. En fait, il aide
à comprendre ce vers quoi tend un type d’organisation énergétique.

Il est donc évident que les Qi Gong puisent en partie leur science dans ce
livre exceptionnel, et qu’ils ne sauraient non plus se passer de la théorie du
Yin-Yang.
Les cinq éléments 五行 Wu Xing
On a dit plus haut que l’énergie Zong Qi se différenciait en fonction des
organes qu’elle vitalisait. C’est dans cette différenciation qu’intervient un
autre concept essentiel de la Tradition chinoise : les cinq éléments.

Les cinq éléments qui constituent le Wu Xing 五行 sont : le Bois mù 木 , le Feu


huǒ 火 , la Terre tǔ 土 , le Métal jīn 金 et l’Eau shuǐ 水 .
Au cours de l’histoire, ils ont été mis en relation avec les saisons, les formes,
les nombres, les couleurs, les sons, les odeurs… et tout ce qu’il était utile de
classifier aussi bien en matière de spiritualité, d’art, de politique ou de
médecine.

Pour permettre à l’Occidental de comprendre plus facilement la logique de la


pensée chinoise, on donne généralement comme exemple la classification des
saisons, dans laquelle le printemps est lié à l’élément Bois puisque c’est la
période de l’année où renaît la vie végétale.

Semblablement, l’été est lié au Feu puisqu’il fait chaud…

Dans cette perspective : Bois = printemps ; Feu = été ; Terre = intersaison ;


Métal = Automne ; Eau = hiver.

Et, bien sûr, il existe des cycles régissant les mouvements entre les cinq
éléments et leurs correspondances :

Le cycle shèng 勝 , cycle d’engendrement ou de génération, tout


d’abord, dans lequel le Bois donne naissance au Feu, lequel engendre la
Terre, qui engendre le Métal, qui engendre l’Eau, qui engendre le Bois…
Dans ce cycle, une énergie nourrit la suivante.

Puis le cycle kè 克 , cycle de contrôle ou de domination, dans lequel le


Bois contrôle la Terre, qui contrôle l’Eau, qui contrôle le Feu, qui contrôle
le Métal, qui contrôle le Bois… Dans ce cycle, une énergie contre la
suivante ou la domine.

Enfin, le cycle de mépris, dans lequel le Bois se retourne contre le


Métal, qui se retourne contre le Feu, qui se retourne contre l’Eau, qui se
retourne contre la Terre, qui se retourne contre le Bois… Dans ce cycle, la
première énergie affaiblit la suivante.

En quoi tous ces éléments naturels se rattachent-ils à notre propos, vous


demanderez-vous peut-être ? Eh bien en cela que chaque élément correspond
à un organe, à un sentiment ou à des entrailles, et que, de cette manière, il
devient possible de manipuler les énergies en tenant compte de leurs rapports
à la fois avec les différents éléments de l’organisme et avec le temps.

Tout, dans la pensée des Chinois n’est que cycles. Les cinq saisons de l’année
chinoise entretiennent donc des rapports particuliers avec les organes,
puisque le printemps est lié au foie et à la vésicule biliaire ; l’été au cœur et à
l’intestin grêle ; l’intersaison au système rate-pancréas et à l’estomac ;
l’automne au poumon et au gros intestin ; et l’hiver aux reins et à la vessie.

Nous apprendrons plus loin que ces éléments, ces saisons, ces organes et
viscères, sont également liés à certaines techniques de Qi Gong et notamment
aux « sons curatifs » utilisés dans le Qi Gong des six sons qui joue sur les
douze méridiens principaux et de ce fait, sur les organes (creux et pleins).
La circulation céleste
Nous avons vu que, dans un premier temps, les Qi Gong consistaient à porter
son attention, de façon progressive, sur les différents points de concentration
énergétique situés au long de deux principaux canaux afin d’y réveiller
l’énergie et de dissoudre les blocages.

Le propos essentiel des Qi Gong étant d’harmoniser les énergies, il est


effectivement proposé de s’habituer à percevoir les mouvements du Qi et
d’observer sa circulation dans le corps.

Ce qui est réalisé en rétablissant progressivement ce que les Taoïstes ont


appelé la « petite circulation céleste », c'est-à-dire la circulation dans les deux
vaisseaux principaux.

Ce n’est que dans un second temps que l’élève s’occupera de conscientiser la


« grande circulation céleste » embrassant les douze vaisseaux réguliers et les
huit vaisseaux extraordinaires.

Dans la technique de Maître Jian, par exemple, il est question de mettre en


contact les deux premiers canaux en positionnant d’une façon précise la
langue sur le palais, restituant ainsi une circulation énergétique intense dans
le corps tout entier.

Mais chaque exercice de méditation sur l’énergie doit impérativement


commencer et finir par une focalisation de l’attention sur la région du nombril
(le Dantian 丹田 ). A défaut de quoi, l’énergie manipulée peut se concentrer
dans d’autres régions, notamment la tête, où elle serait dommageable. Un de
mes professeurs insiste beaucoup sur cet exercice de fermeture, consistant à
ramener l’énergie au Dan tian avec une analogie simple. Le fermier cultive sa
terre, il la travaille, il sème, il sarcle, bèche, butte, etc… imaginez si après
tout cela, il oubliait de récolter ! Ramener l’énergie au Dan tian, c’est faire la
récolte de toute l’énergie que les exercices qui précèdent ont permis de mettre
en mouvement et de générer. Masser le Dan Tian permet ainsi de rééquilibrer
les énergies et de les stabiliser.

On le comprend, les Qi Gong nécessitent prudence et patience, mais ne serait-


ce que leurs résultats sur l’état de santé général et sur le mental sont si
spectaculaires qu’ils compensent très largement l’investissement de temps,
d’une à deux heures par jour pendant un à deux ans, utile à l’ouverture et à la
réunion des canaux énergétiques.
Le travail sur la petite circulation céleste est le fruit d’un travail découpé en
plusieurs étapes qui se pratiquent quotidiennement pendant 3 semaines à 1
mois chacune avant de passer aux étapes suivantes et avant de pouvoir les
enchainer, respecter ce rythme (plusieurs fois 3 semaines), avoir la patience,
la persévérante, car de la régularité de cette pratique et du dépassement de
leur difficulté, dépendront les progrès de notre petite circulation céleste. Se
concentrer sur les étapes, les barrières qui empêche le Qi de circuler avec
fluidité, permettre le passage de ces barrières afin de boucler la circulation
céleste et les bienfaits de la pratique, malgré sa difficulté, quant à eux, ne se
feront pas attendre.
Le shen 神
Le Shen 神 est l’esprit. En Français, par manque de richesse de notre
vocabulaire, nous avons un peu de mal à distinguer les différents sens du mot
« esprit ». L’Anglais est déjà plus précis, avec « mind » pour l’esprit mental
et « spirit » pour l’esprit spirituel.

Tout au plus pouvons-nous convenir d’une équivalence en attribuant une


minuscule à l’esprit mental, et une majuscule à l’Esprit spirituel. Et l’on
adoptera, de la même manière, les écritures « shen » et « Shen ».

Comme il était question plus haut de raffiner l’énergie primordiale jusqu’à ce


qu’elle s’unisse au dao, on peut semblablement envisager de passer du shen
au Shen, ce dernier étant précisément uni au Dao.

Mais, bien sûr, le shen est déjà et toujours essentiellement Shen.


Ce n’est que le parasitage du Shen par les névroses, les émotions négatives,
qui maintient le Shen à l’état de shen.

Il faut donc expurger la conscience et l’organisme psychophysique de ces


systèmes énergétiques pervers pour purifier le Shen et le rendre à son
fonctionnement optimal, ce que résume à la perfection la formule classique :
« Quand l'esprit est calme, le corps est calme. Quand le corps est calme,
l'énergie aussi. Elle circulera donc sans entrave ».

Les moyens proposés dans le cadre de la Tradition taoïste pour y parvenir


sont extrêmement proches de ceux que l’on retrouve dans les méditations du
Yoga.

Les yeux à demi fermés et le regard dirigé vers la pointe du nez, le disciple
veille à ne pas suivre ses pensées, autrement dit à ne pas se laisser distraire
par elles.

Ici, deux cas de figure sont possibles. Si le méditant à tendance à


l’intellectualisation ou à un fort vagabondage des idées, mieux vaudra
observer les pensées, sans s’identifier à elles, jusqu’à ce qu’elles
disparaissent.

L’image la plus employée pour décrire cette méthode est celle du cheval que
l’on regarde galoper et disparaître au tournant du chemin, mais que l’on
refuse de monter. La pensée vient comme une vague, déferle et disparaît. On
peut aussi se focaliser sur quelque chose en mouvement. Il est en effet
beaucoup plus facile, pour débuter, de méditer sur quelque chose en
mouvement, c’est pourquoi il est souvent proposé de se concentrer sur sa
respiration (l’observer, ou la compter par exemple) ou sur la pointe rouge de
l’encens ou encore sur la fumée de celui-ci.

Mais si le disciple est déjà parvenu à un état plus avancé de simplification et


de détachement mental, il lui sera conseillé de se concentrer sur l’état de
conscience antérieur à la naissance des pensées.

Toutefois, l’effort pour y parvenir ne doit pas être trop important, le Qi


devant, à ce stade, être économisé pour ne pas s’épuiser et pouvoir circuler
librement.

Donc, en général, laisser venir les pensées sans les suivre, allié bien sûr à une
bonne posture, est suffisant pour calmer l’esprit et parvenir à se détacher des
productions mentales.
Le Wu Wei 无为

Ceux qui, à partir d’un certain degré de maturation ou lors de moments


privilégiés de méditation, parviennent à laisser leur conscience retrouver sa
place naturelle, avant la naissance des pensées, savent ce qu’est le Wu Wei.

Là, dans cet espace qui demeure éternellement en paix c'est-à-dire sans désir
ni recherche, où tout est parfait et où il n’y a rien à accomplir, on peut
contempler le mental en train de devenir lisse, plat et immobile comme un
miroir, ou même éventuellement en train de continuer à tisser ses pensées
ordinaires… à la seule différence près qu’aucun ego ne prend plus livraison
de la moindre pensée qui passe.

Il n’y a plus besoin de sauver le monde ni de se sauver soi-même. Le monde


est parfaitement tel qu’il doit être. On ne va nulle part. On est arrivé là où
l’on n’a jamais cessé d’être. Ici et maintenant.

Or, à partir d’un tel état de conscience toute activité est libérée des parasites
psychiques qui la pervertissent et la dégradent habituellement : l’orgueil,
l’avidité, la colère, la peur, la paresse, etc., etc.

L’activité, alors, surgit spontanément, sans aucune arrière-pensée, sans


aucune hésitation, sans aucun frein, parfaitement adéquate par rapport au
contexte. Sans action veut dire aussi sans volonté ni recherche de pureté ou
d’aucune sorte.

C’est ce que l’on appelle Wu Wei, la « non-action » ou, si l’on préfère,


l’action sans intention.

Wu Wei est ce vers quoi tendent tous ceux qui pratiquent un art martial. Ce
n’est plus moi qui tire la flèche. Ce n’est plus moi qui envoie planer dans les
airs mes assaillants. Ce n’est plus moi car il n’y a plus de moi.

De la même manière, les Qi Gong d’obédiences taoïste ou bouddhiste tendent


vers cet état où la pratique ne cherche plus à atteindre la conscience mais où
c’est, au contraire, la conscience qui assiste au spectacle de la pratique.

Seul Wu Wei 無爲 élève réellement le Qi Gong au rang d’un art de vivre ou,
devrait-on plutôt dire, d’un art de la Vie.
Le Yi 意

Le Yi 意 est la concentration, bien que certains auteurs préfèrent le traduire


par « intention ». Dans ce dernier cas, il faut comprendre Yi comme
l’intention ne faisant plus qu’un avec le corps. Aucun de ces deux termes
n’est satisfaisant. Il n’y a pas dans le Yi, une bonne ou une mauvaise
intention. Il y a seulement une direction, une orientation dans un état d’esprit
serein.
On peut alors traduire le Yi par « attention » ou encore « a-tension », absence
de tension. Mais cela ne relève pas du fait de faire attention ou d’être attentif
comme nous l’entendons d’habitude.
Si l’on choisit de traduire le yi par concentration alors il faut préciser qu’il est
important de ne pas le confondre avec l’obsession. En fait, pour échapper à
l’obsession, si fréquente dans ce genre de pratiques, il est généralement
conseillé de subdiviser le travail de concentration qui doit rester légère en
deux phases :

Une première consistera à se concentrer de courtes périodes de quelques


minutes sur des événements ou des objets du quotidien, mais sans s’attarder
et sans trop d’effort. Ainsi, tout au long de la journée, l’adepte trouvera
quatre ou cinq opportunités de cultiver sa concentration de manière naturelle.
Une autre manière de vivre notre relation au temps qui devient un temps sans
durée !

La seconde se pratiquera en méditation assise, après s’être extrait des


pensées. On commencera en se concentrant sur le bout de son nez, puis on
fera descendre l’attention vers le Dantian inférieur 下丹田 pour les hommes et
le Dantian médian 中丹田 pour les femmes. C’est là que l’intention viendra
nourrir le Qi… tout au moins au bout d’une pratique assidue d’au moins trois
mois. L’état d’attention reflète l’intelligence du corps, comme si c’était son
langage.

Après cette période de préparation, il sera alors éventuellement possible de se


concentrer sur les centres énergétiques où le Qi a naturellement tendance à
s’accumuler, centres que l’on appelle « barrières » et qu’il faudra ouvrir, à
condition, répétons-le, que l’esprit ait atteint le calme réel, que le corps soit
parfaitement décontracté et la concentration suffisamment exercée, libre de
tout risque d’obsession.
Je me souviens d’un échange avec mon professeur qui demande à une
traductrice parlant anglais de l’aider à m’expliquer le Yi car mon chinois me
laissait perplexe alors que sa description semblait pourtant si précise. Il
voulait m’expliquer quelque chose. La traductrice, sûre d’elle me traduit en
anglais, et en un mot yi = intention ! Et là, le professeur insatisfait par cette
traduction commence à lui expliquer. Une demi-heure plus tard, nous y étions
encore, car elle avait elle-même à comprendre cette notion avant de pouvoir
la traduire !
Après cette concentration appliquée ou légère, apparait une juste focalisation
comme si la conscience du temps et de l’espace se modifiait. On atteint alors
une autre qualité d’être, le yi ne cesse de percevoir sans saisir, alors que la
concentration converge, l’attention diverge. On peut alors percevoir en
grande largeur sans jamais fixer le Yi.
Au contraire, le Yi a une nature mouvante qu’il convient de respecter, de
suivre et d’initier à la fois. On dit aussi « YI DAO, QI DAO » 意到汽到 que l’on
pourrait traduire par « suivre l’intention mène l’énergie au dao » ou encore
« l’énergie suit l’intention ».

Le Yi, est donc le précurseur intentionnel et indispensable à la fois du cœur et


du qi. L’intention est donc un engagement de soi, sans volonté.

Cependant, je n’ai encore pas trouvé de traduction satisfaisante, celle qui


permettrait à chacun d’y comprendre le sens que reflète le caractère Yi.
Quand on décompose le caractère Yi 意, on se rend compte qu’en haut il est
composé du mot yin, note, vibration céleste, qualité que le ciel confère à un
souffle produit par un être et en bas du caractère xin, le cœur-esprit.

Le Yi serait donc aussi une préconception, le plus léger des mouvements du


mental dans l’éveil de l’intérêt ou dans la cessation de cet intérêt, ébauche
d’une pensée, première image qui se présente à l’esprit.
On l’associe au sens de l’attention de conscience, devenant une attitude qui
arrive lorsque le cœur-esprit s’applique. On ne peut atteindre le Yi sans avoir
une ouverture du cœur. Le Yi serait en fait une musique du cœur ! Alors
seulement, dans sa pratique, on pourra vivre le Yi comme valeur majeur du
Qi gong, une intention pure « zhen yi » comme dans la tradition taoïste. Cette
intention pure opère quand les trois portes de ren mai et du mai sont fermées
et que le cœur est harmonisé grâce à l’ouverture des points du jia ji (dos au
niveau du cœur). Alors, le cœur en paix, permet de poser son esprit avec une
seule intention, sachant que le désordre est là dès que deux intentions
cohabitent… et que le travail de l’intention ne peut avoir lieu sans l’ouverture
de la zone du cœur (dans le dos). La petite circulation céleste peut représenter
à elle seule, un excellent exercice pour mieux percevoir le yi !
Le Dantian 丹田

Généralement beaucoup plus connu des Occidentaux sous son nom japonais,
« Hara », «Dantian» désigne conventionnellement le centre énergétique du
ventre.

Toutefois, au contraire du seul Hara japonais, la Tradition chinoise reconnaît


en réalité trois Dantian :

Un premier supérieur au niveau du troisième œil, entre les sourcils, le


shang dan tian 上丹田 , qui est le centre du Shen (l’esprit).
Un deuxième médian au niveau du plexus solaire, le zhong dan tian 中
丹田 , qui est le centre du Qi (l’énergie).

Un troisième inférieur au niveau du bas ventre, le xia dan tian 下丹田 ,


qui est le centre du Jing 精 (l’essence).

Ce à quoi invitent les Qi Gong et le Taoïsme est une transformation de ces


trois dan tian et une sublimation de leurs énergies respectives.

Ainsi c’est au niveau du Dantian inférieur que le Jing doit être sublimé en
Qi ; Qi qui va à son tour être transformé en Shen au niveau du Dantian
médian ; Shen qui va enfin retourner à la Vacuité (Xu) au niveau du Dantian
supérieur.

Ajoutons simplement que lorsqu’on parle du Dantian sans préciser lequel, on


sous-entend le plus souvent le xia Dantian (inférieur), car c’est évidemment
le point de départ, le centre de l’énergie originelle léguée par nos ancêtres et
surtout ce que les Chinois appellent « notre deuxième cerveau ». En occident,
les recherches corroborent ce deuxième cerveau dans le ventre. Les
scientifiques ont découvert qu’il existe deux cent millions de neurones qui
veillent à notre digestion mais échangent des informations avec notre tête !
Ce deuxième cerveau, le cerveau entérique, produirait 95% de la sérotonine,
le neurotransmetteur participant à la gestion de nos émotions !
Dantian, que les chinois situent approximativement à deux ou trois doigts en
dessous du nombril, serait-il ce cerveau entérique qui joue avec nos
émotions ? Le léonard de Vinci de nos entrailles à l’origine de ces recherches,
comme se qualifie lui-même Michael Gershon nous l’explique dans Un
reportage qui a été réalisé en 2014 à ce propos. On comprend peu à peu
mieux les différences de langage entre Chine et France. Un chinois pense
avec le cœur, quand le français croit penser avec son cerveau. Parmi les
scientifiques qui travaillent sur ce sujet, Michel Neunlist pense que ce
cerveau est même mal nommé car il serait le premier, système nerveux
entérique développé !

Le premier objectif des Qi Gong est de réactiver ce dan tian de base, tout
d’abord afin de bien centrer le corps, puisque c’est là que se trouve son centre
de gravité, mais aussi pour stocker l’énergie sans courir le risque de
surcharger la tête, ce qu’ont tendance à faire les débutants.

L’importance de ce dan tian est donc primordiale. L’idéogramme qui le


désigne veut dire « champ de cinabre». Autrement dit, c’est le lieu où se
cultive l’Immortalité.
On peut ressentir dans la pratique de la méditation ou des exercices de Qi
gong statiques, que ces trois zones sont en fait reliées entre elles d’un point
de vue énergétique. En effet, le bas dan tian, au niveau du bas entre est
« attiré » par le point le plus proche de la colonne vertébrale du milieu dan
tian qui lui-même est en lien avec le haut dan tian qui est en retrait du point
entre les sourcils à l’intérieur de la boite crânienne. Ces connexions se
produisent naturellement sous l’effet de l’alchimie corporelle au bout de
quelques années de pratique régulière.

La pratique de la méditation en particulier permet d’éveiller l’observation de


ces trois foyers et de les activer. On observera comment parfois, les débutants
ou certains pratiquants, trop sérieux, voulant bien faire, froncent les sourcils
ou le front en méditant, concentrant trop d’efforts pour pouvoir réellement
détendre l’Esprit.
Le Xing
Autre concept cardinal, le Xing est la forme, c’est à dire le corps et par
extension, la posture.

L’importance de la posture dans la pratique taoïste n’atteint sans doute pas le


même niveau que dans le Zazen, mais peut tout à fait être comparée à celle
qu’on lui accorde dans le Chan.

Tout comme dans le Bouddhisme chinois, il existe un certain nombre de


postures de base : debout, en marchant, assis ou couché, la plus fréquente
restant naturellement la posture assise.

Dans cette assise, éventuellement aidé d’un petit coussin, on croise les
jambes en lotus ou demi-lotus en plantant ses genoux dans le sol, on pousse
le bas du dos en arrière afin de ne pas risquer de se pencher en avant lorsque
la fatigue s’installe.

Bien sûr, il faut conserver le dos et la nuque droits, mais sans être raide. On
rentre le menton de telle sorte que naisse l’impression que le haut du crâne est
tiré vers le ciel, et l’on place, tout contre l’abdomen, sa main gauche dans sa
main droite, les paumes dirigées vers le haut, les pouces parfaitement
horizontaux et en contact l’un avec l’autre.

Les épaules restent basses, mais sans excès. Tout en restant calme,
l’expiration se fait la plus longue et profonde possible et provient du ventre.
Enfin, au-delà des postures statiques, reste ce qui constitue la majeure partie
des Qi Gong, les enchaînements, dont nous aborderons les aspects principaux
dans le chapitre suivant.

Dans notre pratique du Qi gong, nous avons une posture statique, un temps de
méditation et un temps de posture en mouvements. Lors de la méditation,
nous retrouvons les sensations de la posture statique.
Le qi gong "nei gong» est une forme intérieur qui a pour objectif de soigner
le corps par la simple circulation de l'énergie vers les organes. L’alchimie
corporelle « nettoye » les émotions qui parasitent le corps et l’esprit et
équilibre l’ensemble des énergies corporelles.
Les techniques
En commençant à les évoquer à travers les grands concepts qui y président,
nous avons vu que les Qi Gong comprenaient deux grands types d’exercices :
les statiques et les dynamiques.

Les techniques statiques sont :


les méditations assises,
le sourire intérieur,
la respiration consciente
les sons curatifs.

Les techniques dynamiques sont :


les enchaînements,
les massages.

Toutes n’ont évidemment d’autre objectif que de conscientiser l’énergie et sa


circulation, d’éliminer les blocages dus aux troubles du psychisme égocentré,
d’ouvrir les méridiens et de rétablir le fonctionnement optimal des circuits
énergétiques naturels.
Les méditations assises
Avec ce premier type de techniques, il s’agit essentiellement d’ouvrir l’orbite
microcosmique, c'est-à-dire la petite circulation céleste.

C’est le premier pas dans le rétablissement des circuits naturels du Qi. Il faut
prendre conscience de l’énergie et recommencer à la faire circuler dans deux
canaux. La posture assise en tailleur, en bloquant la circulation des jambes,
nous aide considérablement à amplifier la circulation dans les deux méridiens
du mai et ren mai, provoquant au passage des fourmis, de l’enkylose ou des
sensations parfois douloureuses dans les jambes.

le canal gouverneur du mai 督脉 : un méridien yang qui part du périnée


et remonte à l’arrière du corps le long de la colonne vertébrale puis se
dirige vers le sommet du crâne pour finir entre le nez à la bouche,

le canal de fonction ou vaisseau conception ren mai 任脉 : un méridien


yin qui descend à l’avant du corps du palais au périnée.

En réalisant cette circulation « céleste » et surtout en reliant les deux


méridiens au point de jonction la pointe de la langue montant toucher le
palais juste derrière les dents, on ressuscite cette « orbite microcosmique »
perdue depuis la plus tendre enfance… puisque c’était celle dont jouissaient
le fœtus et le nouveau-né !

Ce retour à l’énergie fabuleuse de la vie fœtale et de la prime enfance rétablit


à son tour l’équilibre Yin-Yang et, par la même occasion, l’équilibre
hormonal. Autant dire qu’il entraîne un très net accroissement de la vitalité et
de la santé.

Mais avant de maîtriser suffisamment le mental pour parvenir à ce résultat, il


est indispensable de cultiver une faculté qui fait défaut à la plupart d’entre
nous : l’attention.

Si vous avez lu «L’Ile» d’Aldous Huxley, sans doute vous souviendrez-vous


des mainates qui criaient constamment « Attention ! Attention !».

Et lorsque le personnage principal de ce roman demanda à ses hôtes


insulaires à quoi il fallait faire attention, ceux-ci lui répondirent, tout
naturellement :
« Attention à l’attention ».

C’est à cette attention que tous les Maîtres spirituels ont, depuis toujours,
convié l’humanité souffrante. Et c’est cette attention que les Maîtres taoïstes
nous apprennent à cultiver pour conscientiser l’énergie et sa circulation dans
le corps.
Un de mes professeurs, nous indique, grâce à un vieux « truc » de relaxation
consistant à opposer des antagonismes, comment distinguer la concentration
de l’attention.

Dans un premier temps, contractez puis relâchez alternativement tous vos


muscles afin d’expérimenter sensiblement la différence existante entre la
contraction et la relaxation.

Avec un peu de pratique, à la fin de chaque contraction, vous entrerez dans


un état de relâchement musculaire, donc de relaxation, de plus en plus
profond.

De la même manière, vous opposerez ensuite un état de concentration


volontaire à un état d’attention pure.

Commencez par vous concentrer fortement sur une idée précise puis, dès que
vous ressentirez de la fatigue, laissez courir vos pensées ; suivez-en
simplement le cours sans essayer d’agir sur elles.

En alternant plusieurs fois de suite, vous découvrirez vite que, dans la


concentration, une partie de votre conscience en contrôle une autre, et que
cette séparation détermine, à plus ou moins brève échéance, une opposition,
un conflit. Et cela signifie que l’effort de concentration est fatigant.

Par contre, la simple observation, sans jugement, du flux des pensées est
extraordinairement régénérante et riche d’enseignements.

Ici, l’observateur et l’observé ne s’opposent plus nécessairement. En cessant


de vous concentrer, vous entrerez de plus en plus complètement dans l’état
d’attention pure et ainsi parviendrez rapidement à rendre très concrets à vos
sens des réalités d’ordre énergétique qui restaient jusqu’alors pour vous des
notions totalement abstraites.

Voyons plus précisément comment.

On a déjà évoqué, dans le chapitre précédent, l’importance du dan tian,


autrement dit de la zone du nombril, dans la transformation et le stockage du
Qi.

A l’origine de la vie de chacun d’entre nous, c’est en effet grâce au cordon


ombilical que l’échange d’énergie et de substances nutritives s’opère entre le
nombril de la mère et celui du bébé.

Le nombril est donc bien le point de départ de la circulation de l’énergie


primordiale. Et il le demeure la vie durant.

Par conséquent, la première chose que nous devons apprendre à faire consiste
à projeter notre attention sur - ou plutôt « dans » - notre nombril. Pour cela, il
est conseillé de ne pas se fabriquer une image mentale de ce nombril ou de
n’importe quel point énergétique mais «au contraire de faire descendre le
mental dans cette région ».

Cela fait, il suffira d’agir de la même façon avec les autres points et circuits
énergétiques pour réveiller tous les centres des deux méridiens, les uns après
les autres, jusqu’au rétablissement de la petite circulation.

Celui-ci ne prendra d’ailleurs effet que grâce à une position très spéciale de la
langue qui sert en quelque sorte de commutateur entre le vaisseau conception
et le vaisseau gouverneur (ren mai et du mai).

Au début, naturellement, ce déblocage pourra provoquer quelques troubles et


l’énergie restera relativement faible pendant un certain temps ; mais avec la
pratique elle deviendra vite puissante et pourra être stockée en grande
quantité dans le dan tian.

Il ne restera plus, enfin, qu’à rétablir à son tour le grand cycle céleste
comprenant l’ensemble des méridiens alimentant le corps tout entier en
énergie.
Le sourire intérieur
C’est indiscutablement là l’exercice de relaxation et de Qi gong le plus
poétique et le plus agréable qui soit.

Le sourire intérieur se pratique assis, le dos droit et détendu, les fesses sur le
rebord d’une chaise, les pieds plaqués contre le sol, la paume de la main
droite sur celle de la main gauche et la tête très légèrement penchée en avant.

C’est très simple : détendez-vous, fermez les yeux et souriez à travers eux.

Remplissez vos yeux d’amour et faites rayonner cet amour par vos yeux
fermés doucement sans serrer les paupières qui parfois s’entrouvrent par la
détente. Lorsque ceux-ci auront atteint une plénitude d’amour, laissez-la se
déverser en pluie sur votre visage et faites entrer le sourire énergétique dans
vos mâchoires.

Puis collez la langue contre le palais et souriez par la langue.

Rien n’est plus agréable. Cela picote doucement et cela calme


merveilleusement.

Pour la nuque qui est, chez la plupart d’entre nous, le siège de tensions
excessives, il convient d’être plus diplomate : rentrez le menton dans la
poitrine en raidissant les muscles de votre nuque, puis détendez-les
progressivement en y répandant le sourire. Souriez avec les yeux, car ceux-ci
ont des muscles oculaires qui sont en lien avec les muscles de la nuque.

Continuez calmement, remplissez votre cœur d’amour et que cet amour


déborde et remplisse vos poumons qui sourient à leur tour, expirant et
inspirant l’amour.

Envoyez le sourire au foie, aux reins, dans tout votre abdomen, puis
concentrez-le enfin dans votre nombril où vous l’immobiliserez.

A ce moment, il vous faudra impérativement accumuler l’énergie dans le


nombril.
Toute votre attention séjournant dans cette région, faites décrire à l’énergie
24 spirales autour du nombril, une fois dans un sens et une seconde dans
l’autre sens.

Vous commencerez la première rotation dans le sens des aiguilles d’une


montre puis inversement.

Il existe deux autres parcours possibles du sourire interne, toujours partant


des yeux fermés et arrivant au nombril où il s’accumulera grâce à la double
rotation en spirale :

Bouche, œsophage, estomac, intestins, rectum. Il convient dans ce parcours


d’accumuler de la salive, au départ, puis de l’absorber et de suivre son
cheminement ;

Langue, vertèbres cervicales, dorsales, lombaires, sacrées, coccyx.


Portez attention à vos organes et ils vous souriront. Et n’oubliez jamais que
l’attention, c’est le Qi gong lui-même. Et que, par conséquent, le Qi gong est
un sourire. Le Sourire Universel.
La respiration consciente
On sait à quel point la respiration et la spiritualité sont liées. On sait aussi,
dans le même ordre d’idées, qu’une bonne respiration calme le mental, alors
qu’une respiration dysfonctionnelle favorise toutes les névroses et les
stagnations.

Aussi n’est-il pas difficile de comprendre que la respiration peut être la


meilleure amie du Qi… ou son pire ennemi lorsqu’elle n’est pas libre.

Voilà pourquoi il est impératif que cette respiration, si cruciale, parvienne


jusqu’au Dan tian et qu’elle devienne consciemment une respiration
énergétique.

Les exercices de respiration consciente des Qi gong, qui se pratiquent assis,


debout ou couché, et s’inscrivent à mi-chemin entre les techniques statiques
et les dynamiques, tendent donc, dans un premier temps, à restituer une
respiration abdominale naturelle puis, comme l’écrivait Zhang San Feng, un
Taoïste du 6ème siècle, «à relier mon organisme très limité à l’énergie sans
limite du Ciel et de la Terre».

Insistons toutefois sur le fait que cette respiration doit rester naturelle. Il ne
s’agit surtout pas de forcer quoi que ce soit. Le but est d’installer
progressivement une respiration calme et consciente dans le bassin ou, pour
être plus précis, de réaliser une synergie entre la respiration abdominale
attentive et le calme mental.

En fait, c’est l’agitation du mental qui empêche la respiration abdominale.


Sans cela, la respiration s’installerait spontanément dans le ventre. Il suffit
donc de calmer le mental, en l’occurrence par l’écoute attentive du bassin, et,
en rétablissant ainsi une respiration abdominale naturelle, de calmer encore
plus le mental. La boucle est bouclée !

Sur cette base, les exercices proposés vont évidemment jouer sur les
mouvements d’inspiration et d’expiration, ainsi que sur les sensations, mais
toujours surtout sur la conscientisation de la respiration, ainsi que sur la
circulation et l’accumulation du Qi.
Et tout cela en veillant bien à ne jamais forcer, à ne jamais provoquer de
contractions musculaires où que ce soit dans le corps.

Au-delà, il existe encore toutes sortes de techniques respiratoires dans


lesquelles l’énergie sera manipulée de manière plus spécifique.

La fameuse « respiration des six portes », par exemple, consiste à inspirer le


Qi par les pieds, les mains, l’anus et la bouche, en synchronisation avec la
respiration. On peut aussi, après des années de pratique, respirer par la peau.
Alors les poils se hérissent sur la peau montrant que la peau peut respirer par
les pores.

Ce sont, en fait, autant de méthodes très utiles pour se préparer à la


méditation taoïste et notamment à l’ouverture de la petite circulation.

Mais, dans le but de vous offrir un petit échantillon de ces méthodes,


simplement utilisable par un débutant, je voudrais plutôt vous présenter une
espèce de relaxation, facile à mettre en pratique et néanmoins fort efficace.

Elle a été remise à jour par le Docteur Stephen Thomas Chang et se nomme «
respiration des os ».

Les yeux fermés, allongé sur le dos, pieds écartés, mains tournées vers le
haut, laissez votre corps devenir lourd, très lourd et votre respiration se
calmer totalement.

L’exercice consiste, l’attention portée sur votre respiration, à utiliser votre


imagination pour vous purifier de vos tensions.

Commencez ainsi : à chaque expiration, projetez hors de vous, en


imagination, toutes vos toxines.

Une fois que cette image s’est bien installée en vous et que vous ressentez les
premiers bienfaits, imaginez, à chaque inspiration, que l’air pénètre dans vos
poumons, en passant par les os d’une de vos jambes, puis de l’autre et expirez
par la même voie, en expulsant, à chaque fois, un maximum d’impuretés.
Faites-le plusieurs fois, puis passez aux bras, en faisant monter, cette fois-ci,
de l’air pur jusqu’à votre tête, permettant un nettoyage semblable de votre
cerveau.

Finissez en respirant par tous les os du corps simultanément, et reprenez


après cela, vos activités, reposé et régénéré.

Dans la majorité de l’apprentissage que j’ai suivi, il est clairement spécifié de


laisser la respiration s’installer naturellement et de juste l’observer. A un
moment donné, cette respiration va se modifier. Comme on l’observe
régulièrement, on s’en rendra compte ! La respiration inversée se met en
place alors que l’abdomen se gonfle sur l’expiration et se dégonfle sur
l’inspiration mais il n’est pas souhaitable d’installer cette respiration de façon
mécanique car cela créerait des déséquilibres difficiles à rétablir. Il suffit de
faire confiance, la pratique régulière verra se mettre en place naturellement
une respiration, dite inversée.

De la même façon, la pratique ralentit la respiration qui devient plus lente. En


moyenne, une personne respire entre 12 et 20 respirations par minute alors
qu’un pratiquant de Qi gong expérimenté respire entre 2 à 4 fois par minute.
Là aussi, rien à faire, juste observer… la respiration se modifiera au fur et à
mesure de la pratique, naturellement pour s’amplifier et prendre un nouveau
rythme.

Le Dr Sun Lei propose une méditation avec une respiration permettant de


relâcher les tensions musculaires. Son objectif est double, offrir un sujet en
mouvement, une action à faire basée sur la relaxation musculaire et suivant sa
respiration. On relâche une zone sur l’expiration.

En faisant cet exercice méditatif, on apprend progressivement à relâcher


l’ensemble des muscles indépendamment les uns des autres et donc à
conscientiser différentes parties du corps, on mobilise son intention, le Yi sur
des points d’acupuncture précis et on observe sa respiration, sans la modifier
mais en la suivant.

Laissez-moi vous présenter cet exercice plus en détail !


Méditation du Dr Sun Lei : D'abord, laissons-nous ajuster la posture du
corps : prendre position assise, assis sur un tiers du coussin, gardez votre
corps droit. Vous pouvez également utiliser la posture couchée, détendre
tout le corps. Maintenant commencer à régler la respiration, d'abord faites
trois respirations profondes, pensez juste à la respiration, expirez, inspirez,
expirez, inspirez, expirez, puis revenez à une respiration naturelle, laissons
notre respiration devenir calme.
Maintenant ajustons notre humeur : ajuster notre humeur à un état détendu
de paix. Réjouissons-nous du temps de relaxation.

Nous commençons maintenant la pratique de méditation "fangsonggong",


suivez mes indications à sentir chaque partie du corps, et assouplissez ces
zones en les relâchant sur chaque expiration.

La première ligne : les deux côtés de la tête - les deux côtés du cou - deux
épaules - deux parties supérieures des bras - deux coudes - deux avant-bras -
deux poignets - deux paumes - dix doigts. Enfin mettre votre intention en
douceur sur la pointe du majeur (au point Zhongchong 中衝 point « jing »
du méridien triple réchauffeur 9MC) et restez une minute.

Deuxième ligne : visage - devant du cou - poitrine- abdomen- les deux


devant de cuisses-deux genoux-deux devant de tibia- deux chevilles-deux
dessus de pieds-dix orteils. Puis placer l'intention sur le gros orteil (au point
dadun 大敦 méridien du foie F1), restez une minute.

Troisième ligne : occiput, l'arrière du crâne-la nuque-le dos-la taille-les


deux muscles ischio fessiers-les deux muscles jambiers-le pli poplité des
genoux-les deux mollets-les deux talons- les deux dessous de pieds- mettre
en douceur l'intention sous le pied au milieu du premier tiers du pied (au
point yong quan 涌泉 sur le méridien du rein 1R) et garder un temps de
repos d'une minute.

Maintenant, mettre notre intention sur dan tian, au niveau du nombril,


environ trois doigts sous le nombril prendre une minute. Maintenant, nous
terminons la pratique : ouvrir les yeux lentement, frottez vos mains l'une
contre l'autre, soufflez et frottez votre visage le long du nez jusqu'au front,
frottez le long de la joue et recommencer six fois... Expirer, inspirer...
Peignez vos cheveux avec les doigts, neuf fois, maintenant, posez vos mains
sur le ventre, la zone dan tian : la main gauche dessous pour les hommes, la
main droite dessous pour les femmes, massez dans le sens des aiguilles
d'une montre six fois, dans le sens contraire six fois. Enfin, gardons cette
ambiance harmonieuse dans la vie et que cette paix vous apporte de la
douceur toute la journée et dans les jours à venir.
Les sons curatifs
Le son est un élément essentiel dans les pratiques spirituelles du monde entier
depuis l’époque des psalmodies chamaniques jusqu’aux mantras indiens, aux
chants grégoriens ou au chant harmonique des moines de la Haute-Asie.

La plupart des cosmogonies traditionnelles mentionnent d’ailleurs le son, la


vibration, comme étant au début de l’univers. « Au commencement était le
Verbe » nous dit l’Evangile. Et la « théorie des cordes » de nos physiciens
modernes ne vient pas démentir la chose.

Mais on se doute bien que ce son, entendu comme vibration primordiale, ne


se borne pas aux caractéristiques de hauteur, d'intensité et de timbre des sons
étudiés par la physique.

Le son-vibration primordial, le Verbe du commencement, est un souffle,


spiritus. C’est le Qi !

Aussi, comprenons que si le son produit par un synthétiseur est bel et bien
une vibration transmise par l’air et reçue par l’oreille, il n’en possède pas
pour autant le Qi inhérent à tout son émis par un être vivant.

Et comprenons, a fortiori, que les techniques de manipulation du Qi, comme


celles des Qi Gong, permettent d’introduire, en plus, une énergie gigantesque
dans les sons.

De tels sons deviennent alors des véhicules du Qi d'une efficacité étonnante


puisqu’il est possible d’atteindre le moindre recoin de son corps, de le faire
vibrer, de capter le Qi… et de réaliser de cette façon une profonde
purification énergétique et physiologique.

Le son porteur de Qi va jusqu’à produire des effets physiques observables


dans la matière inerte.
Quant à l’être vivant, il l’influence si profondément qu’il peut aussi lui
nuire… ou même le tuer.

Tout le monde connaît « le cri qui tue » sous le nom japonais de «Kiaï». Cela
n’est pas une légende ! Il est en effet possible de concentrer et d’accumuler
une énergie telle qu'un simple cri provoque la mort. Mais le Kiaï est aussi
utilisé comme technique de réanimation pour remettre un cœur en marche.

Comment cela est-il possible ?

Il faut bien évidemment de nombreuses années de pratique avant de parvenir


à maîtriser ce Kiaï, mais le « secret » à la base d’une aussi extraordinaire
maîtrise reste celui dont nous avons déjà parlé à maintes reprises :
l’accumulation de Qi dans le Dantian.

Cela dit, on se doute bien qu’il ne suffit pas d’avoir stocké du Qi pour
appliquer les techniques des six sons curatifs, qui sont tout de même un peu
différentes du Kiaï. Notre intérêt ne se focalise pas sur le « Qi qui tue » mais
bel et bien sur le Qi qui va nous aider à être en bonne santé, à la maintenir ou
la retrouver.

Ces sons reposent sur les cinq éléments : bois, feu, terre, métal et eau. Alors,
pourquoi six sons, dans ce cas ? Eh bien parce qu’ici la terre est en quelque
sorte double, à la fois « terre du ciel» et «ciel de la terre».

On l’a vu, les cinq éléments sont reliés à des organes et des viscères creux,
mais aussi, bien sûr, à des sons.

On a donc cinq sons pour cinq éléments, et, dans certaines écoles - puisque la
terre est double - un sixième son en rapport avec le méridien des trois
réchauffeurs.

Plus précisément, cet élément terre est à la fois enraciné au niveau de la rate
et dans le méridien trois réchauffeur.

En règle générale, la gamme pentatonique chinoise se compose seulement


de : fa, do, sol, ré, la, développés selon différents modes musicaux.

Quant au sixième son, il est supposé ne pas avoir de note correspondante.

D’ailleurs, dans la pratique, ces expirations sonorisées ne demandent pas


nécessairement une note particulière.

Quand on émet ces souffles, c’est moins pour chanter que pour se purifier des
« souffles morts » au niveau des poumons, de la rate, des reins, etc. Et les
notes de musiques n’ont finalement d’autre utilité qu’au plan du rituel.

En réalité, plutôt que des notes, la Tradition taoïste nous propose douze « Liu
», correspondant aux demi-tons.

La légende nous dit qu’un ministre chargé de la musique se rendit dans une
province de Chine particulièrement boisée où il coupa des bambous de
différentes tailles.

Deux Phoenix apparurent alors. Un mâle et une femelle. Chacun émit six
sons ; et en comparant ces douze sons avec ceux que produisaient les
bambous, le ministre constata qu’ils étaient identiques. Il s’agissait de : fa, fa
dièse, sol, sol dièse... jusqu'à mi.

La première note, qui revient le plus souvent, est le fa du second octave du


piano.
Ce premier son, Houang zhong 黄 钟 qui veut dire
« cloche jaune » et se trouve être également le nom de la fameuse région où
le ministre a trouvé les bambous et où il fit couler douze cloches reproduisant
chacun de ces sons.

Mais pourquoi était-on si satisfait d’avoir découvert ces douze sons ? Parce
qu’ils sont en rapport avec les méridiens, avec la circulation de l’énergie
vitale et avec notre horloge interne.

Avec l’horloge interne car le chant des douze sons permet notamment
d’expirer les souffles en respectant les heures du corps. Par exemple, pour un
problème respiratoire on choisit le son des poumons, le sol, et on l’émet entre
trois et cinq heures.

Toutefois, les différentes écoles ne sont pas toujours d’accord avec la


répartition de ces douze sons. De toute façon, bien souvent on n’en utilise que
cinq, correspondant aux organes :
Hsu : Foie
Kho : Cœur
Hou : Rate
Shi : Poumon
Tchui : Rein

Ce à quoi l’on ajoute, quelquefois, un sixième : Chi, correspondant au


méridien Triple réchauffeur.

A l’institut de recherches de Qi gong de Shanghai, les médecins chinois ont


fait des recherches sur l’impact des sons sur la vibration des organes et on
définit des sons plus propices à la bonne vibration et donc au bon
fonctionnement des organes.

Ainsi pour le qi gong des six sons de l’institut de recherches de Qi Gong de


Shanghai, le Dr Sun Lei nous a enseigné et documente la pratique des sons
suivants associés aux mouvements du LiuZiJue (wu yin Liuzi jue 吴音六字
诀 ) dans son livre
Posture de départ (trois mouvements permettent d’être détendu et tranquille)
起势松静三调 et se pratiquent sans son.
Mouvement 1 Foie son Xu 第一 起 肝 若虚 时 目瞪 静
Mouvement 2 Coeur / son He 第二起心呵顶上连叉手
Mouvement 3 Rate / son Hu 第三 起 脾病 呼 时 须 撮口
Mouvemt 4 Poumon son Hei 第四 起 肺 和 呬 气 手 双 擎
Mouvement 5 Rein / son Chui 第五 起 肾 吹 抱 取 膝

Il est aussi possible d’associer des mouvements et des visualisations à ces


sons. Par exemple, si l’on émet le son correspondant au printemps, on
visualisera le souffle du vent dans les branches, la forêt de pin bercée par le
vent ; pour l’été, l’éclatement de la fleur rouge, le feu du brasier ; pour la
saison intermédiaire, ce sera le son de la plaine avant l’orage, le parfum de la
mangue et du pamplemousse ; pour l’automne, l’épée qui fend la soie...

Enfin on peut non seulement associer, par exemple, une visualisation de la


vessie ou des reins à l’émission du son chui - qui donne une idée
d’élimination - mais également y superposer l’image de la pluie qui tombe
sur les toits d’ardoises, ou de la neige qui recouvre des racines.

Si, autre exemple, on travaille sur le recentrage dans le Dantian et que l’on
veuille obtenir un effet sur le transit intestinal, on modèlera l’énergie à ce
niveau et l’on associera des sons d’enracinement, dans les fréquences graves.

Inutile de dire que si l’on a appelé cette technique « les six sons curatifs »,
c’est qu’elle a des effets plus spécifiquement thérapeutiques que les autres
exercices de Qi gong. En effet, chaque mouvement de cette forme est lié à
deux méridiens (organe plein et organe creux associé comme le Foie et la
Vésicule biliaire, ou le cœur et le maitre cœur, par exemple). Ainsi
l’ensemble des six mouvements, permet de travailler les douze méridiens
principaux. Chaque mouvement est également associé à une émotion
particulière.
Le foie à la colère, le cœur à la joie, la rate au souci, le poumon à la tristesse,
le rein à la peur, en accord avec la médecine traditionnelle chinoise. Pour
approfondir cette association, on travaillera chaque mouvement en pensant à
l’émotion dans toute sa dimension. Par exemple, on fera le mouvement du
Foie en pensant à la colère sur l’expiration et l’ouverture du mouvement, et
en pensant au courage en fermant le mouvement et en inspirant.
Ainsi chaque émotion se gradue de son côté négatif à son côté le plus positif
et pur.
La colère du foie devenant courage puis bravoure jusqu’à l’héroïsme.
Le souci géré par la rate deviendra l’évitement puis la tranquillité jusqu’à la
paix.
La tristesse gérée par le poumon deviendra la morosité puis l’empathie pour
se faire compassion.
La terreur passera par la peur puis le respect, l’honneur pour vénérer.
Enfin l’hystérie deviendra joie gérée par le cœur pour devenir l’enthousiasme
puis le bonheur et enfin l’amour.
Ainsi les six sons permettront de travailler à la fois sur la colère, la joie, le
souci, la tristesse et la peur mais aussi sur leurs composantes les plus
positives pour nous aider à cultiver en nous l’héroïsme, l’amour, la paix, la
compassion et la révérence.

Cette forme de Qi Gong pratiquée de cette façon est donc intensément


profonde et permet à la fois de travailler sur les organes et les émotions dans
leurs dimensions de négatives à positives mais également sur les douze
méridiens. Un véritable travail de développement personnel en profondeur au
profit de la santé et de l’épanouissement intérieur.
Les postures et enchaînements
Après les postures assises dédiées à la méditation sur l’énergie étudiées plus
haut, ce sont évidemment les postures debout et les enchaînements qui
constituent l’essentiel des Qi Gong.

Avant d’aborder les enchaînements, on commence généralement par une


position de départ, simplement avec les pieds rassemblés, les jambes et le dos
bien droits, les épaules et les bras détendus et les yeux fermés.

Bien entendu, on ne se contente pas de rester tout bonnement debout, mais on


s’efforce « sans effort», subtilement, de se relaxer le plus possible et de bien
faire reposer le poids du corps dans le Dantian.

Idéale pour éviter la fatigue et même se recharger en énergie lorsqu’on est


contraint de conserver un certain temps la position debout, cette posture
constitue aussi une bonne entrée en matière.

Cette posture, extrêmement classique, est appelée «Zhan Zhuang» 导 引 .


C’est la posture de l’arbre. Elle est en elle-même suffisante pour détendre
profondément le corps et permettre une grande concentration mentale.

Elle se pratique en écartant parallèlement les pieds d’un espace équivalent à


la largeur des épaules, en fléchissant légèrement les genoux, en relâchant le
bassin, en rentrant la poitrine, dos détendu, épaules abaissées, coudes écartés
et tournés vers le bas comme si on « embrassait un arbre », poignets relâchés
et menton reculé.

Cette posture de base n’est évidemment pas aussi facile à bien réaliser qu’il
pourrait y paraître, et il convient donc de l’aborder très progressivement, en
augmentant un peu chaque jour la durée de la séance.

Au final elle devra se poursuivre pendant une vingtaine de minutes.

Cette posture sert indifféremment d’assise à la méditation, à la visualisation


des centres énergétiques, à l’ouverture de la petite ou de la grande circulation
céleste, à l’emploi des six sons curatifs, etc.
Les Qi Gong comptent naturellement de très nombreuses autres postures et
celles-ci s’enchaînent entre elles selon des protocoles bien établis.

Très traditionnellement, surtout lorsqu’il était question de pratique médicale


ou initiatique, le maître adaptait son enseignement à chaque disciple, en lui
donnant des séries de mouvements spécifiques, ou des mouvements basés sur
un des cinq éléments.

Dans ce cadre traditionnel, après avoir déterminé le profil énergétique du


disciple, le maître pouvait le diriger dans une direction ou dans une autre, soit
en tentant d’éveiller son esprit, soit en favorisant ses défenses
d’insensibilité…

On peut ainsi pratiquer une première position selon les cinq éléments, tels
que nous l’enseigne le Dr Sun Lei (livre à paraitre).
Le Zhanzhuang des Cinq Eléments 导引五行桩 est un ensemble de six
positions debout qui suivent les changements du Yin et du Yang selon le
cycle d’engendrement des cinq éléments ; ces positions s’appuient sur les
principes de la posture debout du qigong médical.
Le Zhanzhuang des Cinq Eléments inclut cinq positions : position de la Terre,
position du métal, position de l’eau, position du bois et position du feu puis
sur une position Terre qui inclut toutes les autres. Chacune correspond à une
dynamique particulière du qi qui peuvent être réparties ainsi : équilibre ( 中 ),
fermeture/contraction ( 合 ), ouverture ( 开 ), monté ( 升 ) et descente ( 降 ),
et concentration/intégration.
Les positions du Zhangzhuang des Cinq Eléments passent de l’une à l’autre
en suivant le cycle d’engendrement : la terre engendre le métal, le métal
enrichit l’eau, l’eau nourrit le bois, le bois alimente, le feu, le feu crée la terre.
Citons, entre autres, les 6 formes de Qi Gong de santé tels que les fameuses «
Huit pièces de brocart » (Ba Duan Jin 八段 锦 ) du Général Yue Fei ; le «Jeu
des cinq animaux» (Wu Qin Xi 五禽 戏 ) de l’école Hua Tuo ; la
«Transformation des muscles et la purification de la moelle » (Yi Jin Jing 易
筋 经 ) l’ancètre du ba duan jin ; « Le retour au printemps » Huichungong 回
春 功  méthode d’entretien de la santé pour harmoniser le système
hormonal ou encore le Nei Yan Gong 内养功 , « qi gong pour nourrir
l’intérieur » de l’hôpital de Bei Dai He, ou encore les Six sons Liu Zi Jue 六
字诀.

Tous ces enchaînements sont autant de Qi Gong extrêmement efficaces pour


stimuler l’énergie, assurer la forme physique et la sérénité mentale.
Les massages
Comme les autres exercices, les massages du Qi Gong ont pour but principal
de travailler sur l’énergie, autrement dit sur le Qi.

La tête étant considérée comme le centre de l’être, puisque c’est là que réside
l’esprit, tout automassage Qi Gong commencera par la tête. Ce sera donc ce
type d’auto- massages que nous prendrons ici comme exemple.

Le massage Qi Gong de la tête permet de relaxer l’esprit, mais aussi, bien sûr,
d’accroître la circulation du Qi et, par la même occasion, d’assurer la santé
des yeux et des oreilles.

Mais il va sans dire que tout massage de la tête passe nécessairement par un
massage de la nuque, constituant même la toute première étape pour favoriser
la libre circulation de l’énergie.

Avant de démarrer, on se frotte les mains l’une contre l’autre comme pour les
chauffer.

Premier massage

Cet exercice présente l’avantage de pouvoir harmoniser le Qi superficiel et de


favoriser la circulation sanguine de la tête.

On commence par un massage circulaire de l’arête du nez, en utilisant les


majeurs.

On frotte ensuite en remontant vers le front. On utilise les paumes des mains
en allant jusqu’au sommet de la tête puis vers la nuque.

Le massage se termine en finissant vers les côtés. Mais on répète la séquence


une dizaine de fois avant de passer à la suivante.

Deuxième massage
Plus profond et plus régionalisé au visage, ce deuxième massage favorise, lui
aussi, la circulation et de l’énergie.
Il commence par une reprise des mêmes mouvements circulaires sur l’arête
du nez qu’au début du premier exercice, mais répétés cinq fois de suite.

Puis on frotte en remontant vers le milieu du front. Immédiatement après, on


frottera les côtés du front à l’aide des index et des majeurs.

Ensuite on fera quelques tours au niveau des tempes et on descendra, toujours


en frottant, vers les mâchoires.

Enfin on terminera l’exercice dans la région du menton. Afin de bien


stabiliser les mains, il est recommandé de reposer les pouces sur la mâchoire.
On répètera également cet exercice une dizaine de fois.

Troisième massage

Plus particulièrement bénéfique à la bonne circulation du Qi et du sang


autour des yeux, ce troisième massage a pour but de les maintenir dans une
santé optimale.

Il commence une fois de plus par le massage de l’arête du nez en


mouvements circulaires répétés cinq fois, puis passe, immédiatement après, à
des mouvements circulaires des paupières fermées à l’aide des index et des
majeurs.

On frotte ensuite du centre vers les côtés des yeux, puis on descend jusqu’aux
mâchoires. Toujours afin de stabiliser les gestes, on disposera les pouces sous
la mâchoire.

Cette première partie du massage est à répéter une dizaine de fois.


La seconde partie utilise les paumes des mains, et plus exactement leur base,
que l’on placera sur les yeux après les avoir frottées vigoureusement l’une
contre l’autre pour les réchauffer et stimuler le Qi.

Quatrième massage
Souvent le siège d’une tension excessive, la tête et, par extension, le
fonctionnement des oreilles, retrouveront leur équilibre grâce à cet exercice.

Pour le pratiquer, il suffit de presser doucement l’avant de l’oreille avec


l’index puis de frotter tout autour en passant par le haut puis l’arrière, et en
terminant par les côtés du cou.

Après avoir répété cette première phase de l’exercice cinq fois, on fera
tourner les paumes des mains sur les oreilles cinq fois dans chaque sens.

Enfin, on pressera fortement les oreilles, toujours avec les paumes, puis on
relâchera rapidement.

Cinquième massage

Ce cinquième et dernier massage guide le Qi de la nuque vers le bas. Pour


bien le pratiquer, il faut avant tout pencher légèrement la tête vers l’arrière
afin de détendre les muscles du cou.

On débute l’exercice en pressant la base du crâne à l’aide des pouces et en les


descendant le long des muscles entourant les vertèbres cervicales.

Après avoir répété cet exercice une dizaine de fois, on frottera les muscles de
la nuque avec la main droite une dizaine de fois, puis avec la main gauche un
même nombre de fois.
Enfin, on terminera l’exercice en pinçant légèrement les muscles des épaules
et en les frottant avec les doigts.

L’ensemble de ces massages devra se terminer par une dizaine de rotations de


la tête dans chaque sens, sans aller trop en arrière, afin de relaxer
parfaitement la tête et la nuque.

En Chine, bon nombre de ces automassages sont encore aujourd’hui


enseignés aux enfants dans les écoles. Ainsi en grandissant, ils continuent à
les pratiquer naturellement. Cela est intégré à la vie quotidienne et permet
d’agir pour le bon maintien de la santé.
Qi Gong et santé
Si l’origine des Qi Gong, au temps du Dao Yin, était indéniablement
spirituelle, par la suite une partie de ses techniques a évidemment été
récupérée pour des motifs plus médicaux.

Certains médecins se sont rendu compte que ces exercices permettaient de


traiter de nombreuses affections. Le fameux chirurgien Wato, par exemple,
qui, en 220 après JC, avait créé une méthode basée sur le jeu zoomorphe des
cinq animaux, traitait par les Qi Gong les patients qu’il avait opéré.

En Chine, Wato est considéré comme un très grand médecin puisqu’il fut
l’inventeur de l’anesthésie. Ainsi, il anesthésiait ses patients avant de les
opérer. Puis, après l’opération, afin de les ramener à la santé et à la vitalité, il
leur faisait pratiquer le jeu des cinq animaux avec les mouvements du tigre,
de l’ours, du singe, du cerf et du héron.

Depuis, la pratique des Qi gong fut systématiquement prescrite par des


médecins et il était devenu pratiquement impossible de séparer le domaine
strictement gymnique des applications médicales.

Mais il faut comprendre que les exercices du Dao Yin, au début prévus pour
des Taoïstes qui employaient le plus clair de leur temps à entretenir la Voie,
étaient constitués d’enchaînements assez longs, qui prenaient des heures.

Ainsi avaient-ils un puissant effet thérapeutique ; d’autant que chaque Maître,


chaque école, possédait ses propres enchaînements destinés à faire travailler
l’énergie d’une certaine manière, ou à stimuler certains groupes de muscles, à
mobiliser certaines articulations, ou encore à soutenir les transmutations
énergétiques visant à la spiritualisation… et tout cela en fonction de ce dont
le disciple avait besoin.

Mais, peu à peu, à cause des mutations politiques, économiques et sociales


que la Chine a vécues, et surtout à cause de l’exportation des Qi gong en
Occident – coup de grâce –, ces pratiques ont été coupées de leur fonds
traditionnel ; et les longs enchaînements, si efficaces tant aux plans spirituels
que médical, ont été souvent restreints pratiquement jusqu’à des postures.

Il reste aujourd’hui suffisamment de potentiel au Qi gong pour assurer à ses


pratiquants bien-être et prévention des maux, à condition de revenir aux
traditions chinoises de la pratique avec à la fois de la méditation, de la
position statique et des enchaînements de qi gong de santé.

En Chine, où il est assez mal vu de parler de Taoïsme et où, comme en


France, toute pratique traditionnelle intégrant une initiation et une
transmission de Maître à disciple est vite confondue avec une pratique
sectaire, les Qi Gong sont donc devenus des sports pour l’éducation des
masses laborieuses ou, en compagnie de l’acupuncture (qui fait elle aussi
partie intégrante de la médecine traditionnelle chinoise), une pratique
médicale contribuant à entretenir la santé du peuple.

Le professeur Chamfrault, un des pionniers de l’acupuncture, expliquait à ce


propos qu’un Taoïste, par le biais de la pratique, parvient au même résultat
qu’un acupuncteur avec des aiguilles.

Et il est un fait qu’en Chine plusieurs instituts médicaux utilisent les Qi Gong
pour le traitement de pathologies graves, mais bien sûr dans le cadre d’un
suivi médical, exactement comme pour les plantes médicinales.

En France, j’observe que des idées fausses circulent comme « il faudrait


pratiquer douze heures par jour pour guérir » donc, on ne peut plus utiliser le
Qi gong comme le faisait les chinois autrefois.
Or, en vivant à Shanghai pendant cinq ans, j’ai eu l’opportunité de travailler
à l’institut de recherches de Qi gong de Shanghai. Dans cet institut, de
nombreuses recherches sont menées et des groupes d’études auxquelles j’ai
pu participer prouvent l’efficacité d’une pratique quotidienne. Par exemple
pour les problèmes d’insomnie chronique, une pratique d’une trentaine de
minute par jour de la première position zhan zhuang associé à quelques
exercices en mouvement, ont permis aux personnes du groupe de réduire ou
d’arrêter les médicaments de type somnifère après seulement trois mois de Qi
gong quotidien, sans avoir eu de pratique préalable.
J’ai également participer à la formation au Qi Gong de patients atteint d’un
cancer du poumon pour lesquels les temps de récupération ont été plus
rapides, les rechutes ont été moins nombreuses que ne le montrent les
statistiques habituelles.

Par conséquent, les affections légères sont soignées par des Qi Gong faciles.
En revanche, les maladies installées de longue date nécessitent un autre
traitement associé au Qi gong.

Dans le traitement du cancer, par exemple, les Qi Gong sont utilisés


parallèlement à la chimiothérapie et à la médecine chinoise habituelle.

Beaucoup de pratiquants disent d’ailleurs avoir vu disparaître certains effets


secondaires des chimiothérapies ou des rayons grâce à ces exercices. Il
semble donc possible, grâce à eux, de mieux maîtriser la circulation
corporelle et de régénérer plus vite les tissus.

En France, où la rupture avec la Tradition est naturellement plus prononcée,


la valeur thérapeutique des Qi gong ne dépend plus que de la personnalité et
de la sensibilité de l’enseignant, ainsi bien sûr que de son orientation vers tel
ou tel type de pratique. Tout dernièrement, dans un documentaire paru
sur France5, « se soigner autrement », le Professeur Alain BAUMELOU,
néphrologue à l’hôpital de La Salpétrière, explique « quand vous posez la
question à un étudiant en médecine, pour lui il n’existe qu’une médecine,
c’est la médecine conventionnelle ! On ne sait pas l’appeler d’ailleurs, il n’y
a qu'une seule médecine, c’est la médecine qui a la réflexion cartésienne
pour base, c’est ce qu’on appelle la médecine occidentale, la bio-médicine et
ils sont totalement imperméables au fait qu’il y a quand même sur cette
terre quatre milliards d’individus qui ne sont pas du tout soignés par cette
médecine-là mais par d’autres médecines. ». Il pose cette question : « est-ce
que la vie d’un individu se réduit à la mortalité ou à la morbidité ? » ; et de
poursuivre « est-ce qu’il ne faut pas prendre plus en compte dans les essais
cliniques, le bien-être, la qualité de vie, l’absence de symptômes que nous ne
l’avons fait ? ». La notion de COMPLEMENTARITE qu’il faudrait instituer
entre ces médecines s’immisce peu à peu, devient de plus en plus une réalité
qui filtre entre ces différentes pratiques pour mettre fin au dogme, puisque
c’est bien l’intérêt du patient qui prime et non pas le fait que telle médecine
serait supérieure (ou pas) à telle autre.
En Chine, ces médecines cohabitent. Elles se combinent. A l’hopital, on peut
voir le service des plantes médicinales en face du radiologue ou
l’accupuncture face au service de médecine générale ou encore les ventouses
face au laboratoire d’analuse. Il n’y a pas de compétition ou de médecine
douce ou de vraie médecine, il y a une complémentarité qui semble
naturellement évidente.
En France, on dirait que l’on craint l’intégration, comme si cela ne serait pas
une très bonne chose, car cela présente le risque de perdre les « reliefs » qui
différencient et singularisent ces pratiques de la biomédecine. Chacune ayant
ses qualités, son histoire, ses concepts et ses méthodes.
En Europe, le cancre, c’est la France ! Quand on sait qu’en Grande Bretagne
la médecine chinoise est reconnue depuis 1984 sous la condition de ne
pratiquer ni la pédiatrie ni la cancérologie, en Allemagne, la pratique de la
médecine est libre, et la médecine chinoise est à l’hôpital depuis de longues
années. Dans les pays scandinaves, elle se pratique sans que cela ne pose de
problème aux médecins de bio-médecine
J’ai vu à Shanghai, des personnes ayant suivi une formation à plein temps
pendant des mois, obtenir une autorisation d’exercer en tant qu’acupuncteur
en Chine mais ne plus pouvoir à leur retour en France car il n’était à l’origine
pas médecin. Mais la médecine chinoise elle aussi permet de poser un
diagnostic et le médecin de MTC connait aussi la limite de sa pratique et peut
orienter le patient vers un généraliste ou un spécialiste au besoin.

Chez nous, pas plus qu’on ne peut dire que l’acupuncture est efficace - mais
que tel ou tel acupuncteur est plus ou moins « bon » -, on ne peut préjuger de
la qualité du Qi Gong sans connaître celui qui l’enseigne.

S’il est « bon », ses Qi Gong, grâce à leurs postures d’enracinement et à leurs
mouvements lents, supprimeront les tensions et ouvriront les méridiens,
détendront les muscles tout en accroissant la puissance des tendons et des
ligaments, stimuleront les organes et notamment le cœur et les poumons,
lutteront contre la fatigue et enfin permettront d’acquérir une infaillible
maîtrise du stress et de régler les problèmes psychologiques les plus courants.

S’il est « très bon » et qu’il se spécialise dans le Qi Gong de santé, il pourra
peut-être parvenir à des résultats assez proches de ceux de ses confrères
chinois.

De ce fait, on réduit en France, d’une manière générale, au plan de la santé,


les Qi gong a un fabuleux outil pour favoriser le bien-être et fournir l’énergie
vitale afin d’éviter les affections les plus communes : rhume, insomnie,
mauvaise digestion, etc.

Bien respirer, veiller à ce que les articulations ne se bloquent pas à partir d’un
certain âge, éviter les arthrites, faire travailler des groupes musculaires
généralement oubliés, stimuler la mémoire… voilà donc ce que peuvent
promettre les Qi gong à ceux qui recherchent le bien-être.

Cependant, une pratique quotidienne qui soulage les maux quotidiens, les
personnes qui souffrent s’en emparent rapidement. La douleur les guide dans
la pratique car elle leur indique qu’elles ont quitté la bonne position, celle
dans laquelle l’énergie circule tellement bien qu’elle apporte un soulagement.
Bien sûr, il faut plusieurs mois de pratique et d’apprentissage avant d’obtenir
des bienfaits durables mais ils sont conséquents.
J’ai plusieurs exemples de soulagement de problèmes d’insomnie (étude du
Dr Sun Lei à Shanghai), des personnes atteintes de cancer qui ont eu grand
bénéfice à pratiquer la méditation avant d’aborder des soins médicaux
invasifs et ou douloureux. Des problèmes rhumatismaux pour lesquels les
chinois obtiennent grâce au Qi Gong de bien meilleurs résultats que nos
traditionnels anti inflammatoires ou corticoïdes…

Il se dégage alors en France deux courants au sein du Qi Gong (au moins…)


qui me semblent être un exact parrallèle avec la médecine et la médecine
chinoise en France. Un Qi gong qui ne prétend plus guérir mais seulement
apporter un confort de bien être comme peut le faire la pratique d’un sport. Et
un Qi gong plus profond, souvent plus « chinois » qui lui permet d’aller plus
en profondeur vers le mieux-être et l’amélioration de la santé corporelle et
psychique.

Mais cependant, le Qi gong n’est pas magique. Ce n’est pas en pratiquant une
fois par semaine que l’on pourra soulager une péri arthrite calcifiante
installée depuis des années ! Mais les douleurs sont telles dans ce genre de
maladie que les personnes sont prêtes à investir de leur temps pour pratiquer
et avoir peu à peu des soulagements et une régression de la maladie.

Il convient de combiner méditation, posture statique et posture en


mouvement. Il est impératif que la position de la zone de Ming men, du bas
du dos soit corrigée par le professeur afin de garantir une bonne mise en
place et une bonne circulation de l’énergie grâce à laquelle l’alchimie peut se
mettre en place et diffuser ses nombreux bienfaits.
Pratiquer en Chine

L’institut de recherches de Qi Gong de


Shanghai
L’institut est rattaché à l’université de médecine traditionnelle chinoise.
Fondé il y a une trentaine d’années, cet institut est né de l’intention de réunir
les styles de Tai Chi Chuan et d’arts chinois énergétiques et martiaux appelés
«internes», pour préserver leur richesse et leur diversité dans une structure
originale et équilibrée, intégrée dans le contexte contemporain.

L’institut organise :

Des recherches médicales et scientifiques sur les bienfaits des différentes


formes de Qi Gong de santé,

Préservation de la diversité des formes et contribue à les diffuser en


organisant des échanges réguliers,

Présentation de la qualité de la tradition transmise au fil de l’histoire dans


son musée du Qi Gong,

Développement des stages le week-end à l’international gérés à l’institut


par Marceau Chenault,
Développement de stages en semaine, gérés Claire Zmiro
Information du public au fil de conférences hebdomadaires mais aussi d’un
symposium tous les deux ans, organisé à Shanghai avec la coopération de
l’hôpital national du Qi gong de Bei Dai He,

la diffusion d’un enseignement de qualité,


La publication d’ouvrages sur le Qi gong, la méditation en chinois traduit
en anglais,
La pratique quotidienne dans un espace de dialogue, de travail et
d’échange,
élargit ces échanges aux niveaux européen et international et a le projet
d’implanter en Europe des centres pour diffuser encore plus largement la
médecine traditionnelle chinoise et le Qi gong avec des professeurs
universitaires de l’université de médecine traditionnelle chinoise.
EUROPE : En partenariat avec des universités, l’institut ouvre des centres
de santé pour diffuser le Qi Gong en Europe. En 2018, en Grèce, à Athènes
ouverture d’un Health center, en 2019 en Espagne, à Barcelone. L’un est en
cours de mise en place en France, à Lyon, en France (courant 2019). Deux
autres doivent ouvrir en 2020-2021 en Europe.

Institut de recherches de Qi Gong de Shanghai 上海市气功研究所 : wanping


nan lu 650 - SHANGHAI– 上海市宛平南路 650 号 Métro Dong An
Site : http://www.shqigong.com/
- Institut : Dr Sun Lei 孙磊 (en chinois ou anglais) [email protected]
- Université MTC : Zhang Wei (en français) +86 (21) 5132 2279 ou
+86 189 3972 4690

En français
Représentante de l’institut de recherches de Qi Gong de Shanghai en France
– Tél. : +33 (0) 6 62 54 17 05 – mail de contact : [email protected]
Pratiquer en France
Daoyin Qigong Académie
L’académie a été fondée par Claire Zmiro avec le soutien active du Dr Sun
Lei et du Dr Yang Shi Qiang qui sont membres fondateurs et d’honneur.
Claire, à nouveau installée en France, organise régulièrement des stages de Qi
Gong sur les formes qu’elle a apprises en Chine à l’institut de recherches de
Qi Gong de Shanghai, à l’hôpital de Beidaihe ou auprès de l’association du
Qi gong de santé de Huangshan.

Les huit pièces de brocart, une méthode d’entretien et de renforcement de la


santé physique et mentale, idéale pour faire face au stress et aux problèmes
ligamentaires, articulaires ou tendineux.

Le Qi gong des six sons, un travail énergétique visant à harmoniser les


organes et les émotions correspondantes, en émettant des sons combinés à
une posture et reliés à un organe, permettant de travailler les douze méridiens
pour une harmonisation énergétique globale.

Le Qi Gong des animaux, wu xi un qigong de santé pour travailler la


circulation du qi dans les méridiens et les cinq organes ainsi que les émotions
telles que le courage, la sérénité, l’agilité, le calme ou encore la stabilité, la
grâce ou la rapidité.

Les cours de Qi Gong permettent d’aborder à chaque fois


Une ou des postures de l’arbre,
Exercices de Qi Gong statique,
Un travail de méditation
La pratique d’un Qi Gong en mouvement

Chacun de ces cours met l’accent sur la pratique permettant le travail de


l’énergie interne (Nei Gong) et distingue vraiment ce travail en profondeur de
la circulation de l’énergie de celle d’un cours classique de qi gong assimilable
à une gymnastique. C’est l’enseignement selon la tradition chinoise qui est
privilégié avec des méthodes pédagogiques chinoises. L’accent est mis sur la
pratique.

Chaque année, Claire organise des Cours hebdomadaire de pratique de


plusieurs formes de Qi Gong, des stages de plusieurs jours, intensifs sur une
forme particulière de Qi Gong à Shanghai et aussi en France (région du
Perche) et annuellement un stage animé par un professeur venant de Chine.

Daoyin Qi gong Académie – La mérie – 28480 Beaumont les Autels –


Tél. : 06 62 54 17 05 – Site Internet : http://qigongparis.canalblog.com ou
https://daoyinqigongacademie.org/
mail de contact : [email protected]

Ecole Quimatéo
Organise chaque année des stages avec des professeurs de l’association des
Qi gong de santé de Chine et le passage de Duan reconnus en Chine.
La formation est assurée par un médecin traditionnel chinois rompu aux arts
énergétiques chinois. Il enseigne le Qi gong de l’harmonie. Il y a de
nombreux cours en journée, soirée, week-end et des stages tout au long de
l’année. En particulier sur la petite circulation céleste et aussi sur une forme
initiatique de qigong taoiste secret.
www.Quimateo.fr
Boulevard du Maine, 75015 Paris 01 43 20 70 66

L’Institut des Arts Martiaux Chinois


Traditionnels
L’IDAMCT est une Association Culturelle fondée en 1978 et proposant de
découvrir ou de parfaire la pratique des Arts Classiques du Tao sous la
direction de Georges Charles.

Celui-ci donne par ailleurs des cours de Tao Yin Qi Gong à Paris tous les
mercredis, comprenant :
Armes du Kung-Fu Wushu : En début d'année étude du bâton puis, en
cours d'année, épée, éventail et sabre. Pratique en solo et applications avec
partenaire. Pas de combats libres, pratique sans danger.

Tao Yin Qi Gong : Pratique énergétique de bien être et d'éveil, basée sur
la philosophie du Tao et sur les grands textes de la Chine (Lao Tseu, Lie
Tseu, Houai Nan Tseu).

Poing des cinq éléments et des trois harmonies : Un cours de Kung-Fu


Wushu de style souple ou interne, le Xinyiquan (ou Hsing I Chuan) le
cousin du Taijiquan (Tai Chi Chuan) basé sur la pratique des Cinq
Eléments.

IDAMCT : 7, rue Fernand Widal - 75013 Paris - Tel. : 02 32 97 02 94 - 09


62 13 79 14 et 06 31 83 90 93 - Email : [email protected]
Internet : http://www.tao-yin.com

L’association Entre Terre et Ciel


Organise chaque année des stages avec des professeurs chinois, des cours
hebdomadaires animés par Véronique Liégeois.
Située à Coulommiers en région parisienne, Véronique Liégeois est
diététicienne et a publié de nombreux ouvrages sur la diététique de santé. Elle
a édité aussi grâce à la médecine traditionnelle chinoise un ouvrage sur la
nourriture et comment l’équilibrer pendant un traitement contre le cancer ?
Elle a étudié la marche de Gui Lin. Elle étudie et enseigne plusieurs types de
qi gong de santé et participe régulièrement aux jeux internationaux de Beijing
ou elle a remporté de nombreuses médailles dans différentes catégories en
individuel.
https://qigong77.blogspot.com/
email [email protected] ou Contact Véronique Liégeois au 06.82.21.33.41

Centre du corps et de l’énergie


Le Centre du Corps et de l’Energie, dirigé par Chantal-Emeline et Philippe
François, offre sur Sarlat et Cahors des formations ouvertes à tous et visant à
connaître le Qi Gong, apprendre à réguler et à sentir la circulation du Chi, et à
découvrir les principes et fondements de la médecine chinoise.

Le cursus est établi sur deux ans, à raison de six week-ends et de trois jours
par an, avec la possibilité d’une troisième année en approfondissement.

Sont proposés :

les bases du Qi Gong, avec les postures d’enracinement,


postures de l’arbre,
techniques respirtoires,
exercice de Qi Gong statique,
huit pièces de brocart assis,
attitude mentale et sourire intérieur,
exercice assis de l’orbite microcosmique,
les six sons de guérison,
exercices dynamiques d’échauffement,
huit pièces de brocart debout,
Qi Gong des cinq éléments.
En complément sont également proposés : l’automassage général, la
réflexologie plantaire et l’équilibrage énergétique.

Centre corps et de l’énergie : Castanié – 46310 Peyrilles – Tél. : 05 65 31


01 71

École du Qi
Créée par Dominique Banizette, l’école du Qi forme des pratiquants et des
enseignants de Qi Gong traditionnel.
Le premier cycle s’étend sur trois ans, a lieu entre Lyon et Valence et
comprend une formation personnelle et professionnelle en Qi gong et pensée
énergétique chinoise.

Le but de cette formation est d’établir les bases de la pratique et de permettre


à chacun, selon ses aspirations, de pratiquer pour son bien-être ou pour
transmettre.
Le second cycle, sur deux ans, est ouvert aux enseignants et aux pratiquants
de longue date voulant affiner leur pratique.

Il se déroule en Sud Ardèche et comprend : approfondissement de


l’utilisation du Qi, mobilisation du Qi et pratique de l’alchimie interne.

Il permet donc d’aller plus loin dans sa pratique personnelle et d’enrichir ses
capacités d’enseignant.

Enfin, des formations individuelles avec Dominique Banizette sont prévues,


qui proposent un enseignement intensif et personnalisé, de quatre jours à
plusieurs semaines, et s’adressent aussi bien aux personnes confirmées
qu’aux débutants.

Ecole du Qi / Dominique Banizette : Chassagnolles - 07110 Joannas – Tel :


04 75 88 32 63 –
Mail : [email protected]
Site : www.ecoleduqi.com

Collectif d’étude de développement et de


recherche en ethnomédecine
Le CEDRE, créé par Patrick Shan, enseigne le Qi Gong thérapeutique tel que
pratiqué en Chine hors du cadre médical, ainsi que la psychologie
traditionnelle.
Constitué sur la base des enseignements du docteur Leung Kok Yuen, le
CEDRE se fixe pour objectif de perpétuer un enseignement fondé sur la
tradition orale, garant de la transmission d’un savoir ancien, riche et profond.
L’enseignement se décline sur plusieurs modules qui, selon leur empilement,
permettent d’accéder aux professions de conseiller de santé, d’acupuncteur ou
d’ethnomédecin.
On commence par deux années d’études de base et de diagnostic, puis vient
un module en quatre branches composé de psychologie, exercices
thérapeutiques, massage et conseils d’hygiène de vie ; à moins que l’on
préfère le module acupuncture et pharmacopée, pour obtenir le diplôme
d’ethnomédecin.

Enfin, un module de perfectionnement, avec anatomie, pathologie,


approfondissement des grands traités de la médecine chinoise, rudiments de
médecine occidentale et ouverture à d’autres ethnomédecines est également
disponible.

A noter que le CEDRE, en collaboration avec l’association Humanitrad,


accueille avec plaisir les volontaires issus d’autres écoles, pour ses missions
humanitaires.

CEDRE : BP 706 – 26007 Valence Cedex – Tél. : 04 75 56 69 10 – Site :


www.cedre-fr.org – Email : [email protected]

Académie Tian Long


L'Académie Tian Long, spécialisée dans les arts martiaux et les arts
traditionnels chinois, est une association lyonnaise dont le nom reflète la
volonté de diffuser un enseignement holistique, puisque «Tian Long» signifie
«Dragon Céleste» et symbolise la sagesse, la force, le bonheur et l'essence
supérieure des choses.

L’Académie, d’ailleurs présente aussi bien à Lyon qu’à Paris, a pour


spécificité l’utilisation simultanée des principes philosophiques et de leur
application dans les domaines martiaux et artistiques.

Quant à la diffusion de ces pratiques, elle s'effectue sous forme de cours,


stages, conférences, articles, expositions, démonstrations...

C’est Maître Sun Fa qui enseigne le Kung Fu et le Taï chi chuan à mains
nues et avec armes, le Qi Gong, le Tuina, le Bagua et la calligraphie...

Sa pédagogie a pour but d'allier les conceptions de l'Orient et de l'Occident,


en conjuguant le symbolisme poétique et le rationalisme cartésien.

Académie Tian Long : 2 rue Royale – 69001 Lyon - Tél./Fax : 04 72 98 83


41 – Internet : http://tian.long.free.fr/ - Email : [email protected]
Institut Xin’an
L’Institut Xin’an, qui est en relation avec l’Institut de recherche sur le Qi
Gong de Shanghai, a pour objectif de former des enseignants de Qi Gong et
des praticiens en Waiqi Liaofa (Qi Gong médical).

Cette formation est ouverte à tous, et pour l’entreprendre il n’est pas


nécessaire de posséder des connaissances en médecine occidentale ou en
médecine traditionnelle chinoise, ni d’avoir une expérience préalable en Qi
Gong.

Il est toutefois conseillé aux personnes qui n’ont suivi aucun cursus en
médecine chinoise d’effectuer une année préparatoire en massage chinois.

Pour être admis en première année, le candidat doit être âgé d’au moins 20
ans et au plus de 60 ans.

La première année de formation se veut très pragmatique et privilégie, dès le


premier week-end, l’expérimentation du Qi.

Elle est validée par un certificat en Energétique Chinoise.

La deuxième année, tout en accentuant le travail d’émission du Qi, a pour


objectif essentiel de former des enseignants en Qi Gong de santé.

Elle est validée par un certificat en Qi Gong thérapeutique.

La troisième année forme des praticiens spécialisés dans la thérapie par Qi


Gong. Elle s’adresse donc plus particulièrement à des personnes souhaitant
exercer, ou exerçant déjà, en cabinet médical.
Elle est validée par un certificat en Qi Gong médical et peut être suivie par un
stage clinique à Shanghai.

Institut Xin'an : 11, Allée des Soupirs - 48000 Mende – Tel/Fax :


04.66.32.24.86 –
Internet : http://www.institut-xinan.com/
ITEQG
L’ITEQG, ou Institut Traditionnel d’Enseignement du Qi Gong, dispense, à
Paris et à Bruxelles, une formation d’enseignant.

Le cursus est essentiellement axé sur la pratique des Qi Gong préventifs et


thérapeutiques qui représentent 80% du programme.

Les cours se déroulent sur six week-ends et un stage en été de six jours par
année. Les étudiants reçoivent, au cours des trois années de formation :

la théorie fondamentale de l’énergétique traditionnelle chinoise,


l’apprentissage du repérage intégral des méridiens et des points,

la pratique de la massothérapie chinoise, c'est-à-dire du Tui Na et du


An Mo,
la pratique de la moxibustion et des ventouses,
l’étude et l’application du Yi King…
Les étudiants sont également formés à la pédagogie et à la préparation au
passage des diplômes fédéraux.

ITEQG – Tél./Fax : 03 24 40 30 52 –
Internet : www.iteqg.com

Le Centre Wu Xing
Le Centre Wu Xing propose, à Béziers, un enseignement de Qi Gong pour
former des professeurs, mais également pour le développement personnel des
particuliers.

Le cycle offre, à tous ces étudiants, une formation complète aux différentes
formes de Qi Gong. Parallèlement, il est également possible de suivre des
cours de Tui Na, ainsi que d’utilisation des Moxa.

La formation est organisée sous forme de cinq week-ends et d’un stage d’été
de cinq jours par an.

Centre Wu Xing – 4 Rue de l’Auvergne – 34500 Béziers – Tél. : 04 67 76 00


94 – Internet : http://www.centrewuxing.sitew.com/#presentation.A
Qi Gong Harmonie
Qi Gong harmonie et son professeur, Yves Deschamps, organisent des stages
de Qi Gong en France et à l’étranger toute l’année, ainsi que des stages d’été
du mois de juin au mois d’août, et même en fin d’année à l’étranger.

Association Qi Gong Harmonie – 3 rue Louis Lacroix – 45200 Montargis –


Tél. : 06 82 96 03 97 – Internet : www.qigongharmonie.com –
Email : [email protected]

École Parisienne de Qi Gong


L'école parisienne enseigne différentes formes de Qi Gong :

Le Wu Zang Qi Gong, une pratique psychocorporelle taoïste basée sur la


création d’une sphère que l’on travaille devant chaque organe afin de tonifier
et fluidifier le Qi, régulariser la circulation de l'énergie dans les méridiens et
du sang dans les vaisseaux, et enfin favoriser l’équilibre fonctionnel des
organes et l’apaisement des émotions et du stress.

Les huit pièces de brocart, une méthode d’entretien et de renforcement de la


santé physique et mentale, idéale pour faire face au stress.
Le Qi Gong des yeux et du visage, une méthode reconnue en Chine pour
améliorer la vue et prévenir le vieillissement de l’œil.
Le Qi gong des six sons, un travail énergétique visant à harmoniser les
organes et les émotions correspondantes, en émettant des sons combinés à
une posture et reliés à un organe.
Le Shuigong, une excellente pratique pour améliorer la qualité du sommeil,
dissiper l’agitation mentale et lutter contre l’insomnie.

Le professeur, Gérard Renouf, assure, sous la forme d’ateliers collectifs ou


individuels, un enseignement adapté aux occidentaux, ou chacun évolue à son
rythme.
Les cours ont lieu à La Maison Verte, 127, rue Marcadet, Paris, 18ème, métro
Jules Joffrin ; et au Parc de la Turlure, derrière le Sacré cœur de Montmartre,
de 10h30 à 11h30.

Ecole parisienne de Qi Gong : Tel : 01 40 34 54 25 - 06 87 25 47 29 –


Site : http://qiankunqigong.cabanova.com/

Association Nei-Kung
L’enseignement du Qi Gong de l’ANK, relié à Maître Wong de la Tradition
du monastère de Liang Jiang du Mont Eumei, Kar Fung Wu et aux
enseignements du temple de Guang Xiao Si, Liu Dong et aux Qi Gong de
l’école Lin Gui, est un centre de formation continue qui dispense un
enseignement en Nuad Thai ou massage thérapeutique thaïlandais,
réflexologie plantaire ; et Tok Sen et Yam Kan, deux pratiques ancestrales
issues de la médecine Lanna, et dont l’origine remonte aux pratiques de la
Chine ancienne.

Association Nei-Kung : Tel. : 01 42 40 35 46 – 06 62 28 63 96 – Site :


http://formation-massage-thai.fr/
Qi Gong en Asie
Dao yin Qi Gong Académie

Séoul (Corée du Sud) Anne-Sophie Hueber après avoir apris le Qi gong 2 ans
avec le Dr Sun Lei à Shanghai, elle anime des sessions de Qi gong à Séoul et
organise des stages avec un maitre coréen. Anne-Sophie continue de se
former régulièrement.
[email protected]

Chine
Claire Zmiro organise plusieurs fois par an des séjours. Elle peut également
organiser pour votre groupe, des séjours sur mesure d’une durée variable
entre quelques jours à plusieurs semaines.
Un séjour à Shanghai avec des cours de Qi Gong à l’institut de recherches
de Qi Gong et du temps de visite de la ville,
Quelques jours dans un temple permettant de partager la vie des moines et
pratiquer la méditation et le Qi Gong dans un cadre taoïste ou bouddhiste,
Organisation de stage de Yi Jin jing avec maitre Yan Wei bin ou son fils,
héritier de la méthode ancienne.
Un séjour dans les montagnes jaunes, haut lieu taoïste en Chine avec la
rencontre de maitre de Qi Gong ou de Taiji reconnus, la pratique du Qi Gong
et l’approche de la culture chinoise par le biais de la calligraphie en
partenariat avec le CTCC.

Dao Yin Qi Gong Académie – La Mérie – 28480 Beaumont les Autels –


Tél. : 06 62 54 17 05 – Site Internet : http://qigongcentre.org ou
https://daoyinqigongacademie.org/
Centre de culture traditionnelle chinoise (CTCC) de Qi Yun
Shan en Chine
Qi Yun Shan : Auteur de nombreux ouvrages, dont « La montagne à la
hauteur des nuages », Bernard Besret et son ami Zhu Ping offrent aux
visiteurs dans les montagnes jaunes une possibilité d’accueil à Qi Yun Shan.
Un séjour dans les montagnes jaunes,
Approche de la culture chinoise par le biais de la calligraphie, peinture
chinoise, Taiji, l’art du thé ou de la musique instrumentale chinoise ou
même de la cuisine chinoise.
Des conférences peuvent être organisées au temple taoïste du village,
Excursion dans le célèbre massif des montagnes jaunes (Haungshan)
Visite de villages historiques du « pays des commerçants lettrés »
Huigzhou, Hongcun ou encore Nanping.

Association des amis de Qi Yun Shan


Contact : Zhu Ping [email protected] (en anglais) Téléphone 00 86
1381 866 8188
Site internet (en français) : http://www.qiyunshan.eu

Copyright © 2017 – Editions Daoyin Qigong Académie


Série : Mes voyages Bien-être
Tous droits réservés pour tous pays

Numéro ISBN 978-2-9561909-0-5

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