Extrait
Extrait
Extrait
S’entraîner
au commentaire
Synthèse de cours
Introduction
Le jour du baccalauréat, si vous devez commenter un extrait de roman ou
de récit (et vous avez une chance sur quatre pour que ce soit le cas !), il vous
faut avoir acquis certaines connaissances propres à cet objet d’étude. Pour
procéder avec méthode, à la fois dans vos révisions et le jour J, nous vous
proposons d’acquérir les connaissances suivantes. Vous devez être capable :
• de replacer le texte dans son contexte historique
• d’analyser le texte, à l’aide d’outils spécifiques à l’étude du récit
1. Le romantisme
Mouvement littéraire du début du xixe siècle, le romantisme concerne les
trois grands genres littéraires : théâtre, poésie et roman. La plupart des auteurs
romantiques ne se cantonnent pas bien souvent à un seul genre. Ainsi, Victor
Hugo, romantique par excellence, publie-t-il des drames romantiques (Hernani,
Ruy-Blas), mais aussi des poèmes et des romans ayant des traits esthétiques
romantiques, comme Notre-Dame de Paris et Les Misérables. Considéré comme
le précurseur du romantisme, Chateaubriand, qu’admirait Hugo, écrit les
romans René, et Atala. Musset, auteur de pièces de théâtre et de poèmes,
écrit aussi Confession d’un enfant du siècle.
Même si Paul Valéry disait : « Il faudrait avoir perdu tout esprit de rigueur
pour définir le romantisme », nous pouvons tenter de cerner les points com-
muns des romans susnommés :
Le rejet du classicisme
Avant tout, le romantisme est un mouvement d’opposition à la société d’An-
cien régime et à la littérature qu’elle a produite. Les auteurs romantiques ne
cherchent pas à respecter les règles du classicisme, et ils s’en affranchissent
d’autant plus aisément que nous avons vu plus haut à quel point elles étaient
peu adaptées au genre romanesque. Le romancier de cette époque ne cherche
pas à entrer dans un carcan moral ; il cherche plutôt à faire œuvre nouvelle.
L’exaltation du cœur et de la passion
Flaubert parodie ainsi les romans du début du xixe siècle dont Mme Bovary
est très friande : « Ce n’étaient qu’amours, amants, amantes, dames persé-
cutées s’évanouissant dans des pavillons solitaires, postillons qu’on tue à tous
les relais, chevaux qu’on crève à toutes les pages, forêts sombres, troubles
du cœur, serments, sanglots, larmes et baisers, nacelles au clair de lune,
rossignols dans les bosquets, messieurs braves comme des lions, doux comme
des agneaux, vertueux comme on ne l’est pas, toujours bien mis, et qui pleurent
comme des urnes. »
Le romancier du xixe siècle se désintéresse de l’avancée des Lumières au sens
où il ne donne plus une aussi grande place à la logique et à la raison, qu’au
cœur et à la passion. L’auteur romantique cherche à exprimer les sentiments
de l’individu et se complaît dans la peinture de la vie intérieure. Le roman
est un genre qui s’y prête d’autant mieux qu’il raconte le plus souvent des
aventures amoureuses plus ou moins malheureuses.
Par ailleurs, parmi les sentiments exprimés, il en est un qui est le plus souvent
exalté : le héros romantique est nostalgique. Il a le regret d’une époque
glorieuse mais passée, ou, comme le dit Musset, il est « né trop jeune dans
un monde trop vieux ». Cette profonde déception a été qualifiée de « mal du
siècle ». Tout comme Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir, les héros roman-
2. Le réalisme et le naturalisme
En réaction à la vague romantique nostalgique du passé, certains auteurs
vont s’intéresser à leur époque et la dépeindre avec le plus grand réalisme.
Les auteurs les plus représentatifs de ce courant littéraire sont Balzac, Stendhal,
Flaubert et Maupassant.
Ils cherchent à produire un effet de réel : les personnages, bien souvent
fictifs, doivent donner l’impression au lecteur d’avoir réellement existé et
l’histoire, elle aussi imaginée, celle de s’être véritablement déroulée. La réa-
lité est montrée telle qu’elle est, belle ou laide, crue, sans jugement. Pour
accentuer l’effet de réel, les auteurs n’hésitent pas à mentir, comme Balzac
au début du Père Goriot qui affirme « all is true », c’est-à-dire « tout est vrai » :
« Ah ! sachez-le : ce drame n’est ni une fiction, ni un roman. All is true, il est
si véritable, que chacun peut en reconnaître les éléments chez soi, dans son
cœur peut-être. » Mais est-ce vraiment là un mensonge de la part de Balzac ?
Le lecteur sait bien que les personnages et l’histoire sont le fruit de l’imagi-
nation de leur auteur. Et le roman, nous dit Balzac, permet d’atteindre une
vérité qui peut être bien plus précise et efficace que le récit d’un historien.
Certes les personnages ne sont pas réels, mais, par leur réalisme, ils nous
permettent d’accéder à une réalité vivante.
Par ailleurs, les auteurs réalistes s’intéressent à la société contemporaine :
ɴ Ils évoquent les transformations de leur temps (les grands travaux
d’Haussmann et la révolution industrielle, le pouvoir de l’argent et
les ambitions sociales et politiques de la société postnapoléonienne).
ɴ Ils représentent l’ensemble des classes sociales, même les moins
élevées, notamment les ouvriers et les paysans.
À la fin du xixe siècle, Zola prolonge le réalisme dans un nouveau courant : le
naturalisme. Il agrège autour de lui quelques écrivains. Leur approche se veut
encore plus scientifique que celle des auteurs réalistes. Par ces romans, Zola
veut prouver et expérimenter ses idées à la manière d’un homme de science.
Et il en applique les méthodes.
Réalisme et naturalisme sont proches l’un de l’autre, mais ils ne concernent
pas exactement les mêmes auteurs, et l’on peut dire que le naturalisme est
un prolongement voire une radicalisation du réalisme.
1. Le discours rapporté
Au sein d’un récit, le narrateur peut faire entendre la voix de ses personnages.
Il y a différentes manières de rapporter la parole des personnages :
ɴ Le discours rapporté au style direct. La parole du personnage est rap-
portée telle quelle. Mise entre guillemets ou précédée d’un tiret, elle
est introduite par un verbe de parole. Les temps utilisés ne sont plus les
temps du récit (passé simple et imparfait) mais ceux de l’énonciation
(présent et passé composé), sauf si le personnage se met lui-même à
faire un récit.
ɴ Le discours rapporté au style indirect. La parole du personnage est
intégrée au récit : le « je » devient « il », les temps de l’énonciation
sont remplacés par ceux du récit. Aucun guillemet ni tiret ne signale
qu’un personnage prend la parole. Cependant, la présence d’un verbe
de parole ne permet pas d’en douter : le narrateur délègue de manière
indirecte la parole à un personnage.