Coursdibpol
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physique
Cours pour les étudiants en maîtrise de
mathémathiques
Marius Tucsnak
2
TABLE DES MATIÈRES 3
1 Introduction 5
2 Rappels et compléments 9
2.1 Rappels de calcul différentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.2 Existence des fonctions de classe C ∞ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.3 Partition de l’unité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.4 Quelques rappels sur l’intégrale de Lebesgue . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.5 Convolution et régularisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.6 Exercices du Chapitre 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
4 Transformation de Fourier 67
4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
4.2 Transformation de Fourier dans L1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
4.3 L’espace S de Schwartz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
4.4 L’espace S 0 des distributions tempérées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
4 TABLE DES MATIÈRES
Chapitre 1
Introduction
Dans son calcul symbolique Heaviside à introduit en 1894 la fonction qu’il appela "l’éche-
lon unité" et qu’on appelle couramment aujourd’hui fonction de Heaviside. Il s’agit tout
simplement de la fonction indicatrice de l’intervalle [0,∞[, notée par H. Si l’on cherche la
dérivée de cette fonction, on voit qu’elle n’en possède pas à l’origine. Cela n’empêche pas
Heaviside de définir la dérivée H 0 de H, qu’il appela "impulsion unité", en tout point de R
6 CHAPITRE 1. INTRODUCTION
par (
0 si x 6= 0
H 0 (x) = .
∞ si x=0
L’objet H 0 défini ci-dessus ne peut pas être une fonction usuelle. D’un coté, comme H 0 est
nulle presque partout, on devrait avoir
Z A
H 0 (x)dx = 0 ∀ A ∈]0,∞[.
−A
D’autre part
Z A
H 0 (x)dx = H(A) − H(−A) = 1 ∀ A ∈]0,∞[.
−A
La "fonction" H 0 a été réintroduite par Dirac en 1926 pour les besoins de la physique
quantique et on l’a appelée couramment fonction de Dirac, en la notant par δ. Le fait que
cette fonction n’ait pas une définition mathématique rigoureuse n’a pas empêché Heaviside,
Dirac et d’autres d’obtenir de résultats corrects en manipulant la "fonction" δ ainsi que
ses dérivées. La théorie de Laurent Schwartz donne un cadre permettant de rendre ce
type d’opérations rigoureux en introduisant de nouveaux objets, qui généralise la notion de
fonction. Il s’agit de distributions. Dans cette théorie la "fonction" de Dirac devient une
distribution appelée masse de Dirac. Les distributions (dont la masse de Dirac) ont une
propriété remarquable: elles sont toutes indéfiniment dérivables (dans un sens que nous
allons préciser). Elles ont également d’autres caractéristiques "de rêve". Par exemple, la
dérivation est une opération continue dans l’espace de distributions.
Une autre motivation pour l’introduction de distributions a été la nécessité de définir
des solutions non régulières ou "faibles" pour certaines équations aux dérivées partielles.
Un exemple célèbre d’existence de telles solutions a été donné par Leray dans sa construc-
tion de solutions "turbulentes" des équations de Navier-Stokes (équations qui modélisent le
mouvement d’un fluide visqueux). Nous nous contenterons dans cette introduction d’argu-
menter la nécessité de solutions faibles sur un exemple plus simple : l’équation d’une corde
vibrante de longueur infinie. Il s’agit de l’équation aux dérivées partielles
∂ 2w 2
2∂ w
(x,t) − c (x,t) = 0, x ∈ R, t ≥ 0, (0.1)
∂t2 ∂x2
dont l’inconnue, la fonction w, modélise le déplacement vertical à l’instant t de la particule
d’abscisse x et où c > 0 est une constante modélisant la vitesse de propagation des ondes
dans la corde. L’équation (0.1) est une de rares équations aux dérivées partielles dont on
peut calculer toutes les solutions. En effet, posons
ξ = x + ct, η = x − ct,
7
ce qui équivaut à
1 1
x = (ξ + η), t = (ξ − η).
2 2c
On définit la fonction
µ ¶
1 1
v(ξ,η) = w (ξ + η), (ξ − η) ∀ ξ,η ∈ R.
2 2c
∂ 2v
(ξ,η) = 0 ∀ ξ,η ∈ R.
∂ξ∂η
On obtient donc que
v(ξ,η) = f (η) + g(ξ) ∀ ξ,η ∈ R,
La formule (0.2) a été déduite pour la première fois par d’Alembert en 1747. Une question
importante est la résolution du problème de Cauchy associé à (0.1). Il s’agit de déterminer
la solution de (0.1) satisfaisant les conditions initiales
∂w
w(x,0) = w0 (x), (x,0) = w1 (x) ∀ x ∈ R, (0.3)
∂t
où la fonction w0 (resp. la fonction w1 ) est donnée et représente la position (resp. la vitesse)
initiale de la particule d’abscisse x. Il faut donc déterminer les fonctions f et g à partir des
conditions
f (x) + g(x) = w0 (x), − cf 0 (x) + cg 0 (x) = w1 (x).
avec a, b et x0 trois constantes réelles. Mais ces constantes ne sont pas indépendantes. En
effet, en utilisant l’égalité f (x) + g(x) = w0 (x) on obtient que b = −a. Ainsi on obtient
· Z ¸ · Z ¸
w0 (x + ct) 1 x−ct w0 (x + ct) 1 x+ct
w(x,t) = − w1 (s)ds + a + + w1 (s)ds − a ,
2 2c x0 2 2c x0
La formule ci-dessus semble en réalité avoir été obtenue la première fois par Euler en 1748 et
elle donne la solution explicite du problème de Cauchy pour l’équation d’une corde vibrante.
En analysant la méthode que nous avons utilisé, il est clair qu’elle fonctionne seulement si
les données initiales w0 et w1 sont des fonctions suffisamment régulières (C 2 par exemple).
Néanmoins la formule a toujours un sens si les fonctions w0 et w1 sont seulement intégrables.
De plus, du point de vu de la physique il n’existe pas de raisons pour se restreindre à une
déformation ou à un profil de vitesses à l’instant t = 0 qui soit le graphe d’une fonction
dérivable. Il est donc naturel de se poser la question : peut-on interpréter la fonction w de
(0.4) comme une solution de l’équation des ondes si, par exemple, w0 et w1 sont seulement
des fonctions continues? La réponse à cette question nécessite la généralisation de la notion
de dérivation et elle devient assez simple dans le cadre de la théorie de distributions.
Décrivons brièvement la structure de ces notes de cours.
Le deuxième chapitre est consacré aux rappels et compléments de calcul différentiel
et de calcul intégral. Nous avons rangé dans la rubrique "rappels" des résultats qui ont
théoriquement étés vus en licence. Néanmoins nous donnons la preuve complète de certains
résultats de ce type comme la formule de Taylor avec le reste sous forme d’intégrale et le
théorème de Lebesgue sur la dérivation des intégrales dépendant de paramètres. La partie
"compléments" de ce deuxième chapitre contient de résultats d’existence de fonctions de
classe C ∞ ainsi que des propriétés très importantes de la convolution de fonctions.
Le troisième chapitre contient les bases de la théorie de distributions: la définition de
distributions, leur dérivation, la formule de sauts, l’introduction de la notion de solution
fondamentale d’un opérateur différentiel.
Le quatrième chapitre est consacré à la transformation de Fourier, aux espaces de So-
bolev et à leurs applications dans l’étude des équations aux dérivées partielles.
Ce cours a été largement inspiré par le cours de l’Ecole Polytechnique publié par J.M.
Bony [1] et par les notes manuscrites de D. Barlet qui a enseigné avant moi ce cours à
Nancy.
9
Chapitre 2
cet espace devient un espace de Banach. L’espace L(Rn ,R) est noté par (Rn )∗ . Ses éléments
sont appelés formes linéaires sur Rn . Il est bien connu (on peut voir ce résultat comme un
cas particulier du théorème de représentation de Riesz) que, pour tout l ∈ (Rn )∗ il existe
un unique a ∈ Rn tel que
l(x) = (a,x) ∀ x ∈ Rn .
Soit Ω un sous-ensemble ouvert de Rn .
Définition 2.1.1. La fonction f : Ω → Rm est dite différentiable en x ∈ Ω s’il existe un
élément f 0 (x) ∈ L(Rn ,Rm ) tel que
existe alors on dit que f admet une dérivée partielle par rapport à xj en x0 et on note
f (x0 + tej ) − f (x0 ) ∂f
lim = (x0 ).
t→0, t6=0 t ∂xj
Xn
∂f
Le vecteur (x0 )ej est appelé gradient de f en x0 et il est noté par ∇f (x0 )
j=1
∂xj
Lemme 2.1.3. Si f : Ω → R et différentiable en x0 alors f admet une dérivée partielle par
rapport à xj en x0 et
∂f
(x0 ) = f 0 (x0 )(ej ) ∀ j ∈ {1,2, . . . ,n}. (1.1)
∂xj
De plus on a
f 0 (x0 )v = (∇f (x0 ),v) ∀ v ∈ Rn . (1.2)
Preuve. D’après la définition d’une fonction différentiable en x0 on a
qui implique clairement (1.1). La relation (1.2) découle ensuite de la définition de ∇f (x0 ).
Exemple 2.1.4. Le résultat du Lemme 2.1.3 montre qu’une fonction dérivable dans un
point admet de dérivées partielles par rapport à x1 , . . . ,xn en ce point. La fait que la
réciproque de cette affirmation soit fausse découle de l’exemple suivant. Posons
(
0 si x2 + y 2 6= 0
f (x,y) = xy
.
2
x +y 2 si x = y = 0
∂f ∂f 1
Il est facile de vérifier que ∂x
(0,0) = ∂y
(0,0) = 0. Par ailleurs lim f (t,t) = , donc les
t → 0,t6=0 2
dérivées partielles de f n’est pas continue en 0.
Théorème 2.1.5. Soit Ω un ouvert de Rn et soit f : Ω → R. Alors les affirmations suivantes
sont équivalentes
1. La fonction f est différentiable en chaque point de Ω et l’application f 0 (·) : Ω → (Rn )∗
donnée par x → f 0 (x) est continue sur Ω.
2. La fonction f admet en chaque point de Ω une dérivée partielle par rapport à xj , j ∈
{1, . . . ,n}, et les fonctions
∂f
: Ω → R, j ∈ {1, . . . ,n},
∂xj
sont continues sur Ω.
2.1. RAPPELS DE CALCUL DIFFÉRENTIEL 11
Preuve. Compte tenu du Lemme 2.1.3, il suffit de prouver que la deuxième affirmation
P
implique la première. Posons x = x0 + nj=1 tj ej , où e1 ,e2 , . . . en sont les éléments de la base
canonique de Rn et t1 ,t2 , . . . tn ∈ R; on a
n
" Ã k
! Ã k−1
!#
X X X
f (x) − f (x0 ) = f x0 + tj ej − f x0 + tj ej . (1.3)
k=1 j=1 j=1
Posons " Ã ! #
Z 1 k−1
X
∂f ∂f
²k (x) = x0 + tj ej + htk ek − (x0 ) dh.
0 ∂xk j=1
∂xk
∂f
Par ailleurs, la continuité de ∂xk
montre que
En utilisant la relation ci-dessus, ainsi que (1.6) et le fait que |tk | ≤ kx − x0 k on obtient la
conclusion du théorème.
Définition 2.1.6. Une fonction f : Ω → R est dite de classe C 1 sur Ω si f satisfait aux
conditions équivalentes du Théorème 2.1.5. On notera f ∈ C 1 (Ω).
Rappelons également ici (sans donner la preuve) un autre résultat classique.
Proposition 2.1.7. Supposons que I est un intervalle ouvert de R et que f est continue
dans I et différentiable en dehors d’un point x0 ∈ I . Si x ∈ F et lim f 0 (x) = a ∈ R alors
x→x0
f 0 (x0 ) existe et on a f 0 (x0 ) = a.
12 CHAPITRE 2. RAPPELS ET COMPLÉMENTS
Nous introduisons maintenant quelques notations qui seront souvent utilisées dans la
suite de ce cours.
Si x ∈ Rn on note x = (x1 , . . . ,xn ). Un élément α = (α1 , . . . ,αn ) ∈ Nn est dit un multi-
indice. Nous allons également noter:
xα = xα1 1 . . . xαnn ,
n
X
α! = (α1 !) . . . (αn !), |α| = αj .
i=1
n
Si α ∈ N , β ≤ α on note à !
β α!
= .
α β!(α − β)!
Si f : Ω → R et α ∈ Nn on note
∂ |α| f ∂ α1 ∂ αn
∂ αf = = . . . (f ). (1.7)
∂xα1 1 . . . ∂xαnn ∂xα1 1 ∂xαnn
∂ 2f ∂ 2f
= , ∀ i,j ∈ {1, . . . ,n}.
∂xi ∂xj ∂xj ∂xi
Une conséquence importante du Lemme 2.1.9 est que, si f ∈ C k (Ω), l’ordre dans lequel
on effectue les dérivations dans (1.7) est indifférent.
Exemple 2.1.10. Soit P un polynôme et la fonction
(
0 si x ≤ 0
f (x) = ¡1¢ −1
P x e x si x > 0
Il est claire que f est continue sur R. Par ailleurs la dérivée pour x 6= 0 est de la même forme
¡ ¢ P ( 1 )−P 0 ( 1 )
que f , où l’on remplace P x1 par x x2 x . Par conséquent, en appliquant la Proposition
2.1.7, on déduit que f est dérivable sur R et que f 0 (0) = 0. Par récurrence on déduit que f
est de classe C ∞ sur R et que f (n) (0) = 0 pour tout n ∈ N.
2.1. RAPPELS DE CALCUL DIFFÉRENTIEL 13
yγ
En multipliant les deux membres de l’égalité ci-dessus par γ!
et en sommant avec |γ| = k
on obtient
X yγ Z 1
k (1 − t)k−1 ∂ γ f (x + ty)dt =
γ! 0
|γ|=k
X yγ X Z 1
γ β
= ∂ f (x) + y cβ (1 − t)k ∂ β f (x + ty)dt, (1.13)
γ! 0
|γ|=k |β|=k+1
où n n
X 1 1 X k+1
cβ = = βi = . (1.14)
i=1, βi ≥1
(β − 1i )! β! i=1, βi ≥1
β!
14 CHAPITRE 2. RAPPELS ET COMPLÉMENTS
Une autre conséquence très utile du Théorèmes 2.1.11 est le Corollaire suivant, dont la
preuve est proposée comme exercice au lecteur.
Corollaire 2.1.13. Si f ∈ C k (B) où B = {x ∈ Rn | kxk < 1} alors il existe f1 , . . . ,fn ∈
C k−1 (B) telles que
∂ α ∂j f (0)
∂ α fj (0) = , sup |∂ α fj | ≤ sup |∂ α ∂j f | , ∀ j = 1,n,
1 + |α| x∈B x∈B
et
n
X
f (x) − f (0) = xj fj (x).
j=1
Définition 2.2.1. Si u ∈ C(Ω) alors le support de u, noté par supp(u) est défini comme
l’adhérence dans Ω de l’ensemble {x ∈ Ω|u(x) 6= 0}. Autrement dit supp(u) et le plus petit
sous-ensemble fermé de Ω tel que u = 0 dans Ω \ supp(u).
Remarque 2.2.1. Si x ∈ supp(u) alors il existe une suite (xn ) ⊂ Ω telle que u(xn ) 6= 0, ∀n ∈
N et limn→∞ xn = x.
L’objectif de cette section est de construire des fonctions de classe C ∞ à support compact
ou ayant d’autre propriétés leur permettant, en particulier, de séparer deux fermés disjoints.
Ces fonctions seront utilisées dans les techniques de convolution et de régularisation de
fonctions et de distributions.
Définition 2.2.2. Si k ∈ N ∪ {∞} l’espace C0k (Ω) est formée par toutes les fonctions
u ∈ C k (Ω) ayant comme support un sous-ensemble compact de Ω. Les éléments de C0∞ (Ω),
noté dans la suite par D(Ω), sont dits fonctions test (ou fonctions d’essai).
2.2. EXISTENCE DES FONCTIONS DE CLASSE C ∞ 15
Toute fonction u ∈ C0k (Ω) peut être étendue à une fonction de C0k (Rn ). On peut donc
voir C0k (Ω) comme un sous-espace de C0k (Rn ). Si M ⊂ Rn est un ouvert alors on peut définir
C0k (M ) comme l’ensembles des éléments de C0k (Rn ) ayant le support contenu dans M .
Lemme 2.2.3. Il existe une fonction φ ∈ D(Rn ) telle que φ(0) > 0 et φ(x) ≥ 0 pour tout
x ∈ Rn .
Preuve. On a vu dans l’Exemple 2.1.10 que la fonction
(
0 si t ≤ 0
f (t) = 1 ,
e− t si t > 0
est positive sur R, strictement positive en x0 et à support dans la boule de rayon δ centrée en
x0 . L’existence d’une telle fonction permet, en particulier, de prouver un résultat classique,
qui est utilisé dans le calcul des variations.
Théorème 2.2.4. Si f,g ∈ C(Ω) et
Z Z
f φdx = gφdx, ∀ φ ∈ D(Ω), (2.15)
Ω Ω
alors f = g.
Preuve. Si h = f − g alors
Z
hφdx = 0, ∀ φ ∈ D(Ω). (2.16)
Ω
En prenant les parties réelles et imaginaires on peut supposer que h est à valeurs réels et
que (2.16) a lieu pour tout φ ∈ D(Ω), avec φ à valeurs réels. Si h(x0 ) 6= 0 alors on peut
choisir φ ∈ D(Ω) avec φ(x0 ) > 0, à support dans un voisinage de x0 et telle que φh ait un
signe constant. Cela contredit (2.16), donc h ≡ 0 dans Ω.
Lemme 2.2.5. Il existe une fonction croissante θ ∈ C ∞ (R) telle que
(
0 si x≤0
θ(x) =
1 si x≥1
16 CHAPITRE 2. RAPPELS ET COMPLÉMENTS
est de classe C ∞ sur R. De plus nous avons évidemment que supp(f ) = [0,∞[ et 0 ≤
Rx
f (x) ≤ 1 pour tout x ∈ R. Définissons alors g(x) = f (x)f (1 − x) et G(x) = 0 g(t)dt. On
£ ¡ ¢¤2
a 0 ≤ g(x) ≤ 1 pour x ∈ R et et supp(g) ⊂ [0,1]. De plus g 6≡ 0 car g( 12 ) = f 12 6= 0.
G(x)
La fonction θ(x) = G(1)
est donc de classe C ∞ sur R, elle est croissante et elle vérifie les
conditions (
0 si x≤0
θ(x) =
1 si x≥1
Proposition 2.2.6. Soient a < c < d < b des réels. Alors il existe ρ ∈ D(R) telle que
1. ρ(x) = 1 pour tout x ∈]c,d[;
2. supp(ρ) ⊂]a,b[;
3. 0 ≤ ρ(x) ≤ 1 pour tout x ∈ R.
µ ¶ µ ¶
x−a b−x
Preuve. Posons ρ(x) = θ θ , où θ est la fonction construite dans le
c−a b−d
Lemme 2.2.5. On vérifie aisément que ρ convient.
Corollaire 2.2.7. Soient 0 < r < R et n ∈ N∗ . Il existe ρe ∈ C ∞ (Rn ) telle que ρe(x) = 1 si
||x|| < r et ρe(x) = 0 si ||x|| > R.
Preuve. On peut prendre ρe(x) = ρ (||x||2 ) où ρ a été construite à la Proposition 2.2.6
avec
−a = b = R2 et − c = d = r2 .
Proposition 2.2.8. Soit K un compact de Rn . Alors, pour tout ε > 0, il existe φ ∈ D(K2ε )
telle que l’on ait φ ≡ 1 dans Kε et 0 ≤ φ(x) ≤ 1 pour tout x ∈ Rn .
Preuve. Par compacité il existe x1 , . . . ,xp ∈ K tels que
p
[ 4ε
Kε ⊂ B(xj , ).
j=1
3
2.3. PARTITION DE L’UNITÉ. 17
¡ ¡ ¢¢
D’après le Corollaire 2.2.7, pour chaque j ∈ {1, . . . ,p} il existe une fonction φj ∈ D B xj , 5ε 3
¡ ¢ P
telle que φj (x) ≥ 0 pour tout x ∈ Rn et φj ≡ 1 sur B xj , 4ε e
. Soit φ(x) = N
3 j=1 φj (x). Il
p
[
e
est claire que φ(x) ≥ 1 pour tout x ∈ B(xj ,ε). Par ailleurs, compte tenu du fait que
j=1
p
[ 5ε
B(xj , ) ⊂ K2ε ,
j=1
3
on a que φe ∈ D(K ∞
³ 2ε ). ´Soit θ ∈ C (R) la fonction construite dans le Lemme 2.2.5. La
e
fonction φ(x) = θ φ(x) convient.
Corollaire 2.2.9. Soient K1 et K2 deux compacts disjoints de l’ouvert Ω ⊂ Rn . Alors il
existe une fonction ϕ ∈ D(Ω) telle que
(
1 si x ∈ K1
ϕ(x) =
−1 si x ∈ K2
K1 ⊂ U1 , K2 ⊂ U2 , U1 ∩ U2 = ∅.
et
0 ≤ ϕi (x) ≤ 1, i ∈ {1,2}.
La fonction ϕ définie par
K = ∪N
j=1 Kj . (3.17)
18 CHAPITRE 2. RAPPELS ET COMPLÉMENTS
\
Preuve. Pour chaque x ∈ K soit rx > 0 tel que B (x,rx ) ⊂ Uj . Alors on a
x∈Uj
[ [M
K ⊂ B (x,rx ) et donc il existe x1 , . . . ,xM ∈ K tels que K ⊂ B (xi ,rxi ). Posons
x∈K i=1
\ [
Kj = K B (xi ,rxi ). Alors Kj est, par définition, un compact contenu dans
B (xi ,rxi )⊂Uj
K. Il vérifie aussi la condition Kj ⊂ Uj . Il reste donc à vérifier que l’on a bien (3.17). Soit
donc x ∈ K. Il existe alors i ∈ {1, . . . ,M } tel que x ∈ B (xi ,rxi ). Par ailleurs il existe
j0 ∈ {1, . . . ,N } tel que xi ∈ Uj0 donc B (xi ,rxi ) ⊂ Uj0 . On déduit que x ∈ Kj0 .
Le résultat ci-dessous donne l’existence de la "partition de l’unité", dans le cas simple de
recouvrements finis d’un compact. Pour de résultats similaires dans de cas plus compliqués,
le lecteur peut consulter, par exemple, [7, p.12].
Théorème 2.3.2 (Partition de l’unité). Soit K un compact de Rn et supposons K ⊂
SN n
j=1 Uj , où les ensembles Uj sont des ouverts de R . Alors il existe (φj )j∈{1,...,N } telles que
P
φj ∈ D(Uj ), 0 ≤ φj ≤ 1, pour tout j ∈ {1, . . . ,N } et avec N
i=1 φj = 1 au voisinage de K.
Définition 2.3.3. Dans les conditions du Théorème 2.3.2 la collection (φj )j∈{1,...,n} s’appelle
une partition de l’unité subordonnée au recouvrement (Uj )j∈{1,...,n} de K.
Preuve du Théorème 2.3.2. Compte tenu de la Proposition 2.3.1 il existe des compacts
(Kj )j∈{1,...,N } tels que Kj ⊂ Uj , pour tout j ∈ {1, . . . ,N } et K = ∪N
i=1 Kj . De plus en
appliquant la Proposition 2.2.8 on déduit que, pour chaque j ∈ {1, . . . ,N }, il existe ψj ∈
D(Uj ) telles que ψj (x) ∈ [0,1], pour tout x ∈ Rn et ψj (x) = 1 si x ∈ Kj . Soit
( ¯ N )
N
[ ¯X
¯
V = x∈ Uj ¯ ψj (x) > 0 .
¯
j=1 j=1
sur la dérivabilité des intégrales dépendant d’un paramètre et d’un résultat permettant de
définir le support d’une fonction L1loc . Nous énonçons sans preuve le théorème de convergence
dominée de Lebesgue, le théorème de Tonelli et le Théorème de Fubini.
Si Ω est un ouvert ou un fermé de Rn et p ≥ 1 on désigne par Lp (Ω) l’espace des fonctions
de puissance p intégrable à valeurs dans R. On admet que Lp (Ω), muni de la norme
·Z ¸ p1
p
kf kLp (Ω) = |f (x)| dx ,
Ω
est un espace de Banach (voir [2, p.57]). Si p ≥ 1 on désigne par Lploc (Ω) l’espace des
fonctions f telles que f ∈ Lp (K), pour tout compact K de Ω. Les fonctions de L1loc (Ω) sont
dites localement intégrables dans Ω. La notion de support d’une fonction a été déjà définie
pour des fonctions continues. Le résultat ci-dessous permet la généralisation de cette notion
pour des fonctions localement intégrables.
Lemme 2.4.1. Si f ∈ L1loc (Ω) alors il existe un plus grand ouvert V de Ω tel que l’on ait
f|V = 0 presque partout dans V .
Preuve. Considérons, dans un premier temps, une famille dénombrable (Wj )j∈N d’ouverts
de Ω vérifiant f |Wj = 0 presque partout sur Wj , pour chaque j ∈ N. Montrons que si l’on
pose
[
W = Wj ,
j∈N
est le plus grand ouvert de Ω tel que f |V = 0 presque partout. En effet, V est une réunion
dénombrable d’ouverts sur lesquels f est nulle presque partout. On a donc f |V = 0 presque
partout dans V . Soit W un ouvert de Ω tel que f |W = 0 presque partout sur W . On a
S
alors W = B(q,r)⊂W B(q,r) car Qn est dense dans Rn . Pour chaque couple (q,r) tel que
B(q,r) ⊂ W on a f |B(q,r) = 0 puisque f |W = 0 presque partout sur W . Donc pour chaque
tel couple (q,r) on a B(q,r) ⊂ V et donc W ⊂ V .
20 CHAPITRE 2. RAPPELS ET COMPLÉMENTS
où wα ∈ L1 (Rp ).
R
Alors la fonction g(λ) = f (x,λ)dx est une fonction de C k (Ω) et, pour tout λ ∈ Ω, on a
Rp
Z
α
∂ g(λ) = ∂λα f (x,λ)dx, ∀ α ∈ Nn , |α| ≤ k.
Rp
Preuve. Commençons par traiter le cas k = 0. Il s’agit alors seulement de prouver la
continuité de la fonction g sur Ω. Si λ0 , λ ∈ Ω on a
Z
g(λ) − g(λ0 ) = [f (x,λ) − f (x,λ0 )] dx.
Rp
D’après les hypothèses on a
∂g
Traitons maintenant le cas k = 1. On veut montrer que ∂λj
existe et est une fonction
continue sur Ω pour chaque j ∈ {1, . . . ,n}. Si ej est le j-ème élément de la base canonique
de Rn , h ∈ R et λ ∈ Ω on a
Z
g(λ + hej ) − g(λ) = (f (x,λ) − f (x,λ0 )) dx
Rp
Z
∂
=h f (x,λ + θhej )dx,
Rp ∂λj
avec θ = θ(x,λ,h) ∈]0,1[. Alors
Z Z · ¸
∂f ∂f ∂f
g(λ + hej ) − g(λ) − h (x,λ)dx = h (x,λ + θhej ) − (x,λ) dx
Rp ∂λj Rp ∂λj ∂λj
D’après l’hypothèse, pour chaque j ∈ {1, . . . ,n}, on a
· ¸
∂ ∂f
lim f (x,λ + θhej ) − (x,λ) = 0 ∀ x ∈ Rp ,
h → 0 ∂λj ∂xj
et il existe wj ∈ L1 (Rp ) telle que
¯ ¯
¯ ∂ ∂f ¯
¯ ¯ ∀ (x,λ) ∈ Rp × Ω.
¯ ∂λj f (x,λ + θhej ) − ∂λj (x,λ)¯ ≤ 2wj (x)
et que Z Z
dx |F (x,y)|dy < ∞.
Ω1 Ω2
Alors F ∈ L1 (Ω1 × Ω2 ).
22 CHAPITRE 2. RAPPELS ET COMPLÉMENTS
et que Z Z
dy |F (x,y)|dx = kf kL1 (Rn ) kgkL1 (Rn ) .
Rn Rn
D’après le théorème de Tonelli (Théorème 2.4.5) on déduit que F ∈ L1 (Rn × Rn ). En
appliquant le Théorème de Fubini on obtient que
Z
|F (x,y)|dy < ∞ presque partout sur Rn
Rn
et Z Z Z
|(f ∗ g)(x)|dx ≤ dy |F (x,y)|dx = kf kL1 (Rn ) kgkL1 (Rn ) .
Rn Rn Rn
Soit maintenant x ∈ Rn fixé tel que la fonction y → f (x − y)g(y) soit intégrable. On a
Z Z
(f ∗ g)(x) = f (x − y)g(y)dy = f (x − y)g(y)dy.
Rn (x−supp(f ))∩supp(g)
2.5. CONVOLUTION ET RÉGULARISATION 23
Par conséquent
supp(f ∗ g) ⊂ supp(f ) + supp(g).
Comme L−K est un compact de Rn (image du compact L×K par la soustraction Rn ×Rn →
Rn ), on a Z
|f (u)|du < ∞.
L−K
Alors, d’après le Théorème de Fubini (Théorème 2.4.6), f ∗ g est définie presque partout
sur L et χL (f ∗ g) ∈ L1 (Rn ). Donc f ∗ g est bien définie dans L1loc (Rn ).
Théorème 2.5.3. Soit f ∈ L1loc (Rn ) et soit g ∈ C0m (Rn ). Alors f ∗ g ∈ C m (Rn ) et
∂ α (f ∗ g)(x) = f ∗ (∂ α g) (x), ∀ x ∈ Rn .
Pour |α| ≤ m on a
Comme la fonction y → k∂ α gk∞ χL−K (y) est dans L1 (Rn ), il suffit d’appliquer le Théorème
2.4.4 avec Ω = int(L) pour obtenir le résultat annoncé.
Définition 2.5.4. On appelle suite régularisante (mollifiers en anglais) toute suite (ρn )
de fonctions telle que, pour tout n ∈ N on ait
µ ¶ Z
m 1
ρn ∈ D(R ), supp(ρn ) ⊂ B 0, , ρn = 1, ρn ≥ 0 sur Rm .
n Rm
On a
Z Z
(ρn ∗ f )(x) − f (x) = [f (x − y) − f (x)]ρn (y)dy = [f (x − y) − f (x)]ρn (y)dy
1
Rm B(0, n )
1
et donc pour n > δ
et x ∈ K
Z
|(ρn ∗ f )(x) − f (x)| ≤ ² ρn = ².
Rm
Enfin on écrit
kρn ∗ f − f kLp (Rm ) ≤ 2||f − f1 ||Lp (Rm ) + ||ρn ∗ f1 − f1 ||Lp (Rm ) , ∀n∈N
i.e.
lim sup kρn ∗ f − f kLp (Rm ) = 0.
n→∞
Corollaire 2.5.7. Soit Ω ⊂ Rm un ouvert quelconque. Alors D(Ω) est dense dans Lp (Ω)
pour 1 ≤ p < ∞.
Preuve. Soit f ∈ Lp (Ω), ² > 0 et f1 ∈ C00 (Ω) tels que ||f − f1 ||Lp (Ω) < ². On considère la
fonction f1 définie par
(
f1 (x) si x∈Ω
f1 (x) =
0 si x ∈ Rm \ Ω
D’autre part
µ ¶
¡ ¢ 1
supp ρn ∗ f1 ⊂ B 0, + supp(f1 ) ⊂ Ω pour n assez grand.
n
¡ ¢
Soit un = ρn ∗ f1 |Ω . Alors, pour n assez grand, un ∈ C00 (Ω) et de plus kun − f1 kLp (Ω) → 0.
Donc, pour n assez grand, kun − f kLp (Ω) < 2².
Dans certains cas il peut être convenable d’approcher des fonctions L1 par des fonctions
C ∞ qui n’ont pas le support compact, mais qui ont une décroissance rapide à l’infini. Un
résultat allant dans ce sens est donné ci-dessous.
Proposition 2.5.8. Soit (G² )²>0 une famille de fonctions continues sur Rn et vérifiant :
Z
1. G² (x)dx = 1 pour tout ² > 0;
Rn
2. G² (x) ≥ 0, for all ² > 0 and for all x ∈ Rn ;
3. Si l’on note
Aα = {x ∈ Rn | kxk ≥ α }
alors les restrictions G² à Rn \ B(0,α) convergent dans L1 (Rn \ B(0,α)) vers 0 quand
² tend vers 0+ , pour tout α > 0.
26 CHAPITRE 2. RAPPELS ET COMPLÉMENTS
lim f ∗ G² = f,
²→0+
Soient δ,α > 0. Alors, dŠaprès nos hypothèses, il existe β > 0 tel que, pout tout y ∈
Rn , kyk ≤ β et pour tout x ∈ Rn , kxk ≤ α on ait
δ
kf (x − y) − f (x)k ≤ .
2
Cela entraine que
¯Z ¯
¯ ¯ δ
¯ G² (y) (f (x − y) − f (x)) dy ¯¯ ≤ ∀ x ∈ B(0,α). (5.20)
¯ 2
B(0,β)
Par ailleurs
¯Z ¯ Z
¯ ¯
¯ ¯
G² (y) (f (x − y) − f (x)) dy ¯ ≤ 2kf kL∞ (Rn G² (y)dy.
¯
Rn \B(0,β) R\B(0,β)
lim f ∗ G² = f,
²→0+
pour tout φ ∈ D(Ω) alors h = 0 presque partout sur Ω. Supposons, dans un premier temps,
que h ∈ L1 (Ω) et que Ω est de mesure finie.
2.6. EXERCICES DU CHAPITRE 1 27
D’après le Corollaire 2.5.7 il existe h1 ∈ D(Ω) tel que kh−h1 kL1 (Ω) < ². D’après (5.22)on
a ¯Z ¯
¯ ¯
¯ h1 φ¯ ≤ ²kφkL∞ (Ω) ∀ φ ∈ D(Ω). (5.23)
¯ ¯
Ω
Soient
K1 = {x ∈ Ω | h1 (x) ≥ ²} , K2 = {x ∈ Ω | h1 (x) ≤ −²} .
Comme K1 et K2 sont des compacts disjoints on peut construire grâce au Corollaire 2.2.9
une fonction φ0 ∈ D(Ω) telle que
(
1 si x ∈ K1
φ0 (x) =
−1 si x ∈ K2
Par conséquent
Z Z Z Z
|h1 | = |h1 | + |h1 | ≤ ² + 2 |h1 | ≤ ² + 2²µ(Ω)
Ω K Ω\K Ω\K
Cette égalité étant vraie pour tout ² > 0 on conclut que h = 0 presque partout sur Ω.
S
Considérons maintenant le cas général. On écrit Ω = n∈N Ωn avec Ωn ouvert, Ωn
© ¯ ª
compact, Ωn ⊂ Ω (prendre par exemple Ωn = x ∈ Ω ¯ d(x,Rm \ Ω) > n1 et |x| < n ).
Appliquant ce qui précède avec Ωn et f |Ωn on voit que h = 0 presque partout sur Ωn et on
conclut que h = 0 presque partout sur Ω.
1 − cos x 1 |x| − 1
f4 (x) = , f 5 (x) = p , f 6 (x) = ;
x2 (1 + |x|) |x| (1 + x2 ) log |x|
X√ ∞
(log |x|)2
f7 (x) = , f 8 (x) = n1[n,n+ 12 ] (x), f9 (x) = sin (x2 ),
x2 − 1 n=1
n
X sin (nx)
f10 (x) = .
n≥1
n2
Exercice 2.2. 1. Soit f ∈ C00 (R). A quelle condition existe-t-il g ∈ C01 (R) vérifiant
g0 = f ?
2. Donner une suite (fn ) dans C00 (R) qui converge uniformément sur tout compact de R
et telle que l’on ait
Z ∞ Z ∞
( lim fn (x))dx 6= lim fn (x)dx.
−∞ n→∞ n→∞ −∞
Montrer que
Soit ϕ ∈ D(R) à support dans [−1,1] valant 1 au voisinage de 0 et à valers dans [0,1]. Pour
x ∈ R on pose
∞
X xn
f (x) = an ϕ(tn x).
0
n!
est plate en 0.
√
2. Soit f ∈ C ∞ (R) plate en 0 et paire. Alors h(x) = f ( x) est plate en 0.
3. Soit g ∈ C ∞ (R) paire. Montrer qu’il existe h ∈ C ∞ (R) telle que
h(x2 ) = g(x) ∀ x ∈ R.
lim f ∗ ψ² = f,
²→0+
Exercice 2.11. On se propose de démontrer la densité de C00 (Rn ) dans L2 (Rn ) en supposant
établie la densité de C00 (Rn ) dans L1 (Rn ).
1. Montrer que si f ∈ L2 (Rn ), alors on a :
° °
lim °f − f · χB(0,S) °L2 (Rn ) = 0.
S→∞
2. Prenons f ∈ L20 (Rn ) et soit, pour tout S > 0, AS = {x | |f (x)| ≤ S }. Montrer que:
1
3. Montrer que si f ∈ L∞ n
0 (R ) et vérifie : |f (x)| ≤ 2
presque partout, alors on pour tout
1
² > 0 il existe ϕ ∈ C00 (Rn ) telle que kϕk∞ ≤ 2
et kϕ − f kL2 (Rn ) ≤ ² (utiliser le fait
que pour |x| ≤ 1, on a |x|2 ≤ |x|).
4. Conclure.
32 CHAPITRE 2. RAPPELS ET COMPLÉMENTS
33
Chapitre 3
L’ensemble de toutes les distributions dans Ω sera noté par D0 (Ω). Si pour tout compact
K ⊂ Ω on peut utiliser le même entier m dans (1.1) alors on dit que la distribution u est
d’ordre ≤ m.
Exemple 3.1.2. Toute fonction f ∈ L1loc (Ω) définit une distribution uf ∈ D0 (Ω) en posant
Z
uf (φ) = f (x)φ(x)dx, ∀ φ ∈ D(Ω).
Ω
Il est facile à vérifier que uf est une distribution d’ordre 0. De plus, d’après la Proposition
2.5.9, l’application
j : L1loc (Ω) → D0 (Ω), j(f ) = uf ,
est injective. Dans l’exemple suivant nous montrerons qu’elle n’est pas surjective.
Exemple 3.1.3 (La masse de Dirac dans un point). Soit a ∈ Ω. On considère la forme
linéaire sur D(Ω) définie par
Alors on a
|hδa ,ϕi| ≤ kϕkL∞ (Ω) ∀ ϕ ∈ D(Ω),
donc δa est une distribution d’ordre zéro dans Ω. Cependant δa n’est pas donnée par une
fonction L1loc (Ω). En effet, supposons qu’il existe f ∈ L1loc (Ω) telle que
Z
hδa ,ϕi = f (x)ϕ(x)dx = ϕ(a) ∀ ϕ ∈ D(Ω). (1.2)
Ω
e = Ω \ {a}. Alors
Notons Ω
Z
hδa ,ϕi = f (x)ϕ(x)dx = 0 e
∀ ϕ ∈ D(Ω).
Ω
La relation ci-dessus définit une distribution d’ordre 1 sur R, appelée valeur principale de
1
x
. La preuve de cette affirmation fait l’objet de l’Exercice 3.3.
Comme pour les opérateurs linéaires dans des espaces normés, la propriété de "conti-
nuité" d’une distribution peut être caractérisé à l’aide de suites. Avant de donner cette
caractérisation, nous définissons la notion de convergence dans D(Ω).
Définition 3.1.6. Soit Ω un ouvert de Rp . On dit que la suite (φn ) ⊂ D(Ω) converge vers
φ ∈ D(Ω) si
1. Il existe un compact K de Ω tel que supp(φn ) ⊂ K pour tout n ∈ N.
3.2. DÉRIVATION DE DISTRIBUTIONS 35
Preuve. Supposons que u ∈ D0 (Ω) et soit (φn ) ⊂ D(Ω) tendant vers 0 dans D(Ω).
D’après la définition de la convergence dans D(Ω) il existe un compact K de Ω tel que
supp(φn ) ⊂ K pour chaque n ∈ N. On déduit qu’il existe les constantes CK > 0 et mK ∈ N
telles que
X
|hu,φn i| ≤ CK k∂ α φn k∞ , ∀ n ∈ N.
|α|≤mK
Compte tenu du fait que, pour chaque α fixé, limn → ∞ k∂ α φn k∞ = 0 on déduit que l’on a
(1.3) pour toute suite (φn ) ⊂ D(Ω) tendant vers 0 dans D(Ω).
Il nous reste à montrer que si, pour toute suite (φn ) ⊂ D(Ω) tendant vers 0 dans D(Ω),
on a (1.3) alors u ∈ D0 (Ω). Raisonnons par l’absurde : supposons qu’il existe un compact
K0 de Ω tel que pour tout m ∈ N et pour tout C > 0 on puisse trouver φm,C ∈ DK0 (Ω)
vérifiant
X
|hu,φm,C i| > C k∂ α φm,C k∞ . (1.4)
|α|≤m
Prenons φN = φN,N pour tout N ∈ N∗ . Il est clair que φN 6= 0 donc, quitte à multipler φN
par un nombre positif, on peut supposer que l’on a
1
sup k∂ α φN k∞ = . (1.5)
|α|≤N N
En utilisant la relation ci-dessus et (1.4) on déduit que
Les relations (1.6) et (1.7) contredisent (1.3). Nous avons donc prouvé que si, pour toute
suite (φn ) ⊂ D(Ω) tendant vers 0 dans D(Ω), on a (1.3) alors u ∈ D0 (Ω).
Exemple 3.2.4. La fonction f (x) = log |x| est dans L1loc (R), donc elle définit un élément
de D0 (R). On a µ ¶
df 1
= vp dans D0 (R). (2.8)
dx x
3.2. DÉRIVATION DE DISTRIBUTIONS 37
On déduit que
Z Z ¿ µ ¶À
0 0 1
log (|x|)ϕ (x)dx = lim log (|x|)ϕ (x)dx = − vp . (2.10)
R ² → 0+ |x|>² x
En intégrant par parties dans chacun des intervalle [ai ,ai+1 ], on onbtient d’ine part des
Rb
termes donc la somme vaudra a {f 0 }(x)ϕ(x)dx et les termes
qui regroupés donnerons les hδai ,ϕi avec un coefficient égal au saut de f en ai .
38 CHAPITRE 3. DÉFINITIONS ET PROPRIÉTÉS DES DISTRIBUTIONS
Une propriété très importante de la dérivation au sens de distributions est qu’elle pre-
serve une caractéristique très importante de la dérivation classique: si la dérivé d’un fonction
régulière sur Rn est identiquement nulle, alors la fonction est constante. Dans un premier
temps nous énonçons et nous prouvons ce résultat dans le cas uni-dimensionnel.
Théorème 3.2.7. Soit I un intervalle ouvert. Alors
1. Les distributions u sur I vérifiant u0 = 0 sont les fonctions constantes.
2. Pour toute v ∈ D0 (I), il existe u ∈ D0 (I) telle que u0 = v.
R
Preuve. Soit θ ∈ D(I) telle que I θ(x)dx = 1 et soit φ ∈ D(I). Alors la fonction
£R ¤ R
η(x) = φ(x) − I φ(x)dx θ(x) est dans D(I) et I η(x)dx = 0. On a vu dans l’Exercice
2.2 que cela implique l’existence d’une unique fonction ψ ∈ D(I) telle que ψ 0 = η, donc il
existe une unique fonction ψ ∈ D(I) telle que
·Z ¸
0
ψ =φ− φ(x)dx θ. (2.11)
I
Le dernier terme, qui vaut −hu0 ,ψi est nul et on obtient, en appelant C la constante hu,θi,
Z
hu,φi = C φ(x)dx.
I
hu,φi = −hv,ψi,
où ψ est l’unique fonction de D(I) associé à φ par la relation (2.11). Il est facile à vérifier
la linéarité et la continuité de u. De plus il est claire que la fonction associée à φ0 par la
relation (2.11) est ψ = φ. Par conséquent
donc on a bien u0 = v.
La généralisation en dimension quelconque du Théorème 3.2.7 est le résultat suivant.
∂u
Théorème 3.2.8. Soit u ∈ D0 (Rn ). On suppose que ∂xi
= 0 pour tout i ∈ {1, . . . ,n}. Alors
u est une (fonction ) constante.
Pour la démonstration du Théorème 3.2.8 on a besoin du lemme ci-dessous.
n
LemmeZ 3.2.9. Pour toute φ ∈ D(R ) les conditions suivantes sont équivalentes:
1. φ(x)dx = 0.
Rn
3.2. DÉRIVATION DE DISTRIBUTIONS 39
Preuve. Le fait que la deuxième affirmation implique la première est facile à établire.
On propose au lecteur de vérifier cette implication.
Montrons que la première affirmation implique la seconde par récurrence sur n. Pour
n = 1 le résultat est déjà établi (voir l’Exercice 2.2). Supposons donc k ≥ 2 et le résultat
vrai pour n ≤ k − 1. Posons
Z ∞
f (x1 , . . . ,xk−1 ) = φ (x1 , . . . ,xk−1 ,y) dy.
−∞
¡ ¢
Alors on a f ∈ D Rk−1 car si supp(φ) ⊂ [−R,R]k on aura supp(f ) ⊂ [−R,R]k−1 . De plus,
R
par Fubini, Rk−1 f (x)dx = 0. Compte tenu de l’hypothèse de récurrence on déduit qu’il
existe g1 , . . . ,gk−1 ∈ D(Rk−1 ) avec
k−1
X ∂gj
f= .
j=1
∂xj
R∞
Soit ρ ∈ D(R) vérifiant −∞
ρ(t)dt = 1 et posons
k−1
X ∂gj
φe (x1 , . . . ,xk ) = φ(x) − (x1 , . . . ,xk−1 ) ρ(xk ) = φ(x) − f (x1 , . . . ,xk−1 )ρ(xk ).
j=1
∂xj
Notons
ψj (x1 , . . . ,xk ) = gj (x1 , . . . ,xk−1 ) ρ (xk ) , ∀ j ∈ {1, . . . ,k − 1}.
P
Alors ψj ∈ D(Rk ) et φe = φ − k−1
∂ψj
j=1 ∂xj . Il est claire que pour (x1 , . . . ,xk−1 ) on a
Z ∞
e 1 . . . ,xk−1 ,t)dt = 0,
φ(x
−∞
Pk−1 ∂gj R∞
car f = i=1 ∂xj et −∞
ρ(t)dt = 1. Posons alors
Z xk
ψk (x1 , . . . ,xk ) = e 1 . . . ,xk−1 ,t)dt.
φ(x
−∞
∂u
Soit maintenant u ∈ D0 (Rn ) vérifiant = 0, i = 1,n. On a
∂xi
·Z ¸ * n
+
X ∂ψj
hu,φi = φ(x)dx hu,θi + u, .
Rn j=1
∂x j
Pn D E
∂u
Le dernier terme, qui vaut − j=1 ∂xj
,ψj est nul et on obtient, en appelant C la constante
hu,θi, Z
hu,φi = C φ(x)dx.
Rn
La relation ci-dessus exprime que u est égale à une constante C.
est une distribution sur Ω. L’ordre de cette distribution sur tout compact K de Ω est infé-
rieur ou égal à l’ordre sur K de u.
Preuve. Comme f φ ∈ D(Ω), pour φ ∈ D(Ω) et f ∈ C ∞ (Ω), hf u,φi est bien définie. Si
K est un compact de Ω et φ ∈ DK (Ω) alors f φ ∈ DK (Ω) et donc
fK sup k∂ α φk
|hf u,φi| ≤ C ∀ φ ∈ DK (Ω),
∞
|α|≤mK
3.3. MULTIPLICATION PAR DES FONCTIONS DE CLASSE C ∞ 41
ordreK (f u) ≤ mK = ordreK u,
En particulier xδ0 = 0.
On peut par ailleurs trouver toutes les solution u ∈ D0 (Ω) de l’équation
xu = 0. (3.12)
En effet soit χ ∈ D(R) telle que χ(0) = 1. Pour toute fonction φ ∈ D(R) la fonction
φ − φ(0)χ s’annule à l’origine donc, d’après le Corollaire 2.1.13 il existe ψ ∈ C ∞ (R) telle
que
φ = φ(0)χ + xψ.
Remarque 3.3.1. En appliquent les résultats des exemples 3.3.3 et 3.3.4 on peut déduire que
toute solution u ∈ D0 (R) de l’équation xu = 1 est de la forme
µ ¶
1
u = vp + Cδ0 , C ∈ R.
x
Proposition 3.3.5. (Formule de Leibniz) Si f ∈ C ∞ (Ω) et u ∈ D0 (Ω) alors
∂ ∂f ∂u
(f · u) = ·u+f · , ∀ i ∈ {1, . . . ,n}.
∂xi ∂xi ∂xi
42 CHAPITRE 3. DÉFINITIONS ET PROPRIÉTÉS DES DISTRIBUTIONS
Exemple 3.4.2. Soit (ak )k∈Z une suite de nombres complexes telle que limn → ∞ an = ∞
et limn → −∞ an = −∞. Alors, pour toute suite (bk )k∈Z , la suite (SN )N ∈N définie par
N
X
SN = bk δak
−N
P∞
converge vers S = −∞ bk δak dans D0 (R).
L’exemple ci-dessus permet d’obtenir une généralisation de la formule de sauts, dont la
démonstration est proposée comme exercice au lecteur.
Proposition 3.4.3 (Formule des sauts généralisée). Soit (an )n∈Z ⊂ C une suite stric-
tement croissante avec limn → ∞ an = ∞ et limn → −∞ an = −∞. On suppose que f : R → R
est de classe C 1 dans chacun des intervalles ]ai ,ai+1 [ f et que f, f 0 se prolongent continûment
dans les intervalles [ai ,ai+1 ].
On a alors
X
f 0 = {f 0 } + [f (an + 0) − f (an − 0)] δai ,
n∈Z
Preuve.
1. Supposons que fn → f dans L1 (Ω). Comme, pour tout n ∈ N on a
¯Z Z ¯
¯ ¯
¯ fn (x)ϕ(x)dx − f (x)ϕ(x)dx¯ ≤ kϕk∞ kfn − f k 1 ∀ ϕ ∈ D(Ω)
¯ ¯ L (Ω)
Ω Ω
Donc
¯ ³y´ ¯
¯ ¯
|hρn − δ0 ,ϕi| ≤ sup ¯ϕ − ϕ(0)¯ ,
kyk≤1 n
et la continuité de ϕ en 0 assure que ce majorant tend vers 0 quand n → ∞.
La dérivation au sens de distributions et une opération continue sur D0 (Ω). Plus préci-
semment on a :
Théorème 3.4.6. Soit (un ) une suite telle que un → u dans D0 (Ω). Alors, pour tout multi-
indice α ∈ Nn fixé, on a ∂ α un → ∂ α u dans D0 (Ω).
Preuve.Pour toute fonction ϕ ∈ D(Ω) on a
Exemple 3.4.7. Le Théorème 3.4.6 permet, entre autres, de donner une nouvelle preuve
du fait que la dérivée dans D0 (R) de la fonction x → log |x| (qui est dans L1loc (R)) est donnée
par µ ¶
0 1
(log |x|) = vp .
x
44 CHAPITRE 3. DÉFINITIONS ET PROPRIÉTÉS DES DISTRIBUTIONS
C’est une fonction C 1 par morceaux et continue donc, d’après le théorème de sauts sa
dérivée dans D0 (R) est donnée par
(
1
si |x| ≥ ²
f²0 (x) = x
0 si |x| < ²
Par ailleurs on a f² (x) → f (x) et |f² (x)| ≤ |f (x)| presque partout donc, d’après la Proposi-
tion 3.4.4, f² → f dans D0 (R). D’après le le Théorème 3.4.6 f²0 → f 0 dans D0 (R) donc
Z
0 0 φ(x)
< (log |x|) ,φ >= lim < f² ,φ >= lim dx,
² → 0+ ² → 0+ |x|≥² x
d’où la conclusion.
La multiplication par de fonctions de classe C ∞ est aussi une opération continue dans
D0 (Ω). Plus précisemment on a:
Proposition 3.4.8. Soit (un ) une suite de D0 (Ω) vérifiant
Soit (ρi )i∈{1,...,k} une partition de l’unité subordonnée au recouvrement de supp(ϕ) par
V1 , . . . ,Vk . On aura alors
k
X
ϕ= ρi ϕ,
i=1
Alors
© ¯ ª
supp(u) = (x,y) ∈ R2 ¯ x2 + y 2 = 1 = S 1 .
En effet si supp(ϕ) ∩ S 1 = ∅ alors ϕ(cos θ, sin θ) = 0 pour tout θ ∈ [0,2π], donc hu,φi = 0,
d’où supp(u) ⊂ S 1 . Montrons l’égalité. Soit V un ouvert de R2 tel que supp(ϕ) ∩ S 1 6= ∅. Si
(x0 ,y0 ) ∈ supp(ϕ) ∩ S 1 alors, par le Lemme 2.2.3, il existe φ0 ∈ D(V ) telle que φ0 (x,y) ≥ 0,
pour tout (x,y) ∈ R2 et φ0 (x0 ,y0 ) > 0. Alors hu,φ0 i > 0, donc S 1 ⊂ supp(u).
Dans la suite on notera par E 0 (Ω) l’espace des distributions dans Ω à support compact.
Théorème 3.5.7. Toute distribution u ∈ E 0 (Ω) est d’ordre fini.
Preuve. Soit K un voisinage compact de supp(u), et soit χ une fonction de classe C ∞
à support dans K et égale à 1 au voisinage de supp(u) (une telle fonction existe grâce à la
Proposition 2.2.8). Pour ϕ ∈ D(Ω), la fonction ϕ − χϕ est nulle au voisinage de supp(u) et
on a donc hu,ϕi = hu,χϕi. Appelons p l’ordre de u sur K (voir Définition 3.1.1). On obtient
donc l’existence d’une constante C1 > 0 telle que
X
|hu,ϕi| ≤ C1 k∂ α (χϕ)k∞ ∀ ϕ ∈ D(Ω).
|α|≤p
En développant ∂ α (χϕ) par la formule de Leibniz on obtient qu’il existe une constante
C > 0, qui dépend de C1 et des bornes supérieures de dérivée de χ jusqu’à l’ordre p sur K,
telle que
X
|hu,ϕi| ≤ C k∂ α ϕk∞ ∀ ϕ ∈ D(Ω).
|α|≤p
où (ρn ) est une suite régularisante. Il est facile de vérifier que la fonction ψn vaut 1 dans
K 1 , vaut 0 hors de K 3 , et est comprise entre 0 et 1. De plus, d’après le Théorème 2.5.3,
n n
3.5. DISTRIBUTIONS À SUPPORT COMPACT 47
Par ailleurs ∂ α ρn (x) = nm+|α| ∂ α ρ1 (nx), donc k∂ α ρn kL1 = Cα n|α| , en notant Cα la norme de
de ∂ α ρ1 dans L1 (Rm ). Il resulte donc de (5.13) que
Soit maintenant ϕ ∈ D(Ω) nulle sur K ainsi que ses dérivées d’ordre inférieur ou égal
à p. Soit x ∈ K 3 et β ∈ Nm , |β| ≤ p. En effectuant le développement de Taylor à l’ordre
n
3
p − |β| en un point x0 ∈ K tel que ||x − x0 || ≤ n
on obtient que
1
|∂ β ϕ(x)| ≤ C ∀ x ∈ K3 , (5.15)
np+1−|β| n
Le premier terme est nul, la fonction étant nulle dans le voisinage de K 1 du support de u. Le
n
second treme est majoré en module par une constante fois la somme des bornes supérieures
des ∂ α (ϕψn ) pour |α| ≤ p. Ces fonctions étant nulles hors de K 3 , la formule de Leibniz,
n
C0
On a donc |hu,φi| ≤ n
pour tout n, ce qui achève la démonstration du théorème.
Nous pouvons maintenant donner une caractérisation complète des distributions dont
le support est réduit à un point.
Corollaire 3.5.9. Les distributions dont le support est réduit à un point a ∈ Rm sont des
combinaisons linéaires finies de dérivées de la masse de Dirac en a.
Preuve. On peut supposer, sans restreindre la généralité, que a = 0. Soit ϕ ∈ D(Rm ),
soit u ∈ D0 (Rm ) dont le support est l’origine et soit p l’ordre de u. En utilisant la formule
de Taylor (voir le Théorème 2.1.11)) on obtient que :
X xα
ϕ(x) = ∂ α ϕ(x) + re(x)
α!
|α|≤p
où
X xγ Z 1
re(x) = (p + 1) (1 − t)p ∂ γ ϕ(tx)dt.
γ! 0
|γ|=p+1
48 CHAPITRE 3. DÉFINITIONS ET PROPRIÉTÉS DES DISTRIBUTIONS
X ∂ α ϕ(0)
ϕ(x) = xα ψ(x) + r(x),
α!
|α|≤p
où la fonction
X ∂ α ϕ(0) X xα
r(x) = xα − ∂ α ϕ(x)ψ(x) + re(x)
α! α!
|α|≤p |α|≤p
est nulle à l’origine ainsi que ses dérivées d’ordre inférieur ou égal à p. D’après le Théorème
hu,xα ψ(x)i
3.5.8 on a hu,ri = 0 et donc, en notant bα les constantes α!
,
X
hu,ϕi = bα ∂ α ϕ(0),
|α|≤p
La notation E 0 (Ω) pour l’espace des distributions à support compact (introduite par
L. Schwartz) est due au fait que cet espace peut être vu comme le dual de C ∞ (Ω), noté
E(Ω) par Laurent Schwartz. Plus précisément on a le résultat ci-dessous, dont la preuve est
proposée comme exercice au lecteur.
Proposition 3.5.10. Soit u ∈ E 0 (Ω) et θ ∈ D(Ω) telles que θ ≡ 1 au voisinage de supp(u).
Alors l’application linéaire
ϕ → hu,θϕi ∀ ϕ ∈ C ∞ (Ω)
Remarque 3.5.1. L’estimation (1.1) est valable, avec les mêmes constantes C, pour φ ∈
C ∞ (Ω). Il suffit en effet de choisir la fonction θ ci-dessus égale à 1 au voisinage de K, les
dérivéees de φ et θφ coïncidant alors sur K.
3.6. CONVOLUTION D’UNE DISTRIBUTION ET D’UNE FONCTION C ∞ 49
φy (x) = φ(x,y) ∀ x ∈ Rn .
Posons alors
F (y) = hu,φy i ∀ y ∈ Rp .
Alors F ∈ C ∞ (Rp ) et
D ¡ ¢ E
∂ α F (y) = u, ∂yα φ y ∀ α ∈ Np .
∂ α (u ∗ ϕ) = u ∗ ∂ α ϕ = (∂ α u) ∗ ϕ ∀ α ∈ Nn .
est C ∞ (Rn × Rn ). On voudrait appliquer le Lemme 3.6.1 mais u n’est pas à support
compact. Pour contourner cette difficulté on considère un compact K de Rn , on note par
L le support de ϕ et on considère θ ∈ D(Rn ) telle que θ ≡ 1 au voisinage du compact K − L
de Rn (une telle fonction existe grace à la Proposition 2.2.8). Alors, si x ∈ K on a
et donc
(u ∗ ϕ)|int(K) = h(θu)y ,ϕ(x − y)i ∀ x ∈ K.
3.7. FORMULE DE STOKES ET FORMULE DES SAUTS DANS L’ESPACE 51
Comme θu ∈ E 0 (Rn ) on peut appliquer le Lemme 3.6.1 pour déduire que (u ∗ ϕ)|int(K) ∈
C ∞ (int(K)) pour tout compact K de Rn . On aura donc que u ∗ ϕ ∈ C ∞ (Rn ) et
∂ α (u ∗ ϕ) = u ∗ ∂ α ϕ ∀ α ∈ Nn ∀ α ∈ Nn .
Il nous reste à prouver l’estimation sur les supports. On note F = supp(u), L = supp(ϕ)
et on considère un point x0 ∈ Rn \ (F + L). En appliquant le Lemme 2.2.8 on obtient qu’il
existe une fonction ρ ∈ D(Rn ) avec ρ ≡ 1 au voisinage de {x0 } − L et supp(ρ) ∩ F = ∅.
Alors pour x au voisinage de x0 on aura
δa ∗ ϕ = τa ϕ ∀ ϕ ∈ D(Rn ).
∂ α (τa ϕ) = ∂ α (δa ∗ ϕ) = (∂ α δa ) ∗ ϕ = δa ∗ (∂ α ϕ) = τa (∂ α ϕ) .
Pour i = 1, . . . ,n − 1, on pose vi (x0 ,xn ) = h(x0 ,xn − φ(x0 )), la fonction h(x0 ,t) étant définie
pour t ≥ 0. On obtient
∂vi 0 ∂h 0 ∂h 0 ∂φ 0
(x ,xn ) = (x ,xn − φ(x0 )) − (x ,xn − φ(x0 )) (x ) ∀ i ∈ {1, . . . ,n − 1}.
∂xi ∂xi ∂xn ∂xi
En faisant le changement de variables x0 = x0 , t = xn − φ(x0 ) dont le jacobien est égal à 1
et en appliquant Fubini, on a
Z Z Z Z Z
∂vi 0 ∂h 0 0 ∂h 0 ∂φ 0
(x ,xn )dx = (x ,t)dx dt − (x ,t) (x )dtdx0 .
Ω ∂xi [0,∞[ ω ∂xi ω [0,∞[ ∂xn ∂xi
La première intégrale est nulle. En intégrant par rapport à t dans la deuxième on obtient
Z Z
∂vi 0 ∂φ 0
(x ,xn )dx = vi (x0 ,φ(x0 )) (x )dx0 .
Ω ∂x i ω ∂x i
R
On obtient donc, pour Ω div~v (x)dx, l’intégrale sur ∂Ω (pour la mesure dx0 ) du produit
∂φ
scalaire de ~v et du vecteur des composante ∂x1
(x0 ), . . . , ∂x∂φ
n−1
(x0 ), − 1, ce qui est précisément
le résultat voulu.
Cette définition exprime que Ω se comporte comme le surgraphe d’une fonction régulière
au voisinage de chaque point de sa frontière.
54 CHAPITRE 3. DÉFINITIONS ET PROPRIÉTÉS DES DISTRIBUTIONS
Proposition 3.7.7. Soit Ω un ouvert régulier, et m un point de ∂Ω. Avec les notation de la
Définition 3.7.6, soit ~ν (m) le vecteur dont les composantes dans le système de coordonnées
(y) sont données par la Dédinition 3.7.2. Alors ce vecteur est indépendant du choix de (y).
Définition 3.7.8. Le vecteur ~ν (m) défini dans la Proposition 3.7.7 est appelé normale
extérieure unitaire au point m.
Soit Ω un ouvert régulier borné. Sa frontière ∂Ω étant compacte, on peut la recouvrir
par un nombre fini de "cylindres" B λ , λ = 1, . . . ,N , vérifiant les conditions de la Définition
3.7.6 pour les données (y λ , φλ ). D’après le Théorème 2.3.2, on peut trouver une partition
de l’unité par des fonctions ψλ à support dans les B λ . Si f est une fonction continue sur
R
∂Ω nous pouvons alors calculer ∂Ω f (x)ψ λ (x)dAx en utilisant (7.22).
R
Théorème 3.7.9. La somme des ∂Ω f (x)ψ λ (x)dAx calculées comme précédemment ne
R
depend que de f et non de choix des B λ , y λ , ψ λ . On note cette quantité par ∂Ω f (x)dAx
et on l’appelle intégrale de surface de f sur ∂Ω. L’application dA∂Ω définie par
Z
hdA∂Ω ,ϕi = ϕ(x)dAx ∀ ϕ ∈ D(Rn ),
∂Ω
Corollaire 3.7.13 (Intégration par parties). Soit Ω un ouvert borné régulier, et f,g ∈
C 1 (Ω). Alors, pour tout i ∈ {1,2, . . . ,n}, on a
Z Z
∂f
dx = f νi dAx ,
Ω ∂xi ∂Ω
et Z Z Z
∂f ∂g
g dx = gf νi dAx − f dx
Ω ∂xi ∂Ω Ω ∂xi
Corollaire 3.7.14 (Formule de Green). Soit u,v ∈ C 2 (Ω) ∩ C 1 (Ω). Alors
Z Z Z µ ¶
∂u ∂v
v∆udx − u∆v dx = v− u dAx
Ω Ω ∂Ω ∂ν ∂ν
3.7. FORMULE DE STOKES ET FORMULE DES SAUTS DANS L’ESPACE 55
3.7.4 Applications
Nous donnons d’abord un résultat sur les solutions régulières par morceaux d’un système
d’équations aux dérivées partielles d’ordre 1.
Proposition 3.7.16 (Condition de Rankine-Hugoniot). Soient Σ une hypersurface de
Rn+1 , f1 , . . . ,fn ∈ C 1 (Rm ) et u : Rn+1 → Rm une fonction régulière dans Rn \ Σ telles que
n
∂u X ∂
+ fi [u(t,x)] = 0, dans D0 (Rn+1 ). (7.24)
∂t i=1
∂x i
56 CHAPITRE 3. DÉFINITIONS ET PROPRIÉTÉS DES DISTRIBUTIONS
∂w ∂w
u1 = , u2 = ,
∂x ∂t
et à !
u2
f (u) = .
c2 u1
Il est facile de vérifier que
∂u ∂
+ {f (u)} = 0, dans D0 (R2 ),
∂t ∂x
et que u1 et u2 sont régulières en dehors de Σ. En appliquant la Proposition 3.7.16 on
obtient que (
νt [u1 ] + νx [u2 ] = 0
c2 νx [u1 ] + νt [u2 ] = 0
en tout point de la courbe Σ. Le système ci-dessus (d’inconnues [u1 ] et [u2 ]) admet des
solutions non nulles ssi c2 νt2 = νx2 en tout point de la courbe, d’où la conclusion.
Une application de la formule des sauts est liée à la notion de solution fondamentale
d’un opérateur différentiel.
Définition 3.7.18. Soit (aα )α∈Nn ,|α|≤m une famille de fonctions de classe C ∞ de Rn dans
C. Une distribution u ∈ D0 (Rn ) est dite solution fondamentale de l’opérateur différentiel
X
P (x,∂) = aα ∂ α
|α|≤m
si
X
aα (x)∂ α u(x) = δ0 dans D0 (Rn ).
|α|≤m
3.7. FORMULE DE STOKES ET FORMULE DES SAUTS DANS L’ESPACE 57
Un résultat très important, démontré dans les anéees 1950 et l’existence des solutions
fondamentales des opérateurs différentiels à coefficients constants. Plus précisément on a le
resultat fondamentale suivant, qu’on donne ici sans preuve.
Théorème 3.7.19 (Magrange-Ehrenpreis). Tout opérateurs différentiels à coefficients
constants admet au moins une solution fondamentale dans D0 .
Le résultat ci-dessous donne une solution fondamentale du laplacien dans R3 .
p
Proposition 3.7.20. Si (x1 ,x2 ,x3 ) ∈ R3 , on note r = x21 + x22 + x23 . La fonction
1 1
E(x1 ,x2 ,x3 ) = − ∈ L1loc (R3 )
4π r
définie une solution fondamentale du Laplacien dans R3 .
Preuve. Il semble raisonble qu’une fonction u ∈ L1loc (R3 ) qui satisfait ∆E = δ0 dans
D0 (R3 ) soit régulière en dehors de l’origine. De plus, si l’on suppose que E est à symétrie
p
radiale, i.e., E(x1 ,x2 ,x3 ) = G(r) où r = x21 + x22 + x23 , on obtient que
µ ¶
d 2 dG
r = 0,
dr dr
ou encore
µ
G(r) = λ +
r
avec λ,µ ∈ C. Il reste à prouver qu’on peut choisir la constante µ telle que ∆E = δ0 dans
D0 (R3 ). Pour cela il sufit de calculer, dans D0 (R3 ), le laplacien de la fonction
1
u(x1 ,x2 ,x3 ) = .
r
1 1
Si ² > 0 on note par u² la fonction égale à r
si r ≥ ² et à ²
sinon. Les fonctions de la
1
famille (u² ) sont majorés par la fonction localement sommable fixe r
et elle convergent vers
1
r
presque partout et donc au sens des distributions. En appliquant le Théorème 3.4.6 on a
donc
∆u = lim (∆u² ) dans D0 (R3 ). (7.26)
²→0
Pour calculer ∆(u² ) on va appliquer la formule de sauts (Théorème 3.7.15), l’ouvert régulier
étant la boule de rayon ² centrée à l’origine. Comme le saut de f est nul on déduit que
(
∂u² − rx3i si r > ²
= , ∀ i ∈ {1,2,3}.
∂xi 0 si r < ²
∂ 2 u²
Par contre, dans le calcul de ∂x2i
nous allons avoir un terme de saut. Plus précisément,
xi
comme νi = ²
on a ½ ¾
∂ 2 u² ∂ 2 u² x2i
= − dA² ,
∂x2i ∂x2i ²4
58 CHAPITRE 3. DÉFINITIONS ET PROPRIÉTÉS DES DISTRIBUTIONS
en notant par dA² la distribution définie dans le Théorème 3.7.9 avec ∂Ω étant la sphère
S² de rayon ². Compte tenu du fait que {∆(u² )} = 0 la relation ci-dessus implique que
1
∆(u² ) = − dA² .
²2
Par conséquent on a
Z Z
1 1
h∆(u² ),φi = − 2 φ(0)dA² − 2 (φ(x) − φ(0)) dA² ∀ φ ∈ D(R3 ).
² S² ² S²
Le premier terme est constant et égal à −4πφ(0), en on montre facilement que le second
tend vers 0 avec ². On a donc
Soit u = E ∗ f . Alors on a
Remarque 3.7.1. On peut donner un sens à l’opération de convolution u∗v si u et v sont deux
distributions avec des supports "convolutifs" (voir [1] pour une définition précise de cette
notion). Il s’agit, en particulier, du cas ou l’une des distributions est à support compact.
En utilsant cette extension de la notion de convolution on peut prouver que le résultat de
la Proposition 3.7.21 reste vrai si f ∈ E 0 (Rn ).
Exercice 3.2. Pour chacune des formes linéaires sur D(R) suivantes, montrer que ce sont
des distributions et calculer leur ordre sur chaque compact :
+∞
X
1. hT1 ,ϕi = n!ϕ(n)
1
+∞
X 1 dn ϕ
2. hT2 ,ϕi = n
(n)
n! dx
Z1 +∞
3. hT3 ,ϕi = ϕ(x) cos(x) dx
−∞
Z b
4. hT4 ,ϕi = exp(x)ϕ0 (x) dx
a
Préciser celles que vous connaissez déjà sous un autre “nom”.
Z
φ(x)
Exercice 3.3. 1. Prouver , pour toute φ ∈ D(R) l’existence de la limite lim dx.
²→0+ |x|≥² x
2. On pose ¿ µ ¶ À Z
1 φ(x)
vp ,φ = lim dx, ∀ φ ∈ D(R). (8.28)
x ²→0+ |x|≥² x
φ00 + 2φ0 + φ = 0.
φ00 + 2φ0 + φ = δ0 .
2. Vérifier que f définit une distribution sur R et calculer la dérivée seconde de cette
P
dernière. En déduire que la série n∈Z einx converge dans D0 (R) et que l’on a l’identité
suivante :
X X
2π δ2nπ = einx
n∈Z n∈Z
Exercice 3.9. Soit f : R → R définie par f (x) = | sin (x)|. Calculer (au sens des distribu-
tions) f 00 + f .
Exercice 3.10. Calculer les limites suivantes dans D0 (R) :
sin(nx)
lim sin(nx) ; lim
n→+∞ n→+∞ x
Exercice 3.11. 1. Pour ² > 0 on pose
¡ ¢
f² (x) = log ²2 + sinh2 (x) ∀ x ∈ R.
Exercice 3.13. Soit B la boule unité de R3 . On suppose que ϕ ∈ C 2 (V ) est telle que
Prouver la formule :
µ ¶
1 1 1 1
lim Vp − Vp = Pf
a→0 2a x−a x+a x2
1
(voir l’Exercice 3.7 pour la définition de Pf ).
x2
62 CHAPITRE 3. DÉFINITIONS ET PROPRIÉTÉS DES DISTRIBUTIONS
1. Montrer que cette limite existe bien et que xλ+ définit une distribution sur R.
2. Calculer x xλ+ .
λ+1
3. Soit H la fonction de Heaviside. Notons x+ la distribution associée à la fonction
x → H(x)xλ+1 (cette dernière fonction est L1loc (R)). Montrer que l’on a l’égalité
suivante dans D0 (R) :
¡ ¢0
xλ+1
+ = (λ + 1)xλ+ .
xu0 + u = (λ + 1)xλ+ .
xu0 + u = δ0 .
4. Calculer
dT
S = sin2 (x) · + cos (x) · 1I ]0, π2 [
dx
dans D0 (] − π,π[).
5. Résoudre dans D0 (] − π,π[) l’équation sin (x) · U = 1I ]0, π2 [ .
Exercice 3.19. 1. Trouver toute les distributions u ∈ D0 (R) telles que
u ∈ L2 (R), et u0 ∈ L2 (R).
Exercice 3.20. Soit f, g ∈ L1loc (R) et u(x,t) = f (x − kt) + g(x + kt). Vérifier que u ∈
L1loc (R2 ). Prouver ensuite que
∂ 2u 2
2∂ u
= k , dans D0 (R2 ).
∂t2 ∂t2
Exercice 3.21. 1. Déterminer, pour tout ² > 0 donné, les réels a² et b² pour que la
fonction g² : R3 −→ R, définie par :
(
a ² r 2 + b² si r < ²
g² (x,y,z) = 1
r
si r ≥ ²
p
(où r = x2 + y 2 + z 2 ), soit C 1 (R3 ).
1
2. Montrer qu’alors on a lim+ g² = dans D0 (R).
²→0
µ ¶ r
1
3. En déduire la valeur de ∆ dans D0 (R) (où ∆ est le Laplacien).
r
ZZ
2
Exercice 3.22. Pour tout ϕ ∈ D(R ), on pose hU,ϕi = xϕ(x,y) dxdy.
y≥x2 +x
0 2
1. Montrer que U ∈ D (R ). Préciser son ordre et son support.
∂U ∂U ∂U ∂U
2. Calculer et et montrer que U = x + (2x2 + x) .
∂x ∂y ∂x ∂y
∂U ∂U ∂U
3. Montrer que (y − x2 − x) = 0 et donc que U = x + (2y − x) .
∂y ∂x ∂y
Exercice 3.23. Soient Ω1 , Ω2 deux ouverts de R2 tels que
– Ω1 ∩ Ω2 = ∅ ;
64 CHAPITRE 3. DÉFINITIONS ET PROPRIÉTÉS DES DISTRIBUTIONS
– ∂Ω1 = ∂Ω2 = Σ ;
– Ω1 ∪ Ω2 ∪ Σ = R2 ;
– Σ est le graph d’une fonction γ ∈ C ∞ (R).
¡ ¢ ¡ ¢
Soit u une fonction définie sur R2 telle que u ∈ C ∞ Ω1 ∩ C ∞ Ω2 .
1. Prouver que u définit une distribution sur R2 .
2. On suppose que
∂u ∂u
+ = 0 dans D0 (R2 )
∂t ∂x
et que [u]Σ =
6 0 en tout point de Σ. Déterminer la fonction γ.
Exercice 3.24. 1. Montrer que, pour tout ϕ ∈ D(R2 ), la série :
X∞ Z 1· µ ¶ ¸
1
hT,ϕi = ϕ 2
,y − ϕ(0,y) dy
n=1 0 n
(b) Montrer qu’elle converge dans D0 (R2 ). Si S est la somme de cette série, calculer
∂S
.
∂x
∂S
(c) Que vaut sur l’ouvert Ω précédent?
∂y
Exercice 3.25. Soient a,b ∈ R, a 6= b. Trouver toutes les distributions u ∈ D0 (R) telles que
supp(u) ⊂ {a,b}.
pour tout α ∈ Nn et pour tout u ∈ D0 (Rn ). Donner une exemple montrant que l’inclusion
ci-dessus est, en général, stricte.
Exercice 3.27. Pour a ∈ Rn , vérifier que
z }|
ˇ {
τa (ϕ̌) = τ−a (ϕ) ∀ ϕ ∈ D(Rn ).
Prouver que les applications τa : D(Rn ) → D(Rn ) et ˇ : D(Rn ) → D(Rn ) sont linéaires et
continues.
3.8. EXERCICES DU CHAPITRE CHDEFDIB 65
et telles que
F~ · ~n = G
~ · ~n sur ∂V.
Chapitre 4
Transformation de Fourier et
distributions temperées
4.1 Introduction
La transformation de Fourier est un outil fondamental de l’analyse. Elle est utilisée
dans des domaines très divers : l’étude des équations aux dérivées partielles, l’analyse des
signaux, l’automatique etc. Elle permet d’écrire une fonction sommable ainsi que certaines
distributions comme une superposition de fonctions exponentielles complexes.
Une propriété fondamentale de la transformation de Fourier est le fait qu’elle transforme
les dérivations par rapport à une variable en multiplications par cette variable. Ainsi, les
équations différentielles (à coefficients constants) se ramèmnent à des équations algébriques
et les équations aux dérivées partielles à des équations différentielles ou même algébriques.
Cette propriété simplifie bien-sur grandement les calculs et permet d’accéder plus facilement
à la résolution de nombreux problèmes.
Comme on l’imagine, il est important de pouvoir utiliser cette transformation dans
des conditions les plus générales possibles. Nous la définirons d’abord dans le cadre, trop
restreint, des fonctions sommables. Pour l’éteindre nous introduirons un espace S beuacoup
plus petit que L1 , mais dont le dual S 0 est beaucoup plus gros et jouit de bonnes propriétés
d’invariance pour la transformation de Fourier. Par dualité nous pourons enfin éteindre
cette transformation à S 0 (l’espace des distributions tempérées).
Il n’est malheureusement pas possible de définir la transformée de Fourier d’une distri-
bution quelconque u. Cela dit, la limitation u ∈ S 0 n’est pas très restrictive : en un sens
qu’il faudra préciser, les éléménts de S 0 sont des distributions quelconques à distance finie,
mais dont la croissance doit être au plus polynomiale à l’infini.
Il est important de remarquer que la transformation de Fourier ne s’applique que lorsque
68 CHAPITRE 4. TRANSFORMATION DE FOURIER
l’ouvert Ω est égal à l’espace Rn tout entier. Cependant, on peut encore utiliser la trans-
formation de Fourier lorsque Ω 6= Rn à condition de multiplier au préalable les fonctions
(ou les distributions) que l’on cherche à transformer par une fonction de D(Ω). Ceci permet
d’obtenir des informations locales sur la solution d’un problème posé dans Ω.
Preuve. Si une suite (ξj ) converge vers ξ0 ∈ Rn , les fonctions x → exp (−ix · ξj ) convergent
en chaque point vers la fonction x → exp (−ix · ξ0 ), et sont majorées en module par la fonc-
tion sommable fixe |f |. La continuité de fb résulte du théorème de convergence dominée
de Lebesgue. D’autre part, la valeur de fb en chaque point est majorée en module par
R
Rn
|f (x)|dx, d’où l’inégalité (2.2).
Par ailleurs, on peut vérifier facilement (il suffit d’intégrer par parties) que si φ ∈ D(Rn )
alors φb tend vers 0 à l’infini. Pour chaque f ∈ L1 , on peut trouver une suite φj d’éléménts
n
de
° D(R ) telle
° que kf − φj kL1 tends vers 0 (voir Théorème 2.5.6). Il résulte de (2.2) que
° b °
° f − φbj ° → 0 et que la fonction fb, qui est limite uniforme des fonctions tendant vers
L∞
0 à l’infini, possède la même propriété.
Exemple 4.2.3. Soient t > 0 et f : R → R définie par
Alors f ∈ L1 (R) et
2t
fb(ξ) = ∀ ξ ∈ R.
t2 + ξ 2
En effet Z ∞
fb(ξ) = exp (−t|x|) exp (ixξ)dx
−∞
4.3. L’ESPACE S DE SCHWARTZ 69
Z 0 Z ∞
= exp (tx + ixξ)dx + exp (−tx + ixξ)dx
−∞ 0
¸0 ¸∞
exp [x(t + iξ)] exp [x(−t + iξ)]
= +
t + iξ −∞ −t + iξ 0
1 1 2t
= − = 2 .
t + iξ −t + iξ t + ξ2
Exemple 4.2.4. Soit f : Rn → R définie par f (x) = exp (−akxk2 ), avec a > 0. Alors on a
³ π ´ n2 µ ¶
b −kξk2
f (ξ) = exp . (2.3)
a 4a
R
En effet, si n = 1 et a = 1 alors fb (ξ) = R exp (−ixξ − x2 )dx. D’après l’Exercice 2.10 on
√ ξ2
a fb(ξ) = πe− 4 . Pour a = 1 et n ∈ N on utilise le fait que la transformation de Fourier
de g1 (x1 ) . . . gn (xn ) est gb1 (ξ1 ) . . . gbn (ξn ). Finallement pour n ∈ N et a > 0 on utilise le fait
¡ ¢
que si g ∈ L1 et h(x) = g(ax) alors b h (ξ) = a1n gb aξ et on obtient (2.3).
On finit cette section par un résultat important donnant la relation entre la transfor-
mation de Fourier et la convolution.
Théorème 4.2.5. Si u,v ∈ L1 (Rn ) alors F(u ∗ v) = F(u)F(v).
Preuve. On a
Z ·Z ¸
u[
∗ v(ξ) = exp (−ix · ξ) u(x − y)v(y)dy dx.
Rn Rn
La fonction à intégrer est sommable dans R2n , donc, en appliquant le Théorème de Fubini,
on obtient
·Z ¸ ·Z ¸
u[
∗ v(ξ) = exp (−iz · ξ)u(z)dz exp (−iy · ξ)v(y)dy .
Rn Rn
On obtient donc
X Z
° α β ° 1
°x ∂ φ(x)° ≤ Np+n+1 (φ) Pn dx,
L1 1+ |xi |n+1
|α|≤p,|β|≤p Rn i=1
car la fonction intégrée tend vers 0 pour |xn | → ∞. Il suffit maintenat de multiplier chacun
des membres par exp(−ix0 · ξ 0 ) et d’intégrer par rapport à x0 pour obtenir la conclusion
(3.5).
Le comportement de la transformée de Fourier d’une fonction lorsqu’on effectue une
translation de l’argument est précisé par le résultat ci-dessous, dont la preuve, très simple,
est laissée comme exercice au lecteur.
Lemme 4.3.5. Si a ∈ Rn on note par τa : S → S l’opérateur de translation par a, défini
par (τa f )(x) = f (x − a), pour tout f ∈ S. Alors (F(τa f )) (ξ) = exp(−ia · ξ) fb(ξ), pour tout
ξ ∈ Rn .
Le résultat principal de cette section est :
Théorème 4.3.6. 1. La transformation de Fourier applique l’espace S dans lui même
et,pour tout p ∈ N, il existe Cp telle que
³ ´
Np φb ≤ Cp Np+n+1 (φ), ∀ φ ∈ S. (3.6)
Preuve. En appliquant |β| fois de suite le Lemme 4.3.3 on obtient que ∂ξβ φb = (−i)|β| F(xβ φ).
En appliquant ensuite |α| fois le Lemme 4.3.4, on a
¯ ¯
¯ α β b ¯ ¯¯ © α ¡ β ¢ª¯
¯ξ ∂ξ φ (ξ)¯ = F ∂x x φ(x) ¯ ∀ φ ∈ S.
où on a posé Z µ ¶
−n −²2 |ξ|2
G² (z) = (2π) exp (iz · ξ) exp dξ .
Rn 4
²2
En utilisant (2.3) avec a = 4
, et en remarquant que le résultat est invariant en remplaçant
z par −z, on obtient ³z ´
G² (z) = ²−n G1 ,
²
où
n
G1 (z) = π − 2 exp (−|z|2 ).
En notant que G² est d’intégrale 1, on voit que la famille des G² a toutes les propriétes
d’une approximation de l’identité (ou d’une suite régularisante), à l’exception du fait que
les gaussiennes ne sont pas à support compact. Cela n’empeche pas les G² ∗ φ de converger
en L∞ (Rn ) vers φ. En effet
Z
G² ∗ φ(x) − φ(x) = G² (y) (φ(x − y) − φ(x)) dy.
Rn
Compte tenu du fait que φ ∈ S, on peut appliquer le Théorème des accroissements finis et
obtenir facilement que G² ∗ φ converge uniformement vers φ dans Rn .
En utilsant maintenant (3.10) on déduit que
I² → φ dans D0 . (3.11)
³ ´
Les relation (3.9) et (3.11) impliquent que les fonctions φ et (2π)−n F fb sont égales en tant
que distributions et donc en tant qu’éléments de L1 . Le Théorème 4.3.6 est complètement
démontré.
Remarque 4.3.1. La démonstration ci-dessus montre que la formule d’inversion (3.7) reste
valable pour les fonctions φ ∈ L1 telles que φb = ψ ∈ L1 .
Une autre propriété utile de la transformation de Fourier est donnée dans le résultat
ci-dessous.
R R
Lemme 4.3.7. Si f,g ∈ S(Rn ) alors Rn
f (x) gb(x)dx = Rn
fb(y)g(y)dy.
Preuve. La fonction |f (x)g(y)| étant sommable dans R2n , en appliquant le Théorème de
Fubini on obtient
Z Z ½Z ¾ Z
f (x) gb(x)dx = f (x) exp (−ix · y)g(y)dy dx = fb(y)g(y)dy,
Rn Rn Rn Rn
Le premier terme tend vers 0 pour j → ∞ car xα ∂ β φ tend vers 0 à l’infini. Le second terme
1
contient j
en facteur d’une quantité fixe. L’expression Np (φ − φj ) est donc somme finie de
quantités tendant vers 0, d’où le résultat.
74 CHAPITRE 4. TRANSFORMATION DE FOURIER
Cette extension de la dualité identifie S 0 (Rn ) à l’espace des formes linéaires sur S(Rn ) qui
vérifie une estimation du type (4.13).
Preuve. On utilise ici la Proposition 4.3.8 : pour tout ϕ ∈ S, on peut trouver une suite
(ϕj ) de D telle que Np (ϕ − ϕj ) → 0 pour tout p. Si u ∈ S 0 , il resulte de la majoration 4.12
que la suite numérique hu,ϕj i est de Cauchy, et à donc une limite. La même estimation
assur que cette limite, qu’on notera hu,ϕi, ne dépend pas de la suite (ϕj ) choisie, et que
l’on a l’estimation (4.13). Enfin, si un autre prolongement u1 vérifait (4.13), on aurait
hu1 ,ϕ − ϕj i → 0, et donc u1 = u.
Si on se donne maintenant une forme linéaire sur S vérifiant une majoration de type
(4.13), elle définit évidemment par restriction à D une distribution tempérée u, et l’unicité
précédemment démontrée prouve qu’elle coïncide avec l’extension de u.
Exemple 4.4.3. Si φ ∈ D(Rn ) alors pour chaque entier p il existe une constante C telle
que Np (τa φ) ≤ C(1 + |a|)p . Cette estimation implique que ex 6∈ S 0 (R).
R
Exemple 4.4.4. L1 ⊂ S 0 . En effet, si f ∈ L1 alors la forme linéaire ϕ → Rn
f (x)ϕ(x)dx
est continue sur S car
¯Z ¯
¯ ¯
¯ f (x)ϕ(x)dx¯¯ ≤ kf kL1 N0 (ϕ) ∀ ϕ ∈ S.
¯ n
R
Nn+1 (ϕ)
|f (x)ϕ(x)| ≤ Cn kf kL∞ n+1
presque partout dans Rn ,
(1 + ||x||)
donc f ϕ ∈ L1 et
¯Z ¯ µZ ¶
¯ ¯ dx
¯
|hf,ϕi| = ¯ ¯
f (x)ϕ(x)dx¯ ≤ Cn kf kL∞ Nn+1 (ϕ) ∀ ϕ ∈ D.
n+1
Rn Rn (1 + ||x||)
| {z }
γn
4.4. L’ESPACE S 0 DES DISTRIBUTIONS TEMPÉRÉES 75
et de
kϕkL2 ≤ CNE ( n )+1 (ϕ) ∀ ϕ ∈ D.
2
hu,ϕi = hu,ηϕi ∀ φ ∈ S,
Dans ce cas on a
¯Z ¯
¯ ¯
|hf,ϕi| = ¯¯ f (x)ϕ(x)dx¯¯ ≤ C1 NN +n+1 (ϕ) ∀ ϕ ∈ D,
R n
car
NN +n+1 (ϕ)
(1 + ||x||)N |ϕ(x)| ≤ C1 .
(1 + ||x||)n+1
Définition 4.4.9. (Convergence dans S 0 ) On dit que las suite (uj ) d’éléments de S 0
converge vers u dans S 0 , si on a
Remarque 4.4.1. Il est clair que, si uj → u dans S 0 alors uj → u dans D0 . D’autre part,
si les uj ont leur support dans un même K, la convergence dans D0 est équivalente à la
convergence dans S 0 . La différence entre les deux notions de convergence n’apparaît donc
qu’à l’infini. Par exemple la suite (exp (k 4 )δk ) converge vers 0 dans D0 mais elle ne converge
pas dans S 0 .
Remarque 4.4.2. Soient (fj ) ⊂ L1loc (Rn ) et f ∈ L1loc (Rn ). Le lecteur démontrera à titre
d’exercice que sous l’une des hypothèses suivantes, on fj → f dans S 0 .
1. fj → f dans L1 .
76 CHAPITRE 4. TRANSFORMATION DE FOURIER
2. fj → f dans L2 .
3. fj → f dans L∞ .
4. fj → f presque partout et les |fj (x)| sont majorées par un polynôme fixe.
Théorème 4.4.10. Si u ∈ S 0 alors toutes ses dérivées appartiennent à S 0 . De plus, si
uj → u dans S 0 alors ∂ α uj → ∂ α u dans S 0 .
La démonstration du résultat ci-dessus est proposée comme exercice au lecteur.
R ¡ ¢
Exemple 4.4.11. Soit G ∈ L1 telle que Rn G(x)dx = 1. On pose G² (x) = ε−n G x² . Alors
Gε → δ dans S 0 . (4.14)
Il est facile de vérifier que le deuxième terme du membre de droite tend vers 0 si ε → 0 d’où
on obtient (4.14).
Définition 4.4.12. On dit qu’une fonction f est à croissance lente ainsi que toutes ses
dérivées, ce qu’on note f ∈ OM (Rn ), si f est de classe C ∞ , et si pour tout β ∈ Nn , il existe
Cβ et mβ tels que
¯ β ¯
¯∂ f (x)¯ ≤ Cβ (1 + |x|)mβ ∀ x ∈ Rn . (4.15)
b , φi = hu, φb i
hu ∀ φ ∈ S.
hFu,ϕi = hu,Fϕi ∀ ϕ ∈ S.
F(1) = (2π)n δ.
78 CHAPITRE 4. TRANSFORMATION DE FOURIER
Operateur Symbole
∂t + c∂x iτ + icξ
Pn 2
∆x − j=1 ξj
P
∂t2 − ∆x −τ + nj=1 ξj2
2
P
∂t − ∆x iτ + nj=1 ξj2
b = 1.
P (ξ) E
Preuve. La relation (5.16) est une conséquence directe de la Proposition 4.5.6. Pour
prouver la dernière partie de l’enoncé il suffit maintenant d’utiliser l’Exemple 4.5.5.
Remarque 4.5.2. La transformation de Fourier nous permet de trouver la solution fonda-
mentale de certains opérateurs différentiels et en particulier celle du laplacien. En effet, si
l’on suppose que u ∈ S 0 (R3 ) est telle que ∆u = δ0 alors, en appliquant la Proposition 4.5.9,
1
on obtient que |ξ|2 u
b = 1. Une solution évidente semble u b(ξ) = − . Cette solution
||ξ||2
1 1 3
convient car la fonction ξ → − ||ξ|| 2 est dans Lloc,mod (R ), donc elle définit une distribution
Fh = F ĝ = F gb = (2π)n g,
on obtient immédiatement
Z Z
(2π) n
f (x) g(x) dx = fb (x)b
g (x) dx,
Rn Rn
n
ce qui montre que (2π)− 2 F conserve le produit scalaire, et donc la norme L2 , pour les
n
éléments de S. Ce qui précède s’applique également à (2π)− 2 F . Cela termine la démons-
tration du théorème.
Une application intéressante du Théorème de Plancherel et de la transformation de
Fourier dans S permet la solvabilité d’une classe d’équations elliptiques.
Proposition 4.6.2. Soient m > 0 et f ∈ S 0 . Alors il existe une unique distribution u ∈ S 0
telle que
mu − ∆u = f. (6.17)
donc à
¡ ¢−1
b = m + |ξ|2
u fb.
La relation ci-dessus montre que, pour tout f ∈ S 0 , l’équation (6.17) admet une solution
unique u ∈ S 0 et que u ∈ S lorsque f ∈ S.
Si α ∈ Nn , |α| ≤ 2 et f ∈ L2 (Rn ) alors
(iξ)α
F(∂ α u) = 2
F(f ) ∈ L2 (Rn ).
m + |ξ|
En appliquant le Théorème de Plancherel on déduit que ∂ α u ∈ L2 .
Remarque 4.6.1. Le résultat de la Proposition 4.6.2 n’est pas valable pour m = 0.
ce qui exprime que, pour chaque α de longueur inférieure ou égale à m, la suite ∂ α uj est une
suite de Cauchy dans L2 (Ω). Ce dernier espace étant complet, il existe donc de vα tels que
82 CHAPITRE 4. TRANSFORMATION DE FOURIER
Posons (
u0 (x) si x>0
v(x) = 0
−u (−x) si x<0
Un calcul simple montre que v ∈ L2 (R). Pour conclure la démonstration (au cas où Ω =
]0,∞[) il suffit de prouver que
En effet, en supposant (7.20), on déduit que P u ∈ H 1 (R) et kP ukH 1 (R) ≤ 2kukH 1 (Ω) .
Il reste à prouver (7.20). On utilisera la suite (ηk ) de fonctions de C ∞ (R) définie par
Soit φ ∈ D(R). On a Z Z
∞ ∞
∗ 0
u (x)φ (x)dx = u(x)χ0 (x)dx, (7.21)
−∞ 0
où χ(x) = φ(x) − φ(−x). On notera que χ(0) = 0, donc il existe une constante C > 0 telle
que χ(x) ≤ M |x| pour tout x ∈ R. Comme ηk χ ∈ D(0,∞) on a
Z ∞ Z ∞
0
u(ηk χ) dx = − u0 (ηk χ)dx. (7.22)
0 0
Mais
(ηk χ)0 (x) = ηk (x)χ0 (x) + kη 0 (kx)χ(x). (7.23)
Par ailleurs
¯Z ¯ Z 1 Z 1
¯ ∞ ¯ k k
¯ 0 ¯
ku(x)η (kx)χ(x)dx¯ ≤ kM C x|u(x)|dx ≤ M C |u(x)|dx,
¯
0 0 0
Si u ∈ H 1 (0,1) on définit u
e :]0,∞[ → R par
(
u(x) si 0<x<1
u
e(x) = .
0 si x>1
u ∈ H 1 (]0,∞[) et (ηe
Alors ηe u)0 = η 0 u u0 . La fonction u ∈ H 1 (0,1) s’ecrit
e + ηe
u = ηu + (1 − η)u.
(où C dépend de kη 0 kL∞ ). On procède de manière analogue avec (1 − η)u, c’est à dire que
l’on prolonge d’abord (1 − η)u à ] − ∞, − 1[ par 0 sur ] − ∞,0[ et ensuite on prolonge à
R par une réflexion (par rapport au point 1). On obtient ainsi une fonction v2 ∈ H 1 (R) qui
prolonge (1 − η)u et telle que
Proposition 4.7.6. Les espaces H s (Rn ) sont hilbertisables ; munis du produit scalaire
Z
¡ ¢s
(u,v)s = 1 + kξk2 u b (ξ) vb(ξ)dξ,
Rn
Preuve. Il est clair que (u,v)s est un produit scalaire. D’autre part, l’application
¡ ¢s
u → 1 + kξk2 2 u
b
est par définition une bijection isométrique de H s (Rn ) sur L2 (Rn ). Ce dernier espace étant
complet, il en est de même de H s (Rn ), pour la norme k·ks ou pour toute norme équivalente.
En choississant N > n2 , le membre de droite est majoré par une constante fois Nq ( ϕ),
b où q
est le plus petit entier supérieur ou égal à 2s +N . D’après le Théorème 4.3.6 on a l’estimation
(7.26) avec p = q + n + 1.
Un élément u ∈ H s et ² > 0 étant donnés, on peut d’abord trouver ϕ ∈ S, vérifiant
ku − ϕks ≤ 2ε . D’après le Théorème 4.3.8, il existe une suite (ϕj ) de D telle que l’on ait
ε
Np (ϕ − ϕj ) → 0. Il resulte de la majoration (7.26) que l’on a kϕ − ϕj ks ≤ 2
en choisissant j
assez grand. On peut donc, pour tout ε, trouver un élément ϕj ∈ D tel que ku − ϕj ks ≤ ε,
ce qui achève la démonstration.
En utilisant le Théorème 4.7.3 et le Théorème 4.7.7 on obtient le résultat suivant :
Corollaire 4.7.8 (densité). On suppose que Ω est un ouvert régulier de Rn et que u ∈
H m (Ω). Alors il existe une suite (un ) ⊂ D(Rn ) telle que un → u dans H 1 (Ω). Autrement
dit les restrictions à Ω des fonctions D(Rn ) forment un sous-espace dense de H m (Ω).
Le résultat suivant montre que, si s est assez grand, les fonctions de H s (Rn ) sont conti-
nues.
n
Théorème 4.7.9 (Théorème d’injection de Sobolev). Pour s > 2
les éléments de
s n
H (R ) sont des fonctions continues tendant vers 0 à l’infini.
86 CHAPITRE 4. TRANSFORMATION DE FOURIER
Exercice 4.6. Soit T ∈ S 0 (Rn ) homogène de degré k ∈ C. Montrer que Tb est homogène
de degré −n − k.
Exercice 4.7. On rapelle qu’une fonction f est dite à croissance lente ainsi que toutes ses
dérivées, ce qu’on note f ∈ OM (Rn ), si f est de classe C ∞ , et si pour tout β ∈ Nn , il existe
Cβ et mβ tels que
¯ β ¯
¯∂ f (x)¯ ≤ Cβ (1 + |x|)mβ ∀ x ∈ Rn .
Soit f ∈ OM . Alors :
1. Pour tout φ ∈ S on a f φ ∈ S.
88 CHAPITRE 4. TRANSFORMATION DE FOURIER
(uv)0 = u0 v + uv 0 .
Exercice 4.14. 1. Quelles sont les valeurs de s telles que χ[0,1] ∈ H s (R)?
2. Quelles sont les valeurs de s telles que χ[0,1]×[0,1] ∈ H s (R2 )?
3. Soit K ∈ S 0 (Rn ) telle que K − ∆K = δ. Quelles sont les valeurs de s telles que
K ∈ H s (Rn )?
Exercice 4.15. On considère la distribution u ∈ D0 (R2 ) définie par
Z 1
hu,ϕi = ϕ(x,0)dx ∀ϕ ∈ D(R2 ).
0
P1 u = 0 dans D0 (R2 ).
P0 u = 0 dans D0 (R2 ),
alors u est une fonction polynomiale. Trouver ensuite toutes les fonctions u ∈ L∞ (R2 )
vérifiant
P0 u = 0 dans D0 (R2 ).
90 CHAPITRE 4. TRANSFORMATION DE FOURIER
Exercice 4.17. 1. Soit f ∈ L2loc (R) une fonction 2π-périodique. Prouver que la distri-
bution associée à f est une distribution tempérée.
2. Donner une condition nécessaire et suffisante sur la suite (ak )k∈Z de nombres com-
plexes pour que la série
X
ak δk
k∈Z
converge dans S (R) et soit la transformée de Fourier d’une fonction de L2loc (R) 2π-
0
périodique.
Exercice 4.18. Soit I un intervalle borné ]a,b[ et fixons f ∈ L2 (I). On se propose de
trouver une fonction u ∈ H 2 (I) telle que
2
−u” = f dans L (I)
u0 (a) = u0 (b) = 0, (8.27)
Rb
u(x)dx = 0.
a
On introduit l’espace ½ ¯Z b ¾
¯
V = v ∈ H (I) ¯¯
1
v(x)dx = 0 .
a
1. Montrer que si (8.27) admet une solution alors f satisafait
Z b
f (x)dx = 0. (8.28)
a
2. On note H01 (I) l’adhérence de D(I) dans H 1 (I). Prouver que l’application
définit sur H01 (I) une norme équivalente à la restriction de la norme de H 1 (I).
Exercice 4.20. Soit I =]a,b[ un intervalle borné de R. On considère l’espace vectoriel
suivant :
H −1 (I) = {u ∈ D0 (IR) ; ∃C > 0 | hu ,φi | ≤ C || φ ||1 ∀φ ∈ D(IR)}
1. Prouver que pour tout u ∈ H −1 (I), l’application φ → hu ,φi se prolonge d’une manière
unique en une forme linéaire continue sur H01 (I). On notera :
ce prolongement.
2. Soit L une forme linéaire continue sur H01 (I). Prouver que la restriction de L à D(IR)
est une distribution d’ordre ≤ 1 qui appartient à H −1 (I). On notera u cette distribu-
tion. Démontrer que l’application :
¡ ¢0
ρ : H01 (I) −→ H −1 (I)
1. Démontrer que Aα est un isomorphisme de H01 (I) dans H −1 (I). En déduire que ψ ∈
H −1 (I) si et seulement si il existe f,g ∈ L2 (I) telles que ψ = f + g 0 .
2. On note
© ¯ ª
D(Aα ) = φ ∈ H01 (I) ¯ Aα φ ∈ L2 (I) .
Montrer que D(Aα ) = H 2 (I) ∩ H01 (I).
3. Prouver que la restriction de A−1 2 2
α à L (I) est un opérateur compact dans L (I).
4. En déduire qu’il existe une suite (λn ) ⊂]0,∞[ et une suite (ψn ) ⊂ D(Aα ) telles que
(a) λn → ∞;
(b) Aα ψn = λn ψn , pour tout n ∈ N.
(c) La famille (ψn ) est orthonormée dans L2 (I).
5. Calculer les fonctions ψn au cas où I =]0,π[ et α = 0.
92 CHAPITRE 4. TRANSFORMATION DE FOURIER
93
Chapitre 5
∂2u 0
∆x0 u(x0 ,xn ) + (x ,xn ) = 0.
∂x2n
En appliquant la transformation de Fourier par rapport à x0 , on obtient
∂2
b(ξ 0 ,xn ) − kξ 0 k2 u
u b(ξ 0 ,xn ) = 0 ∀ ξ 0 ∈ Rn−1 , ∀ xn ∈ R.
∂x2n
94 CHAPITRE 5. TRANSFORMATION DE FOURIER ET EDP
Pour chaque ξ 0 ∈ Rn−1 , la relation ci-dessus est une équation différentielle ordinaire dont
la solution générale est
0 0
b(ξ 0 ,xn ) = C1 (ξ 0 )exn kξ k + C2 (ξ 0 )e−xn kξ k ,
u
Par conséquent ³ ´
−xn kξ 0 k
u(x) = Fx−1
0 e ∗ f (x0 ).
∂2
2
u(ξ 0 ,xn )] + kξ 0 k2 u
[b b(ξ 0 ,xn ) = 0 ∀ ξ 0 ∈ Rn−1 ∀ xn > 0.
∂xn
impliquent que
· 2 ¸
∂ u 0
Fx0 (x ,xn ) + kξ 0 k2 u
b(ξ 0 ,xn ) = 0 ∀ ξ 0 ∈ Rn−1 ∀ xn > 0.
∂x2n
En appliquant Fx−1
0 à la relation ci-dessus on obtient que
∆u = 0 dans Ω,
Théorème 5.2.4. Supposons que f ∈ S(Rn ). Alors il existe une unique fonction u ∈
C ∞ ([0,∞[; S(Rn )) satisfaisant (2.6) et (2.7). La solution u est donnée par
Z µ ¶
1 kx − yk2
u(x,t) = n exp − f (y)dy ∀ t > 0. (2.8)
(4πt) 2 Rn 4t
∂
[(Fx u)(ξ,t]) = −kξk2 (Fx u)(ξ,t), (Fx u)(ξ,0) = fb(ξ),
∂t
d’où on déduit que
donc
h i
u(x,t) = Fx−1 b 2
f (ξ) exp (−tkξk ) . (2.9)
On dit que la famille (SH (t)) forme un semigroupe d’opérateurs linéaires sur S.
Proposition 5.2.5. Soit s ∈ R. Alors, pour tout t ∈ R, l’opérateur SH (t) peut être prolongé
d’une manière unique à un élémént de L(H s (Rn )), noté toujours par SH (t). De plus, pour
tout f ∈ H s (Rn ), l’application t → SH (t)f est continue sur ]0,∞[.
Preuve. La relation (2.9) implique que
° £ ¤°
° 2 2s b 2 °
ku(·,t)kH s = °(1 + kξk ) f (ξ) exp (−tkξk ) ° ≤ kf kH s ∀ f ∈ S.
L2
5.3. L’ÉQUATION DES ONDES 97
∂ 2u
− c2 ∆u = 0, dans Rn ×]0,∞[, (3.10)
∂t2
∂u
u(x,0) = f (x),
(x,0) = g(x) ∀ x ∈ Rn . (3.11)
∂t
Théorème 5.3.1. Supposons que f,g ∈ S(Rn ). Alors il existe une unique fonction u ∈
C ∞ ([0,∞[; S(Rn )) satisfaisant (2.6) et (2.7). La solution u est donnée par
sin (ckξkt)
(Fx u)(ξ,t) = fb(ξ) cos (ckξkt) + gb (ξ) . (3.12)
ckξk
Bibliographie